Cahier Gargantua 1re Voie Gnrale

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classiques
RABELAIS
Accompagnement à la lecture de l’œuvre
et entraînement aux épreuves du BAC 1 re
Parcours :
rire et savoir
voie générale

Gargantua

Catherine Saenz
Agrégée de Lettres modernes, académie de Normandie

Les cahiers de français

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© BORDAS/SEJER, 2021 – ISBN 978-2-04-733898-8

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Entrer dans l’œuvre

sommaire Rabelais et son temps .. ...............................................................................................................................


Rire et savoir dans Gargantua . . .................................................................................................................

Lire et comprendre l’œuvre


Lecture guidée : avis au lecteur et prologue .........................................................................................
Lecture guidée : chapitres I-XII .. ..............................................................................................................
Lecture guidée : chapitres XIII-XXIV .......................................................................................................
4
6

8
9
10
Lecture guidée : chapitres XXV-L .. ............................................................................................................ 12
Lecture guidée : chapitres LI-LVIII .......................................................................................................... 13
Bilan de la lecture ....................................................................................................................................... 14

Lire et comprendre le parcours associé


Parcours « Rire et savoir » : présentation ............................................................................................ 16
Groupement de textes 1 • Rire du savoir et savoir rire ...................................................................... 17
La Fontaine, « Le Rat et l’Huître », Fables, livre VIII (1678) • Molière, Dom Juan, acte III,
scène 1 (1664) • Flaubert, Bouvard et Pécuchet (1881)
Groupement de textes 2 • Développer un savoir humaniste . . ........................................................... 20
Rabelais, Pantagruel, chapitre 8 (1532) • Montaigne, « Des livres », 10, Essais, II (1580) •
Zweig, Érasme. Grandeur et décadence d’une idée (1934) • Rabelais, extrait d’une lettre
à Érasme (1532) • Montaigne, Essais, I, « De l’institution des enfants » (1580)
Groupement de textes 3 • Combats épiques et parodiques .............................................................. 23
Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la Charrette (xiie siècle) • Voltaire, Candide, chapitre 3
(1759) • Alfred Jarry, Ubu roi, acte III, scène 7 (1896)
Groupement de textes 4 • Le savoir au service du pouvoir ............................................................... 26
Homère, Iliade, chant II (viiie siècle av. J.-C) • Érasme, Institution du
Prince chrétien (1516) • Thomas More, Utopie (1516) • La Boétie, Discours de
la servitude volontaire (1576)

Se préparer à l’oral du BAC


L’explication linéaire : méthode ............................................................................................................ 29
Gargantua : prologue ........................................................................................................................... 30
Gargantua : la deuxième éducation de Gargantua ......................................................................... 33
Gargantua : l’abbaye de Thélème . . ..................................................................................................... 36
Voltaire, Candide ................................................................................................................................... 39
Montaigne, Essais, II, « Des livres » . . ................................................................................................ 42
La question de grammaire (Les questions portent sur les textes des explications linéaires.)
La négation ............................................................................................................................................ 45
L’interrogation ...................................................................................................................................... 46
Les propositions subordonnées circonstancielles ......................................................................... 47
Les relations au sein de la phrase complexe ................................................................................... 48
L’entretien avec l’examinateur : méthode .......................................................................................... 49
Préparation ............................................................................................................................................ 50

Se préparer à l’écrit du BAC


La dissertation : méthode ....................................................................................................................... 51
Dissertation 1 ........................................................................................................................................ 52
Dissertation 2 ........................................................................................................................................ 54
Dissertation 3 ........................................................................................................................................ 56
Le commentaire : méthode ..................................................................................................................... 57
Hugo, « Souvenir de la nuit du 4 » ..................................................................................................... 58
Saint-Exupéry, Terre des hommes ...................................................................................................... 61

Prolongements
Lectures cursives : méthode et idées de lecture . . ................................................................................ 63
Ressources multimédia .............................................................................................................................. 64

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François Rabelais et son temps
Il enseigne la médecine
à la faculté de Montpellier
et s’appuie sur les textes
Devenu moine, il entre au couvent
d’Hippocrate et de Galien.
franciscain de Fontenay-le-Comte, en
Vendée. Il rejoindra plus tard l’ordre
des Bénédictins dont les règles sont
Il correspond avec Érasme
plus souples.
et publie, sous l’anagramme
d’Alcofribas Nasier, Pantagruel.
Le roman est condamné par la
Sorbonne. Rabelais est nommé
Rabelais fréquente les universités de
médecin à Lyon.
Bordeaux, Toulouse, Orléans, Paris. Il
Naissance de François Rabelais étudie le grec et le droit. Ses livres
à La Devinière, près de Chinon en de grec lui sont cependant retirés
Touraine. Son père est avocat. sur ordre de la Sorbonne.

1493 1528-
ou 1494 1520 1530 1530 1532

FRANÇOIS IER, L’HUMANISME ET LA RENAISSANCE


UN ROI HUMANISTE
La Renaissance constitue une rupture avec le Moyen Âge : l’image
Au moment où Rabelais compose ses romans, François Ier de l’homme se renouvelle. L’humanisme place l’homme et le
est roi de France. Son règne se caractérise par une savoir au centre de la réflexion. Les humanistes tels qu’Érasme,
ouverture au savoir et à la culture. Il est le protecteur Montaigne et Rabelais ont foi en l’esprit humain, en la capacité
des arts et des lettres et contribue à la publication des de chacun à se remettre en question pour s’améliorer. Pour eux,
romans de Rabelais, bien que ceux-ci soient condamnés les philosophes de l’Antiquité – Socrate, Platon, Aristote – sont
par la Sorbonne. des références et la période de l’Antiquité, un modèle.

Activité 1 : DÉCOUVRIR UN PORTRAIT DE FRANÇOIS RABELAIS

Quelle image de Rabelais ce portrait donne-t-il ? Appuyez-vous sur


les éléments du décor et sur la représentation de Rabelais.

Rabelais est ici représenté sous les traits d’un écrivain humaniste du xvie siècle. Assis à

sa table de travail, il tient dans sa main droite une plume qui se situe quasiment au

centre du tableau et qui symbolise son travail d’écrivain. À gauche et à l’arrière-plan, de

multiples feuilles et livres jonchent la table. Tous ces objets renvoient à la lecture et à

l’écriture. On peut émettre des hypothèses sur le contenu des documents : Rabelais ayant

été à la fois moine, médecin et romancier, il se pourrait qu’il se nourrisse de ses lectures

pour préparer des cours de médecine ou des oeuvres littéraires. Ces documents de travail

sont représentés en blanc : ils apportent de la lumière dans un tableau globalement

sombre. Symboliquement, ils renvoient à l’idée d’un savoir lumineux et épanouissant pour
Eugène DELACROIX (1798-1863), Portrait
l’homme, Rabelais semblant lui-même, dans sa tenue et son attitude, très serein. de François Rabelais, 1833, musée Le Carroi,
Chinon.

4 Gargantua

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Rabelais publie le Quart Livre,
De janvier à mai, il accompagne également condamné.
l’évêque Jean Du Bellay à Rome.
Gargantua est publié.
Le roi François Ier lui permet de
Le Cinquième Livre
publier librement ses livres malgré
est publié.
la condamnation de la Sorbonne.

Rabelais devient docteur


en médecine. Il pratique Rabelais publie le Tiers Livre,
des dissections de cadavres, le roman est condamné
chose rare à l’époque. par la Sorbonne. Rabelais
devient médecin à Metz. Rabelais meurt
à Paris.

1534 1536 1545 1546 1552 1553 1564

GARGANTUA
ET LA LITTÉRATURE MÉDIÉVALE
L’influence de la littérature médiévale est manifeste dans Gargantua. Comme dans les romans de
chevalerie, le récit est organisé de façon chronologique. Son titre, La Vie très horrifique du grand
Gargantua, père de Pantagruel..., renvoie de façon parodique aux biographies réalisées au Moyen Âge,
où l’on évoquait l’illustre lignée et les hauts faits des grands seigneurs. Et Gargantua lui-même, comme
Pantagruel, est un personnage de la littérature populaire médiévale.

Activité 2 : DÉCOUVRIR LE RÈGNE DE FRANÇOIS IER Activité 3 : LA SORBONNE, LIEU DU SAVOIR ?

Rédigez un paragraphe dans lequel vous Rendez-vous sur le site de la Sorbonne à la


présenterez les caractéristiques essentielles rubrique « Histoire de la Sorbonne » et répondez
du règne de François Ier. Appuyez-vous sur les aux questions suivantes.
ressources proposées par la vidéo « François Ier,
l’empreinte d’un roi » sur YouTube. a. À quelle époque est créée la Sorbonne ?
À qui doit-elle son nom ?
François Ier a marqué l’histoire de France. Son règne
L’université parisienne est créée au Moyen Âge sous
commence par la victoire de Marignan. Mais son rival, l’impulsion de Robert Sorbon, un théologien.
Charles Quint, le fait prisonnier en Italie. François Ier
b. Quelle est l’image de la Sorbonne au xvie siècle ?
incarne le prince de la Renaissance : il est cultivé et Pour quelle raison ?
cherche à promouvoir les arts et les sciences. Il s’entoure Au xvie siècle, la Sorbonne se caractérise par un certain
de savants et d’artistes, notamment Léonard de Vinci. Il conservatisme. Les savoirs qu’elle diffuse recouvrent des
collectionne des milliers d’ouvrages écrits en latin et en domaines variés tels que le droit ou la théologie. Dans ses
grec. François Ier meurt en 1547. Sa passion pour l’art et oeuvres, Rabelais se moque du savoir et des méthodes

l’architecture devient une passion française qui inspirera d'enseignement de la Sorbonne qu'il juge passéistes.

Louis XIV.

Entrer dans l’œuvre 5

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Rire et savoir dans Gargantua

DES MOTS POUR RIRE


La langue de Rabelais se caractérise par l’inventivité. Le
romancier se plaît à déployer toutes les ressources de la
langue pour faire rire et sourire le lecteur. La naissance de
Gargantua est traitée avec un comique inégalé reposant sur un
comique de situation ; son enfance et en particulier l’invention
du « torche-cul » constituent un sommet du comique de mots.
Les jeux de mots, exagérations, listes se succèdent dans le roman.
Rabelais retrouve alors une forme de folklore, hérité notamment
des récits du Moyen Âge où se côtoyaient le comique de mots,
aussi bien que le comique de caractère ou de situation.

LE COMIQUE
RABELAISIEN

Activité 1 : D
 ÉCOUVRIR UNE ADAPTATION DE L’OEUVRE
DE RABELAIS AU THÉÂTRE
UN ROMAN DU CORPS
Dans Gargantua, on accouche, on mange, Rendez-vous sur le site de l’Allée des Rendez-Vous et découvrez les
on boit, on rit, on fiente, on tabasse, on photographies du spectacle intitulé « Rabelais ».
fait l’amour, etc. Dans ces évocations
farcesques du corps, Rabelais n’hésite Ce spectacle est créé à partir de l’oeuvre entière de Rabelais. Quelle
pas à parler de sexualité ou de « bas image de l’univers rabelaisien ces photographies donnent-elles ?
corporel », mais le lecteur – et Rabelais Ces photographies montrent que le metteur en scène a cherché à recréer
le précise dès le prologue – ne doit pas l’univers rabelaisien : celui-ci semble très vivant, avec de nombreux
s’en tenir à cette dimension grotesque et
souvent hilarante de l’oeuvre. Le propos personnages présents sur scène. Les comédiens portent des costumes souvent
est plus ambitieux qu’il n’y paraît au très colorés qui peuvent faire référence au carnaval. Certains costumes sont
premier abord. très modernes et laissent penser que le metteur en scène a voulu actualiser
l’oeuvre de Rabelais. De plus, les photographies de portraits peuvent donner
l’impression que des discours vont être prononcés, comme si, à travers les
personnages, le metteur en scène avait voulu transmettre aux spectateurs les
messages que Rabelais avait lui-même diffusés dans ses romans.

6 Gargantua

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L’ÉDUCATION
LES THÈMES
En racontant comment Gargantua s’humanise progressivement
HUMANISTES : RIRE grâce à l’éducation, Rabelais oppose la barbarie au savoir,
POUR RÉFLÉCHIR l’absence de culture à l’accomplissement humain. Le géant
devient alors le symbole de l’homme de la Renaissance, capable
d’apprendre, de comprendre et de s’ouvrir au monde. L’abbaye de
Thélème est le miroir puissant de cette utopie humaniste.

LA SATIRE DE LA RELIGION L’ART DE BIEN GOUVERNER


Rabelais s’attaque à l’enseignement dispensé par À travers le personnage de Gargantua, Rabelais
la Sorbonne. Les théologiens sont régulièrement nous invite à réfléchir à la notion de pouvoir et
présentés comme des « cafards », des hypocrites, propose un modèle de bon roi. L’épisode de la guerre
des censeurs dont le discours empêche toute picrocholine oppose ainsi la violence, la tyrannie,
réflexion. Rabelais préconise une lecture la bêtise au droit, au pardon et à l’intelligence.
fidèle des Saintes Écritures, dans le texte, Grandgousier puis Gargantua incarnent le modèle
et débarrassée des commentaires creux et du bon roi qui cherche la paix dans le royaume.
ridicules des théologiens.

Activité 2 : G
 ARGANTUA
VU PAR GUSTAVE DORÉ
Associez ces illustrations de Gargantua réalisées
par Gustave Doré à des citations de l’oeuvre.
Comment l’artiste rend-il compte de la démesure
rencontrée dans Gargantua ?

1. « À quoi prétendez-vous par ces belles conquêtes ?


Quelle sera l’issue de tant de peines et de tant
de voyages ? Ce sera, dit Picrochole, que nous
rentrerons nous reposer à notre aise. »

2. Son petit-déjeuner se composait de belles tripes


frites, de belles viandes grillées, de beaux jambons, B. Gravure de Gustave Doré pour
les Œuvres (tome 1) de François
A. Le repas de Gargantua, gravure de belles grillades de veau et de nombreuses soupes Rabelais, 1873, Bibliothèque
de Gustave Doré (1832-1883), du matin.
Bibliothèque nationale de France, nationale de France, Paris.
Paris. A2 ; B1

Comment l’artiste rend-il compte de la démesure rencontrée dans Gargantua ?


Gustave Doré offre une image fidèle de l’univers développé dans le roman de Rabelais. Les images sont marquées par la
démesure, démesure du géant Gargantua dont l’immense appétit de savoir est satisfait par une multitude de petits
hommes, démesure de la guerre qui déshumanise les hommes. Ainsi, la démesure offre un miroir déformé du réel qui peut à la fois
faire rire le lecteur et le faire réfléchir.

Entrer dans l’œuvre 7

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Lecture guidée : avis au lecteur et prologue
Pour vérifier que vous avez bien lu la première partie de l’œuvre (avis au lecteur et prologue),
répondez aux questions suivantes.

Un moment clé
1. Quelle règle de vie adressée au lecteur apparaît à la fin de l’avis au lecteur ? « Vivez joyeux ».

2. Quelle est la fonction majeure de l’avis au lecteur puis du prologue, selon vous ? La fonction de ces textes est
de créer un contact direct avec le lecteur et de l’inciter à poursuivre sa lecture.

3. Quel est le ton employé par le narrateur dans cette première partie ? En quoi est-ce surprenant ?
Le ton est comique et provocateur. Le lecteur ne s’attend probablement pas à être pris à partie.
4. À quel animal le lecteur est-il comparé dans le prologue ? À quoi est comparé le livre ? Le lecteur est comparé
de façon comique à un chien. Le narrateur utilise la métaphore de l’os à moelle pour désigner le livre.

5. Pour quelles raisons le narrateur évoque-t-il si longuement le livre ? À travers le prologue, le narrateur propose
un mode d’emploi : le lecteur devra le suivre pour apprécier l’œuvre à sa juste valeur. On sait, par ailleurs, l’importance
de cet objet qui sert à la diffusion des connaissances dans le contexte de la Renaissance.

6. À quelle règle le lecteur devra-t-il se soumettre pour lire l’œuvre ? Il devra, selon le narrateur, lire et apprendre à
décrypter les messages cachés.
7. Pourquoi le narrateur fait-il référence à Socrate dans le prologue ? Le philosophe grec sert de référence
sérieuse et d’exemple à la démonstration du narrateur : il était, semble-t-il, laid mais sous cette apparence repoussante
se cachait une sagesse remarquable.
8. En quoi cette première partie donne-t-elle le ton de l’œuvre ? Cette première partie est à la fois comique et
sérieuse : le narrateur prend le lecteur par surprise en le comparant à un chien et, dans le même temps, il multiplie les
références sérieuses pour prouver que son œuvre ne relève pas simplement du jeu.

Lecteur et narrateur
Donnez trois adjectifs ou noms pour caractériser le narrateur et le lecteur, tel que le perçoit le narrateur.
– le narrateur : facétieux, cultivé, moralisateur
– le lecteur : soumis, oisif, compagnon

Activité d’appropriaton
Rédigez la réponse que vous pourriez adresser au narrateur suite à la lecture de cette première partie de
l’œuvre. Efforcez-vous de conserver le même ton que celui d’Alcofribas Nasier.
« Cher Alcofribas Nasier, cher maître-chien,
Je me permets de vous écrire pour vous signaler que je compte bien sucer la moelle de votre Gargantua jusqu’au
bout… et n’en rien laisser aux autres ! L’ivresse sera-t-elle bien au rendez-vous ? Mon appétit sera-t-il satisfait ?
Me servirez-vous d’aussi bons plats que vous le prétendez ?
Prenez garde ! Cet aimable dialogue socratique ne s’arrêtera pas là ! Me voilà prêt à percer les mystères de votre livre et
à le dévorer…
Amicalement, votre dévoué chien-lecteur. »

8 Gargantua

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Lecture guidée : chapitres I-XII
Pour vérifier que vous avez bien lu la deuxième partie de l’œuvre (chapitres I-XII),
répondez aux questions suivantes.

L’intrigue et les passages clés


1. Par quel événement débute le roman à proprement parler (chapitre III) ? ll commence par un festin bien arrosé
offert par Grandgousier.

2. Quelle est la particularité de la grossesse de Gargamelle (chapitre III) ? Comment le narrateur justifie-t-il cette
invraisemblance ? Elle dure onze mois. Selon le narrateur, cela s’explique par le fait que Gargamelle
attend un enfant extraordinaire.

Les personnages clés


Les géants
1. Quels sont les deux personnages avec lesquels le lecteur fait connaissance dans le chapitre III ?
Le lecteur découvre Grandgousier et Gargamelle, les futurs parents de Gargantua.
2. Citez quelques caractéristiques propres à ceux-ci. Ce sont des géants, ils appartiennent à la noblesse
et sont de bons vivants. Ils plaisantent facilement avec leurs sujets.

Gargantua
1. Pourquoi Gargantua est-il nommé ainsi ? C’est Grandgousier qui attribue ce nom à son fils.
Celui-ci vient de la phrase « Que grand tu as ! », sous-entendu « Quel grand gosier tu as ! ». Le nom de Gargantua
renvoie donc à la démesure de son appétit, à sa goinfrerie, à son goût immodéré pour le vin.
2. Citez trois éléments qui prouvent que Gargantua est un enfant. Dès sa naissance, Gargantua n’arrête pas de
bouger, il touche à tout, il se vautre dans la fange, il se mouche dans sa soupe…

Les thèmes clés


Reliez chaque thème à la citation qui l’illustre. Ajoutez une citation complémentaire pour chaque thème.
« Aristote dit que, si on prend deux choses contraires en leur nature, comme le bien et le mal,
[…] il s’ensuit que l’autre contraire s’accorde avec ce qui reste. » (chapitre X)
Vivre en bons vivants « La parole de Platon dans Philèbe et dans Gorgias fait
autorité sur ce point. » (chapitre I)

« On lui prescrivit dix et sept mille neuf cent treize vaches de Pautille et de Bréhémont pour
l’allaiter quotidiennement. » (chapitre VII)
Rire et savoir rire
« Pour son manteau, on leva dix-huit cents aunes de velours bleu. » (chapitre IX)

« HIC BIBITUR » (chapitre I)


La démesure « Les tripes furent copieuses […] et étaient tellement friandes que chacun
des géants
s’en léchait les doigts. » (chapitre IV)

« Après dîner, […] ils dansèrent au son des joyeux flageolets et douces cornemuses. »
(chapitre IV)

Savoir exposer « un pot à moutarde, c’est mon cœur à qui moult tarde […] ma braguette,
son savoir c’est la justice qui se dresse, et un étron de chien, c’est un tronc de séant
où gît l’amour de ma mie. » (chapitre IX)

Activité d’appropriation
Rédigez quelques lignes d’un discours de tonalité comique qui fera l’éloge d’un bon repas entre convives.

Lire et comprendre l’œuvre 9

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Lecture guidée : chapitres XIII-XXIV
Pour vérifier que vous avez bien lu la troisième partie du roman (chapitres XIII-XXIV),
répondez aux questions suivantes.

L’intrigue et les passages clés


1. Comment Grandgousier découvre-t-il la merveilleuse intelligence de son fils (chapitre XIII) ?
Grandgousier est émerveillé par l’ingéniosité de son fils qui a inventé un torche-cul.

2. Qu’est-ce qui indique que la première éducation reçue par Gargantua n’est pas moderne (chapitre XIV) ?
La première éducation est extrêmement longue et répétitive : elle repose sur des apprentissages par cœur, qui ne font
aucune place à la réflexion ni à la critique.

3. Quel regard le narrateur porte-t-il sur Thubal Holoferne puis sur Jobelin Bridé (chapitre XIV) ?
Quelle est donc l’intention de Rabelais ?
Son regard est moqueur, comme le montrent les adjectifs « sophiste » et « tousseux ». Ces précepteurs prétendent au
sérieux mais Rabelais se moque clairement d’eux pour leurs méthodes passéistes.

4. Grandgousier décide finalement de confier l’éducation de son fils à Ponocrates. Le jeune page Eudémon fait
alors l’éloge de Gargantua (chapitre XV). Comment celui-ci réagit-il ? Quel est l’effet produit ?
Gargantua est incapable de prononcer un seul mot : il pleure « comme une vache ». Cette attitude crée un décalage
comique entre le ton sérieux d’Eudémon et l’attitude puérile et ridicule de Gargantua.

5. Que fait Gargantua lorsqu’il arrive à Paris (chapitre XVII) ?


Il urine sur les Parisiens et noie 270 418 Parisiens, sans compter les femmes et les enfants.

6. Comment commence la nouvelle éducation de Gargantua (chapitre XXI) ?


Ponocrates souhaite observer toutes les mauvaises habitudes prises par son disciple avant d’imposer un nouveau
programme d’étude.
7. Quelle place occupe Ponocrates dans la deuxième éducation de Gargantua (chapitre XXIII) ?
Ponocrates est chargé de faire grandir Gargantua : il l’accompagne et fait toutes les activités avec lui.

Les personnages clés


1. Comment Ponocrates parvient-il à faire évoluer Gargantua ?
Ponocrates est le troisième précepteur de Gargantua. Il réorganise l’éducation du géant et lui impose un nouveau
programme de travail. Ses ambitions sont multiples et quelque peu démesurées : faire en sorte que Gargantua adopte
une bonne hygiène de vie, qu’il développe ses connaissances en matière de religion, d’arithmétique, de géométrie,
d’astronomie… C’est bien l’acquisition de solides savoirs et de nouvelles habitudes qui transforme Gargantua.

2. Pourquoi peut-on parler de métamorphose du personnage éponyme ?


L’évolution du personnage est extraordinaire : si Gargantua se comporte dans les premiers chapitres de l’œuvre comme
un enfant mal éduqué qui se complaît dans ses excréments, il enchaîne ensuite, grâce à Ponocrates, les exploits
individuels et s’accomplit dans tous les domaines du savoir, du sport et de la morale. Il est devenu un héros.

10 Gargantua

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Lecture guidée : chapitres XIII-XXIV

Les thèmes clés


L’éducation
Reliez chaque activité à la première ou deuxième éducation de Gargantua.
Proposez une phrase d’interprétation.
a. Le géant écoute trente messes.
Première éducation b. Gargantua observe les astres.
c. Il apprend l’arithmétique grâce à des jeux.
d. Gargantua apprend par cœur des livres et les récite à l’envers.
Deuxième éducation e. Gargantua fait sa toilette.
f. Il écrit en lettres gothiques, c’est-à-dire en lettres du Moyen Âge.

