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Le système bancaire

Plan :

I. La masse monétaire et ses contreparties

A. La masse monétaire
B. Les contreparties de la masse monétaire

II. La spécificité bancaire dans l’intermédiation financière

A. Intermédiation financière : cas général


B. La singularité bancaire : l’opération monétaire
1. La séquence néoclassique : la « duplication monétaire »
• Des ressources vers les emplois (passif vers actif)
• Le multiplicateur de crédit
• Les limites de la création monétaire
2. La séquence keynésienne : la « création » monétaire
• Le diviseur de crédit

III. Des acteurs primordiaux du système bancaire : SEBC, Banque de France et Trésor Public

A. Le SEBC et la Banque de France : la hiérarchie du système bancaire


1. Le SEBC
• Les grands principes de fonctionnement du SEBC : le cadre est plutôt monétariste
• L’organisation du SEBC
2. La Banque de France
B. Le Trésor Public

I.
II. I. La masse monétaire et ses contreparties

A. La masse monétaire

La masse monétaire disponible à un moment donné dans un système économique donne la mesure du pouvoir
d’achat des agents économiques. Il est donc nécessaire de pouvoir la définir le plus précisément possible pour
que la Banque Centrale puisse mettre en place une politique monétaire appropriée.
Définition : La masse monétaire représente la quantité de monnaie en circulation dans une économie. Elle
regroupe l’ensemble des avoirs détenus par les agents économiques non financiers.

La masse monétaire se décompose en divers agrégats regroupant la quasi-totalité des placements. Bien que
floue, la limite entre monnaie et épargne est maintenue :
- est monnaie ce qui est liquidable rapidement sans incertitude,
- est épargne le reste.
Au 31 Août 1997 en France, il circulait 5390,7 milliards de francs d’actifs liquides ou semi-liquides (soit
821,81 milliards d’€). Ces agrégats sont surveillés en permanence par la Banque Centrale (actuellement la
Banque Centrale Européenne et précédemment la Banque de France).
En raison du passage à l'€ (1 € = 6,55957 FF), la Banque Centrale Européenne (BCE) a défini des agrégats
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harmonisés pour la zone euro (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande,
Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal) qui ne diffèrent pas fondamentalement des précédents comme le
montre le tableau ci-dessous.
Les agrégats sont numérotés, par convention, du plus liquide au moins liquide. Ils regroupent les avoirs en
fonction de leur degré de liquidité, du plus liquide (les liquidités détenues par les agents économiques) au
moins liquides (les avoirs détenus sous la forme de bons du Trésor ou de bons de trésorerie). Cette notion de
masse monétaire ne se limite donc pas aux formes liquides de la monnaie. La masse monétaire doit aussi
inclure l’ensemble des actifs constituant une réserve de pouvoir d’achat rapidement mobilisable par les agents
économiques pour financer des dépenses de consommation ou d’investissement.
Voilà pourquoi, en dehors de ces agrégats monétaires, on définit aussi des agrégats de placement qui reprennent
les différents types de placement financiers détenus par les agents économiques non financiers :
- P 1 = les placements sous la forme d’épargne contractuelle (PEL…).
- P 2 = essentiellement les titres obligataires.
- P 3 = les actions et part de SICAV actions.
La Banque Centrale suit donc l’évolution de ces agrégats monétaires pour évaluer l’évolution de la masse
monétaire en circulation dans l’économie. Elle utilise l’un de ces agrégats comme référence pour définir sa
politique monétaire : l’indicateur principal retenu est M3.

