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Production et commercialisation
des animaux et produits
d'origine animale au Maroc :
les productions bovines et ovines
Ahmed Driouchi, Université Al Akhawayn, Ifrane (Maroc),
Akka Ait El Mekki et Hajib El Kasmi, Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès (Maroc)
Résumé. Cette étude tente d'analyser les conditions de la production et de la commercialisation des animaux
(bovins et ovins) et des produits d'origine animale (viande bovine, viande ovine, lait) au Maroc afin de comprendre
le comportement des agents économiques concernés par ces activités. L'analyse est basée en grande partie sur
des travaux entrepris au niveau du Département d'Economie Rurale de l'Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès
sur l'économie des productions animales.
Elle commence par donner une vue d'ensemble sur le secteur des productions animales, notamment sur l'impor-
tance économique et l'organisation des marchés. Ensuite, elle met l'accent sur des résultats économétriques obte-
nus dans le cadre de certaines études antérieures basées sur des séries de données à partir des années 70.
Les équations d'offre et de demande de produits animaux ont été présentées et analysées à Marrakech, à
Casablanca et au niveau national.
Les résultats des estimations des offres et des demandes montrent l'importance des prix dans le processus d'ajus-
tement des marchés.
Mots clés. Productions animales – Viandes rouges – Lait – Production – Commercialisation – Offre – Demande.
Abstract. The production and marketing of animals and animal products in Morocco: The case of beef and
mutton production.
Analysis of the conditions of production and marketing of livestock (cattle and sheep) and animal products (beef,
mutton and milk) in Morocco to gain better understanding of economic behaviour. It is based to a considerable
extent on the work performed by the Rural Economics Department of the National Agricultural College in Meknès
on the economics of livestock production. The study begins with an overview of the livestock sector with stress on
economic importance and the organisation of markets for animal products. Attention is then paid to the econome-
tric results achieved within the framework of various previous studies based on data series for the 1970s. Supply
and demand equations for animal products are described and analysed with reference to demand in Marrakech
and Casablanca and at national level. Estimates of supply and demand demonstrate the importance of prices in
market adjustment processes, enabling better forecasting of the effects of changes in prices and quantities on the
animal products market.
Keywords. Livestock products – Meat – Milk – Production – Marketing – Supply – Demand
Introduction
L'élevage au Maroc constitue l'une des principales composantes de la production agricole. Le secteur
des productions animales (viandes, lait, oeufs, peaux, laine...) participe pour environ 35 % à la formation
du PIB agricole et emploie plus de 20 % de la main-d'oeuvre agricole, dont 18 % sont exclusivement des
éleveurs (MARA, 1990).
Dans le cadre des politiques agricoles marocaines, des programmes d'élevage visant l'amélioration de la
productivité et de la commercialisation des produits ont été mis en oeuvre. C'est ainsi que le Plan laitier,
démarré en 1975, était mis en place pour augmenter la production laitière en agissant sur l'amélioration
génétique, l'encadrement sanitaire, l'augmentation des ressources alimentaires des animaux et l'organi-
sation des conditions de commercialisation et de transformation des produits.
D'autres actions ont été entreprises à partir de 1985 par le ministère de l'Agriculture. Elles devaient
consolider le Plan laitier par la mise en place d'une stratégie de développement de l'élevage et des sec-
teurs lait et viande, axée sur les élevages pépinières pour la multiplication de reproducteurs adaptés.
Options Méditerranéennes, Sér. B / n°14, 1995 - Les agricultures maghrébines à l'aube de l'an 2000
CIHEAM - Options Mediterraneennes
Des programmes de production des viandes rouges ont été conduits en parallèle. Par ailleurs, les inter-
ventions de lutte contre les effets des sécheresses ont été renforcées.
Certes, les effets sur la production animale sont positifs. Cependant, les coûts sociaux des programmes
doivent être réduits en raison des exigences économiques actuelles et futures. Les études économiques
sur les unités de production, ainsi que sur la consommation et les filières, qui auraient pu aider à
accroître le rythme et l'efficacité des nouvelles politiques mises en place dès 1985 sont actuellement peu
nombreuses. Ces politiques visent essentiellement la réduction des distorsions au niveau des marchés,
le désengagement de l'Etat, sauf en ce qui concerne la protection du consommateur, avec la prise en
charge des actions de production et de vente par les opérateurs économiques concernés.
Cet article constitue une synthèse d'investigations microéconomiques et sectorielles tenant compte des
politiques de l'Etat et des différentes technologies de production et de vente d'animaux et produits d'origi-
ne animale au Maroc. Il a pour objectifs de :
❏ fournir une vue d'ensemble sur le secteur des viandes rouges (bovins et ovins) et du lait, notamment
en ce qui concerne les systèmes de production et les marchés ;
❏ caractériser les processus dynamiques régissant l'offre et la demande en animaux et produits ani-
maux, notamment les viandes rouges et le lait.
Ces objectifs ont été réalisés à l'aide de bases de données transversales et chronologiques et d'analyses éco-
nométriques effectuées aux niveaux national et des villes de Casablanca et Marrakech.
1. Systèmes de production
On distingue deux grands systèmes de production au Maroc : le système extensif et le système intensif.
❏ Le système extensif est caractérisé par une importante utilisation des terres de parcours, de la jachè-
re et des résidus des cultures. En revanche, le recours aux concentrés et aux cultures fourragères
demeure très limité. Aussi, la production est faible, irrégulière et orientée essentiellement vers l'éleva-
ge « de type naisseur ». Les animaux de race locale produits sont souvent maigres.
Entre les deux systèmes, des technologies intermédiaires permettent des améliorations plus ou moins
importantes au système extensif (MARA, 1990).
1) Le premier, dit « traditionnel », est basé sur la production naturelle (l'herbe), en complémentarité
avec les résidus des productions agricoles. Il s'agit donc d'élevages, souvent décrits comme extensifs, et
où les parcours interviennent pour une large part dans l'alimentation. Ce système doit son extensivité
aux larges espaces utilisés pour l'alimentation des troupeaux (30 millions d'ha, parcours forestiers com-
pris). Les déplacements des animaux sur les pâturages en période d'abondance et sur les étendues agri-
coles durant le reste de l'année sont nécessaires pour la production. Dans ce processus naturel, les
naissances ont lieu durant les saisons d'abondance et la production animale dépend donc de la disponi-
bilité en aliments naturels. Il y a donc une concentration au niveau de la production d'animaux dans le
temps : l'offre qui est abondante à certaines périodes de l'année est réduite à d'autres. Ce type d'élevage
concerne essentiellement les ovins et caprins et explique le caractère saisonnier des viandes ovines.
2) Un deuxième type est l'élevage, dit « semi-traditionnel », utilisant les technologies de l'alimentation
sur les terrains de culture. Ici, les terres non cultivées servent toujours de réservoir d'herbe naturel et les
terres cultivées fournissent au cheptel les résidus des cultures. Ce système est souvent décrit comme un
moyen efficace d'intégration des animaux et des cultures. Ce type d'élevage concerne les ovins et les
bovins. Il dépend toutefois des conditions climatiques et des récoltes. L'offre d'animaux dans ce systè-
me est fluctuante et présente une saisonnalité certaine. Les naissances ont également lieu durant les
époques d'abondance.
3) Le troisième type d'élevage développé ces trentes dernières années est le ranching où la conduite
rationnelle sur parcours est suivie, si nécessaire, d'une complémentarité. Il concerne essentiellement les
bovins et les taurillons de boucherie.
4) Le quatrième type est un élevage moderne utilisant la technologie où tous les facteurs sont maîtri-
sés. Les entreprises publiques et privées développent actuellement ce type d'élevage surtout en raison
de la stabilité qu'il procure étant beaucoup moins sensible aux aléas climatiques. L'alimentation du
cheptel est dans ce cas assurée par le marché et une production agricole axée sur l'alimentation du
bétail. Ce type d'élevage concerne l'aviculture, mais aussi la production ovine et bovine.
