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La demande de monnaie

1
Le concept de la monnaie, histoire et
mécanismes
 La monnaie occupe une place centrale dans les sociétés
contemporaines car les transactions se règlent en monnaie. La
monnaie est considérée comme un bien d’échange accepté par tout et
partout

 La monnaie est fondée sur un principe de confiance vis-à-vis des gens


qui l’on dispose et vis-à-vis de l’institut qui émet la monnaie. C’est un
lien social

 Au sens étymologique de terme, les premières monnaies romaines sont


frappées à Rome dans le temple de la Deesse juno moneta. C’est le
soubassement du terme monnaie au sens des romains numissma

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Aperçue historique de la monnaie

 À travers l’histoire des faits monétaires et sociaux, on


distingue quatre types de monnaie :
 La monnaie marchandise
 La monnaie métallique
 La monnaie papier
 La monnaie scripturale

 On peut les regrouper en deux formes de monnaie :


 Les formes traditionnelles
 Les formes contemporaines

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Les formes traditionnelles,
la monnaie marchandise

 Initialement les sociétés utilisent un bien de référence comme support


monétaire. La marchandise joue le rôle de la monnaie tout en servant
comme étalon de valeur pour les biens en circulation. La monnaie a une
double utilité: bien d’échange et bien consommable

 La marchandise monnaie est fonction des types de sociétés. Pour les


anthropologues, le blé ou les céréales constituent le bien de référence
pour les sociétés agricoles, le bétail dans les sociétés pastorales, l’arme
dans les sociétés guerrières

 Dans certaines sociétés, la marchandise monnaie est constitué d’un bien


non consommable : exemple le coquillage récolte dans l’océan indien

4
La monnaie métallique

 Depuis longtemps, le métal joue le rôle de la monnaie avec plus


d’efficacité en raison de son caractère intrinsèque (divisibilité,
impossibilité d’imitation)

 Avant J-C, chaque cité frappe sa propre monnaie (or, argent, cuivre,
fer, plomb) où figure son effigié symbolique, signe représentatif d’un
animal gravé (lion, bélier, abeille…)

 Les morceaux métalliques ont eu des formes diverses selon les


sociétés (boules, disques, aplatis, rondelles, petits bâtons…).

 Une fois découpée, la pastille de métal précieux est frappée.


5
Les formes modernes de la monnaie
la monnaie fiduciaire
 La monnaie fiduciaire ou ce qu’on appelle aussi la monnaie papier
prend la forme de billet. Au départ les billets furent de simples reçus
d’éspeces cad que les billets en circulation ont une durée de vie finie

 Les premières formes de billet étaient à cours libre. Elles sont


considérées comme de simples promesses de monnaie métallique : on
peut refuser les billets ou les accepter avec une décote

 Par la suite l’Etat transforme le cours libre en cours légal : le papier


acquiert les caractéristiques intrinsèques de la monnaie (on est obligé
d’accepter les billets sous l’influence des pouvoirs publics

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 Enfin, l’Etat établit le cours forcé. C’est une règle ou on ne peut pas
convertir les billets en monnaie métallique.

 Car dans certaines circonstances les gens demandent l’échange de


leurs billets en monnaie métallique (pièces d’or et d’argent) comme
s’ils avaient confiance en monnaie métallique

 Aujourd’hui, la monnaie papier ou la monnaie fiduciaire est la forme


la plus répandue et la plus fondée sur la confiance (fiduc)

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La monnaie scripturale

 C’est la monnaie qui passe de compte en compte au lieu de circuler de


main en main. C’est un simple jeu d’écriture d’où le terme scriptural
dont l’appelation remonte à l’économiste belge Ansiaux

 Le support de la monnaie scripturale est le dépôt à vue où les


organismes bancaires distribuent le crédit et collectent les dépôts

 L’innovation financière a permis l’apparition de plusieurs formes de


monnaie scripturale (cheque, carte bancaire, virement, effet de
commerce…)

8
 Toutefois la bancarisation et la généralisation des opérations
scripturales de base (cheque) n’entre en vigueur réellement qu’a partir
des années 1960. C’est le cas de la France quand l’Etat rend
obligatoire le règlement des transactions par cheque bancaire

9
Les fonctions de la monnaie

 Depuis Aristote la monnaie est conçue pour faciliter les échanges,


mesurer les valeurs et transformer le pouvoir d’achat dans le temps

 La monnaie remplit donc trois fonctions :

 Etalon de valeur

 Moyen de paiement

 Réserve de valeur

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La monnaie comme étalon de valeur

 La monnaie est considérée comme moyen de mesure des biens.

