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Histoire Economique: Sociétés,

Industrie, Organisations
(HIST-S-101)

CHAPITRE 1
VERS UN MARCHÉ MONDIAL ET
MONDIALISÉ
2

Un monde « dé-centré »
(carte du monde « made in Japan », 1914)
Plan du cours
3

— Espaces économiques mondialisés


— Systèmes productifs
— Acteurs des transformations
— Politiques sociales
— Politiques économiques
— Ossature financière et monétaire
— Phénomènes organisationnels
Le capitalisme: un changement de paradigme
4

— Du capitalisme envisagé comme


phénomène industriel à un
capitalisme doublement « étiré »
¡ Temps long
¡ Expansion spatiale à mondialisation
— Les différentes étapes du
capitalisme s’inscrivent dans des
logiques marchandes
(commerce, finance,
consommation, etc.)
Terminologie de la mondialisation
5

— Une définition complexe


¡ Essaisde définition négative
¡ Globalisation ≠ Internationalisation ≠ Colonisation

— Des origines incertaines


¡« Première globalisation »?
¡ « Première révolution industrielle »?

¡ Les premiers systèmes de marchés commerciaux?

¡ Les grandes découvertes et les colonisations?

¡ Les premiers marchés indépendants?


Terminologie de la mondialisation
6

— Fernand Braudel et la thèse du système


d’économie-monde

— Définition: « Morceau de la planète


économiquement autonome, capable pour
l'essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses
liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une
certaine unité organique »
— De l’espace à la triple temporalité
Construction des « systèmes de marché »
durant l’Antiquité
7

— Deux tendances parallèles:


¡ Commercialisation de l’espace (un ‘espace
marchand’)
÷Ex: Empires de la terre (Egypte, Mésopotamie)
÷Ex: Empires de la mer (Grèce, Phénicie, Rome)

— Tentations d’empire-monde
— Grèce classique et hellénistique: mécanismes
— L’empire romain: un système « non-intégré »
— L’empire ouvert de l’Islam naissant
Apogée du califat abbasside (ca. 750-850)
8

Les ferments d’un maillage commercial


« unitaire »: religion, langue, monnaie (< crédit)
Soubresauts européens au haut Moyen-Âge
9

— Entre « déclin » romain et « invasions


barbares »: la reconstitution de
l’empire carolingien (ca. 800-930)
¡ Reprise des routes commerciales
¡ Stabilisation de l’économie rurale (rôle des
abbayes)
— L’amorce d’un essor économique après
l’an 1000?
Construction des « systèmes de marché »
10

— Focus sur la Méditerranée: la « thèse


Pirenne » et ses limites
¡ Henri Pirenne (1862-1935)
¡ Mahomet et Charlemagne, 1935
¡ La Méditerranée: poumon économique et culturel
¡ L’invasion musulmane (7ème s.) interrompt la dynamique
des échanges en Méditerranée occidentale
¡ « Sans l'islam, l'Empire franc n'aurait sans doute jamais
existé, et Charlemagne sans Mahomet serait inconcevable »
¡ Critiques: peste et poursuite des échanges
Les prémisses du capitalisme marchand
la Chine des Ming
11

¡ Chine: la dynastie
des Song (960-1279)
et des Ming (1368-
1644)
¡ Echanges commerciaux et
innovations
technologiques
¡ Intensité des échanges
internes (Delta du Yangzi)
et « division du travail »
(porcelaine, soie, coton,
épices, thé, riz, etc.)
Les prémisses du capitalisme marchand
Le réveil européen
12

¡ Un régime « en expansion » à
partir de relais stables
résolument ouverts vers
l’extérieur:
÷De cités marchandes (maritimes)
en places financières
÷ Ex: Venise, Gênes, Bruges,
Anvers… Amsterdam
÷Diasporas dynamiques
÷ Ex: Ligue hanséatique, routes
du sel /de la soie
Les prémisses du capitalisme marchand
Le réveil européen
13

÷Nouvelles techniques
÷ Comptabilité à partie
double « alla
Veneziana »
÷ Développement des
instruments de
crédit
÷ Le cas de la Maison
des Medici à
Florence
÷Réseau de filiales
Bilan du capitalisme marchand: mondes
connectés avant le phénomène industriel
14

