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Dr. Bencherif M.
Faculté d’architecture et d’urbanisme
meriama60@yahoo.fr
Ce projet ne fut heureusement jamais réalisé, en revanche, durant les années 1950, de nombreux
édifices de style international furent construits. L’important Plan de Constantine de 1958
introduisit dans l’urbanisme algérien les conceptions modernistes de l’époque, telles que la
séparation des fonctions et la répartition en zones (zoning).
Le présent projet est intéressant à divers point de vue. II apporte une solution constructive et esthétique
neuve du gratte-ciel destiné à des bureaux d'affaires. Le gratte-ciel n'est plus comme en Amérique une
forme accidentelle, c'est une véritable biologie contenant avec précision des organes déterminés :
Une ossature indépendante, un pan de verre total, un brise-soleil destiné à supprimer, aux périodes
chaudes ou aux heures chauds, les effets du soleil et à permettre, au contraire, à celui-ci de pénétrer
abondamment en hiver; un régime complet de circulation verticale, un système de distribution du
piéton et de l'automobile au pied du gratte-ciel. Un cas particulier: l'installation d'une hôtellerie et
restauration au sommet du gratte-ciel.
Le brise-soleil est appliqué sous la forme d'éléments de grandeur équivalent à une loggia, élément
traditionnel architectural réintroduit dans l'architecture
moderne. Une forme plus élargie du brise-soleil apparaît au-devant des vitrages éclairant les
grandes salles. Sur ce même dessin, on aperçoit diverses solutions tenant compte du soleil africain. Sur
les deux immeubles symétriques, le brise-soleil en forme de loggia de 2,20 m ou 4,50 m de haut. Dans
le bâtiment du centre, un grand portique sur pan de verre à 100%. Sur la droite, les salles d'audience du
Palais de Justice au fond de leur alvéole. Enfin, à droite et à gauche, les grands portiques des piétons
formant abri contre la pluie et le soleil. (Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 4, 1938-1946)
Ses ouvrages se caractérisent par une singularité stylistique dont les principaux échos
parviennent de la Casbah voisine.
Ses projets sont remarquables par leur adaptation à la topographie et par le façonnement
différencié des bâtisses et des espaces libres.
Jacques Chevallier, maire d’Alger, nomme Fernand Pouillon architecte en chef de la ville. Il
a apprécié ses réalisations dans le sud de la France et a été probablement sensible à
l’originalité de cet homme, indépendant de toute école, porté aussi bien sur la modernité
que sur l’Antiquité ou les habitats vernaculaires. Pouillon conçoit les deux grands
ensembles périphériques de Diar-el-Mahçoul et Diar-es-Saada, où il veut faire cohabiter
en une synthèse nouvelle des références à l’architecture ottomane, à la casbah ou à
l’Espagne musulmane.
En même temps que la cité Diar es-Saada, une autre cité Diar el-Mahçoul fut construite « sur les hauteurs de la ville »
qui est composée de 19 immeubles d’une hauteur moyenne de cinq étages, d’une tour de 20 étages sur la place du
marché, d’une école, d’une église, d’un bureau de poste et de magasins. En total, 1550 logements qui sont divisés en
deux ensembles :
• la partie nord, face à la baie d'Alger, était appelée « confort normal » était
destinée à la population européenne dont les appartements possédaient une
cuisine indépendante, une entrée, un patio et une salle de bain avec baignoire
à sabot, avec toilettes et bidet.
• la partie sud, plus en retrait, était appelée « simple confort » et était destinée
à la population arabe dont les logements étaient de taille plus réduite et ne
possédaient qu'un patio sans vue, une cuisinette, des toilettes à la turque et
un petit lavabo
C’est lorsque Pouillon travaillait pour les plus petits que sa passion de bien
bâtir était la plus grande. Et c’est là, sans doute, le sens premier d’une «
durabilité » qui scelle par l’ordonnance de l’architecture l’unité d’une
communauté humaine
Mais cette œuvre est également « durable » par son matériau et sa
construction, par l’économie de sa conception et de sa mise en œuvre ; une
économie qui part des hommes, de la matière et du temps qu’il faut pour
bâtir, et non d’un calcul spéculatif.
L’adaptation aux usages de
nombreuses vies et de
affronts du temps, ces résistances
adaptations aux
et
marques de résistances anoblissent la
construction au lieu de la corrompre,
faisant de ces constructions,
lustrages sans ni
profondément artifices,
humaine, qui uneau-delà
histoire
des
difficultés quotidiennes gagne en dignité
et en poésie.
