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ISSN 1696-7208

Revista número 9 de Mayo de 2004

LE ROI SE MEURT D´EUGÈNE


IONESCO

Mónica Morillo Vicente

Resumen del artículo:


En las páginas que siguen, intentaremos realizar un breve análisis de una
de las obras más emblemáticas de Eugène Ionesco (Le Roi se meurt)
basándonos en otras críticas y estudios existentes sobre la misma obra.
INDEX

I EUGÈNE IONESCO
II INTRODUCTION
III RÉSUMÉ
IV LES THÈMES
V LES PERSONNAGES
VI L´ACTION
VII FIN ÉTHIQUE??
VIII LE COMIQUE
IX LE LANGAGE
X CONCLUSION
XI BIBLIOGRAPHIE

I EUGÈNE IONESCO (1912-1994)

1950 La Cantatrice chauve. La Leçon


1952 Les Chaises
1953 Victimes du devoir
1954 Amédée ou comment s´en débarrasser
1959 Tueur sans gages
1960 Rhinocéros
1962 Le Roi se meurt
1963 Le Piéton de l´air
1966 La Soif et la faim
1970 Jeux de massacre

Né en Roumanie d´un père roumain et d´une mère française, Eugène


Ionesco passe d´abord son enfance à Paris. De retour en Roumanie en 1925, il y
est professeur de français et commence à écrire des vers et des articles, jusqu´en
1938 où il s´installe définitivement en France, pour préparer une thèse qu´il
n´écrira jamais, sur les rapports du pêché et de la mort dans la poésie de
Baudelaire. Après la guerre, il est correcteur dans une maison d´édition. C´est
alors qu´il écrira “La Cantatrice chauve”.

Ionesco invente un contre-théâtre, un contre-langage, et un tragique


grotesque, qui fait franchement rire et réfléchir... Et ce rire n´est pas le moins
étonnant de ce théâtre, de l´aveu de auteur lui-même. Ionesco sera admis en 1970
à l´académie Française.

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II INTRODUCTION

Toutes les oeuvres d’ Eugène Ionesco répondent à des questions que


l´auteur se pose en permanence, mais aucun n´est autant l´écho des sentiments
personnels que “Le Roi se meurt”. Créée le 15 décembre 1962 à Paris, cette
pièce est née de son obsession majeure: la mort. Si Bérenger Ier (le Roi) agonise
le temps d´une pièce c´est parce que Ionesco se meurt de l´idée qu´il va mourir.

“Je veux être un bébé”, s´écrie le roi lorsqu´il admet qu´il n´est pas au-
dessus des lois de la condition humaine et que la mort est inéluctable. “L´âge de
l´enfance, de l´ignorance”. L´enfant vit dans un présent de plénitude, hors du
temps, donc dans une sorte d´éternité, dans un “monde du miracle ou du
merveilleux”, qui ressemble à l´ Éden: “Être chassé de l´enfance, c´est être
chassé du paradis, c´est être adulte”.

La pièce montre l´angoisse devant la vie-mort, devant l´existence, dit-il,


“que l´on m´a imposée, qui m´est reprise au moment où je l´ai acceptée”. D´où
cette phrase, qui résume assez bien les découvertes de Bérenger (le Roi): “J´ai
été torturé, je le suis, à la fois par la crainte de la mort, l´horreur du vide, et par le
désir ardent, impatient, pressant de vivre”.

“Le Roi se meurt” constitue comme un “blason” de la mort, c´est-à-dire ,


une sorte de catalogue dramatique des étapes qui conduisent à la conscience du
néant. Pour échapper à l´esclavage de l´angoisse, Ionesco n´a rien inventé de
nouveau: il s´est réfugié dans l´écriture.

Est-ce qu´il s´agit d´une pièce didactique? Plusieurs fois, Ionesco a dit son
mépris pour ces professeurs-écrivains que sont Brecht et Sartre…

Nous sommes témoins de la “cérémonie” au bout de laquelle Bérenger (le


Roi) accède à l´immobilité du néant, et seuls, individuellement, nous pouvons
confirmer ou infirmer ce pessimisme. “Le Roi se meurt” nous invite au spectacle
du dépouillement total. La pièce, comme toute grande oeuvre, n´est pas un
message mais une provocation. Ainsi conçu, l´art n´est plus livraison de
message, il est délivrance.

