Vous êtes sur la page 1sur 27

Retrouver ce titre sur Numilog.

com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

AMOUR MATERNEL
Retrouver ce titre sur Numilog.com

" Collection CONVERGENCES "


Couronnée par l'Académie de Médecine
Prix PANNETIER 1955

Déjà parus:
MEDECINE ET EDUCATION.
Principes directeurs. (Epuisé.)
PROBLEMES MEDICO-PSYCHOLOGIQUES.
Médecine et Education II. (Epuisé.)
OBSTACLES ET RECOMMENCEMENTS.
Médecine et Education III.
MEDECINE ET ADOLESCENCE. (10 mille.) Edition italienne.
MEDECINE SOCIALE ET MEDECINE INDIVIDUELLE.
MEDECINE ET SEXUALITE. (15 mille.) Edition italienne.
LE COUPABLE EST-IL UN MALADE OU UN PECHEUR ?
Edition espagnole.
MEDECINE ET MARIAGE.
(Couronné par l'Académie d'Education et d'Entraide
sociales.) Editions espagnole et italienne.
OU COMMENCE LA MALADIE ? OU FINIT LA SANTE ?
PSYCHISME ANIMAL ET AME HUMAINE. Edition hollandaise.
MEDECINE ET GUERISON.
MEDECINE ET MERVEILLEUX.
DEVENIR ADULTE. Edition espagnole.
L'HOMME DEVANT L'ECHEC.
L'HOMME ET LES GROUPES SOCIAUX.
PERSPECTIVES ET LIMITES DE L'EXPERIMENTATION SUR
L'HOMME.
LA VIEILLESSE, PROBLEME D'AUJOURD'HUI.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

GROUPE LYONNAIS D'ETUDES MEDICALES


PHILOSOPHIQUES ET BIOLOGIQUES

AMOUR MATERNEL

" CONVERGENCES "


SPES — PARIS
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Nihil obstat :
Lugduni die 4a dec. 1961,
Joannes MORETON, c.d.
Francheville, le 4 déc. 1961,
J. MORETON,c.d.

Imprimatur :
Francheville, 15 décembre 1961,
Joseph BASSEVILLE, v.g.

© by Spes, Paris 1962.


Retrouver ce titre sur Numilog.com

INTRODUCTION

De la Vénus de Cros Magnon à la « Mère et l'Enfant »


du Picasso de l'époque bleue, combien d'artistes n'ont-ils
pas voulu figurer ce qu'ils ressentaient de l'amour ma-
ternel ! Combien d'écrivains n'ont-ils pas campé, de leur
côté, des personnages de mères depuis celle à qui Salo-
mon arracha un cri d'oubli de soi, qui a franchi les siè-
cles jusqu'à nous !
Quoi de plus facile à définir donc que l'esprit mater-
nel, à partir de cette moisson de documents auxquels
s'ajoutent depuis deux générations les résultats des tra-
vaux des ethnologues, des sociologues, des psychologues
et des psychiatres ? Constant à travers les siècles, per-
manent dans la quasi-totalité des civilisations connues,
cet esprit maternel, nous éprouvons, chacun pour notre
compte, son existence de manière ineffable dans les liens
que nous avons tissés avec notre mère à nous. Nous le
voyons vivre dans la cellule familiale que nous avons
construite, entre notre femme et nos enfants.

POURQUOI CE SUJET ?
Pourquoi donc prendre comme thème de ce livre un
sujet aussi bien défini en général que ressenti au plus
profond du cœur de chacun ?
Retrouver ce titre sur Numilog.com

