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L ES É DITIONS DU CERIB

Dimensionner les canalisations


d’assainissement
pour assurer leur performance
hydraulique

Design the sewer pipelines


to ensure their hydraulic
performance

Produits
Systèmes
158.E
issn 0249-6224
EAN 9782857552116
LMT/FGR
PO 118/ Produits - Systèmes

Dimensionner
les canalisations
d’assainissement pour
assurer leur performance
hydraulique

Design the sewer pipelines


to ensure their hydraulic
performance

Réf. 158.E-2
Août 2009

par
Lionel Monfront
„ Études et Recherches

Avant-propos

Ce rapport est articulé en deux parties :


- la première partie est destinée au lecteur qui souhaite apprécier
très rapidement si l’étude évoquée le concerne, et donc si les
méthodes proposées ou si les résultats indiqués sont directement
utilisables pour son entreprise ;
- la deuxième partie de ce document est plus technique ; on y
trouvera donc tout ce qui intéresse directement les techniciens de
notre industrie.

© CERIB – 28 Épernon

158.E – avril 2008 - ISSN 0249-6224 – EAN 9782857552116

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction


par tous procédés réservés pour tous pays
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que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration,
« toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite »
(alinéa 1er de l’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants
du Code pénal.

2
Études et Recherches „

SOMMAIRE

Résumé...................................................................................................... 5

1. Synthèse de l’étude .................................................................................. 7


1.1 Domaines d’application des méthodes d’évaluation des pertes de charges ..................8
1.2 Coefficients d’écoulement applicables en assainissement ..........................................8
1.3 Calcul des mises en charge et des écoulements aérés ...............................................8

2. Dossier de recherche................................................................................ 9
Introduction ...............................................................................................................9
2.1 Pratiques actuelles de dimensionnement hydraulique ................................................9
2.1.1 Instruction Technique 77.284 ......................................................................................................... 10

2.1.2 Norme NF EN 752 ....................................................................................................................... 10

2.1.3 Coefficients de rugosité des écoulements dans les canalisations ........................................................ 11

2.1.4 Choix des coefficients d’écoulement dans les canalisations............................................................... 12

2.2 Domaine d’application des formules d’écoulement dans les canalisations..................13


2.2.1 Formule de Colebrook .................................................................................................................. 13

2.2.2 Formule de Manning Strickler ........................................................................................................ 17

2.3 Analyse paramétrée des coefficients d’écoulement à surface libre ............................18


2.3.1 Principe de l’étude paramétrée ...................................................................................................... 18
2.3.2 Valeurs du coefficient d’écoulement Manning-Strickler ..................................................................... 19

2.3.3 Correspondance entre rugosité Colebrook et coefficient d’écoulement Manning Strickler .................... 22

2.4 Coefficients d’écoulement applicables en assainissement ........................................26


2.4.1 Incidence des ouvrages singuliers .................................................................................................. 26

2.4.2 Incidence des dépôts..................................................................................................................... 33

2.4.3 Incidence des irrégularités de pentes .............................................................................................. 34

2.5 Prise en compte des conditions d’écoulement à surface libre ...................................38


2.5.1 Battement de surface et mise en charge .......................................................................................... 38

2.5.2 Écoulement aéré ........................................................................................................................... 42

2.6 Prise en compte de l’autocurage ..........................................................................46


2.7 Conclusion ........................................................................................................49
2.8 Bibliographie .....................................................................................................50

Annexe : Synthèse historique des formules de pertes de charge .......................... 51

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„ Études et Recherches

4
Études et Recherches „

Résumé
La présente étude :
- précise les domaines d’application des méthodes d’évaluation des pertes de
charges et les conséquences à en tirer pour leur emploi dans le domaine de
l’assainissement ;
- évalue les coefficients d’écoulement applicables en assainissement compte
tenu des régimes d’écoulement rencontrés ;
- identifie les méthodes simples de calcul des mises en charge et des
écoulements aérés afin de proposer une méthode de dimensionnement
simple des canalisations d’assainissement à écoulement libre garantissant une
performance hydraulique effective.

Cette étude permet de confirmer la validité de l’essentiel des règles de


dimensionnement des sections des ouvrages mentionnées dans l’Instruction
Technique 77-284. Celles-ci pourraient utilement être complétées par la prise en
compte des phénomènes de la mise en charge des réseaux, des écoulements
aérés en fortes pentes ainsi que des conditions d’autocurage.

Summary
The present study :
- clarifies the fields of application concerning the evaluation methods of the head
losses and the consequences to be taken into account when applied in sewage
applications ;
- estimates the applicable flow coefficients in sewage application considering the
met flow types ;
- identifies simple calculation methods for chocking of sewers and self aerated
flows in order to propose a simple sizing method for free surface sewage
pipelines guaranteeing an effective hydraulic performance.

This study enables us to confirm the validity of most of the rules for sizing pipeline
sections mentioned in the Technical Instruction IT 77-284. These could be usefully
completed by taking into account the chocking of sewers and the self aerated flow
for steep applications as well as self cleansing conditions.

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„ Études et Recherches

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Études et Recherches „

1. Synthèse de l’étude
Le dimensionnement hydraulique des canalisations d’assainissement fait l’objet depuis de
nombreuses années de prescriptions réglementaires, de règles et de préconisations norma-
tives. La détermination de la section des canalisations se base essentiellement sur le calcul
des pertes de charge et la nécessité de permettre l’autocurage des ouvrages à faibles débits.
Les phénomènes de mise en charge des canalisations ou d’écoulement aéré tout comme les
conditions de transport solides des particules solides ne sont généralement pas considérés
sauf lors de modélisations de réseaux.
Le calcul des pertes de charge dans les canalisations se base sur des formules traditionnel-
lement admises d’hydraulique : Manning-Strickler et Colebrook notamment. Il demeure tou-
tefois des difficultés d’application pour le dimensionnement concret des réseaux qui tiennent
non seulement à la quantification des coefficients d’écoulement (plus couramment appelés
rugosités) dont la valeur peut être grandement surestimée mais aussi au domaine d’applica-
tion de chaque méthode et aux équivalences qui peuvent être établies entre elles.
Le calcul des sections d’ouvrage s’effectue généralement à section pleine sur la base d’un
débit d’entrée d’eau. La vérification de la mise en charge des réseaux, induite par des batte-
ments de la surface libre de l’écoulement ou l’augmentation du volume d’eau à véhiculer du
fait de l’aération de l’écoulement sont généralement négligés. Il peut en résulter des risques de
sous-dimensionnement des réseaux conduisant à sous-estimer les risques d’inondations.

Le CERIB a déjà mené des études relatives à l’évaluation des coefficients d’écoulement dans
les canalisations montrant des performances comparables pour des canalisations en béton
ou en PVC, tant en laboratoire que sur réseau existant [5,6].

La présente étude:
- précise les domaines d’application des méthodes d’évaluation des pertes de charges et les
conséquences à en tirer pour leur emploi dans le domaine de l’assainissement;
- évalue les coefficients d’écoulement applicables en assainissement compte tenu des régi-
mes d’écoulement rencontrés ;
- identifie les méthodes de dimensionnement simple de calcul des mises en charge et des
écoulements aérés.
Elle a pour objet de proposer une méthode de dimensionnement simple des canalisations
d’assainissement à écoulement libre garantissant une performance hydraulique effective.

Cette étude permet de confirmer la validité de l’essentiel des règles de dimensionnement des
sections des ouvrages mentionnées dans l’Instruction Technique 77-284. Celles-ci pourraient
utilement être complétées par la prise en compte des phénomènes de mise en charge des
réseaux, des écoulements aérés en fortes pentes ainsi que des conditions de remise en sus-
pension des dépôts.

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„ Études et Recherches

1.1 Domaines d’application des méthodes d’évaluation


des pertes de charges
La formule de Manning Strickler pour l’évaluation des pertes de charges est généralement
employée car elle permet un calcul direct sans itération. Applicable en écoulement turbulent
rugueux ou fortement rugueux, cette formule ne prend pas en compte la viscosité de l’eau
transportée, contrairement à la formule de Colebrook plus récente qui a bénéficié des déve-
loppements de la connaissance des paramètres caractéristiques des écoulements. La formule
de Manning Strickler nécessite donc pour les écoulements lisses d’adopter des coefficients
d’écoulement adaptés.
Une étude comparative paramétrée a permis d’identifier les conditions d’emploi de la formule
de Manning Strickler et les conditions de son extension à l’ensemble des écoulements du
domaine de l’assainissement.
Afin de corriger la non prise en compte de la viscosité de l’eau et de limiter les erreurs com-
mises sur l’évaluation des débits véhiculés , il y a lieu de limiter ces coefficients d’écoulement
à Ks ≤ 90 pour le dimensionnement des canalisations d’assainissement. Pour des coefficients
d’écoulement supérieurs des erreurs de 20 à 50 % peuvent être induites ; ce qui conduirait à
sous dimensionner les diamètres des canalisations et augmenterait le risque de débordement
ou d’inondation

1.2 Coefficients d’écoulement applicables


en assainissement
Il y a lieu néanmoins de tenir également compte des conditions d’exploitation et de la mainte-
nance des canalisations qui déterminent la dégradation des conditions d’écoulement, notam-
ment du fait des dépôts sur les parois de l’ouvrage. Pour tenir compte de ce phénomène, évo-
lutif dans le temps, on retiendra des coefficients d’écoulement à Ks compris entre 70 et 90.

Les pertes de charges singulières sont également un facteur qui doit être pris en compte soit
en additionnant celles-ci aux pertes de charges linéiques de la conduite soit en adoptant
un facteur d’abattement forfaitaire en écoulement libre de l’ordre de 10 à 20 % afin de tenir
compte de la fréquence couramment rencontrée des ouvrages d’accès comprise entre les 40
à 80 mètres et de la présence ou non de cunettes dans les regards.

Les pertes de charges singulières sont très fortement augmentées lorsque la hauteur d’eau
augmente dans les ouvrages d’accès. Les études menées montrent que cet accroissement
peut multiplier les pertes de charges singulières par 4.

1.3 Calcul des mises en charge et des écoulements aérés


Le dimensionnement hydraulique des canalisations d’assainissement ne doit pas se limiter à
l’évaluation des pertes de charges en écoulement libre.
La mise en charge du réseau, éventuellement générée par un écoulement aéré, peut conduire
à une augmentation significative des pertes de charges singulières du fait de l’augmentation
des hauteurs d’eau dans les ouvrages d’accès mais a également des conséquences en terme
d’exploitation.
Il y a donc lieu d’évaluer ce risque et de diminuer, si nécessaire, la hauteur d’eau dans les
canalisations, ce qui peut conduire à choisir des diamètres intérieurs plus importants.
Différentes méthodes sont présentées dans cette étude identifiant les conditions d’apparition
de ces phénomènes selon le diamètre et la pente des ouvrages.

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Études et Recherches „

2. Dossier de recherche
Introduction
Le dimensionnement hydraulique des canalisations d’assainissement fait l’objet depuis de
nombreuses années de prescriptions réglementaires, de règles et de préconisations norma-
tives. La détermination de la section des canalisations se base essentiellement sur le calcul
des pertes de charge et la nécessité de permettre l’autocurage des ouvrages à faibles débits.
Les phénomènes de mise en charge des canalisations ou d’écoulement aéré tout comme les
conditions de transport solides des particules solides ne sont généralement pas considérés
sauf lors de modélisations de réseaux.
Le calcul des pertes de charge dans les canalisations se base sur des formules traditionnel-
lement admises d’hydraulique : Manning-Strickler et Colebrook notamment. Il demeure tou-
tefois des difficultés d’application pour le dimensionnement concret des réseaux qui tiennent
non seulement à la quantification des coefficients d’écoulement (plus couramment appelés
rugosités) dont la valeur peut être grandement surestimée mais aussi au domaine d’applica-
tion de chaque méthode et aux équivalences qui peuvent être établies entre elles.
Le calcul des sections d’ouvrage s’effectue généralement à section pleine sur la base d’un
débit d’entrée d’eau. La vérification de la mise en charge des réseaux, induite par des batte-
ments de la surface libre de l’écoulement ou l’augmentation du volume d’eau à véhiculée du
fait de l’aération de l’écoulement sont généralement négligés. Il peut en résulter des risques de
sous-dimensionnement des réseaux conduisant à sous-estimer les risques d’inondations.

Le CERIB a déjà mené des études relatives à l’évaluation des coefficients d’écoulement dans
les canalisations montrant des performances comparables pour des canalisations en béton
ou en PVC, tant en laboratoire que sur réseau existant [5,6].

La présente étude a pour objet :


- de préciser les domaines d’application des méthodes d’évaluation des pertes de charges et
les conséquences à en tirer pour leur emploi dans le domaine de l’assainissement;
- d’évaluer les coefficients d’écoulement applicables en assainissement compte tenu des
régimes d’écoulement rencontrés ;
- d’identifier les méthodes de dimensionnement simple de calcul des mises en charge et des
écoulements aérés.
Elle a pour objet de proposer une méthode de dimensionnement simple des canalisations
d’assainissement à écoulement libre garantissant une performance hydraulique effective.

2.1 Pratiques actuelles de dimensionnement hydraulique


Les approches théoriques du dimensionnement hydraulique des sections des canalisations
d’assainissement sont assez homogènes. Elles se basent sur des formules traditionnellement
admises d’hydraulique : Chezy, Bazin, Manning-Strickler et Colebrook. La plus couramment
utilisée en France est celle de Manning-Strickler.
Toutefois, pour le dimensionnement de projets, les résultats obtenus peuvent varier très forte-
ment notamment compte-tenu des hypothèses prises sur les coefficients d’écoulement dans
les canalisations.