— Aux 14ème et 15ème siècles, les échanges


commerciaux s’intensifient:
¡ Le Moyen-Orient: la puissance de développement
ottomane et la Perse
¡ L’Asie: l’innovation chinoise et la plaque-
tournante indienne
¡ L’Europe: ‘empires agraires’ ouverts sur le monde

¡ L’Amérique: un continent isolé avec des


civilisations avancées (Mayas, Aztèques)
Naissance du « capitalisme de guerre »
15

— Caractéristiques majeures du « capitalisme de guerre »


¡ Entre 1500 et 1800 (avec des exceptions nationales
majeures)
¡ Expansion territoriale violente

¡ Système de plantations / colonisation

¡ Transformations sociales majeures (irruption d’une


« culture de la consommation » pré-bourgeoise)
¡ Vers un capitalisme financier (rôle des compagnies à
charte)
¡ Transformations du capitalisme agraire (chapitre 2)
Expansion et capitalisme de guerre
16

— Expansion ultramarine du
commerce européen
¡ Du ‘système méditerranéen’ au ‘système
atlantique’ mondial
— Les puissances européennes
s’insèrent (violemment) dans les
réseaux commerciaux existants
¡ Commerce armé ↔ esclavage ↔
conquête ↔ extermination ↔
consommation
— Le 16ème siècle voit le basculement
vers un maillage commercial
mondial et « euro-centré »
— Ce sont les marques du
« capitalisme de guerre »
Expansion et capitalisme de guerre
Une exception européenne?
17

Les sept voyages de l’amiral Zheng He (1405-1433)


Trois cultures de la consommation à l’ère du
capitalisme marchand tardif / capitalisme de guerre
18

— Confort, luxe et
consommation: (lente)
diffusion de l’élite vers la
« base »
¡ Italiede la Renaissance
(Florence, Gênes et
Venise)
¡ Chine des Ming

¡ Grande-Bretagne et
Provinces-Unies
Expansion et capitalisme de guerre
Une division internationale des échanges
19

— Le secteur du luxe « tire » les commerce international


¡ Aux 17ème et 18ème siècles, les échanges résultent d’une
« division internationale du travail » (D.I.T.) rythmée par les
« avantages comparatifs » (Ricardo)
— Fin 17ème s.: premier basculement
¡ De l’importation des produits asiatiques (épices, porcelaine,
soie, coton) au commerce transatlantique (sucre, tabac, café)
— 1830-40: second basculement
¡ Les produits manufacturés de « demi-luxe » sont désormais
fabriqués en Europe (le cas des cotonnades « indiennes »)
¡ Seules les matières premières sont importées (indigo, opium,
coton brut, soie brut,…)
Expansion et capitalisme de guerre
Une division internationale des échanges
20
Prémisses du capitalisme financier
Les compagnies à charte
21

— La Compagnie Anglaise des Indes Orientales (East


India Company, 1600-1874)
¡ Capital variable (% nombre actionnaires)

¡ Responsabilité financière limitée

¡ 200.000 hommes actifs

— La Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales


(VOC Vereenigde Oostindische Compagnie, 1602-1798)
¡ Capital fixe, obligations et actions cotées à la bourse
d’Amsterdam
¡ Structure financière (comptable) décentralisée
Prémisses du capitalisme financier
Les compagnies à charte
22

— Le développement des « compagnies à charte » et


l’origine des « multinationales »
— Caractéristiques:
¡ Société anonyme (octroi de dividendes)
¡ Charte assurant le monopole du commerce (thé, café,
tabac, textiles…) en échange du contrôle de l’Etat
¡ Mise en place de comptoirs commerciaux à l’étranger
(à pouvoirs politiques et fiscaux à Etat dans l’Etat)
¡ Instruments commerciaux et militaire d’expansion
territoriale
Le « système de plantations »
23

— 18ème siècle: apogée


du « Commerce
triangulaire » / du
« bois d’ébène » /
« traite négrière »:
les trois phases de la
traite atlantique
Le « système de plantations »
24

