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Cas SAVERGLASS

1 - ANALYSE DU CONTEXTE

SAVERGLASS est une entreprise ancienne, ce qui laisse à penser qu’elle devrait enregistrer une progression de CA assez faible, un niveau confortable de capitaux propres et
de la rentabilité.

Il s’agit d’une affaire familiale ce qui laisse à penser que leur intérêt va essentiellement à la valorisation de l’entreprise, donc un faible versement de dividendes.

Au niveau des actifs, l’entreprise est propriétaire de la majorité de son outil de production y compris de l’usine et de nombreux terrains. On va donc probablement trouver
d’importantes immobilisations au bilan. Ce sont aussi des actifs stables capables de garantir des emprunts. On sait toutefois que sa capacité de production est insuffisante.
Peut être que l’outil est ancien (cf. niveau des amortissements).

Son activité industrielle est capitalistique : de par l’ampleur des investissements matériels nécessaires et de par la longueur du cycle d’exploitation. A-t-elle la structure
financière suffisante pour assumer ces coûts ? Il conviendra de surveiller les niveaux d’endettement ainsi que le BFRE. Apparemment il n’y a pas de cession de créances
(EENE) ce qui laisserait à penser qu’elle n’a pas de souci pour financer son cycle d’exploitation, ni de souci de trésorerie. A vérifier.

SAVERGLASS sous-traite apparemment beaucoup à VERLIPACK => incidence sur la VA ?

L’entreprise dispose de 8 entrepôts de stockage => sans doute a-t-elle des coûts de stocks importants qui peuvent peser sur le BFRE.

La clientèle est diverse et composée surtout de grands noms de la cosmétique et de l’agro-alimentaire : risque commercial restreint, peu de créances douteuses mais peut-
être des délais de paiement importants et une rentabilité moyenne.

On note qu’elle a recours au Crédit Bail : est ce parce qu’elle ne peut plus souscrire d’emprunts classiques à long terme ? Cf. niveau d’endettement.

Enfin, le projet de l’entreprise est de racheter les actifs de son sous-traitant mal en point pour augmenter ses capacités de production sur un marché en croissance et
également ré-internaliser une partie de sa fabrication : augmentation de la VA à terme et donc de la rentabilité d’exploitation ? Mais aussi nécessité de financer ces
acquisitions et d’absorber les charges d’amortissement à venir. En a-t-elle les moyens ?

2 - ANALYSE DE LA STRUCTURE FINANCIERE

L’analyse fonctionnelle du bilan donne un niveau de fonds de roulement en légère progression (+10.6%) de N vs. N-1 et ce malgré le choix du désendettement cette année
marqué par une baisse de 26% des dettes financières à long terme ainsi que des engagements de CB (-38%) : un résultat net en forte progression (+33%) et la mise en
réserve des 2/3 du bon résultat de l’an dernier sont à l’origine de cette hausse du FRNG.
Néanmoins, le nouveau FRNG de plus de 19 millions est insuffisant cette année pour couvrir le BFR qui s’établit à 20 millions, et notamment le BFRE en forte progression de
30%. Certes la croissance du CA y est pour quelque chose (+9%) mais c’est surtout la dérive du poste client qui en est à l’origine (+63% sur le délai de règlement clients =>
les créances clients doublent quasiment d’une année sur l’autre). La hausse des stocks issue essentiellement des matières première et non des produits finis, couplée à la
stabilité de la dette fournisseurs indiquent qu’il n’y pas de mévente. Le problème vient du fait que les clients paient beaucoup plus tard qu’en N-1. Peut être y a-t-il eu
l’apparition de nouveaux clients gagnés en contrepartie de conditions de règlement plus contraignantes ?

De fait, la Trésorerie Nette s’avère franchement négative et en forte dégradation d’une année sur l’autre (+155K€ à – 904K€) l’entreprise ayant largement recours aux
découverts (3.5M€, en hausse de 63%). On aura tout de même noté que l’entreprise est coutumière du fait (2M€ de découverts en N-1) alors qu’elle aurait dû typiquement
financer la dégradation du crédit clients par une cession de créances à laquelle elle n’a pas du tout recours.

On comprend toutefois qu’elle n’ait pas pu financer ces besoins d’exploitation par de la dette moyen/long terme et qu’elle ait « opté » pour une politique de
désendettement cette année : le gearing en N-1 était bien au-delà des normes admises (130%) et le Poids de l’Endettement frôlait le plafond maximal de 3%.

De fait, le ratio d’indépendance financière remonte tout doucement vers le minimum requis de 30%, sans pourtant l’atteindre.

A son crédit quand même, un délai règlement fournisseurs très satisfaisant (stable à 84J) qui permet d’absorber un peu cette dérive du règlement clients.

Les actifs stables sont d’un poids relativement faible ramenés à la valeur patrimoniale et sont largement obsolètes (amortis à plus de 60%). De plus, il n’y a eu aucun
investissement cette année.

Malgré la nécessité de se désendetter à long terme et la bonne tenue des fonds propres liés à la rentabilité de l’activité, la structure financière de l’entreprise est fragile.