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III RÉSUMÉ

Les personnages seront dans la salle du trône, une salle très sale et
inconfortable et dont la disposition ressemble à celle d´un tribunal. Il fait froid:
l´installation de chauffage ne fonctionne plus et le soleil est rebelle. Ce sont les
premiers signes de destruction. Ensuite, on verra comment la résidence royale est
menacée: les murs se fissurent.

Dans cette ambiance pénible, la reine Marie “seconde épouse du roi,


première dans son cœur”, commence à pleurer, à qui la reine Marguerite,
“première épouse du roi”, reproche son insouciance et son goût des fêtes.

La reine Marie a compris le présage de la fin du règne mais elle n´a pas le
courage d´annoncer la nouvelle au roi.

Cependant, Marguerite décrit l´état du royaume (sans discipline ni


puissance militaires, peuplé de vieillards...) on voit que le roi et son royaume
sont malades.

Monsieur le Médecin du Roi, “chirurgien, bactériologue, bourreau et


astrologue”, révèle que le roi n´est pas opérable. Comme astrologue, il sait
qu´une catastrophe inévitable va arriver.

Le roi veut ignorer tout le désordre qui s´étend à son royaume. Il pense
que la situation pourra changer avec sa volonté de vivre: “Je mourrai, dit-il,
quand je voudrai, je suis le roi, c´est moi qui décide”. La Cour s´emploi à
convaincre le roi qu´il agonise, sauf Marie qui croit encore à ses pouvoirs.
Devant la dégradation de sa force royale, de ses forces physiques… le roi pense
qu´il s´agit de la “sorcellerie”.

La cérémonie. Dans cette “cérémonie” le roi doit reconnaître la


catastrophe; il commence à accepter l´inacceptable. Il avoue sa peur, il refuse
toute médecine calmante… Il découvre qu’il n´est plus ni l´État ni la loi. Il se
réfugie un court instant dans le rêve de redevenir un bébé. Mais “on ne peut pas
tricher”. La reine Marie essaie de le soulager avec les souvenirs heureux et il
entre progressivement dans un faux soulagement verbal.

Bérenger parlera de la vie et de ses délicieuses souffrances, ses fatigues,


ses laideurs.

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Marie et Marguerite, les deux reines, se disputent: pendant que Marie
essaie d´apaiser amoureusement la mort du roi, Marguerite veut son
consentement. Le roi, pourtant, ne quitte pas les désirs d´immortalité alors que
Juliette, “femme de ménage et infirmière”, le médecin, Marguerite, et même
Marie, commencent à parler de lui au passé.

Tous les personnages disparaîtront; il ne reste au roi qu´un quart d´heure à


vivre, celui du consentement. Marguerite l´amène à “prendre place” sur le seul
trône qui échappe à l´espace et au temps: la mort.

IV LES THÈMES

Dans “Le Roi se meurt”, il y a un thème très important: le temps, thème


éternel. La pièce est partagée par le temps des horloges et le temps intérieur,
celui du discours, celui que nous mêmes créons. Le premier est écoulement,
succession; le second est susceptible de déformation.

Les hommes, nous vivons dans les illusions du temps intérieur en ignorant
la tyrannie du temps réel. Dans “Le Roi se meurt”, un homme fait l´effrayante
découverte du temps réel, implacable, mesuré, régulier, alors qu´ il a vécu,
comme tous, sur l´illusion du temps intérieur.

L´homme éprouve la libération du temps réel, qui est celui de la


corruption, de la ruine de toute réalité. Le temps intérieur, celui de l´esprit, de la
vie, nous fait vivre dans la fiction d´une continuité sans mesure; nous arrivons à
croire à l´éternité puisqu´il s´agit d´un temps mental, donc extensible. Il est
composé de sensations, perceptions et passions, ainsi, il constitue le charme et
l´absurdité des existences.

La mort signifie la rupture de cette illusion et il faut longtemps pour s´y


résigner. C´est “ce longtemps”, avant “l´abdication”, qui constitue la durée de la
pièce de Ionesco. Le roi et la reine Marie demandent “le retour du temps” mais
c´est le temps mécanique qui impose la rigueur de son écoulement. Bérenger
luttera contre le temps réel, mais il se rend progressivement à l´évidence: le
temps humain n´est qu´une fugace durée.

