Vous êtes sur la page 1sur 4

Conclusion

Axelle Brodiez-Dolino
Dans Académique 2006, pages 227 à 229
Éditions Presses de Sciences Po
ISBN 9782724609859
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)

© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/le-secours-populaire-francais-1945-2000--9782724609859-page-227.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
13_II-BRODIEZ_Conclusion.fm Page 227 Mercredi, 5. avril 2006 1:19 13

Conclusion

L
e terme de « transition » est toujours un peu facile, indiquant,
dans un regard téléologique, un passage de ce qui ne va bientôt
plus être à ce qui est en train d’advenir, semblant gommer toute
identité autre qu’hybride. Les années 1955-1979 sont pourtant bien au
Secours populaire des années de transition, au sens où une ligne
programmatique est tracée (1955-1961), et où tout est ensuite fait pour
la mettre en œuvre. Elle repose sur deux principes indissociables : toute
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)

© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)
organisation de masse doit se centrer exclusivement sur sa spécificité
fonctionnelle, et ne pas prendre de position partisane. Elle se traduit par
un recentrage progressif du politique à l’apolitique, et du communisme
vers l’humanitaire.
Si l’historien peut, grâce aux sources, appréhender la mutation des
actions, il est en revanche plus délicat de mesurer celle de l’image de
l’association. Les commentaires des Renseignements généraux montrent
une évolution de perception. En 1956, l’association est décrite comme
« ne se [voulant] pas un organisme charitable, mais un organisme de
combat politique. Son œuvre de solidarité ne se réclame pas de
l’altruisme ou de la philanthropie, elle est partie intégrante d’une entre-
prise de conquête du pouvoir […]. L’activité du Secours populaire se
confond avec celle du parti communiste ». Car « le Secours populaire
n’est pas qu’une infirmerie de campagne […], c’est un centre de
propagande », néanmoins peu dangereux : « dans le complexe des orga-
nisations communistes, c’est un épiphénomène ». En 1965-1967, les
rapports sont plus mitigés. Les RG estiment qu’en tant qu’« organisme
d’entraide sociale, le Secours populaire consacre inlassablement son
activité à mener simultanément diverses campagnes de solidarité au
bénéfice d’objectifs humanitaires, mais qui n’arrivent pas à masquer
absolument le caractère politique des causes défendues » ; que « l’œuvre
d’assistance du Secours populaire n’est rien d’autre qu’un aspect parti-
culier de l’activité du PCF ». Idem en 1966 : « Le PCF, ses municipalités
et ses satellites ne manqueront pas d’apporter un appui efficace à cette
entreprise dont les objectifs, pour être humanitaires, n’en servent pas
moins la cause communiste ». Ils constatent cependant un mouvement
d’ouverture, imputé à plusieurs causes : « on a noté, ces dernières
années, une tendance à ouvrir davantage l’éventail de son action, et ce
afin de corriger un certain “sectarisme” qui, aux dires même des
13_II-BRODIEZ_Conclusion.fm Page 228 Mercredi, 5. avril 2006 1:19 13

228
LE SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS, 1945-2000

dirigeants communistes, avait passablement détourné le Secours popu-


laire de son objet : la défense des intérêts de la masse » (1967) ; « ces
dernières années, une tendance à ouvrir davantage l’éventail de son
action s’est manifestée sous l’influence de divers dirigeants non
communistes » (1966) ; « on a noté cependant, au cours de ces dernières
années, que le Secours populaire avait tendance à ouvrir davantage
l’éventail de son action et à élargir à tous les échelons ses organismes
de direction en y accueillant des non-communistes, et ce afin de donner
un nouveau visage à l’organisation et d’augmenter son audience »
(1967). Le poids de l’association est corrélativement revu à la hausse :
« sa place au sein du complexe communiste et les résultats de son acti-
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)

© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)
vité – dus en général, et notamment sur le plan local, au souci des
responsables du Secours populaire de camoufler au mieux ses attaches
avec le PCF – ne sont pas à négliger » (1966). Mais l’association est
toujours perçue comme une organisation de masse : « quoi qu’il en soit,
cette simili-dépolitisation du Secours populaire sera finalement [suite au
congrès] plus spectaculaire qu’effective. En fait, l’organisation
demeurera solidement aux mains des communistes » (1967).
Les remous internes au conglomérat et les luttes de Julien Lauprêtre
pour conserver l’autonomie de son association, sa politique de promo-
tion de cadres non communistes, sont en effet partiellement contrés par
sa promotion au comité central du PCF. Mais les coups de butoir sont
là : succès et médiatisation de la Campagne vacances, dès les années
1960, et de la Campagne Noël ensuite catalysée par les pères Noël verts
à partir de 1976 ; présence lors des sinistres en France et à l’étranger ;
solidarité aux infirmes et aux vieillards ; insertion dans l’UNIOPSS
permettant de juxtaposer à l’image d’organisation de masse celle d’asso-
ciation de solidarité ; succès des campagnes humanitaires. L’évolution
considérable des bilans financiers traduit elle aussi un vivier de dona-
teurs toujours plus vaste, avec un spectaculaire décollage au début des
années 1970 qui est autant la conséquence que la cause d’une plus
grande crédibilité.
Il y a alors mutation des rapports internes au conglomérat, qui se
mue en nébuleuse : contre les conceptions caractéristiques de la période
précédente, qui perdurent au PCF et dans certaines organisations de
masse, le Secours populaire propose de rendre les prérogatives des
structures ad hoc aux organisations de masse concernées, en plaçant ces
dernières en contact direct avec la société, et de rendre effectives toutes
les flèches d’interaction :
13_II-BRODIEZ_Conclusion.fm Page 229 Mercredi, 5. avril 2006 1:19 13

229
Conclusion

Figure 3 : Fonctionnement du conglomérat/nébuleuse selon le Secours


populaire (1955-1979)

Société
Organisations de masse

Parti
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)

© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 24/10/2023 sur www.cairn.info via Université Lyon 3 (IP: 193.52.199.24)
Cette période de transformations majeures n’en reste pas moins une
période de transition, et l’on ne peut que conclure sur l’assertion
programmatique du secrétaire général au congrès de 1977 : « Certains
trouvent que le Secours populaire a beaucoup changé ; or ce n’est
encore qu’une esquisse par rapport à ce que nous souhaitons qu’il
devienne 1. »

1. Siège du SPF, sans cote, Solidarité plus forte, congrès des 20 au 24 avril
1977, rapport d’activité.

Vous aimerez peut-être aussi