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HMC 003 0103
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Révélation de Dieu
dans des traditions Luba
FRANÇOIS KABASELE LUMBALA
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Révélation de Dieu dans des traditions Luba
L’expérience chrétienne
«Les livres entiers, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs
parties, la sainte mère Eglise, de par la foi apostolique, les tient pour sacrés et canoniques,
du fait que, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur et ont
été transmis à l’Eglise comme tels. Mais, pour composer les livres saints, Dieu a choisi
des hommes qu’il a employés, eux-mêmes usant de leurs facultés et de leurs forces
propres, de sorte que, agissant lui-même en eux et par eux, ils transmettent par écrit,
en véritables auteurs, tout et cela seulement que lui-même voulait 7.»
«Toute écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour reprendre, pour
remettre les choses en ordre, pour discipliner dans la justice, pour que l’homme de Dieu
6. W. BURKERT, Αρχαι′α ελληνικη′ Θρησκει′α (la religion grecque ancienne), éd. ∫·Ú‰·Ì›ÙÛ·,
1993, p. 243-257.
7. Cité dans la constitution «Dei verbum», 11.
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soit pleinement qualifié, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne.» (2 Timothée
3: 16, 17.)
Pour l’islam, le Coran est le livre révélé par Dieu à Muhamed sur une
période de 20 ans, de 612 à 632. Dès 612, dans la «nuit bénie» du 26 au
27 du mois de ramadan, l’ange Gabriel (Jibril) lui ordonne de «réciter»
ce qu’il entend, un message articulé autour de quatre éléments: l’unicité
de Dieu, ses 100 attributs, l’exigence fondamentale de soumission à Dieu,
et le jugement dernier. Le prophète étant illettré, ce sont ses compagnons
qui ont mis par écrit son message. Plus tard, sous le calife Othman,
(644-656), le canon est organisé sous forme de sourates et de versets.
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aboutir aux Upanishad 8. C’est pour accueillir le livre sacré Adî Granth
des Sikhs (issus d’un syncrétisme entre l’islam et l’hindouisme) que le
fameux temple d’or d’Amristsar, avait été construit en Inde; et le leitmotiv
de ce Livre est donné par la syllabe OM (on kar) qui est chantée tous les
jours en ouvrant ce livre dans le temple d’or.
Certains affirment que le bouddhisme est une religion sans «dieux»
et qu’il n’y a donc pas de place pour une «révélation». Mais en fait, il
existe plusieurs bouddhismes, et quels qu’ils soient, ils gardent les traces
de l’hindouisme d’où ils sont tous issus; et parmi ces traces il faut noter
en particulier l’idée de l’absolu-un, vers lequel la vie humaine et cosmique
tend. Dans le bouddhisme tantrique, on connaît des divinités souvent
héritées de l’Inde, et qui ont révélé aux hommes (les Mahâsiddha) des
enseignements sur l’éveil, telles les déesses à l’esprit farouche, les dâkni,
«celles qui marchent dans les airs» 9. Les bouddhistes ont un canon
scripturaire divisé en trois groupes de textes, appelés «Triple corbeille»:
corbeille des Sutra (enseignements du Bouddha lui-même), corbeille
du Vinaya (règles disciplinaires de conduite), corbeille de l’Abhidarma
(élaborations sur l’enseignement du Bouddha) 10.
Le confucianisme se réfère avec le plus grand respect à un canon des
écritures, qui comprend: les Cinq Classiques (wu jing), consacrés par
Confucius lui-même, ainsi que les quatre livres (si shu), hérités des disciples
de Confucius. Confucius n’avait fait que rassembler ce qui existait déjà et
l’avait mis en forme pour rendre le tout accessible aux générations futu-
res. Il s’agit ici d’une «révélation» non pas divine comme pour les juifs,
les chrétiens, les hindous et musulmans, les taoïstes etc., mais d’une révé-
lation émanant des hommes supérieurs en intelligence et sagesse et qui
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«Cette pure harmonie du grand Tao se répandit à travers le Vide parfait. Les immor-
tels célestes vinrent alors adorer cette sainte révélation et en firent copie. Quels
signes étranges! A la fois ronds et angulaires, bizarrement conformés, enchevêtrés et
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dédaliques! Certains les appellent “écritures réelles”, d’autres “écritures sans images”.
