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Cours magistraux 1 et 2
Question 110
Besoins nutritionnels et apports alimentaires de l’adulte.
7
1. Définition
L’alimentation est nécessaire à la vie mais entre jeûne et suralimentation où se situe l’alimentation
adéquate? Deux concepts
• Besoin nutritionnel (individu)
• Apport nutritionnel conseillé (population)
A. Besoin nutritionnel (individuel)
Quantité à ingérer pour couvrir les besoins
• Prise en compte de la quantité réellement absorbée au niveau intestinal
A distinguer des besoins minimaux
• Seuil de carence
Comprennent
• Besoins quantitatifs (énergie)
• Nutriments indispensables
o Ne peuvent être synthétisés
o Ex: Acide folique
• Nutriments essentiels
o Synthétisables en quantité insuffisante
o Protéines, certains acides gras
B. Apports nutritionnels conseillés (ANC population)
Reposent sur besoins nutritionnels moyens
Tiennent compte du contexte de la
population
• Habitudes de vie
• Niveau socio-économique
• Aliments disponibles
Sont des repères, un guide
• Supérieurs aux besoins
pour la majorité des sujets
• Capacité d’adaptation de
l’organisme
La référence à la journée doit être
nuancée
Prévention des déficiences
• …mais risques liés à des
apports excessifs
9
3. Besoins énergétiques
Bilan énergétique équilibré lorsque le poids (composition corporelle) est stable
Dépense énergétique totale (DET) : 3 composantes
Activité physique
Variabilité +++
Thermogenèse
Alimentaire
Obligatoire (thermorégulation)
Métabolisme de Repos (DER)
2 2
1 1
0 0
2 4 6 8 10 12 14
•
DE minimale vitale = 1.3 *DER
Homme de 130 kg, 1,80m, 25 ans
• 3100 kcal si couché, 3800 kcal si NAP moyen
E. Besoins énergétiques spécifiques
Enfant et adolescent
• Croissance
• Ó séculaire de AP
• Challenge : maintenir les apports en nutriments essentiels sans excès d’énergie
Personnes âgées
• Ó masse musculaire
• Ó AP
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4. Besoins Hydriques
Indispensables
Mort rapide en absence d’eau
• Eau = 60% poids corps
35 à 45 g/ kg poids /jour
• Boissons (1 l), aliments (1 l), oxydation aliments (0.3 l)
Ï avec chaleur et travail musculaire intense
Souvent insuffisants chez le sujet âgé
5 Les Macronutriments
A Les protéines
Synthèse des constituants protéiques
Renouvellement des cellules et compensation des pertes
0.8 g/kg/j en partie sous forme de protéines de haute qualité (œuf, viande, poisson)
• 11-15% des AET (apports énergétiques totaux)
• ….avec la marge de sécurité des ANC
8 acides aminés indispensables
Apports dans la population Française
• 14-18% des AET soit 1.3 à 1.6 g/kg/j
• Effets délétères d’apports élevés mal établis
Deux types de protéines
• Animales (viandes œufs charcuterie) et poissons
o 65% des protéines en France
o Bonne qualité mais riches en lipides pour les protéines animales
• Végétales
o Peu de lipides mais moindre digestibilité
o Déficit en aa essentiels : Céréales en lysine, légumineuses en aa souffrés
o Peu de vitamine B12
• Idéalement 50%/50%
13
6 Besoins en micronutriments
A. minéraux
• Macro-éléments: besoins proche du gramme
o Na, Cl, K, Ca, P, Mg
• Oligoéléments: besoins <100 μg
o Fe, Zn, Cu, ….
• Contenu de l’organisme
o 1100 g Ca, 700 g P
o 25 g Mg, 4 g Fe
o 2 à 3 g Zn et une vingtaine d’autres minéraux
• Calcium n’est qu’en partie absorbé: 30 à 60%
o >1000 mg chez l’adolescent
o 800 mg chez adulte
o >1200 mg chez la femme allaitant ou ménopausée
o Laitages: écrémés autant que entiers
o Eaux minérales, légumes secs
• Phosphore: peu de carences
• Magnésium: 30 à 40% absorbés
o 350 mg (pas toujours atteints chez la femme)
o Céréales non raffinées, fruits secs, oléagineux, chocolat
• Fer
o Absorption 10 à 15%
Fer héminique (viande, poisson) mieux que non héminique (épinards,
légumes secs, céréales)
Ò par la Vit C et les protéines
Ó par les phytates et le thé
o Besoins accrus chez la femme (hémorragies menstruelles et grossesses)
o Homme: 10 mg/j; femme: 15-20 mg/j
16
B Vitamines
• Vitamines hydrosolubles
o Vitamine C: 60-80mg/j
Agrumes et légumes à chair jaune
Besoins augmentés par le tabac, le café...
o Vitamines groupe B
Pyridoxine (B6): 2mg/j
Acide folique (B9) 400ug/j
• Fruits et légumes verts, produits d’origine animale
Cobalamine (B12): 1 à 2 ug/j
• Produits d’origine animale
• Besoins accrus par la consommation d’alcool
• Vitamines liposolubles : A, D, E, K
o Vitamine A (Rétinol)
Foie des poissons marin , beurre, jaune œuf
Carotène = provitamine A (fruits et légumes à chair jaune, salade, épinards)
o Vitamine D 10 ug/j
Métabolisme calcique
Synthèse endogène et alimentaire: apports faible dans zones peu
ensoleillées
o Vitamine E
10 mg/j
Antioxydant
Huiles végétales mais aussi poissons, produits laitiers, légumes verts
o Vitamine K
1mg/j
C. Apports en vitamines et minéraux des Français
Minéraux: peu de carences sauf
• Pour le fer
• Femmes jeunes, enceintes, mères de jeunes enfants
• Chez le sujet âgé (institutions)
Vitamines
• Peu de forme historique
• Déficiences infracliniques
• Effets mal connus: maladies CV, cancers, RCIU
• Carences chez la femme enceinte et les enfants?
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Cours magistral 3
Question 110
Alimentation et santé : l’exemple du cancer.
Alimentation et cancer
22
Alimentation et cancer
(enzymes de phase II). Plus rarement, semble-t-il dans mentation (contamination des arachides, notamment).
l’état actuel des connaissances, elle peut être cancérigè- Etant donné son incidence relativement faible, peu
ne, soit par transformation de certains de ses consti- d’études ont été conduites qui suggèrent seulement
tuants en produits mutagènes, soit par contamination qu’une forte consommation de légumes peut diminuer le
avec un xénobiotique. risque de cancer du foie.
2) L’étape suivante est la promotion, c’est-à-dire la dérégula-
tion de gènes cellulaires favorisant la prolifération. Cancer de l’estomac
Cette étape comporte la mise en place de la signalisa-
tion cellulaire pour la synthèse des facteurs de crois- C’est le deuxième cancer le plus fréquent dans le monde,
sance, l’utilisation d’hormones se comportant comme mais surtout dans les pays défavorisés, où l’infection par
des facteurs de croissance au travers de récepteurs Helicobacter pylori joue un rôle majeur à côté de l’utilisation
spécifiques. Un événement génétique ou épigénétique de saumure pour conserver les aliments. En Europe, son
sera nécessaire pour que cette prolifération, qui peut incidence continue à décroître doucement. La principale
être contenue (tumeur bénigne, dysplasie), devienne raison en est l’évolution des modes de conservation des
incontrôlée et passe au stade de néoplasie. L’ali- aliments où le réfrigérateur et le congélateur ont rempla-
mentation peut éventuellement jouer un rôle protec- cé fumages, salaisons et conserves. De nombreuses
teur en inhibant la signalisation intra-cellulaire par les études ont été entreprises et elles s’accordent sur la
antioxydants, mais elle peut aussi favoriser la synthèse réduction du risque de cancer de l’estomac par la
des facteurs de croissance ; elle aura alors un rôle défa- consommation de fruits et légumes, dont l’effet protec-
vorable. teur est qualifié de convaincant (tableau I).
3) Au stade de néoplasie, la croissance tumorale sera encore favo-
risée par les facteurs de croissance ; cette croissance peut Cancer du col utérin
être aussi négativement régulée par certains acides gras, C’est le deuxième cancer le plus commun de la femme, son
qui entraîne la mort cellulaire, très probablement par incidence diminue de par le monde, grâce au dépistage (les
apoptose. Mais de fortes doses d’antioxydants vont formes prénéoplasiques de dysplasies et de cancer in situ
s’opposer à cette mort programmée de cellules compor- sont bien identifiées), à l’amélioration de l’hygiène et aux
tant des aberrations génétiques. modifications des pratiques sexuelles. En effet, le risque
Ainsi, l’alimentation peut avoir des rôles opposés suivant majeur est la contamination sexuelle par le virus du papillo-
les nutriments apportés et suivant l’étape considérée de me. Le tabac serait également un facteur de risque. Un
l’histoire naturelle du cancer. nombre limité d’études montrent de façon convergente
une diminution du risque liée à la consommation de fruits
et légumes dont l’effet protecteur est qualifié de possible.
Alimentation et initiation
des cancers Mécanismes impliqués dans la protection
par les fruits et légumes
Appartiennent à ce paragraphe, les cancers pour les-
quels on peut suspecter en premier lieu un carcinogène D’une part, le contenu des fruits et légumes, riches en
de l’environnement agissant directement sur l’épithélium micro-constituants antioxydants, d’autre part, le mécanis-
pour le transformer. me de la cancérogenèse à l’œuvre dans les cancers que
nous venons d’évoquer (carcinogène reconnu comme
Cancers liés au tabac et à l’alcool agissant au début de l’histoire naturelle du cancer) sug-
gèrent fortement que l’effet des fruits et légumes porte
Il s’agit des cancers des voies aéro-digestives supérieures (oro-pha- sur la réduction du stress oxydatif et, plus généralement,
rynx, larynx, œsophage) et du cancer du poumon. Le tabac est la sur la détoxification des carcinogènes xénobiotiques.
cause majeure des deux premiers, éventuellement Les antioxydants de fruits et légumes ont donc fait les
aggravé par l’alcool. Il en est de même pour le cancer du premiers, l’objet de recherches intenses et parmi eux les
poumon. Au contraire, l’alcool est le premier facteur de caroténoïdes et la vitamine C, puisque c’était essentielle-
risque pour le cancer de l’œsophage, éventuellement ment les légumes et les fruits jaunes, rouges, oranges
aggravé par le tabac, dans les pays occidentaux ; dans (carottes et tomates, notamment) et les légumes verts qui
certains pays en voie de développement, carence et mal- étaient le plus fréquemment retrouvés comme protec-
nutrition sont également des facteurs de risque. Il est teurs pour les cancers des VADS et du poumon, et plutôt
admis que l’effet protecteur des fruits et légumes est les légumes verts et jaunes, rouges, oranges consommés
convaincant pour ces cancers, les livres de référence (voir crus, et les agrumes pour le cancer de l’estomac.
CNERNA, Alimentation et cancer) et les études récentes ren- Cependant, les essais d’intervention utilisant des supplé-
forcent cette conclusion (tableau I). ments contenant ces antioxydants (β-carotène, vitamine
Les facteurs de risque du cancer de la vessie sont en premier lieu, E) ont été décevants, puisqu’ils se sont montrés sans effet
tabagisme, mais aussi l’exposition professionnelle (amines protecteur ou même parfois ont eu un effet délétère (plus
aromatiques et hydrocarbures polycycliques). Dans les forte incidence de cancer du poumon chez les sujets sup-
régions tropicales et subtropicales, la bilharziose est égale- plémentés que chez les sujets recevant le placebo).
ment en cause. L’effet protecteur des fruits et légumes est Ces résultats indiquent que la supplémentation par une
qualifié de probable dans les livres de référence et les études pilule contenant un nutriment ne peut remplacer un
récentes renforcent cette conclusion (tableau I). apport d’aliments où différents nutriments et consti-
L’alcool augmente le risque de cancers du foie (survenue du tuants peuvent jouer un rôle éventuellement de façon
cancer sur foie cirrhotique), mais d’autres facteurs de synergique. Ils montrent également que des doses très
risque sont à prendre en compte, tels les virus des hépa- supérieures aux doses nutritionnelles comportent des
tites B et C et la contamination par l’aflatoxine, liée à l’ali- risques d’aggravation du processus cancéreux.
