Vous êtes sur la page 1sur 11

Calibrage à froid des barres d’acier

par Jean-Pierre POTTELETTE


Ingénieur de l’École centrale de Lille (IDN)
Licencié ès sciences
Ancien directeur de la Qualité de la Société métallurgique de Revigny (SMR)

1. Étirage.......................................................................................................... M 3 100 - 2
1.1 Principe.......................................................................................................... — 2
1.2 Pratique de l’étirage ..................................................................................... — 2
1.3 Caractéristiques mécaniques des produits étirés...................................... — 7
1.4 Dimensions et tolérances ............................................................................ — 8
1.5 Contrôle des produits étirés ........................................................................ — 10
1.6 Effort d’étirage .............................................................................................. — 10
2. Écroûtage .................................................................................................... — 10
2.1 Principe.......................................................................................................... — 10
2.2 Pratique de l’écroûtage ................................................................................ — 11
2.3 Tour à écroûter.............................................................................................. — 11
2.4 Dimensions et tolérances ............................................................................ — 11
2.5 Parachèvement ............................................................................................. — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. M 3 100

es produits laminés n’offrant pas toujours une précision dimensionnelle suf-


L fisante ou l’aspect approprié à leur usage, le calibrage à froid a pour vocation
de fournir des barres offrant en commun les propriétés suivantes :
— un aspect blanc dépourvu de calamine, d’où leurs désignations « bright
steel products » en anglais et « blankstahl » en allemand ;
— des tolérances dimensionnelles réduites ;
— une rectitude apte à l’emploi sur des machines automatiques ou au mon-
tage dans des ensembles mécaniques précis.

Procédés de transformation Deux principes dominent :


— l’étirage, qui procède par déformation à froid et permet d’obtenir des profils
de toute forme ;
— l’écroûtage, qui ne s’applique qu’aux ronds et qui consiste en un enlève-
ment de métal par usinage (tournage).
Les tolérances des ronds étirés ou écroûtés peuvent à leur tour être resserrées
par rectification. Ce procédé consiste en une abrasion de la périphérie au moyen
de meules.
La rectification peut aussi être effectuée directement sur des ronds laminés de
petite section en lieu et place de l’écroûtage. Le terme usité alors est meulage.

Destination des barres Les quelque 500 000 tonnes consommées annuellement sur le marché fran-
calibrées çais, dont une moitié est produite sur le territoire, trouvent des applications
innombrables dans de nombreux secteurs de l’industrie de la mécanique et, en
particulier, dans le décolletage.
Un tiers de la production des calibrés à froid concerne les aciers de décolletage
dont la principale caractéristique, au plan de la composition chimique, est une

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 1
CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER __________________________________________________________________________________________________

teneur élevée en soufre et souvent aussi en plomb, deux éléments favorisant


l’usinabilité.
Parmi les autres secteurs d’activité, citons pour exemples d’application :
— dans l’industrie automobile (principale utilisatrice en voie directe ou par le
biais de ses sous-traitants) :
● des éléments d’ensembles directionnels : axe de volant, crémaillère,
biellettes,
● des éléments d’organes de suspension : barres de torsion, barres anti-
dévers, ressorts, tiges d’amortisseur,
● des équipements de sièges, des fixations de ceinture de sécurité ;

— dans l’électroménager : axes de rotor ;


— dans le machinisme agricole et de travaux publics : tiges de vérins, arbres
de transmission ;
— dans le domaine de l’outillage : tournevis, forets ;
— en serrurerie : paumelles, pênes ;
— en mécanique générale : guides, supports, glissières, axes...

1. Étirage — la déformation rationnelle, utilisée dans les méthodes de cal-


cul de procédé, définie par :

S0
ε = ln ------
1.1 Principe S

L’étirage est une déformation à froid par passage d’une ébauche


laminée, appelée parfois mise, au travers d’une filière de section 1.2 Pratique de l’étirage
plus petite et de forme appropriée au profil et à la dimension à obte-
nir. Cette transformation met à profit la plasticité de l’acier et
s’accompagne d’un phénomène d’écrouissage (cf. § 1.3.1). Les réductions appliquées normalement aux dimensions trans-
Cette technique s’apparente d’assez près au tréfilage [1], mais versales des profils simples (ronds, hexagones et carrés) obtenus à
s’en différencie sur plusieurs points : partir d’une ébauche de forme identique sont résumées dans le
— l’étirage couvre une gamme dimensionnelle plus étendue et tableau 1.
concerne des sections plus importantes ; il en découle que les vites-
ses de passage sont moins élevées ;
— l’ébauche est sous forme de fil machine ou de barres, mais le
produit fini est presque toujours en barres (sauf quelques spécifici- Tableau 1 – Réductions sur les dimensions transversales
tés et des petites sections qui peuvent être présentées en rouleaux) ; des produits simples
— on n’utilise en général qu’une seule filière par passe d’étirage,
et tout au plus deux très rarement. Cote étirée Diminution Réduction τ
L’étirage permet d’obtenir des ronds, des hexagones, des carrés (mm) (mm) (%)
et des produits plats, mais aussi des profils de forme plus compli- de 5 à 12 0,5 à 1 30 à 8 %
quée qu’il serait trop difficile ou trop onéreux de produire par lami-
nage. de 13 à 20 1 à 1,5 20 à 9 %
Il est d’usage de quantifier la déformation à l’aide des paramètres de 21 à 30 1,5 à 2 17 à 9 %
définis ci-dessous : de 31 à 40 2 à 2,5 14 à 9 %
— le taux de réduction de section :
de 41 à 60 2,5 à 3 13 à 8 %
S0 Ð S
τ % = ---------------
- × 100
S0
Le taux de réduction est modulé en fonction de la résistance des
avec S0 section initiale, aciers qui, à quelques exceptions près, hormis les aciers à outils,
S section finale ; sont pratiquement tous étirables.
— le taux d’allongement ; la déformation se faisant à volume
constant, la diminution de section entraîne une augmentation de Lorsque le taux de réduction dépasse 30 %, la transformation peut
longueur exprimée en pourcentage par le coefficient : devoir être effectuée en deux passes et, parfois, être accompagnée
d’un recuit intermédiaire. En outre, lorsque la résistance dépasse
S0 Ð S 800 N/mm2, il est conseillé de procéder à un recuit préalable ou à
a % = ---------------- × 100 tout autre traitement approprié pour la faire diminuer (par exemple,
S0 hypertrempe pour les aciers austénitiques).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 100 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
_________________________________________________________________________________________________ CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER

Pour pallier la disparition progressive d’ébauches hexagonales et


carrées de petites sections, la tendance à présent est de fabriquer les Porte-filière
Chariot
hexagones jusqu’à 19 mm et les carrés jusqu’à 10 mm à partir de
Noix d'entraînement
ronds. Cette technique ne s’applique cependant qu’aux aciers duc-
tiles car le taux de réduction est alors nettement plus élevé que la
normale.
Les dimensions inférieures ou égales à 13 mm sont obtenues nor-
malement à partir de couronnes.
Entre 13 et 40 mm, selon les équipements disponibles, les ébau-
ches sont en barres ou en couronnes. Chaîne sans fin

Au-delà de 40 mm, les ébauches sont toujours en barres. Figure 1 – Banc à étirer
Dans tous les cas, la gamme opératoire comporte quatre opéra-
tions principales :
— un décalaminage ; Les charges d’acier sont agitées dans les bains afin d’accélérer
— l’étirage proprement dit ; l’action chimique qui se double d’une action mécanique par frotte-
ment des barres entre elles.
— une coupe ;
— le dressage. Pour les aciers inoxydables, on a recours à des agents plus actifs
tels que l’acide fluorhydrique ou un mélange d’acide sulfurique et
d’anhydride chromique.
1.2.1 Étirage des barres Pour être en conformité avec la législation, il est obligatoire de
récupérer, donc de stocker, les bains usés, en vue de leur reprise par
1.2.1.1 Décalaminage les fabricants, et de neutraliser les eaux de rinçage par addition de
chaux ou de soude. Les boues récupérées sont envoyées vers des
L’opération a pour but de débarrasser l’acier de la couche décharges agréées par les agences de bassin.
d’oxydes qui le recouvre. Ces oxydes très durs et dénués de plasti-
cité s’incrusteraient dans l’acier et détérioreraient la filière. 1.2.1.2 Étirage
On distingue deux sortes de décalaminage.
C’est l’opération qui consiste à faire passer l’ébauche décalami-
■ Le décalaminage mécanique par grenaillage a considérablement née au travers de la filière. Elle se fait sur un banc à étirer (figure 1)
progressé au cours des deux dernières décennies et est assujetti à constitué d’un bâti formé de deux longerons parallèles, entre les-
beaucoup moins de contraintes que le décapage, vis-à-vis de la quels se déplace une chaîne sans fin qui engrène sur une noix den-
législation en matière de protection de l’environnement. Le procédé tée située à une extrémité à l’opposé du porte-filière fixé en tête du
consiste à projeter de la grenaille d’acier à des vitesses de l’ordre de banc. La noix dentée est accouplée, par l’intermédiaire d’un réduc-
50 à 100 m/s au moyen de turbines sur les barres défilant en nappes teur, au moteur d’entraînement.
et suffisamment espacées, ou séparément (comme ce sera le cas La barre est engagée au travers de l’orifice de la filière suffisam-
pour du fil), à l’intérieur d’une chambre [2]. ment (environ 15 cm) pour pouvoir être saisie par les mors du cha-
La grenailleuse est approvisionnée en grenaille sphérique ou riot se déplaçant sur les longerons (vitesse de déplacement : 5 à
angulaire de calibre choisi (0,4 à 0,8 mm) suivant la nature des aciers 70 m/min) et rendu solidaire de la chaîne par l’intermédiaire d’un
et l’adhérence de la calamine, en cherchant le meilleur compromis : crochet.
on choisira de préférence une grenaille angulaire et plus grosse si Lorsque la barre est passée complètement et qu’elle sort de la
les aciers alliés prédominent et une grenaille fine sphérique pour les filière, le crochet se relève, les mors s’ouvrent, et elle est évacuée
aciers doux. latéralement. Le chariot libéré revient alors vers le porte-filière au
La grenaille se fragmente et s’use progressivement. Elle est récu- moyen d’une chaîne, dite de rappel, actionnée par un moteur indé-
pérée à la partie inférieure de la machine et recyclée. Les particules pendant. (Sur les anciens bancs inclinés le chariot revenait par gra-
fines, inférieures à 0,15 mm, constituées de grenaille usée et de cala- vité.) La barre suivante est engagée pendant le temps de retour du
mine pulvérulente, sont séparées en permanence et compensées chariot.
par des apports de grenaille neuve. Il est préférable que les ajouts L’engagement est effectué au moyen d’un pousse-barres, disposi-
soient faits régulièrement par petites quantités afin que la granulo- tif placé en amont du porte-filière et constitué de mors en forme de
métrie du mélange opératoire, qui conditionne l’efficacité du gre- coin actionnés par des vérins. À défaut de pousse-barres, il est
naillage et l’aspect de surface du produit fini, reste stable. nécessaire de fabriquer une soie d’étirage en amincissant une extré-
mité de la barre, de façon à pouvoir l’introduire complètement au
■ Le décapage chimique à l’acide s’accompagne, la plupart du travers de la filière. Divers procédés sont utilisés suivant la dimen-
temps, d’une autre préparation chimique (phosphate, oxalate, sion et la forme de l’ébauche :
borax, etc.) en prévision de déformation importante et délicate ou
pour l’étirage d’aciers spéciaux (inoxydables austénitiques ou — usinage sur un tour à tête rotative,
nuances alliées du type nickel-chrome, par exemple). — cisaillage sur rive pour des plats minces,
— martelage rotatif.
Le procédé le plus employé pour les aciers au carbone utilise
l’action de l’acide sulfurique à la concentration de 10 % en masse à La longueur du banc conditionne la longueur d’ébauche accep-
une température de 40 à 65 °C, ou de l’acide chlorhydrique du table et celle des barres étirées, et les temps morts sont d’autant
commerce dilué à 50 % aux alentours de 35 °C. À ces bains sont plus courts que les barres sont plus longues. Les bancs les plus per-
ajoutés des accélérateurs et des agents mouillants, destinés à amé- fectionnés autorisent le passage de barres d’au moins 12 m, mul-
liorer leur efficacité, et des inhibiteurs qui arrêtent l’action de l’acide tiple des longueurs les plus courantes du marché 3, 4 ou 6 m.
lorsque l’oxyde est parti et minimisent ainsi le phénomène de fragi- Les bancs modernes sont également pourvus de divers perfec-
lisation par diffusion d’hydrogène dans le réseau intercristallin. tionnements en vue de réduire les temps morts et d’obtenir ainsi un
Après passage dans l’acide, les barres sont rincées à l’eau puis accroissement de productivité. Pour cela, toutes les opérations élé-
neutralisées dans un lait de chaux à 90 °C qui a aussi pour effet de mentaires :
les sécher. — poussée ;