C'est que notre civilisation européenne se trouve en


ce domaine, comme dans bien d'autres d'ailleurs, devant
un dilemme : abandonner des notions que les siècles pas-
sés avaient animées, mais que l'évolution des mœurs
vide peu à peu de leur substance, comme par exemple,
la maternité, « essence » de l'être féminin, et tenir
compte des acquisitions dues à l'élargissement de nos
connaissances dans les domaines, par exemple, de la
biologie ou de la psychologie.
Mais une notion préliminaire devra nous rester à l'es-
prit durant toute cette session, celle de notre objectivité
dans les débats qui vont suivre. Nous savons maintenant
déceler, dans la démarche la plus logique en apparence,
bien des motivations avec lesquelles le raisonnement n'a
que de lointains rapports et la perspective phénoméno-
logique comme l'approche psychanalytique nous ont ins-
truits sur la validité de nos attitudes « rationnelles ».
Indépendamment de l'incertitude où nous sommes trop
souvent déjà sur le terrain des faits (n'est-ce pas Mali-
nowski qui souligne que les théories anthropologiques
« mêlent quelques faits à beaucoup d'hypothèses »), la
subjectivité de nos théories « scientifiques » peut être
mise en évidence dans beaucoup de cas. Hélène Deutsch
cite le cas d'anthropologues partisans fervents de la théo-
rie matriarcale, c'est-à-dire du gouvernement initial des
sociétés par les femmes, l'un « parce qu'en une haine
névrotiquement inhibée, il luttait vainement contre le
pouvoir patriarcal de son propre père ; l'autre parce qu'il
remplaçait ainsi « sa mère énergique et dominatrice qu'il
avait adorée dans son enfance puis rejetée parce qu'elle
avait déçu ses exigences idéales, par la « grande mère »
du passé primordial » (1).
Tenant compte de ces facteurs subjectifs qui risquent
d'influencer nos raisonnements, on ne peut d'autre part
manquer d'être frappé par l'ampleur et la complexité
des éléments constitutifs de ce phénomène apparemment
1. Psychologie des Femmes, tome II. p. 8. P.U.F. 1957
Retrouver ce titre sur Numilog.com

si naturel qu'est la maternité. Aux processus biologiques


accessibles à l'observation directe correspondent un patri-
moine génétique et des mécanismes hormonaux relevant
eux-mêmes de l'hérédité tout autant que des influences
du milieu et du psychisme. Dans celui-ci à son tour s'ins-
crivent des éléments rationnels autant qu'intuitifs, indi-
viduels autant que collectifs.
Tout cela correspond à un élargissement de l'origina-
lité anatomo-physiologique et dynamique de l'être fémi-
nin qui dépasse cette notion fâcheuse de la « femme
porte-ovaire » à laquelle Wirchow se tenait, il y a une
centaine d'années, pour devenir « le modèle de tous les
amours » dont parle Alain.
Car la mère seule sans doute est capable de « cette
perfection de l'amour » qui est de « préférer ce qu'il
a » (Alain) 1
C'est dans la même perspective que nous retrouvons
de Greeff donnant comme modèle de son « instinct de
sympathie » l'amour maternel, et Buytendijk définissant
« l'amour propre à la vocation maternelle comme consis-
tant à demeurer tendrement près de ce qu'elle pos-
sède ».

QUELQUES PRECISIONS.
Mais il est indispensable, au risque de paraître de
tatillons logiciens, de préciser les différents termes que
nous allons utiliser. Par la même occasion nous verrons
les problèmes que nous posent ces termes eux-mêmes,
confrontés avec la réalité quotidienne qui est la nôtre.
Et tout d'abord, quand nous parlions tout à l'heure de
maternité, nous avions en vue la relation mère-enfant,
qui représente un tout psychologique, physiologique et
« situationnel » (si l'on peut se permettre ce terme). Au

1. Les Idées et les Ages, Gallimard, 1927, p. 237.


2. La Femme, Desclée, p. 369.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

premier plan de cette relation paraît bien se situer le


problème de la nourriture. Et si « le premier hymne
d'amour fut cet hymne au lait maternel chanté par tout
le corps de l'enfant » (Alain loc. cit.) encore ne peut-il
se faire entendre que si la mère exauce la demande
de son tout-petit.
Contrairement à ce qu'il est courant d'admettre, cette
relation positive n'est pas une conduite innée chez la
mère, mais les pressions sociales doivent y intervenir
dans une mesure que nous ont montrée les études de
Linton et Kardiner sur un type de civilisation « pri-
mitive », celle des Iles Marquises. Les femmes marqui-
siennes sont, si l'on peut dire, tout sexe ; leur valeur
sociale est liée à leur valeur sexuelle, et pas plus envers
leurs maris qu'envers leurs enfants, elles ne paraissent
capables de sentiments de tendresse. Elles ne nourris-
sent pas leurs enfants ou le font de manière brutale et
cette déficience de la mère « représente un mal sociale-
ment conditionné presque héréditaire et réellement
vécu » (H. Deutsch, loc. cit. p. 35).
Certains d'entre nous ont peut-être vu un film où nous
étaient montrées les différentes attitudes de jeunes
mères, donnant le sein. Il y est manifeste que, si cer-
taines le font tout naturellement, d'autres n'y arrivent
qu'au prix d'une « intellectualisation » qui leur permet
avec plus ou moins de succès de dépasser un refus ou
une peur inconsciente.
Le point de vue psychanalytique que nous donne le
Dr Dinard développe ces éléments « relationnels » qui
semblent dignes de retenir l'attention puisqu'ils jalon-
nent pratiquement les relations mère-enfant depuis les
premiers mois de grossesse jusqu'à Dieu sait quel âge
souvent ? C'est le thème tant de fois repris de la mère
source de tout bien (la vache) ou de la mère cruelle et
dévorante (la louve).
Nous ne connaissons que trop en neuro-psychiatrie
infantile les conséquences fâcheuses, voire désastreuses
des difficultés dans le développement de ces relations
Retrouver ce titre sur Numilog.com

