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Chapitre 9
L E S C L É S D U D É V E L OP P E M E N T
L’ORGANISATION
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L
e volet organisationnel constitue une facette à part entière
dans l’histoire d’une association : mener des campagnes néces-
site en effet des forces numériques et une structuration locale,
garantes de la capacité à réagir comme de la représentativité de terrain.
Et si, à partir des années 1960, le succès croissant du Secours populaire
doit évidemment au changement de ligne politique, il ne saurait être
pleinement compris, sans étudier l’attention volontariste portée à la
structuration. Il s’agit donc ici de montrer combien l’histoire des asso-
ciations et de l’engagement gagne à ne pas s’affranchir des questions
organisationnelles.
Durant la période précédente, le Secours populaire témoignait d’une
faiblesse croissante, happé dans un cercle vicieux : la fermeture et la
déconsidération ont engendré une décrue militante, qui a accru la
moindre capacité de recrutement et de collectes, donc induit des actions
moindres, donc une considération moindre, etc. C’est cet engrenage qui,
dès la fin des années 1950, se brise progressivement par enclenchement
d’un cercle vertueux, porté par deux facteurs : un contexte plus favo-
rable et, surtout, un véritable volontarisme organisationnel. Attention
portée au recrutement, au journal, à la structuration des implantations,
à la gestion et à une visibilité plus importante et positive sont les cinq
facettes indissociables d’une même entreprise de redressement.
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LE SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS, 1945-2000
Recruter et collecter :
« la force du nombre 1 »
Si le recrutement fut une préoccupation constante des dirigeants
depuis 1947, début de la grande décrue, il n’a jamais été une priorité à
la base, les militants, de moins en moins nombreux, étant absorbés par
les campagnes en cours. Or le changement de cycle politique engendre
un moindre sentiment de citadelle assiégée, tandis que le volontarisme
du nouveau secrétaire national apparaît supérieur à celui de ses
prédécesseurs, témoignant d’une réelle vision de long terme.
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La première mesure consiste à rendre membre tout donateur. Dès le
printemps 1955, soit dès l’élection de Julien Lauprêtre, « toute personne
qui verse la somme d’au moins cent francs, soit l’équivalent de la coti-
sation annuelle de l’association, doit se voir offrir la carte 2 ». Cette déci-
sion permet d’accroître rapidement le nombre d’adhérents. La carte doit
matérialiser le lien avec l’association, « trait d’union 3 » visible chaque
fois que s’ouvre le portefeuille. Une seconde étape est franchie, lors du
congrès de 1961 : toute personne qui fait un don, quel qu’il soit, en
argent ou en nature, doit recevoir la carte. Ainsi, « tous les adhérents le
sont au même titre », qu’ils aient remis un gros chèque ou « tricoté une
paire de chaussettes 4 ». Cette directive suscite cependant des
« réticences » de la base et doit être martelée à chaque congrès.
Proposée à tous, cette carte doit être, comme avant, remise en toute
occasion. Les vieilles recettes de la sociabilité communiste sont
réactivées : « avoir une activité beaucoup plus vivante et populaire.
Chaque section devrait organiser sa fête, de nombreux bals, goguettes,
tombolas, parrainer un concours de boules, de belote 5. » Il faut être
omniprésent : « lors d’une fête de famille, au porte à porte, dans chacun
de vos quartiers, parmi vos voisins, sur les marchés, dans les cantines, à
la sortie des usines, des chantiers, des bureaux, à travers les fêtes cham-
pêtres, les bals, les goguettes, à la fin de chaque meeting, partout où des
hommes et des femmes se rencontrent 6 ». Au printemps 1956 on crée
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est une association absolument indépendante. Elle ne reçoit de subven-
tions ni de direction d’aucun gouvernement, d’aucun parti, d’aucune
Église ou secte religieuse 10. » Les contacts pris au moment des campa-
gnes doivent être conservés, sollicités et régulièrement tenus informés.