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„ Études et Recherches

2.1.1 Instruction Technique 77.284


L’instruction technique relative aux réseaux d’assainissement des agglomérations N° 77.284/INT [1]
définit dans son chapitre IV les règles de « Calcul des sections des ouvrages ».
La formule d’écoulement retenue est celle de Chezy :

V  c – RI (1)
dans laquelle :
- V est la vitesse d’écoulement, en mètres par seconde ;
- R est le rayon hydraulique moyen (rapport entre la section d’écoulement en mètres carrés et
le périmètre mouillé en mètres) ;
- I est la pente de l’ouvrage, en mètres par mètre ;
- c est le coefficient défini par la formule de Bazin :

87
c (2)
G
1
R
- γ étant un coefficient d'écoulement qui varie suivant les matériaux employés et la nature des
eaux transportées.

Selon le type de réseaux d’assainissement, le coefficient de Bazin prend pour expression :


- pour les réseaux d’eaux usées en système séparatif : c=70 R1/6
ce qui conduit à la formule d’écoulement : V = 70 R2/3 I1/2 assimilable à la formule de Manning
Strickler avec un coefficient d’écoulement égal à 70.
Il est admis que cette valeur de 70 peut être augmentée de 20 % pour atteindre 84 si le réseau
de canalisations est construit avec soin, avec des matériaux judicieusement choisis et très
bien entretenus.

- pour les réseaux pluviaux en système séparatif ou unitaires : c= 60 R1/4


ce qui conduit à la formule d’écoulement : V = 60 R3/4 I1/2. Il est admis que cette valeur de 60
peut être augmenté de 20 % pour atteindre 72 si le réseau de canalisations est construit avec
soin, avec des matériaux judicieusement choisis et très bien entretenus.

2.1.2 Norme NF EN 752


La norme NF EN 752-4 de 1997 [2] qui n’a pas été modifiée sur ce point dans la NF EN 752 de
2007 [3] mentionne que deux équations sont recommandées pour calculer les débits turbu-
lents dans les branchements et collecteurs : Colebrook et Manning Strickler, en tenant compte
des pertes de charge dans la conduite.

L’équation de Colebrook est donnée pour les tuyaux circulaires pleins en exprimant la vitesse
de l’écoulement par l’équation :
⎛ k 2.51ν ⎛⎜
V= − 2 ( 2gDJ) . log10 ⎜ +
⎜ 3.71D D 2gDJ ⎜ (3)
⎝ ⎝

- V est la moyenne de la vitesse de l’écoulement dans une section transversale, en mètres par
seconde ;
- g est l’accélération de la pesanteur, en mètres par seconde au carré ;
- D est le diamètre intérieur du tuyau, en mètres ;
- J est le gradient hydraulique (perte de charge par unité de longueur), sans dimension ;
- k est la rugosité équivalente du tuyau, en mètres ;
- ν est la viscosité cinématique du fluide, en mètres carrés par seconde.

10
Études et Recherches „

Il est précisé que dans le cas de tuyaux partiellement remplis ou de tuyaux avec des sections non circulaires,
la vitesse de l’écoulement est donnée par l’équation (3) en remplaçant D par 4Rh où Rh est le rayon hydraulique
(section mouillée divisée par le périmètre mouillé).

L’équation de Manning Strickler est donnée pour les tuyaux circulaires et non circulaires pleins ou partiellement
pleins en exprimant la vitesse de l’écoulement par l’équation :

V = K Rh2/3 J1/2 (4)


où :
- K est le coefficient de Manning Strickler, en mètres à la puissance un tiers par seconde ;
- Rh est le rayon hydraulique, en mètres ;
- J est le gradient hydraulique (perte de charge par unité de longueur), sans dimension.

La norme NF EN 752-4 de 1997 précise les valeurs actuellement utilisées comme variant de :
- de 0,03 mm à 3,0 mm pour k dans la formule de Colebrook,
- de 70 m1/3 s-1 à 90 m1/3 s-1 pour K dans la formule de Manning Strickler

Il est proposé deux méthodes pour calculer les pertes de charge totales:
- l’addition des pertes de charge locales (exprimées par des coefficients de perte de charges singulières non
précisé par la norme) avec les pertes de charge des canalisations;
- la comptabilisation des pertes de charge locales en supposant une valeur plus élevée pour la rugosité équiva-
lente de la conduite dans le calcul de la perte de charge de la conduite.
Lors de l’utilisation de valeurs recommandées pour la rugosité équivalente de la conduite, il est nécessaire de
déterminer si une tolérance a été incluse pour les pertes de charge locales.

Comparaison des formules d’écoulement de Colebrook et Manning Strickler :


La norme EN 752 indique que des comparaisons approximatives des estimations de vitesse obtenues à l’aide
des deux formules peuvent être effectuées à l’aide de l’équation suivante :

1/ 6
¥ 32 ´ ¥ 3.71D ´
K  4 g –¦ µ – log10 ¦ µ (5)
§D¶ § k ¶
Où :
- K est le coefficient de Manning Strickler, en mètres à la puissance un tiers par seconde ;
- g est l’accélération de la pesanteur, en mètres par seconde au carré ;
- D est le diamètre intérieur du tuyau, en mètres ;
- k est la rugosité équivalente du tuyau, en mètres.

2.1.3 Coefficients de rugosité des écoulements dans les canalisations


La formule de Manning Strickler est la plus employée en France pour le calcul des écoulements en assainisse-
ment que ce soit en eaux usées ou eaux pluviales dans les systèmes séparatifs ou en systèmes unitaires.
Il est à noter que selon la valeur retenue du coefficient d’écoulement (ou rugosité) K, les vitesses d’écoulement
peuvent varier considérablement et par conséquent conduire à des sections d’ouvrage ou diamètres de canali-
sations notablement différents.
Les valeurs recommandées sont très disparates selon les sources et l’expérience des utilisateurs des formules
d’écoulement.

On trouve ainsi dans la littérature technique courante des valeurs de coefficients d’écoulement selon les maté-
riaux (voir tableau 1):

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„ Études et Recherches

Types de réseaux Eaux pluviales Eaux usées


Réseau avec dépôts susceptibles de se former 50 à 55 -
Réseau pourvu de bouches à décantation 60 à 65 -
Réseau tenant compte d’intrusions de boues - 70
Réseau bien conçu, bien construit et très bien entretenu - 84
Collecteur en béton, grès, fonte, … encrassé
65 65
ou avec incrustations ou dégradations superficielles
Collecteur en béton avec de nombreux branchements, des cunettes et
70 70 à 75
raccordements en maçonnerie
Collecteur en béton, grès, fonte,…
80 85
dans des conditions normales d’exploitation
Collecteur gros diamètre en béton, en éléments
85 à 90 -
ou coulé en place, ou projeté bien lissé
Tableau 1
Valeurs courantes Collecteur gros diamètre en fonte 95 -
de rugosité selon Collecteur PVC et analogues en secteur pavillonnaire (peu de
- 100
Bourrier [4] branchements) et bien entretenu

Une autre source de valeurs provient des fabricants de canalisations qui en précisent ou non
les conditions d’emploi. Les valeurs des documentations commerciales varient selon les pro-
ducteurs de 90 à 120 pour le coefficient d’écoulement de Manning Strickler.

Des valeurs des coefficients d’écoulement dans des canalisations en béton et en PVC ont
été mesurées en laboratoire lors d’une campagne d’essais du CERIB [5] donnant des valeurs
comparables à des études antérieures [7,8]. Les coefficients de Manning Strickler sont com-
parables entre matériaux (béton et PVC) et décroissent avec le taux de remplissage des
canalisations, donnant à section pleine des valeurs du coefficient d’écoulement de Manning
Strickler de l’ordre de 90 à 100, ces mesures ayant été effectuées dans des conditions parfai-
tement maîtrisées d’alignement de canalisations neuves et le fluide étant une eau propre.

Enfin des valeurs du coefficient d’écoulement de Manning Strickler ont été constatées sur
réseaux dont la variabilité est très importante : des valeurs très basses peuvent être atteintes
atteindre 50 [6].

2.1.4 Choix des coefficients d’écoulement dans les canalisations


Face à cette multiplicité de valeurs proposées, des recommandations ont été faites quant au
choix des coefficients d’écoulement adaptés à un dimensionnement hydraulique des réseaux
d’assainissement et notamment des « égouts pluviaux » [9] pour lesquels il est préconisé
d’employer un coefficient de Manning Strickler égal à 80, quel que soit le matériau constitutif
des canalisations ( dans des cas bien spécifiques, si cela est justifié, d’autres valeurs de K
sont admises mais sans jamais sortir de la fourchette de 70 à 90).
Cette approche commune à tous les matériaux constitutifs des canalisations peut s’expliquer
par le fait que le coefficient global d’écoulement K intègre de nombreux paramètres :
- la nature de l’effluent (ex. : eaux usées ou eaux pluviales), la quantité de matières solides
véhiculées et des éventuels dépôts et la température ;
- les caractéristiques des tuyaux et donc des diamètres intérieurs et de leurs éventuelles
déformations (ex. : ovalisation), la rugosité absolue des tuyaux modifiée en service par le
développement d’un biofilm, le nombre de joints mais surtout la façon dont ils assurent la
continuité géométrique de la canalisation ;
- la qualité de la pose et notamment des contre-pentes ou des désalignements qui peuvent
résulter des conditions de pose ou apparaître pendant la durée de vie de l’ouvrage ;
- les points singuliers du réseau et donc les coudes éventuels et la qualité des raccordements
au niveau des regards et des branchements ;
- de la qualité et de la périodicité de l’entretien ;
- la nécessité de considérer les caractéristiques de l’écoulement à section pleine.

12
Études et Recherches „

2.2 Domaine d’application des formules d’écoulement


dans les canalisations
L’évolution de la charge totale dans une canalisation à surface libre s’exprime de manière
générale grâce à l’équation de Bernoulli :
¥ p V2 ´
$H  $ ¦ z µ  Pdclinéaire (6)
§ R g 2 g ¶
où :
- z est l’élévation de la particule liquide ;
- p est la pression (Pa) ;
- ρ est le poids volumique du liquide (N/m3) ;
- V est la vitesse de la particule liquide (m/s) ;
- g est l’accélération de la pesanteur (m/s2).

Pour le calcul des pertes de charges et donc la détermination du diamètre des canalisations,
on se place dans le cas des régimes permanents et uniformes. Ce régime correspond à une
évolution constante de la hauteur d’eau et de la vitesse le long de la canalisation.

Appliqué aux canalisations d’assainissement, ceci constitue une hypothèse simplificatrice,


tant pour les formules de Colebrook que pour celles de Manning Strickler. En effet, les singu-
larités rencontrées dans de tels ouvrages (changement de pentes, décalage de joints, ouvra-
ges d’accès ou de visite, dispositifs d’engouffrement, changements de direction, dépôts…)
entraînent une variation des vitesses d’écoulement à l’amont ou à l’aval de ces points qui
conduisent à un écoulement graduellement varié.

Dans le cadre de l’hypothèse de régimes permanents et uniformes, il y a lieu de définir le


domaine d’emploi des formules d’écoulement pour en évaluer leur applicabilité aux dimen-
sionnement des canalisations d’assainissement et évaluer les incertitudes engendrées.

2.2.1 Formule de Colebrook


La formule de Colebrook est issue des évolutions successives de la connaissance des para-
mètres des écoulements. Elle est donc d’une technicité supérieure à nombre d’autres formu-
les couramment rencontrées (voir Annexe 1).

Détermination des pertes de charges


La perte de charge répartie ΔH divisée par la longueur L du tronçon concerné est appelée
pente de frottement Jf = ΔH /L.
Selon Darcy-Weisbach, Jf s’écrit, pour une section circulaire :

V2 f
Jf  s (7)
2g D
où :
- g est l’accélération de la pesanteur ;
- f est le coefficient de frottement (ou coefficient de résistance), ce coefficient est générale-
ment noté λ dans la littérature technique française ;
- V vitesse de l’écoulement ;
- D diamètre de la canalisation.

Pour des canalisations du commerce, dans lesquelles la répartition locale des éléments de
rugosité est accidentelle (par opposition à une répartition artificielle), Colebrook et White ont
proposé pour le régime turbulent [2], c’est à dire pour Re > 2 300, de déterminer le coefficient
de frottement selon la formule:

13
„ Études et Recherches

1 ¨ E 2,51·
 − 2× log© + ¸ (8)
f ©ª 3, 7 Re f ¸¹
où :
- ε = ks /D caractérise la rugosité relative des parois ;
- ks [m], appelé rugosité équivalente de sable, est le diamètre des grains de sable, homogè-
nes et uniformément répartis qui provoqueraient la même perte de charge que la surface de
rugosité naturelle d’une conduite du commerce ;
RVD VD
- Re le nombre de Reynolds Re   , où ν est la viscosité cinématique du liquide.
M N
Le diagramme de Moody, qui représente l’équation (8) en coordonnées logarithmiques, per-
met de définir le coefficient de frottement f en fonction du nombre de Reynolds Re et de la
rugosité relative ε = ks /D.

f
ks/D

Figure 1
Diagramme de
Moody représentant
le coefficient de
frottement f en
fonction du nombre
de Reynolds R et de
la rugosité relative
ks
ε =
D

Pour les écoulements turbulents pour lesquels f est uniquement fonction de la rugosité rela-

tive , l’écoulement est hydrauliquement rugueux.

