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Science économique Notions du référentiel : monopole, oligopole,

pouvoir de marché.
3- La coordination par le marché

Thème 33 – Comment les marchés non concurrentiel fonctionnent-t-ils?

I. Qu’appelle-t’on marchés imparfaitement concurrentiels ?

Introduction

La concurrence pure et parfaite est considérée comme un modèle idéal pour 2 raisons :
 C’est d’abord un modèle théorique qui ne correspond pas à la réalité. En effet, peu de marchés réels respectent les règles
de la concurrence parfaite. Si l’on prend l’industrie en France au début des années 2000, on constate que 40% du marché
est détenu par des entreprises disposant de situation de monopole ou de duopole, 40 % par des entreprises en situation
d’oligopole, les situations de concurrence ne représentant que 20 % du marché.
 Mais, malgré son irréalisme, l’économie doit se rapprocher de la cpp pour les libéraux. En effet, c’est la forme
d’organisation économique la plus efficace selon ce courant économique (cf Sous-thème 1 – Comment fonctionne un
marché concurrentiel ?)

A. Définition de la concurrence imparfaite


Il y a concurrence imparfaite quand une des conditions de la cpp n’est pas vérifiée :
 Atomicité :
 il n’y a pas une multitude de producteurs
 mais un nombre limité
 homogénéité des produits :
 tous les produits n’ont pas la même qualité
 mais une différenciation des produits est présente
 libre entrée :
 de nouveaux producteurs ne peuvent entrer sur le marché
 du fait de barrières institutionnelles (Ministère de la défense) ou économiques (présence de
rendements d’échelle élevant la taille critique minimale)
 transparence du marché :
 l’information n’est pas libre et gratuite
 des imperfections de l’information sur la qualité des produits ou leur mode de production sont
présentes : rôle de l’innovation
 mobilité des facteurs :
 les facteurs de production ne peuvent pas circuler librement d’une activité à une autre
 car des investissements lourds et non récupérables ont été réalisés

B. La conséquence : un pouvoir de marché

1. Qu’est-ce-que le pouvoir de marché ?

En cpp que les acteurs du marché (offreurs comme demandeurs) n’ont aucune influence sur le prix. Le prix est subi. Ce sont des
price takers. (cf Sous-thème 1 – Comment fonctionne un marché concurrentiel ?)

 Le pouvoir de marché correspond à la capacité de la firme d’influencer le prix du marché au- dessus
du prix de CPP. On dit que les firmes sont faiseuses de prix (Price maker)
 Toutes les entreprises n’ont pas le même pouvoir de marché : plus elles peuvent élever le prix au-
dessus du coût marginal, plus leur pouvoir de marché est fort
 Le calcul rationnel de l’entreprise en est alors affecté : quand la firme est faiseuse de prix, elle sait
que si elle augmente le prix, la demande diminuera. Elle a alors le choix entre 2 stratégies :
 Augmenter le prix de vente, ce qui lui permet d’accroître le profit marginal unitaire, mais
qui entraîne une baisse des ventes
 Baisser le prix de vente, ce qui génère une baisse du profit marginal unitaire, mais permet
une hausse des ventes
 Le choix de la stratégie pour assurer le profit maximal dépend de l’élasticité prix de la
demande :
- Si la demande est inélastique au prix, l’entreprise a intérêt à augmenter le prix de
vente. La baisse des ventes sera plus faible que la hausse du prix de vente
- Si la demande est élastique au prix, l’entreprise a intérêt à diminuer le prix de
vente. La hausse des ventes sera plus forte que la baisse du prix de vente

2. Une classification des structures de marché selon le pouvoir de marché des firmes

Le pouvoir de marché dépend de 2 critères :


 Le nombre d’intervenants sur le marché
 Un produit homogène ou différencié, c’est-à-dire l’existence de produits substituables

En classant les structures de marché du plus faible au plus fort pouvoir de marché

Nombre d’intervenants Produits


CPP beaucoup homogènes
Concurrence monopolistique beaucoup différenciés
Oligopole peu les produits peuvent être
différenciés ou homogènes
Monopole une Un seul produit

a. Le monopole

Les caractéristiques du monopole sont les suivantes :


 un seul producteur sur le marché
 un seul produit (parfaite homogénéité des produits)
 une nouvelle entrée sur le marché est impossible
Comme il n’y a pas de concurrents, l’entreprise fixe ou le prix ou la production.

b. L’oligopole

L’oligopole correspond à la structure de marché suivante :


 Quelques grands producteurs
 les produits peuvent être différenciés ou homogènes
 Nouvelle entrée sur le marché impossible

L’oligopole est la structure de marché la plus fréquente : la production est assurée par un petit nombre de firmes qui exercent donc
une influence sur le marché. Par rapport au monopole, il faut prendre en compte un élément supplémentaire: le comportement des
concurrents. Chaque entreprise doit en tenir compte. Elle adoptera un comportement stratégique, de nature coopérative en
s’entendant ou conflictuelle, en jouant sur les prix ou les quantités.