Les responsables locaux doivent systématiquement demander les
adresses et tenir des fichiers. Il s’agit certes d’œuvrer à l’accroissement
symbolique des chiffres, mais, plus encore, de limiter le turn-over en
faisant des simples adhérents des « membres actifs », en leur faisant
confiance, en les intéressant aux tâches et en les responsabilisant. Les
comités et fédérations doivent également poursuivre le développement
des « adhésions collectives », qui se redressent rapidement, passant de
800 en 1967 à 4 500 en 1969, 7 000 en 1973 et 18 000 en 1979.
Devant l’ampleur de la tâche à accomplir, le manque d’encadrement
se fait cependant sentir, et le congrès d’avril 1959 affirme la nécessité
de créer un « véritable réseau de collecteurs ». Le terme existait déjà,
attesté en mars 1947, mais semble ensuite avoir disparu. Il reste cepen-
dant en vigueur dans d’autres organisations, à l’instar de la CGT 11. Sa
définition est souple : « toute personne qui effectue pour l’association
un travail quelconque en plus de son don personnel 12 », « l’ami qui
participe, sous une forme ou sous une autre, sporadiquement ou en
permanence, à l’activité de l’association dont l’essentiel repose sur la
7. Roubaix, CAMT, fonds SPF, 1998 020 0021, congrès national d’avril 1955,
discours de clôture.
8. La Défense, décembre 1955.
9. La Défense, janvier 1955.
10. La Défense, juillet 1963.
11. Terme attesté par Michel Dreyfus, Histoire de la CGT, Bruxelles, Complexe,
1995.
12. Roubaix, CAMT, fonds SPF, 1998 020 0027, congrès national des 29-30
avril 1967, rapport de la commission « structures et organisation ».
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qu’à partir des années 1970, passant de 818 en 1967 à 3 900 en 1969,
7 500 en 1971, 12 000 en 1973 et 20 000 en 1977.
Diffuser le journal,
« vitrine du SPF »
« [Sur les quatre cent mille donateurs], nous devons tout faire pour
qu’il y ait quatre cent mille lécheurs de vitrine. D’ailleurs, nous le
savons bien, parmi les lécheurs de vitrine, il y a toujours ceux qui se
laissent tenter, et qui finissent par entrer dans la boutique 15. »
13. Roubaix, CAMT, fonds SPF, 1998 020 0028, congrès national des 19-20
avril 1969.
14. La Défense, décembre 1962.
15. Roubaix, CAMT, fonds SPF, brochure diffusée en 1978.
16. La Défense, janvier 1957.
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dans la diffusion, qui se poursuit ensuite au rythme de la croissance du
nombre de donateurs. Quelques fédérations rechignent cependant à
envoyer le journal ou camouflent une part des fichiers, ce qui explique
le léger décalage :
Graphique 2 : Évolution du nombre d’adhérents
et de lecteurs (1945-1979)
600
adhérents
500
400
Benoît MARTIN, Atelier de cartographie de Sciences Po, mars 2006
lecteurs
300
200
100
50
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dans douze départements. La direction nationale se lance alors dans une
vaste entreprise de développement des structures, car la solidarité
consiste à « être partout en éveil, à l’écoute de chaque situation
locale 17 » : il faut « couvrir la France d’un réseau de mailles aussi serrées
que possible 18 ».
Ces structures sont d’abord des « permanences de la solidarité »,
constituées ponctuellement lors des campagnes pour déposer les dons.
Des commerçants mettent ainsi à disposition leur boutique le samedi
après-midi, des militants ouvrent leurs portes ; des « permanences »
fixes ou ambulantes se créent dans des cafés, sur les marchés ou à la
sortie des usines, à des jours et heures connus des habitants. Il est
ensuite demandé que ces permanences soient maintenues, pour servir de
dépôts à La Défense, d’entrepôts au matériel, mais aussi permettre de
solliciter des conseils ou des informations. Sans elles, pas de « contacts
humains, vivants, réguliers 19 ». Plus encore, elles sont présentées comme
la structure fondamentale sans laquelle le Secours populaire ne saurait
désormais avoir de raison d’être : « Un club de natation ne peut se
concevoir sans piscine, un club de football ne peut se concevoir sans un
terrain, pas plus que l’association de solidarité ne peut se concevoir sans
une permanence de la solidarité 20. » Elles restent cependant des
structures souples, juridiquement non contraignantes.