 Grace à la monnaie, unité de compte, on peut chiffrer et déterminer les


valeurs intrinsèques des choses et comparer ainsi les valeurs de
plusieurs biens hétérogènes

 La monnaie simplifie l’information pour les agents économiques.

11
Exemple

 Dans une économie normative où circulaient quatre types de biens


A,B,C et D, les agents économiques supposés rationnels ont besoin de
connaitre les rapports d’échange de différents biens

 Les prix relatifs sont : PA/B, PA/C, PA/D, PB/C, PB/D, PC/D

 N.B : le passage de A à B et le même que celui de B à A en termes


d’information

 On a besoin de connaitre 6 prix relatifs. Or l’introduction de la


monnaie peut faciliter l’information en réduisant le nombre de prix
relatif à calculer
12
Hypothèse 1

 Supposons que l’unité de compte en question fait partie des biens A,


B, C et D, c’est-à-dire l’hypothèse d’une marchandise consommable

 Par exemple le bien A comme référence.

 Dans ce cas, l’agent n’a plus besoin de connaitre que trois prix (prix
monétaires) : PB/A, PC/A, PD/A

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Hypothèse 2

 La deuxième hypothèse est d’introduire une unité de compte abstraite


M comme monnaie étalon de valeur (bien en numéraire). Dans ce cas
on aura quatre prix monétaires : PA/M, PB/M, PC/M, PD/M

 En général, dans une économie complexe où la réalité impose


l’existence de plusieurs types de biens ( 1, 2 ….n), il y aura n (n-1)/2
prix relatifs, c’est-à-dire une combinaison de 2 de n

 À contrario si on introduit la monnaie comme bien de référence on


aura besoin de connaitre n-1 prix monétaire, et n prix lorsqu’il s’agit
d’une unité monétaire m

14
Exemple

 Pour 100 bien on a besoin de connaitre 100 et 99 (n et n-1) prix


monétaire au lieu de chercher 4950 prix relatifs

 Pour 1000 biens, c’est 1000 et 999 prix monétaires au lieu de 499500
prix relatifs

 Calculer dans le cas de 800 biens

15
La monnaie comme moyen de paiement

 La deuxième fonction de la monnaie consiste à faciliter les échanges et


régler les transactions.

 Cette fonction permet d’éviter les problèmes du troc, problème de


double coïncidence des biens (partenaires ayant les mêmes désires et
qui possèdent les mêmes biens)

 A défaut, le problème peut être résolu en centralisant l’offre et la


demande. Cela correspond à une économie de foires (moyen âge) ou
en cherchant un intermédiaire.

16
Exemple

Exemple : trois individus ayant des désires identiques

individu Offre demande


1 A B
2 B C
3 C A

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 L’offre est égale à la demande (équilibre) mais l’échange par troc est
bloqué. Il faut qu’un individu fasse de sacrifice en jouant le rôle de
pivot

 Il troque son objet A contre C ( 1 à 3) puis il échangera le bien C


contre B ( 1 à 2)

 Or ce sacrifice n’est pas sans prix car le pivot perd du temps et


supporte des couts de transactions (cout de stockage, de
conservation…). De plus, si l’échangiste 2 change d’avis en gardant
l’objet B, le pivot reste le seul non satisfait

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 Dès lors, la monnaie permet de régler les transactions en évitant les
couts de transaction, de conservation et en évitant cette centralisation
des échanges géographiques (foire par exemple) ou institutionnelle
(intermédiaire)

 La monnaie réduit les cout d’information. C’est une forme de


rationalisation des échanges qui se traduirait par une dématérialisation
de monnaie qui joue le rôle de moyen de paiement

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La monnaie en tant que
réserve de valeur
 La monnaie peut être épargnée à titre de réserve aujourd’hui pour une
consommation de demain. Sa détention se fait à titre de précaution ou à titre
de spéculation.

 Or les économistes constatent que la détention de la monnaie ne rapporte rien


si on la compare aux autres formes d’actifs (terrain, action, obligation…)

 De plus, la monnaie perd de la valeur au rythme de l’inflation. La monnaie


est considérée comme réserve de valeur par le fait qu’elle est conservée
temporairement entre le moment d’encaissement (recettes) et de
décaissement (dépenses)

 C’est un « lien temporaire de pouvoir d’achat » M.Friedman

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 Il faut signaler que la monnaie n’est pas le seul actif qui est considéré
comme réserve de valeur, il existe bien d’autres actifs ( terrain, action,
obligation…etc.) qui sont conservés en tant que valeur parce qu’ils
procurent une rémunération et peuvent s’apprécier.

 Toutefois, la monnaie constitue l’actif prédominant dans le


portefeuille en raison de sa qualité de liquidité qu’elle possède.

