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Prix OJ D 2010 const ance dans le succès

Le guide Moci
Incoterms
2010 EXW DDP
FCA FAS
CPT FOB
CIP CFR
DAT CIF
DAP
En partenariat avec

Numéro spécial - 20 €
INCOTERMS 2010

Les Incoterms
2010
Guide pratique
pour les entreprises
Présentation des règles Incoterms
de la Chambre de commerce internationale (1)
version 2010, par rapport à la version précédente
d’un point de vue pratique d’utilisateur

Par Michel Abgrall-Lévy


(Coordination : Christine Gilguy et Gilles Naudy)

(1) Règles Incoterms® 2010 est une marque déposée de la Chambre de commerce internationale

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 3


INCOTERMS 2010 / Sommaire
LE MOCI
Directeur
Vincent Lalu
AVANT-PROPOS
RÉDACTION
6 Gagner avec les Incoterms
Rédactrice en chef
Christine Gilguy (31)
Rédactrice en chef adjointe L’AUTEUR
Isabelle Verdier (27)
Rédacteur en chef pôle logistique 6 Michel Abgrall-Lévy
Gilles Naudy (01 49 70 12 06)
Conseiller de la rédaction
Georges Rambaldi PRÉFACE
Enquêtes et reportages
Sylvette Figari, chef de rubrique (26) 8 Entreprises, soyez vigilantes !
François Pargny, chef de rubrique (23)
Jean-François Tournoud, chef de rubrique (21)
Réalisation
Madeleine Dorner, secrétaire de rédaction (38)
AVERTISSEMENT
Maquette 9 L’avertissement des Douanes concernant la sûreté-sécurité
Delphine Miot, rédactrice graphiste (37)
Lemoci.com
Sophie Creusillet, rédactrice Internet (30)

INTRODUCTION
Pour joindre votre correspondant par téléphone,
composez le 01 53 80 74 suivi des deux
derniers chiffres du poste. I/ LES CONTRATS, LES ACTEURS ET LES RÈGLES INCOTERMS
Conception graphique 11 A/ Le contrat de vente/achat
amarena
12 B/ Le contrat de transport
Impression 12 C/ Le contrat de commission de transport
RAS
14 D/ Le contrat de paiement
PUBLICITÉ
Directeur commercial 15 E/ Le contrat d’assurance
Pierre Bessière (01 53 80 74 01)
Directeurs de clientèle
Patrick Muzolf (01 53 80 74 05) II/ LES RÈGLES INCOTERMS 2010 EN DÉTAIL
Christian Blin (01 53 80 74 02)
Chef de projet pôle Événement 16 A/ Avantages, inconvénients : dix critères d’appréciation
Benoît de Montmarin (01 49 70 12 73)
Chef de publicité 21 B/ Le schéma d’une opération
Alexandre Morin (01 53 80 74 03) 22 C/ Les règles tous modes de transport
Antenne régionale sud
Karine Rosset (04 96 17 26 47) 1. Règle Incoterms 2010 EXW…
Assistante commerciale
et responsable technique 2. Règle Incoterms 2010 FCA…
Cindy Renaud (01 49 70 12 07) 3. Règle Incoterms 2010 CPT…
Fax de la publicité : 01 49 70 12 69
4. Règle Incoterms 2010 CIP…
GESTION, ADMINISTRATION
Secrétaire général 5. Règle Incoterms 2010 DAT…
François Cormier 6. Règle Incoterms 2010 DAP…
Directrice de la diffusion
Victoria Irizar (01 49 70 12 48) 7. Règle Incoterms 2010 DDP…
Comptabilité, gestion 36 D/ Les règles uniquement maritimes
Évelyne Montecot, Valérie Perrin
8. Règle Incoterms 2010 FAS…
Directeur du développement
Delphine Chêne 9. Règle Incoterms 2010 FOB…
Directeur de la fabrication
10. Règle Incoterms 2010 CFR…
Robin Loison 11. Règle Incoterms 2010 CIF…
Commission paritaire.
Publication n° 0911 K 81051 44 Tableau récapitulatif des coûts et risques concernant les règles
2009

ÉDITEUR Sedec SA Incoterms 2010


11 rue de Milan - 75009 Paris
Téléphone : 01 53 80 74 00
www.lemoci.com III/ 2000/2010 : LES DIFFÉRENCES
Directeur de la publication 46 A/ Continuons à tordre le coup aux idées reçues
Vincent Lalu
47 B/ Sur la philosophie
L’adresse électronique des collaborateurs
permanents est : 48 C/ Sur la forme
prénom.nom@lemoci.com 49 D/ Sur le fond
Copyright : toute reproduction, même partielle,
des textes et documents parus dans le présent
numéro est soumise à l’autorisation préalable de
CONCLUSION
la rédaction.

Illustrations : Chantrieux

4 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


INCOTERMS 2010

Avant-propos
Gagnez avec les Incoterms
Il est de tradition que Le Moci publie un guide à la conquête d’un client, mais aussi protéger sa marge
chaque fois que la Chambre de commerce internatio- bénéficiaire. Ensuite parce que les Incoterms, bien uti-
nale réactualise les Incoterms, ces fameux « termes lisés, permettent aux entreprises d’optimiser leur dis-
du commerce international », créés en 1936 par la positif logistique.
Chambre de commerce internationale (CCI/ICC, Inter- Pour cette édition 2010, nous avons choisi de réali-
national Chamber of Commerce). Ces derniers, réa- ser un guide pratique destiné aux utilisateurs, que sont
justés au fil des décennies, suivent plutôt qu’ils n’an- les directeurs logistiques, directeurs export, cadres
ticipent les évolutions de notre histoire économique. opérationnels des entreprises de prestation logistique
La version 2010, qui entre en vigueur le 1er janvier et de commission de transport.
2011, s’adapte à la nouvelle donne du XXIe siècle : elle Pour eux, l’auteur de ce guide, Michel Abgrall-Lévy,
tient compte de la montée en puissance de la Chine, décrypte le texte de la CCI et en tire les conséquences
de l’Amérique du Sud, de l’Inde et de la conteneuri- concrètes, Incoterm par Incoterm, sur les contrats et
sation croissante des trafics. Elle répond aux exi- l’organisation du transport de la marchandise. Sa pré-
gences de sûreté des marchandises exprimées par sentation avec dessins et tableaux veut offrir une com-
les États-Unis pour faire face à la menace terroriste. préhension immédiate, pour une prise de décision plus
Enfin, elle accompagne la forte croissance du com- rapide. Le guide permet aussi de mesurer les coûts
merce en ligne et le mouvement de dématérialisation et donc de choisir le dispositif logistique et douanier le
des documents. C’est à partir du texte de la CCI que plus profitable.
l’auteur, Michel Abgrall-Lévy, a travaillé. Enfin, le cabinet juridique Fidal et la Direction géné-
Rappelons-le, ces règles régissent le partage des rael des douanes livrent leurs avis d’expert sur cer-
coûts, des risques et les responsabilités incombant tains Incoterms. Avis pas toujours concordant avec le
aux différents acteurs d’une opération de vente à l’in- point de vue de l’auteur.
ternational, le vendeur et l’acheteur. L’enjeu est consi- Gilles Naudy,
dérable. D’abord parce que le choix d’un Incoterm rédacteur en chef du pôle logistique
détermine la réussite d’une entreprise à l’international, et transports du Moci

