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Introduction
Conclusion
Bibliographie
" L’entreprise, qui était pour beaucoup le lieu privilégié de l’aliénation individuelle va-t-elle
devenir le lieu central de l’illusion collective ? "
Max Pagès
Introduction
Le Monde titra " le choc des cultures " après l’achat de TF1 par Bouygue, voilà le point de
départ de ce dossier.
Le concept de culture d’entreprise n’est pas récent. Depuis longtemps les chefs
d’entreprise ont cherché à créer un " esprit maison ", caractérisant la spécificité de leur
savoir-faire vis-à-vis des entreprises concurrentes. Dans cette première constatation, la
culture d’entreprise permet à un établissement de se démarquer de ceux qui l’entourent,
cependant, ce concept touche l’intérieur même de l’entreprise. L’entreprise est, en effet,
une zone de conflits et de tensions entre plusieurs cultures professionnelles, régionales,
voire nationales. Cette communauté économique et sociale hétérogène à besoin de
cohérence pour fonctionner de façon optimale. La culture d’entreprise contribue à une
vision commune de tous les salariés qui composent cette communauté.
Dans une première partie, la définition de la culture ainsi que sa formation seront étudiées
à partir d’analyses contemporaines. Ensuite, dans une deuxième partie, ce dossier
abordera l’implication de la culture d’entreprise dans le management. Enfin, et en dernière
partie, le management d’une entreprise en l’occurrence DisneyLand Paris illustrera un
exemple d’application de culture d’entreprise. Pour conclure, un point sera sur l’utilité
d’une culture d’entreprise.
Elle peut être définie comme l’ensemble des éléments propres à un groupe humain
spécifique, qui sont explicatifs des façons de penser et d’agir des membres de ce groupe.
Plusieurs définitions cherchent à expliquer le concept de culture nationale et à montrer la
dépendance du fonctionnement social (rôle de l’état, des institutions) envers les valeurs
culturelles. Ainsi, la notion de culture est elle perçue comme générale et partagée, c’est à
dire qu’elle explique le comportement de l’ensemble du corps social. Ces valeurs peuvent
être stéréotypées et mal interprétées par un autre groupe social qui ne les connaît pas.
Ces images déformées sont révélatrices des barrières culturelles et des sentiments de
rejet que peuvent exprimer des individus appartenant à des groupes sociaux différents.
La connaissance de la culture de l’autre procure une meilleure compréhension des
valeurs convergentes et divergentes qui s’établissent entre deux groupes. Connaître
l’autre, c’est connaître sa culture, son identité en tant que membre d’un corps social
spécifique. Vouloir imposer ses propres valeurs, c’est établir une relation de domination.
Celle-ci se manifeste dans le processus de colonisation, mais également à l’intérieur
d’une même société. Les membres des groupes minoritaires doivent adopter ces valeurs
jugées " normales ".
La culture nationale englobe l’ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes
partagés par la majorité du corps social.
Les valeurs représentent les idées, les croyances fondamentales, la morale (le sacré, le
profane) qui sont transmises d’une génération à l’autre. Les valeurs conditionnent les
comportements admis, acceptés. La religion en tant que croyance, fait partie des valeurs
culturelles et dans les sociétés religieuses elle devient les valeurs centrale.
Les mythes sont associés à l’histoire nationale et fabriqués pour renforcer les valeurs
admises.
Quant aux rites, ce sont toutes les cérémonies qui font revivre les valeurs et les mythes.
Les fêtes nationales, les mariages, les funérailles sont commémorées d’une façon
spécifique par les différents groupes sociaux. Le rituel de la représentation du pouvoir
(une famille royale) est un rite fondamental dans la mesure où il conditionne les rapports
de force instaurés dans la société.
Les signes sont des émetteurs qui permettent à ceux qui ne font pas partie du groupe
social de référence de capter certains éléments de la culture du groupe. Le langage, les
symboles nationaux, la danse et la musique, les vêtements folkloriques sont des
exemples de ces signes émis par un groupe spécifique.
La culture nationale n’est pas figée. Elle est évolutive. L’introduction de nouvelles valeurs,
l’apparition de nouveaux mythes ou rites sont fortement marqués par l’ouverture de la
société sur l’environnement.