Tableau I
Etudes épidémiologiques portant sur la relation fruits et cancers
Cancer sites Authors and year Country Design OR (CI) Trend Remarks
Mouth and Franceschi et al., Italy raw vegetables: H (> 31.1 g/day) < 0.01
pharynx 1999 cases: 598, controls: 1,491 vs L (8): 0.29 (0.15-0.56)
cooked: H (> 4.5/week)
vs L (1.5/week): 0.5 (0.3-0.7) < 0.01
Bosetti et al., Italy and Switzerland green vegetables H (frequency) < 0.0001
2000 female cases: 195 vs L: 0.25 (0.15-0.44)
female control: 1,113 fresh fruits H (frequency)
vs L: 0.58 (0.37-0.89) 0.02
Œsophagus Levi et al., Switzerland raw and cook vegetables: < 0.001 citrus OR= other fruits but
2000 cases: 101, controls: 327 H (9.5/week) vs L (< 5.5): with 5 times less quantity
0.14 (0.1-0.4)
fruits (other than citrus) < 0.001
H (11.3/week) vs L (< 5.2):
0.20 (0.1-0.4)
Larynx De Stefani et al., Uruguay H (302.7/day) vs L (143.0): < 0.001 cooked vegetables: 0.96
2000 cases: 148, controls: 444 0.30 (0.15-0.59) (0.50-1.84)
Stomach Ji et al., China H (≥ 9 servings/day) < 0.0001 after subgroups, only yellow-
1998 cases: 1,124, controls: 1,451 vs L (≤ 5): 0.4 (0.3-0.5) green vegetables: 0.5 (0.4-0.7),
T: 0.0001
Ekström et al., Sweden H (> 2/day) vs L (5/week)
1998 cases: 567, controls: 1,165 0.5 (0.3-1.1) cardia 0.05
0.7 (0.5-1.0) non cardia 0.02
Galanis et al., Hawai Japanese H (< 1/day) vs L (≥ 2/day) 0.02 better in men than in women
1998 Cohort: 108/11,907 0.4 (0.2-0.8)
Terry et al., Sweden L vs H: 5.5 (1.7-18.3) < 0.05 wide CI tertiles defined as high,
1998 Cohort: 116/11,500 moderate, small, none
Botterweck et al., Netherlands H (374 g/day) vs L (250 g/day) 0.14 0.49 (0.20-1.18) on first year cases
1998 310/3,500 (subcohort) 0.72 (0.48-1.10) and precancer disorders vegeta-
bles, only, little variation in intake
Lung Agudo et al., Spain H vs L (not defined) 0.026 women, tomatoes
1997 cases: 103, controls: 206 0.45 (0.22-0.91)
Nyberg et al., Sweden fruits except agrumes H (daily) 0.03 expressed in consumption
1998 cases: 124, controls: 235 vs L (2-4/week) frequency, tomatoes: 0.79
0.49 (0.25-0.94) (0.43-1.46), trend: 0.4
De Stefani et al., Uruguay total vegetables: H (> 2/day) < 0.001
1999 cases: 541, controls: 540 vs L (< 1/day) 0.48 (0.34-0.66)
total fruits: H (> 8/week) < 0.001
vs L (< 4/week) 0.52 (0.37-0.73)
Brennan et al., multicentric European fresh vegetables: H (daily) < 0.05 in non smokers, OR for
2000 cases: 256, controls: 599 vs L (1/week) squamous cell and small cell
0.5 (0.3-0.7) adenocarcinoma carcinomas NS fruit: NS
Ocké et al., Netherlands fruit: L (< 107 g/day) 0.03 men stability of consumption of
1997 Cohort: 19 years; 54/561 vs H (> 166 g/day) fruit: 2.52 (1.15-5.57)
1.92 (1.04-3.55) vegetables: NS
Knekt et al., Finland H vs L (not defined) 0.02 fruit: 0.58 (0.37-0.93), p: 0.013,
1999 Cohort: 25 years; 0.60 (0.38-0.965) root vegetables: 0.56 (0.36-0.88),
138/4,545 p: 0.03
Voorips et al., Netherlands H (554 g/day) vs L (191 g/day) < 0.0001 mainly due to vegetables
2000 6.3 years; 0.7 (0.5-1.0)
1,010/2,953 (subcohort)
Bladder Michaud et al., USA H (> 8 servings/day) vs L (< 3.5) 0.09 cruciferous: 0.49 (0.32-0.75)
1999 Cohort: 10 years; 0.72 (0.47-1.09) trend: 0.008
252/47,909
Nagano et al., Japan H (> 5/week) vs L (1) 0.02 green-yellow vegetables
2000 Cohort: 20 years; 0.54 (0.39-0.94)
114/38,540
Par ailleurs, ces antioxydants ne résument pas à eux seuls gauche étant plus clairement associé à l’apport alimentaire.
les micro-constituants des fruits et légumes. Il faut y ajou- On a noté une certaine divergence dans les résultats sur la
ter en particulier les différents composés phénoliques, relation entre obésité et cancer du côlon, mais les études
(les flavonols des pommes et des oignons, les catechines récentes sont plutôt en faveur d’un lien entre surpoids/obé-
du raisin, les anthocyanes des fruits rouges, etc.) qui ont sité et cancer du côlon, permettant de qualifier ce risque de
des effets antioxydants, mais aussi interfèrent avec les possible ou probable. L’apport calorique a aussi été incrimi-
enzymes de phase I et II, et celles impliquées dans la pro- né, mais ce qui paraît le plus important, c’est la rupture de
lifération cellulaire. l’équilibre énergétique, donc l’insuffisance de dépense
énergétique par rapport à la consommation calorique, d’où
Autres cancers l’importance de l’activité physique dans la prévention.
Pour les autres cancers, tels le cancer du sein, du pancréas
ou du côlon, le ou les facteurs responsables de l’initiation Cancers hormono-dépendants
sont moins clairement désignés et l’effet fruits/légumes Le cancer du sein est la première cause de mortalité chez la
n’est pas retrouvé avec autant de régularité et de force. femme avant 65 ans. Si la mortalité a fortement régressé,
On a cité l’effet mutagène de la consommation d’amines l’incidence est stagnante ou en légère augmentation
hétérocycliques, donc lié à la consommation de viande, dans les pays occidentaux, mais augmente plus sérieuse-
comme facteur de risque des cancers du sein et du côlon. ment dans les pays émergeants et au Japon, qui voient
La consommation importante de charcuterie et autres leur alimentation et mode de vie s’occidentaliser. Les fac-
fumaisons ou salaisons est également associée au risque teurs de risque les mieux décrits sont ceux liés à l’impré-
de cancer du côlon. De même, la formation de sels gnation œstrogénique (âge aux premières règles, à la
biliaires secondaires dans la lumière colique serait un première grossesse et à la ménopause, nombre d’en-
risque pour le cancer du côlon ; dans ce dernier cas, le cal- fants) ; il en va de même pour le cancer de l’endomètre, lui
cium est présenté comme protecteur par la précipitation aussi plus fréquent dans les pays développés.
des sels biliaires, mais un autre mécanisme est invoqué : On note une légère augmentation de l’incidence des can-
le calcium diminuerait la perméabilité aux carcinogènes. cers de l’ovaire dans les pays occidentaux, sans que l’on
En effet, plusieurs études d’intervention montrent que la puisse suggérer un facteur environnemental particulier.
supplémentation en calcium diminue le risque de récidive L’incidence du cancer de la prostate est en augmenta-
d’adénomes coliques, dont on sait qu’ils peuvent évoluer tion, en partie à cause de sa plus facile et précoce détec-
vers le stade de tumeur maligne. tion, elle est la plus élevée dans les pays occidentaux, elle
l’est particulièrement pour les Africains-Américains, alors
Alimentation et promotion qu’elle est faible chez les Africains, ce qui suggère bien
l’importance d’un facteur environnemental.
Dans ce paragraphe, nous allons considérer la relation
entre apports alimentaires et facteurs de croissance des Mécanismes associant obésité
tumeurs. Cette relation est expliquée en grande partie
par l’excès calorique, le surpoids ou l’obésité, qui apparaîtront
et facteurs de croissance des cancers
comme des facteurs de risque majeurs pour certains can- Dans les cancers pour lesquels l’obésité viscérale est un
cers. Certains de ces cancers sont assez rares et moins facteur de risque (cancer colo-rectal, du sein, de l’endo-
bien étudiés, d’autres plus fréquents : le cancer du côlon mètre, de la prostate), le syndrome d’insulino-résistance
et les cancers hormono-dépendants de l’homme (prosta- apparaît comme le mécanisme privilégié, entrant dans le
te) et de la femme (sein, endomètre, ovaire) sont le plus cadre de la promotion des cancers. L’obésité abdominale
souvent associés à un type d’obésité bien caractérisé, ou viscérale (ou encore androïde ou en pomme) est un des
l’obésité abdominale/viscérale, mesurée par le rapport éléments du syndrome d’insulino-résistance, qui se carac-
hanches-taille ou le tour de taille. térise par ailleurs par une hyperinsulinémie, une insulino-
résistance, une altération des paramètres lipidiques et des
Cancers de l’œsophage, du pancréas, hormones stéroïdiennes avec une augmentation de la tes-
des voies biliaires, du rein et de la thyroïde tostérone et, dans une moindre mesure, des œstrogènes,
une diminution de la sex hormone binding globuline (SHBG) qui
Pour ces cancers, les résultats sont limités, mais suggèrent entraîne une augmentation de l’activité des hormones
l’obésité, mesurée par l’index de masse corporelle, comme sexuelles et une altération de la régulation de l’IGF-I, avec
facteur de risque probable pour les cancers du rein et de notamment diminution de sa protéine liante (IGFBP-3)
l’œsophage, et l’apport calorique excessif, notamment de résultant en une augmentation des taux d’IGF-I.
lipides, comme facteur de risque possible pour les cancers On pense actuellement que ces taux élevés d’IGF1 résu-
de la thyroïde, du pancréas et des voies biliaires. Il est diffi- ment le rôle du syndrome d’insulino-résistance dans la
cile pour ceux-ci de proposer un mécanisme ou une expli- promotion des cancers et que l’effet de l’altération des
cation physio-pathologique, sauf dans le cas du cancer de hormones stéroïdiennes dans le syndrome d’insulino-résis-
l’œsophage où il est admis que l’obésité entraîne un reflux tance passe par la stimulation de l’IGF-I. IGF-I est un puis-
gastrique qui augmente le risque de cancer (dans ce cas, cet sant mitogène, également capable de bloquer l’apoptose.
effet est à rapprocher d’un effet sur l’initiation du cancer). La réalité de ce syndrome comme facteur de risque a été
attestée par la mise en évidence d’une association entre
Cancer colo-rectal risque de cancers et taux circulants d’IGF-I, spécifique-
Quatrième cause de cancer dans le monde, il est dans son ment pour le cancer du côlon, du sein et de la prostate. Il
ensemble un peu plus fréquent chez l’homme que chez la est aussi suspecté dans le cancer de l’endomètre.
femme, mais la localisation au niveau du côlon droit est plus Cependant, toute réserve du tissu adipeux (abdominale
fréquente chez la femme, que chez l’homme et apparaît dif- ou non) peut être le lieu de synthèse endogène des
férente en terme de facteurs de risque ; le cancer du côlon œstrogènes, grâce à la présence d’aromatase, les œstro-
gènes étant facteurs de croissance pour les cancers du femmes végétariennes excrétaient dans les selles plus
sein et de l’endomètre. d’œstrogènes que les femmes omnivores, leur flore
colique en effet comporte des bactéries dépourvues de
Aliments et facteurs de croissance β-glycuronidase, et les œstrogènes qui sont excrétés
Aliments qui favorisent le développement de l’obésité, sous forme glycuro-conjuguée par les voies biliaires dans
la synthèse et la circulation d’IGF-I et d’œstrogènes le côlon seront éliminés. Au contraire, la flore colique des
femmes omnivores contient des bactéries capables de
Un apport protéique trop important, notamment dans déconjuguer les œstrogènes qui rejoignent ainsi la cir-
l’enfance et l’adolescence, induit une augmentation de la culation sanguine avant d’être éliminés dans les urines.
synthèse d’hormone de croissance (GH) qui, à son tour, Les céréales complètes et les légumineuses, outre leur
stimule la synthèse hépatique d’IGF-1. De la même richesse en fibres, vont apporter des phyto-œstrogènes.
façon, l’apport exogène de GH induira des taux élevés Ces micro-constituants (isoflavones et lignanes) présents
de IGF-1 dans la circulation. respectivement dans le soja et les légumineuses, pour les
Un apport élevé de lipides et glucides est à considérer en premiers, et dans les graines de lin et de sésame, ainsi
relation avec la constitution de l’obésité, puisque l’on a que dans les légumes et fruits riches en caroténoïdes et
montré que l’excès calorique était directement lié au dans les crucifères, pour les seconds. Or, les femmes asia-
taux d’IGF-1 d’une part, et que d’autre part l’obésité tiques, qui ont un apport élevé d’isoflavones, présentent
favorisait la synthèse endogène d’œstrogènes. un taux d’incidence de cancer du sein plus faible que celui
Les lipides sont les nutriments les plus riches en calories des femmes occidentales, et certaines études suggèrent
par unité de poids et, de ce fait, sont majoritairement qu’une forte consommation de soja et de produits déri-
impliqués dans le développement de l’obésité par les vés diminue le risque de cancer du sein. Les phyto-œstro-
nutritionnistes, bien que leur rôle soit contesté par cer- gènes seraient capables de se comporter comme des
tains épidémiologistes. Ils sont aussi les derniers macro- modulateurs sélectifs des récepteurs à œstrogènes, donc
nutriments à être oxydés lors de la dépense énergétique de bloquer l’effet agoniste des œstrogènes sur les cellules
et auront ainsi tendance à s’accumuler. On a ainsi évoqué mammaires transformées. Cependant, les phyto-œstro-
le risque de certains cancers, côlon notamment, associé gènes possèdent d’autres propriétés, comparables à
à la consommation des viandes riches en graisses satu- celles des autres composés phénoliques qui peuvent
rées (par substitution, remplacer la consommation de expliquer un éventuel effet anti-cancérigène.
viande par celle de poisson pourrait réduire ce risque).