 La monnaie est un élément de patrimoine au même titre que les autres


actifs ; c’est un actif sans risque et non rémunéré (sans rendement)

21
Les propriétés de la monnaie

 La monnaie possède plusieurs propriétés originales :

 La liquidité : c’est la propriété intrinsèque de la monnaie. Keynes définit


la liquidité par le fait d’etre liquide, c’est-à-dire qu’un actif est
susceptible d’etre transformé facilement en monnaie sans perte en capital.
La monnaie peut être cédée à tout moment à sa valeur faciale.

 Absence de substitut à la monnaie. Il remonte aussi à Keynes le mérite


d’avoir souligné l’absence d’un véritable substitut à la monnaie. Aucun
bien ne peut jouer un rôle pareil que celui offert par la monnaie

 La monnaie est exogène : elle relève de la compétence des autorités


monétaires.
22
La valeur de la monnaie

 La monnaie a une mesure spécifique qu’on appelle pouvoir d’achat c’est-à-dire


le pouvoir d’achat d’une unité monétaire, sa capacité d’acheter n bien ou de
payer n service.

 Exemple : soit P1, P2…Pn les prix en monnaie des biens dont correspond pour
chacun d’eux un coefficient aplha i (i = 1, 2…n)

P = ෍ Piαi
 P représente le niveau général des𝛼𝑖=1
prix (une moyenne pondérée des prix)
 Apha i : désigne le poids des transactions sur le bien i par rapport aux transactions
totales
 Pi : le prix monétaire
23
 L’inverse de l’indice des prix à la consommation 1/P représente le
pouvoir d’achat de la monnaie

 Fort logiquement, la monnaie perd de la valeur quand les prix des biens
augmentent en moyenne

 En économie monétaire, on définit trois types de prix :


 Prix relatif : c’est le rapport d’échange entre deux biens, soit le rapport des
prix monétaires des deux biens (Pi/pj). Exemple: une pomme vaut deux
oranges

 Prix monétaire ou nominal (prix absolu) : c’est le prix relatif par rapport à
l’unité monétaire abstraite ou par rapport au bien de référence K dont le prix
est fixé à l’unité. Exemple : une pomme vaut 1 DH

 Prix réel : c’est le pouvoir d’achat d’une unité monétaire ou d’un bien.
Exemple : avec une pomme ou une unité monétaire, je peux acheter n biens
et payer x service.
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I : L’approche classique de la monnaie : le
quantitativisme
 Dans l’approche classique, la monnaie n’est pas demandée en elle même. Elle sert à
régler uniquement les transactions. La monnaie est détenue pour le seul motif de
transaction.

 Un individu qui touche une somme d’argent de 15000 qu’il dépense régulièrement dans
le courant du mois. Il consomme quotidiennement le 1/30 ème de son revenu mensuel
Ym.

 Le montant dépensé chaque jour est de 15000/30 ou bien 15000/4 par semaine.

 Le montant de son encaisse varie entre un maximum de 15000 (début du mois)


et un minimum de 0 (fin du mois).

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Graphiquement la dépense de ménage varie comme suite :

Ym

Ym/2

t0 t1 t2 t3 T
26
 Le diagramme ci-dessus illustre que l’encaisse moyenne de l’individu
est approximativement égale à Ym/2 soit 7500. Ce type d’encaisse
s’appelle demande d’encaisse de transaction. Cette valeur (Ym/2) est
valable dans le cas où le nombre de périodes (le mois) est divisé.
Supposons k est le nombre de périodes envisagées dans un mois, on
aura alors Ym :
1 Ym Ym Ym Ym 
Ym  Ym  (Ym  )  (Ym  2 )  (Ym  3 )  ...(Ym  ( k  1) )
k k k k k 

Ym  1 2 k 1 
1  (1  )  (1  )  ...  (1  )
k  k k k 

Ym  1 
k  (1  2  3  ....  ( k  1))
k  k 
27
Ym  1  (k  1)k 
• k   
k  k  2 
=

n
Puisque (1  2  3  ...  (k  1))  (n  1)
2

• = Ym  k  1  Ym  k  1 
k   . 
k  2  2  k 

• = Ym  1 
1  
2  k
Quand k est grand (c’est à dire k tend vers l’infini) Ym = Ym/2

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 A l’instar des ménages, les entreprises ont aussi une encaisse moyenne due à des
encaissements et des décaissements. Elles payent les salaires et les autres charges. En
contrepartie, elles perçoivent leurs recettes en vendant leurs produits.

