Etude Linéaire Poème de Charles Baudelaire

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EL2 :

Spleen : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »

Projet de lecture : Propositions :

1) Comment Baudelaire évoque-t-il son spleen ?


2) Comment Baudelaire fait-il de son spleen une source de création poétique ?
3) Comment Baudelaire transforme-t-il la boue du spleen en or ?

Poème composé de 5 quatrains en alexandrins aux rimes croisées (abab).

Les 4 premières strophes contiennent une seule longue phrase, composée d’une
succession de subordonnées circonstancielles de temps (« quand » v1 « et que » v3
« quand » v5 et 9) et d’une proposition principale construite autour de deux verbes
conjugués coordonnés « sautent et lancent ». Cela rend la lecture du poème
extrêmement longue et lente.

Interprétation Citation Analyse


Le poème commence par une description CCT
météorologique d’un ciel bas qui va avoir une Adj + V +
incidence sur les hommes. L’adj « lourd » Quand le ciel bas et lourd Comparaison
accompagné du verbe « pèse » et de la pèse comme un couvercle
comparaison du ciel à un couvercle suggèrent Sur l’esprit gémissant en Expansions du nom
que le ciel exerce un poids physique sur les proie aux longs ennuis, « esprit » évoquant
hommes, notamment ceux dont l’esprit est la souffrance «
déjà souffrant. gémissant, en proie,
Les longs ennuis renvoient à ce que longs ennuis »
Baudelaire appelle le spleen.

Et que de l’horizon Oxymore


L’expression « embrassant tout le cercle » embrassant tout le cercle comparatif
suggère une bulle dans laquelle le poète est Il nous verse un jour noir plus
enfermé. triste que les nuits ;
L’oxymore et le comparatif rendent la vision
particulièrement sombre et sinistre.

L’emploi de l’adj « triste » désignant un


sentiment montre que la noirceur du ciel a un
effet sur l’âme du poète. En effet l’emploi du «
nous » au vers 4 suggère que le poète
s’englobe parmi ceux qui subissent ce ciel
pesant.

Après une évocation du ciel, vient ici une Quand la terre est changée Autre CCT
évocation de la terre qui subit une en un cachot humide, V passif
transformation, qui n’est autre que la vision du
poète. Le « cachot humide » insiste sur
l’impression d’enfermement imposé dans des
conditions désagréables.
L’espérance est personnifiée par l’emploi de la
majuscule. Elle devient un symbole de l’espoir Où l’Espérance, Allégorie
enfermé. La comparaison à un animal de nuit comme une chauve-souris, Comparaison
suggère déjà que l’espérance
On entend l’espérance chauve-souris se S’en va battant les murs de
cogner aux murs grâce aux consonnes « t et d son aile timide Allitérations
» répétées. Ces deux vers augmentent encore Et se cognant la tête à des en « b, t, d, k »
l’impression d’enfermement : par les plafonds pourris ; Métaphore filée
expressions « battant les murs » et « se
cognant la tête ». l’adj « timide » suggère le
manque de force de l’espérance qui n’a
aucune chance d’échapper au spleen.

Après le ciel et la terre, c’est la pluie qui Quand la pluie étalant ses
s’associe aux éléments pour enfermer le poète immenses traînées Nouveau
dans des idées noires. On retrouve le thème D’une vaste prison imite les CCT
filé de l’enfermement avec les termes « prison barreaux, Oppositions entre «
», et « barreaux » immenses, vaste »
Les nombreuses sonorités en « on, an, ou, o » et « prison,
rajoutent encore à l’aspect plaintif et lancinant barreaux »
du poème.

Et qu’un peuple muet


d’infâmes araignées Voc péjoratif
Cette fois la vision devient hallucination Vient tendre ses filets au fond « infâmes »
puisque le « peuple d’araignées » évoqué de nos cerveaux, Déterminant
n’existe que dans la tête des hommes « au possessif de 1ère
fond de nos cerveaux ». personne du pl

Le CCT « tout à coup » annonce un , Proposition


événement soudain, qui s’oppose à tous les principale
autres CCT précédents, qui eux faisaient Des cloches tout à coup « tout à coup » CCT
référence à une situation dont le début était sautent avec furie
indéterminé (on ne sait combien de temps le Et lancent vers le ciel un personnification
ciel est bas, la terre un cachot, la pluie les affreux hurlement
barreaux d’une prison…) Le poète a subi les
éléments qui n’ont fait qu’augmenter son
spleen.
L’esprit se sent si mal qu’il est envahi d’une
vision bruyante et cauchemardesque : les
cloches sont personnifiées. Le complément de
manière « avec furie » et l’épithète « affreux »
soulignent l’aspect horrible de l’évocation.

Les cloches sont comparées à des fantômes


gémissants. Les sonorités des vers suggèrent Ainsi que des esprits Comparaison
ces gémissements. errants et sans patrie Allitération en « p, t
Qui se mettent à geindre »
opiniâtrement.
Assonance en « an
et in »

– Et de longs corbillards,
La mort jusqu’ici était seulement suggérée sans tambours ni musique, Sonorités en
dans les strophes précédentes par le champ Défilent lentement dans mon « an »
lexical de l’obscurité et l’allusion aux « esprits âme Déterminant
errants » de la strophe 4. possessif 1ère pers
Ici elle est évoquée à travers la référence aux du sg
« longs corbillards ». On voit aussi que le CC de manière
spleen présenté jusqu’ici comme un mal qui
touchait les esprits, s’attaque au poète
narrateur lui-même « dans mon âme ».

l’Espoir, Contre-rejet de «
Vaincu, pleure, et l’Angoisse l’Espoir »
La lecture hachée du vers 19, en raison de sa atroce, despotique, Mise en valeur de
composition (virgules, nbx mots de une ou l’Angoisse à la
deux syllabes) souligne la défaite du poète et césure
la victoire du spleen.
Allégories

Adjectifs qui
annoncent la
victoire du spleen

Le poète s’avoue vaincu en inclinant la tête. Sur mon crâne incliné Déterminant
C’est l’Angoisse qui agit en plantant le drapeau plante son drapeau noir. possessif 1ère pers
noir. Le poème se termine sur cette image qui du sg
symbolise la prise de possession de l’esprit par Verbe d’action dont
le spleen l’Angoisse est sujet

image

Conclusion

On peut conclure qu’en effet Baudelaire par moments se laisse submerger par le
spleen qu’il ne contrôle plus. C’est cette lutte et cette défaite qu’il évoque ici.
Pourtant Baudelaire a transformé ses souffrances en création poétique. C’est le
spleen qui lui permet d’écrire ce poème incroyablement évocateur.

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