5) Enfin, des embryons d'élevage industriel sont en cours de développement. Ce système est tributai-
re de l'industrie des aliments du bétail, d'une part, et de la maîtrise des techniques de production fourra-
gère d'autre part.
Ces cinq grands types d'élevage présentent plusieurs variantes. L'embouche, qui consiste en l'achat d'ani-
maux maigres provenant des deux premiers systèmes pour une vente à l'abattage après engraissement,
demeure largement pratiquée en raison de la disponibilité de l'alimentation à moindre coût.
Ces systèmes d'élevage sont en grande partie dépendants des conditions climatiques (des sécheresses
en particulier). Bien que d'importants ajustements peuvent se faire dans chaque système de production,
en période de sécheresse, il y a une plus forte demande en aliments industriels. Ce qui se répercute sur
le coût de l'alimentation et accroît le prix de la viande de qualité si des technologies appropriées ne sont
pas adoptées. Le gain de productivité devient ainsi déterminant. Par ailleurs, dans le secteur traditionnel
les prix des animaux peuvent diminuer avec les sécheresses, entraînant une réduction des prix de la
viande de moindre qualité.
La production animale agrégée demeure tributaire des conditions climatiques et des fluctuations saison-
nières en raison de la prédominance des deux premiers types d'élevage ci-dessus. Les deux autres
types d'élevage utilisant des technologies plus avancées doivent se développer afin de faire face à la
demande de viandes de meilleure qualité.
Ainsi, l'offre agrégée dépendrait-elle, d'une part, des prix des outputs de tous les systèmes de produc-
tion, d'autre part, des prix de tous les inputs pour les viandes de différentes qualités.
Ces dernières remarques amènent à dire que parmi les cinq systèmes, l'élevage de type pastoral et celui
de type agricole continueraient de transmettre leurs aléas à l'offre totale. Cependant une industrialisation
des inputs alimentaires naturels et agricoles pourrait procurer à l'offre totale une plus grande stabilité,
voire une amélioration. Mais la réalisation d'une telle performance exige des coûts supplémentaires qui
doivent être compensés par des gains de productivité au niveau des systèmes intensif et industriel.
A. Le plan laitier
Afin d'accroître la consommation de lait per capita, un plan laitier définissant la stratégie de développe-
ment de ce secteur à l'horizon 2000 a été développé depuis 1975. Il vise l'intensification de la production
laitière et le développement du circuit de commercialisation et de transformation (MARA, 1990).
Pour le premier aspect, quatre programmes d'action ont été entrepris par l'Etat.
Ce programme vise depuis 1975 l'accroissement de la production fourragère et la valorisation des dispo-
nibilités alimentaires (mélasse, pulpe sèche de betterave...). Ces actions ont été basées essentiellement
sur une politique de subventions des semences fourragères ainsi que sur des campagnes de vulgarisa-
tion. Actuellement, le programme alimentaire est surtout centré sur la diffusion de nouvelles espèces
fourragères (le maïs, le sorgho, la betterave fourragère dans les périmètres irrigués et les mélanges four-
ragers comme la vesce-avoine dans le bour favorable). Il faut noter que plus d'importance est donnée
aux techniques d'ensilage, de stockage et de valorisation des sous-produits de cultures (le traitement de
la paille à l'urée, par exemple).
Pour améliorer l'état sanitaire et lutter contre les maladies contagieuses du cheptel, des programmes
d'éradication des maladies ont été élaborés. Ainsi, un réseau de six laboratoires de diagnostic et d'ana-
lyses vétérinaires a été constitué dans les principales villes du Maroc. Une unité de fabrication et de
commercialisation des vaccins et produits vétérinaires a été créée en 1985 et un laboratoire national de
contrôle de ces produits a été créé en 1986.
De plus, des mesures de contrôle sanitaire et vétérinaire des animaux et des produits d'origine ani-
male ont été prises d'une manière plus systématique au niveau des ports, aéroports et postes fronta-
liers.
Concernant la transformation et la commercialisation des produits laitiers, la politique de l'Etat avait pour
objectif l'organisation de circuits par la création de centres de collecte du lait avec l'équipement néces-
saire pour les coopératives laitières. Actuellement, plus d'une vingtaine d'unités industrielles ont été ins-
tallées au Maroc.
L'Etat a mis en oeuvre des politiques de soutien au plan laitier (politiques de prix, de subventions et de
prêts en vue de préserver et promouvoir les revenus des producteurs).
B. Le plan viande
Son objectif principal est l'amélioration du niveau de consommation. Ainsi, trois programmes d'intensifi-
cation de la production des viandes ont été élaborés par les pouvoirs publics (les programmes avicole,
moutonnier et bovin).
a] Programme avicole
Depuis le début des années 70, l'Etat a procédé au développement du secteur avicole. Des
mesures spécifiques ont été entreprises en matière de diffusion des techniques d'élevage de poulet
de chair et des souches améliorées dans le but d'accroître la productivité de ce secteur.
Parallèlement, des politiques de subvention des facteurs de production (poussins, aliments compo-
sés, installation des unités et de leur équipement) ont été adoptées comme mesures économiques
de soutien.
En amont de la filière, l'Etat a encouragé l'installation d'usines d'aliments composés et d'unités de pro-
duction de poussins qui, actuellement, couvrent la totalité des besoins du pays.
b] Programme moutonnier
Compte tenu du rôle important de l'élevage ovin dans l'économie agricole du Maroc, non seulement en
tant que principale source de viande et produits joints (laine, peaux), mais aussi comme source de reve-
nus pour la plupart de la population rurale, les instances publiques ont basé leurs actions de développe-
ment de ce type d'élevage sur l'accroissement de la productivité par le biais de l'amélioration génétique
des races locales. C'est ainsi que des stations pilotes de sélection, au niveau de chaque zone « berceau
de race », ont été créées pour fournir des géniteurs améliorés aux producteurs.
Par ailleurs, une attention particulière a été accordée à la promotion de l'élevage industriel par le biais de
l'adaptation et la sélection de géniteurs importés destinés aux croisements industriels.
c] Programme bovin
Les actions de ce programme sont essentiellement centrées sur l'amélioration génétique et le dévelop-
pement des races à viande performantes et adaptées aux conditions d'élevage. Ce programme a été ini-
tié en 1969 par l'introduction de la race « Santa Gertrudis Marocaine » obtenue par croisement d'absorp-
tion avec la race locale. L'introduction de cette race dans les zones semis-arides et de montagne a
commencé en 1987.
L'Etat a commencé à introduire la race « Tarentaise » dans les zones du bour favorable afin d'accroître
les productions de viande et laitière.
Enfin ce programme a bénéficié des actions entreprises dans le cadre du plan laitier.
Le Tableau 1 en annexe montre l'évolution du cheptel bovin et ovin depuis 1969 à l'échelle nationale. Il y a
ainsi un déclin entre 1979 et 1984 pour le cheptel bovin avec une chute en 1981 due à la sécheresse cette
année-là. Par la suite, une hausse a été observée grâce à la reconstitution du cheptel qui avait presque
atteint son niveau d'avant la sécheresse de 1987. Le cheptel ovin a subi une évolution similaire avec une
chute brutale en 1980 et 1982 mais la reconstitution a été plus rapide.
La production et les prix des viandes rouges et du lait ont subi des fluctuations dues notamment par les
effets de sécheresse. L'observation de cette évolution sur plusieurs années met en évidence ces varia-
tions (Tableaux 2, 3, 4 et 5 en annexe).
Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine des fluctuations des quantités abattues. En effet, ces quantités
varient en fonction des forces du marché, des conditions d'environnement et de la taille du cheptel.
Par ailleurs, une part non négligeable de l'offre en viande est non contrôlée (MARA, 1990). En effet, bien
que la majorité des animaux passe par les abattoirs municipaux ou ruraux, une fraction est abattue
directement par le consommateur. L'abattage clandestin représenterait 15 % du marché et satisfait aux
besoins de 40 % de la population.