Interprétation : Rabelais oppose le modèle sophiste dont Gargantua subit la mauvaise éducation à l’éducation
humaniste incarnée par Ponocrates et maître Théodore.

Rire et savoir
Comment s’articulent le rire et le savoir dans cette partie de l’œuvre ?
L’épisode du vol des cloches de Notre-Dame puis la plaidoirie ridicule prononcée par Janotus de Bragmardo relèvent
de la tonalité comique. De même, la première éducation de Gargantua, par ses non-sens et son manque de sérieux,
peut faire rire. Toutefois, l’arrivée de Ponocrates coïncide avec l’effacement – certes éphémère ! – du rire. Le savoir
occupe désormais une place centrale dans la vie de Gargantua.

Activité d’appropriation
Composez un programme éducatif à votre tour : appuyez-vous sur les deux éducations de Gargantua
et transposez-les au xxie siècle.
Gargantua fut d’abord instruit par Thubal Holoferne. Celui-ci le laissait des heures durant devant sa tablette à
emmagasiner des vidéos sans queue ni tête et apprendre par cœur des dialogues dans une langue qu’il ne comprenait
pas. Il abandonnait ensuite sa tablette pour se divertir avec son téléphone. Après avoir consulté toutes les pages de
tous les réseaux sociaux, il revenait devant son ordinateur pour jouer des heures et des heures tout en se goinfrant de
sucreries.
Devant les piètres résultats obtenus par son fils lors des examens scolaires, Grandgousier décida de confier l’éducation
de son fils à Ponocrates. Celui-ci observa longuement Gargantua puis remania tout son emploi du temps : il exigea de
son disciple que son téléphone soit éteint pendant les heures de cours. Dès sept heures du matin, Gargantua se levait,
faisait sa toilette, puis prenait un petit-déjeuner équilibré. Sa journée de travail débutait par des rappels sur les leçons
de la veille : Ponocrates s’assurait ainsi qu’il avait tout compris des notions de mathématiques, physique, grammaire,
histoire, anglais, allemand, espagnol, grec, latin. Si quelque point lui semblait encore obscur, Ponocrates prenait
le temps de le lui réexpliquer. Après avoir pris sa collation, Gargantua s’adonnait habituellement aux échecs, puis
Ponocrates le laissait découvrir par lui-même les nouvelles notions à acquérir. Il avait créé pour son élève des logiciels
très puissants, capables de déceler ses points forts et ses points faibles : des exercices adaptés et de niveau progressif
étaient ainsi proposés au jeune garçon.

Lire et comprendre l’œuvre 11

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Lecture guidée : chapitres XXV-L
Pour vérifier que vous avez bien lu la quatrième partie du roman (chapitres XXV-L),
répondez aux questions suivantes.

L’intrigue et les passages clés


1. Quelles sont les origines de la guerre picrocholine (chapitre XXV) ? La querelle éclate entre les habitants
de Lerné, sujets de Picrochole et les bergers de Grandgousier pour une histoire de fouaces.
2. Qui est Ulrich Gallet et quel est son rôle (chapitre XXX) ? Il est l’ambassadeur de Grandgousier et à ce titre
chargé de convaincre Picrochole de mettre fin aux hostilités.
3. Quel épisode secondaire vient interrompre le fil de la narration ? Il s’agit du chapitre XXXVIII, « Les pèlerins
mangés en salade ». Au cours de cet épisode secondaire grotesque, les pèlerins voyagent dans la bouche de
Gargantua.
4. Pourquoi Jean des Entommeures est-il obligé de demander de l’aide dans le chapitre XLII ?
Il reste suspendu bien malgré lui à un arbre. Gymnaste vient alors le secourir. Cet épisode apporte une touche de
comique qui tranche avec cette séquence guerrière.
5. Comment se manifeste finalement la sagesse de Grandgousier (chapitre XLVI) ? Grandgousier renvoie
le prisonnier Toucquedillon chez Picrochole.

Les thèmes clés


Complétez le tableau suivant et proposez ensuite une phrase d’interprétation.

Sagesse Folie

Personnage Grandgousier Picrochole


incarnant
ce thème

Citation illustrant « Mon intention n’est pas de provoquer « Picrochole entra dans une violente colère et,
ce thème
mais bien d’apaiser ; ni d’attaquer mais bien sans s’interroger davantage sur le pourquoi ni
de défendre ; ni de conquérir mais bien de le comment, il fit crier […] que chacun, sous
préserver mes fidèles sujets et mes textes peine de la corde, se rassemble en armes à
héréditaires. » midi, sur la grande place devant le château. »

Interprétation : Grandgousier s’oppose totalement à Picrochole ; l’un incarne la sagesse, l’autre la folie guerrière.
Cette opposition convainc le lecteur de l’absurdité des guerres de conquête.

Les personnages clés


1. Complétez le portrait de Jean des Entommeures à l’aide d’adjectifs.
Jean des Entommeures, moine sans nul autre pareil, était à la fois galant, aventurier, colérique,
vaillant, orgueilleux, courageux, héroïque, ambigu, bavard…
2. En quoi ce personnage est-il profondément original ? Il ressemble à tout sauf à un moine. Il applique de façon
inattendue les préceptes de Jésus-Christ selon lesquels il faut aimer son ennemi. Il incarne notamment la vaillance au
combat.

Activité d’appropriation
Créez à votre tour un épisode comique qui viendrait interrompre le cours de la guerre picrocholine.

12 Gargantua

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Lecture guidée : chapitres LI-LVIII
Pour vérifier que vous avez bien lu la cinquième partie du roman (chapitres LI-LVIII),
répondez aux questions suivantes.

L’intrigue et les passages clés


1. À la fin du roman, Rabelais invente une utopie qui se matérialise par la fondation d’une abbaye (chapitre LII).
Pourquoi Gargantua offre-t-il à frère Jean la possibilité de fonder cette abbaye ?
Il souhaite le remercier pour ses exploits guerriers.
2. Quel est le nom de cette abbaye ? Comment est-elle décrite (chapitres LIII à LVI) ?
Pourquoi est-elle ainsi décrite ?
Le narrateur décrit successivement son architecture, son ameublement, les habits des occupants. Rabelais profite de ce
dénouement pour définir les contours de son utopie humaniste.
3. Quelles sont les caractéristiques du mode de vie des Thélémites qui rappellent les principes
fondamentaux de l’humanisme (chapitre LVII) ? Les Thélémites sont libres et instruits : ils continuent
au sein de l’abbaye de cultiver leur savoir pour grandir intellectuellement et moralement. Ils vivent en paix et en
harmonie les uns avec les autres. Ils constituent un modèle d’accomplissement humaniste.
4. Pourquoi le narrateur fait-il le choix de terminer son roman par une énigme (chapitre LVII) ?
Ce choix peut surprendre le lecteur : pourtant, il rappelle le prologue et les intentions à la fois divertissantes et
sérieuses de l’auteur. Le lecteur doit s’efforcer jusqu’au bout de « rompre l’os et sucer la substantifique moelle ».
5. Comment Gargantua et Jean des Entommeures comprennent-ils « l’énigme en prophétie » ?
Gargantua et Jean des Entommeures ne comprennent pas l’énigme de la même façon : pour Gargantua, l’énigme est
truffée d’allusions à la situation religieuse du pays tandis que, pour le second, l’énigme renverrait aux règles du jeu de
paume.

Activités d’appropriation
Observez cet extrait du chapitre L et sa translation en français moderne.
Quelles transformations majeures apparaissent ? Comment les expliquez-vous ?
Texte de Rabelais Translation

« Dieu soit avecques vous ! Je regrette de tout « Dieu soit avec vous ! Je regrette de tout
mon cueur que n’est icy Picrochole. Car je luy mon cœur que Picrochole ne soit pas ici car je
eusse donné à entendre que sans mon vouloir, lui aurais fait comprendre que cette guerre a
sans espoir de accroistre ny mon bien, ny mon été menée en dépit de ma volonté, sans désir
nom, estoit faicte ceste guerre. Mais, puis qu’il d’accroître mon bien ou mon renom. Mais,
est esperdu, et ne sçait on où, ny comment est puisqu’il a disparu et que l’on ne sait ni où ni
esvanouy, je veulx que son royaulme demeure comment il s’est volatilisé, je veux que son
entier à son filz. Lequel, parce qu’est par royaume revienne entier à son fils. Celui-ci,
trop bas d’eage (car il n’a encores cinq ans qui est encore en trop bas âge (il n’a que cinq
accomplyz) sera gouverné et instruict par les ans révolus), sera formé et instruit par les
anciens princes et gens sçavants anciens princes et les gens savants
du royaulme. » du royaume. »

Transformations majeures : L’orthographe est modernisée, l’ordre des mots parfois modifié, et la syntaxe
simplifiée. Certains termes peuvent être traduits mais la translation respecte évidemment le sens du texte. Elle vise à
faciliter la compréhension du texte du xvie siècle pour un lecteur du xxie siècle. Cela prouve qu’une langue est vivante
et qu’elle évolue au fil des siècles.

Lire et comprendre l’œuvre 13

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Testez votre lecture
Bilan de la lecture de l'œuvre avec
des quiz.

Un récit bien structuré


1. Les étapes majeures du récit ont été mélangées.
Remettez-les dans l’ordre chronologique en les numérotant de 1 à 10.
9 La construction de l’abbaye de Thélème
6 Les exploits de frère Jean des Entommeures
4 La double éducation de Gargantua
3 Les couleurs de Gargantua
5 La querelle entre les fouaciers et les bergers
1 L’avis au lecteur et le prologue
8 La lettre de Grandgousier à son fils
7 Les pillages commis par Picrochole et son armée
10 « L’énigme en prophétie »
2 La naissance extraordinaire de Gargantua

2. Quel sens donnez-vous à l’itinéraire du géant ?


Le lecteur assiste à la naissance, à l’éducation et à l’accomplissement du héros éponyme. Il passe de l’enfance à l’âge
adulte et acquiert la sagesse d’un prince. Son itinéraire est donc celui d’un géant qui s’humanise au gré de multiples
aventures. Gargantua doit bien être envisagé comme un roman de formation.

Une dimension comique affirmée


1. En quoi chaque passage ci-dessous provoque-t-il le rire ?
• Il criait bien peu mais il se souillait à toute heure car il était extraordinairement flegmatique1 des fesses, tant par sa com-
plexion naturelle que par une disposition accidentelle – elle lui était advenue en ingurgitant beaucoup de purée de sep-
tembre2. Il n’en buvait jamais sans raison. En effet, s’il arrivait qu’il fût grognon, courroucé, fâché ou attristé, s’il trépignait,
s’il pleurait, s’il criait, on le revigorait en lui apportant à boire et, aussitôt, il demeurait tranquille et joyeux. (chapitre VII)
1. Flegmatique : terme appartenant au domaine médical. Gargantua possède une grande facilité d’évacuation.
2. Purée de septembre : périphrase qui désigne le vin.

Rabelais n’hésite jamais à évoquer le corps et ses turpitudes dans son roman : ici, l’allusion au transit de Gargantua
prête évidemment à sourire. Elle est complétée par une évocation du vin qui occupe une place essentielle dans le
roman : celui apporte une gaieté permanente aux personnages et semble indissociable de l’art de bien vivre que
Rabelais défend avec vigueur dans son œuvre.

• Aux uns, il écrabouillait la cervelle ; aux autres, il brisait les bras et les jambes ; à d’autres encore, il démettait les vertèbres
du cou ; au reste, il disloquait les reins, tranchait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, enfonçait les dents dans la
gueule, défonçait les omoplates, abîmait les jambes, déboîtait les os des hanches, réduisait en miettes les membres. (cha-
pitre XXVII)
Le récit du massacre commis par Frère Jean est fondamentalement comique parce qu’un décalage se crée entre la
gravité de l’action et la dimension mécanique du geste. L’accumulation donne également un effet comique.

• Les pèlerins ainsi dévorés s’extirpèrent des meules de ses dents du mieux qu’ils purent, ils pensaient avoir été jetés dans
quelque basse fosse de prison. Quand Gargantua but sa grande gorgée, ils imaginèrent se noyer dans sa bouche et le tor-
rent de vin faillit les emporter dans le gouffre de son estomac. Toutefois, en sautant avec leurs bâtons comme font les pèle-
rins du Mont-Saint-Michel, ils se mirent en sûreté au bord des dents. (chapitre XXXVIII)
L’épisode des « pèlerins mangés en salade » rappelle l’univers de la farce : la disproportion entre la petitesse des
pèlerins en situation de danger et la grandeur de Gargantua qui cherche ici simplement à contenter son appétit
provoque le rire. Rabelais en profite probablement pour se moquer des périples des pèlerins : la dimension satirique
est sous-jacente.

14 Gargantua

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Bilan de la lecture

2. Pour quelles raisons, selon vous, le rire est-il si présent dans Gargantua alors que les thèmes abordés
ne sont pas nécessairement comiques ?
Il n’est pas un seul chapitre dans l’œuvre qui ne contienne un passage comique, un jeu de mots inattendu, un
événement grotesque. Rabelais tient les promesses annoncées dans le prologue : l’atmosphère est globalement
joyeuse et procure de la gaieté. Le lecteur aura souvent le sourire aux lèvres, une certaine complicité naîtra alors entre
le narrateur et lui. Ce n’est pas tout, cependant : le recours au rire doit aussi être compris comme une manière habile de
critiquer la société et ses dysfonctionnements. Le rire peut donc être plus grinçant et glisser vers la satire. Enfin, le rire
peut revêtir une fonction thérapeutique : il soigne la mélancolie et invite chacun à vivre joyeusement.

Personnages construits avec cohérence


1. Le nom des personnages ne doit rien au hasard. Effectuez une recherche sur la signification des noms
des personnages suivants et précisez le lien entre le nom et les caractéristiques du personnage.
Gargantua renvoie à l’expression : « Que grand tu-as », sous-entendu « Quel grand gosier tu as ! ». Ce nom a été choisi
par Grandgousier lui-même et on peut bien dire en cela que Gargantua est le digne fils de son père.
Ponocrates signifie en grec : « le travailleur ». Une grande partie de la mission qui lui échoit consiste effectivement
à donner à Gargantua le goût du travail bien fait.
Picrochole signifie en grec : « bile amère ». Selon les théories médicales qui ont cours au xvie siècle, les personnes
qui souffrent de bile amère sont par nature colériques, ce qui caractérise bien le personnage de Picrochole.
Eudémon signifie en grec : « le bien doué ». Ce jeune page maîtrise effectivement très bien l’art du langage.
Thubal Holoferne est un nom composé à partir d’un mot hébreu qui signifie : « confusion ». . Holoferne était
un général sanguinaire de l’Ancien Testament. Dans Gargantua, ce personnage « détruit » d’une certaine façon
l’éducation du jeune géant.
2. Dans Gargantua, les personnages fonctionnent souvent par paire. Associez chaque personnage à son double.
Gargantua ➥ Frère Jean  
Grandgousier ➥ Picrochole  
Thubal Holoferne ➥ Ponocrates  
3. Comment ces binômes ont-ils été constitués selon vous ?
Grandgousier et Picrochole s’opposent, de même que Thubal Holoferne et Ponocrates. Cette opposition ne met que
mieux en valeur les défauts et les qualités des uns et des autres par un effet de miroir saisissant.
Quant à Gargantua et frère Jean, ils constituent un binôme complice, ce qu’illustre bien la fin du roman, à savoir la
construction de l’abbaye de Thélème et l’énigme en prophétie.

La possibilité d’un autre monde ?


1. Quels thèmes sérieux sont évoqués tout au long de l’œuvre ? Associez chacun d’entre eux à un ou plusieurs
chapitres du roman.
L’éducation     : chapitres XV, XXI, XXIII          
La guerre      : chapitres XXVI, XXVII           
La religion     : chapitres I, VI, VII, XVII, XLV        
L’art de gouverner   : chapitres XXIX, XXX, XXXI, XLVI      
2. Pourquoi, selon vous, est-il possible de parler de philosophie rabelaisienne ?
Ces différents thèmes fonctionnent comme un ensemble cohérent. Rabelais défend des valeurs telles que l’ouverture
au savoir, la tolérance et la liberté. On en déduit qu’il rejette la violence, la tyrannie, les superstitions, la bêtise… Cette
philosophie correspond bien aux idéaux de l’humanisme.

Lire et comprendre l’œuvre 15

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Parcours « Rire et savoir » : présentation

Mots clés
Les mots rire et savoir peuvent être utilisés en tant que noms communs ou verbes.
Rire

Définition Manifester un sentiment de joie. L’émotion dégagée est généralement positive.

Éléments propres au rire Le rire peut prendre différentes nuances : le burlesque, la moquerie, la satire en font partie.
On distingue aussi le comique de mots, le comique de gestes, le comique de caractère ou
encore le comique de situation ; ces types de comique peuvent se cumuler.

Savoir

Définition Connaître. Posséder des connaissances permet d’être informé. Le verbe est connoté
positivement.

Étymologie Le mot vient du verbe latin sapere dont le sens premier est « avoir de la saveur ». Il a évincé
le verbe scire qui signifie « savoir » et qui a donné naissance au nom science.

Éléments propres au savoir La pensée, la raison, voire la philosophie, mais aussi la réflexion, l’éducation et plus
largement la culture.

Enjeux et thèmes clés


La conjonction de coordination « et » invite à questionner les rapports entre rire et savoir, entre la démesure du rire
et la mesure du savoir.
Au xvie siècle, le savoir se renouvelle : l’invention de l’imprimerie, la découverte du Nouveau Monde, la redécouverte
des textes de l’Antiquité sont autant d’invitations à développer une nouvelle vision de l’homme. Sous la plume des
humanistes, et en particulier de Rabelais, la réflexion prend un nouveau tournant : le roman traite de sujets variés
et sérieux, tels que l’éducation, la religion ou encore la politique. En ce sens, les œuvres de Rabelais s’inscrivent bien dans
le contexte de l’humanisme : Érasme avait entamé cette réflexion, Montaigne et La Boétie la poursuivront.
Mais pour Rabelais comme pour de nombreux écrivains après lui, cette réflexion est inséparable du comique. Ainsi, le comique
se met au service du savoir. Il n’y a pas nécessairement d’opposition ; au contraire, le rire permet de se moquer du savoir
et de le mettre à distance. Ne peut-on, effectivement, être à la fois joyeux et savant ?
Les pistes qu’il est intéressant d’explorer, en lien avec l’œuvre de Rabelais, sont donc :
– l’articulation entre rire et savoir : comment penser la relation entre deux termes a priori opposés ? (➥ Rire du savoir
et savoir rire, p. 17) ;
– l’accomplissement par le savoir : comment et pourquoi les humanistes ont-ils fait l’éloge du savoir et de l’esprit critique ?
(➥ Développer un savoir humaniste, p. 20) ;
– les scènes de combats qui rythment de multiples romans et sont parfois associées au comique. Quel est l'intérêt
de ces scènes ? (➥ Combats épiques et parodiques, p. 23) ;
– les rapports complexes entre savoir et pouvoir : comment le savoir peut-il aider à exercer un juste pouvoir ? (➥ Le savoir
au service du pouvoir, p. 26).

Questions
Examinez la table des matières du roman et indiquez quels chapitres semblent développer la veine comique.
Le comique est très présent dans le roman de Rabelais. En témoignent les chapitres intitulés : « Comment Gargantua
fut porté onze mois dans le ventre de sa mère » ou encore « Les propos des bien-ivres » et « Comment Grandgousier
connut l’esprit merveilleux de Gargantua à l’invention d’un torche-cul ». Chez Rabelais, le rire se présente comme
un agent libérateur.

Quels sont les personnages qui semblent incarner le savoir dans Gargantua ?
Le savoir se diffuse notamment grâce à Thubal Holoferne puis Ponocrates qui vont prendre en charge l’éducation
du héros éponyme.

16 Gargantua

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Parcours « Rire et savoir » : groupements de textes

Groupement de textes 1 Rire du savoir et savoir rire


Faire rire et sourire le lecteur constitue un enjeu majeur chez Rabelais comme chez
La Fontaine, Molière ou encore, dans une certaine mesure, Flaubert. Il s’agit par des jeux
de mots, des décalages burlesques, des situations comiques d’emporter l’adhésion du
lecteur. Mais les thèmes sérieux tels que le pouvoir ou la sagesse peuvent aussi prêter
à sourire. Les écrivains prouvent que tout ce qui concerne l’homme peut être traité
avec distance et humour. Rire n’empêche donc pas de réfléchir.

Texte 1 La Fontaine, « Le Rat et l’Huître », Fables, livre VIII (1678)


Au xviie siècle, Jean de La Fontaine livre des apologues, de courts récits fictifs destinés à plaire
et à instruire. De situations risibles découle généralement une morale pleine de sagesse…

Un Rat, hôte d’un champ, Rat de peu de cervelle,


Des Lares paternels1 un jour se trouva sou2.
Il laisse là le champ, le grain, et la javelle3,
Va courir le pays, abandonne son trou.
5 Sitôt qu’il fut hors de la case,
« Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !
Voilà les Apennins, et voici le Caucase4. »
La moindre taupinée5 était mont à ses yeux.
Au bout de quelques jours, le voyageur arrive
10 En un certain canton où Thétys6 sur la rive
Avait laissé mainte Huître ; et notre Rat d’abord
Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord.
« Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire :
Il n’osait voyager, craintif au dernier point :
15 Pour moi, j’ai déjà vu le maritime empire :
J’ai passé les déserts ; mais nous n’y bûmes point. »
D’un certain magister7 le Rat tenait ces choses,
Et les disait à travers champs ;
N’étant pas de ces Rats qui les livres rongeants,
20 Se font savants jusques aux dents.
Parmi tant d’huîtres toutes closes,
Une s’était ouverte ; et, bâillant au Soleil,
Par un doux zéphyr8 réjouie,
Humait l’air, respirait, était épanouie,
25 Blanche, grasse, et d’un goût, à la voir, non pareil9.
D’aussi loin que le Rat voit cette Huître qui bâille :
1. Lares paternels :
divinités du foyer, « Qu’aperçois-je ? dit-il, c’est quelque victuaille ;
du foyer paternel. Et, si je ne me trompe à la couleur du mets,
2. Sou : las, fatigué. Je dois faire aujourd’hui bonne chère, ou jamais. »
3. Javelle : blé qui vient
30 Là-dessus maître Rat, plein de belle espérance,
d’être battu.
4. Les Appenins et Approche de l’écaille, allonge un peu le cou,
le Caucase : massifs Se sent pris comme aux lacs10 ; car l’Huître tout d’un coup
montagneux d’Italie Se referme. Et voilà ce que fait l’ignorance.
et d’Asie.
5. Taupinée : taupinière.
6. Thétys : divinité grecque Cette Fable contient plus d’un enseignement :
de la Mer. 35 Nous y voyons premièrement :
7. Magister : science, Que ceux qui n’ont du monde aucune expérience
savoir.
Sont aux moindres objets frappés d’étonnement ;
8. Zéphyr : vent.
9. Non pareil : sans pareil. Et puis nous y pouvons apprendre
10. Lacs : pièges. Que tel est pris qui croyait prendre.

Lire et comprendre le parcours associé 17

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 1

Question Comment les thèmes du savoir et du rire sont-ils traités dans ce texte ?
Le prétendu savoir est ici associé à la tonalité comique : la bêtise du rat est malicieusement corrigée par l’huître.
Un décalage comique se crée entre ses prétentions et la réalité qu’il doit affronter. Une mauvaise appréciation de
la situation et un savoir incomplet l’ont conduit à sa perte. La morale confirme l’entrelacement des thèmes du savoir et
du rire : l’ignorance et la présomption sont définitivement raillées par le fabuliste dans le dernier vers. À l’inverse,
la mesure et l’humilité sont valorisées.