Les structures locales déclarées, jusqu’alors appelées « sections »,
selon le vocabulaire communiste, sont parallèlement rebaptisées
« comités » en mars 1959. Puis, le congrès de 1961 décide qu’elles sont
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s’engager ; on allait les encourager, les aider, leur fournir tout ce
qu’on pouvait… Déjà, on essayait de fonder des comités locaux ; […]
et quand il y avait deux-trois comités, on arrivait à faire le comité
départemental. Voyez, peu à peu, ça s’est fait comme ça 22. »
21. Roubaix, CAMT, fonds SPF, 1998 020 0024, congrès national des 4-5
mars 1961.
22. Entretien avec René et Bernadette Combarnous du 25 mars 2004.
23. Annie Fourcaut, Bobigny banlieue rouge, Les Éditions de l’Atelier/Éditions
ouvrières/Presses de Sciences Po, 1986.
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ouvriers en tirent eux aussi avantage, témoignant d’une très forte soli-
darité endogame. En 1973, est créé un autre comité d’importance, à
EDF-GDF, lui aussi fortement centré sur la corporation 24. Les autres
tentatives, notamment à la faveur des collectes de Mai 1968, échouent
cependant, faute d’implication des salariés et militants syndicaux qui,
pour certains, craignent une concurrence dans l’exercice de la solidarité.
Il est à cet égard significatif que les deux seuls grands succès aient été
obtenus dans de forts bastions CGT. Des tentatives sont également faites
sur les « lieux d’étude », d’abord à la Faculté des sciences d’Orsay fin
1967, puis à Jussieu en 1971, mais ils sont par nature plus tributaires
encore que toute autre structure du fort turn-over des militants.
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Gérer :
« l’argent est le nerf de la solidarité 25 »
Si la situation financière atteint son plancher en 1951-1952, puis se
redresse grâce à la Campagne Henri Martin, l’équilibre reste, au milieu
des années 1950, pour le moins précaire. La commission financière de
contrôle stigmatise en 1955 la comptabilité mal tenue, les chiffres faux,
les bilans inexacts transmis au national, le non-respect des règles statu-
taires de reversement sur les collectes ; les versements au titre des
campagnes et du journal sont faits avec un retard de parfois plusieurs
années. Pour inciter au développement local, le congrès de 1959 décide
d’augmenter la « ristourne », l’association nationale ne retenant plus
80 %, mais 60 puis seulement 20 % des bénéfices locaux. Les contrôles
financiers s’accroissent, d’abord sans grand succès (en 1959, seules
deux fédérations ont renvoyé leurs bilans mensuels complétés) ; en
1967 est imposé un document comptable mensuel unique, que
l’ensemble des fédérations n’appliquera réellement qu’à la fin des
années 1970. La création d’un fonds de solidarité (péréquation et verse-
ment d’intérêts) permet de limiter les sommes dormant inutilement dans
les caisses fédérales. L’association développe parallèlement le recours
aux subventions, d’abord locales puis, à partir du milieu des années
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entreprises spécialisées dans la publicité par voie postale, onéreuse mais
qui donne « de bons résultats » ; ce système d’envois de masse se géné-
ralise à partir de 1976, suite à une étude menée dans quarante départe-
ments et démontrant sa rentabilité. Enfin, l’association se dote en 1976
d’un fichier informatisé, ce qui présente un gain de temps et d’énergie
considérable pour les envois massifs de sollicitations.
Les années 1960 et 1970 voient alors une considérable augmentation
des recettes qui, de 370 000 francs pour l’exercice 1955-1956, passent à
830 000 francs pour 1959-1960, à 1,67 millions de francs pour 1965-
1966, 19,6 millions de francs pour 1973-1974 et 55,4 millions de francs
pour 1977-1978.
