CHAP.

2 – I – Le pouvoir de marché des firmes en concurrence imparfaite

B) Le cas des monopoles
Programme officiel
- Comprendre que le monopole est faiseur de prix et être capable de donner des exemples de monopoles (monopole naturel,
institutionnel et d’innovation).
- Comprendre, à l’aide de représentations graphiques et/ou d’un exemple chiffré, que l’équilibre du monopole n’est pas efficace.
Introduction: Qu'est-ce qu'un monopole ?
C’est un cas extrême de la concurrence => un seul offreur sur un marché donné.
. défin°: Un Monopole = forme de concurrence imparfaite dans laquelle un seul producteur fait face à une multitude
d’acheteurs.
En situation de monopole, il n’y a pas d’atomicité du côté de l’offre : le vendeur se trouve en situation de pouvoir de marché
et devient "faiseur de prix". En conséquence, cette position conduit à un équilibre pas toujours "efficace" = dommageable
pour les consommateurs (voir (2) quels effets ?)
1) Pourquoi existe-t-il des "monopoles" ?
Habituellement, on distingue trois types de monopole : "naturel", d'innovation et réglementaire (institutionnel).
. Le 3è cas est souvent qualifié de monopole légal ou institutionnel et correspond à un cas particulier car son existence
résulte d'une réglementation. De fait, il n'y a pas de possibilité d'entrer dans ce marché du fait de la réglementation mise en
place. Celle-ce agit comme une "barrière à l'entrée" et rend le marché non contestable / voir l'exemple du doc.7
En réalité, les monopoles "purs" (un seul offreur sur un marché) sont extrêmement rares mais il existe un certain nombre de
configurations de marché qui présentent les caractéristiques d'un monopole.
Mais, du fait de la libre entrée sur le marché, la position de l’offreur peut être remise en cause par des producteurs ayant
réussi à mettre au point des produits similaires ou substituables. Dans ce cas, lorsque le marché est contestable (libre-
entrée), la firme déjà en place doit faire face à une concurrence réelle et potentielle. Le monopole est temporaire et est
qualifié de monopole simple.
Deux types de monopoles "simples": ceux liés à l'innovation (2 p.39) et les monopoles "naturels" (dits "techniques" – doc.5)
J'ai inversé les doc par rapport au poly du cours. Je commence par le doc.5
Doc.5 du polycopié : la distibution du gaz, un exemple de monopole naturel + 1 p.39 (SNCF réseau)
1. Pourquoi le coût moyen (CM) des entreprises de distribution du gaz baisse-t-il quand le volume des ventes augmente ?
Lorsque le volume des ventes (donc la quantité produite) augmente, le CM tend à baisser car la production de gaz est une
activité qui nécessite des dépenses d'investissement élevées en amont pour développer les infrastructures de distribution aux
consommateurs et entreprises => coûts élevés du réseau de gaz = des coûts fixes (CF) importants [rappel : les CF sont
indpendants des volumes produits et distribués].
En conséquence : ∆+ quantité distribuée (de l'échelle de prod°) permet d'obtenir des ...
Économies d'échelle: on parle d'économies d'échelle lorsque le coût de chaque unité produite diminue avec
l'augmentation de la prod° car les CF sont répartis sur un volume de P° + élevé.

∆+ échelle de P° P° s’effectue à coûts unitaires …................ ∆- Coût …........