NB : La liquidité est la propriété qu’a un actif d’être transformé en un autre actif, sans délai et sans coût de
transaction. Tous les actifs sont liquides à des degrés divers, mais la monnaie est la liquidité parfaite. En terme
de liquidité, on peut établir le classement suivant :

Actif réel < Actif financier < Monnaie

Nouveaux agrégats pour la zone euro


Anciens agrégats pour la France
(officiellement depuis janvier 1999)
M1 : disponibilité monétaire ou liquidité avec lesquelles
on peut payer (monnaies divisionnaires, papier, scripturale M1 : pièces et billets en circulation, dépôts à vue
).
M2 : M1 + dépôts à terme d’une durée égale ou inférieure
M2 : M1 + l’épargne quasi-liquide (comptes sur livrets :
à 2 ans + dépôts remboursables avec un préavis inférieur
livrets A, comptes épargne, Codevi...), c’est-à-dire
ou égal à 3 mois (ex. en France : comptes à terme, livrets A
l’épargne liquidable instantanément à sa valeur nominale.
de Caisses d'Epargne, comptes d'épargne logement...)
M3 : M2 + pensions + titres de créance d’une durée
M3 : M2 + avoirs monétaires facilement négociables
supérieure ou égale à 2 ans + titres d’OPCVM1 monétaires
(devises, comptes à terme...), c’est-à-dire l’épargne
et instruments du marché monétaire (ex. en France : les
liquidable rapidement.
obligations, titres de SICAV monétaires...)
M4 : M3 + certains avoirs monétaires (Bons du Trésor,
billets de Trésorerie ) : liquidation assez rapide des
placements mais risque de perte en capital.

Quelques données statistiques

Les agrégats monétaires harmonisés de la zone euro


Encours en milliards d'€, en fin de période (1 € = 6,55957 FF)
Agrégats 1991 1998 1999 2000
M1 1155,1 1776,9 1964,0 2076,1

1
OPCVM : organismes de placement collectif en valeurs mobilières.
3
M2 2795,9 3905,8 4133,2 4286,8
M3 3187,1 4455,6 4791,5 5078,3
Source : BCE, bulletin mensuel

Les agrégats monétaires pour la France


Encours en milliards d'€
Agrégats 1999
M1 350,3
M2 663,2
M3 947,1
Source : TEF 2000-2001 INSEE

Quelques éléments de référence :

Les PIB de la France et de la zone euro


en milliards d’€
1998 1999 2000 2001
PIB de la zone euro 5884,1 6142,3 6432,8 ---
PIB de la France (en valeur) 1305,9 1 355,1 1 416,9 1 463,7
PIB de la France (en volume)
1259,1 1299,5 1348,7 1373,4
base 1995
Source : INSEE, Comptes Nationaux

B. Les contreparties de la masse monétaire

La création monétaire opérée par les banques ne se fait pas sans contreparties. Elle n’est possible que parce que
les émetteurs de monnaie ont acquis un certain nombre d’actifs soit auprès d’agents économiques nationaux,
soit auprès d’agents économiques étrangers. Par contrepartie de la masse monétaire, on entend donc les
facteurs qui en sont à l’origine. On n’y trouve plus les stocks d’or de la Banque de France, mais plutôt les
crédits aux divers acteurs économiques (créances sur les acteurs).
« Battre monnaie » a longtemps été un pouvoir régalien, ou un pouvoir de Prince. Ce principe perdure dans sa
substance politique. D'un point de vue strictement économique, une institution peut émettre une monnaie parce
qu’elle est fiable et reconnue comme telle, c’est-à-dire parce que les autres, en qui tout le monde a confiance,
ont des dettes envers elle. C’est le cœur de la notion de contrepartie.
Certains auteurs mettent en avant l’idée que bientôt les grandes entreprises telles Microsoft ou autres, pourront
émettre leur propre monnaie (thèse de J. ATTALI dans son Dictionnaire du XXIe siècle, et surtout thèse remise
au goût du jour par Hayek : cf. l’encadré ci-dessous).