Ym

Ym/2

 Le stock moyen des encaisses pour les entreprises est donc de Ym/2, celui des ménages est
de Ym/2, ce qui signifie que le stock d’encaisse pour l’ensemble de l’économie est de Ym

t0 t1 t2 t3 T

29
1 : La théorie quantitative de la monnaie

 L’idée de la théorie quantitative de la monnaie a été reformulée par l’économiste américain


Irving Fisher sous la forme : MV = PT L’ensemble des achats égalise l’ensemble de ventes :
toute dépense en monnaie M est équivaut à l’ensemble des biens en circulation.

 C’est une identité comptable entre ce qui est monétaire M pondérée par le nombre de fois où
la monnaie circule de main en main, et ce qui est réel T (biens) pondéré par leurs prix
moyen.

 Fisher actualise son modèle de telle manière que M et M’ représentent respectivement la


quantité de monnaie fiduciaire et scripturale, V et V’ sont leurs vitesses de circulation.

MV+M’V’ = PT.

30
 A partir de l’identité comptable MV=PT on peut écrire deux
équations :

 En t0 on a : M0 V0 = P0 Q0 V0 = P0 Q0 / M0

 En t1 on aura : M1 V1 = P1 Q1

 Et on déduit : M1 V1 - M0 V0 = P1 Q1 - P0 Q0

 En ajoutant et en retranchant P1Q0 dans le membre de droite on aura :


M1 V1 - M0 V0 = P1 Q1 - P1 Q0 + P1 Q0 - P0 Q0

= P1 (Q1 - Q0) + Q0 (P1 - P0) (1)


31
 Posons

P  ( P  P )
1 0

et
Q  (Q  Q )
1 0

 A partir de l’équation (1) on déduit :

M1V1 - M0V0 = P1ΔQ+ Q0 ΔP (2)

 Pour aboutir à son résultat : Fisher pose trois hypothèses :

32
 La vitesse de circulation de la monnaie est supposée constante à court terme car elle
dépend des technologies de transaction (carte de crédit, degré de bancarisation…
etc.) et des habitudes de paiement. On aura donc V1 = V0 . Dans ce cas, la relation (2)
devient :

M1V0 - M0V0 = P1ΔQ + Q0 ΔP

V0 (M1 -M0) = P1ΔQ + Q0 ΔP

 La production V 0 ΔM ou
nationale
= lePproduit
1ΔQ +réel
Q0estΔP (3)
supposé constant parce qu’on suppose
que l’économie se situe au niveau de plein emploi. Dans ce cas, on aura ΔQ = 0.
L’équation (3) devient :

V0ΔM = Q0 ΔP (4)
33
 L’offre de monnaie est supposée exogène, elle relève de la compétence des autorités
monétaires M = M0

 Sous ces trois hypothèses, Fisher constate qu’en cas de variation de la masse monétaire
(M ou ), seuls les prix qui bougent, car V et Q sont supposées constantes. En
générale on a :
MV = PQ avec M.V = P.Q
 Toute augmentation de M entraîne une augmentation de niveau général des prix.
 Symétriquement, lorsque la masse monétaire baisse, le niveau des prix suit la
même tendance

 Fisher s’intéresse à la quantité de monnaie nécessaire pour l’économie et non à la quantité


détenue par les agents (demande de monnaie). MV = PQ ; Md = (1/V) . PQ (5).
 1/V est un paramètre de comportement supposé expliqué par les habitudes de
paiement.

34
2 : Le modèle de Cambridge

 A.Marsall et A.Pigou expliquent une véritable demande de monnaie. Ils mettent


l’accent sur la volonté des agents de détenir la monnaie (encaisse désirée). Le
revenu des agents est affecté, soit en partie à une consommation immédiate, soit
réservé sous forme monétaire à des achats ultérieurs (demande de monnaie).

 Le montant de l’encaisse demandée Md est une proportion de revenu :


Md = k . PQ = k . PY (A)

 Dans la relation (5) on a Md = (1/V).PQ . Symétriquement, k = 1/V ; k


représente donc l’inverse de la vitesse de circulation de la monnaie. De (A) on
peut déduire :

 Md/P = kQ = kY (B)
 La demande de monnaie est une proportion k de revenu réel.

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Explication de l’effet de l’encaisse réelle.
 L’effet de l’encaisse réelle (M/P) est bien expliqué par Pigou qui constate
que les agents ont un niveau désiré d’encaisse E* qui cherchent à maintenir
quelles que soient les variations de l’encaisse effective E ( l’individu cherche
toujours à réaliser son équilibre : E* = E ).

 En effet, lorsqu’il perçoit une augmentation de son encaisse réelle (M/P),


soit à cause d’une augmentation de la quantité monétaire en circulation M,
soit grâce à une baisse du niveau moyen des prix, il cherchent à retrouver le
niveau initial d’équilibre, (défini) par k.