C’est là le trésor des hauts cieux que nul ne peut saisir dans le monde ici-bas 12.»
Le canon taoïste contient plus de 1500 livres dont les plus importants
sont: le Daode jing (livre de la Voie et de la Vertu) et le Zhuangzi (à la fois
titre et nom de l’auteur).
Dans le système shintoïste, l’homme est intimement lié aux Kami (esprits
et divinités); sa vie est liée tant à la nature qu’aux divinités. Ceux qui
vivent selon le bon ordre peuvent entrer en communication avec les dieux
et avec la nature, et recevoir des messages et prescriptions. Les écritures
sacrées (Shinten) shintoïstes sont centrées sur les croyances à l’égard des
Kami. Les plus anciennes sont le Kojiki (3 volumes) et le Nohon-shoki
(30 volumes). L’influence du chamanisme, du bouddhisme et du taoïsme
sur le Japon est très manifeste dans le shintoïsme; mais l’effort japonais
de maintien d’une identité nationale est encore plus remarquable dans la
synthèse que les Japonais ont fait de tous ces courants, en les réunissant
au tronc traditionnel de leurs cultes ancestraux et impériaux.
Dans les traditions religieuses d’Afrique noire, nous y reviendrons plus
longuement, les personnages appelés «bilumbu» (nécromanciennes) et
un certain nombre de guérisseurs, ainsi que certains maîtres d’initiation,
particulièrement dans le Vaudou, connaissent des «révélations» de la part
de la divinité, des ancêtres ou de l’au-delà tout court. Ces révélations sont
des connaissances spéciales, particulières, relatives à l’objet de leurs démar-
ches; ils y accèdent par une attitude déterminée et une préparation qui
les fait passer par une mort à eux-mêmes. Une recherche faite à ce sujet
par Mabika Kalanda a mis à la disposition du grand public les révélations
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12. Texte liturgique cité par K. SCHIPPER, «Le taoïsme», dans J. DELUMEAU, Le fait religieux,
op.cit., p. 539.
13. MABIKA KALANDA, La révélation du Tiakani, Kinshasa, éd. Lask 1993, p. 11.
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L’initiation est très diverse dans les rituels Luba; mais ils se rejoignent
tous dans les étapes et le processus, allant de la réclusion, à l’ouverture de
l’intelligence, en passant par une mort et une résurrection, et en termi-
nant par un retour à la vie quotidienne dans un nouveau rôle assumé par
l’initié. Certains initiés, appelés chez les Luba les «forts» ou «éveillés»,
ont connu des phénomènes de possession, ou de songes éveillés, ou même
de mort et de retour à la vie. Pendant ces moments d’intense activité
psychique, les dieux leur auraient parlé et montré des réalités nouvelles;
ils leur auraient ouvert l’intelligence pour un nouvel éclairage sur la vie.
Ceux qui ont pu parler ont alors créé des traditions; et celles-ci, de bouche
à bouche, se sont conservées. Ainsi par exemple tout enfant de mulopwe
(chef Luba) doit obligatoirement apprendre ce récit qui relate la venue
du premier homme sur la terre, et qui est la source première d’où décou-
lent les principes généraux de la coutume, et qui serait une révélation,
jadis faite à l’un de ses ancêtres:
15. KALEND’A MWAMBA, Shaba, Kasaï, où en sont nos coutumes?, 1981, p. 22-23.
16. T.A FOURCHE.et H.D MORLIGHEM Une Bible noire, cosmogonie bantu, 2e édition, Paris,
Les deux Océans, 2002, p. 31.