Texte 2 Molière, Dom Juan, acte III, scène 1 (1664)


Dom Juan met en scène un libertin qui remet en question toutes les règles de la morale et
de la religion. Au xviie siècle, la pièce est censurée. Au milieu de cette comédie, Sganarelle,
le valet de Dom Juan, interroge les croyances de son maître.
SGANARELLE, DOM JUAN
SGANARELLE. – Qu’est-ce que vous croyez ?
DOM JUAN. – Ce que je crois ?
SGANARELLE. – Oui.
DOM JUAN. – Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre
5 sont huit.
SGANARELLE. – La belle croyance, que voilà ! Votre religion, à ce que je vois, est donc
l’arithmétique ? Il faut avouer qu’il se met d’étranges folies dans la tête des hommes, et
que pour avoir bien étudié, on en est bien moins sage le plus souvent. Pour moi, Monsieur,
je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m’avoir
10 jamais rien appris ; mais avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux
que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons, n’est pas un
champignon qui soit venu tout seul en une nuit. Je voudrais bien vous demander qui a
fait ces arbres-là, ces rochers, cette terre, et ce ciel que voilà là-haut, et si tout cela s’est
bâti de lui-même ? Vous voilà vous, par exemple, vous êtes là ; est-ce que vous vous êtes
15 fait tout seul, et n’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire ?
Pouvez-vous voir toutes les inventions dont la machine de l’homme est composée, sans
admirer de quelle façon cela est agencé l’un dans l’autre, ces nerfs, ces os, ces veines, ces
artères, ces… ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui…
Oh dame, interrompez-moi donc si vous voulez, je ne saurais disputer si l’on ne m’inter-
20 rompt, vous vous taisez exprès, et me laissez parler par belle malice.

Question Comment le prétendu savoir de Sganarelle est-il ridiculisé ?


C’est par « belle malice » que Dom Juan laisse ici s’exprimer son valet, dont les croyances reposent moins sur un savoir
rationnel et fondé en raison que sur la superstition… et la bêtise. Non seulement la situation est comique, mais en plus
le personnage et ses certitudes sont moqués : il expose aux yeux du spectateur et de son maître son ignorance et semble
vouloir paradoxalement en faire un gage de savoir. Le comique de mots est également sensible à travers les questions
rhétoriques et les énumérations.

Texte 3 Flaubert, Bouvard et Pécuchet (1881)


Bouvard et Pécuchet sont deux amis qui se sont consacrés à l’agriculture, à la chimie, à l’his-
toire et ont multiplié les échecs. Ils viennent de recueillir Victor et Victorine, deux orphelins
qu’ils entreprennent d’éduquer…

Ils se procurèrent plusieurs ouvrages touchant l’éducation, et leur système fut résolu. Il fallait
bannir toute idée métaphysique, et, d’après la méthode expérimentale, suivre le développe-
ment de la nature. Rien ne pressait, les deux élèves devant oublier ce qu’ils avaient appris.

18 Gargantua

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 1

Bien qu’ils eussent un tempérament solide, Pécuchet voulait comme un Spartiate les
5 endurcir encore, les accoutumer à la faim, à la soif, aux intempéries, et même qu’ils por-
tassent des chaussures trouées afin de prévenir les rhumes. Bouvard s’y opposa.
Le cabinet noir au fond du corridor devint leur chambre à coucher. Elle avait pour
meubles deux lits de sangle, deux couchettes, un broc ; l’œil-de-bœuf s’ouvrait au-dessus
de leur tête, et des araignées couraient le long du plâtre. […]
10 Victor distinguait ses lettres, mais n’arrivait pas à former les syllabes. Il en bredouillait,
s’arrêtait tout à coup et avait l’air idiot. Victorine posait des questions. D’où vient que ch dans
orchestre a le son d’un q et celui d’un k dans archéologique ? On doit par moments joindre
deux voyelles, d’autres fois les détacher. Tout cela n’est pas juste. Elle s’indignait.
Les maîtres professaient à la même heure, dans leurs chambres respectives, et, la cloi-
15 son étant mince, ces quatre voix, une flûtée, une profonde et deux aiguës, composaient un
charivari abominable. Pour en finir et stimuler les mioches par l’émulation, ils eurent l’idée
de les faire travailler ensemble dans le muséum, et on aborda l’écriture.
Les deux élèves à chaque bout de la table copiaient un exemple ; mais la position du
corps était mauvaise. Il les fallait redresser, leurs pages tombaient, leurs plumes se fen-
20 daient, l’encre se renversait..

Question En quoi ce texte constitue-t-il une parodie de savoir ?


Ce texte est marqué par l’ironie. Le narrateur sape méthodiquement tous les efforts de Bouvard et Pécuchet pour éduquer
les enfants. Ici triomphent la bêtise et la vanité : tous les principes mis en place par Bouvard et Pécuchet se signalent donc
par leur non-sens. L’échec des enfants est le symbole de l’échec de ces précepteurs entêtés. La moquerie est elle-même
très présente et l’expression « charivari abominable » symbolise bien cet esprit parodique.

Questions-bilan sur le groupement de textes 1


a. Qu’est-ce qui rapproche le personnage du Rat, Sganarelle, Bouvard et Pécuchet ?
Ce sont tous des personnages comiques : ils sont certains de leur savoir ; or les textes illustrent plutôt leur bêtise : le Rat
prétentieux est pris à son propre piège, la démonstration apparemment scientifique de Sganarelle est ridicule, l’efficacité
des méthodes développées par Bouvard et Pécuchet prête à sourire. Un décalage comique se crée entre les prétentions de
ces pseudo-savants, leurs illusions et la réalité qui finit par les rattraper. Ainsi, La Fontaine, Molière et Flaubert mettent en
scène des personnages prétendument savants mais dont l’ignorance est moquée.

b. Comment Rabelais, La Fontaine, Molière et Flaubert se moquent-ils du savoir et dans quel but ?
Les quatre auteurs prennent le parti de rire de tout, y compris du savoir, thème pourtant réputé pour son sérieux.
Ils s’appuient notamment sur le comique de caractère, le comique de situation et le comique de mots. Au-delà du rire
généré par ces situations et personnages comiques, les auteurs entendent faire réfléchir le lecteur sur le thème du savoir
et montrer qu’il faut rester humble face à celui-ci. Dans ces textes, l’homme est finalement désacralisé : le lecteur
comprend que celui qui croit savoir ne sait en fait rien. Chez Rabelais, cette leçon d’humilité est érigée en mode de vie.

Lire et comprendre le parcours associé 19

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 2

Groupement de textes 2 Développer un savoir humaniste


Au xvie siècle, sous la plume d’Érasme, de Rabelais ou encore de Montaigne se développe une
pensée humaniste. Ce mouvement intellectuel se diffuse dans toute l’Europe et revendique
une extension du domaine du savoir. Pour devenir sages, les hommes devront suivre un
programme humaniste : il s’agira alors, pour chacun, de « faire ses humanités », c’est-à-dire
de s’initier aux langues anciennes aussi bien qu’aux sciences.

Texte 1 Rabelais, Pantagruel, chapitre 8 (1532)


Gargantua écrit une lettre à son fils, Pantagruel, « pour [l’] encourager plus encore à pro-
gresser de mieux en mieux ». Ce faisant, il développe un programme d’études fort ambitieux.

Très cher fils,


Je t’exhorte à employer ta jeunesse à bien développer savoirs et vertus. Tu es à Paris,
tu as ton précepteur Epistémon : ce sont là et de vivantes instructions orales, et de louables
exemples, qui peuvent te former.
5 J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement […] ; que tu formes ton
style, quant à la grecque, à l’imitation de Platon, quant à la latine, à l’imitation de Cicéron.
Qu’il n’y ait histoire que tu ne tiennes présente en ta mémoire […].
Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t’en donnai quelque goût quand
tu étais encore petit, en l’âge de cinq, six ans : apprends le reste, et l’astronomie, saches-en
1
10 tous les canons […]. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me
les commentes philosophiquement.
Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t’y adonnes avec curio-
sité : qu’il n’y ait ni mer, ni rivière, ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les
oiseaux de l’air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre,
15 tous les métaux cachés au ventre des abîmes, toutes les pierreries d’Orient et du Midi, que
rien ne te soit inconnu.
Puis soigneusement recherche les livres des médecins grecs, arabes et latins […], et
par fréquentes dissections acquiers-toi parfaite connaissance de cet autre monde qu’est
l’homme. […]
20 Bref, que je voie un abîme de science : car maintenant que tu deviens homme et te fais
grand, il te faudra sortir de la reposante tranquillité de l’étudiant et apprendre la chevale-
rie et les armes pour défendre ma maison, envers tous et contre tous […].
Mais, parce que, selon le sage Salomon2, sagesse n’entre point en âme malveillante et
science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu […].
25 Aie suspects les abus du monde. Ne mets pas ton cœur à vanité, car cette vie est transi-
toire […]. Sois serviable à tous tes prochains et aime-les comme toi-même. Révère tes pré-
1. Canons : grands cepteurs, fuis la compagnie des gens auxquels tu ne veux point ressembler […]. Et quand
principes. tu penseras posséder tout le savoir de par delà acquis, retourne vers moi afin que je te voie
2. Salomon : fils et et te donne ma bénédiction avant de mourir.
successeur de David,
il fit élever le temps
30 Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.
de Jérusalem. Sa sagesse D’Utopie, ce dix-septième jour du mois de mars.
est légendaire. Ton père, GARGANTUA.

Question Qu’est-ce qu’une éducation humaniste d’après cette lettre ?


Les principes fondamentaux de l’éducation humaniste sont clairement exposés : Pantagruel doit notamment apprendre
les langues anciennes, l’histoire, la médecine, la théologie. De plus, Gargantua enjoint à son fils de mettre en pratique
ses connaissances : le corps n’est pas rejeté, au contraire. Cette soif immense de savoir est présentée comme un idéal
intellectuel et moral, ce qui explique les références à la religion chrétienne à la fin de l’extrait. L’éducation humaniste allie
donc savoirs variés et vertu.

20 Gargantua

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 2

Texte 2 Montaigne, Essais, II ,« Des livres », (1580) (➥ p. 42)

Question Quel rapport au savoir ce texte présente-t-il ?


Montaigne réfléchit à sa posture de lecteur et livre ici un autoportrait plein d’humilité. Son rapport au livre est développé
de façon sincère : l’auteur évoque aussi bien son amour des livres que ses failles personnelles. Il défend notamment
la découverte des textes de l’Antiquité et souligne la dimension pédagogique de la lecture. Mais il ne cherche pas à cacher
ses difficultés et prouve ainsi que la lecture est une activité exigeante intellectuellement. Ce rapport au livre pourrait ne
pas concerner seulement Montaigne mais tout lecteur.

Texte 3 Zweig, Érasme. Grandeur et décadence d’une idée (1934)


Le romancier et essayiste Stefan Zweig (1881-1942) s’intéresse ici à la figure d’Érasme, un
théologien et conseiller politique majeur du xvie siècle dont les idées ont contribué à l’émer-
gence du mouvement humaniste.

Le règne d’Érasme, dont l’autorité s’étendait en cette heure mémorable, sur tous les pays,
peuples et langues d’Europe, fut un règne plein de douceur. Ayant triomphé sans recours à
la force, par la seule puissance d’attraction et de persuasion de son action spirituelle, l’Hu-
manisme abhorre la violence. C’est parce qu’il a été élu qu’Érasme n’exerce aucune dicta-
5 ture. La bonne volonté et la liberté de conscience sont les lois constitutives de son invisible
empire. Contrairement aux pratiques des princes et des religions, la règle érasmienne se
refuse à assujettir les hommes à un idéal humaniste en recourant à l’intolérance […]. L’Hu-
manisme ne connaît pas d’ennemis et ne veut pas d’esclaves. […] Tout homme qui aspire à
la culture et à la civilisation peut devenir humaniste : tout individu, quelle que soit sa pro-
10 fession, homme ou femme, chevalier ou prêtre, roi ou marchand, laïc ou clerc, peut entrer
dans cette communauté libre, on ne demande à personne quelle est sa race, sa classe, sa
nation, sa langue.

Texte 4 Rabelais, extrait d’une lettre à Érasme, le 30 novembre 1532


Érasme a beaucoup voyagé en Europe et notamment à Paris. Il a entretenu une riche corres-
pondance ; Rabelais lui témoigne toute sa reconnaissance dans cette lettre.

Vous n’aviez jamais vu mon visage, mon nom même n’était pas connu, et vous avez fait mon
éducation, vous n’avez cessé de me nourrir du lait irréprochable de votre divine science ;
ce que je suis, ce que je vaux, c’est à vous seul que je le dois : si je ne le faisais pas savoir, je
serais le plus ingrat des hommes du temps présent et à venir. C’est pourquoi je vous salue, et
5 vous salue encore, père tout plein d’amour, vous qui êtes le père de votre patrie et sa gloire,
défenseur des lettres, vous qui écartez le mal, et qui êtes le champion invincible de la vérité.

Questions sur les textes de Zweig et de Rabelais


a. Surlignez dans les textes les éléments qui traduisent l’admiration de Stefan Zweig et de François Rabelais
pour Érasme.
b. En quoi Érasme constitue-t-il un modèle pour ces deux écrivains ?
Ces deux extraits font d’Érasme un modèle d’humaniste : pour Rabelais, il est un modèle de savoir et de réflexion ;
pour Zweig, le philosophe incarne la sagesse et le refus de la violence. Dans les deux cas, les auteurs font l’éloge
d’un écrivain qui est pour eux un maître à penser.

Lire et comprendre le parcours associé 21

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 2

Texte 5 Montaigne, Essais, I, « De l’institution des enfants » (1580)


Enfant, on ne cesse de crier à nos oreilles, comme si l’on versait dans un entonnoir, et l’on
nous demande seulement de redire ce que l’on nous a dit. Je voudrais que le précepteur
change cela, et que dès le début, selon la capacité de l’esprit dont il a la charge, il com-
mence à mettre celui-ci sur la piste, lui faisant apprécier, choisir et discerner les choses
5 de lui-même. Parfois lui ouvrant le chemin, parfois le laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il
invente et qu’il parle seul, je veux qu’il écoute son élève parler à son tour. Socrate, et plus
tard, Arcésilas1, faisaient d’abord parler leurs élèves, puis parlaient à leur tour.
« L’autorité de ceux qui enseignent nuit généralement à ceux qui veulent apprendre2. »
Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son allure, et jusqu’à quel point il
10 doit descendre pour s’adapter à ses possibilités. Faute d’établir ce rapport, nous gâchons
tout. Et savoir le discerner, puis y conformer sa conduite avec mesure, voilà une des tâches
les plus ardues que je connaisse ; car c’est le propre d’une âme élevée et forte que de savoir
1. Socrate et Arcésilas : descendre au niveau de l’enfant, et de le guider en restant à son pas. […]
philosophes de l’Antiquité Que le maître ne demande pas seulement à son élève de lui répéter les mots de sa
grecque. 15 leçon, mais de lui en donner le sens et la substance. Et qu’il juge du profit qu’il en aura tiré,
2. Citation de Cicéron
extraite de De la nature non par le témoignage de sa mémoire, mais par celui de son comportement. Qu’il lui fasse
des dieux, livre I, reprendre de cent façons différentes ce qu’il vient d’apprendre, en l’adaptant à autant de
chapitre 5. sujets différents, pour voir s’il l’a vraiment bien acquis et bien assimilé.

Questions
a. Surlignez les expressions qui définissent le rôle du précepteur. Qu’est-ce qu’un bon précepteur,
selon Montaigne ?
Un bon précepteur n’est pas nécessairement un savant. Il se définit avant tout comme un pédagogue capable de se faire
comprendre d’un enfant. Il doit faire preuve d’adaptation et d’attention pour mesurer les progrès de son élève.

b. Quelle est la place de l’enfant dans le programme éducatif défini par Montaigne ? Justifiez en vous appuyant
sur l’étude de quelques procédés littéraires.
L’enfant occupe une place centrale au sein de ce programme : il doit être actif, comme le montrent la métaphore du
chemin (l. 5) et la métaphore filée du cheval (deuxième paragraphe). L’enfant n’est pas un simple auditeur : il doit, selon
cette accumulation d’infinitifs, « apprécier, choisir et discerner les choses de lui-même ».

c. Qu’est-ce qui rapproche la pensée de Montaigne de celle de Rabelais ?


Ces humanistes s’attachent à montrer que l’expérience est essentielle pour l’acquisition de nouveaux savoirs : Gargantua
mange, lit, observe le monde qui l’entoure ; de même, l’élève de Montaigne doit être acteur de son savoir et « reprendre
de cent façons différentes ce qu’il vient d’apprendre ». Le but assigné à l’éducation est le même pour ces deux auteurs :
l’éducation doit permettre à chacun de s’émanciper.

Question-bilan sur le groupement de textes 2


Comment la culture humanise-t-elle l’homme selon Érasme, Montaigne, Rabelais et Zweig ?
« On ne naît pas homme, on le devient », a écrit Érasme. Rabelais, Montaigne et Érasme considèrent donc que l’on
devient véritablement humain grâce au savoir. En somme, pour ces humanistes, la culture est « le propre de l’homme ».
Elle est, en effet, le fruit d’une formation exigeante qui doit pouvoir s’appuyer sur des connaissances variées et sur des
vertus morales. La connaissance des livres doit donc nous éloigner des vices, et en particulier de la violence.
Cet apprentissage doit faire de l’homme un individu aussi bien savant que moral, prêt à défendre et à incarner la
sagesse. Pour Stefan Zweig, cet horizon intellectuel et éthique constitue un idéal dont les valeurs doivent encore
nous inspirer : la culture humanise l’homme et doit continuer de le faire.

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 3

Groupement de textes 3 Combats épiques et parodiques


Guerres et combats sont au cœur des récits épiques : les écrivains exaltent alors les valeurs
chevaleresques de héros qui font preuve de force physique et de courage moral. Cependant,
les récits peuvent être plus critiques et mettre en évidence l’inhumanité des combats, voire
la bêtise de l’homme. La tonalité épique cède alors la place à la parodie : le rire et toutes ses
nuances s’invitent dans les scènes de guerre.

Texte 1  hrétien de Troyes, Le Chevalier de la Charrette (xii siècle), traduit en français moderne
C e

par Jean Frappier


Le Chevalier de la Charrette, célèbre roman du Moyen Âge, met en scène les exploits d’un
preux chevalier, Lancelot. Il affronte ici une dernière fois son ennemi juré…

Lancelot fond sur Méléagant avec une fureur bien digne de sa haine. Avant de l’attaquer, il
lui crie cependant d’une voix menaçante :
– Venez par là : je vous fais un défi et tenez pour certain que je ne voudrai pas vous
épargner.
5 Il éperonne alors son destrier et retourne en arrière à une portée d’arc pour prendre un
peu de champ. Puis les deux combattants se précipitent l’un sur l’autre au plus grand galop
des chevaux. De leurs lances bientôt ils ont heurté si fort leurs solides écus qu’ils les ont
transpercés. […] Étriers, sangle, courroies, rien ne put empêcher leur chute : il leur fallut
vider leur selle et par-dessus les croupes des chevaux tomber sur le sol nu. Les coursiers
10 fous de peur errent de tous côtés; en ruant, en mordant, ils voudraient eux aussi s’entre-
tuer.
Les chevaliers jetés à bas se sont bien vite relevés d’un bond. Ils tirent leurs épées où
des devises sont gravées. L’écu à la hauteur de leur visage, ils pensent désormais au moyen
le meilleur de se faire du mal avec l’acier tranchant. Lancelot n’avait pas la moindre crainte :
15 il s’entendait deux fois plus que Méléagant à jouer de l’épée, car il avait appris cet art dans
son enfance.
Ils frappent tous les deux si bien sur leurs écus et sur leurs heaumes1 lamés d’or que
les voilà fendus et bosselés. Mais Lancelot de plus en plus presse Méléagant : d’un coup
puissant il tranche le bras droit pourtant bardé de fer que l’imprudent aventurait à décou-
20 vert par-devant son écu. En se sentant si malmené, Méléagant [… ] est presque insensé de
rage et de douleur.
Il s’estime bien peu, s’il n’a recours à quelque fourberie. Il fond sur l’adversaire en
comptant le surprendre. Mais Lancelot se donne garde : avec sa bonne épée, […] il le frappe
en effet au nasal qu’il lui enfonce dans la bouche en lui brisant trois dents. Dans sa souf-
25 france et sa fureur Méléagant ne peut dire un seul mot. Il ne daigne non plus implorer la
pitié, attendu que son cœur, en mauvais conseiller, l’enferme dans les rets2 de son aveugle
1. Heaumes : casques. orgueil. Son vainqueur vient sur lui : il délace son heaume et lui tranche la tête. Méléagant
2. Rets : pièges. ne jouera plus de mauvais tour à Lancelot : le voilà tombé mort.

Question Quelles sont les caractéristiques de Lancelot d’après ce texte ?


Lancelot incarne à lui seul toutes les valeurs du grand chevalier : il est à la fois digne, courageux et vaillant au combat.
Ses caractéristiques sont mises en valeur dans le texte par l’utilisation d’une tonalité épique. L’intensité du combat est
soulignée par les nombreux verbes de mouvement dont Lancelot est le sujet ainsi que l’organisation chronologique
du récit. Le combat permet donc à Lancelot de s’accomplir, de devenir un héros épique admiré du lecteur.

Lire et comprendre le parcours associé 23

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 3

Texte 2 Voltaire, Candide, chapitre 3 (1759) (➥ p. 39)

Questions
a. Relevez les procédés utilisés par Voltaire pour critiquer la guerre et interprétez-les.
« si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » : énumération appuyée par l’anaphore de l’adverbe « si ».
« Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons » : énumération.
« une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » : antiphrase.
« boucherie héroïque » : oxymore.
« les besoins naturels » : litote.
« le meilleur des mondes » : hyperbole.
Les multiples procédés utilisés par Voltaire pour critiquer la guerre donnent une dimension ironique au texte. Le lecteur
comprend ainsi que la guerre n’a rien à voir avec le « meilleur des mondes ».

b. Comment comprenez-vous l’attitude de Candide ?


Toute la scène est perçue du point de vue de Candide. Celui-ci est clairement un spectateur passif de la bataille : dans
les premières lignes, son admiration semble totale. Progressivement, il découvre le tableau de la guerre et ses atrocités.
Son regard est moins naïf : il se concentre notamment sur les victimes innocentes. Sa fuite finale lui donne l’occasion
de prendre ses distances au sens propre et au sens figuré avec la bataille. Cette fuite peut être interprétée comme une
forme de lâcheté, mais aussi comme un moment de réflexion et de retour sur soi.

Texte 3 Alfred Jarry, Ubu roi, acte III, scène 7 (1896)


Ubu roi est une comédie parodique qui met en scène un roi tyrannique et ridicule à la fois,
Ubu. Celui-ci a fait massacrer la famille royale et a organisé un conseil des ministres mais
l’arrivée d’une lettre vient bouleverser ses plans…

La salle du conseil d’Ubu. PÈRE UBU, MÈRE UBU,


CONSEILLERS DES PHYNANCES1

MÈRE UBU. – Il y a une lettre.


PÈRE UBU. – Lis-la. Je crois que je perds l’esprit ou que je ne sais pas lire. Dépêche-toi,
bouffresque2, ce doit être de Bordure.
MÈRE UBU. – Tout justement. Il dit que le czar l’a accueilli très bien, qu’il va envahir tes
5 États pour rétablir Bougrelas et que toi tu seras tué.
PÈRE UBU. – Ho ! ho ! J’ai peur ! J’ai peur ! Ha ! je pense mourir. Ô pauvre homme que je
suis. Que devenir, grand Dieu ? Ce méchant homme va me tuer. Saint Antoine et tous les
saints, protégez-moi, je vous donnerai de la phynance et je brûlerai des cierges pour vous.
Seigneur, que devenir ? Il pleure et sanglote.
10 MÈRE UBU. – Il n’y a qu’un parti à prendre, Père Ubu.
PÈRE UBU. – Lequel, mon amour ?
1. Phynances : jeu de mots, MÈRE UBU. – La guerre !!
le mot « phynances » TOUS. – Vive Dieu ! Voilà qui est noble !
désignant bien les PÈRE UBU. – Oui, et je recevrai encore des coups.
« finances ».
15 PREMIER CONSEILLER. – Courons, courons organiser l’armée.
2. Bouffresque : néologisme
d’Alfred Jarry formé à DEUXIÈME. – Et réunir les vivres.
partir du mot « bougre ». TROISIÈME. – Et préparer l’artillerie et les forteresses.