A l'échelle nationale, il y a 750 abattoirs ruraux dont la capacité varie de 10 à 1700 tonnes/an dont 711
sont contrôlés, alors qu'en zones urbaines, il n'y a que 61 abattoirs municipaux tous contrôlés. L'abattoir
le plus important est celui de Casablanca dont la capacité est de 30 000 tonnes/an ; un autre abattoir est
en projet de construction (Direction des abattoirs municipaux de Casablanca). De cette façon, 80 % des
viandes rouges sont contrôlées.
a] Evolution annuelle
Durant la période 1970–1979, les abattages des bovins ont régulièrement progressé au taux de 4 %/an. Les
prix moyens de gros ont également engendré un accroissement de 12,6 %. Entre 1970 et 1975, la production
bovine a chuté de façon irrégulière, d'un taux annuel de 7,1 %, suite à la sécheresse du début de cette
période. Ainsi, les prix ont diminué en 1981, jusqu'à 16,58 Dh/kg pour augmenter rapidement jusqu'en 1986.
De 1986 à 1991, le nombre des abattages a augmenté alors que les prix ont légérement baissé.
b] Evolution saisonnière
Les abattages de bovins sont importants en hiver (avec un maximum en janvier) et faibles en été (avec
un minimum en juillet). La différence maximale des prix des deux périodes est de 4 Dh/kg, soit 13 % du
prix moyen de gros. Les prix de détail ne varient pas beaucoup à cause de leur réglementation.
Ainsi, les variations du prix de gros suivent-elles, dans le sens opposé, l'évolution des abattages en rai-
son du cycle de production des bovins et de leur conduite alimentaire.
a] Evolution annuelle
Entre 1970 et 1979, les abattages des ovins et leurs prix de gros ont respectivement augmenté de 1,2 %
et 7,80 Dh/kg. De 1980 à 1985, les abattages ont subi d'importantes fluctuations mais le taux de pro-
gression n'était que de 0,2 % au cours de la même période. Au début, la sécheresse a entraîné une
chute du prix en 1981 jusqu'à 17,53 Dh/kg alors qu'en 1986 le taux d'accroissement du prix de la viande
ovine était de 15,9 %. A partir de 1986, les abattages ont progressé de 2,6 % alors que les prix de gros
ont chuté de 2,2 % en 1991.
b] Evolution saisonnière
La phase de haute production s'étend d'avril à juin avec un maximum en mai ; alors qu'en hiver, les abat-
tages sont faibles avec des minima en décembre et en mars. La différence entre les extrêmes est de
3300 tonnes, soit 61 % de la production moyenne.
Le prix de gros de la viande ovine, présente deux cycles au cours de l'année. En mai-juin et en octobre-
novembre les prix sont à leur minimum, les maximums se situent en mars et en août, avec une différen-
ce maximale de 3,60 Dh/kg, soit 10,5 % du prix moyen.
Comme pour les bovins, les prix de gros de la viande ovine varient dans le sens opposé des abattages.
L'ensemble des connaissances à ce jour permettent de souligner que le marché des viandes au Maroc,
tout en impliquant plusieurs agents économiques (dont les plus importants sont les éleveurs, les che-
villards, les bouchers et les consommateurs), demeure partiellement connu. Ainsi, d'autres études éco-
nomiques sur les déterminants de l'offre et de la demande dans le fonctionnement des marchés et la for-
mation des prix sont nécessaires.
Aux différents stades de la chaîne de commercialisation, la formation des prix des viandes souffre de dif-
ficultés liées aux stratégies des différents agents économiques en présence. Cependant, si la race de
l'animal, son poids et sa conformité générale sont aisément observables, les caractéristiques relatives à
qualité de la viande le sont beaucoup moins. Le marché des animaux, malgré la liberté des transactions
(puisque la majorité des animaux de boucherie sont échangés dans les souks) apparaît donc basé sur
les espérances des différents participants en fonction des caractéristiques les plus déterminantes de
chaque animal. Bien que le marché permette de révéler a posteriori ces caractéristiques de qualité au
moyen de l'établissement de prix différenciés, tout reste à faire concernant les décisions des agents éco-
nomiques. Ces derniers sont ainsi amenés à opérer en situation de risque (qualité et prix) où l'informa-
tion devient l'élément crucial dans la mise en place des stratégies.
Alors que la plus forte demande en viandes provient des villes, les animaux viennent de différentes
régions du Maroc. Si l'on tient compte de la race, l'espace géographique est plus limité, ce qui détermine
les bases des échanges interrégionaux, essentiellement destinés à ravitailler les villes en animaux
d'abattage, et donc à la production des viandes. Toutefois, les lieux d'engraissement sont les ceintures
urbaines où l'avantage est la proximité des lieux d'abattage. La législation actuellement en vigueur et les
technologies disponibles en matière de conservation et de transport des viandes ne rentre pas dans le
cadre des échanges interrégionaux mais dans celui des périmètres urbains où les animaux sont abattus.
Cependant, si ce marché subit les règles de l'offre et la demande au niveau de chaque région, c'est-à-
dire si ce sont les zones excédentaires qui livrent aux villes, les pouvoirs publiques, pour des raisons
d'ordre épidémiologique, peuvent intervenir pour introduire des dérogations.
1. Interventions de l'Etat
Les interventions de l'Etat concernent aussi bien les inputs que les outputs (animaux, viandes et produits laitiers).
A. Les inputs
L'Etat intervient par le financement de différents facteurs de production (les semences fourragères), les
subventions à l'acquisition, la vulgarisation et l'encouragement des techniques de conservation des four-
rages et la subvention pour l'achat d'ensileuses, etc.
Le marché des aliments pour bétail a la particularité d'être peu développé pour les ruminants puisqu'une
partie des aliments provient des parcours, jachères et sous-produits de l'exploitation.
Avant 1988, le son de blé et d'orge était distribué aux provinces en fonction de la consommation en fari-
ne. A partir de 1988, le son était vendu par les minoteries directement sur le marché libre. La pulpe
sèche de betterave était distribuée par la Direction de l'Elevage aux Directions Provinciales de
l'Agriculture et aux Offices Régionaux de la Mise en Valeur Agricole selon les effectifs bovins, notam-
ment, et la situation alimentaire de chaque région ; mais 20% ont été distribués aux provinces défici-
taires pour sauvegarder leur cheptel. Le financement pour cet aliment provenait de la taxe d'abattage.
Si les animaux sont commercialisés sur des marchés libres, les prix de la viande de détail et sous produits
sont fixés au niveau des provinces, sauf pour Casablanca et Rabat. Cependant, la fixation des prix n'est
pas aisée en raison de la diversité au niveau de la qualité des viandes et du nombre élevé de bouchers.
En plus de la fixation du prix au détail, d'autres règles, d'ordre quantitatif et qualitatif, sont en vigueur
dans les abattoirs.
Sur le plan quantitatif, il existe des taxes d'abattage en fonction du nombre d'animaux abattus et du
poids. En fait, il existe plusieurs taxes d'un abattoir à un autre et à destinations différentes (dont le minis-
tère de l'Agriculture et de Mise en Valeur, les institutions de bienfaisance, les communes et les commu-
nautés). Ce sont généralement : la taxe d'abattage, celle sur les viandes saisies, la taxe complémentaire
d'abattage pour la bienfaisance, la taxe frigorifique, celle sur le nettoyage des tripes, celle sur les peaux
et cuirs, la taxe de stabulation, celle sur les abattages exceptionnels, celle sur les viandes foraines et
enfin la taxe dite spéciale.
Les taxes sont parfois calculées sur la base des prix de la période précédente comme dans le cas de la
taxe d'abattage et de bienfaisance aux abattoirs de Casablanca. Pour les viandes de gros, elles figurent
dans la liste B (qui comprend les marchandises et les produits et services dont les prix et marges béné-
ficiaires sont fixés par les gouverneurs des provinces et préfectures).
