DE NEUROLOGIE ET DE PSYCHIATRIE
Comité de Rédaction :
DIX-NEUVIÈME ANNÉE
1924
H. DELARUE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
5, Rue des Grands-Augustins, 5
PARIS (VIe)
TENUE A LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS
LE 19 DÉCEMBRE 1923
Sommaire
Communication du professeur Henri Claude et de Mlle Suzanne Bernard. —
Myxœdème et Psychose.
Conférence du professeur G. Marinesco. — Le rôle des ferments oxydants dans la
vie du neurone.
Discussion : M. Lhermitte.
Communication de MM. Toulouse, Marchand, Targowla et Mlle L. Pezé. — Consi-
dérations cliniques, biologiques et anatomo-pathologiques à propos d'un cas de para-
lysie générale au début.
Discussion : MM. Guillain et Lhermitte.
Communication de MM. Ch. Foix et I. Nicolesco. — Sur les altérations du système
nerveux dans quelques maladies dites musculaires.
Communication de Mlle Gabrielle Lévy et L. Van Bogaert. — Quelques remarques
sur le rythme respiratoire dans certaines maladies chroniques du système nerveux, en
particulier chez les pseudo-bulbaires.
Communication du professeur Guillain et de M. Alajouanine. — Le réflexe médio-
pubien.
16 juillet
:
Réaction extrêmement vive. Le pouls passe de 70 à i3o; la
pression maxima de i3 à 26. Angoisse, tremblements, nausées, vomissements
une demi-heure à une heure après la piqûre. Douleur très vive pendant plu-
sieurs jours au niveau de l'injection.
Injection sous-cutanée d'extrait de lobe postérieur d'hypophyse (Jo cg.). —
18 mai Réaction presque nulle, légèrement inversée (pouls 60 avant,
66 après).
Après traitement thyroïdien :
10 septembre Pas :
d'albuminurie.
Réaction de Hay Négative. Coefficient de Derrien-Clogne 4,3.:
mère au cortex. Les reins sont petits, sclérosés ; le foie présente l'aspect du
foie cardiaque.
L'examen histologique des centres nerveux décèle les lésions suivantes :
Infiltration cellulaire de la pie-mère au fond des sillons cérébraux ; infil-
tration méningée accusée par place au niveau de la convexité de circonvo-
lutions. Périvascularite nette par endroits. Dans le cortex les petits vais-
seaux sont entourés de cellules rondes. Les artériels ne présentent aucune
dégénérescence, aucune lésion d'endartérite. Lésions cellulaires accusées,
sans altération notable des neurofibrilles. Raréfaction irrégulière et ponctuée
de la partie profonde du réseau des fibres tangentielles. Présence de corps
hyaloïdes. La névroglie est peu altérée. Dans la substance blanche sous-
corticale, quelques vaisseaux sont atteints de périvascularite. '
Infiltration cellulaire accusée de la pie-mère cérébelleuse.
Dans le bulbe, les lésions inflammatoires méningées, la périvascularite
sont aussi accusées que celles que l'on rencontre dans la paralysie générale
avancée. Par places, les cellules embryonnaires sont tellement nombreuses
que la lésion méningée prend l'aspect d'un tissu gommeux sans trace d'endar-
térite toutefois.
Dans la moelle, les lésions sont plus accusées au niveau de la moelle
lombaire. Le canal central est oblitéré ; la pie-mère est atteinte de ménin-
gite subaiguë. Les cellules des cornes antérieures sont atrophiées et
pigmentées.
Dégénérescence partielle des fibres des racines antérieures.
Les lésions des reins sont très importantes. A côté de régions relative-
ment saines, on note des zones dans lesquelles glomérules, tubes, tissu
conjonctif et vaisseaux sont très altérés ; le tissu conjonctif est infiltré de
cellules mononucléées pressées les unes contre les autres, étouffant glomé-
rules et tubes ; les artères sont atteintes d'endartérite fibreuse oblitérante.
Le foie est peu altéré ; légère infiltration du tissu conjonctif des espaces
portes.
On peut admettre que l'intoxication alcoolique a contribué, avec l'état
infectieux urinaire, à déterminer le syndrome confusionnel présenté parla
malade à son entrée dans le service. C'est peut-être cet état toxi-infectieux
qui a camouflé, pourrait-on dire, les symptômes qui auraient pu mettre sur
la voie du diagnostic de méningo-encéphalite. L'évolution même de l'état
confusionnel vers la guérison plaide en faveur de cette interprétation.
D'autre part, les symptômes organiques (inégalité pupillaire, réflexes
pupillaires paresseux à la lumière, tremblement des extrémités, troubles
paraplégiques) étaient trop peu caractéristiques et trop peu prononcés pour
que l'on puisse affirmer le diagnostic de paralysie générale.
Les réactions humorales, quoique partielles, permettaient cependant de
soupçonner la syphilis et d'orienter davantage le diagnostic.
Quel que soit le rôle de l'alcoolisme dans la provocation des troubles
mentaux, on ne peut le retenir comme cause des lésions nerveuses diffuses de
nature inflammatoire. Il ne reste donc que deux diagnostics à discuter :
syphilis nerveuse ou paralysie générale. En se basant sur la diffusion des
lésions, l'absence d'endartérite, la physionomie spéciale des lésions
méningées, les altérations des fibres tangentielles, la périartérite, la présence
de corpuscules hyaloïdes dans le cortex, les auteurs s'arrêtent au diagnostic
de paralysie générale au début.
Discussion :
M. Guillain pense qu'il s'est agi d'un syndrome organique. Il n'a jamais
vu de réaction au benjoin négative dans la paralysie générale, même au
début.
M. Lhermitte rappelle les cas où l'on soupçonnait une paralysie générale,
où le syndrome humoral est resté négatif, comme chez certains malades
dont l'histoire a été rapportée récemment par Urecchia il s'agissait de
:
glosse, noyau ambigu, facial, noyau masticateur, etc. Mais dans nos deux
cas de myopathie typique nous avons retrouvé dans ces noyaux les mêmes
altérations qu'au niveau de la moelle épinière.
Enfin, point important, le locus niger ne présenta que des lésions dis-
crètes.
3° Un troisième type de lésions concerne certaines formations infundi-
bula-hypothalamiques, la substance innominée de Reichert, les cellules sans
pigment noir de la formation réticulée, les cellules vésiculeuses, enfin le
noyau dentelé du cervelet.
Ces lésions sont analogues dans le cas de maladie de Thomsen et dans
les deux cas de myopathies; cependant,dans l'ensemble,elles sont plus mar-
quées dans la maladie de Thomsen.
Les cellules de la substance innominée de Reichert, des noyaux du tuber
et surtout du noyau périventriculaire présentent des lésions d'ordre atro-
phique avec grande abondance de lipoçhrome et fréquemment aspect multi-
vacuolaire du protoplasma. Par places, il existe de véritables incrustations
de la périphérie des neurones.
Les cellules nerveuses sans pigment noir de la formation réticulée du
bulbe et des groupes réticulés paramédians de la protubérance présentent
de la chromatolyse centrale avec surcharge lipochromique et pour le plus
grand nombre de l'atrophie.
Les cellules vésiculeuses présentent une atrophie notable ainsi qu'un cer-
tain nombre de cellules du noyau dentelé du cervelet.
Le cortex cérébral, le cortex cérébelleux, les noyaux gris protubérantiels
sont sensiblement indemnes. On retrouve dans la partie haute de la moelle
cervicale au niveau de la formation réticulée des altérations portant princi-
palement sur les cellules à pigment noir et qui sont à rapprocher des alté-
rations ci-dessus décrites. Les cellules de la corne latérale ne sont pas non
plus indemnes.
Dans toutes les régions altérées, il existe un certain degré de réaction
névroglique d'ordre progressif.
Les formations myéliniques nous ont paru sensiblement indemnes.
En résumé, nous avons constaté dans ces trois cas d'affections dites
musculaires (maladie de Thomsen, myopathie), outre les lésions des cellules
motrices spéciales aux cas de myopathie, des altérations qui nous paraissent
intéressantes par plusieurs points :
NOUVELLE CONTRIBUTION
A LA CONCEPTION DES SYSTÈMES STATIQUE
ET KINÉTIQUE DE LA MOTILITÉ
PAR
J. RAMSAY HUNT
(de New-York)
(Travail original traduit de Vanglais par H. Baruk)
CONSIDÉRATIONS ANATOMIQUES
A. Système statique
La part essentielle dans la direction et la régulation du système sta-
tique, c'est-à-dire des fonctions posturales, doit être, suivant l'auteur,
attribuée au cervelet. A cet organe aboutissent, d'une part, les incitations
centripètes d'origine périphérique et d'autre part les incitations centri-
fuges corticales. Ces différentes incitations sont ensuite distribuées par
l'intermédiaire des voies cérébello-spinales aux mécanismes qui règlent
dans les muscles les fonctions myostatiques.
On peut distinguer à ce sujet deux systèmes statiques cérébelleux :
icle systèmepaléostatique qui règle les fonctions posturales élémentaires,
et automatiques; il prend son origine dans les noyaux les plus anciens
du vermis (nucleus fastigius, globosus et emboliformis).
2° Le système néostatique qui règle les fonctions posturales plus com-
plexes et plus élevées. Il réside au niveau des hémisphères cérébelleux,
et prend son origine au niveau des cellules du noyau dentelé. Enfin ce
système néostatique est soumis lui-même au contrôle cérébral par
l'intermédiaire des fibres qui unissent le cortex aux noyaux du pont et
qui, de ces noyaux, se rendent à l'hémispère cérébelleux du côté opposé.
Il est probable, en se plaçant sur le terrain phylogénique, que la voie
pariéto-temporo-occipitale qui se termine dans les noyaux dorsaux du
pont est plus ancienne que la voie fronto-pontine qui descend du lobe
frontal vers les noyaux ventraux du pont. C'est cette dernière voie que
l'auteur considère comme l'homologue, pour le système statique, de la
voie cortico-spinale pour le système kinétique. Ce faisceau fronto-ponto-
cerébelleux, qui concerne donc le système néostatique, passe dans le bras
antérieur de la capsule interne et dans la portion moyenne du pédoncule
cérébral où il entre en rapport étroit avec le faisceau pyramidal. Il est en
outre intéressant de noter que les deux faisceaux qui constituent l'un
l'appareil néostatique, l'autre l'appareil néokinétique reçoivent leur
enveloppe de myéline en même temps, aussitôt après la naissance.
Ces deux systèmes posturaux, néostatique et paléostatique, abou-
tissent finalement au cervelet qui en constitue le siège et qui les coor-
donne. Ces faits concordent du reste avec la nature du mécanisme
postural qui joue dans la motilité un rôle secondaire et inconscient.
Tandis que les manifestations les plus élevées du mouvement repré-
sentent dès le début un processus conscient et volontaire, les mécanismes
posturaux sont au contraire secondaires, et suivent automatiquement la
voie tracée par le développement du mouvement.
B. Système kinétique
Le système kinétique a trait à la transmission des incitations de
mouvement proprement dit. Les mouvements élémentaires réflexes sont
représentés par l'appareil archéokillétiqne du système nerveux segmen-
taire. Quant aux centres moteurs plus élevés, chargés du contrôle des
fonctions kinétiques, ils sont représentés par le corps strié et les cir-
convolutions rolandiques.
Ces deux grands systèmes, paléo et néo-kinétiques, se complètent l'un
l'autre, et leur indépendance n'est mise en évidence que par le travail de
certaines dissociations pathologiques.
Un point essentiel à faire ressortir,c'est que la portion pallidale du
corps strié est kinétique et concerne en quelque sorte les représentations
de mouvement. Le noyau dentelé du cervelet a, au contraire, une fonction
statique et comprend les représentationsposturales. En d'autres termes,
le mécanisme supra-spinal comporte là deux centres moteurs qui ont
trait l'un et l'autre aux fonctions kinétiques et statiques, autrement dit
aux représentations de mouvement et à celles de posture.
PAR
L. MARCHAND
1911, p. 73.)-
tions douloureuses et paraplégie en flexion intense. (Montpellier med., 3o juillet
3. G. ETIENNE et [E. GELMA. Paraplégie spastique spinale en
flexion. (Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1911, p. 335.)
4. A. GONNET et J. PIASCO. Un cas de paraplégie avec contracture en
flexion (sclérose en plaques probable). (Soc. des Sc. méd. de St-Etienne,
7 juillet 1920; La Vie méd., août 1920, p. 353.)
5. A. COYON et A. BARRÉ. Paraplégie t type Babinski » chez un sujet atteint
de maladie de Recklinghausen. Absence de régénération secondaire des
faisceaux pyramidaux. (Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1913, p. tlI.)
6. Soc. allal. clin, de Bordeaux, 16 juillet 1923.
Dans les observations précédentes, la paraplégie en flexion est con-
ditionnée par des lésions soit médullaires, soit bulbaires ou protubéran-
tielles. Babinski avait cependant admis que ce type de paraplégie pouvait
être dû à des lésions cérébrales. Brissaud, Souques et Charcot avaient
d'ailleurs signalé de tels cas, mais l'observation de Pierre Marie et
Foix1 est la première dans laquelle la paraplégie en flexion d'origine
cérébrale s'accompagne de la dissociation signalée par Babinski entre
les réflexes d'automatisme dits de défense qui sont exagérés et les réflexes
tendineux qui sont diminués. Les lésions consistaient en une nécrose
sous-épendymaire progressive symétrique intéressant la substance
blanche des lobules paracentraux; il existait une dégénérescence secon-
daire des fibres des faisceaux pyramidaux destinés aux membres infé-
rieurs. Ainsi, cette observation montrait que la suppression des centres
sous-corticaux pouvait produire, comme les lésions médullaires ou méso-
céphaliques, l'automatisme médullaire et la paraplégie en flexion.
La communication de Pierre Marie et Foix laissait ainsi prévoir qu'il
devait y avoir des cas intermédiaires entre le type de paraplégie en
flexion d'origine cérébrale et celui de paraplégie en flexion d'origine
spinale. L'observation de Bouttier, Alajouanine et Girot2 en est un
exemple. Chez leur malade, on notait également une dissociation entre
les réflexes tendineux et les réflexes d'automatisme médullaire, mais
les symptômes associés (syndrome parkinsonien, paralysie verticale du
regard, consécutifs à l'encéphalite léthargique) permettaient de localiser
les lésions en un point élevé du nevraxe, dans les régions mésocépha-
3
lique et encéphalique. Enfin, dans sa thèse, Alajouanine a décrit un
type de paraplégie en flexion traduisant des lésions anatomiques uni-
quement cérébrales. Dans ce type, à la contracture en flexion avec exal-
tation des phénomènes d'automatisme médullaire, s'associent des
symptômes de sclérose cérébrale sénile (démence, rire et pleurer spas-
modiques, troubles pseudo-bulbaires) ; les lésions cérébrales sont
bilatérales, symétriques et prédominent sur la voie motrice paracen-
trale, l'écorce et les noyaux gris; elles consistent en lacunes de désinté-
gration et entraînent la dégénérescence de la voie pyramidale.
La paraplégie en flexion peut aussi apparaître à titre de complication
au cours d'autres affections du système nerveux. C'est ainsi qu'on
l'observe fréquemment au cours de la paralysie générale infantile ou
juvénile. Elle est alors liée à une sclérose combinée, la dégénération
........
Courbe antéro-postérieure (circonférence cranienne)... 31
Circonférence horizontale maximum 47
Diamètre bizygomatique
.............
Courbe biauriculaire transverse
Fi-.U'P,
RUE
A.
DEL
L'ENCÉPHALE
TRAVAIL DU LABORATOIRE DE PSYCHIATRIE DE
L'UNIVERSITÉ ET DU SERVICE
DE PSYCHIATRIE ET DE NEUROLOGIE DU « KOMMUNEHOSPITAL »
A COPENHAGUE (PROF. Dr A. WIMMER)
PAR
Knud H. KRABBE
(de Copenhague)
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des centralen Nervensystems. (Deutsche Zeitschr. /. Nervenheilkunde, 9,
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16, 1913, p. 499.)
TRAVAIL DU SERVICE DE PROPHYLAXIE MENTALE DU DOCTEUR TOULOUSE
IMPULSIONS AU TATOUAGE
ET PERVERSIONS SEXUELLES
PAR
Roger DUPOUY et E. MINKOWSKI
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
—
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
^ SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1923
Présidence de M. André-Thomas
Myopathie atrophique localisée aux trapèzes et consécutive à un trauma-
tisme, par MM. /. Lhermitte, Cénac et N. Péron. — On s'accorde pour admettre
la fréquence des atrophies musculaires à localisation périscapulaire consé-
cutives aux traumatismes, mais la nature de ces amyotrophies est encore
très discutée. H. Claude, Vigouroux et Lhermitte ont soutenu la nature
myopathique de l'altération musculaire. Le cas présenté par les auteurs
témoigne en faveur de cette pathogénie.
Il s'agit d'un malade âgé de quarante-trois ans atteint de paralysie géné-
rale à évolution rapide. Ce sujet présente une atrophie presque absolue des
deux trapèzes, laquelle se traduit par les déformations vertébrales et scapu-
laires que l'on connaît. Les particularités de ce fait tiennent, d'une part, à
l'étiologie, et, d'autre part, à la nature de cette amyotrophie localisée. Celle-ci
est survenue à la suite d'un violent traumatisme subi à l'âge de six ans.
Depuis cette époque, l'affection n'a subi aucune modification. Quant à la
nature de cette atrophie, les auteurs se basent sur une série d'arguments pour
appuyer son origine myopathique. Les plus frappants consistent dans la
localisation de l'atrophie, l'ébauche d'une taille de guêpe, l'absence de réac-
tion de dégénérescence et de troubles moteurs ou sensitifs en rapport avec
une lésion spinale, la présence d'une réaction myotonique légère, ainsi que
d'une hypertrophie localisée au segment acromial du trapèze gauche, enfin
sur les résultats d'une biopsie.
Conservation de la sensibilité profonde de la face après section rétro-gassé-
rienne de la racine postérieure du trijumeau. — MM. A. Souques et Hartmann
présentent un malade chez qui, pour remédier à une névralgie faciale, on
coupa la racine postérieure du trijumeau. Ce malade, suivi depuis trois ans
et demi, a perdu la sensibilité superficielle du côté opéré ; mais, de ce même
côté, la sensibilité profonde est conservée : ainsi la pression, le diapason et
les mouvements des muscles de la face sont perçus normalement ou à peu
près normalement. Les auteurs ont constaté la même dissociation de la sen-
sibilité chez de nombreux malades ayant subi la même section de la racine
postérieure du trijumeau. Ils pensent que les fibres de la sensibilité profonde
de la face ne doivent pas venir du trijumeau, en tout cas qu'elles ne passent
pas par la racine postérieure de ce nerf, et qu'elles viennent probablement
du facial.
Dysphasie et syndrome strié. — MM. E. de Massary et /. Rachet présentent
un malade atteint de bégayement spasmodique apparu à l'âge de trois ans,
accompagné de spasmes de la face et de mouvements choréo-athétosiques
des doigts. Imputable à une lésion des noyaux striés, ce syndrome s'exagère
dans les efforts et aboutit, après une phase de contracture, à une élocution
normale. Ce trouble peut être rapproché des phénomènes de kinésie para-
doxale décrits par Souques chez les parkinsoniens.
Hémichoréo-tremblement et syndrome de Parinaud lésion pédonculaire. —
:
Présidence de M. Dupain
Érotomanie secondaire.— MM. V. Truelle et/. Reboul-Lachaux présentent
une malade atteinte d'érotomanie apparue à la faveur d'un système de
défense, d'un besoin de protection commandé par un délire de persécution.
Des tendances amoureuses anciennes et un fond d'orgueil constitutionnel
ont prêté au protecteur trouvé des sentiments affectueux, bientôt partagés par
la malade et un tableau typique d'érotomanie s'est constitué. Le postulat
ne s'est pas imposé, mais a été le fait d'un long
travail imaginatif et inter-
prétatif. Le choix de l'objet a été orienté vers un grand romancier contem-
porain par la culture littéraire de la malade, par ailleurs débile, mais non
affaiblie intellectuellement.
Les psychoses hallucinatoires chroniques. — Le docteur de Clérambault
montre un malade de quarante ans, dégénéré supérieur, présentant d'une
part le tableau classique de la psychose hallucinatoire systématique progres-
sive de Magnan, d'autre part des dérogations à ce tableau début par éro-
tisme, puis jalousie ; persécution seulement ultérieure ; début aussi par auto-
matisme mental - période mégalomaniaque remplie principalement par du
mysticisme et par un délire dogmatique.
L'auteur insiste d'abord sur la rubrique « délire dogmatique » qu'il pro-
pose pour une forme soit secondaire, soit autonome de délire,
dont il trace
hallucinatoires
un schéma. Il aborde ensuite la doctrine des psychoses
chroniques.
A propos d'un état démentiel avec idées de négation. Paralysie générale?
