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école et religion
un exercice
de composition
la charité une œuvre
de bénévoles
Et le NEUVIÈME jour
il créa la bd
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édito
étymologie. Les linguistes en débattent depuis mille ans : l’origine du mot
latin religio demeure incertaine. Pour les uns, elle est celle qui relègue et éloigne...
S’agit-il alors d’une mise à l’écart subie ou choisie ? Les deux hypothèses sont ima-
ginables, de la même manière que la notion d’identité permet de se distinguer des
autres comme elle offre le loisir de se retrouver entre semblables. Pour d’autres
étymologues, elle relie et permet la communion. C’est ainsi que la religion orga-
nisait le lien social dans la cité grecque, la diversité des croyances cohabitant pour
assurer le salut commun. Rome ira encore plus loin et distinguera la res publica de
la sphère privée. C’est sans doute ici que l’on trouve les origines de la laïcité, conçue
comme le respect de la conscience individuelle et la quête de l’intérêt général. C’est
dans cet esprit de recherche bienveillante et critique que nos apprentis journalistes
sont allés à la rencontre des pratiques religieuses dans la cité. En laissant le soin à
chaque lecteur d’apprécier ce qui relève des libertés individuelles et ce qui est du
ressort de la sphère publique. François Longérinas
¥
Directrice de la publication :
Marie-Geneviève Lentaigne.
Concisions.............................................................................. 3
Rédacteurs en chef : Sarkozy inspiré..................................................................... 3
François Longérinas, Marc Mentré, Fidel Navamuel, Dominique Patte.
Portfolio Une église dans la « city »..................................... 4
voix au chapitre
Rédacteurs en chef adjoints :
Cindy Roudier, Jérémy Davis, Nicolas Vernet.
Conseillers à la rédaction :
Laurent Catherine, Patricia Citaire, Wilfrid Estève, Hédi Kaddour,
Patrick Lenormand, Jacqueline Peragallo, Jean Stern. Petits hics à l’école laïque................................................... 6
Directeur technique site Web :
Henri Grinberg. Dialoguer, c’est sauver des vies........................................... 8
Directeurs artistiques : Apprendre à Coexister !......................................................... 8
Martine Billot, Dominique Morvillier, Dagui Tanaskovic.
Conceptrices graphiques : Portfolio Quand le mot prend corps...................................... 9
l'argent des cultes
Anne-Marie Bretagne, Perrine Dorin, Marie Poirier.
Responsables photo :
Félix Ledru, Elsa Palito.
Rédacteurs et secrétaires de rédaction :
Christel Baridon, Sonia Boubarri, Nicolas Bourrié, Marie Chadefaux,
Halal, label en crise..............................................................10
Jérémy Davis, Alexandra Dejean, Caroline Éveillard, Saint-Denis, l’exception cultu(r)elle...................................12
Ngagne Fall, Marc Frohwirth, Laurent Garré, Anne Lamblin,
Thierry Lepin, Lise Michaud, Rémi Milesi, Vincent Motron, Prier en toute décence..........................................................13
Anne-Sophie Potier, Joëlle Pressnitzer, Najat Rahmouni,
Cindy Roudier, Caroline Six, Nicolas Vernet. Médias chrétiens en tête.......................................................13
Graphistes plurimédias :
Karin Angel, Annabelle Borel, Anne-Marie Bretagne, Isabelle Courmont,
Perrine Dorin, Marie Dortier, Liberto Finster,
Marion Geoffray, Laure Karayenga, Valérie Laude, Gaëlle Malmoux,
chemins de foi
Olivier Montiège, Raphaël Panerai, Marie Poirier, Stéfane Rachita, Un chœur pour deux...............................................................14
Nabila Ramdani, Mathieu Salgues, Corinne Senecat.
Portfolio Vénération en clair obscur....................................16
Photojournalistes :
Damien Alitti, Olivier Benier, Emmanuelle Charmant, Jean-Philippe Corre, Conversions à la loupe..........................................................17
Jérémie Croidieu, Christophe Decollogne, Agnès Duret,
Valérie Faucheux-Georges, Sophie Garcia, Jean Nicholas Guillo, Naître juif, vivre chrétien.....................................................17
Félix Ledru, Cyril Marcilhacy, Florence Merlen, Elsa Palito, Geoffroy Perrot,
Véronique Samson, Elsa Seignol, Eleonora Strano, Laura Surroca Vilarnau,
Portfolio Le choix des coiffes...............................................18
charité ordonnée
Bruno Tariol, Laure Vandeninde, Emmanuel Vivenot.
Journalistes vidéo :
Elsa Dafour, Ivan Guilbert, Marion Hérail, Guillaume Lambert,
Capucine Lamoureux, Marie-Laure Le Foulon, Olivier Marcolin,
Agnès Morel, Mario Raulin, Emmanuelle Valenti.
Servir l’Autre........................................................................20
Impression : La Bible selon Jeannot..........................................................22
à venir
à venir Un dominicain engagé............................................................22
Médialibre n°94, avril-mai-juin 2010
Commission paritaire n° 65547. ISSN 7-590-997
Accès aux lieux de culte : le calvaire des handicapés.........23
cultures sacrées
Dépôt légal : 2e trimestre 2010
www.medialibre.info/religion-cite
2 media Libre
SARKOZY INSPIRÉ
Musulmans de France
Le président français voudrait Montrer que les musulmans de France sont et musulmans 1, de France Keyser 2
des citoyens comme les autres, hommes (photographies) et Vincent Geisser (texte).
faire rimer république laïque
et femmes impliqués dans la vie civile, dont Fruit de quatre ans d’enquête, les images
avec catholique. Une aspiration la pratique religieuse concerne le seul présentent des élus locaux, soldats, avocats,
anticonstitutionnelle. domaine privé. Mettre à bas le cliché etc., dans leur quotidien et leur vie sociale.
du musulman en marge, fanatisé. Telle est 1. Editions Autrement, 19,90 €.
la réussite de l’ouvrage Nous sommes Français 2. Ancienne élève de l’Emi-Cfd.
(© Galerie Tretiakov, Moscou).
media Libre 3
Portfolio
une église dans la
s’inscrit dans l’univers contemporain du site. Elle surplombe les voies rapides, au cœur du plus grand quartier
d’affaires européen. Chacun peut venir y trouver une respiration le temps d’une messe, d’une prière ou d’une
exposition. Une parenthèse pour des salariés stressés. Photos d’Emmanuelle Charmant
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voix au chapitre
Petits hics
Six ans après l’interdiction du port de signes religieux
dans les établissements publics, les frictions entre enseignement
laïque et convictions religieuses persistent, à moindre échelle.
