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Le monopole

Le monopole est en concurrence imparfaite, il n’y a pas d’atomicité. Il existe plusieurs raisons expliquant
l’apparition d’un monopole :

– Cas rare : la détention par une seule entreprise d’une ressource rare. Par exemple : l’entreprise De
Beers est la plus grande entreprise d’exploitation de diamants d’Afrique du sud et était en monopole sur
le marché du diamant brut au XXe siècle.

Lorsqu’un monopole met en place des stratégies de marché pour empêcher l’arrivé de nouvelles
entreprises, on retrouve les barrières stratégiques à l’entrée, mises en évidence par Bain (1956), qui
sont de deux formes : prédation et préemption. La prédation, c’est l’idée de vendre dans un premier
temps à perte pour empêcher l’arrivée d’un potentiel concurrent. La préemption, c’est faire savoir qu’on
a des capacités de production inexploitées pour faire concurrence si un nouvel entrant arrive.

– Le monopole légal : parfois ce sont les pouvoirs publics qui préfèrent qu’il n’y ait qu’une seule
entreprise, par exemple dans un secteur stratégique comme le nucléaire.

– Le monopole d’innovation : il s’agit d’un monopole le temps de la détention d’un brevet. L’auteur de
référence sur ce sujet est Schumpeter, selon lui l’entreprise bénéficie d’une rente de monopole pendant
la période où elle n’est pas copiée. Ce monopole résulte d’un processus concurrentiel et il est
temporaire.

– Monopole naturel : conditions qui font qu’à long-terme les entreprises concurrentes ne sont jamais
rentables. Cette situation se produit quand les coût fixes sont trop importants par rapport aux coûts
variables : il y a un constant amortissement des coûts fixes. Par exemple : le coût de production de
l’hydroélectricité. Le coût des installations techniques engagées avant même que le premier kilowatt-
heure ait été produit est démesuré par rapport au coût variable correspondant au fonctionnement de la
centrale. La présence de rendements d’échelles croissants contribue à l’apparition d’un monopole.

L’équilibre du monopole

Le monopole, comme une entreprise en CPP, cherche à maximiser son profit – le profit étant défini
comme la différence entre la recette totale et le coût de production. Il existe deux différences entre
monopole et l’entreprise en CPP :
– L’entreprise en CPP ne peut pas agir sur le prix de vente, elle est price-taker alors que le monopole est
price-maker, il ne peut cependant pas vendre à n’importe quel prix même s’il est tout seul parce que si
le prix est trop fort, personne ne consentira à payer. Le monopoleur doit donc tenir compte de la
demande.

– En CPP la demande est satisfaite par une multitude d’entreprises alors qu’en monopole elle n’est
satisfaite que par une seule entreprise. Comme la demande est une fonction décroissante du prix : plus
le monopole produit, plus il doit baisser son prix de vente.

Pour maximiser son profit une entreprise doit égaliser son coût marginal avec la recette marginale. En
situation de CPP, la recette marginale est forcément égale au prix. Alors qu’en situation de monopole, la
recette marginale est décroissante. Un monopole détermine simultanément le prix de vente et la
quantité produite. Il égalise le coût marginal et la recette marginale, ce qui lui donne la quantité à
produire et il regarde ensuite à quel prix il peut vendre pour écouler cette quantité produite.

Il existe deux moyens pour réguler les monopoles

– Garantir à l’entreprise un certain taux de rendement (cost plus): cela lui permet de couvrir ses coûts en
ajoutant une certaine marge pour que l’entreprise puisse investir et/ou qu’elle rémunère ses
actionnaires. Les pouvoirs publics vont alors imposer le prix en respectant tout cela. Une des limites de
ce mode de régulation est que l’entreprise n’est pas incitée à produire efficacement.

– Fixer un plafond de prix (price-cap) : dire à l’entreprise qu’elle ne peut pas vendre à plus de tel prix.
Pour fixer ce prix les pouvoirs publics tiennent compte des coûts (dividendes à verser et investissements
nécessaire à faire) et donne un prix maximum auquel on pourrait vendre. Cela fait que l’entreprise peut
être incitée à réduire ses coûts de production et faire des gains de productivité.

La réglementation du monopole naturel se révèle très difficile dans la mesure où il existe une asymétrie
d’information entre le régulateur qui est le principal et l’entreprise réglementée qui est l’agent. Cette
dernière connaît en effet bien mieux que le régulateur ses coûts. L’entreprise peut être incitée à grossir
ses coûts ou gonfler artificiellement ses coûts afin d’obtenir des tarifs plus élevés.
Laffont et Tirole se sont penchés sur ce problème et ont proposés des contrats incitatifs. Il s’agit par ces
contrats de contourner le problème d’information asymétrique pour essayer d’éviter que les entreprises
gonflent artificiellement leur prix. Ce qui est proposé est que l’entreprise doit faire un choix parmi un
ensemble de plusieurs contrats « subtilement élaborés » : on propose une multitude de contrats et dans
chaque contrat on fait voir les coûts de production de l’entreprise sans qu’elle s’en aperçoive. En
choisissant le contrat, l’entreprise donnera au régulateur une idée de ses coûts de production et le
régulateur verra alors si l’entreprise gonfle ces derniers. En effet, l’entreprise choisira le contrat qui lui
semble le meilleur en fonction de ses intérêts, ce qui permet de révéler alors les véritables coûts de
l’entreprise. Lorsqu’on dit contrats incitatifs, ce sont des contrats incitant à la révélation des coûts de
production véritables.

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