Réactions humorales négatives. — M. /. Cuel présente une malade de qua-
rante-trois ans, ayant des antécédents syphilitiques nets et hospitalisée en
juin 1922 avec le diagnostic de paralysie générale unanimement admis
alors. (Affaiblissement intellectuel à marcherapide, idées de grandeur et de
richesse, rigidité pupillaire). Depuis quelques mois se sont développées des
idées de négation, d'abord corporelle, puis générale.
L'affaiblissement intellectuel, bien que profond, n'est pas absolument
global, il y a conservation d'un certain pouvoir de critique. Il n'existe pas
de troubles caractéristiques de la parole. Le syndrome humoral paralytique
du liquide céphalo-rachidien a constamment manqué (sept examens) et cela
en dehors de toute rémission des signes cliniques. Dans le sang, réaction de
Hecht partiellement positive, réaction de Wassermann au sérum chauffé
négative.
Il semble bien que le diagnostic de paralysie générale ne puisse être
maintenu. D'autre part, les antécédents de la malade, les signes pupillaires,
la positivité partielle du sérum sanguin, les caractères du syndrome mental
ramènent vers une affection spécifique des centres nerveux. Il s'agit vraisem-
blablement d'une de ces formes relativement rares de syphilis cérébrale
diffuse, décrite par Nissl, Alzheimer, Jakob sous le nom d'endartérite syphi-
litique des petits vaisseaux du cortex, forme dans laquelle les réactions humo-
rales du liquide céphalo-rachidien demeurent le plus souvent négatives et
qui se manifeste par une symptomatologie assez voisine,quoique distincte,
de celle de la paralysie générale.
Il est possible que bien des cas décrits comme paralysies générales sans
réactions humorales relèvent en réalité de cette affection.
Alcoolisme et hallucinations lilliputiennes, par MM. H. Colin et Cénac. —
Les auteurs présentent un malade éthylique, ancien paludéen, ayant eu, au
cours d'accidents éthyliques subaigus, des hallucinations visuelles terri
fiantes alternant avec des hallucinations lilliputiennes typiques (syndrome
de Leroy). L'intérêt de cette présentation réside dans l'alternance de ces
phénomènes oniriques à caractères affectifs opposés.
Hémiaparésie alterne et syndrome pseudo-bulbaire. — MM. H. Colin- et
Cénac présentent un malade spécifique atteint, à la suite d'ictus, d'hémiplégie
alterne avec troubles de la phonation et de la déglutition, troubles cérébel-
leux, troubles de la mimique, rire spasmodique. Les auteurs attribuent ces
troubles à des lésions en foyers par artérite spécifique, dont l'une protubé-
rantielle, et écartent, malgré les réactions biologiques positives dans le
liquide céphalo-rachidien et en raison de l'intégrité relative de l'intelligence
de ce malade, le diagnostic de paralysie générale envisagé dans le certificat
de placement.
Syndrome parkinsonien et syphilis nerveuse. — MM. Demay et Petithony
rapportent l'observation d'une malade qui présente à la fois un syndrome
parkinsonien (facies figé, akinésie spontanée et automatique, akatisie) et des
signes de syphilis nerveuse (légère spasmodicité, céphalalgie et vertiges,
Bordet-Wassermann positif dans le liquide céphalo-rachidien).
On peut se demander en pareil cas si la syphilis n'a pas joué un rôle dans
l'étiologie du syndrome parkinsonien.
Les injections intraveineuses de salicylate de soude dans l'encéphalite chro-
nique à forme parkinsonienne. — M. Bouchard (asile de Clermont, Oise) rap-
porte deux cas d'encéphalite chronique à forme parkinsonienne qu'il a traités
par des injections intraveineuses de salicylate de soude à la dose de 6 grammes
par jour en solution à 2 pour 10. Sous l'action de ce traitement, il a nettement
vu rétrocéder une grande partie des symptômes physiques, l'hyperglyco-
rachie et même les troubles du caractère. Le traitement ne put malheureu-
sement être continué plus de deux mois à cause de l'oblitération veineuse
produite par la salicylate de soude.
L'amélioration se maintint pour un des malades du mois de juillet au
mois de novembre. A cette époque, tous les symptômes s'aggravèrent,
prenant les caractères d'une poussée évolutive. L'état de l'autre malade s'est
à peu près maintenu.
Il serait intéressant de poursuivre ces essais en employant comme l'a con-
seillé Carnot, le salicylate de soude en solution plus étendue (4 p. 100 par
exemple), ce qui d'ailleurs est d'une application difficile.
H. COLIN.
IV. — Société de psychiatrie
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1923
ANALYSES
AVIS
Réunion biologique neuro-psychiatrique
La prochaine réunion biologique neuro-psychiatrique se tiendra
à l'amphithéâtre de la clinique des maladies mentales à l'asile Sainte-
Anne, le jeudi 3i janvier, à dix heures.
Toutes les personnes qui s'intéressent aux questions concernant les
applications biologiques à la neurologie et à la psychiatrie sont invitées
à y prendre part.
Pour les communications, écrire à M. le docteur Santenoise, chef de
clinique à l'asile Sainte-Anne, 1, rue Cabanis.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ENTRE LA FOLIE MANIAQUE DÉPRESSIVE
ET LA CATATONIE
PAR
R. de SAUSSURE
Asile de Bel-Air (Genève)
- -
I. Diagnostik der Geisteskrankheiten. (Urban und Schwarrenberg,Vienne,
1901.) PFERSDORFF.Ueber Stereotyptien in I.
M. D. (CentralbI.f.Nervenheilk.
1906, p. 745). SCHNEIDER. Ueber Wesenund Bedeutung Katatonischer Symp-
tome (Zeitschr. f. d. Ges. Neurol. und Psychiatr. t. XXII, p. 486). — MEYETC,
Paranoische Formen der M. D. I. (Areh. f. Psychiatrie 1921, t. LXIV, p. 299).
— URSTEIN. Dementia Praecox und ihre Stellung zum M. D.I.., Vienne, igog.
(M. D. I. als Erscheinungsform der Katatonie, 1912, Vienne, p. 65o). — WILL-
BUERGER., Paranoische Zustaende in der Manie. (Thhse, Tubinge 1914).
2. Assoc. de la folie intermittente et du délire de persécution ; LAURENCE,
Assoc. confus, mentale avec manie et mélancolie, (Thèse, Bordeaux, 1912)
COURBON, op. cit.
j
3. Die klinische Stellung des.M. D. I. (Zeitsehr. f. die ges. Psych, u.
Neurol, t. LVI, 1920, p. 10.)
Il est vrai que peu d'auteurs se rattachent à cette opinion qu a été
fortement combattue par Ewald '.
Il n'en reste pas moins que la catatonie évolue souvent avec 'des
phases analogues à celles des psychoses périodiques, ce qui vient encore
augmenter les difficultés du diagnostic.
On voit d'après ce qui précède combien le diagnostic est difficile
i. Das M. D. I. und die Frage der Krankheitseinheit (Ibid. t. LXIII,
p. 64.)
1921,
dans bien des cas, et surtout combien les psychiatres sont loin de s'en-
tendre sur la solution à donner au problème. De l'avis général, la seule
raison pour laquelle il importe d'établir exactement ce diagnostic, est le
fait qu'on peut en déduire un pronostic. Cette idée, en tout cas, est
ordinairement admise dans la psychiatrie française classique. Baillarger,
le premier, insistait sur ce que l'accès de la folie périodique laissait
derrière lui un cerveau parfaitement sain. Magnan, et bien d'autres
après lui, ont partagé cette opinion.
Cependant l'accord est loin d'être fait sur ce point. Schuele1, écrit :
« L'accès (de psychose périodique) laisse ordinairement quelques traces
telles qu'une méfiance exagérée, la conviction que garde le malade
d'avoir supporté un préjudice, une irritabilité, une émotivité anormale.
Puis ces traces elles-mêmes disparaissent, et la santé semble parfaite.
Mais à un examen attentif, on remarque qu'il existe une certaine torpeur
psychique, peu marquée il est vrai, et qui se manifeste à propos de tout
travail intellectuel. »
Kraepelin (68 éd.) remarque que « pendant les périodes de rémission,
on observe certains phénomènes constants. D'une part une certaine
dépression de l'énergie psychique par suite de laquelle le malade devient
incapable de fixer son attention de façon durable, d'accomplir des
travaux intellectuels prolongés et importants et d'enrichir son esprit de
nouvelles acquisitions. D'autre part une résistance moindre dans la
sphère des sentiments, qui se traduit par une irritabilité anormale et des
accès de colère injustifiés ».
Garczinski2, dans son travail fait sous la direction du professeur
Weber, arrive aux conclusions suivantes : a La psychose maniaque
dépressive aboutit, elle aussi, à un affaiblissement des facultés intel-
lectuelles, à une démence. Toute psychose qui devient chronique, ou
qui récidive nombre de fois, conduit fatalement à la démence. Cette
conclusion ne prouve cependant pas que ce soit une démence précoce.
La démence est aussi issue dela manie-mélancolie ». Beaucoup d'autres
aliénistes partagent cet avis. Ainsi Walker3.
Donc lorsqu'on veut baser le diagnostic sur l'évolution de la maladie,
une première difficulté se dresse : dans l'intervalle des accès, les psy-
choses maniaques dépressives ne reviennent pas toutes à une intégrité
complète. La seconde difficulté provient de ce que certains accès de
»
85,o
57,7
87,4
»
»
80,5
,
Euphorie. (Le malade se sent parfaitement satisfait.)
Hypertrophie-,.. de
-
délire
la personnalité, avec ....
(
... »
»
»
»
( sans délire
<
» »
Voir dans tout le bon côté des choses » »
Excitation à la moindre contrariété » »
Logorrhée avec fuite des idées. (Sans dissociation persis-
tante.) » »
Pensées fragmentaires, incomplètes » »
Orientation restée bonne. (A ou 2 jours près.)
1 » »
Grande inattention
Emprunt au monde ambiant des éléments du délire ....
Fait de toucher tous les objets qui tombent sous la main..
»
»
»
»
»
»
Création de nombreux plans, qui veulent tout réformer
Erotiques
.. »
»
»
»
Malgré les colères passagères, bons rapports affectifs.... » >1
Symptômes catatoniques
Hallucinations » »
Incohérence d'idées » »
Indifférence émotionnelle » »
Négativisme » »
Stéréotypie » »
Maniérisme. (Attitudes catatoniques.) » »
Catalepsie
Echomimie, écholalie
Stupeur
Automatismes
................... »
»
»
»
»
»
Actions impulsives
.................... »
»
»
»
Le malade badigeonne » »
Paramimie
Hyper-ou hypotonie des membres
Affaiblissement intellectuel
.............
................
»
»
»
»
»
»
ÉVALUATION DE LA PRESSION
DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN
DANS LES MÉNINGITES SÉREUSES
ET DANS LES TUMEURS DE L'ENCÉPHALE
PAR
Ottorine BALDUZZI
OBSERVATIONS.
par par
tervention tervention
Décubitus Décubitus
Autopsie. Autopsie.
Autopsie. Autopsie.
Autopsie. ratoire. Autopsie. Confirmé ratoire.Autopsie.
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4.II1.22 20.IX.22 .'23 5.111.'23 5.IX.'23
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DIAGNOSTIC.
Tbc Tbc
Meningitis— Meningitis
Meningitis Meningitis
Meningitis Meningitis
Meningitis
Meningitis Meningitis Meningitis
— — - — — - — —
1922
2.IV.'23V.'2
23 2S.IlI.23 26.IV.'24 28.VI.'23
5.XII.'22
20.11.23 q.V.'23 i.VI.'23 I.VI.22 15.VI.23 22.II.'23 ..¡..III.'23
de L. 4.V.'23
Cis.
1 » M 2 3 45 » » » » » » » 6 78 » » 9 10
Dans l'examen des cas de méningite sérieuse, je n'ai tenu compte
que de ceux dont le diagnostic, en plus des signes commun d'hyper-
tension endocranienne et d'altération du fond oculaire, était confirmé
par la guérison du malade.
Par l'observation des valeurs réunies dans les deux tableaux,
on remarquera que le quotient rachidien le plus élevé, dans le cas
de tumeur cérébrale est 5,5 (dans un sarcome de la fosse crânique pos-
térieure), tandis que le quotient le plus bas est 1,4 (dans le cas n° 13 —
gomme de la face inférieure du lobe temporal gauche). Dans le cas de
méningite séreuse, on obtient un minimum de 6, comme aux numéros l,
2, et un maximum de 11,6 comme aux numéros 7, 8, 10.
Il y a donc entre les deux maladies un écart bien marqué, puisque la
valeur maxima des tumeurs cérébrales arrive à 5,5 tandis que la valeur
minima des méningites séreuses ne descend pas au-dessous de 6.
Comme il a été dit plus haut, tandis que M. Ayala fixe, aux fins
pratiques, la limite des valeurs entre 2,5 et 4,5 dans les tumeurs céré-
brales, je prendrai, d'après mes expériences, les limites d'un minimum
de 1,5 et d'un maximum de 5,5. Quant aux méningites séreuses, j'abais-
serai à 6,5 le minimum de 7, donné par M. Ayala, et je laisserai indé-
terminée la limite maxima. Les valeurs qu'on obtiendrait entre 5,5 et
6,5 devraient être considérées comme équivoques et sans aucune valeur
différentielle.
On aurait donc un quotient inférieur à 5 pour une tumeur, et un
quotient supérieur à 7 pour une méningite séreuse.
Enfin, malgré ces menus détails, les résultats de mes observations
concordent avec ceux de M. Ayala : ils sont même plus démonstratifs,
puisque je n'ai pu constater une seule exception à la marche spéciale de
la pression que je viens de mettre en évidence.
Pour les méningites tuberculeuses, du moins dans les deux cas que
j'ai observés, on note une marche pareille à celle des méningites séreuses,
ce qui est dû au fait, que, dans les méningites tuberculeuses, le liquide
se déverse aussi dans les ventricules et que ces derniers se dilatent.
Toutefois, comme dans ces formes l'analyse chimique du liquide
céphalo-rachidien fournit des signes suffisants au diagnostic, on peut
considérer comme inutile de se livrer à d'autres recherches.
On se rendra aisément compte de la raison de la marche diverse des
deux formes morbides si l'on fait attention à la façon différente dont se
produit l'hypertension. Tandis que dans la méningite séreuse (choroïdo-
épendymite séreuse) l'augmentation de la pression est due à une aug-
mentation correspondante du liquide dans les cavités ventriculaires et
dans les espaces subarachno'idiens; pour les tumeurs, au contraire,
l'augmentation de la pression est due à ce que la masse solide de la
tumeur tend à réduire l'orifice des ventricules et l'ampleur des canaux
des citernes subarachnoïdiennes et encéphaliques. Le liquide contenu
dans ces cavités est ainsi repoussé dans les espaces subarachnoïdiens
spinaux où il ne peut être suffisamment absorbé par les espaces lym-
phatiques. Il s'ensuit donc que, dans le premier cas, on devra soustraire
une assez forte quantité de liquide céphalo-rachidien pour que la
pression en arrive à être normale; tandis que, lorsqu'il y a des
tumeurs, le liquor arachnoïdien — étant relativement plus rare — la
quantité qu'il sera nécessaire d'extraire pour abaisser la pression sera
aussi moindre, d'autant plus que, à cause de la pression centrifuge
exercée par la néoplasie, il peut arriver que les communications entre
ventricules et espaces arachnoïdiens soient entravées.
Quand la tumeur est compliquée d'une hydrocéphalie ou d'une
méningite toxique réactive, la marche de la pression et du qr dont il est
question plus haut sera altérée. C'est ce qui explique les contradictions
apparentes dans quelques-uns des résultats que j'ai donnés pré-
cédemment.
Ainsi, en rapprochant les cas de M. Ayala sur la tumeur cérébrale et
les méningites séreuses et ceux de mes tableaux, on en déduit un
nombre considérable d'observations qui me permettent d'insister sur la
presque constance des résultats obtenus : constance qui doit être consi-
dérée comme relative, vu qu'il s'agit de phénomènes biologiques.
Toutefois j'estime que, dans la pratique neurologique, ce signe
peut et doit acquérir une grande valeur, lorsqu'il est accompagnée
d'autres signes différentiels concourant à confirmer un diagnostic
plutôt qu'à l'établir. Je tiens surtout à insister sur ce point, pour qu'on
donne à ce signe sa juste valeur seulement dans les cas de véritable
hypertension.
En résumé, je puis affirmer que l'observation de la marche de la
pression du liquide céphalo-rachidien obtenu par la ponction lom-
baire, dans les cas ci-dessus exposés, m'autorise à formuler les déduc-
tions suivantes :
i0 Que, lorsqu'il existe des symptômesd'hypertension endocranienne,
on doit recourir à la ponction lombaire sans négliger l'usage du mano-
mètre, qui permet de relever avec exactitude le degré et les variations
de la pression du liquide céphalo-rachidien ;
2° Qu'il est prudent, dans ces circonstances morbides, de ne sous-
traire du liquide qu'autant qu'il est nécessaire pour que la pression soit
réduite à l'état normal; ou même davantage quand l'hypertension est
trop élevée;
3° Que l'évaluation de la pression initiale en fonction de la quantité
et de la pression résiduelle, c'est-à-dire le quotient rachidien, est une
donnée précieuse, qui peut éclaircir un diagnostic douteux, surtout
quand on balance entre une tumeur cérébrale et une méningite séreuse.
LA DÉCÉRÉBRATION CHEZ L'HOMME
* PAR
Walter FREEMAN
(de Philadelphie)
Assistant étranger à la Salpêtrière.
i. Encéphale, 1913, I, 5o3. V. ci-dessous, ch. ix, un texte cité. Ballet écrit
(1
écho de la pensée:, mais il est clair qu'il veut dire vol de la pensée.
avec ses diverses formes cliniques, dont nous avons en juillet 1923 pro-
posé une énumération provisoire, et que nous classons actuellement
comme suit : polyphrénie simple, raisonnante, confusionnelle, cyclo-
thymique, maniàque ou hypomaniaque.
4. Soit dans la psychose hallucinatoire chronique de Ballet, soit dans
la polyphrénie, il ne faut pas parler vaguement de «désintégration») en
général, mais de dislocation : les fragments désunis sont remarquable-
ment peu désintégrés.
5. La «personnalité», ou conscience de soi, subsiste et s'affirme,
quoiqu'elle soit diminuée. Ce qui est disloqué, c'est l' individualité, dont
la personnalité n'est (Ribot) qu'une portion minime.
6. Enfin il n'est pas certain que dans la « psychose interprétatrice
chronique », la personnalité ni l'individualité soient indemnes.
Classification des formes du vol de la pensée. — Faute de connaître
les diverses formes du vol de la pensée, on risque de laisser ce symptôme
cardinal. Trop souvent on ne songe qu'à l'écho de la pensée, forme à la
fois retardante et auditive, qui est loin d'être fréquente.
On peut distinguer les modalités suivantes, dont la présentation peut
être auditive ou dépourvue d'auditivité.
10 Vol de la pensée sans apparence d'anticipation ni de retard ;
intrusion dans la vie passée; énoncé des actes, de l'écriture; double
lecture.
21 Vol de la pensée à caractère anticipant : anticipation de la pensée,
annonce de l'écriture, des actes; anticipation de la lecture.
3° Vol de la pensée à caractère retardant : écho de la pensée.
La découverte d'une de ces espèces ne dispense pas de rechercher
les autres : rien de plus ordinaire, dans la polyphrénie, que le cumul.
Intrusion dans la vie passée. — L'intrusion dans la vie passée est, de
toutes les formes du vol de la pensée, la plus ordinaire.
A vrai dire, le malade ne se plaint pas qu'on lui vole ses pensées,
mais qu'on lui vole ses secrets. Cette distinction a un sens subtil. Elle
signifie que l'actualisation des souvenirs intimes n'est pas voulue, elle
est mise au compte des indiscrets. Mille détails surgissent, des minuties
oubliées, des circonstances sans intérêt, indignes d'avoir été conservées.
« On » les ravive, on les ressuscite, on leur donne une valeur qu'ils
n'ont jamais eue, on connaît la vie du sujet mieux que lui-même, jamais
il n'aurait pu, quant à lui, repenser tout cela ; c'était enfoui, aboli,
anéanti. Ces fantômes d'un passé mort, il est bien obligé de les identifier
au passage. Tout cela a bien existé. Mais à quoi bon cette sarabande?
Et pourquoi ne peut-il pas la réfréner? C'est une hypermnésie, mais
d'une espèce particulière, une hypermnésie attribuée à l'intervention
d'évocateurs étrangers. Elle déroule des images de choses, de lieux, de
CONCLUSIONS
L'UNIVERSITÉ DE PARIS
TENUE A LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE
LE 31 JANVIER I924
Sommaire
Communication de M.
d'un test de mémoire.
Edouard Toulouse, et de Mlle Weinberg. - Établissement
Communication de MM. Henry Cardot et Henri Laugier. — Sur la diffusion et la
généralisation de l'excitation dans les centres au cours de l'effort prolongé.