à l’école laïque
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L’adoption de la loi du 15 mars 2004
« Ils soutiennent que ce sont les archéologues
interdisant le port de signes religieux
dans les établissements publics avait
engendré des tensions. Qu’en reste-t-il qui enfoncent des ossements dans la terre
aujourd’hui ? Pour Christiane Allain,
secrétaire générale de la Fédération des pour cautionner la théorie de l'évolution. »
conseils de parents d’élèves (FCPE) : « Il
n’y a plus de problèmes liés au port du voile Laura (le prénom a été changé pour respec-
dans les écoles et les collèges. Mais reste à ter l’anonymat, ndlr) est jeune profes-
savoir pourquoi. Est-ce parce que les jeunes seure à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Pour
filles voilées retirent leur voile en entrant à elle, pas question d’être dogmatique.
l’école et le remettent une fois sorties ? Ou « J’enseigne dans un ghetto. Dans ce col-
parce que la loi de 2004 les a renvoyées lège à forte majorité musulmane, une seule
vers d’autres établissements (privés) ? La de mes élèves mange du porc et ses cama-
loi avait-elle réellement pour but de rades se moquent d’elle ! Le niveau culturel
stigmatiser ces jeunes filles ? » des enfants est très faible. En cours de latin,
quand je parle du polythéisme, mes élèves
« Tartufferie ». Les cantines sco- m’expliquent qu’il n’existe qu’un seul Dieu !
laires sont contraintes de faire des À la mort de Claude Lévi-Strauss, j’ai saisi
choix. « De plus en plus de parents deman- l’occasion de leur apprendre le mot anthro-
dent des menus compatibles avec leur reli- pologue. Je leur ai parlé de la racine
gion, constate Christiane Allain. La “anthropos”, qu’on retrouve dans “pithé-
réponse appartient à la municipalité, c’est canthrope”, créature intermédiaire entre le
donc un choix politique. Certaines mairies singe et l’homme. Aussitôt, un élève m’a
créent des menus de substitution, mais rétorqué :“Vous croyez vraiment que
beaucoup ont opté pour la solution du self, l’homme descend du singe, madame ?”
qui propose plusieurs plats. Pour la FCPE,
“tous les enfants doivent être à la même
enseigne”, ce qui exclut les régimes spé-
ciaux. Mais dans leur intérêt, nous sommes
amenés à considérer la question dans toute
sa complexité. Nous incitons donc plutôt à
la mise en place de selfs. »
Pour Jean-Marc Fert, conseiller princi-
« Touche pas à ma religion ! », « Touche pal d’éducation au lycée Jean-Jaurès de
pas à ma laïcité ! », deux revendications Montreuil (Seine-Saint-Denis) de 1993
récurrentes sur un sujet sensible. Les à 2004, le sujet est effectivement épi-
professeurs d’histoire-géographie, qui neux. Auteur de Éduquer pour une socié-
enseignent le fait religieux, en savent té durable. Dieux et autorités en crise1, il
quelque chose. En 2006, quand considère que « la loi du 15 mars 2004 est
l’éditeur Belin pixellise la miniature une tartufferie, c’est “Cachez ce voile que je
Mohammed prêchant à Médine dans un ne saurais voir” ! L’école n’est pas seule-
manuel scolaire de cinquième, afin de ment un lieu de transmission de savoirs,
ménager les élèves musulmans, ils c’est un lieu d’éducation qui doit permettre
montent au créneau. aux individus de s’épanouir.
Souvent confrontés à des frictions ou à « Aujourd’hui, développe t-il, les autorités
des provocations d’élèves, les ensei- et le modèle d’enseignement de la
gnants ont établi leur propre état des iiie République sont en crise, il faudrait
lieux en 2003 (enquête nationale inventer un modèle d’éducation un peu Selon Jean-Marc Fert, « il faudrait
interne à l’Association des professeurs moins dogmatique. Lorsque des élèves Issus de milieux très défavorisés, ces
d’histoire-géographie). Bilan : si les pro- croyants s’opposent au professeur de enfants sont complètement endoctrinés. Ils inventer un modèle
blèmes existent toujours, ils sont sciences à propos de la théorie du big bang, soutiennent que ce sont les archéologues
d'éducation moins dogmatique ».
circonscrits à certains établissements, cela signifie que le modèle d’enseignement qui enfoncent des ossements dans la terre
soit 15 % des 630 lycées et collèges qui assène un dogme laïque contre un pour cautionner la théorie de l’évolution
représentés dans l’étude. dogme religieux ne fonctionne plus. » des espèces. » Pour Laura, la solution
passe par le dialogue et le respect de
leurs croyances : « Je profite de leurs
remarques pour les obliger à se question-
1882 : Les lois Jules Ferry imposent un enseignement laïque ner. Quand je parle de Zeus, et qu’ils évo-
dans les établissements publics. 1989 : Le rapport du recteur quent Allah, je leur dis : “Allah n’existait pas
à cette époque-là !” Ils me répondent : “Mais
Joutard préconise l’introduction du fait religieux à l’école.
il est éternel !” Je poursuis : “Le prophète, il
1989 : À Creil (Oise) et à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), est né quand ?” Pour les sortir de leur isole-
plusieurs jeunes filles refusent d’enlever leur voile pour ment culturel, on ne doit pas esquiver les
suivre les cours et créent la polémique. 2004 : La loi interdisant sujets sensibles, mais les aborder de front.
A l’école d’ouvrir les fenêtres pour leur per-
« l e p o r t d e s i g n e s o u d e t e n u e s m a n if e st a n t
mettre de faire leur choix ensuite. »
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une appartenance religieuse dans les écoles, collèges Texte de Alexandra Dejean et Laurent Garré,
et lycées publics » est adoptée. 2006 : Un décret fait entrer photos de Jean Nicholas Guillo,
l’enseignement du fait religieux à l’école. photomontage de Perrine Dorin
1. L ’Harmattan, 2008, 134p., 13 €.
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Dialoguer pour
sauver des vies
À l’hôpital, le refus de soin au nom de la foi met parfois la santé
en péril. L’équipe médicale doit s’adapter au cas par cas.