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 3
CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER __________________________________________________________________________________________________

30°

15 °

30°
14°


60°
Bouchon
(acier)

Monture Noyau
(acier) (carbure)
Figure 3 – Filière extensible
Figure 2 – Angles d’une filière

— accrochage de la barre par les mors du chariot ; Plaque porte-filière


— accrochage du chariot à la chaîne ;
— évacuation des barres étirées ;
— retour du chariot vers la filière,
sont exécutées automatiquement.
Ces bancs permettent généralement d’étirer deux ou trois barres
à la fois, au choix, suivant la dimension, la réduction et la résistance
de l’acier.
■ Filière
L’outil permettant de réaliser la mise en forme est la filière. Elle est Bol hémisphérique
constituée d’un noyau dur, généralement en carbure de tungstène, recevant la filière
serti dans une frette en acier.
Le profil en coupe (figure 2) comporte quatre parties :
— le cône d’entrée largement ouvert, de demi-angle au sommet à
peu près égal à 30°, permettant l’engagement de l’ébauche et
l’apport du lubrifiant ;
— le cône de réduction, de demi-angle égal à 6 à 8°, dans lequel
s’effectue l’essentiel de la déformation ;
— une partie cylindrique parfaitement dimensionnée appelée
portée qui calibre le produit et peaufine l’état de surface ; Vis de réglage Vis de réglage
— le cône de sortie, de demi-angle à peu près égal à 15° pour le permettant permettant
l'orientation du bol l'orientation du bol
dégagement.
Ces quatre zones sont raccordées l’une à l’autre par des arrondis,
et les surfaces sont polies de façon à faciliter l’écoulement du métal.
La forme de la partie active (cône de réduction et portée réunis)
varie suivant la nature du travail à effectuer. Si l’on veut freiner
l’écoulement afin de bien remplir le profil, dans le cas, par exemple, Plaque d'appui immobilisant
la filière dans le bol
d’hexagones ou de carrés réalisés à partir de ronds, il est indiqué
d’ouvrir l’angle et de donner des faibles rayons. Si l’on souhaite pri-
vilégier l’aspect et la précision, il vaut mieux avoir une longue por- Figure 4 – Détail du porte-filière
tée avec laquelle tout se passe comme si on effectuait une
micropasse supplémentaire.
dans une monture en acier, avec un système de blocage pour les
■ Les filières étaient réalisées autrefois en acier chromé traité ou en
maintenir à la position voulue (figure 3). Elles offrent la possibilité
fonte au chrome et s’usaient assez rapidement. Leur durée de vie
de réaliser toutes les dimensions dans une gamme relativement
s’est considérablement améliorée depuis l’apparition des noyaux en
étendue. Autre avantage, en cas d’accident, seul le plot détérioré est
carbure. Il est cependant nécessaire de les maintenir en parfait état
à remplacer. Ce genre de filière existe aussi pour les hexagones.
en procédant à des polissages à la pâte de diamant, entre deux cam-
pagnes, afin de diminuer le frottement et d’éviter la formation de La surface extérieure de la monture est conique ou cylindrique
rayures par collage de métal sur la filière. adaptée au logement ménagé dans le bol hémisphérique du porte-
Pour les carrés et les plats, il existe des filières dites réglables ou filière (figure 4). La filière vient se loger dans le bol (B) ; elle est ver-
extensibles constituées de quatre plots indépendants, en carbure, rouillée en arrière par la pièce repère (C) ; le bol est orientable à
disposés en équerre et coulissant les uns par rapport aux autres l’intérieur du porte-filière et sa position est réglée par l’intermédiaire

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 100 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
_________________________________________________________________________________________________ CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER