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 3

QUATRIÈME. – Et prendre l’argent pour les troupes.


PÈRE UBU. – Ah ! non, par exemple ! Je vais te tuer, toi, je ne veux pas donner d’argent.
20 En voilà d’une autre ! j’étais payé pour faire la guerre et maintenant il faut la faire à mes
dépens. Non, de par ma chandelle verte, faisons la guerre, puisque vous en êtes enragés,
mais ne déboursons pas un sou.
TOUS. – Vive la guerre !

Question Comment ce texte désacralise-t-il la figure du roi ainsi que le thème de la guerre ?
Ubu veut se donner l’apparence d’un roi, mais il n’est ici qu’un bouffon : son ignorance, son langage, sa peur font de lui
une caricature. La didascalie « Il pleure et sanglote » achève de le décrédibiliser. Sa dernière réplique montre qu’il ne
comprend pas la situation. Il est manipulé par son épouse et les conseillers qui prennent les décisions importantes
pour lui. La guerre est tournée en dérision : les personnages semblent préparer plus un spectacle qu’une bataille.

Questions-bilan sur le groupement de textes 3


a. Qu’est-ce qui rapproche Lancelot, Candide et Ubu ? Qu’est-ce qui, au contraire, les distingue ?
Ces trois personnages sont confrontés à une scène de bataille ou de guerre : les combats sont en cours dans les deux
premiers textes, ils se préparent dans le dernier. Les personnages sont cependant plus ou moins actifs : si les verbes
d’action se multiplient dans le premier texte, c’est bien parce que Lancelot est à la manœuvre et s’illustre par des exploits
épiques. Candide et Ubu s’opposent à Lancelot : l’un fuit le théâtre de la guerre par lâcheté, tandis que l’autre se fait
totalement manipuler par ses conseillers. Ubu semble décider de faire la guerre sans véritablement y réfléchir. Leur
attitude, leurs actions ou leur absence d’actions sont révélatrices de leur caractère : Lancelot se définit clairement comme
un héros épique, tandis que Candide et Ubu doivent être considérés comme des anti-héros.

b. Les récits de combats et de préparation au combat ont-ils uniquement pour but de créer des figures héroïques ?
Les intérêts des scènes de guerre sont multiples pour les écrivains : il s’agit tout à la fois d’animer le récit et d’exalter
des valeurs épiques. Ainsi, Chrétien de Troyes, et plus tard Rabelais font l’éloge des héros épiques dont les
caractéristiques physiques et morales sont exceptionnelles. En ce sens, Lancelot et Frère Jean font figure de héros et
suscitent l’admiration du lecteur. Toutefois, d’autres auteurs, tels Voltaire et Jarry, traitent le thème de la guerre de façon
beaucoup plus critique et n’hésitent pas à créer des textes satiriques pour dénoncer la barbarie et la bêtise des combats.
Ainsi, le regard sur les scènes de guerre et sur l’héroïsme évolue avec le temps.

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 4

Groupement de textes 4 Le savoir au service du pouvoir


Au moment où Rabelais compose ses romans, François Ier règne en France. Sa rivalité
avec Charles Quint, monarque le plus puissant d’Europe au début du xvie siècle, est dans
tous les esprits. Les écrivains humanistes s’emparent de cette actualité politique pour
nourrir leur réflexion sur le pouvoir et le modèle du bon roi… Mais cette réflexion était
déjà courante dans l’Antiquité.

Texte 1 Homère, Iliade, chant II (viiie siècle av. J.-C), traduction de Leconte de Lisle
Dans l’Iliade, Homère interroge entre autres l’exercice du pouvoir. Dans cet extrait, le géné-
ral grec, Agamemnon, s’adresse à ses troupes.

– Ô amis ! héros Danaens1, serviteurs d’Arès, Zeus m’accable de maux terribles. L’impi-
toyable ! Autrefois il me promit que je reviendrais après avoir conquis Ilion2 aux fortes
murailles ; mais il me trompait, et voici qu’il me faut rentrer sans gloire dans Argos, ayant
perdu un grand nombre d’hommes. […] Mais voici que de nombreux alliés, habiles à lan-
5 cer la pique, s’opposent victorieusement à mon désir de renverser la citadelle populeuse de
Troie. Neuf années du grand Zeus se sont écoulées déjà, et le bois de nos nefs se corrompt,
et les cordages tombent en poussière ; et nos femmes et nos petits enfants restent en nous
attendant dans nos demeures, et la tâche est inachevée pour laquelle nous sommes venus.
Allons ! fuyons tous sur nos nefs vers la chère terre natale. Nous ne prendrons jamais la
10 grande Troie !

Il parla ainsi, et ses paroles agitèrent l’esprit de la multitude qui n’avait point assisté au
1. Héros danaens :
conseil. Et l’agora fut agitée comme les vastes flots de la mer Icarienne3 que remuent l’Eu-
Grecs. ros et le Notos4 échappés des nuées du Père Zeus, ou comme un champ d’épis que boule-
2. Ilion : Troie. verse Zéphyros qui tombe impétueusement sur la grande moisson. Telle l’agora5 était agi-
3. Mer Icarienne : mer 15 tée. Et ils se ruaient tous vers les nefs, avec des clameurs, et soulevant de leurs pieds un
au sud-est de la Grèce.
4. Euros et Notos : vents.
nuage immobile de poussière. Et ils s’exhortaient à saisir les nefs et à les traîner à la mer
5. Agora : place divine. Les cris montaient dans l’Ouranos, hâtant le départ ; et ils dégageaient les canaux
publique. et retiraient déjà les rouleaux des nefs.

Question Sur quoi repose l’autorité d’Agamemnon d’après cet extrait ?


C’est par sa prise de parole structurée et déterminée que le général grec réussit à s’imposer ici : dans ce passage, la parole
est une source d’autorité, elle s’appuie sur un discours solide et sur des références aux dieux. Elle commande et pousse
à l’action. Les effets de la prise de parole d’Agamemnon sur la foule apparaissent grâce à des métaphores
météorologiques.

Texte 2 Érasme, Institution du Prince chrétien (1516)


Le tyran administre son État par la violence, par la ruse et par les moyens les plus per-
fides : il n’a en vue que son intérêt particulier. Le vrai roi s’inspire de la sagesse, de la rai-
son, de la bienfaisance, il ne pense qu’au bien de l’État. Le tyran agit de son mieux pour
que les biens de son peuple passent entre les mains d’un petit nombre de privilégiés, qui
5 sont habituellement les plus vils sujets de son État, afin d’établir de cette manière le pou-
voir de son peuple. Le bon roi pense au contraire que la richesse des citoyens est seule
de nature à assurer sa propre richesse. Le premier fait en sorte de tout maintenir sous sa
dépendance autant par les lois que par les délations. Le bon roi trouve toujours du charme
dans la liberté des citoyens. L’un a pour la conservation de sa personne des gardes de mer-
10 cenaires et de brigands ; l’autre pense que sa bienveillance envers les citoyens et ce même
sentiment à son égard chez ses sujets suffisent à sa sauvegarde. […] Un bon prince n’ac-
cepte jamais aucune guerre, excepté quand, après avoir tout tenté, il ne peut l’éviter par

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Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 4

aucun moyen. Si nous étions dans ces dispositions-là, il n’y aurait pour ainsi dire jamais de
5 guerre nulle part. Enfin si cette peste ne peut vraiment être évitée, que le prince s’attache,
du moins, à la faire avec un minimum d’inconvénients pour les siens, en versant le moins
possible du sang chrétien et qu’il la termine le plus vite possible. Que le prince vraiment
chrétien réfléchisse à la différence entre l’homme, né pour la paix et l’amour, et les bêtes
sauvages, nées pour la rapine1 et la guerre… Quel nom faut-il donner à l’acte de chrétiens
10 qui se déchirent entre eux, alors que tant de liens les unissent, qui font durer le massacre
pendant des années, pour une animosité personnelle, pour une sotte ambition de jeunes
1. Rapine : vol. gens ? Toute la philosophie du Christ la condamne.

Question Comment Érasme développe-t-il le modèle du bon prince ?


Selon Érasme, la grandeur du prince tient à sa sagesse et à son respect de la religion chrétienne. Le bon prince se distingue
par sa recherche du bien public. Érasme oppose ainsi le tyran au « vrai roi » : les deux énumérations qui ouvrent le texte
renvoient au lexique du mal puis du bien. L’écrivain humaniste utilise également une question rhétorique pour blâmer la
violence du tyran. Le modèle du bon prince est ici clairement dessiné.

Texte 3 More, Utopie (1516)


Créé par l’écrivain humaniste Thomas More, le terme utopie désigne étymologiquement un
lieu qui n’existe pas. Le conquérant Utopus fonde un monde idéal, miroir ou contre-miroir
de la société de son temps.

Ce conquérant eut assez de génie pour humaniser une population grossière et sauvage, et
pour en former un peuple qui surpasse aujourd’hui tous les autres en civilisation. Dès que
15 la victoire l’eut rendu maître de ce pays, il fit couper un isthme de quinze mille pas, qui
le joignait au continent ; et la terre d’Abraxa devint ainsi l’île d’Utopie. Utopus employa à
l’achèvement de cette œuvre gigantesque les soldats de son armée aussi bien que les indi-
gènes, afin que ceux-ci ne regardassent pas le travail imposé par le vainqueur comme une
humiliation et un outrage. Des milliers de bras furent donc mis en mouvement, et le suc-
20 cès couronna bientôt l’entreprise. Les peuples voisins en furent frappés d’étonnement et de
terreur, eux qui au commencement avaient traité cet ouvrage de vanité et de folie.

Question En quoi consiste le « génie » du conquérant d’après cet extrait ?


La grandeur du conquérant tient à son exercice intelligent et mesuré du pouvoir. En effet, le conquérant se signale par des
actions réfléchies qui sont accomplies au nom du bien commun : le savoir, le respect de l’autre, l’action collective sont mis
au service de la société. Les interventions des indigènes prouvent en retour que le pouvoir du conquérant est respecté.
Le conquérant entend également protéger son peuple, comme le montre sa volonté de se couper de la terre.

Texte 4 La Boétie, Discours de la servitude volontaire (1576)


Proche de Montaigne, Étienne de La Boétie compose très jeune ce discours dans lequel il
s’interroge sur les racines de la tyrannie.

Je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs,
tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance
que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’en-
durer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que
5 de le contredire. Chose vraiment étonnante – et pourtant si commune qu’il faut plutôt en
gémir que s’en ébahir –, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous
1. Joug : pièce de bois le joug1, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fas-
qui sert à atteler cinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter
les bœufs ; désigne
métaphoriquement
– puisqu’il est seul – ni aimer – puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est
une contrainte morale 10 pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne
ou physique. peuvent pas être toujours les plus forts.

Lire et comprendre le parcours associé 27

04733898_01-64.indd 27 01/07/2021 17:03


Parcours « Rire et savoir » : groupement de textes 4

Questions
a. Sur quel paradoxe repose ce texte ?
Dans ce passage, Étienne de La Boétie développe une thèse originale : selon lui, le peuple se soumet volontairement
au tyran, il accepte sa soumission et participe à son asservissement. La première phrase du texte exploite ce paradoxe
à travers une accumulation de termes au pluriel qui souligne la disproportion entre la masse du peuple et le pouvoir
individuel du tyran. Pourtant, la suite du texte démontre que la force du peuple n’est que « faiblesse » à partir du moment
où celui-ci accepte la violence du tyran qui s’exerce contre ses intérêts.

b. Comment Étienne de La Boétie donne-t-il du poids à son argumentation ?


Le discours composé par La Boétie est un discours engagé, ce qui explique la présence du pronom personnel « je » au
début du texte. Il est également polémique et engage le lecteur à réfléchir à sa propre condition. Les participes passés
« fascinés » puis « ensorcelés » sonnent comme un appel puissant à une prise de conscience. La stratégie de La Boétie
repose donc sur la surprise : il feint la surprise et la reproduit pour mieux provoquer le lecteur et exiger de lui une réflexion
critique.

Questions-bilan sur le groupement de textes 4


a. À partir du texte de La Boétie et de votre connaissance de Gargantua, définissez les caractéristiques du mauvais
prince et du bon prince.
Le mauvais prince, ou plutôt le tyran, se caractérise par un exercice souvent illégitime du pouvoir. Il exerce ce pouvoir de
façon extrême, en ne prenant nullement en compte ses sujets. Picrochole incarne à l’extrême cette dimension tyrannique :
incapable de se forger un avis personnel et influencé par ses conseillers, il se lance dans une guerre absurde avec l’envie
d’étendre son territoire. Historiquement, Rabelais se serait inspiré de Charles Quint, dont la rivalité avec François Ier était
réelle, pour créer ce personnage.
À l’inverse, le bon prince agit au nom du bien commun, multiplie les appels à la paix, n’entre dans la bataille qu’en dernier
ressort. Le bon prince est instruit et capable de distinguer le bien du mal. Grandgousier puis Gargantua sont l’incarnation
de ce modèle de sagesse inspiré par François Ier.

b. Pour quelles raisons, selon vous, la question du pouvoir intéresse-t-elle tant les écrivains humanistes ?
Les écrivains humanistes s’intéressent de près à ceux qui exercent le pouvoir aussi bien qu’à ceux qui le subissent.
L’administration de la cité détermine, en effet, la vie en société et la liberté des individus. More et Rabelais créent pour
cela une utopie, un monde idéal, qui critique en creux la société de leur temps. La Boétie déplore quant à lui le pouvoir
tyrannique et paradoxal d’un seul homme sur le peuple. Tous condamnent les abus de pouvoir et l’exercice de la violence.
Selon ces écrivains, la prise de conscience du peuple, l’extension du savoir et de l’éducation, l’investissement de chacun
dans la cité sont les conditions nécessaires à un juste exercice du pouvoir. Ainsi, les écrivains humanistes lancent un appel
à la paix, leur objectif étant de rendre les hommes meilleurs.

28 Gargantua

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L’explication linéaire : méthode
L’explication linéaire consiste à analyser un texte en suivant sa progression. Cette analyse
doit permettre d’éclairer le sens du texte en construisant un projet de lecture cohérent.

Préparer l’explication linéaire


Étape 1 1. Lisez le texte plusieurs fois : notez vos premières impressions.
Découvrir le texte 2. Lisez attentivement le paratexte et situez l’extrait dans l’œuvre.
3. Pour caractériser l’extrait, utilisez vos connaissances sur l’objet d’étude concerné.
4. Pour mieux cerner les intentions de l’auteur, utilisez vos connaissances en histoire
littéraire (courant littéraire, époque…).

Étape 2 1. Repérez les différents mouvements (étapes) de l’extrait.


Dégager la structure du texte 2. Formulez un titre ou une courte phrase qui résume le contenu de chaque mouvement.

Étape 3 1. L’explication linéaire vise à dégager les enjeux de l’extrait.


Analyser l’écriture pour Pour cela, il faut en permanence articuler trois éléments :
comprendre les enjeux littéraires
– les citations précises qui font apparaître des procédés littéraires spécifiques ;
– les procédés littéraires (figures de style, vocabulaire, rythme et ponctuation, temps
et modes verbaux, types de phrase, forme : prose ou vers, niveaux de langue…) qui pro-
duisent des effets ;
– les effets produits (rire, émotion, terreur, révolte, réflexion, conviction…)
par l’extrait sur le lecteur.
2. À la fin de l’étude de chaque mouvement, rédigez une courte synthèse de votre
analyse afin d’avoir une vision globale de votre raisonnement.

Étape 4 Formulez, à partir des aspects importants du texte que vous avez dégagés,
Préciser le projet de lecture une question qui mette en valeur le projet de lecture.

Présenter l’explication linéaire à l’oral


Étape 1 Préambule : présentez l’extrait (auteur, œuvre, époque).
Introduire et présenter Lecture : faites une lecture expressive du texte qui mette en valeur
la structure du texte le sens de l’extrait et qui en facilite la compréhension.
Structure : résumez les mouvements du texte pour mettre en valeur la logique
de l’extrait.
Projet de lecture : présentez votre projet de lecture.

Étape 2 Expliquez l’extrait en suivant l’ordre du texte. Citez, analysez, interprétez le texte en
Présenter l’analyse du texte suivant la logique des mouvements du texte.
ATTENTION ! Pour que l’explication linéaire ne soit pas réduite à un catalogue de
remarques isolées, reliez chacune de vos analyses aux enjeux du mouvement
étudié. Revenez donc toujours aux titres que vous avez donnés aux différents
mouvements du texte (étape 2 du travail préparatoire).

Étape 3 Faites le bilan de votre explication en rappelant votre projet de lecture et en résu-
Conclure mant les grands mouvements du texte ainsi que ses enjeux principaux.
Proposez une ouverture en faisant un parallèle avec l’œuvre dans son ensemble, une
autre œuvre, un mouvement, un genre, un auteur, un art…

S’entraîner à la présentation orale


• Écoutez les textes lus par les comédiens (QR codes® p. 30, 33, 36, 39, 42).
Entraînez-vous à lire les extraits de manière expressive.
• Écoutez une explication linéaire corrigée (QR code® ci-contre).
Entraînez-vous à présenter à l’oral les textes de votre liste du bac avec un(e) camarade
ou en vous filmant. Évaluez-vous avec la grille (p. 49).

Se préparer à l’oral du BAC 29

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L’explication
Explicationlinéaire
linéaire::prologue
texte Écoutez le texte.

[Il faut ouvrir le livre et peser soigneusement ce qui y est traité. Alors vous admet-
trez que la matière qui y est contenue est d’une tout autre valeur que ne le promet-
tait la boîte. Il est donc évident que les matières traitées ne sont pas aussi folâtres
que le titre le laissait apparemment croire.
5 Une fois admis le fait que, dans le sens littéral1, vous trouverez des matières bien
joyeuses et conformes au titre, il ne faut pourtant pas en demeurer là, comme le
chant des sirènes vous avait séduits. Vous devez interpréter dans un sens plus élevé
ce que peut-être vous pensiez avoir été dit de simple gaieté de cœur2.] [1]
[N’avez-vous jamais débouché une bouteille ? Nom d’un chien ! Rappelez-vous la
10 contenance que vous aviez. N’avez-vous jamais vu un chien qui rencontre un os à
moelle ? Comme le dit Platon3 au Livre II de La République, c’est la bête du monde
la plus philosophe qui soit. Si vous l’avez vu, vous avez pu noter avec quel désir
impatient il le guette, avec quel soin il le garde, avec quelle ferveur il le tient, avec
quelle prudence il l’entame, avec quelle frénésie il le brise et avec quelle diligence
15 il le suce. Qu’est-ce qui le pousse à agir de la sorte ? Qu’attend-il de son projet ? À
quel bien prétend-il ? À rien de plus qu’un peu de moelle. Il est vrai que ce peu est
plus délicieux que le beaucoup de toutes les autres choses, parce que la moelle est
un aliment élaboré à la perfection par la nature, comme le dit Galien4 dans le troi-
sième livre des Facultés naturelles et au onzième de L’Usage des parties du corps.] [2]
20 [À l’exemple du chien, il vous convient d’être sages pour sentir, comprendre et
apprécier ces beaux livres de grande valeur, légers à la poursuite et hardis à l’at-
taque. Puis, par une lecture attentive et une méditation soutenue, il vous faut rompre
l’os et sucer la substantifique5 moelle, c’est-à-dire – ce que je comprends de ces sym-
boles pythagoriciens –, avec le ferme espoir de devenir avisés et courageux par cette
25 lecture. Car vous y trouverez bien d’autres goûts et une doctrine plus absconse qui
vous révélera de très hauts sacrements et des mystères horrifiques, qui concernent
tant notre religion que l’état politique et la vie économique.] [3]

1. Sens littéral : sens premier.


2. De simple gaieté de cœur : avec vivacité, ardeur.
3. Platon : philosophe grec du·ive siècle av. J.-C.
4. Galien : médecin écrivain et érudit du iie siècle apr. J.-C.
5. Substantifique : terme sans doute créé par Rabelais et signifiant « substantiel ».

Question de grammaire, p. 46

Étape 1
Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.
a. Quelles sont les fonctions d’un prologue selon vous ?
Le prologue permet d’établir un premier contact avec le lecteur, de susciter son intérêt, voire de piquer sa curiosité.

b. Ce texte est-il simplement comique ?


La comparaison entre le chien et le lecteur, qui est directement interpellé, fait forcément sourire. Toutefois, les
références à l’Antiquité et notamment le renvoi à Platon semblent indiquer qu’un message plus sérieux doit être
dégagé. Pour Rabelais, il s’agit d’expliquer comment son roman doit être lu et compris du lecteur.

Étape 2
Donnez un titre à chaque mouvement du texte en vous appuyant sur les crochets indiqués.
[1] Un avertissement sérieux au lecteur…
[2] teinté de comique…
[3] et qui fait l’éloge de la lecture.

30 Gargantua

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L’explication
EG Titre
linéaire
Page •: prologue
Rappel

Étape 3
1. Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 1 à 8).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les procédés

« Il faut ouvrir le livre Injonction, présent de vérité La règle est énoncée avec beaucoup de sérieux et doit être
générale, tournure impersonnelle appliquée par le lecteur.
et peser soigneusement Complément circonstanciel
ce qui y est traité. » de manière

« vous admettrez » Interpellation du lecteur Rabelais crée un lien direct avec le lecteur, il anticipe ses réactions
par une prolepse.
grâce au pronom « vous »
et au futur

« matière », « tout autre valeur » Antithèse qui oppose le contenu Rabelais invite le lecteur à dépasser les apparences…
puis « boîte », « folâtres », et le contenant du livre
« le titre le laissait apparemment
croire », « matières bien
joyeuses »

« comme le chant des sirènes » Comparaison, référence à Le chant des sirènes renvoie à la séduction et à la
Homère (Odyssée, chant XII)
manipulation. Ce modèle de lecture doit être rejeté.

« Vous devez interpréter Nouvelle injonction et Affirmation du mode de lecture sérieux de l’œuvre.
réapparition du pronom « vous »
dans un sens plus élevé » associé au verbe « devoir »
Complément circonstanciel
de manière

Faites le bilan du premier mouvement. Le prologue sert d’avertissement au lecteur. Rabelais délivre ici un véritable mode
d’emploi pour découvrir son roman. Il s’agit d’aller au-delà d’une simple lecture distrayante.
2. Pour justifier le titre proposé pour le deuxième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 9 à 19).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les procédés

« N’avez-vous jamais débouché Multiplication de questions rhétoriques qui Réorientation inattendue du texte : le rire
viennent donner un nouveau rythme s’introduit dans le prologue.
une bouteille ? […] N’avez-vous au texte. Anaphore qui permet d’introduire deux
jamais vu un chien qui· rencontre nouveaux thèmes : la boisson et le chien

un os à moelle ? »

« Platon au Livre II de Référence sérieuse à la philosophie Rabelais use de cette référence comme
d’un argument d’autorité.
La République » de l’Antiquité Il semble ainsi inscrire son roman dans
le mouvement humaniste.

« il le guette, avec quel soin Anaphore des pronoms « il le » : Métaphore burlesque : le lecteur est présenté
il le garde, avec quelle ferveur comme le double du chien.
il le tient, avec quelle prudence le premier renvoie au chien, le deuxième Plus sérieusement, l’art de la lecture
il l’entame, avec quelle frénésie à l’os. Verbes qui miment l’action du est associé à l’art de la table : la lecture est à
il le brise et avec quelle diligence proprement parler une activité nourrissante.
il le suce » chien. Compléments circonstanciels
de manière introduits par l’anaphore
« avec quelle »

« Qu’est-ce qui le pousse à agir de la Deuxième série de questions qui relance Rabelais force le lecteur à s’interroger :
sorte ? Qu’attend-il de son projet ? l’intérêt du lecteur
À quel bien prétend-il ? » Mise en abyme de la lecture il exige de lui un effort d’interprétation
dans un texte qui doit lui-même
faire l’objet d’une interprétation.