 Portons sur l’ordonnée d’un graphique l’encaisse réelle désirée (E*) et sur
l’abscisse l’encaisse réelle effective (E). L’équilibre exige qu’à tout moment
E = E*. Dans ce cas, la relation entre E et E* est représentée par la courbe
HH’. C’est une courbe croissante à taux décroissant. C’est-à-dire, quand E
augmente, E* augmente également mais d’une moindre proportion :

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E*= (M/P)* C

D H'
A B
E*1 F

45°

E1 E3 E2 E=M/P

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 Si au départ les agents disposent de E1, ils sont en équilibre au point A puisque E1=E1*.
En cas d’augmentation de M (M/P ), les agents économiques se retrouvent en E 2 . Ils
ont alors un excèdent d’encaisse : c’est-à-dire, une encaisse effective OE2 = E2C, et
souhaitent détenir une encaisse égale à E2B (lecture sur HH’). L’excèdent est donc E2C
– E2B = CB.
 Les agents cherchent donc à se débarrasser de cet excèdent en demandant des
biens. Si le marché des biens est en équilibre (O = D), cette demande
supplémentaire fera monter les prix.
 Or, la hausse des prix aura pour corollaire la baisse des encaisses effectives. Les
agents se retrouvent avec une encaisse effective E 3 , toujours en excédent (DF)

 Le processus continuera jusqu'à ce que l’individu retrouve sa position désirée sur le


point A. En d’autres termes, il existe un niveau désiré d’encaisse E 1 et toute déviation
de M fait monter dans un premier temps l’encaisse monétaire, mais la hausse des prix
qui en résulte ramène l’encaisse effective à son niveau désiré.

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B : Le modèle de Baumol : l’approche en
termes de gestion de stocks
 1 : Détermination du nombre optimal des transactions
Supposons qu’un salarié touche un salaire qu’il consomme régulièrement
chaque mois, et des revenus supplémentaires sous forme de titres. Durant
la première période (moitié de mois), il vend ses titres et avec la monnaie
qu’il reçoit, il règle ses transactions la 2 ème moitié du mois.

 On a donc deux périodes et deux transformations, une opération d’achat et


une opération de vente. Le gain de ménage est de :

Y
r
.
=
Yr
2
24
 r est le taux d’intérêt mensuel alors que r/2 désigne le taux pour
15 jours
39
Y

Achat de titres

Y/2
Vente de titres

0 1 2

40
 Si l’individu effectue trois transformations en trois périodes.
 Il achète au début du mois des titres pour 2Y/3 ( c’est à dire Y-
Y/3). Ce qui explique qu’il conserve un montant de Y/3 pour
ses transactions durant les dix premiers jours du mois.
 A la fin de la première période (10 premiers jours) il vend Y/3
de titres pour ses achats de la deuxième tranche (du 10 au 20 ème
journée).
 A la fin de la deuxième tranche, il vend la dernière tranche de
ses titres Y/3.

 Ses gains sont donc :

2
Y
rY
rY
.
+.=
3
33
33
41
Y

2Y/3 Première opération de vente (Y/3)

Deuxième opération de vente (Y/3)


Achat de titres
2Y/3

0 1 2 3 t (période)
un mois

42
 Supposons qu’il s’agit de n périodes et donc n transactions, c’est à dire
une opération d’achat de titres et n-1 opérations de ventes.

 Au début du mois, il dispose Y/n de revenu destiné à régler ses


transactions et il achète un montant de( n-1)Y/n de titres.

 A la fin de la première période (première tranche) il vendra


Y/n pour régler ses transactions de la deuxième période.

 Il lui reste alors comme placement la différence soit : [(n-


1)Y/n – Y/n] = (n-2)Y/n en titres.

 Son gain global P(n) est de :

(n1)Y r (n 2)Y r (n3)Y r (n(n1)Y r


P(n) = .  .  . ... .
n n n n n n n n
43
Y r
• P(n) = . (n  1)  (n  2)  (n  3)  ...  1
n n

Y r  n(n  1)  Yr (n  1)
• P(n) = n . n    Puisque (n-1) +(n-2)+….+ 1 = n(n-1)/2
 2  2n

• Le profit P(n) est fonction du nombre de transformations. Il tend vers


une limite lorsque ce dernier augmente indéfiniment.