Communication de MM. J. Tinel et D. Santenoise. — Contribution à l étude du
diagnostic biologique de l'épilepsie.
-
mémoire de reconnaissance qui, en clinique, sont souvent confondues — les
deux premières surtout alors qu'elles paraissent ressortir à des conditions
nerveuses différentes.
La mémoire de fixation est explorée couramment en clinique. On fait par
exemple répéter au malade des séries de mots, des phrases ou des chiffres et
l'on apprécie de la sorte le pouvoir de fixation du sujet.
Les troubles de la mémoire d'évocation sont plus difficiles à étudier
expérimentalement. Car le phénomène d'évocation est intimement lié en
pratique au phénomène de fixation.
L'évocation d'un souvenir est fonction de son degré de fixation d'abord
(on évoque un souvenir d'autant plus facilement qu'on l'a mieux fixé) et aussi
d'un grand nombre de circonstances caractéristiques du moment d'évocation.
On ne peut pas étudier expérimentalement le pouvoir d'évocation du sujet
en lui faisant évoquer des souvenirs anciens quelconques : car l'étendue, la
ténacité de la fixation de ces souvenirs nous étant inconnues, nous ne pouvons
distinguer ce qui dans une évocation médiocre serait dû à une absence de
fixation convenable ou à un trouble du pouvoir d'évocation proprement dit.
D'autre part les mêmes souvenirs ne s'évoquent pas toujours avec la
même facilité; les dispositions psychiques et physiques du sujet au moment
de l'évocation, son attitude mentale, les associations externes et internes, tous
ces facteurs déterminent chez un même sujet les variations de la reproduc-
tion des souvenirs, reproduction qui peut être tantôt parfaite et tantôt faire
défaut totalement. Le sujet normal peut néanmoins, quelles que soient les
variations que nous venons d'énumérer, dans une certaine mesure diriger
la reproduction de ses souvenirs : c'est l'évocation volontaire.
C'est cette fonction mnésique que nous avons en vue dans nos expériences,
nous proposant de mettre au point ultérieurement un test d'évocation spon-
tanée
.
Respectons la première difficulté d'ordre technique général qui se présente
ici. Lorsque nous examinons un sujet normal, nous supposons qu'il
donne le maximum d'effort dont il est capable. Or quand nous avons affaire
à des malades nous ne sommes plus autorisés à faire cette supposition et
nous ne sommes jamais sûrs que le malade fait son effort maximum. D'ailleurs
si même, par une appréciation plutôt intuitive, nous jugeons le degré d'effort
que le malade apporte, nous nous trouvons devant une autre difficulté : com-
ment comparer le résultat fourni par un sujet qui fait de son mieux et qui
donne son maximum au résultat d'un autre sujet qui ne se donne aucune
peine pour réussir? Dans tous les tests de mémoire qu'on a généralement
employés, le degré d'attention et le désir de bien retenir jouent un grand rôle
dans les résultats. Les sujets vont même jusqu'à forger des systèmes, ils
cherchent des associations logiques entre des éléments apparemment dispa-
rates, en un mot ils s'aident par des procédés mnémotechniques. On peut
éviter la mémorisation volontaire en donnant au sujet une tâche secon-
daire qui aurait pour but de le distraire. On peut par exemple,pendant qu'on
fait défiler des tests quelconques, lui faire faire du calcul mental ou exécuter
une autre activité de ce genre. Cette technique a été employée dans les expé-
riences de psychologie générale pour dissocier dans un acte mnémonique la
mémoire et l'attention. Toutefois ce procédé nous a paru peu adapté au but
de nos expériences. En effet lorsque le sujet accomplit deux tâches simulta-
nément et que ces tâches sont telles qu'elles ne puissent être exécutées auto-
matiquement, il se tire d'affaire par des oscillations plus ou moins rapides de
son attention qui va et vient entre les deux tâches. C'est une aptitude tout à
fait spéciale que les différents individus ne possèdent pas au même degré.
Ces techniques auraient donc compliqué l'expérience en nous entrainant
dans une tout autre direction. Nous avons donc préféré opérer d'une manière
différente et nous allons exposer tout à l'heure comment.
Nous avons utilisé quinze images colorées tirées d'un loto enfantin et qui
représentent des objets familiers, mais hétérogènes :
Les images sont collées sur un carton de 34,7 cm. X 25 cm.
Nous présentons le carton au sujet et nous lui demandons de nommer les
images aussi vite qu'il peut. Ce faisant, nous donnons au sujet une tâche
secondaire qui empêche la mémorisation volontaire ; mais au lieu de le dis-
traire et de provoquer une division de son attention, nous la dirigeons au con-
traire sur les objets qu'il doit retenir. On pourrait croire a priori que la
nécessité de nommer aussi vite que possible les images présentées ne gêne
par la mémorisation. En réalité tous les sujets se sont plaints de n'avoir pas
pu bien retenir parce qu'il fallait nommer très vite. D'une manière générale
nous avons trouvé au cours de nos expériences, tant sur les normaux que sur
les malades, que la mémorisation volontaire était impossible. Nous avons
bien affaire à l'aptitude mnémonique brute et non pas à l'art d'apprendre,
car c'est là un art véritable.
La durée d'exposition est déterminée par la rapidité avec laquelle le sujet
arrive à nommer toutes les images ; elle est donc variable pour les diffé-
rents sujets. C'est là une critique qu'on pourrait nous faire. En effet le
nombre d'éléments fixés variant notablement sous l'influence de la durée du
temps pendant lequel ces éléments sont présentés au sujet, on comprend que
les différences des temps d'exposition mettent les différents sujets en une
certaine mesure dans des conditions non identiques.
Mais d'autre part la rapidité de reconnaissance et la rapidité de la tra-
duction d'une image visuelle en symboles verbaux est, elle aussi, variable
suivant les sujets. Et il est indispensable de s'assurer que le sujet a réelle-
ment remarqué et a pu réellement nommer toutes les images présentées, car
en supposant qu'un malade soit particulièrement frappé par une image quel-
conque, il pourra pendant toute la durée d'exposition ne regarder que cette
seule image et l'expérience serait évidemment ratée.
Il serait donc encore préférable de donner une présentation successive,
soit en projetant les images sur l'écran, soit en les exposant dans un appareil
de présentation comme il en existe dans les laboratoires. Nous avons adopté
la technique d'exposition simultanée qui est plus commode pour le clinicien.
Remarquons d'ailleurs que la parfaite égalité des conditicns objectives ne
réalise pas toujours cette égalité au point de vue subjectif.
En présentant les images et en les faisant nommer nous faisons appel à la
fois à la mémoire visuelle et à la mémoire verbale (auditive et motrice).
Aussitôt l'exposition terminée, nous laissons un intervalle d'une minute
pendant laquelle nous demandons au sujet de compter, soit simplement, soit
à rebours, soit par deux ou trois, etc... Ceci simplement afin de l'empêcher
de penser aux images présentées tout à l'heure. Nous introduisons cet inter-
valle,comme on le fait dans toutes les expériences de mémoire, afin de per-
mettre aux souvenirs de se fixer effectivement, tandis que si nous demandions
une reproduction immédiate comme le font quelquefois certains auteurs,
nous ferions appel plutôt à une persistance sensorielle qui n'est pas de la
mémoire proprement dite.
Après l'intervalle nous demandons au sujet de nous indiquer toutes les
images retenues et nous répétons cette reproduction trois fois de suite, en
séparant chaque fois les reproductions successives par un intervalle d'une
minute remplie par le comptage.
Nous reprenons le sujet,lorsque les circonstances le permettent, après un
ntervalle de dix minutes et nous lui demandons de nouveau trois repro-
ductions successives séparées comme la première fois par des repos d'une
minute.
Nous obtenons donc une série de trois ou de six évocations suivant que
nous avons fait exécuter une seule épreuve ou deux épreuves.
Nous avons appliqué ce test tel que nous venons de le décrire sur 42 sujets
normaux dont 27 machinistes de tramways, qui constituent un groupe très
homogène par l'âge, la culture et la nature du travail. Nous avons constaté
que les images retenues ne sont pas reproduites à chaque évocation. Sur les
42 cas cités, 2 sujets seulement ont toujours reproduit les mêmes images.
Généralement les choses se passent de la manière suivante. Le sujet à la pre-
mière évocation reproduit par exemple une huitaine d'images, à la deuxième
évocation il peut en reproduire huit ou neuf, ou sept, mais parmi ces images,
il y en aura qui n'auront pas été évoquées la première fois, et d'autre part
il y aura des images évoquées la première fois et qui ne seront pas repro-
duites à la deuxième évocation. Le nombre d'images constantes, c'est-à-dire se
répétant dans toutes les six évocations, varie de 3 à 9 chez les 27 machinistes
des tramways avec une moyenne de 5, 77. Nous calculons le nombre total
d'images reproduites par le sujet dans les différentes évocations et nous avons
ainsi la mesure de son pouvoir de fixation. Nous comptons ensuite la moyenne
d'images reproduites à chaque évocation individuelle et le pourcentage de
cette moyenne par rapport au total des images reproduites ; nous pouvons
dire par exemple qu'un individu peut évoquer à n'importe quel moment 80
ou 90, ou 70 p. 100 de son capital acquis. "Nous pourrions appeler ce chiffre
indice du pouvoir d'évocation.
Ici il y a quelques réserves à faire. Les auteurs qui ont étudié les évoca-
tions successives après une seule présentation ont trouvé que le nombre de
souvenirs croît légèrement pour les évocations ultérieures. Un psychologue
anglais, M. Ballard, ayant fait apprendre aux enfants des écoles une pièce de
vers d'une manière incomplète a trouvé que le nombre de souvenirs repro-
duits croît avec l'intervalle de temps et que l'optimum se manifestait deux
jours après le moment de fixation.
Il a constaté en outre que, à côté du gain, de la réapparition des souvenirs
nouveaux, il y avait à partir des plus petits intervalles des oublis, disparition
d'autres éléments. Un auteur allemand, Nicolaï, ayant présenté des objets
différents aux groupes d'enfants a constaté un léger oubli après un intervalle
de 3o min. et une réapparition des souvenirs dans les évocations successives.
Les expériences de Ballard ont été reprises par Mlle Huguenin : Reviviscence
paradoxale (Arch. de Ps. 1914, XIV, p. 379) qui a pu vérifier les résultats
du psychologue anglais. Pour expliquer le fait de la reviviscence paradoxale,
pour employer le terme de Mlle Huguenin, Ballard a développé l'hypothèse
de M. Piéron sur la maturation des souvenirs. D'après ces théories, la fixation
des souvenirs, loin d'être instantanée comme on a l'air de le supposer quel-
quefois, nécessiterait un temps relativement long allant parfois jusqu'à
48 heures.
Mais ces théories n'expliquent pas pourquoi, à côté du gain, de l'enrichis-
sement progressif de nos souvenirs, il y a, parallèlement à cela, perte de
certains éléments, de sorte que, quand on compare deux évocations, on
trouve un certain nombre d'éléments présents dans les deux reproductions
et, outre cela, des éléments qui ne se retrouvent que dans l'une des deux
évocations. Mlle Huguenin a supposé que « les impressions qui pénètrent dans
la conscience sont de trois catégories : les unes s'y fixent rapidement mais
n'y séjournent pas, les autres au contraire se fixent lentement et ne peuvent
être reproduites qu'au bout d'un certain laps de temps ; la majeure partie
enfin s'y fixe rapidement et, s'étant fixée, y séjourne. Ces différences pro-
viennent peut-être des différences dans l'attention au moment de la mémo-
risation ou de processus connexes contrecarrant une fixation immédiate J.
Ballard et Mlle Huguenin n'ont faire faire à leurs sujets que deux évoca-
tions après chaque fixation. Or si l'on fait faire un nombre plus grand d'évo-
cations, on constate qu'il y a non seulement perte de certains éléments et
apparition d'autres, mais qu'il y a encore des éléments qui apparaissent à
certaines évocations, disparaissent dans les autres pour réapparaître de
nouveau. Il ne saurait évidemment dans le cas de ces images que nous avons
appelées « intermittentes être question de maturation ou d'oubli. Il est
®
évident que ce sont là des variations de l'évocation proprement dite des sou-
venirs dont nous pouvons affirmer la conservation même lorsqu'ils ne sont
pas reproduites à une évocation individuelle. Et l'on pourrait se demander
si, quand on trouve un oubli ou une reviviscence, on n'a pas plutôt affaire à
des variations de l'évocation proprement dite.
Nous avons remarqué que l'évocation faisait appel dans une assez large
mesure à un effort volontaire de la part du sujet. Nous avons ajouté encore
un test de reconnaissance. La série d'évocations terminée nous présentons au
sujet des tableaux sur lesquels les quinze images présentées préalablement se
retrouvent de nouveau, cette fois-ci mélangées avec quarante-deux autres. Le
sujet doit indiquer les images qu'il reconnaît comme ayant figuré sur le pre-
mier test. Ici tout effort est exclu ; le sujet répond par un oui ou
non. En
comptant le nombre total d'images reconnues, nous avons la mesure de sa
mémoire de reconnaissance.
Nous appliquons en ce moment, systématiquement, ce test à divers états
psychologiques et nous ferons sur les résultats obtenus une autre communi-
cation. Ce que nous pouvons dire dès maintenant, c'est que le test est appli-
cable à un grand nombre de malades et notamment aux paralytiques généraux
au début et aux déments séniles simples et qu'il permet de faire l'analyse des
troubles mnésiques dans ces états.
Ainsi les¡ paralytiques généraux peuvent présenter divers troubles d'abord
:
une diminution de pouvoir de fixation; certains n'arrivaient pas à fixer plus
de quatre images au total. Et chez ceux qui, étant au début de troubles
cliniques, ont conservé un pouvoir de fabulation proche du normal, le nombre
de fausses reproductions est très grand, et dépasse même parfois de beaucoup
le nombre d'images reproduites corréctement, atteignant par exemple le
chiffre 22. Le nombre de fausses reconnaissances est aussi très élevé; par
exemple il y a 10 fausses reconnaissances contre 8 images reconnues cor-
rectement. Chez des déments séniles, le nombre d'images fixées était très
au-dessous de la normale, ou encore il existait une fuite d'images d'une évo-
cation à l'autre. Chez un confus, la fixation était sensiblement normale, alors
que l'évocation était très mauvaise.
En résumé, nous pensons que ce test peut être utilisé en clinique et
nous serions heureux que les médecins veuillent bien l'employer. Il leur
donnera un élément plus précis et plus objectif pour analyser un syndrome
psychique et en suivre l'évolution. La nature de ces expériences de psycho-
logie empêche une démonstration en public. Mais nous sommes à la disposi-
tion de ceux qui s'y intéresseront pour leur donner tous les renseignements
utiles ou encore pour faire ces déterminations sur les malades qu'il nous
enverront.
celui de Ch. Henry, qui est constitué par une poire en caoutchouc pleine de
mercure, reliée à un tube vertical dans lequel, en comprimant la poire, on
peut faire monter le mercure à des niveaux divers. On demande au sujet de
fournir un effort peu intense, mais de le soutenir jusqu'à la limite de ses
forces ; ainsi, pour le modèle courant du dynamographe, on lui demande de
faire monter le mercure à une hauteur de 20 centimètres et de l'y maintenir
aussi longtemps que possible.
Dans ces conditions, soit par l'auto-observation si l'on est soi-même sujet,
soit par l'enregistrement si l'on opère sur d'autres individus, on constate ce qui
suit au début, le sujet soutient les 20 centimètres de mercure sans diffi-
:
culté ; seuls sont en état de contraction les muscles de l'avant-bras qui con-
courent au travail exécuté, à savoir les fléchisseurs des doigts, et les muscles
de la main. Tous les autres muscles du corps sont en repos, ou tout au moins
dans cet état complexe de tonus léger qui maintient la station debout ou la
station assise, suivant les conditions dans lesquelles on opère. Pouls et res-
piration sont sensiblement normaux.
A mesure que l'effort se prolonge, la fatigue apparaît pour maintenir le
:
puis ceux de l'autre bras, puis ceux de l'abdomen, puis ceux des membres
inférieurs et même de la face. Si bien que si l'individu qui est sujet pour-
suit honnêtement son effort jusqu'à la limite de ses forces, au moment où il-
l'atteint, on peut dire qu'il est en état de contraction généralisée tête, tronc
et membres, thorax immobilisé et pouls accéléré.
L'explication que nous proposons est la suivante à mesure que le centre
:
Un jeune homme de vingt et un ans est réformé et renvoyé dans ses foyers
avec la mention : « Déséquilibre mental, hallucinations hypnagogiques,
délire épisodique des dégénérés. »
En réalité ce jeune homme a présenté au régiment trois crises nocturnes
délirantes. Chaque fois, à quelques semaines d'intervalle, il a été pris brusque-
ment, au milieu de la nuit, d'une agitation furieuse, avec cris et gesticu-
lations ; il se roule à terre, déchire ce qu'il attrape, lance des coups à des
personnages imaginaires qu'il interpelle violemment, il ne reconnaît per-
sonne... Cela dure une heure ou une heure et demie, puis il se calme et
s'endort; l'amnésie de ces scènes paraît complète.
Rentré dans sa famille, il a au bout de quelques jours une crise semblable
et l'on nous amène le malade deux jours après.
Frappés du début brusque des crises, du caractère onirique des idées
délirantes, de l'amnésie complète, nous soupçonnons bien leur caractère épi-
leptique, mais sans oser l'affirmer. Le réflexe oculo-cardiaque est, ce jour là,
assez modéré (20-14) ; mais sachant qu'après les crises, il diminue très souvent
d'intensité ou peut même disparaître presque complètement, nous demandons
à revoir le malade quelques jours après.
En effet six jours plus tard, nous constatons un réflexe oculo-cardiaque
extrêmement fort, (20-9 environ), un véritable réflexe d'épileptique.
Quelques jours après éclate en effet une nouvelle crise; le père accourt
immédiatement au bruit; il trouve le malade, qui, roulé dans ses draps, com-
mence son agitation et ses vociférations. Mais,prévenu par nous, il remarque
que l'oreiller est déjà « plein de bave »
!
Il semble bien encore dans ce cas qu'il s'agisse de crises comitiales pas-
sant inaperçues, suivies d'agitation onirique, et dont la nature comitiale
paraît nettement confirmée par les caractères du réflexe oculo-cardiaque.
Présidence de M. O. Crouzon
Atrophie musculaire du type myopathique avec troubles psychiques et crises
convulsives. (Discussion sur l'étiologie traumatique et sur la nature :de cette
atrophie.) — MM. Crouzon, Chavany et René Martin présentent un homme âgé
de vingt-cinq ans qui, à la suite d'une blessure de l'avant-bras, vit se déve-
lopper une atrophie musculaire du type myopathique et des troubles psy-
chiques. Blessé et commotionné légèrement en juillet 1918 par un éclat
d'obus, le syndrome myopsychique apparut deux mois après. L'atrophie
musculaire très marquée à la racine des membres et à droite frappe surtout
la ceinture scapulaire droite, le bras droit, les deux psoas, la cuisse droite,
la loge antéro-externe de la jambe gauche. Les réflexes rotuliens sont abolis,
les achilléens faibles ou nuls, les olécraniens ainsi que les radiaux sont
abolis, mais les deux cubito-pronateurs persistent. Des contractures fibril-
laires sont nettement visibles au niveau du deltoïde droit. A signaler un
phénomène crampoïde à allure myotonique au niveau du triceps sural
gauche. L'examen électrique a montré dans certains groupes musculaires de
la lenteur et une augmentation des chronaxies. Wassermann négatif dans le
sang et liquide céphalo-rachidien. Ponction lombaire négative. Benjoin
négatif.
Les troubles psychiques sont caractérisés par des phases d'excitation et
de dépression. Le malade est atteint en outre de troubles de nature comi-
tiale (impulsions, fugues, crises épileptiques).
Bien que, morphologiquement, ce malade se présente comme un myopa-
thique, les auteurs croient qu'étant donné l'abolition des réflexes, les contrac-
tures fibrillaires et surtout l'examen électrique, l'on doive rapporter cette
dystrophie musculaire à une lésion médullaire.
Le rôle du traumatisme dans la genèse de cette affection semble difficile'
à préciser. Il semble peu probable que le traumatisme léger ait pu déterminer
cette grosse atrophie. L'on peut, par contre, fort bien admettre que la com-
motion ait réveillé, imprimé une allure aiguë à un processus qui avait ten-
dance à évoluer d'une façon chronique.
Un cas d'athétose bilatérale acquise avec crises jacksoniennes à aura visuelle,
par M. G. Roussy et Mlle G. Lévy. — La malade présentée, âgée de vingt ans,
frappe par des mouvements athétosiques bilatéraux, prédominant au membre
supérieur droit et très peu marqués à la face.
La marche est rendue impossible par une incoordination considérable,
s'accompagnant d'une forte rétropulsion.
L'intelligence est très bien conservée. La malade présente en outre des
crises jacksoniennes gauches, avec aura visuelle (vision de rouge et de vert
dans le champ externe du regard à gauche),
Ces troubles ont débuté à l'âge de onze ans, par des*céphalées, avec crises
jacksoniennes droites, suivies d'un épisode méningé fébrile de plusieurs
mois, accompagné de quadriplégie.
