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u e nce
séq Récits de création et création poétique

p. 230-253

La poésie au fil des saisons

O Comment les poètes créent-ils un univers poétique ?


Comment représentent-ils les saisons et la nature ?

Objectifs Entrer dans la séquence p. 233


• Dire, lire et écrire la poésie au fil des saisons.
• Découvrir différentes formes poétiques exprimant Les deux activités proposées invitent les élèves à entrer
le rapport de l’homme aux saisons. dans l’univers des saisons par la lecture (images et texte)
et par l’écriture.
Présentation de la séquence L’odelette de Nerval (« Les Papillons ») peut être reliée à
La question « Récits de création et création poétique » l’image de l’été qui se trouve en fond de page et qui figure
offre l’occasion de faire dire et lire des poèmes la « moisson blondissante » et le « beau pré vert ».
célébrant la nature au fil des saisons, dans différents Le tableau de Giuseppe Arcimboldo représente l’automne
espaces culturels (France et Japon) et dans une (peint en 1563) ; il s’agit d’un portait de profil mêlant
perspective diachronique, du Moyen âge au xxe siècle. des éléments humains et végétaux (raisins, courges,
La diversité des formes étudiées témoigne du pouvoir pommes…). Au-delà de la célébration de la nature, on
créateur de la parole poétique quand elle chante le peut y lire une glorification des étapes de la vie, l’automne
monde au rythme des quatre saisons. La séquence représentant l’homme dans la force de l’âge.
permet aux élèves de construire une culture tant
littéraire qu’artistique et de produire des textes Découvrez des images
poétiques originaux. et des sensations
1. Les tirets permettent de repérer le dialogue ; divers locu-
Sites à consulter
teurs, non identifiés, prennent la parole pour célébrer tour
• Arcimboldo, Le Printemps, L’Été, l’Automne, L’Hiver, à tour un aspect de l’été.
musée du Louvre (Paris) : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/ 2. Les « belles choses » font référence aux caractéris-
visite?srv=rs_display_res&langue=fr&critere=Arcimboldo
tiques de l’été énumérées dans l’extrait : les végétaux, les
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animaux gracieux, la chaleur, les couleurs chaudes…
• Arcimboldo, L’Été et L’Hiver, Musée d’histoire de l’art
de Vienne (Autriche) : https://www.khm.at/en/visit/
3. Il faut recenser « les belles choses » de l’hiver : lumière
collections/picture-gallery/selected-masterpieces/ blanche, obscurité qui s’installe vite, frimas, paysage
• Botticelli, Le Printemps, Galerie des Offices (Florence, recouvert par le givre ou la neige…
Italie) : https://www.virtualuffizi.com/fr/les-personnages-
du-printemps-de-botticelli.html Faites le portrait d’une saison
4. Le peintre italien Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) a
réalisé les portraits des quatre saisons que l’on peut voir au
musée du Louvre. C’est l’automne qui est représenté dans
le manuel avec le temps des vendanges. Des éléments
tels que les fruits et les légumes permettent d’identifier
© Éditions Belin, 2016

la saison.
5. Les fruits (pommes, poires, raisin avec des feuilles) et
les légumes (courges ou citrouilles) composent les diffé-

134 11. La poésie au fil des saisons


rentes parties du visage et de la chevelure. L’œil est une Le halo de la lune Buson
prunelle surmontée d’un épi de blé, le nez une poire, la n’est-ce pas le parfum des fleurs (xviiie siècle)
bouche une châtaigne éclose, l’oreille un champignon orné. de prunier
Le cou est constitué d’une partie d’un tonneau destiné à monté là-haut ?
contenir le vin. Été Un éclair au matin ! Buson
6. Les éléments suivants pourraient caractériser les autres Bruit de la rosée (xviiie siècle)
saisons : S’égouttant dans les bambous
– hiver : un tronc noueux en guise de visage ridé, de petites Changement d’habits – Saikaku
racines pour la barbe, des cavités pour les yeux, des racines le printemps a disparu (xviie siècle)
dans la grande malle
pour la chevelure...
– printemps : saison du renouveau incarné par une jeune fille Qu’est devenue Enjo ? Kikaku
elle a vécu sa vie et maintenant (1661-1707)
avec des arbres en fleurs, des fleurs de toutes les couleurs…
elle est comme la mer d’été
– été : saison de l’abondance avec profusion de fruits et de
Automne Les fleurs sont tombées – Koyu-Ni
légumes, gerbes de blé pour suggérer la moisson…
nos esprits maintenant (xviiie siècle)
sont en paix
Prolongement  Jour de bonheur tranquille Bashô
On peut bien sûr présenter les trois autres saisons d’Arcim- le mont Fuji voilé (xviie siècle)
boldo et confronter les idées des élèves aux réalisations du dans la pluie brumeuse
peintre. La technique d’assemblage et de collage peut aussi Hiver Après les chrysanthèmes Bashô
intéresser des travaux en arts plastiques et en écriture. hors le navet long (xviie siècle)
il n’y a rien
Désolation hivernale – Bashô
dans un monde à teinte uniforme (xviie siècle)
le bruit du vent
Il n’y a plus ni ciel ni terre Hashin
Lecture 1 p. 234-235 rien que la neige
qui tombe sans fin
(xixe siècle)