« Notre personnel est mixte, dit l’affiche, à l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay- monothéistes sont beaucoup plus pragma-
et l’hôpital ne peut garantir la prise en sous-Bois (93), évoque le cas typique tiques que ne le pensent certains croyants
charge de la patiente par une femme. » d’une patiente nécessitant une césa- tentés de faire du zèle. Elles donnent tou-
Dès l’entrée de l’hôpital, ces principes rienne pour souffrance fœtale : son jours priorité à la vie et admettent la trans-
sont rappelés. Une mesure nécessaire époux s’oppose à l’intervention, gression des interdits au cas où elle est en
dans un environnement où les dérives « contraire à sa tradition », et agresse danger. Aux soignants de se montrer à la
confessionnelles sont fréquentes, violemment le praticien. Il faut faire fois respectueux et stricts. »
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même si les incidents graves restent appel au procureur de la République Najat Rahmouni
minoritaires. Au nom de leur religion, pour sauver la mère et l’enfant. 1. www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports
des patients se mettent en danger : les Des lois statuent sur la religion à l’hô-
témoins de Jéhovah s’opposent aux pital ; le personnel préfère dialoguer.
transfusions, des musulmanes refusent Les aumôniers sont alors un précieux Des formations pour
qu’un homme les accouche, des juives recours. Le rapport de la commission
les soignants
orthodoxes demandent l’arrêt du Stasi sur l’application du principe de
monitoring pendant le shabbat. laïcité1 déplorait que « tous les cultes ne L’École pratique des hautes
bénéficient pas dans les faits des avan- études (EPHE) offre une for-
Impératif de soins. Face à ces tages accordés par la loi en matière d’au- mation « L’hôpital entre reli-
situations, le personnel hospitalier est môneries », et l’absence d’aumôniers gions et laïcité », à destination
démuni : peu informé des lois et des musulmans dans les hôpitaux. des médecins, chercheurs,
religions, il accède aux requêtes extra- L’hôpital Avicenne de Bobigny (93)
aides-soignants, aumôniers.
vagantes de patients connaissant mal accueille l’unique aumônerie inter
leur propre culte. « Toutes les confessions religieuse de France ; six cultes y sont Au programme : cadre juridique,
mettent en avant l’i mpératif de soins représentés. L’imam Ali Koussay inter- exploration de situations
lorsque la vie du patient est en danger », vient auprès de patients que le jeûne réelles et de solutions pos-
souligne Paul Atlan, gynécologue- du ramadan mettrait en danger : sibles. Elle précise le rôle des
obstétricien et psychiatre à l’hôpital « Nous n’avons pas le droit de nous faire aumôniers à l’hôpital. Les
Antoine-Béclère de Clamart (93). du mal à nous-mêmes. » Une autre atti-
intervenants, professeurs uni-
Les cas graves surviennent souvent en tude relèverait de la « non-assistance à
service d’urgences : la vie des patients personne en danger », écrit Isabelle Lévy versitaires et spécialistes en
est en jeu. Stéphane Saint-Léger, chef dans La Religion à l’hôpital (Presses de la exercice sont nombreux.
du service de gynécologie-obstétrique Renaissance, 2004). « Les trois religions
Apprendre à Coexister
r
Rendez-vous est donné un dimanche, car « samedi, c’est évoque Jean-Paul II : « On se ressemble comme un seul être. Il est
shabbat », explique Samuel Grzybowski. Dans le XVe arron- temps d’apprendre à se connaître. » Reda présente le KIF
dissement de Paris, là où tout a débuté 1. Ce catholique de (« Kulturel », Interreligieux et Fraternel). Sur la page face-
17 ans, sympathique, est aussi à l’aise avec les gens qu’avec les book du groupe, on trouve le KIF du mois en cours : visite du
mots. Il est le président de Coexister. Avec lui, trois membres Louvre à la recherche des secrets du judaïsme, découverte de
de l’association : Esther, juive, a 18 ans, Reda, musulman, 25, Notre-Dame-de-Paris, théo café, etc. « Notre participation à
et Ardin, catholique, 22. Créé en 2003, ce groupe de dialogue Coexister réactive notre rapport à la religion et à la spiritualité »,
interreligieux a pris son envol en 2008 après le choc provo- souligne Esther. Dans la famille d’Ardin, plusieurs croyances
qué par un voyage à Auschwitz. Samuel cite Martin Luther cohabitent : une mère subitement devenue protestante, un
King : « J’ai tant vu la haine que j’ai eu envie d’aimer. » Un jumeau athée et un frère converti à l'islam. Ardin, qui voyait
manifeste sort en janvier 2009, avec cette épigraphe : « Nous en lui « un futur poseur de bombes », peut désormais l’accom-
croyons que l’Étoile, la Croix et le Croissant peuvent construire pagner à la mosquée sans préjugés. « La meilleure religion, c’est
ensemble un monde plus uni. » Cette association unique en son la paix », conclut-il. Texte de Anne Lamblin,
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genre est gérée par des jeunes de 15 à 25 ans. Ouverte à tous, et Joëlle Pressnitzer, photo de Elsa Seignol
apolitique, elle est fondée sur la rencontre de l'autre. Samuel 1. www.coexister.fr
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Quand le mot prend corps. Abstraite par nature, la notion de religion se matérialise entre les mains de citoyens croisés au hasard des rues de Paris. L’occasion pour eux
de répondre concrètement à cette question : « Quelle est votre position par rapport à la religion ? » Le langage du corps donne à voir une réaction, une interaction avec
le mot-objet ; à travers cette mise en scène spontanée, la pose physique traduit la position intellectuelle. Photos de Jean Nicholas Guillo
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1 Sur un pied et en pleine révolution, Linne exprime le tumulte de la société. Déséquilibre économique, désé- se vit anonymement. Il tient la religion tout contre lui, comme un objet essentiel, mais
quilibre des croyances : « C’est aussi la crise pour la religion. » 2 Béatrice refuse de se saisir de l’objet intime. Pas besoin d’afficher ses convictions ni de s’en justifier : « C’est à garder
comme du sujet. Son air distancié révèle un athéisme qu’elle revendique pleinement : « Ça ne m’appartient pour soi. » 5 À travers ce don mutuel, Agnès et Louis affirment leur volonté de partage.
pas. » 3 Accablé sous son fardeau, Thomasso peine à avancer. Selon lui, les divergences religieuses entre Leur religion, ils aiment avant tout la vivre ensemble et la faire vivre chez l’autre. Un
les peuples sont un frein à leur bonne entente : « Un poids pour la société. » 4 Pour ce jeune homme, la foi pont qui les unit : « Tiens, c’est pour toi. »
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n crise
consommateur musulman (ADCM). champagne halal fleurissent.
Les fraudes sont courantes. En sep- L’arrivée massive de la grande distribu-
tembre dernier, la mosquée de Lyon est tion et de marques réputées sur ce mar-
embarrassée par des rôtis de dinde ché va-t-elle changer la donne ? Cheikh
contenant de la barde de porc, que son Al-Sid Cheikh en est persuadé : « Les
propre organisme, l’Association rituelle grandes et moyennes surfaces vont sans
de la grande mosquée de Lyon doute faire du tri. Elles se tournent vers des
(ARGML), a estampillés halal. « Lorsque institutions reconnues comme la nôtre.
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Y
Texte de Cindy Routier, Les acteurs économiques n’y ont pas leur place.
photos de Christophe Decollognew
Sur dix personnes qui pénètrent dans la basilique de Élevée au rang de cathédrale en 1966, la basilique de Saint-
Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, neuf sont Denis constitue l’exception à la loi de 1905 instituant la sépa-
des touristes. Près de 140 000 visiteurs en ration de l’Église et de l’État : elle est le seul musée de France,
2009 ont généré 640 000 euros de reve- propriété des Monuments nationaux, situé au sein d’un lieu
nus, tombés dans l’escarcelle de l’État via de culte encore en activité. Les relations entre le clergé et
le Centre des monuments nationaux. l’État n’ont pas toujours été faciles. Mais, depuis une tren-
Celui-ci a pour mission d’assurer la taine d’années, elles se sont apaisées et permettent un travail
conservation, la restauration et l’entretien en bonne intelligence au bénéfice de tous.
des monuments sous sa responsabilité.