Bien que les glucides et les réserves en glycogène repré-
sentent la première ligne d’oxydation lors de dépenses Points essentiels à retenir
énergétiques, en présence d’un déséquilibre énergé- 1. La relation alimentation-cancer est une relation
tique lié à un excès d’apport, une lipogenèse s’installera complexe, d’une part, parce que le cancer est une
avec risque de surpoids ou d’obésité. L’index glycémique maladie multifactorielle qui se déroule en plusieurs
des aliments peut être un indicateur précieux de leur étapes, d’autre part, parce que l’alimentation est un
capacité à générer l’obésité. phénomène complexe mettant en jeu des facteurs de
Bien qu’il ne soit pas considéré comme un aliment, comportement et de culture, et aussi parce que l’ali-
l’alcool est un facteur lié à l’alimentation dont nous avons ment lui-même est constitué de très nombreux micro-
parlé comme cancérigène, impliqué dans l’initiation du constituants, chacun pouvant avoir un rôle à jouer, iso-
processus cancéreux. Même si l’effet de l’ingestion lément ou en synergie. D’où la difficulté à obtenir des
d’alcool sur le taux d’IGF-1 semble dépendre du niveau résultats facilement interprétables.
d’alcoolisation, l’alcool doit être considéré dans le cadre 2. On peut cependant dire que les fruits et légumes
de la promotion, par son apport calorique d’une part (la protègent de façon convaincante contre les cancers
consommation d’alcool est associée à la constitution des voies aéro-digestives supérieures et de l’estomac.
d’une obésité abdominale), mais aussi parce que sa On peut également dire, pour le cancer du poumon,
consommation est un facteur de risque pour le cancer du qu’ils interfèrent avec le tabac pour diminuer en partie
sein que l’on a expliqué par la présence augmentée du le très fort risque attaché au tabagisme. Les anti-oxy-
taux d’œstrogènes chez les femmes consommant même dants des fruits et légumes expliqueraient en grande
des quantités modérées d’alcool. On a montré qu’une partie leur action, associés à d’autres micro-consti-
consommation élevée de folates (présents dans de nom- tuants, tels les composés phénoliques et les folates.
breux fruits et légumes, mais aussi dans certains produits 3. Les légumes (plus que les fruits, car ici ce sont sur-
animaux comme le foie) interférait avec le risque de can- tout les fibres qui expliqueraient le mécanisme)
cer du sein associé à la consommation d’alcool. auraient aussi un rôle dans les cancers qui sont asso-
ciés à l’obésité en diminuant l’apport énergétique de
Aliments qui réduisent le risque l’alimentation. Ainsi, un régime riche en légumes sera
de développement de l’obésité et la synthèse généralement moins riche en lipides ou en calories
et la circulation d’IGF-I et d’œstrogènes “vides” : céréales raffinées pratiquement dépourvues
de fibres et autres micro-constituants, où ne reste que
Plusieurs rapports montrent que la consommation d’une
l’amidon. En effet, ces autres micro-constituants,
grande variété de légumes et de fibres sont négati-
fibres, vitamines et phyto-œstrogènes ont chacun des
vement corrélés à la masse graisseuse, que les fibres
potentialités anti-carcinogéniques.
s’opposent également au développement du syndrome
4. Enfin, même si les modifications de risque des can-
d’insulino-résistance, donc à la constitution d’obésité.
cers liés à l’alimentation sont relativement faibles,
Ceci peut expliquer l’effet protecteur qualifié de possible
étant donné que tout un chacun s’alimente, une pré-
des fibres alimentaires dans les cancers du sein et du côlon. vention des cancers basée sur l’alimentation reste un
Mais les fibres pourraient avoir un autre effet sur le déve- objectif extrêmement important.
loppement du cancer du sein. On a montré que les
TD 1
Question 110 A
Besoins nutritionnels et apports alimentaires de l’adulte.
Question 179
Prescription d’un régime diététique.
Question 111 B
Besoins nutritionnels chez le sportif
30
dossier enseignement
dossier enseignement
Apprendre à connaître les aliments est une nécessité pour quiconque s’inté-
resse quelque peu à la nutrition. Des nutriments aux aliments, l’apprentissage
est parfois ingrat… Le but de cette revue est de présenter le plus simplement
possible les données essentielles. Les points qu’il faut « absolument retenir »
apparaissent sous forme d’encadrés. Le problème de la conservation des
aliments est abordé dans la rubrique finale : « pour en savoir plus ».
Il est classique de regrouper dans une même « catégorie » sine, myoalbumine et de collagène. Il s’agit, pour la myo-
les aliments qui présentent une parenté biochimique, une sine et la myoalbumine, de protéines d’excellente qualité
composition en nutriments voisine ou des modalités de pro- comportant tous les acides aminés indispensables ce qui
duction semblables. Nous envisagerons donc 7 catégories confère aux viandes un très bon coefficient d’efficacité
d’aliments : protidique. Les morceaux de 2e et 3e catégorie1 sont plus
• viandes – poissons – œufs, riches en tissus conjonctifs (élastine et collagène surtout).
• produits laitiers, Le collagène, pauvre en tryptophane et en acides aminés
• matières grasses, soufrés, diminue la valeur biologique des viandes qui en
• légumes et fruits, sont riches. Il en est de même pour l’élastine dont l’équi-
• céréales et dérivés – légumineuses, libre en acides aminés indispensables est médiocre. Les
• sucres et produits sucrés, viandes apportent d’autre part une petite quantité de subs-
• boissons. tances azotées non protéiques (purines entre autres).
Apports en lipides
Viandes – poissons – œufs La teneur en matières grasses des viandes varie selon
l’espèce, l’état d’engraissement de l’animal et le morceau
Apports nutritionnels caractérisant les aliments considéré. Elles se trouvent à la surface de la carcasse
de ce groupe : (graisses de couverture), autour des muscles ou à l’inté-
• Protéines rieur du muscle (marbré, persillé). Il est possible de dimi-
• Minéraux : fer (viande, jaune d’œuf), iode (poisson) nuer le taux de lipides des viandes en éliminant les
• Vitamines : groupe B ; A (foie et jaune d’œuf) graisses visibles. Compte tenu de ces considérations une
• Pas de calcium et pratiquement pas de vitamine C viande peut contenir 2 à 30 % de graisses (tableau I).
• Apports potentiels en lipides Les viandes les plus maigres (< 10 %) sont le lapin, le
• Apport en cholestérol cheval, le veau, le poulet et la dinde (sans peau). Parmi
les viandes les plus grasses (10 à 30 %) on trouve certains
Les viandes morceaux de bœuf et de porc ainsi que l’agneau, l’oie et le
Apports en protéines canard. Ces différences restent relatives car il est toujours
Les viandes renferment en moyenne 20 % de protéines. possible de choisir des morceaux très maigres (filet de
Ces protéines sont composées essentiellement de myo- porc, filet de canard sans la peau…). Les abats (foie,
cœur, rognons) ainsi que le gibier sont des viandes mai-
1. Laboratoire de nutrition et maladies métaboliques, faculté de Médecine de gres (~ 5 %).
Nancy, université Henri Poincaré-Nancy I, Bâtiment RB, 1er étage, 9, avenue de
la forêt de Haye, BP 184, 54 500 Vandoeuvre Les Nancy. Les lipides des viandes sont constitués principalement
2. Service de diabétologie, maladies métaboliques, maladies de la nutrition, CHU d’acides gras saturés et monoinsaturés. Leur composi-
de Nancy, hôpital Jeanne d’Arc, BP 303, F54201 Toul Cedex.
1. La 1re catégorie représente les morceaux à cuisson courte : filet, escalope, bif-
Correspondance : O. Ziegler, à l’adresse ci-dessus. E-mail : o.ziegler@chu-nancy.fr teck, côte…
Apports en minéraux indispensables sont présents. Ces protéines sont très bien
Comme les viandes, le poisson apporte peu de calcium. Il assimilées par l’organisme (CUD = 95 à 98).
représente une source importante de phosphore et pour Apports en lipides
les poissons de mer d’iode. Il est d’autre part moins riche
en fer que la viande. Les coquillages et crustacés ont la La teneur en lipides du lait de consommation courante est
particularité d’être plus riches en divers minéraux (cal- standardisée à un taux minimum de 36 g par litre de lait
cium, zinc, fer, sodium…). Poissons et crustacés sont entier. Cette teneur en lipides confère au lait entier une
riches en sélénium. valeur énergétique importante (700 Kcal soit 2 930 KJ pour
1 litre). Les laits demi-écrémé et écrémé apportent respecti-
Apports en vitamines vement 15 g à 18 g et 1 g de lipides par litre. Les triglycéri-
Les poissons sont une bonne source de vitamines du des du lait comportent essentiellement des acides gras
groupe B (en particulier B12) et de vitamine E. Les vita- saturés (60 à 65 %) et monoinsaturés (32 %). Le lait est
mines A et D sont également abondantes dans les pois- pauvre en acides gras essentiels (environ 3 %) et comporte
sons gras et surtout dans le foie de poisson. 11 % à 15 % d’acides gras à chaîne courte ou moyenne (C4
à C12). Le lait contient également du cholestérol (lait entier :
Les œufs 140 mg/litre, lait 1/2 écrémé : 90 mg/litre).
Apports en protéines Apports en glucides
Les protéines de l’œuf (l’ovalbumine dans le blanc et ovovi- Le lactose, glucide essentiel du lait, favorise l’absorption
telline dans le jaune) ont une excellente valeur biologique. du calcium contenu dans cet aliment. Un litre de lait, qu’il
Leur composition en acides aminés, parfaitement équilibrée, soit entier ou écrémé apporte 50 g de lactose. Celui-ci
en fait la protéine de référence pour le calcul du coefficient peut provoquer des troubles digestifs chez les sujets ayant
d’efficacité protidique des autres aliments sources de proti- perdu l’habitude de consommer du lait (production de lac-
des. La teneur protéique de l’œuf entier est de 14 % ce qui tase très faible). Il est alors conseillé de remplacer le lait
représente un apport de 8 g pour un œuf de 55 g. par du yaourt ou des fromages.
Apports en lipides Apport en minéraux et oligo-éléments
Les lipides représentent 12 % de l’œuf entier. Ils sont Le lait est une source importante de calcium : 1 200 mg
contenus uniquement dans le jaune (33,5 g pour 100 g de par litre (les besoins journaliers de l’adulte sont de
jaune d’œuf soit environ 7 g de graisses dans 1 jaune) et 900 mg). Le calcium du lait est mieux absorbé que celui
comportent une forte proportion de phospholipides. Le de toute autre source grâce à la présence d’éléments favo-
jaune d’œuf est d’autre part une source importante de rables (protéines, graisses et un peu d’acide lactique). Il est
cholestérol (1 500 mg environ pour 100 g soit 300 mg mieux utilisé par l’organisme car le lait apporte en même
pour 1 jaune). temps du phosphore (rapport Ca/P = 1,4) et de la vita-
mine D. Le lait apporte en outre du chlorure de sodium,
Apports en minéraux du chlorure de potassium et de faibles quantités de soufre,
Le jaune d’œuf est riche en phosphore et en fer. Comme magnésium et cuivre. Il ne contient pas de fer.
la viande et le poisson il représente un faible apport de
calcium associé à un rapport Ca/P très défavorable à son Apport en vitamines
absorption. Le lait entier est une source appréciable de vitamine A.
La teneur en vitamine D est variable (plus élevée dans le
Apports en vitamines lait d’été que dans le lait d’hiver). Presque toutes les vita-
L’œuf est une bonne source de vitamines du groupe B et mines du groupe B sont présentes, en particulier la
pour le jaune de vitamines A et D. Il n’y a pas de relation vitamine B12. Les vitamines liposolubles (A et D) sont
entre la couleur plus ou moins intense du jaune et sa absentes dans le lait écrémé.
teneur en vitamines.
Les fromages
Acide P L G Ca
Fe Zn Mg kcal KJ
folique (g) (g) (g) (mg)
(mg) (mg) (mg)
(µg)
Yaourt nature 50 213 4,3 1,2 5 173
Lait entier stérilisé UHT 0,05 0,4 10 3,00 Fromage blanc 120 498 7,7 8 3,4 111
Lait 1/2 écrémé stérilisé UHT 0,05 0,4 10 2,90 à 40 % MG
Lait « Croissance » de Candia* 1,3 0,8 9,3 3 Fromage blanc 80 335 8,5 3,4 3,6 117
Lait « Grand Vivre » Candia 0,8 0,7 16 11,9 à 20 % MG
Lait « Future Maman » Candia 1,6 1 17 130 Fromage à pâte molle :
Lait « Pour Maman » Gervais 1 – 24 25 Camembert 284 1 178 21,2 22 0,2 400
45 % MG
* De plus, enrichis en acides gras essentiels (acide lino-
léique et acide linolénique). Munster 333 1 380 19 28,5 0 430
Sources : Répertoire général des aliments, Ciqual, 1995; Fromages persillés :
Documentation Candia, Gervais.
Roquefort 370 1 532 18,7 32,8 0 600
Fromages à pâte
La coagulation du lait par acidification lactique et/ou ajout pressée :
de présure qui aboutit à la formation d’un gel de caséine. Saint-Paulin 298 1 236 23,3 22,7 0 780
Ce gel est égoutté et on obtient le caillé. Celui-ci subit une Emmental 378 1 572 29,4 28,8 0,2 1 185
maturation provoquée par les enzymes produites par des Fromage fondu 292 1 213 16,8 22,7 2,8 492
micro-organismes spécifiques à chaque type de fromage. Source : Répertoire général des aliments, Ciqual, 1995.
