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Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du

monde
Fiche de lecture :
Plan de la fiche:
I Présentation de l’auteur
II Contexte de l’oeuvre
III Découpage
IV Personnages principaux
V Résumé détaillé
VI Notions
VII Citations / Plans
VIII Intro et Ouverture

I Présentation de l’auteur:

Né en 1957, Jean-Luc Lagarce est un auteur français. Ses parents sont


d’origine sociale modeste. Très vite, il se passionne pour le théâtre et la
mise en scène. Jean-Luc Lagarce fait des études de lettres et de
philosophie. Il monte une troupe avec des amis et essaie de se faire un
nom sur les scènes parisiennes. Le comédien écrit de nombreuses pièces,
mais ne rencontre pas tout de suite le succès. Il s’installe à Paris en 1980.
Son œuvre est avant tout théâtrale (25 pièces) et il travaille beaucoup
pour la radio, France Culture en particulier. En 1990, il s’installe à Berlin
où il termine Juste la fin du monde, la pièce pour laquelle il est connu et
traduit dans le monde entier aujourd’hui. Jean-Luc Lagarce décède en
1995 des conséquences de la maladie du sida. Il est inhumé de manière
anonyme au cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

II Contexte de l’oeuvre:

Juste la fin du monde paraît en 1990. En raison du manque de


prévention et du manque de connaissance sur le virus, la maladie du sida
fait des ravages- c’est particulièrement le cas dans les milieux
homosexuels. Les traitements pour vaincre le sida n’apparaîtront que
plus tard.

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III Découpage:

Prologue
1 ère partie 11 scènes
Intermède: 9 scènes
2 ème partie 3 scènes
Epilogue

IV Caractéristiques des personnages principaux:

Louis: 34 ans. Personnage principal de la pièce, il apparaît dès le


prologue. Louis est écrivain et essaie de vivre de sa plume. Louis est
atteint d’un mal dont nous ne savons pas le nom. Il tente par tous les
moyens de parler avec sa famille, mais la communication semble
compliquée voire impossible. Louis repartira de chez lui en n’ayant pas
révélé à sa famille qu’il les voyait pour la dernière fois.

Antoine: C’est le frère de Louis. Il a 32 ans. Il est ouvrier qualifié dans


une usine. Il reproche des choses à Louis. Il est père de deux enfants qu’il
a eu Catherine, sa femme. Il se disputera avec Louis. Cette dispute sera
l’une des raisons du renfermement de Louis et de son départ dans le
silence.

Catherine: est la femme d’Antoine. Elle a 32 ans elle aussi. Elle ne


connaissait pas Louis avant qu’il ne rentre chez lui.

Suzanne: Suzanne a 23 ans. Elle est la sœur de Louis.

La mère de Louis: elle a 61 ans. Elle a élevé ses enfants seule, le père de
Louis est mort depuis longtemps.

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V Résumé détaillé:

Première partie:
Prologue: La première partie se passe dans la maison de la mère et de
Suzanne, un dimanche. Un homme parle et raconte qu’il rentre chez lui
annoncer une nouvelle à sa famille. Il dit qu’il va mourir et que c’est ce
qu’il va tenter d’annoncer à sa famille.

Scène 1: Une fois arrivé chez lui, Louis retrouve Suzanne, Catherine et
Antoine, et sa mère. Catherine est la femme d’Antoine, et Louis ne s’est
pas rendu à leur mariage. Ils se rencontrent pour la première fois. Louis
est venu en taxi depuis la gare, alors que Suzanne aurait aimé aller le
chercher. Antoine et Suzanne se chamaillent.

Scène 2: Catherine explique à Louis qu’elle a deux enfants avec Antoine.


Louis comprend qu’on lui reproche de ne pas souvent venir voir son
neveu et sa nièce. La plus grande a 8 ans, le garçon a 6 ans. On explique à
Louis qu’il aurait dû donner des nouvelles.

Scène 3: Suzanne prend la parole dans la scène 3. Elle explique à Louis


qu’elle ne le connaît presque pas. Elle laisse entendre que le métier de
Louis est écrivain. Elle lui reproche de n’avoir écrit que des cartes
postales. Antoine et Louis ont passé leur enfance ensemble. Antoine
reprend constamment sa mère, lui coupe la parole.

Scène 4: Leur mère raconte comment les dimanches se passaient quand


leur père était vivant. On comprend que le père est mort et qu’il aimait
les voitures. La mère de Louis raconte à quel point Antoine et son frère
se battaient plus jeunes.

Scène 5: Louis prend la parole. Il exprime des regrets de ne pas être venu
plus tôt. En aparté, il se demande s’il pourra leur avouer la véritable
raison de son retour.