La Free Banking School ou la théorie de la Banque Libre naît lors des débats entre Currency School et Banking School.
Elle représente la position des praticiens du secteur bancaire. Ce courant met en avant la capacité des banques à gérer tout
aussi efficacement les activités d’intermédiation que de gestion des moyens de paiement. L’offre de monnaie n’a donc pas
besoin d’être gérée par une banque centrale. Les travaux de V. Smith (1936) et ceux de Nataf (1992) ont montré que pour
les économistes du XIXe siècle, il était normal qu’une banque puisse émettre des billets (Coquelin 1876). En plus de la
liberté d’émission, la liberté bancaire signifie essentiellement liberté d’établissement (d’entrée) sur le marché. L’histoire
monétaire a cependant retenu la Free Banking School comme un courant minoritaire dont la position ne méritait pas
d’être explicitée. Il faudra attendre Hayek (1976) pour que le sujet du Free Banking retrouve une place, même marginale,
dans les débats sur les règles de gestion monétaire. Le Free Banking a trouvé un nouveau souffle dans les travaux à la fois
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historique et théorique de White, Selgin et Dowd.
La théorie de la banque libre montre qu’une banque responsable devant ses actionnaires gère aussi efficacement l’offre de
monnaie que l’offre de crédit. En particulier, la discipline imposée par les mécanismes de compensation interbancaire
empêche la surémission de monnaie et l’inflation. La gestion de l’offre de monnaie par la banque centrale n’est pas une
fatalité. Elle relève d’une volonté politique, la création des banques centrales ayant été principalement motivée par les
besoins financiers de l’Etat (selon Vera Smith, 1936). En outre, dans la gestion monétaire comme dans toute autre
activité, la concurrence conduit les banques à proposer une offre de monnaie dont la qualité répond aux exigences des
consommateurs. Selgin (1988) montre que l’offre de monnaie dans un système de banque libre est essentiellement
régulée par les mécanismes de compensations interbancaires qui déterminent les parts de marche des établissements en
présence sans leur permettre de pouvoir émettre de la monnaie sans fin.

Le principe de la banque libre regroupe des courants divergents. 3 courants peuvent être distingués :
1- La problématique de l’émission concurrentielle de monnaie représentée par Dowd à la suite d’Hayek (1976)
développe l’idée que dans nos économies contemporaines les banques libres émettraient de la monnaie stable indexée sur
un panier composite ou de l’or.
2- White et Selgin ont comme référence les expériences historiques. Les banques libres telles qu’elles ont pu exister,
émettaient des billets privés et fonctionnaient sur la base de réserves fractionnaires en or.
3- Rothbard et la question des réserves à 100 %. Il soutient que les véritables banques ne pourraient fonctionner sans le
principe du 100% de réserves en réponse aux exigences des consommateurs.

La liberté bancaire est considérée par beaucoup comme une utopie. Le regain d’intérêt pour ce sujet a cependant permis
de nombreuses études historiques sur la question. Aujourd’hui la monnaie électronique pourrait être vue comme un
moyen de parvenir un jour à la liberté bancaire par la remise en cause du monopole d’émission. Enfin, l’évolution de la
gestion monétaire depuis les années 1980, avec une création monétaire faible, fait que le fonctionnement des systèmes
actuels a de nombreux points communs avec des systèmes fonctionnant avec de la monnaie métallique comme monnaie
de base comme les Etats de Nouvelle Angleterre avant 1860.

En somme, on bascule dans le domaine du subjectif : on est apte à produire une monnaie parce que les autres
nous font confiance, et parce qu’on leur fait confiance. ceci explique l’interdépendance des agents, et le risque
systémique (M. Aglietta) que l’on peut résumer de la manière suivante :

Krach Krach Krach


en Asie en Amérique Latine en
Europe

L’agrégat M3 et ses principales contreparties pour la zone euro


(en milliards d’€ en décembre 2000)

