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Faculté des sciences et sciences appliquées MERROUCHI Farida

Chapitre : 4

Calcul hydraulique du réseau


d’évacuation
Des eaux
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I. Introduction
La conception d’un réseau d’assainissement fait intervenir de multiples données liées, par
exemple, à l’environnement et au choix des éléments constitutifs.
Le dimensionnement des sections d’écoulement à surface libre consiste à déterminer la
section d’ouvrage nécessaire pour véhiculer un débit donné compte tenu les débits, les
pentes, et des pertes de charges linéiques et singulières, qui sont des contraintes du projet.
Il calcule ensuite les diamètres (le plus souvent avec l’hypothèse d’une canalisation pleine)
avant de sélectionner le matériau constitutif des tuyaux d’assainissement.
Cette première étape de dimensionnement hydraulique est complétée dans un second temps
par la vérification :
• des conditions d’érosion et d’auto curage ;
• de la non mise en charge des canalisations qui peut être induite par des battements
de la surface libre de l’écoulement pour un débit de niveau de service correspondant
à des périodes de retour mentionnées dans l’EN 752 ;
• de l’augmentation du volume d’eau à véhiculer du fait d’un écoulement aéré
A l’issue du calcul des sections d’écoulement, il est alors indispensable de vérifier les
conséquences sur le fonctionnement à l’échelle du réseau et notamment de la nécessaire
prise en compte ou non des influences aval.
Dans tous les cas, il est recommandé de respecter des valeurs de diamètres nominaux minimaux
de :
• Ø 200 mm en eau usée ;
• Ø 300 mm en eau pluviale ou unitaire.
Ces diamètres minimaux ne découlent pas directement d’un calcul hydraulique mais tiennent
compte des contraintes d’exploitation : passage des matières pouvant entrer dans le réseau
(engouffrement amont), des contraintes de raccordement des branchements et des possibilités
de réhabilitations futures.
II. Dimensionnement du réseau d’assainissement
Le dimensionnement de réseau se fait généralement par modélisation informatique. Le calcul à
la main est fastidieux et engendre des fois des erreurs d’inattention. Après dimensionnement,
les conduites du réseau doivent être susceptibles d’évacuer le débit de pointe tout en assurant
une vitesse d’écoulement normale. Afin d’estimer les débits des différents tançons (calibrage
du réseau), il faut partager le bassin d’étude en plusieurs sous bassins élémentaires
II.1. Découpage de l’aire d’étude en sous bassins
Le découpage de l’aire d’étude en sous bassins élémentaires doit être fait selon :
❖ La nature des sols
❖ La densité des habitations
❖ Les courbes de niveau ;
❖ Les routes et voiries existantes ;
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❖ Les pentes et les contres pentes ;


❖ Les limites naturelles (oueds, talwegs,…etc.)
II.2.calcul des sections d’écoulements pour un débit donné
Connaissant en chaque point, les débits à évacuer et la pente des ouvrages, le choix des sections
sera déduit de la formule d’écoulement adoptée. Les dimensions des canalisations varient
compte tenu des diamètres courants de fabrication, ce qui apporte de ce fait, une capacité
supplémentaire d’écoulement.
La norme NF EN 752-4 propose d’utiliser deux types de formules :
II.2.1. FORMULE DE CHEZY (Ecoulement uniforme)
Différentes formules de dimensionnement des sections d’écoulement ont été établies intégrant
les évolutions successives de la connaissance des paramètres d’écoulement : Chezy, Chezy-
Bazin, Manning-Strickler, Von Karmann, Nikuradze, Colebrook… Chacune de ces approches
correspond à un domaine d’application et à des types d’écoulement associés
Dans l’instruction technique de 1977, les ouvrages sont calculés suivant une formule
d’écoulement résultant de celle de CHEZY

V : Vitesse d’écoulement en m/s


R : Rayon hydraulique avec R= S/ P
S : section mouillée en m²
P : périmètre mouillé en m
I : Pente de l’ouvrage en m.p.m
C : Coefficient pour lequel on adopte celui donné par la formule de BAZIN

 est un coefficient d’écoulement qui varie suivant les matériaux utilisés et la nature des eaux
transportées
1. Canalisations d’eaux usées
Il se forme une pellicule grasse dans les ouvrages qui améliore les conditions d’écoulement.
Aussi, le coefficient de Bazin  peut être pris égal à 0,25 en tenant compte des inégalités dans
le réseau et d’éventuelles intrusions de sable ou de terre. C peut donc être représenté
approximativement par l’expression C=70.R1/6 .
On obtient donc :

et le débit capable de l’ouvrage Qc :


