Vous êtes sur la page 1sur 591

A propos de ce livre

Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.

Consignes d’utilisation

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.

À propos du service Google Recherche de Livres

En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
ULTU
ULU

RA
ARTES SCIENTIA
LIBRARY VERITAS MIOFCHITHE
OFMICHIGAN
VIVERSITY OF
O L PUMBUSUNOG
PLURIBUS-UNUR

RVIZ
TUE O

SIQUAERIS PENINSULAM AMOENA


CIRCUMSPICE

ENGINEERINO
LIBRARY
MIN100
ТА

.А .
o , 39
ANNALES
DES

PONTS ET CHAUSSÉES.

TOME XVIII.
PARIS . – IMPRIMERIE DE CUSSET FT C ,
rue Racine, 26 , prés de l'Odéon.
ANNALES
DES

PONTS ET CHAUSSÉES.

MÉMOIRES ET DOCUMENTS
RELATIFS

A L ’ART DES CONSTRUCTIONS


ET AU SERVICE DE L'INGÉNIEUR ;

LOIS , DÉCRETS, ARRÊTÉS ET AUTRES ACTES


CONCERNANT

L'ADMINISTRATION DES PONTS ET CHAUSSÉES.

4 SÉRIE .

1869
SEMESTRE .

PARIS .
DUNOD, ÉDITEUR,
SUGGESSEUR DE V DALMONT,
Precédemment Carilian -G @ ury et Victor Dalmont
LIBRAIRE DES CORPS IMPÉRIAUX DES PONTS ET CHAUSSÉES ET DES MINES,
Quai des Augustins , nº 19.
ANNALES
DES

PONTS ET CHAUSSÉES.

MÉMOIRES ET DOCUMENTS

RELATIFS

A L ’ART DES CONSTRUCTIONS


ET AU SERVICE DE L 'INGÉNIEUR .

N° 226
OBSERVATIONS
Sur les chemins à bon marché.
Par M . MORANDIÈRE, ingénieur en chef des ponts et chaussées.

Le ministère des travaux publics a fait relever, en 1856 ,


un grand nombre de documents statistiques sur la construc
tion des chemins de fer, et il a cherchéà en déduire des dé
penses kilométriques moyennes.
Mais il a pris soin de faire observer d 'abord qu'il était très
difficile d ' établir des moyennes de cette nature, à cause de
la grande variété des conditions d' établissement, de l'im
portance des pays traversés, de la disposition topographi
Annales des P . et Ch., 4 sér. g. ann., 7. cah. MEM. TOME XVIII. 1

153370
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
que de ces pays et de l' étendue présumée du trafic ; et il a
ajouté que les dépenses de premier établissement doivent
augmenter encore, après la mise en exploitation, avec le
développement du trafic .
La longueur totale des chemins livrés à l'exploi
tation était alors de. . . . . . . . . . . . . . . 4 975 kilom .
On avait pu connaître l'ensemble des dépenses
faites pour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 063 kilom .
Etilen résultaitune dépense kilométriquemoyenne
de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 392 739 francs.

Mais on écarta d'abord tous les chemins construits aux


abords de Paris , dans un rayon de 35 kilomètres , et tous
ceux qui comportaient des causes de dépenses très-considé
rables, telles que traversées des grandes villes, établisse
ment de nombreux ateliers, grands souterrains et grands
viaducs.
L 'ensemble de ces chemins exceptionnels, qui compre
naient ceux d'Avignon à Marseille , de Rouen , du Havre, et
plusieurs sections de Paris à Lyon, formaient une longueur
de 18yo kilomètres, pour lesquels la dépense kilométrique
était de 506 419 francs.
On étudia alors très-attentivement les autres chemins,
savoir : 1716 kilomètres à double voie et 457 kilomètres
à simple voie , pour en déduire aussi approximativement
que possible les dépenses kilométriques moyennes qui sont
indiquées dans le tableau ci-après; et l'on fit observer
en même temps que les chemins à une voie avaient été con
struits dans des régions assez éloignées de l'aris, et qu 'ils
étaient destinés à un trafic d 'une importance généralement
secondaire :
CHEMINS DE FER A BON MAR
CENTEN NILINSONRENAREN

SATURE DES DÉPESSES. CHEMIN CUEMIN


à deur roles. à une yoio .

Iraucs. frados.
Frais généraux . . . . . . . . . . . . . . 16 486 11 399
Aegaisitions de terrains. . . . . . . . 30 718 30 718
Terrassernents et ouvrages d'art. . . .
Voies de ſer el accessoires. . . . . .
89 390 75 905
120 700 65 850
Gares et dépendances . . . . . . . . 14000 10 000
Dépenses diverses. . . . . . . . . . 10 418 10 103
Ensemble.. . .. . . . .
Matériel roulant 281 712 203 975
,.. 48 000 24 000
Total. . . . . . . . . . . . . . 329 712 227 975

Depuis lors on a pu construire quelques chemins dans


des conditions très-économiques ; plusieurs personnes se
sont étonnées des différences; d'autres en ontconçu les plus
belles espérances pour l'extension des cheminsde fer ; d'au
tres ont pensé qu'il fallait, pour tous les chemins secon
daires, renoncer à la grande voie de ".44 et adopter une
voie étroite de imètre à 2 . 10 au plusde largeur.
Nous allons chercher à fixer les idées à cet égard, en met
tant en relief les causes principales des différences.
Nous copions d'abord ici les considérations très-justes,
que notre camarade Marchal vient de présenter au sujet
des routes et des chemins vicinaux.
Toutes les parties, dit-il, d'une même route ou d'un
même chemin sont loin de coûter le même prix. En plaine,
quand il n'y a aucun obstacle à franchir, aucune ville ,
aucun bourg à traverser, le prix est faible, quel que soit
le genre de voie ; mais quand il faut gravir les pentes es
carpées, faire sauter des rochers, franchir des rivières,
traverser des villes, bourgs ou villages, le coût augmente
de suite considérablement. Or, que fait-on dans tous les
cas ? On laisse à la charge de la voie principale les frais
des principaux obstacles; et les voies d'ordre inférieur
viennent se souder à celle-là, après ou avant les obstacles
franchis, de manière à profiter des dépenses faites pour les
franchir. C'est ainsi que les routes d 'partementales se sou
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
dent aux routes impériales, les chemins de grande com
munication aux routes départementales, les chemins d'in
térêt commun aux chemins de grande communication, etc. ;
rien de plus logique, et c' est là , indépendammentdes dif
férences de largeur et d'épaisseur des chaussées, l'explica
tion des différences de prix de ces différentes natures de
voies de communication .
Évidemment ces considérations sont surtout applicables
aux chemins de fer : les grandes lignes ontdû franchir tous
les obstacles quels qu'ils fussent; les lignes secondaires ont
pu souvent profiter des premières pour éviter des obstacles
semblables, et les embranchements tertiaires devront, au
tant que possible , se placer sur des terrains faciles.
Sur le chemin de Tours à Bordeaux, où les besoins du trafic récla
maient impérieusement des pentes faibles, les 7 premiers
kilomètres au sortir de Tours ont exigé, pour les terras
sements et les ouvrages d 'art, une dépense kilométrique francs.
de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 490 000
Les 7 kilomètres suivants, dans la vallée de l'Indre . , 674 000
Tandis que les 14 kilomètres à la suite, ont coûté seule
ment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 ooo
Oue 15 kilomètres dans la vallée de la Vienne ont coûté . 22 736
Et que 22 kilomètres dans la vallée du Clain ont coûté. 38 049

Les chemins secondaires qui arriveront maintenant se


souder sur la grande artère de Paris à Bordeaux adopte
ront d 'abord des rampes plus fortes, et saurontprofiter des
ouvrages faits pour la traversée des passages difficiles.
Il est donc tout à fait impossible d 'établir å priori les
dépenses kilométriques des nouveaux chemins à construire ,
d'après les dépenses kilométriques moyennes des chemins
construits précédemment. Il faut absolument se rendre
compte d 'abord de la situation topographique du pays et
des conditions du trafic, et rechercher un chemin construit
dans des circonstances analogues pour en étudier les dé
penses.
CHEMINS DE FER A BON MARCHÉ.
D'après les renseignements recueillis sur un assez grand
nombre de chemins construits dans ces derniers temps,
nous pensons qu'on pourrait évaluer ainsi les dépenses
kilométriques moyennes de premier établissement, pour
un chemin ordinaire construit à une seule voie,mais avec
terrains acquis pour deux voies :
$ 19 . Plate -forme du chemin . francs. francs .
1* Études et frais généraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 000
Acquisitions deterrains. . . . . .. . . .. . .
. . .. . . 20 000
3e Terrassements et ouvrages d 'art ( compris maisons del 140000
garde, chemins devies et consolidations). . . . . . .
** Somine à valoir el interés pendantles travaux. . . . .. . 15 000
95000

S 2. Voies, stalions et divors.


5* Foiede devoiefer. avec railsde 36 kil. pour 1mét. francs. | francs.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Ballastage 2** *. 50 à 4 francs. . . . :. :. :. : : | 10 S 40.00
Voies de garage et de service 0 .25 à 40'.00. . . . 10.00
Chang ements et croisements de voics, plaques
tournantes et divers. . . . . . . . . . . . . . 4.00
| 54.00
Soit pour un kilometre de chemin. . . . . 54000
Stations, y compris les installations des gares de tele et 90 000
la partproportionnelle
7º Alimentation d 'eau , mais dans les gares clotures,
de signaux, communes.elc .. .. ..
20 000
7 000
s• Somme à valoir et intérêts pendant les travaux. . . . . 9000
Ensemble. . . . . . . . 230 000
S 34 .. Matériel
B roulani.. .• .• • • • • • • • • • 25 000

Dépense totale kilométrique. . . . . 255 000

Nous allons présenter quelques observations rapides sur


les divers articles de ce sous-détail.
1° Etudes et frais généraux. — On sait aujourd'hui com
bien il importe d'étudier très-soigneusement le terrain ; il
n'est pas moins nécessaire d'assurer la bonne exécution
des travaux ; et les économies à rechercher sur ce premier
article seraient souvent fort regrettables.
2° Acquisitions deterrains. — Les dépenses, pour ces ac
quisitions, pourront varier beaucoup suivant la valeur et
la division du sol, la nature de culture, et suivantla ma
pière dont les terrains seront acquis. L'intervention di
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
recte des communes pourrait, à cet égard , procurer des
avantages très-réels et obtenir quelques sacrifices de la
part des propriétaires, qui trouvent toujours une grande
compensation dans l'établissement du chemin de fer.
3° Terrassements et ouvrages d 'ari. — C'est là l'article
de dépense essentiellement variable ; et c'est pour dimi
nuer le plus possible ces dépenses qu'une étude très-atten
tive du pays est si éminemment utile.
4° Intérêts pendant les travaux . — Comme jusqu'à ce jour
les actionnaires ont voulu recevoir des intérêts à dater du
jour où ils versaient leur argent, il ne faut pas oublier de
porter cet article dans les prévisions, d'autant plus que le
service des intérêts fonctionnera très -régulièrement jus
qu'au jour où les produits du chemin seront suffisants pour
couvrir tous les frais d 'exploitation , en même temps que
l'intérêt et l'amortissement de tous les fonds engagés dans
l'entreprise.
5° Voie de fer . — Cet article est peu variable ; mais sou
vent on présente des évaluations différentes, parce qu'on
n 'y comprend pas les mêmes choses, ou parce qu'on oublie
divers éléments.
Dans le détail qui précède, nous avons cherché à mettre
chaque partie en relief, et nous avons établi le prix d 'un
mètre linéaire de voie , en évaluant les matériaux aux prix
actuels, avec les transports nécessaires pour les rendre à
pied d 'euvre.
Nous avons indiqué des rails de 36 kilogrammes parce
qu'avant tout, dans un chemin de fer, il est nécessaire
d'avoir une voie solide, et que ce serait se tromper gran
dement que d 'économiser à ce sujet.
Et nous avons compté la quantité de ballast qui est
constamment employée pour avoir une bonne voie .
Puis, pour les voies de garage et de service, nous avons
dû compter , par mètre linéaire de chemin , 1 " .25 de voie .
. 6° Stalions. — La dépense kilométrique des stations
CHEMINS DE FER A BON MARCHÉ.
pourra varier beaucoup suivantla nature et le nombre des
constructions à établir, la longueur du chemin et la parti
cipation , dans les gares communes, avec les chemins d 'em
branchement.
Il en est de même des dépenses relatives à l'alimenta
tion et aux mâts de signaux.
Et quant aux intérêts pendant les travaux, nous devons
rappeler les considérations présentées pour cette même
chose à l'article 4.
Enfin, pour ce qui concerne les dépenses des terrasse
ments et des ouvrages d'art,dépenses essentiellement va
riables, comme nous venons de le dire, nous donnons ici
les dépenses moyennes qui ont été faites sur diverses
lignes :
LONGUEUR
DÉPENSE KILOMÉTRIQUE.
DESIGNATION DES CHEMINS. en Terrasse Ouvrages d'art ENSEMBLE
compris
kllomètres) ments. maisonsde garde

kilom . francs. francs. francs.


Poitiers à la Rochelle. . . . . 133 59076 27045 86 121
Tours auà Mans. . . . . . .. .. 51330 41 058 92 388
Nantes Saint-Nazaire. 02 69416 62 861 132 277
Sarenay à Châteaulin .. .. .. . 247 68 154 49 759 117 913
Agray a Napoléonville 51 37661 38 470 76 131
Chateaulin à Landerneau.. . 52 104879 134 235 239 115
Brétigny à Tours par Vendome. 202 49086 35 060 84 146
Bourges à Montluçon . . . . 100 42515 15054 57 569
Montluçon àà Limoges. 77 398 47 715 125 113
Montluçon
Meauzé à Moulins. .. .et. .. à.. ..la..
Aigrefeuille
139
$8 122 737 31 078 153 815
Rochelle . . . . . . . . .. 43 25 999 2570 28515
Orleans à Tours. . . 115 338 .13 54051 87 894
Tours à Poitiers. . 112 79 837 101 199 181 036
Paris à Lyon . . . . . . . . 383 198 203
à Marseille.
Avignon belges . . .d 'Etat). 126 332 778
IChemins (chemins 559 95 000
Principaux cbemins anglais. . .1 1360 320 000

Il résulte de ce qui précède que s'il s'agissait d'un em


branchement de peu de longueur, dans un paystrès-facile ;
– si les terrains pouvaient être acquis par les communes
elles-mêmes, dans des conditions très-favorables ; – s'il
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
n 'y avait aucune autre station à construire qu 'un simple
bâtiment à l'une des extrémités, sans voies de garage ac
cessoires, on pourrait, tout en conservant une bonne voie
ordinaire, établir le chemin avec un prix relativement très
faible.
La dépense à faire pour la plate- forme du chemin de
pend , nous l'avons dit, de la topographie du pays et des
pentes que l'on peut admettre.
La voie proprement dite est la chose importante ; on doit
de suite la bien établir , et la dépense qui en résulte n 'est
pas excessive.
Mais en ce qui concerne les stations avec leurs bâtiments
et dépendances, les voiesde garage, les plaques tournantes,
l'alimentation , les ateliers, etc ., comme en toute chose , il
faut payer ce qu'on veut avoir ; et, sur les chemins à très
bon marché, souvent cités comme types, presque tout a été
omis .
Or les chemins belges nous offrent un exemple frappant
des conséquences qui peuvent en résulter . — En eſſet, la
dépense kilométrique des 71 kilomètres qui existaient en
1836 ne s'élevait qu'à 72276 francs .
Mais au fur et à mesure que l'exploitation se développa ,
il fallut compléter successivement les premières installa
tions, de sorte que la dépense kilométrique s'éleva rapide
ment, et le tableau ci-après représente la marche de ces
augmentations successives pour l'ensemble des chemins qui
sont restés la propriété de l'État.
CHEMINS DE TER A BON MARCHÉ. ARA

NOMBRE DÉPENSES
ANNÉES. de kilomètres kilométriques
livres
i l'exploitation . svecessires.

kilomètres. francs.
1836 71 72276
1837 144 126 321
1833 257 132 295
1839 309 152 765
1810 336 184954
1841 382 197 855
1842 438 218 105
1843 247 432
1844 258 474
1845 267 346
1850 298 941
1855 319 096
1960 310615
1862 358 354

Après avoir examiné ainsi les dépenses que doit entral


ner l'établissement d'un chemin de fer à grande voie, c'est
à-dire avec la voie ordinaire de 1º.84 de largeur, nous
allons voir quels seraient les résultats de l'adoption d'un
rail plus léger,
Ou d'une voie de 1º. 10 de largeur seulement.
Et, pour cela, nous donnons ci-après (page 10) les dé
tails des dépenses de diverses voies, en adoptant pour les
matériaux les prix de revientactuels à pied d'ouvre.
Au moyen de ces sous-détails, il est bien facile de se
rendre compte des économies que l'on peut réaliser en
employant soit des rails plus faibles, soit une petite voie
de 1". 10 de largeur.
Ainsi, on économiserait seulement par mètre linéaire de
grande voie :
Avec des rails de 30 kilogrammes, 13 kilog. de fer à o'.22 = 2 .86
Avec des rails de 25 kilogrammes, 23 kilog . de fer å oʻ.22 = 5 .06
Et comme il seraitnécessaire d'avoir au moins le même
nombre de traverses et la même quantité de ballast pour
CO
conserver à la voie une stabilité suffisante, nous pensons
sons

qu'il y a toujours avantage à employer des rails forts.


10 OIRES ET DOCUMENTS .

linéaire
ON

metro
. ITÉ
QUANT

d'on
MONTANT

l'unité
PRIX
.de

devoie
PRIX
partiel
DÉSIGNATION DES OBJETS.