Monnaie Contreparties
Billets et monnaies = 347,5 Créances sur l’économie = 8802,9 dont
Dépôts à vue = 1728,6 - créances sur les administrations publiques = 1925,3
Placements à vue ou à court terme = 2210,7 - créances sur les autres résidents de la zone euro =
6877,6
Autres placements à terme et titres de créances Créances nettes sur les non-résidents = 257
négociables = 791,4
À déduire, exigibilités à plus long terme des IFM
Soit au total, M3 = 5078,2 (Institutions Financières Monétaires) = 3715,5

Source : Bulletin mensuel de la BCE (juin 2001)


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II. La spécificité bancaire dans l’intermédiation financière

Le système bancaire et financier, au sens large, n’est pas un tout monolithique : il est fondamentalement
hétérogène puisque s’y mêlent des institutions financières et agents financiers divers. La loi bancaire de 1984 et
la loi de modernisation des activités financières de 1996 en délimitent les contours.

On peut ainsi y déceler 4 grands types d’institutions :


1. Les établissements de crédits soumis à la loi bancaire de 1984 (communauté bancaire), parmi lesquels il est
nécessaire de distinguer, d’un côté, les banques (au sens strict, i.e adhérentes à l’AFB, l’Association Française
des Banques, mais aussi les banques mutualistes et coopératives y compris les caisses d’épargne et de
prévoyance), et de l’autre, les sociétés financières (ex : Cetelem) et institutions financières spécialisées (ex :
Crédit foncier de France).
2. Les entreprises d’investissement (maison de titres, sociétés de gestion de portefeuille...)
3. Les OPCVM (organismes de placement en valeurs mobilières), institutions financières spécialisées dans la
gestion collective de l’épargne (ex : SICAV – Société d’Investissement à Capital Variable et FCP – Fonds
Commun de Placement).
4. Les autres institutions financières : organismes et agents financiers hors loi bancaire (Service financier de la
Poste, Caisse des dépôts et consignations...) et compagnies d’assurance.

Dans cet ensemble disparate, les banques ont les prérogatives les plus étendues puisque, contrairement aux
autres institutions, elles peuvent véritablement « créer » de la monnaie (en plus de collecter l’épargne en
contrepartie de titres ou non).
On peut ici noter que la Banque Centrale mais aussi le Trésor Public ont eux aussi le pouvoir de création
monétaire (quoique plus restreint).

La Banque Centrale Européenne par souci d’harmonisation des statistiques monétaires au sein de la zone euro
retient, quant à elle, 3 grandes catégories d’établissements (regroupés sous le terme d’IFM – Institutions
Financières Monétaires) :
1. Les Banques Centrales
2. Les établissements de crédit résidents, c’est-à-dire les « entreprises dont l’activité consiste à recevoir du
public des dépôts ou d’autres fonds remboursables et à consentir des crédits »
3. L’ensemble des autres institutions financières résidentes dont l’activité consiste à recevoir des dépôts à vue et
assimilés, à accorder des crédits ou à effectuer des placements en titres.

A. Intermédiation financière : cas général

L’intermédiation financière concerne l’ensemble des institutions financières. Cette activité consiste à recevoir
des dépôts d’agents à capacité de financement (dont les ressources sont supérieures aux besoins, ce qui leur
permet d’avoir une capacité d’épargner) et à accorder des prêts à des agents à besoin de financement (dont les
ressources sont au contraire inférieures aux besoins), tout ceci sous les contraintes de confiance, liquidité, et
solvabilité.
La banque transforme donc les risques (taux d’intérêt) et les échéances (les termes) et rend compatible des
requêtes qui ne l’étaient pas a priori. L’acte d’intermédiation est bénéficiaire si la différence entre les intérêts
reçus des emprunteurs et les intérêts payés aux prêteurs, est supérieure aux frais de gestion.