Conclusion - Comment mesurer la structure des marchés ?

 Pour déterminer le type de marché, la première solution est de compter le nombre d’acteurs sur le marché. Or, il peut y avoir
beaucoup d’entreprises sans que la concurrence soit forte si chaque firme se concentre sur un créneau. C’est le cas du
transport aérien aux Etats-Unis : il y a une douzaine d’entreprises, mais beaucoup se concentre sur des vols régionaux
 Pour tenir compte du fait qu’un petit nombre d’entreprises représente une grande partie de la production on utilise l’Indice
de concentration du marché ou Indice de Herfindahl-Hirschmann (IHH) .Il mesure la concentration du marché en
additionnant les carrés des parts de marché de toutes les entreprises du secteur. Lorsque, par exemple, sur un marché
comptant cinq entreprises, chacune d’elles détient une part de marché de 20 %, l’IHH est alors égal à : 400 + 400 + 400 +
400 + 400 = 2000. Plus l’IHH d’un marché donné est élevé, plus la production est concentrée entre un petit nombre
d’entreprises. D’une manière générale, lorsque l’IHH est inférieur à 1 000, le marché est considérée comme concurrentiel ;
lorsqu’il est supérieur à 1 800, on considère que le marché est en oligopole.

II. Quelle stratégie ?

Comme les entreprises souhaitent obtenir le profit maximum, elles vont mettre en place des stratégies pour renforcer leur pouvoir
de marché. On peut alors distinguer 2 grandes stratégies :
 Des stratégies visant à réduire le nombre de concurrents : la concentration
 Des stratégies visant à réduire la concurrence entre les entreprises

A. Des opérations de concentration : des stratégies visant à réduire le nombre


de concurrents

1. Définition

Le terme concentration peut prendre deux sens :


 La concentration est une situation dans laquelle un petit nombre d'unités économiques contrôle un
domaine d'activité ou une part importante de cette activité.
 Le terme concentration est aussi utilisé dans un sens plus dynamique pour désigner le processus
par lequel, à un moment donné, la taille de certaines entreprises augmente ainsi que leur place
relative dans leur secteur d'activité.

2. Quelles formes de concentration ?

 L’entreprise peut effectuer deux formes de concentration qui se révèlent complémentaires car elles ont des avantages
différents.
 Dans tous les cas, les entreprises cherchent la croissance de la taille de l’entreprise parce qu’elle permet :
 d’atteindre la taille critique permettant de demeurer durablement sur un marché : dans les
activités très capitalistiques, il faut dépasser un certain seuil de production pour être rentable
en raison du coût élevé des équipements (l’industrie lourde par exemple obéit à ce principe et
est très concentrée).
 d’atteindre ou de se rapprocher d’une position de leader
 de disposer d’importants moyens financiers (ressources propres et financement de marché) et
d’un accès plus facile et moins coûteux au crédit
 et donc d’assumer les coûts de recherche, de publicité, de formation des salariés qui sont des
investissements immatériels souvent lourds financièrement

a. La concentration horizontale

 Des entreprises ayant la même activité se regroupent (par exemple, Exon et Mobil dans le pétrole)

 Les avantages :
 sur les coûts : la
concentration
horizontale permet la
réalisation
«d'économies
d'échelle», c'est-à-dire
la réduction du coût
moyen ou unitaire
obtenue par
l’augmentation du
volume de la
production. Ces économies peuvent être obtenues grâce à plusieurs mécanismes :
- étalement du coût fixe sur un plus grand nombre de produits
- suppression des activités en double (un laboratoire de recherche au lieu de deux, un
centre de comptabilité au lieu de deux...).
- pouvoir de négociation de la grande firme qui obtient des rabais de ses fournisseurs.
 sur les recettes : la réduction du nombre d’entreprises assure la domination du marché. La
grande taille confère en effet à l'entreprise et à ses dirigeants un pouvoir de marché accru.
b. La concentration verticale

 Des activités complémentaires le long d'une filière d'activité sont réunies (par exemple, la
standard Oil et les chemins de fer)

 Les avantages :
 L'entreprise réduit l'incertitude
sur ses approvisionnements et
ses débouchés. C’est le cas de
la Standard Oil qui va contrôler
le transport du pétrole en
achetant des lignes de chemin
de fer
 L'entreprise réduit son coût de
production moyen ou unitaire
parce qu'elle réduit ses coûts d'approvisionnement en supprimant la marge des
fournisseurs.