3 - ANALYSE de la RENTABILITE et de l’ACTIVITE

On confirme donc une progression intéressante du CA (+9%) et une forte augmentation de la rentabilité nette. Pourtant elle n’est pas dûe à l’amélioration de l’exploitation
brute (EBE suit la même progression de la production => +2.9%) mais à la seule baisse conséquente des amortissements du fait du non renouvellement des immos et à la
baisse des frais financiers et du crédit bail liés à la stratégie de désendettement contrainte.

Bien qu’en légère baisse, le niveau de VA et le taux d’intégration sont importants et témoignent d’une forte capacité à créer de la richesse. La sous-traitance importante
étant bien absorbée par le niveau d’activité. La demande reste forte sur ce marché et SAVERGLASS maitrise bien son métier.

Le taux de marge brute d’exploitation autour de 19% en est une autre preuve. La gestion est saine puisque notamment on constate la cohérence et la tenue des charges de
personnel : l’expérience et l’ancienneté de l’entreprise jouent en sa faveur en la matière. La gestion sociale semble aussi bien maitrisée : distribution régulière d’une
participation aux salariés.
Le taux de marge nette au final s’établit à 2.5% en hausse de 22% : ceci semble indiquer qu’à court terme en tous cas le choix d’un désendettement et d’une année blanche
en termes d’investissements donne des résultats immédiats en termes de rentabilité, qui permettront sans doute d’investir l’an prochain puisqu’il est question que
Saverglass rachète une partie des actifs de production de son sous-traitant belge en mauvaise situation financière.

La Rentabilité financière (ROE = RN/FP) caracole à un très bon niveau (9.8%) et est en forte progression ( +26%).

L’analyse de la CAF démontre une dégradation de celle-ci par rapport au CA (CAF/CA = 12.35% en N contre plus de 15.9% en n-1) mais a globalement un niveau plus que
satisfaisant, au-delà des standards.

4- ENDETTEMENT et CAPACITE d’EMPRUNT

Après une période nécessaire de désendettement à long terme, l’entreprise semble avoir tout préparé pour se porter acquéreur des actifs de son sous-traitant belge.

Le financement de ces investissements pourra s’opérer sans difficulté via les Free Cash Flows (environ 8M€), un recours à un peu de dette long terme puisqu’elle a su
assainir les niveaux d’endettement en N et pourquoi pas l’augmentation du capital via l’entrée de nouveaux investisseurs puisque le ROE est très attractif.

6 - CONCLUSION

SAVERGLASS a une activité extrèmement capitalistique et son outil de production est en phase d’obsolescence avancée. Néanmoins, sa saine gestion des charges
d’exploitation et son niveau de rentabilité l’autorisent à préparer son avenir en renouvelant son outil l’an prochain et augmentant ses capacités de production (projet de
rachat des actifs du sous-traitant belge). Stratégie doublement intéressante puisqu’elle va gagner encore en Valeur Ajoutée (réduction de la sous-traitance,
réinternalisation), ce qui lui permettra d’absorber l’augmentation à venir des amortissements et des charges financières.
RAPPEL des MASSES et PRINCIPAUX RATIOS N N-1 Variation

DETTES Long et Moyen Terme 16 984 110 22 964 757 -26,04%


Fonds Propres 18 639 949 17 635 865 5,69%
DLMT/FP GEARING 91,12% 130,22% -30,03%
Total bilan 63 116 247 61 372 611 2,84%
FP/Total Bilan INDEPENDANCE FINANCIERE 29,53% 28,74% 2,77%
Frais Financiers 1 502 586 1 942 813 -22,66%
CA 71 871 089 65 988 362 8,91%
FF/CA POIDS de l'ENDETTEMENT 2,09% 2,94% -28,99%
Crédit Clients 55,93 34,25 63,32%
Crédit Fournisseurs 84,63 84,39 0,28%
CAF 8 874 090 10 491 688 -15,42%
DIVIDENDES 502 877 387 950 29,62%
AUTOFINANCEMENT NET CAF- DIVIDENDES 8 371 213 10 103 738 -17,15%
CAF/CA 12,35% 15,90% -22,34%
DLMT/CAF 1,91 2,19 -12,56%
Capital 4 978 985 4 978 985 0,00%
Réserves 10 055 238 9 184 028 9,49%
VA 34 572 699 34 758 251 -0,53%
VA/CA TAUX D'INTEGRATION 48,10% 52,67% -8,68%
EBE 13 332 059 12 956 309 2,90%
EBE/CA TAUX DE MARGE BRUTE d'EXPLOITATION 18,55% 19,63% -5,52%
REX 6 248 264 4 088 370 52,83%
RCAI 4 607 914 2 442 016 88,69%
Résu Excep -736 451 -573 232 28,47%
RN 1 832 548 1 374 090 33,36%
RN/CA TAUX DE MARGE NETTE 2,55% 2,08% 22,45%
RN/FP ROE 9,83% 7,79% 26,18%
FRNG 19 176 827 17 340 335 10,59%
BFRE 20 535 210 15 786 919 30,08%
BFRHE -453 785 1 398 328 -132,45%
BFR 20 081 425 17 185 247 16,85%
TN -904 598 155 088 -683,28%

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