Un contrôle de la qualité est effectué par les vétérinaires municipaux. Il s'effectue pour les animaux
introduits dans les abattoirs vivants ou non, entiers ou découpés. C'est ainsi qu'il est interdit d'abattre
des bovins mâles, castrés ou non, n'atteignant pas 200 kg vifs s'ils ont moins de quatre dents de rempla-
cement, les femelles bovines n'ayant pas moins de quatre dents de remplacement et toutes les femelles
en état de gestation apparente. En outre, des mesures de limitation de l'abattage des antenaises sont
prises en collaboration avec les autorités locales. Enfin, il est interdit d'introduire et de vendre des
viandes foraines dans les villes ou centres où existe un abattoir contrôlé ; à moins que ces viandes ne
soient estampillées à l'abattoir d'origine, accompagnées d'un laissez-passer, visitées et estampillées à
l'abattoir d'arrivée et transportées, sous housse de toile lavable, dans des paniers d'osier ou de roseau
et en voiture fermée.
Pour les viandes de détail, il y a également une inspection de toutes les morceaux de boucherie suscep-
tibles d'être livrés au consommateur ainsi que tous les produits transformés. La restriction qui s'impose
sur ce marché est la fixation du prix de la viande de détail ou de la marge bénéficiaire, par rapport au
prix de gros, par les autorités locales.
Concernant les restrictions sur les viandes frigorifiées ou congelées, celles-ci ne peuvent être mises en
vente ou vendues que revêtues d'une étiquette portant la mention « viande frigorifiée » ou « viande
congelée ». En outre, le transport doit être assuré par des véhicules isothermes pour les denrées réfrigé-
rées et congelées, et par des véhicules réfrigérant et frigorifiques pour les denrées uniquement réfrigé-
rées.
Pour le lait, les prix à la production et à la consommation ont été subventionnés jusqu'en 1979 afin de
permettre aux éleveurs et aux consommateurs d'avoir des prix intéressants.
Dans le cadre du désengagement de l'Etat en matière de fixation de prix, il a été décidé de procéder, en
juin 1992, à la libéralisation du prix du lait à la production et à la consommation (lait pasteurisé).
Cependant, l'application de cette décision n'est toujours pas en vigueur.
La transformation des animaux en viandes suit un itinéraire plus ou moins long en passant du produc-
teur au consommateur à travers des intermédiaires. Plus cet itinéraire est long, plus le coût final est
élevé.
A. Les producteurs
Ils peuvent être divisés en deux groupes : les agriculteurs et les éleveurs. Les premiers produisent
indépendamment de la demande du marché alors que les éleveurs professionnels en sont plus
dépendants. C'est pour cette raison que se sont développées les opérations d'engraissement dans
les grandes régions de consommation. Les problèmes de saisonnalité de l'offre peuvent ainsi être
réduits.
Leurs zones d'action se limitent au niveau des régions de production. Ils achètent les animaux sur les
petits marchés où ils entretiennent de bonnes relations avec les producteurs pour les revendre sur des
marchés plus grands dans la même région.
Ils collectent les animaux sur les marchés de production, avec ou sans l'aide des commerçants régio-
naux, et les transportent vers les zones de consommation.
D. Les chevillards
Ce sont des commerçants en viandes de gros. Ils achètent les animaux sur les marchés de produc-
tion ou chez les commerçants « collecteurs ». Généralement, ils les gardent et les nourrissent pen-
dant une certaine période et peuvent ainsi maintenir la régularité des ventes de viande.
E. Les bouchers
Certains d'entre eux achètent un nombre limité d'animaux chaque semaine ou chaque jour ; d'autres
achètent les carcasses directement chez les chevillards.
En pratique, les caractéristiques des animaux déterminent la quantité et la qualité des viandes offertes
au consommateur. Ainsi, les agents économiques courent le risque de ne pas pouvoir déterminer cor-
rectement ces caractéristiques et donc de ne pas réaliser leurs espérances de profit. Il en est ainsi des
éleveurs qui, bien que connaissant leurs animaux, risquent de les vendre à des bas prix et donc de réali-
ser de faibles niveaux de recettes. Les chevillards qui sont censés connaître suffisamment les animaux
et leurs performances risquent également des surprises à la suite d'appréciation incorrecte. Pour les
bouchers et les consommateurs, les risques sont moindres mais ils subissent les effets des prix de la
viande qui deviennent ainsi aléatoires.
Au niveau de chaque municipalité, une commission mixte regroupant les autorités locales et les représentants
des producteurs fixe les prix de gros et de détail. Dans les grands centres urbains, les prix de la viande vendue
en coupe européenne (filet, côtelettes...) sont libres, ce qui affecte certainement les revenus des bouchers.
D'une manière générale, le circuit de commercialisation des viandes rouges commence à la sélection
par l'éleveur des animaux destinés à la vente et finit par la vente au détail. En effet, au Maroc, les trois
circuits de commercialisation suivants sont identifiés selon le nombre d'agents qui y interviennent
(Driouchi et Marrakchi, 1994) :
❏ circuits directs ou courts, caractérisés par l'achat des animaux directement chez l'éleveur. Cette opé-
ration est accomplie par le chevillard, qui abat les animaux et distribue les viandes dans la même
région ; elle ne dure pas plus de deux jours en général. Ce type de circuit est spécifique des petites
villes ayant des élevages à proximité et dégage en outre des coûts et profits faibles ;
❏ circuits intermédiaires, rencontrés lorsque les lieux de production ne sont pas directement reliés aux
lieux de consommation. Les tâches sont réparties entre différents groupes d'agents, certains spéciali-
sés dans la collecte des animaux, d'autres dans leur transport ;
❏ circuits longs dans lesquels la production d'animaux a lieu dans des régions très éloignées des lieux
de consommation. Les animaux passent par plusieurs intermédiaires, à travers plusieurs souks, pour
arriver au bout de plusieurs semaines au consommateur.
Les marges nettes des intermédiaires sur la filière des viandes rouges évoluent en fonction des prix du
marché des animaux. Des études menées dans la région de Meknès en 1994 ont montré que la marge
nette par rapport au prix de vente au détail pour les ovins était de 5–10 % pour le collecteur, 8–12 %
pour le chevillard et 5–6 % pour le boucher.
B. Produits laitiers
La commercialisation du lait passe par deux circuits : le circuit organisé et le circuit traditionnel.
❏ Le circuit organisé approvisionne principalement le marché urbain en lait pasteurisé et dérivés. Le lait
des éleveurs passe par les centres de collecte (554 centres) qui alimentent à leur tour les usines de
transformation privées (16 dont 10 grandes unités) ou coopératives (24 dont 7 grandes unités). De
gros éleveurs peuvent alimenter directement ces usines. Une fois le lait transformé, les usines se
charge elles-mêmes de sa distribution aux détaillants.
❏ Le circuit traditionnel concerne près du tiers de la production laitière. Dans ce circuit, le lait provient de
producteurs non adhérents à des centres de collecte et des adhérents ayant un surplus de production
pendant les périodes de haute lactation. Une partie du lait est consommée frais, l'autre partie est transfor-
mée (en beurre, petit lait, raibi, etc.), selon des méthodes traditionnelles.
1. Demande en viandes
La demande en viandes rouges porte essentiellement sur les bovins et les ovins. En effet, la viande de
mouton est consommée au printemps et en été ; la demande en viande bovine se situe surtout en
automne et en hiver. Ce qui peut être dû aux préférences des consommateurs comme aux effets prix et
revenus, compte tenu de la coïncidence de la forte demande avec les périodes d'importante production.
De plus, il y a une demande importante pour les ovins et caprins pendant une période donnée de l'an-
née, l'Aïd El Kébir (fête du mouton), où 15 % des animaux sont destinés à l'autoconsommation (dont
29,8 % en milieu rural et 61,2 % en milieu urbain). Lors de l'Aïd El Kébir, 50 % des foyers abattent un
animal et à chaque baptême un ovin est abattu (MARA, 1990).