Voir la Q1 du doc.1 p.38
2. Pourquoi un tel monopole est-il qualifié de « naturel » ? . Idem pour l'exemple de SNCF réseau (1 p.38)
Au sens où il découle "naturellement" du jeu de la concurrence et ne sont pas le résultat d'une intervention publique (d'une
réglementation qui réserverait la P° à une firme) ou d'une pratique anticoncurrentielle (une entente entre producteurs
notamment) => l'existence d'une situation de monopole résulte du processus de sélection par la concurrence qui laisse
subsister qu'une ou quelques entreprises, le plus souvent de grande taille.
Pourquoi ? Une firme de grande taille est + efficace (les économies d'échelle sont accessibles), les clients la rejoignent, ce qui
fait encore grandir cette firme et la rend encore + efficace en termes de coûts de P°.
Donc: des raisons techniques semblent expliquer l'existence de monopoles dits naturels, qualifiés aussi de
monopoles "techniques". Leur existence est liée à la taille du marché et aux contraintes techniques qui en
découlent => les méthodes de P° ne sont accessibles qu'à une firme de grande taille
Exemples: Cas des activités de prod° en réseaux : distribution d'électricité, de gaz, d'eau, transport ferroviaire, aérien,
l’aéronautique, les télécommunications (dont P° numériques comme un réseau Internet) => ces activités nécessitent des
infrastructures de distribution très coûteuses ≈ activités à CF élevés. Dans ces industries en réseaux, les coûts fixes (locaux,
machines, réseaux techniques) sont si importants qu'il faut produire de grandes quantités pour pouvoir les amortir
(économies d'échelle ), au point que plusieurs entreprises ne peuvent coexister sur le même marché sans faire de pertes.
2 p.39 (vidéo) : l'exemple de Pfizer - Q1, Q2 et Q4
lien vidéo https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/covid-19-le-prix-du-vaccin-pfizer-a-augmente_4619003.html
1. Pquoi l'innovation de Pfizer lui procure-telle un pouvoir de marché ? Le laboratoire Pfizer a fait des recherches qui lui ont
permis d’être le premier à commercialiser un vaccin. Il a donc provisoirement été en situation de monopole d’innovation.
De plus, même si d’autres vaccins existent, ce vaccin a des spécificités (flexibilité face aux variants et vaccination des enfants)
qui le différencient des autres. Pfizer utilise donc l’innovation pour mettre en place une barrière stratégique à l’entrée et fixer
des prix plus élevés que les autres.
Q2/ Sans brevet, Pfizer pourrait-il garder longtemps le monopole sur son innovation ?
Rappel : Un brevet est un titre de propriété industrielle qui offre à son détenteur le droit d'exploiter son innovation et
empêche les autres producteurs de l'exploiter sans son autorisation.
En France, le brevet est délivré par l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) pour une durée maximale de 20
ans, à partir de la date du dépôt.
Si le vaccin n’était pas protégé par un brevet, les autres laboratoires pourraient très rapidement le commercialiser en le
copiant. Ces firmes n'auraient pas à supporter les coûts de R§D très élevés.Le brevet permet de prot"ger temporairement
l'innovateur et il peut dès lors rentabiliser les investissements réalisés en amont et obtenir un profit suffisant pour
rémunérer la prise de risque (voir ci-dessous "complément Q2)
Q4/ Comment une entreprise peut-elle obtenir une situation de monopole ?
Le dépôt de brevets constitue un type de barrière (légale puisque délivrée par une autorité publique) à l'entrée sur le marché
des médicaments et conduit à une situation de monopole.
Donc développer un produit nouveau (ou une technologie novatrice) offre un avantage concurrentiel à son créateur dès
lors qu'il dépose un brevet => il bénéficie d'un ...
Le monopole d'innovation
- La mise sur le marché réussie d'un produit nouveau créé une situation de monopole
- Firme leader est seule sur son segment de marché jusqu'à l'arrivée de concurrents
=> ce type de monopole est temporaire
- Comme pour un médicament nouveau, ou un autre bien nouveau, la protection est limitée dans le temps.
- Dans la réalité, même si une innovation est brevetée, elle suscite des convoitises car le nouveau segment de marché qui en
découle offre des profits potentiels élevés => la rente (de monopole) d'innovation attire d'autres producteurs.
- Rapidement, des concurrents s'approprient l'idée pour développer des biens ou services en mesure de concurrencer
ceux de la firme innovatrice. Ainsi, le monopole d'innovation est temporaire.
Complément Q2/ Le rôle écoq des brevets :
- Ils protègent l'innovation et favorisent la rémunération de l'entrepreneur-innovateur ; ce qui semble essentiel car les
coûts de l'innovation sont très élévés (=> les dépenses en recherche-et-développement – R§D).
En effet, le processus d'innovation est long et coûteux du fait de la durée des recherches, du développement du produit
nouveau, des tests et de la mise sur le marché. Tout cela prend du temps et nécessite des dépenses d'investissement
conséquentes en amont de la prod°.
- A l'inverse, s'il n'existait pas de protection juridique, aucun entrepreneur ne serait incité à investir pour innover, faute
de pouvoir rentabiliser ses dépenses. Il serait immédiatement copié et les revenus de l'innovation mise sur le marché seraient
captés par d'autres (qui, en plus, n'auraient pas à assumer les dépenses initiales en R§D) => sans brevet, pas d'innovation.
Ainsi, la protection de l'innovation par des brevets, en rémunérant la prise de risque, constitue une incitation à investir et
à innover car garantit de bénéficier des revenus générés par la mise sur le marché (une rente de monopole).