L’entrée est payante pour les touristes (7 euros), et festival. La réussite du Festival de Saint-Denis est un bel
gratuite pour les pèlerins et les fidèles. exemple de ces bonnes relations. Chaque année, au début de
l’été, ce rendez-vous propose une multitude de concerts pres-
NÉCROPOLE. La construction de la basilique a commencé tigieux de musique classique et religieuse, dont la majeure
en 1137, à l’initiative de l’abbé Suger, sur le site de l’abbatiale partie a lieu dans la basilique. Plus de 10 000 jeunes assistent
carolingienne édifiée en 636 par le roi Dagobert et saint Éloi. chaque année aux répétitions dans l’édifice religieux. « La
Dès le Moyen Age, l’église était un lieu de pèlerinage très basilique est pleine à ce moment-là », se réjouit Roland
important. On venait de loin pour vénérer les reliques de Lacharpagne, délégué diocésain de Saint-Denis pour l’art
saint Denis, premier évêque de Paris. sacré. « Les jeunes, qui n’ont jamais assisté à un concert, décou-
La basilique, premier chef-d’œuvre monumental de l’art vrent la musique classique et sont éblouis. Évidemment, ajoute-t-il,
gothique, abrite aussi la nécropole des rois de France, compo- ça nous dérange, mais on est content d’être dérangé ! »
Y
sée de plus de 70 gisants et tombeaux sculptés. Elle conserve Texte de Anne-Sophie Potier,
l’oriflamme et les instruments de leur sacre. photo de Emmanuel Vivenot
marquant de la Révolution.
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P
L’Institut des cultures d’islam, qui sera construit
dans le XVIIIe à Paris, abritera des salles de culte.
Paris, quartier de la Goutte-d’Or : les pecter la loi de 1905, il s’agira d’un tons sur un changement des habitudes et
musulmans prient dans la rue. Chaque contrat de « vente en l’état futur d’achè- avons notamment demandé à la préfecture
vendredi, les mosquées Al-Fath, rue vement » (vente immédiate portant sur de police de prendre ses responsabilités et
Polonceau et Khalid-ibn-Walid, rue des biens non encore construits). d’assurer l’interdiction de prière dans la
Myrha, sont trop petites pour accueillir Présidée par Moussa Niambele, l’AMO rue à l’ouverture de l’ICI. » Depuis
les fidèles. Rues bloquées, voitures est aujourd’hui en quête de la somme octobre 2006, un site provisoire préfi-
détournées, piétons repoussés par les nécessaire : « Nous comptons sur des dons gurant l’Institut des cultures d’islam est
Paris, janvier 2010.
services de sécurité. La situation s’est et des aides de certains États. Mais nous ne installé rue Léon. C’est tout autant un
aggravée depuis la fermeture, en 2006, voulons aucun fonds conditionnel. » À la lieu d’expositions et de concerts que Des musulmans prient
de la mosquée de la rue de Tanger. « Ce fin des années 1990, la Mairie de Paris d’enseignement et de réflexion.
n’est bon ni pour nous ni pour le voisinage, cherchait à financer une salle de prière L’établissement de la rue Stephenson au dehors de la mosquée
affirme Moussa Niambele, responsable boulevard de la Chapelle. Michel doit ouvrir ses portes en 2012, et celui
financier de la mosquée Al-Fath. Nous Neyreneuf, alors actif au sein de l’asso- de la rue Polonceau en 2013. Al-Fath, ne pouvant
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pouvons accueillir jusqu’à six cents person ciation Paris-Goutte-d’Or, se souvient Texte de Thierry Lepin,
nes, mais le vendredi, près de deux mille qu’à l’époque une fondation saou- photo d'Elsa Seignol y entrer faute de place.
mus ulm ans viennent ici. » Michel dienne, Al-Haramein, avait proposé son
Neyreneuf, adjoint au maire du XVIIIe soutien au projet. Celle-ci est considé-
arrondissement, chargé de l’urbanisme, rée comme terroriste par les États-Unis.
insiste : « La prière dans la rue est indigne, Le projet n’a jamais abouti.
à la fois pour les pratiquants et pour les
riverains. Nous devions trouver une solu- CAPACITÉ D’ACCUEIL. Si les respon-
tion. » La solution prônée par Bertrand sables de la rue Polonceau se félicitent
Delanoë dès 2001, c’est l’Institut des – « La Ville nous propose de prier décem-
cultures d’islam (ICI) dont la construc- ment, on ne peut pas refuser » –, le recteur
tion doit débuter cette année. de la mosquée de la rue Myrha dénon-
Le projet est à la fois culturel et cultuel. çe, lui, un manque de concertation.
Il se déploiera sur deux sites, rue Polon Reste une question à résoudre : la capa-
Y
ceau et rue Stephenson. Le coût global cité d’accueil des salles de prière de
s’élève à vingt-deux millions d’euros. l’Institut correspondra-t- elle au
Sur quatre mille mètres carrés, sept nombre de fidèles escomptés ? Non,
cents seront revendus, pour environ répond Michel Neyreneuf. « On est
sept millions d’euros, à l’Association des actuellement dans une spirale qui ne peut
musulmans de l’ouverture (AMO) qui que s’amplifier, on pourrait aussi avoir des
en fera des salles de prière. Pour res fidèles jusqu’au métro Barbès. Nous comp-
L
En France, la presse catholique domine le paysage
des journaux religieux en matière de diffusion.
La Fédération française de la presse catholique regroupe plus à la marge. La presse musulmane est plus active sur le
de 2 000 titres en 2010, représentant une diffusion cumulée Net : oumma.com revendique aujourd'hui plus de 1 million
de 150 millions d’exemplaires par an. La presse régionale de visiteurs par mois. En presse écrite, le mensuel gratuit
compte seulement 26 hebdomadaires (diffusion cumulée de Salam News est diffusé à plus de 100 000 exemplaires.
7 millions d’exemplaires) et la presse nationale, 24 titres et La presse juive aussi souffre de visibilité. Sur un lectorat
dix entreprises de presse, soit 120 millions d’exemplaires estimé à 600 000 : L’Arche, fondée en 1957 (20 000 exem-
diffusés. Dans ce panorama, Bayard tient une place essen- plaires) ; Actualité juive, fondé en 1982 (18 000 exemplaires) ;
tielle : il est le 5e groupe de presse français avec un titre phare, et Tribune juive, fondé en 1968 (10 000 exemplaires).