Il conforte même les réalités topographiques du lieu en donnant, par exemple, la forme d’une grande courbe à l’un
des bâtiments pour qu’il domine explicitement le dénivelé du terrain et y prenne position à la manière d’une véritable
muraille. À cet immeuble rempart fait écho, un peu plus haut, un immeuble écran adossé à la colline. L’adaptation au
relief est corrélée à une trame orthogonale et à l’établissement de grands plans horizontaux qui restructurent le
paysage. Les variations liées au terrain n’empêchent pas un ordre global, et la répétition d’éléments communs joue
avec la différenciation des volumes et les perspectives urbaines qu’organisent les rues, ruelles, places, perspectives
inattendues de cette authentique petite ville.
La théâtralité est à son comble avec le grand quadrilatère qui, autour d’une cour de 240 mètres de long sur 40 mètres
de large, aligne ses 182 piliers et implante un long portique à l’antique. La monumentalité y est humanisée par le
recours au module de 1 mètre qui régule les blocs de pierre utilisés pour la construction. Pouillon explique : 1 mètre
pour l’épaisseur de pilier, 2 pour l’intervalle entre les piliers, 3 pour les linteaux, 4 pour la largeur du portique, 8 pour
la hauteur des piliers, 9 pour la hauteur du portique, 5 X 8 pour la largeur de la place, 6 X 40 pour sa longueur. En
résulte un ordre colossal − la hauteur des piliers couvre plusieurs étages − qui unifie majestueusement les cellules
autour d’un plan horizontal, dont la régularité géométrique tempère l’irrégularité du terrain d’origine.
Entrée du Pavillon
Cité Universitaire Pouillon, Constantine
A Constantine, Pouillon conçut la cité U qui porta longtemps son nom (aujourd’hui Mentouri). Cet équipement résume
à lui seul le savoir- faire de l’architecte.
L’échelle, l’intériorité et l’artisanat viennent enchanter les itinéraires labyrinthiques. Dans son interprétation de
l’architecture algérienne, Pouillon n’avait pas manqué de faire appel à la touche artisanale. Dans ce sens c’est un
visionnaire, car la pratique artisanale constituait un registre primordial dans la construction…..Aujourd’hui, elle s’est
éteinte dans l’oubli….
Université Constantine 3 © Dr Bencherif M. 31
Les grands ensembles touristiques : Tipaza, Seraidi,
Timimoune…
L’architecture des hôtels et des stations
touristiques, que Fernand Pouillon a
construit en Algérie, présente une autre
approche. Ils sont des sculptures à
échelle monumentale, où les références
architecturales sont multiculturelles et
révèlent une variété de langages
architecturaux - à la limite de l‘ironie,
mais sans rupture entre le territoire et
l’architecture.
Tipaza, à 80 kilomètres à l’ouest d’Alger, niché sur un éperon rocheux, les pieds dans l’eau, derrière une forêt de
pins est la station touristique par excellence de la Méditerranée: pseudo-mauresque, un peu grecque avec des
murs blanchis à la chaux, volets bleus, balcon ombragé, théâtres d'été, plage de sable blanc.
un village touristique constitué d’hôtels et de bungalows autonomes, construits d’après l’exemple de ses logements sociaux, il continua à
Zeralda l’idée d’espaces privés petits et d’espaces extérieurs communs, bien aménagés avec théâtre avec une vue sur la mer et les
espaces communs et chemins sont aménagés de plantes.
A Tipaza, une ville à une centaine de kilomètres d’Alger, Fernand Pouillon fit construire trois ensembles touristiques de style
méditerranéen au bord de la mer : Tipaza-Club, Tipaza la Corne d’Or et Tipaza Matarès. Tipaza la Corne d’Or est un village de petites
maisons avec deux restaurants, un bar et un port nautique. Tipaza Matarès consiste de deux hôtels et 43 maisons à trois pièces. Il y a
également des restaurants et un bar. C’est un des projets entrepris par Ferna, 1971nd Pouillon pour relancer le tourisme en Algérie. Les
complexes accueillent des visiteurs encore aujourd’hui, et Tipaza la Corne d’Or fut récemment rénové.