Les rides sur l’eau Shiki


Fondent peu à peu (1866-1909)
Haïkus des quatre saisons La glace du lac
Comme écartant du pied ce qui fut Senkaku
sans un regard en arrière
Objectifs l’année s’en va
• Comprendre les fonctions d’un incipit.
• Formuler des attentes sur la suite du récit.
Je découvre les textes
Il s’agit d’engager l’étude du groupement de textes par 1. Ce qui frappe à la lecture première des haïkus, c’est leur
une lecture de corpus qui présente une unité relative au brièveté, l’absence de ponctuation finale (sauf point d’inter-
genre poétique (haïku), au lieu ( Japon) et au thème (poésie rogation), leur disposition sur trois vers qui ne riment pas
des quatre saisons), dans une perspective chronologique et la thématique de la nature (les saisons). C’est la poésie
(xviie au xixe siècle). de l’instantané.
Le tableau suivant présente les haïkus classés par saison ; il 2. La lecture devra respecter le mouvement des phrases, leur
comprend les poèmes qui figurent dans le manuel et d’autres fluidité, les marques de la ponctuation (phrase interrogative
(tirés du recueil Kaïkus des quatre saisons, Estampes d’Hoku- par exemple), la clarté de l’élocution.
sai, Éditions du Seuil, 2010) pour enrichir le travail en classe.
Je comprends les textes
Les saisons Poèmes / Haïkus Auteurs 3. Les haïkus (1, 3, 4, 5 ,7) ne comportent pas de verbe
Printemps Rien d’autre aujourd’hui Buson conjugué ; seuls des participes passés ou des participes
que d’aller dans le printemps (xviiie siècle) présents sont employés. Cette forme concise et ramassée
rien de plus
exprime une impression fugitive.
Le prunier en fleur Kikaku 4. Les haïkus 1 et 7 font référence au printemps. La mention
attend son maître (1661-1707) explicite de la saison (7) et la végétation – arbres en fleurs
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dans le jardin
et senteurs – (1) caractérisent la renaissance de la nature.
De quel arbre en fleur Bashô L’hiver apparaît dans les haïkus 2 et 5. Un élément – « la
je ne sais (xviie siècle)
neige » – (2) permet de caractériser la saison nommée à
mais quel parfum !
travers l’adjectif « hivernale » (5).

11. La poésie au fil des saisons 135


Les autres poèmes font référence à l’automne (4 et 6) avec Je découvre le texte
la présence de la pluie, et à l’été (3 et 8) avec l’enchaînement 1. Les mots « manteau » et « vent, froidure » évoquent des
des saisons – « le printemps a disparu » (8). conditions météorologiques et renvoient à la saison de l’hiver.
5. Les haïkus mobilisent les sens. 2. Le poète célèbre le renouveau du printemps dans la
L’odorat est sollicité (1 et 6) avec les senteurs des fleurs nature (oiseaux, fleuves, douceur du climat…).
nouvelles. 3. Le vers « Le temps a laissé son manteau » est utilisé aussi
L’ouïe est stimulée avec l’évocation du « bruit de la rosée / dans le titre incipit puis il est répété dans chaque strophe, à
s’égouttant dans les bambous » (3), avec « le bruit du vent » une place différente (vers 7 et 13). Cette répétition rappelle
(5) et avec le bruit feutré de « la neige » (2). le refrain d’une chanson.
La vue est bien présente avec « le halo de la lune » (1), la
vision du mont Fuji (4), le spectacle hivernal (5).
Le toucher peut être suggéré à travers le bruissement des Je comprends les textes
feuilles (3). 4. Les vers sont composés de huit syllabes, on les appelle
des octosyllabes.
J’écris pour interpréter les textes 5. Les deux rimes sur lesquelles repose le poème (rondeau)
sont disposées de la manière suivante :
6. Ces textes sont poétiques à plusieurs titres. Ils se Quatrain 1 : ABBA / rimes embrassées
présentent sous une forme brève (trois vers) qui favo- Quatrain 2 : ABAB / rimes croisées
rise l’expression d’impressions fugitives face au spectacle Quintile final : ABBAA / rimes embrassées et suivies.
qu’offre la nature selon le rythme des saisons. Ce peut être On appelle cette forme le rondeau.
l’émotion que suggère par exemple un arbre en fleurs au 6. La répétition du même vers (refrain) et les accumulations
printemps ou un paysage nimbé de brume à l’automne. Le de mots répétés sur deux vers (vers 2 et 8) évoquent la
lexique de la nature (paysages, éléments tels que l’air ou disparition de l’hiver. Le renouveau du printemps est carac-
l’eau) est omniprésent. Tous les sens sont en éveil. térisé par des accumulations de termes, adjectifs, « luisant,
7. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne clair et beau », ou noms, « rivière, fontaine et ruisseau ». La
avec ces indications : répétition et l’accumulation sont des figures de style.
– caractérisez la saison choisie par ses paysages, ses 7. Le poète parvient à créer une atmosphère de fête en
couleurs, ses formes, ses bruits… évoquant le réveil de la nature au printemps : sous l’effet
– suggérez des impressions à travers l’évocation d’instantanés ; du soleil, les animaux et les fleuves renaissent. Les couleurs
– mobilisez le lexique des cinq sens et de la nature ; lumineuses dominent : « luisant, clair » (v. 4), « gouttes d’ar-
– respectez la forme d’un haïku. gent d’orfèvrerie » (v. 11) ; la richesse est suggérée à travers
les termes « argent », « orfèvrerie », « broderie ». Le chant des
Pour bien écrire oiseaux renforce l’impression de fête.
Noms désignant des contenants et qui se terminent en -ée : bou-
chée, cuillerée, pelletée.
Je mets en voix le poème
8. Deux groupes de lecteurs sont nécessaires. Le refrain peut
être confié à l’un, les éléments descriptifs à l’autre.
On veillera au respect du rythme des phrases avec une atten-
Lecture 2 p. 236-237 tion portée aux -e muets et aux enjambements.

LECTURE DE L’IMAGE
1. Le tableau de Sandro Botticelli, peint à la Renaissance (vers 1478),
« Le temps a laissé représente la saison du printemps comme le titre le suggère.
2. La présence du motif floral qui orne la robe du personnage
son manteau… » féminin rappelle les « broderies » du vers 3.
D’autres rapprochements :
– le manteau de Chloris prise par Zéphyr, valorisé par sa position
Objectifs centrale, fait écho au « manteau » du vers 1 ;
• Comprendre comment le poète célèbre le retour d’une saison. – le tapis de fleurs est mis en valeur par la lumière qui perce à
• Découvrir une forme poétique du Moyen Âge, le rondeau. travers les arbres ; c’est le « soleil luisant » (v. 4) qui irradie la nature
dans le poème ;
– la finesse des fleurs peintes rappelle les « gouttes d’argent d’orfè-
Le choix a été fait d’ouvrir le défilé par le printemps, vrerie » ;
– les trois personnages en mouvement (la Primavera, Chloris,
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première des quatre saisons et symbole de « reverdie » dans Zéphyr) et vêtus de manière délicate peuvent évoquer la nature
la tradition médiévale. personnifiée dans le groupe ternaire « rivière, fontaine et ruis-
seau » (v. 9), nature richement parée comme dans le vers 10 « en
livrée jolie ».