On peut schématiser l’intermédiation grâce au bilan d’une banque :


- le passif est constitué par les dépôts des clients, et donc par ce que la banque doit au client
- l’actif, lui comprend les réserves en monnaie centrale (billets) et les créances détenues sur les personnes
à qui la banque a ouvert un crédit.
La monnaie bancaire est constituée par les dettes exigibles à vue de la banque, et figure donc au passif de son
bilan. Elle constitue une ressource (passif) équilibrée par un emploi (actif).
Ex : si on dépose 100 € sur un compte courant dans une banque, la banque a cette somme à son actif
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(billets) mais aussi à son passif, puisqu’elle doit nous rembourser (dette), donc la monnaie est un « actif
passif ».
Ex : cas simplifié. Je dépose 500 € dans une institution financière quelconque.
Moi actif : en billets : 500-500 = 0
sur mon compte courant = 500
Banque actif : en billets = 500
passif : sur un compte courant = 500

Dans l’intermédiation financière on est face à une simple « circulation bancaire »: l’argent, une fois prêté, n’est
plus disponible. La relation est à somme nulle.
Prêteur : - 500 €
Intermédiaire financier : 0
Emprunteur : + 500 €
B. La singularité bancaire : l’opération monétaire

1. La séquence néoclassique : la « duplication monétaire »

• Des ressources vers les emplois (passif vers actif)

Ex : une personne dépose 800 € en banque et la banque reprête cette somme à un emprunteur.
Prêteur : - 800
Banque : + 800
Emprunteur : + 800
Somme = - 800 + 800 + 800 = + 800
Cette fois-ci, la relation n’est plus à somme nulle : elle devient un jeu à somme positive.

Comment expliquer ce « prodige » ? La singularité bancaire tient à la nature monétaire de la dette bancaire. En
portant 800 € à la banque, on échange des billets (créances sur la Banque Centrale) contre de la monnaie
bancaire (créance sur la banque de second rang). Dans l’exemple, la masse de monnaie en circulation a
augmenté du montant du crédit accordé soit 800 €. L’intermédiation bancaire, dans la théorie néoclassique, est
donc un jeu d’écritures à somme positive. On dit qu’il y a duplication de la monnaie.
Les enchaînements de causalité sont les suivants : « les dépôts font les crédits » (« deposits make loans ») et
l’épargne préalable permet l’investissement. La véritable dimension de la duplication doit toutefois être
précisée, à travers le mécanisme du multiplicateur de crédit.

- Le multiplicateur de crédit

Ce qu’on appelle le multiplicateur de crédit correspond à un mécanisme d’amplification de la création


monétaire. Tout dépôt dans une banque va impliquer une succession de crédits (puis de re-dépôts) dans le reste
du système bancaire (de plus, comme il a été dit précédemment, les dépôts sont en monnaie banque centrale
appelée « high powered money » et les crédits sont accordés en monnaie scripturale de banques de second
rang).

Ex : dépôt initial 500 €, coefficient de billets 10 % (lié à diverses fuites)


somme des crédits accordés = 500 + 450 + 405 +...
= 500 x (1 + 0,9 + 0,9² + ... + 0,9n )
=500 x ((1/1-0,9) (1/1-x ))
(soit une suite géométrique de raison 0.9 = 500 x 10 = 5000)
Donc on part d’un dépôt initial de 500 € et on aboutit à une augmentation de la monnaie bancaire de 5000 €.

Selon la formule générique :


delta M = k delta H
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k = 1/b

avec delta M = variation de la monnaie bancaire


k = coefficient multiplicateur
delta H = variation du dépôt initial en monnaie centrale (« high powered
money »)
b = coefficient de billets

• Les limites de la création monétaire

Le pouvoir de création monétaire est limité. À n’importe quel moment, le détenteur de monnaie scripturale peut
demander à être remboursé en monnaie centrale (billets). Si la banque crée trop de monnaie, elle a des
problèmes pour en assurer la convertibilité.