Il n'existe aucun antécédent familial. Les auteurs insistent sur la nécessité
de distinguer des cas d'athétose double congénitale classique de certains cas
d'athétose double tardivement acquise, qui en diffèrent cliniquement par
bien des points. Ils suggèrent aussi que les lésions du corps strié décrits
par M. et Mme Vogt comme le substratum anatomique de l'athétose double,
n'excluent pas la possibilité de lésions diffuses, ainsi qu'en témoignent les
crises jacksoniennes à aura visuelle de la malade en question.
Même si l'on admet que des lésions du corps strié puissent provoquer de
l'épilepsie, l'aura visuelle semble bien indiquer une participation corticale
de la zone visuelle.
Cette diffusion des lésions doit engager à la prudence dans l'interpréta-
tion pathogénique des phénomènes observés.
Discussion :
ment la malade cessait de voir de l'œil droit, tandis qu'elle continuait à voir
normalement de l'œil gauche; la cécité était totale et complète. Au bout de
quelques secondes, tout au plus d'une minute, la vision revenait rapidement
dans l'œil droit. Ces accès se répétaient dix à quinze fois par mois, à inter-
valles irréguliers, toujours dans les mêmes conditions et avec les mêmes
caractères, jusqu'au jour où cette femme a été mise au traitement.
Les auteurs pensent que ces accès ressortissent à l'épilepsie, dont ils con-
stituent un équivalent véritablement singulier. Ils le pensent parce que cette
femme a depuis quatre ans des crises comitiales convulsives fréquentes et
parce que les accès d'amaurose monoculaire, comme les crises comitiales
convulsives, ont disparu depuis onze mois sous l'influence d'un traitement
par le gardénal.
Étant donné la brusquerie et la rapidité de la cécité monoculaire
paroxystique, ils attribuent les accès d'amaurose à un spasme de l'artère
centrale de la rétine. Un angiospasme à l'origine d'un accident épileptique
n'a rien de contraire à nos connaissances sur la physiologie pathologique
des crises épileptiques.
Quand une amaurose transitoire, attribuable à un angiospasme, ne relève
pas d'une hypertension artérielle ou d'une autre cause connue, on peut
penser à la possibilité d'un équivalent épileptique et essayer le gardénal.
Syndrome inférieur du noyau rouge avec troubles psychosensoriels d'origine
mésencéphalique. — M. L. Van Bogaert rapporte l'observationclinique d'une
malade ayant présenté au cours d'un syndrome inférieur du noyau rouge des
troubles psychiques particuliers. Il s'agit d'une femme âgée de cinquante-
neuf ans, indemne de syphilis, mais atteinte d'une endomyocardite rhuma-
tismale. Elle fait en juin 1922 un incident vertigineux avec chute, mais sans
perte de conscience et parvient à rentrer chez elle en titubant. Les patrons
remarquent une ptose bilatérale des paupières, un strabisme divergent et sa
démarche ébrieuse. Elle est amenée à la clinique le lendemain. Toute la
nuit qui a suivi l'accident, elle est agitée et signale des hallucinations chro-
matiques et zoopsiques.
L'examen neurologique montre un hémisyndrom« cérébelleux (troubles
caractéristiques de la marche, dysmétrie, hypotonie, adiadococinésie) nuancé
d'une discrète teinte pyramidale (cutané plantaire en extension, rotulien vif
et brusque, clonus du pied). Légère parésie de l'hémiface opposée. Dysar-
thrie. Paralysie nucléaire complète de la IIIE paire du côté opposé avec ptose
palpébrale. Pas de mouvements choréoathétosiques, ni de troubles sensitifs.
Ces symptômes sont typiques du syndrome de Claude, et l'observation se
range dans la classe des syndromes inférieurs du noyau rouge.
La malade n'est pas une éthylique, ni une toxicomane, elle n'a pas d'anté-
cédents psychiatriques. Dès le jour de son entrée, elle a insisté sur ses hal-
lucinations. Celles-ci sont isolées, ne sont pas connexes d'un thème délirant
ou interprétatif. Elles constituent le seul trouble mental, et l'orientation
est complète, quoique non accompagnée de troubles du sommeil comme
dans une très intéressante observation de Lhermitte. L'auteur pense cepen-
dant que le caractère isolé de ces hallucinations le rapproche des phénomènes
décrits par Séglas, Cotard, Juquelier, Dupré, et Gelma comme « syndrome
d'hallucinose ».
D'autre part, cette malade a présenté des « crises d'agitation vespérale »
tout à fait analogues à celles décrites par Mlle G. Lévy dans ses observations
de formes hypomaniaques de l'encéphalite. Ces poussées d'agitation à
horaire fixe, terminées le plus souvent au début de la nuit, brusquement
accompagnées d'excitation psychomotrice ont été observées par Camus,
Urechia, Sicard, Laignel-Lavastine,Briand, Claude et Quercydans une série
de lésions mésocéphaliques.
L'observation rapportée est à joindre aux études sur le problème des
centres psychorégulateurs extra-corticaux a insisté à plusieurs reprises
M. Camus et dont des faits cliniques récents confirment l'intérêt.
L'association d'un syndrome de Claude typique et de troubles psychosen-
soriels (hallucinations pures et poussée d'excitation vespérale périodique) la
rapproche d'une très intéressante observation déjà rapportée à la société par
Lhermitte de syndrome pédonculaire avec hallucinations et troubles du
sommeil.
Une nouvelle épreuve de l'index. — M. Barany fait une conférence sur une
nouvelle épreuve de l'index, sur le rôle du noyau rouge, du faisceau de von
Monakow et l'influence du cervelet dans l'épreuve de l'index.
Les fibres de la sensibilité profonde de la face passent-elles par le nerf facial ?
— MM. Souques et Hartmann montrent une malade, chez laquelle on a fait,
en deux opérations successives, une section du nerf facial dans la parotide,
et de la racine postérieure du trijumeau du même côté. Cette malade a une
abolition de la sensibilité superficielle et profonde dans la moitié correspon-
dante de la face, contrairement aux malades qui n'ont subi que la neurotomie
rétro-gassérienne et chez lesquels la sensibilité profonde est conservée.
Par conséquent l'abolition de la sensibilité profonde, n'étant pasdue à la
section de la racine postérieure du trijumeau,doit relever de l'interruption
du nerf facial. Les fibres de la sensibilité profonde de la face ne passeraient
donc pas par la racine postérieure du trijumeau mais bien par le nerf facial.
L. GIROT.
II. — Société médico-psychologique
SÉANCE DU 27 JANVIER 1924
Présidence de M. Truelle
Sur les variétés du langage automatique à propos d'un cas de psychose d'in-
fluence (hallucinations psychomotricesverbales, automatisme verbal auditivo-
moteur, langage mécanique), par M. André Ceillier. — L'auteur rapporte une
observation caractérisée par des hallucinations psychomotrices,un bavardage
marqué, et surtout des hallucinations mixtes auditivo-motrices, dont l'auteur
souligne l'intérêt. Il existe dans l'ensemble un véritable langage mécanique.
On constate en outre des troubles cénesthésiques, des visions imaginaires,
et des représentations olfactives. Tous ces troubles psycho-sensoriels ont
abouti à la constitution d'une psychose d'influence. Il existe enfin une cer-
taine dissociation entre l'état affectif global qui est pénible, et chacun des
phénomènes hallucinatoires qui sont d'essence agréable.
M. de Clérambault insiste à propos de cette observation sur le caractère
fragmentaire des représentations.
M. Laignel-Lavastineestime qu'il existe un certain rapport entre cet auto-
matisme auditivo-moteur et le faible degré de culture intellectuelle.
M. A. Marie précise l'idée de possession qui est à la base de cette psy-
chose d'influence.
Syndrome non démentiel de catatonie, par MM. Paul Courbon et Bauer.
— Il s'agit d'une malade présentant des
phénomènes de catatonie, de la
stéréotypie, du gâtisme. Après une amélioration progressive, promettant sa
sortie de l'asile, elle a été reprise des mêmes symptômes, et se trouve actuel
lement dans un état d'agitation à type maniaque. Cependant, il n'existe pas
chez cette malade d'état démentiel. Les auteurs précisent, à l'occasion de
cette observation, le sens du terme catatonie. Ce terme désigne à la fois un
syndrome moteur (caractère spastique de la moticité) et mental (négativisme,
indifférence, uniformité.) La catatonie désigne donc un syndrome complexe,
et est considérée à tort par certains auteurs uniquement du point de vue psy-
chique, par d'autres du point de vue neurologique.
H. BARUK.
III. —
Société clinique de médecine mentale
SÉANCE DU 21 JANVIER 1924
Présidence de M. Toulouse
Un cas d'apraxie. — M. Henri Colin présente un malade mutilé de guerre
(résection de la jambe droite), employé des postes, qui dut se faire mettre
en congé pour des troubles nerveux d'apparence purement fonctionnelle,
(lassitude générale, maux de tête, vertiges, tristesse, faiblesse musculaire).
Réflectivité normale, pas de signes de paralysie, pas d'adiadococinésie, bien
que le malade accuse des douleurs et une faiblesse de la main droite. En
l'examinant, on découvre une très légère inégalité pupillaire mais les pupilles
réagissent normalement. De plus on voit une apraxie limitée à la main droite.
Maladresse de la main, impossibilité d'exécuter des mouvements délicats
et même de boutonner le col ou d'ajuster une cravate. Troubles très marqués
de l'écriture. Astéréognosie.
Tous ces troubles ont échappé à l'attention des médecins qui ont examiné
le malade, et l'auteur insiste sur la nécessité d'étudier avec soin les malades
qui, au premier abord, paraissent être de simples neurasthéniques ou des
déprimés à la suite de fatigue ou d'accidents du travail (sinistrose de Bris-
saud, etc.)
De quelques idées de défense chez les persécutés. — MM. Leroy et Schut-
zenberger présentent trois malades réagissant de différentes manières aux
attaques dont elles se croient victimes. La première porte depuis des années
des lunettes d'auto et se protège la tête avec des mouchoirs pour lutter contre
les gaz s asphyxiants qu'elle reçoit. La seconde, dont les persécutions ont
pour centre la région génitale, a imaginé d'uriner au lit pour se défendre et
persiste depuis deux ans dans son gâtisme volontaire. La troisième, qui
présente une symptomatologie très riche et très pittoresque, est depuis quatre
ans la victime d'une bande ; successivement, elle a mis en jeu une série de
moyens de complication croissante; la parole, la lecture, la prière ont donné
des résultats éphémères ; actuellement, elle a recours à une mimique et à des
attitudes particulièrement curieuses. Cette réaction procure à la malade de
la fatigue, mais un répit d'une demi-heure environ et jette le désordre dans
le clan des ennemis qui interrompent, en maugréant, leurs attaques ; aussi
emploie-t-elle de préférence ce moyen avant de sortir pour ses courses ou ses
achats et se félicite-t-elle de pouvoir ainsi s'assurer depuis deux ans une pro-
tection momentanée.
Les psychoses hallucinatoires chroniques. Analyse et psychogénie, par le
docteur de Clérambault. — Présentation de trois malades, quarante-huit,
trente-deux et vingt-sept ans, dont les psychoses seraient appelées par tout
psychiatre, à l'heure actuelle, des délires de persécution. L'auteur fait valoir
trois traits communs de ces psychoses.
t° Les malades ne présentent nullement d'hostilité. Elles sont amènes,
affables, expansives et confiantes. Elles-mêmes ne croient que faiblement à
une provenance exogène et hostile des phénomènes dont elles sont le siège,
ou du moins, elles n'y croient que par intermittences. On peut sans insister
leur faire admettre alternativement l'origine objective ou subjective des
troubles ; leur conscience de la maladie se combine d'une façon variable à
l'idée d'une persécution. Leur résistance à l'explication malveillante provient
de ce qu'elles ne sont elles-mêmes pas Paranoïaques ; lors même qu'elles
croient à des manœuvres extérieures, elles les réduisent à la proportion
d'expériences et espèrent les voir cesser. Toutes trois demandent leur
guérison. Elles s'acheminent ou se sont acheminées vers l'idée de persécu-
tion, mais par force, dominées qu'elles sont par la précision des phénomènes,
leur prolongation, leur caractère vexatoire et les propos mêmes qu'elles
entendent ; elles ont retardé à l'extrême le stade de personnification ; elles ne
savent qui incriminer. Elles restent de fausses persécutées parce qu'avant
l'apparition de l'automatisme mental, elles n'étaient ni paranoïaques ni en
cours de délire interprétatif. De tels cas sont extrêmement fréquents, bien
que les traités classiques soient muets à leur sujet. Ils justifient les asser-
tions émises par l'auteur en 1920 (S. C. M. M.) les psychoses à base d'auto-
matisme mental ne comportent par elles-mêmes aucune hostilité, les psy-
choses hallucinatoires avec persécution vraie sont des psychoses mixtes.
Autre remarque. Ces malades sont suffisamment intelligentes pour
agencer une systématisation idéique; si elles ne le font pas, c'est en raison
du manque d'ardeur et du manque de continuité de leurs convictions. La
systématisation idéique est fonction du caractère peut-être plus que de l'in-
telligence, car la ténacité ressort du caractère.
20 La malade de trente-deux ans présente un triple automatisme (mental,
sensitif et moteur). Son automatisme présente, en outre de sa constance et
du sentiment de l'irréel, deux caractères intéressants. L'un est le développe-
ment des données totalement anidéiques, comme jeux de syllabes, mots explo-
sifs, kyrielles de mots et non-sens. L'autre est la prédominance des idées sans
images verbales, des tendances psychiques muettes comme velléités, irrita-
tion et impulsions. L'automatisme mental a commencé par l'émanciPation
des abstraits; aussi la malade parle-t-elle surtout d'influences; le délire
d'influence est ainsi le plus souvent une forme de petit automatisme mental,
il en est la forme initiale. Cet automatisme est lui-même la forme prépara-
toire de l'hallucination proprement dite; la période sensorielle ou pseudo-
sensorielle des psychoses n'est que tardive, dans le cas du moins de psy-
choses lentes et progressives. Le caractère thématique de ces psychoses est
secondaire. Le fait essentiel et primitif est un trouble de la pensée élémen-
taire, ou mieux encore la pensée à l'état naissant ; celle-ci est atteinte à la fois
dans son élaboration et dans son annexion à la conscience.
3° Les trois malades présentent des troubles endocriniens. La malade de
trente-deux ans est en hyperthyroïdie ligne surrénale, dermographisme
:
PAUL ABÉLY.
— Les terminaisons de la mélancolie. (Un volume. Paris,
1923, Ollier-Henry, édit., 127 pages.) 6
Dans cette thèse, dont les éléments ont été recueillis dans les services
de MM. Sérieux et Capgras, l'auteur laisse de côté l'étude des accès mélan-
coliques secondaires à des affections diverses : il étudie la valeur nosogra-
phique et pronostique de la mélancolie c franche D, affection où la douleur
morale est le symptôme prédominant et invariable.
Abély se défend de vouloir discuter à nouveau la conception de la mélan-
colie simple, « idiopathique ». Néanmoins il a effectué personnellement des
recherches dans les archives du service de l'Admission à l'asile clinique,
et il conclut de ces recherches que 5o p. 100 environ des malades internés
pour mélancolie ne font qu'un accès unique : « La mélancolie simple non
récidivante existe en fait. '» Abély en distingue deux sortes : une forme
juvénile, fréquente surtout chez l'homme, avec évolution lente et guérison
progressive, une forme présénile ou d'involution, cette dernière étant par
excellence la mélancolie à accès unique.
La mélancolie à récidive unique de l'accès est rare (10 p. 100 des cas);
la mélancolie à récidives multiples est par contre fréquente, elle constitue
la forme habituelle de la psychose maniaque-dépressive. L'accès aigu peut se
présente sous des formes très diverses : anxieuse, délirante, stuporeuse, asthé-
nique simple.
Le pronostic de l'accès mélancolique périodique dépend, dit Abély, de
l'état mental dans les périodes intercalaires. L'auteur rappelle que, dans un
mémoire composé en collaboration avec son frère, le Docteur Xaxier Abély,
médecin chef à l'asile de Toulouse, il a été amené à restreindre l'importance
des facteurs héréditaires, des c symptômes constitutionnels » de l'affection,
et à donner plus de valeur par contre aux symptômes acquis, aux séquelles
psycho pathologiques des accès, séquelles qu'on peut grouper sous le
vocable de déséquilibre affectif. Les recherches statistiques de l'auteur
l'amènent à conclure que la mélancolie entraîne dans un grand nombre de
cas un affaiblissement intellectuel léger, que l'intégrité intellectuelle absolue
est peu fréquente et la terminaison démentielle plus rare encore, ne se ren-
contrant guère que dans la mélancolie d'involution.
L'auteur a essayé, pour établir de façon précoce le pronostic des accès
mélancoliques, de déterminer la « formule biologique » de ces accès : il
renvoie à ce sujet à une publication antérieure faite en collaboration avec
D. Saatenoise. Leurs recherches ont conduit les deux auteurs à distinguer :
1° Une mélancolie vagotonique, qui est proprement celle de la folie
périodique.
20 Une mélancolie sympathicotonique, laquelle n'est que l'exacerbation
d'un état habituel d'émotivité anxieuse, un paroxysme d'une névrose d'an-
goisse : cette forme spéciale de mélancolie récidivante n'est donc pas une
mélancolie périodique, elle n'appartient pas au groupe des cyclothymies.
3° Une mélancolie « indifférente au point de vue vago-sympathique D, qui
est une mélancolie cœnesthopathique,comprenant le délire de négation et les
mélancolies chroniques.
Le syndrome mélancolique peut passer en effet à la chronicité : mélan-
colie chronique simple ou mélancolie chronique délirante, cette dernière
forme étant de beaucoup la plus fréquente. Le syndrome de Cotard fait partie
de cette catégorie et serait dû à la combinaison de la mélancolie périodique
avec des troubles involutifs qui transforment la cyclothymie en démence
cœnesthopathique.
ANALYSES
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
apparaître des mots «'tout à fait semblables, disait-il, à des réclames lumi-
:
neuses )).
LES HALLUCINATIONS PSYCHO-MOTRICES VERBALES-ORALES. — Elles ont été
décrites par M. Séglas qui distingue : « les hallucinations verbales kinétiques
simples » dans lesquelles le malade n'a que la sensation de prononcer des
mots, sans mouvements d'articulation visibles. Les « hallucinations verbales
motrices » proprement dites, qui s'accompagnent de mouvements d'articu-
lation. L' « impulsion verbale », dans laquelle les mots sont réellement
prononcés. Les hallucinations motrices verbales sont je crois, plus rares
qu'on ne le dit. J'estime, en effet, que toutes les impulsions verbales ne
sont point toujours assimilables à des phénomènes hallucinatoires. Il me
paraît nécessaire d'établir plusieurs variétés dans ces phénomènes et de faire
un groupe à part de ces faits, assez fréquents, où le malade parle d'abondance,
sans se croire l'auteur de ses propres paroles, affirmant même ne connaître
le sens de son discours et de ses paroles qu'au fur et à mesure de leur débit,
mais sans éprouver toutefois l'impression d'une contrainte physique exercée
sur les organes de la phonation. Le phénomène moteur est accessoire et
secondaire, le phénomène psychologique primitif. L'automatisme porte beau-
coup plus sur le langage en tant que pensée que sur le langage en tant que
phénomène de phonation. Il va sans dire qu'il serait absurde de séparer com-
plètement ces deux sortes de phénomènes (intellectuel et phonatoire), qui sont,
par leur nature, intimement liés. Mais peut-être a-t-on, dans ces dernières
années, — suivant un courant général très en vogue en psychologie — attaché
trop d'importance, dans les hallucinations verbales, à l'élément sensoriel ou
moteur et pas assez à l'élément intellectuel. Les hallucinations verbales sont de
nature et peut-être de pathogénie très différentes des hallucinations communes
(non verbales) et doivent être envisagées, à mon sens, beaucoup moins comme
des phénomènes sensoriels ou moteurs, que comme des phénomènes de
pensée. Dans certains cas la pensée s'extériorise, se manifeste objectivement
par la parole ou l'écriture, le malade affirmant n'être point l'élaborateur de
divi-
son discours, mais seulement un agent inconscient, mécanique dont les
nités, les « esprits JI ou les hommes se servent pour émettre des paroles ou
écrire des mots. Ces phénomènes méritent les noms de langage mécanique
et d'écriture mécanique. Dans d'autres cas la pensée ne s'extériorise pas en
mots prononcés ou écrits, elle se formule « mentalement » et il est souvent
difficile au malade de reconnaître au moyen de quelle sorte d'images. Qu'il
s'agisse d'un malade ou d'un sujet sain, qu'il s'agisse d'hallucinations
psychiques, c'est-à-dire d'un langage intérieur automatique, non rattaché au
« moi », ou du langage
intérieur normal, il faut,pour reconnaître le type de
ce langage intérieur, que le phénomène soit très pur (ce qui n'est pas tou-
jours le cas), et que le sujet soit doué d'une certaine capacité d'introspection.