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Qc : en m3 /s
V : en m/s
S : en m2
2. Canalisations d’eaux pluviales ou unitaires
Il convient de tenir compte que des dépôts sont susceptibles de se former, ce qui conduit à
admettre un écoulement sur des parois semi-rugueuses. Le coefficient de Bazin  peut être pris
à 0,46. C peut donc être représenté approximativement par l’expression C=60.R1/4 .
On obtient donc :

et le débit capable de l’ouvrage Qc :

Qc : en m3 /s
V : en m/s
S : en m2
II.2.2.Formule de Manning-Strickler
La formule de Colebrook est une formule générale applicable à de nombreux domaines, dont
l'assainissement urbain. Elle prend en compte la nature des parois ainsi que la nature du fluide
via sa viscosité cinématique. La formule de Manning Strickler ne prend pas en compte la nature
du fluide transporté (de l'eau). Cette dernière est intégrée directement dans le coefficient de
débit. La formule de Manning Strickler est donc intéressante et couramment employée car
d’usage simple grâce à son caractère monôme qui permet un calcul direct sans itérations.

Avec :
V : vitesse de l’effluent dans la canalisation en m/s
K : coefficient de débit en m 1/3 s -1 (Coefficient de Manning – Strickler)
Rh : rayon hydraulique en m = Surface mouillée / périmètre mouillé
I : pente motrice de l’écoulement en m/m = pente de l’ouvrage en régime uniforme
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S = Section mouillée de l’ouvrage au m2


Qc = Débit capable de l’ouvrage en m3 /s
Des équations permettent de calculer le coefficient de débit de Manning Strickler en fonction
du coefficient de rugosité de Colebrook. En dehors du domaine de validité de l’équation de
Manning-Strickler (valable en régime turbulent rugueux), l’emploi de formules simplifiées (par
exemple celles des normes NF EN 752) conduit à surévaluer le coefficient de débit de Manning
Strickler et donc le débit dans les canalisations dans le cas des conduites les plus lisses.
Valeurs courantes de K utilisées pour les études
Il convient de prendre en compte l’ensemble des facteurs influant sur les pertes de charges pour
déterminer la valeur de dimensionnement du coefficient de débit :
❖ la qualité de la pose et les contre-pentes ou les désalignements qui peuvent résulter des
conditions de pose ou apparaître pendant la durée de vie de l'ouvrage ;
❖ les points singuliers du réseau et la qualité des raccordements au niveau des regards et
des branchements. Ces deux points déterminent la rugosité globale du tronçon qui
aboutit à des coefficients de Manning sensiblement plus faibles que pour un élément de
canalisation considéré seul. D’autres facteurs peuvent être pris en compte :
❖ la nature du matériau constituant la canalisation : rugosité intrinsèque et espacement des
assemblages ;
❖ a nature de l'effluent (ex. : eaux usées ou eaux pluviales), la quantité de matières solides
véhiculées et les éventuels dépôts ou biofilm

Tableau 1: Coefficients “K” de Manning Strickler


✓ Ouvrages en fonte, béton, grés, PVC, PEHD,… : K = 70 à 80
✓ Ouvrages métalliques en tôle ondulée : K = 40 à 45
✓ Fossés profonds engazonnés : K = 25 à 30
Il faut distinguer les coefficients annoncés par les fabricants (coefficients allant jusqu’à 110
calculés en laboratoire sur une canalisation neuve sans dépôt) et les coefficients réels qui
tiennent compte de la fixation de matières en suspension dans le fond des ouvrages (ce biofilm
se substitue alors au coefficient de Manning – Strickler du matériau de l’ouvrage).
II.2.3.Formule de Manning-Strickler corrigée par Lautrich
Dans le cas de conduites fermées, partiellement remplies à plus de 50% de hauteur (taux de
remplissage), on peut tenir compte de la présence de l’air par la formule de Thormann. Cette
formule a été par la suite des travaux de Franke et H. Schmidt, combinée avec la formule de
Prandlt-Colebrook et sa simplification a permis de l’employer dans la pratique avec une
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précision suffisante (reprise dans la publication de Lautrich). L’application de la Formule de


Manning-Strickler corrigée par Lautrich permet de définir un rapport bijectif entre le taux de
remplissage et le débit transporté.
Pour des sections remplies à plus de 50%, la résistance de l’air en canalisations fermées provoque une
diminution de la vitesse de l’effluent V. Thormann et Lautrich prennent en compte ce phénomène en
adoptant une valeur du rayon hydraulique corrigé Rh’ qui s’établit comme suit :

On définit le facteur de correction α de la manière suivante :