Lorsque f dépend uniquement de Re, l’écoulement est dit hydrauliquement lisse.


Entre les deux régimes d’écoulement se trouve une zone de transition dans laquelle f = (Re, ε).

Les différents régimes peuvent être déterminés par les équations suivantes :

• Turbulent lisse :
ks
R f  12
D e
ks
• Turbulent transition : 12  R f  200
D e
ks
• Turbulent rugueux : R f  200
D e
Même pour des valeurs très faibles de ks de 0.03 mm, on peut constater que le régime turbu-

14
Études et Recherches „

lent lisse ne correspond pas à des conditions fréquentes en assainissement puisqu’il n’interviendrait que pour
des vitesses inférieures en sections pleines à 0.2m/s.

Utilisation de Colebrook pour les écoulements à surface libre


Bock propose une adaptation de la relation de Colebrook-White pour la rendre applicable universellement pour
des conduites en charge et des canaux à surface libre en remplaçant D dans les équations (7) et (8) par 4 Rh, Rh
étant le rayon hydraulique :
V2 f
Jf  s (9)
2g 4 R h

1 ¨ ks 2.51N ·
 2 – log© ¸ (10)
f ª 3.71( 4 Rh ) V ( 4 Rh ) f ¸¹

Dans le cas d’un écoulement appartenant au régime turbulent lisse, Bock [10] propose les relations d’introduire
un coefficient de forme :
Φ = Rhe/Rh (11)

où l’indice « e » caractérise le rayon hydraulique efficace.

1/4
¨1,6 2 9(h / b) ·
F© ¸ , profil rectangulaire (12)
ª 1 + 2 ( h / b) ¹
1/4
¨ ¥h´ 1 + ( h /m b) ·
F  ©1,629 ¦ µ. ¸ , m ≈ 1, profil trapézoïdal (13)
©ª § b ¶ 1 + 2 1 + m 2 ( h /m b) ¸¹

F  ;2,539m=
0 ,15
, profil triangulaire (14)

F  ;h / D=
1/4
, profil circulaire (15)

avec :
- h = hauteur mouillée ;
- b = largeur de la surface libre ;
- m = pente de la paroi.

La formule d’écoulement s’écrit alors :

1 ¨ ks 2.51N ·
 2 . log© ¸ (16)
f ª 3.71(4&R h) V (4&R h) f ¸¹
Il propose d’appliquer ces relations également pour le régime turbulent rugueux, sans pourtant avoir effectué les
essais correspondants.

Formules de dimensionnement
L’écoulement turbulent dans les canalisations circulaires est influencé par les cinq paramètres :
- le débit Q,
- de diamètre de la canalisation D ;
- la pente de frottement Jf ;
- la rugosité équivalente au sable ks ;
- la viscosité cinématique de l’eau ν.
4Q 2gDJ f 4Q
La vitesse V  2 , le coefficient de frottement f  , le nombre de Reynolds Re  et la
PD V 2 PN D 2

15
„ Études et Recherches

ks
rugosité relative E  peuvent être déterminés à l’aide de ces paramètres de base.
D
Dans les problèmes, quatre des cinq paramètres doivent être donnés et le cinquième peut être
calculé à l’aide des équations (7) et (8). En pratique, on peut être amené à déterminer :
• la pente de frottement Jf ;
• le débit Q ;
• le diamètre D.

Détermination de la pente de frottement Jf


La première question peut être résolue d’une manière élémentaire à l’aide de la Figure 1. Une
fois le coefficient de frottement f déterminé, Jf se calcule selon l’équation (7).

Détermination du débit Q
En posant :

Q
qˆ  (17)
gJf D5

gJf D3
N (18)
N

on obtient pour le débit relatif :

P ¨ E 2,51·
qˆ = − × log © + ¸ (19)
2 ª 3, 7 2N ¹

et donc le débit :

¥ P ´ ¨ E 2.51 ·
Q  g.J f . D 5 – ¦ µ – log © ¸ (20)
§ 2¶ ª 3.7 2N ¹

Détermination du diamètre D
En posant :

D
D* = (21)
D0

ks
ks* = (22)
D0

N D0
N*  (23)
Q
1/ 5
¥ Q2 ´
D0 = ¦ µµ (24)
¦ gJ
§ f ¶

16
Études et Recherches „

Le diamètre peut être déterminé à partir de l’équation implicite en D* suivante [10] :

¨ ks * · D* 3/ 2

N *  © 10
ª
2 /(P D * 5 / 2)

s
3, 7 D * ¸¹ 1, 776
(25)

Elle est représentée à la figure 2 en coordonnées semi-logarithmiques.

Figure 2
Détermination du
diamètre D*, en
fonction de ν*et ks*
selon l’équation 25

On visualise bien sur cette figure l’influence essentielle de la viscosité pour les valeurs faibles de rugosité au
sable.

2.2.2 Formule de Manning Strickler


Manning et Strickler ont respectivement établi et confirmé une forme simple reliant la vitesse moyenne V avec la
pente de frottement Jf et le rayon hydraulique Rh :

1/ 2 2/3
V = K . Jf . Rh (26)

Dans une conduite circulaire complètement remplie, cette formule s’écrit


2/3
1/ 2 2/3 1/ 2 ¥D´
V = K . Jf . Rh = K . Jf .¦ µ (27)
§ 4¶
ou
5/ 3
P 1/ 3 8/ 3
Q= . K . Jf . D (28)
4
Hager [10] a défini le domaine d’application de cette formule. Pour que celle-ci soit comparable à la formule de
Colebrook, qui présente l’avantage d’intégrer les pertes de charges par frottement sur les parois et celles dues
à la viscosité de l’effluent, deux conditions doivent être remplies :
ks* > (60ν*)10/9 (29)
et
7.10-4 < ε < 7.10-2 (30)
La première exigence correspond au régime pratiquement rugueux tandis que la deuxième adjoint la formule de
Manning-Strickler à un domaine de rugosité particulier, le domaine fortement rugueux.
Selon la Figure 1, les nombres de Reynolds correspondants se situent entre l04 < Re < 107. Dans ce domaine,
l’équation (29), peut également être exprimée de façon approchée par :

17
„ Études et Recherches

ks . Q
ks* > 30ν*, donc 2
> 30
N . D0
soit
ks > 30ν[g2Jf2Q]-l/5 (31)
Pour les diamètres et les vitesses normalement rencontrés en assainissement, le nombre de
Reynolds varie typiquement de 5.104 à 5.106 , Re =107 est très rarement dépassé.
Pour Re > 107, d’autres relations approchées doivent être utilisées [10].

2.3 Analyse paramétrée des coefficients d’écoulement à


surface libre
Les écoulements en assainissement étant généralement turbulent transitoires ou turbulents
rugueux, le choix des rugosités au sable de Colebrook ks ou des coefficients d’écoulement de
Manning-Strickler conditionne le type d’écoulement prévisible dans la canalisation et donc les
performances hydrauliques prévisibles : débit admissible pour une canalisation de diamètre
et de pente donnée ou diamètre d’une canalisation de pente donnée pour assurer le transport
d’un débit donné.
Comme il a été rappelé en 2.1.3, les valeurs annoncées par les fournisseurs de canalisations
sont très diverses. Il a donc été procédé à une analyse paramétrique des coefficients d’écou-
lement de Manning Strickler pour une large plage de variation.

2.3.1 Principe de l’étude paramétrée


Comme expliqué en 2.2.2, la formule d’écoulement de Colebrook a été prise comme référence
car elle présente l’avantage d’intégrer les pertes de charges par frottement sur les parois et
celles dues à la viscosité de l’effluent.

L’étude paramétrée a consisté à calculer le débit véhiculé par application de la formule de


Colebrook et à « retro-calculer » le coefficient d’écoulement de Manning Strickler pour obtenir
le même débit dans les mêmes conditions de calcul.
Les plages de variation des paramètres ont été choisies pour correspondre aux conditions
classiques rencontrées en assainissement:
• D varie de 0,2 à 2. Nombre de diamètres de 20.
• I varie de 0,02 à 0,001. Nombre de pentes de 20.
• ν=1,3.10-6.
• 50 valeurs de hauteurs de remplissage h caractérisée par leur angle δ (δ varie de π/5 à π).

Figure 3
Notations des h
paramètres de
l’étude paramétrée

18
Études et Recherches „

Les canalisations étaient supposées idéalement rectilignes, sans rupture de pente et sans
aucune singularité géométrique ou de rugosité.
La plage de variation de la rugosité au sable ks des canalisations a été de 1.10-5 à 5.10-3, avec
20 valeurs de rugosité.

Il en résulte 400 000 cas de comparaison pour l’analyse.

Afin de vérifier que dans tous les cas le système a correctement convergé, le critère de conver-
gence suivant a été calculé, pour les 400 000 cas :
2 2
¨ Q2 f · ¨ ¨ E 2,51 · ·
©1 − 2
× ¸ + ©1 + f .2.log© + ¸ ¸ = 0 (32)
ª I .S × 2 g 4 Rh¹ ©ª ª© 3, 7 R f ¹¸ ¸¹
Le critère de convergence a été de l’ordre 10-6 pour l’ensemble des calculs menés.

2.3.2 Valeurs du coefficient d’écoulement Manning-Strickler


Les courbes ci-après représentent pour différentes valeurs supposées de rugosité au sable ks
les valeurs calculées correspondantes du coefficient d’écoulement de Manning Strickler Ks en
fonction du taux de remplissage. La droite verticale représente la valeur du ks calculée d’après
la formule de Hager (voir ci-après).

Présentation des résultats


• ks = 1.10-5

Figure 4
Ks en fonction de
la hauteur d’eau
adimentionalisée
pour ks = 1.10-5

19
„ Études et Recherches

• ks= 1.10-4

Figure 5
Ks en fonction de
la hauteur d’eau
adimentionalisée
pour ks = 1.10-4

• ks=1,4.10-3

Figure 6
Ks en fonction de
la hauteur d’eau
adimentionalisée
pour ks = 1,4.10-3

• ks=5.10-3

Figure 7
Ks en fonction de
la hauteur d’eau
adimentionalisée
pour ks = 5.10-3
20
Études et Recherches „

Analyse des résultats


• Les courbes de la figure 4 montrent que, pour une rugosité au sable supposée de ks = 10-5,,
le coefficient d’écoulement de Manning Strickler Ks, dans le cas théorique de canalisations
idéalement rectilignes, sans rupture de pente et sans aucune singularité géométrique ou de
rugosité varie de 98 à 120 pour les pentes courantes utilisées couramment en assainisse-
ment. Il ne varie pas avec la hauteur de remplissage. La spécification technique TS 15223
[11] ne retient ce niveau de rugosité que pour les tuyaux de diamètres strictement inférieurs
à 100 mm en précisant que cette valeur ne s’applique que pour des tuyaux droits sans
connections ni pièces de raccord et que la rugosité d’un système d’assainissement est
considérablement supérieure.
• Les courbes de la figure 5 montrent que, pour une rugosité au sable supposée de ks = 10-4,,
le coefficient d’écoulement de Manning Strickler Ks varie de 91 à 111 et diminue avec le taux
de remplissage pour varier dans une plage allant de 91 à 106 selon les régimes d’écoule-
ment. Il est à noter que l’on retrouve ici les résultats des essais réalisés sur canalisations en
conditions contrôlées de laboratoires sur conduites parfaitement rectilignes.

Les essais réalisés par le CERIB [5] sur des tronçons de canalisation en béton et en PVC de
diamètre 600 mm posés à une pente régulière de 5 mm/m donnaient des résultats concordants
tant pour la diminution de la valeur du coefficient d’écoulement de Manning Strickler avec l’aug-
mentation du taux de remplissage que la valeur absolue des valeurs du coefficient, qui est de
l’ordre de 90 au taux de remplissage correspondant au débit maximum (voir figure 8).

120

100

80

60

40 Canalisations :
PVC
20 Figure 8
Béton
Résultats des essais
sur canalisations
0
diamètre 600mm
0 20 40 60 80 100
réalisés par le
Taux de remplissage en %
CERIB

Des résultats similaires avaient été obtenus lors de campagnes d’essais nord-américaines
menées également sur conduites en béton et en PVC dans des diamètres inférieurs ( 200 mm
à 450 mm) [7,8].

• Les courbes de la figure 6 montrent que, pour une rugosité au sable supposée de ks = 1.4 10-3,
le coefficient d’écoulement de Manning Strickler Ks varie de 72 à 79 selon les régimes
d’écoulement et diminue avec le taux de remplissage. On retrouve ici des valeurs très pro-
ches de celles de l’Instruction Technique 77-284 pour les réseaux d’eaux usées qui donne
un coefficient d’écoulement de 70 pouvant atteindre dans de bonnes conditions 84.
Les courbes de la figure 7 pour une rugosité au sable supposée de ks = 5 10-3,, conduisent à
des valeurs de coefficient d’écoulement Ks encore plus faible variant de 60 à 65.