mère-enfant. Certes Freud nous dit bien que « la seule


chose qui apporte une entière satisfaction à une mère
est sa relation avec un fils : c'est à coup sûr la relation
la plus complète qui soit entre deux êtres humains et
celle qui est la plus libre d'ambivalence « Mais que
de difficultés dans ses relations ne trouvons-nous pas à
l'origine des troubles du comportement de l'enfant !
Entre les deux pôles opposés de la carence affective
maternelle et de la mère castratrice, «hyperprotectrice »,
il n'est pas toujours possible de trouver une voie de
développement humain... Et l'on peut en dire autant lors-
que l'enfant est une fille.
Le Dr Colin apporte sur ces problèmes des informations
fort intéressantes puisées dans la pathologie de ces rela-
tions mère-enfant en les considérant du point de vue de
la femme

QU'EST-CE QUE L'INSTINCT MATERNEL ?


Quelle est la place de « l'instinct maternel » dans la
genèse de ces relations ? Y a-t-il chez la femme un équi-
valent de cette pulsion qui, chez l'animal, est responsa-
ble de l'apparition des comportements de nidification,
du soin des petits et de la défense de ceux-ci ? Avec le
Dr Bounoure, nous sommes éclairés sur le déterminisme
même de ce comportement animal. Dans quelle mesure
peut-on suivre l'opinion générale et admettre que l'état
hormonal de l'animal mère est seul en cause ? Ou bien
ses comportements relèvent-ils de l'action de stimuli
extérieurs (la présence des petits) susceptibles d'agir
sur des animaux autres que la mère ? En fait, des études
récentes mettent en évidence le rôle non négligeable
de ces facteurs de stimulation externe.
1. New Introductory lectures on psychanalysis, 1933.
2. Eliane BENIEST-NOIROT, Analyse du comportement dit ma-
ternel chez la souris (Monographies françaises de psychologie
C.N.R.S. 1959).
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Entre ces stimuli extérieurs et les incitations hormo-


nales, d'autres éléments peuvent trouver place et, au
premier plan, la douleur. « La souffrance de l'accouche-
ment est la clé qui ouvre la porte à l'amour maternel
chez tous les animaux depuis le termite jusqu'à la
baleine ; là où la souffrance est diminuée , l'amour mater-
nel et les soins attentifs sont diminués ; là où la douleur
est absente, il n'existe aucun amour maternel ». Ainsi
s'exprime un naturaliste sud-africain, Eugène Marais1
en se basant sur le comportement des biches demi-
sauvages, qui refusent leurs petits lorsqu'elles sont anes-
thésiées pendant le travail. Et J.-A. Hadfield, psychiatre,
qui rapporte ces conclusions de Marais, considère que
les femmes qui refusent l'accouchement avec anesthésie,
ne le font ni par perversité ni par masochisme mais
poussées qu'elles seraient par un stimulus physiologique
de l'instinct maternel. La douleur serait pour ce dernier
l'équivalent de l'odeur ou de la couleur pour l'instinct
sexuel
Les psychanalystes n'ont, faut-il le dire, pas laissé
passer ce problème. Pour Hélène Deutsch, « le dyna-
misme de la relation mère-enfant est perturbé « dans ce
cas » parce que l'enfant perçu dans le monde extérieur
ne coïncide pas nécessairement avec celui qui était dans
le sein de sa mère. C'est pourquoi celle-ci éprouve le
sentiment que « ce n'est pas son enfant » (loc. cit. p. 220).
La même question, si nous avons bonne mémoire, s'était
posée à propos de l'allaitement maternel considéré comme
l'expression la plus tangible de l'instinct du même nom.
En fait, là encore, lorsque l'on sait que la lactation est
un des plus beaux champs d'exercice de la doctrine psy-
chosomatique, on peut douter d'une relation brute entre
elle et l'instinct maternel.
Qu'une négresse primitive voie tarir son lait par crainte
que son mari se détourne d'elle pour une de ses compa-

1. L'âme de la fourmi blanche.


Retrouver ce titre sur Numilog.com

gnes aux seins plus abondants ou qu'une jeune euro-


péenne soit « agalactique » parce que la mode est aux
petits seins, « les résultats sont analogues malgré les
différences qui existent dans leurs buts et leurs cultu-
res » (H. Deutsch, loc. cit. p. 245).