Se préparer à l’oral du BAC 31

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L’explication
EG Titre Pagelinéaire : prologue
• Rappel

« À rien de plus qu’un peu de Symbole et éloge de la moelle, appuyé L’objectif apparaît nettement : grâce à
la moelle, le lecteur se nourrit et grandit
moelle. », « plus délicieux », par la référence à Galien intellectuellement.
« la moelle est un aliment élaboré
à la perfection », « comme le dit
Galien »

Faites le bilan du deuxième mouvement. Rabelais introduit ici le rire et sollicite fortement le lecteur. Il exige dès le
prologue un travail d’interprétation, ce qui suppose un certain savoir.

3. Pour justifier le titre proposé pour le troisième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 20 à 27).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les procédés

« sages pour sentir, Complément circonstanciel Le mode d’emploi du livre est ainsi précisé, le but de la lecture
de but et énumération également.
comprendre et apprécier Éloge du livre
ces beaux livres de grande Retour de la métaphore filée
comique du chien qui désigne
valeur, légers à la poursuite le lecteur
et hardis à l’attaque ».

« Il vous faut rompre l’os Injonction Les effets de la lecture sont rappelés grâce à cette
Métaphoriquement, « l’os »
et sucer la substantifique renvoie au livre (contenant) métaphore comique : la lecture est une activité
moelle, […], avec le ferme et « la substantifique moelle » qui réclame d’aller au cœur du texte pour grandir
au message délivré par le livre
espoir de devenir avisés et (contenu) moralement.
Adjectifs qui renvoient
courageux par cette lecture.
à la morale

« Car vous y trouverez bien Justification du projet Rabelais semble ici faire des promesses au lecteur et annonce
d’autres goûts et une doctrine les thèmes qui seront traités. Ceux-ci constituent bien le cœur
plus absconse qui vous révélera introduite par la de la pensée humaniste.
de très hauts sacrements et conjonction de
des mystères horrifiques, qui
concernent tant notre religion coordination « car » ; usage
que l’état politique et la vie
du futur ; accumulation
économique. »

Faites le bilan du troisième mouvement. Rabelais a donc créé un pacte de lecture avec le lecteur. Il fait l’éloge de son
œuvre et affirme que rire et savoir sont indissociables.

Étape 4
Définissez votre projet de lecture.
Comment, dès ce prologue, Rabelais parvient-il à concilier plaisir et exigence pour définir la lecture ?

Étape 5
Préparez l’introduction de votre explication de texte, en suivant les étapes de la méthode (p. 29).
Gargantua est un roman composé par Rabelais au xvie siècle. Le narrateur raconte notamment l’enfance et les exploits d’un
géant. Avant d’évoquer ces épisodes, Rabelais a pris soin de rédiger un « avis aux lecteurs » ainsi qu’un prologue. Celui-ci
présente les intentions de l’auteur : il s’agit clairement de capter l’attention du lecteur. Rabelais délivre ici un véritable
mode d’emploi : le lecteur doit apprendre à apprécier le roman à venir. Nous nous demanderons donc comment, dès ce
prologue, Rabelais parvient à concilier plaisir et exigence pour définir la lecture. Dans un premier temps, l’avertissement
au lecteur semble très sérieux mais l’introduction de la métaphore du chien à partir de la ligne 8 suscite le rire. Rabelais fait
finalement une promesse au lecteur : cette œuvre l’enrichira moralement et intellectuellement.

32 Gargantua

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L’explication
Explicationlinéaire
linéaire: la deuxième éducation de Gargantua
: texte Écoutez le texte.

[Pour mieux réussir, il l’introduisit dans les milieux de gens savants qui se trouvaient dans
les environs ; par émulation se développèrent en lui l’esprit ainsi que le désir d’étudier autre-
ment, tout en se mettant en valeur. Ensuite, Ponocrates le soumit à un tel rythme d’étude
que Gargantua ne perdait pas une seule heure de la journée mais qu’il consacrait tout son
5 temps aux belles-lettres et à l’honnête savoir.]

[Gargantua s’éveillait donc vers quatre heures du matin. Pendant qu’on le frictionnait,
quelqu’un lui lisait une page des Saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la diction adé-
quate. À cette tâche était affecté un jeune page natif de Basché, du nom d’Anagnostes1. Selon
le thème de l’argument de cette leçon, souvent Gargantua se consacrait à révérer, adorer,
10 prier et supplier le bon Dieu dont la lecture montrait la majesté et les jugements merveilleux.

Puis il se retirait aux lieux d’aisances pour se purger de ses excréments naturels. Là son
précepteur répétait ce qui avait été lu en lui expliquant les points les plus obscurs et difficiles.
Cela fait, Gargantua était habillé, peigné, coiffé, tiré à quatre épingles et parfumé. Pendant
ce temps, on lui répétait les leçons du jour précédent. Lui-même les récitait par cœur et il y
15 appliquait quelques cas pratiques, relatifs à l’être humain. Ils écoutaient parfois pendant deux
ou trois heures au moins, mais d’ordinaire, ils cessaient lorsqu’il était complètement habillé.]
[Puis, pendant trois bonnes heures, on lui faisait la lecture. Cela fait, ils sortaient, tout en
devisant sur le sujet de cette lecture. Ils se rendaient au Grand Bracque ou dans les prés, et
ils jouaient à la balle, à la paume, à la pile en triangle, ils exerçaient avec élégance leur corps,
20 comme ils avaient auparavant exercé leur esprit.

Tous leurs jeux ne se faisaient qu’en liberté car ils abandonnaient la partie quand il leur
plaisait. En règle générale, ils cessaient lorsque leurs corps étaient en sueur ou que, pour
une raison ou une autre, ils étaient las.]
1. Anagnostes : lecteur (en grec).

Questions de grammaire, p. 47 et 48

Étape 1
Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.
a. Repérez les indications temporelles. Comment s’organise l’emploi du temps de Gargantua ?
Les compléments circonstanciels de temps structurent le passage : « vers quatre heures du matin », « puis », « cela fait »,
« puis ». L’emploi du temps est parfaitement structuré et respecte un déroulement précis.
b. L’éducation de Gargantua est-elle seulement intellectuelle ?
L’éducation du géant relève à la fois de l’exercice intellectuel et de l’exercice physique, de la religion et de l’hygiène
corporelle : rien ne semble négligé dans ce lourd programme.

Étape 2
Donnez un titre à chaque mouvement du texte, en vous aidant des crochets indiqués.
L. 1 à 5 : De nouveaux principes pédagogiques
L. 6 à 16 : Une éducation qui ne néglige ni l’âme, ni le corps
L. 17 à 23 : L’exercice de toutes les facultés

Étape 3
1. Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 1 à 5).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Pour mieux réussir, il l’introduisit dans Série de compléments L’éducation de Gargantua est corrigée : un objectif est
circonstanciels, de but, de lieu, assigné, un nouvel environnement est défini.
les milieux de gens savants. », « l’esprit de manière Cette éducation entre en rupture avec la première
ainsi que le désir d’étudier autrement » éducation reçue par Gargantua.

Se préparer à l’oral du BAC 33

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L’explication
EG Titre Page
linéaire
• Rappel
: la deuxième éducation de Gargantua

« un tel rythme d’étude que Gargantua Subordonnée corrélative Le nouveau précepteur de Gargantua est mis
qui exprime la conséquence
ne perdait pas une seule heure de la en valeur : il organise l’emploi du temps du
journée » géant et refuse toute oisiveté.

« il consacrait tout son temps aux belles-lettres Éloge du savoir qui associe Le contenu de l’apprentissage est enfin précisé.
et à l’honnête savoir. »
ici grands textes et morale Il renvoie au savoir défendu par les humanistes.

Faites le bilan du premier mouvement. De nouveaux principes pédagogiques sont décidés par Ponocrates. Gargantua
doit désormais les expérimenter.

2. Pour justifier le titre proposé pour le deuxième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 6 à 16).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« s’éveillait donc vers quatre Indications temporelles : la chronologie L’emploi du temps de Gargantua est parfaitement
heures », « Pendant qu’on structuré.
le frictionnait » est appuyée par la proposition De nouvelles habitudes sont mises en place.
subordonnée de temps
Verbes conjugués exclusivement
à l’imparfait

« quelqu’un lui lisait une Utilisation d’adjectifs dont le sens positif Les Saintes Écritures constituent le socle du savoir :
page des Saintes Écritures, elles doivent être comprises du géant.
à voix haute et claire, avec met en valeur les textes sacrés
la diction adéquate. »

« Anagnostes » L’onomastique de ce nom renvoie Le précepteur est mis en valeur : il lit, il fait lire
à la lecture
et enseigne la lecture. Il correspond à l’idéal
du maître humaniste. Il est un transmetteur
de savoirs.

« révérer, adorer, prier et Énumération de verbes à l’infinitif Chez les humanistes, le savoir est indissociable
supplier le bon Dieu » de la morale et de la religion.

« lieux d’aisances pour se Effet comique de la confrontation Le rire semble renvoyer au bas corporel, tandis que
purger de ses excréments le savoir et la réflexion sont à mettre en rapport avec
naturels », « en lui expliquant entre les besoins de Gargantua et la tête. Mais ici, rire et savoir sont intimement liés :
les points les plus obscurs la hauteur de la réflexion mise en Rabelais n’oppose pas le haut et le bas du corps.
et difficiles »
valeur par les superlatifs

« Cela fait » Indication temporelle Le narrateur insiste sur les étapes logiques
de l’éducation du géant : à chaque paragraphe
correspond une nouvelle étape dans son
éducation.

« habillé, peigné, coiffé, tiré à Énumération de participes passés L’hygiène corporelle est associée à l’hygiène morale.
quatre épingles et parfumé. » L’hygiène devient un signe d’humanité : Gargantua
grandit aussi dans ce sens.

« Pendant ce temps, Compléments circonstanciels Deux activités sont donc systématiquement menées de
front. Chaque moment est utile à l’éducation : il y a une
on lui répétait les leçons de temps continuité des savoirs, ce qui prouve que le savoir se
du jour précédent. » construit progressivement.

« Lui-même les récitait », Utilisation du pronom de troisième La pédagogie des nouveaux maîtres est
« il y appliquait quelques
cas pratiques » personne et de verbes qui indiquent exposée : l’élève s’approprie le savoir avant
l’organisation des apprentissages d’en vérifier l’exactitude par lui-même.

34 Gargantua

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L’explication
EG Titre Page
linéaire
• Rappel
: la deuxième éducation de Gargantua

« Puis, pendant trois bonnes Le sujet « on » renvoie au maître, Les rôles sont clairement distribués : le maître
heures, on lui faisait la
lecture. » tandis que le pronom COI « lui » est entièrement disponible pour son élève.
renvoie à Gargantua Celui-ci n’est pas actif ; son attention doit
cependant être totale.

Faites le bilan du deuxième mouvement. Rien n’est laissé au hasard dans l’éducation du géant ; le programme d’éducation
particulièrement chargé semble être à la mesure de son gigantisme.

3. Pour justifier le titre proposé pour le troisième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 17 à 23).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Cela fait, ils sortaient, tout Verbe de mouvement et Le mouvement vers l’extérieur signale une nouvelle
en devisant sur le sujet de cette
lecture. » compléments circonstanciels de étape dans le programme du géant mais l’exercice
temps et de manière intellectuel n’est pas abandonné pour autant.

« ils jouaient à la balle, à la Énumération de jeux La dimension ludique n’est pas occultée.
paume, à la pile en triangle, »

« Tous leurs jeux ne se Le lexique du jeu est associé au Le jeu et la liberté constituent d’autres
faisaient qu’en liberté car ils
abandonnaient la partie quand lexique du plaisir apprentissages mais restent associés à l’idée de
il leur plaisait. », « leurs corps l’exercice et de l’effort.
étaient en sueur », « las »

« ils exerçaient avec élégance Subordonnée circonstancielle de L’accent est ici mis sur la pratique et sur les activités ; l’élève
leur corps, comme ils avaient ne peut être passif. L’exercice de l’esprit et du corps forme
auparavant exercé leur esprit. » comparaison et polyptote du un ensemble. Rabelais reprend ainsi de Juvénal, un auteur de
verbe « exercer » l’Antiquité, le principe du mens sana in corpore sano, un esprit
sain dans un corps sain.

Faites le bilan du troisième mouvement. L’éducation se complète ici d’une dimension physique. Ainsi, l’éducation
humaniste associe tous les domaines du savoir et relie le corps et l’esprit.

Étape 4
Définissez votre projet de lecture.
Quelles sont les caractéristiques de l’éducation que Ponocrates dispense à son disciple Gargantua ?

Étape 5
Préparez la présentation du premier mouvement de votre explication de texte, en suivant les étapes
de la méthode (p. 29).
Le nouveau programme éducatif de Gargantua est pensé et établi par Ponocrates. Celui-ci est chargé d’orienter le géant,
de l’aider à se construire un savoir humaniste, ce qui suppose de rompre avec les mauvaises habitudes prises autrefois
par le géant. Ainsi, dès le début de l’extrait, les compléments circonstanciels « Pour mieux réussir », « dans les milieux
de gens savants », « étudier autrement » viennent corriger la première éducation reçue par Gargantua. Un objectif est
assigné, un nouvel environnement est défini. Les phrases qui suivent mettent en valeur le rôle du précepteur humaniste ;
il est chargé d’organiser l’emploi du temps du géant, comme le montre la subordonnée corrélative : « Ponocrates le
soumit à un tel rythme d’étude que Gargantua ne perdait pas une seule heure de la journée. » Le lecteur comprend que
le précepteur nourrit des ambitions pour son élève et celles-ci correspondent bien à la taille du géant. Le programme est
enfin précisé grâce à la proposition : « il consacrait tout son temps aux belles-lettres et à l’honnête savoir ». Cet éloge du
savoir est parfaitement conforme aux principes de l’humanisme qui postule que l’éducation est un moyen de s’accomplir
intellectuellement et moralement.

Se préparer à l’oral du BAC 35

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Explication linéaire
Explication : l’abbaye
linéaire : texte de Thélème Écoutez le texte.

[Leur vie tout entière était organisée non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon
leur volonté et leur libre arbitre. Ils se levaient quand bon leur semblait. Ils buvaient, man-
geaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les
forçait à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi l’avait établi Gargantua. Dans
5 leur règlement, il ne se trouvait qu’une clause : Fais ce que tu voudras.]

[En effet, les gens libres, bien nés, bien éduqués, conversant dans des compagnies hon-
nêtes, ont par nature un instinct et un aiguillon qui les pousse toujours à agir vertueuse-
ment et les détourne du vice : ils l’appelaient l’honneur. Quand ils sont abaissés et asservis
par des sujétions et des contraintes viles, ils détournent ce noble instinct, par lequel ils ten-
10 daient librement à la vertu, afin de dominer et contrecarrer ce joug de la servitude. En effet,
nous entreprenons toujours des actions défendues et nous convoitons ce qui nous est interdit.
Grâce à cette liberté, les Thélémites entrèrent dans la louable émulation de faire tous ce
qu’à un seul ils voyaient plaire. Si l’un ou l’une disait « buvons », tous buvaient. Si un autre
disait « jouons », tous jouaient. Si un autre disait « allons nous promener dans les champs »,
15 tous y allaient. […]

Ils avaient été si noblement instruits qu’il n’y avait personne parmi eux, homme ou femme,
qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments harmonieux, parler cinq ou six langues et
composer avec celles-ci des chansons en vers aussi bien qu’en prose.][…]
[Quand le temps de quitter l’abbaye était venu pour l’un d’entre eux, soit à la demande
20 de ses parents, soit pour d’autres raisons, il emmenait avec lui sa dame, celle qui l’avait pris
pour son amoureux, et ils étaient mariés ensemble. Et s’ils avaient bien vécu à Thélème
dans le dévouement et l’amitié, ils continuaient de la sorte, et encore mieux d’ailleurs, pen-
dant leur mariage. Ainsi s’entraimaient-ils à la fin de leurs jours autant qu’au premier jour
de leurs noces.]

Question de grammaire, p. 45

Étape 1
Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.
a. En quoi l’abbaye de Thélème constitue-t-elle un idéal ?
L’abbaye de Thélème paraît constituer un idéal utopique : situé à la fin du roman, ce passage évoque les conditions de vie
parfaites des Thélémites. Il semble que Rabelais profite de ce moment pour diffuser ses idéaux humanistes.
b. En quoi le mode de vie des Thélémites est-il original ? Que doivent respecter les moines des abbayes traditionnelles ?
L’abbaye de Thélème se définit par opposition aux règles habituelles de la vie monastique : une abbaye est normalement
un lieu clos où vivent des moines qui se consacrent à la lecture et l’étude des Saintes Écritures. Les moines prononcent
trois vœux : le vœu de chasteté, le vœu d’obéissance et le vœu de pauvreté.

Étape 2
1. À l’aide de crochets, indiquez les mouvements du texte.
2. Donnez un titre à chacun des mouvements que vous avez délimités.
L. 1 à 5 : Un mode de vie idéal L. 6 à 18 : Des valeurs idéales L. 19 à 24 : Un idéal amoureux

Étape 3
1. Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires ( l. 1 à 5 ).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« non par des lois, des statuts Énumération et antithèse qui Le mode de vie des Thélémites repose d’abord et avant tout
oppose un cadre contraignant sur la liberté, ce qui peut sembler paradoxal pour une abbaye.
ou des règles mais selon leur à la liberté Étymologiquement, le nom de Thélème signifie « libre volonté ».
volonté et leur libre arbitre »

36 Gargantua

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Explication linéaireEG: l'abbaye
Titre Page
de•Thélème
Rappel

« Ils se levaient quand bon leur Énumération de verbes à Les contours d’une vie heureuse et équilibrée sont ici définis :
semblait. Ils buvaient, mangeaient, ils s’écartent de ceux d’une abbaye traditionnelle : ce n’est pas
travaillaient, dormaient quand le l’imparfait le travail ou la prière qui guide la vie des Thélémites.
désir leur en venait » + parallélisme de Le mode de vie des Thélémites repose sur la quête du Bien
et la satisfaction des désirs.
construction

« Nul ne », « nul ne », « ni », « ni » Multiplication des Rejet de tout autre mode de vie que celui des
négations Thélémites : la règle est totalement niée au nom
de la liberté.

« Ainsi l’avait établi Gargantua » Phrase simple qui met en Le rôle majeur de Gargantua est souligné : il incarne le modèle
du bon prince.
valeur le sujet

« Fais ce que tu voudras » Formule paradoxale : Le paradoxe revient à adopter librement cette
l’impératif et le verbe règle du refus de la règle. Cette devise s’oppose aux
« vouloir » s’entrechoquent commandements de la religion.

Faites le bilan du premier mouvement. Le principe majeur de l’abbaye de Thélème est clairement exposé : contrairement
à toute autre abbaye, les habitants y vivent librement. La liberté est le principe fondamental qui régit toute la vie en
communauté.

2. Pour justifier le titre proposé pour le deuxième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires ( l. 6 à 18 ).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« les gens libres, bien nés, Importance du lexique de la morale Le narrateur expose la vie en communauté et met en
par rapport à celui du mal
bien éduqués » Mise en valeur du thème par valeur la dynamique humaniste qui va du savoir à la
« un instinct et un l’adverbe d’intensité « bien » sagesse. « L’honneur » est le symbole de cette grande
qui est répété
aiguillon », « vertueusement élévation morale. La morale naturelle de Thélème ne
et les détourne du vice », semble pourtant accessible qu’aux « gens libres et
« l’honneur » bien nés », c’est-à-dire aux nobles. Ses principes ne
pourraient donc s’appliquer qu’à une certaine élite.

« Quand ils sont abaissés Importance du lexique de Le refus de la règle va jusqu’à la lutte contre une éventuelle
et asservis par des sujétions oppression. Tous ces éléments réaffirment la volonté absolue
et des contraintes viles, ils l’assujettissement connoté des Thélémites de conserver et promouvoir leur liberté.
détournent ce noble instinct, négativement et qui vient La liberté est associée au thème du Bien : le vœu d’obéissance est
par lequel ils tendaient librement rejeté. Mais une obligation apparaît : ne pas empiéter sur
à la vertu, afin de dominer s’opposer par antithèse au les droits de ses semblables. Ce sont l’exercice du pouvoir
et contrecarrer ce joug et l’esprit de justice qui sont ici interrogés.
lexique de la liberté connoté
de la servitude. »
positivement. Image du joug
qui symbolise cet
asservissement.

« En effet, nous entreprenons Connecteur logique Le propos est explicité et généralisé. Rabelais évoque ici une
toujours des actions défendues situation paradoxale : l’homme en veut toujours plus. D’un point
et nous convoitons ce qui nous Usage du pronom « nous » de vue philosophique, on comprend que la liberté n’est jamais
est interdit. » Apparition de l’adverbe définitivement acquise. Rabelais défend ici la liberté, mais il met
aussi en garde contre les menaces qui pourraient la mettre
« toujours » en danger.
Présent de vérité générale

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EG Titre Page
Explication • Rappel
linéaire : l'abbaye de Thélème

« Si l’un ou l’une disait Parallélisme de construction : Le règne de la bonne humeur et de la bonne entente renvoie à
une forme d’épicurisme. La vie à Thélème se caractérise par des
“buvons”, tous buvaient. usage répété de la proposition élans symétriques : la cohérence est totale, l’accord entre les
Si un autre disait “jouons”, subordonnée hypothétique habitants parfait.
Les activités sont réduites aux seuls plaisirs : l’utopie est
tous jouaient. Si un autre suivie d’une proposition manifeste. Étymologiquement, le nom « utopie » renvoie à un
lieu parfait qui n’existe pas.
disait “allons principale, verbes utilisés en
L’individu appartient à la communauté et s’y épanouit
nous promener dans les polyptote parfaitement. L’individu se met au service de la communauté
pour son bien. Un idéal humain est ici défini.
champs”, tous y allaient. » Les sujets passent du singulier
au pluriel

« lire, écrire, chanter, jouer Énumération de verbes à Le savoir et la culture constituent le cœur de la vie
d’instruments harmonieux, parler
cinq ou six langues et composer l’infinitif qui renvoient à des Thélémites. En écho avec la deuxième éducation
[…] des chansons » des pratiques intellectuelles de Gargantua, cette page développe un idéal
et culturelles d’éducation intellectuelle et culturelle. L’abbaye de
Thélème est un concentré du royaume idéal.

Faites le bilan du deuxième mouvement. À travers les Thélémites, Rabelais défend un idéal humaniste, fait de savoirs
et d’harmonie. Il défend une conception libre et optimiste de la nature humaine, ouverte au savoir et à la culture.

3. Pour justifier le titre proposé pour le troisième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires ( l. 19 à 24 ).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Quand le temps de quitter Proposition subordonnée La liberté des Thélémites est totale : elle s’affirme
l’abbaye était venu pour l’un
d’entre eux » circonstancielle de temps qui même dans le fait de vivre ailleurs et autrement.
annonce une nouvelle étape
Verbe de mouvement

« il emmenait avec lui sa Lexique de l’amour Là encore, Thélème se distingue des abbayes ordinaires :
dame, […] leurs noces. » hommes et femmes se côtoient. Le vœu de chasteté
Lexique qui renvoie à l’unité et n’existe plus. Mieux, l’amour est présenté comme une forme
à la pérennité du couple d’accomplissement ultime. Rabelais propose une vision
idéalisée de l’amour et du mariage.

Faites le bilan du troisième mouvement. Rabelais propose ici un éloge de l’amour, conçu comme l’accomplissement
ultime pour les Thélémites.

Étape 4
Définissez votre projet de lecture.
En quoi l’abbaye de Thélème constitue-t-elle un idéal ?

Étape 5
Préparez la conclusion de votre explication de texte, en suivant les étapes de la méthode (p. 29).
En définitive, le dénouement de Gargantua correspond bien à un idéal humaniste vers lequel tend tout le roman de
Rabelais. En effet, le narrateur décrit ici un monde libre, où l’éducation tient une place majeure et où la vie en communauté
semble parfaite. Ainsi, l’abbaye de Thélème renvoie l’image d’un monde social, intellectuel et humain parfait qui conduit à
l’éloge des valeurs humanistes : l’éducation, la tolérance et la paix. Il pourrait constituer une sorte d’horizon pour le lecteur
qui ne doit cependant pas oublier qu’il s’agit ici d’une utopie, d’un monde certes idéal, mais purement imaginaire. Sur ce
point en particulier, Rabelais a pu s’inspirer du récit de Thomas More intitulé justement Utopia.