Le périmètre mouillé corrigé s’écrit donc :

Le rayon hydraulique corrigé s’écrit alors :

Où :
Rh’ : Rayon hydraulique modifié (il s’agit d’un artifice de calcul, ne correspond à rien de réel)
Pw’ : Périmètre mouillé modifié (il s’agit d’un artifice de calcul, ne correspond à rien de réel)
b : Largeur de l’écoulement en surface
α : Facteur de correction
α .b : Accroissement du périmètre mouillé
D : diamètre intérieur de la canalisation
h : hauteur de remplissage de la canalisation
 : Angle relatif au taux de remplissage
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Figure 1 : Définition de ϴ angle relatif au taux de remplissage (Memento_technique


2017)
Représentation graphique
Les courbes ci-après montrent l’influence de cette correction sur les vitesses et les débits
calculés par la formule de Manning-Strickler :

Figure 2 : Comparaison des débits


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Figure 3: Comparaison des vitesses

III. Contraintes de calage des réseaux


III.1. Canalisations d’eaux usées
Les canalisations eaux usées sont généralement circulaires.
Les contraintes de calage des canalisations d’eaux usées sont :
• diamètre minimum de 200 mm pour éviter les risques d’obstruction
• pente minimum : 0,002 m/m Le relèvement des eaux par pompage ne pourra dans
certains cas être évité
• couverture minimale de la canalisation : 80 cm En dessous de cette valeur, la
canalisation sera protégée par une dalle de répartition en béton pour éviter son
écrasement sous les charges roulantes.
• regard de visite tous les 80 m au maximum pour permettre un hydrocurage des
réseaux ou une visite par caméra.
• Distance standard : 50m
• regard à chaque changement de pente ou de direction
• vitesse maximum : 4 m/s afin d’éviter l’abrasion des tuyaux. Sinon, il est
nécessaire d’adopter un tuyau en matériau résistant tel que la fonte ou le
polyéthylène à haute densité.
Conditions d’autocurage
1. A pleine ou à demi-section : V  0,70 m/s ou à l’extrême rigueur 0,50 m/s (dans ce cas,
le rapport des vitesses est égal à 1 donc on vérifiera que la vitesse pleine section est
supérieure à 0,70 m/s)
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2. Pour une hauteur d’eau égale au 2/10 du  : V  0,30 m/s (le rapport des vitesses étant
égal à 0,6, on vérifiera que 0,6 VPS  0,3 m/s)
3. La hauteur d’eau doit être égale aux 2/10 du, assuré par le débit moyen actuel. (le
rapport des débits étant égal à 0,12, on vérifiera que Qmoyen  0,12 QPS)
En pratique, on pourra considérer que l’autocurage est respecté si V  0,30 m/s pour le débit
journalier moyen actuel.
III.2. Canalisations d’eaux pluviales ou unitaires
Les contraintes de calage des canalisations d’eaux pluviales sont :
- diamètre minimum de 300 mm pour éviter les risques d’obstruction.
- pente minimum : 0,003 m/m
Le relèvement des eaux par pompage sera si possible évité car les débits d’eaux pluviales
peuvent être importants.
- couverture minimale de la canalisation : 80 cm En dessous de cette valeur, la canalisation sera
protégée par une dalle de répartition pour éviter son écrasement sous les charges roulantes.
- regard de visite tous les 80 m au maximum pour permettre un hydrocurage des réseaux ou
une visite par caméra.
- regard à chaque changement de pente ou de direction.
- vitesse maximum : 4 m/s afin d’éviter l’abrasion des tuyaux. Sinon, il est nécessaire d’adopter
un tuyau en matériau résistant tel que la fonte ou le polyéthylène à haute densité. Il est donc
important de vérifier la vitesse de l’eau dans les canalisations pour le débit de pointe à évacuer.
- Conditions d’autocurage :
1. Pour 1/10 du débit à pleine section : V  0,60 m/s (quand rQ=Q/QPS= 0,1 ; rV=V/VPS=0,55
donc on vérifiera que VPS  1 m/s)
2. Pour 1/100 du débit à pleine section : V  0,30 m/s
Ces limites sont respectées avec des vitesses à pleine section de 1 m/s dans les canalisations
circulaires et 0,90 m/s dans les ovoïdes.
VI. Les abaques de l’instruction technique de 1977
Elles représentent la relation de Chézy

complétée par la formule de Bazin

L’hypothèse est donc faite d’un écoulement uniforme, avec :


 = 0,25 en eaux usées  abaque ab3
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 = 0,46 en eaux pluviales ou en unitaire  abaque ab4


Ces abaques sont construits pour le débit à pleine section avec :
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