.
total
.
.
S 1" . Voie ordinaire
de 6 ".09avecderails à double champignon
longueur. kilog. francs. Trapes. francs .
Rails pesant
Eclisses pesant36 gk.50
50 le lamétre linéaire.
paire. . . . . .. .. .116. ,(19 .00). . . 73.00
3.20
| 220 .001 >
240 00 0.77
16 .00
Boulons d'éclisses
Coussinets en fonte pesant
pesant chacun
chacun 04.50.
gk.00. 1/6 (14)
1/6 i 4k.001.
(9 . . 21.00
.00). 0 .70 380.00 0 . 27
175.00 03.68
Chevillettes pesant chacune ok.28. . . . 1/6 (28) (06.28 ). 1.30 280.00 .36
Coins en bois. . . . . . . . . . . . . . . . 1/6 (14). . . . . 2 1/3 0 .10 0. 25
Traverses, compris transport et prépa 7.00 8 . 20
ration
Sabot age. et. .range
. . . ment
. . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .1/6. (. 7).. .. .. .. .. .. 11/6 0.20
Distribution des matériaux de la voie dans les divers
chantiers. . . .
Posevolesdesmemes.
voies, .compris les divers transports sur les] 1.47
.. .. . . . . . . . .. . . . . . . . . 1 80
Total.. . . . . . . .. . . . . . . . . 33 .00 33.00
$ 2. Foieordinaire avecrails Vignole,
do 6" .00 delongueur.
Rails pesapesant
Rails nt38 gk.50
; 50lemétre
Eclissespesant364.50
paire.linéaire.
lala paire. nok so. 116 (195.00).
. . . . .. ..1/6 (4\.00);
. . . . . . 73 .00 | 220 .00
. . ] 3.20 1240.00 0 .77
16 .00
Boulons d'éclissespesantchacun
Crampons pesant chacun ok.40. .ok.50
. . .. 1/6
1 6 (45.00 ). . . . ).. 0.70
(3k .00 )(ok.40 2. 20 380.00
280.00 00.62
.27 1.93
Selles de joint pesant chacune 3k.00.
Traverses ordinaires . . . . . . . . . . . 1/6 (66.00). . . . . 1 . 00 270 .00 0 .27
7 .00 7.00 8 . 40
Traverses de joint. . . . . . . . . . . :. : . : . :. : . : 1.00
Distribution des matériaux de la voie:. dans les divers 1 /6 8 .40 1 .40 1 .47
Posevoiesdesmêmes.
voies, .compris les divers transports sur les
.. . . .. .. . .. ... . . ... .. . 1.80
Total. . . . . . 29.60 29.60
$ 3. Voie deavec1 .10'rails
de largeur
de 5" .vodudechemin
longueur.de Mondalazac )
Rails pesant 164.50 le mélre linéaire. . . . . . . . . . . . 33.00 | 250 001 » 8 .25
Crampons
Eclisses de 0 2.10.80dela largeur.
pesant paire. . .. .ensemble
. . . . . . 1/5 (55.60).]
. . . 51/
isu3 400.00
0 .10 0.53
0.45
Boylons d'éclisses, les
0 .80 . . . . . . . . . . 4 pesant
Traverses de 1** 60 de longueur, espacées . . . .de. 115
0 .75.(14.60).1
. . . 0.32311
900.00
.50
0.29 2 .00
Transport des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . 0 . 86
Pose des voies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 . 10
13.48 13.48
Il faudra d'ailleurs ajouler, parmètre linéaire de voie, 2 .50 ballast,.lesquels,
au prix moyen de 4 .00 mis en place ,nécessiteront une dépense ded'environ . .. ..
CHEMINS DE FER A BON MARCHÉ. 11

Et comme la solidité de la voie dépend essentiellement


du ballast, il y aura peu à économiser sur cet article , même
pour la petite voie, dès qu 'elle sera destinée au transport
des voyageurs.
Si l'on employait la voie de 14 . 10 dans le seul but de .
rédaire de o " .40 la largeur de la plate -forme du chemin
et du ballast, on obtiendrait évidemment une bien faible
économie . Mais ordinairement lorsqu'on adopte cette voie ,
on admet en même temps des rayons très -petits, de moins
de 100 mètres, et dans un pays très- tourmenté, on peut
épouser alors toutes les ondulations des vallées, de manière
à diminuer singulièrement les travaux de la plate - forme du
chemin .
Mais ces chemins, qui se placent en dehors du réseau ,
conviennent tout spécialement aux petites lignes indus
trielles.
C'est ainsi que le chemin de fer de Mondalazac, d'une
longueur de 7 kilomètres, a été construit pour le transport
du minerai de fer de Lagarde, de Mondalazac à la station
de Salles -la - Source , sur la ligne de Rodez , et ce chemin
présente un grand nombre de courbes de 100 mètres de
rayon, trois de 75 mètres, une de 60 mètres et une de 40
mètres.
Dans ces derniers temps, on a de même construit, dans
le Nord , un petit chemin sucrier, dont les trains vont ré
colter les betteraves dans chaque grande exploitation , pé
nètrent jusque dans dans les corps de fermes, et s'étendent
sans cesse, au fur et à mesure que la culture de la bette
rave se propage.
Les rails sont posés presque à fleur de terre , le chemin
coûte fort peu, et les propriétaires en ont souscrit les ac
tions avec empressement, parce qu 'ils savent bien qu'ils
gagneront sur les récoltes de leurs champs, plus qu'ils ne
peuvent perdre sur l'intérêt de leurs actions. C'est là en
core un excellent exemple de chemin industriel.
12 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Comme exemple des embarras qui peuvent être la con
séquence presque immédiate des chemins établis d'une
manière trop incomplète à l'origine, on peut citer ce qui
vient de se passer pour le chemin de fer de Saint- Éloi.
La Société des houillères de Saint-Eloi avait fait con
struire, dans ces dernières années , un chemin de 11 kilo .
mètres de longueur, destiné spécialement au service des
mines, et cependant avec la grande voie de 1” .44.
Le décret de concession du 22 octobre 1862 obligeait
la Société à établir sur ce chemin , qui se relie à la ligne
de Commentry à Gannat, un service public pour le trans
port des marchandises et des voyageurs , dès que l'utilité
en serait constatée; les conseils généraux des départements
intéressés viennent de le demander avec de telles instan
ces , que le gouvernement a dû prescrire l'installation im
médiate de ce double service. Mais nous voyons, dans le
projet de loi présenté aux chambres le 1er mai 1868, que
la Société des mines de Saint-Éloi, après avoir dépensé des
sommes considérables, dépassant toutes ses prévisions, ne
se trouve pas en mesure de pourvoir aux dépenses supplé
mentaires que doit entraîner l'installation du service des
marchandises et des voyageurs, et qu 'elle offre de céder
complétement à l'État, au prix de 1 million de francs, le
chemin qui lui avait coûté 1700 000 francs.

En résumé, nous pensons que les chemins de fer indus


triels peuvent être construits avec une voie de petite lar
geur, toutes les fois qu'ils sont destinés à des transports
spéciaux, et qu'ils ne doivent pas se trouver plus tard com
pris dans le mouvement général des chemins ordinaires .
On peut alors employer des courbes de très-petit rayon ,
établir les voies très-sommairement, etne faire que le strict
nécessaire.
Mais si l'on voulait, au contraire , établir de suite une voie
susceptible de donner passage à des trains de marchan
CHEMINS DE FER A BON MARCHÉ. 13
dises et de voyageurs, il faudrait une voie solide bien as
sise ; et une réduction de oº .40, dans la largeur de cette
voie , de présenterait pas une économie capable de com
penser la dépense et les embarras d 'un matériel spécial.
Nous pensons donc qu'on doit alors employer la voie
ordinaire de 19.44 de largeur.
Et comme les rails légers procureraient encore une assez
faible économie, parce que les traverses doivent être d'au
tant plus rapprochées que les rails sont plus faibles, nous
pensons également qu'il est avantageux d ' employer des
rails très- forts, c'est- à-dire les rails adoptés communé
ment aujourd'hui, et pesant environ 36 kilogrammes le
mètre linéaire.
Seulement, si l'on ne doit rien économiser pour la voie de
fer qui constitue le chemin même, on doit au contraire
s'appliquer, pour tous les accessoires, à ne faire que le né
cessaire, tout en ménageant l'avenir avec le plus grand
soin . Ainsi,pour les gares , il faudra rechercher des empla
cements où l'on puisse s' étendre successivement; il sera
fort utile d 'acquérir de suite d'assez larges superficies de
terrains, et l'on devra tout disposer en vue du développe
ment du trafic à espérer un jour ; mais on devra n ' établir
à l'origine que les voies de service et les constructions ré
clamées dès le premier jour pour les besoins de l'exploi
tation .
Nous ajouterons enfin que si l'on veut obtenir la construc
tion immédiate d 'un grand nombre de chemins de fer se
condaires, il est absolument nécessaire que les intéressés
en souscrivent les actions sans exiger des intérêts trop
hâtifs , parce que ces intérêts pris sur le capital même,
pendant le temps de la construction et pendant tout le
temps de l'insuffisance des recettes, peuvent singulièrement
augmenter les frais de premier établissement, et peuvent
causer la ruine même des entreprises, surtout si, au fur
et à mesure que les recettes s'élèvent, on est obligé de dé
24 ( MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

penser encore des sommes considérables pour compléter


le chemin et pourmettre les voies et les gares en rapport
avec le développement du trafic.
Les personnes intéressées à la construction d'un chemin
de fer devraient songer que l'augmentation de leurs reve
nus leurpermet de sacrifier les intérêts des sommes qu 'elles
consacrent à l'amélioration de leur avoir ; c'est ainsi que
fait l'État, dont le budget comprend toutes les branches
de la fortune publique, et c'est ainsi que font ces proprié
taires du Nord , qui ont contribué à construire le petit cbe
min industriel dontnous avons parlé précédemment, et dont
le développement paraît prendre un rapide accroissement.
CURAGE DES PORTS . 15

N° 227
MÉMOIRE
Sur l' envasement et le dévasement du port
de Saint-Nazaire.
Par M . LEFERME , ingénieur des ponts et chaussées.

Lorsque, dans les premières semaines de 1858 , nous


avons été chargé du service du port de Saint-Nazaire, la
situation du premier bassin à flot , livré depuis un an à
peine au commerce , était devenue fâcheuse. Il existait
en effet , dans ce bassin et dans le court chenal qui lui
donne accès à la mer 225 000 mètres cubes de vase , et
deux dragues empruntées , l'une au service de la Loire ,
l'autre à l' industrie , ne parvenaient point à combattre un
apport journalier considérable. L 'envasement, masqué aux
débuts par les suites d 'un accident, se révélait alors avec
une gravité telle, qu'on devait se demander s'il ne faudrait
point acheter au prix de sacrifices hors de proportion avec
les services rendus la jouissance des travaux déjà faits et
de nature , dans tous les cas, à compromettre singulière
ment l'avenir que semblait assurer au nouveau port la
large échelle sur laquelle avaient été exécutés les premiers
ouvrages et sa position exceptionnelle au contact immédiat
de l' une des grandes artères navigables du pays , d 'un che
min de fer et d 'une rade d'une excellente tenue et remar
quablement calme. On comprend dès lors combien nous
ayons dû nous préoccuper de la question de cet envase
ment, question de premier ordre et à bien des égards nou
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
velle, qu'il était absolument nécessaire de résoudre avant
d 'étudier la seconde série d'ouvrages qu'on nous demandait
de projeter.
Après dix-huit mois consacrés à des observations, à la
construction et à l'expérimentation d'un nouvel engin ,
nous étions à mêmede formuler des propositions défini
tives consignées dans un rapport en date du 10 décem
bre 1859 et approuvées par l'administration supérieure
dans les premiers mois de 1860. Le pºr mai 1861 nous
disposions de tout le matériel demandé , et , à la fin
de 1863, le port de Saint-Nazaire était à l'état d' entretien
dans des conditions de temps et de dépenses en tout d' ac
cord avec nos prévisions. Depuis cette époque jusqu 'au
1 " août 1867, jour où nous avons cessé d' être chargé du
service, les résultats déjà acquis ont été de nouveau con
firmés et , au total, les craintes conçues, il y a dix ans,
sont aujourd'hui dissipés. Si l'on se trouve, il faut le re
connaître , en présence d'un mal sérieux , on en connait
bien du moins l'étendue ; on est convenablement outillé
pour le combattre et l' on peut avec avantages soutenir,
sans dépenses exagérées , la lutte de tous les instants im
posée par les conditions du nouveau port , dont l'avenir
est assuré.
Il a semblé qu'il y avait quelque intérêt à résumer l'en
semble des faits constatés pendant la longue expérience de
dévasement que nous avons eu à suivre à Saint- Nazaire ,
alors surtout que les exigences de la navigation imposent
des tirants d 'eau de plus en plus grands dans les ports et
qu'il faut par suite de plus en plus compter avec les en
vasements ; aussi avions-nous reçu, dès 1864 , l'invitation
de refondre, sous forme de mémoire, les différents rap
ports présentés sur une question qu'on pouvait déjà con
sidérer comme résolue. Les exigences du service ne nous
ont pas permis de nous conformer immédiatement aux
prescriptions de l'administration supérieure ; il y avait
CURAGE DES PORTS . 17
intérêt d' ailleurs à voir confirmer , pendant une période
d' entretien proprement dit , les faits établis pendant une
période de transition , et comme ils l'ont été de la façon
la plus satisfaisante , nous ne pouvons regretter d'avoir,
avant d'en rendre compte aujourd'hui, prolongé l'expé
rience jusqu'au jour où nous avons remis le service.
Envasement du bassin . — Le premier bassin de Saint
Nazaire (le seul encore livré au commerce), d’une super
ficie de 1obect,54, est exclusivement alimenté par les eaux
de la rade avec laquelle il communique au moyen de
deux écluses , l'une de 25 mètres d'ouverture sans sas ,
l'autre de 13 mètres à sas, mais dont le sas de 60 mètres
est déjà trop court pour la plus grande partie des nom
breux bateaux à vapeur qui fréquentent le port. Il y a
donc à peu près à toute marée contact libre entre les eaux
du bassin et celles de la rade, qui jouent librement d'ail
leurs dans le chenal d'accès dont la superficie n'est que de
boct.35.
Ces eaux sont presque toujours très-troubles et chargées
d'une quantité tout à fait inusitée de matières extrêmement
fines tenues en suspension par la moindre agitation , mais
qui se déposent très- vite dès que le calme devient complet ,
comme dans le bassin ou tout autre endroit clos , Ces ma
tières constituent alors une vase savonneuse, très-douce
au toucher et, à l'ail nu , sans la moindre trace de sa
ble (*). Elles ont, à la longue, déterminé sur les rives de
la rade la formation de vasières en quelques points con
(* ) M . l'ingénieur en chef des mines Delesse, qui a eu l'obligeance
d 'examiner les échantillons que nous lui avons envoyés, ne qualifie
pasmoins scientifiquement le dépôt de sable argileux, gris brunâtre
fin . La teneur en carbonate de chaux n 'est que de 2 . 5 à 2 . 7 pour
100. Le résidu de l'attaque par l'acide chlo : hydrique est parfaite
ment blanc , composé de quartz.
M . Delesse y a observé un peu de silex , de la lydienne noire, du
grenat et quelques grains verts de péridot. Le zircon et même le
rubis semblent également s ' y rencontrer. Parmi ces minéraus ,
Annales des P. et Ch.MÉMOINES. – TOME SSIII.
18 . MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
sidérables, et c'est au milieu de l'une d'elles que le che
nal a été creusé jusqu'à 6 et 7 mètres en contre-bas de la
surface.
Pressé par le temps, nous avions d'abord cherché à éva
luer l'importance des dépôts qui, dans de semblables con
ditions, devaient nécessairement se faire dans le bassin ,
en recueillant chaque jour et pendant plusieurs mois , lors
que les écluses étaient ouvertes, un même volume d 'eau
pris de mètre en métre au -dessus des radiers. En compa
rant le dépôt obtenu en réunissant tous ces volumes à ceux
des vasières que nous avions sous les yeux et dont la den
sité est de i 430 , celle de l'eau douce étant 1 000 , nous
pensions pouvoir établir la moyenne de la quantité de vase
en suspension dans un mètre cube d'eau de la rade, et
comme il était facile de calculer le volume de cette eau
introduit chaque année dans le bassin , il eût alors sufli
de multiplier les deux résultats l'un par l'autre pour ar
river au cube de l'envasement annuel.
Il nous a malheureusement fallu reconnaitre que ce pro
cédé, qui se présentait tout naturellement cependant, était
entaché d'une double cause d'erreur et conduisait à un
cube beaucoup trop faible .
D'une part, en effet, les tranches de l'eau de la rade ne
se transportent pas verticalement lorsqu'elles entrent dans
le bassin . Leur pied est fortement incliné en avant (* ) et le
remplissage continue par le fond alors que le courant est

le silex et le péridot ne sauraient provenir du rivage qui est grani


tique, d 'où cette conséquence que les dépôts vaseux de Saint-Na
zaire seraient dus en partie aux alluvions de la Loire .
Il serait trop long et hors de la question d 'examiner ici quelle
est en réalité l'origine de ces dépôts.
(*) Ce fait, que l'on pouvait d'ailleurs pressentir , est facile à con
stater .
Lor:qu'on ouvre les portes du bassin par un temps calme,
un nuage vaseux, nettement délimité à la surface, envahit les
eaux clarifiées par un dépôt de douze heures. En descendant on
CURAGE DES PORTS. 19
déjà renversé à la surface. Les couches de fond , les plus
chargées de vase, entrent donc dans le bassin en bien plus
grande proportion que celles de la surface, et connût-on le
rapport, comme la répartition des matières en suspension
dans une tranche verticale varie chaque jour avec la direc
tion et l'intensité du vent, l'état de la mer , les crues du
fleuve, etc ., la moyenne que nous avions cherché à établir
est tout à fait illusoire.
D'autre part, une cause d 'erreur plus spéciale à Saint
Nazaire était due à ce que nous avions comparé les dépôts
obtenus pendant l'expérience à ceux des vasières, les seuls ,
avons-nous dit, que nous eussions sous les yeux , ceux du
bassin et du chenal ne découvrant jamais. On arrivait bien
ainsi à élablir les quantités absolues de matières contenues
dans des dépôts qui en général et pour peu que les vases
soient mélangées de sable, comme nous venions de le voir
au port de Honfleur, ont un volume à peu près constant,
mais il en est tout autrement à l'embouchure de la Loire , et
I'on ne tenait pas compte d'un changement de volumeavec
l'âge qui, comme nous le ferons voir plus loin , a une impor
tance considérable .
Nous avons donc dû renoncer à évaluer l'envasement
annuel du bassin en nous appuyant sur des expériences
directes et chercher à y parvenir par des sondages suffisam
ment distants et une étude minutieuse du régime des vases,
Il serait trop long de discuter dans ce mémoire les résul
tats d' expériences reproduites sous des formes très diverses,
tantôt en étudiant les dépôts dans de longs tubes de verre,
tantôt en les recueillant directement (*) en des points où