Il est habituel de classer les fromages selon leur mode
de fabrication :
• fromages frais (fromages blancs, suisses, demi-sel…) : fromage blanc à 40 % de matières grasses contient en réalité
ces fromages ne subissent pas d’affinage. Ils sont riches 8 g de graisses pour 100 g. Les fromages les plus riches en
en eau (70 % à 80 %). matières grasses sont les fromages à pâte cuite type gruyère
• fromages à pâte molle à croûte moisie (Camembert, (32 g de matières grasses pour 100 g). Les lipides des fro-
Carré de l’Est, Brie, Neufchâtel…). mages sont composés majoritairement d’acides gras saturés
• fromages à pâte molle à croûte lavée (Livarot, Muns- (60 % à 65 %) et monoinsaturés (30 % environ). Les froma-
ter, Maroilles…) : le lavage de la surface des fromages à ges affinés contiennent en moyenne 90 mg à 100 mg de
l’eau salée favorise l’implantation d’une flore bactérienne cholestérol pour 100 g.
rouge orangée qui confère à ces fromages leur saveur et Apports en glucides
leur odeur prononcée. Le lactose est presque totalement éliminé lors de l’égout-
• fromages persillés (moisissures intérieures) (Roquefort, tage. La quantité restante est transformée en acide lac-
Bleus d’Auvergne, de Bresse…). Le roquefort est fabriqué tique lors de l’affinage.
exclusivement avec du lait de brebis, tous les autres à par- Apports en minéraux
tir de lait de vache. L’apport en calcium et en phosphore dépend du mode
• fromage à pâte pressée non cuite (Port-Salut, Cantal, de fabrication des fromages. L’emmental (pâte pressée
Edam, Saint-Nectaire…) : l’égouttage du caillé est effectué cuite) apporte environ 1 000 à 1 200 mg de calcium pour
par pressage. 100 g. Un fromage type pâte molle en contient 200 à
• fromages à pâte pressée cuite (emmental, comté, 400 mg pour 100 g et les fromages frais 100 mg pour
beaufort, gruyère…) : le caillé subit une cuisson avant 100 g. Les fromages sont plus ou moins riches en chlo-
d’être pressé. rure de sodium. Leur teneur dépend de la quantité de sel
• fromages fondus : ils sont constitués par des fromages ajoutée lors de leur fabrication.
divers broyés et fondus. Apports en vitamines
Composition La teneur en vitamine A des fromages est proportion-
On retrouve dans les fromages l’essentiel des composants nelle à leur teneur en matières grasses. Les fromages
du lait (tableau V). bleus sont de bonnes sources de vitamines du groupe B
(les moisissures en réalisent la synthèse).
Apports en protéines
C’est la caséine qu’on retrouve dans le fromage, les pro-
téines solubles étant éliminées lors de l’égouttage. La
teneur en protéines est variable : 8 % à 10 % dans un fro-
Matières grasses
mage frais, 20 % à 24 % dans les fromages à pâte molle
et 28 % à 30 % dans les fromages à pâte pressée. Apports nutritionnels caractérisant les aliments
Apports en lipides de ce groupe :
La totalité des lipides du lait est conservée dans les fromages. • Acides gras essentiels (acide linoléique (C18 : 2 n-6),
La teneur en lipides d’un fromage dépend de sa richesse en acide α-linolénique (C18 : 3 n-3)
eau. Les teneurs en matières grasses indiquées à la vente • Vitamines liposolubles – D – A (rétinol) – E (alpha
sont toujours exprimées en pour cent de matière sèche. Un tocophérol)
camembert à 45 % de matières grasses en contient en fait • Source d’énergie importante (9 kcal/g)
22 grammes pour 100 g de fromage prêt à consommer. Un • Aucun élément minéral
Les matières grasses d’origine animale 8 % d’acide linolénique. Les nouvelles variétés de colza ne
contiennent pratiquement plus d’acide érucique.
La crème et le beurre
L’huile d’arachide comporte 30 % à 35 % d’acides gras
La crème comporte environ 30 % à 35 % de lipides et le polyinsaturés dont moins de 1 % d’acide linolénique. C’est
beurre 82 % à 84 %. Les acides gras saturés représentent une bonne source d’acides gras monoinsaturés (45 % à
plus de 60 % des acides gras totaux (en particulier acide pal- 50 %). Les acides gras saturés représentent environ 20 %
mitique C16:0, acide myristique C14:0 et acide stéarique des acides gras totaux.
C18:0). Le beurre apporte également des acides gras saturés Les huiles de maïs, soja, tournesol, pépin de raisin, et
à chaîne courte ou moyenne (environ 13 %) (tableau VIa et noix représentent les meilleures sources d’acides gras
c). Ces produits sont pauvres en acides gras polyinsaturés polyinsaturés (60 % à 70 % des acides gras totaux). Les
(2 %) et apportent du cholestérol (250 mg/100 g de huiles de soja et de noix comportent en outre 7 % à 15 %
beurre). d’acide linolénique. Ces huiles sont une source très impor-
Ces matières grasses sont une excellente source de vita- tante de vitamine E.
mine A (teneur variable selon la provenance du beurre) et
contiennent un peu de vitamine D lorsqu’ils sont réalisés à Les huiles concrètes (ou graisses végétales)
partir du lait d’été. Ils n’apportent pas du tout de calcium. Ces huiles sont caractérisées par une forte teneur en aci-
des gras saturés. L’huile de palme comporte 50 % à
Beurres allégés et spécialités laitières à tartiner
60 % d’acides gras saturés et 5 % à 10 % d’acides gras
Ces produits sont tous fabriqués à partir de matières grasses polyinsaturés. Elle est principalement employée par les
d’origine laitière (beurre ou crème). Il en existe trois grandes industries alimentaires (margarineries, biscuiteries) et pour
catégories dont la teneur en lipides est respectivement de la réalisation des fritures en collectivités. L’huile de
60 %, 40 % et 27 %. Les caractéristiques nutritionnelles de coprah (végétaline) comporte plus de 90 % d’acides gras
ces produits, en dehors du fait qu’ils sont moins caloriques, saturés (dont 50 à 60 % à chaîne courte).
sont semblables à celles du beurre. La plupart sont enrichis
en vitamine A et parfois en vitamine E. Les margarines
Il existe aussi d’autres pâtes à tartiner à teneur en lipides La margarine est constituée par l’émulsion d’une phase
réduite, qui associent des matières grasses laitières et des aqueuse dans une phase grasse qui représente 82 % du
matières grasses végétales. Leurs caractéristiques nutrition- produit final. Elle comprend, selon les cas, des huiles ou
nelles dépendent alors du type de matières grasses utilisées. des graisses végétales et animales. Le type d’huile ou de
graisse entrant dans la composition d’une margarine est
Autres matières grasses d’origine animale très variable et les caractéristiques nutritionnelles du pro-
Il s’agit des matières grasses obtenues par fusion des tissus duit final en dépendent. On distingue les margarines clas-
gras des animaux : saindoux, graisse d’oie ou de canard, siques vendues en emballage papier qui sont solides à
suif de bœuf ou de cheval… Ces graisses contiennent température ambiante. Elles sont composées en partie de
toutes 90 à 100 % de lipides. graisses animales (saindoux), de graisses de poisson ou de
Le saindoux et le suif de bœuf sont composés d’acides gras beurre associées à des huiles et comportent surtout des
saturés (45 %) principalement à chaîne longue (C16 et acides gras saturés et monoinsaturés. Elles contiennent
C18), d’acides gras monoinsaturés (42 % environ) et de en outre du cholestérol.
peu d’acide linoléique (5 % à 9 %). Ce sont des composi- Les margarines d’origine exclusivement végétale sont
tions moyennes. Les proportions relatives d’acides gras composées d’un mélange d’huiles diverses hydrogénées en
varient en fonction notamment de l’alimentation qu’a reçue partie. Les margarines faites exclusivement avec de l’huile
l’animal. Les graisses de volaille (oie, canard) contiennent de tournesol ou de maïs sont de plus en plus présentes sur
en moyenne moins d’acides gras saturés (environ 30 %) et le marché. Elles ont les caractéristiques nutritionnelles des
nettement plus d’acides gras monoinsaturés (50 % à huiles avec lesquelles elles sont fabriquées. Leur teneur en
60 %) et polyinsaturés (11 % à 15 %). Toutes ces graisses acides gras polyinsaturés est cependant inférieure à celle
apportent en outre 100 mg de cholestérol pour 100 g. des huiles du même nom du fait de l’hydrogénation qu’elles
ont subie au cours de la fabrication.
Les huiles et margarines Comme les spécialités laitières à tartiner, les margarines
Les huiles allégées ont une teneur en matières grasses totale de
60 %, 41 % ou 27 %. Elles sont réalisées à partir d’huiles
Ce sont les huiles fluides ou concrètes préparées à partir
riches en acide gras polyinsaturés partiellement hydrogé-
de graines ou de fruits oléagineux. Les huiles sont géné-
nés et d’une fraction d’huile de palme. Elles sont en géné-
ralement liquides à une température ambiante. On appelle
ral enrichies en vitamine A et parfois en vitamine E.
huiles concrètes ou graisses les matières grasses solides à
Du fait de l’extrême diversité des beurres et margarines allé-
température ambiante (huile de coprah…). Ces matières
gées, il n’est pas possible d’en donner une composition
grasses ne contiennent pas de cholestérol et apportent
moyenne représentative. On trouve depuis peu une marga-
toutes 100 % de lipides.
rine allégée enrichie en stérols végétaux (Pro-Activ-Fruit
Les huiles se distinguent les unes des autres par leur
d’Or). Cette margarine est fabriquée à partir d’huiles végéta-
composition en acides gras (tableau VIb). L’huile
les non hydrogénées. On y a ajouté des esters de stérols
d’olive est une source importante d’acides gras monoin-
végétaux (13,8 % du produit) qui ont la propriété de réduire
saturés (70 % à 75 % des acides gras présents). Sa
le cholestérol sanguin en inhibant son absorption intestinale.
teneur en acides gras saturés et polyinsaturés est faible.
L’huile de colza présente aussi une forte teneur en acides
gras monoinsaturés (60 % à 65 % des acides gras totaux). Remarques :
Elle est un peu plus riche en acides gras essentiels (30 % des Les acides gras ayant un effet hypercholestérolémiant
acides gras totaux) et se distingue surtout par la présence de sont les acides gras saturés, et plus particulièrement les
jus de fruits (25 % à 50 % du produit final), d’eau et de de leur consommation. La conservation au froid n’empê-
sucre ne sont pas des jus de fruits. che pas le rancissement des graisses ce qui limite la durée
de conservation par ce procédé à quelques mois.
Boissons alcoolisées • Les conserves de viandes ou les plats cuisinés en
La densité de l’éthanol est de 0,8 ; une boisson titrant 10° conserve subissent une stérilisation à 112 °C-117 °C pen-
d’éthanol (soit 10 volumes pour 100 volumes d’eau) dant un temps variable avec la nature du produit. Une
contient 100 ml d’éthanol pur par litre soit 80 g. Les conserve entamée doit être gardée au froid et utilisée dans
boissons faiblement alcoolisées sont le cidre (2° à 6°), la les plus brefs délais.
bière (4° à 8°), le vin (9° à 15°) et les vins « cuits » (15° à Conservation et utilisation des poissons
25°). Les alcools « forts ou spiritueux » (liqueurs, eaux de
vie, cognac, boissons anisées) contiennent 35° à 60° Comme les viandes, les poissons sont conservés par le
d’alcool. froid ou par la chaleur. Plus rarement, on consomme du
poisson séché, salé, fumé ou mariné.
Les apports en éléments nutritifs de la bière ou du vin
(minéraux et vitamines du groupe B) sont faibles. • La réfrigération permet une conservation de 3 à 6 jours
L’alcool représente un apport énergétique de 7 kcal pour pour des poissons non éviscérés et de 10 à 12 jours pour
1 g soit 5,6 Kcal pour 1 ml d’alcool pur. Le tableau IX des poissons éviscérés.
regroupe quelques exemples de boissons alcoolisées cou- • La surgélation du poisson est souvent réalisée à bord des
ramment consommées. bateaux de pêche. Le poisson surgelé, comme la viande, peut
être conservé plusieurs mois à une température < – 18 °C.
Un entreposage trop long provoque cependant une déshy-
Pour en savoir plus dratation, l’oxydation des matières grasses et une dénatura-
tion des protéines. Pour limiter ces phénomènes il est
conseillé de conserver les poissons à des températures de
Viandes – Poissons – Œufs – 25 °C à – 30 °C. La surgélation permet de détruire les
Conservation et utilisation des viandes parasites comme les anisakies, elle doit être conseillée lors-
que les poissons sont destinés à être consommés crus.
Les viandes sont le plus souvent conservées par le froid • Les conserves de poisson concernent principalement les
(réfrigération, surgélation) ou grâce à la chaleur (conserves sardines, les maquereaux et le thon.
de plats cuisinés par exemple).
• Les autres modes de conservation sont souvent associés
• La réfrigération permet une conservation de courte entre eux et ces produits en dehors des poissons fumés
durée (15 à 20 jours pour les carcasses entre 0 °C et sont relativement peu consommés en France.
2 °C). Elle est limitée à quelques jours pour la conservation
domestique de la viande débitée en morceaux. Une viande Conservation des œufs
hachée fraîche doit être consommée dans la journée. Après leur achat les œufs peuvent être conservés au froid
• La surgélation est effectuée de façon à obtenir très rapi- pour une durée d’une semaine environ. La date de ponte
dement une température à cœur inférieure à – 18 °C. Les est de plus en plus fréquemment apposée sur la coquille
viandes surgelées doivent être maintenues à cette tempé- de l’œuf et une DLC (date limite de consommation) est
rature ou à une température inférieure jusqu’au moment mentionnée sur l’emballage.
Tableau VIII.
Composition de quelques eaux minérales (mg/l).
