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Le Petit Monde de Georges Dandin Compressed
Le Petit Monde de Georges Dandin Compressed
Le Petit Monde de Georges Dandin Compressed
1
Point de départ - un personnage
En 2016, j’étais en dernière année de mise en scène à l’INSAS et je décidai de monter comme
projet de fin d’études le début de Georges Dandin de Molière.
C’était parti d’un souvenir. Mes pensées me ramenaient sans cesse à un petit personnage, vu sur
une scène il y a bien longtemps, à Nice, dans un des premiers spectacles que j’aie jamais vus
au théâtre. Ce personnage errait face au public et se parlait à soi-même en s’appelant par son
nom, disant des choses comme : “Ah Georges Dandin, Georges Dandin, vous avez fait la sottise la
plus grande du monde. . . Vous l’avez voulu, vous l’avez voulu, Georges Dandin. . . Allons, Georges
Dandin, il vaut mieux quitter la place.”
Je me mis à l’imaginer vivant dans une petite maison, avec un mouton dans son jardin, à qui il don-
nerait à manger de la salade en sachet plastique en marmonnant “Ah Georges Dandin, Georges
Dandin...”.
L’histoire de Georges
Georges Dandin est un riche paysan qui a épousé une jeune fille de la noblesse, Angélique, croy-
ant ainsi accéder lui-même au monde doré de l’aristocratie. En réalité, ça tourne au cauchemar.
Sa nouvelle famille ne manque pas une occasion de lui rappeler “qui il est”, d’où il vient et le peu
qu’il vaut.
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Note d’intention
Plus que raconter une histoire, je souhaiterais donner à sentir un petit monde composé de “présences
sensibles” entretenant entre elles toutes sortes de relations.
Plus que représenter une société inégalitaire du passé et/ou d’aujourd’hui, je voudrais m’intéresser
à la structure même du mépris, à ce que c’est qu’une relation humaine faite de mépris, faite du
sentiment de l’inégale valeur des êtres.
J’aimerais travailler sur le malaise physique, le corps mal à l’aise, le corps maladroit, ainsi que sur
ce qui se passe alors au niveau des yeux. Que fait le sentiment de puissance ou d’impuissance
au regard, à la qualité du regard ?
J’aimerais interroger la relation que l’on entretient avec soi-même. Entre jouissance de soi et al-
iénation, adéquation à sa propre identité et sentiment d’étrangeté, de bizarre distance. Comment
le rapport à soi s’entrelace-t-il aux relations aux autres, au temps et à l’espace ? Comment ceci
s’exprime-t-il dans l’impalpable d’une qualité des gestes et des regards mais aussi dans le soin
concret que l’on prend de son corps ? Se repeigner, se brosser les dents, tout faire pour disparaître,
ou au contraire pour briller de mille feux.
Car il me semble que c’est de cela que parle la pièce de Molière au fond. Georges Dandin est
trompé par sa femme, il essaie de le prouver mais personne ne veut rien voir ni entendre. Il a
l’impression alternativement d’être devenu fou et de vivre dans un monde de fous. Il perd pied,
sa réalité vacille. C’est une plongée dans l’angoisse d’un personnage englué dans sa vie, et pris
de vertige face à un monde délirant.
3
Scénographie - Apocalypse contre Cocon
Dans la dramaturgie de la comédie classique, l’espace est neutre, invisible, et il n’y a que du temps,
du temps qui s’enchaîne à un rythme effréné. Au contraire, notre spectacle est avant tout fait
d’espaces, qui sont à la fois des lieux concrets et des métaphores.
On a d’une part un Monde extérieur apocalyptique mais que traversent avec panache des per-
sonnages audacieux, et d’autre part, le Cocon ambigu d’un “chez-soi” qui n’offre que peu de ce
qu’il promet en termes de douceur, de bonheur, et de protection.
Les moments d’arrivée dans la bourrasque et les moments d’errance de Georges dans son jardin
permettent de trouer l’intrigue, de freiner d’un coup le tempo, d’interrompre l’enchaînement
acharné des scènes et des gags pour permettre des moments de flottement, des instants plus
suspendus et mélancoliques, une atmosphère plus contemplative et méditative.
Le regard des spectateurs peut basculer dans une vision plus microscopique et l’attention peut se
porter sur la présence des corps, les petits gestes, les regards. Ces moments créent des brèches
temporelles qui peuvent nous permettre d’explorer un type d’atmosphère et de comique plus
poétique et étrange. Où se nouent aussi des relations intéressantes avec les objets.
Playtime, Jacques Tati. M. Hulot regarde comment le coussin de cet étrange fauteuil reprend
lentement sa forme.
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Type de jeu
Naïveté
Plus que le “caractère”, la “psychologie” ou le “gestus social”, c’est la sensibilité de ces personnages
qui m’intéresse. Et surtout leur incroyable naïveté.