avant de ce nuage età des distances d 'autant plus grandes qu'on s' en
éloigne davantage , de petits appareils vides qu 'on peut ouvrir à des
profondeurs déterminées, de façon à recueillir une certaine quan
tité d 'eau , on reconnaît sans peine des limites aussi nettes et une
propagation de plus en plus rapide des filets d 'eau vaseuse ,
(* Le procédé qui nous a le mieux reussi pour recueillir les
20 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
l'on connaissait leur âge. Ces résultats , qui se sont contrôlés
de la façon la plus satisfaisante , ont en somme permis d 'éta
blir que quand les eaux vaseuses de la rade sont introduites
dans le bassin ou dans toutautre endroit clos, les matières
en suspension sont, au boutde deux ou trois heures, com
plétement séparées.
Dans le bassin , par exemple, un appareil vide descendu
à quelques centimètres au-dessus de la surface du dépôt
vaseux, que la sonde (*) accuse très-nettement, et ouvert
seulement alors, ne rapporte que de l'eau parfaitement
claire. Le même appareil descendu à quelques centimètres
au -dessous rapporte au contraire une vase dont le densité a
été constamment trouvée, dans les nombreuses expériences
faites tant dans le bassin que dans le laboratoire, de 1 175.
Cette vase initiale (**), si nous pouvons nous exprimer
vases, et que nous croyons devoir citer dans le cas où l'on aurait à
faire des études de même nature, consistait à descendre verticale
ment au milieu des dépôts et jusqu 'à quelques centimètres au -des
sus du fond du bassin un tube en zinc ouvert aux deux bouts,
mais qu 'un petit mécanisme permettait ultérieurement de fermer
à son extrémité inférieure. En retirant ce tube et le sciant par
tronçons, il était alors facile d 'obtenir la densisé des matières en
chacun des points du cylindre de vase qu 'on avait rapporté ,
cylindre dont la constitution était évidemment pareille à celle des
dépôts.
(* ) On comprend qu 'en présence de dépôts aussi peu consistants
que ceux de Saint-Nazaire on ne saurait s'entourer de trop de pré
cautions pour faire des sondages.
Tous nos sondages, pendant dix ans, ont été exécutés par le
même éclusier avec , sinon la même sonde , du moins des sondes
formées de la même façon , d'une tige en sapin de 6 centimètres
de diamètre et de 8 mètres de long, terminée par une planchette
quarrée de 15 centimètres de côté et lestée de façon à plonger de
5 mètres. Comme dans nos sondages, exécutés en morte eau , les
profondeurs d 'ean varient de 59 .50 à 7 .50, il suffit d 'un très petit
effort pour faire enfoncer la sonde et la moindre résistance s'ap
précie facilement.
(* *) Le métre cube de cette vase pesant 1175 kilogrammes con
tient 298 kilogrammes de matières solides pesées après complet
desséchement .
CURAGE DES PORTS. 21
ainsi, laissée, bien entendu, sous l'eau, perd avec le temps
une partie del'eau en quelque sorte combinée; elle se tasse,
mais avec une extrême lenteur, etmet environ dix -huitmois
à atteindre la densité finale i 430 des dépôts des vasières
du rivage. Son volumes'est réduit alors dans la proportion
considérable de 2.71 à 1.
Le tableau suivant donne d'ailleurs les variations, en
volume et en densité, de cette vase initiale mois parmois
pendant leshuit premiers :
DENSITÉS AUGMENTATION DIMINUTIONS
successives de densité VOLUMES de volume
AGE DE LA VASE . corres par successifs.
pondantes. mois. par mois. cumulées.

o1 àá 2i mois 1 175
1 180 0 .005
1000
968 (1) 32
2 à 3 1195 0 .015 882 118
3 à 4 1222 0 .027 760 210
4 à 5 1 250 0028 665 335
5 à 6 1 276 0 .926 596 404
458
6 à 7 1 301 0 025 542
788 1323 0 .022 502 498
0 .011
Environ 18 mois. . 1430 369 OS

Il ressort de ce tableau que le volume initial de la vase


de Saint-Nazaire quand, il ne faut pas l'oublier, elle est
toujours immergée, n'est encore réduit que d'un quart au
Nous avons admis dans tous les calculs de volume que la
densité de l'eau de la rade et du bassin était, comme celle de la
mer, de 1026 . Ce n 'est cependant sans doute vrai que pendant
quelques mois d 'été , lorsque la Loire est à l'étiage. Le plus ordi
nairement l'eau de la rade n 'a qu'une densité de 1018, mais les
expériences qui ont conduit à cette densité n 'ont été suivies que
pour les eaux de surface et vraisemblablement les eaux de fond
sont un peu plus lourdes. Il eût été bien long d'établir la densité
moyenne réelle de celles-ci, et il n 'y avait d'ailleurs aucun incon
vénient à admettre uue densité de l'eau un peu trop forte, puis
qu'on ne fait alors qu'augmenter très-légèrement le volume des
vases de densités inférieures à 1430.
22 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
bout de trois ou quatre mois et qu'il faut de septà huitmois
pour qu 'il soit réduit de moitié. La diminution de volume
et, comme conséquence, l'augmentation de densité, très
lentes à l'origine, alors que la vase initiale flotte en quelque
sorte à la surface des dépôts, atteignent leurs maxima vers
trois ou quatre mois pour décroître ensuite, et ce n 'est que
très-lentement que la vase acquiert ultérieurement sa den
sité limite de i 430.
Au tableau qui précéde il faut, pour établir le régimedes
dépôts vaseux du bassin , ajouter, suivant leur importance
et leur âge, celui des densités successives des couches de
vase quiles constituent. Or une expérience facile à faire et
plusieurs fois répétée, en draguant à fond sur une certaine
étendue, a permis de constater que dans le voisinage des
écluses la hauteur totale du dépôt atteint 2 mètres en
moyenne en huit mois et que, dans ce dépôt, les couches
successives ontles densités suivantes :
NUMÉROS DAUTEUR HAUTEUR DENSITÉ
de chaque couche du dessus du dépot
des couches. obserréo . au -dessous des couches.
de chaque couche.
mètres. mètres,
0 .35 0 . 35 1. 175
0 . 25 0 .60 1 . 181
0 .20 0 .80 1 .196
0 . 20 1 .00 1 .214
0 . 20 1. 20 1. 235
0.20 1 . 40 1. 258
0 . 20 1 00 1.284
0 .20 1.80 1 .307
0 .20 2 .00 1. 330
Hauteur lolale
du dépôt. . . 2.00

L'abondance des dépôts est moindre loin des écluses ;


elle diminue à mesure qu'on s'en éloigne et, dans le même
laps de temps, leur hauteur n'atteint que quelques déci
mètres aux extrémitésdu bassin ;mais dans tous ces dépôts
les couches de même densité se succèdent dans le même
ordre et la même proportion .
CURAGE DES PORTS. 23
Ces faits acquis , en multipliant et discutant les sondages,
connaissant d'ailleurs l'âge des vases en chacun des points
du bassin , nous étions maître de la question et nousavons
pu annoncer dans le rapport du 10 décembre 1859 que,
dans les conditions normales d 'exploitation de ce bassin , le
jeu des marées y introduirait chaque année 60600 mètres
cubes de vase ramenée à la densité-linite 1 430 de celle
des vasières. Mais on comprend déjà qu' en présence d'un
apport aussi abondant et d 'aiileurs incessant, on n' est pas
libre d'attaquer les dépôts à son heure, alors qu'ils présen
teraient tout à la fois un moindre volume et une prise plus
facile aux instruments de dragage ; il faut le faire bien
avant, sous peine d'inutiliser une très-notable partie des
mouillages, en tenant, par suite, compte dans la lutte å
soutenir contre l'envasement, non-seulement de la quan
tité absolue de matières déposées chaque année , mais de
volumes d'encombrement qui seront d'autant plus grands
que l'on voudra mieux maintenir ces mouillages.
Les maintenir d 'une façon absolue, c' est- à -dire n 'avoir
jamais de vase en aucun point du bassin , n' est évidemment
paspossible quelques sacrifices que l' on soit disposé à faire ;
mais ce n'estmême pasnécessaire. L 'expérience démontre,
en affet, qu’un navire ordinaire.(*) dont la quille pénètre
de 1" .20 dans les dépôts vaseux qui avoisinent les écluses
peut être encore péniblement halé, mais qu'il ne gouverne
(*) Nous disons navire ordinaire, car ce qui va suivre ne s'ap
plique pas aux navires exceptionnellement longs commeles raque
bots transatlantiques. Ces navires, qui ont 205 à 110 mètres de
longueur et qu 'on halerait encore debout dans quelques décimètres
de vase , ne peuventabsolument abattre si peu que leur quille soit
engagée . On se rendra facilement compte de la résistance qu 'ils
éprouvent alors, si l'on songe à la façon dont se comporte la vase
même initiale que l'on pousse devant soiavec un rabot. Cette vase ,
qui se nivellerait à la longue, prend un talus d 'environ dix de base
pour un de hauteur, et il en résulte qu 'un transatlantique dont la
quille serait seulement engagée de 10 centimètres et auquel on
voudrait faire décrire un quart de révolution autour de l'une de ses
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
plus et ne peut abattre, que si sa quille n'est engagée que
de o” .60 à o ".80, il est facilement halé, ne gouverne pas
encore, mais peut être abattu du moins, et que si elle ne
pénètre enfin dans la vase que om.30 à 0 .40,tous sesmou
vements sont suffisamment libres.
Commec'est surtout aux abords des écluses qu'il importe
de rendre lesmanœuvres faciles , si l'on se reporte alors aux
tableaux qui précèdent, on en conclut immédiatement que,
dans aucun cas, on ne devra attaquer les dépôts vaseux
après quatremois, auquel cas la densité maxima des vases
extraites sera de 1 235 et leur densité moyenne de i 196 ;
que, pour que l'entretien du bassin soit rigoureusement
suffisant, il faut qu'on les attaque peu après deux mois ,
auquel cas la densité maxima des vases extraites sera de
i 190 et la densité moyenne de 1180 , et qu'enfin , pour
que cet entretien soit complet, il faut le faire à la fin du pre
mier mois , alors que leur densité n'est encore que de 1 175 .
Mais des attaques aussi répétées ne sont nécessaires que
là ; aux extrémités du bassin les dépôts sont,avons-nous dit,
beaucoup moins rapides, etl'expériencedémontre également
qu'en ces points on peut attendre respectivementdeux ans,
quinze et dix mois, auxquels cas la densité moyenne des
vases à extraire est de 1 397, 1 323 et 1 263.

extrémités, provoquerait à l'autre la formation d 'un bourrelet de


vase dont la hauteur / sera donnée par l'équation

' 5 x110 " .00 x 0. 10 =10 H x H


d 'où I = 11.86
Comme dans les conditions de la pratique, et eu égard à l'abon
dance des dépôts , on ne peut arriver à laisser moins de 30 à 35 cen
timètres de vase sur le fond de rocher du bassin , il en résulte que
les grands mouillages de ce bassin , que l'on croyait avoir porté
à 7 mètres et 7 " .50 , sont en réalité réduits pour des navires de
la longueur des paquebots transatlantiques à 6 " .70 et 7" . 20 , bien
entendu lors des faibles marées de morte eau .
CURAGE DES PORTS.
Au total, l' entretien très-imparfait du bassin de Saint
Nazaire exige l' extraction de vases dont la densité variera
de i 196 à 1 397 et serait en moyenne de 1 296 ; un entre
tien rigoureusement suffisant, l' extraction de vases dont la
densité variera de i 180 à 1 323 et serait en moyenne de
1 251, et l'entretien complet, celle de vases dont la den
sité variera de 1175 à 1 263 et serait en moyenne de
1 219.
Le volume de la vase introduite chaque année ramenée
à la densité -limite 1 430 étant de 60 600 mètres cubes,
on en peut enfin conclure que, suivant l'état que l'on ju
gera nécessaire, on aura à extraire dans le même laps de
temps un volume de go goo , 109 080 ou de 126 650 mètres
cubes de vases à des densités demoins en moins grandes, il
est vrai, mais qui , dans les conditions de la pratique, ne
different cependant point assez pour que le prix d'extraction
de l'unité ne reste pas sensiblement le même.
Ces résultats, établis à la fin de 1859, ont été confirmés
par plus de six années d 'expérience. Pendant la période de
inise en état du bassin , du 1 er mai 1861 au 20 octobre 1863 ,
on a dû extraire chaque année en moyenne, déduction faite ,
bien entendu , de l'arriéré qu'il fallait regagner, 94164 mè
tres cubes de vases et pendant la période d 'entretien , du
20 octobre 1863 au 31 juillet 1867, 114658 mètres cubes.
Ces chiffres sont bien d 'accord avec ceux annoncés , car si,
d'une part, à la fin de la première période, l'état du bassin
était bon , il était détestable au commencement , puisqu'il
existait un arriéré de 175 873 mètres cubes correspondant
à une hauteur moyenne de 14 .67, et , de l'autre, pendant
la période d'entretien , l'insuffisance des crédits annuels ,
qui n 'ont jamais pu être portés au chiffre que nous avions
indiqué, n'a guère permis de maintenir cet entretien qu'à
un état suffisant. Il y a eu en moyenne un arriéré de
47400 mètres cubes correspondant à une hauteur moyenne
dedépôt de o " .45.
26 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

Envasement du chenal. - La constitution des vases du


chenal est sensiblement la même que celle des vases du
bassin , bien que leur tassement soit sans doute un peu
plus rapide à raison d'une plus grande agitation des eaux
et d 'une un peu moindre ténuité des matières, la mer en
se retirant devant surtout remporter les plus fines. L 'abon
dance des dépôts est d'ailleurs telle que, dans les conditions
de la pratique, on ne peut avoir à extraire que des vases re
lativement jeunes et à peu près de même densité ; de sim
ples sondages devaient donc permettre d'en établir rapide
ment le régime.
Il est résulté de la discussion de ces sondages que l'ap
port journalier croît très-rapidement avec la profondeur à
laquelle on veut maintenir le chenal, que si le plafond de
ce chenal est très en contre-bas des vasières (6 à 7 mètres) ,
comme à Saint-Nazaire, l'apport est sensiblement le même
quelle que soit la saison , mais qu'il en serait différemment
pour un chenal peu profond , l'envasement étant plus ra
pide, et de plus en plus à mesure que la profondeur dimi
nue, dans la saison des calmes que dans celle des vents. Ces
faits s'expliquent, mais ce n'est point ici le lieu d'insister .
Il nous suffira de donner le tableau des hauteurs de l'ap
port journalier pour les profondeurs voisines de celles des
buscs des écluses.
CURAGE DES PORTS.
PROFONDEUR DU CHENAL LAUTEUR
de
au-dessous des bassesmers au -dessus du boso
de vive eau d'équinoxe. de la grande écluse . l'apport journaller.

mètres. mètres. metres.


3 .20 0 . 00 0.0467
3 .10 0 . 10 0 .0432
3,00 0 .20 0 .0400
2. 90 0 . 50 0 .0371
2 . 80 0 .40 0.0345
2.70 0 .50 0 .0321
2.60
2 .50
0 .60
0 .70
0 .0299
0 .0279
2 .40 0 .80 0 .0200
2 .30 0 . 90 0 .0242
2 .20 1 .00 0 .0225
2 . 10 1 . 10 0 .0208
2 .00 1.20 0 0192
1.90 1 . 30 0 .0176
1 . 80 1.40 • 0 .0161
1 .70 1 50 • 0 .0146

Ce tableau sousles yeux,si l'on se reporte à ce quenous


avons dit des différents états d'entretien du bassin compa
tibles avec une plus ou moins grande liberté demouvement
des navires dont la quille est engagée dans la vase, si en
d'autres termes on reconnaît là nécessité de ne voir jamais
le plafond du chenal à plus de ".20, 0".70 et om.35 au
dessus du busc de la grande écluse, soit en moyenne de
plus de o ”.60, 0" .35 et om.175 , comme d'ailleurs la su
perficie du chenal est de 13500mètres quarrés, il est facile
de conclure que les volumes de vase à extraire chaqueannée
seront, suivant les cas, de 147332, 189709 et 201042 mè
tres cubes.
Comme pour le bassin , ces résultats annoncés dans le
rapport du 10 décembre 1859 ont été confirmés par la
longue expérience poursuivie du 1er mai 1861 au 31 juil
let 1867. Pendant ces soixante-quinze mois, on a extrait
du chenal 1188648mètres cubes de vase,soit en moyenne,
chaque année, 190 188 mètres cubes. L'entretien du che.
nal a été à peu près suffisant, mais la faiblesse des crédits
n'a permis que bien rarement de le considérer comme
complet.
S TS
28 MÉMOIRE ET DOCUMEN .
Envasement total. - Au résumé, laissant de côté ,
comme ne répondant pas aux besoins réels de la navi
gation , un état d'entretien dans lequel on ne pourrait
que haler les navires , il résulte de l'étude qui précède
que, pour utiliser les tirants d'eau créés à Saint-Nazaire',
il faut extraire les volumes de vases consignées au tableau
suivant : :
PAR AN
PAR MOIS . PAR JOUR .
dans dans
Total.
le bassin. le chenal.