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Le tableau est une allégorie du printemps et de la beauté en lien – verbes : « flamboie », « brûle », « le soleil consume » (images
avec le thème du renouveau de la nature du poème. du feu) ;
3. Il convient de rappeler aux élèves que la reproduction de la – adjectifs : « tarie » (effet du soleil accablant).
page 237 est un détail du tableau de Botticelli ; leur demander de 3. Le vers employé est l’alexandrin (douze syllabes).
faire une recherche pour le visualiser dans son intégralité.
On peut comparer ce tableau à La Naissance de Vénus de Sandro
Botticelli : Je comprends le texte
Fiche d’identité
4. Le soleil occupe une place dominante dans ce poème
Sandro BOTTICELLI (Florence, 1445-1510)
La Naissance de Vénus consacré aux heures les plus chaudes de l’été : le soleil au
Détrempe sur toile, 1,72 sur 2,78 mètres zénith accable la nature. Les nombreux termes relatifs au
Vers 1483-1485 feu soulignent la force et la puissance de l’élément (cf. ques-
Galerie des Offices, Florence tion 2). La nature apparaît desséchée : elle est caractérisée
Les points communs par l’absence d’ombre (v. 5), par l’absence d’eau et de fraî-
S’inspirant du poète latin Ovide (43 av. J.C.-17 ap. J.C.), Botticelli
s’intéresse à l’une des légendes concernant la naissance de Vénus. cheur (« Et la source est tarie », vers 6). La terre est brûlée
Née de l’écume de la mer, elle aurait été poussée par le dieu Zéphyr par le soleil ardent ; elle finit par être hostile aux cultures,
vers l’île de Cythère. Des fleurs seraient nées sur son passage aux animaux et à l’homme (vers 11 et 12).
lorsqu’elle toucha terre. 5. « La terre » et « la lointaine forêt » ce sont les sujets des
Le motif est consacré à la naissance de Vénus, sortie des eaux verbes « est assoupie » et « dort ». Ces deux noms renvoient
(Vénus anadyomène).
Vénus qui est nue est située au centre du tableau dans une attitude à la nature et les verbes expriment des actions humaines ;
de déhanchement avec le poids du corps qui repose sur un pied. la nature est donc personnifiée.
Deux groupes de personnages l’encadrent : à gauche, Chloris et 6. L’image « en sa robe de feu » permet de personnifier « la
Zéphyr (dieu du vent), enlacés dans un souffle pour faire avancer terre ». C’est une métaphore qui associe sans outil de compa-
la conque ; à droite, la nymphe (Hora, une des déesses du temps, raison un élément naturel (feu) et un élément humain (robe).
fille de Zeus ou la divinité du Printemps) est prête à accueillir la
déesse sur le rivage et à lui offrir un manteau de fleurs. Sa robe rap-
L’expression montre la force du soleil sur la terre incandes-
pelle celle qui est peinte dans l’allégorie du Printemps. Les mêmes cente elle aussi.
tonalités (couleur douce et pastel) se retrouvent dans la représen- 7. Le poète s’adresse à l’homme en général par le biais d’une
tation des trois personnages empruntés au Printemps. Le tableau apostrophe (v. 9). Il éprouve des sentiments de tristesse et de
symbolise Florence, la ville des Médicis, et la Renaissance italienne. dépit face au spectacle de la nature brûlée par le soleil. C’est
une vision pessimiste qui est proposée comme le suggère
le lexique : « la nature est vide et le soleil consume » (v. 15),
« rien n’est vivant » (v. 16).

Lecture 3 p. 238-239 J’écris pour interpréter le texte


8. Les termes « épandu » (v. 1), « tout se tait » (v. 3), « immo-
bile », « dort » (v. 8) suggèrent l’immobilité dans le paysage
Midi décrit.
Ce poème s’apparente à un tableau par le sujet choisi : le
soleil au zénith dans la campagne. Les éléments (la terre,
Objectifs l’eau et l’air) sont décrits. La terre est accablée par le soleil
• Découvrir une vision inattendue de l’été. ardent (images du feu). La végétation est figée, terrassée
• Reconnaître une figure de style : la personnification.
par la chaleur (une exception : les blés). L’eau a disparu
du paysage ; l’air aussi. Les couleurs chaudes et vives
Le texte appartient à l’esthétique du Parnasse. Il s’apparente dominent : le soleil est incandescent (couleurs jaunes et
à une poésie picturale. Il montre les effets dévastateurs du rouges) ; la végétation est brûlée (« robe de feu ») ; seuls les
soleil sur le paysage et offre à l’homme une méditation sur blés résistent ; la couleur dominante est le jaune vif (« mer
la nature. dorée »). Il s’agit d’un véritable tableau très coloré.
9. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne
avec ces indications :
Je découvre le texte – décrire la faune ou la flore dans le paysage de « Midi » ;
1. L’expression « Midi, roi des étés » évoque le moment où – recenser les caractéristiques de la faune ou la flore écrasée
le soleil atteint le zénith, le point le plus élevé dans le ciel. par le soleil ;
Il s’agit d’une personnification du moment (midi) et de la – employer des personnifications et des images ;
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saison (été). L’image du « roi » montre la puissance du soleil. – exploiter le lexique de la chaleur et du feu ;
2. De nombreux termes se rapportent à la chaleur : – respecter la disposition en vers.
– noms : « Midi, roi des étés », « robe de feu », « point
d’ombre », « la coupe du soleil » ;