En revanche, la consommation de viande blanche n'a cessé d'augmenter entre 1970 et 1988. Le même
phénomène est observé pour les oeufs. La diminution de la consommation de viandes rouges est donc
en partie compensée par la viande blanche et les oeufs.
Les coefficients d'élasticité de la demande par rapport au prix direct et à la dépense totale pour différents
produits et selon le lieu de résidence figurent dans le Tableau 7 en annexe.
La valeur et le signe de ces paramètres permettent de classer les produits en différents groupes de biens :
❏ des élasticités-prix négatives avec des élasticités-revenu positives impliquent que tous les produits
indiqués sont classés comme biens normaux ;
❏ la demande en viande ovine en milieu rural augmente plus rapidement que la dépense totale, ce qui
implique que ce produit est un bien de luxe ; en plus, l'élasticité-prix est très élevée ;
❏ la viande ovine en milieu urbain et la viande bovine ont des élasticités-revenus élevées ; ce sont des produits
de première nécessité qui tendent à être des biens de luxe ; leurs élasticités-prix sont également importantes ;
❏ les abats, les tripes et la volaille en milieu rural tendent également à être des biens de luxe, mais,
contrairement aux produits précédents, leurs élasticités-prix sont basses.
Ainsi, les viandes rouges ont des élasticités élevées par rapport à la dépense totale. Ce qui signifie que
les besoins ne sont pas satisfaits. Le déficit s'applique également à la volaille, le lapin et le gibier en
milieu rural.
En effet, vers la fin des années 80, la consommation par habitant en produits d'élevage était faible en
comparaison avec les autres pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Tableau 8 en annexe).
La consommation annuelle moyenne en produits laitiers par habitant est d'environ 35 litres en 1993
(MAMVA, 1994), quantité qui reste inférieure à celle préconisée par les nutritionnistes (90 l/hab./an). Des
efforts de sensibilisation devraient donc être deployés pour amener le niveau de consommation aux
normes internationales.
La production locale de lait et dérivés couvre environ 80% des besoins de consommation (Tableau 9), les
importations sous forme essentiellement de lait concentré ou en poudre couvrant le reste (Tableau 10).
Les frais entraînés par l'alimentation fourragère comptent pour 80% à 90 % des coûts de production du lait
(Douslimane, 1992 ; Salah, 1994). Elle constitue donc le facteur le plus limitant de la production laitière.
1. Méthode d'approche
A. Viandes rouges
Pour étudier l'effet de tout changement au niveau du marché des viandes rouges sur les différents
agents économiques, il suffit d'avoir pour chacun l'offre en output ou la demande en inputs. Cependant,
pour le marché des animaux, l'estimation de la demande des éleveurs en inputs s'avère difficile en rai-
son de l'insuffisance d'informations.
Les données ont été collectées auprès des abattoirs municipaux de Casablanca et Marrakech. Elles
concernent les effectifs abattus, les quantités et les prix de gros pour les bovins et ovins.
Les collectes sont mensuelles et annuelles et s'étalent de 1977 à 1991 pour Casablanca et de 1980 à 1991
pour Marrakech. Au niveau national, les données sont relatives à la période 1986–1991. Elles proviennent
des travaux de Berrada (1991) et Zougagh (1993) et comprennent, outre les quantités et les prix des
viandes bovine et ovine, l'évolution des quantités et des prix du poulet, des oeufs et de la viande caprine.
L'offre en bovins et ovins ont des effets directs sur l'offre en viande rouge. Cependant, en raison du
manque d'informations sur la demande des éleveurs en inputs, une estimation répondant aux exigences
de la théorie économique n'a pas pu être faite. Mais, les données sur les prix de l'orge ont permis une
estimation de l'offre en animaux vifs pour Marrakech et Casablanca qui tient compte de l'offre en ani-
maux dans un passé récent, du prix des animaux et de l'ancien prix de l'orge (Equation 1 en annexe).
Certains chevillards achètent les animaux et les abattent après les avoir engraissés pendant quelques mois ;
d'autres les abattent directement. Cette différence fait que leur offre dépendra du prix en cours lors de la
période d'achat et des prix antérieurs. Par ailleurs, la décision du chevillard quant à la quantité à offrir le
mois en cours peut être influencée par l'offre du mois précédent. En adoptant la fonction Cobb-Douglas et
en tenant compte de ces éléments, l'offre à estimer correspondra à celle de l'Equation 2 en annexe.
La demande du boucher dépend de son capital et du prix de la viande et de ses substituts. En outre, il
tient compte de la différence entre les prix antérieurs et ceux en cours. Etant donné qu'il est amené à
vendre deux types de viande rouge (bovine et ovine), sa demande en viande bovine dépendra de celle
en viande ovine (Equation 3 en annexe).
La demande pour un type de viande dépend du prix de celle-ci, du prix des autres viandes ainsi que du
budget du consommateur. Suivant la forme de Cobb-Douglas, elle correspond à l'Equation 4 en annexe.
B. Lait
Les données sur les quantités de lait produites et les prix proviennent de différents rapports du ministère
de l'Agriculture. Il s'agit de séries annuelles allant de 1975 à 1992 qui concernent également les prix de
l'orge, de la paille et du son.
L'offre totale du marché correspond à la somme horizontale des offres individuelles des producteurs.
L'offre individuelle provient de la maximisation du profit de chaque producteur.
Etant donné que la production laitière diffère selon la part des effectifs des différentes races bovines
dans l'effectif total, cette part a été introduite dans le modèle, en plus des prix des inputs et de l'output
(cf. l'Equation 5 : modèle de l'offre du lait, en annexe).
A. Aperçu théorique
Les spécifications sont basées sur la maximisation du profit de l'opérateur économique. Les variables
explicatives utilisées sont les prix d'input et d'output. De cette façon, l'offre en animaux est fonction du
prix des animaux (output) et du prix de l'orge (input retenu). L'offre en viande de gros est fonction du prix
de la viande de gros (output) et du prix des animaux (input). Les prix des animaux et de l'orge considé-
rés sont les prix de Marrakech en raison de l'absence de données pour les autres régions. L'offre du
boucher en viande de détail n'a pu être estimée en raison de données insuffisantes sur le niveaux d'in-
puts consommés.
Les modèles dynamiques ainsi obtenus sont présentés pour chaque marché. Ils comprennent l'équation
estimée accompagnée des statistiques calculées pour chaque paramètre, le coefficient de détermination
(R2), les degrés de liberté (DL) et le Durbin-Watson (DW).
A partir du logarithme népérien des Equations 1 à 5 en annexe, l'estimation permet d'avoir directement
les élasticités des variables expliquées par rapport aux variables explicatives. Les élasticités de court
terme sont relatives à des temps précis durant les périodes concernées par l'étude alors que les élastici-
tés à long terme tiennent compte de la durée totale de chaque période.
a] Marrakech
Pour Marrakech, l'offre de bovins vifs au mois (t) est influencée par le prix des bovins vifs datant de dix
mois avec une sensibilité de 63 % et par le prix de l'orge datant de quatre mois avec une sensibilité de
45 %. Au-delà, les élasticités à court terme sont négligeables car l'effet de l'offre du mois précédent
(0,48) est statistiquement inférieur à l'unité (Tableaux 11 et 12). Les élasticités à long terme sont présen-
tées dans le Tableau 13. Ainsi, l'offre est très élastique par rapport au prix propre et peu élastique par
rapport au prix de l'orge. L'offre des ovins vifs le mois (t) est affectée par les prix précédents des ovins et
de l'orge, datant respectivement de deux et huit mois avec une même sensibilité de 50 %. Au-delà, les
élasticités à court terme sont négligeables. Le Tableau 13 montre que l'offre en viande ovine est très
élastique par rapport au prix propre (1,28) et au prix de l'orge (-1,28).
