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Le Choléra

Pr Z. Chahbi
z.chahbi@uca.ma
Maladies infectieuses
Année universitaire: 2023-2024
Objectifs
• Décrire les aspects épidémiologiques du choléra dans le monde
• Evoquer le diagnostic du choléra
• Initier les mesures thérapeutiques en urgence
Plan
I. Introduction
II. Epidémiologie
III. Physiopathologie
IV. Circonstances de découverte
V. Diagnostic positif
VI. Diagnostic différentiel
VII. Traitement
VIII. Prévention
X. Conclusion
Introduction
I. Introduction
• Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion
d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae.
• Non traitée, cette infection peut s’accompagner d’une mortalité pouvant
dépasser 50% par collapsus, déshydratation et insuffisance rénale.
• Le choléra reste à l’échelle mondiale une menace pour la santé publique
et un indicateur de l’absence d’équité et d’un développement social
insuffisant.
Epidémiologie
II. Epidémiologie
Le choléra peut être endémique ou épidémique.
En 2020, 323 369 cas et 857 décès ont été notifiés dans 24 pays.
Au Maroc aucun cas de choléra n’a été détecté depuis 1997, mais le risque d’avoir
un cas importé existe toujours
II. Epidémiologie
L’agent causal

• Le choléra est dû à Vibrio cholerae bactérie gram négative


en virgule. Sa pathogénie est liée à l’action d’une
entérotoxine thermolabile au niveau de la partie initiale
du jéjunum.

• V. cholerae est présent dans les eaux chaudes saumâtres,


parfois dans les eaux douces.

• On distingue V. cholerae O1 El Tor et V. cholerae O139.

• La seule souche responsable de flambée épidémique


actuellement est V. cholerae O1 biotype El Tor, agent de la
septième pandémie qui a débuté en 1961.
II. Epidémiologie
Le réservoir
• L’homme est le principal réservoir de l’agent pathogène, présent en
quantité très importante dans les selles des malades.
• Un portage, généralement très transitoire et en faible quantité, peut
être objectivé chez des sujets asymptomatique.
• Les chironomides (insectes) sont un important réservoir de V. cholera
La transmission
• Le choléra est transmissible par contamination interhumaine à
l’intérieur d’un même foyer ou par l’intermédiaire d’aliments ou
d’eau de boisson souillés par des excrétas.
II. Epidémiologie
Les facteurs favorisants:
• La transmission du choléra est liée à un accès inadapté à l’eau potable
et à des installations d’assainissement.
• Les endroits à risque comprennent les bidonvilles périurbains, ainsi
que les camps pour personnes déplacées à l’intérieur du pays ou les
réfugiés.
• Les crises humanitaires, peuvent augmenter le risque de transmission
du choléra, si jamais le bacille est présent ou s’il est introduit.
II. Epidémiologie
Physiopathologie
Pénétration du Vibrion cholérique (VC) par voie orale

Fixation à l’entérocyte au niveau du jéjunum proximal grâce aux pili

Sécrétion de l’endotoxine cholérique

Pénétrations dans l’entérocyte

Dérèglement ionique entraînant une perte massive d’eau et d’électrolytes dans la lumière intestinale

Pas de lésion cellulaire: absence de Diarrhée caractéristique


fièvre

Déshydratation

Hypotension puis collapsus


IV. Circonstances de découverte
A. Forme typique :
« Le processus du choléra apparaît sous la forme d’une attaque rapide et
sans fièvre, dans laquelle évacuations incolores, vomissements, crampes,
collapsus, arrêt de la sécrétion urinaire, disparition du pouls, algidité
(sensation de froid) et cyanose sont les principaux phénomènes. »
Griesinger, 1857.
IV. Circonstances de découverte
A. Forme typique :
Le tableau caractéristique: syndrome
cholériforme qui n’est présent sous sa forme
typique sévère que dans 10 % des cas.
• Incubation: quelques heures à une
semaine.
• Début brutal: nausées, des vomissements,
douleurs abdominales
• Diarrhée très rapidement aqueuse,
afécale, incolore, d’odeur fade, contenant
quelques grumeaux blanchâtres,
• Classiquement « eau de riz »
IV. Circonstances de découverte
A. Forme typique :
• Les selles sont très fréquentes, souvent incessantes, entraînant une
perte hydrique qui peut atteindre 10 à 15 litres par jour.
• Il n’y a pas de fièvre.
• Rapidement, s’installe un état de déshydratation globale avec
collapsus et anurie, en cas de retard au diagnostic.
• À l’examen clinique, la déshydratation est évidente doit être
évaluer ; parfois, il existe une sensibilité abdominale diffuse
IV. Circonstances de découverte
A. Forme typique :
IV. Circonstances de découverte
B. Autres formes cliniques :
• Gastroentérite sévère : déshydratation importante mais sans état de choc
(30% des cas). L’évolution est le plus souvent favorable.