11. La poésie au fil des saisons 137


Prolongement  lection. Dans la tradition de Verlaine, la saison reflète un
En lecture complémentaire, vous pouvez proposer de paysage intérieur : « Mon Automne éternelle ô ma saison
poème d’un autre Parnassien, Théodore de Banville. mentale » (Alcools, « Signe »).
Le poème a été composé vers 1902. Il se rattache aux textes
Il brille, le sauvage Été,
inspirés par le séjour d’Apollinaire en Rhénanie et par ses
La poitrine pleine de roses.
amours déçues.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.
Je découvre le texte
Il met le désir effronté 1. Le poème présente des vers de longueur variable (hétéro-
Sur les jeunes lèvres décloses ; métrie) : de deux à quinze vers, distribués sans schéma fixe.
Il brille, le sauvage Été, 2. La ponctuation est utilisée librement. Le point ou le point
La poitrine pleine de roses. d’exclamation ne sont pas employés. Le poème se lit d’une
Roi superbe, il plane irrité seule coulée.
Dans des splendeurs d’apothéoses 3. Le poète évoque la saison de l’automne, saison intermé-
Sur les horizons grandioses ; diaire, féconde encore par ses fruits (allusion à la récolte)
Fauve dans la blanche clarté, mais menacée déjà par l’hiver (mention de la mort).
Il brille, le sauvage Été. Opulence et fragilité la caractérisent.
Théodore de Banville (1823-1891), Rondels, 1875.
Je comprends le texte
4. Les pronoms personnels employés établissent une relation
LECTURE DE L’IMAGE
étroite entre le poète désigné par la 1re personne du singulier
1. Le tableau d’Odilon Redon, peintre symboliste (1840-1916),
représente le char d’Apollon comme le titre le suggère. Il s’agit « je » (v. 10) et le destinataire qui apparaît à la 2e personne
du moment où le dieu grec du Soleil conduit son char céleste, du singulier : « tu mourras » (v. 2), « meurs » (v. 6), « tes
tiré par quatre chevaux, pour amener la lumière du jour dans les rumeurs » (v. 10).
différentes contrées de la terre. 5. Le poète s’adresse à la saison qui est personnifiée. C’est
Un contraste très fort apparaît entre le premier plan et le motif l’automne qu’il interpelle à travers les apostrophes des
central (attelage d’Apollon) aux couleurs incandescentes (ocre et
rouge) et l’arrière-plan dominé par le bleu du ciel qui renaît après vers 1 et 5. L’interjection solennelle « ô saison » exprime
le passage du char céleste. son attachement sensible à la saison.
2. Ce tableau peut être rapproché de la première strophe du poème. 6. Les adjectifs « malade et adoré » (v. 1), « pauvre » (v. 5)
On y retrouve : la présence du « ciel bleu » (v. 2) ; la puissance qualifient l’automne. Cette saison transitoire est marquée
des couleurs « feu » (v. 4) ; les forces représentées par « Midi » et par la récolte de certains fruits (« fruits mûrs », vers 7) et par
« Apollon ».
L’allégorie du temps est commune aux deux œuvres : à travers la
le changement de couleurs dans la végétation (« Meurs en
naissance du jour (dans la peinture) et le soleil au zénith (dans blancheur », vers 6). Le poète éprouve un sentiment mêlé
le texte). de tristesse face à l’annonce de sa disparition imminente
(lexique de la mort vers 2 et 6) et de tendresse pour cette
L’histoire des mots saison qu’il affectionne tout particulièrement : « adoré »,
Les mots « radial », « radiant » sont formés sur la racine de radius. (v. 1), « j’aime » (répété deux fois, v. 10). Ce poème appar-
tient au registre lyrique élégiaque.
7. L’automne représente pour Apollinaire à la fois la fécon-
dité de la vie et l’approche de la mort avant l’hiver. La
richesse se manifeste dans l’évocation des « vergers » (v. 4),
Lecture 4 p. 240-241 des « fruits mûrs » (v. 7) et dans la récolte (v. 11). Mais à la
couleur dorée des fruits et à l’opulence de l’automne s’op-
posent la fragilité et la blancheur hivernale, annoncée par
le futur antérieur « aura neigé » (v. 3) ; c’est la morte saison
Automne malade caractérisée par le champ lexical de la destruction progres-
sive : « malade » (v. 1), « mourras » (v. 2), « meurs » (v. 6),
« pleurent » (v. 12)… Dans la dernière strophe, les images
Objectif
• Étudier l’expression des sentiments dans la description d’une
juxtaposées (« les feuilles », « un train ») et les verbes de
saison. mouvement (fouler, rouler et s’écouler) qui présentent des
échos sonores (assonances et rimes) suggèrent le caractère
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éphémère de la vie et des amours, la fuite inexorable du


Le texte appartient à la tradition (thème de l’automne chez temps, le passage de la vie à la mort.
les Romantiques par exemple) et à la modernité (forme
libre). Apollinaire célèbre l’automne, sa saison de prédi-