A Marrakech, l'offre en viande bovine de gros fait intervenir à 56 % son niveau du mois précédent. Elle
est peu élastique par rapport à son prix propre huit mois avant (0,61), et très élastique par rapport au
prix des bovins vifs trois mois auparavant. En s'éloignant davantage de la période de l'offre, l'élasticité
à court terme tend vers zéro. Les élasticités à long terme de l'offre pour le prix propre et pour le prix
des animaux, sont élevées, donc l'offre est très élastique à long terme (Tableau 14). Pour les ovins,
l'offre en viande de gros du mois (t) est sensible à l'offre du mois précédent (à 61 %). L'offre est élas-
tique par rapport au prix de gros quatre mois auparavant et par rapport au prix des ovins à cette pério-
de. Les élasticités s'affaiblissent de plus en plus en s'écartant de la période de l'offre. Cependant, à
long terme, les élasticités de l'offre sont très importantes pour les prix de gros de la viande et des ani-
maux.
b] Casablanca
Pour Casablanca, l'offre en bovins au mois (t) est déterminée par l'offre du mois précédent à 52 %, par
le prix des bovins sept mois auparavant (t-7) avec une sensibilité de 60 %, et négativement par le prix de
l'orge huit mois auparavant (Tableaux 11 et 12). En s'éloignant dans le temps, les élasticités de court
terme deviennent plus faibles. L'offre en bovins à long terme est très élastique par rapport au prix propre
et peu élastique par rapport au prix de l'orge (Tableau 13). Pour les ovins, les élasticités à court terme
de l'offre du mois (t) par rapport au prix trois mois auparavant et par rapport au prix de l'orge huit mois
auparavant sont faibles, de 0,28 et -0,28 respectivement. Ces élasticités sont négligeables au-delà. En
outre, l'offre est affectée par celle du mois précédent avec une sensibilité de 63 %. L'offre à long terme
est peu élastique par rapport au prix propre et par rapport au prix de l'orge.
L'offre en viande bovine de gros fait intervenir à 59 % l'offre du mois passé. Les élasticités à court terme
sont faibles pour son prix de gros quatre mois auparavant et pour le prix actuel des animaux. Pour les
mois précédents, les élasticités diminuent de plus en plus. Pour les ovins, l'offre est sous l'influence du
niveau du mois passé (67 %), du prix actuel des bovins (-69 %) et du prix des bovins deux mois aupara-
vant. Au-delà, les élasticités à court terme deviennent de plus en plus faibles. A long terme, les élastici-
tés de l'offre par rapport au prix propre et au prix des animaux abattus sont importantes aussi bien pour
les bovins que les ovins (Tableau 14).
L'offre nationale en viande de gros a une forme quadratique. Elle est fonction du prix de gros et de celui
des animaux (Tableau 12). L'offre nationale en viande est très élastique par rapport au prix de gros et
peu élastique par rapport au prix des animaux, pour les bovins comme pour les ovins (Tableau 14). Il
ressort des modèles estimés que l'offre en viande de gros est régie par le cumul des effets des prix de
viande de gros et des animaux. Les effets à court terme semblent moins importants. Ainsi, les che-
villards les plus anciens doivent mieux pouvoir anticiper les événements.
En général, l'offre en viande à court terme est très peu élastique, que ce soit à Casablanca, Marrakech
ou au niveau national ; car l'ajustement ne peut se faire qu'après une certaine période succédant les
ventes. Par contre, l'offre à long terme est plus élastique car les effets de changement de prix sont alors
observés même chez les producteurs d'animaux qui auront le temps de réagir aux mouvements des
cours de la viande.
C. Offre du lait
Le Tableau 15 donne résultats de l'étude de Khemakhem (1994) montrant l'estimation de l'offre du lait
au niveau national pour la période concernée.
Ainsi l'offre laitière nationale dépend de la race, avec une sensibilité de 42 % pour les femelles de race
pure. Elle est cependant très peu élastique par rapport aux prix relatifs du lait (0,064) et du son (-0,1) et
presqu'inélastique par rapport au prix relatif de l'orge (-1,25 10-5).
Les équations d'offre en lait estimées sur la base des prix en périodes de haute et de basse lactation
figurent en annexe (Tableau 15). Elles montrent que l'offre en lait n'est pas influencée par le changement
de prix en haute et basse lactation avec des élasticités propres respectives de 0,059 et 0,068. De plus,
la sensibilité Changement de l'offre/Changement des prix relatifs du son et de l'orge est la même pen-
dant les deux périodes.
Les demandes en viandes au gros et au détail sont respectivement estimées sur la base de la maximisa-
tion des profits des bouchers et de la maximisation de l'utilité pour le consommateur.
Pour l'ensemble des agents, la demande (X)* est transformée en utilisant le coefficient d'autocorrélation
de premier ordre (r) afin de corriger la multicolinéarité entre les variables se succédant dans le temps
selon la formule suivante :
(X)* = Xt - rXt-1
Ainsi, les élasticités à court terme sont calculées par rapport aux niveaux des variables du mois précé-
dent et du mois en cours alors que les élasticités de long terme le sont par rapport à la durée totale de la
période de l'étude.
Les résultats obtenus figurent aux Tableaux 16 et 17 respectivement pour le court terme et le long
terme. Les résultats de l'estimation de la demande en viandes par les ménages figurent au Tableau 18.
a] Viandes de gros
Pour Marrakech, la demande en viande bovine du mois (t) est affectée par son niveau du mois précé-
dent avec une sensibilité de 23 %. La demande à court terme a une élasticité propre de -0,43, une élas-
ticité croisée de 0,37 et une élasticité par rapport à la capacité financière de 0,78. A long terme, les élas-
ticités-prix propres croisées et par rapport à la capacité financière de la demande sont respectivement :
-0,56, 0.48 et 1,02.
La demande en viande ovine est déterminée par la demande du mois précédent avec une sensibilité de
24 %. A court terme, son élasticité-prix propres est de -0,42, son élasticité croisée est de 0,33, et l'élasti-
cité par rapport à la capacité financière est de 0,74. A long terme, les élasticités-prix propres croisées et
par rapport à la capacité financière sont respectivement de -0,55, 0,44 et 0,97.
Ainsi, le consommateur de viande de gros à Marrakech peut substituer la viande bovine par la viande
ovine et inversement. En plus, pour ces deux viandes, la demande est faiblement élastique par rapport à
leurs prix propres et elles ont des élasticités positives par rapport à la capacité financière.
b] Viandes de détail
Les estimations montrent que, pour la viande bovine, la demande des ménages est très élastique par
rapport au prix propre (-1,05). Alors que la dema nde de viande ovine est peu élastique par rapport à son
prix (-0,89). Les élasticités-revenu montrent que les viandes bovine et ovine sont des biens normaux
constituant une consommation de luxe pour la population de Marrakech (respectivement 1,04 et 0,92).
L'absence d'élasticités croisées pour ces demandes montre que la consommation d'une viande au détail
n'est pas affectée par une autre. Ce qui pourrait soulever une absence de substitution ou de complé-
mentarité durant une même période de l'année.
a] Viandes de gros
La demande en viande bovine de gros à Casablanca fait intervenir le niveau demandé le mois précédent
à 28 % et des sensibilités respectives de -0,46, 0,49 et 2,32 pour le prix propre, le prix croisé et les
capacités financières.
A long terme, les élasticités-prix propre croisées et par rapport à la capacité financière sont respective-
ment -0,64, 0,68 et 3,22. On en conclut que la demande du boucher en viande bovine est peu élastique
pour le prix propre, mais réagit rapidement à toute variation de la capacité financière.