Pour un entretien rigoureu -| mét. c. mèt. c. mét. c. mét. c. mėt. o.


sement suffisant. . . . . . . 109080 189 709 298 789 24 899 819
Pour un entretien complet. .| 126 650 201042 327 692 27 308 898

Ces vases sont à des densités très-diverses,mais, comme


nous l'avons déjà fait remarquer, les moyennes dans cha
cun des cas ne différent point assez pour que le prix d'ex
traction du mètre cube ne soit pas sensiblement le même
et que par suite la dépense ne soit pas proportionnelle au
cube total extrait.
Il nous reste à ajouter que dans la pratique, quelle que
soit la dépense que l'on veuille faire, il n'est pas possible
d'atteindre à la fois partout à l'état d'entretien complet.
Il faudrait pour y arriver disposer d'un matériel de dra
gage hors de toute proportion avec les besoins réels et
déranger constamment les navires qui, en certains points,
ne pourraient séjourner même pendant quelques semaines.
Mieux vaut pour le commerce lui-même perdre quelques
décimètres des mouillages promis, ce qui n'a lieu du reste
que pendant quelques jours des plus faibles mortes eaux ,
et nous ne pensons pas qu'on puisse arriver à un état d'en
tretien exigeant jamais l'extraction annuelle de plus de
515 000 mètres cubes de vase.
Matériel de dévasement. — En présence d'un envasement
CURAGE DES PORTS. 29
aussi considérable , le port de Saint-Nazaire, qui a été éta
bli sans qu'on ait suffisamment pressenti l'importance de
cet envasement, ne dispose d'aucun moyen de dévasement
naturel. Le premier bassin à flot, qui ne peut être alimenté
que par les eaux de la rade, n'a pas de prise d'eau de su
perficie (*). Quant au chenal, on a bien disposé trois aque
ducs de chasse dans les bajoyers des écluses , mais les
chasses qu'on ne peut provoquer qu'en abaissant le plan
d'eau dans le bassin jusqu'au niveau normal de la retenue
et qui n ' ont qu'un très-faible volume (moins de 200000 mè
tres cubes dans les conditions les plus favorables), sont
sans efficacité. Elles tombent dans un chenal de 64 mètres
de largeur , où il doit rester une hauteur d'eau de 3 mètres
à 3–.50 dans les plus basses mers de vive eau d' équinoxe
et dont la section mouillée est par suite d'environ 200 mè
tres superficiels; aussi ne sommes nous jamais même par
venu à déterminer un courant de surface bien apparent.
Dans une circonstance exceptionnellement favorable , nous
avons pu cependant renvoyer du chenal dans une chasse
environ 1 700 mètres cubes de vase, mais il nous faut mal
heureusement ajouter que la quantité d' eau sale rentrée à
la marée suivante dans le bassin a laissé dans celui-ci un
cube de vase certainement supérieur, et les vases ne coûtas
sent-elles pas plus à extraire dans le bassin que dans le che.
nal, que l'opération eût encore été désastreuse.
On augmenterait sans doute l'efficacité des chasses au

(*) Une prise d 'eau de superficie n 'aurait d'ailleurs d 'efficacité


qu'à la condition d 'être complétement maître du niveau de l'eau
dans le bassin , de ne jamais mettre celui-ci en communication
avec la rade et, comme conséquence, de ne laisser entrer et sortir
les navires qu 'en les sassant. Les écluses actuellesne se prêtent pas
à ce mode d 'exploitation , mais des dispositions convenables ont
été adoptées pour le second bassin aujourd 'hui en construction et
nous croyons pouvoir affirmer que dans ce bassin , quine sera ce .
pendani également alimenté que par les eaux de cette rade, l'en
vasement sera , sinon tout à fait nul, du moins insignifiant.
30 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
moyen de guideaux et mieux d 'engins analogues aux bacs
à râteaux ; mais, à part qu'on pourrait craindre de provo
quer à l'extrémité du chenal la création d'une barre qu'on
n 'aurait aucun moyen d 'attaquer, l'opération ne serait cer
tainement point économique tant qu'on ne disposera que
d 'un volume de chasses relativement aussi faible, et il faut
tout au moins attendre pour la tenter que l'achèvement du
second bassin permette de le tripler.
Au total , ce n 'est qu'à l'aide de moyens mécaniques
que l'on devait songer à extraire et transporter à environ
1 500 mètres pour le jeter dans les grands courants de la
rade , où la quantité de vase en mouvement est telle qu' on
ne peut sensiblement l'augmenter, l'énorme volume de
vase qui envahit chaque année le port de Saint-Nazaire.
La situation était telle d 'ailleurs, il ne faut pas se le dis
simuler, que si l'on n' avait pu disposer que des engins jus
qu'ici en usage pour le dévasement des ports, on eût pro
bablement dû , eu égard à l'extrême difficulté qu' éprouvent
les dragues à saisir des vases semi-fluides et quels que fus
sent les sacrifices, renoncer à entretenir ce nouveau port à
toute sa profondeur.
Différentes circonstances, en conduisant à la création
d 'un nouvel engin , sont heureusement venues changer ces
fâcheuses conditions.
Dans une visite faite à Saint-Nazaire dans le courant
de 1857, M . l'inspecteur général Tostain , frappé de la res
semblance des vases de ce port avec les laitances de chaux
qui se produisent lors des grands emplois de béton sous
l'eau, avait exprimé la pensée qu'on pouvait également
les pomper. M . l'inspecteur général Jégou , alors ingénieur
en chef du service, avait en conséquence donné l'ordre d'af
fecter à un essai d 'anciennes pompes d ' épuisement du bas
sin qui se trouvaient encore en place. Ce premier essaiavait
été assez satisfaisant pour que, lorsque nous avons pris le
service en 1858 , M . Jégou nous ait invité à le poursuivre
CURAGE DES PORTS .
sur une grande échelle , et, de fait, bien qu 'il ait fallu re
connaître que les vases n 'arrivaient pas au pied des pompes
par le seul effet de la pesanteur comme on l'avait d'abord
espéré, dous avons pu jeter sur leurs crépines, pomper et
élever dans une année, à 3 ou 4 mètres au -dessus du niveau
de l'eau , près de 200 000 mètres cubes de vase, qu'un cou
loir en charpente de 125 mètres de longueur, auquel nous
n 'avions pu donner qu'une pente de o " .036 par mètre, con
duisait cependant sansdifficulté à la mer.
De cette intéressante expérience , suivie de très-près,
ressortait en somme qu'on pouvait très-bien pomper les
vases de Saint-Nazaire, que l'usure des tuyaux d'aspira
tion , des corps de pompe et des pistons était du fait de ces
vases à peu près insignifiante , et qu'enfin rien n 'était plus
facile que de les diriger dans des couloirs à très-faibles
pentes . Il nous vint dès lors à la pensée d'installer sur un
bateau. pourvu d'ailleurs de compartiments à double fond
avec soupapes de décharge et de couloirs de distribution
convenablement disposés, des pompes que l'on transporte
rait alors et quiagiraientdirectement sur les dépôts mêmes
qu 'on avait à attaquer . Une même machine à vapeur pou
vant être alternativement attelée, tantôt sur le mécanisme
d'entraînement des pompes pendant le remplissage du
batean, tantôt sur l' arbre d 'un propulseur hélicoïde quand
ce bateau , une fois plein , aurait à conduire son charge
ment en rade, il n ' y aurait jamais de chômages , et l' éco
domie nous paraissait devoir être d 'autant plus grande que
quand les crépines des pompes sont descendues dans la
vase il y a moins de chance de rapporter de l'eau étrangère
qu'avec les godets des dragues ordinaires ; qu 'il ne se pro
duirait pas de chocs continuels comme dans ces derniers
appareils et qu'on n 'aurait, enfin , à élever les matières qu'à
la hauteur rigoureusement suffisante pour les faire descendre
dans les couloirs. Nous crûmes devoir en conséquence étu
dier le programme d'un pareil engin et le joindre à un rap
32 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
port en date du 12 juin 1858. Ce programme immédiate
ment approuvé par l'administration supérieure et habile
mentréalisé par MM.Gâche aîné, Jollet et Babin , construc
teurs à Nantes, nous étions, en fin de compte, au mois de
juillet 1859 en possession d 'un premier bateau pompeur et
porteur.
Ce bateau a répondu à tout ce que nous pouvions en
attendre, et, après de très-légères modifications apportées
après une première expérience, s' est trouvé être de premier
jet un instrument complet. D 'une manœuvre facile, il atta
quait et transportait à des prix extrêmement avantageux,
non-seulement les vases initiales à 1 975,mais couramment
celles à 1 225 et pouvait même prendre encore celles à
1 275 ; il constituait en somme le véritable engin de déva
sementdu port de Saint-Nazaire; aussi lorsque, à la fin de
1859, nous avons eu à proposer de constituer définitive
ment le matériel d'entretien de ce port , nous n'avons pas
hésité à demander l'autorisation de construire deux autres
bateaux en tout semblables bien qu'un peu plus grands (*),
en y ajoutant toutefois une drague ordinaire à godets néces
saire pour attaquer les dépôts les plus anciens, ceux excep

(*) La capacité des puits à vase du premier bateau est de 236


mètres cubes ; mais, en tenant compte de la quantité d'eau que
l'on aspire forcément quand on abaisse les tuyaux d 'aspiration ou
quand on les relève, nous n 'admettons qu 'une capacité utile de
220 mètres cubes. Trois bateaux pareils eussent rigoureusement
suffi à l'entretien du port, mais il a paru préférable d'augmenter
les dimensions des deux derniers, afin de n 'avoir que deux bateaux
en travail, si ce n 'est pendant les longs jours de l'été. On peut
n 'avoir ainsi que deux équipages qui ne chôment jamais, car l'un
des bateaux est toujours en mesure de servir de rechange aux
deux autres. La capacité utile des puits à vases des bateaux
nº 2 et 3 a été en conséquence portée à 275 mètres cubes.
Le bateau nºi est d 'ailleurs pourvu d 'une machine à vapeur de
20 chevaux de 200 kilogrammètres mesurés sur le piston , capable
de lui imprimer à pleine charge la vitesse de 5 neuds nécessaire
pour doubler les courants de la rade. Les deux autres ont des ma
chines de 25 chevaux qui leur donnent la même vitesse .
. CURAGE DES PORTS. . 33
tionnellement tassés par l'échouage des navires et ceux
enfin qui avoisinent les quais et sont mélangés de sable
entraîné par les eaux qui, en temps de pluie, coulent en
abondance par- dessus les tablettes. Ces derniers sont com
plétement rebelles à l'action des pompes. Ces propositions
ont été approuvées par décision ministérielle en date du
10 mars 1860 et le matériel définitif immédiatement com
mandé.
Les bateaux pompeurs et porteurs de Saint-Nazaire, con
struits d 'ailleurs en fer, sont figurés dans les Pl. 195 et 196 .
Les fig . 1 et 2, Pl. 195 , donnent les élévations latérale
et de face de l'un de ces bateaux, en travail par une pro
fondeur d'eau de 8“ .50. Nous appelons l'attention sur ce
fait, établi d'ailleurs par l'expérience, qu'il ne faut pas
que la crépine qui réunit les deux tuyaux d'aspiration soit
engagée dans la vase de plus de 40 à 50 centimètres. Quand
il en est autrement, il devient difficile de faire avancer le
bateau en virant sur les treuils de l'avant , et il ne tarde
point å se former au -dessus de la crépine un entonnoir qui
conduit aux pompes autant d' eau que de vase. Le mouve
ment continu en avant du bateau est, en somme, aussi né
cessaire que le mouvement continu en travers des dragues
ordinaires pour faire un bon travail.
A l'aspect des dessins, on reconnaît du reste que quelles
que soient les profondeurs , qui varient à Saint-Nazaire
de 3 “ . 20 dans le chenal de basse mer à g “ .50 dans ce
chenal et dans le bassin de haute mer de vive eau , l'at
taque des dépôts vaseux est toujours aussi facile . On irait
mèine beaucoup plus bas puisque les tuyaux peuvent
descendre jusqu'à la verticale , c'est - à - dire à plus de
20 mètres.
L 'équipage employé à la manœuvre de chaque bateau est
le plus ordinairement composé de dix hommes : un patron ,
un mécanicien, un chauffeur, six manœuvres et un mousse.
Annales des P . et Ch.MÉMOIRES. -- TOME www .
34 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Le nombre des maneuvres peut être cependant réduit à
cinq, ce que l'on fait pendant l'été lorsque les trois bateaux
sont en service ; mais pendant le reste de l'année, alors
que l'on peut craindre des accidents de mer , il a paru
d'autant plus opportun de maintenir les équipages des
deux bateaux en travail au complet qu'on a ainsi sous la
main un noyau d'hommes expérimentés , quand vient le
moment de former l'équipage du troisième bateau.
Nous n 'avons rien à dire dela drague à godets qui com
plète le matériel de dévasement. On a dû seulement élever
les produits du dragage un peu plus haut que de coutume
afin de les déverser dans les bateaux pompeurs qui servent
de porteurs pour la drague et disposer le ber de façon à
pouvoir attaquer les vases jusqu'à 9 ” .50 au -dessous de la
surface de l'eau. Cet appareil est d'ailleurs peu puissant:
a paru suffisant de donner à la machine motrice une force
de 16 chevaux .
En définitive, le 1ermai 1861, nous avions à notre dispo
sition :
Un premier bateau pompeur et porteur d 'une capacité
de 220 mètres cubes ayant coûté , y compris quelques francs.
perfectionnements apportés après coup. . . . . . . 137 000.00
Deux antres bateaux semblables, mais d 'une capacité
de 275 inètres cubes, revenant ensemble à . . . . . 304 983.73
Une drague de 16 chevaux valant. . . . . . . . . . . . 85 115.77
Et des rechanges (notamment deux chaudières, l'une
pour la drague, l'autre pour les bateaux ), et un
outillage évalués à . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 8 :28 . 22
Soit un matérielde. . . . . 561 927.72

Résultats obtenus. « Nous avions annoncé qu'avec ce


matériel on devait remettre rapidement le port de Saint
Nazaire en état et l'entretenir avec une dépense annuelle
d'environ 70 000 francs. L'expérience a confirmé ces pré
visions.
CURAGE DES PORTS . 35
Du 1ermai 1861 au 31 juillet 1867, c 'est-à -dire pendant
une période de soixante -quinze mois, l'ensemble des
crédits mis à notre disposition , tant pour entretenir
le port que pour regagner le terrain perdu, s'est francs.
élevé à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461 778 .79
Somme dont il convient de retrancher les outils et
matières premières restant en magasin le 1er août
1867, évalués à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2800 .00
Etla dépense totale a été en somme de. . . . . . . . 458 978.77
Pendant cette longue période il a été extrait, tant du
chepal que du bassin , et transporté à 1 500 mètres mètres cubes.
en rade un cube de yase de. . . . . . . . . . . . . 1984 259
Ce qui fait ressortir le prix moyen du mètre cube de francs.
dévasement à. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0.231

Le port a été mis en état en regagnant un arriéré de


129 702 mètres cubes, qui a , en conséquence , coûté
29 961'.16 , et l'on a consacré en moyenne chaque année à
son entretien la somme de 68 544 .42 qui n 'a pas permis
de le maintenir dans une situation aussi satisfaisante que
nous l'eussions désiré, mais cependant acceptable parce
qu'on a pu négliger les abords de quelques portions de
quais qui, par suite de circonstances particulières , ne
devaient pas être laissés à la disposition du commerce.
Pour que l'entretien eût été partout ce que nous avons
dit être rigoureusement suffisant, nous avons vu qu'il eût
allu extraire chaque année 298 789 mètres cubes de vase
qui, à of.231 le mètre cube, eussent couté 69020'. 26 , et
pour qu'il eût été aussi complet que le permettent les con
ditions d 'exploitation du port, il eût fallu en extraire
315 000 mètres cubes qui, au même prix , eussent coûté
72765 francs .
Il est déjà regrettable que le crédit annuel d'entretien
n'ait pas atteint tout au moins le premier de ces chiffres,
et à mesure que les mouvements de la navigation pren
dront plus l'importance, il sera indispensable de se rappro
cher de plus en plus du second. Ces chiffres n 'en sont pas
36 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
moins suffisamment d'accord avec ceux que nous établis
sions il y a neuf ans.
Le prix de revient de o.231 par mètre cube de vase
extraite et transportée ne comprend , il est vrai, que les
dépenses annuelles, c'est-à-dire, les frais de main -d'auvre,
la fourniture du charbon et des autres matières, et les répa
rations ordinaires. Pour ne laisser de côté aucun des élé
ments de la question , il est nécessaire de tenir compte de
l'usure et des chances d 'accident du matériel flottant consi
dérable affecté au dévasement, en d'autres termes d'un
amortissement et même des intérêts du capital engagé.
Il était bien difficile de savoir à priori ce que devait être
cet amortissement. Celui des navires à voiles en fer n'est
pas même encore bien connu . Dans une étude publiée en
décembre 1866 , la plus récente, sur ce sujet, que nous con
naissions, M . Lissignol l'évalue au maximum à 4 p . 100
par an ; c'est évidemment trop peu pour l'ensemble d 'un
bateau pourvu d 'un appareil à vapeur et de mécanismes assez
compliqués, astreint d 'ailleurs à un service très-pénible , et
nous avons dû chercher dans notre pratique elle -même les
éléments d' une évaluation au moins approximative.
Nous avons en conséquence prié les constructeurs du
matériel de faire l'estimation du plus ancien de nos bateaux
huit ans et deux mois après sa mise en service. La valeur
de ce bateau, établie avec le plus grand soin , a été portée
par eux à 57 300 francs et , comme il avait coûté 137 000 fr. ,
la dépréciation pendant ce laps de temps a donc été de
79 700 frans, soit par an de 9 755'.20 , ce qui représente
7. 12 p . 100 du capital engagé . Lamêmedépréciation paraît
pouvoir être admise pour l'ensemble du matériel.
Quant aux risques à courir , aux chances d'accident, pen
dant six ou sept ans d 'exploitation nous n 'avons eu qu'une
avarie sérieuse , toutes les avaries ordinaires étant d' ailleurs
au compte de l'entretien . Un des derniers bateaux pom
peurs, jeté de basse mer par un patron imprudent sur l'une
CURAGE DES PORTS. 37
des roches de la rade, a coulé par 6 mètres d'eau et il a
fallu dépenser , tant pour le retirer que pour le réparer , la
somme considérable de 70 438*.37. Si l'opération de déva - .
sement avait été terminée le 31 juillet 1867, comme l'âge
moyen du matériel était alors de six ans et neufmois , cette
somme, répartie sur l'ensemble, serait représentée par un
risque annuel de 10 2089.46 , et en tenant compte de la
valeur exposée, de 1.82 p . 100.
A défaut d 'autres données, nous admettrons celle-ci
comme l'expression du risque que court chaque année le
matériel de dévasement, et au total, l'amortissement nous
semble devoir être porté à 7 , 12 + 1 .82 = 8 . 94, soit en
nombre rond 9 p . 100 par an, bien que ce chiffre soit vrai
semblablement trop élevé. Il estpeu probable en effet qu'un
accident aussi grave que celui que nous avons eu à signaler
se reproduise tous les six ou sept ans, et il serait d'ailleurs
juste de capitaliser l'amortissement.
L'intérêt du capital engagé doit, de son côté , ètre porté à
5 p. 100, et il est dès lors facile d'établir qu 'au prix pri- francs.
mitif de, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 . 231
Il faut ajouter pour amortissement du matériel. . . . . . . 0 . 159
Pour intérêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .088
Ce qui porte en définitive à. . . . . . . . 0 .478
le prix moyen du mètre cube de vase extraite du chenal
ou du bassin et transportée à 1 500 mètres.
La dépense annuelle totale d'entretien doit être égale
ment portée de 69 020'. 26 à 142821'. 14 pour que cet
entretien soit rigoureusement suffisant, et de 72 765 francs
à 150 570 francs pour qu'il soit complet.
Telles sont, en fin de compte , les dépenses totales
moyennant lesquelles on est aujourd'hui en mesure de sou
tenir la lutte incessante qu'impose l'enyasenient du port de
Saint-Nazaire , dont, nous l'avons dit, l'avenir, si inquié
tant aux débuts, est aujourd 'hui assuré. Bien que ces
dépenses soient individuellement très-faibles, et nous le
38 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
ferons mieux voir dans la seconde partie de ce mémoire,
elles sont cependant élevées dans leur ensemble, mais du
moins certainement en rapport avec l'importance du nou
veau port créé il y a dix ans à l'embouchure de la Loire.
Les travaux déjà exécutés et ceux en cours d 'exécution sont
en eſſet évalués à 27 millions. Par le fait de l'envasement,
le capital qu'on voulait consacrer à cette création se trouve
porté à 30 , puisque la dépense totale annuelle de dévase
ment correspond à un capital de 3 millions, et l'augmenta
tion n 'est point assez considérable pour que les considéra
tions qui motivaient l'emploi d'une somme aussi impor
tante ne conservent toute leur valeur. Quand on se sera
d 'ailleurs dit que là où n' existait rien en 1856, on a eu
à constater en 1867 un mouvement de navigation maritime
et fluviale de 681 431 tonnes, sans cesse croissant, que
depuis six ans le double service transatlantique des Antilles
et du Centre-Amérique , que l'État subventionne chaque
année par millions, trouve à Saint-Nazaire des conditions
de régularité et de sécurité remarquables, on pensera
encore avec nous qu' aucune dépense n 'aura été, parmi
toutes celles consacrées à l'amélioration et à la création de
nos ports , plus utilement employée.
Prix de revient. — Nous n 'avons donné ci-dessus que le
total des dépenses faites et le cube fotal de la vase extraite ,
tant du bassin à flot que du chenal, pendant les soixante
quinze mois qu'a duré l'opération dont nous nous propo
sions de rendre compte ; il y a quelque intérêt, en présence
de cette longue expérience de dragage faite en régie et
suivie avec beaucoup de soin , à entrer dans le détail de ces
dépenses et à en déduire, suivant les circonstances et le
mode d 'extraction de la vase, le prix de revient du mètre
cube. C'est ce que nous essayeronsde faire dans la seconde
partie de ce mémoire.
Les résultats de l'opération sont, dans leur ensemble ,
résumés dans le tableau suivant (pages 40 et 41) :
CURAGE DES PORTS. 39
De ce tableau ressort tout d'abord que le prix moyen
du mètre cube de vase transportée à 1500 mètres, dra
guée pour les 39 centièmes et pompée pour les 61 autres,
est, comme nous l'avons déjà dit , de oʻ.231, qu 'il convient
de porter à o'.478 si l'on tient compte des intérêts et de
l' amortissementdu capital engagé.
Ce prix est incontestablement très-faible , d 'autant plus
faible que la main - d 'œuvre est chère à Saint-Nazaire (*) ,
pour l'extraction et le transport de vase qu'il fallait ex
traire dans un bassin dont on ne peut sortir qu'à la pleine
mer ou par voie de sassement, ou dans un chenal étroit
sans cesse encombré de navires, qui obligentmême à sus
pendre toute opération au voisinage de la pleine mer, et
conduire en rade en restant soumis à toutes les chances
d 'avaries et à tous les chômages qui peuvent résulter de
l'état de la mer etdes brumes.
On n'eût certainement pas pu l'obtenir d'un entrepre
neur, si même il s'en était présenté , et l'opération a été
en somme des plus avantageuses , mais , il faut bien le
dire, en imposant aux ingénieurs et agents du service une
grande responsabilité et une lourde sujétion.
On ne peut pas aussi directement établir le prix du mètre
cube de vase draguée et transportée d'une part, pompée et
transportée de l'autre ; il est cependant encore facile d'y
parvenir en ayant recours à des faits observés pendant
l'expérience .
Le prix moyen du mètre cube pris sous la drague et
transporté, ou pompé et transporté par les bateaux pom .
peurs et porteurs, ressort ainsi qu'il suit du tableau pré
senté ci-dessus :