Les risques de fuite auxquels elle doit faire face sont de deux ordres :
- les fuites en billets liées aux habitudes des usagers (achat d’une baguette de pain, du journal...).
- les fuites en réserves : la Banque Centrale impose aux banques de second rang (banques commerciales)
des réserves obligatoires, c’est-à-dire des comptes non rémunérés en monnaie centrale à la banque
centrale. Toute banque se doit donc de conserver une étroite proportion entre sa réserve de monnaie
centrale et sa création monétaire afin d’éviter tout risque d’illiquidité et donc d’assumer dans la mesure
du possible un phénomène de « défiance » ou de « run ». Ce critère de solvabilité a été renforcé par la
réglementation Cooke adoptée le 11 juillet 1988, qui redéfinit une norme minimale de capitaux de base
ou de fonds propres ( 8% des actifs pondérés en fonction du risque).

En définitive, les monétaristes vont émettre la thèse selon laquelle, dans l’économie, la création de monnaie par
les banques dépend en premier ressort, de la base monétaire (monnaie banque centrale y compris les pièces)
émise par la Banque Centrale l'offre de monnaie est donc exogène).

2. La séquence keynésienne : la « création » monétaire

Selon cette optique, la banque crée ex nihilo la monnaie qu’elle prête. Dans ce cas, le mouvement se fait non
pas des ressources vers les emplois, mais, des emplois vers les ressources, selon l’adage « les crédits font les
dépôts ». Il n’y a pas duplication mais véritablement, « création ».
Selon Keynes, c’est l’investissement initial, qui va créer une épargne qui lui est égale.

• Le diviseur de crédit

En France, les banques bénéficiaient d’un refinancement automatique de la Banque Centrale et n’avaient donc
pas à se préoccuper de leur position de liquidité pour octroyer des crédits. Au fur et à mesure que les fuites se
produisaient, elles obtenaient de la liquidité de la Banque Centrale (en monnaie centrale). Le schéma s’inverse
donc, on parle de « diviseur de crédit ».
delta H = (1 / k) delta M
delta H = b delta M

Dans ce mode d’analyse, ce sont les agents non financiers qui, de par leurs demandes de crédits, déterminent
l’offre de crédit des banques, qui elles-mêmes se retourneront vers la Banque centrale pour se refinancer. En
somme, l’offre de monnaie est déterminée par les besoins de l’activité économique : elle est endogène.

III. Des acteurs primordiaux du système bancaire : SEBC, Banque de France et


Trésor Public
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A. Le SEBC et la Banque de France : la hiérarchie du système bancaire

Aujourd’hui, le système bancaire est fondamentalement hiérarchisé à l’échelle européenne, dans un édifice à
étages ou quelques acteurs clés chapeautent l’ensemble.

1. Le SEBC (Système Européen de Banques Centrales)


Conséquence du Traité de Maastricht (signé le 7 Février 1992), la Banque centrale européenne (BCE) a été
créée le 1er juin 1998 (siège : Francfort). Celle-ci (en fonction véritable depuis le 1er janvier 1999) se voit
chargée de conduire la politique monétaire unique en € (avec l’euro comme seule monnaie de 12 pays de
l’Union Européenne depuis le 1er janvier 2002). Elle forme avec les autres banques centrales nationales (BCN)
des États membres de l’Union Européenne, une structure multipolaire, fédérale et décentralisée (selon le
principe de subsidiarité ) : c’est le système européen de banques centrales (SEBC).

• Les grands principes de fonctionnement du SEBC : le cadre est plutôt monétariste

NB : Les informations qui suivent sont tirées pour l’essentiel du site de la Banque de France.