La demande en viande ovine de gros fait intervenir le niveau demandé le mois passé à 46 %, les
niveaux de viande bovine du mois passé et du mois courant avec une sensibilité cumulée de 55 %. Par
ailleurs, à court terme, les élasticités-prix propre croisées et par rapport à la capacité financière sont
respectivement -0,55, 0,57 et 0,71, alors qu'à long terme ces élasticités sont respectivement -1,02,
1,05, et 1,32. Ainsi, la demande du boucher en viande est faiblement élastique par rapport au prix
propre à court terme (c'est le contraire à long terme). De plus, la variation de la capacité financière n'af-
fecte pas énormément la demande de façon instantanée mais la réaction est importante et lente.
b] Viandes de détail
Pour Casablanca, les demandes en viande bovine et ovine présentent des élasticités-prix propres éle-
vées (respectivement -1,22 et -2,99). En outre, les élasticités-revenu étant positives (1,46 et 0,38), les
viandes bovine et ovine sont des biens normaux, la première étant considérée comme une consomma-
tion de luxe. Par ailleurs, la demande en viande ovine est affectée à 22,2 % par le prix de la viande bovi-
ne, d'où l'apparition d'une substituabilité entre les deux viandes à Casablanca.
D. Au niveau national
Au niveau national, la demande en viande bovine des ménages est très élastique par rapport au prix
propre. Elle présente des élasticités croisées de -4,87 pour le prix de la viande ovine, de 5,26 pour la
viande caprine, de -0,46 pour le poulet vif, et de 0,32 pour les oeufs. De ce fait, la viande caprine est un
substitut de la viande bovine, alors que le poulet et les oeufs lui sont complémentaires. En outre, la vian-
de bovine serait considérée comme un bien de luxe à l'échelle nationale en raison de son élasticité-reve-
nu élevée.
La demande en viande ovine des ménages est également très élastique par rapport au prix propre. Elle
présente une élasticité croisée de 2,20 pour les oeufs, substitut de la viande ovine. Enfin, elle constitue
un bien normal à partir de l'élasticité-revenu.
Conclusion
Les différents marchés intégrés de Marrakech et Casablanca ont pu être caractérisés en fonction de
l'offre. Ainsi, l'offre en animaux (bovins et ovins) et viandes de gros, les demandes des bouchers en
viande de gros et des consommateurs en viande de détail ont pu être estimées.
Il ressort que les prix des produits ainsi que les inputs ayant permis leur obtention permettent d'expliquer
en grande partie les quantités offertes sur les marchés. Par ailleurs, ces variables explicatives, quand
elles sont retardées interviennent aussi dans le déterminisme de l'offre. Pour ce qui est de la demande
du bouchers en viande de gros, une variable supplémentaire semble jouer un rôle important. Il s'agit de
ses possibilités financières ou du capital investi pour l'exercice de sa profession.
Concernant l'estimation de l'offre d'animaux, il y aurait pour les bovins de plus longues périodes d'ajuste-
ment que pour les ovins. Pour les bovins, on peut attendre jusqu'à dix mois pour les effets des prix de
l'output (Marrakech) et jusqu'à huit mois pour ceux des aliments (Casablanca). Pour les ovins, l'attente
est plus courte (1 à 3 mois) dans le cas des animaux mais plus longue pour celui des aliments (8 mois).
Ce qui peut être lié au processus de production, notamment alimentaire, et à des décisions de mise en
marché qui ne sont pas forcément les mêmes pour les bovins et les ovins.
Les spécificités au niveau de l'élevage autour des centres d'abattage pourraient expliquer ces diffé-
rences entre les deux régions. Dans ce sens, l'offre à Casablanca semble correspondre lentement aux
modifications des prix des animaux mais aussi des aliments. Ce qui peut être dû à une plus grande
abondance d'animaux ou au fait que les régimes de fixation des prix pour les viandes et pour certains ali-
ments ont des effets sur la différence des comportements entre ces différents marchés. Une plus grande
abondance d'aliments du bétail à Casablanca (procédés de stockage, etc.), pourrait expliquer la lenteur
de l'ajustement au prix des aliments ; ce peut être vrai pour Marrakech également.
Concernant les offres de viande, bien qu'il y ait apparemment une grande différence entre les variables
pertinentes aux niveaux national et régional, les prix des viandes et des animaux déterminent, pour les
deux villes, les niveaux de l'offre. Là encore, les niveaux d'ajustement des offres de bovins sont apparus
plus lents que ceux des ovins. Huit à six mois sont nécessaires pour que l'offre bovine s'ajuste au prix de
la viande tandis que cette offre peut capturer les changements de prix d'animaux en 1 à 4 mois. Il faut
moins de temps pour que l'offre ovine soit influencée par les prix de la viande ; et elle est influencée ins-
tantanément par le prix des animaux
Les possiblités financières du boucher dont dépendent ses équipements de boucherie, mais aussi les
prix des viandes semblent déterminer la demande du boucher en viande de gros. Sa demande en vian-
de bovine est ainsi affectée par la quantité de viande ovine, les prix des deux viandes et le capital inves-
ti. Il en est de même pour la demande en viande ovine. Par ailleurs, il semble que les bouchers substi-
tuent invariablement les deux types de viandes en fonction des effets opposés des prix et tenant compte
des limites de leur propre boucherie où on doit trouver les deux viandes. Ceci est donc en conformité
avec la stratégie de maximisation des profits sous la contrainte des moyens dont disposent les bouchers
en vue d'acquérir les viandes bovine et ovine.
Les demandes des ménages ont montré que ces produits sont normaux et que l'élasticité-revenu a ten-
dance à les placer comme biens de luxe en général, à l'exception de la viande ovine à Casablanca. Les
effets des prix sont aussi élevés. Des possibilités de substitution entre viandes ont été observées à
Casablanca et au niveau national. Ce qui montre que la consommation de viande au Maroc mérite plus
d'attention en matière d'affinement des estimations et de politique économique.
Les autres enseignements sont liés aux effets des changments éventuels des prix sur les quantités
offertes et demandées sur chacun des marchés considérés. Ainsi, ce serait au niveau des abattoirs que
s'effectueraient les plus grands changements en raison du haut niveau d'élasticité à long terme. Bien
que les autres segments du marché soient sensibles aux changements de prix, il n'en demeure pas
moins que le niveau des viandes de gros soit plus déterminant. De tels résultats sont utilisables pour la
mise en place et le suivi de politiques économiques en matière d'élevage et de nutrition des populations.
Pour le lait, l'offre nationale est affectée par la part des bovins de race pure dans le cheptel.
L'augmentation de leur effectif entraîne une amélioration certaine de la productivité et par conséquent de
la production laitière totale.
Le prix du lait n'affecte pas d'une manière significative l'offre, que ce soit en période de haute ou de
basse lactation. En outre, les élasticités de l'offre du lait par rapport aux prix relatifs du son et de l'orge
restent faibles.
Les résultats de cette étude permettent de révéler un grand nombre de caractéristiques et d'indices
directement utilisables en politique économique sectorielle aux niveaux national et régional. Ainsi, des
évaluations et des simulations peuvent être appliquées à différents segments des marchés intégrés, ce
qui permettrait de les adapter aux différents types de décision, notamment celles relatives à la libéralisa-
tion de l'économie et au désengagement de l'Etat. Les résultats obtenus permettraient également aux
opérateurs sur ces marchés intégrés d'être plus efficaces et de mieux cibler leurs interventions. Il en
résulterait pour les éleveurs, les chevillards et les bouchers une meilleure gestion de la mise en marché
de leurs produits. Du côté du consommateur, les résultats permettraient d'améliorer le processus et les
stratégies d'acquisition des viandes de différentes qualités et des produits laitiers.
Enfin, cette étude a pu montrer que bien que les marchés des animaux et des viandes soient relative-
ment plus libres, les interventions publiques ont été jusque-là déterminantes dans l'établissement des
performances. Ces interventions, de moins en moins nombreuses en raison du processus de libéralisa-
tion économique en agriculture, ont eu quelques effets positifs sur ces marchés.