INSTINCT MATERNEL ET INSTINCT SEXUEL,


La question se complique encore car nous butons à
propos de l'allaitement sur une autre difficulté, celle de
la relation entre instinct maternel et instinct sexuel.
On sait que les connexions entre mamelons et appareil
génital peuvent expliquer l'apparition de sensations
sexuelles en cours d'allaitement avec leurs conséquences
de refoulement et de réactions possibles de dégoût pour
l'enfant. Sur un plan plus général, y a-t-il antagonisme
entre les instincts sexuel et maternel ? Cela est de
règle, on le sait, chez l'animal. Chez la femme, la distinc-
tion entre l'un et l'autre peut revêtir d'innombrables
formes, depuis l'absence de ces deux instincts jusqu'à
leur totale opposition.
H. Deutsch (p. 23) cite à ce propos fort justement « Les
mémoires de deux jeunes mariées » où s'opposent la fem-
me courtisane faite pour la passion, et la femme mère,
même avec son mari. Et Tolstoï n'a-t-il pas excellement
décrit la coupure qui s'opère entre l'Anna Karénine épou-
se fidèle et l'Anna adultère passionnée, dans son attitude
vis-à-vis de ses enfants ?
Dans l'état actuel de notre évolution sociale ne peut-
on dire qu'un modus vivendi tend à permettre la satis-
faction de l'un et l'autre instincts ? La multiplication
des « substituts maternels » par exemple, et à commen-
cer par le père lui-même, est peut-être une des solutions
à ce conflit, sans doute pour beaucoup de femmes vide
de sens, entre l'épouse et la mère ?
Retrouver ce titre sur Numilog.com

LE CONTEXTE SOCIOLOGIQUE
L'amour maternel en tant qu'expression affective
directe de la relation positive avec l'enfant, s'inscrit
précisément dans le contexte sociologique, dont le
R. P. Goetz nous montre certains aspects des plus typi-
ques. Il y aurait une recherche bien intéressante à appro-
fondir sur les liens existant entre «les vieilles religions »
dont ne subsistent plus guère pour nous que des aspects
fortement altérés comme la sorcellerie, et la vue intui-
tive du symbolisme originel de la mère. M. Buytendijk
y fait allusion (p. 361 de son livre). Joseph Folliet a très
bien vu incidemment la valeur de ce culte de la «grande
mère » (cf. son chapitre des « Groupes Sociaux »).
Quoi qu'il en soit, l'accord est unanime, des psychana-
lystes aux phénoménologistes, pour reconnaître que le
trait dominant de l'amour maternel est la tendresse.
«Sweetness », disent les Anglais, ce mélange de douceur
et de gentillesse, qui élimine à coup sûr de l'amour
maternel les influences de la sensualité et de l'agressi-
vité. Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient supprimées,
et on aurait beau jeu par exemple de montrer, comme
M. Buytendijk l'a fait, l'ambivalence de cette expé-
rience : « le caressant est caressé » (p. 366).
Il n'en reste pas moins que cette tendresse est le trait
spécifique de l'amour maternel et permet à celui-ci de
s'adapter aux étapes de la croissance de l'enfant. Car,
est-il besoin de rappeler que les soins maternels ne se
limitent pas pour la femme à quelques semaines ou quel-
ques mois ? Et c'est au cours des années menant le petit
enfant, partie de son propre moi, jusqu'à l'adolescent
ou l'adolescente, qui lui échappe ou s'oppose à elle, que
la mère doit garder son amour constamment en alerte.
On connaît la conception du « cordon ombilical psycho-
logique », défendue par H. Deutsch. Ce qui semble évi-
dent à qui considère la tendresse de la mère pour son
enfant, c'est le mélange qu'elle représente d'intelligence
Retrouver ce titre sur Numilog.com

et d'intuition. Mélange qui se modifie justement avec les


années ; car, au départ, comme le dit parfaitement encore
H. Deutsch, il faut « voir la mère comme une station
réceptrice pour les impulsions affectives de l'enfant »
(loc. cit., p. 259). Réciproquement, l'enfant réagit aux
réactions émotionnelles conscientes et inconscientes de
sa mère à ses propres problèmes
Le chapitre de M. Buytendijk nous ouvre sur ce point
toutes les intéressantes perspectives qu'offre la phéno-
ménologie.
En fait, ne peut-on dire à propos de l'amour maternel
ce qui peut l'être à propos de tout processus dynamique
intéressant l'être humain ? Ce qui est étonnant, ce n'est
point le pourcentage de « ratés », c'est-à-dire en l'occur-
rence des déviations névrotiques, mais celui des réus-
sites qui donnent des couples mère-fils et mère-fille,
somme toute harmonieux. Car les risques qui sont sur-
montés au cours de chaque étape par l'amour maternel
sont tels qu'il semblerait qu'à chaque fois l'échec soit la
seule issue humaine. Et pourtant, l'étape est franchie,
puis une autre et ainsi de suite jusqu'à l'état d'aïeule !