* Incoterms® 2010, publié par la CCI, prix : 60 euros. www.iccbooks.com

L’auteur
Michel Abgrall-Lévy, 58 ans.

De formation ISLI (Institut supérieur de la logistique Il a fortement réduit le coût logistique global des
industrielle, Bordeaux), il a fait l’essentiel de sa car- quatre filiales nordiques en simplifiant le plan de trans-
rière logistique en tant que responsable des trans- port de leurs approvisionnements en provenance de
ports internationaux de Schneider Electric, période deux centres français.
pendant laquelle il fut président de la commission air
de l’AUTF (Association des utilisateurs de transport Il est aujourd’hui consultant en transport et logistique
de fret) et président du Conseil européen des char- à l’international auprès de PMI, moyennes et grandes
geurs aériens. sociétés françaises et étrangères.
Il a, entre autres, assuré la formation en poste de
Il a activement participé à la mise en place d’une plate- l’équipe import d’une société française de matériel
forme de regroupement et de contrôle qualité de plu- électronique en provenance de Hong Kong.
sieurs fournisseurs italiens pour une usine américaine,
d’un centre de traitement de commandes en zone Il est auteur du « Guide Moci de la logistique & des
franche de Djebel Ali (Dubaï, Émirats Arabes Unis) transports à l’international » (Le Moci, 2010) et inter-
pour les clients de la péninsule, d’un plan de trans- venant en master à Paris I Panthéon-Sorbonne, à l’uni-
port domestique en Chine pour l’approvisionnement versité du Havre, en licence au Conservatoire natio-
et la distribution des sept usines. nal des arts et métiers et dans d’autres établissements.

6 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


INCOTERMS 2010

Préface
Entreprises, soyez vigilantes !
En matière d’Incoterms, la simplicité et la lisibilité term inapproprié peut avoir de redoutables consé-
s’imposent ! C’est avec cette exigence que la Cham- quences en termes d’obligation douanière ;
bre de commerce internationale a travaillé pour éta- Pour rappel, dans la grille des Incoterms existants, le
blir cette version des Incoterms 2010 qui devrait allé- dédouanement à l’exportation incombe en général au
ger considérablement le dispositif existant et clarifier vendeur, sauf si l’Incoterm EXW a été retenu. De
bien des choses. même, à l’importation, le dédouanement est à la
Pour rappel, les Incoterms sont devenus des instru- charge de l’acheteur sauf dans le cas du DDP ;
ments incontournables du commerce international. Ils • deuxième remarque : qui dit dédouanement en
permettent de répartir clairement les coûts et les Europe, dit aussi conséquences en matière de TVA
risques entre l’acheteur et le vendeur lors de la conclu- à l’importation. Si l’Europe des 27 États membres
sion et de la réalisation d’un contrat de vente à l’inter- forme un seul territoire douanier, il n’en va pas de
national. même en matière de TVA où chaque pays continue à
Les « International Commercial Terms » ont été mis en faire vivre ses propres spécificités. En cette matière
œuvre sous l’impulsion de la Chambre de commerce donc, la prudence est de mise.
internationale pour la première fois en 1936 et régu- À noter, dans cette nouvelle mouture 2010, la dispa-
lièrement mis à jour (1980, 1990, 2000), afin de tenir rition de l’Incoterm DDU, bien connu de la commu-
compte de la complexité croissante des probléma- nauté douanière, qui est remplacé dans la nouvelle
tiques du commerce international. version par l’Incoterm DAP (mise à disposition de
La nouvelle version des Incoterms 2010 vise plu- l’acheteur au lieu de destination) ;
sieurs objectifs : d’abord, la clarification et la simpli- • notre troisième observation concerne la fameuse
fication de certains Incoterms ; ensuite, la prise en « valeur en douane », grâce à laquelle sont calculés
compte de la sécurité en matière douanière suite aux les droits à l’importation et la TVA. Là encore, le
attentats du 11 septembre 2001, cette dernière choix de l’Incoterm n’est pas neutre pour la prise en
créant de nouvelles obligations à la charge des compte des coûts de fret et d’assurance dans la valeur
importateurs et des exportateurs ; enfin, le dévelop- à retenir. Gare aux redressements si les choses n’ont
pement de la conteneurisation. pas été faites correctement !
Même s’il subsiste des ambiguïtés relatives à l’existence Il faudra rester vigilant, quant à l’effort pédagogique à
d’autres systèmes de standardisation – nous retien- fournir, pour faire que ces règles soient parfaitement
drons, pour l’exemple, l’existence des six FOB améri- maîtrisées par chacun. Toute négligence risque d’ou-
cains, sources ponctuelles de confusions, ou encore vrir la voie à des redressements douaniers voire fis-
l’utilisation abusive du FOB, Incoterm normalement mari- caux. Il faudra aussi faire le lien avec le développe-
time, parfois utilisé quel que soit le mode de transport – ment des normes sécuritaires, notamment en Europe.
la reconnaissance des Incoterms fait aujourd’hui la Ces normes nouvelles, et singulièrement le dispositif
quasi-unanimité de la communauté internationale. ECS/ICS (Export Control System/import Control Sys-
Nous formulons cependant trois observations : tem), font peser des obligations avant l’exportation et
• la première vise les entreprises, qui ont trop sou- l’importation dont la combinaison avec le partage de
vent tendance à minimiser l’importance des Inco- responsabilités dicté par les incoterms, n’est pas tou-
terms en matière douanière et fiscale. Il est capital jours bien claire.
pour les exportateurs et les importateurs de bien savoir Stéphanie Thomas,
à l’avance à quoi ils s’engagent. Le choix d’un Inco- avocat, directeur associé chez Fidal

Avant de choisir un Incoterm, pensez à la douane !