1° segment:
Europe-Afrique de
l’Ouest (Liberia,
Ghana, Bénin,
Angola): rôle de
l’armateur
Le « système de plantations »
25

2° segment:
Afrique-Antilles (à
Amérique): paiement
en nature (biens
manufacturés) à la
‘cueillette’ et vente
des captifs aux
planteurs (liés aux
familles de
négociants)
Le « système de plantations »
26

3° segment:
Amérique-Europe:
« trajet retour » avec
des produits tropicaux
(sucre, thé, cacao, riz,
coton, tabac,
indigo,…)
Le « système de plantations »
Les traites négrières
27

— Le temps long des traités négrières


— Trois flux :
¡ Traite transatlantique

¡ Traite arabe

¡ Traite intra-africaine

2004
Les traites négrières
28
L’économie esclavagiste
29

— Coexistence de « statuts » de travailleurs non libres


¡ Serviteurs contractuels (indentured servants) d’origine
européenne
¡ Esclaves : statut, rôle économique et social

— Les mouvements abolitionnistes


¡ Angleterre: abolition de la traite (1807) puis de l’esclavage (1833)

¡ France: abolition par la Convention (1794); abrogation par


Napoléon (1802); décret d’abolition (1848)
— Après l’abolition
¡ Coexistence des transferts de main-d’œuvre légale et illégale

¡ Les « travailleurs engagés » (coolies) d’Asie


30
Pour aller plus loin…
31

« Les routes de l’esclavage »: un documentaire en


4 parties chronologiques (lien sur l’UV)
La colonisation
32

— Colonies de peuplement et colonies-comptoirs


— Le domaine colonial de l’Europe est tardif mais son
développement très intense
— Extension de la « mondialisation archaïque » (Bayly)
¡ Nouveaux produits (< matières premières agricoles)
¡ Nouveaux marchés

¡ Une main-d’œuvre abondante et peu chère

— Fin 18ème s., double déplacement du centre de gravité


¡ Puissance coloniale: Espagne à Angleterre
¡ Domaine colonial: Amérique à Asie
La colonisation
33

— Domaine colonial de l’Europe (population en millions;


superficie en millions de km². Europe = 4.9 millions km²)
Population
Domaine colonial européen
de l’Europe
Population Superficie
Vers 1760 125 27 24.2
1830 180 205 8.2
1880 244 312 24.5
1913 320 554 53.2
1938 396 724 56.7
1950 392 160 25.3
1963 437 30 6.5
Source: P. Bairoch (1997), t.II, p. 606 (Tableau XVIII.1)
La colonisation: un échange inégal
34

— Les termes du « pacte colonial »


¡ Importation exclusive dans les colonies des produits
issus de la métropole
¡ Exportation exclusive des produits des colonies vers
la métropole (qui peut les réexporter à son tour)
¡ Interdiction aux colonies de fabriquer des produits
concurrentiels à la métropole (cf. indiennes)
¡ Monopole des relations commerciales et de transport
métropole ßà colonies (à développement des
entreprises de transport de marchandises et de
personnes)
La colonisation africaine
Le cas du Congo belge
35
— Une colonisation par phases
successives
¡ Le « scramble for Africa » dans
les années 1870
¡ 1882 Expédition de Brazza
(France)
— Le cas du Congo: une
colonisation tardive
¡ 1879-1885: Association
Internationale du Congo: zone
de libre-échange et de
circulation
La colonisation africaine
Le cas du Congo belge
36
— Le cas du Congo: une
colonisation tardive
¡ 1885-1908: Etat Indépendant du
Congo
÷ Gestion économique (exploitation
caoutchouc et ivoire) par le régime
domanial ou les compagnies
concessionnaires
÷ Echec financier du système domanial
÷ Rentabilité à partir de 1895;
dénonciation des violences
¡ 1908: Reprise par l’Etat belge (charte
coloniale)
Le cas du Congo
37

Une large contestation des pratiques de Léopold II


Le cas du Congo
38

Quelques voix également en Belgique


La colonisation africaine
Le cas du Congo belge
39

— Le rôle des grands holdings:


Société Générale de Belgique
(sur 8,3 milliards de FB investis en
1934 au Congo, 6,4 appartiennent
aux grands groupes et 5,4 à la
seule SGB)
¡ + Groupe Empain, groupes
étrangers (américains)
¡ 1906: Union Minière du
Haut-Katanga (UMHK), rôle
politique majeur au Katanga
La colonisation africaine
Le cas du Congo belge
40

Un bilan économique asymétrique :


— Le Congo comme marché d’exportation
a (presque) toujours moins pesé que
comme fournisseur de matières
premières
— La place du Congo dans le commerce
extérieur belge est relativement
marginale, sauf:
a. Dans les exportations vers le Congo en
1948-58 (4-5% du total)
b. Dans les importations vers la Belgique
en 1929-60 (4-8% du total)
La domination économique des sociétés
impériales
41

— Traités ‘inégaux’ dans les


pays indépendants (Chine,
Brésil, Empire Ottoman,…)
— Chine: humiliation et
« quasi-colonisation »
— Désir d’argent chinois et soif de
thé britannique
— Première Guerre de l’opium et
Traité de Nankin (1842)
¡ Contexte: frein à l’exportation de
l’opium d’Inde vers la Chine
organisée par l’empire britannique
Du traité de Nankin à la révolte des Boxers:
la Chine sous la pression des puissances impériales
42

• Seconde Guerre
de l’opium
(1856-1860)
• Coalition militaire
« internationale »
(= impériale)
• Accentuation du
régime des
« concessions »
Du traité de Nankin à la révolte des Boxers:
la Chine sous la pression des puissances impériales
43

— La révolte
chinoise
— 1899-1901: révolte
« xénophobe » des
Boxers
¡ Les Américains
formulent l’« Open
Door Policy »
¡ 1911: création de la
République Chinoise
Autres formes de domination économique
44

— Japon: naissance d’une


puissance impériale
¡ Pression américaine (expédition
Perry) et Convention de Kanagawa
(1854)
÷ Déclin du shogunat et restauration
Meiji (1868): industrialisation,
modernisation et expansionnisme
¡ 1894-1895: guerre sino-japonaise
÷ Annexion de la Corée et de Formose
¡ 1902: alliance britannico-japonaise
¡ 1904-1905: guerre russo-japonaise
De la domination économique à la notion de
« première mondialisation » 1870-1914
45

— Peut-on parler d’une « première


mondialisation »?
— Contexte propice vers 1870
Innovations technologiques
Importants flux migratoires
Innovations institutionnelles: libre-
échange, zones commerciales
renforcées, sociétés anonymes
transnationales (= trans-
impériales)
La « première mondialisation » 1870-1914
Caractéristiques
46

— Mouvements internationaux des biens (matières


premières et produits manufacturés)
— Augmentation intense du volume des échanges
— Internationalisation massive des capitaux
d’investissement (+ rôle des Etats)
¡ Origines de la « globalisation financière »?
¡ 1863: la Banque ottomane (1856) devient « impériale »

— Circulation des ouvriers qualifiés, techniciens,


ingénieurs et financiers
— Création d’entreprises multinationales
La « première mondialisation » 1870-1914
Caractéristiques
47

— Hausse des investissements étrangers directs


(exportations: 15 à 20% du PNB)
— Les pays « voisins »: zones limitrophes à haut
potentiel (Europe méditerranéenne, etc.) à
commerce intra-européen
— Les « régions associées » (Commonwealth) mais pas
les colonies
— Les pays « émergents »: Russie, Amérique latine,
Proche Orient, Chine
La « première mondialisation » 1870-1914
Focus sur la Russie des Tsars
48

Les capitaux étrangers en Russie en 1900 et 1914


(en millions de roubles)
Belgique France Grande- Allemagne Autres TOTAL
Bretagne

1900 181,5 110,0 92,6 25,2 7,9 417,2

1914 139,9 144,6 156,6 38,5 103,3 583,0

Source: W. Peeters & J. Wilson (1999), p. 43, 88.