La culture est vitale pour la survie d’un groupe qui a besoin d’être structuré, c’est à dire
d’avoir des règles, des normes qui guident les actes de leurs membres et servent à
résoudre les conflits internes.
Elle apparaît comme le lien social à partir duquel le groupe bâtit son identité. Le partage
des taches entre les membres du groupe, les relations de domination (de pouvoir)
admises, les symboles et plus particulièrement le langage sont les traces visibles de la
culture d’une société .
Toute entreprise, quelle que soit sa taille, forme un sous-groupe social composé
d’individus appartenant à une ou plusieurs cultures nationales, régionales et
professionnelles. Pour assurer la cohérence de cette mosaïque l’entreprise a besoin de
créer une identité collective, qui deviendra le point de repère de tous ses membres.
Toute entreprise est une affaire de société puisqu’elle est marquée par la culture
nationale.
La culture d’entreprise peut être définie comme l’ensemble des éléments particuliers qui
expliquent les bases du fonctionnement d’une entité spécifique. Elle est, dans un certain
sens, un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs,
de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés.
La culture d’entreprise est une variable essentielle pour expliquer le vécu quotidien et les
choix stratégiques réalisés par un groupe social.
Comme nous l’avons vu dans la première partie sur la culture nationale, les valeurs sont
les préférences collectives qui s’imposent au groupe, les croyances essentielles, les
normes qui définissent les façons d’agir et de penser.
Les mythes sont les légendes, les histoires associées au passé de l’entreprise. Ils servent
à renforcer les valeurs communes. Ils peuvent être liés aux personnalités qui marquent ou
qui ont marqué la vie de l’entreprise. Le mythe du fondateur, du père de l’entreprise, est
très exploité, en particulier dans les PME. Le successeur doit s’imposer aux salariés sans
pour autant vouloir détruire le mythe qui entoure la personnalité de l’ancien patron.
Certains chefs d’entreprise deviennent des mythes dont la réputation dépasse le cadre de
leur entreprise (exemple : Georges Besse, ancien PDG du groupe Renault, assassiné à la
porte de son domicile). Certaines entreprises créent des musées (Philips ou BMW) pour
rappeler leur passé et les progrès accomplis par l’entreprise
Saint-Gobain et Alcatel-CIT ont fait appel à des historiens pour retracer leur passé. Pour
que les salariés soient mobilisés, pour qu’ils s’identifient à leur entreprise, ils doivent
s’approprier son histoire.
Les rites sont des pratiques qui découlent des valeurs partagées. Le recrutement, les
réunions de travail, les réceptions, l’évaluation du personnel sont des exemples de ces
pratiques. Le recrutement apparaît comme un rite d’initiation, de passage. De plus en
plus, les entreprises cherchent des candidats techniquement capables, mais surtout ayant
des valeurs et des aspirations correspondant à la culture en place. Si cette procédure
favorise l’intégration de l’individu, elle freine néanmoins l’évolution de la culture interne
dans la mesure où celle-ci n’est pas contestée et ne peut s’enrichir par un rapport
externe. Le regard critique d’un nouveau salarié peut contribuer à la remise en cause de
certaines pratiques.
La culture regroupe également les symboles tels que le port de l’uniforme ou d’un badge
qui permet de distinguer les membres de l’organisation de ceux qui lui sont extérieurs. De
façon plus subtile, le langage apparaît comme le symbole le plus expressif de la culture.
La mise en place d’un langage commun facilite la circulation de l’information, la
communication sociale et la prise de décision. Ce langage unique se manifeste non
seulement par un vocabulaire spécifique, mais également par les formulaires adoptés, le
style de communication retenu (lettres, rapports, ordres écrits), ainsi que par les
procédures de contrôle.
Ainsi, au siège social de Peugeot, les différences de statut hiérarchique sont marquées
par l’utilisation systématique de " monsieur ", " madame " ou " vous ", signes de respects.
Pour un cadre, le tutoiement est fait pour empiéter sur le territoire de l’autre et influencer
ses décisions.
Le groupe l’Oréal est fier de sa culture. Selon sa direction, celle-ci regroupe quatre
valeurs fondamentales : la qualité maximale (respect des clients) ; la passion du produit
(défi de l’innovation) ; la culture de la performance et un climat d’harmonie humaine, qui
passe par le respect de la différence. Un salarié doit connaître et épouser ces valeurs
pour être " Oréalien ".