"Ce n'est pas l'angle droit qui m'attire, ni la ligne droite, dure, inflexible, inventée par l'homme. Seule m'attire la courbe
libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes , dans les vagues de la mer,… De courbes est fait l'univers,
l'univers courbe d'Einstein".
Théâtre populaire, Niteroi, 2007 Auditorium de Ravello, Italie, 2010 Centre culturel d'Aviles, Espagne, 2011
Esquisses
Vue Auditorium
la première partie, conçue par Niemeyer, et l’extension réalisée par J.-J. DEluz
A ce propos il semble que les deux grands Salle Omnisports : Coupe, Portée : 96.m, Flèche : 17.m
axes qui traversent cette dernière font
Coupe sur la Coupole : Record du Monde 1973
respectivement 54m et 62m, un clin d’œil, dit-
on, à la Révolution algérienne.
Structuralisme
En occupant la ligne de
crête, l'architecte n'avait
pas oublié de pratiquer des
"fenêtres" latérales sur la
ville offrant ainsi des
séquences
paysagères vivifiantes. Ses volumes ne manquent d'enserrer des "creux" aussi
sculptés et imposant. La rue intérieure de la Cité U se dresse
autoritairement en regardant la ville dans l'axe du ravin.
La composition du noyau
urbain sur la base de la
combinaison de logements
unifamiliaux offrait des
possibilités infinies,
Les formes géométriques choisies, issues des traditions arabe et méditerranéenne, ont permis de
constituer un premier groupe de deux ou trois habitations disposées autour d’une cour pour composer un
bloc. Un regroupement de plusieurs blocs composait un quartier et plusieurs quartiers, une ville, la
proportion d'espaces construits ouvrant sur des espaces publics restant constante. Une grande place
centrale, comme dans toutes les villes arabes, sert de marché, de lieu de rencontre, de lieu de fête, de
spectacle et d’axe vital qui articule la ville.
Cet ancien élève d' Auguste Perret à l'École des Beaux Arts de Paris, visite la vallée du M'zab en Algérie en 1949 alors
qu'il est étudiant. En découvrant les cités du M'zab, André Ravéreau prend conscience, au-delà du choc émotionnel, de
ce que peut apporter cette architecture dans la définition de nouvelles pratiques.
En 1949, André Ravéreau étudiant en architecture se rend à Ghardaïa où il découvre l’architecture mozabite du M’Zab.
Conscient de l’apport de cette architecture de tradition dans la définition de la modernité architecturale, il se décide à
retourner au M’Zab avec d’autres étudiants. Les relevés des principaux monuments et édifices civils le conduisent à
engager la création d’ateliers régionaux d’architecture où les étudiants conviés ont pu s’imprégner trois mois durant des
lieux avant même d’engager leur travail de projetation.
En 1965, André Ravéreau est nommé architecte en chef des monuments historiques en Algérie, s’efforçant alors
d’obtenir le classement de la vallée du M’Zab en 1970 avant de créer à Ghardaïa le premier atelier du ministère
« C’est dans l’architecture dite populaire que je trouve des subtilités constructives savoureuses, des inventions, une
rigueur qui, à mes yeux, fait défaut à certaines architectures de “représentation”. [...] Un effet statique n’a pas de
culture ni d’époque, c’est le bon sens ; un sens imposé, car la sanction est immédiate. ».
André Ravéreau Élève d’Auguste Perret et marqué lors d’un voyage dans la vallée du M’Zab, il construit sa pensée entre
l’enseignement d’un « poète, qui parle et pense en construction », et la « leçon » d’une architecture du désert,
adaptée au contraintes de son milieu et inscrite dans l’épaisseur d’une culture.
Le vantail sur pivot est à la fois le fil rouge d’un voyage à travers la Méditerranée, un élément architectural qui nous
parle d’usages et de modes d’habiter, et un détail qui permet du juger de la cohérence de l’ensemble.
Mais c’est André Ravéreau (né en 1919), élève d’Auguste Perret, qui a sans
doute été le plus proche des idéaux du M’Zab. Il y accomplit son premier
voyage en 1949, devient, après l’indépendance de l’Algérie, architecte en
chef des Monuments historiques et obtient le classement de la vallée du
M’Zab en 1970. Le M’Zab, déjà beaucoup moins isolé, est confronté au
processus d’industrialisation et au besoin de constructions nouvelles.