La « première mondialisation » 1870-1914
Focus sur la Russie des Tsars
49

Les secteurs d’investissements prioritaires


(en millions de roubles) 1900 1914
Extraction houille 51,7 48,6
Pétrole 57,0 96,9
Métallurgie 96,6 78,5
Fabrication de machines 47,7 128,6
Industrie textile 26,4 40,3
Gaz & électricité 22,0 26,2
Transports urbains 20,4 29,8
Source: W. Peeters & J. Wilson (1999), p. 43, 88.
Empain à Odessa, Solvay dans les steppes
50
Solvay & Cie dans le monde (1913)
51
De la première à la deuxième mondialisation
52

— Première mondialisation (1880-1914) et deuxième (vague


de) mondialisation (de 1945 à nos jours): quelles
différences?
¡ 1. En termes de % du PIB, la part du commerce
international durant la 1M est plus importante que durant
la 2M (jusqu’en 1973)
¡ Explication: la 1M est essentiellement une économie
industrielle; la 2M est avant tout une économie de services
¡ 2. La 1M est une affaire de distance; la 2M est une affaire
de proximité (« Le commerce est devenu principalement
une affaire de pays riches », Daniel Cohen)
Conclusion 1:
Echanges, connexions et mondialisation
53

— Les échanges internationaux ont façonné l’économie et


resserré le monde en plusieurs vagues bien avant la
Révolution industrielle
¡ Dynamique changeante des centres et de leur périphérie

¡ La « division internationale du travail » (via la théorie des


« avantages comparatifs ») a eu des effets durables sur le
développement économique ultérieur de certains pays
— Le monde était déjà (inter)connecté avant 1750
— Mais l’industrialisation a bouleversé la nature, le volume et
l’organisation des échanges internationaux
Conclusion 2:
Du capitalisme marchand au capitalisme de guerre
54

— Le premier âge du capitalisme est bien un « capitalisme


commercial » qui tirent ses racines dans les premiers
systèmes de marché en Méditerranée ou en Asie mais dont
les mécanismes s’accélèrent avec les « grandes
découvertes » du 16ème siècle
— Il débouche sur un « capitalisme de guerre » synonyme
d’expansion ultra-marine, de guerres permanentes et
d’exploitation des populations « indigènes »
— L’esclavage est au cœur du système de plantations
(coton, sucre, tabac) dans les Amériques (Brésil, Caraïbes,
Virginie, Louisiane, etc.)
Conclusion 2:
Du capitalisme marchand au capitalisme de guerre
55

— L’esclavage, cause ou conséquence de l’essor économique


européen?
¡ Marx et le lien esclavage, colonisation et capitalisme:
« L'esclavage direct est le pivot de l'industrie bourgeoise aussi bien
que les machines, le crédit, etc. Sans esclavage, vous n'avez pas de
coton; sans le coton, vous n'avez pas d'industrie moderne. C'est
l'esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les colonies
qui ont créé le commerce de l'univers, c'est le commerce de l'univers
qui est la condition de la grande industrie. Ainsi l'esclavage est une
catégorie économique de la plus haute importance ».
(Karl Marx, Misère de la philosophie, 1847)
¡ « Le développement de Manchester était étroitement associé à
celui de Liverpool, à son débouché vers la mer et le marché
mondial » (Eric Williams, Capitalism and Slavery, 1944)
Conclusion 2:
Du capitalisme marchand au capitalisme de guerre
56

— L’esclavage: cause ou conséquence de l’essor économique


européen?
¡ « L’esclavage n’a pas engendré l’essor du capitalisme, il a été
produit par lui » (Chris Harman)
— Le système de plantations concerne aussi bien des
grandes que des petites unités agricoles.
¡ Toutes ces unités utilisent de la main-d’œuvre servile (même
après l’abolition de l’esclavage)
¡ Les grandes plantations sont peut-être à l’origine d’un
système de contrôle et de rationalisation qui s’est étendu
par la suite dans les usines.
Conclusion 3:
Aux sources du capitalisme industriel
57

— Le capitalisme industriel porte les marques de cet


héritage violent et de ses logiques d’expansion-
exploitation
— à Mais: mise en garde contre une lecture linéaire
(post hoc ergo propter hoc)
— à Mais: il n’y a pas de fatalité (uniformisation du
monde ou persistance des différences?)

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