Ceci explique qu'il soit toujours malaisé et parfois impossible d'établir la
variété motrice ou auditive de l'hallucination psychique. L'existence d'un
type « mixte » « auditivo-moteur » montre que le mécanisme de l'halluci-
nation psychique n'est pas simple. Dans ces cas d'hallucinations psychiques
allditivo-motrices, il s'agit d'un automatisme du langage intérieur qui n'est ni
celui du langage auditif, ni celui du langage moteur, ni même, strictement, la
juxtaposition, la concordance, ou l'addition du langage intérieur auditif et du
langage intérieur moteur, mais une combinaison qui participe des deux, sans
être cependant l'un et l'autre : l'automatisme du langage auditivo-moteur.
Cette opinion est absolument conforme aux doctrines psychologiques
actuelles. « Il est certain, disaient Chaslin et Barrat, dans le récent traité de
psychologie de M. Dumas, que les images auditives de phonation sont inti-
mement associées aux mouvements qui habituellement les produisent. i, La
forme auditivo-motrice de l'automatisme verbal devrait donc être la plus fré-
quente et il y a lieu de s'étonner qu'elle ne soit presque jamais décrite.
Quelques exemples illustreront ce qui vient d'être dit. La malade suivante
présente des hallucinations verbales motrices du type décrit par M. Séglas :
« Un jour, dit-elle, j'ai senti qu'on me
parlait. D'abord j'ai senti une force
dans la mâchoire qui m'obligeait à parler, en épelant : « o-u-i ». Mes mâchoires
sous une impulsion autre que ma volonté proféraient des syllabes. Alors j'ai
dit : « Qui est-ce qui parle? » Alors on m'a répondu : « Un esprit », mais en
faisant épeler : e-s-p-r-... Je sentais la mâchoire qui était tirée, ainsi que les
lèvres, la langue. Ainsi ma bouche était tirée en large pour me faire dire « i »,
la langue animée pour dire c 1 ». Quelquefois je ne comprenais pas, alors on
me faisait répéter quatre, cinq,six fois, jusqu'à ce que je comprenne... ce qui
prouve bien que c'est une autre force qui me fait parler. Ça j'en suis parfai-
tement sûre. C'est un empire sur moi qui me fait parler. Ce n'est pas ordinaire
du tout. Je comprends, soit quand ils ont fini de parler, soit au milieu de la
phrase, avant qu'ils aient fini ce qu'ils avaient à me dire... Ils sont l'esprit du
mal... ils l'ont dit eux-mêmes. Ils ont dit que j'étais le : « c-e-n-t-i-é » de l'en-
fer (la malade s'étonne elle-même de cette orthographe). Ils ont dit que
j'étais une « hétaïre » de l'enfer, mais je ne sais pas ce que c'est qu'une
hétaïre... Souvent ils sont plus forts que moi et je ne peux pas fermer la bouche.
Il y a une force « herculéenne ) qui me fait agir les mâchoires... 11 y en a un,
le plus fort de tous, et je suis obligée de lui dire : « Ne faites pas cela si fort,
vous allez me démantibuler la mâchoire. i>
des choses contraires à ma pensée. Mes lèvres ont remué. Ca devait être ma
langue ou ma gorge, je ne peux pas dire. On m'a fait marmotter, j'entendais ce
qu'on disait et mes lèvres remuaient. » Et elle ajoute : « C'était comme d'habi-
tude (c'est-à-dire comme ses hallucinations psychiques habituelles), mais mes
lèvres marchaient. »
Enfin cette même malade présente très nettement du langage mécanique.
Elle monologue toute la journée et elle affirme que ce n'est pas elle qui parle.
— « Pourquoi parlez-vous tout le temps? » — « C'est quelqu'un qui me suggère.
Toute la journée je cause. Ce n'est pas ma pensée. Je ne comprends pas ce que
cela veut dire que je cause tout le temps. Tout à l'heure ce n'était pas moi
qui parlais, ce n'était pas ma voix. » — « Pourtant vous vous rendez compte
que c'est vous qui parlez? » — « Oh! non, Monsieur au contraire, — je me
!
rends compte que ce n'est pas moi qui parle. Je ne sais pas si c'est dans ma
tête, si c'est dans mon corps, mais ce n'est pas moi qui parle. On croirait
qu'il y a quelqu'un en moi, ça me fait cet effet-là. » (Quand la malade
déclare : « ce n'est pas moi qui parle », elle ne veut pas dire que les mots ne
sortent pas de sa bouche, mais elle veut dire que ce n'est pas elle qui élabore
les mots et les phrases qu'elle prononce.) — « Comprenez-vous ce que vous
dites? > — « Je le comprends après, quand je l'ai dit, mais avant je ne sais pas.
Quand je parle comme tout à l'heure, ce n'est pas moi qui pense, ce n'est pas
moi qui cause. Je parle, c'est automatique. » — « Qu'est-ce que ça veut dire :
automatique? » — « Quelque chose qui fonctionne tout seul. » La malade
nous dit spontanément, sans avoir été influencée par nous, que son langage
est automatique, c'est-à-dire quelque chose qui fonctionne tout seul. Nous
croyons qu'un tel phénomène doit être appelé : langage mécanique, par ana-
logie avec le langage mécanique des médiums parlant et l'écriture mécanique
des médiums écrivains.
Il nous faut enfin étudier certains malades qui s'expriment dans des langues
inconnues ou qui possèdent un plus ou moins grand nombre de personnes
qui parlent par leur bouche. Ces malades ont alors un langage qui a parfois
1' « apparence » d'être en partie volontaire, qui est presque toujours « déclen-
chable » au commandement et qui paraît très souvent un amusement pour eux.
Ce sont en général des excités, soit qu'il s'agisse d'excitation maniaque avec
idées d'influence secondaires, soit de périodes d'excitation psychique chez
des influencés chroniques. En les écoutant, on a nettement l'impression d'un
jeu. Voici par exemple Mme Big... dont l'estomac renferme quatorze personnes
qui parlent par sa bouche. La voix varie de timbre et de tonalité avec chacune
des personnalités amies ou ennemies qui se succèdent. L'une d'elles est un
adjudant qui s'exprime avec une grosse voix et qui hurle des commandements
militaires; une autre est une fillette dont la voix est très aiguë. Mme Big...
fait l'effet de jouer une comédie et même une charge, tant sont caricaturales
les expressions de chacun des personnages qui parlent par sa bouche, qui lui
répondent dès qu'elle les interroge et qui s'interpellent entre eux. Mme Big...
est pourtant une malade qui délire depuis plus de quinze ans. Voici Mme C...,
une autre influencée chronique, qui parle avec volubilité ( Hindoustani » (?),
mais seulement dans ses périodes d'excitation et aussi Mme L... qui est sous
l'influence d'individus qui s'expriment, par sa bouche, en trente langues
différentes (le tataouit, le papaoua, etc ) et qui écrivent, par sa main, autant
d'écritures.
Il serait abusif de considérer ces malades comme des hallucinés moteurs.
L'activité exagérée et déréglée (en grande partie automatique) de leur langage-
oral, l'hyperphasie motrice, pourrait-on dire, est le phénomène primitif.
Secondairement interviennent des conceptions d'ordre interprétatif et imagi-
natif, auxquelles le malade accorde plus ou moins sa croyance. Parfois la
croyance est nulle ou consiste en une vague supposition : c'est le cas de cer-
tains maniaques qui ébauchent des idées d'influence, mais sans aller jusqu'au
délire. A l'opposé la croyance peut être absolue : c'est le cas des délires d'in-
fluence (qu'ils soient primitifs ou secondaires). Mme Big... ne laisse pas que
d'étonner, car en reproduisant la voix de l'adjudant et celle des treize autres
personnages qui se disputent son estomac, elle donne bien l'impression de
« jouer la comédie » et pourtant sa conviction délirante, en ce qui concerne
la réalité des personnes qui sont en elle, m'a paru irréfragable.
Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre des variétés que nous avons passées en
revue, le résultat est de donner au malade l'impression et la conviction qu'il
n'est plus le maître de sa pensée et de son langage et qu'il est victime d'une
influence ou d'une possession.
HALLUCINATIONS PSYCHO-MOTUCES GRAPHIQUES.
—
Comme pour les psycho-
motrices verbales, M. Séglas distingue trois cas suivants :
1° Que le malade se représente simplement les mouvements adaptés à l'écri-
ture.
2° Que le malade a la sensation que sa main exécute des mouvements
d'écriture :
3° Que le malade écrive réellement.
Je donnerai ici une observation personnelle qui est extrêmement curieuse..
On y trouvera les trois variétés d'hallucinations psycho-graphiques de M. Sé-
glas, ainsi que deux des trois types d'écriture automatique décrits par les spi-
rites.
Mme Juliette P..., quarante-quatre ans. Intelligente. Esprit vif. Ne s'est
jamais occupée de spiritisme avant le début des phénomènes. Aucun trouble
névropathique antérieur. Début soudain, le 10 mars 1920. « Ça m'a pris, dit-
elle, comme un coup de pied dans le derrière. » Brusquement après le
déjeuner, sans raison, elle se sent poussée à écrire. Elle écrit : « Oui, on en
veut à ton mari, mais ne te fais pas de mauvais sang. » Elle se sentait poussée
à écrire comme mue par une force étrangère. Elle croit qu'elle aurait pu
résister, mais elle avait la curiosité de savoir. Elle écrivait par saccades, d'une
écriture changée, haute, anguleuse et renversée. Elle a écrit quatre jours de
suite. Elle ne savait ce qu'elle écrivait qu'après, en se relisant. Elle a demandé
à l'esprit de signer et il a mis la signature de sa sœur (morte quelques années
avant). Dès ce moment elle écrit avec les habitudes de style de sa sœur, avec
ses expressions affectueuses et avec une écriture, sinon identique à celle de sa
sœur, du moins très semblable et en tout cas nettement différente de la sienne
propre. Elle a aussi reproduit l'écriture de son père. Elle écrivait jusqu'à en
avoir le bras fatigué.
Jusqu'ici, dans cette première phase, la malade réalise le phénomène de
l'impulsion graphique. Elle ignore ce qu'elle écrit. Elle n'a aucune voix inté-
rieure. Dans une deuxième phase elle entend intérieurement une voix au fur
et à mesure qu'elle écrit, syllabe par syllabe. Les deux phénomènes sont rigou-
reusement synchrones.
Dans une troisième phase elle entend intérieurement et sa main fait les
mouvements de l'écriture, sans toutefois écrire. Voici comment elle s'en est
aperçue : « J'étais assise dans le métro, j'ai entendu une voix dans ma tête etje
faisais des mouvements comme si j 'écrivais, ma main étant posée sur mes
genoux. Alors j'ai compris qu'il était inutile d'écrire et qu'il suffisaii d'en-
tendre. Alors (quatrième phase) j'ai entendu sans écrire..', c'est moins fati-
gant. » Ce phénomène est rigoureusement comparable à celui de l'hallucina-
tion psychique auditivo-motrice (orale) et mérite le nom d'hallucination psy-
chique auditivo-graphique.
Les spirites ont merveilleusement étudié ces écritures mécaniques et leurs
descriptions me paraissent tout à fait conformes aux données de la clinique.
Ils admettent trois groupes de médiums écrivains :
Les médiums mécaniques, chez lesquels la pensée suit l'acte de l'écriture
(première phase de notre malade);
Les médiums semi-mécaniqueschez lesquels la pensée accompagne l'acte de
l'écriture (deuxième et troisième phase de notre malade);
Les médiums intuitifs chez lesquels la pensée précède l'acte de l'écriture
(le médium écrivant sous la dictée de ses « voix ». Ce phénomène n'a pas été
réalisé par notre malade).
Mme Juliette P... a présenté par ailleurs presque tous les symptômes des
délires d'influence pseudo-hallucinations verbales auditives, conversation
:
d'objectivité spatiale; le sujet voit en lui-même, les yeux fermés ou les yeux
ouverts, mais le regard perdu dans le vague.
J'ai remarqué dans ces « visions imaginaires j deux caractères qui me
semblent importants : elles sont symboliques et animées : « C'est une image
vivante », dit sainte Thérèse, qui les a éprouvées.
Voici par exemple ce que nous dit une malade : « Je voyais toutes sortes
de choses en fermant les yeux. J'ai vu le diable avec ses cornes. Il était tout
habillé de rouge. Je le voyais très bien.., il taisait des mouvements de dents
et des grimaces. — J'ai vu Notre-Seigneur qui me présentait un pain avec ses
apôtres. Il avait une grande robe avec de grandes manches... il faisait un
mouvement pour me tendre le pain. »
Très fréquentes chez les influencés spirites et mystiques, ces « visions
imaginaires » s'observent aussi dans la variété érotomaniaque. Une de nos
érotomanes s'exprimait ainsi : « Dans la journée, dans ma chambre, étant
éveillée et regardant au loin, on aurait dit qu'il y avait un homme assis au loin
et avec qui je conversais. Ça durait bien dix minutes, un quart d'heure, mais
c'était tellement bizarre que je me demandais si ce n'était pas mon cerveau
qui faisait cela. Il me parlait et il me répondait tout à fait comme si nous
avions causé l'un à l'autre. » Et elle ajoute « Je le voyais e11 pensée, très dis-
:
tinctement, je voyais bien sa figure, ses yeux bleus très clairs. Il avait le genre
américain... tout rasé... le teint clair... les yeux bleus... très profonds comme
regard... assez grand... habillé d'un costume marron. »
Un malade de Sainte-Anne, grand psychasthénique ayant évolué vers le
délire d'influence, voyait apparaître spontanément l'image de sa maîtresse, en
même temps qu'il l'entendait fredonner des chansons.
Ainsi donc les « visions imaginaires ï sont un symptôme très fréquent dans
les délires d'influence. Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que les hal-
lucinations qui apparaissent à la suite d'obsessions : « les obsessions halluci-
natoires » ont ce même caractère symbolique. C'est un des nombreux symp-
tômes communs aux états d'obsession et aux états d'influence.
Ces phénomènes hallucinatoires et pseudo-hallucinatoires ont été merveil-
leusement décrits par les théologiens et l'on trouve déjà dans saint Augustin
une classification qui est aussi bonne —sinon plus complète—que la classifica-
tion actuelle des psychiatres. Les théologiens distinguent les « visions » des
mystiques en trois groupes.
1° Les visions oculaires ou corporelles, qui sont identiques à l'hallucination
vraie.
2° Les visions imaginaires qui ne sont autres que les pseudo-hallucinations.
3° Les visions intellectuelles qui ne paraissent pas avoir d'équivalents dans
la classification psychiatrique et dont pourtant j'ai observé des cas chez
certaines influencées.
La vision intellectuelle est une connaissance surnaturelle, qui se produit
par une simple vue de l'intelligence, sans impression ou image sensible. La
« vision intellectuelle » est donc dépourvue de tout caractère sensoriel. Voici
comment s'exprime sainte Thérèse : « On ne voit rien, ni intérieurement,
ni extérieurement, parce que la vision n'est point « imaginaire », mais l'âme,
sans rien voir, conçoit l'objet, sent de quel côté il est, plus clairement que si
elle le voyait. C'est... ajoute sainte Thérèse... comme si, dans l'obscurité, on
sentait quelqu'un auprès de soi : quoiqu'on ne pût pas le voir, on ne laisse-
rait pas pour cela d'être sûr de sa présence. »
L'une de mes malades disait : « Je sens quelque chose qui est derrière
moi.-C'est l'esprit qui se tient près de moi. » — Une autre : « L'esprit est
dans mon ambiance. » — Une- psychasthénique avec syndrome d'influence
et qui avait été abandonnée par son mari, disait : « Parfois, dans la journée,
j'ai la sensation que mon mari est là. Il me semble qu'il est près de moi,
mais je ne le vois pas en réalité. » Une érotomaniaque influencée me
disait : Je sens qu'il est là. Je devine sa-présence autour de moi. Je la sens >
II:
tion ». C'est une odeur que j'avais dans la tête. Ce n'est pas comme une odeur
que l'on respire dans l'air. » (A suivre).
PSYCHOPATHOLOGIE ET PATHOLOGIE GÉNÉRALE1
PAR
A. MAEDER
(Zurich)
Pour déterminer les valeurs qui figurent dans cette formule, à savoir
pH, NH3 et N total, nous avons procédé comme suit :
Au lieu de la détermination électrométrique des ions d'hydrogène,
on emploie la détermination colorimétrique indiquée par Michaëlis
(Praktikum der physikalischen Chemie, Berlin 1921). On se sert d'indi-
cateurs unicolores (paranitrophénol et métanitrophénol). La couleur
propre de l'urine est éliminée au moyen d'un mélange optique selon
Walpole (Biochem journal : 5,207, !Q!o). Les comparateurs sont du
modèle du laboratoire de Carlsberg, seulement nous avons trouvé avan-
tage à en doubler la longueur. Nous supposons connu le principe de la
réaction colorimétrique Pour préparer les tubes étalons dontonse sert
dans les comparaisons avec les échantillons d'urine, on procède comme
suit : des tubes à essai à parois épaisses (ou des verres à préparations
sans rebord, de i5 mm. de diamètre à l'extérieur), sont remplis d'eau au
1. J
Voir ohanne CHRITIANSEN, Détermination de l'acide chlorhydrique libre et
combiné dans le contenu gastrique. Copenhague, 1912.
— Rich. EGE, Manuel
pour les exercices chimico-physiologiques dans le laboratoire physiologique de
l'Université. Copenhague, 1922, p. 73 et suiv.
moyen de la pipette, 10 cc. d'eau dans chacun des 10 tubes. On rejette
les tubes dont les parois ne sont pas lisses, et l'on choisit parmi les
tubes remplis ceux où la surface du liquide est de niveau ou ne varie que
de quelques millimètres.
Comme il faut un assez grand nombre de tubes pour les détermi-
nations, on en choisit de cette manière une quarantaine. Puis on assor-
tit à ces tubes des bouchons de liège qu'on fait bouillir dans de la paraf-
fine. Le bouchon mis à un tube rempli, on l'enduit encore de paraffine
fondue, de sorte que la rainure entre le bouchon et le rebord du tube
soit remplie. On emploie comme indicateurs du paranitrophénol dissous
dans de l'eau au taux de o, i p. i oo et du métanitrophénol à o,3 p. 100.
Il est utile de préparer au moins 5oo centimètres cubes'de chaque solu-
tion; le liquide se conserve à l'abri de la lumière et dans des flacons
verts à bouchon de caoutchouc. A chaque nouvelle préparation de solu-
tion, il faut naturellement en contrôler la nuance en la comparant avec
des échantillons de l'ancienne solution.
On prépare une série de mélanges de la « solution-tampon » de
S. P. L. Soerensen et de liquide colorant suivant le tableau ci-joint :
( 1,75 cc. HC!. I 1,0 cc. ) . ( Second.
U -4,7. !
PH- pHTT = 5,9. J J Phosphate. j R
8,25 cc. citrate. 9,0 cc. Prim.
0,4 cc. HCl. X,5
, |( 8^
„ -,1. cc. Second.
.. U 1 I 9,6 cc. CITRATE.
"-4-9'H-
(
PH-6 cc.
)
J ,
PHOSPHATE-
J
J Prim.
'H„ = 5,3.
R 3
( I,g5 cc. NAOH.
!
8,o5 cc. citrate.
„ C , j3,2 CC. ) N,
6,8 cc. j Phosphate.
,
( Second.
\
prim.
( 2,75 cc. NAOH. ( 4,3 cc. ) ( Second.
J'H = 5,5. i 7,25
cH R R
cc. citrate.
-
PH-6 ,7. \ 1,7
cc.
f Phosphate. j Prim.
,
PH-5
U . -'7' 3,4
J
6,6
cc. NAOH.
citrate.
cc.
PH-6 ,g. J(5,5 CC. |) PHOSPHATE,
- 45 ^
,
( Second.
J
Prim.
1
Phosphate. f Prim.Second.
8,95 Phosphate.
pH 7,/-- Pnm..
cc.