Nombre de ses habitants sont prêts à délaisser une bonne part de leurs
traditions. Ravéreau va lutter contre les destructions et engager des
restaurations. Il obtient aussi que la zone industrielle soit implantée au-delà
de la palmeraie − plantée de main d’homme, entourant la ville, son
anéantissement aurait brisé l’organisation saisonnière de la vie en
empêchant les habitants de profiter, en été, de sa fraîcheur.
Ravéreau a écrit plusieurs ouvrages sur le M’Zab, avec des photographies de Manuelle Roche, sa compagne. Documentation et sensibilité
s’y conjuguent. Le plus connu d’entre eux, Le M’Zab, une leçon d’architecture (1981), a été préfacé par Hassan Fathy (1900-1989), lequel a
redonné vie aux modes traditionnels de construction égyptiens et n’a pas hésité à construire à nouveau en terre crue. L’ouvrage d’Hassan
Fathy, Construire avec le peuple (La Bibliothèque arabe, éditions Jérôme Martineau, 1970) a fait de la reconstruction du village de Gourna
un modèle non seulement architectural mais aussi social, puisque les habitants ont été partie prenante du projet. Dans sa préface du livre
de Ravéreau, Fathy définit l’esthétique comme une « harmonie entre la chose, la forme et la place où se trouve cette forme ». Il dit encore :
« La beauté vient des forces conciliées pour les produire ».
Fathy, Ravéreau et quelques autres sont allés au bout d’une démarche d’intériorisation de l’architecture vernaculaire, dépassant la reprise
des formes pour en assumer l’esprit et la cohérence. Ce que dit Ravéreau : « Puisque beaucoup de techniques sont équivalentes, c’est la
morale qui peut guider notre choix. La tâche n’en revient pas aux seuls architectes, il faut que la société tout entière les y aide. »
Quelques dessins de projets présentés dans l’accrochage apportent des compléments à la compréhension du travail
de Ravéreau. Ces dessins sont marqués d’une vibration vivante et de la spontanéité d’un croquis à main levée,
comme cela est très visible dans le tracé des arcs ou dans les lignes des murs, toujours souples. Mais les murs du
M’Zab ne sont-ils pas, eux aussi, tout sauf d’une géométrie au cordeau ? Dans les plans de Ravéreau, si
l’orthogonalité n’est pas absente, elle n’est cependant pas la règle, puisque les maisons se gardent bien de contredire
les lignes et croisements fantaisistes des rues.
Dans une rue de Béni Isguen (projet non réalisé, 1962-1965), on trouve des avancées en encorbellement ou sur
piliers et formant portique : une diversité qui poursuit le refus de formes répétitives ; ou encore un grand portique
qui fait face à un vaste espace en retrait accueillant plusieurs arbres… La rue est faite de trouées et de vides qui se
complètent et s’appellent.
Les terrasses sont figurées à des niveaux différents permettant que de vraies pièces s’y ouvrent. Ce système
d’alternances se retrouve par rapport à un alignement de 2,5 m, tantôt formant un vide direct sur la rue, tantôt se
plaçant derrière un mur, mais non sans des ouvertures à la manière de moucharabiehs.
Il peut y avoir des balcons, une nouveauté étonnante, complétés de murs latéraux qui en modifient totalement
l’aspect et l’usage. On assiste même à une réinterprétation du bow-window. Débordant de 1,2 m sur la rue, il peut
poursuivre le patio duquel il débouche. Le bow-window peut également être fermé frontalement et se donner un
moucharabieh latéralement, à hauteur d’œil d’une femme assise par terre. Infinie fantaisie dans le respect des règles
du jeu énoncées par la tradition.
e 1910-1985
Réalisations :
Les Archives nationales (Birkhadem),
la Cour Suprême
le Centre culturel (Ben Aknoun),
le siège du ministère du Tourisme
L’Institut islamique de Constantine (1969),
L’Institut islamique de Tlemcen (1970),
Caroubier (1972),
mosquées d'El Biar (Place Kennedty)
mosquées de Hydra.
Sa dernière œuvre est la mosquée
de Blida
Université Constantine 3 © Dr Bencherif M. 74
Université des sciences islamiques Institut Caroubier,
1972
Description : Implanté sur les hauteurs d’Hussein Dey, ce bâtiment, construit par
Abderrahmane Bouchama et dédié à l’étude des Sciences islamiques, est
incontestablement le plus imposant d’Alger.