LA VOCATION MATERNELLE
Peut-être pouvons-nous maintenant, à partir de ces
jalons que nous nous sommes efforcés de planter avec
précision, définir l'objet final de cette session, je veux
parler de l'esprit maternel, ou encore de la vocation
maternelle. H. Deutsch (p. 16, loc. cit.), nous dit qu'elle
a en vue à son propos, « deux idées :
» a) Une certaine qualité de caractère qui empreint
toute la personnalité de la femme ;

1. Dorothée BURLINGHAM: « Die Fühlung des Kleinkides in die


Mutter ». Imago vol. 21 1935.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

» b) Des phénomènes émotifs qui semblent en rapport


avec la faiblesse de l'enfant et son besoin de protection ».
Et elle établit une comparaison entre la femme fémi-
nine et la femme maternelle, pour souligner que les com-
posantes masochiste, narcissique, qui caractériseraient
la première, sont enrichies par les éléments actifs spéci-
fiques de protection et de nutrition de l'enfant.
Cette perspective apparaît un peu courte et demande
à être relayée et développée ; M. Buytendijk disait déjà
(loc. cit., p. 362) : « Dans la vocation maternelle, le souci
d'autrui s'épanouit parce que, comme toute sollicitude,
il ne s'accomplit que dans l'unité significative d'une plu-
ralité d'actes et la réalité d'un pur amour. »
C'est qu'aussi bien, l'esprit maternel dépasse-t-il le
cadre de la maternité charnelle, comme nous le démontre
son existence chez la femme non mariée ou chez la
femme mariée involontairement sans enfant. Il « trans-
cende » très largement donc l'instinct maternel et même
l'amour maternel.
A M Suzanne Fouché revenait la tâche de montrer
comment les vocations « para-maternelles » trouvent leur
accomplissement dans une telle perspective.
En effet, dans son aspect spécifiquement unique d'al-
truisme, l'esprit maternel ne peut se confondre avec
toutes les composantes égocentriques et narcissiques qui
sont satisfaites par la mise au monde d'un enfant. L'évo-
lution sociale va dans le même sens, et représente une
aide pour la femme sans enfant ; car il faut bien dire
objectivement que celle-ci garde encore vis-à-vis d'elle-
même une attitude correspondant à la vieille condamna-
tion populaire de la femme stérile.
C'est vers d'autres créations que l'esprit maternel tel
que nous l'avons défini peut s'orienter en l'absence de
l'enfant... et même en coexistence avec lui, comme le
montre l'exemple de certaines femmes, artistes et bonnes
mères.
Ce point de vue est parfaitement éclairé par le cha-
pitre que signe M Guy Dufourt.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

CONCLUSION

Qu'on me permette donc de conclure encore avec une


citation d'H. Deutsch (loc. cit., p. 152) : « Toute création
originale, toute œuvre d'art en particulier, associe peut-
être deux éléments fondamentaux : l'un, maternel, prin-
cipe qui donne la naissance, qui mène à la création intui-
tive, et l'autre, masculin, activité qui engendre. Lafemme
investit d'habitude son besoin créateur dans la tâche de
reproduction et dans l'enfant ; l'homme l'investit dans
son travail. Mais peut-être est-il vrai aussi que l'homme,
faute d'une composante d'esprit maternel dans sa struc-
ture psychique, ne puisse donner l'être à son travail, et
que la productivité de la femme ne puisse se réaliser
sans une puissance virile ! »
Ces vues certainement plus enrichissantes que le dua-
lisme masochisme-narcissisme, sont encore cependant
insuffisantes dans la mesure où elles ne sont pas entiè-
rement débarrassées des idées freudiennes sur l'envie du
pénis à jamais insatisfaite (évidemment !) chez la femme.
Dans ce sens, nous comprenons mieux Simone de Beau-
voir lorsqu'elle affirme que «la femme se détermine elle-
même en prenant à son compte et en assumant sa nature
dans l'affectivité ».
Engagement par un choix, celui du don et du don
tendre, n'est-ce pas ce qu'on pourrait retenir de l'esprit
maternel ? Formule par trop simplifiée, mais qui permet
de tenir compte de ses composantes héréditaires, hormo-
nales et mésologiques, sans perdre de vue comment il
peut s'inscrire dans une perspective chrétienne. Ce qui
explique, malgré l'étonnement que certains en ont mani-
festé, que ce livre se termine par une étude sur la Vierge
Marie, Vierge mère due à la plume du R.P. Moingt.
D Claude KOHLER.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