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J’enregistre une lecture de texte Je comprends le texte
Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne 4. Le poète rend la terre et le soleil vivants par divers procédés.
avec ces indications : Les deux éléments sont personnifiés : ils éprouvent des senti-
– la lecture prendra en compte l’absence de ponctuation ; le ments (« pleure », « aimons ») et ils prennent la parole tour
poème est dit d’une seule coulée (fluidité et expressivité), à tour (strophes 2 et 3).
même s’il y a changement de récitant ; Le poème repose sur un réseau d’images : le soleil est
– il faudra marquer les exclamations (v. 5 par exemple) comparé à « un amant » las, par l’intermédiaire de l’outil
même si elles ne sont pas notées ; « comme » (v. 13) ; la terre est comparée de manière implicite
– il faudra respecter les tonalités faites de mélancolie et à l’amante délaissée.
d’affectivité pour rendre compte du lyrisme élégiaque. 5. Dans les vers 6 à 11, les deux éléments dialoguent.
La lecture fera l’objet d’une co-évaluation. Chaque groupe L’invitation à l’amour, proférée par la terre, est rejetée
proposera des critères à partir des indications précédentes. progressivement par le soleil pour des raisons futiles : « où
donc sont tes roses ? », « Il prend un prétexte, grêle / vent,
POUR BIEN ÉCRIRE nuage », « Et dit : – c’est la nuit ». Au ton enjoué de la terre
La pluie et la grêle s’unissent en ce jour de tempête. répond la légèreté du soleil.
6. La terre est éprise du soleil qu’elle invite à l’amour : l’impé-
ratif « aimons » rappelle le carpe diem ! Le soleil, quant à lui,
se montre distant et hypocrite (accumulations de prétextes)
et finit par éconduire la terre (thème de la disparition).
Lecture 5 p. 242-243 7. Le soleil est comparé à « un amant » qui veut mettre fin à
une liaison par l’intermédiaire de l’outil « comme » (v. 13).
8. Le soleil se lève tard et se couche tôt en hiver, car il se
désintéresse de la terre, son amante, appauvrie en cette
« En hiver la terre pleure… » saison : « où donc sont tes roses ? » Le poète évoque dans la
comparaison la distorsion des liens affectifs entre l’amant
las et l’amante toujours éprise.
Objectifs
• Reconnaître une figure de style : la comparaison.
• Comprendre l’intérêt du dialogue dans une poésie. J’écris pour interpréter le texte
9. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne
avec ces indications :
Le groupement de textes se clôt par l’évocation de l’hiver
– il faut retrouver les caractéristiques de cette saison (thème
chez un poète romantique.
de la renaissance dans la nature) et utiliser le lexique du
printemps ;
Je découvre le texte – il faut employer les marques du dialogue qui sont le tiret,
1. Différents éléments caractérisent la saison de l’hiver dans la 2e personne, le présent de l’indicatif ou de l’impératif ;
le tableau Soleil d’hiver (1892) de Henry van de Velde, peintre – il faut définir l’attitude des amants (Auront-ils plaisir à se
belge, qui est considéré comme l’un des représentants retrouver ?) ;
majeurs du mouvement moderniste. Il s’agit d’un paysage – il faut veiller à la clarté et à la cohérence de la strophe ou
hivernal dans une campagne enneigée ; les couleurs froides du paragraphe.
(blanc et camaïeu de bleu) dominent. Par contraste le soleil
très lumineux, occupe une place importante à l’horizon. Pour bien écrire
2. La lecture devra respecter la ponctuation, notamment les Les mots « ensoleillé », « ensoleillement », « parasol » sont formés
exclamations et les interrogations. sur la racine latine sol.
3. Dans les deux œuvres, les éléments naturels, la terre et
le soleil, sont mis en présence. La terre se caractérise par
sa couleur froide dans le tableau, par ses pleurs (« la terre
pleure », vers 1) et ses plaintes (vers 7 et 8) dans le poème.
Le soleil semble moins ardent dans le texte : « froid, pâle et
doux » (v. 2) ; sa place est toutefois réduite dans le tableau
par rapport à l’immensité de la terre dénudée.
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11. La poésie au fil des saisons 139


Van Gogh, peintre néerlandais, contemporain de Monet,
Histoire des arts p. 244-245 peint la campagne en plein été. On observe un champ de blé,
doré par le soleil, des cyprès au loin, des buissons formant
des masses arrondies, un ciel torturé par l’orage peut-être.
Les saisons en musique Van Gogh applique les couleurs par des touches pleines de
et en peinture mouvement.
7. Les deux peintres célèbrent les saisons à leur manière. L’un
donne à l’hiver une intensité et des variations de lumière
Objectif très fortes dans un tableau où dominent deux couleurs, le
• Explorer l’image des saisons dans les arts. blanc et le noir. Van Gogh fait exploser les couleurs chaudes
du champ de blé et rend compte du caractère torturé du ciel
par les touches circulaires.
Je comprends les œuvres
1. À chaque saison correspond une tonalité qui traduit pour
Vivaldi (1678-1741), musicien italien, une sensation ou un
sentiment face à la nature. À l’époque baroque, il existe
une théorie qui vise à établir des correspondances entre les
gammes et les sentiments. Le musicien a cherché à repré- L’Antiquité et nous p. 246-247
senter dans un langage universel, au moyen des tonalités,
des passions et des états d’âme.
Le printemps en mi majeur, mode plus lumineux et plus
claire que le mineur, se caractérise par la joie et l’allégresse
Le mythe de Proserpine
de la nature qui renaît.
La tonalité en sol mineur pour l’été se fait plus grave ; déjà Objectif
les gros orages apparaissent. • Découvrir le mythe des saisons dans l’Antiquité.
Pour l’automne, en fa majeur, c’est la saison du vent et des
tempêtes.
La lecture du mythe de Proserpine permet de comprendre
À l’hiver en fa mineur, répondent la plainte face à la froidure
l’origine des saisons chez les Anciens (Ovide, Métamor-
et le réconfort devant l’âtre.
phoses, livre V).
2. Le musicien rend compte du printemps notamment en
reproduisant le chant des oiseaux (coucou, tourterelle,
pinson…), le bruit des fontaines ou le murmure des végé- Je comprends les documents
taux grâce à divers instruments (violons, violoncelles…). Ils 1. Dans le groupe statuaire du Bernin (baroque italien),
jouent sur le tempo, allegro (rapide) et largo (plus lent) pour Pluton enlève Proserpine par passion. Le dieu en mouve-
suggérer l’éveil progressif de la nature. ment enserre la jeune fille qui se débat pour échapper à son
3. Pour cette question, proposer aux élèves le poème dans ravisseur ; elle tente de le repousser.
son intégralité. 2. Cérès, déesse des moissons, réagit violemment à l’enlève-
Des correspondances peuvent être établies entre le concerto ment de sa fille. Différents thèmes le montrent : l’errance, la
du Printemps et le sonnet écrit par Vivaldi : malédiction et la vengeance. En effet elle prive la terre de sa
– tempo : allegro (rapide) et largo (plus lent) en musique corres- fertilité, elle détruit les animaux et les hommes, condamnant
pondant au chant des oiseaux et au sommeil des bergers ; le monde à la mort.
– lexique de la renaissance : animaux (chant et cri des 3. Jupiter, maître des dieux, décide d’un partage du monde :
oiseaux), végétaux, vents doux, danses des bergers ; les six mois passés sous terre avec Pluton représentent la
– images de la nature ressuscitée au son de la musique. morte saison (automne et hiver) et l’absence de produc-
4. 5. Les tableaux de Claude Monet (La Pie) et de Vincent Van tions ; les six mois passés sur terre avec Cérès représentent
Gogh (Champ de blé avec cyprès) représentent deux saisons la saison de la renaissance (printemps) et de la récolte (été).
opposées, l’hiver avec la neige, l’été avec ses champs gorgés
de soleil. À vous de créer
6. Monet, peintre impressionniste français, traite le thème 4. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne
de l’hiver dans le paysage. La campagne est recouverte de avec ces indications :
neige ; les arbres sont dénudés. Des lignes horizontales – en inventant un récit autour de l’alternance du jour et de
(arbustes), verticales (arbres) et diagonales (reflets) appa- la nuit, il s’agit de proposer une explication du mythe ;
© Éditions Belin, 2016