Dans l’entreprise, le choix des Incoterms est sou- tations du pays d’importation sont mal connues, il
vent l’affaire des acheteurs et des logisticiens. Or, on peut y avoir des risques de blocage dans la chaîne
aurait tort d’oublier les services douane dans la fina- logistique.
lisation des contrats de vente. Attention également au croisement Incoterms/valeur
Attention ! Les Incoterms déterminent notamment en douane, l’enjeu étant d’optimiser et de sécuriser
qui est redevable des formalités à l’importation. Si les frais de transport et d’assurance dans la déter-
les Incoterms sont mal maîtrisés et si les réglemen- mination de cette dernière.

8 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


L’avertissement des Douanes
concernant la sécurité-sûreté
Adaptés aux nouvelles contraintes de la logistique et terms qui ne leur permettent de maîtriser ni l’aspect
des formalités sécurité-sûreté, les Incoterms sont logistique de leurs échanges ni la circulation de l’in-
aussi, indirectement, des outils d’optimisation des formation.
règles de la valeur en douane, contribuant au soutien Or, à l’exportation, avec la certification électronique
de la performance économique des opérateurs du de la sortie des marchandises du territoire douanier
commerce international. de l’Union européenne, la connaissance du bureau
Pour s’assurer que le contrat commercial se traduira d’exportation conditionne la bonne réalisation de l’opé-
par une valeur en douane optimisée (obligations res- ration. Dès lors, les contrats commerciaux jusqu’au
pectives du vendeur et de l’acheteur, répartition des point de sortie de l’Union européenne doivent être
frais, détermination du moment du transfert des coûts, privilégiés.
de celui du transfert des risques), il est essentiel De même, à l’importation, la transmission des don-
d’être vigilant sur le détail de la facturation et la nées sûreté-sécurité (ENS) doit être réalisée au
mention précise du lieu de livraison. Ainsi, selon premier point d’entrée dans l’Union européenne.
que la livraison intervient avant ou après l’entrée dans Les longues discussions des mois derniers entre char-
l’Union européenne, les frais de transport facturés geurs et transporteurs pour savoir « qui fait quoi » ont
devront être complétés ou une partie de ces frais démontré que la maîtrise de l’information jusqu’au
pourra être déduite, après répartition le cas échéant, moins ce premier point d’entrée désigne de fait celui
pour calculer la valeur en douane. qui pourra la donner à la douane.
L’Incoterm traduit également une répartition des rôles Par conséquent, privilégier les Incoterms assurant à
entre fournisseur et acheteur qui n’est pas sans inci- l’opérateur économique français la maîtrise de la
dence sur la mise en œuvre de l’amendement sûreté logistique jusqu’au premier point d’entrée dans
du Code des douanes communautaire au travers l’Union européenne semble pertinent.
d’ICS (Export Control System) et ECS (import Control Jean-Michel Thillier,
System). L’expérience démontre que la majorité des directeur de la sous-direction
opérateurs français à l’international utilisent des Inco- du commerce international de la DGDDI

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 9


INCOTERMS 2010 / Les contrats

Introduction
Les règles Incoterms de la Chambre de commerce Qui en paiera finalement les coûts ?
internationale (CCI) sont des outils mondialement Qui en sera responsable ? Le vendeur ou l’acheteur ?
reconnus, bien que souvent mal connus. Plusieurs mil- Les règles Incoterms, souvent (mal) connues, sont une
liers d’entreprises et près de 130 pays sont membres excellente base pour définir, lors d’une opération inter-
de la Chambre. Les INternational COmmercial TERMS nationale :
sont des règles officielles et à vocation universelle • le partage des coûts ;
pour l’interprétation des termes commerciaux (CCI • le partage des responsabilités ;
dixit). Selon les pays ou les produits, les usages com- • la fourniture des documents.
merciaux peuvent être différents. Si ce n’est pas for- Quoi de plus dangereux pour un acheteur et un ven-
cément très grave lors d’une vente ou d’un achat de deur que d’utiliser des mots dont l’acception peut dif-
proximité d’un faible montant, cela peut devenir catas- férer selon la langue, la culture, le pays, le marché, la
trophique pour une vente ou un achat important effec- génération ?
tués à l’autre bout du monde. Il est indiscutable que les travaux de la CCI ont été et
C’est en 1936 que la CCI a publié les premiers Inco- sont encore indispensables pour l’amélioration de la
terms. Ils ont été régulièrement revus en 1953, 1967, compréhension entre les acteurs du monde de l’achat
1976. À partir de 1980, les révisions ont été, et seront et de la vente à l’international, en Europe et même,
dès lors, décennales, 1980, 1990 et 2000 et main- maintenant, au national.
tenant la version 2010. Encore faut-il que ces travaux soient suffisamment
Ces révisions donnent lieu à un processus de concer- connus et bien exploités par ces mêmes acteurs. Com-
tation large et international. Trois ans avant la date de mençons par comprendre qui sont ces acteurs et quel
mise à jour, la CCI demande à un délégué national de est leur rôle dans les contrats où ils apparaissent.
chacun des pays membres de rédiger une proposi- Dans quelle pièce jouent-ils ?
tion de modification de la précédente version. Puis, Quel est le scénario ?
les différentes propositions sont discutées, modifiées, Et quelle est la règle Incoterms la mieux adaptée dans
amendées, révisées, remaniées pour donner la version ce scénario ?
définitive.
L’objectif de ces règles est de « coller » à la réalité du * En théorie, rien n’empêche d’inclure dans un contrat de
terrain, à ce qui se fait dans la pratique. Il ne s’agit pas vente d’aujourd’hui des Incoterms 1953. Pas pratique, pas
de donner des cours sur ce qu’il faudrait faire. judicieux, pas clair, pas facile, mais « légalement » possible.
Les règles Incoterms 2010 entrent en vigueur le
1er janvier 2011. Mais cette « entrée en vigueur » est
tout à fait théorique puisque la véritable entrée en RÈGLES INCOTERMS 2010 MULTIMODALES
vigueur, c’est l’incorporation de ces règles (voir enca- EXW… = Ex Works / à l’usine
dré « Où et comment…» page suivante) dans un FCA… = Free Carrier/ Franco transporteur
contrat de vente entre un acheteur et un vendeur *. CPT… = Carriage Paid To/ Port payé jusqu’à
Les règles Incoterms interviennent en effet au niveau CIP… = Carriage and Insurance Paid to/
du contrat de vente/achat entre le vendeur et l’ache- Port payé assurance comprise jusqu’à
teur, qui déclenchera toutes les opérations ultérieures
DAT… = Delivered At Terminal (remplace DEQ)/
d’emballage, de transport, d’assurance, de dédouane-
ment, en somme de livraison de la marchandise. Rendu au terminal
Il est impératif, pour éviter tout malentendu, de préciser le DAP… = Delivered At Place (remplace DDU, DES,
ou les points géographiques où s’applique la règle Inco- DAF)/ Rendu au lieu de destination
terms, où s’opèrent les transferts de risques et de frais. DDP… = Delivered Duty Paid/ rendu droits
acquittés
IMPORTANT
La nécessité « d’ancrer » géographiquement RÈGLES INCOTERMS 2010 MARITIMES
l’Incoterm choisi au contrat est matérialisée par FAS… = Free Alongside Ship/ Franco le long
les points de suspension placés après chaque
sigle. Exemple : Règle Incoterms 2010 CPT… du navire
FOB… = Free On Board/ Franco à bord
Le contrat de transport implique des opérations de CFR… = Cost and Freight/ Coût et fret
manutention (chargement, calage, arrimage, empo- CIF… = Cost Insurance and Freight/
tage du container) au départ et les opérations inverses Coût assurance fret
à l’arrivée.