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Ainsi commence le récit fait par des initiés, ou des éveillés, dont on
cite quelques noms: Mapumba wa Kalenga Nsana, Kayiole et Kabanza,
Mpoyi wa Kaseya… La liste des inspirés n’est pas close, puisque la révé-
lation elle-même n’est pas close, du fait que Maweeja Nangila continue
son œuvre de création 17; la découverte, la compréhension et l’explicitation
de cette œuvre sont loin d’être achevées, car l’être humain est si limité
qu’il ne peut prétendre avoir une saisie définitive et complète de l’œuvre
divine. Aussi trouvera-t-on dans ces récits d’initiés des avis différents, des
manières différentes de comprendre, mais qui se rejoignent sur un certain
nombre de trames. C’est ainsi qu’en citant ce livre, il ne s’agit pas d’un
témoignage individuel d’un auteur sur des traditions Luba; c’est une com-
pilation de traditions mystiques Luba, en provenance de nombreux
témoins, et d’une pléiade de récits dont certains circulent encore
aujourd’hui de bouche à l’oreille dans les cercles d’initiés et dans de nom-
breuses traditions orales 18.
17. Ibidem, p. 33: «et l’on dit qu’il crée encore, même de nos jours». «L’archer ne se lasse pas
de bander son arc et de tirer des flèches: de même, Maweeja Nnangila ne se lasse pas de créer», dans
un dynamisme infiniment fécond comme celui de la Termite-Mère de la Termitière (p.71-72).
18. On trouvera par exemple certaines de ces traditions chez NSOMWE TSHISWAKA, Le bulumbue
(tradition initiatique bantu, cas du Zaïre), Lumbumbashi, 1986; l’auteur, lui-même initié par un
maître guérisseur, Lumami Mpiana, a mis par écrit des révélations relatives à la création, à la consti-
tution du monde et de l’homme, à la répartition et la hiérarchie des forces dans l’univers (p. 59-65);
ces révélations se recoupent en gros avec ce qui est dans la Bible noire, nonobstant quelques différences
minimes, relevant particulièrement des sociétés Songye.
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de calme pour ceux qui ont été obéissants à Maweeja Nnangila, les ancê-
tres; il est de couleur indécis-blanc.
De cette mésaventure, l’homme était sorti très affaibli et diminué et
Maweeja Nnangila voulut lui faire récupérer une partie de ses pouvoirs
originaux par l’instauration de l’initiation et des instances de l’enseigne-
ment secret, où il se révèle lui-même. Cet enseignement, entre autres,
ouvre les orifices qui avaient été bouchés, tels le creux épigastrique, siège
du pouvoir de la parole forte, ainsi que la fontanelle et l’occiput, siège de
la voyance. Mais une telle initiation ne serait accessible qu’à un petit
nombre; aussi Maweeja Nnangila convoqua-t-il les créatures et conclut
avec elles un pacte: Il fit le sacrifice de sa «Chair de front», son Premier- né,
l’esprit aîné fils de Cyame qu’il métamorphosa en chair, et qu’il donna à
manger aux créatures; c’est l’acte réparateur de la création, par lequel
Maweeja Nnangila remit la paix et la prospérité chez ses créatures, asseyant
ainsi sa seigneurie. Aussitôt qu’ils eurent mangé de la chair du «Sceptre
issu de la calebasse» de «Maweeja Nnangila», les créatures s’endormi-
rent; mais le lendemain matin, l’esprit Aîné, fils de «Cyame», «Chair du
front», ressuscita, et avec lui toutes les créatures qui en avaient mangé 23.