raissent. Le peintre parvient à inonder le tableau de lumière – il faut veiller à la logique du récit et à la cohérence de
et à jouer sur les ombres projetées au premier plan. L’oiseau l’explication donnée ;
de couleur noire perché établit un contraste entre la lumière – il faut présenter le récit à l’oral avec clarté.
et les ombres.

140
Résonner / Le chant des oiseaux résonnent dans tout le parc.
Méthode p. 246-247 Caresser / Le vent caresse les arbres.
Déguster / Les enfants dégustent les premières fraises du
jardin.
Analyser la forme d’un poème 4. Vue : blancheur - ombre - feuillage
Ouïe : fracas - cri - rugissement - mélodie
Étape 1 • Observer les vers Odorat : parfum - senteur
Goût : saveur
1. Les vers sont courts.
Toucher : caresse
2. Ils ont tous la même longueur.
5.
3. « ombre », « frissonne », « contre », « chaque jour », « une
le soleil • • souffle
minute », « mouche comme »
4. Les vers sont des octosyllabes. le froid • • éblouit
la brise • • réchauffe
Étape 2 • Caractériser les strophes le tonnerre • • pince
5. On compte trois strophes. l’éclair • • gronde
6. Elles comportent toutes le même nombre de vers.
6. 1. « Dieu ! que les airs [toucher/odorat] sont doux ! Que
7. Il s’agit de quatrains.
la lumière [vue] est pure !
Tu règnes en vainqueur sur toute la nature,
Étape 3 • Caractériser les rimes Ô soleil ! »
8. Les rimes sont tantôt féminines – décline, colline, lutte, 2. « Les sanglots longs
minute, piège, neige –, tantôt masculines – décroît, froid, Des violons [ouïe]
alcyon, rayon, plafond, fond. De l’automne »
9. Les rimes sont embrassées : ABAB. 3. « Mais ta chevelure est une rivière tiède. [toucher] »

Exprimer des émotions


7.
Joie Tristesse Peur
Vocabulaire p. 248
plaisir peine inquiétude
gaieté chagrin angoisse
mélancolie frayeur
Les mots des saisons morosité effroi
désolation
amertume
Objectif
• Exprimer des sensations et des émotions en lien avec 8. Reconstituez les expressions suivantes.
les saisons. fondre • • le printemps
se faire une place • • des cordes
Caractériser les saisons il pleut • • comme neige au soleil
1. Printemps : printanier, printanière. être né de • • de la dernière pluie
Eté : estival, estivant, estivage (transhumance). une hirondelle ne fait pas • • au soleil
Automne : automnal.
9. 1. « La mer, comme un tigre, a sous le ciel profond, une
Hiver : hivernal (hiémal), hibernation, hivernage.
peau de lumière avec des taches d’ombre. »
2. Exemples :
Il s’agit d’une comparaison animale introduite par « comme »
1. L’été chaud comme la braise.
et d’une métaphore (sans outil). Le poète décrit la force de
2. Le printemps doux comme le chant du rossignol.
la mer et ses couleurs dignes d’un clair-obscur.
3. L’hiver mordant comme la bise.
2. « La terre est bleue comme une orange
4. L’automne coloré comme un saule crevette.
Jamais une erreur les mots ne mentent pas. »
Il s’agit d’une comparaison végétale introduite par
Exprimer des sensations « comme ». Le poète exprime une vision personnelle de la
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3. Exemples : terre à travers les couleurs.


Distinguer / Nous distinguons des fleurs sous la neige c. Tout automne à la fin n’est qu’une tisane froide. »
tardive. La métaphore (sans outil) assimile la saison de l’automne à
Embaumer / Les roses embaument le jardin. un breuvage ; c’est la sensation (« froide ») qui est suggérée.