Eaux gazeuses :
Saint-Yorre 90 11 1 708 132 4 268 322 174 9 4 774
Vichy Célestins 90 9 1 265 71 3 245 227 129 6 3 486
Quézac 252 100 255 52,2 1 761 36 157 1,8 1 703
Badoit 200 100 160 10 1 410 39 33 1 1 325
San Pellegrino 208 55,9 43,6 2,7 219,6 74,3 549,2 0,5 1 109
Perrier 147 3 9 1,1 390 22 33 < 0,1 447
* Résidu sec : obtenu après évaporation de l’eau à 180 °C. Il est le reflet de la minéralisation de l’eau.
Sources : Étiquettes ou analyses de laboratoires agréés.
Tableau IX.
Évaluations par équivalence de la consommation d’alcool : boissons apportant environ 10 g d’alcool.
Degré d’alcool
Nature et quantité correspondant à 1 dose Alcool g/l Glucides g/l kcal pour une dose
(valeurs courantes)
Vin :
1 verre (100 ml) 10-13 80-104 – 70
Bière de luxe :
1 demi (250 ml) 5 40 35 120
Cidre :
sec :
2,5 verres (250 ml) 5-6 40-50 2 100
doux :
5 verres (500 ml) 1,6-2,7 13-24 40-60 200
Apéritif anisé :
1 dose (25 ml) ≤ 45 < 360 – 70
Whisky :
1 dose (25 ml) 40-45 320-360 – 70
Rhum :
1 dose (25 ml) 33-40 280-320 – 70
Eaux de vie blanches (mirabelle)
1 dose (25 ml) 40-60 320-480 – 70
Eaux de vie de vin (cognac)
1 dose (25 ml) 40-60 320-480 – 70
Champagne :
1 coupe (100 ml) 10 80 – 70
En dehors de ces effets positifs, la cuisson est responsable duits analogues, détruire les insectes des productions
si elle n’est pas bien menée d’une perte plus ou moins céréalières et retarder l’altération d’un aliment (fraises,
importante de vitamines et de minéraux (par dissolution champignons).
et par inactivation due à la chaleur). Si on veut conserver – Produits de 4e gamme2
aux légumes un maximum de leurs propriétés nutrition-
La mise à disposition du consommateur de légumes et fruits
nelles, il est nécessaire de les cuire dans un minimum
frais et prêts à l’emploi (épluchés, découpés) s’est large-
d’eau ou si possible à la vapeur, en gros morceaux ou sans
ment développée au cours de ces dernières années (en par-
les peler de façon à limiter les pertes par dissolution, en
ticulier salades et divers légumes râpés et émincés). Ces
l’immergeant dans l’eau bouillante afin de détruire
produits sont conditionnés dans un emballage étanche,
l’enzyme responsable de la destruction de la vitamine C
sous atmosphère modifiée et conservés à une température
(oxydase).
inférieure à 8 °C. Leur durée de conservation est limitée à
Conservation des légumes et des fruits une semaine. Les procédés mis en œuvre permettent de
– Conserves appertisées prolonger la durée de vie du légume en lui conservant ses
Les légumes subissent un blanchiment qui conduit à la propriétés organoleptiques, hygiéniques et nutritionnelles.
destruction des enzymes en particulier des oxydases,
puis ils sont mis en boîte et généralement préchauffés
afin d’évacuer un maximum d’oxygène. Les boîtes, ser- Bibliographie
ties, sont stérilisées pendant un temps et à une tempé-
rature variables avec la nature et l’acidité du produit. La [1] Basdevant A., M. Laville M., Lerebours E. – Traité de
valeur alimentaire des légumes ainsi conservés est com- nutrition clinique de l’adulte. Flammarion Médecine-
parable à celle d’un légume cuit à la maison. L’acidité de Sciences, Paris 2001.
la plupart des fruits permet la stérilisation à des tempé- [2] Dupin H.J.L., Malewiak M.J., Leynaud-Rouaud C., Ber-
ratures inférieures ou égales à 100 °C et de durée plus thier A.M. – Alimentation et Nutrition Humaines, Éditions
courte. Les conserves de légumes et de fruits gardent ESF, 1992.
leurs propriétés organoleptiques et nutritives pendant [3] Grundy S.M., Deke M.A. – Dietary influences on serum
plusieurs années (1 à 4 ans selon les cas). lipids and lipoproteins, J. Lipid, Res., 1990, 31, 1149.
[4] Martin A. – Coordonnateur, Apports nutritionnels
– Surgélation conseillés pour la population française, 3e éd., Tec &
Les légumes sont préalablement blanchis afin d’inactiver Doc, Lavoisier, Paris, 2001.
les enzymes. Les fruits sont sucrés et additionnés [5] Répertoire général des aliments, INRA, CIQUAL,
d’antioxydants (acide citrique ou acide ascorbique) pour 1. Table de composition des corps gras (1987), 2. Table
éviter le brunissement et l’oxydation de la vitamine C. de composition des produits laitiers (1987), 3. Table de
Ces légumes et ces fruits peuvent être conservés 1 à Composition Générale, 2e éd., 1995. Éditions Lavoisier-
2 ans à des températures inférieures à – 18 °C. Leur Tec & Doc, Paris.
valeur nutritionnelle est très proche de celle des produits
frais.
– Ionisation ou irradiation
2. La 1re gamme représente les fruits et légumes frais vendus en état, la 2e gamme
Cette méthode est utilisée en particulier pour inhiber la les conserves, la 3e gamme les surgelés. Il existe une 5e gamme qui correspond aux
germination des pommes de terre, des oignons et des pro- denrées cuites conditionnées sous vide.
apportent donc beaucoup de calories sous un faible par la consommation de poisson, d’animaux marins et
volume (densité énergétique élevée). C’est également le chez le nourrisson par le lait maternel. L’acide arachido-
cas des boissons sucrées qui sont souvent consommées nique (C 22 : 4 n-6) est le représentant des AGPI-LC de
en grandes quantités, notamment par les enfants ou les la série n-6. Les principales sources alimentaires sont la
adolescents. On dit que ces aliments sont sources de viande, l’œuf et le lait maternel.
“calories vides” car ils sont pauvres en micro-nutriments Du fait de phénomènes de compétition entre les deux
(cf. notion de densité nutritionnelle). Par conséquent, familles n-6 et n-3, le rapport C 18: 2 n-6/ C 18 : 3 n-3 ne
même sans “diaboliser” les aliments riches en sucres doit être ni trop haut ni trop bas. Il a été fixé à 5 dans les
simples, il ne faut pas en favoriser la consommation derniers ANC. Un excès d’apport de DHA entraîne par
excessive. Cela est particulièrement vrai pour les sujets exemple une carence en acide arachidonique.
sédentaires. A l’inverse, ils sont utiles au sportif car le glu-
cose est le nutriment de l’effort. • Les protéines
Les régimes hyperglucidiques (> 55 % des AET) n’ont pas
Les ANC ont été revus à la baisse pour les protéines, soit
d’inconvénients pour la santé. Toutefois, ils peuvent dans
0,8 g/kg/j (à la place des 1 g/kg/j), pour des protéines de
certains cas avoir des effets métaboliques défavorables
bonne qualité (œuf, lait, viande, poisson). Cela correspond
en augmentant la concentration plasmatique des trigly-
à 11-15 % des AET, pour des protéines de qualité moyen-
cérides et baissant celle du cholestérol-HDL. Ces anoma-
ne (ANC 2001). L’alimentation de la population française
lies sont favorisées par l’obésité androïde et font partie
est habituellement riche en protéines (14 –18 % des AET
du syndrome plurimétabolique (ou syndrome X d’insuli-
ou 1,3-1,6 g/kg /j). Les effets délétères de cet excès ne
no-résistance).
sont pas clairement établis. Mais il faut souligner que les
aliments riches en protéines le sont souvent aussi en
• Les lipides lipides. Cela est particulièrement vrai pour les produits
Les lipides alimentaires devraient fournir 30-35 % des d’origine animale (viande, charcuterie, fromage). En pra-
AET. Or, les enquêtes de consommation montrent que tique, on est donc souvent amené à proposer une diminu-
les Français consomment en moyenne trop de lipides tion des apports de protéines animales, qui représentent
(38-40 % des AET). De plus, l’excès d’apport concerne 65 % des apports protéiques en France, au profit de la
particulièrement les acides gras saturés (AGS), dont la consommation de protéines végétales. Néanmoins, les
consommation est associée à un risque accru d’obésité, protéines animales ont l’avantage d’être très digestibles et
de maladies cardio-vasculaires et de certains cancers ont une teneur élevée en acides aminés indispensables.
dans de nombreuses études épidémiologiques. Selon les Les protéines végétales ont des propriétés variables en
ANC, il faudrait donc limiter leur consommation à envi- fonction de leur origine (céréales ou légumineuses), tant
ron 8 % des AET, soit 19,5 g /j chez l’homme et 16 g/j pour leur digestibilité que pour leur composition en acides
chez la femme, pour un apport énergétique respective- aminés indispensables (de l’ordre de 40 %). Les céréales
ment de 2 200 et de 1 800 kcal/j. Les aliments en cause sont déficitaires en lysine et les légumineuses en acides
sont les produits d’origine animale : viande-charcuterie et aminés soufrés ; d’où l’intérêt de les associer, notamment
produits laitiers. dans les régimes végétariens. Les régimes végétaliens, qui
En revanche, les acides gras monoinsaturés (AGMI) et les excluent tous les produits animaux, sont carencés en
acides gras polyinsaturés (AGPI) ont des propriétés inté- acides aminés essentiels et en vitamine B12.
ressantes. Leurs apports sont parfois insuffisants ! Les
AGMI sont favorisés dans les dernières recommanda- Les minéraux et les vitamines
tions (ANC : 20 % des AET), car ils ne sont pas athéro-
gènes. L’intérêt nutritionnel spécifique des 2 familles Les éléments minéraux sont classés en 2 catégories : les
d’AGPI, la série n-6 et la série n-3 est reconnu. Les AGPI minéraux majeurs ou macro-éléments (apports quoti-
à 18 carbones sont considérés comme des acides gras diens de l’ordre du gramme) et les oligo-éléments ou élé-
essentiels car ils ne sont pas synthétisables par l’homme ments trace (apports inférieurs à une centaine de micro-
ou l’animal et car ils sont indispensables pour la croissan- grammes).
ce et les fonctions physiologiques. Ce sont l’acide lino- Les macro-éléments sont le sodium, le potassium, le
léique (C 18 : 2 n-6) et l’acide alpha-linolénique (C 18 : 3 chlore, le calcium, le phosphore et le magnésium.
n-3). Le premier est abondant dans les huiles de tourne- Les oligo-éléments sont beaucoup plus nombreux. Ce
sol et de maïs ; l’ANC est de 10 g/j chez l’homme et de sont par exemple le fer, le zinc le cuivre le manganèse,
8 g /j chez la femme, soit 4 % des AET. Le second est l’iode...
apporté par les huiles de soja, de colza ou de noix. L’ANC Les études sur le statut minéral et vitaminique de la
est de 0,8 % des AET, soit environ 2 g/j. Ces deux acides population française ont montré qu’il n’existait pas de
gras sont les précurseurs d’acides gras dérivés à longue carence majeure à deux exceptions près : 1) l’anémie fer-
chaîne (AGPI-LC), qui ont plus de 18 carbones et qui ont riprive chez les femmes enceintes, les femmes en âge de
également des fonctions physiologiques spécifiques. Les procréer et les jeunes enfants ; 2) les carences multiples
AGPI-LC sont considérés comme “indispensables sous des sujets âgés en institution. Les déficiences moins
conditions”. Il faut donc veiller à un apport alimentaire sévères ne s’accompagnent pas de signes cliniques évi-
suffisant dans certaines situations physiologiques ou dents et sont donc diagnostiquées sur des critères biolo-
pathologiques. Les personnes à risque de carences sont giques, parfois imprécis. Elles posent par conséquent des
en France : les nouveau-nés prématurés, les femmes problèmes d’appréciation. Il n’est pas certain que leur
enceintes ou allaitantes, les personnes âgées, les patients traitement permette d’améliorer l’état de santé. Des
souffrant de malabsorption intestinale ou d’autres patho- études d’intervention sont en cours.
logies graves. Pour la série n-3, il s’agit de l’acide eicosa-
pentaénoïque (C 20 :5 n-3 ou EPA) et l’acide docosa- Les apports de vitamine A, bêta-carotène, vitamine E
hexaénoïque (C 22 : 6 n-3 ou DHA), qui sont apportés pour les vitamines liposolubles, de vitamines B1, B2,
Cah. Nutr. Diét., 36, hors série 1, 2001 2S15
Besoins nutritionnels 44
B6, C et acide folique pour les vitamines hydroso- des ANC) lorsque les apports énergétiques sont insuffi-
lubles seraient insuffisants dans certains groupes de la sants.
population française. En ce qui concerne les miné-
raux, des déficits en cuivre, en sélénium et en iode ont Eau
été observés.
Retenons, en règle générale, qu’une alimentation équili- Le comportement dipsique est finement régulé. Pourtant
brée et donc diversifiée apporte suffisamment de micro- les apports en eau sont souvent inadaptés. Les insuffi-
nutriments lorsque les apports énergétiques sont supé- sances d’apports sont fréquentes, notamment chez le
rieurs à 1 500 kcal/j. Les besoins sont facilement couverts sujet âgé. Les excès ne sont pas rares et doivent être
par la consommation de certains aliments courants avec recherchés chez l’insuffisant cardiaque ou rénal.
une fréquence adéquate (tableau I). Rappelons que les besoins de base sont estimés à
Il faut particulièrement insister sur les besoins en calcium 2 600 ml/j et qu’ils sont couverts par des apports exo-
qui sont plus élevés (ANC : 1 200 mg/j) chez l’adolescent gènes (1 300 ml pour l’eau des boissons, 1 000 ml pour
(de 10 à 18 ans) et dans la deuxième partie de la vie l’eau contenue dans les aliments) et par la production
(femmes de plus de 55 ans et homme de plus de 65 ans) endogène d’eau par le métabolisme.
que chez l’adulte jeune (ANC : 900 mg/j).