B. Des stratégies visant à réduire la concurrence entre les entreprises

1. Des stratégies conflictuelles

Une entreprise peut vouloir rester seule sur le marché ou limiter le nombre de concurrents. Plusieurs possibilités s’offrent à elles :
 Jouer sur la qualité du produit : réaliser de la Recherche- Développement pour innover et ainsi différencier les produits
 Jouer sur le prix du produit : diminuer ses prix pour attirer les clients. Elle oblige ainsi les autres entreprises à diminuer le
prix. Si le concurrent ne le peut pas du fait d’un coût moyen trop élevé, celui-ci perdra ses clients et disparaîtra.

2. Des stratégies coopératives

 La collusion, ou entente, est un accord, parfois explicite, souvent implicite, visant à limiter la
concurrence.
 La forme la plus aboutie de l'entente est le cartel. C’est un accord explicite qui peut prendre plusieurs
formes :
 La définition d’un niveau de production et donc du prix des produits.
 le partage du marché : le cartel attribue ainsi à chaque entreprise, pourtant juridiquement
indépendante, des quotas de production.
 Dans tous les cas, l’entente fixe les quantités vendues et leur répartition entre les producteurs
(quotas) de telle façon que le prix soit supérieur à celui fixe par le marché en CPP (exemple : les
sept sœurs producteurs de pétrole). Ce prix dégage une « rente » qui est égale à la différence
entre le coût de chaque producteur et le coût du producteur marginal (le producteur le moins
efficace).

III. Faut-il mener une politique de la concurrence?

Introduction – Définition de la politique de la concurrence

 Face à ces stratégies d’entreprises, les pouvoirs publics sont tentés d’agir.
 C’est la politique de la concurrence : c’est l’ensemble de normes juridiques destinées à permettre
une concurrence effective, équitable et surtout profitable aux consommateurs. L’objectif de la
politique de la concurrence est de protéger un processus concurrentiel : vérifier que les
entreprises qui dépassent les autres le doivent à leurs propres mérites, grâce à des prix plus
faibles, une meilleure qualité des produits, une relation client efficace.

Or cette politique ne fait pas l’unanimité.

A. Les limites des politiques de la concurrence

1. La politique de la concurrence est inutile

 Le fait que peu de vendeurs se trouvent sur un marché ne signifie pas que la concurrence soit inexistante. En effet, les
entreprises en situation dominante ne sont pas à l’abri de l’entrée d’un nouveau concurrent dont les produits seront de
meilleure qualité et moins chers.
 D’après les auteurs libéraux ( dont M.Friedman), comme le marché de cpp assure croissance et efficacité économique,
toute intervention économique de l’Etat, par le biais de lois, n’a aucune légitimité.

2. Et inefficace

 pour certaines activités, le monopole est la structure de marché la plus efficace. On parle alors de monopole naturel :
une branche est en monopole naturel lorsqu’elle se caractérise par de fortes économies d’échelle.
Autrement dit, plus la quantité produite augmente, plus le coût moyen diminue. Dans ces
conditions, il est plus efficace d’avoir une ou quelques entreprises sur le marché. Les activités en
monopole naturel sont celles où les coûts fixes sont les plus importants : énergie,
télécommunication, distribution d’eau

 Le monopole ou l’oligopole peuvent être source de croissance : Schumpeter met en évident l’effet positif du monopole
sur la création de richesses :
 En monopole , l’entreprise fait un surprofit
 ce profit de monopole est la rémunération du risque de l’entrepreneur
 ce surprofit pousse alors les entreprises à innover :
- elles sont motivées à innover , car ce profit compense la prise de risque
- ce surprofit permet de financer la Recherche-Développement

B. Une politique utile dans certains cas

 La politique de la concurrence a pour objectif de protéger les acheteurs, qu’ils soient des entreprises ou des
consommateurs :
 en prévenant les pratiques anticoncurrentielles
 en empêchant certaines fusions d’entreprises
 en sanctionnant les ententes

 En effet, des prix élevés de manière injustifiées sont aussi problématique pour les entreprises : la hausse du prix des
produits semi-finis peut accroître leurs coûts de production et réduire leur rentabilité

 Ainsi la politique de la concurrence doit arrivéer à la situation optimale à la fois pour les entreprises et les
consommateurs :
 Eviter des prix élevés
 Des quantités échangées trop faibles

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