Scène 6: Catherine s’excuse pour les reproches qu’elle a fait plus tôt à
Louis. On en apprend plus sur la situation d’Antoine dans la scène
suivante. Il est ouvrier qualifié dans une usine d’outillage. Il est l’opposé

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de son frère.

Scène 7: Suzanne et Louis parlent ensemble.

Scène 8: Sa mère confie à Louis qu’Antoine et Suzanne ont aussi des


choses à dire à Louis.

Scène 9: Une dispute éclate à propos du vouvoiement. On voit bien que


la famille était sur le bord de l’implosion. Antoine et Suzanne quittent la
scène.

Scène 10: Louis se parle à lui-même et essaie de se convaincre de parler


aux autres.

Scène 11: La dernière scène de la première partie se clôt sur une dispute
entre Antoine et Louis, Antoine disant en substance à Louis que son
retour lui est complètement égal.

Intermède:

Scène 1: Sa mère cherche à parler avec Louis. Ils ne se comprennent pas.

Scène 2: Antoine et Suzanne se réconcilient.

Scène 3: Louis parle seul sur scène.

Scène 4: Antoine et Suzanne se demandent ce que Louis est venu leur


dire. Ils ont un mauvais pressentiment.

Scène 5: Catherine et Louis cherchent le reste de la famille.

Scène 6: Suzanne et Antoine parlent du bonheur.

Scène 7: La mère de Louis finit par retrouver Catherine. Elles cherchent


Louis.

Scène 8: Antoine et Suzanne se chamaillent encore.

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Scène 9: Louis et sa mère parlent- elle a cru qu’il était parti après sa
dispute avec Antoine.

Deuxième partie:

Scène 1: Dans une grande tirade, Louis explique qu’il ne dira pas la
raison de son retour à sa famille, et qu’il a décidé de leur cacher sa mort
prochaine. Il est donc le seul à savoir que c’est la dernière fois qu’ils se
voient.

Scène 2: Antoine et Suzanne proposent de raccompagner Louis. Mais


cette idée prend à nouveau la forme d’une dispute. Suzanne prend le
parti de Louis en reprochant à Antoine d’être brutal avec son frère.
Antoine dit qu’il est désolé.

Scène 3: Antoine explique ce qu’il reproche à son frère: il a toujours été


un peu plus aimé de sa mère que lui.

Epilogue: Louis raconte que quelques mois après cette visite, après
avoir un peu voyagé, il finit par mourir.

VI Notions :

Crise: Situation de trouble, due à une rupture d’équilibre et dont l’issue est
déterminante pour l’individu.

Théâtre de l’absurde: mouvement théâtral débutant en 1950 et se


terminant vers 1970. Les thème sont la difficulté à communiquer et sur
l’absurdité de la vie. Les auteurs sont Samuel Becket, Eugène Ionesco, Jean
Genet. La pièce Juste la fin du monde reprend l’idée de l’incommunicabilité,
notamment grâce au personnage de Louis.

Comédie Française: théâtre le plus connu de France. Institution qui


emploie de nombreux comédiens et qui valorise les écrits de théâtre. La pièce
est entrée au répertoire en 2008.

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Classicisme: mouvement littéraire ayant pris son essor au XVIII ème siècle
et qui a hérité des formes antiques. Les thèmes sont nobles. Au théâtre, les
règles sont strictes (notamment les règles d’unité de lieu, de temps et
d’action).

Théâtre antique: théâtre de la Grèce antique (V ème siècle av. J-C). Certains
élément de la pièce (le retour du héros, qui rappelle Ulysse et l’Odyssée),
présence d’un prologue et d’un épilogue, finalité cathartique) permettent de
dire que l’une de influences de l’auteur a pu être le théâtre antique.

L’autofiction: genre romanesque qui présente des personnages proches de


l’auteur.

Incommunicabilité: fait de ne pas arriver à communiquer avec autrui.


Drame familial: pièce dramatique qui met en scène une famille qui se déchire.

Texte testamentaire: texte qui aura une portée plus importante lorsque son
auteur sera mort.

Prologue: texte hérité de la tradition antique qui présente la pièce et ses


enjeux. Dans la Grèce antique, le prologue était souvent clamé par le chœur,
un groupe d’acteurs sur scène.

Épilogue: texte lui aussi hérité de la tradition antique mais qui traite cette
fois-ci de la conclusion du texte. C’est la dernière scène d’un roman ou d’une
pièce de théâtre.

