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DETECTION ET CONTRÔLE

EPIDEMIES DE CHOLERA

DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE


FACULTE DES SCIENCES DE LA SANTE
Dr DJIBO Hamadou
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

 Définir les aspects épidémiologiques


et cliniques du choléra

 Détecter une épidémie de choléra

 Contrôler une épidémie de choléra


PLAN

1. Introduction
2. Aspects épidémiologiques
3. Aspects cliniques
4. Stratégies de lutte
5. Conclusion
1. INTRODUCTION - 1

 Choléra : maladie infectieuse très contagieuse


causée par vibrion cholérique.
 Maladie ancienne, compagnon séismes, inondations,
famines, guerres
 Semblait appartenir à l’histoire pourtant ravages de
nos jours
 Historique de la maladie
 Origine = Asie : Inde (Bengladesh, Delta Gange)
 Début 7ème pandémie mondiale actuelle en 1961 en
Indonésie
1. INTRODUCTION - 2

 Vibrion cholérique classique pratiquement


remplacé par biotype El Tor connu
auparavant pour être non pathogène
 Extension vers continent africain jusque là
neuf et non protégé (3 axes)
 Et depuis, Afrique = terre prédilection , mode
endémo - épidémique
Choléra = véritable problème
de santé publique en Afrique
2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

Agent causal
 Vibrion cholérique ou vibrion de KOCH ou

Vibrio cholerae O:1


 Isolé par KOCH en 1883, bactérie Gram -, en

virgule, très mobile


 Deux biotypes :

Vibrio cholerae cholerae = classique


Vibrio cholerae El Tor
2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

Chaque biotype a 3 sérotypes :


 Ogawa

 Inaba

 Hikojima

Depuis 1992 : autre sérogroupe Vibrio


cholerae O 139 («Bengal» ou non O1)
+ virulent sérogroupe O1 en Asie
2. ASPECTS
EPIDEMIOLOGIQUES

Réservoir de germe
Homme : principal réservoir de vibrions
 Homme malade (108 VC/ml de liquide

cholérique)
 Cadavre : plus dangereux

 Porteur asymptomatique

Autres réservoirs : eau, mollusques, poissons


et plantes aquatiques
2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

Mode de transmission
Sources habituelles de contamination :
 mains contaminées : selles/vomissures malades

 eau boisson contaminée par matières fécales

ou vomissures
 fruits et légumes cultivés ou lavés avec eau

souillée
 Aliments contaminés pendant/après préparation
2. ASPECTS
EPIDEMIOLOGIQUES : 5

Déclenchement / gravité de la maladie


dépendent de:
 la quantité de vibrions cholériques ingérée

 la sensibilité individuelle

 l’acidité gastrique

 l’état immunitaire (conférée par une infection

antérieure)
2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES
Facteurs favorisants :
 approvisionnement insuffisant en eau (quantité,

qualité)
 mauvais assainissement

 conditions de vie précaires

 forte densité population

 moyens de transport de + en plus rapides

 Cultures

 Mauvaise hygiène individuelle et collective


2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

Sujets réceptifs :
 En zone d’endémie, tout sujet d’âge > 5 ans

 Immunité conférée maladie courte < 3 mois

 Pas de choléra plusieurs fois chez même

individu au cours même épidémie mais


atteinte possible nouvelle épidémie
2. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES

Taux d’attaque
 population fermée ex. camp réfugiés: 5 %

 population ouverte: 1 - 2 %

 Mais variation TA en fonction situation

sanitaire,définition cas et qualité données,


état immunitaire population concernée
2. ASPECTS
EPIDEMIOLOGIQUES
Létalité : < 2 % si bonne prise en charge
> 15 % si déclaration tardive, prise en
charge tardive ou inadéquate
 Choléra bénin dans + de 80% des cas

 Rien ne peut arrêter importation choléra

Mais, il est parfaitement possible d ’en enrayer la


propagation l’intérieur pays donné si mesures
appropriées prises
3. ASPECTS CLINIQUES

 Porteurs asymptomatiques courants.