10 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


I/ Les contrats, les acteurs
et les règles Incoterms
A/ Le contrat de vente/achat
C’est le premier contrat, celui par qui tout arrive, celui quoique la chose n’ait pas encore été livrée ni le prix
sans lequel rien ne serait possible. payé. »
Sur le contrat de vente (ou, bien sûr d’achat), le droit
français, comme beaucoup de droits nationaux, s’ex- Il fallait bien être un législateur pour parler d’une vente
prime très clairement : « parfaite » à ce moment-là !
« Article 1583 du code civil : En réalité, elle ne sera parfaite que lorsque la chose
Elle est parfaite (la vente) entre les parties, et la pro- aura été livrée par le vendeur et payée par l’acheteur.
priété est acquise de droit à l’acheteur à l’égard du Mais ceci est un point de vue de logisticien, nul n’est
vendeur, dès qu’on est convenu de la chose et du prix, parfait.

• Les acteurs
C’est la rencontre d’un vendeur et d’un acheteur Ils négocieront de tous les aspects du contrat, sou-
autour d’un produit et d’un prix. L’un et l’autre peuvent vent avec l’aide de techniciens, de juristes et, quel-
être représentés par un courtier. Cela ne change rien, quefois, de logisticiens. Des logisticiens pour régler
le contrat sera conclu en leurs noms. le point de la livraison de la marchandise.

Vendeur
Contrat de vente
Acheteur

Où et comment mentionner les Incoterms


dans le contrat ?
Dans un contrat de vente ou d’achat, plusieurs cha- Issues de la négociation entre l’acheteur et le ven-
pitres doivent être traités, parmi ceux-ci : deur, elles ne sont pas destinées à dégager une
• Qui sont les parties au contrat, qui contracte ? marge, mais à rendre le transport des marchandises
• La chose vendue et son prix, de quoi on parle et de aussi fluide que possible. Sans à-coups, sans zone
combien ? d’ombre, sans risque de perte d’informations, sans
• Comment l’acheteur va-t-il payer le vendeur ? prestations payées deux fois ou mal définies. Du
• Comment livrer, qui s’occupe du transport ? quai du vendeur jusqu’au quai de l’acheteur, qui, du
C’est dans ces dernières clauses, qui parlent de la vendeur ou de l’acheteur, doit faire quoi, doit dire
livraison, que l’on va trouver les règles Incoterms quoi à quel commissionnaire de transport pour que
2010. le transport se déroule sans accroc.

• Les règles Incoterms 2010


Le contrat de vente/achat est leur berceau, c’est dans • qui va supporter le risque sur la marchandise ;
le contrat de vente/achat que les acheteur et vendeur, • qui va fournir quel document ou information ;
parfois aidés par un logisticien, vont définir : pendant le transport des marchandises entre le quai
• qui va faire quoi pour organiser le transport ; du vendeur et le quai de l’acheteur.
• qui va payer quoi ;

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 11


INCOTERMS 2010 / Les contrats

B/ Le contrat de transport
• Les acteurs
Le transport de la marchandise peut être effectué par times avec lesquels le vendeur ou l’acheteur passera
les moyens propres de l’acheteur ou du vendeur. À un contrat direct. Dans ce cas, le contrat de trans-
l’international ce cas est rare. port est finalisé entre l’acheteur ou le vendeur (c’est la
Le transport peut également être fait par des trans- règle Incoterms 2010 choisie qui le définira) et le trans-
porteurs, routiers, aériens, fluviaux, ferroviaires ou mari- porteur.

Vendeur

Acheteur Contrat de transport

Transporteur Les pointillés signifient que l’acheteur ou le vendeur ne sont concer-


nés qu’en fonction de la règle Incoterms 2010 choisie. Les deux ne
peuvent pas être parties au contrat, c’est l’un OU l’autre.

Le cas ci-dessus est relativement rare et les ven- qui, pour son compte et en fonction de ses besoins et
deurs/acheteurs capables de contracter ce type de spécifications, va contracter avec le transporteur dans
contrat ont, en général, une parfaite connaissance le cas de groupage * (graphique ci-dessous).
des règles internationales, régionales, locales et même
des autres. * NDLR : Le groupage est l’action consistant à réunir les
Mais alors, dans ce cas, qui s’occupe du contrat de envois de marchandises provenant de plusieurs expéditeurs
transport ? C’est le commissionnaire de transport et/ou adressées à plusieurs destinataires.

Commissionnaire de transport
Contrat de vente
Transporteur

• Les règles Incoterms 2010


Dans le cas où intervient un commissionnaire de trans- teur appliquent la règle Incoterms 2010 que l’acheteur
port, le commissionnaire de transport et le transpor- et le vendeur ont négociée.

C/ Le contrat de commission de transport


Dans la plupart des cas, dans le cadre de contrats transport lui-même et fait appel à un organisateur com-
internationaux, l’acheteur/vendeur n’organise pas son missionnaire de transport.