Désormais, le sacrifice deviendra la loi de la prospérité et de la croissance
de l’homme. Les hommes ont peu à peu remplacé les sacrifices des pre-
miers nés, par le don des prémices de leur travail, le don d’une forte somme
d’argent, fruit d’un long labeur, l’immolation d’un bétail ou volaille, ou
même don de graines ou fruits des plantations. Les grands seigneurs
d’ici bas ne parachèvent leur seigneurie qu’en offrant le sang d’un enfant
premier-né. C’est depuis lors que des sacrifices de bêtes ou volailles, dont
on fait le repas après immolation autour de l’arbre des ancêtres, scellent
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L a ré v é l a t i o n d e D i e u d a n s l ’ o ra l i t é
24. E. MOREAU, De bouche à bouche, la Bible (transmission vivante), Monstsures, Resiac, 1977, p. 33.
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Certains parmi les hommes ont écouté Dieu, faisant une expérience
originale, au point d’avoir retenu ses noms. Et ceux-ci ont été véhiculés
dans l’oralité africaine, depuis la nuit des temps. L’usage des symboles à
ce propos fut déterminant, tant pour la perpétuation de ces noms, que
pour le caractère inépuisable de l’expérience transmise. Le symbole dit,
suggère, et pousse à aller plus loin. Y-a-t-il quelque chose de meilleur pour
traduire la complexité du divin? Les images et les symboles dont nos pro-
verbes, nos contes et mythes Bantu sont tissés, en font un des lieux de la
contemplation de Dieu, de la révélation de Dieu.
Un des premiers documents à consulter pour connaître ces noms
africains de Dieu est le dossier des révélations transmises dans les pyra-
mides de l’Égypte ancienne 26. Sans pouvoir ouvrir ce trésor immense, qu’il
nous suffise de signaler que dans ces documents, il s’agit de la création du
monde par Dieu, un Dieu unique mais qui est évoqué par une pluralité
de noms, son essence étant illimitée et indéfinissable. Ces noms corres-
pondent à une pluralité d’attributs et de fonctions exercées par la divinité
dans le cosmos. Les sages égyptiens dès le troisième millénaire parlent
de Dieu au singulier; les textes des sarcophages font de même; qu’il me
suffise de rappeler l’hymne à Atoum d’Akhenaton:
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25. Voir différentes monographies dans Noms théophores d’Afrique, Ceeba II, 45, Bandundu, 1977,
p. 12, 44, 45 ss.
26. Je ne tranche pas ici la question du lien entre l’Afrique noire et la civilisation égyptienne,
question encore discutée entre le courant dit «afro-centriste» (Cheik Anta Diop, Théophile Obenga,
Kizerbo), et le courant classique euro-centriste qui rattache la civilisation égyptienne à la méditerranée.
Mais j’épouse l’option des afro-centristes dont l’hypothèse centrale demeure plausible, étant donné que
leurs arguments n’ont pas encore été démantelés par le courant classique.
27. Papyrus de Turin, publié par F.ROSSI et W. PLEYTE, CXXXII, 10, ANET, p. 13, col.1 cité par
SARWAT ANIS AL-ASSIOUTY, Jésus l’égyptien, d’après les monuments, I., 1999, p. 13
28. La revue d’égyptologie et des civilisations africaines est une mine riche à ce sujet; pour ce
qui concerne la conception du monde, de la vie, de l’homme, voir Th. OBENGA, «L’anthropologie
pharaonique, textes à l’appui», dans Ankh, 6-7, 1997-1998, p Voir du même l’article «L’histoire du
monde bantu», dans Racines bantu, Libreville, Ciciba, 1991, p.144-146.