38 Gargantua

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L’explication
Explicationlinéaire
linéaire: Voltaire,
: texte Candide Écoutez le texte.

Candide est un conte philosophique composé par Voltaire en 1759. Le philosophe des Lumières
a recours à la fiction pour transmettre ses idées et échapper à la censure. Dans le chapitre 3,
Candide, le héros éponyme quelque peu naïf, assiste au spectacle de la guerre. Voltaire uti-
lise cet épisode pour dénoncer de façon ironique les atrocités des guerres qui font rage à son
époque. Il fait évoluer son personnage au gré de cette aventure.

[Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trom-
pettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il
n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de
chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille
5 coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort
de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille
âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant
cette boucherie héroïque.] [1]
[Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum1, chacun dans son camp, il
10 prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de
morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un vil-
lage abare2 que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards
criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à
leurs mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels
15 de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on
achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras
et de jambes coupés.] [2]
[Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des
héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres pal-
20 pitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques
petites provisions dans son bissac3, et n’oubliant jamais Mlle Cunégonde4.] [3]
Voltaire, Candide, chapitre 3, 1759.
1. Te Deum : chants religieux.
2. Abare : peuple mongol.
3. Bissac : sacoche comprenant deux poches.
4. Cunégonde : cousine et amoureuse de Candide qu’il a dû quitter.

Étape 1
Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.
a. Comment le personnage de Candide perçoit-il la guerre ?
Pour Candide, la guerre est d’abord un magnifique spectacle. Ses sens – en particulier la vue et l’ouïe – sont en éveil.

b. Quelle est la tonalité principale de cet extrait ?


Le texte est ironique. Voltaire se sert de ce tableau faussement élogieux de la guerre pour mieux en dénoncer les atrocités.

Étape 2
Donnez un titre à chaque mouvement du texte en vous aidant des crochets indiqués.
[1] Un spectacle grandiose
[2] La découverte des atrocités liées à la guerre
[3] La fuite finale de Candide

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L’explication linéaire
EG Titre Page : Voltaire, Candide
• Rappel

Étape 3
1. Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires
du premier paragraphe.
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« si beau, si leste, si brillant, si bien Énumération d’adjectifs Regard plein d’admiration, beauté de la guerre.
mélioratifs accentuée par
ordonné » l’adverbe « si » et l’anaphore

« Les trompettes, les fifres, les hautbois, les Énumération La guerre est aussi un concert. L’éloge ironique de la guerre
tambours, les canons » se poursuit.
désordonnée
d’instruments de
musique donnant
une impression
de cacophonie
mais concourant à
« l’harmonie »

« Les canons renversèrent six mille Personnification des armes Candide est un spectateur émerveillé de la guerre.
hommes » ; « la mousqueterie ôta […] qui deviennent le sujet de
environ neuf à dix mille coquins », « La verbes d’action Pourtant, les victimes sont nombreuses et comme
baïonnette fut aussi la raison suffisante de Elles sont associées à la mort désincarnées. Les armes ont pris le pouvoir sur les
la mort de quelques milliers d’hommes », Aspect comptable de la
« trentaine de mille âmes » guerre hommes.

« Candide qui tremblait comme un Comparaison ironique Candide est un spectateur lâche de la guerre.
philosophe »
Voltaire se moque aussi de lui-même et des
philosophes. Il fait preuve d’autodérision.

« boucherie héroïque » Oxymore ironique qui Tout le texte peut être lu à travers ce paradoxe qui oblige le
oppose barbarie et héroïsme lecteur à revoir son point de vue sur la guerre.

Faites le bilan du premier mouvement. La scène est perçue du point de vue de Candide. Il admire la grandeur de la guerre
et sa morale… mais seulement de loin ! Son apprentissage fait d’admiration et de peur est paradoxal. Le lecteur perçoit déjà
l’ironie cruelle de cet épisode.
2. Pour justifier le titre proposé pour le deuxième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires du deuxième
paragraphe.
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« les deux rois faisaient chanter Ironie Critique du pouvoir royal et du pouvoir religieux :
les rois ne participent que de loin à la guerre. L’un et l’autre
des Te Deum » remercient Dieu de la même façon pour les morts
qu’ils ont provoquées. L’ironie est féroce.

« il prit le parti d’aller raisonner ailleurs » Euphémisme : le narrateur Candide fuit le champ de bataille : cette fuite va lui
cache en partie la peur
de Candide permettre de découvrir l’absurdité de la guerre.
Il fait preuve d’ironie

« vieillards criblés de coups, femmes Énumération pathétique La violence absolue de la guerre aboutit à une dégradation
égorgées, mamelles sanglantes, générale du monde.
filles éventrées » et au pluriel des
victimes de la bataille ;
vocabulaire très réaliste

40 Gargantua

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L’explication linéaire : Voltaire, Candide

« quelques héros rendaient les Antiphrase et litote L’héroïsme guerrier n’est que barbarie : le modèle du héros
ironiques dont le but est de épique est sapé par le narrateur.
derniers soupirs » désacraliser les « héros »

« cervelles, bras, jambes coupés » Champ lexical des Candide ne perçoit plus des humains mais une
membres du corps humanité mise en morceaux. La guerre détruit
l’humanité.

Faites le bilan du deuxième mouvement. Dans ce deuxième paragraphe, on glisse d’une vision militaire et comptable de
la guerre à un point de vue plus humain et compatissant. Candide perd sa naïveté face à l’horreur des massacres. On observe
également un renversement de valeurs : autrefois, les « héros » se battaient pour l’honneur. Ici, la violence l’emporte sur tout et
menace l’existence du monde.
3. Pour justifier le titre proposé pour le troisième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires du troisième
paragraphe.
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Candide s’enfuit au plus vite dans un autre Verbes d’action utilisés Candide n’attaque pas, il recule ! Il n’est pas un héros épique.
village », « Candide, toujours marchant » Sa fuite est cependant nécessaire pour sa survie.
de façon ironique.

« Bulgares » et « héros abares » Sonorités proches La barbarie et la bêtise s’observent bien à parts égales dans
les deux camps. Candide comprend que la guerre est
qui rappellent le nom néfaste.
« barbares ».
Le nom « héros » est
une antiphrase.

Faites le bilan du troisième mouvement. Candide est capable de prendre du recul au sens propre et au sens figuré :
la condamnation de la guerre est définitive.

Étape 4
Définissez votre projet de lecture.
Comment, dans ce texte aux accents ironiques, Voltaire réussit-il à condamner les horreurs de la guerre ?

Étape 5
Préparez la présentation de votre explication de texte du premier mouvement, en suivant les étapes
de la méthode (p. 29).
Le texte s’ouvre sur un spectacle grandiose : les énumérations des première et deuxième phrases mettent en
évidence l’émerveillement de Candide. L’ironie n’est toutefois pas absente : l’éloge de la guerre est à comprendre en réalité
comme un blâme, ce qu’illustrent bien l’énumération désordonnée des instruments de musique et la cacophonie qui en
découle. Le regard de Candide se penche ensuite sur les armes. Elles sont personnifiées et deviennent le sujet de verbes
d’action. Cela montre qu’elles ont pris le pouvoir sur les hommes. Face aux nombreuses victimes, l’attitude de Candide
« qui tremblait comme un philosophe » change du tout au tout. Voltaire se moque aussi bien de son personnage que des
philosophes et fait preuve d’autodérision. L’oxymore ironique « boucherie héroïque » vient clore ce premier mouvement
et oblige ainsi le lecteur à revoir son point de vue sur la guerre.

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L’explication linéaire : Montaigne, Essais, II, « Des livres »
EG Titre Page • Rappel Écoutez le texte.

Montaigne est un humaniste du xvie siècle : retiré dans sa bibliothèque, il traite de sujets
très variés dans ses Essais et réfléchit notamment à son rapport aux livres.

[J’aimerais avoir une meilleure compréhension des choses, mais je ne veux pas en payer
le prix. Ce que je veux, c’est passer tranquillement, et non laborieusement, ce qui me reste
à vivre. Il n’est rien qui mérite que je me casse la tête, même pas la science, aussi impor-
tante qu’elle soit. Je ne cherche dans les livres qu’à y prendre le plaisir, par une honnête
5 distraction. Et si j’étudie, ce n’est que pour y chercher la science qui traite de la connais-
sance1 de moi-même, et qui m’instruise à bien mourir et à bien vivre.
Voilà le but vers lequel doit courir mon cheval en sueur.
[Properce2, Élégies amoureuses - Cynthia IV, 1, v. 70]
Si je rencontre des difficultés en lisant, je ne m’en ronge pas les ongles : je les laisse
10 où elles sont, après les avoir attaquées une fois ou deux. Si je restais planté là, je m’y
perdrais et j’y perdrais mon temps ; car j’ai un esprit primesautier, et ce que je ne vois
pas du premier coup, je le vois encore moins si je m’y obstine. Je ne fais rien si ce n’est
gaiement : l’obstination et la tension trop forte étourdissent mon jugement, le rendent
malheureux, et finalement le lassent. Ma vue se brouille, et se perd. Il faut que je la porte
15 ailleurs et que je l’y remette. […]] [1]

[Si tel livre m’ennuie, j’en prends un autre, et ne m’y replonge que dans les moments
où l’ennui de ne rien faire me prend. Je ne suis pas très attiré par les livres récents, car
ceux des Anciens me semblent plus pleins et plus solides, ni par ceux des Grecs, parce
que mon jugement ne peut s’exercer vraiment quand ma compréhension demeure celle
20 d’un enfant et d’un apprenti3.

Parmi les livres simplement agréables, je trouve chez les modernes : le Décaméron de
Boccace4, Rabelais et les Baisers de Jean Second5 (si on peut les mettre dans cette caté-
gorie) méritent qu’on y consacre un peu de temps. […]] [2]
[Je donne librement mon avis sur toutes choses, et même à l’occasion sur celles qui
25 sont au-delà de ce que je sais, et sur lesquelles je ne prétends nullement avoir de l’au-
torité. Ce que je dis à leur propos, c’est pour montrer la largeur de mes vues, et non la
mesure des choses.] [3]
Montaigne, Essais, II ; « Des livres », 10 (1580), traduit en français moderne par Guy de Pernon.
1. Connaissance : science.
2. Properce : poète latin du ier siècle av. J.-C.
3. Apprenti : Montaigne maîtrise parfaitement le latin mais pas le grec.
4. Boccace : écrivain italien (1313-1375), auteur du Décaméron, recueil de cent nouvelles, regroupées en
dix journées.
5. Jean Second : poète célèbre pour ses Baisers, imités de Catulle, poète de l’Antiquité.

Étape 1
Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.
a. En quoi peut-on parler ici d’un texte personnel ?
Montaigne livre un regard personnel : il utilise le pronom « je » et réfléchit à son rapport à la lecture. Il est à la fois l’auteur,
le narrateur et le personnage de ce texte.
b. Qu’est-ce qui fait la richesse de ce texte selon vous ?
Le point de vue que Montaigne donne sur les livres est exposé avec beaucoup de sincérité : certes Montaigne fait l’éloge
de la lecture mais il évoque aussi ses propres limites.

Étape 2
Donnez un titre à chaque mouvement du texte, en vous aidant des crochets indiqués.
[1] L’autoportrait d’un lecteur humaniste
[2] Les goûts littéraires de Montaigne
[3] Un regard humaniste et humble sur la lecture et l’écriture

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L’explication linéaire : Montaigne, EG TitreII,
Essais, Page
« Des
• Rappel
livres »

Étape 3
1. Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 1 à 15).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« J’aimerais […] je ne veux pas […] Utilisation des pronoms de la Montaigne s’interroge, il réfléchit sur lui-même et
1re personne, parfois en fonction sur son savoir. Par nature, cette réflexion renvoie donc
ce qui me reste à vivre » de sujet, parfois en fonction à l’humanisme, à l’injonction de se constituer
de COD un savoir personnel.

« J’aimerais avoir une meilleure Opposition entre le conditionnel Montaigne souligne les limites de sa quête de savoir :
compréhension des choses, mais et le présent il refuse de lire des ouvrages pénibles ou ennuyeux.
je ne veux pas en payer le prix. Ce que Usage de la conjonction de C’est un épicurien pour qui le plaisir est une valeur
je veux, c’est passer tranquillement, coordination « mais » qui se situe importante.
et non laborieusement, ce qui me reste au milieu de la phrase et crée
à vivre. » une ligne de rupture
Métaphore « en payer le prix »
Antithèse entre les adverbes
« tranquillement » et
« laborieusement »

« prendre le plaisir », « honnête Opposition entre les deux Montaigne développe un regard ambivalent sur la lecture :
le plaisir de la lecture est lié à une dimension morale tandis
distraction », « je me casse la tête » propositions : elles sont que la lecture pénible présente des effets physiquement
pourtant toutes deux indésirables.

associées à la lecture

« pour y chercher la science qui traite Complément circonstanciel La dimension morale de la lecture est affirmée. Le but
de la connaissance de moi-même, assigné à la lecture est double : elle accompagne chacun
et qui m’instruise à bien mourir et de but introduit par la tout au long de sa vie et amène à réfléchir sur sa condition
à bien vivre. » préposition « pour » de mortel.

Présence importante
du lexique du savoir
Antithèse entre les infinitifs
« bien mourir » et « bien
vivre »

« Voilà le but vers lequel doit courir mon Citation de Properce qui Cette citation rappelle le fonctionnement très
cheval en sueur » vient confirmer le propos
de Montaigne libre des Essais : Montaigne insère des références,
réfléchit avec des auteurs. Il entretient un dialogue
avec les auteurs de l’Antiquité malgré les siècles qui
les séparent.

« Si je rencontre des difficultés en lisant, Multiplication Montaigne examine différentes possibilités et


Si je restais planté là, si je m’y obstine. »
de subordonnées n’hésite pas à évoquer les déplaisirs liés à la lecture.
circonstancielles
d’hypothèse introduites
par la conjonction « si »

« Je ne fais rien si ce n’est gaiement » Double négation Montaigne affirme sa quête ultime à travers la
lecture : le plaisir. Il montre qu’il est un lecteur libre.

« je me casse la tête », « je ne m’en Expressions qui montrent Le point de vue de Montaigne sur la lecture est donc nuancé.
ronge pas les ongles », « ma vue que la lecture peut
se brouille » présenter des effets
physiquement indésirables

Se préparer à l’oral du BAC 43

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Explication
L’explication linéairelinéaire : texte
: Montaigne, Essais, II, « Des livres »

Faites le bilan du premier mouvement. Dans cette première partie du texte, Montaigne fait un portrait sincère de ses
goûts. Il cherche à mieux se connaître à travers les livres à condition de trouver du plaisir à la lecture. Il rappelle également la
fonction essentielle de la lecture : la lecture humanise l’homme.

2. Pour justifier le titre proposé pour le deuxième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 16 à 23).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Si tel livre m’ennuie, j’en prends Introduction d’exemples grâce à la Montaigne expose ses goûts : il se présente
un autre […] Je ne suis pas très proposition subordonnée circonstancielle
attiré par les livres récents » d’hypothèse comme un lecteur libre. Il s’apprête à
Lexique péjoratif et négation comparer ses lectures.
Verbe de mouvement « prends » associé
au pronom « je »

« car ceux des Anciens me Proposition coordonnée introduite par « car ». Les lectures de l’Antiquité l’emportent
Comparaison entre les « livres récents » et
semblent plus pleins et plus « ceux des Anciens » : les adjectifs mélioratifs largement sur les autres lectures : Montaigne
solides » font l’éloge des œuvres de l’Antiquité est bien un lecteur humaniste en ce sens.
Montaigne défend un héritage sur lequel
reposent toutes les valeurs des humanistes.

« ceux des Grecs », « mon Introduction d’autres exemples La connaissance limitée du grec empêche l’auteur
jugement ne peut s’exercer d’apprécier ces œuvres. La lecture suppose une
vraiment », « un enfant », Négation connaissance intime de la langue : on doit pouvoir
« un apprenti » Comparaisons qui insistent sur les lire une langue dans le texte pour prétendre dire
qu’on la comprend.
connaissances limitées de Montaigne

« Boccace, Rabelais, Énumération d’auteurs contemporains Une hiérarchie littéraire se met en place.
Montaigne fait référence à d’autres auteurs
Jean Second », « les livres de Montaigne. Les œuvres sont moins humanistes qui partagent ses convictions :
simplement agréables », associées au lexique des études qu’au une communauté humaniste de lecteurs
et d’auteurs est ainsi créée.
« un peu de temps » lexique du plaisir

Faites le bilan du deuxième mouvement. Montaigne établit une hiérarchie dans les œuvres : celles de l’Antiquité
lui semblent plus consistantes que les œuvres contemporaines, auxquelles il reconnaît de l’agrément.

3. Pour justifier le titre proposé pour le troisième mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 24 à 27).
Relevez des citations Analysez les procédés Interprétez les effets

« Je donne librement mon avis » Adverbe, complément circonstanciel La lecture l’humanise et l’aide à se forger un esprit
de manière critique.

« sur toutes choses », « celles qui sont Expressions qui ouvrent Montaigne confirme que la lecture libère
au-delà de ce que je sais »
l’horizon du jugement l’individu.

« je ne prétends nullement avoir Adverbe, complément Sa posture face aux livres reste marquée par
de l’autorité. Ce que je dis à leur propos, l’humilité. Montaigne montre qu’il est un homme
c’est pour montrer la largeur de mes circonstanciel de manière curieux et ouvert au savoir.
vues, et non la mesure des choses » Complément circonstanciel
de but

Faites le bilan du troisième mouvement : Montaigne élargit sa réflexion : il ne se présente plus seulement comme un
lecteur mais comme un lecteur que la fréquentation des œuvres enrichit intellectuellement.

Étape 4
Définissez votre projet de lecture.
Comment ce texte permet-il à Montaigne de définir son identité de lecteur ?

44 Gargantua

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Écoutez
La question de grammaire un corrigé.

La négation
1. La négation s’exprime par le lexique ou la syntaxe.
La négation syntaxique se construit le plus souvent en deux parties :
l’adverbe de négation ne + un adverbe (pas, guère, jamais, plus, point…)
+ un pronom (rien, personne, aucun, nul…)
2. La négation lexicale s’exprime à travers des mots tels que les antonymes
(soigné/négligé ; stable/bancal…) et les préfixes privatifs -in, -im, -des, -dé.
3. La négation varie selon le niveau de langue.
– En langage familier, l’adverbe de négation ne peut disparaître.
Ex. : C’est pas moi.
– En langage soutenu :
– le ne seul porte la négation.
Ex. : Je ne sais quoi.
– le ne est privé de son sens négatif. On parle alors de négation explétive.
Ex. : Je partirai avant qu’il ne vienne = Je partirai avant qu’il vienne.
4. La valeur de la négation : la négation peut être totale ou partielle.
5. La négation restrictive construite avec l’adverbe de négation ne + que
sert à exclure un élément de la négation seulement. Il ne s’agit pas
à proprement parler d’une négation, mais d’une affirmation.
Ex. : Je ne peux venir que le lundi. = Je peux venir seulement le lundi.

Question Étudiez l’expression de la négation dans ce paragraphe du texte (texte p. 36).


Leur vie tout entière était organisée non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et
leur libre arbitre. Ils se levaient quand bon leur semblait. Ils buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient
quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait à boire, ni à manger, ni à faire quoi que
ce soit. Ainsi l’avait établi Gargantua. Dans leur règlement, il ne se trouvait qu’une clause : Fais ce que tu
voudras.

1. Surlignez les mots qui permettent d’exprimer la négation.


2. Identifiez les types de négation présents dans ce paragraphe et expliquez pour chaque cas comment se
construit la négation.
« non par des lois, des statuts ou des règles » : la négation est ici lexicale. Elle est exprimée grâce à l’adverbe
« non » qui vient nier les noms qui suivent (« lois, statuts, règles »).
« Nul ne les éveillait, nul ne les forçait à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. »
La négation est ici syntaxique : elle est construite grâce au pronom sujet « nul » suivi de l’adverbe de négation
« ne » ; apparaît ensuite à deux reprises la conjonction « ni » qui permet de coordonner les compléments (COI)
du verbe « forçait ».
« il ne se trouvait qu’une clause » : la négation est ici restrictive. On observe la présence de l’adverbe de
négation « ne » puis de « que ». Cette négation permet d’exclure « toute autre clause » et d’affirmer qu’une
seule est appliquée.

3. Quel sens donnez-vous à la multiplication des marques de la négation dans ce paragraphe ?


La négation permet d’affirmer le modèle rabelaisien qui repose sur un refus de la contrainte, c’est-à-dire sur
l’affirmation de la liberté.

4. Transformez ces phrases négatives en phrases affirmatives.


Leur vie tout entière était organisée par des lois, des statuts, des règles.
Quelqu’un les éveillait, quelqu’un les forçait à boire, à manger et à tout faire.
Il se trouvait une clause.

Se préparer à l’oral du BAC 45

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La question de grammaire

L’interrogation
1. L’interrogation directe se termine par un point d’interrogation.
Selon le niveau de langue utilisé, ou l’effet recherché :
– elle suit la même construction qu’une phrase déclarative. Tu as compris ?
– elle est introduite par la locution interrogative « est-ce que » :
Est-ce que tu as compris ?
– elle provoque une inversion du verbe et du sujet : As-tu compris ?
Cet élève a-t-il compris ?
– elle est introduite par un mot interrogatif :
– un pronom, Qui est là ? Que disent-elles ? Que veux-tu ?
– un déterminant, Quelle couleur préfères-tu ?
– un adjectif, Quel est ton but ?
– un adverbe, pourquoi, quand, comment, combien...
2. L’interrogation indirecte est une proposition subordonnée amenée
par une principale qui comporte un verbe introducteur (se demander,
ignorer, ne pas savoir...) et un mot introducteur (si, où, quand, qui, comment...).
Elle n’entraîne pas par elle-même de point d’interrogation. Elle ne permet pas
l’inversion du sujet. Elle me demande si j’ai compris.
3. L’interrogation totale appelle une réponse par oui ou par non.
4. L’interrogation partielle porte sur une partie de la phrase et ne peut pas
obtenir une réponse par oui ou par non. Qu’as-tu compris ?
5. Une question peut avoir différentes valeurs.
– Valeur informative. Quel âge as-tu ?
– Valeur de confirmation, Tu penses vraiment que je peux y aller ?
ou de reproche. Ne me dis pas que tu as oublié son anniversaire ?
– Valeur argumentative : la question rhétorique permet d’interpeller
son interlocuteur, de l’obliger à se prononcer, mais n’attend pas de réponse.

Question Analysez l’interrogation dans ce passage (texte p. 30).


N’avez-vous jamais débouché une bouteille ? Nom d’un chien ! Rappelez-vous la contenance que vous
aviez. N’avez-vous jamais vu un chien qui rencontre un os à moelle ?
1. Comment sont construites les interrogations ?
Les deux interrogations présentes dans ce passage sont directes : on observe une inversion entre le sujet et le
verbe et les phrases se terminent par un point d’interrogation. Il s’agit par ailleurs d’interro-négatives.

2. Précisez s’il s’agit d’interrogations totales ou partielles. Ces interrogations sont totales.

3. Quelle est la valeur de ces interrogations ?


Ces interrogations sont purement rhétoriques ; Rabelais se moque du lecteur et l’oblige malicieusement à
penser comme lui.

4. Transformez ces interrogations directes en interrogations indirectes. Expliquez ces transformations.


Rabelais demande au lecteur s’il n’a jamais débouché une bouteille. Il lui demande également s’il n’a jamais vu
un chien qui rencontre un os à moelle.
La phrase simple devient une phrase complexe avec la proposition principale « Rabelais demande » suivie de
la subordonnée interrogative indirecte. Dans la deuxième phrase « Rabelais » est remplacé par « il ». Le
pronom personnel « vous » est remplacé par le GN « le lecteur » et le pronom « lui », ce qui entraîne un
passage de la deuxième personne du pluriel à la troisième personne du singulier et modifie donc le verbe.
L’inversion entre le sujet et le verbe disparaît, de même que le point d’interrogation qui est remplacé par un
point.