(*) Le simple maneuvre était payé go francs par mois, en dédui.


sant les jours d 'absence à raison de 3 francs chaque ; les patrons
et conducteurs de machines de 120 à 135 francs.
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
DÉPENSES.
CHARBOX RÉPARA
TIOXS MAIN
et TOTALES.
Quantité. Pris (a ). fournitures
diverses
D 'OEUVRE.

hectol. francs . francs. francs. francs.


Drague å godeis. . . . 11405 | 27703.45 70 720.56 | 64866 .12 1163 292.13
Drague de la Loire (6). 4 266.27
Dal 30 no 1 . . . 5 454 | 13 279.25 20 950.97 | 45936.58 | 80 166.80
Bateau nº 2. . . . . . 8 142 19 787.30 25 651.97 58 108.33 103547.60
Baleau nº 3. . . . . . .! 7710 | 18681.90 30 488.66 | 58535.43 107705.99
Dépense totale. . . . . . . . . . . .1458978.79
Vase draguée. . . .. . . . .
Vase pompée. . . . . .
Cube lotal de la vase extraile et transportée
(d ) Le prix du mélre cube de vase pompée et transportée, ou prise sous la
drague: el transportée, s'élablit en corséquence ainsi qu'il suit pour chaque
baleau
BATEAU N° 1. BATEAU N° 2. BATEAU N° 3.)
france . francs. francs .
Dépenses en charbon . . . . . . 0 .028 0 .026 0 .025
Reparati
Main et fournitu . . .diverses.
uvre . . . . . . res
- u @ ons . ...
0 .044
0 .096
0 .034
0 .077
0 .041
0 .078
Total. . . . . . . . 0 .168 0 . 137 0 144
francs.
Dépense en charbon. . .
Réparations et fournitures diverses . . . . . . . . . . . . . 0 .039
. . . . . . . 0 . 026

Main -d 'oeuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .082


Prix moyen total. . . . . . . . 0.147
D'observations souvent contrôlées il résulte que, dans les
conditions de l'opération , il a fallu en moyenne, pour henr. mln.
• pomper la vase nécessaire au chargement d'un bateau. 3 30
Poury compris
la transporter, la décharger passage desle bateau
les pertes de temps auet ramener écluses,
et autres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i 20
Soit ensemble. . . . . . . . . . 4 50
CURAGE DES PORTS.
CUBE DE LA FASE NOMBRE
de
prise voyages
sous la pouetpée Total
par
effectués
par
OBSERVATIONS .
draguee eldrague
trans transpor bateau chaque
portée . lée . ( d ). baleau (c)

D . e. u . 6. m . c. m . c. (a ) Lo prix de l'hectolitre de char


767 742 bon, mélange para unmoltté
Sunderland,
del'opération. de Cardiff
peu Tarié pendantet
5060 Il ressort en moyenne à
2fr(643,)Lesoit á 31'r.60
service la tonne de 1 Meri
transatlantiquedu 000 k .
772 802 que a été Inopinément installé alors
183 480 293 920 477 400 2170 port qu'on commençait l'opération et que le
était encore en mauvais élal;
recourir pendant quelques moisil àa
291 222 465 302 756 5242751 fallu une vieille drague du service de la
298 100 452 235 750 335 2728 1/ 2 mauvaise
Loire, quibesogne.n 'a fait du reste que de
(c ) Soit en moyenne par an et par
batean 408 voyages. - Ce nombre
voyages a été de 517 quand, pendantdela
. . . . ) 772 802 périodeendemiseen état,on avait 3 équi
pages service et des bateaux d'ail
1 211 457 leurs neufs. Il a été réduit a 368 par
bateau pendant la période d 'entretien
quand on n 'a plus eu que 2 équipages,
mais chaque équipage faisait alors en
à 1500 metres. . . . . . . .|1984259 moyenne dans l'année 552 voyages,

Noussousferons
vase voir plus
la drague et la loin
transporter coûtepour
qu'il en que à peula près autantlapour
pomper prendre la
transporter
et sensiblement (!ala
proportion de la vase simplement transportée est d 'ailleurs
même par bateau, respectivement 38, 38 et 40 p , 100 ) ; on peut donc des lors
considérer les résultats ci-dessus comme comparables. Les bateaux no 2 el 3 ,
construits sur le même modéle et pourvus de machines pareilles, ont donné,
dansla longueLe expérience
identiques. à laquelle
no 2 a cependant on lesfraisa soumis,
exigédes des résullals
de réparations à peu près
moindres que leel
10° 3, mais cela tient à ce que, en cours d'opération , ce bateau a coulé en rade
Igu'après l'avoir sauvé on a dû le réparer et le remettre à neuf; il y a donc eu
DOIDs Pentretenir
à sur les fonds du dévasement proprement dits . Quantau
bateau nº 1. d 'une capacité moindre et pourvu d 'une machine plus faible alors
que l'equipage élevé
de revientplus devaitparmètre
elre le même,
cube. il devait conduire, et a conduit, à un prix
Pour recevoir sous la drague la vase nécessaire au char- henr, min.
gement d 'un bateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 10
Pour la transporter, etc., comme ci-dessus. . . . . . . . i 20
Soit ensemble. . . . . . . . . . 6 30
Dans le premier cas les feux de la machine sont poussés
pendant toute la durée de l'opération ; dans le second ils
De le sont que pendant 15.20 et l'on ne fait quemaintenir
la pression tant que le bateau se trouve sous la drague.
La consommation estalors réduite à peu près au tiers, en
tenant compte d'ailleurs de ce qu'il faut cependant forcer
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

les feux un peu avant le départ, ce quifait, en somme, que


l'opération totale pour la vase draguée exige une quantité
· de charbon pareille à celle qui serait nécessaire pour un al
lumage complet pendant trois heures.
Ceci établi, comme la consommation de charbon est pro
portionnelle à la durée de cet allumage, comme la dépense
en main -d 'auvre est proportionnelle à la durée totale de
chaque opération, comme les réparations et fournitures di
verses sont sensiblement lesmêmes pour le chargement de
vase pompée que pour celui de vase draguée , puisque les
chances d'accident, la fatigue à la mer sont pareilles et
qu' on ne doit établir qu'une très légère différence en faveur
du second eu égard à ce qu'on n' a point à entretenir les
pompes et leurs transmissions, comme on connaît enfin le
rapport du cube total de la vase pompée à celui de la
vase draguée, des calculs trop simples pour qu 'il y ait lieu
d'insister conduisent alors aux prix de revient consignés au
tableau suivant, en extrayant d'ailleurs du tableau général
celui du dragage proprement dit :
CURAGE DES PORTS . 45
VASE VASE DRAGUÉE ET TRANSPORTÉE.
pompée OBSERVATIONS.
et
transportée. Extraction. Transport Total.

francs. francs. francs. francs.


Dépense en charbon. 0 .031 0.006 0.019 10.055 (a ) correspondent
(a) A ces dépendes
ses
Réparations et four poids de charbon
Dilures diverses. . 0.040 0.092 0.938 0.130 respectivementcon
Main - d'euvre. . . . . 0 .072 0 .084 0 .097 0.181 sommés de 06 .98.
16.14, 0 .60 et 1k,74.
Prix de revient. . . 0 .143 0.212 0 .154 10 . 366
(*) Les prix de revient établis au présent tableau ont un contrôle nécessaire ;
appliqués aux cubes extraits, ils doiventreproduire la dépense faite. Il est facile
de voir qu'il en est ainsi.
mél. cubes.
mélredraguée
767742 delevase cube. .par l'appareilde Saint-Nazaire å 0 .366 ) francs.
. ...
5060 deDraga
vasege.draguee . . . l'apparei
. . . . par . . . . . l. de
. . .la Loire.,francs.
. 1
Transport. . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . 1 0. 154
0 .997 5044 .82
1211 457 de vase pompée à 0 .143 le mélre cube. . 173 238.35
Total. : . . . . . . . . . 459 270 .74
La dépense a élé en réalité de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458 978,79
mais la différence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297.95
est lout à fail insignifiante et due d'ailleurs en grande partie à ce qu'on a né
les quatrièmes décimales et forcé les troisièmes.

A ces prix de revient il faut ajouter, commenous l'avons


déjà fait pour le prix moyen du dévasement, la part affé
rente à l'amortissement et aux intérêts du capital engagé
dans la construction du matériel qui a été établie en
moyenne par mètre cube francs .
Pour l'amortissement à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .159
Pour les intérêts à . . : . : . : . . . 0 .088
le
. . . Soit ensemb à. . . . . . . . . 0.217
Cette part doit être, en tenant d'ailleurs compte de la
quantité de chaque espèce d'ouvrage exécutée pendant
l'opération , dans la proportion de la valeur du matériel,
nécessaire pour faire dans lemêmetemps la mêmebesogne
en tant que cube extrait et transporté. Or il résulte des
MÉMOIRES ET DOCUMENT . S
44
observations relatées plus haut que pendant que l'on pou
vait draguer et transporter trois chargements du bateau
moyen, on pouvait à très-peu près en pomper quatre.
On faisait donc la même besogne, les rechanges étant
supposés répartis proportionnellement, en vase pom - francs.
pée avec du bateau moyen valant. . . . . . . . . . . 63 140 .25
Qu 'en vase draguée avec une drague de. . . . . . . . . 85 115 .77
Et : du bateau moyen valant. . . . . . . . . . . . . . 84 187. 36
Soit ensemble. . . . . . . . 169 303. 13
On en conclut que l'amortissement et les intérêts du
matériel représentent par mètre cube de vase pompée et
transportée : francs .
Amortissement. . . . . . . . 0 .096
Intérêts. . . . . . . . . . . . 0 .053
Ensemble. . . . . . . . . . 0 . 149

par mètre cube de vase draguée et transportée :


francs.
Amortissement. . . . . . . 0 .257
Intérêts . . . . . . . . . . . 0 .142
Ensemble. . . . . . . . . . 0 .399
et qu 'enfin le prix définitif du mètre cube de vase pompée
et transportée s'établit ainsi :
Dépense en charbon , fournitures diverses, entretien du francs.
matériel et main - d 'ouvre. . . 0 . 143
. . . . .
Amortissement (usure du matériel et chances d'accidents ). 0 .096
Intérêts du capital engagé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0.053
Total. . . . . . . . . . . . 0. 292
Celui du mètre cube de vase draguée et transportée
comme suit :
CURAGE DES PORTS. 45
Dépense en charbon , fournitures diverses, entretien du francs.
matériel et main - d 'euvre. . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .366
Amortissement (usure du matériel et chances d'accidents). 0 .257
Intérêts du capital engagé. . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .142
Total. . . . . . . . . . . 0.765
Bien que la vase pompée et la vase draguée ne soientpoint
de même densité, comme c 'est en définitive le volume d ' en
combrementqui intéresse la navigation , comme en outre les
dragues à godets seraient à peu près impuissantes à saisir
utilement les vases très- liquides, si l'on veut comparer les
résultats , on peut dire qu'en somme, dans les conditions
des vases auxquelles nous avions affaire, les deux systèmes
de pompage et de dragage rendent également des services
en ce qui concerne l' entretien du port de Saint-Nazaire,
mais le premier permet de réaliser sur le second l'économie
considérable de oʻ.473 par mètre cube, soit de 62 p . 100 ,
les dépenses étant dans le rapport de 38 à 100.
Il y a cependant quelque intérêt à les comparer en tant
que besogne absolue, si l'on peut s'exprimer ainsi.
La densité des vases draguées a varié de 1 200 à 1 430
et a été à peu près en moyenne de 1 310 ; celle des vases
pompées a varié de 1 175 à 1 275, bien que dans quelques
essais on soit encore allé plus loin , et a été en moyenne de
1 210. La densité de l' eau de la rade étant admise de 1 026 ,
i volume de vase à 1 310 correspond à vol.54 de vase à
1210 , et ce qui a coûté à draguer oʻ. 765 eûtcoûté , si l'on
avait pu le pomper à temps :
1.54 x 0 .292 = 0 .450
Le système de pompage présente donc encore , en quantité
absolue, sur celui de dragage une économie de oʻ.315 par
mètre cube, soit de 41 p . 100, les dépenses étant dans le
rapport de 59 à 100.
Il y aurait par suite un grand avantage à pomper toutes
46 MÉMOI ET DOCUM .
RES E NTS
les vases en les prenant à temps ; mais il a été établi qu'il
ne pouvait en être ainsi parce que dans le bassin, loin des
écluses, les dépôts ne sont pas toujours assez abondants
pour que les tuyaux d'aspiration soient placés dans de
bonnes conditions, parce qu'on ne peut pas sans cesse
déranger les navires, parce que les sables entraînés durcis
sent les dépôts près des murs de quai et parce qu'enfin ,
dans le chenal même, les navires qui y séjournent et
échouent de basse mer tassent les vases et les rendent
inattaquables aux pompes . Il faut à Saint-Nazaire une
drague et des bateaux pompeurs, et avec ce matériel mixte
on arrive en somme à entretenir très - économiquement
(relativement du moins) ce port que, quel que fût le sacri
fice fait , on eût même dů, comme nous l'avons déjà fait
remarquer, renoncer à maintenir à toute sa profondeur avec
des dragues seulement.
: On ne devrait d' ailleurs pas perdre de vue, si l'on voulait
mettre en présence le système mixte de Saint-Nazaire et un
système exclusif de dragage, que le bénéfice est en réalité
bien plus considérable qu'il ne résulte de la comparaison
des prix de revient établis ci-dessus parce que l'emploi
simultané des bateaux pompeurs rend le dragage très-éco
nomique en permettant de faire alors usage de porteurs
qui ne chôment pas. S'il n'en était point ainsi, s'il fallait
avec des dragues employer de simples porteurs , le prix du
mètre cube de vase draguée et transportée serait notable
ment augmenté. Nous ne pouvons l'évaluer avec la même
exactitude que celui de la vase draguée aujourd'hui, mais
on peut du moins, en se servant de l'expérience acquise,
l'apprécier avec une exactitude suffisante . francs .