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divine qui s’exprime sous une infinité de noms divins puisés dans l’univers
tout entier, depuis les astres, en passant par les végétaux, les animaux et
jusqu’aux phénomènes cosmiques: Il est «le soleil qu’on ne peut regarder
fixement» (Dîba katangilayi cishiki, wakutangila dyamosha nsesa); il est
«la terre qui n’offre pas de tribut à la pluie» (Buloba kalambudi mvula)
«la route qui ne gémit pas, mais ceux qui gémissent ce sont ceux qui mar-
chent dessus» (Njila katu mikemu, batwatwa mikemu mbamwendenda);
il est «la termitière qui grouille de vie dans ses profondeurs et qui ne craint
ni pluies ni sécheresses» (Cilundu wa nkumina mund’a buloba, katwidi
mvula, katwidi minanga); il est «l’arbre Cinkunku sous lequel se rassem-
blent les chasseurs» (Cinkunku nsang’a bilembi); il est «l’oiseau qui ne
se crève jamais l’oeil, en passant à travers une forêt touffue de lianes et
d’épines» (Nyunyi kafu disu, nansha mubwela mu ditu dya nkodi ne meba);
il est le «léopard à la forêt propre» (Nkashama wa dyenda ditu); il est
«l’insecte en tête de file» (Dijinda ntung’a mulongo); il est «l’eau origine
du sel» (Mayi mfuki’a mukele); il est «l’Arc-en-ciel qui arrête les pluies
torrentielles» (Mwanza Nkongolo Lukanda mvula wa mudimbi); il est «le
vent à qui on ne peut tendre de piège», (Cipepela ukena kuteya), «l’ouragan
qui dévêt ceux qui portent les raphias» (Mvunda katuula ba madiba);
il est «l’étang marécageux auquel les pécheurs ne viennent jamais à bout»
(Dijiba dya lunteka, dyakamana batuwi mpata)… Dieu regroupe en lui
toutes ces formes: soleil, terre (route-chemin-termitière), eau, air (le vent),
arbre, oiseau, léopard, insecte, l’arc-en-ciel.
Mais est-ce que ces noms sont révélés par Dieu? N’est-ce pas une
simple construction poétique humaine? Selon les Bantu, Dieu est l’origine
de la parole; seuls à qui Dieu donne cette parole peuvent l’annoncer
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ces mythes rapportent que Dieu avait bien créé l’univers, mais que le mal
s’y était introduit, symbolisé par la mort, suite à la faute commise par
l’homme; ces mythes enseignent que ce mal n’est pas irrécupérable, mais
qu’il y a moyen de l’éviter en renouant avec les sources, avec le rythme de
Dieu et de l’univers. C’est dans ce sens d’abord que ces contes sont un
lieu d’une révélation de Dieu. Ils le sont aussi, dans le sens qu’ils sont
des lieux de régulation de la vie, des lieux d’harmonisation de la vie, des
lieux où l’on éduque la vie pour qu’elle croisse et atteigne la plénitude.
La vie est «le sacré» par excellence 29.
29. Je signale que dans cet article je développe à ce propos ce que j’ai déjà esquissé à la fin du
troisième chapitre de mon livre Renouer avec ses racines (Chemins d’inculturation), Paris, Karthala, 2005.
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Ainsi en-est-il d’autres classes de contes qui ont trait aux rapports
familiaux et conjugaux, à l’exercice du pouvoir, au travail, la trans-
formation de la nature, aux rapports à l’au-delà.
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e t p a ro l e s d e v i e c h e z l e s Lu b a
30. LUFULUABO MIKEZA, L’antisorcier face à la science, Mbuji-Mayi, éd. Franciscaines, 1977.
31. E. DE ROSNY, Les yeux de ma chèvre, Paris, Plon, 1981, p. 18 et 89.
32. Voir notre ouvrage Ndi muluba, (Je suis un Muluba), Bruxelles, éd. Panubula, 2004, p. 164 et 180.
33. M. JOUSSE, L’anthropologie du geste, Paris, Gallimard, 1974. Voir également le développement
de l’enseignement de Jousse chez Y. BEAUPERIN, Anthropologie du geste symbolique, Paris, L’Harmattan,
2002.
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34. MIRCEA ELIADE, Initiation, rites, sociétés secrètes (naissances mystiques), Paris, Gallimard, 1959, p. 110.
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Conclusion
35. Dom O. CASEL, Le mystère du culte, richesse du mystère du Christ, Paris, Cerf, 1946, p. 175-176.
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