Les apports en sodium dépassent largement les besoins
physiologiques (< 4 g/j de chlorure de sodium), les L’évaluation de l’apport alimentaire
Français consommant en moyenne 7,9 g/j de NaCl. La Les méthodes
pression artérielle est susceptible d’augmenter chez les
gros consommateurs de sel, mais ce problème ne On peut individualiser 4 groupes de méthodes utilisables
concerne que certains sujets hypertendus (répondeurs pour le recueil des données nutritionnelles. Elles ont été
aux variations des apports de sel). Les besoins de potas- mises au point pour les études épidémiologiques, aucu-
sium et de phosphore sont couverts par une alimentation ne de ces approches n’apporte une image réelle de l’ali-
normale. Il en va de même pour le magnésium, mais il mentation habituelle, mais ce sont des outils que l’on
peut néanmoins exister des carences d’apports (< 2/3 peut adapter à la pratique clinique.
Tableau I
Fréquence de consommation des aliments permettant un apport adéquat notamment en acide folique (1),
calcium (2), iode (3), fer (4) et vitamine C (5)
(ANC 2001)
Un produit laitier (en variant laitages frais et fromages) (1.2.3) A chacun des trois principaux repas
1 fruit de saison (pomme, poire, fruits rouges, raisins, abricot, pêche…) (1.5) 1 fois par jour
+ 1 agrume (1.5), + éventuellement fruits secs (1.4) de chaque sorte
Du pain : varier les pains, les préférer aux céréales A tous les repas
Quels conseils nutritionnels ? tières grasses, sucres et produits sucrés. La variété cor-
respond à la possibilité de choisir des aliments différents
Même s’il va s’adapter à une pathologie, le conseil nutri- au sein d’une même catégorie.
tionnel doit répondre à des principes généraux, regrou- Pourquoi diversifier et varier l’alimentation ? Aucun ali-
pés sous le terme usuel d’équilibre alimentaire. Ces ment, à l’exception du lait maternel, n’apporte l’en-
conseils s’adressent à tous, et peuvent dans la généralité semble des nutriments. Une alimentation monotone,
être regroupés dans les objectifs du PNNS (tableau II), limitée à quelques aliments, est donc source de carences
dans certains cas, il va être nécessaire de les adapter nutritionnelles. De plus, elle est susceptible d’augmenter
dans le cadre d’une pathologie. les risques toxicologiques si, le cas échéant, un des ali-
ments contient des contaminants ou des substances anti-
L’équilibre alimentaire nutritionnelles. Apprendre au jeune enfant à manger de
tout et lui donner la possibilité de choisir est donc impor-
Définition tant en matière d’éducation nutritionnelle. Les goûts et
Le concept d’équilibre alimentaire est souvent utilisé les préférences alimentaires sont en grande partie acquis
dans la pratique clinique, car c’est un bon outil pédago- au cours de la période d’apprentissage.
gique pour faire passer des idées simples. Mais le définir
n’est pas facile. Une alimentation équilibrée doit per- • Ajuster les fréquences de consommation de certains
mettre d’assurer la couverture des besoins en macro et aliments
micro-nutriments, qui varient en fonction des situations Aucun aliment, présumé consommable, n’est mauvais en
physiologiques, la croissance harmonieuse chez l’enfant lui-même pour l’équilibre alimentaire ou la santé ! Le plai-
ainsi qu’un vieillissement physiologique dans la deuxiè- sir alimentaire et la convivialité des repas autorisent
me partie de la vie. Le but d’une alimentation saine est quelques excès… L’important est d’évaluer les habitudes
aussi de retarder l’apparition des maladies dégénératives alimentaires. Le paramètre essentiel est la fréquence de
à déterminisme nutritionnel. consommation. Pris quotidiennement en dehors des
Spontanément, aucune population n’a une alimentation repas, les aliments de type snacks, souvent riches en
équilibrée. Dans les pays industrialisés, l’abondance ali- graisses et/ou en sucres simples, peuvent avoir un effet
mentaire conduit souvent à favoriser les excès tout en ne défavorable sur la corpulence, s’ils contribuent à désé-
supprimant pas le problème des carences. Un des seuls quilibrer le bilan énergétique…
exemples que l’on puisse citer est le régime méditerra- A l’opposé, la consommation d’“aliment de recharge”
néen des années 60. peut être favorisée en situation de carence ou de besoins
Sur quelle période de temps faut-il équilibrer les prises accrus. Ce sont les produits carnés pour le fer, le zinc et
alimentaires ? La période d’une semaine est probable- les protéines, le foie riche en vitamine A, les produits lai-
ment l’unité de temps à retenir, plus par commodité que tiers pour le calcium et les protéines, les fruits de mer
pour des raisons scientifiques. “Equilibrer” chaque pour l’iode, le zinc et le sélénium…
repas est néanmoins recommandé pour la restauration
collective, que ce soit à l’école ou dans l’entreprise. Le • Savoir lire l’étiquetage nutritionnel
jeune enfant est capable de réguler ses apports énergé- La notion d’apports journaliers recommandés (AJR) est
tiques sur une durée de quelques jours, alors que ses utilisée pour l’étiquetage. Les AJR, qui sont moins élevés
choix alimentaires sont très variables d’un repas à l’autre. que les ANC, correspondent approximativement aux
Mais il semble que cette faculté d’adaptation soit moins besoins moyens de la population. Ils répondent à des
efficace à l’âge adulte pour de multiples raisons. En effet, règles fixées au niveau européen. L’étiquetage nutrition-
le comportement alimentaire a aussi des fonctions socio- nel est obligatoire lorsqu’une allégation nutritionnelle est
culturelles et un déterminisme psychologique. faite par le fabricant, qui est alors tenu d’informer le
consommateur sur la teneur en énergie, en macro et en
Le choix des aliments micro-nutriments de son produit.
• Diversifier l’alimentation
La variété et la diversité alimentaires ont des définitions Rythme des prises alimentaires
précises. La diversité est assurée par la consommation La répartition des apports alimentaires au cours de la
quotidienne d’aliments de chacune des grandes catégo- journée se fait habituellement en 3 repas principaux : le
ries d’aliments : produits céréaliers-légumineuses, fruits- petit déjeuner couvrant environ 20-30 % des AET, le
légumes, produits laitiers, viandes-poissons-œufs, ma- déjeuner 30-40 % et le repas du soir ou dîner (30 %). Le
Tableau II
Les neuf objectifs nutritionnels spécifiques visant des populations particulières dans le Programme National Nutrition
Santé (PNNS).
1) réduire la carence en fer pendant la grossesse,
2) améliorer le statut en folates des femmes en âge de procréer, notamment en cas de désir de grossesse,
3) promouvoir l’allaitement maternel,
4) améliorer le statut en fer, calcium et vitamine D des enfants et adolescents,
5) améliorer le statut en calcium et vitamine D des personnes âgées,
6) prévenir la dénutrition des personnes âgées,
7) lutter contre les déficiences vitaminiques et minérales et les dénutritions chez les personnes en situation de précarité,
8) lutter contre les déficiences vitaminiques et minérales et les dénutritions chez les personnes suivant des régimes
restrictifs et les problèmes nutritionnels des sujets présentant des troubles du comportement alimentaire,
9) prendre en compte les problèmes d’allergies alimentaires.
Comment ?
Moyens
L’éducation nutritionnelle fait partie de toutes les prises
en charge, qu’elles soient préventives ou curatives. Les
objectifs pédagogiques seront adaptés en fonction du
contexte : connaissances des aliments et des nutriments,
évaluation des prises alimentaires et des rythmes biolo- L.V. : Légumes verts P.I. : Produits laitiers
giques, analyse des facteurs socio-culturels. Fr. : Fruits P.p.b. : Produits pêche
L’éducation nutritionnelle ne peut se résumer à proposer & boucherie
une liste type d’aliments interdits ou au contraire autorisés. Fec : Féculents & farineux G.a. : Graisses animales
Tout personnel de santé devrait être capable de donner S.s. : Sucres simples G.V. : Graisses végétales
des conseils simples basés sur l’équilibre alimentaire. Les
moyens utilisables sont multiples : discussion ouverte, uti-
lisation de fiches, de livrets, de logiciels spécifiques, ou Des connaissances dans le domaine de la pédagogie et
d’Internet… Nous donnons à titre d’exemple l’image du de la communication, voire de la psychologie seront ici
bateau, proposée récemment pour expliquer facilement bien utiles.
l’intérêt des différents groupes d’aliments (figure 1).
essentiels pour maintenir la glycémie pendant l’exercice Les apports nutritionnels conseillés en acides gras essen-
et pour remplacer le glycogène musculaire (voir Pour tiels pour la population générale s’appliquent aux spor-
approfondir : Glucides). tifs (10 g/j d’acide linoléique, au moins 2 g/j d’acide
Les apports nutritionnels en glucides conseillés pour le alpha-linolénique).
sportif d’endurance peuvent représenter 55 à 65 %, voire
70 % de l’apport énergétique total quotidien équilibrant Besoins en protéines
la dépense énergétique. Les apports recommandés en
glucides varient de 5 à 12 g/kg de poids corporel par jour Les protéines ne représentent un substrat énergétique
en fonction de l’intensité de l’activité prévue. Le type de significatif de l’exercice que dans le cas d’exercices d’in-
glucides est variable en fonction du délai par rapport à tensité élevée, de durée très prolongée et/ou lors d’une
l’exercice (avant ou après) : plus ce délai est long, plus les déplétion préalable des réserves de glycogène. Une
glucides seront de type complexe et à index glycémique éventuelle augmentation des besoins protéiques
faible ; inversement, plus ce délai est court, plus les glu- dépend également du type de sport pratiqué (endu-
cides seront de type simple et à index glycémique élevé. rance ou force) (voir Pour approfondir : Protéines).
Avant la compétition, différents régimes ont été propo- En général, l’apport protéique nécessaire est obtenu par
sés pour obtenir des taux maximaux de glycogène mus- l’augmentation des apports énergétiques totaux nécessai-
culaire au départ de l’épreuve. Le principe est de “saturer” re au maintien du poids chez les sujets sportifs, sans besoin
l’organisme en glucides pendant la semaine précédant de supplément en protéines ou en acides aminés. A noter
l’épreuve. Ceci est obtenu par la prise de 600-800 g/jour que pour les sujets pratiquant une activité physique ou
de glucides, représentant 60-70 % de l’apport énergé- sportive d’intensité modérée, sur une base régulière, par
tique total, principalement sous forme de glucides com- ex. 3 fois une demi-heure à 1 heure par semaine, les
plexes et d’index glycémique moyen à faible (pâtes sur- besoins protéiques seront couverts par les apports nutri-
tout, riz, pommes de terre…). Parallèlement, le volume tionnels conseillés pour la population correspondante.
quotidien d’exercice est progressivement diminué. Ce Pour les sportifs d’endurance (ex. coureurs de longue dis-
type de régime n’est indiqué que pour des compétitions tance), l’objectif est l’obtention d’un bilan azoté équili-
d’une durée minimum de 1,5 à 2 heures. bré, c’est-à-dire un équilibre entre les apports et les
Pendant la compétition, des glucides simples et d’index pertes protéiques. Les apports nutritionnels conseillés en
glycémique élevé comme le glucose, le saccharose et les protéines dans ce cas ont été estimés à environ 1,8-2
maltodextrines sont d’efficacité égale pour le maintien fois l’apport nutritionnel conseillé pour la population
de la glycémie. Les glucides en solution sont plus effi- générale correspondante (soit 1,5-1,7 g/kg/jour) et
caces que sous forme solide accompagnée d’eau. En correspondent à 12-16 % de l’apport énergétique total
pratique, pour des efforts de plus d’une heure, l’inges- quotidien équilibrant les dépenses énergétiques. Ces
tion de boissons glucidiques est conseillée correspon- apports sont couverts par les aliments courants, dans le
dant à la prise régulière, toutes les 15 à 30 minutes, de cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée.
150 à 300 ml d’une solution (30 à 100 g/l) de glucose ou Pour les sportifs de force (ex. haltérophiles), si le but est
de polymères de glucose ou de saccharose. A noter que le maintien de la masse musculaire, l’objectif est l’obten-
la prise de glucides pendant l’effort ne paraît pas aug- tion d’un bilan azoté équilibré avec des apports de sécu-
menter la performance pour des épreuves d’une durée rité estimés à 1-1,2 g/kg/j. Si le but est d’augmenter la
inférieure à 1 heure. masse musculaire, l’objectif est de positiver le bilan
Après l’effort, il est important pour le sportif de consom- azoté. Il est alors possible de conseiller des apports de 2
mer des glucides le plus rapidement possible après la fin à 3 g/kg/j pendant des périodes ne dépassant pas 6 mois
de l’exercice. En pratique, est conseillée dès la fin de et sous contrôle médical et diététique. Les 2/3 de ces
l’exercice la prise de boissons contenant du glucose (à rai- apports doivent être couverts par des aliments courants,
son de 0,15 à 0,25 g/kg toutes les 15 minutes pendant le reste par des suppléments (sans dépasser 1 g/kg/j,
2 à 4 heures). Au-delà de 1 heure après l’exercice, des sous forme de protéines à haute valeur biologique). Des
apports en glucides sous forme solide peuvent être ajou- apports supérieurs ne permettent pas une accrétion pro-
tés ; poursuivis toutes les 2 heures, sur 6 heures ou plus, ils téique musculaire supplémentaire et ne sont donc pas
permettront en 24 heures une régénération presque com- justifiés en termes d’efficacité.
plète des réserves de glycogène musculaire et hépatique.