• Les acteurs
Improprement appelé transitaire, et que nous appel- cet auxiliaire est l’interface entre le vendeur ou l’ache-
lerons commissionnaire de transport (voir encadré teur et le transporteur. Il prend en charge les mar-
«Définitions» page suivante) à partir de maintenant, chandises à un point et organise leur transport

12 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


jusqu’au point d’arrivée stipulé par l’acheteur ou le ven- du commissionnaire de transport du vendeur dans le
deur. Il existe deux cas de figure : pays de destination ne font intervenir qu’un commis-
- avec deux commissionnaires sionnaire de transport.
À noter qu’avec l’utilisation de certaines règles Inco- • C’est le cas lorsque le vendeur, en FCA dans les
terms 2010, deux commissionnaires de transport locaux du commissionnaire de l’acheteur, fait sa
peuvent intervenir, l’un au service du vendeur et l’autre douane export et livre la marchandise au commission-
au service de l’acheteur. Ce peut être le cas avec les naire de transport de l’acheteur par ses propres
règles Incoterms 2010 compris entre FCA dans les moyens ou par son transporteur.
locaux du commissionnaire de l’acheteur jusqu’à DAP • C’est également le cas lorsque, en DAP dans les
dans les locaux du commissionnaire de l’acheteur. locaux du commissionnaire de transport du vendeur
- avec un seul commissionnaire dans le pays de destination, c’est l’acheteur qui vient
Les 4 règles Incoterms 2010 suivantes : EXW, FCA chercher la marchandise (ou son transporteur) et qu’il
chez le vendeur, DAP chez l’acheteur et DDP, ne font assure lui-même le dédouanement à l’importation.
intervenir, dans la majorité des cas, qu’un seul com-
missionnaire de transport, à savoir celui de l’acheteur Lorsqu’un commissionnaire de transport intervient, le
en FCA et celui du vendeur dans les autres cas. contrat passé entre lui et le vendeur ou l’acheteur n’est
Les règles Incoterms 2010 FCA dans les locaux du pas un contrat de transport mais un contrat de
commissionnaire de l’acheteur et DAP dans les locaux commission de transport.

Vendeur

Acheteur Contrat de commission

Commissionnaire Les pointillés signifient que l’acheteur ou le vendeur ne sont


de transport concernés qu’en fonction de la règle Incoterms 2010 choisie. Les
deux ne peuvent pas être parties au contrat, c’est l’un OU l’autre.

Ce contrat de commission de transport est trop sou- rarement signé en temps que tel. Quelques sociétés,
vent implicitement inclus dans les conditions géné- acheteur ou vendeur, négocient ce type de contrat par
rales de vente du commissionnaire de transport et le biais, fréquemment, de contrats cadres.

DÉFINITIONS : COMMISSIONNAIRE ET TRANSITAIRE


Le commissionnaire de transport est soumis aux Le transitaire est un mandataire soumis aux arti-
articles 132-1 à 132-6 du Nouveau Code du com- cles 1984 à 2010 du Code civil, il a :
merce, il a : • une obligation de conseil ;
• une obligation de conseil ; • une obligation de moyens ;
• une obligation de moyens ; • une responsabilité limitée à ses fautes personnelles.
• une obligation de résultat ; Il effectue les opérations selon les instructions, le
• une responsabilité étendue à ses substitués. mandat, qu’il a reçus. Il supporte la prescription de
Il supporte la prescription annale et (Art. 108 du droit commun, 5 ans depuis la loi n° 2008-561 du
Code du commerce) et peut utiliser son droit de 17 juin 2008 entre commerçants. Il peut utiliser son
rétention sur les marchandises qu’il détient, y com- droit de rétention sur les marchandises qu’il détient,
pris pour des créances afférentes à des opérations l’impens, mais uniquement pour des créances affé-
antérieures. rentes à ces marchandises.

• Les règles Incoterms 2010


Les règles Incoterms 2010 sont scrupuleusement L’acheteur, ou le vendeur, ne voudra évidemment pas
appliquées par le commissionnaire qui devra répercu- payer des prestations qu’ils ont justement négociées
ter les frais que le transporteur lui aura facturés. de ne pas payer dans le contrat de vente/achat.

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 13


INCOTERMS 2010 / Les contrats
D/ Le contrat de paiement
Souvent, dans les opérations internationales, le paie- et, comme tout crédit, il est sollicité auprès d’une
ment s’effectue sous forme d’un crédit documentaire banque, souvent celle de l’acheteur. Plus qu’un moyen
(crédoc). de paiement, le crédoc est un outil de paiement visant
Comme toute lettre de crédit, il est demandé par à assurer le vendeur du paiement de la marchandise et
l’acheteur, suite à une exigence (souvent du vendeur), l’acheteur de son expédition en temps et en heure.

• Les acteurs
Pour que l’opération soit sûre pour tout le monde, la • l’acheteur est le donneur d’ordre ;
banque de l’acheteur s’adresse à la banque du ven- • sa banque est la banque émettrice ;
deur, et la banque du vendeur s’adressera au vendeur. • la banque du vendeur est la banque notificatrice,
Tous ces acteurs portent des noms propres au crédit souvent confirmante ;
documentaire (crédoc) : • le vendeur est le bénéficiaire.

Banque émettrice

Acheteur/donneur d’ordre
Crédit
documentaire
Banque notificatrice

La banque notificatrice règle le montant


Vendeur bénéficiaire de la marchandise au vendeur une fois qu’elle a visé
les documents prévus dans la lettre du crédoc.

• Les règles Incoterms 2010


Au risque de faire jaser dans les chaumières des Le crédoc s’attache à ce que le vendeur soit payé
puristes, force est de constater que les règles Inco- lorsqu’il aura expédié la marchandise.
terms 2010 ne sont pas si importantes que cela dans Le document principal, contre la fourniture duquel le
le crédoc. Parce que le crédoc organise le paiement vendeur sera payé, sera tout naturellement le docu-
contre des documents alors que les règles Incoterms ment de transport, seule preuve de l’expédition de la
2010 (comme les précédentes) organisent : marchandise.
• le transport des marchandises ; Or, ce document de transport – CMR (lettre de voi-
• la définition de celui, entre le vendeur et l’acheteur, ture), B/L (Bill of Lading, connaissement maritime) ou
qui supporte le risque sur cette marchandise ; LTA (lettre de transport aérien) – ne pourra être fourni
• qui, de l’acheteur ou du vendeur, fournit quelles infor- au vendeur que si la règle Incoterms 2010 choisie est,
mations et quels documents. au minimum, CPT, CIP, DAT, DAP, DDU en multimodal
ou FOB, CFR et CIF en maritime.
Le point commun aux règles Incoterms et au crédoc Nous le verrons plus en détail dans le chapitre II « Les
réside justement dans les documents à fournir. règles Incoterms 2010 en détail », Critère V, p. 17.