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“Le Roi se meurt “ est bien, selon le mot de la reine Marguerite, l´ histoire
d´une abdication, mais cette abdication est celle du temps intérieur, la difficile
entrée dans le temps du réel. Cependant, parfois, Bérenger a l´illusion de
reconquérir ses refuges dans un temps subjectif. Il mêle passé et avenir,
s´abandonnant à ce qu´il nomme lui même “littérature”. Maintenant, on
comprend pourquoi Ionesco a refusé d´émietter la pièce en actes et scènes.

La “cérémonie” commence lorsque le roi “se meurt”, lorsqu´il prend


conscience de la dégradation temporelle. Et il n´y a drame que parce que
Bérenger a oublié que si l´homme est relativement maître de sa pensée, de ses
rêves, il ne l´est absolument pas de ce qui échappe à son action: la mort et la vie.

Ionesco, dans “Le Roi se meurt”, compose un hymne à la vie. Et la


découverte de la mort devient la découverte de la vie.

Un autre thème, c´est celui de Bérenger présenté comme l´homme


moderne. Bérenger n´a aucune issue de secours pour échapper à la mort. Il est
l´homme moderne, qui a perdu toute foi dans les jugements de valeur, les
mesures conventionnelles... C´est un roi sans imagination, un amant de la vie qui
a expulsé le sacré de son univers mental. Les mythes consolateurs des religions
lui sont étrangers et il est obligé d´apprendre de la reine Marguerite “comment
on doit quitter la vie et tous ses maux”.

Signalons que le mouvement devient un élément clé dans la pièce, c´est


une preuve de la vie. Quand le roi se “relève”, tant qu´il peut “s´asseoir sur son
trône”, alors il règne, il est vivant.

L´un des thèmes dans “Le Roi se meurt”, c´est celui de l´homme qui a
perdu l´ombre des vieilles métaphysiques. C´est le propre de l´homme moderne,
pour qui mourir ne signifie plus “rendre esprit”.

Dans “Le Roi se meurt”, Bérenger repousse l´embaumement: “Je ne veux


pas qu´on m´embaume”. C´est un autre trait de modernité du climat funèbre de la
pièce. Ionesco a exprimé le tragique dépouillement des morts contemporaines.

Un autre thème est le vieillissement. Lorsque l´homme vieillit, il n´agit


plus; il parle de son passé, ses joies, ses faiblesses… on parle des plus petits
souvenirs, comme le roi Bérenger parle d´un petit chat.

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Ionesco a probablement exprimé sa conception de toute la condition
humaine dans cette pièce. Tout homme est le roi Bérenger en ses derniers
moments, mais tout homme est aussi le roi Bérenger tout au long de sa vie, parce
que le processus de mort commence dès sa naissance. Seul l´enfance échappe à
la conscience de la condition mortelle.

V LES PERSONNAGES

Les personnages de Ionesco échappent à toute tentative d´en faire des êtres
humains singuliers. Pendant que les pièces “réalistes” se proposaient de créer
l´illusion d´une réalité de chair, d´os, de pensée et de sentiment, le théâtre des
temps modernes offre une nouvelle conception du personnage. S´ils portent un
nom, Bérenger, Marguerite ou Marie, c´est parce que les hommes de la terre
n´ont pas abandonné cette habitude. Mais ils n´ont ni histoire, ni référence
psychologique... Nous voyons la beauté douce de la reine Marie, ou la rigueur de
la reine Marguerite, mais nous ignorons, par exemple, leurs amours. Plus que des
personnages, il s´agit de marionnettes qui font des gestes et qui disent des mots.

Bérenger Ier, le Roi. Il a le plus important rôle. Nous ne connaissons ni son


royaume ni ses ancêtres. À peine comprenons-nous qu´il règne sur des États
délabrés, entre deux reines rivales. Cet homme concrétise les virtualités de
l´humanité. Il est l´Histoire tout entière et, en même temps, il n´a pas d´histoire
spirituelle. Il est l´homme type de notre civilisation technologique, qui construit
de tout sauf des mondes mentaux.

Durant toute la “cérémonie”, Bérenger apprend tout sur lui-même. Il


écoute enfin son être, ses émotions, ses regrets... Cet homme nu ne peut pas
atteindre seul la fin ou il ne veut pas l´admettre. D´où ses refus d´écouter
Marguerite. D´où se colères face à tous ceux qui parlent de le faire abdiquer. Il
ne veut rien voir derrière le langage de ses proches. Quand il s´abandonne lui-
même aux mots, appel au soleil, attendrissement sur un petit chat… il sait qu’ il
fait de la “littérature”.