L’adjonction de NaCl à la boisson n’a pas d’effet signifi- mentation systématique en fer sans preuve d’une défi-
catif actuellement démontré sur la performance physique cience par un bilan préalable est formellement déconseillée.
par rapport à l’eau seule. Cependant, elle limite la baisse Le statut pour d’autres minéraux importants (calcium,
de volume plasmatique pendant l’exercice et favorise la magnésium, zinc, cuivre, sélénium) est en général satis-
rétention du volume liquidien extracellulaire. Pendant les faisant chez les sportifs.
exercices de très longue durée (allant jusqu’à 8-10 heu- La couverture des besoins vitaminiques du sportif a deux
res, ex. triathlons de longue distance), l’apport de NaCl objectifs principaux : assurer un statut vitaminique satis-
est impératif pour éviter l’apparition d’une hyponatrémie faisant permettant le maintien de l’état de santé et la per-
symptomatique (< 130 mmol/l), qui est une urgence, formance ; aider à la protection cellulaire lors de l’exer-
résultant d’un apport de sodium trop faible par rapport à cice et à la réparation cellulaire lors de la récupération.
la quantité d’eau ingérée. Un apport supplémentaire en vitamines n’améliore pas la
Avant l’exercice, il est important, pour prévenir un déficit performance des sujets dont le statut vitaminique initial
en eau, d’ingérer une boisson appropriée de façon frac- est satisfaisant.
tionnée (500 ml dans les 2 heures précédant l’activité), Pour les sportifs pratiquant une activité physique ou
surtout par temps chaud et humide. sportive occasionnelle ou modérée (1 à 3 heures par
Lors de l’exercice, la quantité de boisson à apporter doit semaine), les besoins vitaminiques sont proches de ceux
être ajustée à la perte d’eau prévisible. Pour un exercice établis pour la population générale correspondante.
continu d’une durée inférieure à 1 heure, la quantité Pour les sportifs réalisant des exercices intenses et répé-
d’eau à apporter doit être au moins égale à la moitié de tés, les besoins et donc les apports recommandés en
la perte de poids prévisible ; une compensation en sel vitamines dépendent du type de sport pratiqué. Pour les
n’est pas nécessaire. Pour un exercice de 1 à 3 heures, sports d’endurance, les besoins en vitamines “à rôle
l’apport de boisson peut aller jusqu’à 1,5 l/h selon l’in- énergétique” (thiamine, riboflavine, niacine, vitamine B6)
tensité de l’exercice et les conditions climatiques ; un et en vitamines “anti-oxydantes” (vitamines C, E et bêta-
complément en NaCl dilué dans la boisson (1,2 g/l) est carotène) sont augmentés. Pour les sports de force, les
conseillé. Pour un exercice de plus de 3 heures, un besoins en vitamine B6 et en vitamines “anti-oxydantes”
apport de boisson de 0,5 à 1 l/h est recommandé et un sont augmentés. En cas de besoin, il est souhaitable
complément de NaCl dans la boisson est absolument d’augmenter les apports de l’ensemble des vitamines et
recommandé. A noter que des concentrations de non pas ceux d’une seule d’entre elles, en priorité par
NaCl >1,2 g/l donnent un goût saumâtre à la boisson qui une alimentation équilibrée et diversifiée apportée par
est alors plus difficile à ingérer. les aliments courants.
Après l’exercice, il est important de restaurer le plus
rapidement possible l’équilibre hydrominéral, surtout si
le sportif doit fournir à court terme un nouvel effort. Points essentiels à retenir
Dans ce but, il est recommandé d’apporter une quanti-
té de boisson compensant 150 % de la perte de poids ➤ L’alimentation du sportif répond aux adaptations
obtenue lors de l’activité. La boisson de récupération physiologiques à l’exercice. Elle est d’abord basée sur
doit apporter du Na (1,2 g/l) sous forme de NaCl, en la prise d’aliments courants dans le cadre d’une ali-
association avec d’autres sels de Na (citrate ou acétate). mentation équilibrée et diversifiée, sous forme de
Les apports de sel sous forme de comprimés ou dragées repas et de collations.
sont déconseillés (aggravation de la déshydratation, ➤ La première priorité nutritionnelle pour le sportif est
troubles digestifs). que son alimentation soit en quantité suffisante pour
couvrir l’augmentation de ses besoins énergétiques.
Les glucides représentent le principal substrat pour les
Besoins en minéraux et vitamines activités d’intensité élevée. Les lipides représentent le
L’augmentation des apports énergétiques totaux chez substrat préférentiel pour les activités d’intensité
les sujets sportifs, dans le cadre d’une alimentation équi- modérée et lors de l’entraînement en endurance.
librée et diversifiée apportée par les aliments courants, ➤ Avant l’effort, l’objectif est d’obtenir un état d’hy-
doit permettre de couvrir les besoins en minéraux et vita- dratation correct et une teneur optimale en glycogè-
mines dans la majorité des cas, sans besoin de supplé- ne musculaire (glucides de type complexe et à index
mentation spécifique. glycémique faible). Au cours de l’effort, les trois priori-
Les sportifs à risque de déficience en micro-nutriments tés sont de réhydrater, resucrer et reminéraliser, pour
sont ceux qui limitent leurs apports énergétiques, en par- éviter la déshydratation et maintenir la glycémie (bois-
ticulier dans le but de perdre du poids, ceux qui élimi- sons sucrées avec NaCl). Après l’effort, l’objectif est
nent de leur alimentation un ou plusieurs groupes d’ali- de compenser rapidement les pertes liquidiennes et
ments, ou ceux qui consomment des régimes riches en de recharger les réserves en glycogène.
glucides avec une faible densité en micro-nutriments. ➤ Le plus souvent, les besoins en protéines comme
Une déficience en fer, dont témoigne une ferritinémie ceux en vitamines et minéraux sont couverts par l’aug-
abaissée, est observée chez un nombre non négligeable mentation des apports énergétiques.
de femmes sportives. Elle s’observe plus rarement chez
les hommes. Cette situation peut s’expliquer par des
apports insuffisants en fer et par une augmentation des Pour approfondir
pertes digestives, urinaires et par la sueur, qui dépendent
de l’intensité et de la durée de l’exercice. Une supplé- Énergie
mentation n’est justifiée qu’en cas d’anémie sidéropé- Lors de la contraction musculaire, l’énergie nécessaire à la
nique prouvée. Dans ce cas, la prescription initiale est de resynthèse de l’ATP musculaire peut être apportée par 3 filières
100 mg/j de fer ferreux pendant 1 mois. Une supplé- en fonction du type d’exercice, de son intensité, de sa durée et
du degré d’entraînement. 1) La filière anaérobie (en absence la fatigue au cours de l’effort en interférant avec des méca-
d’oxygène) alactique (sans production de lactate), mise en jeu nismes sérotoninergiques centraux. La glutamine pourrait limi-
pour des efforts intenses d’une durée inférieure à quelques ter la déficience immunitaire lors d’un entraînement très inten-
dizaines de secondes (sprint), utilise la créatine phosphate mus- sif. Cependant, il n’existe pas actuellement de données établies
culaire dont les réserves sont très faibles, mais rapidement permettant d’alléguer un quelconque effet bénéfique d’une
reconstituées. 2) La filière anaérobie lactique, mise en jeu pour supplémentation par ingestion d’un ou de quelques acides
des efforts intenses d’une durée supérieure à 10-15 secondes, aminés chez le sportif.
utilise le glycogène musculaire par la glycolyse anaérobie abou-
tissant à la production de lactate. 3) La filière aérobie, mise en Eau et électrolytes
jeu pour des efforts plus prolongés, représente le système le
plus important de fourniture de l’ATP, principalement à partir de Lors de la contraction musculaire, 75 % de l’énergie chimique
l’oxydation des substrats glucidiques et lipidiques. provenant des oxydations cellulaires est transformé en chaleur
La dépense énergétique liée à l’activité physique représente la et seulement 25 % sert à produire de l’énergie mécanique. La
partie la plus variable de la dépense énergétique totale (de chaleur produite par les muscles est transférée à la périphérie
24 heures). La dépense énergétique liée à l’activité physique par la circulation. Elle est éliminée à la surface de l’organisme
dépend des caractéristiques de l’activité physique pratiquée principalement par évaporation sous forme de sueur (580 kcal
(intensité, durée, fréquence) et des caractéristiques du sujet qui par litre de sueur évaporée).
la pratique (niveau d’entraînement, dimensions et composition Le débit sudoral peut parfois être considérable. Il dépend
corporelle). Les besoins énergétiques peuvent doubler pour un surtout de l’élévation de la température interne et d’autres
marathon et être multipliés par 3 ou 4 lors d’une course cycliste facteurs tels que l’entraînement, l’acclimatation à la chaleur
comme le Tour de France au cours de laquelle les sportifs peu- et le niveau d’hydratation corporelle. Il est plus élevé en
vent dépenser de 6,500 à 10,000 kcal/jour. ambiance chaude. Les pertes hydriques peuvent ainsi s’éle-
ver à 1-3 litres par heure, parfois sur plusieurs heures. Lors
Glucides d’un footing, un coureur peu entraîné peut perdre de 0,5 à
1 litre par heure. Lors de sports comme le football ou le ten-
Les réserves de l’organisme en glucides sont limitées (quelques nis professionnel, les joueurs peuvent perdre jusqu’à 3 à
centaines de grammes de glycogène musculaire et hépatique). 4 litres par match. L’électrolyte le plus important excrété
La déplétion des réserves de glycogène musculaire est le fac- dans la sueur, constituée en majorité d’eau, est le sodium
teur déterminant de l’épuisement du sportif. Après l’effort, le (NaCl, 20 à 60 mmol/l).
taux de resynthèse du glycogène musculaire est un facteur
important de la récupération, c’est-à-dire la possibilité de s’en- Minéraux et vitamines
traîner à nouveau, voire de refaire une compétition dans de
L’importance du fer chez le sportif vient de son rôle dans le
brefs délais. Le taux de resynthèse du glycogène musculaire est
transport de l’oxygène (hème de l’hémoglobine). Le taux san-
le plus élevé dans les deux premières heures après l’effort.
guin d’hémoglobine est directement lié à la puissance aérobie
Le taux de glycogène musculaire dépend principalement des
maximale (VO2max).
apports en glucides. Les apports en glucides sont donc essen-
L’implication des vitamines dans l’exercice tient, d’une part, à
tiels pour maintenir la glycémie pendant l’exercice et pour rem-
leur participation comme coenzymes à la production d’ATP lors
placer le glycogène musculaire.
du fonctionnement des cellules musculaires (rôle énergétique),
et, d’autre part, à leur pouvoir anti-oxydant (vitamines C, E, et
Lipides bêta-carotène) qui pourrait protéger les structures et consti-
tuants cellulaires des effets des radicaux libres dérivés de l’oxy-
Lors de l’exercice, en valeur relative, la proportion de la dépense gène produits pendant l’exercice.
énergétique dérivée de l’oxydation des lipides diminue au fur
et à mesure que l’intensité de l’exercice augmente. L’inverse se
produit pour les glucides. Après une période d’entraînement Compléments et suppléments pour sportifs
en endurance, la part des lipides comme substrat énergétique De nombreux produits disponibles sur le marché sont supposés
de l’exercice est augmentée ; parallèlement, l’utilisation du gly- augmenter la performance. Pour une majorité d’entre eux, il
cogène est diminuée. L’augmentation de l’oxydation lipidique n’existe pas de données scientifiques permettant de justifier
s’explique plutôt par une augmentation de la capacité oxydati- ces allégations et de prouver leur innocuité. L’ingestion chro-
ve musculaire que par une augmentation de la mobilisation des nique de créatine (20 g/j) permet d’augmenter d’environ 20 %
lipides du tissu adipeux. Les fibres musculaires contiennent en la quantité totale de créatine musculaire et d’améliorer la per-
effet des triglycérides en réserve dans le sarcoplasme (triglycé- formance lors d’exercices de très haute intensité et de courte
rides intramusculaires). durée comme le sprint (filière anaérobie alactique). La toxicité
Un intérêt particulier a été porté aux suppléments en triglycé- de tels apports, qui représentent 10 fois les apports habituels,
rides à chaîne moyenne (TCM). En effet, comparés aux trigly- n’est pas clairement définie. La prescription et la vente de créa-
cérides à chaîne longue, les TCM sont plus rapidement absor- tine est interdite par la loi en France.
bés au niveau intestinal et oxydés au niveau mitochondrial.
Cependant, l’ingestion de TCM n’a pas actuellement d’effet
démontré sur la performance. De plus, du fait d’une tolérance
digestive limitée, la contribution des TCM à la dépense éner-
gétique est limitée à environ 7 %.