 Incubation : brève 2 à 3 jours
 Début brutal chez un sujet sain
 Tableau classique :
 diarrhée : selles très abondantes, aqueuses,
incolores, fades, afécales, en jet, parfois
riziformes
 + ou - vomissements
3. ASPECTS CLINIQUES
 pas de douleurs abdominales, ni ténesme
 température normale ou hypothermie

Conséquences:
– déshydratation aiguë => soif intense,
amaigrissement à vue d’oeil, asthénie majeure,
hypotension artérielle, tachycardie et anurie
– décès par collapsus cardio-vasculaire en
quelques heures en absence traitement
3. ASPECTS CLINIQUES
Si bon traitement, guérison dans 99% cas
Forme clinique très grave
 Choléra « sec » : malade meurt

subitement avant apparition diarrhée ou


après épisode diarrhéique précurseur.
4. LES STRATEGIES DE LUTTE
 Prévention du choléra
 Préparation à la riposte à l’épidémie
 Détection précoce d ’une épidémie
 Contrôle de l’épidémie
4. LES STRATEGIES DE LUTTE
4.1. La prévention du choléra
 Approvisionnement en eau saine : eau potable,

chloration, ébullition eau, analyse de la qualité de l ’eau


 Assainissement du milieu : construction latrines et

utilisation appropriée par populations, évacuation


correcte déchets
 Sécurité des produits alimentaires : réglementation

pour la manipulation, la transformation et la protection


des aliments
4.2. Préparation à la Riposte

 Activation système de surveillance


 Activation comité de gestion épidémies
 Formation du personnel sur :
 surveillance épidémiologique,
 Notification
 prise en charge des cas.
4.2. Préparation à la Riposte

 Disponibilité: SRO, solutés, antibiotiques,


consommables etc
- en quantité suffisante
- aux endroits appropriés
 Fournitures réactifs et consommables aux
laboratoires
4.3. Détection précoce des
épidémies
Surveillance épidémiologique / semaine =système
d’alerte
Définition de cas :
 Cas suspect :

 Sujet > 5 ans (NB > 2ans en période épidémie)

 Déshydratation sévère

 Ou décès suite à une diarrhée aqueuse

 Cas confirmé :

 cas suspect + identification V. cholerae

Alerte dès 1er cas confirmé


4.3. Détection précoce des
épidémies

Confirmation biologique
 Confirmation bactériologique sur quelques

échantillons de selles au début épidémie


 En urgence au laboratoire de référence régional

ou du district
 Au laboratoire national de référence pour

sérotypage et antibiogramme
4.4. Contrôle de l’épidémie

 Investigation rapide
– Confirmer / infirmer épidémie
– Dénombrer cas selon définition établie : TLP
– Calculer indicateurs : taux d’attaque, létalité
Personnes à risque, zones à risque
 Déclaration épidémie : sans affoler public

 Mobilisation comité du lutte

 Prise en charge des cas

 Renforcement surveillance : notification journalière


4.4. Contrôle de l’épidémie
Réduction de la transmission
 Recherche active systématique
 désinfecter maisons et latrines

 dépister et référer cas

 éducation sanitaire familles

 informer public

 Visite domicile des patients


 approvisionnement en eau

 traitement par chlore (source, domicile)

 superviser enterrements

 Formation volontaires
4.4. Contrôle de l’épidémie

Réduction de la transmission
 Education sanitaire population :

 Marchés

 Écoles

 lieux de culte

 Message :

 hygiène individuelle

 utilisation eau potable

 transfert tout malade au camp


4.4. Contrôle de l’épidémie

Education sanitaire portera sur :


 voies de contamination,

 mesures de prévention :

 hygiène individuelle et collective

 assainissement du milieu

 nécessité de faire rapidement recours à agent santé

 inefficacité de la vaccination de masse

Susciter participation effective communautés à la


lutte contre la maladie
4.4. Contrôle de l’épidémie

Mise en place d’un camp de choléra


A partir de 5 cas de choléra par jour
 isolement : éviter tout contact;4 parties:

 centre de tri et d’observation

 unité d’hospitalisation

 centre de convalescence

 centre cuisine et stock

 approvisionnement

 eau : 50L /Jour /patient

 repas
4.4. Contrôle de l’épidémie

Mise en place d’un camp de choléra


 mesures d’hygiène

 eau potable : 1 % de chlore actif

 solution « stérilisante » pour déjections cadavres:


2 % de chlore actif
 solution « désinfectante » pour sols, objets, lits

0,2 % de chlore actif


 eau « javellisée » : pour vêtements, mains, peau
0,05 % de chlore
4.4.Contrôle de l’épidémie