Y
La Croix, quotidien national qui réalise 96 000 ventes par Texte de Rémi Milesi,
mois (OJD 2009). illustration de Mathieu Salgues
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Un chœur
Les catholiques d’Athis-Mons, dans l’Essonne, partagent
leur église avec les orthodoxes éthiopiens de Tewahedo.
u
Cette communauté, comme beaucoup d’autres issues
de l'immigration, souffre de la pénurie des lieux de culte.
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3 4
pour deux
à Notre-Dame-de-la-Voie,
Traonouïl, la concession s’impose, affronter les difficultés liées à une pleine communion eucharistique. Pas pourtant du même édifice.
« leurs offices étant beaucoup plus longs ». récente immigration. Également tréso- encore1 », précise le père René-Jacques,
« Des personnes qui vivent en France rière, Tourounesh Hermann compte les avec une pointe de regret. Les ortho- Les Éthiopiens (2) embrassent
depuis une trentaine d’années doivent billets de la quête. Le partage passe doxes sont plus stricts sur ce point.
avoir un lieu pour vivre leur religion », aussi par là : les charges courantes sont « Nous restons sur notre faim », ajoute-t-il l’évangile, « Mätsehaf Queddus ».
estime Liliane Sizaire. Tous n’ont pas ce équitablement réparties. Les seules ani- à propos de la messe œcuménique
pragmatisme. Accueillir l’autre chez soi croches se limitent à : « Qui a oublié organisée une fois par an. Il reconnaît Selon leur rite, l’hostie (3) est
ne va pas de soi, « surtout quand il ne d’éteindre le chauffage ? » La commu- pourtant que « les liens les plus forts, ici
nous ressemble pas », regrette-t-elle. nauté Tewahedo a payé la moquette, à Athis-Mons, sont avec les Éthiopiens ». remplacée par une bouchée et une
dont elle a besoin pour se déchausser. Selon le prêtre, une cohabitation avec
Partage. Peu de réticents toutefois : Elle a participé à la réfection des instal- les luthériens voisins n’est pas vraiment
cuillerée. Séparées des hommes,
une dizaine seulement ont quitté la lations électriques. Construit en 1954, envisageable. Les rapports avec les
paroisse. D’autres apprécient la cour après la loi de séparation de l’Église et musulmans sont très bons, le temps
toisie des Éthiopiens et dégustent de l’État de 1905, l’édifice est propriété d’un dîner annuel. La discorde survient les femmes (5) ont couverts leurs
l’excellent café qu’ils préparent lors des du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes, dès que l’on aborde le thème de la
kermesses. « Le partage, c’est le plus qui finance l’entretien. Création. « Ils devraient aussi bénéficier cheveux d'un châle de prière.
important », explique la médiatrice d’un nombre suffisant de mosquées pour
éthiopienne Tourounesh Hermann au Rites séparés. Le ménage est fait accueillir tous leurs fidèles, déclare
milieu du repas dominical traditionnel, par des équipes mixtes. Les prières le Liliane Sizaire, que l’intolérance déses-
qui se déroule dans la crypte après la sont moins. La curiosité mutuelle se père. À Athis-Mons, certains voisins se
longue messe orthodoxe. Prendre le heurte à des obstacles pratiques. Le rite plaignent bien que nos cloches sonnent
pain et le thé ensemble prolonge orthodoxe est en guèze (vieil éthio- trop fort… » Texte de Caroline Six,
Y
l’échange entre Éthiopiens venus de pien). Et les fidèles hésitent à venir le photos de Véronique Samson
toute l’Île-de-France. Ils se retrouvent samedi pour l’office catholique, car ils 1. Les dogmes catholiques et orthodoxes
dans ce lieu de sociabilité, capital pour habitent trop loin. « Nous n’avons pas la sont très différents.
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VÉNÉRATION EN CLAIR OBSCUR. Symbole de l’ordre cosmique, de la destruction, de la création et de la fertilité, Shiva est l’une des trois principales divinités hindoues. La
célébration de Maha Shivahari est marquée par un jeûne quotidien et des cérémonies nocturnes. Les femmes participent activement. Photos d’Agnès Duret et Cyril Marcilhacy
5 6
1 Durant la «pûjâ” (la prière), le “lingam” - symbole phallique de Shiva - est arrosé de lait, trouver un mari idéal. 4 Les fidèles peuvent demander une bénédiction particulière pour leur couple. Ils
de miel et reçoit fleurs, fruits et sucreries. Deux “puraji” (le prêtre) évoluent entre la table apportent des offrandes et font l’objet d’une attention spécifique de la part du prêtre. 5 Selon les textes
d’offrandes et l’autel des divinités. Tandis que l’un offre les présents à la divinité, l’autre sacrés, les cadeaux du “pujari” à Shiva doivent comporter des feuilles de bili. Celles-ci ont pour vertu de
récite des mantras. 2 Cette statue représente la danse cosmique de Shiva. 3 Pendant la nuit calmer ce dieu au sang chaud. Elles symbolisent également la purification de l’âme. 6 La table des offrandes
de Shiva, les femmes sont séparées des hommes. Lors de la “pûjâ”, l’une d’elles chante des est remplie de noix de coco, de lait, de feuilles de bili, d’épices, de miel et de bananes. Cette nourriture est
prières. Les femmes mariées prient pour leurs époux et leurs fils, et les jeunes filles pour réputée favorable à la longévité et à la satisfaction des désirs.
naître juif,
vivre chrétien
Conversions
à la loupe
Daniel Siegel, 69 ans, est ingénieur
chimiste à la retraite. De mère
juive, de père catholique originaire
d’Auvergne, il a été baptisé à 1 an
pour échapper à la rafle nazie en À l’issue d’une démarche personnelle
1942. Mais c’est à 8 ans qu’il fait sa
véritable rencontre avec la religion, et intime ou pour se marier,
au sein du mouvement catholique des les Français sont de plus en plus
Cœurs vaillants, où il a passé quatre nombreux à se convertir.
années inoubliables. Il y a appris la
prière, la messe, surtout la charité.