46 Gargantua

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La question de grammaire

Les propositions subordonnées conjonctives


circonstancielles
1. On parle de proposition subordonnée conjonctive circonstancielle lorsque :
– la proposition complète la proposition principale (elle ne peut être employée
seule dans une phrase) ;
– la proposition a une fonction de complément circonstanciel (de temps,
cause, conséquence, but, manière, concession, condition, comparaison, etc.).
Cette proposition peut (presque toujours) être déplacée ou supprimée
comme les autres compléments circonstanciels.
2. Toute proposition subordonnée conjonctive circonstancielle est introduite
par une conjonction de subordination : que, parce que, puisque, afin que,
depuis que, si, comme, lorsque, quand, bien que, quoique, alors que, etc.
3. C’est le sens de cette conjonction qui détermine le type de complément
circonstanciel dont il s’agit.

Question Analysez la proposition subordonnée conjonctive circonstancielle dans cette phrase (texte p. 33).
[Pendant qu’on le frictionnait], quelqu’un lui lisait une page des Saintes Écritures, à voix haute et claire,
avec la diction adéquate.

1. Mettez en évidence la structure syntaxique de cette phrase complexe : surlignez les verbes conjugués,
mettez la proposition subordonnée entre crochets et soulignez le subordonnant.

2. Identifiez la nature et la fonction de la proposition subordonnée.


La phrase débute par une proposition subordonnée conjonctive circonstancielle « Pendant qu’on
le frictionnait ». Celle-ci est introduite par la locution conjonctive « pendant que » qui permet d’exprimer
le temps et plus précisément ici la simultanéité des deux actions. La subordonnée occupe donc la fonction
de complément circonstanciel de temps.

3. Réécrivez ce passage en remplaçant la proposition subordonnée conjonctive circonstancielle par une


proposition juxtaposée puis par une proposition coordonnée. Quelle nuance semble alors disparaître ?
On le frictionnait, quelqu’un lui lisait une page des Saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la diction
adéquate.
On le frictionnait et quelqu’un lui lisait une page des Saintes Écritures, à voix haute et claire avec la diction
adéquate.
La simultanéité des deux actions semble moins évidente.

4. Examinez cette nouvelle réécriture de la phrase et commentez la forme verbale utilisée.


Que remarquez-vous à propos de la nuance ?
Tout en le frictionnant, quelqu'un lui lisait une page des Saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la
diction adéquate.
La proposition circonstancielle a été remplacée par un gérondif, composé de la préposition « en » suivie du
participe présent « frictionnant ». Grâce au gérondif, la simultanéité des deux actions est maintenue.

Se préparer à l’oral du BAC 47

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La question de grammaire

Les relations au sein de la phrase complexe


1. Une phrase peut contenir un seul verbe conjugué (on dit que c’est
une phrase simple) ou plusieurs (phrase complexe). Une phrase complexe
est constituée de plusieurs propositions : il y a autant de propositions
que de verbes conjugués.
2. La proposition peut être indépendante si elle ne dépend pas
d’une autre proposition.
3. Entre elles, les propositions peuvent être juxtaposées, coordonnées
ou subordonnées.
– Les propositions juxtaposées sont séparées par un signe de ponctuation.
Ex. : [Je le vis], [je rougis], [je pâlis à sa vue]. (Racine, Phèdre)
– Les propositions coordonnées sont reliées par une conjonction
de coordination (mais, ou, et...) ou un adverbe.
Ex. : [Je lui bâtis un temple] et [pris soin de l’orner]. (Racine, Phèdre)
– La proposition subordonnée dépend de la proposition principale :
elles sont reliées par un subordonnant.
Ex. : [J’offrais tout à ce dieu] [que je n’osais nommer]. (Racine, Phèdre)

Question Étudiez la construction syntaxique de la phrase suivante (texte p. 33).


Ils se rendaient au Grand Bracque ou dans les prés et ils jouaient à la balle, à la paume, à la pile en triangle,
ils exerçaient avec élégance leur corps, comme ils avaient auparavant exercé leur esprit.

1. Mettez en évidence la structure syntaxique de la phrase : soulignez les verbes conjugués,


surlignez les éléments qui permettent de relier les propositions entre elles.

2. a Quels sont les temps verbaux utilisés dans cette phrase ?


« se rendaient », « jouaient », « exerçaient » sont conjugués à l’imparfait.
« avaient exercé » est conjugué au plus-que-parfait. On retrouve l’auxiliaire « avoir » conjugué à l’imparfait
suivi du participe passé « exercé ».

b Comment expliquez-vous que le verbe « avaient exercé » ne soit pas conjugué au même temps
que les autres verbes de la phrase ?
Ce temps verbal exprime ici l’antériorité, ce que confirme l’adverbe « auparavant ».
Grâce à ce temps verbal, on fait référence à un fait passé antérieur à un autre fait qui est passé lui aussi.

3. Comment expliquez-vous que le mot « ou » ne soit pas souligné ici ?


La conjonction « ou » n’est pas soulignée, car elle ne relie pas deux propositions mais deux groupes nominaux
(« au Grand Bracque ou dans les prés »).

4. Comment cette phrase complexe est-elle construite ?


La phrase comporte quatre verbes conjugués, donc quatre propositions. Elle débute par deux propositions
qui sont coordonnées : « Ils se rendaient au Grand Bracque ou dans les prés et ils jouaient à la balle, à la
paume, à la pile en triangle ». La conjonction de coordination « et » permet de relier les deux propositions.
Puis, on observe une virgule : il y a alors juxtaposition.
Enfin, on remarque un phénomène de subordination avec la dernière proposition : « comme ils avaient
auparavant exercé leur esprit ». Il s’agit plus précisément d’une proposition subordonnée conjonctive
circonstancielle de comparaison introduite par la conjonction « comme ». Ce subordonnant pourrait être
remplacé par la locution conjonctive « de la même façon que ».

48 Gargantua

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L’entretien avec l’examinateur : méthode

En quoi consiste l’épreuve ?


L'entretien sur l’œuvre fait suite à l’explication linéaire choisie par l’examinateur.
Elle dure 8 minutes et est notée sur 8 points.
Elle porte sur une œuvre choisie par l’élève parmi :
– les quatre œuvres du programme étudiées dans l’année ;
– ou les quatre lectures cursives proposées dans l’année par le professeur en lien
avec les parcours associés.
Elle comporte deux parties :
– première partie (environ 2 à 3 min) : l’élève présente brièvement l’œuvre lue qu’il ou elle a choisie
et expose les raisons de son choix.
– seconde partie (environ 5 à 6 min) : l’élève répond aux questions que l’examinateur
lui pose à partir de sa présentation.

Qu’attend-on de vous ?
Pour la présentation de l’œuvre, on attend :
– que votre présentation témoigne d’une bonne lecture de l’œuvre,
– que vous proposiez une approche personnelle de l’œuvre montrant votre sensibilité littéraire,
– que vous donniez envie de lire l’œuvre à qui ne l’aurait pas lue.
Pour l’échange avec l’examinateur, on attend :
– que vous vous montriez capable d’approfondir certains points de votre présentation,
– que vous soyez réactif(ve) aux questions en répondant avec dynamisme et vivacité,
– que vous vous montriez ouvert(e) au dialogue en engageant une discussion intelligente
et pertinente avec l’examinateur.

Comment vous préparer à l’entretien ?


Établissez une fiche d’identité de l’œuvre (auteur, titre, année de publication, genre littéraire,
contexte de création, thème principal).
Réfléchissez aux raisons qui vous ont fait choisir cette œuvre (3 raisons au minimum). N’hésitez pas
à proposer des arguments variés, qui ne se limitent pas à l’histoire et à ses thèmes, mais envisagez aussi
le style d’écriture et les enjeux (les questions morales, la condition de la femme, par exemple) de l’œuvre.
Identifiez un personnage qui vous a particulièrement marqué(e) et précisez les raisons de votre choix.
Notez les passages où cela est particulièrement frappant.
Identifiez des passages de l’œuvre qui vous ont particulièrement marqué(e) et précisez les raisons
de vos choix.
Posez-vous des questions sur le sens et la portée de l’œuvre : qu’est-ce qui la rend intéressante
encore aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait sa modernité ? Qu’est-ce que l’auteur a voulu (vous) dire à
travers cette œuvre ? Quels moyens a-t-il privilégiés pour cela ?
Imaginez par avance 3 ou 4 questions, voire 4 ou 5, que l’examinateur pourrait vous poser sur votre
présentation et préparez les réponses.

S’entraîner à l’entretien
Écoutez l’exemple de présentation ci-joint.
Entraînez-vous à plusieurs reprises avec un(e) camarade qui joue le rôle de l’examinateur.
Demandez à votre camarade d’évaluer chaque fois votre présentation avec la grille ci-dessous.

Entraînements n° 1 n° 2 n° 3 n° 4 n° 5
Qualité de l’expression et de la prise de parole
Qualité des connaissances
Qualité de l’argumentation
Respect du temps de parole
(A) = très satisfaisant (B) = satisfaisant (C) = insuffisant (D) = très insuffisant

Se préparer à l’oral du BAC 49

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L’entretien avec l’examinateur : préparation
1. Fiche d’identité de l’œuvre
Complétez cette fiche.

Auteur : François Rabelais mais le roman est publié sous l’acronyme Alcofribas Nasier.
Titre de l’œuvre et année de publication : Gargantua, 1534.
Genre littéraire : roman qui se compose de 58 chapitres. Rabelais reprend la structure traditionnelle des romans
de chevalerie et en fait la parodie.
Contexte historique de création de l’œuvre : Gargantua est composé dans les années 1530, à un moment où
se développent la Renaissance et l’humanisme.
Thème principal de l’œuvre : Gargantua, le héros éponyme du roman, vit de multiples aventures. Celles-ci sont
souvent traitées sous un jour comique, mais n’empêchent pas Rabelais de développer une réflexion sérieuse sur
les thèmes de l’éducation, du pouvoir, de la liberté.

2. Les raisons qui vous ont fait choisir l’œuvre


Notez trois arguments justifiant votre choix pour présenter cette œuvre et illustrez chaque argument par un exemple.
J’ai choisi de présenter Gargantua parce que :
• Réponse libre.

3. Vos personnages préférés

a. Indiquez quel personnage du roman vous a le plus plu et marqué(e). Expliquez ce choix à l’aide d’exemples précis.
Le personnage qui m’a le plus plu et le plus marqué(e) est Réponse libre. parce que Réponse libre.

b. Quel personnage secondaire permet de mettre en valeur votre personnage préféré ? Donnez un exemple précis.
Le personnage secondaire qui met le plus en valeur Réponse libre. est Réponse libre. parce que Réponse
libre.

4. Un passage qui vous a ému(e), plu, étonné(e)


Choisissez un passage d’une dizaine de lignes qui vous a particulièrement intéressé(e) et justifiez ce choix.
Faites en sorte de montrer que vous connaissez l’œuvre : ne présentez pas un extrait qui aurait fait l’objet
d’une lecture linéaire en classe !
Le passage qui m’a tout particulièrement intéressé(e) se situe dans le chapitre Réponse libre. lorsque Réponse libre.
Ce passage est très intéressant parce que Réponse libre.

5. Sens et visée de l’œuvre


a. Pour quelles raisons Rabelais a-t-il créé des personnages de géants selon vous ?
Réponse libre.

b. Qu’apporte la dimension comique au roman selon vous ?


Réponse libre.

c. Quels passages de l’œuvre peuvent nous faire réfléchir sur la société actuelle d’après vous ?
Réponse libre.

50 Gargantua

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La dissertation : méthode
La dissertation est une réflexion argumentée. Il s’agit de proposer une réponse
à une question (qui peut s’appuyer sur une citation). La dissertation porte
sur l’analyse d’une œuvre au programme et de son parcours.

Étape 1 1. Relevez et définissez les mots clés du sujet.


Analyser le sujet 2. Repérez les mots qui fonctionnent ensemble et ceux qui s’opposent.
3. Entourez les mots interrogatifs : comment, en quoi, pourquoi invitent à approfondir
le sujet ; dans quelle mesure, si invitent à contester le sujet.

Étape 2 1. Réécrivez le sujet avec vos propres mots.


Trouver une problématique 2. Formulez une question exprimant les grands enjeux soulevés par le sujet :
ce sera votre problématique.

Étape 3 1. Dressez la liste des arguments qui permettent :


Trouver des arguments – d’approfondir le sujet (si le sujet invite à un approfondissement) ;
et des exemples – de confirmer ou de contester le sujet (si le sujet invite à un débat).
2. Associez à chaque argument un exemple tiré de l’œuvre étudiée et éventuellement
d’un texte étudié dans le cadre du parcours associé.

Étape 4 Le plan doit être constitué de deux ou trois parties, elles-mêmes divisées
Élaborer un plan en deux ou trois sous-parties.
en classant les arguments Chaque sous-partie doit être développée et s’appuyer sur un ou deux exemples
précis.
Classez vos idées de la plus simple à la plus compliquée.

Étape 5 1. Présentez l’œuvre (auteur, siècle, mouvement littéraire, genre…).


Préparer l’introduction 2. Recopiez le sujet à l’identique.
3. Reprenez l’étape 2 et proposez une reformulation du sujet.
4. Annoncez le plan en formulant une phrase pour chaque partie.

Étape 6 1. Bilan : commencez par un connecteur (Enfin, Ainsi, Pour conclure…) et résumez
Préparer la conclusion en quelques phrases synthétiques les deux ou trois grandes parties de votre devoir
pour répondre à la problématique.
2. Ouverture : mettez en lien le sujet avec une autre œuvre, un autre auteur,
un autre art…
Appuyez-vous sur le travail que vous avez effectué dans le cadre du parcours
associé.

Étape 7 Après l’introduction et avant la conclusion, sautez au moins deux lignes.


Rédiger le développement Pour signaler une grande partie, allez à la ligne et faites un alinéa.
au propre Commencez chaque partie par une phrase qui présente la thèse
que vous allez développer.
Pour signaler une sous-partie, allez à la ligne, faites un alinéa de deux carreaux.
Chaque sous-partie s’organise en quatre temps :

1. l’annonce de l’idée directrice de la sous-partie ;

2. l’argument développé (cinq lignes) ;

3. un ou deux exemples précis issus d’une œuvre (dix lignes) qui illustrent
l’argument ;

4. une phrase de transition entre les sous-parties.

Se préparer à l’écrit du BAC 51

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Accedez au
Dissertation 1 corrigé de la
dissertation.

Sujet Quelles sont les fonctions du rire dans Gargantua ?


Vous répondrez à cette question dans un développement structuré en vous appuyant sur votre lecture
du roman, les textes étudiés dans le cadre du parcours associé et vos lectures personnelles.

Étape 1
a. Soulignez tous les mots clés du sujet.
b. Sur quoi repose l’interrogation ?
La question porte sur les fonctions du rire dans l’œuvre. Ainsi, au-delà du divertissement, d’autres fonctions doivent être
envisagées et explorées.

Étape 2
a. Parmi les reformulations du sujet proposées, surlignez celle qui vous semble la plus pertinente
et justifiez votre choix.
Gargantua est un roman dans lequel de multiples situations, personnages, jeux provoquent le rire du lecteur
mais le rire ne peut occuper cette seule fonction…
Gargantua est avant toute chose un roman comique.
Dans son roman, Rabelais met le rire au service du savoir.
Seule la première reformulation du sujet est juste : elle permet d’englober tout le sujet. Les deux autres ne permettent
de traiter qu’une partie du sujet.
b. Formulez votre problématique.
À quelles fins Rabelais a-t-il recours au rire dans son roman ?

Étape 3
Dressez la liste des arguments et exemples.
Le rire dans Gargantua provoque le rire du lecteur car « rire est le propre de l’homme ».
Arguments Exemples

Gargantua est indissociable du rire : Chaque épisode ou presque du roman est associé au comique : naissance extraordinaire du héros
celui-ci est bien le moteur du roman. éponyme, éducation farfelue, repas démesurés, guerriers ridicules…

Le rire contribue à divertir le lecteur Le comique de caractère est manifeste : avant d’être éduqué, Gargantua « se vautrait
et à découvrir un nouvel univers,
celui des géants. Le rire est donc dans les ordures […] pissait sur ses souliers » ; les ambitions de Picrochole sont
associé aux personnages. ridicules, les exploits de Frère Jean peuvent également prêter à sourire.

Le rire peut prendre la forme La langue de Rabelais est riche et haute en couleurs. L’auteur utilise avec profusion
d’un comique verbal qui permet
de créer tout un univers des néologismes (« rataconniculer, mammalement, matagrobiliser ») et inclut les
aux contours fantasques. poèmes scatologiques de Gargantua. Le lecteur découvre au fil du roman des
obscénités ; la cacophonie culmine avec « Les propos des bien-ivres », c’est le
triomphe d’une joie rabelaisienne sans queue ni tête.

Mais ce n’est pas là la seule fonction du rire dans le roman…


Le rire contribue à mettre en valeur les idées humanistes de Rabelais et à réfléchir aux relations entre narrateur et lecteur.
Arguments Exemples

1. L’un des enjeux majeurs Le programme d’études préconisé par Ponocrates est en un sens comique puisqu’il
de l’œuvre concerne l’éducation et
le savoir : ils sont dans un premier dépasse largement le volume horaire d’une journée. Au-delà du comique, cette
temps traités sous un jour comique. démesure permet à Rabelais de montrer l’étendue du savoir à acquérir par chacun.

52 Gargantua

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Dissertation 1

Arguments Exemples

2. Le rire a chez Rabelais une Les chapitres qui abordent le thème de la guerre reposent en alternance sur le
fonction satirique qui n’épargne
rien ni personne. comique et le sérieux : la dimension morale n’est pas loin. Rabelais se sert donc du
rire pour faire réfléchir au modèle du prince. Si Grandgousier et Gargantua incarnent
le modèle du bon roi, Picrochole est ridiculisé. Les délires grandioses, les pillages et
la soif de conquêtes sont moqués et condamnés.

3. La religion est elle-même traitée La satire religieuse est en fait féroce : Rabelais condamne sous des aspects comiques
sous le signe du rire.
les pèlerinages et le culte des saints. En outre, Frère Jean fait rire, mais Rabelais se sert
de ce personnage pour faire la satire des moines.

4. Il semble même que le narrateur En tant que maître du rire, il oppose les versions comiques aux versions sérieuses
s’amuse du lecteur. Le narrateur qui
est à l’origine du rire dans le roman pour mieux faire réfléchir le lecteur : les deux éducations, le portrait des deux rois le
occupe un rôle ambigu : confirment. Tantôt Alcofribas requiert de notre part la plus grande attention, comme
il est définitivement le meneur de
jeu. dans le prologue, tantôt il exige que le lecteur le croie sur parole, comme lors de
l’accouchement invraisemblable de Gargamelle.

Un rire finalement libérateur : le rire Le rire rabelaisien s’oppose au sérieux pesant des savants. Rabelais dépasse toutes les
de Rabelais est un rire qui appelle à
la sagesse. conventions en affirmant la valeur thérapeutique du rire. Si tout est raconté en riant,
c’est aussi pour apprendre à vivre avec plus de légèreté, en ayant acquis un savoir
solide. Certes le roman débute avec le poème des Fanfreluches antidotées, mais il se
clôt avec la description de l’abbaye de Thélème, symbole du triomphe du savoir.

Ce narrateur livre pourtant un mode Dans le prologue, le narrateur invite le lecteur à « rompre l’os et sucer la substantifique
de lecture de l’œuvre : il s’agit de
dépasser le stade des apparences moelle » et le compare à un chien… Le rire doit mettre le lecteur dans de bonnes
pour découvrir des vérités cachées. dispositions pour qu’il puisse s’imprégner des idées non seulement humanistes mais
aussi philosophiques de Rabelais.

Étape 4
Complétez ce brouillon d’introduction, en suivant les étapes de la méthode (p. 51).
1. Les interprétations de Gargantua sont multiples : pour certains lecteurs, le roman peut être lu exclusivement comme
une œuvre comique. Pour d’autres, toutefois, le rire ne serait qu’un masque qui cacherait des messages subtils.
2. Quelles sont alors les fonctions du rire dans Gargantua ?
3. Nous nous demanderons alors à quelles fins Rabelais a recours au rire dans son roman.
4. Dans un premier temps, nous montrerons que le rire, omniprésent dans l’œuvre, a une fonction divertissante.
Toutefois, nous prouverons ensuite que ce rire peut avoir d’autres fonctions…

Étape 5
Complétez ce brouillon de conclusion, en suivant les étapes de la méthode (p. 51).
1. Finalement, le rire occupe des fonctions multiples dans le roman. De façon évidente, il amuse le lecteur et le divertit
tout au long de sa lecture de l’œuvre. Cependant, l’ambition de Rabelais n’est pas seulement de faire rire le lecteur : il s’agit
peut-être et surtout de réfléchir sur notre monde, de remettre en question nos préjugés, de défendre des valeurs.
2. L’originalité de l’oeuvre tient donc à cette richesse : près de cinq siècles après sa rédaction, Gargantua continue d’être un
texte dont le sens et la profondeur restent à explorer. C’est au lecteur qu’il revient désormais de découvrir et d’apprécier
les messages transmis par Rabelais.

Se préparer à l’écrit du BAC 53

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Dissertation 2
Sujet Dans quelle mesure Gargantua peut-il être qualifié de personnage exceptionnel ?
Vous répondrez à cette question dans un développement structuré en vous appuyant sur votre lecture du
roman, les textes étudiés dans le cadre du parcours associé et vos lectures personnelles.

Étape 1
a. Soulignez les mots clés du sujet.
b. Précisez les liens entre les mots-clés.
Il s’agit d’interroger le personnage éponyme du roman de Rabelais : qui est Gargantua et pourquoi peut-on dire qu’il est
un personnage d’exception ?

Étape 2
Formulez la problématique.
Gargantua est-il seulement un géant extraordinaire ? Pour quelles raisons ce personnage, au-delà du gigantisme,
suscite-t-il l’intérêt de tous ?

Étape 3
Complétez cette liste d’arguments et exemples qui illustrent la thèse puis ceux qui permettent de la nuancer, voire de
la dépasser.
Gargantua est un personnage exceptionnel car…
Arguments Exemples

1. Il peut être qualifié de héros épique et Aidé de son père Grandgousier, Gargantua mène une guerre défensive
vertueux dont les exploits vont marquer le
lecteur et affronte les armées de Picrochole. Mais il ne massacre pas les civils
ni ne se livre au pillage.

2. Il se définit avant tout comme Tout ce qui caractérise Gargantua semble démesuré : pas moins de 17 913 vaches sont
nécessaires pour l’allaiter, son bonnet est composé de 302 aunes de velours, son encrier a
un géant. la taille d’un tonneau…

Néanmoins, Gargantua est peut-être plus humain qu’il n’y paraît et peut même servir de modèle car…
Arguments Exemples

3. Gargantua doit apprendre L’épisode double de l’éducation de Gargantua illustre son évolution intellectuelle et
physique : ses progrès concernent aussi bien la lecture que la compréhension des Saintes
pour progresser et s’humaniser. Écritures et du monde, ou encore l’hygiène du corps.

4. Finalement, à travers Gargantua, Rabelais Gargantua est devenu un monarque éclairé, un souverain idéal capable
dresse le portrait du bon prince.
de penser un autre monde. L’abbaye de Thélème est l’illustration de
cet accomplissement.

5. L’enfance de Gargantua ressemble à celle Gargantua agit comme un enfant qui n’arrête pas de bouger et touche à tout,
de n’importe quel enfant.
se vautre dans la fange et ne fait que des bêtises…

6. Gargantua doit être considéré comme En réalité, Gargantua a su progresser, « rompre l’os et sucer la substantifique
un double du lecteur.
moelle ». Dès le prologue, Rabelais indique que le lecteur doit suivre ce
chemin pour grandir intellectuellement et moralement.