de trois ou quatre vis (D). Ce dispositif permet d’amener l’axe de la


Sens du dressage
filière bien parallèle à l’axe du banc, position idéale pour obtenir des
barres droites.
■ Lubrification
L’interface métal-filière est le siège de frottements intenses qui
ont un effet parasite. Il est nécessaire de les rendre aussi faibles que
possible par l’utilisation d’un lubrifiant approprié au type d’acier et
à la transformation à effectuer. Le lubrifiant conditionne en outre
l’état de surface final, la durée de vie des filières et le niveau des
contraintes résiduelles. Son choix est donc d’une importance pri-
mordiale, tant sur le plan technique que sur le plan économique.
Le lubrifiant, par principe même, est appliqué avant passage dans
la filière. Il doit donc :
— bien adhérer au métal afin de pouvoir être véhiculé jusqu’à la Figure 5 – Dresseuse à ronds
zone de travail ;
— pouvoir supporter l’élévation de température qui peut attein-
dre 150 °C, voire 200 °C dans le cas de petites sections étirées à
grande vitesse ;
— ne pas provoquer de corrosion ultérieure ;
— être facilement filtrable et pompable dans le cas de lubrifiant
liquide en circuit fermé.
Le plus souvent, la filière est arrosée abondamment avec de
l’huile distribuée par un anneau concentrique placé devant le cône
d’entrée. Il s’agit d’une huile minérale additivée par des dopes des-
tinés à renforcer son pouvoir extrême-pression. Les paraffines chlo-
rées, longtemps utilisées dans ce but, tendent à disparaître en
raison des risques de corrosion toujours latents avec ce genre de
produit et des coûts plus élevés qu’elles entraînent pour leur des-
truction après usage.
Lorsque la déformation est importante, il peut être nécessaire
d’avoir recours à des graisses ou à des savons à base de stéarates.
L’application, dans ce cas, se fait au défilé, simplement par passage
dans une boîte disposée en amont de la filière.
Une phosphatation préalable ou une oxalatation facilite la défor-
mation, mais ces techniques ne sont plus guère mises en pratique
que, dans le cas de la phosphatation, pour des profilés de forme
complexe et, dans le cas de l’oxalatation, pour les aciers inoxy- Figure 6 – Dresseuse de profil
dables austénitiques.

1.2.1.3 Coupe Les barres rondes sont en général dressées sur des machines
constituées de deux galets en forme d’hyperboloïde de révolution,
Après étirage, les barres sont coupées afin de les mettre à la lon- l’un concave, l’autre convexe, tournant en sens inverse (figure 5).
gueur désirée et d’éliminer la partie antérieure qui a été détériorée L’avance est donnée par l’inclinaison des galets qui leur imprime un
par les mors du chariot (environ 15 cm) ou la soie quand il y en a mouvement hélicoïdal.
une. La machine utilisée est, suivant la qualité de coupe requise :
Les autres profils sont dressés sur des machines constituées de
— une cisaille ;
deux trains de galets motorisés, les uns à axe vertical, les autres à
— une fraise-scie ; axe horizontal (figure 6).
— une scie, à ruban ou alternative ;
— une tronçonneuse à meule. Les galets de dresseuse sont lubrifiés avec une huile qui, en plus
de ses propriétés mécaniques, doit assurer une protection anti-
Le cisaillage déforme légèrement les extrémités. Le tronçonnage rouille, car les produits étirés sont particulièrement sensibles aux
à la meule confère des coupes planes mais peut provoquer des agents atmosphériques.
bavures et un durcissement par échauffement localisé. Les scies
donnent également des coupes planes sans échauffement, mais
sont moins rapides. 1.2.1.5 Opérations complémentaires
Afin de pouvoir répondre aux exigences des marchés, les barres
1.2.1.4 Dressage peuvent subir ensuite, en option, suivant les accords passés à la
commande :
Une barre sortant d’étirage n’est pas droite. Cela provient, d’une
part, des irrégularités de forme de l’ébauche et, d’autre part, du — des opérations ayant pour but de préparer les extrémités des
décalage, si minime soit-il, de la filière par rapport à l’axe du banc. barres en prévision de leur utilisation (chanfreinage, ébavurage,
Ces phénomènes créent une dissymétrie dans la répartition des appointage, sciage) ;
contraintes résiduelles induites dans la barre. Par voie de consé- — un marquage à la peinture ou en relief par poinçonnage afin
quence, la barre doit être redressée. d’assurer la traçabilité ;
— des contrôles métallurgiques.
Le principe consiste à superposer aux tensions, agissant sur les
fibres externes, des contraintes de compression, en serrant la barre Dans le cas de l’étirage de barres, ces opérations sont, la plupart
entre des galets. du temps, exécutées en reprise sur des machines séparées.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 5
CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER __________________________________________________________________________________________________

Chanfreineuse
Contrôle
Guide
non destructif
d'introduction
Dépôt
Machine à étirer Dresseuse-galeteuse
à deux galets

Tronçonneuse
volante
Prédresseur Dresseuse

Poussoir

Grenailleuse

Dévidoir Machine à ouvrir


double les couronnes

Figure 7 – Ligne d’étirage combinée pour couronnes

Figure 8 – Dévidoir rotatif

1.2.2 Étirage des fils sur machines combinées

Avec des ébauches en couronnes, les opérations décrites pour


l’étirage des barres peuvent être exécutées au défilé et en continu
sur une seule machine dite combinée ou sur une seule ligne telle
que celle représentée (figure 7). Cela présente l’avantage de dimi-
nuer les temps morts et les chutes, donc améliore la productivité. De
plus, ces machines permettent d’atteindre des vitesses élevées,
jusqu’à 150 m/min pour les modèles récents.
Figure 9 – Dévidoir statique
Ce qui a été dit à propos de l’étirage des barres reste valable dans
les principes ; les machines combinées comportent cependant,
quelques équipements spécifiques des fils.
● Dévidoir statique
1.2.2.1 Dévidoir, prédresseur et appointeuse Il est valable pour les ronds jusque 13 mm de diamètre. La cou-
ronne, disposée sur un fût vertical, reste fixe. Le fil est déroulé sim-
■ Le dévidoir est le dispositif permettant de dérouler le fil ; il en plement par traction dans le sens vertical puis ramené dans l’axe du
existe deux types. banc par l’intermédiaire de deux poulies (figure 9). La hauteur de la
● Dévidoir tournant poulie de renvoi supérieure est conditionnée par la raideur du fil,
La couronne est mise en rotation sur un mandrin à axe vertical d’où sa limitation aux petites sections. En contrepartie, les couron-
libre dans le cas de petites sections (c’est la traction exercée tangen- nes peuvent être soudées bout à bout les unes à la suite des autres
tiellement sur le brin libre qui communique le mouvement) ou (la soudure est repérée et éliminée après étirage).
motorisé (figure 8). Le sens d’enroulement des couronnes est Les dévidoirs sont souvent en double pour permettre de préparer
imposé. la couronne suivante en temps masqué.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 100 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
_________________________________________________________________________________________________ CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER

Porte-filière
Buses
de dressage
Pince d'enfilage

Guides
d'entrée
et de sortie
Chariot
de tréfilage

Figure 10 – Principe du banc Schumag

■ Le prédresseur est le dispositif permettant de redresser la pre-


mière spire de chaque couronne avant engagement dans le dres- Galets
seur-décalamineur. polisseurs

■ L’appointeuse permet d’amincir l’extrémité de la couronne pour


favoriser son engagement dans la filière, soit par laminage, jusque Galets
13 mm environ, soit par usinage pour les dimensions supérieures. polisseurs

Commande Commande Tige Commande Guides


1.2.2.2 Dresseur-décalamineur du serrage du déplacement filetée du serrage d'entrée
des galets de la buse actionnant des galets et de sortie
La fonction de cette machine est de redresser le fil afin qu’il se polisseurs réglable la buse polisseurs
présente bien dans l’axe du banc. Constituée de un ou deux trains réglable
de galets horizontaux et verticaux, elle fonctionne suivant le même
principe que les dresseuses de profils. Au passage, la calamine se Figure 11 – Dresseuse-polisseuse
brise et se trouve déjà éliminée en grande partie.

1.2.2.3 Grenailleuse à la barre un mouvement hélicoïdal lui pemettant d’avancer ; le glis-


sement entre la barre et les disques assure le polissage ;
Autrefois, les lignes étaient approvisionnées en fil préalablement
— un dispositif dresseur composé de trois ou cinq buses (repè-
décapé ou grenaillé. Aujourd’hui la grenailleuse est de plus en plus
res) montées sur roulement à l’intérieur desquelles passe la barre.
souvent intégrée dans la ligne et le fil est grenaillé au défilé.
Les buses sont désaxées les unes par rapport aux autres, de façon à
exercer la déformation et la pression nécessaires au dressage ; une
1.2.2.4 Machine combinée buse sur deux est réglable dans le sens perpendiculaire au défile-
■ Banc d’étirage ment.
L’originalité du principe développé par le constructeur allemand
Schumag tient dans le fait que le fil est tracté par deux chariots, 1.2.2.5 Opérations de finition
équipés de mors, fonctionnant alternativement, l’un tirant pendant Chanfreineuses et fraiseuses pour le dressage de la face des
que l’autre revient à sa position de départ (figure 10). L’avance des coupes cisaillées sont également très souvent intégrées dans la
chariots est donnée par deux cames hélicoïdales entraînées par ligne, de même que les contrôleurs par courants de Foucault
l’arbre moteur principal, et leur retour est assuré selon les modèles (§ 1.5.2). Partant d’un fil laminé, la ligne délivre donc ainsi, en un
soit par des ressorts, soit par les cames. La fermeture et l’ouverture seul passage et sans reprise, un produit directement prêt à l’emploi.
des mors d’étirage, qui sont lisses pour ne pas blesser le métal, sont
en synchromisme parfait avec le mouvement aller et retour de
chaque chariot.
■ Cisaille
1.3 Caractéristiques mécaniques
Le fil ne s’immobilisant jamais, il est nécessaire que la cisaille soit
des produits étirés
volante. Elle est montée sur un chariot dont le mouvement est
assuré, comme les chariots d’étirage, par un système de came et de
ressorts. Le signal de mise en route est donné par l’action directe de 1.3.1 Écrouissage
l’extrémité antérieure du fil sur une pédale ou un détecteur de proxi-
mité ou encore, comme sur les machines de dernière génération, La courbe de traction d’un acier à l’état naturel (figure 12) pré-
par un appareil électronique qui calcule la longueur étirée en fonc- sente, à mesure que l’allongement augmente, d’abord une partie
tion du nombre de rotations de l’arbre principal. rectiligne OA, puis un arc AB.
■ Dresseuse Avant A, la pente est constante, égale au module d’Young et la
déformation est réversible. Après A, l’effort n’est plus proportionnel
On retrouve des dresseuses analogues à celles décrites pour le à l’allongement et la déformation n’est plus réversible.
dressage des barres (§ 1.2.1.4), mais aussi des dresseuses-polisseu-
ses, conçues et réalisées spécialement pour les fils. Ces dernières Partant de B, si l’effort diminue la décharge s’effectue élastique-
comprennent deux parties (figure 11) : ment et parallèlement à OA suivant BO’.
— un dispositif polisseur constitué de deux paires de disques La droite OA définit le domaine élastique du matériau à l’état ini-
avec des faces parfaitement polies, l’un à l’entrée (repère A), l’autre tial. Le point A représente la limite d’élasticité ou seuil de plasticité
à la sortie (repère B), qui tournent dans le même sens en imprimant et la contrainte correspondante est la contrainte d’écoulement σ 0 .

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 7
CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER __________________________________________________________________________________________________

Charge 1 000 30
unitaire
Rm , Rρ 0,2 (MPa) A % (sur 5 d )
Rm
900 25
Rm C
Rρ 0,2
Rp
B
800 20
A
Re D