Recherche spirituelle ou chiffre qui serait lié à l’explosion des
De cette période, lui vient l’amour mariage, quel que soit le mariages entre musulmans et non-
du partage, l’implication dans des motif, les conversions sont musulmans, mais aussi dans le cadre
associations d’aide (Partage Rencontre en constante augmentation. Laïcité d’une rencontre avec cette religion
Echange [PRE]). Sa conception de aidant, la question de la religion ne dans les banlieues.
figure dans aucune statistique officielle.
la foi et de Dieu se résume dans le Seuls les pouvoirs publics disposent de Mariage. Le Consistoire de Paris
« Sermon sur la montagne » (Évangile moyens suff isants p our évaluer annonce environ 144 conversions par
selon saint Matthieu) : selon lui, rien l’importance du phénomène. Mais les an qui intéresseraient essentiellement
n’est plus beau que d’apprendre à chiffres appartiennent aux services des personnes nées d’un mariage mixte
administratifs des différentes religions, (entre personnes de confessions diffé
vivre avec autrui. « On n’est jamais qu’ils délivrent à discrétion. rentes). Comme la religion juive se
aussi bien avec soi-même que lorsqu’on transmet de mère à enfant, la conver
est bien avec les autres », dit-il. Il prie Baptême. Selon l’Église catholique, sion devient nécessaire dés lors que
avec ses mots, son cœur, s’adresse le nombre de baptêmes a diminué de cette condition n’est pas remplie. Le
près de 20 % en dix ans (un peu plus de processus est long : études des textes
300 000 baptêmes en 2009). Tra sacrés (pendant parfois plusieurs
ditionnellement, on baptise les enfants années), examens écrits, entretiens avec
à la naissance, mais cette coutume un conseil de rabbins et le bain rituel,
tombe en désuétude, ce qui explique le dit mikvé. Mais ce type de mariage est
moindre nombre de catholiques. Les sujet à controverse. Certains mouve
conversions d’adultes, dites tardives, ments, comme celui du judaïsme libé
sont en augmentation de plus de 18 %. ral, militent pour que tous les enfants
En 2009, on comptait 9 846 catéchu issus d’unions mixtes soient d’emblée
mènes (aspirants au baptême) contre juifs. D’autres courants radicaux refu
En 1942, Daniel Siegel est baptisé par ses 8 290 en 1999. Une progression certes sent jusqu’aux conversions en vue
parents pour échapper aux rafles nazis. significative, mais insuffisante pour d’une union maritale.
compenser la perte de vitesse que L’apostasie, rejet déclaré d’une religion,
à Dieu comme son plus proche connaît la première religion française. serait presque inexistante. Peu de gens
confident. Il choisit la musique pour Pour l’islam, les conversions sont quasi se font débaptiser. Le père Alexandre,
impossibles à dénombrer, la tenue de prêtre en banlieue parisienne, affirme :
méditer, le silence pour prier, plutôt registre n’étant pas obligatoire. Celui « En général, les gens ne prennent pas la
que l’église. En 2002, le curé de qui se convertit doit prononcer la cha- peine de prévenir quand ils abandonnent
sa paroisse lui suggère de faire sa hada – le premier pilier de l’islam –, une religion. » On peut se faire rayer des
première communion. Un an plus tard, avec réelle conviction, et devant registres, on n’en a pas moins reçu le
témoins : « J’atteste qu’il n’y a de Dieu baptême aux yeux de l’Église. Il en va
il fait sa confirmation à l’évêché de qu’Allah, et Muhammad est Son messa- de même dans le judaïsme et l’islam,
Versailles et participe à la vie de sa ger ». Selon un article de La Croix, en quel que soit le désir d’un individu.
Y
paroisse, où il a fait partie du conseil 2006, il y aurait 3 600 nouveaux Texte de Caroline Eveillard,
pastoral pendant sept ans. En 2003 musulmans par an en France. Un illustration d’Isabelle Courmont
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LE CHOIX DES COIFFES. La chevelure féminine est perçue, dans plusieurs religions, comme un symbole sexuel.
À l'heure où l'islam est souvent stigmatisé à propos du voile, on oublie souvent que le christianisme a été le premier à couvrir les cheveux des femmes.
Plusieurs croyantes, de confessions diverses, ont accepté de parler de leur choix. Photos de Valérie Faucheux-Georges
1 Sœur Marie-Claude, 83 ans : carmélite, elle a pris sa retraite 3 Sœur Anne-Marie, 83 ans : cette ancienne infirmière passe sa bouddhiste vietnamienne, qui vit en Australie, a « pris refuge » il
chez les Petites Sœurs des pauvres. « Notre costume coul eur retraite chez les Petites Sœurs des pauvres. « Comme mon cos- y a trente-deux ans. « Les cheveux sont un signe de beauté et
terre est signe d’humilité et de pauvreté. Le voile est un lien tume, le voile est l'expression de ma consécration à Dieu. Je de s éduction. Une fois nonne, vous n’en avez plus besoin. »
avec Dieu. » 2 Ilhame, 29 ans : secrétaire de rédaction et mère veux mourir avec. » 4 Sœur Sophie, 35 ans : l’exception. Elle vit 6 Imane, 21 ans : musulmane pratiquante, étudiante en médecine,
de famille, elle porte le hijab depuis ses 13 ans, contre l’avis de dans la communauté des Petites Sœurs de l’Assomption et ne elle a opté pour le hijab à 18 ans. « Le voile n’est pas une obli-
ses parents. Elle le quitte au travail et à la maison. « La femme porte pas l'habit. « Le voile et le costume sont des signes exté- gation, j’ai choisi de le porter. L’enlever, c’est amputer une
dans l’islam est une perle. L’homme doit mériter ses faveurs. » rieurs. La foi reste intérieure. » 5 Trig-Hang, 63 ans : cette partie de ma personnalité. »
Nora, 32 ans, s’engager est un moyen de aussi bien athées que croyants, mais,
vivre pleinement sa religion. Elle s’est fait important, ces derniers évoluent
dirigée vers le SIF en août 2009, pen- dans un contexte qui leur est favorable.
dant le ramadan. Parce qu’« à ce Nora, qui porte le hijab, redoutait la
moment-là, particulièrement, on doit aider réaction des SDF lors des maraudes.
c
les autres », même si la charité, un des Finalement, rien. Elle reconnaît que le
cinq piliers de l’islam, doit s’exercer SIF lui permet de pratiquer en toute
toute l’année. Nora est donc restée et tranquillité : « J’aurais pu me diriger vers
s’occupe de l’épicerie solidaire, Épisol, à d’autres associations, mais, ici, je peux
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et des accomplir mes cinq prières par jour. Est-ce
« maraudes », tournées auprès des SDF. que je pourrais en faire autant ailleurs ? »
Nicolas, journaliste, la cinquantaine, a, Elle sourit : « Autant éviter les conflits. »
lui, poussé la porte du Secours catho-
lique pour approfondir les valeurs Écoute. Tous ont la même opinion :
essentielles de la chrétienté. « La philo- la religion n’est pas un sujet de débats
sophie qui y est développée me paraît pro- entre bénévoles et bénéficiaires.
fondément chrétienne, la valeur de Souvent, ces derniers ne savent pas
l’individu est au cœur de toutes les actions. qu’ils ont affaire à une association
Mais, si ces valeurs étaient défendues dans cultuelle. Et quand c’est le cas, peu leur
une autre association et pas ici, c’est dans importe. À l’épicerie solidaire du SIF,
celle-ci que j’irais. » Depuis seize ans, il une mère de famille, musulmane,
n’a jamais eu envie de partir. apprécie de trouver des produits halal.