21
„ Études et Recherches

2.3.3 Correspondance entre rugosité Colebrook et coefficient


d’écoulement Manning Strickler

L’étude paramétrée ci-dessus montre que les formules de correspondance entre les rugosités
Colebrook et les coefficients d’écoulement de Manning Strickler constituent des approches
simplifiées qui ne sont applicables que pour des domaines limités.
Ainsi, la formule proposée par Hager établissant la relation proposée par Hager entre la rugo-
sité de sable équivalente ks et le coefficient d’écoulement de Manning-Strickler Ks pour les
écoulements en régime rugueux pour lesquels 104 < Re < 107, :
1/ 6
Ks × k s (33)
 8.2
g
n’est applicable que pour les rugosités au sable importantes ( supérieures à 1.4 10-3). Pour
des rugosités moindres, l’approximation peut être de 50%.

L’étude paramétrée a été approfondie afin de mieux cerner les approximations commises
lors de l’établissement des correspondances entre les formules de Manning-Strickler et Cole-
brook. Une plage de variation plus large des paramètres a été retenue :

Diam. 100 125 150 200 250 300 400 500 600 800 1000
(mm) 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2500 2800 3000 3200 3500

0.5 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12
Pente
14 16 18 20 22 24 26 28 30 35 40 45
(‰)
50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100

50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105
Ks
110 115 120 125 130 135 140 145 150

Tableau 2
Valeurs des 18.4 10.4 6.15 3.80 2.44 1.61 1.09 0.76
différents ks
0.54 0.39 0.287 0.214 0.162 0.124 0.096 0.0752
paramètres de (mm)
0.059 0.047 0.038 0.031 0.0252
l’étude paramétrée

Les figures 9 et 10 illustrent ces erreurs d’appréciation du débit section pleine.

22
Études et Recherches „

Figure 9
Erreur commise
sur le débit
en établissant
la relation
correspondance
de Hager pour
Ks = 150
correspondant à
ks = 0.0252 mm

Figure 10
Erreur commise
sur le débit
en établissant
la relation
correspondance
de Hager pour
Ks = 120
correspondant à
ks = 0.096 mm

La surestimation des débits transportables par un réseau peut conduire à sa mise en charge.
La figure 11 montre que pour une canalisation de diamètre 800 mm, de pente 0,3 % et de
coefficient d’écoulement de Manning Strickler Ks = 75, un débit de 50 % supérieur au débit

23
„ Études et Recherches

pleine section conduit à une mise en charge de 2,50 m susceptible de provoquer un débor-
dement en surface.

h= f(Q )

4.5
4
3.5
Surface libre En charge
3
2.5
h

2
1.5
1
0.5
Figure 11 0
Mise en charge
d’une canalisation 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
en fonction du
Q
débit

La figure 12 permet de visualiser le domaine de fiabilité de la formule de Manning-Strickler


lorsque les coefficients d’écoulement sont déterminés sur la base de la rugosité au sable
Colebrook par la formule de Hager (33). On peut noter que l’erreur commise dans le domaine
Ks = 50 à Ks = 90 est inférieure à 12 % quels que soient les diamètres et les pentes.

24
Études et Recherches „

Figure 12
Courbes de niveaux
des erreurs entre
Manning Strickler
et Colebrook
en appliquant
la formule de
correspondance de
Hager

Il en est de même de la formule de l’EN 752 :


1/ 6
¥ 32 ´ ¥ 3.71D ´
Ks  4 g – ¦ µ – log10 ¦ µ (34)
§D¶ § ks ¶

25
„ Études et Recherches

qui a été établie en négligeant le terme de turbulence de la formule de Colebrook conduit


donc à comparer la formule d’écoulement de Nikuradse à celle de Manning Strickler.

Tableau 3 Coefficient d’écoulement de Manning Strickler calculé (EN 752)


Coefficients
d’écoulement de Diamètres 100 300 500 800 1000 1500 2000
Manning Strickler Rugosités 1.10-4 117 110 107 104 102 99 97
calculés sur la base au sable 1.10-3 84 83 82 80 80 78 77
de rugosité au sable supposées 1.4.10-3 79 79 78 77 76 75 74
supposées

Le calcul du coefficient d’écoulement de Manning Strickler sur la base d’une rugosité au sable
supposée inférieure à 1.4 10-3 conduit à surestimer les débits calculés de 20 à 50 % pour une
section de canalisation donnée.

2.4 Coefficients d’écoulement applicables en


assainissement
Afin de prendre en compte les conditions couramment rencontrées dans les réseaux d’as-
sainissement (diamètres, pentes, qualité des matériaux), le débit maximum admissible d’une
canalisation doit se baser sur des taux de remplissage importants (de l’ordre de 80 à 100% de
remplissage). L’étude paramétrée ci-dessus, que confirme les essais d’écoulement sur canali-
sations menés dans des conditions idéales de pose et de régularité de pente, conduit à limiter
le coefficient de Manning Strickler Ks à 90 quelque que soit la rugosité au sable du matériau.

Il faut toutefois noter que cette valeur limite du coefficient d’écoulement de Manning Strickler
s’applique à des conduites rectilignes et que n’ont été incluses ni les pertes de charges singu-
lières dues aux points singuliers du réseau (coudes, raccordements au niveau des regards et
des branchements), ni les pertes de charge dues aux dépôts éventuels dans la canalisation, ni
les perturbations hydrauliques dues à la qualité de la pose (et notamment des contre-pentes
ou des désalignements qui peuvent résulter des conditions de pose ou apparaître pendant la
durée de vie de l’ouvrage ).
Les conditions réelles de fonctionnement des réseaux conduisent généralement à minorer les
valeurs des coefficients d’écoulement. L’approche est généralement globale. Toutefois des
études spécifiques ont été menées pour quantifier l’influence propre de chacun des facteurs
facteurs.

2.4.1 Incidence des ouvrages singuliers


Les pertes de charges dans une canalisation ne peuvent se limiter aux seules pertes de char-
ges linéaires dans les parties droites de l’ouvrage. Les points singuliers contribuent également
de façon notable à la perte d’énergie hydraulique.
Deux approches peuvent être adoptées, comme le prévoit l’EN 752 [3] :
- la prise en compte globale des singularités par l’adoption de coefficients d’écoulement
adaptés les intégrant ;
- la sommation des pertes de charges linéaires et singulières.

Prise en compte globale des singularités par l’adoption d’une rugosité opérationnelle
La première approche consiste à déterminer un coefficient d’écoulement représentatif de la
canalisation dans son ensemble ( rugosité opérationnelle [10]).
Les valeurs retenues en Allemagne sont mentionnées dans le tableau 4 [11] :

26
Études et Recherches „

Rugosité au sable
Type de canalisations
Colebrook (mm)
Collecteur d’assainissement avec regards 0,50 Tableau 4
Canalisation d’assainissement avec regards avec cunettes ou non Rugosités
0,75 opérationnelles
Collecteur d’assainissement avec regards spéciaux
selon l’ATV
Canalisation d’assainissement avec regards spéciaux 1.50

On retrouve par application des résultats de l’étude paramétrée les valeurs d’écoulement de
Manning Strickler Ks de 70 à 90 (voir figures 13 et 14)

Figure 13
Coefficient
d’écoulement
Manning Strickler
correspondant à
une rugosité au
sable Colebrook de
0,5 mm selon le
diamètre et la pente
de la canalisation

Figure 14
Coefficient
d’écoulement
Manning Strickler
correspondant à
une rugosité au
sable Colebrook de
1,5 mm selon le
diamètre et la pente
de la canalisation

Sommation des pertes de charges linéaires et singulières


Les pertes de charges singulières s’expriment sous la forme :

27
„ Études et Recherches

V2
HL = K (35)
2g
où :
HL est la perte de charge singulière ;
K est le coefficient de perte de charge singulière ;
V est la vitesse de l’effluent ;
g est l’accélération de la pesanteur.

Les coefficients K de perte singulière dépendent du type de singularités et ont été établis
pour les expansions et les contractions du réseau, les coudes, les jonctions et les ouvrages
d’accès au réseau (regards de visite ou boîtes de branchement). Différentes expressions ont
été proposées prenant en compte de manière plus ou moins détaillée les conditions d’écou-
lement.

Pour les expansions :


2
V 2 ¨ ¥ A ´·
H L  K e 1 ©1 ¦¦ 1 µµ¸ (36)
2g ª § A 2 ¶ ¹
où :
Ke est le coefficient de perte de charge par expansion ;
V1 est la vitesse de l’effluent en amont de l’expansion ;
A1 est la section amont de l’expansion ;
A2 est la section aval de l’expansion ;
g est l’accélération de la pesanteur.

Ceci se traduit pour les canalisations circulaires par les coefficients de perte de charge du
tableau 5 [11] :

Angle de l’expansion D2/D1 = 3 D2/D1=1.5

10 0.17 0.17 Écoulement


20 0.40 0.40
45 0.86 1.06
60 1.02 1.21
Tableau 5 90 1.06 1.14
Coefficient de
120 1.04 1.07
perte de charge par
expansion 180 1.00 1.00

Ke est égal à 1 pour une expansion brusque.

Pour les réductions :

V12
HL  K c (37)
2g
où :
Kc est le coefficient de perte de charge par expansion ;
V1 est la vitesse de l’effluent en amont de l’expansion ;
A1 est la section amont de l’expansion ;
A2 est la section aval de l’expansion ;
g est l’accélération de la pesanteur.

Ceci se traduit pour les canalisations circulaires par les coefficients de perte de charge du
tableau 6 pour un angle d’expansion de 180°[12] :

28
Études et Recherches „

Rapport des sections amont Kc


et aval de la réduction
0.1 0.36
0.2 0.34

Écoulement
0.3 0.31
0.4 0.27
0.5 0.22
0.6 0.16
0.7 0.11
0.8 0.05
0.9 0.01 Tableau 6
1.0 0.00 Coefficient de
perte de charge par
réduction

Dans le cas de contraction suivant un angle δ, le coefficient Kc peut être évalué au moyen de
la figure 15 :

1 K 2 0,5
Kc F2/F1
0
D
0,25
0,5 Figure 15
V1 V2 Coefficient de perte
0,7 de charge tant

D2 D dompte de l’angle
0 de réduction en
0 30° 60° 90° fonction du rapport
a) D2 b) des sections aval et
amont F1 et F2

Kc est égal à 0,5 pour une réduction brusque.

Pour les coudes :


V12
HL  K b (38)
2g

Différentes approches ont été proposées :


3 .5
¨ ¥r´ · Q
K b  ©0.13 1.85¦ µ ¸ . (39)
©ª § R ¶ ¸¹ 180
où :
r est le rayon de la canalisation ;
R est le rayon de courbure du coude ;
θ est l’angle du coude.

Cette formule connaît des expressions plus élaborées prenant en compte le type d’écoule-
ment caractérisé par le nombre de Reynolds Re. La figure 16 illustre cette approche :

29
„ Études et Recherches

0,6 180°
XK D 0,3
150°
120° 1 0,25
R
0,6
0,4 D 90° 0,2
D 0,3 0,2
0,15
180° 60°
0,2 D 90° XK

45° 40° 0,1

30° 0,08
R/D
0
0,5 1 2 4 6 8 10 20° 0,06

Figure 16 0,02 0,04


R/D
Coefficient de perte 10°
0,5 1 2 3 4 6 8 10
de charge Kb = ξk
6
dans les coudes en pour Re ≥ 106 pour Re = 10 :
fonction du nombre pour Re ≤ 106 : ξk(Re) = ξk(Re ≥ 106)(106 / Re)1/6 ξk(Re)/ξk(Re ≥ 106) = 3.7 / (log Re – 2.3)
de Reynolds Re

Pour les ouvrages d’accès au réseau (regards de visite et boîtes de branchement) :


Différentes approches ont été proposées pour ces ouvrages qui sont les plus fréquents sur
les canalisations et que le Fascicule 70 prescrit pour procéder au changement de direction,
de pente ou de niveau.

Il a été proposé, afin de prendre en compte l’ensemble des paramètres influents, l’expression
suivante du coefficient de perte de charge [14, 15] :

K = KO CD Cd CQ CP CB (40)
Et :
K = (C1 C2 C3 + C4i) ω (41)

Où :
- K est le coefficient ajusté de perte de charge ;
- KO et C1 sont des coefficients de perte de charge basé sur le rapport des dimensions entre
canalisation et regard ;
- CD est un facteur de correction fonction du diamètre de la canalisation (seulement si celle-ci
est sous pression) ;
- Cd et C2 sont des facteurs de correction fonction de la hauteur eau (seulement en écoule-
ment à surface libre) ;
- CQ est un facteur de correction fonction du débit ;
- CB et ω sont des facteurs de correction fonction de la du type de cunette ;
- CP et C3 sont des facteurs de correction pour le débit plongeant ou latéral ;
- C4j est un facteur de correction relatif au diamètre des branchements amont qui n’a pas
d’influence sur les autres débits entrants.