La personnalité des fondateurs est un mythe majeur (mythe d’origine). Dans le groupe
IBM, la vision de T.J Watson Sr (son fondateur) est toujours une référence primordiale
dans la conduite du groupe (le respect de la personne, le meilleur service client, la
passion de la vente). Lors de la création de l’entreprise, le créateur est plus qu’un
apporteur de capitaux. Il prépare l’avenir de l’entreprise selon ses connaissances, mais
également en fonction de se croyances, de sa personnalité et de sa philosophie.
En ce qui concerne la culture professionnelle, certains travaux prouvent que, dans une
même entreprise, il y a des profils culturels différents. La culture professionnelle étant la
culture au travail acquise dans une autre entreprise.
Les événements marquants, ce sont les mythes héroïques, c’est à dire, les moments de
gloire vécus par l’entreprise. L’histoire unique de l’entreprise forge les mythes et les rituels
qui y sont admis.
Il faut souligner qu’il arrive qu’un individu ne s’identifie pas à la culture de son entreprise.
S’il a un esprit de " leadership ", il peut essayer de la faire évoluer. S’il échoue dans cette
tentative, il sera marginalisé par le groupe (postes de voie de garage). Il se peut qu’un
individu refusant les valeurs de l’organisation décide d’y rester exclusivement pour son
épanouissement financier. Il ne sera jamais mobilisé par les discours de l’entreprise.
Trois aspects caractérisent l’activité de management : c’est une action concernant une
collectivité, un groupe, et destinée à atteindre un résultat.
Pour piloter une activité, le management doit prendre en compte les personnes mais ce
n’est pas suffisant car un groupe n’est pas que la somme des individus. La culture aide à
comprendre la collectivité. Elle considère que toute collectivité se crée un patrimoine de
références qui sont à la fois le résultat de son expérience et la référence pour traiter de
futures situations. Mettre en évidence la culture, c’est clarifier la logique sous-jacente au
fonctionnement d’un groupe humain. Associer la culture au management, c’est admettre
que l’entreprise constitue une société humaine à part entière.
La culture est aussi une source de comportement donc de performance parce qu’elle
génère une certaine conception de l’activité de l’entreprise, de son métier ou de
l’efficacité. Ainsi, dans sa définition, le management concerne une action collective et la
culture semble être un produit de cette action collective.
Toute personne doit un jour dans sa vie clarifier les vrais principes qui guideront ses
choix. Il en est de même pour les organisations : plus les problèmes rencontrés sont
importants, plus les situations rencontrées sont nouvelles et plus le besoin de références
se fait sentir.
Dans chacune de nos actions, nous utilisons le plus souvent inconsciemment des
références. Ainsi, face à une situation donnée, chacun va apporter ses propres cadres de
référence pour comprendre la réalité. On ne peut fonctionner sans les références car elles
aident à analyser et à anticiper.
On peut cependant se poser la question de l’origine de ces références. Peut-on les créer
ou faut-il aller les chercher quelque part ?
En tout cas, on est de plus en plus face à un besoin de références parce qu’elles sont à
l’origine des comportements de chacun.
Les principes :
Le schéma ci-dessous montre le management par rapport aux problèmes qu’il est censé
résoudre.
La culture apparaît dans le schéma car c’est un ensemble de référence intervenant dans
le management. Elles sont dissociées de l’action du management car elles interviennent
en amont des modes de perception et des compétences acquises. La flèche allant des
problèmes vers la culture indique quant à elle que la résolution des problèmes va faire
évoluer la culture. Cela souligne l’importance des expériences de l’organisation dans la
construction de la culture.
Depuis quelques années, la plupart des fonctions prennent en compte la culture pour
atteindre leurs objectifs.
Pour le contrôle de gestion, les liens entre cette activité et la culture se situent au niveau
de la pratique car la fonction recouvre tout un système doté de structure et de relations.
En s’intéressant à l’évaluation de l’activité de l’entreprise, le contrôle de gestion touche à
ce qui la caractérise le plus. En ce sens, il tire de la culture des références parmi les plus
permanentes de l’entreprise.