CHAPITRE I

Les fondements physiologiques


de l'amour maternel
Définir les « enracinements » organiques de l'amour
maternel, montrer comment l'instinct des animaux en
représente les prémices sans qu'il y soit réductible, telle
est la tâche qu'assume le P Louis BOUNOURE. On appré-
ciera avec quelle intéressante documentation son exposé
éclaire le lecteur, et l'on n'en attendait pas moins du
Professeur de Biologie générale à la Faculté des Sciences
de Strasbourg. Lauréat de l'Académie des Sciences (Prix
Vaillant, 1938), le P BOUNOURE a donné d'importantes
publications scientifiques et des livres dont nous rappel-
lerons les plus récents : « L'instinct sexuel » (1956) et
« Déterminisme et Finalité, double loi de la vie ».
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Tout enfant qui naît entre dans le monde sous d'heu-


reux auspices ; car sa première rencontre est celle de
l'amour maternel, et cet amour en fait une expérience
comblée. A ce petit être nu, faible, affamé, incapable de
se mouvoir et de subsister par lui-même, sa mère dis-
pense, en une exacte mesure, la nourriture, les soins et ce
lait de la tendresse qui ne lui est pas moins nécessaire
que le lait du sein. En chaque mère, la Nature se fait Pro-
vidence : « Il y a, n'est-ce pas, le Bon Dieu du monde,
disait Charles-Louis Philippe, mais un mère. c'est le Bon
Dieu du petit enfant. »
Or. la maternité n'est pas un phénomène limité à l'es-
pèce humaine ; c'est l'effet, disait Montaigne, d' « un ins-
tinct perpétuellement empreint aux bestes et en nous »,
et, dans « l'affection que l'engendrant porte à son en-
geance»,il discernait «quelque loy vrayment naturelle ».
De cette loi, on peut dire, comme le D Biot parlant de
la grande fonction reproductrice : « C'est l'espèce qui
agit, c'est la vie qui s'assure la survie. » Aussi, appar-
tient-il au biologiste d'en scruter les fondements orga-
niques et physiologiques avec les moyens de la science ;
de tels moyens, il est vrai, ne peuvent être appliqués
à l'être humain, car cet être exclut la possibilité de l'ex-
périmentation, base méthodique ; et, en fait, c'est chez
les animaux qu'ont été acquises toutes nos connaissances
sur les fonctions maternelles.
D'autre part, il est impossible au biologiste de péné-
trer dans ce que pourrait être la pensée des bêtes, et
Retrouver ce titre sur Numilog.com

tout ce qu'il peut connaître de la lapine ou de la rate


qui élève ses petits, c'est son comportement, c'est-à-dire
l'ensemble des actes qu'elle accomplit pour sa progéni-
ture. Autrement dit, étudier la physiologie de la mère,
c'est étudier, non l'amour maternel, apanage sublime
de l'espèce humaine, mais l'instinct maternel, et comme
le spirituel s'enracine toujours dans le charnel, on tien-
dra pour certain que l'amour de la femme pour son
enfant s'alimente fondamentalement aux mêmes sources
et participe aux mêmes modes que chez les femelles de
tous les mammifères.
Une telle étude présuppose donc que l'on a une idée
claire de la notion d'instinct.

QU'EST-CE QUE L'INSTINCT?


Forme par excellence de l'activité animale, l'instinct
est la fonction innée qui pousse l'être mobile vers un
objet d'appétition, seul capable de satisfaire chez cet
être un besoin déterminé : cet objet, c'est la proie si
l'être a besoin de nourriture ; c'est le partenaire sexuel,
s'il est mû par le besoin sexuel ; c'est le nouveau-né qui
satisfera l'instinct maternel.
On peut distinguer dans tout instinct deux éléments
différents d'activité :
1° Une impulsion neuro-motrice, qui traduit le besoin
interne et qui pousse l'animal à rechercher l'objet de
ce besoin ; elle a pour cause une motivation physiolo-
gique, dans laquelle les facteurs hormoniques tiennent
la plus grande place.
2° Un acte d'exécution ou consommateur, qui satisfait
le besoin et met fin à la motivation interne ; cet acte
s'accomplit suivant une forme fixe, stéréotypée, automa-
tique, qui est une propriété héréditaire de l'espèce ; il
est de nature psycho-physiologique, en ce sens qu'il
dépend d'une perception extérieure : il se déclenche, en
Retrouver ce titre sur Numilog.com