700 15

600 10

500 5
O O' Allongement A

Re limite d'élasticité OA domaine élastique 400 0


0 10 20 30 40 50 60 70
Rm résistance à la rupture A B C domaine plastique τ
Rp limite conventionnelle d'élasticité D rupture de la pièce
A allongement
Figure 12 – Courbe de traction d’un acier ordinaire Rm résistance à la rupture
R ρ 0,2 limite conventionnelle d'élasticité
τ taux d'écrouissage (τ = S 0 – S x 100)
S0
Partant de O’, si on allonge à nouveau, la montée en charge
s’effectue élastiquement suivant O’B, puis décrit un arc BC qui pro-
longe AB. Le point B joue alors le rôle qu’avait A au début et définit Figure 13 – Influence de l’écrouissage sur les caractéristiques
un autre seuil de plasticité caractéristique du nouvel état. mécaniques d’une barre ronde de diamètre 30 mm en acier C40R
étiré
L’opération pourrait ainsi être renouvelée plusieurs fois jusqu’au
point C, correspondant à l’effort maximal, à partir duquel le proces-
sus de rupture s’amorce.
Pour un acier donné, il n’existe donc pas un seuil de plasticité 1.4 Dimensions et tolérances
unique et une seule contrainte d’écoulement mais une infinité. C’est
ce que traduit le terme écrouissage (ou encore consolidation).
La gamme des dimensions normalement obtenues par étirage
s’étend de :
1.3.2 Évolution des caractéristiques mécaniques
— 5 à 60 mm pour les ronds ;
L’écrouissage modifie considérablement les caractéristiques — 6 à 60 mm pour les hexagones et les carrés ;
mécaniques. Comme cela a été montré précédemment, la limite
élastique augmente avec le taux d’écrouissage. La résistance aug- il est néanmoins possible, sur accord particulier, de trouver des
mente aussi, mais dans une moindre proportion. Inversement dimensions débordant de ces limites.
l’allongement (%) et le coefficient de striction, qui caractérisent la
ductilité, diminuent. Ces variations sont illustrées par les courbes de Théoriquement, n’importe quelle dimension à l’intérieur des limi-
la figure 13 pour un acier à 0,35 % de carbone du type C40R et par tes fixées est réalisable, il suffit de posséder la filière adéquate ;
les exemples du tableau 2. mais, dans un souci de rationalisation, il est nécessaire de limiter le
nombre de dimensions d’emploi courant. Des séries de dimensions
L’étirage est bénéfique pour de nombreux usages puisqu’il per- sont publiées à cet effet dans les normes NF A 47.401 et EN 10278
met d’obtenir, avec certains aciers, un niveau de résistance à la trac- (cf. Doc. M 3 100).
tion comparable à celui que conférerait un traitement thermique.
Les dimensions du produit étiré ne sont pas exactement celles de
Cependant, la résistance aux chocs (résilience) diminue fortement la filière car il y a toujours une réaction élastique du métal dès qu’il
et atteint des valeurs très basses même avec de faibles taux de sort de la filière et une réaction lors du dressage, qui sont d’ailleurs
réduction. plus ou moins prononcées suivant les aciers. La réalisation d’une
Les normes NF A 37-401 et EN 10277 (en préparation) précisent dimension donnée relève donc d’un pronostic où interviennent de
les limites des caractéristiques mécaniques des principales nuances nombreux paramètres : la filière, le métal, le taux de réduction, la
après calibrage (cf. Doc. M 3 100). lubrification, la vitesse d’étirage et la contrainte exercée pour le
dressage.

Pour cette raison, les tolérances les plus serrées qu’il est permis
1.3.3 Amélioration de l’usinabilité de tenir industriellement dans les meilleures conditions (et sur
accord particulier à la commande) sont celles résumées dans les
Une autre conséquence très importante de l’étirage est l’améliora- tableaux 3 et 4.
tion de l’usinabilité, principalement pour les aciers de décolletage Nota : les tolérances figurant dans les normes citées précédemment sont sensiblement
qui sont donc employés à l’état étiré dans la plupart des cas. plus larges.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 100 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
_________________________________________________________________________________________________ CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER

Tableau 2 – Caractéristiques mécaniques obtenues sur calibrés à froid


Écroûté-Galeté Étiré à froid

Désignation Diamètre Résistance Limite Allongement Diamètre Résistance Limite Allongement


Nuance NF EN 10027-1 nominal à la traction d’élasticité minimal A nominal ou à la traction d’élasticité minimal A
et IC 10 Rm minimale ( L 0 = 5,65 S 0 ) sur plats Rm minimale ( L = 5,65 S )
0 0
Rp 0,2 Rp 0,2
(mm) (MPa) (MPa) (%) (mm) (MPa) (MPa) (%)
5 < d < 10 480 à 840 410 7
10 < d < 16 420 à 710 310 9
E24-2 S235JR (1) d < 100 340 à 370 215 24 16 < d < 25 410 à 690 290 10
25 < d < 40 390 à 670 270 11
d > 40 360 à 640 240 12
5 < d < 10 690 à 1 050 490 6
10 < d < 16 670 à 960 460 6
A60 E335 (1) d < 100 570 à 710 300 14 16 < d < 25 650 à 910 430 7
25 < d < 40 640 à 880 390 8
d > 40 620 à 840 350 8
5 < d < 10 520 à 890 420 6
d < 40 380 à 520 245 10 < d < 16 460 à 760 340 8
XC18 C22R (2) 23 16 < d < 25 450 à 740 330 9
40 < d < 100 390 à 510 225
25 < d < 40 430 à 710 310 10
d > 40 410 à 680 280 11
5 < d < 10 720 à 1 040 540 6
d < 40 590 à 740 325 10 < d < 16 700 à 950 510 7
XC38 C40R (2) 17 16 < d < 25 680 à 920 485 8
40 < d < 100 610 à 730 300
25 < d < 40 660 à 880 435 8
d > 40 630 à 540 370 9
S300 11SMn37 (3) d < 15 430 à 510 290 5 < d < 10 500 à 750 (6) 420 6
15 < d < 30 390 à 470 235 10 < d < 16 480 à 730 380 7
S300Pb 11SMnPb37 (3) d > 30 370 à 450 235 23 16 < d < 25 460 à 710 350 8
25 < d < 40 430 à 650 320 9
d > 40 410 à 610 300 10
5 < d < 10 700 à 1 050 520 7
10 < d < 16 660 à 950 500 6
38MF5 38SMn28 (3) d < 100 600 à 730 350 14 16 < d < 25 650 à 910 490 5
25 < d < 40 640 à 880 480 4
d > 40 620 à 840 460 4
5 < d < 10 850 à 1 150 680 7
10 < d < 16 800 à 1 100 640 6
45MF6-3 44SMn28 (3) d < 100 690 à 810 440 13 16 < d < 25 780 à 1 060 640 5 (5)
25 < d < 40 760 à 1 030 580 4
d > 40 740 à 1 010 580 3
(1) NF EN 10025
(2) NF EN 10083-1
(3) NF EN 10087
(4) Les valeurs de A % correspondent à des mesures industrielles
(5) Pour les diamètres , 6 mm, Rm = 530 à 840 MPa