Différentes expressions ont été proposées pour ces coefficients synthétisées dans le tableau
7 [14,15] :

30
Études et Recherches „

coefficients Ko = 0.1 (b/DO) (1 - sinθ) + 1.4 (b/DO)0.15 sinθ


de perte où : b
de charge b est le diamètre du regard 0 .9
DO
basés sur le DO est le diamètre de la canalisation aval C1
rapport des θ est l’angle entre les canalisations amont et b
6
dimensions aval DO
entre
canalisation où :
Entrée Sortie b est le diamètre du regard
et regard
DO est le diamètre de la canalisation aval
Q
facteur de • Pour d/ DO ≥ 3.2 :
correction
fonction du CD = (DO/Di)3
diamètre de la où :
canalisation d est la hauteur d’eau dans le regard
(seulement DO est le diamètre de la canalisation aval
si celle-ci Di est le diamètre de la canalisation amont
est sous
pression) • Sinon CD = 1

facteur de • Pour d/ DO ≤ 3.2 : • Pour d/ DO ≤ 3 :


correction
C d = 0.5(d / D O )
0 .6
2 3
fonction de la d d
hauteur eau C2 0.24 0.05
(seulement en DO DO
où :
écoulement à d est la hauteur d’eau dans le regard où :
surface libre) DO est le diamètre de la canalisation aval d est la hauteur d’eau dans le regard
DO est le diamètre de la canalisation aval
• Sinon Cd = 1
• Pour d/ DO > 3 :
C2 = 0.82
facteur de • S’il y a plus de trois branchements C3 = Terme 1 + Terme 2 + Terme 3 + Terme 4 +
correction approximativement à la même hauteur : Terme 5
fonction du Où
débit Q i 0.75 Terme 1 = 1.0
C Q = ( 1 − 2 sinθ ) ( 1 − ) +1 4
Qi
0.75
Zi d
0.3
Zi
0.3

QO Terme 2 = 1 2
i 1 QO DO DO DO

Si Zi < d
où :
terme 2 = 0
θ est l’angle entre les canalisations amont et
aval 3
Qi est le débit entrant dans le regard Cos i HMC i
Terme 3 = 4 0 .3
QO est le débit sortant du regard i 1 d
DO
Pipe 01 Pipe 03
Q1 Q3 ZA ZB
Terme 4 = 0.8
DO DO

0.75 0.75
Q2 Pipe 02 Terme 5 =
QA
sin A
QB
sin B
QO QO
0.75
• sinon CQ = 1 Zi Qi
HMCi 0.85
DO QO

QO = débit total dans le tuyau aval, m3/s


Q1, Q2, Q3 = débit des branchements amonts 1, 2 et 3, m3/s
Q4 = débit dans le regard du tuyau amont, m3/s
Z1, Z2, Z3 = dénivellation entre le niveau bas des
branchements amonts 1, 2, et 3 et le tuyau aval
Z4 = dénivellation entre les niveaux bas du tuyau amont et
du tuyau aval, m
DO = diamètre du tuyau aval, m
b = diamètre du regard, m
d = hauteur d’eau dans le regard par rapport au tuyau
aval, m
θ1, θ2, θ3 = angles entre les branchements amonts 1, 2

31
„ Études et Recherches

facteur de et 3 et le tuyau aval


correction HMC1 = moment horizontal pour le branchement i
fonction du QA, QB = débit dans le branchement donnant la valeur
débit (suite) maximale du terme 4, m3/s
ZA, ZB = dénivellation du branchement donnant la valeur
maximale du terme 4 par rapport au tuyau aval, m
facteur de Quatre cas sont considérés : Quatre cas sont considérés :
correction
fonction
du type de
cunette

conduisant aux facteurs correctifs suivants : conduisant aux facteurs correctifs suivants :
Facteurs de correction, CB Facteurs de correction, ω
Type de Type de
cunette Non cunette Non
Submergé* Submergé*
submergé** submergé**

Plat 1.00 1.00 Plat 1.00 1.00

Cunette mi Cunette mi
0.95 0.15 0.95 0.15
diamètre diamètre
Cunette Cunette
0.75 0.07 0.75 0.07
complète complète
Cunette Cunette
0.40 0.02 0.40 0.02
améliorée améliorée
*Ecoulement sous pression d/DO > 3.2 *Ecoulement sous pression d/DO > 3.2
**Ecoulement à surface libre d/DO < 1.0 **Ecoulement à surface libre d/DO < 1.0

facteur de • Si h > d
correction h (h d)
pour le débit Cp 1 0 .2
DO DO
dévié

h est la hauteur verticale de la canalisation de
branchement amont la plus haute au centre
de la canalisation aval
d est la hauteur d’eau dans le regard
DO est le diamètre de la canalisation aval

• Si h ≤ d : Cp = 1

facteur de
correction Qi Ai Vi2
relatif au C 4i 1 2 cos i
diamètre des QO AO VO2
branchements où :
amont Ai et AO sont les sections des canalisations amont et aval
θi est l’angle entre les canalisations amont et aval
Qi est le débit rentrant
QO est le débit sortant
Vi est la vitesse rentrante
VO est la vitesse sortante

Tableau 7 :Coefficients et facteurs de détermination des pertes de charge dans les regards

L’analyse des différents facteurs montre que l’influence de la hauteur d’eau dans le regard ne peut être négligée
dans la détermination des pertes de charge dans l’ouvrage. Le tableau 8 mentionne les facteurs multiplicateurs
appliqués aux pertes de charge en fonction de la hauteur d’eau :

32
Études et Recherches „

Ecoulement libre à
section pleine d/D0 = 2 d/D0 = 3.2 Tableau 8
d/D0 = 1 Incidence de la
C2 1 2.95 4.31 hauteur d’eau dans
Cd 1 1.5 1.93 le regard sur la
perte de charge

Si l’on considère un regard de visite de 1000 mm de diamètre intérieur, à passage direct,


sans déviation angulaire, ayant des canalisations de même diamètre en amont et en aval, les
coefficients de perte de charge en écoulement libre calculés par les deux méthodes ci-dessus
varient de 0,1 à 0,3 en présence d’une cunette et à 2 en l’absence de celle-ci.

La perte de charge d’une canalisation rectiligne de longueur L, de rayon hydraulique R et


véhiculant un effluent à la vitesse V est :

V2
Perte de ch arg e linéique  I.L  .L (42)
K 2s .R 4 / 3

où Ks est le coefficient d’écoulement de Manning Strickler de la canalisation.

La longueur de canalisation induisant une perte de charge équivalente à une singularité de


coefficient de perte de charge K1 est donc égale à :
K 1 .K 2s .R 4 / 3
L (43)
2.g

La longueur de conduite équivalente au regard équipé de cunette décrit ci-dessus est donc
si l’on prend Ks = 90 de l’ordre de 4 m pour un diamètre 300 mm. Compte tenu du fait que
l’intervalle couramment pratiqué dans les réseaux d’assainissement est de l’ordre de 40 à
80 m maximum, l’incidence d’un seul regard à passage intégral sans déviation angulaire est
de l’ordre de 5 à 10 % des pertes de charge linéiques du tronçon en écoulement libre. Elle
peut être jusqu’à sept fois supérieure en l’absence de cunette.
Cette perte de charge est par contre susceptible d’atteindre 10 à 40 % si la hauteur d’eau
dans les regards augmente jusqu’à trois fois le diamètre de la canalisation de sortie.
Une attention particulière doit être apportée à ce point dans les canalisations d’eaux pluvia-
les ou unitaires dans lesquelles les matières en suspension sont en quantité importante et
peuvent conduire à des dépôts. Leur présence et leur remise en suspension sont susceptible
de créer des « effets de chocs » pouvant conduire à la mise en charge de la canalisation et à
l’augmentation significative de la hauteur d’eau dans les regards. (voir 2.4.3).

2.4.2 Incidence des dépôts


Ackers [10] a mis en évidence les points suivants :
• Le développement de la couche de biofilm sur les canalisations varie beaucoup selon les
conditions et la nature des eaux usées. Elle se développe rapidement pour arriver à une
épaisseur finale.
• Pour de grandes vitesses, cette couche est plus mince que pour des vitesses lentes.
• Pour des couches d’une épaisseur inférieure à 3 mm, la même résistance que pour des
nouvelles conduites peut être adoptée. Au-delà de cette limite, la résistance augmente brus-
quement.
• Les conduites avec un lit couvert de gravier et qui distribuent un débit avec un nombre de
Froude autour de 0,5 développent des ondes, des vagues, qui augmentent les pertes de
charge (voir 5.2.1).

Ackers propose :
- ks = 0.5 mm pour de bonnes conditions d’écoulement ;
- ks = 1.5 mm pour les conduites dont la couche de développement est plus petite que 5 mm

33
„ Études et Recherches

dans des conditions normales ;


- ks = 3 mm pour de mauvaises conditions d’écoulement.

En se référant aux équivalences calculées dans l’étude paramétrée, il apparaît donc que le
coefficient d’écoulement à retenir pour des canalisations dont on prévoit un bon écoulement
hydraulique (du fait de la nature des eaux ou de la politique d’entretien et de maintenance) ne
doivent pas excéder Ks = 90.
Dans des conditions jugées normales, le coefficient d’écoulement correspond à celui de
l’INT 77-284 : Ks = 60 à 72.

2.4.3 Incidence des irrégularités de pentes


L’irrégularité des pentes sur une canalisation d’assainissement peut être liée à la conception
du projet (pentes des tronçons) ou à sa réalisation (pentes et contre-pentes des tuyaux dans
un tronçon).
Les variations de pentes peuvent être à l’origine à l’origine de variations de la hauteur mouillée
dans la canalisation pouvant conduire ou non à une mise en charge des canalisations. Afin
d’identifier l’impact des variations de pentes sur une canalisation, une étude paramétrée a
été réalisée sur une canalisation de diamètre intérieur 800 mm véhiculant un débit de 600 l/s
en prenant un coefficient d’écoulement Manning Ks = 70. Ceci correspond à un taux de rem-
plissage de 75 % pour une pente de 0,3 %. Le cas choisi permet d’illustrer qualitativement le
phénomène rencontré.

Incidence des variations de pentes de tronçons successifs de canalisations

Figure 17
Schéma du tronçon
simulé

On considère 9 tronçons successifs rectilignes d’une longueur de 50 mètres dont la pente


moyenne est de 0,3 % (voir figure 17). La pente des 5 tronçons intermédiaires peut varier de
- 1 % à + 1 %. Les canalisations de départ et d’arrivée sont fixes de manière à obtenir une
pente de 0,3 % à chaque extrémité.
Le nombre total de possibilités est représenté figure 18 ; 2340 cas ont été testés.

Figure 18
Nombre
d’interconnexions
possibles pour la
simulation 1

34
Études et Recherches „

Le calcul se fait en résolvant la courbe de remous. On observe que dans 60 % des cas, il peut
y avoir une mise en charge des canalisations sur toute la longueur du tronçon (voir figure 19).
Dans cet exemple la mise en charge peut atteindre quasiment une fois le diamètre.

Mise
en charge

Figure 19
Influence des
variations de pente
de - 1 % à + 1 %
sur la hauteur
d’eau entre deux
points du réseau

La figure 20 montre l’influence d’une variation de pente de - 0.5 % à + 0.5 % sur la hauteur
d’eau.

Figure 20
Influence des
variations de
pente de - 0,5 %
à + 0,5 % sur la
hauteur d’eau entre
deux points du
réseau

On remarque que pour une variation de pente plus faible, le phénomène de mise en charge est
moins conséquent. Dans seulement 20 % des cas on observe une mise en charge des tronçons.
La variation de pente a donc une véritable influence sur la mise en charge d’un tronçon. Pour
des hauteurs de recouvrement de l’ordre de une fois le diamètre (pour cet exemple), des
variations de ± 5 ‰ sont tolérables.

35
„ Études et Recherches

Incidence des variations de pentes des tuyaux au sein d’un même tronçon
de canalisation

Figure 21
Schéma du tronçon
simulé

La même paramétrée que ci-dessus a été menée à une échelle plus locale. Un tronçon de
12 tuyaux de 3 m de longueur unitaire de pente moyenne égale à 0,3 % a été considéré (voir
figure 21). La pente des 8 tuyaux intermédiaires peut varier de - 0.6 % à + 0.6 %. Les tuyaux
de départ et d’arrivée sont fixes de manière à obtenir une pente de 0,3 % à chaque extrémité.
Le nombre de possibilités est de 3 144 (voir figure 22).

Figure 22
Nombre
d’interconnexions
possibles pour la
simulation 2

36
Études et Recherches „

Figure 23
Influence des
variations de pente
entre deux regards
sur la hauteur
d’eau

On observe que la hauteur d’eau fluctue entre 0,5 et 0,7 m au maximum (voir figure 23). On
note donc qu’il n’y a aucune mise en charge sur le tronçon.

37
„ Études et Recherches

2.5 Prise en compte des conditions d’écoulement à surface


libre

2.5.1 Battement de surface et mise en charge


L’écoulement dans une canalisation fermée peut conduire du fait des fluctuations de la sur-
face libre à une soudaine mise en pression. Ce phénomène est notable lorsque les canalisa-
tions fonctionnent à des taux de remplissage important. Dans ces cas, l’accès de l’air atmos-
phérique peut être réduit : ce phénomène se produit par exemple à l’aval d’un regard lorsque
l’écoulement est proche de la pleine section.
Deux approches ont été proposées :
- la méthode de Sauerbrey, qui conduirait à réduire les taux de remplissage des canalisations
dans la plupart des cas couramment rencontrés en assainissement
- la méthode du χ, qui concerne essentiellement les canalisations à fortes pentes (voir
tableau 9)

Approche de Sauerbrey
Sauerbrey a montré que la mise en charge d’une canalisation est systématique pour des
canalisations remplies au-delà de 92 % quelle que soit la pente. Il a établit les taux de rem-
plissage conduisant à la fermeture de l’écoulement en fonction de la pente de la canalisation
(voir figure 24).

Figure 24
Pente limite
Soz[‰] pour
des canalisations
subissant des chocs
correspondant au
ratio de remplissage
y = h/D

Le ratio de remplissage correspondant à la mise en charge s’exprime pour y > 0.55 selon :

y = 0.92 - ΦSoz[‰] (44)

avec Φ = 0.03 pour la fermeture de l’écoulement. Pour Soz > 12 ‰ l’effet de fermeture semble
diminuer.