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La parole salvatrice sera celle de la reine Marguerite, qui lui apporte la
connaissance. D´ailleurs, Bérenger est le seul personnage du “Roi se meurt”qui
se modifie intérieurement au cours de la pièce.

Les reines. Le couple des deux reines concrétise la double puissance féminine
traditionnelle: l´amour et la mort, la reine du ciel et celle des enfers, la
protectrice des foyers et celle des morts.

Ni Marie ni Marguerite n´ont de passé ni d´avenir. Elle sont des


messagères symboliques.

Marguerite est l´annonciatrice incorruptible, sans illusions sur la fausse


magie des mots consolateurs. Elle est sans crainte mais aussi sans haine. Elle est
l´ordre de la raison, de l´heure et de la loi, sans passion déformante ou
séductrice. Mais elle n´est pas un bourreau. Son inflexibilité, son insensibilité ne
signifient pas une méchanceté. Le personnage de Marguerite est “l´ordre établi”.
Elle est connaissance et c´est pourquoi elle explique finalement la mort.

Marie lutte jusqu´au bout contre sa rivale. C´est la force du cœur opposée
à celle de la raison.

Le Médecin. Il a multiples fonctions dans le royaume “chirurgien, bactériologue,


bourreau et astrologue”. Il est le médecin avec ses pouvoirs et ses prestiges. Il est
l´astrologue qui lit le destin du roi dans les astres. Il est enfin le bourreau, c´est-
à-dire, l´exécuteur des rites de sacrifice. Il incarne tout l´appareil scientifique,
informateur et protocolaire de nos vies.

Les autres personnages.

Juliette, “femme de ménage, infirmière”, incarne à la fois la crédulité


traditionnelle de la servante et la passivité des humbles. Elle est la femme à tout
faire dont le bon sens et le sens pratique luttent avec la confusion du royaume.
Elle est étrangère à la tragédie qui se développe autour d´elle. Elle prie avec les
autres, elle constate, elle évite de penser... Elle dit et redit sa fatigue, ses
souffrances, sa mauvaise humeur de femme pauvre. Elle répète comme en écho
les propos de ceux qui pensent.

Le garde incarne la voix du peuple. Passivement, il amplifie ce qui est


annoncé. Bête et servile, écho démesuré, il est l´information contemporaine.

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Dans “Le Roi se meurt”, Juliette et le garde, Marie et le Médecin incarnent
des groupes humains, des attitudes sentimentales, des puissances. Le roi est le
centre de la pièce, les autres personnages constituent l´environnement social dans
lequel évolue le roi.

VI L´ACTION.

Il n´y a pas d´événements, il n´y a que des monologues intérieurs, avec


leurs accélérations et leurs divagations. À l´intérieur de l´apparente continuité
linéaire du “Roi se meurt”, naissent d´autres conflits que les conflits individuels.
Toute la pièce est un combat mais l´absence d´intrigues confère aux dialogues un
caractère dynamique particulier. Il y a des étapes intérieures: “peur, désir de
survivre, tristesse, nostalgie, souvenirs, et puis résignation”. Le mouvement des
états de la conscience est une ligne dramatique faite d´accélérations, de
ralentissements lyriques, d´arrêts...

VII FIN ÉTHIQUE?

Dans cette oeuvre, Ionesco ne nous propose aucune fin politique ni


éthique, comme les auteurs engagés: il peint Bérenger comme l´homme qu´il est
lui-même; Bérenger est l´essence même de Ionesco.

Des personnages sans véritable singularité évoluent et parlent comme dans


un rêve sur un espace scénique dépourvu de toutes coordonnées. Les éléments
naturels, les objets sont en dehors de la réalité. Le décor est vague. Tout semble
échapper au réel, trop limité, pour prendre une valeur générale.

En un sens, “Le Roi se meurt” appartient donc à ce qu´on appelle le


théâtre de l´absurde, dans la mesure où l´on admet que la pièce rompt avec le
réalisme.

VIII LE COMIQUE.

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Ionesco utilise un vocabulaire déchaîné, mêlant l´anachronisme, l´analogie
burlesque et le comique. Le comique établit une distance entre une situation et
celui qui la vit, celui qui la voit.