1. Une politique monétaire unique (avec exécution décentralisée) dont l’objectif final est la stabilité des prix
(article 3a du Traité de Maastricht).
Exit donc les formules keynésiennes « Les politiques fondées sur un arbitrage entre l'inflation et le
chômage ont échoué, conduisant à plus d'inflation et plus de chômage ».
Elle consiste en une politique de taux d’intérêt pour l’essentiel. La valeur de référence porte sur
l’agrégat monétaire large M3.
2. Une indépendance (dans les textes du moins) vis-à-vis des autorités politiques.
La BCE élabore seule la politique monétaire de l’UE. Son indépendance est conçue comme gage de
« crédibilité ».
« Dans l'exercice des missions qu’elle accomplit à raison de sa participation au Système européen de
banques centrales, la Banque de France, en la personne du Gouverneur, de ses sous-gouverneurs ou d’un
autre membre du Conseil de la politique monétaire, ne peut ni solliciter ni accepter d'instructions du
Gouvernement ou de toute personne ».
3. Une conduite des opérations de change par la détention et la gestion des réserves de change des Etats
membres (mais les autorités politiques en gardent la responsabilité cf. Conseil des Ministres).
4. Un contrôle prudentiel des établissements de crédit, en assurant la stabilité du système financier, en gérant
les moyens de paiement.

• L’organisation du SEBC
Au sein du SEBC les décisions sont prises par « le centre » (le Conseil des gouverneurs de la BCE) mais les
BCN participent néanmoins dans une certaine mesure à la préparation et à la mise en œuvre des décisions.
Les organes de la BCE sont le Conseil des gouverneurs, le Directoire et le Conseil général :
- Le Directoire : dirigé par le président et le vice-président de la BCE, il comprend 4 autres membres, nommés
par consensus par les gouvernements des Etats membres. Leur mandat est en principe de 8 ans. Il est non
renouvelable. Le Directoire est l’exécutif du SEBC : il met en œuvre la politique monétaire décidée par le
Conseil des gouverneurs.
- Le Conseil des gouverneurs : composé des membres du Directoire et des gouverneurs des banques centrales
nationales (BCN) de la zone euro. Il définit la politique monétaire, c’est-à-dire notamment les objectifs
monétaires intermédiaires, et les taux directeurs.
Les modalités du vote sont « un membre, une voix ». Celle du président est prépondérante en cas de partage
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des voix. Les décisions sont prises à la majorité simple.
- Le Conseil général est l’organe qui regroupe, au sein de la BCE, les gouverneurs de l’ensemble des pays de la
Communauté, qu’ils participent ou non à l’Union monétaire (avec la présence du président et du vice président
du Directoire).

2. La Banque de France
La Banque de France n’est aujourd’hui plus qu’un maillon du dispositif européen.
Créée le 18 janvier 1800 par décret par Bonaparte, elle tombe sous la coupe du gouvernement par la loi du 24
juillet 1936 (remplacement des « régents » par des conseillers nommés par le gouvernement, les
« gouverneurs »), puis elle est nationalisée en 1945 (autrefois elle appartenait aux 200 familles). Le 4 Août
1993, elle obtient un statut d’indépendance équivalent à celui de la BUBA (BundesBank).
Jusqu’à la création de la BCE, elle remplissait plusieurs fonctions :
- Emission de la monnaie légale : elle avait le monopole d’émission de la monnaie nationale depuis 1848,
on parlait d’Institut d’émission.
- La gestion des réserves publiques de change
- La fonction de banques des banques, elle jouait le rôle de « prêteur en dernier ressort ». Elle chapeautait
le système bancaire, en imposant aux banques de second rang des réserves obligatoires : elle était la
garante de la liquidité et de la solvabilité du système. Elle était celle à qui on faisait confiance quand
rien ne n’allait plus (on parle également de « Banque Mère »).
Désormais, l’essentiel de ses prérogatives est transféré au niveau de la BCE.

B. Le Trésor Public

C’est la personnalisation financière de l’Etat :


- il est le caissier de l’Etat, et perçoit à ce titre les impôts, gère la dette publique...
- il emprunte aussi au nom de l’Etat en émettant des Bons du trésor
- il est enfin le banquier de l’Etat : il prête à l’Etat grâce aux comptes de ses correspondants (collectivités
territoriales) et peut créer de la monnaie à travers les CCP. C’est donc un intermédiaire financier
exerçant une activité bancaire.

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