L’estimation de la mise en charge peut également se baser sur le volume relatif débité dans
la canalisation (voir figure 25):

Q
qD  1/ 2
(45)
gD5
- Q : débit dans la canalisation ;
- D : diamètre de la canalisation ;
- g : accélération de la pesanteur.

38
Études et Recherches „

Figure 25
Pente limite
Soz[‰] pour
des canalisations
subissant des chocs
fonction du débit
relatif qD

La pente limite Soz pour la mise en charge s’exprime pour Soz < 0.8 % :

Soz[‰] = 20.5 (qD - 0.36) (46)

Approche du χ
En définissant :

S10/ 2 . D1/ 6
C (47)
n . g1 / 2
S0 : pente de la canalisation ;
D : diamètre de la canalisation ;
n = 1 / Ks, Ks coefficient d’écoulement de Manning Strickler ;
g : accélération de la pesanteur.

Hager [10] indique que :


- pour χ > 5, le ratio de remplissage pour prévenir la mise en charge de l’écoulement la doit
être de 80 %,
- pour χ > 10, un ratio de remplissage autour de 70 %.

Cette limite prend en compte les ondes croisées se développant sur la surface libre dans le
cas des écoulements fortement torrentiels.

Le tableau 5 indique les pentes conduisant à une mise en charge de l’écoulement selon le
diamètre des canalisations pour les coefficients d’écoulement Manning Strickler de Ks = 70
et Ks = 90.

39
40
K 90
Diamètre intérieurs en mm
Pente
en 200 250 300 400 500 600 700 800 900 1000 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2200 2400 2500 2600 2800 3000 3200 3500
mm/m
0.5 0.5 0.5 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8
1 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1
2 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6
„ Études et Recherches

3 1.2 1.2 1.3 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9
4 1.4 1.4 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.2
5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3 2.4 2.4 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5
6 1.7 1.8 1.8 1.9 2.0 2.0 2.1 FAUX 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7
7 1.8 1.9 2.0 2.1 2.1 2.2 2.3 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7 2.8 2.8 2.8 2.9 2.9 2.9 3.0
8 2.0 2.0 2.1 2.2 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.0 3.0 3.1 3.1 3.1 3.2
9 2.1 2.2 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.9 2.9 2.9 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.2 3.2 3.3 3.3 3.4
10 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.5
12 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.6 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.8 3.9
14 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.6 3.6 3.7 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.0 4.1 4.1 4.2
16 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.6 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4 4.5
18 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.5 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8
20 3.1 3.2 3.3 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.7 4.7 4.8 4.8 4.9 4.9 5.0
22 3.3 3.4 3.5 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8 4.9 4.9 5.0 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3
24 3.4 3.5 3.6 3.8 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 5.0 5.1 5.2 5.2 5.2 5.3 5.3 5.4 5.5
26 3.5 3.7 3.8 4.0 4.1 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.8 4.9 5.0 5.0 5.1 5.2 5.3 5.4 5.4 5.4 5.5 5.6 5.6 5.7
28 3.7 3.8 3.9 4.1 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.6 5.6 5.7 5.8 5.8 5.9
30 3.8 4.0 4.1 4.3 4.4 4.6 4.7 4.8 4.9 5.0 5.1 5.3 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.8 5.8 5.9 6.0 6.0 6.1
35 4.1 4.3 4.4 4.6 4.8 4.9 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.7 5.8 5.8 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.3 6.4 6.5 6.5 6.6
40 4.4 4.6 4.7 4.9 5.1 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.9 6.1 6.1 6.2 6.3 6.5 6.6 6.6 6.7 6.7 6.8 6.9 7.0 7.1
45 4.7 4.8 5.0 5.2 5.4 5.6 5.7 5.9 6.0 6.1 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 7.0 7.1 7.1 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5
50 4.9 5.1 5.3 5.5 5.7 5.9 6.1 6.2 6.3 6.4 6.6 6.8 6.9 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.5 7.6 7.7 7.8 7.9
55 5.2 5.3 5.5 5.8 6.0 6.2 6.3 6.5 6.6 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.6 7.7 7.8 7.9 7.9 8.0 8.1 8.2 8.3
60 5.4 5.6 5.8 6.0 6.3 6.5 6.6 6.8 6.9 7.0 7.3 7.4 7.5 7.6 7.8 7.9 8.0 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 8.5 8.7
65 5.6 5.8 6.0 6.3 6.5 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.6 7.7 7.8 7.9 8.1 8.2 8.4 8.5 8.5 8.6 8.7 8.8 8.9 9.0
70 5.8 6.0 6.2 6.5 6.8 7.0 7.2 7.3 7.5 7.6 7.8 8.0 8.1 8.2 8.4 8.5 8.7 8.8 8.9 8.9 9.0 9.1 9.2 9.4
75 6.0 6.2 6.4 6.8 7.0 7.2 7.4 7.6 7.7 7.9 8.1 8.3 8.4 8.5 8.7 8.8 9.0 9.1 9.2 9.2 9.3 9.5 9.6 9.7
80 6.2 6.5 6.6 7.0 7.2 7.5 7.7 7.8 8.0 8.1 8.4 8.6 8.7 8.8 9.0 9.1 9.3 9.4 9.5 9.5 9.6 9.8 9.9 10.0
85 6.4 6.6 6.9 7.2 7.5 7.7 7.9 8.1 8.2 8.4 8.6 8.9 9.0 9.1 9.2 9.4 9.6 9.7 9.8 9.8 9.9 10.1 10.2 10.3
90 6.6 6.8 7.1 7.4 7.7 7.9 8.1 8.3 8.5 8.6 8.9 9.1 9.2 9.3 9.5 9.7 9.8 10.0 10.0 10.1 10.2 10.4 10.5 10.6
Tableau 9 : Pentes conduisant à une mise en charge de l’écoulement selon le diamètre des canalisations et le coefficient d’écoulement Manning Strickler

95 6.8 7.0 7.2 7.6 7.9 8.1 8.3 8.5 8.7 8.9 9.1 9.4 9.5 9.6 9.8 9.9 10.1 10.2 10.3 10.4 10.5 10.6 10.8 10.9
100 6.9 7.2 7.4 7.8 8.1 8.3 8.6 8.8 8.9 9.1 9.4 9.6 9.7 9.8 10.0 10.2 10.4 10.5 10.6 10.7 10.8 10.9 11.0 11.2
K 70
Diamètre intérieurs en mm
Pente
en 200 250 300 400 500 600 700 800 900 1000 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2200 2400 2500 2600 2800 3000 3200 3500
mm/m
0.5 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6
1 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9
2 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 1.0 1.0 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2
3 0.9 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5
4 1.1 1.1 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.6 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.7
5 1.2 1.3 1.3 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9 1.9
6 1.3 1.4 1.4 1.5 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.1
7 1.4 1.5 1.5 1.6 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3
8 1.5 1.6 1.6 1.7 1.8 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3 2.3 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5
9 1.6 1.7 1.7 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.3 2.3 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6
10 1.7 1.8 1.8 1.9 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7 2.8
12 1.9 1.9 2.0 2.1 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 2.9 2.9 3.0 3.0
14 2.0 2.1 2.2 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3
16 2.2 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 3.4 3.4 3.5
18 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.1 3.2 3.2 3.2 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.5 3.6 3.6 3.6 3.7
20 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.8 3.8 3.9
22 2.5 2.6 2.7 2.8 3.0 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.7 3.8 3.8 3.9 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1
24 2.6 2.7 2.8 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1 4.1 4.2 4.2 4.3
26 2.8 2.9 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1 4.2 4.2 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4
28 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.7 3.9 4.0 4.0 4.0 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4 4.4 4.5 4.5 4.6
30 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.6 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.5 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8
35 3.2 3.3 3.4 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 4.9 5.0 5.0 5.1 5.2
40 3.4 3.5 3.7 3.8 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 5.0 5.1 5.2 5.2 5.2 5.3 5.4 5.4 5.5
45 3.6 3.8 3.9 4.1 4.2 4.4 4.5 4.6 4.7 4.7 4.9 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.5 5.6 5.6 5.7 5.8 5.8
50 3.8 4.0 4.1 4.3 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 5.0 5.2 5.3 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.8 5.9 5.9 6.0 6.1 6.2
55 4.0 4.2 4.3 4.5 4.7 4.8 4.9 5.1 5.2 5.2 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 6.0 6.1 6.1 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5
60 4.2 4.3 4.5 4.7 4.9 5.0 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.8 5.9 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.4 6.4 6.5 6.6 6.6 6.7
65 4.4 4.5 4.7 4.9 5.1 5.2 5.4 5.5 5.6 5.7 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5 6.6 6.6 6.7 6.8 6.8 6.9 7.0
70 4.5 4.7 4.8 5.1 5.3 5.4 5.6 5.7 5.8 5.9 6.1 6.3 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 6.9 6.9 7.0 7.1 7.2 7.3
75 4.7 4.9 5.0 5.3 5.5 5.6 5.8 5.9 6.0 6.1 6.3 6.5 6.5 6.6 6.8 6.9 7.0 7.1 7.1 7.2 7.3 7.4 7.4 7.5
80 4.8 5.0 5.2 5.4 5.6 5.8 6.0 6.1 6.2 6.3 6.5 6.7 6.8 6.8 7.0 7.1 7.2 7.3 7.4 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8
85 5.0 5.2 5.3 5.6 5.8 6.0 6.1 6.3 6.4 6.5 6.7 6.9 7.0 7.0 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.6 7.7 7.8 7.9 8.0
90 5.1 5.3 5.5 5.8 6.0 6.2 6.3 6.5 6.6 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.8 7.8 7.9 8.0 8.1 8.1 8.3
Études et Recherches „

95 5.3 5.5 5.6 5.9 6.1 6.3 6.5 6.6 6.8 6.9 7.1 7.3 7.4 7.4 7.6 7.7 7.9 8.0 8.0 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5
100 5.4 5.6 5.8 6.1 6.3 6.5 6.7 6.8 6.9 7.1 7.3 7.5 7.6 7.6 7.8 7.9 8.1 8.2 8.2 8.3 8.4 8.5 8.6 8.7

41
„ Études et Recherches

2.5.2 Écoulement aéré

Les écoulements dans les conduites avec une pente importante sont sujets à l’aération. Le
phénomène appelé eau blanche est attribué à la turbulence de l’écoulement, ce qui peut
éjecter les particules du fluide pendant l’écoulement. De plus, le volume occupé par l’écou-
lement dans la canalisation est plus grand que dans les conditions normales. Ce phénomène
ne correspond que rarement aux conditions rencontrées en assainissement mais ne doit pas
être négligé.

Le début d’aération dans une conduite circulaire peut être défini en fonction du coefficient
d’écoulement de Manning-Strickler Ks = 1/n, de la pente limite S0, du diamètre D et de l’ac-
célération gravitaire g :
1/ 2
S0 . D 1/ 6
Ci  (48)
n . g 1/ 2
Le phénomène d’aération se produit expérimentalement à partir de χi = 8 ce qui revient à dire
que pour une pente limite plus grande que 5 à 10 %, l’aération se produit probablement.

Un écoulement mélangé (noté m) a un débit total Qm qui est composé du débit d’air Qa et du
débit d’eau Qw. Un écoulement mélangé a donc besoin d’une surface de passage plus grande
qu’un écoulement d’eau seul. La hauteur d’eau dans un écoulement mélangé hm, est donc
toujours plus grande qu’une hauteur d’eau dans un écoulement seul hN. La figure 26 montre
le ratio de remplissage hm/D comme une fonction d’un remplissage d’eau pure hN/D pour des
variations de la caractéristique de rugosité χ > 8.

Figure 26
Écoulement
uniforme aéré
dans une conduite
circulaire. Ratio
entre écoulement
mélangé hm/D
et écoulement
pur hN/D pour
des variations de
χi. (- - -) ratio
maximum, (…)
limite de l’aération

42
Études et Recherches „

La relation pour les écoulements mélangés tracés à la figure 26 peut être approchée par
hm > hN comme [2]:
10 / 9
hm 1 h
= . C 2/3 . N (49)
D 4 D

1/ 2
S0  D1/ 6
En insérant la caractéristique de rugosité C  on obtient,
n  g1/ 2
1/ 2 1/ 3 1/ 3
h m 1 ¥ S0  hN ´
 s¦ µ (50)
hN 4 § n2  g ¶

Le rapport de mélange dépend donc significativement du coefficient de rugosité, un peu de la


pente limite et est quasiment indépendant de la profondeur uniforme d’eau.

Le tableau 10 indique les pentes conduisant à un écoulement aéré selon le diamètre des
canalisations pour les coefficients d’écoulement Manning Strickler de Ks = 70 et Ks = 90.