Le prix d'extraction resterait le même, soit de. . . . 0 .212


Il faudrait, pour desservir, une drague, deux porteurs
(si l'on n'avait qu'une drague, il en faudrait trois
pour éviter les chômages, mais, comme il serait
A reporter . . . 0 . 212
CURAGE DES PORTS .
francs.
Report. . . . 0 , 212
nécessaire d'en avoir toujours deux en travail,
quatre porteurs pourraient les desservir sanstrop
de peine), d'environ 100 mètres cubes pour ne
pas trop multiplier les mouvements sans avoir
cependant de trop longs chômages. Ces porteurs
avec leur moteur coûteraient 65 000 francs cha
cun . Ils consommeraient par mètre cube trans
porté plus de charbon que les bateaux pompeurs
parce que , d 'une part, la capacité des bateaux
croissant avec le cube de leurs dimensions , la
section et partant la résistance à la traction avec
le quarré seulement, il faut des machines rela
tivement plus puissantes pour les petits bateaux
et que, de l'autre , les porteurs resteraient deux
heures à accomplir leur voyage ou sans travail au
lieu de 1 .20 comme les pompeurs. On peut éva
luer l'augmentation à 50 p. 100, ce qui porte par
mètre cube la dépense en charbon à . . . . . . 0 .028
Les réparations et fournitures diverses resteraient
sensiblement les mêmes par mètre cube , soit de. 0 .038
Mais la main -d 'œuvre serait considérablement aug
mentée parce que, d'un côté , dans le bateau de
100 mètres cubes commedans celui de 275 mètres
cabes, on devrait avoir un patron ,un mécanicien
et un mousse et qu 'on ne pourrait faire de réduc
tion que sur l'équipage proprement dit, encore
dans une proportion moindre que celle des capa
cités, et que, de l'autre , il faudrait proportion
Dellement plus de temps pour prendre et trans
porter un chargement. En tenant compte de ces
différentes circonstances et d'après l'expérience
acquise , on peut évaluer la part de la main
d'œuvre à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .200
C: qui porte le transport du mètre cube .. . . . . 0.266 0.266
Quant à la part afférente à l'amortissement et aux
intérêts , elle est évidemment dans le rapport des
valeurs du matériel employé au même travail.
Or, dans le systèmemixte , la drague, qui ne fai
A reporter. . . . . . . 0 .478
48 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
francs .
Report. . . . . . . . 0 .478
sait qu'une partie de la besogne, a pu chômer
encore assez pour donner le temps d'effectuer
les réparations, et il n 'a fallu que cette drague et
la part des bateaux pompeurs valant, comme
nous avons dit. . . . . . . . . . . . 169 303.13
Si l'on n 'employait que des dragues, comme deux
de ces appareils devraient constamment tra -
vailler , il en faudrait nécessairement une de re
change, ce qui porterait en réalité la valeur d'une
drague en service etde ses porteurs à. 257 673.65
D 'où l'on doit conclure que l'amortissement et les
intérêts devraient être élevés de 0,399 à . . . . . 0 .606
Ce qui ferait en définitive revenir le prix du mètre
cube dragué et transporté comme aujourd'hui à
1500 mètres à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 .084

au lieu de of.765 commedans le système mixte.


C'est à ce prix qu'on aurait à comparer le prix de revient
moyen de notre opération qui, avons-nous dit, est de oʻ.478
et, laissant même de côté la possibilité de saisir avec des
dragues la totalité des vases de Saint-Nazaire dont, on ne
doit point l'oublier, une partie échapperait cependant à
leurs godets, on voit que l' emploi du système mixte à per
mis de réaliser sur celui exclusif de dragues, l' énorme éco
nomie de oʻ.606 parmètre cube d'encombrement, seul vo
lume qui soit en définitive à considérer, soit de 56 p. 100 ,
les résultats dans les deux systèmes étant dans le rapport de
44 à 100 .
Cette économie serait évidemment plus grande encore si
les conditions du port permettaient de pomper toutes les
vases. Sans vouloir revenir sur des considérations déjà pré
sentées, nous nous bornerons à faire remarquer qu'elle at
teindrait alors 68 p.100.
Nous n'avons point distingué, en établissant ces prix
de revient, les vases extraites du chenal de celles extraites
du bassin pendant l'opération dedévasement. Dans le che
CURAGE DES PORTS. 49
nal les bateaux employés au transport des vases n 'ont ce
pendant point à traverser d ' écluses , ce qui ne cause du
reste de retard très appréciable qu'en dehors des heures
de la pleine mer quand il faut les sasser, et il semblerait
au premier abord que le prix du mètre cube de la vase
extraite du chenal devrait être moins élevé que celui de
la vase extraite du bassin , mais, si l'on songe que souvent
pendant les deux ou trois heures qui avoisinent la pleine
mer il faut suspendre toute opération dans le chenal, que
les abordages et par suite les avaries sont plus à craindre et
les frais de réparations dès lors plus élevés, on reconnaîtra
que cet avantage disparaît et, en fait , nous n 'avons pu éta
blir de différence utile à constater entre les prix de revient
dans l'un et l'autre cas.
Il en serait tout autrement si l'opération devait se faire
dans des eaux libres et en dehors des mouvements des na
vires. La durée d 'un chargement de vase draguée et de son
transport , qui a été en moyenne de 6 ".30', serait réduite à
4 .50', celle d 'un chargement de vase pompée et de son
transport ne serait plus que de 3“.30' au lieu de 4 ".50' et,
en se reportant à ce qui précède , il est facile de conclure
que dans des conditions analogues d'ailleurs à celles dont
nous avons rendu compte :
Le prix du mètre cube de vase pompée et transportée à
1500 mètres n 'eût plus été, y compris les intérêts et l'a
mortissement du matériel, que de oʻ.230 , et celui du mètre
cube de vase draguée et transportée à la même distance, y
compris également les intérêts et l'amortissement du maté
riel, que de op.570.
Le prix moyen du dévasement avec le matériel mixte
produisant 39 p . 100 de vase draguée et 61 p . 100 de
vase pompće , serait descendu de oʻ.478 à of.363 , et, si
on avait fait exclusivement usage de dragues, il se füt
trouvé également réduit de 1 .084 à environ o'.810.
Il ne faut évidemment pas considérer les résultats de
Annales des P . et Ch. Mémoires. – TOME XVIII.
50 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
l'importante expérience de dévasement faite à Saint-Nazaire
comme applicables à tous les cas. Le système qui a réussi
dans ce port ne peut être employé qu'à la condition de se
trouver en présence de vases entièrement privées de sable
et tassant avec lenteur, mais ces circonstances ne dussent
elles se rencontrer que rarement , il n' en paraissait pas
moins utile d'appeler l'attention sur la nécessité de bien
étudier la nature et le régime des dépôts que l'on peut
avoir à extraire et d ' établir des éléments du prix de re
vient de dragages qui, quelles que soient les vases, ne de
vront jamais être que très -légèrement augmentés. Si les
vases que nous avons eu à draguer n'avaient, en effet ,
qu'une densité moyenne de 1 310 , la densité de celles que
l'on rencontre ailleurs ne dépasse guère 1 450 ou tout au
plus 1500, et on ne doit pas perdre de vue que, dans les
conditions les plus défavorables , les frais d 'extraction et
de transport sont certainement loin de croître dans le rap
port des densités .
HYDRAULIQUE. 51

N° 228
NOTE
Sur l'usage des formules de M . GaucKLER et DE PRONY,
relatives au mouvement de l'eau dans les canaux décou
terts (*).
Par M . STAPFER , ingénieur des ponts et chaussées.

M . Gauckler résume son étude sur le mouvement de


l'eau, dans les canaux découverts , en ces termes (* * ) :
1º Chaque fois que la pente est supérieure à o " .00007,
on a la relation :
y =3 VI
entre la vitesse movenne v du courant;

Lerayon moyen R = (rapport de la section du fluide


à son périmètre mouillé) ;
La pente I par mètre du cours d 'eau ;
Un coefficient a variable avec la nature de la paroi.
q° Dans le cas où la pente est , au contraire, inférieure
à 0 " .00007, la loi d 'écoulement estdonnée par l' équation :

Vo = B.AR
où les notations v, R , I sont les mêmes , et 3 un coefficient
semblable à celui, c , de la première formule (** *).
Notice n° 180 des Annales des ponts et chaussées, Mémoires,
tome XV, 4€ série , 1868, p . 251.
(**) Résumé de la page 280 de cette notice.
(* **) Ces coefficients « et ß sont déterininés d 'après de nombreuses
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
M . Gauckler exprime le souhait que d 'autres expériences
viennent confirmer la seconde de ces deux formules qui
s'applique aux questions hydrauliques les plus importantes.
Ayant eu occasion de faire quelques expériences à ce
sujet, je crois devoir répondre à l'appel de M . Gauckler,
en en faisant connaître le résultat.
C'est par des canaux découverts, à parois en maçonnerie ,
qu'une prise d 'eau est opérée dans la Marne ; d 'une part,
pour la navigation sur le canal de Saint-Maur, et, d'autre
part, pour l'alimentation d'une chute d 'eau .
En vertu d'une première concession que le gouvernement
a faite de cette chute d'eau , en 1822, le volume de l'eau
destiné aux usines s' écoulait par le souterrain qui sert de
voie navigable. Depuis 1869, conformément à un décret du
9 août, la prise d'eau , concédée à la ville de Paris, s'ef
fectue par un nouveau canal, ayant dans la Marne une
entrée distincte de celle du canal navigable .
J'ai eu recours aux formules de Dubuat et de Prony (*)
pour me rendre compte du débit de ces prises d'eau .
Je me propose d 'en comparer les résultats à ceux que
fournit l'application des nouvelles formules de M . Gauckler.
Voici d 'abord les débits maxima et minima calculés par
la formule générale de M . de Prony ( Table [re).
RI = all + bU ',

où I et R expriment la pente par mètre et le rayon moyen


du cours d'eau, de même que dans celles de M . Gauckler ,
et U la vitesse moyenne désignée par v dans ces dernières ;
enfin , a et b , des coefficients numériques.

expériences de MM . Darcy et Bazin , de Dubuat, Båumgarten .


Woltmann , et de MM . Poirée, Emmery et l'Éveillé.
(*) Recueil des cinq tables , relatives au mouvement de l'eau dans
tes canaux découverts et les conduites, par M . de Prony , de l'Insti
HYDRAULIQUE.

I. – ANCIEN SOUTERRAIN ,
Canal navigable de Saint- Maur.

La vitesse à la surface, que la concession de 1822 ne per


mettait pas de dépasser, était de om.55 par seconde, et la
vitesse moyenne U correspondante, donnée par les Tables
de Prony, de o” .434.
1° En basses eaux.
Pour une hauteur de l' eau de 1 “ .50 sur le busc des
portes de garde et de 1 ”.75 sur le radier du souterrain ,
d 'une largeur de 8 mètres , la section du courant :
w = 8m x 1 ". 75 = 14 metres quarrés ;

son périmètre mouillé :


. X = 8m + 3“.50 = 116.50 ; .
d 'où
R = = 1.218; wU = 6* .076.
La table première du Recueil précité de Prony donne la
valeur correspondante :
RI = 0. 00007845,
d 'où
= 0 .00006444.

tut, inspecteur général,directeur de l'École des ponts et chaussées.


(Imprimerie royale , septembre 1825.)
TS .
54 MÉMOIRES ET DOCUMEN

2° En haules caur.

4 mètres au-dessus du busc desdites portes, limite de la fermeture du canal.


w = " X 4" . 25 = 34m4; X = 81.50 + 8m.0 = 16m.50 ;
R = = 2.061; w = 14 .556 ;
d'où , par la table susdite :
0 . 00

I= 0.00007845
2 . 061 = 0.00303807
- 0 . 00

(ces deux valeurs de I , étant inférieures à o" .00007, le


mouvement de l'eau rentre ici dans le cas de la formule
n° 2 de M .Gauckler).
II . – NOUVEAU CANAL SOUTERRAIN ÉTABLI POUR LA PRISE D 'EAU
DE LA VILLE DE PARIS .

Aucun maximum n'est fixé pour la vitesse du courant,


mais le volume d 'eau concédé a pour limite celui qui de
viendrait nuisible à la navigation de la Marne, et , dans
aucun cas (art. 4 du décret), il ne doit excéder 45 mètres
cubes par seconde.
1° En basses eaux .
Le barrage à hausses mobiles de Joinville, assurant à la
prise d'eau de la ville de Paris une hauteur de 2".50 sur le
busc des portes de garde, si l'on suppose , pour fixer les
idées, une vitesse à la surface, de o" .55 , égale au maxintum
stipulé par la concession de 1822 ; la largeur du canal étant
de 9 mètres, et son radier établi à i mètre plus bas que le
busc ; la section
w = 9 " X3" .50 = 31"4.50 ;
le périmètre mouillé
HYDRAULIQUE . 55

X = 9 " + 7 " = 16 mètres ;


d 'où
R = = 1.968; wU = 31 ,50Xo" 434 = 13" .67 .

En faisant usage de la première table du Recueil de


M . de Prony, on trouve :
RI = 0.00007845 et I = 0.00003986 .

2° En huules eaux .

Le niveau de l'eau étant toujours supposé à 2 ” .50 au


dessus du busc , soit par suite d 'une crue de la rivière, soit
par l' effet combiné d 'une crue et de la manœuvre des
hausses du barrage, les valeurs de w , X et R restant les
mêmes que dans le cas précédent, et la vitessemoyenne du
courant déterminée par le débit maximum de 45 mètres
cubes par seconde, étant
4, 5 m

U = 45" = 1".43 ,
les tables de Prony donnent :
RI = 0.0007822; I = 0" .0003975 .
(Ici la valeur de l est supérieure å om .00007 , le mouve
ment de l'eau rentre donc dans le cas de la formule n° 1
de M . Gauckler, tandis que sa valeur précédente (en basses
eaux), étant inférieure à o ". 00007, c'est la formule n° 2
qu'il conviendra d'appliquer.)
Il nous reste à faire l'application de ces nouvelles for
mules et à en comparer les résultats avec ceux qui ont été
déduits ci-dessus de la formule de Prony.
En conservant le même ordre , on a d'abord :
56 MÉMOIRES ET DOCUMENTS . .

I. - ANCIEN SOUTERRAIN DE SAINT-MAUR .

' 1° En basses eaux .

La substitution dans la formule n° 2 de M . Gauckler

d 'où
No = B.Vā. Vī,
v = B*.RS.I
des valeurs numériques énoncées plus haut :
et de
R = 1".218 ; I = 0".00006444,
8 + 8 .5
B = - = 8. 25 ,

valeur moyenne du coefficient applicable aux canaux sem


blablesà celui de Saint-Maur, dont les parois sont revêtues
en bonne maçonnerie (page 277 de la notice nº 180 de
M .Gauckler ), donne :
v = 0 " .388 .

De la même relation , en y faisant v = U = 0 " .434 (les


autres valeurs de R et I déduites des tables de Prony restant
les mêmes), on tire :
VV
= 8 .48 .
VRVI

2° En hautes eaux .

La substitution dans la même formule des valeurs numé


riques indiquées ci-dessus, savoir :
R = 2".061; 1 = 0.00003807 ; B = 8.25
donne
v = Bi . R . I = 09 .463 ,
HYDRAULIQUE.

et en y faisant
v = U = 0 " .434 ,
on en tire
|9B = = a . I = 8.12.

Ainsi, dans le cas dont il s'agit, la formule n° 2 de


M . Gauckler donne, d' une part:
En basses eaux. . . v = 0 .388
En moyenne. . 09 .425 ,
En hautes eaux. . . v = 0.463 "

qui ne diffère que de om.oog ou de 6 de la vitessemoyenne


correspondante U = 0 . 434 donnée par les tables de Prony.
D 'autre part, en substituant dans la formule de M .Gauckler
les valeurs de U , R , I des tables de Prony, nous en avons
tiré pour celles du coefficient ß :
En basses eaux. . . B = 8 .48 1
En hautes eaux. . . ß = 8 .12 moyenne . . 8 " . 30 .
!

Or M . Gauckler, à la page 277 de sa notice, attribue à


ce coefficient les valeurs suivantes :
8.5 + 9 : 8.75
Maçonnerie en pierre de taille . . . . . B = =
8 + 8. 5 8 . 25
Bonne maçonnerie . . . . . . . . . . . ß = - =

et commela maçonnerie qui forme le revêtement du souter


rain de Saint-Maur peut être assimilée à l'une ou à l'autre
de ces deux catégories de paroi et qu'elle doit se rappro
cher plutôt de la seconde que de la première, on voit que
les résultats déduits des tables de Prony sont, dans le cas
dont il s'agit, presque identiques avec ceux auxquels on ar
rive par l'emploi de la nouvelle formule n° 2 de M . Gauckler ,
basée sur un plus grand nombre d'expériences. On pourra
NTS
58 M OIRES ET DOCUME .

donc employer indifféremment l'une ou l'autrede ces for


mules pour se rendre compte du débit des canaux décou
verts revêtus en bonne maçonnerie.
L 'emploi de la formule de M . Gauckler exige une connais
sance rigoureusement exacte de la pente du cours d' eau ,
pour en déduire la vitesse moyenne.
Dans la pratique, il n 'est pas toujours possible de s'as
surer de cette pente , qui peut en outre varier, entre les
repères de nivellement, dans la distance qui les sépare, et
plus encore quand la permanence du régime du cours d ' eau
n 'est pas parfaitement établie .
Laméthode la plus simple et la plus usuelle, pour obvier
à cette cause d 'erreur, consiste dans l'emploi de flotteurs
abandonnés au courant et faisant connaître la vitesse super
ficielle du cours d 'eau .
On peut en déduire la vitesse moyenne par la formule
de Prony (calculée table 5 ) , ou simplement par la régle
approximative qu 'il indique et qui consiste à prendre les
quatre cinquièmes de la vitesse de superficie.
D 'après les expériences faites par M . Baumgarten (*)
avec lemoulinet Woltmann , il convient, pour les vitesses V
de superficie supérieures à 1" .30 , de multiplier de nouveau
par la fraction 0 .8o la vitesse moyenne déduite de la for
mule de Prony, parce que cette formule est seulement
basée sur quinze expériences, où la plus grande valeur de V
est de 1 " . 299.
J'ai eu occasion de vérifier l'exactitude de cette correc
tion , que M . Baumgarten a basée sur vingt-deux expériences
où la vitesse de surface du courant dépassait 1 ".40.
Revenons à l'application qui reste à faire des formules
de M . Gauckler au mouvement de l'eau dans le nouveau
canal souterrain établi, pour la prise d'eau de la ville de
Paris , à Saint-Maur.
(* ) Notice (nº 184) de M . Baumgarten , page 326 , tome XIV , 2• sé .
rie , Mémoires, année 1847, des Annales des ponts et chaussées.
HYDRAULIQUE . 59

1° En basses eaux .