Berbeline, elle, y voit un moyen d’allé-
Fraternité. Claire a la soixantaine. ger ses difficultés financières et de ren-
Médecin chercheuse, elle était active au contrer des personnes attentives. Elle a
sein de sa paroisse protestante, jusqu’à des copines musulmanes, mais, « bon,
ce qu’une maladie bouleverse sa vie, la l’islam, je connais un peu. Y a le halal, c’est
douleur lui laissant peu de répit. Elle ça ? ». Les « accueillis » du Secours
évoque l’amour de Dieu qui l’a tournée
vers les autres : « Je vivais à la fois dans Certains s'étonnent : « Ah bon, catholique ? Ah non,
la révolte, dans le cri et avec la sensation
que j’étais toujours dans les bras de Dieu.
je ne savais pas ! » Un bénéficiaire sri-lankais
Une fois qu’on a senti son amour, on ne
peut qu’avoir une attitude fraternelle
envers les autres. » C’est ainsi qu’en 1993, du Secours catholique de la gare du Nord à Paris
elle a monté un accueil de la Cimade
au temple de la rue Madame, à Paris. catholique parlent surtout de la gen-
Sylvia, elle, est entrée dans l’association tillesse et de la qualité d’écoute des
au terme d’un parcours de syndicaliste bénévoles. Certains s’étonnent : « Ah
et de militante au sein d’Amnesty bon, catholique ? Ah non, je ne savais
International, entre autres. Autrefois pas ! » Quant à la permanence d’accueil
mariée à un Mexicain sans papiers, c'est des sans-papiers de la Cimade, il suffit
Charité, devoir de bienfaisance et tout naturellement qu'elle défend la de discuter avec les personnes qui font
altruisme font partie des fondements cause de la Cimade. la queue pour comprendre que la
des religions monothéistes. Ainsi, dans Pour autant, ces associations confes- confession des « accueillants » n’est pas
l’Évangile selon saint Matthieu, on lit sionnelles recrutent leurs bénévoles un problème. Ce qu’attendent avant
au chapitre xxv : « Les hommes sont sans distinction de religion. Gare du tout les bénéficiaires, c’est d'être
féconds ou stériles en bonnes œuvres par le Nord à Paris, à l’accueil de rue du épaulés dans le labyrinthe absurde de
choix de leur volonté ; et ainsi c’est très jus- Secours catholique, parmi les collègues l’administration française.
tement que Dieu punit les uns et qu’Il cou- de Nicolas, il y a Jean-Christophe, Plus que la foi en Dieu, c’est l’inébran-
ronne les autres [...] Et le Roi leur répondra agnostique, Mohamed, musulman pra- lable énergie de ceux qu’ils aident qui De gauche à droite :
[aux justes] : Je vous dis en vérité que tiquant, et Claude, protestant. Le par- porte les bénévoles. Comme le souligne
chaque fois que vous [avez donné à man- tage de valeurs les réunit. Bernard, lui, justement Claire : « Moins on a de résul- Nora, bénévole à Épisol,
ger, à boire, un logement, des vête- est catholique. Plus motivé par l’idée tats, plus il faut être là. »
Y
ments] aux moindres de Mes frères, c’est à d’aider les plus pauvres que porté par Texte de Christel Baridon, épicerie solidaire
Moi-même que vous l’avez fait. » Et dans la religion. Au SIF, les bénévoles sont photos de Jérémie Croidieu
le Coran, il est précisé au verset 32 de la du Secours islamique ;
sourate V : « Et celui qui sauve un seul
homme est considéré comme s’il avait sau- Le Secours catholique est un service de l’Église. Il dépend donc de Nicolas défend
vé tous les hommes. » Si auparavant cer- la hiérarchie catholique. Le recrutement pour les postes d’enca-
taines organisations confessionnelles drement est avalisé par l’archidiocèse. Le Secours islamique, qui ses valeurs humaines
ont voulu convertir, aujourd’hui, elles n'est pas soumis à une hiérarchie religieuse, a été créé pour per-
sont des moteurs légitimes de la société. mettre aux musulmans de s’acquitter de l’impôt obligatoire, la au Secours catholique.
Elles pallient souvent les manques de
« zakat ». Celle-ci est versée à des actions d’aide aux plus démunis
l’État en matière d’action sociale. En bas, la Cimade
Le Secours islamique France (SIF), le suivant les règles du Coran. La Cimade, selon l’article premier de
Secours catholique et la Cimade font ses statuts, « est une forme du service que les églises veulent accueille des sans-
appel à des bénévoles qui ne sont pas rendre aux hommes au nom de l’Évangile libérateur ». Ce qui suscite
tous des croyants, des pratiquants ou de quelques remous et a fait l’objet de débats lors des 70 ans de papiers dans un temple
même confession. Certes, ils sont l’association, en janvier dernier.
généralement portés par la foi. Pour protestant, à Paris.
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U
Une barbe blanche, des mains épaisses, « Grâce à Dieu, explique-t-il, la rue, je
un franc sourire auquel manquent connais sans vraiment connaître, ce que je
quelques dents. Jeannot a 58 ans. connais c’est la galère, le Samu social… »
Il venait manger à la mission évangé- Les gens, ici, « y en a beaucoup qui vien-
lique « Parmi les sans-logis », puis en est nent que pour manger. Quand vous avez
devenu bénévole. Il fait un peu de tout : cinq, six, dix ans de rue… Dieu, on sait pas
ménage, café, téléphone. Plus le tri du trop où il est ».
courrier : 500 à 600 lettres par jour « J’essaie de lire la Bible autant que pos-
pour 2 500 personnes domiciliées à la sible, mais ces temps-ci j’étais très fatigué. »
mission. Jeannot est séropositif : « L’année pro-
Il est croyant, même s’il s’est parfois chaine, je ne serais peut-être plus là. » La
« un peu éloigné ». Il est homosexuel et Bible, c’est des « valeurs de réconfort ».
n’a « pas honte de le dire », mais le chu- « Y a des gens qui ont besoin qu’on les aide,
chote. Pour certains, « t’es homosexuel, pas forcément financièrement… mais par
t’es pas dans l’Église ». une tape sur l’épaule, une main sur la joue.
En 2005, il quitte Marseille où il vivait Parce que des gens crèvent de solitude,
déjà dans la précarité. À Paris, Jeannot parce qu’on vit dans un monde où c’est cha-
a « dormi avec des SDF au métro Saint- cun pour soi et Dieu pour tous. »
Y
Ambroise ». C’était la première fois Texte de Marc Frohwirth,
qu’« il dormait vraiment dans la rue ». photo de Damien Alitti
Un dominicain engagé
Pedro Meca, prêtre dominicain, a donné sa vie aux exclus : des réfugiés
P
de la guerre civile espagnole jusqu’aux SDF. L’ancien opposant au franquisme
a choisi, depuis 45 ans, de lutter contre l’injustice.