43
44
K 70
Diamètre intérieurs en mm
Pente
en 200 250 300 400 500 600 700 800 900 1000 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2200 2400 2500 2600 2800 3000 3200 3500
mm/m
0.5 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6
1 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9
2 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 1.0 1.0 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2 1.2
„ Études et Recherches

3 0.9 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5
4 1.1 1.1 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.6 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.7
5 1.2 1.3 1.3 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9 1.9
6 1.3 1.4 1.4 1.5 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.1
7 1.4 1.5 1.5 1.6 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3
8 1.5 1.6 1.6 1.7 1.8 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3 2.3 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5
9 1.6 1.7 1.7 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.3 2.3 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6
10 1.7 1.8 1.8 1.9 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7 2.8
12 1.9 1.9 2.0 2.1 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 2.9 2.9 3.0 3.0
14 2.0 2.1 2.2 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3
16 2.2 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 3.4 3.4 3.5
18 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.1 3.2 3.2 3.2 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.5 3.6 3.6 3.6 3.7
20 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.8 3.8 3.9
22 2.5 2.6 2.7 2.8 3.0 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.7 3.8 3.8 3.9 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1
24 2.6 2.7 2.8 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1 4.1 4.2 4.2 4.3
26 2.8 2.9 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.1 4.2 4.2 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4
28 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.7 3.9 4.0 4.0 4.0 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4 4.4 4.5 4.5 4.6
30 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.6 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.5 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8
35 3.2 3.3 3.4 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 4.9 5.0 5.0 5.1 5.2
40 3.4 3.5 3.7 3.8 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 5.0 5.1 5.2 5.2 5.2 5.3 5.4 5.4 5.5
45 3.6 3.8 3.9 4.1 4.2 4.4 4.5 4.6 4.7 4.7 4.9 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.5 5.6 5.6 5.7 5.8 5.8
50 3.8 4.0 4.1 4.3 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9 5.0 5.2 5.3 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.8 5.9 5.9 6.0 6.1 6.2
55 4.0 4.2 4.3 4.5 4.7 4.8 4.9 5.1 5.2 5.2 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 6.0 6.1 6.1 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5
60 4.2 4.3 4.5 4.7 4.9 5.0 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.8 5.9 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.4 6.4 6.5 6.6 6.6 6.7
65 4.4 4.5 4.7 4.9 5.1 5.2 5.4 5.5 5.6 5.7 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5 6.6 6.6 6.7 6.8 6.8 6.9 7.0
70 4.5 4.7 4.8 5.1 5.3 5.4 5.6 5.7 5.8 5.9 6.1 6.3 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 6.9 6.9 7.0 7.1 7.2 7.3
75 4.7 4.9 5.0 5.3 5.5 5.6 5.8 5.9 6.0 6.1 6.3 6.5 6.5 6.6 6.8 6.9 7.0 7.1 7.1 7.2 7.3 7.4 7.4 7.5
80 4.8 5.0 5.2 5.4 5.6 5.8 6.0 6.1 6.2 6.3 6.5 6.7 6.8 6.8 7.0 7.1 7.2 7.3 7.4 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8
85 5.0 5.2 5.3 5.6 5.8 6.0 6.1 6.3 6.4 6.5 6.7 6.9 7.0 7.0 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.6 7.7 7.8 7.9 8.0
Tableau 10 : Pentes conduisant à un écoulement aéré selon le diamètre des canalisations et le coefficient d’écoulement Manning StricklerStrickler

90 5.1 5.3 5.5 5.8 6.0 6.2 6.3 6.5 6.6 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.8 7.8 7.9 8.0 8.1 8.1 8.3
95 5.3 5.5 5.6 5.9 6.1 6.3 6.5 6.6 6.8 6.9 7.1 7.3 7.4 7.4 7.6 7.7 7.9 8.0 8.0 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5
100 5.4 5.6 5.8 6.1 6.3 6.5 6.7 6.8 6.9 7.1 7.3 7.5 7.6 7.6 7.8 7.9 8.1 8.2 8.2 8.3 8.4 8.5 8.6 8.7
K 90
Diamètre intérieurs en mm
Pente
en 200 250 300 400 500 600 700 800 900 1000 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2200 2400 2500 2600 2800 3000 3200 3500
mm/m
0.5 0.5 0.5 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8
1 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1 1.1
2 1.0 1.0 1.1 1.1 1.1 1.2 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6
3 1.2 1.2 1.3 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 1.9
4 1.4 1.4 1.5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.2
5 1.6 1.6 1.7 1.7 1.8 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3 2.4 2.4 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5
6 1.7 1.8 1.8 1.9 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.3 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 2.6 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7
7 1.8 1.9 2.0 2.1 2.1 2.2 2.3 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.7 2.8 2.8 2.8 2.9 2.9 2.9 3.0
8 2.0 2.0 2.1 2.2 2.3 2.4 2.4 2.5 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.8 2.9 2.9 3.0 3.0 3.0 3.1 3.1 3.1 3.2
9 2.1 2.2 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.9 2.9 2.9 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.2 3.2 3.3 3.3 3.4
10 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.8 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.5
12 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.0 3.1 3.1 3.2 3.3 3.4 3.4 3.5 3.5 3.6 3.6 3.7 3.7 3.7 3.8 3.8 3.9
14 2.6 2.7 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.3 3.4 3.5 3.6 3.6 3.7 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.0 4.0 4.1 4.1 4.2
16 2.8 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.6 3.7 3.8 3.9 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.2 4.3 4.3 4.4 4.4 4.5
18 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.5 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8
20 3.1 3.2 3.3 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.7 4.7 4.8 4.8 4.9 4.9 5.0
22 3.3 3.4 3.5 3.7 3.8 3.9 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8 4.9 4.9 5.0 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3
24 3.4 3.5 3.6 3.8 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.8 4.9 5.0 5.1 5.2 5.2 5.2 5.3 5.3 5.4 5.5
26 3.5 3.7 3.8 4.0 4.1 4.3 4.4 4.5 4.6 4.6 4.8 4.9 5.0 5.0 5.1 5.2 5.3 5.4 5.4 5.4 5.5 5.6 5.6 5.7
28 3.7 3.8 3.9 4.1 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 5.0 5.1 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.6 5.6 5.7 5.8 5.8 5.9
30 3.8 4.0 4.1 4.3 4.4 4.6 4.7 4.8 4.9 5.0 5.1 5.3 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.8 5.8 5.9 6.0 6.0 6.1
35 4.1 4.3 4.4 4.6 4.8 4.9 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.7 5.8 5.8 5.9 6.0 6.1 6.2 6.3 6.3 6.4 6.5 6.5 6.6
40 4.4 4.6 4.7 4.9 5.1 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.9 6.1 6.1 6.2 6.3 6.5 6.6 6.6 6.7 6.7 6.8 6.9 7.0 7.1
45 4.7 4.8 5.0 5.2 5.4 5.6 5.7 5.9 6.0 6.1 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 7.0 7.1 7.1 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5
50 4.9 5.1 5.3 5.5 5.7 5.9 6.1 6.2 6.3 6.4 6.6 6.8 6.9 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.5 7.6 7.7 7.8 7.9
55 5.2 5.3 5.5 5.8 6.0 6.2 6.3 6.5 6.6 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.6 7.7 7.8 7.9 7.9 8.0 8.1 8.2 8.3
60 5.4 5.6 5.8 6.0 6.3 6.5 6.6 6.8 6.9 7.0 7.3 7.4 7.5 7.6 7.8 7.9 8.0 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 8.5 8.7
65 5.6 5.8 6.0 6.3 6.5 6.7 6.9 7.1 7.2 7.3 7.6 7.7 7.8 7.9 8.1 8.2 8.4 8.5 8.5 8.6 8.7 8.8 8.9 9.0
70 5.8 6.0 6.2 6.5 6.8 7.0 7.2 7.3 7.5 7.6 7.8 8.0 8.1 8.2 8.4 8.5 8.7 8.8 8.9 8.9 9.0 9.1 9.2 9.4
75 6.0 6.2 6.4 6.8 7.0 7.2 7.4 7.6 7.7 7.9 8.1 8.3 8.4 8.5 8.7 8.8 9.0 9.1 9.2 9.2 9.3 9.5 9.6 9.7
80 6.2 6.5 6.6 7.0 7.2 7.5 7.7 7.8 8.0 8.1 8.4 8.6 8.7 8.8 9.0 9.1 9.3 9.4 9.5 9.5 9.6 9.8 9.9 10.0
85 6.4 6.6 6.9 7.2 7.5 7.7 7.9 8.1 8.2 8.4 8.6 8.9 9.0 9.1 9.2 9.4 9.6 9.7 9.8 9.8 9.9 10.1 10.2 10.3
90 6.6 6.8 7.1 7.4 7.7 7.9 8.1 8.3 8.5 8.6 8.9 9.1 9.2 9.3 9.5 9.7 9.8 10.0 10.0 10.1 10.2 10.4 10.5 10.6
Études et Recherches „

95 6.8 7.0 7.2 7.6 7.9 8.1 8.3 8.5 8.7 8.9 9.1 9.4 9.5 9.6 9.8 9.9 10.1 10.2 10.3 10.4 10.5 10.6 10.8 10.9
100 6.9 7.2 7.4 7.8 8.1 8.3 8.6 8.8 8.9 9.1 9.4 9.6 9.7 9.8 10.0 10.2 10.4 10.5 10.6 10.7 10.8 10.9 11.0 11.2

45
„ Études et Recherches

2.6 Prise en compte de l’autocurage


L’objectif de l’autocurage est d’avoir le minimum de dépôt dans les canalisations. Ceci s’ob-
tient généralement en imposant une vitesse minimale ou une pente minimale à la canalisation
dans des conditions de remplissage données.
Différentes approches ont été développées conduisant à des résultats assez comparables.

Approche INT 77-284


Selon l’INT 77-284, en système séparatif, l’autocurage des canalisations d’eaux usées est
considéré comme assuré si les trois conditions ci-après sont remplies :
- à pleine ou à demi-section, un tuyau circulaire doit assurer une vitesse d’écoulement de
0,70 m/s ou à l’extrême rigueur 0,50 m/s ;
- pour un remplissage égal aux 2/10 du diamètre, la vitesse d’écoulement doit être au moins
égale à 0,30 m/s ;
- Le remplissage de la conduite au moins égal aux 2/10 du diamètre doit être assuré pour le
débit moyen actuel.
Il est toutefois précisé qu’il n’en reste pas moins que la capacité d’autocurage dépend aussi
d’autres facteurs :
- rectitude de la pose et la qualité de l’entretien qui sont des facteurs favorables ;
- défauts de rectitude de pose et nature de l’effluent sont probablement avec d’autres fac-
teurs plus ou moins connus à l’origine de la plupart des obstructions ou atterrissements. En
particulier, l’expérience montre qu’il n’y a pas corrélation étroite entre la pente et la probabi-
lité d’obstruction.
En réseaux unitaires, l’INT 77284 stipule que la pente des ouvrages devrait permettre pour
des débits pluviaux atteints assez fréquemment, l’entraînement des sables, et pour le débit
moyen des eaux usées, celui des vases organiques fermentescibles. On tend vers la satis-
faction de ces conditions dans les ouvrages calculés pour l’évacuation du ruissellement de
fréquence décennale en y réalisant :
- des vitesses de l’ordre de 0,60 m/s pour 1/10 du débit à pleine section et de 0,30 m/s pour
1/100 de ce même débit.
Il est précisé que ces limites sont respectées toutes deux avec des vitesses à pleine section
de l’ordre de 1 m/s dans des canalisations circulaires.

Approche EN 752
L’EN 752 indique que les conditions d’autocurage sont pour les canalisations de diamètre
inférieur à 300mm:
- soit une vitesse de 0.7 m/s atteinte au moins une fois jour ;
- soit une pente minimale égale à 1/DN, où DN est le diamètre nominal de la canalisation.

Procédure ATV
La relation entre le diamètre D et la vitesse moyenne Vm peut être exprimée :
Vm = 0.5 + 0.55D (51)
Schütz (1985) souligne l’effet des influences aval. Toutes les relations vues précédemment
sont valides pour des écoulements uniformes. Schütz recommande la formule empirique sui-
vante :
1
Som  [mm] (52)
D
qui accorde une pente minimum pour un diamètre de 1000 mm à 0.1 %. Pour un diamètre de
250 mm, Som = 0,4 % est suffisant.

Le tableau 7 indique les vitesses et les pentes minima pour une canalisation de diamètre D
remplie à 50 % pour éviter le dépôt de matières en suspension.

46
Études et Recherches „

D [mm] 150 200 250 300 400 500 600 800 1000
-1
Vm [ms ] 0.48 0.50 0.52 0.56 0.67 0.76 0.84 0.98 1.12
Som [%] 0.27 0.20 0.16 0.15 0.14 0.14 0.14 0.13 0.13 Tableau 11
Vitesse minimum
et pente minimum
D [mm] 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2200 2400 3000 pour une
canalisation de
Vm [ms-1] 1.24 1.34 1.39 1.44 1.54 1.62 1.72 1.79 2.03 diamètre D remplie
Som [%] 0.12 0.12 0.12 0.12 0.12 0.11 0.11 0.11 0.11 à 50 %

Sander (1994) observe une taille moyenne de particules autour de d = 0.35 mm. De plus, la
détermination du ratio minimum de remplissage par des particules convient pour 10 %, et la
limite minimum de contrainte de cisaillement 0.8 N.m-2. Pour les conduites plus petites que
D = 1 m, la pente minimum recommandée pour éviter la sédimentation est :

Som = 1.2 ‰ D-1 [m] (53)

Pour D > 1m, la limite minimum absolue S0 = 1.2 ‰ convient d’être utilisée.

La procédure de Yao
Selon Yao [10], la vitesse minimum dans une conduite dépend des caractéristiques
suivantes :
• Limite de la surface d’écoulement ;
• Dépôt de matières ;
• Hauteur d’eau ou profondeur.

Le concept de vitesse minimum est remplacé par le concept de contrainte de cisaillement.