Pour en savoir plus
Guilland J.C., Margaritis I., Melin B., Pérès G., Richalet J.P.,
Protéines Sabatier P.P. - Sportifs et sujets à activité physique intense. In: Martin
Les mécanismes pouvant expliquer l’augmentation des besoins A, coordonnateur. Apports nutritionnels conseillés pour la population
protéiques chez les sportifs correspondent principalement à la française. 3e édition. Paris: Editions Tec et Doc; 2001; pp. 337-94.
nécessité de réparation des microlésions des fibres musculaires Guezennec CY. - Le statut nutritionnel du sportif. Cah. Nutr. Diét. X.
pouvant être à l’origine de fuites extracellulaires de protéines
(sports d’endurance), et à l’augmentation des apports pro- Monod H., Flandrois R. - Physiologie du sport. Bases physiologiques
téiques nécessaire au gain de masse musculaire (sports de force). des activités physiques et sportives. 4e édition. Paris: Masson; 1997.
Les effets particuliers chez les sportifs de différents acides ami-
nés ont été évoqués. Certains acides aminés à chaîne ramifiée Pérès G. - Nutrition du sportif. In: Brunet-Guedj E., Genety J., éditeurs.
(ex. leucine, isoleucine, valine) pourraient limiter la survenue de Abrégé de médecine du sport. 8e édition. Paris: Masson; 2000; pp. 274-94.
TD 2
Question 110 A
Besoins nutritionnels et apports alimentaires de l’adulte (femme
enceinte, personne âgée).
Question 16 B
Besoins nutritionnels d'une femme enceinte.
Question 111 B
Besoins nutritionnels chez le sportif
Question 61
Besoins spécifiques du sujet âgé
55
dossier enseignement
dossier enseignement
sont visées. Chez les femmes de petite taille, en raison du Tableau III.
risque particulier associé à un gain pondéral excessif ou à Apports nutritionnels conseillés pendant la grossesse et l’allaitement.
un nouveau-né de poids élevé, les valeurs cibles sont au Les apports sont exprimés en apports conseillés quotidiens
contraire les valeurs basses. En cas de grossesse multiple, (d’après Bresson).
il faut tenir compte de la masse supplémentaire de tissus Grossesse Allaitement
fœto-maternels ; ainsi un gain pondéral de 16 à 20 kg est Nutriment Apports Apports
souhaitable chez une femme de poids normal présentant recommandés/j recommandés/j
une grossesse gémellaire. Des objectifs moindres peuvent
être proposés si la femme n’a pas l’intention d’allaiter. Énergie (kCal) 2 500 2 700
Dans tous les cas, il convient de ne pas oublier de prépa- Protéines (g) 60 65
rer la femme à réduire ses apports et à augmenter son Minéraux et oligo-éléments
activité physique après la grossesse ou l’allaitement afin Calcium (mg) 1 000 1 000
de favoriser le retour au poids pré-gravidique.
Phosphore (mg) 800 800
Magnésium (mg) 400 390
Besoins nutritionnels Fer (mg) 30 10
Zinc (mg) 14 19
pendant la grossesse et l’allaitement
Cuivre (mg) 2 2
Iode (µg) 200 200
Besoins énergétiques
Fluor (mg) 2 2
L’étude des coûts énergétiques liés à la grossesse révèle Sélénium (µg) 60 60
d’importantes dispersions, d’un pays à l’autre (de Chrome (µg) 60 55
125 000 kCal pour la Suède à 10 000 kCal pour la Gam-
bie) et dans un même pays, d’une femme à l’autre, qui Vitamines
rendent difficile toute recommandation individualisée. Il A – rétinol (µg) 700 950
est préférable de baser le suivi sur les objectifs pondéraux D – calciférol (µg) 10 10
adaptés en fonction de l’IMC. Les femmes doivent être E – tocophérol (mg) 12 1
encouragées à suivre une alimentation équilibrée, à garder C – ac. ascorbique (mg) 120 130
une activité physique modérée, et à laisser leur appétit B1 – thiamine (mg) 1,8 1,8
guider leur apport énergétique. Les apports énergétiques
B2 – riboflavine (mg) 1,6 1,8
spontanés n’ont le plus souvent pas à être modifiés sauf
en cas de surcharge pondérale ou de gain de poids exces- B3 ou PP – niacine (mg) 16 15
sif. À l’inverse, il convient de veiller à ce que l’apport B5 – ac. pantothénique (mg) 5 7
énergétique soit suffisant, en particulier chez les femmes B6 – pyridoxine (mg) 2 2
ayant un état nutritionnel pré-gravidique limite. B8 – biotine 50 55
B9 – acide folique (µg) 400 300
Besoins protéiques
B12 – cobalamine (µg) 2,6 2,8
Les besoins protéiques, en moyenne de 3,3 à 3,5 g/j,
augmentent progressivement au cours de la grossesse : ils
sont de l’ordre de 0,7 g/j pendant le premier trimestre, Besoins spécifiques
de 3,3 g/j et 5,8 g/j au cours des 2e et 3e trimestres. En
tenant compte de l’efficacité de conversion des protéines Les effets délétères de carences sévères, en particulier dans
alimentaires en protéines tissulaires, des apports protéi- la période péri-conceptionnelle, sont établis pour de nom-
ques de 1,3, 6,1 et 10,7 g/j, en sus des besoins de base breux nutriments. Les conséquences pour l’enfant de
(0,75 g/kg/j) sont suffisants pour couvrir les besoins de la carences minimes sont le plus souvent faibles, différents
grossesse au cours des 1er, 2e et 3e trimestres respecti- mécanismes entrant en action pour assurer les besoins
vement. Sur la base de ces données, les apports de sécu- fœtaux. L’augmentation des besoins au cours de la gros-
rité, pour une femme de 60 kg sont de 47, 52 et 61 g/j sesse, notée pour tous les nutriments, est en partie couverte
au cours des 3 trimestres de la grossesse et de 60 g/j pen- par les adaptations métaboliques maternelles. De ce fait,
dant l’allaitement. Dans les pays industrialisés, ces besoins dans les pays industrialisés, en dehors de situations particu-
sont largement couverts par les apports habituels, souvent lières (régimes carencés, troubles digestifs, situation socio-
supérieurs à 80 g/j. économique défavorable), une alimentation équilibrée telle
qu’elle est recommandée en dehors de la grossesse
Besoins glucidiques et lipidiques (tableau III) assure des apports adéquats pour ce qui
concerne la majorité des nutriments. Une attention particu-
Comme dans la population générale, les recommanda- lière doit toutefois être portée à la consommation d’iode,
tions les plus récentes fixent la teneur en lipides à 30 % de fer, d’acide folique, de calcium et de vitamine D [7].
de la ration énergétique, et celles des glucides à 50-55 %.
Il existe peu de données concernant l’impact du contenu Iode
en lipides et en acides gras de l’alimentation sur le déve- L’importance de l’iode dans la nutrition est due à l’action
loppement fœtal. Il est toutefois recommandé de varier primordiale qu’exercent les hormones thyroïdiennes, dès
les sources de corps gras dans l’alimentation de la la vie fœtale, sur les principales fonctions métaboliques,
femme enceinte, afin d’éviter toute carence en acides sur la croissance et le développement, en particulier neu-
gras essentiels, indispensables au développement céré- rologique. Un déficit en iode au cours de la grossesse est
bral du fœtus. associé à une augmentation des avortements spontanés,
de la mortalité périnatale, de l’hypotrophie à la naissance de faibles doses de fer (30 mg/j), éventuellement sous
et peut induire une hypothyroïdie néonatale. Générale- forme d’une dose hebdomadaire, sont aussi efficaces et
ment infra-clinique et transitoire dans les zones de carence mieux tolérées que de fortes doses. En présence d’une
modérée, elle peut être d’expression sévère en cas de anémie et d’une carence martiale avérée, une supplémen-
carence importante, et se manifester dès la naissance par tation de 120 à 150 mg/j est justifiée.
une débilité mentale irréversible, le crétinisme endémique.
Chez la mère, la carence iodée, même modérée aggrave Acide folique
l’état de stimulation thyroïdienne qui se traduit par une Les folates jouent un rôle essentiel dans le développement
augmentation du volume thyroïdien et augmente le risque embryonnaire et fœtal car ils interviennent dans la syn-
d’apparition d’un goitre et celui d’hypothyroïdie. Les ano- thèse des acides nucléiques et donc dans le processus de
malies morphologiques (goitre, nodules) ne sont que par- division cellulaire. Une carence précoce en acide folique
tiellement réversibles après l’accouchement. augmente le risque d’anencéphalie et de défaut de ferme-
Les apports conseillés chez la femme enceinte sont, en ture du tube neural. Une carence plus tardive est associée
France où l’environnement iodé moyen est faible, de à une augmentation de l’incidence des avortements spon-
200 µg/j. La consommation d’aliments naturellement tanés, des accouchements prématurés, des RCIU et des
iodés ne suffit pas à couvrir les apports conseillés en iode petits poids de naissance et est susceptible de produire un
pendant la grossesse et l’allaitement. Le sel iodé est une déficit des réserves en folates du nouveau-né. Le maintien
source complémentaire importante. La nécessité de corri- de taux suffisants d’acide folique en cours de grossesse est
ger les carences sévères est évidente. Dans les zones de donc particulièrement important. Or, les besoins chez la
carence modérée, une supplémentation systématique, à rai- femme enceinte sont accrus et les apports souvent insuf-
son de 100 µg/j, doit se discuter en particulier lorsqu’il fisants : une enquête récente [8] indique que, selon les
existe une augmentation de volume de la thyroïde. Un trai- régions et probablement selon les conditions de vie ou les
tement substitutif par L-thyroxine doit être associé en cas habitudes alimentaires, entre 25 et 66 % des femmes
de pathologie thyroïdienne préexistante ou d’hypothyroïdie enceintes reçoivent moins de 250 µg/j d’acide folique
attestée par une augmentation, même modérée de la TSH. alors que les apports conseillés sont de 400 µg/j. Une
anémie mégaloblastique, conséquence d’une déficience
Fer sévère en acide folique est observée chez 2,5 à 5 % des
Les besoins en fer sont fortement accrus pendant la gros- femmes enceintes dans les pays développés.
sesse, de l’ordre de 1 000 mg au total. Ils augmentent de Une supplémentation, à raison de 4 mg/j en période péri-
1 à 2,5 mg/j en début de grossesse à 6,5 mg/j au cours du conceptionnelle (un mois avant le début de la grossesse
3e trimestre. Ces besoins sont en partie couverts par une jusqu’à 12 semaines après le début de la grossesse) est
augmentation des capacités d’absorption intestinale du fer, recommandé en cas d’antécédents d’anomalies de ferme-
qui concerne aussi bien le fer héminique (40 % du fer con- ture du tube neural. En l’absence d’enrichissement en fola-
tenu dans les tissus animaux) que le fer minéral. Le niveau tes des produits céréaliers, tel qu’il est pratiqué dans
des apports alimentaires nécessaires pour couvrir les certains pays (USA, Canada), un grand soin doit être
apports en fer reste l’objet de controverses ; cependant, les apporté pour garantir une alimentation riche en folates à
données les plus récentes indiquent que la couverture des toutes les femmes, dès l’adolescence (légumes à feuilles,
besoins peut être acquise à des niveaux d’apports tout à fait agrumes, maïs, pois chiches, fromages fermentés, œufs).
comparables à ceux observés dans la population française Une supplémentation de 200 µg/j peut se discuter pen-
(soit 10 à 15 mg/j), à la seule condition que la ration ali- dant la grossesse et l’allaitement, en particulier chez les
mentaire soit suffisante (> 2 000 kCal/j) et variée, sans femmes à risque [9] : grossesse multiple, régime restrictif,
exclusion des aliments d’origine animale [7] et qu’il n‘y ait besoins pré-gravidiques accrus du fait d’habitudes (tabac)
pas de carence préconceptionnelle. ou de médicaments interférant avec le métabolisme de
Si les réserves sont insuffisantes en début de grossesse, les l’acide folique (contraception orale, anti-convulsivants…).
besoins liés au développement fœtal peuvent entraîner une Dans ces derniers cas, une supplémentation préconcep-
anémie ferriprive chez la mère. Il existe aussi une associa- tionnelle devrait être conseillée.
tion entre anémie ferriprive maternelle et risque d’accou-
chement prématuré, de petit poids de naissance et de Calcium
mortalité périnatale. Sauf en cas d’anémie ferriprive mater- Les besoins nécessaires à la minéralisation du squelette
nelle sévère, le taux d’hémoglobine du nouveau-né est nor- fœtal sont essentiellement couverts par l’augmentation de
mal, de même que le contenu en fer du lait maternel. l’absorption intestinale du calcium. En l’absence de
Il n’y a actuellement pas de réelle justification à la supplé- carence sévère, celle-ci permet à la mère d’assurer les
mentation systématique en fer des femmes enceintes, besoins fœtaux sans qu’elle n’ait besoin d’augmenter ses
excepté dans des groupes à risque (adolescentes, grosses- apports alimentaires ni de puiser dans ses réserves osseu-
ses multiples ou rapprochées, antécédents de ménorra- ses. En cas d’allaitement, en revanche, il existe une mobi-
gies, régimes restrictifs prolongés ou pauvres en fer, lisation des réserves osseuses ; celle-ci est cependant
femmes appartenant à des milieux défavorisés). La sup- totalement réversible : après le sevrage, la déminéralisa-
plémentation sélective impose un dépistage précoce de tion osseuse se corrige spontanément dans un délai de 3
l’anémie ou de la carence en fer, avant l’expansion du à 6 mois et ne constitue pas un risque d’ostéoporose ulté-
volume plasmatique. En pratique, une numération formule rieure.
sanguine réalisée au courant du 1er trimestre, voire avant En pratique, il n’y a pas