P
lim(
n)=lim 1
Yr  Yr
 
n
1
 
 n
2

n
2 44
 Or chaque transaction suscite un coût (commissions et frais divers).
Appelons b le coût de chaque transaction. Dès lors, le profit net de
l’individu est égal au montant de rendement perçu diminué des frais des
transactions (coût des opérations d’achat et de vente de titres), soit :

Yr n  1
 (n)  P (n)  nb  .  nb
2 n
 Cette quantité est maximale lorsque la dérivée première par rapport à n
est nulle :

Yr  n  (n  1) 
 ' ( n)    b  0
2  n
2

Yr
= 
b
0
2n
2

45
 La valeur positive de n qui annule cette dérivée est de :

Yr
n
2b

 Le nombre optimal de transformations n est croissant avec le revenu Y


et le taux d’intérêt r, et décroissant avec le coût de transformation b

46
2 : L’encaisse monétaire optimale : Partage
de l’encaisse entre M1 et (M2 – M1)

 L’encaisse totale M2 est repartie entre M1 et (M2 – M1) qui doit être
transformée en M1 . Le coût total de l’encaisse se compose de deux
coûts :

 Le Coût de M1 : C’est un coût d’opportunité, c’est le coût


résultant de la détention de la monnaie si celle-ci n’est pas placée
dans des opérations rentables. Détenir de la monnaie empêche
toute opportunité (une éventuelle plus value) en cas de son
affectation à d’autres motifs. Ce coût n’est pas mesurable, c’est
un coût indirect : le coût d’opportunité est désigné par r M1

 Le coût de (M2 – M1) : ce deuxième coût représente le coût de


transformation de cette forme d’actif (M2 – M1) en monnaie M1
(coût en argent et en temps)
47
Y

M2 – M1

M2 = Y/2

M1= C/2

1 2 3 4 T

48
 On suppose qu’un individu effectue quatre transformations, Comme
d’habitude :
 Il garde au début du mois le montant C ( C = Y/4) sous forme
de M1. C’est le montant destiné à régler ses transactions
courantes durant la première semaine.
 Puis à la fin de cette semaine, il vent ses titres pour avoir de la
monnaie, c’est à dire, il transforme (M2 – M1) en M1. Le
nombre de transformations égale donc à n = ( Y- C) / C.

 Or puisque M1 = C/2 C = 2 M1 ; on aura :


Y C Y
n  1
C C
Y
n 1 
Y  2 M  2n M  M (2  2n)
1 1 1
2M 1

Y Y
 ;e
M to
na
au
s
si
: 
n 1

1
49
22
n 2
M 1
 Puisque b représente le coût de chaque transaction, le coût total des
transformations nb est :

bY
nb  b
2M 1

 Dès lors, le coût total de l’encaisse globale est la sommation des deux
coûts (de M1 et de M2 - M1) :

C
T=Ct
1 Ct
M (M
2M1
)=r
M
( b
) 1
bY
2
M 1

 Pour que le coût total soit minimum, il suffit que la dérivée première
par rapport à M1 soit nulle :

CT bY bY bY bY
r 0r  M  M M 
2
1 d 1

M 1 2M 2
12M 2
1
2r 2r
50
 Md exprime la demande de monnaie de type M1. C’est une fonction décroissante du
taux d’intérêt r, et fonction croissante du coût des transformations b et du revenu Y.

M /M M Y 1 Y
  .  Y b ( 2r ) .
1 1 1 1 / 2 1/ 2 1 / 2
e 1 / 2
Y / Y Y M 2
M 1/ Y

Y b1 / 2.( 2r )
1/ 2
1

b
1/ 2
Y 1
. 
2 Y ( 2r ) Y b ( 2r ) 2
1/ 2 1/ 2 1/ 2 1/ 2 1 / 2

 L’élasticité de M1 par rapport à r est égal à C.Q.F.D

1
e M 1/ r 
2
51
 Il signifie qu’il existe une relation négative entre la demande de
monnaie et le taux d’intérêt. En d’autres termes, quand le taux
d’intérêt augmente, la demande de monnaie M1diminue. Une
demande normale et peu élastique, inférieure à 1 (0.5)

 Pour M2 (rappelons que M2 = Y/2), elle est présentée comme une sorte
d’équation de Cambridge ou Md = kY ; M2 = 1/2Y. L’étude de
l’élasticité donne le résultat suivant :

M Y 1 Y
 .  . 1
2
e
Y M 2 Y / 2
M 2 /Y

52
II : La demande de monnaie dans une
optique keynésienne
 Pour Keynes, la monnaie n’est pas demandée uniquement pour régler les
transactions mais aussi pour d’autres motifs, de précaution et de spéculation : la
monnaie est demandée pour elle même.

 A : Le motif de précaution

 Face à l’incertitude, les agents sont enclins à constituer des encaisses à


titre de précaution (maladie, vieillesse, chômage…etc.). C’est l’aspect
réserve de valeur qui l’emporte. Ce genre d’encaisses qu’on peut appeler
(L2) est destiné aussi à régler des transactions mais dans le futur. Elles
ressemblent aux encaisses transactionnelles (L 1).