14 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


E/ Le contrat d’assurance
Un dommage peut survenir durant la phase de trans- du vendeur, supporte le risque, donc qui a un intérêt à
port. être assuré. Seules CIP et CIF définissent précisé-
Les règles Incoterms 2010, comme les précédentes, ment que c’est le vendeur qui assure la marchandise
déterminent, pour 9 d’entre elles, qui, de l’acheteur ou pour le compte de l’acheteur.

• Les acteurs
Lorsque le vendeur passe le contrat d’assurance, il le l’acheteur fournisse les informations nécessaires
fait auprès soit d’un agent, soit d’un courtier, soit du demandées par le vendeur, fournir aux frais de l’ache-
commissionnaire de transport. teur toute couverture additionnelle, s’il est possible de
L’agent agit pour le compte de la compagnie d’assu- l’obtenir, telle la couverture prévue par les clauses (A)
rances. Il ne sera à même de proposer que des pro- ou (B) de l’Institute of Cargo Clauses (LMA/IUA) ou
duits de cette compagnie. A lui de convaincre son toutes clauses similaires, et/ou une couverture
prospect que ce produit est le bon. conforme à l’Institute War Clauses et/ou Institute
Le courtier, qui agit pour le compte de l’assuré, Strikes Clauses (LMA/IUA) ou toutes autres clauses
cherche, et en général trouve le produit convenant au similaires.
besoin de son client et signe le contrat d’assurance L’assurance doit couvrir, au minimum, le prix prévu
avec le vendeur. au contrat majoré de 10 % (soit 110 %) et doit être
Dans le cas du CIP ou du CIF, le produit, le contrat libellée dans la devise du contrat.
d’assurance importe peu, puisque ce dernier est défini La couverture d’assurance doit couvrir les marchan-
très précisément par les règles Incoterms 2010 dans dises à partir de l’endroit de livraison énoncé dans A4
la clause A3 b). et A5 (voir les obligations du vendeur) jusqu’au moins
« Le vendeur doit fournir une assurance sur facultés au lieu de destination convenu.
au moins conforme à la couverture minimale four- Le vendeur doit fournir à l’acheteur la police d’as-
nie par les clauses (C) de l’Institute Cargo Clauses surance ou toute autre preuve qu’une couverture
(LMA/IUA) ou toutes autres clauses similaires. d’assurance a bien été obtenue. En outre, le ven-
De plus, l’assurance doit être souscrite auprès de deur doit fournir à l’acheteur, à la demande de ce der-
courtiers ou de compagnies d’assurances des mar- nier et à ses frais et risques (si c’est le cas) des infor-
chandises de bonne réputation et donner droit à mations dont l’acheteur a besoin afin de se procurer
l’acheteur, ou à toute autre personne ayant un intérêt toute assurance additionnelle. »
assurable sur les marchandises, à présenter sa récla- Le schéma ci-dessous, plus large, aborde les acteurs
mation directement auprès de l’assureur. du contrat d’assurance en fonction de celui, vendeur ou
Si l’acheteur l’exige, le vendeur doit, sous réserve que acheteur, qui supporte le risque sur la marchandise.

Les pointillés signifient que l’acheteur ou le vendeur ne sont


concernés qu’en fonction de la règle Incoterms 2010 choisie. Les
Vendeur deux ne peuvent pas être parties au contrat, c’est l’un OU l’autre.

Acheteur Contrat d’assurance

Courtier ou agent

À noter que, lorsque le vendeur ou l’acheteur demande commissionnaire de transport agit, pour ce contrat
au commissionnaire de transport d’assurer la mar- d’assurance, comme un courtier.
chandise, la très célèbre assurance ad valorem, le

• Les règles Incoterms 2010


Dans les règles Incoterms 2010 CIP et CIF, c’est le
vendeur qui souscrit l’assurance pour le compte de
l’acheteur.

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 15


INCOTERMS 2010 / Les règles en détail

II/ Les règles Incoterms 2010


en détail
A/ Avantages et inconvénients :
nos 10 critères d’appréciation
Avant d’entrer dans le détail de chacune des règles Nous avons donc choisi de coller à cette présenta-
Incoterms 2010, quelques mots pour expliquer les rai- tion, en nous basant d’un point de vue pratique et en
sons de la présentation que nous avons choisie. choisissant les critères qui nous paraissaient oppor-
Depuis 30 ans, chacun a pu apprécier la présentation tuns compte tenu de notre expérience internationale.
de la Chambre de commerce internationale. Ces critères d’appréciation sont vus, pour chaque
Voir, pour une règle Incoterms 2010 donnée, d’un seul règle Incoterms, du point de vue du vendeur et du
coup d’œil sur une double page, les caractéristiques point de vue de l’acheteur, dans un tableau synthé-
pour le vendeur ET pour l’acheteur selon des critères tique. Au nombre de dix, ils sont les suivants.
définis.

• Critère I/ Service au client


Il s’agit de considérer ici dans quelle mesure l’emploi, étant neutre par rapport à la qualité de service au
ou le non-emploi, de la règle Incoterms 2010 consi- client.
dérée peut jouer ou non sur la qualité du service au Quand on est vendeur, mettre à disposition de son
client destinataire de la marchandise. client la marchandise sur le quai de sa propre usine
En d’autres termes, si elle participe au service au client sous-entend un moins bon service que de livrer cette
en l’améliorant, en le détériorant ou, au contraire, en marchandise sur le quai de l’usine de son client.

• Critère II/ Maîtrise du transport


Ce critère a pour objet de déterminer si la règle Inco- Autre exemple, si une baisse subite des tarifs du
terms 2010 considérée permet à l’un des deux fret aérien survient, existe-t-il la possibilité pour le ven-
acteurs, le vendeur ou l’acheteur, d’agir sur l’organi- deur de faire partir une expédition prévue en mer par
sation du transport en cas de besoin. avion ?

Si, par exemple, un atelier va


s’arrêter parce qu’un lot de
pièces se révèle défectueux
et que d’autres de ces pièces,
bonnes, vont justement être
expédiées par voie maritime,
l’acheteur a-t-il une possibilité
d’expédier tout ou partie du
lot correct en avion pour aller
plus vite ?