11. La poésie au fil des saisons 141


À vous d’écrire ! Manipuler les phrases verbales
10. Exemple de production : ou non verbales
Les flocons de neige tombent un à un comme du coton. 3. Exemples :
Des fruits de lumière tombent des branches de l’arbre. 1. Demain il pleuvra sur les reliefs montagneux.
La rosée du matin, comme / telle l’aurore aux doigts de 2. La poésie est-elle le miroir de l’âme ?
rose, envahit le jardin. 3. Le papillon représente une splendide fleur sans tige.
11. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne 4. Exemples :
avec ces indications : 1. Apparition tardive du printemps.
– notez les caractéristiques du printemps (renouveau de la 2. Prévision de phénomènes météorologiques dangereux :
nature) et les impressions ou sensations ressenties (douceur, prudence !
chaleur) ; 3. Promenade formellement interdite sur un lac gelé.
– employez une image empruntée au domaine de la nature : 5. Titre avec phrase verbale (exemple) : La petite souris
comparaison (comme, semblable à, tel…) ou métaphore blanche qui avait peur
(sans outil) ; Titre avec phrase non verbale (exemple) : Une petite souris
– respectez les règles de la prose (un paragraphe) ou une blanche apeurée
strophe (vers). 6. a. Faire rire le printemps
Naître le printemps
Tressaillir le printemps
Fleurir le printemps
Chanter le printemps
Grammaire p. 249 Éveiller le printemps
b. L’adjectif « sonore » est de genre masculin ; il s’accorde
avec l’air (masculin).
Phrase verbale et phrase À vous d’écrire !
non verbale 7. Pour aider les élèves, vous pouvez développer la consigne
avec ces indications :
– notez les caractéristiques de la saison et les impressions
Objectif
• Savoir transformer la phrase verbale en phrase non verbale. ou sensations ressenties ;
– employez une image empruntée au domaine de la nature :
comparaison (comme, semblable à, tel…) ou métaphore
Ce point de langue peut favoriser la lecture et l’écriture de (sans outil) ;
haïkus. – recourez à des phrases non verbales ;
– respectez les règles : trois vers (courts/longs/courts).
Identifier une phrase verbale
ou non verbale Prolongement 
1. Le haïku est constitué d’une phrase non verbale. Elle est Pour s’entraîner à copier un texte sans erreur en respectant
organisée autour de groupes nominaux et ne comporte pas les critères de présentation et à respecter les consignes
de verbe conjugué. d’écriture, on peut proposer l’exercice suivant :
2. Il pleure dans mon cœur Choisissez la bonne orthographe parmi les propositions
entre parenthèses et recopiez le texte en entier sans erreur.
Comme il pleut sur la ville ;
[point virgule / phrase verbale] Sur la (planette / planète) du petit prince, il y (avait /
avais) comme sur toutes les (planètes / planettes), de
Quelle est cette langueur
(bonnes / bones /bonne) herbes et de mauvaises herbes.
Qui pénètre mon cœur ?
Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de
[point d’interrogation / phrase verbale]
mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines
Ô bruit doux de la pluie (son /sont) invisibles. Elles (dormes / dorment) dans le
Par terre et sur les toits ! secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une
[point d’exclamation / phrase non verbale] d’elles de se (réveiller / réveillé).
Pour un cœur qui s’ennuie, Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Gallimard, 1945.
Ô le chant de la pluie !
© Éditions Belin, 2016

[point d’exclamation / phrase verbale]


Paul Verlaine, Romances sans paroles, 1874.

142
S’exprimer à l’oral p. 250 S’exprimer à l’écrit p. 251

Dire des poèmes Réaliser un arbre à poèmes


Étape 1 • Apprendre à bien lire un poème Étape 1 • Mobiliser ses connaissances
1. 1. « Comme un chevreuil, quand le printemps détruit 1. Le haïku est un court poème en lien avec la nature.
L’oiseux cristal de la morne gelée, […] Comme une photographie, il fixe un moment heureux,
Hors de son bois avec l’Aube s’enfuit. » triste, agréable ou surprenant. Il est composé de la manière
10 syllabes / décasyllabes suivante : trois vers de cinq, sept et cinq syllabes, souvent
b. « Une tendre langueur s’étire dans l’espace ; traduits en français par un vers court, long, court.
Sens-tu monter vers toi l’odeur de l’herbe lasse ?
Le vent mouillé du soir attriste le jardin. Étape 2 • Écrire un haïku
12 syllabes / alexandrins
c. « Voici venir le mois d’avril 2. 3. Exemples avec le printemps :
Ne te découvre pas d’un fil Noms : floraison, reverdie, renaissance, soleil, douceur,
Écoute chanter le coucou ! » zéphyr…
8 syllabes / octosyllabes Adjectifs : printanier, doux, agréable, réconfortant, heureux…
2. 1. « La violette est dans le pré. Verbes : se réveiller, embaumer, gazouiller, chanter, couler…
Dans la clairière, la jonquille 4. Exemple d’haïku :
Sous l’arbre en espoir de famille Sur le sable du rivage
On entend le merle chanter À chaque trace de pas
Du mois d’avril au mois de mai. » Le printemps s’allonge. Masaoka Shiki (1866-1909)

8 syllabes / octosyllabes
2. « L’océan sonore Étape 3 • Assembler des haïkus
Palpite sous l’œil Cela permet de réaliser une œuvre collective à partir de
De la lune en deuil textes produits par des élèves, de co-évaluer les haïkus et
Et palpite encore. » de réaliser une « installation ».
5 syllabes / pentasyllabes

Compétences
Étape 2 • Jouer un poème D1 • Produire des écrits variés.
3. Pour aider vos élèves à apprendre le poème, vous pouvez D1 • Écrire avec un clavier.
leur donner ces conseils : D1, D2 • Participer à des échanges dans des situations diverses.
– pour faciliter la mémorisation, repérez les expressions ou
les vers qui se répètent ;
– retenez les rimes : « ose / -é ou –er » sur lesquelles repose
le poème ;
– fixez les images : « l’aube rose ».
4. Trois -e muets : « l’aube » (v. 1, 6) ; « à peine » (v. 4).
5. On peut être sensible à la présence de l’animal, à la saison Faire le point p. 252-253

(hiver), au contraste des couleurs (noir / rose et blanc), à


l’humour…
évaluation
Compétences
D1 • Lire avec fluidité.
1. Mobiliser les acquis
D1, D2 • Participer à des échanges dans des situations variées. 1. Charles d’Orléans : 1394-1465
D1, D2 • Adopter une attitude critique par rapport au langage Hugo : 1802-1885
produit. Leconte de Lisle : 1818-1894
Apollinaire : 1880-1918.
2. Charles d’Orléans utilise la forme poétique du rondeau.
© Éditions Belin, 2016

3. Hugo emploie des heptasyllabes, Leconte de Lisle des


alexandrins.