Médiatiser
Dernier grand volet de cette croissance volontariste, le Secours popu-
laire cherche à modifier radicalement son image, en ayant recours à une
médiatisation moderne et ouverte. Pablo Picasso et Fernand Léger
avaient chacun à deux reprises soutenu l’association, Henri Matisse et
Mireille Mialhe donné une ou deux œuvres, Yves Montand réalisé un
spectacle. L’appel au parrainage de personnalités est systématisé à partir
de 1955, avec une ouverture progressive des profils permise tant par la
politique de l’association que par le contexte politique plus porteur. En
janvier 1956, Yves Montand parraine le recueil de ses chansons publié
dans le calendrier de La Défense, Bourvil et Marcel Marceau font un don
26. Roubaix, CAMT, fonds SPF, 1998 020 0027, congrès national des 29-30
avril 1967.
27. Ibid.
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LE SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS, 1945-2000
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le plus large panel idéologique. À partir de 1971, les consignes vont
préférentiellement à des parrainages spécifiques par campagnes.
La médiatisation et l’appel aux parrainages de personnalités devien-
nent dès lors la clef de la réussite des deux grandes campagnes
annuelles : Noël et les vacances. Avec un objectif ambitieux, qui peut
même paraître totalement démesuré : celui de « placer définitivement le
Secours populaire au premier rang des grandes associations 32 ».
L a C a m p a gn e d e N o ë l
La Campagne de Noël s’appuie sur la tradition, en vogue dans toutes
les organisations communistes, des « arbres de Noël ». Elle prend cepen-
dant une dimension nouvelle avec la création, en 1960, de la « semaine
nationale du Secours populaire », qui se veut destinée à devenir aussi
traditionnelle que la quinzaine de la Croix-Rouge ou la semaine du
Secours catholique 33. Elle s’ancre profondément dans le local : les
permanences se multiplient pour recueillir fonds, vivres, jouets et
vêtements ; des troncs sont déposés chez les commerçants tandis que
sont sollicités les grands magasins, industries, bureaux syndicaux ;
28. Ainsi Lucie Aubrac, Henri Barbusse, Edmonde Charles-Roux, Pierre Cot,
Frédéric Joliot-Curie, Mme Léo-Lagrange, Jacques Madaule, Andrée Marty-
Capgras, Henri Martin, Marcel Paul, Anne Philippe, l’abbé Wresinski…
29. Louis Aragon, Claude Autant-Lara, Bernard Clavel, Jean Cocteau, Jean
Effel, Suzanne Flon, Eugène Ionesco, Jean Picart-le-Doux, Laurent Terzieff,
Vercors, Jean Wiener…
30. Alain Calmat.
31. Simone de Beauvoir, Alfred Kastler, Paul Langevin, Louis Leprince-
Ringuet, Gustave Monod, Louis Neel, Jean Rostand, Haroun Tazieff, le
professeur Weill-Hallé…
32. La Défense, décembre 1960.
33. La Défense, octobre 1960.
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Les clés du développement : l’organisation
l’espace public est investi lors des matchs de foot ou les kermesses. Cette
solidarité de proximité, qui apparaît sans dimension partisane, est la
clef du « populaire » : « La solidarité ne doit pas seulement venir au
secours des milliers de victimes de la répression, mais doit aussi porter
une attention toute particulière aux malheurs, quels qu’ils soient 34. » Les
bénéfices vont aussi bien aux enfants déshérités et handicapés physi-
ques qu’aux « vieux papas et vieilles mamans dans la détresse », aux
accidentés du travail, aux aveugles et infirmes, aux sinistrés ou aux
travailleurs immigrés des bidonvilles. Les initiatives doivent être menées
autant que possible en coopération avec d’autres organisations démon-
trant l’ouverture : la CFTC, le Secours catholique et la Croix-Rouge, les
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Petites sœurs des pauvres, l’Armée du Salut, ATD-Quart-Monde, la
Ligue de l’enseignement ou les clubs Unesco acceptent ainsi, durant les
années 1960, des actions locales conjointes.