VII Citations / Plans :

Liste de citations pour "Juste la fin du monde" de Jean-Luc


Lagarce
● « J'ai près de 34 ans et c'est à cet âge que je mourrai »
● Contexte : Prologue, Louis s'adresse directement au public,
annonçant son destin tragique dès le début de la pièce.
● But : Introduire immédiatement le thème de la fatalité et de
la tragédie personnelle, établissant le ton sombre et
inévitable de la pièce.

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● « Dire / seulement dire / ma mort prochaine et irrémédiable »
● Contexte : Prologue, Louis exprime son besoin urgent et
difficile de partager la nouvelle de sa mort imminente avec sa
famille.
● But : Montrer la difficulté et le poids émotionnel de révéler
des vérités aussi dures, soulignant le conflit intérieur de
Louis.

● « Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus »


● Contexte : Épilogue, Louis réaffirme sa mort imminente,
concluant la pièce avec cette même certitude tragique.
● But : Renforcer le thème de l'inéluctabilité de la mort et
laisser une impression durable de la fatalité sur le spectateur.

● « Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai »


● Contexte : Épilogue, Louis exprime ses regrets pour les
choses non dites et non faites avant sa mort.
● But : Mettre en lumière les thèmes de regret et de non-dits
qui hantent les personnages, ajoutant une profondeur
émotionnelle à la tragédie.

● « Je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui


résonnerait dans toute la vallée, que c’est ce bonheur-là que je
devrais m’offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne
l’ai pas fait. »
● Contexte : Épilogue, Louis réfléchit sur son désir refoulé de
s'exprimer pleinement et librement.
● But : Illustrer l'auto-censure et le manque d'expression,
ajoutant à la frustration et à la tragédie personnelle de Louis.

● « Pourquoi ne pas vous avoir parlé ? Il y a des vérités qui ne


peuvent être révélées qu’à condition d’être découvertes »
● Contexte : Citation de Nawal dans "Incendies" de Wajdi
Mouawad, utilisée pour éclairer une dynamique similaire
dans "Juste la fin du monde".
● But : Souligner l'importance et la difficulté de révéler des
vérités inconfortables, reflétant la communication

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dysfonctionnelle dans la famille de Louis.

● « Ils sont là, avec moi, les personnages de l’histoire. Je les laisse se
présenter eux-mêmes. Ça, ils peuvent le faire. Ils peuvent
raconter… aussi… Mais si je les laisse seuls, tous les quatre, ils ne
pourront pas dire le plus important. »
● Contexte : Citation d'Alice dans "Trois petites sœurs" de
Suzanne Lebeau, utilisée pour souligner les limites de
l'auto-expression.
● But : Montrer comment les personnages ont besoin de temps
et de guidance pour exprimer les vérités les plus profondes et
significatives.

● « Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas


dignes. »
● Contexte : Suzanne, scène 3 partie 1, reproche à Louis son
silence et son apparente indifférence.
● But : Illustrer comment le silence de Louis est interprété
comme un mépris, exacerbant les tensions familiales.

● « Je ne me souviens pas de toi – je ne savais pas que tu partais


pour autant de temps, je n’ai pas fait attention »
● Contexte : Suzanne, scène 3 partie 1, exprime sa douleur et sa
confusion face à l'absence prolongée de Louis.
● But : Mettre en lumière l'impact de l'absence de Louis sur les
relations familiales, soulignant le thème de la désolation
familiale.

● « Ces petits mots — les phrases elliptiques — ces petits mots, ils
sont toujours écrits au dos de cartes postales »
● Contexte : Suzanne, partie 1, scène 3, critique la façon
distante et impersonnelle de communiquer de Louis.
● But : Montrer la superficialité et l'insuffisance des
communications de Louis, contribuant au mal-être familial.

● « Mais tu restes l’aîné, aucun doute là-dessus. »


● Contexte : Antoine, scène 2 partie 1, rappelle à Louis son
statut de frère aîné malgré son absence.

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● But : Souligner la tension et la rivalité entre les frères,
exacerbées par les rôles et les attentes familiales.

● « C’est comme un débarras... on y met les vieilleries qui ne servent


plus qu'on n’ose jeter »
● Contexte : Suzanne, scène 3 partie 1, parle de la chambre de
Louis, qui est restée intacte malgré son absence.
● But : Illustrer le sentiment de marginalisation et de
non-valorisation de Louis, contribuant à son isolement
émotionnel.

● « Tu me touches : je te tue »
● Contexte : Antoine, scène 1 partie 1, exprime la violence
sous-jacente dans la relation fraternelle avec Louis.
● But : Montrer l'intensité des conflits familiaux et la tension
omniprésente.

● « Ils voudraient tous les deux que tu sois plus là, plus présent »
● Contexte : Remarque sur les attentes envers Louis, exprimée
par les autres membres de la famille.
● But : Illustrer la pression familiale et les attentes non
satisfaites, ajoutant au sentiment de culpabilité de Louis.