La substitution dans la formule n° 2 , applicable aux


pentes inférieures à o " .00007,
pr = Bikil,
des valeurs numériques énoncées ci-dessus :
R = 1.968; I = 0" .00003986
et du coefficient
8 + 8 .5
ß = - = 8 . 25 ,

applicable aux canaux revêtus en bonne maçonnerie (*),


donne :
v = B . R . I = 0 .455 ,
et en y faisant
v = U = 0,434 ;
les autres valeurs de R et I déduites des tables de Prony,
restant les mêmes, on en tire :

B= VRVI
= 8.15,
valeur qui s'approche beaucoup de la moyenne 8 .25 appli
cable, suivant M . Gauckler, à la nature des parois dont il
s'agit.
2° En hautes eaux .
(Dans l'hypothèse faite ci-dessus du volume maximum
de 45 mètres cubes par seconde concédé à la ville de Paris. )
En substituant dansla formule n° 1,applicable aux pentes
supérieures à o" .00007,
(*) Page 277 de la notice nº 180 de M . Gauckler , année 1868.
S
NT
S UME
RE ET OC
60 I D .

Vo = ařR .Vī,
les valeurs numériques, résultant des dimensions du canal,
et déjà énoncées ci-dessus :
45me 45mc
v = 49 = 400 = 1*.43 ; R = 1.968,
et faisant
7 .6 + 8 .5
a = 7.6 + 8.5- == 8.05,
8 .05 ,

valeur moyenne du coefficient a. applicable aux parois en


bonnemaçonnerie , on trouve :

I = id = 0".0001638,
au lieu de celle de 0 ,0003975 énoncée ci-dessus et donnée
par la formule de Prony. La première pente est moins de
moitié de la seconde.
Cet écart considérable doit être attribué à ce que la for
mule unique de Prony a été basée sur des expériences
faites indifféremment dans des cours d'eau à paroi de
toute nature, tandis que les formules de M . Gauckler ont
chacune un coefficient dont la valeur a été calculée d 'après
des expériences spéciales faites sur le mouvementde l'eau
dans des canaux à paroi d' une nature déterminée.
Si, par exemple, dans le dernier cas considéré, l'écoule
ment des 45 mètres cubes d 'eau par seconde avait eu lieu
dans le lit naturel d 'une rivière des dimensions moyennes
du canal de prise d 'eau de la ville de Paris, lit auquel le
page 277 de la notice de
.65 ((page
coefficient ß = 6". 3 + <7 == 66 .65
2
M . Gauckler) aurait été applicable , on trouverait, par la
formule n° 2 :
HYDRAULIQUE. 61 ,
I =
10 :43
i = 00 .0002965 ,
BRI (6 .65)" . (1. 968)
et en admettant, pour le coefficient ß , sa valeur minimum
6 ,3 des expériences citées par M . Gauckler, on trouve :
I = 0.000337 ,

valeur très- rapprochée de la pente o".0003975 déduite de


la formule générale de Prony.
On peut conclure de ces comparaisons qu' étant données
deux des trois quantités U , R et I, si l'on se sert de la for
mule générale de Prony pour calculer la troisième quantité,
la valeur obtenue ne diffère pas sensiblement de celle
donnée par la formule de M . Gauckler spécialement appli
cable à la nature du lit du cours d'eau dont il s'agit,
pourvu, toutefois , que la vitesse à la surface ne dépasse
pas certaine limite (om.55 par exemple), mais qu'au con
traire, lorsque la vitesse excède cette limite , comme cela
avait lieu dans la plupart des expériences qui ont servide
base aux formules de M . Gauckler , la formule générale de
Prony n 'est plus exacte ; ce qui tient évidemment à ce que
la nature du lit et de ses rives agit d 'autant plus sur les
molécules liquides comme force retardatrice , que le cours
de l'eau est plus rapide.
Je crois utile , à l'appui de ces observations, de faire
connaitre le résultat d'une expérience de jaugeage que j'ai
faite le 11 novembre 1844 , dans l'ancien souterrain de
Saint-Maur.
La permanence de l'écoulement de l'eau , dans ce canal,
avait été obtenue par l'ouverture de deux ventelles des portes
d'amontde l'écluse située à 300 mètres en aval.
Cette permanence ayant été constatée par l'absence de
toute variation du niveau de l'eau, au droit des échelles
hydrométriques fixées en amont et en aval du souterrain ,
62 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
un flotteur a été abandonné au courant à la tête d'amont
du canal. Le temps qu'il a mis à parcourir la longueur de
595m .75 du souterrain ayant été de 20' 15", la vitesse V de
superficie par seconde était de
595".7) = 0 ".49.
1215"
Et l'on en conclut, par la quatrième table du recueil de
Prony, que la vitesse moyenne U correspondante du cou
rant était de o" .385 .
La surface de l'eau était à 2" .89 au -dessus du busc des
portes de garde, soit à 5m.14 au-dessus du radier.
La largeur du souterrain étant de 8 mètres, on avait :
Section fluidc. . . . . w = 9" X3".14 = 25*7.12,
Périmètre mouillé. . . X = 5 " + 6 " . 28 = 14 " . 23 ,
d 'où
R = * = 1*.56 ; wV = 9*.67 (*),
et par la formule de Prony, pour
U = 6" .385 ; RI = 0 ".000063;
(*) Le débit de l'unedesdeux rentelles de l'écluse, par lesquelles
avait lieu l'écoulement des eaux du canal, est donné par la for
mule q = k . w .psih , dans laquelle g = 9".309 ( espace parcouru
à la fin de la première seconde do Szchure par un corps grave ) ; le
coefficient de contraction K = 0 " .60 ; la section de la ventelle
W = " X1" . 058 = 1 " 7053 ; N = 3 " .038 la différence de niveau de
l'amont à l'aval de la ventelle.
Substituant ces valeurs numériquis, on trouve
q = 4 * *.808 et pour les deux lentelles 29 = 9 * 6 :6 ;
c'est, à zóó près, le débit de 9".07 trouvé par le jaugeage du cours
d 'eau dans le canal, déduit de la vitesse d 'un flotteur. Cet accord
confirme en out:'c la permanence de l'écoulementpendant l'expé
rience .
HYDRAULIQUE. 63
d 'où
I = 0 " .0000358 .

D 'autre part, en employantla formulen°2 de M .Gauckler ,


applicable au cas dont il s'agit, où la pente I est inférieure
à o " .00007,
No = B . ñ .vi,
et en y substituant : 1° la valeur du coeflicient 3 attribuée
(page 277 de sa notice), soit aux parois en bonne maçon
nerie 8 à 8. 5, soit à la maçonnerie en pierre de taille 8.5 å
9 ; en moyenne ß = 8 . 5 ;
2° Pour R et I les valeurs 1 " .76 et o " .0000358 indiquées
ci-dessus, on trouve :
v = 0 " .397 .

Cette vitesse diffèrede ó seulement de la vitesse moyenne


U = 0 " .385 déduite , par la formule de Prony , de la vitesse
de superficie.
La formule de M . Gauckler, résolue par rapport au
coefficient ß et en y substituant pour v la valeur U = 04.385
de la vitesse moyenne déduite de celle de superficie ,
donne :
- Vo
B= = 8.43,
qui diffère de " , environ, seulement, du chiffre moyen 8.5
applicable , d'après les expériences citées par NI.Gauckler ,
à la nature des parois du souterrain de Saint- laur.
En résumé, je crois pouvoir conclure de ces comparai
sons entre l'usage des formules de Prony et de I. Gauckler
relatives au mouvement de l'eau dans les canaux décou
verts :
1° Que ces dernières formules, basées sur un bien plus
grand nombre d 'expériences que les premières, peuvent
servir à calculer avec une plus gran:le p 'rision , soit la
64 MÉMOIRE ET DOCUMEN .
S TS
pente du cours d'eau , sa vitesse moyenne étant connue ,
soit réciproquement la vitesse moyenne, lorsque la pente
est bien déterminée (le rayon moyen étant d'ailleurs
donné par les dimensions de la section fluide) ;
2° Que l'on devra cependant encore nécessairement re
courir aux formules de Prony, toutes les fois qu'il ne sera
possible de se procurer ni la pente du cours d'eau avec
une précision suffisante, ni la vitesse moyenne par des pro
cédés également rigoureux, et lorsque l'on n 'aura à sa
disposition que des flotteurs pour mesurer la vitesse de
superficie du courant ;
3° Qu'alors et en attendant d 'autres formules, à la fois
plus rigoureusement exactes et d'une application aussi
facile dans la pratique , il faudra déduire la vitesse moyenne
de la formule de Prony, en la modifiant conformément aux
expériences et suivant la règle rappelée ci-dessus que
M . Baumgarten a indiquée pour les cas où la vitesse de su
perficie dépasse 1" .40 par seconde ;
4° Que toutes les fois que cette vitesse n 'excédera pas
om .55 par seconde, les résultats fournis par la formule de
Prony , en ce qui concerne les canaux à parois en bonne
maçonnerie , peuvent être considérés comme identiques
avec ceux de la formule de M . Gauckler applicable à ces
canaux ;
5° Que, pour les rivières , l'ancienne formule de Prony
et la nouvelle formule de M . Gauckler fournissentdes résul
tats peu différents,même lorsque la vitesse atteint 1" .40 ; et
que la formule de Prony, d'une application plus facile,
donnera, en général, une approximation suffisante.
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES.

CHRONIQUE .

Juillet 1869.
SONAIRE. – Travaux du canal de Suez. – Société du matériel agricole de la
Sarthe. – Tendance des Anglais à la centralisation pourles travaux publics
de Londres . – Bulletin bibliographique .

Travaux du canal de Suez . – En attendant que les Annales


puissent publier des mémoires étendus sur les grands travaux du
canal de Suez, nous mettons sous les yeux de nos lecteurs une
note fortintéressante que l'on veut bien nous communiquer . Cette
notice permettra de juger des difficultés de cette magnifique entre
prise et d'apprécier l'habileté et la noble persévérance des admi
nistrateurs et des ingénieurs qui la dirigent.
L'isthme de Suez mesuré à vol d'oiseau dans sa partie la plus
étroite, entre Péluse sur la Méditerranée et Suez sur la mer Rouge,
a environ 120 kilomètres de largeur. La ligne qui réunit ces deux
points est orientée sensiblementdu nord au sud sur le 30 méridien
est, à la latitudemoyenne de 31° nord.
Le terrain présente dans cette direction une dépression sinueuse
bien accusée, qui forme l'intersection de deux plaines descendant
par une pente douce, l'une de l'Égypte, l'autre des premières col
lines de l'Asie. Tout ce terrain offre fort peu de relief, et il est très
certain que les deux mers ont été autrefois beaucoup plus rap
prochées en cet endroit ; elles y ont peut-êtremêmemélangé leurs
eaux. Dans l'orientation ouest-est, un autre pli de terrain très
sensible se dessine entre Zagazig et le lac Timsah ; il est situé à
peu près à égale distance des deux mers. C'est l'antique terre de
Gessen dont la Bible rapporte la fertilité .
Le tracé du canal suit du nord au sud le thalweg de la première
Annales des P . et Ch . MÉMOIRES. – TONE XVIII .
66 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
de ces dépressions; voici la description des accidents de terrain
qu 'il traverse successivement.
Entre Péluse et Damiette , sur une longueur de 80 kilomètres,
s'étendent des lagunes qui portent le nom de lac Menzaleh . Leur
largeur atteint jusqu'à 45 kilomètres comptés perpendiculaire
medt au rivage ; trois ramifications du Nil y versent leurs eaux.
Ces lagunes sont séparées de la mer par une étroite bande de sable
d une largeur souvent inférieure à 100 mètres . Ce lido présente
des coupures ou boghaz ,mais elles sont peu nombreuses, en sorte
que l'équilibre entre le niveau de la Méditerranée et celui du lac
ne se rétablit que lentement lorsque l'un d'eux vient à varier . La
profondeur d'eau, variable avec l'état du Nil, y est en moyenne
d'un mètre environ . Quelques ilots émergent de place en place.
En dehors de la bande de terrain qui enceint ces lacs, la plage
descend par une pente très-faible et il faut s'avancer jusqu 'à une
grande distance en mer pour trouver des fonds de 100 mètres.
L 'origine du canal est sur ce lido à 55 kilomètres à l'est de
Damiette et à 30 kilomètres à l'ouest de Péluse. C 'est le point qui
présente les meilleures conditions au point de vue de l'atterris
sage des navires. Une ville importante et prospère y est aujour
d'hui bâtie , c'est Port-Saïd. Elle est sur le lido même, qu'on a con
sidérablement élargi par des remblais du côté du lac , au fur et à
mesure des nécessités.
C'est à Port-Saïd qu 'ont été montés tous les appareils de creu
sement et les bateaux du transit. La compagnie y a construit des
ateliers et des chantiers assez considérables pour l'entretien de
tout ce matériel.
De Port- Saïd , le canal se dirige droit au sud, au travers du lac
Menzaleh , qu'il traverse sur une longueur de 42 kilomètres .
Au delà , il rencontre un cordon de terre ferme éleré d'un mètre
en moyenne au -dessus du niveau de la Méditerranée ; il le traverse
sur une longueur de 6 kilomètres. C 'est sur ce cordon que se
trouve Kantara , point de passage des caravanes voyageant entre
la Syrie et l'Égypte.
Le tracé franchit ensuite une série de lagunes 'cominuniquant
avec le lac Menzaleh et portant le nom de lac Ballah.
On est alors à 60 kilometres 1 /2 de Port- Said . En ce point com
mencent une suite de hauteurs qui s'élèvent graduellement et qui
conduisent a un plateau portantle nom d'El-Guisr. Le canal les
traverse en tranchée sur une longueur de 15 kilomètres. La plus
grande profondeur de cette tranchée, comptée jusqu'au niveau de
l'eau , est de 1'7 mètres.
-
- - - -
CHRONIQUE . 67
Au delà du seuil d'El-Ġuisr, le tracé rencontre une dépression
de terrain dont le point le plus bas est à 7 merres au -dessous du
piteau de la Méditerranée : c 'est le lac Timsah , ou des Crocodiles.
Il était à peu près à sec à l'origine des travaux. Sur la rive nord ,
la compagnie a élevé une ville importante qui a pris le nom d'Is
mīlia. Elle est le siège de la direction générale des travaux, et
tous les services de la compagnie y sont centralisés. Le canal tra
verse le lac sur une longueur de 9 kilomètres ; les navires trouve
ront dans les grands fonds un très-bon mouillage.
Il coupe ensuite un second seuil, quia reçu le nom de Sérapéum ,
et dont la plus grande hauteur est de 14 mètres au -dessus de la
Méditerranée ; la traversée y est de 11 kilomètres. Au delà , le
tracé rencontre une longue dépression de terrain formant deux
bassins inégaux séparés par un petit seuil, et qu 'on a nommés
bassins des lacs Amers. Leur fond est en certains points plus bas
que la cote du plafond du canal. Ces bassins étaientabsolument à
see : la cuvette du plus grand des deux est occupée par un banc
de sel qui a 35 kilomètres de tour, et dont l'épaisseur atteint
par places 8 à 10 mètres. Le canal traverse ces bassins en en sui
Tant le thalweg sur une longueur de 37 kilomètres 1/2 .
Au sortir des bassins des lacs Amers, il coupe la hauteur de
Chalouf, qui a 8 mètres au maximum au -dessus du niveau moyen
de la mer Rouge, puis il traverse la plaine de Suez dont la hauteur
moyenne au-dessus de l'eau est de 2 mètres. Il franchit ensuite
les lagunes qui terminent le golfe de Suez, et il débouche enfin
dans la mer par un chenal qui gagne les fonds de 9 mètres. Des
lacs Amers à la mer Rouge, le tracé a 27 kilomètres de long.
En résumé, le canal a environ 160 kilomètres de longueur, dont
101 kilometres traversent des terrains à peu près à la hauteur
de l'eau, ou plus bas qu 'elle, et 59 kilomètres des terrains situés
plus haut que l'eau.
Le niveau moyen des deux mers est sensiblement le même; en
efet, celuide la mer Rouge n'est que de 16 centimètres plus élevé
que celui de la Méditerranée. De plus les marées de la mer Rouge
Sot faibles, celles de la Méditerranée peu sensibles. Ces circon
sances ont perinis d'éviter les écluses.
Les terrains traversés sont constitués tantôt par du sable , tantôt
par de l'argite , tantôt par desmélanges de ces deux éléments,dans
des proportions où chacun d'eux prédomine tour à tour. Excepté
au sud des lacs Amers, on ne rencontre pas de terrains durs, et
les difficultés se bornent à de rares plaquettes et à 'de minces
couches de gypse, ou de calcaire tendre, qui se présentent çà et
68 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
là . Au contraire, au sud des lacs Amers , dans le seull de Chalouf
et dans une partie de la plaine de Suez, le terrain contient des
formations pierreuses assez volumineuses. Ces formations se pré
sentent en rognons épars assez irréguliers, sans aucun régime de
stratification.
Le canal aura 8 mètres de profondeur au-dessous de la ligne
d'eau . Sa largeur au plafond sera partout de 22 mètres. Sa largeur
au niveau de l'eau sera de 58 mètres, à la traversée des seuils
d'El-Guisr , du Sérapéum et de Chalouf, et dans une partie de la
plaine de Suez ; partout ailleurs elle aura 100 mètres.
Les talus sont réglés dans chaque région d'après la tenue natu
relle du terrain traversé . Leur inclinaison n 'est jamais moindre
que a de base pour i de hauteur.
Dans les parties où la largeur est de 58 mètres, il y a de chaque
côté à imètre au -dessous de l'eau une banquette de 2 mètres de
large. Dans les régions où elle est de 100 mètres, les banquettes
sont à 1° .75 au -dessous de l'eau et ont une largeur variable avec
la pente des talus.
Sur treize points du tracé, répartis uniformément, le profil qui
vient d'être décrit présente des élargissements qui forment autant
de garages pour l'arrêt des navires, ou le remisage du matériel
d'entretien et d'exploitation .
Enfin , pour compléter la description du canal, disons quelques
mots des dispositions des ports des extrémités. A Port-Saïd le canal
traverse un bassin intérieur dentelé, d'une superficie de plus de
h hectares, et débouche en mer dans un avant-port compris entre
deux jetées. Ces deux jetées ne sont pas parallèles, leur distance
est de 1 400 mètres à l'enracinement etde 700 mètres à l'extrémité .
L 'une a 2500 mètres de long , l'autre 19oo . A Suez le débouché
du canal est protégé au nord -ouest par un terre-plein relié à la
terre ferme par une chaussée, et au sud -est par un brise lames de
8 à goo mètres de long .
L'ensemble des travaux dont nous venons d'esquisser à grands
traits les dispositions représente un volume de déblais d'environ
26 millions de mètres cubes, sans faire entrer en ligne de compte
les remaniements accessoires. Cet immense mouvementde terre,
représentant à peu près en moyenne 475 mètres cubes par mètre
courant, il fallait l'exécuter dans un désert où la température est
brûlante pendant huit mois de l'année , et ou toutes les ressources
manquaient non -seulement pour le travail, mais encore pour la
vie des hommes.
Le premier soin de la compagnie a été d 'amener de l'eau douce
CHRONIQUE . 69
le long du tracé du canal maritime, de manière à en alimenter les
travailleurs et les machines, et à fournir en même temps une voie
de transport pour les vivres, les approvisionnements et le matériel.
Depuis longtemps déjà il existait une dérivation du canal de Moës
partant de Zagazig , se dirigeant vers l'est et allant par Abassieh
jusqu 'à Ras-El-Ouadée. Cette dérivation fut continuée à partir de
ce dernier point jusqu'au lac Timsah . L'eau douce fut ainsi amenée
au centre de l' isthme, ce qui permit de s'y établir et d 'y fonder
on centre d'organisation. C'est la ville d’Ismailia , dont il est
déjà parlé plus haut. A 2 ou 3 kilomètres en amont du lac Timsah ,
De branche se détache de ce canal; elle longe le tracé du canal
Daritimeen contournant les lacs Amers et elle aboutit à Suez après
on parcours de 80 kilomètres . Pour assurer à ces canaux une
hauteur d'eau et une alimentation auxquelles la prise d'eau de
Zagazig toute provisoire n 'aurait pas pu suffire, ou a creusé un
nouveau canal, qui part du Nil à la hauteur de Boulak près du
Caire et aboutit à Abassieh dans le canal déjà creusé, en suivant
la lisière orientale du Delta. Cette branche a 75 kilomètresde lon
gueur.
Le canal d'eay douce a une section d'environ 8 mètres au plafond
et 17 mètres à la ligne d 'eau sur 2 mètres de profondeur . Il com
munique à Ismailia avec le lac Timsah par deux écluses , et à Suez
avec la mer Rouge par une seule écluse .
Quant à la partie nord du tracé du canal maritime entre le lac
Timsah et Port-Saïd , elle est alimentée d 'eau douce au moyen de
deux conduites en fonte, de 80 kilomètres de longeur chacune, des
servies par un établissement hydraulique établi à Ismaïlia et qui
refoule les eaux doucesjusqu'à Port-Saïd.
Dès qu'on eut assuré l'approvisionnement d'eau, soit par les
moyens décrits ci-dessus, soit par des moyens provisoires , on com
mença les travaux de creusement du canal. Les premiers ont été
ellectués avec les contigents d'indigènes fournis à la compagnie
par le gouvernement égyptien au nombre de 25 , 000 renouvelés
tous les mois . Ces ouvriers ont pratiqué là leur mode de travail
babituel qui consiste à transporter les déblais dans des couffes
qu'ils chargent sur leurs épaules.
Pour creuser sous l'eau et dans les parties trop humides pour
qu'on pat y mettre des hommes, on a employé dans le début vingt
petites dragues à vapeur de la force de 14 à 18 chevaux. On s'est
servi de ces appareils de plusieurs façons : ceux qui travaillaient à
Port -Saïd versaient leurs déblais dans des caisses portées sur des
chalands. Lorsque ces caisses étaient pleines, on les amenalt sous
70 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
des grues posées à terre qui les enlevaient et les vidaientdansdes
wagons qu’on allait verser en remblais. C'est ainsi qu'a été exécuté
le terre-plein sur lequel est bâti Port-Saïd. Sur le parcours du ca
nal, dans le lac Mensaleh, on opérait plus simplement. La drague
versait directement ses déblais sur les côtés à l'emplacement des
berges, au moyen d'un couloir adapté à son déversoir . Ce couloir
avait 6 à 8 pour 100 de pente et 22 mètres de long. Cette longueur
suffisait dans les débuts parce qu 'il ne s 'agissait encore que de creu
ser une première rigole préparatoire. En prenant beaucoup d'eau
dans les godets de la drague, les déblais étaient suffisamment bien
entraînés.
En employant ainsi, selon les points, soit les fellahs, soit les dra .
gues , on creusa une rigole entre Port-Saïd et le lac Timsah ,
traversant le seuil d 'El-Guisr en tranchée dans toute sa hauteur ;
et l'on enleva une partie du seuil du Sérapéum , ainsi que de celui
de Chalouf.
Dans les seuils , les déblais furent disposés en cavaliers à droite
et à gauche de la tranchée .
A la traversée des lacs Menzaleh et Ballah , les déblais furent
employés à former de chaque côté du canal un bourrelet, première
amorce de la berge définitive, destiné à l'isoler de ces lacs, doit
les variations de niveau et les lames soulevées par le vent, étaient
gênantes et dangereuses.
On en était là lorsque le gouvernement égyptien supprima les
contingents indigènes, qu'il mettait à la disposition de la com
pagnie.
On dut dès lors adopter un nouveau mode de travail. La solution
qui a été choisie comme la plus avantageuse dansles conditions où
l'on était, est l'emploi presque exclusif des machines,
Un entrepreneur, M . Couvreux , s'est chargé, de l'élargissement
au -dessus de l'eau , de la tranchée du seuil d 'El-Guisr, que les
fellahs avaient laissée avec la largeur de 15 à 20 mètres seulement
à la hauteur de la ligne d'eau , Cet élargissement, achevé depuis
longtemps, a été exécuté au wagon et à la locomotive. Tantôt le
terrain,était abattu à bras dans les.wagons; tantôt il était attaqué.
et les déblais versés dans ceux-ci au moyen d'excavateurs, à
vapeur travaillant à sec , de l'invention de M . Couvreux.
A l'exception de cet, élargissement de la tranchée d'El-Guisr,
tous les travaux ont été donnés à l'entreprise à MM . Borel, Laval
ley et compagnie. L'organisation de leurs chantiers et très simple,
et présente beaucoup d'unité ; nous allons, la décrire,sommaire
ment.
CHRONIQUE. 71
Presque tout le travail d'excavation se fait avec des dragues.
Elles sont au nombre de 60. La puissance nominale de leur maa
chine motrice est de 34 à 35 chevaux marins ; la capacité de leurs
godets est de 300 à 400 lítres. Elles présentent des dispositions
qui se résument en deux types : la drague à déversoir ordinaire .
et la drague à long couloir . Sauf de nombreuses améliorations et
appropriations de détails , la drague à déversoir présente les disn
positions ordinaires bien connues.
La drague à long couloir est au contraire un engin nouveau.
L'idée en a été suggérée par les bons résultats des petites dragues
à couloir de 22 mètres employées dans l'origine pour creuser les
premières rigoles ; elle a été remarquablementréalisée par la So
ciété des forges et chantiers de la Méditerranée sous la direction
de MIL Borel et Lavalley (*). Dans ces appareils le tourteau mo
teor de la chaine à godets est à 146 .80 au -dessus de l'eau, et le
couloir a 60 mètres de longueur ; il est supporté en partie par la
drague, en partie par un chaland auxiliaire placé à 12 mètres
d'elle . Une pompe rotative y verse constamment des torrents d 'eau ;
et grâce à cette disposition , il suffit d 'une pente de4 8 centimes
tres par mètre pour que les déblais s'écoulenta
Avec ces appareils de creusement, on a réduit à trois le nombre
des méthodes de travail mécanique.
Partout où la berge est assez peu élevée pour le permettre, on
se sert de dragues à long couloir, qui versent directement les dé
blais en cavalier ; c'est évidemment le mode le plus économique.
Il est employé dans toute la traversée du lac Mensaleh ; il a con
tribué à l'exécution de la première phase des travaux du Séra
péum , et il est appliqué dans la partie sud de la plaine de Suez.
Quand les berges sont trop élevées pour permettre l'emploi du
long couloir, ce qui a lieu lorsqu 'elles dépassent à 5 mètres, on
se sert des dragues à déversoir ordinaire. Si le chantier est aux
environs de la mer ou d'un lac , comme celui de Timsah , ou
encore d'un bassin artificiel, comme ceux du Sérapéum , on reçoit
les déblais dans des batuaux à clapets qu'on va vider au loin. C'est
la méthode employée près de Port-Saïd , d'ou les déblais sont por
tés dans la Méditerranée , dans les seuils d'El-Guisr et du Séra