16 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


• Critère III/ Optimisation du transport
Avec ce critère, il s’agit de savoir si le transport régi
par la règle Incoterms 2010 examinée permet une
consolidation avec d’autres expéditions.
En tant que vendeur, si l’on a plusieurs acheteurs (A1,
A2, A3…) dans un pays, il peut y avoir un intérêt logis-
tique et économique à demander à son organisateur
de transport (OTV, organisateur de transport du ven-
deur) de grouper des expéditions partant d’une même
région vers ce pays.
De même, pour un acheteur qui a plusieurs vendeurs
(V1, V2, V3…) il peut y avoir un intérêt logistique et
économique à demander à son organisateur de trans-
port (OTA, organisateur de transport de l’acheteur)
de grouper des expéditions partant d’une même
région.
C’est le cas, par exemple, de lots provenant de plu-
sieurs fournisseurs. Séparément, ils devraient partir
dans un conteneur mensuel de groupage. Mais,
regroupés dans un conteneur hebdomadaire, ils per-
mettront une plus grande fréquence de livraison et
diminueront ainsi le coût de possession des stocks
de chacun des articles.

• Critère IV/ Règles Incoterms 2010 et douane


La règle Incoterms 2010 considérée sel. S’il existe l’équivalent dans chacun
permet-elle à l’exportateur de récupérer des pays de l’Union européenne (ATLAS
facilement le document d’exportation en Allemagne, AIDA en Italie, CHIEF en
(EX1) qui justifiera la facturation hors Royaume-Uni, etc.), il n’en va pas de
taxes ? Si, en France, le système de même dans tous les pays tiers.
douane électronique Delt@ permet de Les règles Incoterms 2010 sont des
récupérer ce justificatif à l’écran, il ne outils utilisés à l’échelle mondiale, pas
faut pas oublier que, d’abord, Delt@ est seulement au départ ou à destination de
faillible, ensuite, qu’il n’est pas univer- la France ou de l’Union européenne.

• Critère V/ Règles Incoterms 2010 et crédit


documentaire (crédoc)
La question, avec ce critère, est de savoir si la règle • par acceptation : acceptation d’une lettre de change
Incoterms 2010 considérée est cohérente avec la tirée sur le client que la banque confirmatrice accep-
démarche d’un crédit documentaire. Le crédoc est un tera et qu’elle payera à l’échéance. Le crédoc consi-
contrat de crédit passé entre l’acheteur et sa banque. dère les documents à fournir par le vendeur (rubrique
Il doit davantage être considéré comme un mécanisme 46A du formulaire crédoc de Swift) pour être payé.
de paiement que comme un moyen de paiement. Ne Les règles Incoterms 2010 considèrent l’organisation
pas oublier qu’avec un crédoc le paiement peut être : du transport de la marchandise et les transferts de
• immédiat : paiement cash effectué dès remise des risque et de frais (clauses A3, A5 et A6, B3, B5 et B6
documents, s’ils sont conformes aux termes et condi- des règles Incoterms 2010) ainsi que les preuves de
tions du crédoc ; la livraison, clauses A8 et B8. Parmi les documents
• différé : si les documents sont conformes aux termes systématiquement exigés figurent la ou les factures,
et conditions du crédoc, la banque paiera le vendeur la liste de colisage et le document de transport.
à la date d’échéance stipulée dans le contrat de crédit Dans la pratique, le connaissement (B/L) à ordre se
documentaire ; rencontre avec des crédocs en CFR ou CIF.

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 17


INCOTERMS 2010 / Les règles en détail

Le document de transport exigible


dans un crédoc
Le document de transport peut être, entre autres :

• La lettre de voiture (CMR)


Elle est établie lors de la prise en charge de la mar-
chandise, par l’expéditeur ou pas, mais il est res-
ponsable des données qui y sont portées, dans le
cadre du transport routier international et même
domestique. Elle couvre les contrats avec les règles
Incoterms 2010 multimodales, soit EXW, FCA, CPT,
CIP, DAT, DAP et DDP.

• Le connaissement maritime ou Bill of Lading


(B/L)
Il est établi par l’agent de la compagnie maritime et
permet l’obtention de la marchandise au port d’arri-
vée lorsqu’il est établi à ordre. Avec un crédoc, il doit
être établi à l’ordre de la banque émettrice, banque
de l’acheteur. Ce document touche les contrats de missionnaire de transport remet à une compagnie
vente/achat associés aux règles Incoterms 2010 aérienne et ne comporte que le nom du commis-
FOB, CFR, CIF et CPT, CIP, DAT, DAP et DDP. sionnaire de transport.
La LTA ou AWB couvre les contrats de vente/achat
• Le connaissement de transport combiné ou avec les règles Incoterms 2010 EXW, FCA, CPT,
Combined Bill of Lading CIP, DAT, DAP et DDP.
Il est établi s’il y a au moins deux types de transport,
dont un transport maritime, dans les contrats de Attention !
vente/achat avec les règles Incoterms 2010 EXW, Le Forwarder Certificate of Receipt (FCR) confirme la
FCA, CPT, CIP, DAT, DAP et DDP. bonne réception des marchandises par le commis-
sionnaire de transport de l’acheteur qui l’établit.
• La lettre de transport aérien (LTA) ou Airway Bill C’est le seul document « de transport » à pouvoir être
(AWB) exigé dans le cadre de contrats de vente/achat avec
Elle est établie par le commissionnaire de transport les règles Incoterms 2010 EXW, FCA et FAS.
agréé par IATA pour le compte de la compagnie Selon les règles Incoterms 2010, la livraison a lieu à
aérienne. ce moment. Il ne fait malheureusement pas partie des
- La House Airway Bill (HAWB) concerne l’expé- documents définis dans les RUU 600, version 2007.
dition d’un expéditeur vers un destinataire qu’un
commissionnaire de transport remet à une compa- En aucun cas, un exemplaire de document de trans-
gnie aérienne et comprend les noms des expéditeur port avec signature du client pour bon de récep-
et destinataire. tion de la marchandise ne doit être accepté car il
- La Master Airway Bill (MAWB), concerne l’en- pourrait compromettre le paiement sans gêner la
semble des expéditions, le groupage, qu’un com- réception de la marchandise par l’acheteur.