effet, quand l'objet de l'instinct est perçu par l'animal,


sous forme d'un stimulus d'exécution.
Voici un exemple simple, celui de l'oiseau de proie,
un faucon qui a faim : sous la pression de ce besoin,
l'animal part dans son vol de recherche et explore du
haut un vaste terrain ; la vue d'une proie vivante au
sol déclenche le « piqué » du faucon, qui fond sur elle,
la tue et la dévore suivant un rite invariable. Mais le
plus souvent, les activités instinctives sont complexes
et comprennent une série d'actes enchaînés les uns aux
autres en une séquence fixe et caractéristique ; c'est le
cas notamment de l'instinct maternel.
Cet instinct se distingue par un trait particulier des
autres activités instinctives ; dans celles-ci, l'objet d'ap-
pétition est fourni par le milieu extérieur, la proie si
l'animal a faim, l'eau s'il a soif, un conjoint sexué s'il
est en rut. Dans la tendance maternelle, la femelle se
donne à elle-même des objets propres à la satisfaire,
à savoir sa progéniture ; la maternité, en effet, est étroi-
tement liée à l'instinct de reproduction dont elle est un
véritable prolongement à la fois dans son déterminisme
et dans sa finalité.

LES ACTES DU COMPORTEMENT MATERNEL


Dans la plus grande partie du monde animal, il n'y
a point de comportement maternel : souvent, la femelle
progénitrice abandonne ses œufs au hasard et n'aura
aucun contact avec les jeunes qui en sortiront. On sait
que les femelles des hyménoptères approvisionnent de
proies vivantes et paralysées le nid où écloront leurs
larves : celles-ci pourront, par exemple, se nourrir des
grillons amassés par le sphex, ou des chenilles récoltées
par l'ammophile ; mais cette clairvoyance aveugle pour
une progéniture que la mère ne connaîtra pas, n'est
qu'un exemple frappant de cette préparation inconsciente
du futur, où Cuénot voyait un trait constant de la vie.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Même chez les vertébrés inférieurs, les jeunes n'exigent


aucun soin maternel et vivent dès la sortie de l'œuf
par leurs propres moyens. Ce n'est que chez les oiseaux
et les mammifères que l'on voit apparaître les véritables
manifestations maternelles. On peut les observer assez
facilement chez les animaux de laboratoire, ou élevés
en domesticité ou en captivité.
Le comportement comprend d'une façon générale trois
sortes d'actes : la confection du nid, les soins donnés aux
nouveau-nés, et l'allaitement ; on les examinera chez
les mammifères, puis chez les oiseaux.
Vers la fin de la période de gravidité, la lapine domes-
tique aménage un nid avec des brins de paille, du foin,
des copeaux, et le tapisse de poils qu'elle arrache de
sa région ventrale. La rate, en élevage de laboratoire,
transporte et amasse des morceaux de papier, débris
d'étoffes et autres matériaux disponibles, pour en faire
un nid grossier, établi de préférence dans un coin de
la cage. Il ny a que de rares exemples de nids plus par-
faits, celui du rat des moissons, de forme sphérique et
tissé avec des feuilles divisées en lanières, et celui de
l'écureuil, constitué par une armature de branchettes
et garni de mousse à l'intérieur.
Lors de la mise bas, la mère se livre à des manoeuvres
précises et pour ainsi dire rituelles : elle ouvre les mem-
branes fœtales, sectionne le cordon ombilical, mange le
délivre, puis pratique un léchage des nouveau-nés, qui
a évidemment le sens d'un nettoyage tégumentaire. Chez
le lapin, la souris, le chien, etc., les petits naissent nus,
aveugles, incapables de régler leur thermogenèse : la
mère les rassemble sous elle, de manière à les recouvrir
au moins en partie, les protégeant ainsi du froid, et les
refoulant en arrière vers la région de ses mamelles :
lorsqu'ils commencent à se mouvoir et tendent à sortir
du nid, elle les y ramène en les transportant dans sa
gueule. Mais chez beaucoup d'autres mammifères, cobaye
lièvre, la plupart des ongulés, les jeunes naissent déjà
Retrouver ce titre sur Numilog.com