● « Je voudrais partir mais ce n'est guère possible »


● Contexte : Suzanne, scène 3 partie 1, exprime son sentiment
d'être piégée dans la situation familiale.
● But : Montrer le sentiment de piégeage et de stagnation qui
imprègne les personnages, soulignant leur mal-être.

● « Pas un dimanche où on ne sortait pas, comme un rite »


● Contexte : La mère, scène 4 partie I, parle des habitudes
familiales qui ont été perturbées par l'absence de Louis.
● But : Illustrer le poids des traditions familiales et la rupture
causée par l'absence prolongée de Louis.

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● « bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur ! »
● Contexte : Utilisation du comique de geste par les
personnages pour alléger la tension dramatique.
● But : Offrir un soulagement temporaire de la tension
dramatique par l'humour, ajoutant une dimension de
complexité émotionnelle à la pièce.

Sujet 1 : Quelles émotions le spectateur peut-il ressentir ?


I. L'éveil de la compassion et de la tristesse
● a. La tragédie personnelle de Louis : "J'ai près de 34 ans et c'est à cet âge
que je mourrai" (Prologue, Louis). Cette annonce précoce de sa mort
crée une empathie immédiate.
● b. La désolation familiale : "Je ne me souviens pas de toi - je ne savais
pas que tu partais pour autant de temps, je n'ai pas fait attention"
(Suzanne, scène 3 partie 1). Cette révélation montre l'impact émotionnel
de l'absence prolongée de Louis sur sa sœur Suzanne.
II. La frustration et l'irritation
● a. Manque de communication efficace : "Pourquoi ne pas vous avoir
parlé ? / Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition
d’être découvertes" (Nawal). L'impuissance des personnages à
communiquer suscite la frustration du spectateur.
● b. Conflits intrafamiliaux : "Antoine - Tu me touches : je te tue" (La
mère - Laisse-le, Louis). La tension entre Antoine et Louis reflète la
violence sous-jacente et la rivalité fraternelle, aggravant l'irritation du
spectateur face à leur incapacité à résoudre leurs différences.
III. La surprise et l'intrigue
● a. Révélations inattendues : "Ce sont des oublis comme celui là que je
regretterai" (Épilogue, Louis). La nature sporadique des révélations de
Louis sur ses sentiments et regrets garde les spectateurs engagés et
empathiques.

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● b. L'humour comme soulagement : "bras d’honneur si nécessaire ! Voilà,
bras d’honneur !" Cette utilisation du comique de geste permet un
soulagement temporaire de la tension dramatique, ajoutant une
dimension de surprise.

Sujet 2 : Les personnages parlent-ils pour ne rien dire ?


I. L'apparente vacuité du discours
● a. Dialogues elliptiques et superficiels : "Ces petits mots — les phrases
elliptiques — ces petits mots, ils sont toujours écrits au dos de cartes
postales" (Suzanne, Partie 1, scène 3). Cet exemple montre comment
Louis communique de manière superficielle, évitant l'engagement
émotionnel profond avec sa famille.
● b. Redondance et répétitions : "Ce ne doit pas, ça n’a pas dû, ce ne doit
pas être biens" (Dialogue indéterminé). L'utilisation de l'épanorthose
souligne un discours qui semble tourner en rond, créant une impression
de parler sans rien dire de significatif.
II. Le langage comme outil de dissimulation
● a. Éviter les vérités douloureuses : "Pourquoi ne pas vous avoir parlé ? /
Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être
découvertes" (Nawal, Incendies). Bien que cette citation soit d'une autre
œuvre, elle illustre une dynamique similaire dans Juste la Fin du Monde
où les personnages utilisent le langage pour éviter des vérités
inconfortables.
● b. Manipulation des perceptions : "Ils sont là, avec moi, les personnages
de l’histoire. Je les laisse se présenter eux-mêmes. Ça, ils peuvent le
faire. Ils peuvent raconter… aussi… Mais si je les laisse seuls, tous les
quatre, ils ne pourront pas dire le plus important" (Alice, Trois petites
sœurs). Cette réflexion sur le langage montre comment le discours peut
être utilisé pour manipuler l'attention et orienter l'interprétation des
auditeurs.

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III. Paradoxalement, un moyen de révélation profonde
● a. Le silence et ses implications : "Tu ne nous en donnes pas la preuve,
tu ne nous en juges pas dignes" (Suzanne, scène 3 partie 1). Ici, le silence
de Louis est interprété comme un mépris, révélant plus que des mots
pourraient le faire.
● b. Éclats de vérité malgré la réticence : "Je vais bien et j'espère qu'il en
est de même pour vous." (Louis, communication indirecte). Les
formules de politesse de Louis, bien qu'apparemment triviales,
trahissent son isolement et sa réticence à s'ouvrir, révélant son vrai état
d'esprit à un public attentif.