Dans le palais royal, “vaguement gothique”, on entend parler de “mégots”,


de “living-room”, de “gueuletons”, D´”objecteurs de conscience” et de
“bistrots”. Ces modernismes ont l´objet de créer l´utopie et l´intemporalité mais
surtout de provoquer le sourire.

Ionesco cherche à éviter l´atmosphère d´étouffement, qui caractérise


ordinairement la maison des mourants. Ainsi on voit des mots à la mode: “tank”,
“avion de chasse”, “pilotes d´essai”, “strip-tease”, “breakfast”. Et le vocabulaire
scientifique: “La fission de l´atome” ou le “bathyscaphe”. D´autres allusions
aident à éliminer l´air conditionné par la mort. C´est, par exemple, la phrase du
roi évoquant les repas modestes: “le bouillon... les carottes bien cuites”. Ionesco
veut réveiller le lecteur du rêve du langage uniforme, ce langage ennuyeux; le
lecteur perçoit la discordance stylistique et reprend pied sur le sol de la réalité.

IX LE LANGAGE.

Ionesco s´abandonne aux pouvoirs, aux charmes, au sens incantatoire du


mot. Il a quitté les incertitudes du langage, l´ambiguïté, les répliques vides des
premières pièces (“La Leçon”, “La Cantatrice chauve”). Cette fois, Ionesco
utilise les ressources dramatiques de cocasserie et de l´humour pour faire prendre
conscience de la condition tragique de l´homme.

Ionesco se sert d´une langue théâtrale qui fait appel à des mots, des
tonalités et des registres très diversifiés. Il y a un mélange du style lyrique (avec
les mots du roi Bérenger...), parodique ou du style populaire (celui du garde, par
exemple). Le langage est l´expression du vide ontologique, du vide de l´être, de
l´existence. C´est pourquoi le langage n´est pas vidé de toute signification.

Les mots de la mort sont parfois traités en farce mais le plus souvent avec
une sorte de respect. La danse des mots est une danse macabre. Les prières que la
Cour récite “comme un rituel, avec solennité, presque chantées” sont un appel à
l´aide. Comme ça, le Médecin propose, pour achever avec l´écoulement
litanique, des “pilules euphoriques, des tranquillisants”. C´est le parcours du
labyrinthe parlé de la vie et de la mort et la reconnaissance des prestiges du

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langage. Même le consentement à la mort, c´est l´effet des mots de la reine
Marguerite. La reine porte le roi jusqu´au bout des mots. Il s´agit de l´efficacité
du langage oratoire. Et il n´y a pas de la discontinuité verbale propre de l´agonie
mais une force continue.

X CONCLUSION.

“Le Roi se meurt” est une pièce humaine, dense, composée d´une grande
poésie. On pourrait la comparer avec une tragi-comédie shakespearienne.

“Le Roi se meurt” est un long poème où nous assistons à la lente agonie
d´un roi; on voit bien le symbole: ce roi qui se meurt, c´est le roi de la création,
c´ est l´homme. Ionesco atteint là à une vérité poignante, le destin de chacun
recommençant toute l´aventure humaine.

Mais ce n´est pas de la mort d´un innocent qu´il s´agit. Ce vieux roi a vécu
sans charité, il a tué, d´une façon ou d´une autre.

Le personnage de Bérenger n´a de liens ni avec le monde ni avec les


autres. On ne peut pas inscrire le personnage dans une perspective de
considérations sur la nature humaine, ni chercher à voir comment il doit se
comporter dans un monde absurde ou une société en devenir. Ionesco cherche
seulement à exprimer le résultat de sa confrontation avec lui-même sur le
problème de la mort. L´agonie du roi Bérenger est une modification, c´est le
changement d´une conscience pendant la durée d´une pièce.

XI BIBLIOGRAPHIE.

Gros, B. (1972). Le Roi se meurt, col. Profil d´une oeuvre. Paris: Hatier.
Versini, G. (1970) Le théâtre français depuis 1900, col. Que sais-je n° 461.
Paris: P.U.F.
Ionesco, E. (1978) Le Roi se meurt. Paris: Gallimard.
Prat, M.H. et Avierinos, M. (1997) Littérature. Paris: Bordas.
Corvin, M. (1970) Le théâtre nouveau en France, col. Que sais-je n°1072. Paris:
P.U.F.

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