revêtus de poils, les yeux ouverts, et capables au bout


de très peu de temps de se tenir sur leurs pattes : aussi
leurs contacts avec la mère, nécessités par l'allaitement,
sont-ils intermittents, et cessent-ils plus ou moins tôt.
L'allaitement, acte nourricier par excellence, est pré-
paré chez la mère, pendant la gravidité, par le dévelop-
pement fonctionnel des canaux galactophores et des
acini sécréteurs des glandes mammaires ; dès la partu-
rition, commence une abondante sécrétion de lait, dite
montée laiteuse ; elle est précédée par l'évacuation du
colostrum, liquide trouble provenant du premier lait
digéré sur place, dans la glande, par des phagocytes. Les
petits, poussés par la faim, ne tardent pas à prendre les
mamelons dans leur bouche, et sous l'action de la succion,
l'allaitement s'établit régulièrement. Le nombre des
mamelles, en rapport avec le nombre des petits d'une
portée, varie de deux chez la chèvre, à six chez la truie.
La durée de l'allaitement est très variable : 10 à 20 jours
chez les petits rongeurs, un mois chez la lapine, deux
mois chez la chienne, 10 mois chez la jument et la vache.

LES OISEAUX.
Au comportement des mammifères il y a lieu de com-
parer celui des oiseaux quant à ses traits les plus sail-
lants.
La nidification prend dans ce groupe une importance
considérable ; elle obéit à un instinct héréditaire très
marqué : le nid, quant à son emplacement, à ses maté-
riaux de construction et à sa forme, est tout à fait carac-
téristique de chaque espèce ; il en existe une variété infi-
nie ; un couple d'oiseaux, isolé de ses congénères depuis
le plus jeune âge, édifiera son nid, le moment venu, con-
formément à la norme de son espèce, sans aucun appren-
tissage.
Les œufs sont pondus dans le nid et la femelle s'établit
sur eux pour les couver, leur fournissant ainsi la chaleur
Retrouver ce titre sur Numilog.com

nécessaire pour leur développement. La femelle seule


assure l'incubation chez beaucoup de passereaux, la plu-
part des palmipèdes (cygnes, oies, canards), les gallina-
cés (faisans, coqs, paons), etc... Mais chez d'autres oiseaux,
elle est aidée par le mâle qui la relève suivant un rythme
assez fixe dans chaque espèce. L'incubation s'accom-
pagne, chez l'oiseau couvreur, de l'apparition, sur la face
abdominale, d'une ou deux plaques incubatrices, au
niveau desquelles la peau perd ses plumes, se vascularise
fortement et devient le siège d'un échauffement spécial.

L'INSTINCT PATERNEL.
Les deux parents contribuent également à nourrir les
jeunes et à cet égard, l'instinct paternel est très déve-
loppé chez les oiseaux. Quand le parent arrive au nid,
porteur d'une petite proie, tous les petits dressent haut
la tête, ouvrent automatiquement le bec, et reçoivent la
becquée déposée dans leur bouche. Les corbeaux, les
hirondelles, les mésanges introduisent le bec assez pro-
fondément dans la gorge des nouveau-nés et leur régur-
gitent le contenu du jabot, de l'œsophage et de l'esto-
mac.
Dans le groupe des pigeons et tourterelles, le jabot,
chez les individus des deux sexes, sécrète une sorte de
matière riche en protides ou en lipides, nommée « lait
de jabot », qui constitue au début la seule nourriture des
petits ; elle est dégorgée par le parent nourricier et le
jeune va la chercher dans sa bouche ; la sécrétion, à
mesure que le nouveau-né grandit, s'enrichit d'éléments
plus ou moins digérés et régurgités, qui se mêlent aux
produits de desquamation de l'épithélium. Le lait de
jabot est une sorte d'équivalent physiologique du lait
des mammifères, bien que de nature et d'origine très
différentes.
Parmi les différents actes que nous venons de décrire,
on peut se demander où commence le véritable compor-
Retrouver ce titre sur Numilog.com

S'il est un mode de relations humaines à la fois ineffable et


sans arrêt décrit par les écrivains et les artistes, cest bien celui
entre mère et entant. Quoi de plus clair, quoi de plus universel-
lement eprouvé que l'amour maternel, et pourquoi donc lui consa-
crer ce volume de la collection « Convergences » ?
C'est que l'on peut penser que l' esprit maternel traverse, au
moins dans les civilisations dites occidentales, une crise dont les
conséquences sur l'avenir de l' humanité — l' expression n'est pas
excessive — risquent d'être tragiques. Si la famille « patriarcale »
fait place à un couple d'adultes de droits égaux autour desquels
gravitent à plus ou moins grande distance deux ou trois entants,
si la femme se met au travail par obligation ou volonté d'indépen-
dance, si la campagne en faveur de la régulation des naissances
trouve des justifications dans d'apparentes nécessités et de secrets
égoïsmes, quelle place peut-on encore faire à l'esprit maternel ?
Quels sont ses « motivations » et ses développements sur le plan
social comme sur le plan professionnel ?
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections


de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Vous aimerez peut-être aussi