Sujet 3 : Louis est-il un héros ?


I. Louis en tant que figure tragique
● a. L'annonce de sa mort imminente : "J'ai près de 34 ans et c'est à cet
âge que je mourrai" (Prologue, Louis). Cet aveu initial positionne Louis
comme une figure tragique, confrontée à une fatalité inévitable,
évoquant l'archétype du héros tragique qui se sait condamné.
● b. Sacrifice personnel : "Je meurs quelques mois plus tard, une année
tout au plus" (Epilogue, Louis). Le sacrifice de Louis, qui choisit de
passer ses derniers moments avec sa famille malgré le conflit et la
douleur, souligne son rôle de martyr volontaire, une qualité souvent
attribuée aux héros.
II. L'ambiguïté de son héroïsme
● a. Manque de communication efficace : "Pourquoi ne pas vous avoir
parlé ?" (Nawal). Cette citation reflète le dilemme de Louis, qui malgré
ses intentions, ne parvient pas à communiquer efficacement, mettant en
question sa capacité à être un héros au sens traditionnel.
● b. Conflits non résolus et inaction : "Je voudrais partir mais ce n'est
guère possible" (Suzanne, scène 3 partie 1). Bien que cette citation soit
de Suzanne, elle reflète l'incapacité de Louis à agir de manière décisive,

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un trait non caractéristique des héros traditionnels, qui sont
généralement agents de changement positif.
III. Rejet des conventions héroïques
● a. Subversion des attentes : "Pas un dimanche où on ne sortait pas,
comme un rite" (la mère, scène 4 partie I). Cette référence aux routines
familiales brisées par l'absence prolongée de Louis met en lumière
comment il déconstruit les attentes traditionnelles d'un héros qui
préserve l'unité familiale.
● b. Refus de jouer le rôle attendu : "C'est comme un débarras... on y met
les vieilleries qui ne servent plus qu'on n'ose jeter" (Suzanne, scène 3
partie 1, à propos de la chambre de Louis). Suzanne critique
indirectement Louis pour ne pas remplir le rôle du frère aîné protecteur
et unificateur, suggérant qu'il n'accepte pas les responsabilités
héroïques typiques.

Sujet 4 : Cette pièce n’est-elle qu’une tragédie ?


I. Éléments tragiques prédominants
● a. Fatalité et inéluctabilité de la mort : "J'ai près de 34 ans et c'est à cet
âge que je mourrai" (Prologue, Louis). Cette déclaration initiale ancre la
pièce dans le domaine tragique, où la mort imminente du protagoniste
est une ombre qui plane tout au long de la narration.
● b. Impuissance et résignation : "Je meurs quelques mois plus tard, une
année tout au plus" (Epilogue, Louis). La résignation de Louis à son sort
tragique, sans lutte apparente pour changer ou échapper à son destin,
renforce le cadre tragique de la pièce.
II. Intrusion d'éléments non tragiques
● a. Comique de situation et de langage : "bras d’honneur si nécessaire !
Voilà, bras d’honneur !" et "Mais merde, toi, à la fin !" Ces moments de
légèreté, par le comique de geste et de mot, introduisent une rupture
avec le ton continuellement sombre de la tragédie, offrant des reliefs
émotionnels.

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● b. Dialogues du quotidien : "Suzanne, ils font comme ils veulent !" Cette
dynamique de conversation quotidienne montre que, malgré les thèmes
tragiques, la vie continue avec ses petits drames et ses disputes banales,
ce qui est atypique pour une tragédie pure.
III. Réflexion sur le genre théâtral
● a. Hybridation des genres : "Antoine - Tu me touches : je te tue. La mère
- Laisse-le, Louis". L'alternance entre tension extrême et résolution
immédiate montre comment Lagarce joue avec les attentes du genre,
mélangeant tragédie et éléments de drame familial plus légers.
● b. Métathéâtre et auto-réflexivité : "Ils sont là, avec moi, les personnages
de l’histoire. Je les laisse se présenter eux-mêmes" (Alice, Trois petites
sœurs). Bien que cette citation provienne d'une autre pièce, elle reflète
bien le style de Lagarce qui, par moments, pousse les personnages à
réfléchir sur leur rôle dans la narration, suggérant une prise de
conscience du théâtre lui-même, ce qui est typique du théâtre moderne
plutôt que de la tragédie classique.