 Les deux dépendent de revenu L 1 & L2 = F(Y), la seule différence est


que les premières représentent des dépenses certaines alors que les autres
sont aléatoires

53
 Puisque L2 est fonction de revenu est donc de l’activité économique :

 Lorsque l’économie est en croissance ( Y ), les agents économiques constituent


peu d’encaisses à titre de resserve puisque l’avenir est prometteur.
 Lorsque l’économie est en récession, les agents ont tendance à constituer plus
d’encaisses de précaution (thésaurisation pour les mauvais jours).
 L’encaisse de précaution (L 2) est donc fonction décroissante de revenu (relation
négative).

 Or, puisque les deux encaisses (L 1 & L2 ) dépendent de revenu, on déduit que ce motif est
aussi fonction croissante de niveau de revenu.

 Parce que le motif transactionnel L 1 qui est fonction croissante de revenu,


l’emporte sur le motif de précaution L 2.
 D’ailleurs, (L1 & L2 ) représentent une demande de monnaie active qui évoluent
dans le même sens que le revenu.

54
 B : Le motif de spéculation
Outre le motif de transaction et de précaution, Keynes avance que les agents
demandent de la monnaie pour rentabiliser le portefeuille. Ils conservent une
partie des encaisses à l’achat des titres notamment les obligations.

 Les agents détiennent de la monnaie pour valoriser la monnaie, c’est


à dire pour un réaliser un gain en capital. La monnaie est conservée
sous sa forme oisive (thésaurisée) destinée à être affectée dans des
opérations fructueuses.

 Le cours des obligations est une fonction inverse des taux d’intérêt.
Un niveau élevé de celui-ci aura comme conséquence un prix bas des
obligations, à contrario, la baisse des taux fait augmenter le cours de
l’obligation.

55
 Toute obligation émise en t0 sur le marché primaire présente deux
caractéristiques : une valeur nominale Vn (supposons égale à 1000 DH) et un
taux d’intérêt nominal i (de 10 % ). Elle donne droit à son titulaire à un revenu
c (le coupon) fixe :

c = Vn .i0

= 1000 . 10% = 100 DH

 Or, avec l’évolution du taux d’intérêt, le cours de l’obligation change.


L’adaptation du taux nominal i0 au nouveau taux nominal i1 s’effectue par une
modification proportionnelle du cours en t1 (c’est à dire C1) de l’obligation :

c
C
i 1 56
 Quand i baisse passant de 10% à 8%, C 1 = 100/0.08 = 1250 montant supérieur à la valeur
nominale Vn (1000 DH). En revanche, lorsque le taux i augmente passant de 10% à 12,5% ,
le nouveau prix devient C1 = 100/0.125 = 800, inférieur à la valeur nominale Vn (1000 DH).

 En réalité le détenteur d’une obligation ne compare pas le taux de rendement actuel au taux
d’émission passé, mais le taux de rendement actuel au taux futur anticipé. Ce qui détermine
le nouveau cours de l’obligation à l’instant t 2

 Le taux anticipé permet de prévoir l’évolution du prix de l’obligation. Ce qui permet de


faire des arbitrages, d’ailleurs : c
C* 
 Si le taux d’intérêt baisse, le cours des titres augmente (C*). Dans ce cas, l’individu
renonce à tout achat des titres car leur rendement ( C/ C*), le rapport de leur revenu
i*
c (fixé par contrat d’émission) à leur cours C* 2 sera bas. De plus, il est avantageux
de vendre les titres à notre disposition afin de ne pas perdre quand le taux
augmente.

57
 Si le taux augmente effectivement, et on anticipe une augmentation
continue, on va s’attendre à un phénomène inverse du précédent, c’est à
dire le rendement de titre ( C/ C*) va augmenter, car le rapport subit
l’influence de la baisse du dénominateur, le cours baisse sous l’effet de la
hausse du taux i alors que le numérateur restant fixe.

 Dans ce cas, il est évident d’acheter les titres qui rapportent un gain
au lieu de conserver les encaisses sous forme monétaire et supporter
un coût d’opportunité (coût de la liquidité).

 La spéculation constitue alors une forme d’arbitrage ente la monnaie et les


titres en portefeuille. La spéculation est associée à l’encaisse oisive, celle-ci
est fonction décroissante du taux d’intérêt. Forme-llement on peut écrire :

L  L (i )
3 3

58
• Graphiquement on peut exprimer la fonction de demande de monnaie
des agents suivant le niveau du taux i

P r é fé r e n c e a b s o lu e p o u r le s titr e s i  i max 
im a x

P r é fé r e n c e a b s o lu e p o u r la m o n n a ie
im in

L3
59
 A un niveau du taux très faible (imin), les agents n’achètent plus de titres car leur prix
devient très élevé (pas de plus value espérée ; ils préfèrent détenir de la monnaie). A
un moment donné, le taux ne peut baisser au-dessous de ce seuil, il devient insensible
à toute augmentation de la quantité monétaire. Dans ce cas, on assiste à une préférence
absolue pour la monnaie (trappe monétaire ou trappe à la liquidité).