54 Gargantua

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Dissertation 2

Étape 4
Classez les arguments de l’étape 3 dans ce tableau de manière à faire apparaître les parties et les sous-parties.
Troisième partie : en fait, un
Première partie : Deuxième partie : mais peut-être
personnage pensé par Rabelais pour
un héros exceptionnel plus humain qu’il n’y paraît…
servir de modèle

1re sous-partie Argument 2 Argument 5 Argument 6

2e sous-partie Argument 1 Argument 3 Argument 4

Étape 5
Rédigez l’introduction de votre dissertation, en suivant les étapes de la méthode (p. 51)
1. Héros éponyme du roman de Rabelais, Gargantua est sans conteste le personnage le plus riche de l’œuvre. Tous les
autres personnages du roman, qu’il s’agisse de Ponocrates, Gymnaste, ou frère Jean, gravitent autour de lui : ils sont les
premiers à percevoir le caractère exceptionnel de Gargantua. Ce géant à la généalogie extraordinaire suscite donc un
intérêt majeur.

2. Dans quelle mesure Gargantua peut-il être qualifié de personnage exceptionnel ?

3. Nous nous demanderons alors si Gargantua est seulement un géant extraordinaire et pour quelles raisons ce
personnage, au-delà du gigantisme, suscite l’intérêt de tous.

4. Nous verrons tout d’abord que le gigantisme de Gargantua fait de lui un personnage exceptionnel. Puis, nous
montrerons que le géant emprunte quelques caractéristiques humaines qui font finalement de lui un modèle pour le
lecteur.

Étape 6
Rédigez intégralement une sous-partie de votre choix.
Néanmoins, Gargantua est peut-être plus humain qu’il n’y paraît. Au-delà de son gigantisme, et comme tout homme en
réalité, Gargantua doit apprendre pour progresser et s’humaniser. L’épisode double de l’éducation illustre son évolution
intellectuelle et physique, laquelle passe par un apprentissage méthodique, mais sans doute pas exceptionnel. Ponocrates
est ainsi chargé de mener à bien son éducation et cela passe par le respect d’une certaine discipline. Les journées du géant
sont certes bien chargées, mais elles ressemblent peu ou prou aux journées d’un écolier avec une succession de leçons,
de lecture, d’exercices. Les progrès de Gargantua concernent d’ailleurs aussi bien la lecture que la compréhension des
Saintes Écritures et du monde, ou encore l’hygiène du corps. L’éducation complète que reçoit Gargantua est ainsi à mettre
en rapport avec la réflexion des humanistes sur l’enseignement. Nul doute que celle-ci continue d’inspirer les enseignants ;
tout élève peut se reconnaître dans le parcours intellectuel de Gargantua.

Se préparer à l’écrit du BAC 55

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Dissertation 3
Sujet Dans Gargantua, Rabelais crée de toutes pièces un univers fictionnel que certains ont critiqué pour son
manque de vraisemblance. Partagez-vous ce regard sur l’œuvre de Rabelais ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur votre lecture du
roman, les textes étudiés dans le cadre du parcours associé et votre culture personnelle.

Étapes 1 à 3
Après avoir analysé le sujet, dressez une liste d’arguments et d’exemples.
Arguments Exemples

1. Une fiction gigantesque pour Tout est surdimensionné dans Gargantua : les personnages, leurs repas,
des personnages gigantesques. le langage… Le narrateur multiplie les énumérations parfois comiques
qui tendent à effacer le réel.

2. Un schéma narratif au service La structure du roman épouse l’évolution du héros qui passe du statut
du savoir. d’enfant sot au statut de bon prince. L’abbaye de Thélème constitue
l’apothéose de l’œuvre.

3. Le sourire du narrateur. Les interventions du narrateur, dès le prologue ou à la fin de nombreux


chapitres, tout au long du roman doivent être prises avec distance par le
lecteur qui doit, d’une certaine façon, apprendre à lire entre les lignes.

4. Des épisodes invraisemblables qui La naissance de Gargantua par l’oreille de sa mère relève absolument de
ne répondent la fiction. Le narrateur réécrit l’histoire et se défait de tout élément sérieux
à aucune logique. et scientifique.

5. Les secrets de la lecture du roman. Le mode de lecture de l’œuvre est précisé dès le prologue. Pour le lecteur,
il s’agit de « rompre l’os et de sucer la substantifique moelle ».

6. Des épisodes sérieux qui tendent Rabelais utilise la fiction pour aborder des thèmes sérieux tels que
vers la diffusion d’idées humanistes. l’éducation, la religion, l’exercice du pouvoir.

Étape 4
Organisez vos arguments et élaborez un plan en deux ou trois parties.
Première partie : Deuxième partie : Troisième partie :
Certes Gargantua se présente Mais la fiction n’empêche Mieux, la fiction requiert
comme un roman où triomphe pas la réflexion de des efforts de la part du lecteur
la fiction. se développer. qui doit s’approprier un univers
et une réflexion personnels

1re sous-partie Argument 1 Argument 2 Argument 5

2e sous-partie Argument 4 Argument 6 Argument 3

Étape 5
Rédigez intégralement, sur une feuille à part, une sous-partie de votre choix.

56 Gargantua

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Le commentaire : méthode
Le commentaire est une analyse détaillée d’un texte. Il s’agit d’expliquer
ce que dit l’auteur et comment il le dit sans jamais séparer ces deux éléments.
Le texte sur lequel porte l’épreuve n’est extrait d’aucune œuvre du programme
de l’année et n’a pas de lien avec les parcours associés.

Étape 1 1. Notez le titre, l’auteur, la date de l’œuvre et le mouvement littéraire


Réaliser la carte d’identité auquel elle appartient.
du texte 2. Précisez la forme du texte (en vers, en prose), son type (narratif, descriptif,
argumentatif, explicatif), son genre (roman, récit, poésie, théâtre, littérature d’idées),
sa tonalité (tragique, comique, satirique, ironique…).
3. Faites un bref résumé ou formulez la thèse défendue dans le texte.

Étape 2 1. Quels effets la lecture de ce texte produit-elle sur vous ?


Noter les premières 2. Quel titre donneriez-vous à l’extrait ?
impressions sur le texte

Étape 3 1. Relisez le texte en notant, dans la marge, les procédés littéraires


Analyser le texte que vous repérez.
de manière détaillée 2. Proposez une interprétation pour chaque procédé littéraire repéré.

Étape 4 À l’aide des interprétations identifiées et de vos premières impressions de lecture,


Élaborer un projet de lecture élaborez un projet de lecture, c’est-à-dire une question générale à laquelle
votre commentaire pourrait répondre.

Étape 5 Le plan de commentaire doit répondre au projet de lecture.


Construire un plan Il est composé de deux ou trois grands axes, eux-mêmes divisés en deux
de commentaire ou trois sous-parties.
Les interprétations identifiées à l’étape 3 constituent les parties de votre plan :
regroupez-les en deux ou trois ensembles puis classez-les de l’idée
la plus évidente à la plus complexe.

Étape 6 1. Présentez le texte : rédigez deux ou trois phrases qui résument la fiche d’identité
Rédiger l'introduction de l’extrait étudié (étape 1).
2. Recopiez le projet de lecture.
3. Énoncez en trois phrases claires les axes trouvés à l’étape 5.

Étape 7 1. Proposez un bilan qui réponde au projet de lecture.


Rédiger la conclusion 2. Faites une ouverture entre le texte d’étude et une autre œuvre, etc.

Étape 8 Les parties et sous-parties commencent par un alinéa. Chaque partie


Rédiger le développement est introduite par une phrase qui présente l’axe qui va être développé.
directement au propre Chaque sous-partie constitue un paragraphe (environ quinze lignes)
qui annonce un argument, l’explique et le justifie par l’analyse
et l’interprétation d’au moins une citation.

Se préparer à l’écrit du BAC 57

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Accédez au
Commentaire : Hugo, « Souvenir de la nuit du 4 » corrigé du
commentaire.

Suite au coup d’État du 2 décembre 1851, une révolte éclate dans


Paris : Napoléon III fait tirer sur la foule assemblée. Environ
quatre cents personnes sont tuées, parmi lesquelles des enfants.

Souvenir de la nuit du 4
Cadre spatio-temporel
précis et exact Énumération d’adjectifs
L’enfant avait reçu deux balles dans la tête. attributs du sujet qui
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ; souligne la simplicité du
On voyait un rameau bénit sur un portrait. foyer et de ses habitants
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Le pronom « nous » 5 Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
montre que le poète est
un témoin de la scène Pâle, s’ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ; Description du cadavre
Ses bras pendants semblaient demander des appuis. de l’enfant par touches
successives
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
Comparaisons qui On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
10 Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
renforcent la violence
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
de la mort
L’aïeule regarda déshabiller l’enfant,
Disant : – comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! –
15 Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux. Dimension réaliste du
La nuit était lugubre ; on entendait des coups récit obtenue grâce à
De fusil dans la rue où l’on en tuait d’autres. l’enjambement et la
– Il faut ensevelir l’enfant, dirent les nôtres. convocation du sens de
Et l’on prit un drap blanc dans l’armoire en noyer.
l’ouïe
20 L’aïeule cependant l’approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d’ici-bas !
Mise en relief du CC de lieu
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
qui permet d’insister sur la 25 Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
vieillesse de la femme – Est-ce que ce n’est pas une chose qui navre ! Litote pour renforcer le
Cria-t-elle ; monsieur, il n’avait pas huit ans ! caractère innocent de
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents. l’enfant
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
30 C’est lui qui l’écrivait. Est-ce qu’on va se mettre
Passage du « on » au À tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
« ils » puis à « monsieur On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Bonaparte » qui dénonce Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
le vrai coupable Dire qu’ils m’ont tué ce pauvre petit être ! Comparaison qui fait
35 Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
de l’enfant un martyr
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Chiasme qui renforce Cela n’aurait rien fait à monsieur Bonaparte
l’accusation De me tuer au lieu de tuer mon enfant !
40 Elle s’interrompit, les sanglots l’étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l’aïeule :
– Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd’hui.
Hélas ! je n’avais plus de sa mère que lui. Incompréhension de
Pourquoi l’a-t-on tué ? Je veux qu’on me l’explique.
la grand-mère, et par
45 L’enfant n’a pas crié vive la République.
extension du lecteur

Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas, Dimension politique de la


Tremblant devant ce deuil qu’on ne console pas. scène

Victor Hugo, Les Châtiments, « Souvenir de la nuit du 4 », 1853.

58 Gargantua

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Commentaire : Hugo, « Souvenir de la nuit du 4 »

Étape 1
Réalisez la carte d’identité du texte en complétant cette fiche.

Auteur Victor Hugo


Titre Les Châtiments (titre du recueil), « Souvenir de la nuit du 4 » (titre du poème)
Date et mouvement littéraire 1853, romantisme
Forme du texte En vers
Type Narratif et descriptif
Genre Poème
Tonalité Pathétique et polémique
Victor Hugo se rend auprès d’une grand-mère qui vient de perdre un enfant,
tué par les soldats de Napoléon.
Bref résumé (3 à 5 lignes)

Étape 2
Notez vos premières impressions sur le texte.
a. Quel semble être le but de Victor Hugo ?
Victor Hugo utilise ici la forme poétique pour dénoncer l’une des atrocités du régime napoléonien.
b. Proposez un titre pour cet extrait.
La mort d’un innocent.

Étape 3
a. En marge du texte p. 58, complétez la légende en notant les procédés littéraires utilisés.
b. Proposez une interprétation pour chaque couleur.
Jaune : Éléments descriptifs de la scène
Bleu : L’enfant mort
Vert : L’engagement du poète

Étape 4
À partir de vos premières interprétations de lecture et des mots suivants, élaborez un projet de lecture fondé sur un
paradoxe : innocent, coupable, mort.
Comment la mort injuste d’un enfant innocent permet-elle à Victor Hugo de dénoncer les agissements coupables
de Napoléon III et de ses soldats ?

Étape 5
À partir des interprétations proposées à l’étape 3, élaborez le plan de votre commentaire, en partant du plus évident
pour aller vers ce qui est plus approfondi.
I. Un témoignage réaliste
a. Un cadre spatio-temporel authentique
b. Un drame qui touche une vieille femme pauvre et illettrée

Se préparer à l’écrit du BAC 59

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II. Un récit pathétique
a. La violence du crime
b. Un crime commis contre un innocent

III. L’engagement du poète


a. Explicite au travers des paroles de l’aïeule
b. Implicite par la voix du poète

Étape 6
Rédigez l’introduction de votre commentaire, en suivant les étapes de la méthode (p. 57).
Suite au coup d’État du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte fait réprimer dans le sang les émeutes qui émaillent
Paris. Victor Hugo prend alors sa plume et dénonce la tyrannie exercée par Napoléon. Depuis l’île de Jersey où il vit en exil,
le poète, chef de file des écrivains romantiques, compose le recueil des Châtiments en 1853. « Souvenir de la nuit du 4 » est
un poème pathétique et polémique dans lequel le poète évoque la mort d’un enfant, tué lors d’une fusillade. Nous nous
demanderons alors comment le récit de cette mort injuste permet à Victor Hugo de dénoncer les atrocités du régime mis
en place par Napoléon. Nous verrons que ce poème s’inscrit dans une dimension réaliste (I) et pathétique (II) qui permet
au poète de faire entendre sa voix (III).

Étape 7
Rédigez la conclusion de votre commentaire, en suivant les étapes de la méthode (p. 57).
Finalement, le portrait de l’enfant, tel un martyr, les paroles rapportées de la grand-mère, mais aussi l’attitude digne des
témoins font de ce texte un poème très émouvant, propre à susciter la pitié du lecteur. En évoquant la violence du crime
perpétré contre un innocent, mais aussi son non-sens, le poète réhabilite l’enfant et lui offre un tombeau littéraire. Victor
Hugo atteint alors son objectif : dénoncer la tyrannie exercée par Napoléon III. Ce combat est à mettre en relation avec
l’engagement fort de Victor Hugo contre la peine de mort développé dans Le Dernier Jour d’un condamné ou encore contre
la misère du peuple dénoncée dans Les Misérables.

Étape 8
Rédigez une sous-partie de votre choix, en suivant la méthode (p. 57).
Réponse libre.

60 Gargantua

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Commentaire : Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939

Dans cette œuvre autobiographique, l’auteur évoque l’époque où


il était pilote d’avion. Lors d’un vol, Antoine de Saint-Exupéry et
son mécanicien s’écrasent dans le désert, où ils tentent de survivre.

Un autre Arabe apparaît de profil sur la dune. Nous hurlons, mais Paradoxe : les victimes du
tout bas. Alors, nous agitons les bras et nous avons l’impres- crash se situent entre la
sion de remplir le ciel de signaux immenses. Mais ce Bédouin1 vie et la mort
Anaphore qui dramatise la regarde toujours vers la droite…
situation 5 Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. À la
seconde même où il se présentera de face, tout sera accompli.
Répétition qui fait de
À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà effacé Accumulation qui évoque
ce moment un moment en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tous les dangers auxquels
exceptionnel tour qui, déjà, change le monde. Par un mouvement de son seul
doivent faire face les
10 buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, et il
naufragés
me paraît semblable à un dieu…
C’est un miracle… Il marche vers nous sur le sable, comme Comparaison
un dieu sur la mer…
L’Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains,
15 sur nos épaules, et nous lui avons obéi. Nous nous sommes éten-
Énumération qui abolit dus. Il n’y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions… Il y a ce
toutes les différences
entre les hommes, éloge nomade pauvre qui a posé sur nos épaules des mains d’archange2. Métaphore qui transforme
de l’humanité Nous avons attendu, le front dans le sable. Et maintenant, nous le personnage en
buvons à plat ventre, la tête dans la bassine, comme des veaux. protecteur ; la dimension
Apostrophe exclamative 20 L’eau ! religieuse apparaît alors
Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te clairement
Adresse directe et éloge
définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la
de l’eau vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique
point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs
Élan lyrique
25 auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous
toutes les sources taries de notre cœur.
Superlatifs
Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi
la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mou-
rir sur une source d’eau magnésienne3. On peut mourir à deux Anaphore
30 pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de
rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n’acceptes
point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une
ombrageuse divinité…
Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple.
35 Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t’effaceras
cependant à jamais de ma mémoire. Je ne me souviendrai jamais
de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage de
tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà Adresse directe au frère
tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je humain et élargissement à
40 te reconnaîtrai dans tous les hommes. toute l’humanité
Vocabulaire élogieux Tu m’apparais baigné de noblesse et de bienveillance, grand
seigneur qui as le pouvoir de donner à boire.
Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939.

1. Bédouin : nomade. 2. Archange : ange protecteur. 3. Eau magnésienne :


eau impropre à la consommation.

Se préparer à l’écrit du BAC 61

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Commentaire : Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939

Étape 1
Réalisez la carte d’identité du texte en complétant cette fiche.

Auteur Antoine de Saint-Exupéry


Titre Terre des hommes
Date et mouvement littéraire 1939 ; l’auteur ne s’inscrit pas dans un mouvement littéraire
Forme du texte En prose
Type Narratif et descriptif
Genre Récit autobiographique
Tonalité Lyrique
Le narrateur rend hommage à un Arabe qui lui a sauvé la vie, à lui et à son
mécanicien, au milieu du désert. Ce sauvetage donne lieu à une célébration de
Bref résumé (3 à 5 lignes) l’eau, de la vie, de l’humanité.

Étape 2
Notez vos premières impressions sur le texte.
a. Quelle est l’originalité du passage ?
Le texte célèbre la vie alors que le narrateur est confronté à la mort.
b. Proposez un titre à cet extrait.
Un moment exceptionnel de fraternité et d’humanité.

Étape 3
a. En marge du texte p. 61, complétez la légende avec les procédés littéraires utilisés.
b. Proposez ensuite une interprétation pour chaque couleur.
Bleu : Portrait du Bédouin et des naufragés
Jaune : Éloge de la vie

Étape 4
À partir de vos premières impressions de lecture et interprétations, élaborez un projet de lecture pour cet extrait.
Comment le récit d’un sauvetage aux portes de la mort permet-il à Antoine de Saint-Exupéry de célébrer l’amour de la
vie ?

Étape 5
Élaborez un plan de commentaire, avec les grands axes et des sous-parties.
I. Le portrait mystérieux d’un inconnu face à des personnages perdus
a. Un Bédouin au milieu du désert…
b. … qui se présente comme un dieu…
c. … ou plutôt un frère humain face à des naufragés
II. L’éloge poétique de la vie
a. Une célébration poétique de l’eau…
b. … qui s’ouvre sur un hymne à la vie…
c. … et à l’humanité

62 Gargantua

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Lectures cursives : méthode

En quoi consiste une lecture cursive ?


La lecture cursive est une lecture qui accompagne la lecture de l’œuvre intégrale au programme
et nourrit l’étude du parcours associé.
Elle s’effectue à la maison en autonomie.
Elle peut être choisie par l’élève pour la deuxième partie de l’oral du bac.

Comment lire une œuvre à la maison en autonomie ?


1. Repérez la structure du livre afin d’établir un programme de lecture (par exemple, pour une pièce de
théâtre, vous pouvez décider de lire un acte par semaine ou une scène tous les soirs).
2. Prenez des notes sur l’œuvre que vous lisez, dans un carnet.
Avant de commencer la lecture, faites une fiche d’identité de l’œuvre :
– nom (et pseudonyme) de l’auteur, et éléments biographiques importants ;
– titre (et sous-titre) de l’œuvre, date de publication (ou de première représentation pour le théâtre)
et circonstances historiques et littéraires de la création de l’œuvre.
Au fur et à mesure de votre lecture, notez les éléments importants :
– thèmes principaux ;
– si l’œuvre est narrative : intrigue (où, quand et milieu social) et personnages principaux (nom, âge,
caractère, objectifs…) ;
– si l’œuvre est plus démonstrative (argumentation directe) : thèse défendue, étapes de l’argumentation,
arguments, stratégie argumentative ;
– passages faisant écho aux thèmes du parcours associé : indiquez alors où se situe le passage, résumez-le.
Après avoir terminé votre lecture, consignez vos impressions :
– avis général sur l’œuvre ;
– passage qui vous a le plus marqué(e) ;
– résonance d’un argument avec l’actualité ou avec un autre livre (optionnel).

Idées de lectures cursives autour de Gargantua


Chrétien de Troyes, Yvain ou
le Chevalier au lion, xiie siècle
Les romans du cycle arthurien constituent une
probable source d’inspiration pour Rabelais. Jonathan Swift, Les Voyages
Dans ce roman de chevalerie qui se déroule de Gulliver, 1721
essentiellement à la cour du roi Arthur et Au cours de ses quatre voyages
dans la forêt de Brocéliande, les chevaliers extraordinaires, Gulliver rencontre
sont animés par la recherche du Saint Graal ; notamment des nains, les Lilli-
le lecteur découvre un univers où se mêlent putiens, des géants, des chevaux :
les lieux et objets magiques, les aventures et chaque voyage est une nouvelle occa-
exploits exceptionnels. Non seulement Yvain sion de rencontrer une culture dif-
se distingue lors des combats, mais il découvre férente et de remettre en question
aussi l’amour… les mœurs des uns et des autres. Le
regard de l’auteur a beau être amusé,
la critique qui s’exprime n’en est pas
moins vive. L’œuvre a été censurée
lors de sa parution.

Voltaire, Micromégas, 1752


Micromégas (le « petit grand »
en grec) est un géant qui vit
sur la planète Sirius et qui Roy Lewis, Pourquoi j’ai mangé
entreprend un voyage sur mon père, 1960
Terre pour continuer de se for- Une famille d’hommes préhistoriques fait
mer l’esprit. Il mesure trente- preuve de beaucoup d’ingéniosité au cours
neuf kilomètres et possède d’aventures les unes plus surprenantes que
pas moins de mille sens. Sur les autres : le narrateur rapporte notam-
Terre, il fait notamment la ren- ment comment son père a inventé le feu
contre de petites personnes, pour échapper à des ennemis. L’auteur inter-
les hommes… À travers ce roge grâce à la fiction les thèmes de l’édu-
conte philosophique, Voltaire cation, de la vie en société, de la technique.
entreprend la critique du genre Dans ce roman, la tonalité comique domine
humain. La dernière page reste et permet de dresser un tableau satirique de
à écrire… la société moderne.

Prolongements 63

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Ressources multimédia

Sites internet sur le contexte, l’auteur et l’œuvre


classes.bnf.fr/dossitsm/humalumi.htm : un site consacré à l’humanisme.
www.musee-rabelais.fr/ : pour mieux connaître la vie de Rabelais et découvrir l’un des lieux où il a vécu
en Touraine.
renom.univ-tours.fr/ : un parcours dans l’œuvre de Rabelais à la découverte des lieux et des
personnages.
expositions.bnf.fr/orsay-gustavedore/ (album « Les œuvres de Rabelais ») : Les Œuvres de François
Rabelais avec les gravures de Gustave Doré.

Podcasts à écouter sur France Inter et France Culture


La chronique de Xavier Maudit sur France Inter : chronique du 1er janvier 2017, « Qui es-tu Gargantua ? ».
Émission La compagnie des auteurs sur France Culture : une série de quatre épisodes consacrés à François
Rabelais (épisode 1 : L’extravagant maître François Rabelais ; épisode 2 : Notre seul auteur-monde ;
épisode 3 : Rabelais, le père du roman ; épisode 4 : Rabelais, poétique et politique).

Pièces de théâtre à voir


La très mirifique épopée de Rabelais, par la compagnie du Théâtre de Jeudi (2017), à voir sur YouTube.
Gargantua, par le Théâtre Eurydice (2020), à voir sur le site www.sauvegarde-yvelines.org.

Crédits photos
Page 2 et bas de pages : BIS / Ph. © Archives Larbor ; 4 : © Roger-Viollet ; 7 bas gauche : BIS / Ph.
Jeanbor © Archives Larbor ; 7 bas droite : © BNF, Paris

Direction éditoriale : Marion Martin-Suhamy • Direction artistique : Pierre Taillemite


• Conception et réalisation des pages 4 à 7 : Sunny Marie • Réalisation : Hokus Pokus Créations
• Illustration de couverture : Mélanie Kochert • Iconographie : Katia Davidoff
• Relecture : Anne Dellenbach • Suivi éditorial : Bénédicte Gaillard
• Photogravure : Irylis • Fabrication : Jean-Philippe Dore

Bordas est un éditeur qui s’engage pour la préser- Ce cahier a été imprimé en France en juillet 2021
vation de l’environnement et utilise du papier issu par Pollina, imprimeur certifié
de forêts gérées de manière responsable et d’autres
sources contrôlées. N° de projet : 10272884 • Dépôt légal : juillet 2021

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