Sujet 5 : En quoi les relations familiales mettent-elles au jour le


mal-être des personnages ?
I. Révélation des tensions sous-jacentes
● a. Manque de communication et malentendus : "Pourquoi ne pas vous
avoir parlé ? Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition
d’être découvertes" (Nawal). Cette citation illustre comment le manque
de communication directe contribue à l'isolement et à
l'incompréhension au sein de la famille, exacerbant le mal-être
individuel.
● b. Conflits non résolus et accusations : "Suzanne, ils font comme ils
veulent ! Mais merde, toi, à la fin !" (Dialogue familial). Les disputes
fréquentes révèlent des frustrations accumulées et un sentiment de
non-appartenance ou de rejet, contribuant à un climat familial tendu.
II. Impact des rôles familiaux prescrits

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● a. Pression des attentes familiales : "Ce fameux respect obligé pour les
frères aînés, absents ou étranges" (Citation sur les attentes envers
Louis). Cette pression d'adhérer à certaines normes familiales place
Louis et d'autres membres de la famille dans des rôles inconfortables,
alimentant leur détresse psychologique.
● b. Fardeau de la responsabilité : "Ils voudraient tous les deux que tu sois
plus là, plus présent" (Concernant Louis). Le fardeau d'être
physiquement et émotionnellement disponible pèse lourdement sur
Louis, révélant son incapacité à répondre aux attentes et son isolement
conséquent.
III. Désir d'appartenance vs. besoin d'indépendance
● a. Conflit entre individualité et obligations familiales : "C'est comme un
débarras... on y met les vieilleries qui ne servent plus qu'on n'ose jeter"
(Suzanne, à propos de la chambre de Louis). Cette métaphore de la
chambre comme un débarras où l'on stocke les choses inutilisées illustre
comment Louis se sent marginalisé et non valorisé au sein de sa propre
famille.
● b. La recherche d'acceptation et la peur du rejet : "Tu ne nous en donnes
pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes" (Suzanne, reproche à
Louis son silence). Ce reproche montre comment le manque de
communication de Louis est interprété comme un mépris, exacerbant
les tensions et le sentiment d'aliénation.

Sujet 6 : En quoi le mal-être des personnages alimente-t-il les


relations conflictuelles de cette famille ?
I. Expression de la douleur et de l'isolement
● a. Solitude exacerbée par le silence : "Tu ne nous en donnes pas la
preuve, tu ne nous en juges pas dignes." (Suzanne, scène 3 partie 1). Le
silence de Louis est perçu comme un mépris, renforçant les
malentendus et le sentiment de rejet parmi les membres de la famille.

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● b. Douleur non exprimée menant à l'agressivité : "Mais merde, toi, à la
fin !" (Suzanne, dans un conflit). Cette exclamation de Suzanne illustre
comment la frustration accumulée et la douleur non exprimée peuvent
se manifester par des éclats d'agressivité, alimentant ainsi les conflits
familiaux.
II. Résurgence de vieux ressentiments
● a. Impact des absences prolongées : "Je ne me souviens pas de toi - je ne
savais pas que tu partais pour autant de temps, je n'ai pas fait
attention." (Suzanne, à Louis). L'absence de Louis a laissé un vide,
provoquant ressentiment et reproche de la part de ceux qui sont restés.
● b. Rivalités fraternelles et jalousie : "Antoine - Tu me touches : je te tue.
La mère - Laisse-le, Louis." Cette dynamique révèle la rivalité et la
tension entre Louis et Antoine, exacerbées par les inégalités de
traitement perçues et les jalousies longtemps couvées.
III. Cycle de la culpabilité et de la récrimination
● a. Sentiment de culpabilité chez le protagoniste : "Ce sont des oublis
comme celui là que je regretterai." (Louis, Epilogue). Louis exprime ses
regrets et sa culpabilité, ce qui le rend plus enclin à subir les accusations
des autres membres de la famille sans se défendre.
● b. Accusations comme défense contre la vulnérabilité : "Ils voudraient
tous les deux que tu sois plus là, plus présent." Les accusations servent
de mécanisme de défense pour les autres membres de la famille, qui
projettent leur propre mal-être en blâmant Louis pour son absence et
son manque d'engagement familial.