Nous cherchons une présence à la fois brute et candide, à fleur de peau. Une sur-émotivité des
personnages, qui s’exprime de manière discrète ou flamboyante, mais jamais ni réaliste, ni psy-
chologique, ni grotesque, ni satirique.
Sur-émotivité flamboyante
Sur-émotivité discrète
6
Monde injuste et puissance d’agir
Durant toute la pièce, Georges se débat. Il veut agir, il veut changer la situation dans laquelle il
se trouve. Il croit à la parole : il essaie de raisonner sa femme, de raisonner ses beaux-parents,
de leur parler sincèrement. Il croit à l’intelligence, il croit à la vérité. Il croit que s’il rassemble des
preuves, que s’il arrive à montrer la vérité, à mettre le pouvoir face aux faits, à les mettre devant
le fait accompli, et bien quelque chose se produira. Des décisions seront prises. Justice sera faite.
La vie changera. Le bonheur pourrait advenir.
Mais dans cette histoire où il est une victime, Georges est aussi responsable de ses propre mal-
heurs. Il a épousé une femme qui ne l’aimait pas, sans se soucier de son avis. Et il ne comprend
pas en quoi cela pourrait ne pas lui convenir. Georges est aussi sourd à sa parole que les autres
personnages le sont à la sienne.
Les véritables responsables (et bénéficiaires) de cette situation, ce sont les beaux-parents. Ce
sont les vrais méchants de notre conte. Mais le problème au fond, ce n’est pas eux. Ce n’est pas
Angélique. Ce n’est pas Georges. C’est le petit monde dans lequel ils vivent. Tout le monde y a
tort, tout le monde y a raison, et tout y est intriqué dans tout.
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L’équipe
ASBL ASBL
En 2017, l’équipe de Georges Dandin a répondu à un appel à projet du TTO, qui cherchait une
“troupe résidente pour son Café-Théâtre”. Pour nous, c’était une occasion rêvée de nous lancer
dans un projet collectif de laboratoire du comique. Le deal avec le TTO était clair : liberté presque
totale contre autogestion presque totale. De l’accueil du public au bar, en passant par la commu-
nication et la régie technique, nous devions tout gérer et ne serions pas rémunérés (autrement
que par notre billetterie et notre bar). Nous sommes devenues le collectif ASBL ASBL et en deux
ans, nous avons fabriqué sept créations : Hahacademy !, Refroid, Des Hommes et des Flics, Moulin,
Intrigues et Secrets, Ténèbres Ténèbres et Partouze Pastorale – Matériau(x). Autant d’occasions de
mener une expérimentation sur des formes théâtrales et des types de jeu, sur toutes sortes de
manières de travailler en collectif et sur la cohérence globale d’un projet artistique. En effet,
chercher ce que pouvait bien être notre “Café-Théâtre”, c’était chercher des formes artistiques
et une manière de travailler accordées à une certaine situation de production. Une situation com-
pliquée à cause de l’absence de moyens mais qui nous offrait une liberté grisante et une expéri-
ence collective rare et exaltante. Nous cherchons aujourd’hui un nouveau lieu dans lequel con-
tinuer notre laboratoire, en parallèle des créations que portent par ailleurs les différents membres
de notre collectif.
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Jenna Hasse – Jeu
Diplômée de l’Insas en 2014, elle alterne sa pratique entre le jeu et la mise
en scène, au théâtre et au cinéma. Au théâtre, elle a notamment joué dans
L’Echange de Claudel mis en scène par Raoul Teuscher (Genève et Lau-
sanne). Au cinéma, elle joue dans Sott’Acqua d’Audrey Bersier (Festival Pre-
mier Plan, Angers), On avait dit qu’on irait jusqu’en haut de Tizian Büchi (FIFF
Namur), La douleur d’Emmanuel Finkiel et Mes provinciales de Jean-Paul
Civeyrac. Après son premier court-métrage, En août (présenté à la Quinzaine
des réalisateurs en 2014 et ayant reçu plusieurs prix), elle réalise Soltar en
2016. Aujourd’hui, elle termine un moyen-métrage documentaire et prépare son premier long-
métrage en tant que réalisatrice.
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Calendrier et partenaires
Répétitions
• 21-26 octobre 2019 : au KJbi (Bruxelles)
Présentations d’étapes
• 7 novembre à 18h et 8 novembre à 17h45, au Théâtre Varia (Bruxelles)
• en mars 2020 (à confirmer)
Représentations
• 2020 - 2021 : série prévue à La Barcarolle, à St-Omer, France. (coproduction en pré-achat)
Contact
stankiewicz.nicole@gmail.com
+32 473 28 72 76
+33 6 21 91 47 62
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