Enfin on prépare des tubes avec 2 centimètres cubes de paranitro-
phénol dans la solution ci-dessus mentionnée pour pH = 4,7 — 4,9 —
5,1 — 5,3. Les tubes sont étiquetés. La détermination se fait selon le
procédé de Michaëlis, avec de légères modifications : Verser dans un
tube gradué 10 centimètres cubes d'urine, étendue avec 40 centimètres
cubes d'eau froide distillée et bouillie, mélanger avec soin. Si l'urine
est très trouble, filtrer d'abord. Transvaser au moyen de la pipette
10 centimètres cubes de l'urine étendue dans un des tubes à essai vides
mentionnés plus haut (i5 millimètres de diamètre à l'extérieur). Ajouter
1
centimètre cube desolution de paranitrophénol à 0,1 p. 100, mélanger
soigneusement, placer le tube dans le comparateur. Il peut servir après
trois minutes. Verser également 10 centimètres cubes de l'urine étendue
dans chacun des deux tubes; ajouter à chacun encore 1 centimètre cube
d'eau bouillie et distillée, mélanger. Verser enfin 10 centimètres cubes
d'eau bouillie et distillée dans un troisième tube. Ranger les tubes conte-
nant l'urine étendue derrière les tubes étalons et l'eau distillée derrière
l'urine colorée. Poser le comparateur sur un linge ou un papier blanc et
chercher le tube étalon dont la couleur correspond à celle de l'urine. Si
l'urine étendue et colorée correspond à un des quatre tubes étalons le
plus légèrement colorés, on y ajoute encore 1 centimètre cube de solu-
tion de paranitrophénol, et les quatre tubes étalons le plus légèrement
colorés sont échangés avec les tubes correspondants à plus forte colo-
ration, ceux où l'on a ajouté 2 centimètres cubes de paranitrophénol en
solution, et l'on cherche la couleur exacte. Dans le cas où l'urine
diluée et colorée serait de couleur plus foncée que le tube étalon le plus
coloré, on prépare dans un verre un mélange de l'urine diluée (10 cen-
timètres cubes) augmenté de 1 centimètre cube de métanitrophénol (o,3
p. 100), après quoi la colorimétrie se fait de la même manière qu'avec
le paranitrophénol.
La technique ici indiquée demande, on l'aura vu, l'emploi des
mélanges tampons de Soereusen. On peut s'en passer si l'on prépare
les tubes à essais selon les indications de Michaëlis, procédé que nous
n'avons pas essayé et que nous laisserons de côté ici.
Voici la composition des mélanges-tampons de Soerensen :
9,078g KHo P04 pour 1 litre de solution (phosphate primaire de potas-
sium Soerensen).
11,876g Na2 HP04 pour 1 litre de solution (phosphate secondaire de
sodium Soerensen).
i/iom NaOH.
21,008g acide citrique pour 1 litre de solution (Soerensen).
200 cc i/in NaOH — — —
Il faut cependant se rappeler que l'exactitude de la détermination
colorimétrique de la valeurpH peut varier avec la valeur 0,10. Si cette
« erreur » s'introduit pendant qu'on a affaire avec la partie « acide » de
l'échelle, il en pourra résulter une déviation assez sensible du NH3 réduit.
La formule sus-nommée contient en effet le facteur pH v 4,2 et pH est
relativement petit dans les valeur « acides ». Par contre, une erreur de
0,10 sera sans grande importance dans les réactions alcaliques, où
se traduit par des chiffres plus élevés.
En voici un exemple : Si l'on détermine pH = 5,o, le facteur pH -f
4,2 sera 5,o 4, 2 = 0,8. Si pH était en réalité = 5,1, le même facteur
aurait la valeur 0,9. Ce qui revient à dire que si le NH3 réduit calculé
avec 0,8 avait donné par exemple 3,2,il aurait dû être3,2X0,9
0,8
o= 3,6.
Autre exemple, illustrant l'effet de l'erreur sur des valeurs plus
élevées de pH : au lieu de pH : = 7,1 ou aura trouvé 7,0. Ici l'écart
entre le NH3 réduit observé et sa valeur réelle se comportera comme
voici : Supposons comme tout à l'heure que NH3 était déterminé à
3 2 2 'v
3,2, le vrai chiffre serait —:— Q
= 3,3. Même dans le cas le moins
2,80
favorable, l'erreur illustrée par le premier de ces exemples n'empêchera
cependant pas l'emploi en clinique de ce mode d'analyse.
Disons en passant qu'il existe encore une autre source d'erreurs,
surtout dans les réactions plus alcaliques, c'est-à-dire des déviations de
pH causées par la perte en acide carbonique de l'urine qu'on a laissée
en repos. Mais cette erreur n'est pas non plus d'importance pour
le tableau que nous avons dressé. Je n'en tiendrai donc pas compte, comme
l'ont fait, paraît-il, les médecins de Sankt Haus Hospital.
La détermination dela valeur NH3 se fait selon Folin sur 2 5 centimètres
cubes d'urine i. L'indicateur utilisé est une solution alcoolique de rouge
de méthylène. Pour éviter la formation d'écume dans l'urine pendant
l'aération on ajoute 5 gouttes d'alcool octylé à chaque flacon d'aération,
et 20 gouttes au récipient contenant l'acide sulfurique, parce qu'il
importe que ces vapeurs d'alcool octylé soient renouvelées abondamment.
Pour déterminer l'azote total on remplace l'analyse de Kjeldahl par
l'appareil de Marie Krogh, où l'urine est décomposée au moyen d'une
lessive de brome (voir Hospitalstidende, n° 19, 1914). On sait que ce
procédé ne permet pas de déterminer tout l'azote contenu dans l'urine,
une partie des matières azotées ne sont décomposées que partiellement
ou pas du tout. Marie Krogh a démontré que la partie non déterminée
dans ce procédé (lessive de brome : 1 centimètre cube de brome pour
100 centimètres cubes Zn Na OH) monte en moyenne à 0,57 gramme par
jour (voir le tableau joint à l'appareil2).
Cependant nous sommes déjà à même de juger que même des varia-
I. Zeitschr. f. physiol. Chemie vol. XXVII, 1902.
2. Du reste, il s est montre que des résultats dune exactitude suffisante
peuvent être obtenus par l'emploi des tubes à eudiomètre, procédé plus
simple et entraînant moins de frais.
tions assez considérables de la quantité de matières non décomposées
par la lessive de brome ne causent pas de déviation sensible du chiffre
d'ammoniaque réduit, quand il s'agit de l'urine des individus sains. Par
contre, il est impossible de dire d'avance si ces variations sont sans
importance dans les conditions que nous avons 'convenu d'appeler
dérégulation. On pourrait en effet supposer que les proportions réci-
proques de la quantité décomposée de NH3 et de l'azote total restent
constantes de jour en jour pour un pH donné, selon la détermination à
la lessive de brome, tandis que ces proportions varient dans des déter-
minations par la méthode de Kjeldahl. Une telle supposition n'est sans
doute pas trop vraisemblable, mais cette réflexion ne tranche pas la
question. Il faut constater si le NH3 réduit, déterminé au moyen de cette
méthode à la lessive de brome, varie dans l'épilepsie vraie (par opposition
à ce qui a lieu chez les sujets sains), et voilà justement ce que les courbes
ci-jointes servent à confirmer pleinement. Je dois faire observer que
nos calculs ne tiennent pas compte de la constante 0,57 indiquée par
M. Krogh. Néanmoins les résultats peuvent servir.
Les trois méthodes ici exposées facilitent la technique à ce point
qu'une détermination de NH3 réduit ne demande que 35 minutes, sans
compter le laps de temps où l'on peut laisser l'appareil fonctionner sans
contrôle.
CESSATION RAPIDE DES PHÉNOMÈNES
DÉLIRANTS AIGUS GRAVES
SOUS L INFLUENCE D'UNE DOSE MASSIVE D'ÉLECTRARGOL
PAR
Henri DAMAYE
J.
-
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE. — II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI 7 FÉVRIER 1924
Présidence de M. Crouzon
Paralysie radiculaire supérieure du plexus brachial d'origine traumatiqué.
fracture des apophyses transverses des VIe et VIle vertèbres cervicales. Apo-
physe costiforme de la VIle. Troubles sympathiques. — M. André-Thomas pré-
sente un malade, qui, à la suite d'un accident, présente une paralysie radicu-
laire supérieure du plexus brachial; des contractions fasciculaires dans le
triceps, l'extenseur commun des doigts, le court abducteur du pouce. Sensi-
bilité atteinte dans le domaine de C5 C6 C7, mais l'anesthésie n'est totale
à aucun mode. Le réflexe pilomoteur fait défaut dans la zone d'anesthésie.
Hyperthermie de la main.
L'absence de réflexe pilomoteur dans la zone anesthésique permet d'af-
firmer l'existence d'une lésion située au delà de la coalescence du rameau
communicant du sympathique et de la racine. L'absence de troubles sensitifs
et la conservation du réflexe pilomoteur dans le territoire de la branche pos-
térieure des v\ VIe, VIIe nerfs rachidiens permet également de supposer l'in-
tégrité des racines au-dessus de la coalescence.
La présence de contractions fasciculaires qui apparaissent spontanément,
ou sont provoquées par des excitations périphériques, des changements de
position, peut être interprétée comme un phénomène d'irritation radiculaire,
qui, en raison de la proximité des centres, n'exclut pas la possibilité d'un
retentissement sur les cellules des cornes antérieures de la moelle.
L'hyperthermie de la main doit être également interprétée comme un
trouble sympathique.
Hémiplégie cérébelleuse syphilitique à forme cérébello-pyramido-thalamique.
— MM. Faure-Beaulieu et P. N.
Deschamps présentent un malade âgé de
cinquante ans, ancien syphilitique, qui, à la suite d'un ictus vertigineux sur-
venu il y a un an et demi, est atteint d'un syndrome strictement localisé au
côté gauche et fait de symptômes cérébelleux (latéropulsion, dysmétrie,
asynergie, adiadococinésie,passivité), pyramidaux (hémiparésie, exagération
des réflexes tendineux, signe de Babinski) et thalamiques (douleurs, troubles
de la sensibilité objective superficielle et profonde). La nature de la lésion
(altération vasculaire d'origine syphilitique) ne faisant guère de doute, les
auteurs discutent son siège, qu'ils placent dans la région sous-optique. Leur
cas ressortit ainsi au « syndrome supérieur du noyau rouge » isolé par Foix
et Masson, en opposition au syndrome inférieur de Claude, et se rapproche
d'observations analogues (Pierre Marie et Foix, CI. Vincent) où des troubles
pyramidaux et thalamiques homolatéraux viennent s'adjoindre à l'hémisyn-
drome cérébelleux.
Discussion
A propos de cette communication, une discussion s'engage à propos de
l'origine des vertiges. M. Barré ne croit pas que le vertige ait été cérébelleux,
mais labyrinthique, même si les épreuves labyrinthiques ont été négatives.
C'est également l'avis de M. A.-Thoiiias,qui estime que le vertige fait partie
des phénomènes d'irritation labyrinthique. Cependant M. Foix a toujours
noté le vertigeau moment des ictus cérébelleux, et il estime que chez le malade
présenté par M. Faure-Beaulieu il ne peut être question d'atteinte labyrin-
thique. M. A.-Thomas maintient que le vertige n'est pas d'origine cérébel-
leuse, et que dans le cas de ce malade, s'il y a lésion cérébelleuse vasculaire
certaine, des modifications circulatoires ont dû se produire, qui ont agi sur
le labyrinthe.
Alcoolisation endocranienne du trijumeau, contrôle lipiodolé. — M. Sicard
a repris sur les indications du docteur Taptos l'alcoolisationendocranienne
du trijumeau. Il avait déjà essayé cette intervention en 1908 par le trou ovale.
Il estime cette intervention plus efficace que l'alcoolisation des troncs péri-
phériques, et moins grave que la neurotomie rétro-gassérienne. Pour la
pratiquer, il suffit d'une simple aiguille, qui, sous anesthésie locale, pénètre
à travers les plans cutanéo-musculairesjusqu'au trou ovale.. Il est certain que
l'alcool n'est pas directement poussé dans le ganglion, mais sans doute
autour de lui et de ses branches. Le contrôle radiographique au lipiodol
injecté par l'aiguille laissée en place montre la répartition de l'huile iodée
au niveau de la base du crâne et des trous endocraniens, grand rond et ovale.
La guérison des névralgies par ce procédé est, selon Taptos, parfois défini-
tive, ou du moins très longue (huit ou dix ans).
Mal de Pott et radiographie vertébrale. — MM. Sicard, Laplane et Prieur
insistent sur les difficultés du diagnostic étiologique des compressions médul-
laires et particulièrement du mal de Pott. Ils considèrent que le mal de Pott
chez l'enfant et l'adolescent s'accompagne toujours de lésions radiologiques
vertébrales. Aussi en présence de cas simulant le mal de Pott, mais dont les
signes radiologiques font défaut, ils conseillent de recourir, non à l'appareil
platré, mais à la laminectomie exploratrice. Ils présentent à l'appui de leur
argumentation un adolescent chez lequel le diagnostic porté avait été celui
du mal de Pott, malgré les radiographies négatives; alors que le contrôle
opératoire montre en réalité une néoplasie rachidienne extirpable et curable.
Par contre, chez l'adulte, l'absence de signes radiologiques vertébraux ne
permet pas de conclure à l'absence d'une lésion tuberculeuse rachidienne,
comme MM. Sicard et Laplane ont pu s'en assurer dans un autre cas. A
l'opération on trouva en effet, à la place du neuro-gliome présumé, un début
d'ostéite tuberculeuse du corps vertébral. Chez ces deux sujets le lipio-dia-
gnostic rachidien avait permis de préciser avec une exactitude rigoureuse le
siège de la compression.
Discussion :
Présidence de M. Truelle
De l'établissement d'un carnet médical individuel pour les aliénés, par
M. Dabout. — L'auteur expose les avantages du carnet médical individuel
tel qu'il est constitué actuellement pour les employés du Métropolitain.
Pareille organisation mériterait d'être utilisée en ce qui concerne les aliénés ;
elle permettrait de connaître le passé de certains aliénés dangereux et d'éviter
ainsi leurs méfaits sociaux. Tout livret individuel comporterait un résumé
de l'observation, ainsi que les résultats des examens biologiques, tout cela
devant être rédigé dans chaque asile par le médecin chef de service.
Discussion :
Présidence de M. Sémelaigne
Hypomaniaque raisonnante. — MM. Laignel-Lavastine et Vinchon pré-
sentent une malade "qui est arrivée dans le service de la Pitié après s'être
évadée de la colonie belge de Gheel. Son état mental comprend deux élé-
ments 1° De l'excitation psychique dans les domaines verbal, graphique et
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peuvent ainsi continuer à suivre leurs malades.
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MÉDECINS DIRECTEURS :
Dr FILLASSIER Dr PRUVOST
AVIS
La cinquième réunion d'Etudes biologiques de neuro-psychiatrie aura lieu
le jeudi 27 mars prochain à neuf heures et demie à l'asile Sainte-Anne, à l'am-
phithéâtre de la clinique de la Faculté (service du professeur H. Claude).
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX
LA CONSTITUTION SCHIZOÏDE
(ÉTUDE CLINIQUE ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL)
PAR
Le professeur Henri CLAUDE
A. BOREL et Gilbert ROBIN
1
C'est Kretschmer qui employa le premier le terme de tempérament schi-
zoïde. Le mot a fait fortune. Le cycloïde, qui s'opposait selon Kretschmer au
schizoïde, est devenu syntone dans la terminologie de Bleuler : « La syntonie
est la faculté de se mettre au diapason de l'ambiance, de pouvoir vibrer à
l'unisson avec celle-ci : elle réalise en même temps l'unité de la personnalité.
La schizoïdie, par contre, est la faculté de s'isoler de l'ambiance, de perdre le
contact avec elle; elle a pour conséquence un fléchissement plus ou moins
grand de la synthèse de la personnalité humaine 2. » La schizoïdie qui, seule,
nous retiendra ici, devenait pour Bleuler le terrain de la schizophrénie, c'est-
à-dire de toute la démence précoce, de la paranoïa, du délire de préjudice
sénile, de l'hystérie, des obsessions, etc.
Par une telle extension il est aisé de comprendre que la schizoïdie de Bleu-
ler répond non à un type clinique défini, mais à une conception générale.
L'individu n'est pas envisagé dans l'ensemble de ses caractères, mais unique-
ment dans son contact avec l'ambiance. C'est ce reproche « du point de vue a
que nous faisons à Bleuler, parce que cette conception est avant tout psy-
chologique et a conduit le psychiatre de Zurich à faire de la schizophrénie la
Maladie mentale par excellence.
Selon nous la schizoïdie a une physionomie clinique beaucoup plus limi-
tée. Nous ne nions pas que la perte de contact avec l'ambiance puisse être
révélée par un complexe affectif, mais le choc moral n'a été le plus souvent
qu'un prétexte à mettre en valeur des tendances profondes latentes. Nous
pensons bien qu'il n'y a pas de limites nettes en psychiatrie et qu'un schizoïde
I. Ernst KRETSCHMER — Korperbau und Charakter — Berlin 192 1. Pour
cet auteur,la constitution,c'est l'ensemble des dispositions individuelles. Le
caractère c'est la possibilité des réactions affectives. Le tempérament, c'est le
caractère,vu à travers la constitution. Nous ne pouvons suivre Kretschmer
dans les développements qu'il donne à la constitution schizoïde, qu'il oppose
constamment à la constitution cycloïde. Notre conception emprunte certains
éléments à celle de Kretschmer, mais s'en distingue par les caractères que
nous exposons dans cette étude et au premier plan desquels nous plaçons
les rêveries et la constitution des mondes imaginaires.
2. MINKOWSKI. Impressions psychiatriques d'un séjour à Zurich. (Annales
Médico-Psyclz.,février 1923.)
sera susceptible de manifester des tendances paranoïaques à titre épisodique et,
vice-versa, qu'un paranoïaque pourra par intervalles présenter des traits de
schizoïdie. Mais nous pensons surtout que,loin d'englober les constitutions
qui ne relèveraient pas dela syntonie, la schizoïdie a une existence clinique à
titre de constitution précise, beaucoup moins étendue que dans la conception
de Bleuler. Il nous semble qu'elle ne saurait être confondue avec aucune des
constitutions classiques en psychiatrie et qu'elle doit avoir sa place à côté
d'elles.
pour le délire d'imagination type Dupré, le schizoïde versera dans les états
schizomaniaques et la schizophrénie.
2° Constitution paranoïaque. — Nous avons eu l'occasion de publier dans
1
un mémoire l'observation d'une jeune fille de trente ans dont les idées de
persécution ne pouvaient être rapportées à un délire chronique : la [malade
avait conscience d'être orgueilleuse, se rendait compte qu'elle avait toujours
regardé plus haut qu'elle, elle ne s'était pas isolée de l'ambiance parce que
méfiante, mais était devenue méfiante à force d'avoir perdu contact avec le
monde extérieur. Outre qu'elle avait des craintes plutôt que des idées de per-
sécution et qu'elle ne désignait aucun persécuteur malgré la longue évolution
des troubles, nous faisions remarquer qu'elle avait essayé de réagir par le
refus d'aliments et les tentatives de suicide, ce qui n'est pas le moyen habi-
tuel aux délirants chroniques. Et nous disions : « Le paranoïaque lutte, s'im-
pose à l'ambiance, Germaine se dérobe. Le paranoïaque accepte tel qu'il est
le monde extérieur, Germaine construit à côté un monde imaginaire. Le
paranoïaque adopte une attitude envers les hommes. Germaine les ignore,
essaye de passer à côté d'eux sans les voir et, si elle n'y parvient pas, s'en va.
Le paranoïaque s'étale en maître sur son monde délirant. Germaine se recro-
queville dans son monde imaginaire. Ce sont deux orgueilleux, l'un qui veut
.vaincre la vie hostile, l'autre qui marche à côté. Le premier est un homme
d'action, la deuxième une rêveuse. Le premier étale ses conceptions dans ses
tendances dominatrices, son insolence, sa morgue, ses moyens matériels de
défense, il objective son délire. La deuxième est tout intérieure et ses réac-
tions sont pour la plupart des manifestations anxieuses, brusques, moyen de
défense d'une nature concentrée. »
Nous ne prétendons pas qu'un schizoïde ne puisse manifester épisodique-
ment des tendances paranoïaques, mais, en règle générale, s'il paraît suscep-
tible, orgueilleux et méfiant, ce n'est, à notre avis, que parce qu'il est dédai-
gneux des contingences humaines et enclin à la solitude. Il n'existe pas cet
« antagonisme du moi avec les obstacles extérieurs11 dont parlent Delmas et
Bo11!. Le schizoïde n'essaye pas de briser les obstacles. Il n'a pas «la ten-
dance à transformer et à grossir les faits) caractère, pour Arnaud, essentiel
—
chez le paranoïaque. Les facultés intellectuelles du schizoïde sont intactes
et ne laissent pas découvrir cette « paralogique circonscrite qui contraste avec
la conservation de la logique formelle » chez les interprétants de Sérieux et
Capgras. Pour ces sortes de sujets, «souvent l'ambiance est transformée;
ils vivent dans un monde imaginaire peuplé de fausses reconnaissances ». Le
schizoïde est toujours bien orienté, il n'a pas de troubles des perceptions.
On pourrait nous objecter qu'il existe une variété résignée de paranoïaques.
Mais quelle hostilité dans la résignation « Le paranoïaque ne guérit pas, il
»,
désarme
!