Les différentes études ont montré que les offres sont bien régies par des variables économiques (dont
les prix des produits et des inputs) et que les interventions publiques sont centrées essentiellement sur
les subventions directes et indirectes de ces prix. Les performances actuelles obtenues au niveau de
ces produits sont en partie liées aux politiques de l'Etat. La vulgarisation des innovations compte aussi
parmi les éléments déterminants.
Au niveau de la demande, les prix, qu'ils soient fixés par l'Etat ou par les autorités locales, et les revenus
des consommateurs, ont eu un rôle important. Ce qui montre encore que les politiques sociales ont eu
des effets indirects sur la demande.
Par ailleurs, il est certain que le programme de sauvegarde du cheptel est primordial et devrait être
maintenu malgré la nouvelle orientation de l'économie, car les ressources génétiques doivent être pré-
servées ainsi que les revenus des producteurs.
Toutefois, la libéralisation des prix des produits animaux, telle qu'elle est expérimentée à Casablanca et
à Rabat pour les viandes, est de nature à générer des conditions propices à un développement qualitatif.
Elle crée aussi des conditions plus favorables qui dynamisent la concurrence à tous les niveaux de la
filière 'production animale'. Ce qui provoque en même temps la demande en matière d'innovations sus-
ceptibles de diminuer les coûts à travers l'accroissement de la productivité. La recherche agronomique
nationale doit donc être en mesure d'offrir ces innovations tout en tenant compte de la compétitivité.
Références
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Rabat.
Annexes
Tableau 3. Evolution des cours de la viande bovine, viande ovine, viande blanche et des oeufs (en Dh cou-
rant) 1970-1993
1969 461,6 41 85
1970 474,7 47 40 99,0 23 6 0,4
1971 442,9 51 42 545,0 114 29 5,0 0,6
1972 504,9 56 49 482,0 137 30 5,0 0,6
1973 494,2 61 53 522,0 125 37 7,0 0,9
1974 548,0 70 58 738,0 168 55 38,0 10,0 0,8
1975 581,6 108 86 1 277,0 256 181 51,0 15,0 1,6
1976 578,5 141 113 1 676,0 550 133 68,0 29,0 5,8
1977 542,3 172 144 1 649,0 721 113 89,0 36,0 7,9
1978 588,2 210 171 2 330,0 1 435 725 104,0 35,0 6,3
1979 613,6 226 193 2 131,0 1 795 563 119,0 42,0 4,1
1980 617,0 230 189 2 478,0 3 235 715 151,0 40,0 5,2
1981 432,8 225 183 2 501,0 2 405 1 175 166,0 45,0 6,8
1982 408,2 210 184 1 817,0 3 400 437 197,0 47,0 4,4
1983 503,1 258 220 2 446,0 2 544 959 196,0 49,0 5,9
1984 518,3 294 240 3 213,0 5 400 1 073 189,0 58,0 6,2
1985 546,2 281 239 2 681,0 5 430 596 197,0 53,0 6,2
1986 601,5 286 250 2 553,0 5 114 711 173,0 39,0 9,0
1987 727,3 312 274 2 651,0 6 317 1 035 180,0 54,0 9,2
1988 803,7 338 300 2 752,0 7 520 1 051 189,0 59,0 10,0
1989 833,7 343 301 2 892,0 7 424 952 218,0 71,0 11,6
1990 869,0 370 325 3 122,0 7 839 478 253,0 81,0 12,0
1991 901,7 390 344 3 242,0 8 200 1 182 267,0 91,0 12,5
1992 920,0 440 383 3 907,8 8 600 1 408 285,0 110,0 13,0
1993 814,0 475 401 4 675,5 10 000 1 029 220,0 117,0 13,6
Tableau 7. Elasticités par rapport aux prix directs et aux dépenses totales, déduites du système presqu'idéal
de la demande
Elasticité Elasticité
Dépenses totales Prix directs
Produits Urbain Rural Urbain Rural
Maroc
1966-70 12.8 38.0 2.9 294
1976-80 11.5 38.4 3.7 321
Projection 2000 23.1 61.2 7.2 390
Tableau 10. Evolution des importations de produits laitiers (en tonnes) 1983-1993
Tableau 11. Equations de l'offre en animaux pour Marrakech et Casablanca à court terme
Marrakech
Casablanca
Marrakech
Casablanca
National
Tableau 13. Caractéristiques de l'offre en animaux par les éleveurs à long terme
Ville Espèce Elasticité Elasticité/orge
propre (Ep) (Ew)
Tableau 14. Caractéristiques de l'offre en viandes de gros par les chevillards à long terme
Niveau agrégé
LnYt = 3.23 + 0.42 LnRpt - 0.1 (Lnw2t / Lnw1t) - 1.25.10-5 (Lnw3t / (Lnw1t)3) (0.18) (0.16) (0.04) (0.00)
+ 0.064 (LnPmt / Lnw1t)
(0.024)
DL=11, R≤=0.89, DW=1.91
Haute lactation
LnYt = 3.23 + 0.42 LnRpt - 0.1 (Lnw2t / Lnw1t) - 1.33.10-5 (Lnw3t / (Lnw1t)3) (0.18) (0.16) (0.04) (0.00)
+ 0.059 (lnPht / Lnw1t)
(0.028)
DL=11, R≤=0.90, DW=1.92
Basse lactation
LnYt = 3.23 + 0.42 LnRpt - 0.1 (Lnw2t / Lnw1t) - 1.10.10-5 (Lnw3t / (Lnw1t)3) (0.18) (0.17) (0.04) (0.00)
+ 0.068 (LnPbt / Lnw1t)
(0.027)
DL=11, R≤=0.89, DW=1.90
Yt : offre du lait
Rpt : part de l'effectif des femelles reproductrices de race pure par rapport à l'effectif total
Pxt : prix du lait (x=m : moyen, x=h : haute lact., x=b : basse lact.)
wjt : prix des inputs (j=1: paille, j=2 : son, j=3 : orge)
Ln : logarithme népérien
Marrakech
Casablanca
(LnYb)* = 2.93+0.84(LnYo)*-0.64(LnPb)*+0.68(LnPo)*+3.22(LnDb)*
(6.8) (17.5) (-5.3) (5.2) (20.9)
DL=126 ; R≤=0.78 ; DW=2.05 ; P=0.28
(LnYo)* =0.22+1.02(LnYb)*-1.02(LnPo)*+1.05(LnPb)*+1.32(LnDo)*
(1.6) (56.5) (-22.8) (25.8) (92.7)
DL=126 ; R≤=0.98 ; DW=1.64 ; P=0.46
Marrakech
Casablanca
National
Yt : offre en temps t
Yt-1 : offre au temps t-1
Pt-i : prix au temps t-i
wt-j : prix de l'orge en temps t-j
_, _1, _2, _3 : paramétres à estimer
Yt : offre actuelle
Yt-1 : offre avec un passé récent
P2t-i : prix des viandes dans un passé de période i
P3t-j : prix des animaux vivants dans un passé de période j
_, _1, _2, _3 : paramètres à estimer
YBtD-rYBt-1D = ß.(YOtD-rYOt-1)ß1.(PBt-rPBt-1)ß2.(POt-rPOt-1)ß3
(Rt-rRt-1)ß4
YOtD-rYOt-1D = ß.(YBtD-rYBt-1)ß1.(POOt-rPOt-1)ß2.(PBt-rPBt-1)ß3
(Rt-rRt-1)ß4
YD : demande en viande
P : prix de la viande
R : capital
Indices :
B = bovin
O = ovin
t = actuellement
t-1 = passé récent
r : coefficient d'autocorrélation de premier ordre
ß, ß1, ß2, ß3, ß4 : paramètres à estimer
Yt : offre du lait
Rit : part de l'effectif de la race par rapport à l'effectif total (i=1 : race locale, i=2 : race croisée, i=3 : race pure)
Pt : prix du lait
wjt : prix des inputs
a,bi,cj,d : paramètres à estimer