 A contrario, à un niveau de taux plus élevé (imax), les cours des titres baissent et
l’espoir d’avoir des plus values dans le futur est plus probable. Dans ce cas, les agents
ne préfèrent détenir dans leurs portefeuille que les titres. Les agents n’ont pas besoin
de constituer des encaisses spéculatives.

 Toutefois, bien qu’elle soit pertinente, l’analyse de Keynes reste restrictive. Elle met
uniquement l’accent sur l’obligation comme substitut à la monnaie. Or, dans la réalité
les agents font leurs arbitrages par rapport à d’autres formes d’actifs non monétaires.

60
III : Les analyses post keynésiennes de la
demande de monnaie

 La notion du taux critique de Tobin


Tobin développe les liens entre le taux d’intérêt et la monnaie en
s’intéressant à l’encaisse de spéculation. Il détermine un taux d’intérêt
qu’on appelle le taux critique :

 C’est le taux en dessous duquel les agents qui font des


opérations d’arbitrages entre monnaie et titres, préfèrent la
monnaie (l’encaisse de spéculation est maximale).

 Symétriquement, au dessus du taux critique, l’agent ne


choisira que les titres et l’encaisse de spéculation est nulle.

61
 Dans le cas général des titres à valeur nominale C 0 et du taux de rendement
nominal i0 en (t0), le prix du marché C1 varie comme l’inverse du taux
d’intérêt courant sur le marché i1 en (t1 ), comme l’indique la relation :

i
C C
0
1 0

i
 Les agents anticipent par ailleurs un taux i e pour calculer le gain ou la perte
(plus-value ou moins value) qui se déduit de la variation du taux d’intérêt,
et de la valeur anticipée de C e(t2) du titre au moment de sa revente future :

i  C si  i  i  ( plus  value ) 
C C . 
1 e


0

    
e 0

i C esi 1i i (
e moins value ) 
62
 Le calcul du taux de la plus value est donné par la relation suivante :

Ci Ci  1 1
0
 0
C i   
0 0

C C i i i i
0 0

g
e 1
 e
  e

C Ci 1
1 0 0
Ci.
i i
0 0

 Le rendement anticipé du titre est la somme du gain en capital (positif, négatif) attendu et du
taux d’intérêt iperçu soit :
g  1
i e

i
R  g  i   i 1
i e
63
 En général, l’agent compare le taux de rendement des titres à celui des
actifs monétaires dont le rendement est nul :
 Si R = g+i > 0, il choisira les titres
 Si R = g+i < 0, il choisira la monnaie

 Or, il reste le cas où R = 0. Il existe alors un taux d’intérêt critique ic ,


pour lequel le taux de rendement des titres R = 0. La valeur de ce taux
est celle de i lorsque :
i
R=g+i=0 i+ 10
i e

 1
Soit : i1  1
 i e

1 i
i 
e

1 1i
1 e
64
ie
 Trois cas sont possibles :

 i>ic, le prix des titres est faible et l’individu anticipe une forte probabilité de
hausse future de ce prix (possibilité de réaliser un gain en capital). Il conserve
les titres qu’il détient ou achète de nouveaux titres en réduisant son encaisse de
spéculation

 i<ic, le prix des titres est élevé et l’individu anticipe une forte probabilité de
baisse future de ce prix (l’éventualité d’une perte en capital). Il substitue des
liquidités aux titres en vendant les titres qu’il détient et en s’abstenant d’en
acheter de nouveaux

 i = ic , l’individu est indifférent à la forme de la détention de sa richesse.

65
i

Région 1

Région 2
ic T

Région 3

0 N L3

66
 La figure précédente décrit les règles de composition élémentaire d’un portefeuille
composé uniquement de liquidité et de titres à revenus fixes.

 Pour i>ic la demande de monnaie spéculative L3 est nulle. Elle se confond


avec l’axe vertical, et le portefeuille est composé exclusivement de titres.

 Pour i<ic , tout le portefeuille est composé de liquidité puisque les pertes
en capital attendues sur les titres excèdent le gain en intérêt. La fonction
L3 est représentée par le segment TN

 D’ailleurs, la fonction L3 est une fonction en escalier avec ON la valeur donnée du


portefeuille total. Les individus choisissent toujours ce qui rapporte le plus : tout
le portefeuille est placé dans les actifs qui ont les rendements les plus élevés.

67
Fin de la première partie

68

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