PAR
V.-M. BUSCAINO
Assistant et docent
Les sentiments suggérés. — Presque tous les influencés ont plus ou moins
l'impression qu'on agit sur leurs sentiments, leurs tendances, leurs inclinations,
leur humeur. Mme Laf... excitée maniaque, secondairement influencée, est
sujette à des colères très violentes, mais elle estime que c'est quelqu'un qui la
fait mettre en colère malgré elle. Quelquefois elle a de grandes joies, elle voit
la vie tout en rose; elle ne sait pas pourquoi et elle pense que c'est une
« transmission de sentiment ». Mme Rou... s'étonne d'être trop gaie, car elle a
plutôt des sujets de tristesse. On fait prendre à une malade la haine de son
mari et on lui fait souhaiter sa mort. Une érotomane influencée n'a que du
dégoût pour son adorateur, mais celui-ci lui a suggéré de n'avoir pas de dégoût
pour lui : t Je n'admets pas que je l'ai aimé. Il inspirait le dégoût et il a dû aller
jusqu'à me défendre d'avoir le dégoût. Il faut être abruti ou alcoolique pour
influencer une femme comme cela. Il devait avoir assez d'influence sur moi
pour empêcher les pensées hostiles, l'antipathie.» Cette malade est amoureuse
malgré soi, exactement comme si elle avait bu un philtre d'amour. Ce cas
n'est pas unique et j'ai vu plusieurs malades contraintes à subir un amour
qu'elles réprouvaient. A Mme Ass... on fait prendre en grippe sa sœur qu'elle
aime beaucoup. On la pousse à diffamer et pourtant elle n'est pas une mau-
vaise langue... Parfois on suggère à la malade des sentiments de jalousie en
même temps qu'on l'empêche de les tenir cachés Ainsi Mme W... avoue
n'avoir aucune raison d'être jalouse de son mari, mais elle est jalouse malgré
elle. Elle fait des reproches à son mari, qu'elle ne trouve pas mérités et qu'elle
voudrait ne pas lui faire. Elle l'accuse de choses infâmes et va jusqu'à lui dire
qu'il amène des femmes chez lui. Elle sait que ce n'est pas vrai, mais «cette
idée la persécute ».
Je pourrais multiplier à l'infini ces exemples, car il n'est pas un sentiment,
pas une seule inclination, pas un état d'excitation ou de dépression, pas un
trouble de l'humeur qui ne puissent paraître au sujet étrangers à sa personna-
lité, donc suggérés par autrui.
MM. Minkowski et Targowla ont publié tout récemment2 l'observation
d'un malade dont les idées d'influence étaient dues à des interprétations
de cet ordre et je m'associe entièrement à leurs conclusions : « Au fond,
influencée, déclare : « J'ai senti comme une grâce, comme si j'avais pu emme-
ner tout le monde au ciel. Je n'étais plus sur terre, quelque chose me trans-
portait en haut. » Mme Ass... « Ils me font sauter, ils me secouent comme un
:
prunier. Il me semblait que je n'avais rien dans le corps et que j'allais m'en-
voler. »
Mais très souvent il y a un commencement d'exécution. Le plus soùvent
même les actes sont réellement accomplis, le malade se sentant poussé à cou-
rir, à marcher, à faire certains gestes (quelquefois obscènes), à toucher cer-
tains objets, à casser, déchirer, donner des gifles ou des coups, etc. « Ces
actes automatiques et irréductibles, dit très justement M. Lévy-Darras, se
rapprochent de l'impulsion par leur automatisme, mais ils ont le caractère
d'irréductibilité qui les en différencie.:!) Ainsi que le fait remarquer M. Lévy-
Darras, je crois qu'il est préférable d'éviter, en général, le terme d'hallucina-
tions motrices. En effet, comme l'a montré le professeur G. Dumas, il n'y a pas
d'images motrices véritables. Il vaut mieux les considérer comme des actes
automatiques, mais il est nécessaire d'établir deux classes d'actes automa-
tiques :
bouts on m'a prise. On me fait rester en place, on me fait remuer. On m'a fait
faire des gestes de doigts, de mains... on m'a fait prendre des c poses
comme si on me photographiait.., etc. » — «Est-ce que vous faisiez cela parce
»
qu'on vous le disait? — «On me faisait faire cela sans me le dire. J'étais
assise et puis tout à coup je me sentais prendre une pose ou faire quelque
chose comme de me coucher par terre, mais c'était malgré moi. »
Ces actes automatiques et ces phénomènes d'inhibition contribuent à donner
au plus haut point aux malades le sentiment d'être influencés. « Etre hypno-
tisée, dit Mme Mon..., c'est surtout parce qu'on vous fait faire le guignol. On
n'est plus maître de sa volonté. » Chez tous ces malades et chez bien d'autres
qu'il est inutile de citer, l'acte accompli apparaît d'emblée comme imposé par
une volonte étrangère et toute-puissante.
Chez d'autres malades il s'agit d'actes plus ou moins automatiques qui sont
interprétés, après coup, dans le sens d'une influence. Mme R... s'est pince le
doigt dans une porte, c'est sûrement quelqu'un qui le lui a fait faire exprès.
Elle a raté un plat de pâtisserie, c'est qu'on le lui a fait rater M. D... a fait
une chute : on l'a fait tomber. Ses outils lui ont glissé des mains on les lui
:
il veut être appelé « ami ». Parfois même cela devient tout à fait plaisant.
L'esprit et moi nous faisons une « revue ». Je ne sais même pas ce que je dis,
il me le souffle. Nous faisons le compère et la commère. On s'amuse beaucoup
ensemble. s Mais elle ajoute : « Pourtant, à la longue, c'est lassant. » Et en
effet c'est ce qui se produit chez presque tous les influencés qui se plaignent
d'être c harcelés » par les voix, de ne plus c s'appartenir )),de ne plus « être
soi », de n'être « jamais seul », etc.
Tout récemment je présentais une malade à la Société médico-psycholo-
gique et je concluais ainsi : f. Nous nous trouvons en présence d'un fait,
d'apparence paradoxale, mais banal dans la psychose d'influence. Tous les
éléments du syndrome sont agréables et pourtant leur réunion et surtout leur
persistance déterminent un état affectif pénible. Les voix intérieures ne disent
jamais d'injures e.t ne font jamais de menaces, mais au contraire font à la
malade des compliments sur son physique, sur sa beauté, sur ses qualités
morales et intellectuelles et même lui disent des paroles d'amour. Ces voix
sont en général gaies et la font rire. De même les « visions » ne sont jamais
terrifiantes ou pénibles, mais représentent des personnes aimées, ou évoquent
des scènes libidineuses auxquelles Mlle G... se complaît. L'odeur c en imagi-
nation » de l'œillet n'est pas non plus pour déplaire. Les actes commandés
consistent surtout en chants et en attitudes théâtrales, en poses plastiques qui
paraissent plutôt un divertissement. Il n'y a qu'à observer la malade quand
elle monologue pour voir que sa physionomie exprime plutôt la gaîté que la
tristesse et la satisfaction que le désespoir « Le plus souvent, dit-elle, la per-
:
sonne qui pense avec moi est gaie... On me dit des choses qui plaisent à
entendre. » Peut-être au début a-t-elle été réellement heureuse. Je le croirais
volontiers et je partage entièrement l'opinion du Dr Borel qui, l'ayant vue
peu de temps après son entrée, observait avec une grande finesse psycholo-
gique « qu'elle pouvait peut-être être considérée comme un état schizoïde, avec
fuite dans la maladie plus agréable que la réalité ». Mais actuellement l'état
affectif de la malade est nettement pénible. Elle se plaint de ne plus être maî-
tresse d'elle-même, de ne plus être libre, d'être continuellement « harcelée ».
« Je suis agacée, dit-elle, d'entendre tout le temps parler ou de tout le temps
causer. Oh! ça me fatigue parce que c'est tout le temps et puis ce n'est pas
intéressant. » Et encore ce cri du coeur : « Ah! c'est affreux! Je ne suis jamais
seule. Il y a toujours quelqu'un qui me parle, ou qui me fait causer, ou qui me
touche... Je voudrais redevenir moi » !
(A suivre.)
COMPTE RENDU OFFICIEL
DE LA
Ve RÉUNION D'ÉTUDES BIOLOGIQUES DE NEURO-PSYCHIATRIE
LE 27 MARS I924
Les constatations que nous avons faites témoignent donc, sans qu'il soit
besoin d'insister, de l'exactitude du diagnostic clinique qui avait été porté.
Il s'agit bien, dans ce fait, d'un exemple de la maladie d'Alzheimer; et la pro-
fondeur des altérations corticales explique suffisammentles troubles psychiques
et neurologiques observés pendant la vie. De plus, l'hypothèse que nous avions
posée de l'existence des altérations du système strié pour rendre compte de
l'hypertonie, de l'exagération des réflexes de posture, de la palilalie et de la
brachybasie a trouvé une confirmation dans nos résultats anatomiques.
Ainsi la maladie d'Alzheimer, dont le droit de cité en psychiatrie ne peut
guère être discuté en raison et de sa physionomie clinique vraiment parti-
culière et de ses traits anatomiques, répond au développement d'un processus
morbide qui, loin de se limiter à l'écorce cérébrale, s'étend à la masse centrale
du cerveau et particulièrement aux corps striés.
L'étude des coupes totales de l'hémisphère gauche m jrdancé par le bichro-
mate nous permettra, sans doute, dans un avenir prochain, de préciser plus
exactement l'étendue de cette localisation pathologique.
III. Cir
- -
83
233
—
—
—
C. Syphilis cérébrale.
83 milligrammes.
III
Il. Parl
D. Epilepsie.
. . ................... 233
-
—
i32 milligrammes.
II. Metz
III. Corm - ioo
0
-_
E. Démence précoce.
I. Ramb
II. Mag
F. Psychose polynévritique.
,
..... ............... 166
138
milligrammes.
-
Desv milligrammes.
II. Berth
— ..................... 165
366
33
—
III. Bauv 133
_
G. Syndrome pseudo-bulbaire.
Brug., avec E
1.
II. Ster ................ 233 milligrammes.
148
III. Frit., avec S
................. 216 -
H. Hémiplégie cérébrale.
I.
II.I.
1V
Excitation maniaque.
,
........ ............. 200 milligrammes.
99 —
I. Laff., avec S.
66 milligrammes.
II. Laluq.,
.
avec tabes
....c-
83
III. Douz. avec S héréditaire
J. Syndromes divers.
.......... 115
-
I. Gris.
— Lésion traumatique du plexus
brachial
103 milligrammes.
il. n.
Gipp. — Aortite
, chronique 66
III. Laf. Psychose périodique 50
IV. Four.
— Confusion mentale 0
V. Gauth.
— Syndrome médiastinal 233
(probablement syphilitique).
VI. Claudel. Syndrome pluriglandulaire.. i83
(Eunuchoïdisme).
VII. Deligne. Abcès du
— cerveau ........
------............. 66
148
—
jours après.)
(6
CONCLUSIONS.
- Ainsi qu'il ressort de la lecture du tableau ci-dessus,
l'acide
oxalique semble bien être un composant normal du liquide céphalo-rachidien.
A la vérité, dans deux cas nous avons constaté l'absence de cet élément, mais
comme ces déterminations ont été pratiquées au début de nos recherches,
nous sommes enclins à reporter cette anoxalorachie à une erreur de tech.
nique, car dans aucun des dosages ultérieurs nous ne l'avons retrouvée.
D'autre part, nous croyons être en droit de soutenir que le taux de l'oxalo-
rachie n'a aucun rapport avec la teneur du liquide céphalo-rachidien en albu-
mine, en leucocytes ou en sensibilisatrice spécifique.
L'élévation ou l'abaissement du taux de l'acide oxalique céphalo-rachidien
ne parait pas non plus correspondre à une modalité quelconque d'affection
mentale ou nerveuse, puisque, chez des malades présentant le même syndrome
anatomo-clinique, nous avons relevé des chiffres sensiblement différents.
Ce qui apparaît avec netteté, c'est, d'une part, la fixité du taux de l'acide
oxalique chez un même malade dont l'affection est stationnaire et, d'autre
part, l'élévation considérable de l'oxalorachie, soit au cours de l'évolution du
processus, soit à la phase préagonique. Chez deux malades par exemple,
atteintes l'une de paralysie générale typique, l'autre de syphilis cérébrale, les
déterminations de l'oxalorachie ont donné, pour la première, 6g et 83 milli-
grammes et, pour la seconde, 83 milligrammes et III milligrammes.
Au contraire, chez une patiente atteinte de psychose polynévritique en
évolution, nous avons obtenu les chiffres suivants : d'abord 1.65 milligrammes,
puis, à une recherche ultérieure, 366 milligrammes.
Enfin, chez deux malades atteintes, l'une de démence sénile avec hémiplé-
glie, l'autre d'abcès du cerveau, nous avons relevé une élévation très nette
de l'oxalorachie à la phase préagonique. Dans le premier cas, le taux de
l'acide oxalique s'est élevé de ioo à 3oo milligrammes; dans le second, de
66 à 148 milligrammes.
Tels sont, en résumé, les résultat»de nos premières recherches sur l'oxalo-
rachie. Nous nous proposons maintenant d'établir le rapport entre le taux de
l'acide oxalique du sérum sanguin et celui du liquide cérébro-spinal, rapport
qu'il n'est pas interdit de supposer assez constant en cas de perméabilité nor-
male des méninges, puisqu'il est établi que la constitution chimique du
liquide céphalo-rachidien n'est que le reflet de celle du sérum sanguin.
DES
VIDACOVITCH)
SEVRAGE
LEet
CODET
DANS
(SANTENOISE,
SINCÉRITÉ
DE
TEST
UN
D'autre part, au cours de la cure de désintoxication on observe, comme
nous l'avons fait, la libération progressive du tonus vagal, objectivée par la
réapparition et l'accentuation du réflexe oculo-cardiaque lors de la diminu-
tion des doses. Ces modifications se font assez rapidement et sont manifestes
dès le lendemain d'une réduction appréciable.
Il nous a été donné, dans trois cas, d'observer des réflexes en apparence
paradoxaux, mais qui se sont trouvés concordants après une enquête révé-
latrice de supercheries telles qu'il s'en produit si souvent.
P..., cocaïnomane, présente, dès le début de l'hospitalisation, un réflexe
oculo-cardiaque faible, à manifestation tardive; le réflexe solaire est très net
(6 février 1924). Au bout de quatre jours de sevrage, le réflexe oculo-car-
diaque se montre intense; il persiste tel jusqu'à une fugue, au retour de
laquelle, malgré la suppression prescrite, le réflexe est minime ou nul (28 et
29 février 1924). Nous apprenons alors que, bien entendu pendant son
absence, le malade s'était rassasié de toxique, mais que, de plus, il avait rap-
porté une provision clandestine, à laquelle il avait adjoint de l'héroïne.
D..., héroïnomane, lors de son entrée a un réflexe oculo-cardiaque
presque nul (29 février 1924); le réflexe solaire existe. Malgré la diminution
notable des doses prescrites, le tonus vagal reste inhibé, comme on peut le
voir,par exemple, sur les graphiques du 8 février 1924. Parla suite, nous avons
eu la preuve qu'il avait une provision secrète avec laquelle il compensait la
réduction du toxique et restait ainsi, à peu près, à son taux habituel. Le
réflexe oculo-cardiaque n'est pas apparu.
C..., morphinomane habitué à une dose quotidienne de 1 gr. 5o, nous four-
nit des faits encore plus démonstratifs. A l'entrée (28 janvier 1924), tandis que
le réflexe solaire est manifeste, le réflexe oculo-cardiaque est nul. La dimi-
nution quotidienne est prescrite et, malgré une réduction importante, le tonus
du vague reparaît très faiblement dans les jours qui suivent (8 et 10 février
1924). Nous connaissons alors l'existence d'une supercherie qui lui permettait
de compenser le sevrage, mais partiellement. Ainsi s'explique le fait que,
réduisant quand même un peu sa dose quotidienne totale, mais moins que
nous le pensions, il ait eu une légère réapparition de son réflexe oculo-car-
diaque... Connaissant ces faits, nous effectuons une réduction authentique le
II février 1924 et dès le lendemain, on constate l'augmentation très nette du
tonus vagal, comme le prouve le tracé du 12 février 1924.
Ainsi les constatations biologiques, après enquête, sont bien restées en
concordance, dans ces trois cas, avec l'absorption réelle des toxiques. De
plus nous avons pu noter le parallélisme des symptômes cliniques de besoin
avec les modifications du réflexe oculo-cardiaque. Ceci semble donc bien
favorable à l'hypothèse d'après laquelle l'appétence du toxicomane pour le
poison révèle un véritable besoin organique d'inhibition. Les signes divers de
la faim toxicomaniaque traduiraient la libération brutale du tonus vagal,
tonus que l'intoxiqué sent bien susceptible d'être réfréné par une nouvelle
prise du poison modérateur du pneumogastrique.
Pour prévenir ou découvrir les supercheries qu'entraîne ce besoin au cours
du sevrage, il nous semble donc intéressant d'étudier les variations du réflexe
oculo-cardiaque comme véritable c:test de sincérité)J.
Action du crataegus sur le tonus vago-sympathique
par MM. SANTENOISE et VIDACOVITCH
(Avec 1 double planche hors texte)
Les malades qui ont eu une chronaxie normale comprennent tout d'abord
les deux cas de cyclothymie qui avaient été pris comme témoins. Ces deux
malades avaient été choisis parce que leur crise dépressive était peu accusée,
que leur symptomatologie au moment de l'examen montrait une excitation
sans agitation, une douleur morale peu démonstrative et que leur état se rap-
prochait extérieurement le plus des cas précédents : plaintes sur leur inca-
pacité de travail, préoccupations hypocondriaques, espoir de guérir.
Enfin nous avons encore eu quatre cas à chronaxie normale chez des sujets
présentant un syndrome psychasthénique plus pur et, si l'on ose dire, plus
psychologique que les premiers. Leur incapacité de l'effort est celle de l'effort
intellectuel. Ils caractérisent nettement cette incapacité par des troubles à
caractère psychologique : troubles de l'attention, de la concentration intellec-
tuelle, de la mémoire, du caractère, de la volonté avec « idées noires » et
taedium vitae. Les troubles somatiques qu'ils énoncent sont presque nuls, ils
accusent tout au plus une sensation de vide cérébral, qu'ils ne définissent pas
dans les termes imagés, plus proprement organiques, des malades précédents.
Il s'agissait dans ces cas de jeunes gens issus de condition ouvrière ou
paysanne, et qui avaient voulu s'élever à une situation comportant peut-être
un effort intellectuel un peu gros pour eux. L'un était un comptable, l'autre
un instituteur, un troisième musicien. Il faut signaler que l'étude du seuil de
leur chronaxie a été entreprise chez deux de ces malades à un moment où leur
affection était déjà en voie de réparation.
Nous devons donc faire la réserve que l'examen chronaxique a peut-être été
pratiqué, dans ces deux derniers cas, trop tardivement pour pouvoir déceler
un trouble musculaire qui aurait existé au fort de l'affection. Il faut insister
également sur le fait que le nombre total des cas examinés est assez réduit.
Nous continuons ces recherches sur un plus grand nombre de malades. En
nous basant sur ces premiers cas, nous arriverions à la conclusion provisoire
qu'il paraît possible de distinguer expérimentalement dans le vaste ensemble
de la psychasthénie :
1° Un groupe de malades à symptômes plus proprement musculaires et où
l'état anormal du muscle joue sans doute un rôle pathogénique important;
20 Un groupe de malades à symptomatologie à la fois psychique et végéta-
tive, groupe où l'on constate également une chronaxie anormale;
30 Un autre groupe, enfin, où la symptomatologie est à prédominance
psychologique et comporte des symptômes musculaires très réduits ou même
absents. Chez les malades de ce troisième groupe, on a trouvé une chronaxie
normale.
Discussion :
M. Toulouse. — Ce travail fait partie d'une série de recherches collectives
entreprises dans le service de Prophylaxie mentale et dont certains résultats
ont été précédemment publiés ici. Pour entreprendre une lutte efficace contre
les états psychopathiques, il importe avant tout d'approfondir nos moyens
objectifs de connaissance sur le fondement biologique de ces affections.
BULLETIN DES SOCIÉTÉS SAVANTES
(NEUROLOGIE-PSYCHIATRIE)
I. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.
— II. SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
III. SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE. IV. SOCIÉTÉ DE
—
PSYCHIATRIE.
I. — Société de neurologie
SÉANCE DU JEUDI 6 MARS 1924
Présidence de M. O. Crouzon
Syndrome myoclonique d'origine syphilitique.
— M. André-Thomas et
Mme Long-Landry présentent une femme de quarante-six ans dont la maladie
a débuté insidieusement en 1922 par un syndrome parkinsonien localisé au
bras droit, mais avec un signe d'Argyll-Robertson et une réaction de Wasser-
mann positive. Quelques mois après, le tableau clinique s'est modifié le :
tremblement étendu à la face, à la langue, les troubles de la parole, l'inertie
psychique, font penser à une paralysie générale. Actuellement, elle présente
surtout des clonies prédominants à la face du côté gauche, de deux rythmes
différents, plus rapides sur la moitié supérieure de la face, plus lentes sur
la moitié inférieure, avec hypertonie. Les clonies s'exagèrent avec les mou-
vements actifs et les excitations périphériques. L'origine syphilitique est
confirmée par l'étude du liquide céphalo-rachidien et le résultat satisfaisant
du traitement.