Tableau 3 – Tolérances réalisables par étirage Tableau 4 – Intervalles de tolérances ISO (en mm)
(cf. aussi tableau 4)
Dimension h9 h 10 h 11
Hexagones et
Type d’acier Ronds Autres profils
carrés d<6 0,030 0,048 0,075
carbone h9 h 10 h 11
C , 0,38 % 6 < d < 10 0,036 0,058 0,090

C > 0,38 % h 10 h 11 h 11 10 < d < 18 0,043 0,070 0,110


ou allié
18 < d < 30 0,052 0,084 0,130

30 < d < 50 0,062 0,100 0,160


50 < d < 80 0,074 0,120 0,190

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 9
CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER __________________________________________________________________________________________________

produit. Le seuil minimal admis dans la pratique se situe aux alen-


tours de 0,2 mm.

1.6 Effort d’étirage

Il est souvent utile d’évaluer l’effort d’étirage afin de vérifier la


capacité d’une machine ou celle de l’acier par rapport à une transfor-
mation donnée. Diverses formules sont mises pour cela à la disposi-
tion des préparateurs et des constructeurs :
— formule de Siebel-Bonzel [1] ;
— formule de Pomp couramment utilisée par les constructeurs de
machines. Les valeurs sont calculées ici avec un coefficient de sécu-
Figure 14 – Divers profils pleins rité de 1,25.
Elle s’exprime par la relation :
La tolérance de rectitude normale est une flèche maximale de Rm S 0 Ð S 1
F = 1,25 × S 1 × ------------ × 0,03 + 0,55 ------------------
 S
-

1 mm/m, celle de vrillage, pour les profils polygonaux ou spéciaux, 0,35 0
un écart angulaire maximal de 4° entre les axes de deux sections
distantes de 1 m. avec S1 section après étirage (mm),
En ce qui concerne la rugosité, les valeurs garanties sont celles du S0 section avant étirage (mm),
tableau 5. Rm résistance avant étirage (N/mm2),
Nota : il n’existe pas de normes traitant des profils spéciaux ; ceux-ci sont régis par des
cahiers des charges particuliers. On trouvera quelques exemples de réalisation figure 14. F effort d’étirage (N).
Il existe une autre formule, issue du calcul par la méthode des
tranches, qui permet de déterminer l’effort avec une assez bonne
précision :
Tableau 5 – Rugosité moyenne arithmétique Ra (en µm)
S1 B
F = T + G 0 × S 1 × ------------- 1 Ð  ------
sur produit étiré 1+B
B S0
Dimension Ronds Hexagones et carrés
avec σ0 contrainte d’écoulement avant étirage (N/mm2) ;
(mm) (µm) (µm)
on prend Rm en pratique,
d < 25 1,6 3,2 B = µ cotan α ,
d > 25 5 8 α valeur du demi-angle au sommet de la filière,
µ coefficient de frottement de Coulomb,
T effort de contretraction (N) nécessaire pour
1.5 Contrôle des produits étirés dérouler le fil :
T ≈ 0 dans le cas de barres,
T ≈ 100 D 0 pour du fil,
1.5.1 Contrôles dimensionnels
D0 dimension transversale (mm).
Les dimensions, la forme, la rectitude sont contrôlées tout au long On peut prendre pour B les valeurs suivantes déterminées expéri-
de la fabrication par des méthodes statistiques à l’aide des moyens mentalement :
traditionnels :
B = 1,25 pour l’étirage de ronds ;
— pour la section : palmer, calibre à mâchoires mini-maxi, gabarit
et projecteur de profils pour les profilés de forme complexe ; B = 1,5 pour les hexagones ;
— pour la longueur : règles graduées ; B = 2 pour les carrés.
— pour la rectitude et le vrillage : règles, marbre, jauges d’épais-
seur, bancs de contrôle équipés de comparateurs. La réduction maximale correspond à celle pour laquelle la tension
axiale atteint la contrainte d’écoulement σ 0 . Au-delà, le métal se
strictionne et casse.
1.5.2 Contrôle de l’état de surface Pour estimer l’effort de poussée, il faut majorer l’effort d’étirage
de 30 %.
Comme il n’y a aucun enlèvement de matière, les défauts existant
sur l’ébauche laminée subsistent. Cela implique d’approvisionner
des ébauches avec des garanties d’état de surface compatibles avec
celles exigées sur les produits étirés ; elles ne sont cependant jamais
totalement exemptes de défauts superficiels inhérents à la transfor-
2. Écroûtage
mation à chaud. L’étirage peut, quant à lui, ajouter accidentellement
des rayures et des arrachements.
Ces défauts peuvent être décelés par des méthodes mettant en 2.1 Principe
œuvre les courants de Foucault [4] ou par magnétoscopie selon les
exigences définies à la commande. Ce procédé de calibrage consiste à éliminer la zone périphérique
Les appareils à courants de Foucault ont l’avantage de pouvoir des ronds laminés, à l’aide d’outils coupants, sur une épaisseur de 1
être intégrés facilement sur les machines de production. En contre- à 5 mm suivant les diamètres. L’ébauche est choisie, dans la gamme
partie, ils ne peuvent déceler efficacement que les défauts dont la des diamètres disponibles sur le marché, en fonction de l’épaisseur
profondeur dépasse un certain seuil, qui varie avec la rugosité du minimale qu’on souhaite enlever.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 100 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
_________________________________________________________________________________________________ CALIBRAGE À FROID DES BARRES D’ACIER