• Forme très atténuée, appelée “cholérine” (60%): Evolution lente et moins


grave, la guérison survenant le plus souvent spontanément en quelques
jours.

• Rares cas de choléra “sidérant” ou “sec” : chute brutale de la tension


entraîne la mort par collapsus. Sans diarrhée. Evolution foudroyante.
surviennent généralement chez les enfants, les sécrétions intestinales
restent confinées dans un intestin grêle et un côlon distendus.
IV. Circonstances de découverte

C. Paraclinique :
• Hémoconcentration: hémoglobine et hématocrite augmentée
• Troubles électrolytiques: hyponatrémie, hypokaliémie,
acidose
• Insuffisance rénale

« Une diarrhée sévère suivie de vomissements qui tue les


adultes en quelques heures est presque toujours un choléra »,
Lapeyssonie
Diagnostic positif
V. Diagnostic positif
• L’examen bactériologique direct des selles
• Affirmer le début d’une épidémie ou en démontrer la fin.
• Les prélèvements sont facilement transportables à température ambiante sur
milieu de Carry-Blair
V. Diagnostic positif

Présence de bacilles légèrement incurvés,


en virgule, présentant une mobilité
importante de type polaire. La coloration
de Gram met en évidence des bacilles à
Gram négatif.
• La PCR ou la mise en culture sur milieu
spécifique, les tests biochimiques et
l’agglutination avec des sérums anti-O1
et anti-O139
permettent de confirmer le diagnostic
• Le génotypage des souches:
investigation d’une épidémie
Diagnostic différentiel
VI. Diagnostic différentiel
• Se fait avec les autres causes du syndrome cholériforme provoqué par des
germes toxinogènes (sécrétant des toxines).
• Les principaux germes impliqués sont le Staphylococcus aureus, le
Clostridium perfringens ainsi que E. coli entéro-toxinogène
• La principale différence c’est l’absence de fièvre dans le choléra.
Traitement
VII. Traitement
A. Buts:
• Compenser les pertes d’eau et d’électrolytes par réhydratation orale ou
intraveineuse selon la gravité de la déshydratation.
B. Moyens et indications:
• La réhydratation doit être instituée le plus rapidement possible pour
compenser les pertes hydriques.
• Elle se fait par voie orale (SRO) lorsque le malade est en mesure de boire,
et par voie parentérale dans les autres cas
• Le volume de liquide à perfuser doit corriger le volume des pertes
liquidiennes. Cela peut représenter plus de 10 litres sur les premières 24
heures. Le soluté de perfusion le plus adapté est le Ringer-Lactate.
VII. Traitement
B. Moyens et indications:
• La réhydratation par VO est
envisageable en relais de la voie IV ou
d’emblée dans les formes modérées en
utilisant des solutions adaptées
(préparation pour réhydratation par
voie orale).
• La réhydratation est suivie sur des
critères cliniques tels que l’état de
conscience du malade et son degré
d’hydratation
VII. Traitement
B. Moyens et indications:
• Le traitement antibiotique réduit l’importance et la durée de la diarrhée. Il peut
aussi être proposé aux sujets contacts.
Prévention
VIII. Prévention
• Le choléra relève d’une contamination féco-orale. Il convient d’isoler les
malades et de rechercher des cas dans leur entourage.
• Les selles et les vomissements sont décontaminés par de l’eau de Javel.
• La prévention générale repose sur l’accès à l’eau potable et aux
installations sanitaires et l’information sur les règles élémentaires
d’hygiène (lavage des mains, hygiène alimentaire, utilisation des
installations sanitaires).
VIII. Prévention
• Le vaccin oral (ex : Dukoral®) protège contre V. cholerae O1 mais pas contre
le sérovar O139 ni contre les autres vibrions. Son indication concerne
surtout le personnel de l’aide humanitaire travaillant dans des camps de
réfugiés en période épidémique et les pèlerins se rendant en zone endémo-
épidémique.
• L’OMS a lancé, depuis 2017, un programme d’éradication du choléra à
l’horizon 2030, basée sur les mesures précédentes.
Conclusion
IX. Conclusion

• Le choléra est une infection intestinale aiguë à caractère


épidémique

• Elle est révélée par un syndrome cholériforme apyrétique,


responsable d’une déshydratation qui s’installe en quelques heures

• Un traitement rapide et adapté fait baisser la létalité à moins de 1%

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