Des liens existent aussi entre la culture et le marketing. D’une part, avec l’importance des
symboles propres à l’entreprise qui apparaissent dans les transactions, c’est-à-dire les
rites et traditions intervenants dans l’activité commerciale. D’autre part, dans le
développement particulier des entreprises tournées vers le marché sous l’influence de
leur fondateur : le passé oriente l’entreprise vers certaines formes du marketing.
En gestion de production, ce sont moins les outils qui changent que la façon de produire.
L’intérêt de la culture est d’adapter les modes de gestion aux évolutions de l’activité.
Enfin, dans tout système d’information, le besoin de culture apparaît également. Il est utile
pour comprendre et traiter les problèmes de mise en place de nouveaux systèmes.
Cependant, la difficulté à analyser la culture limite fortement son implication dans cette
fonction de l’entreprise.
Valeurs
Mythes
Rites
Le recrutement : premier rite initiatique. Trois entretiens sont prévus pour déceler
les candidats parfaitement bilingues (voire trilingues) et ayant le profil
correspondant aux valeurs du groupe. La brochure d’accueil donne le ton : " venez
jouer le rôle de votre vie. Entrez dans le monde magique de Disney ". Le salaire
d’un " cast member " débutant varie entre 6 000 et 7 000 francs bruts par mois. A
cela s’ajoutent certains avantages en nature, tels que 20% de réduction sur les
produits Disney.
La formation : deuxième rite initiatique. Les nouveaux " cast members " suivent un
stage à l’université Disney pendant lequel ils apprennent non seulement le nom du
premier personnage de Disney, mais également comment sourire.
Pour tous les " cast members ", y compris les cadres : se déguiser au moins une
fois dans un personnage !
Les managers quant à eux, suivent un stage de formation aux Etats-Unis.
Tabous
Tout nouveau " cast member " reçoit une brochure de 13 pages, qui présente tous
les " interdits " qui " vont à l’encontre de l’image Disney ". Par exemple, il est
spécifié que " ni la décoloration, teinture, mèches ou balayage ne sont autorisés " ;
pour les hommes, il faut impérativement le port des chaussures et chaussettes
noires ? Ni barbe, ni moustache n’y sont admis. La taille des ongles, et des jupes,
ainsi que la dimension des boucles d’oreilles y sont déterminées. Il est également
conseillé l’utilisation d’un déodorant, et " le port de sous vêtements appropriés
pendant le temps de travail ".
Symboles
Conclusion
Pour conclure sur l’utilité de cette culture d’entreprise, des exemples et des avis de
professionnels nous semblent plus adéquats que notre expérience très limitée de la vie
en entreprise.
Le premier exemple est le cas de la société Marquet qui fabrique et commercialise des
pantoufles. Les dirigeants ont voulu imposer un management à flux tendu. Le climat
social à l’intérieur de l’entreprise s’est vite détérioré. Les salariés ont reconnu les
avantages de ce mode de fonctionnement, mais ils n’ont pas accepté qu’on leur impose le
progrès de façon autoritaire, à la japonaise.
Un autre contexte dans lequel la gestion de la culture d’entreprise doit être prise en
considération est lors d’OPA qui consiste par la suite à la fusion de deux entreprises.
Pour Jean-Marie Albertini, les dirigeants ont tendance à minimiser le choc des cultures
lors de tels événements. Selon lui, toute démarche d’acquisition d’une entreprise doit
prévoir un audit financier et social.
Dans ce sens, on peut citer l’exemple du rapprochement des groupes Allianz et Via. Les
salariés des deux entreprises rejettent systématiquement tout changement des méthodes
de travail préconisées par l’autre. C’est encore une fois un choc des cultures qui est
néfaste au bon fonctionnement de l’entreprise.
On ne peut pas dire si appliquer une culture à une entreprise est une bonne ou une
mauvaise chose. Elle peut à la fois favoriser ou détériorer le climat social selon son
utilisation. La culture peut en effet être bénéfique à la mobilisation du personnel et à son
efficacité mais une culture forte et peu évolutive peut devenir une contrainte importante
puisqu’elle rend difficile tout changement. L’important est qu’elle soit partagée par
l’ensemble du personnel.
Bibliographie
Irène Foglierini.
M. Thévenet