Si l’on se base sur le formulaire de crédoc Swift, le délai d’obtention de ces documents, voir les dates
crédoc considère l’expédition de cette marchandise des rubriques 31D et 48 du crédoc (modèle Swift).
(rubrique 44C). Les règles Incoterms 2010 considè- Cela suppose que, lors de la définition des documents
rent sa livraison (clauses A4 et B4, A8 et B8). à fournir par le vendeur, l’acheteur et le vendeur ne
Durant la négociation du contrat de vente/achat, doivent définir que des documents utiles que le
l’acheteur et le vendeur doivent être attentifs lors de vendeur pourra se procurer en temps et en heure.
la discussion du chapitre « Paiement par crédit docu-
mentaire ». Ils doivent définir les documents utiles, et C’est lorsque le vendeur produit à sa banque (banque
seulement ceux-ci (à inscrire dans la rubrique 46A notificatrice et confirmante) les documents désignés
du crédoc). dans le crédoc que sa banque lui versera le montant
Le vendeur doit être attentif à la facilité ainsi qu’au mentionné dans le contrat de vente.

18 LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010


• Critère VI/ Règles Incoterms 2010 et Liner terms

Les règles Incoterms 2010 sont dans le contrat de règles Incoterms 2010, mais qui peut s’entendre mar-
vente/achat conclu entre le vendeur et l’acheteur. Les chandise livrée le long du navire, comme à Anvers ou
Liner terms sont des accords conclus entre des com- à Dunkerque. Une petite différence, mais source quasi
pagnies maritimes et des ports, ils interviennent donc certaine d’incompréhensions, de malentendus, voire
dans le contrat de transport maritime. de différends.
Le contrat de transport maritime est conclu entre la Par exemple, lors de la conclusion par le vendeur
compagnie maritime, ou son agent, et, le plus sou- d’une charte-partie avec une compagnie maritime en
vent, un commissionnaire de transport qui agira dans CFR LILO, Liner In Liner Out, le vendeur ne doit pas
le cadre d’un contrat de commission de transport demander le remboursement des frais de décharge-
signé avec le vendeur ou l’acheteur, selon la règle ment à l’acheteur, celui-ci n’étant pas partie au contrat
Incoterms 2010 négociée entre eux. de transport.
Il y a donc un risque fort d’interférence entre les
règles Incoterms 2010 et les Liner terms. Car ils La solution, très simple, consiste à n’utiliser que
apparaissent dans deux contrats signés par des des règles Incoterms 2010 multimodales, EXW,
acteurs totalement différents, contrat d’achat/vente FCA, CPT, CIP, DAT, DAP, DDU et DDP à chaque
avec acheteur/vendeur d’un côté et contrat de trans- fois que c’est possible.
port avec compagnie et commissionnaire de l’autre. Ces règles Incoterms 2010 multimodales sont par-
L’exemple type est le FOB. Cette règle Incoterms faitement adaptées à un grand nombre de transports,
2010 suppose un transfert de risque et de frais entre y compris maritimes et, surtout, conteneurisés, où les
le vendeur et l’acheteur à bord du navire dans les règles Incoterms 2010 maritimes sont inadaptées.

LE MOCI - Numéro spécial - 28 octobre 2010 19


INCOTERMS 2010 / Les règles en détail
• Critère VII/ Règles Incoterms 2010
et assurance des marchandises transportées
Ce critère apprécie si, dans la règle Les rubriques A4 et B4 du texte de la CCI parlent de
Incoterms examinée, la question de l’as- la livraison par le vendeur et de la prise de livraison
surance est bien définie. En effet, mal- par l’acheteur, quand les rubriques A5 et B5 parlent du
gré la clarté des précédentes versions transfert de risques. Les rubriques A3 b) et B3 b)
en ce qui concerne l’assurance des « contrat d’assurance » expriment clairement « Le ven-
marchandises transportées, certains deur n’a pas l’obligation vis-à-vis de l’acheteur de
confondaient encore supporter le risque conclure un contrat d’assurance… » pour toutes les
et payer l’assurance. règles Incoterms 2010 sauf CIP et CIF. CIP et CIF
Pour preuve, ces tableaux où l’on voyait expriment tout aussi clairement l’obligation faite au
la répartition « Coût à la charge du ven- vendeur, en A3 b) de souscrire une assurance facultés
deur / Coût à la charge de l’acheteur » pour le compte de l’acheteur et de lui en fournir la
clairement basculer sur le dos de police, ou équivalent.
l’acheteur à partir de CIP/CIF et se A3 b) précise également que l’assurance doit être
répartir en DAF. Depuis des années, les règles Inco- conforme aux dispositions de A4/A5 qui évoquent la
terms de la CCI n’ont pas varié. livraison et le transfert de risques.

• Critère VIII/ Pourquoi prendre cette règle Incoterms


Quelles sont les principales raisons qui militent en tique qui prendra en charge la marchandise jusqu’au
faveur du choix de cette règle Incoterms 2010, selon point de destination convenu. Il s’agit en général d’une
que l’on est acheteur ou vendeur ? Il s’agit de donner, plateforme d’éclatement dans le pays. Les DAT et DAP
de façon simple et claire, les raisons qui peuvent ame- sont de ces règles.
ner un acheteur ou un vendeur à la choisir. De même, l’acheteur peut très bien disposer d’une
plateforme de groupage dans un pays et la marchan-
Si le vendeur a un intérêt à choisir telle règle, c’est, le dise achetée sera alors prise en charge sur cette pla-
plus souvent, qu’il dispose d’une organisation logis- teforme. Il utilisera alors FCA.

• Critère IX/ Pourquoi l’éviter


Quelles sont les principales raisons qui militent en Une autre raison est la couverture en assurance par
faveur du non choix de cette règle Incoterms 2010 l’autre partie. C’est le cas des CIP et CIF.
selon que l’on est acheteur ou vendeur ?
L’une des raisons pour éviter d’utiliser une règle Inco- Enfin certaines règles permettent de proposer un réel
terms est la difficulté de récupérer la preuve de l’ex- service à son client, DAT, DAP quand d’autres limitent
portation (l’EX1). On retrouvera cette raison dans les cette notion de service à sa portion la plus congrue,
règles Incoterms EXW, FCA, FAS et FOB. EWX ou FCA.

• Critère X/ Avis général


Le propos est de donner une synthèse des différents teurs peu aguerris à l’utilisation des règles Incoterms
aspects abordés au-dessus. C’est le résumé des cha- 2010, pas forcément disponibles pour en acquérir les
pitres précédents, la conclusion en peu de mots des subtilités et peu disposés à se laisser équarrir.
motifs exposés dans les critères précédents. Elle est exprimée de manière simple :
Cette synthèse reflète une expérience vécue. Elle est • À éviter
destinée à faciliter le travail d’exportateurs/importa- • À privilégier

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