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À Condition de S'en Servir
À Condition de S'en Servir
Marie-Claire Boons-Grafé
Dans La clinique lacanienne 2009/2 (n° 16), pages 13 à 30
Éditions Érès
ISSN 1288-6629
ISBN 9782749211541
DOI 10.3917/cla.016.0013
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À François
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3. Relire à cet effet la « Note italienne », dans J. Lacan, Autres Écrits, Paris, Le
Seuil, 2001.
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sorte, laissés à leurs propres forces, si tant est que les mutations
dont nous parlions leur ont enlevé les appuis symboliques d’où
ils tiraient la légitimité de leur pouvoir, c’est bien ces pères-là
auxquels nous avons affaire tous les jours, que nous aimons,
que nous idéalisons, que nous haïssons, que nous méprisons. Ils
sont là, dans leur fragilité même, ils veillent comme ils peuvent,
vaille que vaille : chacun, chacune a un père et se débrouille plus
ou moins mal, non sans dégâts, avec lui, toujours plus ou moins
carent, mais, comme le remarque Lacan, cette carence n’induit
pas nécessairement celle du Père comme signifiant.
Car le Nom-du-Père est un signifiant et ce signifiant a une
fonction. Pour l’aborder, allons droit à la fameuse phrase de
Lacan en 1958 : « Le Nom du Père, c’est-à-dire le signifiant qui
dans l’Autre, en tant que lieu du signifiant, est le signifiant de
l’Autre en tant que lieu de la loi 5. » C’est donc un élément de la
chaîne signifiante, chargé de représenter cette chaîne comme lieu
de la loi. Le Nom-du-Père signifie que le Symbolique, c’est la
loi. Lorsque Lacan introduit la métaphore paternelle, il énoncera
que le Nom-du-Père, se substituant au désir de la mère, est ce
signifiant qui, dans la parole de la mère, réfère à l’autorité d’une
loi autre que la sienne : la loi phallique. Posé en tiers, ce signifiant
introduirait au manque et, donc, au désir, par l’inscription du
phallus comme signifiant du désir de la mère. Il commanderait
la séparation d’avec la mère-toute, dont la jouissance se trouve
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deux interdits, si tant est que l’un, celui porté sur la jouissance
par la parole, est mis au fondement de l’autre, celui, opéré par le
Nom-du-Père quant à l’interdit de l’inceste, ouvrant à la possibi-
lité de désirer.
Si le Nom-du-Père s’inscrit comme signifiant en lieu et place
du désir de la mère, il sert donc à garantir une loi qui sépare de
la jouissance de la mère, il sort l’enfant de son enfermement dans
un-jouir-d’elle-qui-jouit-de-lui, si je puis dire.
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10. J. Lacan, L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, séminaire inédit,
séance du 16 novembre 1976.
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11. J. Lacan, L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, op. cit., p. 167.
12. Ibid., p. 150.
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