A retenir
- Des raisons techniques peuvent expliquer l'existence (durable) de monopoles.
L’existence de monopole peut s’expliquer par la présence de CF importants sur certains marchés de grande dimension:
certaines activités nécessitent des infrastructures spécifiques (voies de chemin de fer, lignes électriques ou téléphoniques,
réseaux de bureaux de poste) qu'il n'est en général ni possible ni rentable de dédoubler.
Pour s’implanter dans ces activités, il faut des dépenses d’infrastructures très élevées, mettre en place des réseaux
d’approvisionnement et de distribution coûteux.
Mais, ces dépenses ne pouvant être amorties que par une production réalisée elle-même à grande échelle, il n'y a de place que
pour une seule entreprise sur le marché. Seule une firme de grande dimension peut atteindre la "taille critique".
- Un autre facteur essentiel est que la situation de monopole peut avoir pour origine la mise sur le marché d’un produit
nouveau (une innovation de produit) . La firme innovatrice devient leader sur un nouveau marché, elle est en situation de
monopole temporaire, jusqu’à l’arrivée de concurrents ayant mis au point des produits similaires.
Complément:
Comme dans le cas des monopoles "naturels", basés sur l'existence d'économies d'échelle caractéristiques d'activités
coûteuses, l'innovation conduit à une concentration d'un secteur. Là aussi, le processus de sélection des firmes en mesure de
se maintenir produit une baisse du nombre de firmes sur un même marché et à l'émergence de firmes de grande taille.
En effet, seule une ou quelques firmes sont en capacité de financer des dépenses en R§D coûteuses, tout en rentabilisant le
produit nouveau grâce à des volumes de vente élevés (exemple des consoles de jeu, des innovations en lien avec l'économie
numérique, de l'aéronautique, etc.)
Cela signifie que les (quasi) monopoles issus de l'innovation et/ou d'activités avec économies d'échelle potentielles
peuvent être efficaces et légitimes. Dès lors que l'exploitation des économies d'échelle ou de l'innovation favorisent des
produits de meilleure qualité et à un prix de revient + faible, les monopoles (temporaires) sont bénéfiques pour le bien-
être collectif => une firme de grande dimension est parfois + efficace qu'une multitude d'entreprises en concurrence.
Toutefois, cela suppose que la firme en position dominante n'abuse de son pouvoir de marché, ce qui n'a rien d'évident ! (cf. II)
Une troisième catégorie de monopole : le cas du monopole réglementaire/institutionnel/légal (3 termes équivalents)
doc.7: les jeux d'argent et
de hasard, un monopole
réglementaire (légal)

Q7/ Le monopole de la FDJ

couvre l'ensemble des jeux
de tirage et de grattage
(segments physique et en
ligne) ainsi que la partie
physique des paris sportifs
(les jeux en ligne étant
ouverts à la concurrence
depuis la loi de 2010).
Donc: la FDJ détient un
monopole réglementaire
sur les jeux de tirage et
grattage + paris sportifs
physiques

Q8/ Effet de la loi de 2010 :

La loi a conduit à ouvrir une partie des marchés de jeux d'argent et de hasard à la concurrence : paris en ligne + certains jeux
de casinos en ligne.
L'effet immédiat a été l'arrivée de nouveaux offreurs (ex. des paris sportifs en ligne) donc plus d'atomicité.

Q9/ Raisons du monopole accordé à la Française des jeux (FDJ) ?

Pour des raisons d'ordre public/ de sécurité et aussi de santé publique.
L'objectif du monopole est d'assurer ...
- la régularité et la légalité des jeux (des risques importants existent; par ex., des matchs truqués). Or, le contrôle des
opérations est + facile sur un opérateur public que sur une multitude d'intervenants privés.
- la protection des joueurs, notamment des plus jeunes, car les jeux d'argent ne relèvent pas d'un "commerce ordinaire" et
peuvent générer des phénomènes d'addiction.
Autres exemples de monopoles réglementaires/institutionnels:
- La vente de tabac, les actes notariaux, la P° de passeports, etc. = des monopoles légaux parfois confiés à des acteurs privés.
- La P° des billets de banque, les Poudres et Explosifs, les infrastructures ferroviaire (RFF), d'électricité (RTE), le nucléaire,
(AREVA), etc. sont des exemples de monopoles pris en charge par des entreprises publiques => des monopoles d'Etat.
- Leur existence peut-être liée à des intérêts collectifs (les rendre accessibles à tous comme l'énergie, le courrier, les transports
collectifs) ou à des intérêts stratégiques (cas du nucléaire et des explosifs militaires). Parfois, ces activités sont à la fois des
monopoles réglementaires et "naturels" (cas des infrastructures d'énergie)
Donc:
Il existe des situations de monopole institutionnel dont l'existence est liée à un cadre légal
=> Une « barrière réglementaire » rend le marché non-contestable

schéma de
synthèse

Exercice
Complétez avec: économies d'échelle • barrière à l'entrée • réglementaire • innovation • monopole.
Le pouvoir de ............ d'une firme provient de l'existence d'une ................ . Elle peut reposer
sur des .............., une protection ..................., une ...................... technologique.