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Le « genre épistolaire » est un genre littéraire qui regroupe tous les documents de correspondance

écrite entre deux personnes comme la lettre, bien sûr, mais aussi les romans constitués uniquement
de lettres.

1 – La lettre authentique

La lettre authentique correspond à un texte écrit par une personne réelle : il peut s’agir d’une lettre
privée et personnelle, ou d’une lettre ouverte destinée à être connue du plus grand nombre.

2 – La lettre ouverte

C’est un document adressé à une ou plusieurs personnes, destiné à être lu par un large public par
voie de publication. La lettre ouverte instaure souvent un débat ; elle a une intention polémique.

3 - La lettre fictive et le roman épistolaire

La lettre fictive peut donner l’illusion d’une vraie correspondance, mais l’expéditeur et le destinataire
sont des personnages imaginaires de roman, de théâtre. La lettre fictive est insérée dans une œuvre
romanesque, théâtrale, un recueil de poèmes, etc.

Ex : dans Pantagruel de Rabelais, on peut lire une lettre de Gargantua à son fils. Le père encourage
son fils, parti étudier à Paris, à bien travailler. C’est en fait une ‘lettre-prétexte’ pour Rabelais qui y
expose ainsi des principes d'éducation humaniste.

Le roman épistolaire est constitué d’un ensemble cohérent de lettres fictives entre différents
personnages. Il donne l’illusion d’une vraie correspondance, mais l’expéditeur et le destinataire
direct sont imaginaires. Le roman épistolaire peut servir à faire dire par des personnages des vérités
que l’auteur véritable ne souhaite pas exprimer frontalement, pour se garantir de la censure ou
cultiver une esthétique littéraire, un style. Le lecteur se trouve en prise directe sur les mots et les
pensées avouées des personnages, et l'usage de la lettre fonctionne comme un puissant « effet de
réel ». Avec les Lettres persanes, Montesquieu inaugure le roman épistolaire polyphonique, en
même temps qu'il l'ouvre à la critique sociale.

Les caractéristiques du genre épistolaire :

 Le côté formel :

— L’ouverture avec l’indication du destinataire dont on trouve des marques de présence dans le
corps de la lettre : formule d’appel ou adresse.

— La mention de lieu et de temps : le contenu de la lettre ne prend sens qu’à partir d’un ici et
maintenant.

— La clôture avec la formule de politesse ou d’adieu et la signature.

— Les marques de la personne du destinataire créant l’illusion d’un dialogue.

— La forte présence du scripteur dans le texte (accès à une intériorité).

— Les lettres impliquent une communication différée dans l’espace (France /Allemagne) et dans le
temps.
 Le contenu :

- la double énonciation : entre émetteur et destinataire / et entre auteur et lecteur.

- la polyphonie : La superposition des voix relève de ce que Bakhtine appelle la polyphonie ou le


principe de dialogisme. C’est l’idée qu’il y a plusieurs voix dans le texte. Le roman épistolaire permet
d’organiser une multiplicité de voix et de points de vue. Chaque protagoniste a une vision différente
d’un même événement, ce qui fournit au lecteur des clés de compréhension du récit différentes.

4 – Les fonctions du roman épistolaire

- Divertir : Le roman épistolaire est d’abord un récit fictif qui captive l’intérêt et l’attention du lecteur,
de manière agréable. Le suspense, les styles variés des protagonistes y contribuent.

- Informer : la lettre décrit une réalité sociale, économique ou culturelle. C’est le cas des Lettre
anglaises de Voltaire, ou de la Nouvelle Héloïse de Rousseau : « j’ai vu les mœurs de mon temps, et
j’ai publié ces lettres. » (Rousseau).

- Fournir une analyse psychologique : la lettre laisse découvrir des personnages dont la trame
psychologique s’épaissit au fil de la correspondance, au travers de ce qu’ils disent, de ce qui est dit
d’eux, et aussi de ce qu’ils ne disent pas expressément mais est sous-entendu. Ainsi en est-il des
inquiétudes de Roxane dans Les Lettres Persanes.

- Débattre, polémiquer, critiquer : la lettre fait dire à d’autres des vérités -politiques, philosophiques-
que l’auteur ne souhaite pas assumer directement : soit pour entretenir une esthétique -courante au
XVIIIe- du masque, du travestissement, et du jeu de miroirs ; soit pour se protéger d’une éventuelle
censure ou d’une inquisition. L’auteur avance masqué, ou du moins s’en donne les apparences.

II – Intérêts d’un récit par lettres ?

- Les lettres renforcent l’effet de réel : L’univers fictionnel créé par le genre épistolaire repose sur
l’illusion de l’authenticité et du naturel. On a l’impression qu’il s’agit d’une véritable correspondance.

– La communication différée permet la réflexion.

- Grâce à la polyphonie, on a une variation et une multiplication des points de vue. Grâce à ces points
de vue et à ces voix narratives différenciées, on accède à une intériorité. On a un discours qui
renseigne sur l’énonciateur. Ce que le personnage dit de lui-même, ce qu’il écrit des autres, de ses
activités nous renseignent sur la psychologie, le portrait moral du personnage.

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