Pourquoi avoir décidé de consacrer votre vie aux plus suis donc occupé des réfugiés de la guerre civile espagnole et
fragiles ? des immigrés. Tant que l’injustice persistera, ma foi ne me
J’ai été ordonné prêtre en France, autour de 27 - 28 ans. J’ai laissera pas tranquille.
ensuite été assigné à Montpellier. J’aurai voulu être aumô-
nier des gitans, mais on a refusé que je vive avec eux. Je me Vous avez conservé des liens avec votre pays d’origine,
l’Espagne. Quel regard portez-vous sur ETA ?
A ses débuts, ce mouvement était formé de jeunes du parti
nationaliste basque (démocrate chrétien), qui se sont radica-
lisés en opposition à l’Eglise catholique alliée à Franco. Le
parti revendiquait un État. Le mouvement d’alors n’avait
rien à voir avec celui d’aujourd’hui. De Gaulle était-il patriote
ou terroriste ? C’est curieux : quand on perd, on est terroriste ;
si l’on gagne, on devient révolutionnaire. On ignore cepen-
dant que la véritable force d’ETA réside dans la sympathie
que lui attire l’incarcération de six cents de ses membres.
Quant à savoir si sa politique suscite l’adhésion populaire,
c’est une autre histoire !
23 media Libre
Les contraintes techniques sont strictes. France est significative. Elle n’a aucune
Une rampe doit être inclinée à 5 % et revendication vis à vis des lieux de culte,
disposer d’une rambarde de sécurité et en dépit des alertes de l’un de ses diri-
de paliers de repos ; il faut prévoir des geants, Didier Darcier. « Mes collègues
boucles magnétiques pour les malen- n’en ont jamais eu cure. […] Le culte, les
tendants, des luminaires pour les mal- rites ou les sacrements n’y sont pas analy-
voyants... De plus, concilier application sés comme socialisants, culturels ou théra-
de la loi et respect des bâtiments histo- peutiques. […] Chrétien pratiquant dans
riques est parfois délicat. Les architectes ce fauteuil roulant, je ne peux me rendre
des Bâtiments de France peuvent s’op- – en général – qu’en instituts religieux, en
poser à des projets altérant l’esthétique communautés ou en hôpitaux », déplorait-
ou le caractère originel des lieux. il sur agoravox.fr en août dernier.
Face à cette indifférence, les églises, les
Le 11 février 2010, la « loi handicap » indifférence. Certaines municipa- mosquées ou les synagogues sont for-
fêtait ses cinq ans. Pour quels résultats ? lités rechignent à la dépense. Question cées de s’en remettre à la générosité des
La loi « pour l’égalité des droits et des de moyens, mais aussi de priorités. fidèles et de rares associations spéciali-
chances, la participation et la citoyen- Ainsi, en 2006, la commune de sées. L’Office chrétien des personnes
neté des personnes handicapées » pré- Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) a opté handicapées a ainsi accordé l’an passé
voit, entre autres mesures, que toute pour une rénovation de la façade de 260 000 € de subventions à une qua-
personne ait accès au « cadre bâti exis- l’église Saint-Charles-Borromée plutôt rantaine de projets.
tant ». Échéance fixée au 1er janvier que pour sa mise en conformité. Ce En cas de non-respect de la loi d’ici à
2015, pour tous les lieux de culte, donc. relatif désintérêt se ressent aussi au 2015, des sanctions sont prévues :
La mise en place, à mi-parcours, d’un niveau étatique : en 2009, les Journées amende de 45 000 €, remboursement
« observatoire de l’accessibilité » par du patrimoine avaient pour thème des subventions publiques, ou ferme-
Nadine Morano, secrétaire d’État à la « Un patrimoine accessible à tous », ture de l’établissement. Faute d’engage-
Famille et à la Solidarité, révèle les dif- mais les pouvoirs publics n’ont encore ment sur l’accessibilité des lieux de Paris, Ve. Église Saint-
ficultés de ce projet. débloqué aucune aide pour aménager culte, c’est l’ensemble des fidèles qui
Installer une rampe d’accès ou élargir les monuments historiques. pourrait trouver porte close. Nicolas-du-Chardonnet,
Y
les cheminements d’une église est Du côté des organismes laïques, l’atti- Texte de Jérémy Davis,
certes plus compliqué qu’il n’y paraît. tude de l’Association des paralysés de photo de Laura Surroca Vilarnau à la sortie de la messe.
La BD prend
de la hauteur Symbole de la contre-culture dans les années 1970,
la bande dessinée aborde aujourd’hui la religion
sous tous ses aspects, à travers des quêtes initiatiques
ou réédition d’illustrés confessionnels.
Vignette extraite
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y compris l'humour.
de F. Giroud, Glénat ;
« Dieu en personne »,
media Libre 25
Gargouille, À La MANIÈRE
du missionnaire
en matière de position sexuelle,
U
« position du missionnaire ». Son
étude se fonde sur « La vie sexuelle
des sauvages du Nord-ouest de la
Une gargouille n’est pas un monstre
Mélanésie » (1929) de Bronislaw
maléfique. C’est une invention archi-
tecturale, présente dès l’Antiquité – en Malinowski. Cet anthropologue et
Égypte, en Italie ou en Grèce –, et dont ethnologue polonais a relaté que les
la fonction est d’éloigner l’écoulement
des eaux de pluie des murs, afin de
couples des Îles Trobriand avaient
contribuer à la salubrité des villes. pour coutume de se se pencher l’un
C’est au xiiie siècle que le mot aurait vers l’autre « misinari si bubunela »,
été inventé, d’abord sous la forme
gargoule. La racine garg (quasi ono- soit « à la façon des missionnaires ».
matopée), présente dans différentes Kinsey aurait extrapolé à partir de
langues dont le grec et le latin,
cette observation. Bien que l'origine
évoque le bruit d’un liquide qui
bouillonne ou passe dans la gorge de l’expression reste incertaine,
de celui qui ingurgite bruyamment. son usage s’est largement
Le mot goule, quant à lui, signifie
« gueule » en ancien français. D’allure
répandu : « missionary position »
assez simple à l'origine, les gargouilles en anglais, « Missionarsstellung »
se font plus élaborées au fil du temps. en allemand ou « postura del
Elles adoptent alors les traits d’animaux
réels ou fantastiques, puis ceux de per- misionero » en espagnol. Au
sonnages humains. Au xvie siècle, les Moyen Âge, la sexualité « par
sculpteurs finissent par délaisser les
devant » était une pratique
formes anciennes pour adopter des
figures de chimères d’inspiration préconisée par l’Église,
antique, voire de simples tuyaux de en opposition aux mœurs
pierre en forme de canon.
Symboliquement, la présence des gar-
homosexuelles, considérées
gouilles a vocation à éloigner comme déviantes.
les esprits malins, terrifier Texte de Marc Frohwirth
les ennemis, impressionner
les croyants et rappeler que
les églises sont la demeure
de Dieu sur Terre.
Texte de Marc Frohwirth,
photo de Agnès Duret
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