Sujet 7 : Dans Juste la fin du monde, la famille engendre-t-elle


le tragique personnel ?
I. Le rôle catalyseur de la famille dans la tragédie personnelle
● a. Révélations et confrontations douloureuses : "Je ne me souviens pas
de toi - je ne savais pas que tu partais pour autant de temps, je n'ai pas
fait attention" (Suzanne, scène 3 partie 1). L'ignorance et l'indifférence

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passée de Suzanne accentuent le sentiment d'isolement de Louis,
catalysant sa tragédie personnelle.
● b. Accumulation de non-dits et de rancœurs : "C'est comme un
débarras... on y met les vieilleries qui ne servent plus qu'on n'ose jeter"
(Suzanne, à propos de la chambre de Louis). Cette métaphore de la
chambre révèle comment les souvenirs et les émotions refoulées ont
contribué à la situation tragique de Louis.
II. Influence destructrice des attentes familiales
● a. Pression et exigences familiales : "Ce fameux respect obligé pour les
frères aînés, absents ou étranges" (Commentaire sur les attentes envers
Louis). L'exigence d'un rôle familial spécifique pèse lourdement sur
Louis, le poussant vers des décisions et des sentiments qui alimentent sa
tragédie personnelle.
● b. Le poids de l'image familiale idéalisée : "Ils voudraient tous les deux
que tu sois plus là, plus présent" (Remarque sur Louis et son absence).
Les attentes irréalistes de la famille vis-à-vis de Louis exacerbent son
sentiment d'échec et de culpabilité, renforçant le tragique de sa
situation.
III. Désintégration des liens et isolement
● a. Érosion des relations et solitude accrue : "Tu ne nous en donnes pas la
preuve, tu ne nous en juges pas dignes" (Suzanne, scène 3 partie 1). Ce
reproche souligne comment le manque de communication et la
détérioration des relations familiales contribuent à l'isolement de Louis
et à son tragique destin.
● b. Impact du retour de Louis sur la dynamique familiale : "Mais merde,
toi, à la fin !" (Suzanne, dans un conflit). L'arrivée de Louis agit comme
un catalyseur qui fait resurgir les tensions latentes, exacerbant les
conflits et menant à une tragédie inévitable pour tous les membres de la
famille.

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Sujet 8 : En quoi les crises familiales de Juste la fin du monde
abordent-elles des thèmes plus vastes ?
I. Exploration des dynamiques de communication et de malentendus
● a. Difficultés de communication : "Pourquoi ne pas vous avoir parlé ? Il
y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être
découvertes" (Nawal, Incendies). Bien que cette citation provienne
d'une autre œuvre, elle éclaire les thèmes universels de communication
déficiente abordés dans Juste la fin du monde, où les personnages
luttent constamment avec les non-dits et les malentendus.
● b. Conséquences des non-dits : "Je ne me souviens pas de toi - je ne
savais pas que tu partais pour autant de temps, je n'ai pas fait attention"
(Suzanne). Cette citation montre comment l'absence de communication
ouvre la voie à des interprétations erronées et des sentiments
d'abandon, reflétant des problèmes relationnels plus larges dans la
société.
II. Thèmes de l'isolement et de l'aliénation
● a. Isolement émotionnel et physique : "C'est comme un débarras... on y
met les vieilleries qui ne servent plus qu'on n'ose jeter" (Suzanne, scène
3 partie 1). Cette métaphore de la chambre de Louis illustre son
isolement au sein de sa famille, symbolisant un sentiment d'aliénation
plus général que beaucoup peuvent ressentir dans la société moderne.
● b. Impact de l'aliénation sur l'identité personnelle : "Tu ne nous en
donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes" (Suzanne).
L'accusation de Suzanne met en lumière le thème de la quête d'identité
et de reconnaissance, un enjeu majeur dans les sociétés contemporaines
où l'individu est souvent confronté à la nécessité de prouver sa valeur.
III. Réflexion sur la mortalité et l'existence
● a. Confrontation avec la mortalité : "J'ai près de 34 ans et c'est à cet âge
que je mourrai" (Prologue, Louis). Cette révélation initiale place la
finitude de la vie au centre de la pièce, invitant les spectateurs à réfléchir

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sur leur propre mortalité et les relations qu'ils entretiennent avec leurs
proches.
● b. Quête de sens face à l'imminence de la mort : "Je meurs quelques
mois plus tard, une année tout au plus" (Epilogue, Louis). En
confrontant les personnages et les spectateurs à l'inéluctabilité de la
mort, Lagarce pousse à une introspection sur ce qui compte vraiment
dans la vie, encourageant une réflexion sur les priorités et les valeurs
personnelles et collectives.