Quelques documents relatifs au diagnostic des compressions spinales.
MM. /. Babinski et /. ]arkowski relatent plusieurs observations dont chacune —
soulève quelques questions se rapportant au diagnostic des compressions de
la moelle.
Dans l'un de ces cas, il s'agit d'une femme atteinte d'une parésie des
membres inférieurs, avec tous les signes objectifs caractérisant une lésion
de la voie pyramidale, ayant évolué progressivement depuis deux ans. Cette
parésie s'accompagne de douleurs et d'une hypoesthésie qui prédomine à
droite, tandis que l'affaiblissement de la motilité est plus .marqué à gauche.
L'étude topographique de l'anesthésie et des réflexes de défense fournit des
données confirmées par l'épreuve de Sicard-Forestier permettant de localiser
la lésion au niveau du VIlle segment dorsal. On peut se demander si l'image
de la bille de lipiodol, qui, à sa partie inférieure, est en forme de dôme, ne
plaide pas en faveur d'une tumeur juxta-médullaire.
Dans la seconde observation, on a affaire à une paraplégie en flexion
typique, à évolution lente, avec anesthésie. Les troubles de la sensibilité
remontent jusqu'à D vi/D VII; la limite des réflexes de défense est au niveau
de DVIII/DIX. Deux injections intra-arachnoïdiennes de lipiodol, pratiquées
l une en haut, l'autre en bas, confirment la localisation obtenue
par la
clinique. Or, l'examen des fibres révèle dans l'intervalle compris entre la
limite supérieure et la limite inférieure de la lésion spinale la présence d'une
masse accolée à la colonne vertébrale. On pense d'abord à un abcès par con-
gestion, pottique. Mais la ponction ne donne pas de pus. On envisage l'hy-
pothèse d'une tumeur en bissac. On croit qu'il est légitime de tenter une
intervention chirurgicale.
Le troisième fait se rapporte à un malade atteint de paraplégie en exten-
sion, d'évolution lente, avec exagération considérable des réflexes. Les ren-
seignements fournis par le lipiodol concordaient avec ceux fournis par la
clinique. On pouvait localiser la lésion au niveau de D VI/D vil. A l'opération,
on n'a trouvé ni tumeur ni pachyméningite ; mais la moelle paraissait amincie.
Le malade ayant succombé ultérieurement, un examen anatomique a décelé
quelques adhérences méningées, et un foyer de myélite. Aurait-il été pos-
sible d'exclure l'hypothèse d'une compression par tumeur? Les auteurs
attirent l'attention, sans attacher une valeur décisive à ce caractère, sur la
forme de la paraplégie qui, dans ce cas, différait de celle que l'on observe
d'habitude dans les compressions spinales les mouvements spasmodiques
:
spontanés déterminant la triple flexion paraissaient faire défaut et la surré-
flectivité tendineuse l'emportait de beaucoup sur la réflectivité cutanée.
Maladie de Recklinghausen avec dermatolysie. — MM. Laignel-Lavastine
et Froelicher présentent une jeune fille de treize ans dont le pied gauche a
une malformation congénitale caractérisée par une augmentation de volume
de la partie antéro-externe du pied avec aspect flaccide de la peau et hyper-
trophie osseuse visible à la radiographie. Cette malformation, qui rentre
dans le groupe des naevi et qui répond à la dermatolysie des dermatolo-
gistes, s'observe ici comme souvent chez une neuro-fibromateuse. Ici la
maladie de Recklinghausen (molluscums multiples, tumeur royale, taches
pigmentaires, débilité mentale) est héréditaire, le frère ayant la même affec-
tion. De plus, la malade n'a jamais été réglée et a des petits signes d'hypo-
thyroïdie.
A propos du signe de Babinski dans la paralysie infantile spinale.
—
MM. Souques et Ducroquet montrent une malade qui présente une paralysie
infantile spinale limitée aux muscles de la face postérieure de la jambe et à
ceux de la face plantaire du pied gauche, chez lequel l'excitation de la plante
provoque l'extension de l'orteil. Chez ce malade, les muscles de la région
antéro-externe de la jambe sont donc intacts. La paralysie et l'atrophie, qui
sont très marquées, frappent notamment les interosseux des orteils, l'abduc-
teur, l'adducteur et le court fléchisseur du gros orteil. Il en résulte un pied
bot, dit griffe pied creux. La première phalange du gros orteil ne peut être
fléchie volontairement, ni (si on la fléchit passivement) être maintenue dans
la flexion. L'examen électrique montre une D. R. totale sur les interosseux
des orteils et les fléchisseurs (abducteur, adducteur et court fléchisseur) de la
première phalange du gros orteil.
Dans douze cas de paralysie spinale infantile analogues au cas précédent,
qu'ils ont observés, les auteurs ont constaté quatre fois l'extension de l'orteil.
Pour expliquer l'extension de l'orteil dans la paralysie infantile spinale,
on admet que le foyer poliomyélitique a envahi le faisceau latéral de la
moelle. Il doit en être ainsi dans les cas graves à foyer étendu, et il s'agit là
du signe de Babinski par perturbation de la voie pyramidale. Mais, pour les
cas légers à petit foyer, analogues à ceux qu'ils ont observés, Souques et
Ducroquet font d'expresses réserves. Ils pensent que l'atrophie des fléchis-
seurs de la première phalange du gros orteil peut suffire pour expliquer
l'extension de l'orteil; les fléchisseurs atrophiés ne peuvent répondre (à
l'excitation de la plante) par la flexion de la première phalange, et leur anta-
goniste, c'est-à-dire l'extenseur propre du gros orteil, qui étend normalement
la première phalange, entraîne forcément en se contractant l'extension de
l'orteil.
Spasme professionnel à forme de torticolis spasmodique d'un côté et contrac-
ture unilatérale et permanente des pectoraux de l'autre côté. — M. G. Heuyer
et Mlle Zimmer présentent un malade de cinquante-deux ans qui est atteint
depuis douze ans d'un spasme du sterno-cléido-mastoïdiengauche et d'une
contracture permanente des pectoraux droits, ayant débuté à l'occasion d'un
geste professionnel. Il s'agit d'un spasme professionnel dont les auteurs
admettent la nature organique, par lésion mésocéphalique de nature indé-
terminée. Ils proposent un traitement chirurgical résection du spinal gauche
:
Présidence de M. Truelle
Perversions sexuelles chez une malade atteinte d'encéphalite épidémique.
— Mlle Serin et M. Reboul-Lachaux présentent une malade de dix-neuf ans
qui, à la suite d'une encéphalite épidémique contractée il y a quatre ans, a
manifesté des troubles multiples du caractère réactions coléreuses, violences
:
Présidence de M. Laignel-Lavastine
Mal comitial caractérisé par des accès nocturnes d'épilepsie convulsive et
par des accès diurnes d'automatisme ambulatoire, par MM. Briand et Mar-
chand. — Il s'agit d'un sujet âgé de dix-neuf ans qui est atteint de mal comitial
depuis l'âge de sept ans. Ses crises nocturnes revêtent la forme classique des
accès convulsifs. Les accidents diurnes sont précédés d'une sensation
d'étouffement, puis le malade marche pendant quelques minutes sans avoir
conscience de ce qu'il fait. Il ne parle pas, il ne comprend pas ce qu'on lui
dit. Sa bouche est crispée, ses membres sont raides et, quand il revient à lui,
il se retrouve dans un endroit inconnu et constate qu'il s'est mordu la langue.
Ce malade a eu plusieurs fois des crises d'automatisme ambulatoire dans*
des lieux très fréquentés ; il a pu dans cet état traverser des rues encombrées;
il a toujours évité les obstacles, jamais on ne l'a arrêté. Ces actes automa-
tiques sont donc complexes, coordonnés et semblent nécessiter un certain
degré de lucidité sans enregistrement des souvenirs.
Préoccupations érotiques chez une persécutée interprétante hallucinée, par
M. Cénac (Service de l'Admission). — L'auteur présente une malade qui
rappelle par certains points les caractéristiques des « érotomanes » décrites
par M. de Clérambault, mais qui en diffère par une évolution atypique, cette
malade ayant pu vivre des années sans que l'élément passionnel et les inter-
prétations délirantes qu'il détermine aient amené chez elle des réactions
vis-à-vis de l'objet. Des hallucinations auditives pénibles,ayant trait à son
triste roman, apparues récemment ont provoqué les faits ayant abouti à l'in-
ternement.
Idées de négation dans un cas d'encéphalite épidémique chronique, par
MM. Roger Dupouy et Paul Schiff et Mme Jeanne Réquin. — Chez un parkin-
sonien postencéphalitique, les auteurs ont noté des caractéristiques psy-
chiques particulières. Ce malade accuse des troubles cénestopathiques
divers, une perversion des sensations somatiques normales de la faim, de la
digestion, et il traduit ces troubles dans le langage employé par les mélan-
coliques qui présentent un délire de négation. Il s'agit d'un délire de néga-
tion très incomplet, sans idées d'énormité, d'immortalité ou de possession.
C'est un ensemble d'idées de négation qui commencent lentement à se systé-
matiser, chez un individu qu'on ne saurait qualifier de mélancolique au sens
strictement psychiatrique du terme. Ce cas permet de saisir la transforma-
tion du trouble cénestopathique en idées de négation; quant à l'origine de
ce trouble cénestopathique,il est sans doute en rapport avec le déséquilibre
sympathique que les diverses épreuves biologiques mettent en évidence
chez ce malade.
Syndrome paralytique très accusé avec syndrome humoral au minimum, par
-
MM. Roger Dupouy et Paul Schiff et Mme /eanne Réquin. Ce malade appar-
tient au groupe de ceux présentés à la dernière séance de la Société clinique
de médecine mentale par M. Desport et par Mlle Serin il s'agit d'un syn-
drome paralytique très accusé, caractérisé par l'affaiblissement des facultés
intellectuelles, l'amnésie, la perte de l'auto-critique, une indifférence pro-
fonde avec des périodes de turbulence, une forte dysarthrie, de l'inégalité
et de l'irrégularité pupillaires avec myosis et Argyll. Cependant, toutes les
réactions humorales et cytologiques sont restées négatives, malgré tous les
contrôles et une réactivation thérapeutique. Seule la réaction du benjoin
colloïdal est légèrement positive (12100 dans la zone paralytique). Le dia-
gnostic différentiel se complique du fait que le malade est, de sa profession,
peintre en bâtiments, qu'il est un alcoolique chronique et qu'il a été trépané
il y a huit ans pour blessure de guerre. Mais il n'a jamais fait d'accidents
saturnins, est retourné au front quelques semaines après son opération ni :
sont mal évoqués et il existe des lacunes ; c'est ainsi que la malade a oublié
la table de multiplication. En outre, grande suggestibilité qui renforce encore
le caractère infantile de ses réactions. Tous ces troubles augmentent lorsque
survient une poussée fébrile qui élève la température à 38°. La malade a été
traitée par l'uroformine, le cacodylate de soude à hautes doses et l'adrénaline,
indiquée par des défaillances du sympathique.
M. Marcel Briand a vu de curieuses' régressions intellectuelles de ce genre
sous l'influence de l'encéphalite. C'est ainsi que, dernièrement, il a observé
une fille de vingt ans qui présentait la mentalité et l'allure d'une enfant de
douze ans. Il n'est pas douteux que l'étude de l'encéphalite épidémique ne
jette une lumière nouvelle sur quantité de troubles psychiques.
Perversions instinctives consécutives à l'encéphalite épidémique. —
MM. Laignel-Lavastine et Vinchon rapportent l'observation d'une fillette de
quatorze ans qui, depuis une encéphalite épidémique,présente de multiples
perversions du caractère. Elle est mythomane, voleuse, vend les objets de sa
mère. Il existe en plus chez elle un strabisme persistant et un état d'insta-
bilité, d'agitation bruyante qui la fit renvoyer de plusieurs écoles. On ne
constate pas d'affaiblissement intellectuel marqué.
A propos de cette observation, la question se pose de savoir si l'on se
trouve en présence de perversions créées de toutes pièces par l'encéphalite
ou si, au contraire, il s'agit de perversions constitutionnelles qui auraient
été mises en valeur par l'encéphalite et notamment par l'agitation hypoma-
niaque.
Quoi qu'il en soit, la place de cette fillette difficile et insociable serait
dans une colonie d'enfants anormaux.
M. A. Delmas, convaincu par son expérience que dans l'agitation hypo-
maniaque on trouve toujours une hérédité similaire, estime que l'on décou-
vrirait très vraisemblablement chez les parents de cette malade la constitu-
tion cyclothymique.
M. Laignel-Lavastine estime que l'encéphalite, agissant comme infection
cérébrale, est capable de déterminer des troubles du rythme psychique et
de provoquer ainsi la périodicité de l'humeur.
M. A. Delmas reconnaît qu'en effet des causes occasionnelles, comme
l'encéphalite, peuvent influencer le rythme psychique, mais la périodicité ne
s'installe que chez les cyclothymiques prédisposés. Il faut toutefois se garder
de confondre certaines variations affectives consécutives à l'encéphalite avec
les manifestations de la constitution périodique.
M. Marcel Briand rappelle qu'il a déjà présenté plusieurs enfants devenus
pervers à la suite de l'encéphalite. Chez les uns, il y avait une hérédité
lourde; mais chez d'autres, on ne décelait aucune tare et ils s'étaient tou-
jours comportés normalement avant la maladie. Il semble donc que l'encé-
phalite puisse être la cause productrice d'instincts pervers.
M. Maurice de Fleury pense que si l'on fouille dans le passé des malades
atteints de troubles périodiques, on découvre presque toujours des accès
antérieurs.
Problème médico légal d'un toxicomane. — M. Maurice de Fleury soumet
à la Société le problème médico-légal d'un sujet qu'il est chargé d'expertiser.
Cet homme, de famille honorable, de bonne éducation, est actuellement
inculpé d'escroquerie et d'abus de confiance dans les conditions suivantes
ayant déjà présenté dans son passé plusieurs phases d'excitation et de dépres-
sion, il entreprend au Maroc des affaires de terrain, alors qu'il se trouve dans
une phase d'hypomanie. Tout marche bien au début. Mais la dépression sur-
vient et alors cet homme, devenu apathique, aboulique, ne fait plus rien de
bon. Alors pour retrouver son activité, il prend de la cocaïne, et, en effet,
sous l'influence de la drogue, il récupère sa capacité de travail et d'effort.
Mais déjà, à ce moment, il est inculpé pour une première affaire qui aboutit
à un non-lieu. Ayant abandonné la cocaïne, il retombe dans sa dépression,
et, pour la combattre, il reprend de l'alcaloïde. C'est pour des faits commis
alors qu'il se trouvait sous l'influence de la drogue qu'il est de-nouveau
inculpé.
Or, quel est le degré de responsabilité de ce sujet? Il ne s'agit pas d'un
toxicomane vulgaire qui absorbe du poison pour se distraire. Celui-ci a
utilisé la cocaïne comme un médicament, pour combattre une dépression
constitutionnelle dont il n'est évidemment pas responsable. Faut-il lui faire
grief d'être devenu toxicomane et le condamner pour les délits commis pen-
dant qu'il était sous l'influence du poison?
M. Logre, en raison du caractère thérapeutique de cette toxicomanie,
pense qu'on doit accorder à l'inculpé de grosses circonstances atténuantes.
M. Marcel Briand croit aussi qu'on ne peut rendre cet homme responsable
ni de sa dépression, ni de sa toxicomanie, ni de son activité amorale sous
l'influence du toxique. D'ailleurs, l'intelligence des sujets excités est souvent
illusoire. Quand ils réussissent, on leur accorde du talent, même du génie.
Mais quand ils échouent dans leurs projets, ce qui arrive fréquemment, on
s'aperçoit, en les étudiant, que, sous de brillantes apparences, ce sont souvent
des débiles mentaux.
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de Régimes
-il
1O.\DÉE PAR
M. le Dr MAGNAN
Membre de
l'Académie de Médecine
M 9 9
I
Le Chltcaii
MÉDECINS DIRECTEURS :
Voici enfin un livre. Pourquoi? Parce que nous n'avons plus accoutumé
de voir un savant trouver, à l'époque que nous vivons, le temps de se con-
sacrer à une œuvre réellement personnelle, originale et d'une telle envergure.
Ce livre représente, comme l'écrit Laignel-Lavastine, vingt ans de travail.
Aussi ceux qui comme nous ont tenté de résumer très modestement l'état de
nos connaissances en sympathologie, et même d'y apporter quelques contri-
butions expérimentales, ne peuvent-ils que s'incliner devant la maîtrise de
l'auteur de ce traité, qui sera certainement placé sur le même plan que les
célèbres travaux de Vulpian, François Franck, Gaskell, pour ne pas parler
des tout modernes.
On ne nous en voudra pas de renoncer à analyser un tel ouvrage, qui se
fait remarquer surtout par l'analyse critique sévère des faits, et par le noble
souci de montrer, à ceux « qui, depuis la guerre, ont découvert le sympa-
thique dans les travaux anglais et viennois », l'utilité de remettre en évidence
la tradition française. Nous croyons préférable de rapporter les conclusions
de Laignel-Lavastine qu'il présente sous la forme de trois thèses.
I. Thèse anatomique. — Les lésions du sympathique sont conformes aux
lois de la pathologie générale.
II. Thèse physiologique. — Il existe un rapport simple entre le siège ana-
tomique d'une lésion sympathique, irritative ou destructive et le syndrome
sympathique expérimental correspondant.
III. Thèse clinique. — Certaines entités cliniques déjà individualisées
dépendent de troubles du sympathique établis par l'anatomie pathologique
(criterium anatomique) ou par l'expérimentation (criterium physiologique).
Le facteur sympathique, dégagé par l'analyse clinique peut, quelquefois, être
exactement localisé dans l'ortho- ou le parasympathique, mais souvent la
complexité syndromique doit faire conclure modestement à un déséquilibre
holo-sympathique hyper, hypo ou dyssympathique.
Ces conclusions, modestes en effet, qu'on trouvera à la 824. page de ce
traité, constituent la profession de foi qu'on devait attendre d'un esprit sage
et pondéré.
Le livre se termine par un index bibliographique qui comporte 238 pages :
qu'on juge par là de la documentation vraiment colossale de l'ouvrage. Cet
index rendra les plus grands services aux chercheurs qui ne craindront pas
de tenter de compléter les études sur le sympathique dont ce remarquable
traité montre le rôle primordial en pathologie. On peut dire même, à en juger
par les divers chapitres de cet ouvrage dont nous avons déjà eu la primeur
dans toutes les publications médicales de ces derniers mois, qu'il n'y a pas
d'affection dans laquelle on ne puisse « dégager un facteur sympathique ». Il
serait, superflu d'insister dans ces conditions, sur l'intérêt considérable que
la pathologie du sympathique offre aussi bien aux praticiens qu'aux travail-
leurs du laboratoire.
H. CLAUDE.
LANGLEY. Le système nerveux autonome. Sympathique et parasympa-
thique. Traduit de l'anglais par M. Tiffeneau, professeur agrégé à la Fa-
culté de médecine de Paris. i volume, (Vigot frères, éditeurs, 23, rue de
l'École-de-Médecine, Paris).
Le sympathique et le parasympathique, tels qu'ils ont été définis par Lan-
gley, constituent les deux grands appareils nerveux qui se partagent l'innerva-
tion organique au sens de Bichat. L'ensemble de ces deux appareils forme ce
qu'on a longtemps appelé le système nerveux végétatif et, qu'à présent, on
désigne le plus souvent, avec Langley, sous le nom de système nerveux auto-
nome.
C'est à l'étude de cette question de grande actualité que le savant profes-
seur de Cambridge, après trente ans de recherches personnelles, vient de con-
sacrer le présent livre.
Aprés un historique des plus précis concernant l'évolution des idées et de'
la nomenclature, cet ouvrage débute par un exposé général sur l'origine et la
distribution du système autonome et sur la nature de ses fibres nerveuses.
Le chapitre suivant, qui est le plus important, est consacré à l'étude de
l'action spécifique des poisons; il comprend tout d'abord les effets normaux
et les effets anormaux (effets inversés) de l'adrénaline sur le sympathique, et
ceux de la pilocarpine sur le parasympathique; puis la discussion des théories
sur les relations entre les poisons et le système nerveux ; enfin la classification
des nerfs sympathiques et parasympathiques d'après leur action pharmacolo-
gique.
Dans le dernier chapitre se trouvent spécialement étudiés quelques-uns des
principaux tissus innervés par le sympathique : cellules pigmentaires, muscles
striés, capillaires.
Chacun de ces chapitres est accompagné d'une bibliographie importante,
complétée par des notes et des références.
L'exposé magistral du professeur Langley vient à son heure et apporte,
dans cette vaste question du système nerveux autonome, toute la clarté et la
précision nécessaires.
L. PARROT.
Le Gérant : G. DELARUE.
TRAVAUX ORIGINAUX