Ce procédé a pour effet d’éliminer, en totalité ou en partie, la Le tout est incorporé dans un bâti très rigide où sont logés égale-
couche décarburée et les défauts de surface. Contrairement à ce qui ment le moteur principal, les organes de transmission, le dispositif
se passe en étirage, le métal est exempt de tensions et les caracté- d’arrosage. Un système de tapis et/ou de vis sans fin permet de
ristiques mécaniques sont inchangées, à l’exception d’un écrouis- remonter les copeaux, récupérés dans une fosse, au niveau du sol.
sage superficiel plus ou moins prononcé. Les outils sont en général des plaquettes en carbure revêtu.
La gamme des nuances écroûtées est au moins aussi vaste que Comme il se doit, la tête d’usinage est arrosée abondamment soit
celle des étirées mais, dans la pratique, les aciers de construction et avec une huile entière, soit avec une émulsion, dans tous les cas
les aciers alliés s’y trouvent en plus grande proportion que les aciers avec un lubrifiant spécialement conçu pour la coupe des métaux.
de décolletage. L’écroûtage peut aussi être pratiqué sur des aciers
Les paramètres d’usinage (vitesse de coupe et avance) sont à
prétraités.
déterminer en fonction de l’indice d’usinabilité de l’acier [3] [5],
sachant qu’ici l’épaisseur du copeau est imposée par les dimensions
(c’est la différence entre les rayons avant et après écroûtage) et que
2.2 Pratique de l’écroûtage la largeur du copeau correspond à l’avance par tour divisée par le
nombre d’outils.
Classiquement, les tours sont approvisionnés avec des barres,
L’usinage, pour être parfaitement concentrique, ce qui est tou- mais il existe des modèles conçus spécialement pour accepter des
jours un but recherché, nécessite une bonne rectitude ; l’opération ébauches en couronnes.
est donc toujours précédée d’un dressage. Cependant, les barres se
déforment consécutivement à la libération de contraintes en cours
d’usinage et doivent subir un second dressage postopératoire. Dans
ces conditions, la gamme comporte toujours au minimum trois pha- 2.4 Dimensions et tolérances
ses :
1 - dressage de l’ébauche ; La norme NF A 47-461 (cf. Doc. M 3 100) publie une liste de diamè-
tres standards entre 15 et 120 mm. En fait, le procédé permet de réa-
2 - écroûtage proprement dit ; liser n’importe quel diamètre à l’intérieur de ces limites.
3 - dressage du calibré. Le diamètre obtenu est lié directement à la distance séparant les
arêtes coupantes de l’axe. Malgré leur excellente tenue, les plaquet-
Le deuxième dressage a également pour effet d’atténuer les stries
tes s’usent et la cote varie au cours de l’usinage. Cela nécessite de
d’usinage et de polir la surface.
recaler les outils périodiquement afin de rattraper l’usure. La varia-
Les dresseuses sont du même type que celles utilisées pour les bilité du diamètre limite les possibilités du procédé à la qualité 10
ronds étirés en barres, avec deux galets hyperboliques l’un concave dans les conditions standards. Sur les tours modernes, qui sont
et l’autre convexe (cf. § 1.2.1.4). La rugosité obtenue au niveau du dotés d’un système asservi de rattrapage d’usure en fonction de la
rond écroûté dépend de la pression exercée mais aussi de l’état de cote, il est possible de tenir la qualité 9.
surface des galets de finition qui doivent donc être particulièrement Il arrive, si les axes de la barre et de la broche ne sont pas en
bien polis. bonne concordance, que le rond produit est « triangulé » : au lieu
d’être un cercle parfait, le profil obtenu est une succession de seg-
ments curvilignes raccordés les uns aux autres. En tout état de
2.3 Tour à écroûter cause, ce défaut de circularité doit être inférieur à la moitié de la
tolérance nominale sur diamètre pour être en conformité avec les
normes.
Schématiquement, un tour comporte trois parties (figure 15) : Les ronds écroûtés sont particulièrement lisses. La rugosité maxi-
— des galets d’entraînement qui communiquent l’avance et male garantie est Ra = 1,2 µm .
immobilisent la barre en rotation ;
— la tête d’usinage rotative, qui porte trois, quatre, voire six outils
suivant les modèles, montée sur une broche creuse pour permettre 2.5 Parachèvement
le passage des barres ;
— des galets d’extraction pour évacuer les barres. Des contrôles dimensionnels (diamètre, circularité, rectitude) sont
effectués statistiquement, à l’aide de moyens analogues à ceux vus
précédemment (cf. § 1.5.1), pour assurer la régularité et la confor-
mité de la production.
Porte-outil Outil de coupe
Les produits écroûtés, comme les produits étirés, peuvent égale-
Galets Galets ment faire l’objet après calibrage d’opérations optionnelles desti-
d'entraînement d'entraînement nées à approprier le produit du mieux possible aux conditions
d’emploi :
— affranchissement d’une extrémité, ou des deux, par sciage ou
par tronçonnage à la meule ;
— chanfreinage ou appointage ;
Barre — débitage en tronçons de longueur précise prêts à l’emploi.
Malgré l’enlèvement de métal, des petits défauts peuvent subsis-
ter et, si les exigences de la commande l’impose, il peut être néces-
saire de procéder à un contrôle unitaire de l’aspect de surface, soit
Tête d'écroûtage par courants de Foucault et des défectuosités sont tolérées jusqu’à
0,15 mm de profondeur, soit par magnétoscopie si aucun défaut
n’est admis. Ces techniques sont d’autant plus facilement mises en
œuvre que la rugosité est très faible dans le cas particulier des
Figure 15 – Principe du tour à écroûter écroûtés.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 100 − 11

Vous aimerez peut-être aussi