Une particule se trouve dans la zone lente de la section, alors l’angle d’inclinaison est plus
petit que l’angle du matériau sur lequel la particule repose. Selon Lysne (1969), la contrainte
de cisaillement pour les écoulements uniformes est :
τ0= ρgRhS0 (54)

avec ρ la densité du fluide, S0 la pente du lit et Rh le rayon hydraulique. τ varie selon le péri-
mètre, pour un maximum sur le lit et le minimum à la surface libre.

La contrainte de cisaillement minimum est notée τom. Yao recommande pour les réseaux sépa-
ratifs avec des particules de 0.2 à 1 mm un τom = 1 à 2 N.m-2. Pour les réseaux unitaires τom = 3
à 4 N.m-2. L’application de la formule Manning Strickler avec Ks = 1/n, pour un écoulement
pleine section (noté ps)
1/ 2
1 ¥T ´
Qps  0.62s s ¦ 0 µ s D13/ 6 (55)
n § g¶
L’équation (29) peut aussi être exprimée comme une relation entre S0, D et τ0 :

¥ T ´
S0  ¦ 0 µ (56)
§ RD ¶
Pour une valeur constante de τ0 /ρ, plus le diamètre est grand, plus S0 est petit. Une relation
entre la vitesse pour un écoulement pleine section Vps, le diamètre D de la conduite et τ0 /ρ
s’obtient selon :
V ps
1/ 2
 0.79 (57)
1 ¥T ´
s D1/ 6 s ¦ 0 µ
n §R¶

47
„ Études et Recherches

Pour les débits qui ne sont pas à pleine section (existence d’un ratio de remplissage) c’est-à-
dire les écoulements à surface libre (noté sl), le rayon hydraulique doit être intégré, la vitesse
s’exprime alors selon :
1/ 2
1 ¥T ´
V sl  s R h1/ 6 s ¦ 0 µ (58)
n §R¶
Le rayon hydraulique peut être approché par la relation :
Rh 2 1

y (1 y) (59)
D 3 2
h 1
avec : y  
D 2
L’approximation de Rh est de l’ordre de 1 %. A partir des équations (58) et (59) on obtient
Vsl 1/ 6
1/ 2
= 0.935 y (1− 0.08y ) (60)
1 ¥T ´
s D1/ 6 s ¦ 0 µ
n §R¶
Le tableau 12 donne le rapport de vitesse entre la surface libre et la pleine section par le biais
du ratio μt = Vsl/Vps. On remarque qu’au-delà de y = 40 %, il n’y a pratiquement pas d’in-
fluence sur la vitesse minimum.
Tableau 12
Ratio des vitesses
minimums Ratio de remplissage y 0.05 0.1 0.2 0.4 0.6 0.8 1
μt = Vsl/Vps pour des
Ratio μt = Vsl/Vps 0.72 0.8 0.89 0.98 1.09 1.13 1
conduites circulaire

Pour les faibles tirants d’eau (de l’ordre de 5% de remplissage) on a :


Vsl (61)
1/ 2
 0.57
1 ¥T ´
s D1/ 6 s ¦ 0 µ
n §R¶
Pour une contrainte minimum de cisaillement τ0 = 2 N/m2 et 1/n = 85m1/3s-1, la valeur de Vsl
est calculée par l’équation 61 pour les différents diamètres du tableau 13. La vitesse varie de
0.50 m/s pour un diamètre de 150 mm jusqu’à 0.8 m/s à 2 500 mm).

D [mm] 150 200 250 300 400 500 600 700 800
-1
Vsl [ms ] 0.5 0.52 0.54 0.56 0.59 0.61 0.63 0.65 0.66
Tableau 13
Vitesse minimum
Vsl pour 5 % de D [mm] 900 1000 1200 1400 1500 1600 1800 2000 2500
remplissage avec -1
Vsl [ms ] 0.67 0.69 0.71 0.72 0.73 0.74 0.76 0.77 0.8
Ks = 85

48
Études et Recherches „

2.7 Conclusion
Le dimensionnement hydraulique des canalisations d’assainissement nécessite tenir compte
des conditions réelles de l’écoulement. Celles-ci conditionnent l’évaluation des pertes de
charge mais aussi dans certains cas la mise en charge des ouvrages et, pour de fortes pentes
des écoulements aérés.

La formule de Manning Strickler pour l’évaluation des pertes de charges est généralement
employée car elle permet un calcul direct sans itération. Applicable en écoulement turbulent
rugueux ou fortement rugueux, elle ne prend pas en compte la viscosité de l’eau transportée.
Cette formule nécessite donc pour les écoulements lisses d’adopter des coefficients d’écou-
lement adaptés. Pour le dimensionnement des canalisations d’assainissement, il y a lieu de
limiter ces coefficients d’écoulement à Ks ≤ 90. Au-delà de cette limite les erreurs commi-
ses sur le calcul des débits conduisent à un sous dimensionnement des ouvrages pouvant
conduire à des débordements ou des inondations.

Il convient également de tenir également compte des conditions d’exploitation et de la main-


tenance des canalisations qui déterminent la dégradation des conditions d’écoulement,
notamment du fait des dépôts sur les parois de l’ouvrage. Pour cela, il y a lieu de retenir des
coefficients d’écoulement à Ks compris entre 70 et 90.
Les pertes de charges singulières sont également un facteur qui doit être pris en compte soit
en additionnant celles ci aux pertes de charges linéiques de la conduite soit en adoptant un
facteur d’abattement forfaitaire en écoulement libre de l’ordre de 10 à 20 %.

Le dimensionnement hydraulique des canalisations d’assainissement ne doit toutefois pas se


limiter à l’évaluation des pertes de charges en écoulement libre. Il y a lieu également d’évaluer
le risque de mise en charge du réseau, éventuellement généré par un écoulement aéré, qui
outre ses incidences en terme d’exploitation, conduit à une augmentation significative des
pertes de charges singulières du fait de l’augmentation des hauteurs d’eau dans les ouvrages
d’accès. Il convient donc d’évaluer ce risque de mise en charge et de diminuer si nécessaire
la hauteur d’eau dans les canalisations, ce qui peut conduire à choisir des diamètres intérieurs
plus importants.

L’autocurage des dépôts des canalisations constitue également un facteur important de


dimensionnement qui peut être évaluer en terme de pentes ou de vitesses d’écoulement
critique. La possibilité de remise en suspension des dépôts doit également être considérée,
notamment en réseau pluvial lors des forts débits : des méthodes d’évaluation de la contrainte
de cisaillement des dépôts ont été développées.

Cette étude permet de confirmer la validité de l’essentiel des règles de dimensionnement des
sections des ouvrages mentionnées dans l’Instruction Technique 77-284. Celles-ci pourraient
utilement être complétées par la prise en compte des phénomènes de la mise en charge des
réseaux, des écoulements aérés en fortes pentes ainsi que des conditions de remise en sus-
pension des dépôts.

49
„ Études et Recherches

2.8 Bibliographie
[1] Instruction technique relative aux réseaux d’assainissement des agglomérations
N° 77.284/INT
[2] NF EN 752-4 : Réseaux d’évacuation et d’assainissement à l’extérieur des bâtiments - Par-
tie 4 : conception hydraulique et considérations liées à l’environnement. - 1997
[3] EN 752: Réseaux d’évacuation et d’assainissement à l’extérieur des bâtiments - 2007
[4] Les réseaux d’assainissement – Régis Bourrier – Lavoisier Tec et Doc – 1997
[5] Performances hydrauliques des canalisations d’assainissement (Hydrau-
lic performances of drainage pipes).- D Grisot, F Dutruel – CERIB PT 119 - 1998
[6] Détermination du coefficient (K) - Exploitation des points de mesures permanents de la
ville de Saint-Brieuc – D Grisot, F Dutruel – CERIB – 2000
[7] Study of Manning’s roughness coefficient for commercial concrete and plastic pipes - D.K.
May, A.W Peterson, N. Najaratnam - T BLENCH Hydraulics Laboratory Department of Civil
Engineering – University of Alberta – 1986
[8] Friction factor tests on concrete pipe – J.P. Tullis – Hydraulics Report N° 157 - Utah State
University Foundation - 1986
[9] Calcul hydraulique des égouts pluviaux: note pour tous les DDE – Eric Giroult - Conseil
Général des Ponts et Chaussées – 2002
[10] Wastewater Hydraulics : Theory and Practice - W.H. Hager - Springer 1999
[11] Statewide Urban Design and Specifications - Design Manuel - 2006
[12] Hydrologic Criteria and Drainage Manual - 1999
[13] Fascicule 70 du Cahier des Clauses Techniques Générales - Ouvrages d’assainissement
- 2003
[14] Drainage Manual - Connecticut Department of Transportation- 2000
[15] Storm Sewer Junction Hydraulics and Sediment Transport – S.M Stein, X. Dou, E.R
Umbrell, J. Sterling Jones - FHWA-HRT-07-036 - Federal Highway Administration

50
Études et Recherches „

Annexe : Synthèse historique des formules de


pertes de charge
1738 BERNOULLI
P V2
z  Cte
- appliqué à une veine liquide, c’est le principe de la V 2s g
conservation de l’énergie (Énergie potentielle + Énergie
Suivant ce principe, il n ’y a pas de pertes de charges
cinétique).
- Cependant, D. BERNOULLI avait eu l’intuition des pertes
de charges et conseillait d’appliquer ce principe avec
circonspection car, « une certaine quantité de puissance
vive restait adhérente à la matière ».
1737 à 1753 B FOREST DE BELIDOR

- Critique de certaines fausses opinions sur les lois des


écoulements.
- Il en attribue l’inexactitude au fait que l’on ne sait pas tenir
compte du frottement des particules entre elle et contre les
parois solides du dispositif qui guide la masse liquide.
- En effet, la plupart des expériences étaient faites sur des
tronçons de tuyau très courts débitant dans un ajutage.
Donc dans des conditions où les pertes de charge linéaire
sont négligeables.
1759 CHEZY puis Du BUAT 1 1
V  C s Rh 2 s I 2
- V2 est proportionnel à I*S/B où I est la pente, S est la sec-
tion mouillée, B est le périmètre mouillé.
- Du BUAT isole S/B et introduit ainsi la notion de rayon
hydraulique Rh. Il en résulte une formule aujourd’hui
connue sous le nom de Formule de CHEZY.
- On pensait alors que C était une constante. Il s’agissait en
fait d’un biais lié à la nature des expérimentations menées.
Il était admis que le fluide en contact avec la paroi consti-
tuait une couche stagnante le long de laquelle le reste du
fluide glissait. Le rôle de la viscosité était inconnu.
1840 Docteur Jean-Louis POISEUILLE
Écoulements LAMINAIRES

- Dh est proportionnel à V et ne dépend que de la viscosité n.


- La répartition des vitesses dans une section est paraboli-
que (conséquence du résultat ci dessus, obtenu par inté-
gration).
1845 J. WEISBACH
L V2
I  s
- Publication de l’équation de la perte de charge sous la Dh 2 s g
forme encore utilisée actuellement.
1897 BAZIN
87
C
donne une expression du coefficient C de CHEZY dans lequel ¥ ¥
un paramètre g est censé ne représenter que la nature des ¦ G ¦
¦¦ 1 1 ¦
parois. ¦
§ Rh2 §

51
„ Études et Recherches

1842 – 1912 REYNOLDS


V s Dh
- Étudie les modèles réduits en hydraulique et introduit
Re 
l’usage du nombre sans dimension qui porte son nom.
N
- Ce nombre représente l ’influence respective des forces
de viscosité et des forces d ’inertie dans un écoulement.
1912 BLASIUS
32.5 Dh
D 
Elève de L PRANDTL, il étudie les couches limites laminaires Re L
et montre que le coefficient de résistance des tuyaux
hydrauliquement lisse ne dépend que du nombre de Reynolds
(viscosité).
1923 MANNING STRICKLER 2/3
V  K Rh I 1/ 2
Reformulation des formules de CHEZY et de BAZIN.
1881-1963 T Von KARMANN
1 2.51
- Étudie la couche limite turbulente et complète les résultats  2 log ( )
de BLASIUS pour les grands nombres de Reynolds. La L Re s L
notion de turbulent lisse est introduite.
1933 J.NIKURADZE
1 k
- Étudie les écoulements turbulents rugueux et introduit l’in-
 2 log( )
fluence des aspérités de paroi sous la forme du paramètre
L 3 . 7 s Dh
k.
- Le paramètre k représente la hauteur d’aspérité dans les
conditions de l’expérience réalisée: grains calibrés , jointifs
et positionnés de manière homogène.
- Cette formulation montre que le paramètre de perte de
charge ne dépend plus du nombre de Reynolds pour les
écoulements turbulents rugueux.
1938 COLEBROOK
´
µ
Étudie la transition entre le Turbulent lisse(BLASIUS , KAR- 1 ¥ k 2,51 µ
y 2 log¦
MANN) et le Turbulent rugueux (NIKURADZE). L § 3 ,7 s Dh V s Dh s L µ
- Il propose une formule qui se raccorde aux résultats nté- N µ

rieurs en fonction du nombre de Reynolds.
1944 MOODY
1 Re s k

- Réalise la synthèse des travaux sous forme de l’abaque L 260 s Dh
tel que connu actuellement. Il fixe la limite supérieure de la
zone de transition.
Note : les notations utilisées sont celles du rapport.

52
P D
C
A

Matériau Qualité Process Produits Développement


Sécurité Systèmes durable
Environnement

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