 NB : Préparer solutions tous les jours


 mesures spécifiques concernant malade
 désinfection peau : solution à 0,05 %
 lit de cholérique avec récipient + 150 ml
solution
 déjections et cadavres : solution à 2 %
4.4. Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


 fiche de surveillance

 nom, prénoms, âge, sexe

 signes de déshydratation

 traitement reçu

 évolution des signes

 mode de sortie
4.4. Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


 éléments de surveillance

 Pouls

 signes de déshydratation

 nombre de selles et de vomissements

 tension artérielle

 rythme respiratoire

 Température

 Urines

 niveau de conscience

 poids
4.4. Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


 Déshydratation modérée : SRO

 100 ml / kg en 4 heures

 Ou poids malade (kg) * 75 = qté en ml

 Préparation de la solution salée et sucrée

 1 c. à c. rase de sel de cuisine

 8 carreaux de sucre de table

 une tranche de citron

 dans 1 litre d’eau potable


4.4: Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


 Déshydratation sévère : perfusion obligatoire

Solution Ringer lactate : plusieurs protocoles


 Protocole 1

Adulte :
 100 ml / kg les 3 premières heures, soit :

 30 ml / kg très vite en 30 mn puis,

 70 ml / kg en 2h30mn
4.4: Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


 Enfant :

 100 ml / kg les 6 1ères heures, soit :

 30 ml / kg en 1h puis,

 70 ml / kg les 5 h suivantes

 SRO dès que malade peut boire


4.4. Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


Déshydratation sévère : Protocole 2
 adulte :

 En 15 minutes : 1 litre de ringer lactate

 Après 15 minutes :

 Si pouls > 100/mn + TA basse : continuer même débit

 Si pouls < 100/mn bien frappé:

 TA systolique < 9 : continuer

 TA systolique > 9 : diminuer, passer à 1L en 45 mn


4.4. Contrôle de l’épidémie

Prise en charge thérapeutique


Déshydratation sévère : protocole 2
 enfant :

 en 15 minutes : 20 ml/kg de ringer

 4 heures : 50 ml / kg

 20 heures : 120 ml / kg

 SRO dès que malade peut boire


4.4. Contrôle de l’épidémie

 Surveillance +++
 NB: attention complications : OAP
 Antibiothérapie: Doxycycline : dose unique
 adulte : 300 mg
 enfant (< 15 ans) : 6 mg/kg
 Ou Cotrimoxazole
 adulte : 2 cp * 2 / jr pdt 3 jrs
 enfant : 40 mg / kg / jr pdt 3 jrs
4.4. Contrôle de l’épidémie

Estimation besoins
Fonction nombre attendu cas; Ex : 2% pour pop.
ouverte
 Réhydratation parentérale : 80% des cas Ringer
lactate : 8 litres / cas
 Réhydratation orale : SRO : 10 sachets en moyenne par
personne
 Antibiotique : Doxycycline 100 mg

Prévoir traitement cas + 4 contacts / cas = (5*nb cas)


3 comp par personne
4.4. Contrôle de l’épidémie

La surveillance épidémiologique
 en période pré-épidémique permet :

– la détection précoce des cas par le biais


système d’alerte précoce des MPE
 en période épidémique elle permet :

– de mieux comprendre étendue, sévérité et


évolution épidémie dans le temps,
– de préciser les stratégies de lutte
– de modifier les actions menées si nécessaires
4.4. Contrôle de l’épidémie

Comité de gestion des épidémies


 gestion de l’information

 encourager l’intersectorialité

 renforcer les capacités diagnostiques

 vérifier le stock de sécurité

 mobiliser les moyens locaux


4.4. Contrôle de l’épidémie

Mesures inefficaces
 Vaccination : protection vaccin injectable

50% cas pour durée six mois = protection


illusoire
 Vaccins oraux meilleurs : en cours

expérimentation; efficacité = 90% et


protection plus longue
 Chimioprophylaxie de masse

 Mise en place d ’un cordon sanitaire


5. Conclusion

Maladie grave
 promiscuité

 manque d’hygiène et d’assainissement

 défaut de prise en charge

Maladie contrôlable
 bon réseau d’assainissement

 approvisionnement en eau potable

 bon système d’alerte précoce

 bonne prise en charge

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