Le succès de la campagne doit aussi à sa médiatisation. Dès 1961, le
graphisme d’Escaro, dessinateur de la Vie ouvrière, modernise une
facture classique et à tonalité ouvriériste. Les affiches reposent ensuite,
dès le milieu des années 1960, sur le petit père Noël dessiné pour l’asso-
ciation par Hervé Morvan. À partir de 1969, il s’agit d’« utiliser toutes les
formes de publicité possibles » : affiches, tracts, expositions, présence
sur les marchés, défilés de majorettes, envois d’encarts aux médias
locaux puis nationaux, achat de passages sur Europe 1 et RTL… Dans
cette recherche constante de « formes de communication plus modernes
et plus dynamiques 35 », le père Noël rouge d’Hervé Morvan devient en
1976 vert, « couleur de l’espoir et du sapin 36 ». On serait tenté de pointer
combien est symbolique, pour une association de matrice communiste, le
fait d’ôter son rouge au très traditionnel père Noël… Cette transformation
originale est opérée avec une agence de communication au fait des
méthodes américaines :
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lycées, les administrations, les usines. Des panneaux ambulants et des
caravanes sillonnent les villes, les marchés, les abords des grands maga-
sins. Des dizaines de militants déguisés en père Noël vert animent des
stands dans les grandes surfaces, collectent au tronc dans les rues, sur
les marchés et au porte-à-porte, organisent des kermesses et des exposi-
tions. Forte de ce succès, l’association décide l’année suivante de faire
passer la Campagne Noël d’une semaine à un mois, et d’intensifier ses
« gigantesques campagnes de publicité 38 ». Cette campagne d’hiver est
une réussite : celle de 1963 fait 20 000 bénéficiaires puis, après une
période relativement stationnaire, les bilans repartent en hausse
exponentielle : 100 000 en 1969, 200 000 en 1977.
L a C a m p a gn e va c a n c e s
Plus encore que la Campagne de Noël, la Campagne vacances
concentre l’ouverture et la volonté médiatique. Créée en 1964, elle
prend immédiatement une place de premier plan et se fonde sur des
comités de parrainage prestigieux, puisant presque uniquement dans les
arts et le sport : Jean Ferrat, Annie Cordy, Jacques Brel, Raymond
Poulidor et François Bonlieu en 1964 ; puis Marcel Amont, Louis
Aragon, Isabelle Aubret, Arthur Adamov, Michel Auclair, Maurice
Baquet, Barbara, Louison Bobet, Bourvil, Jacques Brel, Claudine
Chonez, Bernard Clavel, Henri-Georges Clouzot, Danielle Delorme, Jean
Effel, Lény Escudéro, Jacques Esterel, Jean Ferrat, André Fougeron,
Joseph Kosma, Christian Jacque, Jacques Madaule, Pierre Paraf, Anne
Philippe, Jean Picart-le-Doux, Raymond Poulidor, Alain Resnais, Jean-
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modifiée : de petite et rouge, elle prend l’allure d’une grande digne des
plus grandes signatures du moment.
Contrairement à la Campagne de Noël, rapidement centrée sur le père
Noël d’Hervé Morvan, la médiatisation de la Campagne vacances
change tous les ans et bénéficie du talent d’affichistes ou de dessina-
teurs prestigieux, souvent attitrés du conglomérat : Escaro pour les affi-
ches de 1966, 1972 et 1979, Jean Effel pour celles de 1967 et 1978,
R. Mas en 1977.
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« C’était très novateur. Il y avait les grands qui avaient leur journée :
la journée du Secours catholique, qui était soutenue par l’Église, les
journées sur des thèmes type personnes âgées, paralysés ou aveu-
gles, mais c’était toutes les associations. Ou alors c’était les mouve-
ments, les mouvements d’Action catholique ou les mouvements
populaires, la Jeunesse communiste… Autrement, il n’y avait pas de
communication. Les associations ne savaient pas prendre en compte
l’existence de cet outil de communication ; elles en étaient restées à
leur petite revue, au petit dépliant […]. Mais pour passer dans les
médias, il faut créer un événement 40. »