11. La poésie au fil des saisons 143


4. Une comparaison : « comme un amant » (Hugo, « en hiver Compétences évaluées
la terre pleure », vers 13). Une métaphore : « gouttes d’ar- D1, D5 • Lire
gent » (Charles d’Orléans, « Le temps a laissé son manteau », – Comprendre un texte littéraire et l’interpréter.
vers 11). – Contrôler sa compréhension, être lecteur autonome.
D1 • Écrire
5. Les poètes célèbrent les saisons. Charles d’Orléans chante – Écrire à la main de manière fluide et efficace.
le renouveau du printemps. Leconte de Lisle décrit le soleil – Recourir à l’écriture pour réfléchir et pour apprendre.
au zénith en plein été. Apollinaire exprime sa vision de l’au- – Prendre en compte les normes de l’écrit pour formuler, trans-
tomne, sa saison préférée. Hugo évoque le soleil dans un crire et réviser.
paysage hivernal.

2. Lire et comprendre des poèmes


6. Les deux poètes décrivent des saisons différentes : le
printemps pour Gautier, l’hiver pour Pernette Chaponnière.
Dans les deux cas, il est question de neige. Chez Pernette
Évaluation supplémentaire
Chaponnière il s’agit de la description de la neige qui tombe, En complément de l’évaluation du manuel, on pourra propo-
chez Gautier, c’est une image empruntée à la neige qui sert ser aux élèves l’évaluation figurant aux pages suivantes.
à décrire le printemps : « Il neige des fleurs » (v. 3). Les compétences évaluées sont :
7. Les poètes s’adressent aux lecteurs, interpellés à la – en lecture :
2e personne du pluriel, « regardez ». – comprendre un texte littéraire et l’interpréter,
8. Les vers sont des pentasyllabes (texte 1) et des octosyl- – contrôler sa compréhension, être un lecteur autonome ;
labes (texte 2). – en écriture :
9. Dans le poème 1, diverses couleurs sont évoquées : le – recourir à l’écriture pour réfléchir et pour apprendre.
blanc avec la neige, le jaune doré avec le soleil, le vert avec
les arbres, le violet ; c’est une explosion de couleurs au prin- 1. Lire et comprendre un texte
temps.
10. Dans le texte 1, une image (une métaphore) est employée 1. On peut être frappé à première lecture par les sonorités
au vers 3 : « Il neige des fleurs ». Les fleurs qui tombent sont dominantes en -ou, par les néologismes, par le refrain, par
comparées à des flocons de neige. la célébration de la nature en mars, par les néologismes.
11. Dans le texte 2, le poète parvient à rendre la saison 2. Le poète chante le printemps et le renouveau de la nature
vivante par les mouvements de la neige (image de la danse) dans tous ses aspects (végétaux, animaux…). Les termes
et par la pluie de « morceaux de papier » (image). récurrents « giboules, giboulée » font référence au mois de
12. Les poètes offrent une vision lumineuse, gaie et joyeuse mars et aux averses de grêle, soudaines et drues. Le titre,
de la nature quelle que soit la saison : chute des fleurs, explo- bien sûr, nous renseigne aussi sur cette période de l’année.
sion de couleurs (texte 1), danse de la neige (texte 2). 3. Les mots sont des néologismes. Ils sont formés de la
manière suivante :
– « gibouler » : le verbe est créé à partir du nom giboulée ;
3. Écrire – « colombée » : le nom est forgé à partir du mot colombe et
Quelques conseils pour aider vos élèves : d’un suffixe en -ée ;
– recherchez des modèles d’inspiration sur Internet, dans – « bourgeonnée » : le nom est forgé à partir du mot bour-
des livres au CDI, dans des albums de photographies person- geon ;
nelles… – « germinées » : le nom est conçu à partir de la racine que
– produisez une argumentation visant à expliquer les raisons l’on retrouve dans germiner, germination ;
d’un phénomène naturel en rapport avec les saisons (jours – « chansonnée » : le nom est conçu à partir racine du mot
plus longs en été, couleurs de la nature en fonction du temps chanson ;
ou de l’époque…) ; – « coulour » : le nom est fabriqué sur le modèle de couleur
– respectez la longueur demandée (une dizaine de lignes) ; et joue sur la répétition du son -ou.
– veillez à la clarté et à la cohérence du propos ; Tous ces néologismes suggèrent la renaissance de la nature
– relire sa copie avec des outils (dictionnaire papier ou en au printemps et la reverdit.
ligne). 4. Les sonorités en -o (« colombées ») et en -ou (« giboulée »)
dominent, créant un phénomène d’assonance qui se déploie
tout au long du poème. Le poète chante le retour du prin-
temps dans tous les éléments de la nature.
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5. Le poème est écrit en heptasyllabes, distribués en nombre


variable dans les strophes, qui s’ouvrent par une anaphore
« tu giboules » et qui sont séparées par un refrain « et la terre
est en amour » ; c’est un hommage rendu à la renaissance de

144
la nature. La strophe 1 évoque le roucoulement des oiseaux ; 2. Écrire
la strophe 2 les nouvelles floraisons ; la strophe 3 (la plus
7. Quelques conseils et critères de réussite pour aider vos
longue disposée au centre du poème) rappelle le retour du
élèves :
soleil qui réchauffe la terre et la rend féconde ; la strophe 4
– chantez votre saison préférée ;
suggère à nouveau le rajeunissement de la nature et son
– respectez la forme poétique (strophe de trois vers et un
animation sonore ; la strophe 5 mêle les sons et les couleurs
refrain) ;
à la manière des correspondances.
– utilisez le temps qui convient (présent de l’indicatif) ;
6. Le poète représente une nature en fête, quand elle renaît
– employez un lexique varié pour caractériser la saison choisie ;
au printemps. La renaissance se manifeste dans tous les
– faire preuve de créativité dans les néologismes ;
éléments de la nature (végétaux, animaux, couleurs et
– écrivez dans une langue correcte.
bruits). C’est la profusion qui caractérise ce moment : le
nombre répété « cent mille » souligne l’excès. Le renouveau
se traduit aussi par un feu d’artifice langagier à travers les
nombreux néologismes que crée le poète. Les sonorités qui
reviennent en écho, les anaphores et le refrain participent
de cette fête.
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11. La poésie au fil des saisons 145

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