Sujet 9 : Dans quelle mesure l’image de la fin du monde


permet-elle de comprendre les crises dans la pièce de Lagarce ?
I. Symbolisme de l'apocalypse personnelle
● a. La mort imminente de Louis comme apocalypse personnelle : "J'ai
près de 34 ans et c'est à cet âge que je mourrai" (Prologue, Louis). Cette
annonce fonctionne comme une prophétie personnelle de fin du monde
pour Louis, reflétant ses crises internes et la tension dramatique de la
pièce.
● b. Impact émotionnel sur la famille : "Je meurs quelques mois plus tard,
une année tout au plus" (Epilogue, Louis). La révélation de sa mort
prochaine agit comme un cataclysme familial, forçant chaque membre à
confronter ses non-dits et ses regrets.
II. Réflexion sur les relations et le temps
● a. Urgence et réconciliation : "Mais merde, toi, à la fin !" (Suzanne).
L'imminence de la fin amène les personnages à une confrontation plus
directe et urgente, pressés par le temps limité.
● b. Bilan de vie et introspection : "Ce sont des oublis comme celui là que
je regretterai" (Louis, Epilogue). La fin imminente pousse Louis à
réfléchir sur sa vie et ses choix, illustrant comment la fin symbolique
peut mener à une introspection profonde et à des révélations cruciales.
III. Métaphore de la condition humaine

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● a. Universalité de la fin : "Je voudrais partir mais ce n'est guère
possible" (Suzanne). La fin du monde dans la pièce symbolise la
condition humaine universelle de mortalité et de finitude, rendant les
crises de la pièce plus largement applicables et compréhensibles.
● b. Acceptation de l'inévitable : "Je vais bien et j'espère qu'il en est de
même pour vous." (Louis). Cette acceptation résignée de son sort par
Louis reflète une réconciliation avec l'inéluctable, écho à la manière
dont chacun doit finalement faire face à sa propre fin.

Sujet 10 : Les crises représentées dans Juste la fin du monde


sont-elles seulement tragiques ?
I. Présence indéniable de la tragédie
● a. La fatalité de la condition de Louis : "J'ai près de 34 ans et c'est à cet
âge que je mourrai". La certitude de la mort de Louis injecte une
dimension tragique à toute l'œuvre, soulignant la fatalité et
l'inéluctabilité qui dominent la pièce.
● b. Détérioration des relations familiales : "Tu ne nous en donnes pas la
preuve, tu ne nous en juges pas dignes" (Suzanne). La détérioration
continue des relations familiales contribue à l'atmosphère tragique, où
les conflits et les malentendus semblent insolubles.
II. Éléments de comédie et de satire
● a. Comique de situation et de caractère : "bras d’honneur si nécessaire !
Voilà, bras d’honneur !" Ces moments de comédie tempèrent la gravité
de la situation et introduisent une dimension de satire sociale et
familiale.
● b. Ironie et critique sociale : "Mais tu restes l'aîné, aucun doute
là-dessus." (Antoine). Le dialogue souvent ironique et les situations
parfois absurdes soulignent les critiques de Lagarce sur les normes
sociales et familiales, ajoutant une couche de complexité qui dépasse la
simple tragédie.
III. Dualité des expériences humaines

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● a. Espoir malgré le désespoir : "Je meurs quelques mois plus tard, une
année tout au plus" (Louis). Même dans l'annonce de sa mort, Louis
cherche à créer des moments de connexion, offrant un semblant
d'espoir et de résilience face à l'adversité.
● b. Réconciliation et rédemption : "Je voudrais partir mais ce n'est guère
possible". Les tentatives de réconciliation, bien que complexes et
imparfaites, suggèrent que les crises ne sont pas uniquement tragiques
mais aussi des opportunités pour la rédemption et la compréhension
mutuelle.

VIII Intro et ouverture :

Intro :
Le XX ème siècle est le siècle des deux conflits mondiaux. Après
l’impensable de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, nombreux
sont les auteurs s’interrogeant sur le rôle de la littérature et du langage.
C’est dans ce contexte que le mouvement littéraire de l’absurde se
développera. Parmi les auteurs à la croisée de ce mouvement, Jean-Luc
Lagarce marquera le paysage du théâtre français grâce à la création de sa
compagnie, Le théâtre de la roulotte, et ses nombreuse créations pour
France Culture. Il créera Juste la Fin du monde en 1990. Dans cette
pièce, le personnage de Louis retourne chez lui pour annoncer à ses
proches sa mort prochaine. Dans …

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Ouverture :

À l'instar de "Long Day's Journey into Night" d'Eugene O'Neill,


"Juste la fin du monde" plonge dans les méandres des dynamiques
familiales complexes et douloureuses. O'Neill, tout comme Lagarce,
explore les non-dits, les rancœurs et les regrets au sein d'une famille
déchirée. Dans les deux œuvres, la maison familiale devient un huis clos
où les personnages se confrontent à leurs démons intérieurs et aux
vérités difficiles. Ces pièces, malgré leurs contextes culturels différents,
partagent une vision commune de la famille comme un microcosme de
luttes personnelles et de quête de rédemption, faisant résonner des échos
universels de souffrance et de quête de compréhension mutuelle.

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