O Dans sa séance du 14 juin, l'Académie des sciences a décerné le prix de


mécanique fondé par M . Montyon à M . Lavalley, l'un des entrepreneurs du ca
bal auquel revient, de l'aveu de ses collaborateurs, la plus grande part
dari les, études des nouveaux appareils mécaniques employés à l'Isthme
de Suem
ES T OCUMENTS
72 MÉMOIR E D .
péum , d'où ils sont portés soit dans le lac Timsah , soit comme
on l'indique ci-dessous, dans des cavités du seuil formant des es
pèces de lacs intérieurs, et enfin à Suez, où on les verse dans la
mer Rouge. Trois genres de bateaux sont employés à cet usage :
des porteurs à vapeur analogues à ceux qui servent dans nos
ports, des gabares à clapets de fond et des gabares à clapets laté
raux qu'on emploie pour les lacs intérieurs de peu de profondeur. -
Si le chantier où l'emploi de la drague à long couloir est impos
sible se trouve trop éloigné d 'un bassin de dépôt, on reçoit les
déblais dans des caisses portées par des chalands. Quand elles
sont pleines, on les conduit sous un appareil élévateur. C 'est une
sorte de grue à chariot dont la voie est inclinée qui les enlève,
les transporte au-dessus du cavalier et les y verse. L'appareil est
supporté au -dessus de l'eau par un chaland , et au - dessus de
terre par un grand chariot qui repose sur un chemin de fer volant,
établi sur le chemin de halage de la berge. Cela permet de le dé
placer facilement, parallèlement à lui-même au fur et à mesure
de l'exécution du cavalier .
Des chantiers semblables sontorganisés auprès de Kantara et
en certains points de la plaine de Suez.
Au Sérapéum où le terrain à attaquer était bien au -dessus du
niveau de l'eau de la Méditerranée, on a cependant rendu possible
l'emploi des dragues. Ce terrain est à peu près à la hauteur du
canal d'eau douce qui coule non loin du chantier : on y a creusé
une rigole par laquelle on a amené l'eau de ce canal; on l'a laissée
se répandre dans quelques dépressions naturelles du sol situées
à droite et à gauche du canalmaritime, et l'on a forméainsi, en les
complétant au besoin par quelques barrages, des lacs artificiels
dans lesquels on a pu introduire des dragues. Ces dragues ont été
desservies par des gabares portant les déblais dans les dépres
sions les plus favorables, et par de longs couloirs versant sur les
berges.
Au mois de mars dernier, la profondeur atteinte était assez con
sidérable pour qu'on ait pu supprimer la communication avec le
canal d'eau douce, et en coupant le barrage qui maintenait au
nord le plan d 'eau artificiel sur lequel on travaillait, le laisser
s'abaisser à la hauteur du niveau général de l'eau du canal ma
ritime.
Tels sont les moyens mécaniques employés sur la plus grande
partie des travaux.
Dans les bassins des lacs Amers, où il n'y avait pas d'eau, et à
Chalouf ainsi que dans les 7 kilomètres situés au nord de la plaine
CHRONIQUE . 23
de Suez, où se rencontrent des formations pierreuses qu'il eat
été difficile d'attaquer à la drague, les travaux se font à sec,
et à bras d'hommes, avec emploi de la mine quand c'est néces
saire. Dans les parties peu profondes les déblais sont enlevés et
portés en cavaliers à la brouette . Quand la profondeur augmente,
on se sert pour les transporter de baudets et de chameaux. Enfin ,
dans les tranchées d 'une profondeur encore plus considérable , les
déblais sont chargés dans des wagons et montés sur des plans
Inclinés au moyen de treuils. Le nombre de terrassiers occupés
sur l'ensemble des chantiers à sec est en moyennede 10 à 12 000 .
Nous avons dit plus haut que dans le mois de mars dernier on
avait abaissé le plan d'eau artificiel du Sérapéum , jusqu 'au niveau
général de l'eau du canal en coupant le barrage qui les séparait .
On a aussitot commencé à laisser couler l'eau de ce côté dans le
bassin des lacs Amers. La capacité des lacs Amers jusqu 'au ni
Teau moyen du canal est de i milliard 300 millions de mètres
cobes, et l'on a calculé qu 'en tenant compte de l'évaporation et de
l'imbibition, il fallait pour les remplir un volumede 1,600,000,000
mètres . Pour débiter une telle masse d'eau d'ici à la fin des tra
vaus, sans suspendre les travaux et sans compromettre les berges,
1 fallait des moyens puissants. Un déversoir de 100 mètres de
large a été construit à cet effet au point où le canal débouche
du seuil du Sérapéum dans les lacs. Il est tout entier en pieux et
en madriers. Le débit de l'eau se règle au moyen d'aiguilles verti
cales. Comme cetouvrage ne suffisait pas pour assurer le remplis
sage en temps voulu , on en a construit un semblable au sud des
lacs, pour l'introduction des eaux de la mer Rouge. Il entrera en
fonction dès que les travaux à sec qui se font dans la plaine de
Suez seront achevés, et qu'on pourra y laisser pénétrer l'eau de
cette mer.
Pour terminer cette description sommaire des travaux, nous
devons dire quelques mots des jetées de Port-Saïd , aujourd'hui
complètement terminées. Elles sont à blocs perdus. Ces blocs ont
été exécutés avec de la chaux du Theil, et faute de pierres et de
moellons, avec du sable de la plage ; chacun d'eux cube 10 mètres.
La jetée de l'ouest comporte un cube de 178, 140 mètres ; celle
de l'est en comporte un de 71,320 mètres. Ces travaux ont été faits
par MM . Dussaud, de Marseille, au moyen de procédés semblables
à ceux qu'ils ont déjà employés maintes fois à Marseille, à Alger ,
à Cherbourg , etc .
Les puissants moyens d'exécution qui viennent d'être décrits
représentent plusde 10, 000 chevaux vapeur et 12,000 terrassiers
74 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
environ ; on n'a pu commencer à les mettre à peu près tous en
cuvre que dans les premiers mois de l'année 1867 : à ce moment
on enlevait près d'un million de mètres cubes par mois. L'allure
normale de 1 800 000 à 2 millions de mètres cubes par mois s'est
manifestée au commencement de l'année 1868.
Aujourd'hui le Port-Saïd etcelui de Suez sont à peu près termi
nés; le canal est presque achevé sur 27 kilomètresà partir de Port
Saïd ; les travaux sont très-avancés jusqu'au seuil d'El-Guisr ; le
lac Timsah est rempli ; l'eau venantdela Méditerranée coule abon
dammentdepuis quatremois dans le bassin des lacs Amers, dont le
banc de sel fond rapidement ; le canal est achevé jusqu'à Chalouf,
et les travaux de la plaine etdes abords de Suez, vigoureusement
poussés sontdans l'état d'avancement voulu pour l'ouverture pro
chaînedu canal.Les phares, feux deberges, balises,corpsmorts, etc.
nécessaires à la navigation sont presque terminés , et toute l'or
ganisation accessoire sera prête pour assurer la traversée du pre
mier navire qui se présentera .
La compagnie publie chaque mois la situation des travaux de
creusement,
Au 15 juin cette situation est résuméedans le tableau ci-dessous:
Compagnie universelle du canal maritime de Suez. – Situation générale des travaux
au 15 juin 1869.
DIVISION DIVISION | DIVISION DIVISION
de d'El-Gulsr d'Ismaïlla de Suez
Port- Saïd
de la du du ΤΟΥΛUX .
Méditer kllom . 27 kilom . 78 500 kilom . 116
ranee au au à la
au
kilom . 27 . kilom .75 500. kllom . 118, mer Rouge

mèt. cubes. mět cubes. mèt. cubes. mel. oubes, mèt. cabes.
Cube total à extraire. . . .. 15682222 29 859044 | 11295 435 | 19084 569 75921 270 (1)
Cube total extrait du 15 mai au 15 juin . 502 154 673675 217 321 5727351965885
Cube total extrait précédemment. . . . . . 13.914 912 24546 591 9628.991 15 311 809 63 402 303
Cube total extrait à ce jour. . . . . . . . . 14 417 066 25 220 266 98463121588454465 368 188
Cube total restant à extraire . . . 1265 156 4638778 1419 123 3 200:02510553082
Nombre
Nombre de dragues en marche.fonctionné.
de draguesn'ayantpas .. . . . 10 30811110 P0582
Nombre de terrassiers. . . . . . . . . . . . 100 625 9301 9419. 1 11074
(1 et a) Un nouveau métré qui s'effectue actuellement fait prévoir une diminution importante
dans le mètre cube total restantà exécuter sur toute la ligne du canal. En tenantcompte de
cette diminution et de 3 millions de mètres cubes environ effectués depuis le 15 juin , le cube
restant à exécuter au 31 juillet n'est plus que de 6 millions ou de 7 millions de mètres cubes
tout auet demi
plus, suffisent
et, à raison de 2 millions
désormais demètres cubes par mois, on voit que trois mois ou trois
mois pour l'achèvement du travail.
CHRONIQUE. 75
Société du matériel agricole de la Sarthe; M . MARTIN , ingénieur
en chef des ponts et chaussées, le dévoué présidentdecette société,
veut bien nous communiquer les renseignements suivants . La
marche suivie par MM . lesmembres de la Société de la Sarthe est
simple dans sesmoyens et efficacedans ses résultats. Les ingénieurs,
en très grand nombre aujourd 'hui, qui s'efforcent de propager
dans les départements les appareils perfectionnés d 'agriculture,
lirontavec intérêt la note de M . Martin et trouverontdans les tra
vaux de la Société de la Sarthe un exemple à imiter.
La Société du matériel agricole de la Sarthe, dont le but est de
propager la connaissance et d'encourager la fabrication et l'em
ploi, dans le département, des meilleurs outils , instruments et
machines agricoles, a été fondée en 1857, à la suite du brillant
concours régional, qui fut alors ouvert au Mans pour la région
agricole à laquelle appartient le département de la Sarthe.
Cette Société comptera donc bientôt une existence de douze
années, qui paraitront bien et utilement employées à tous ceux
qui voudront examiner les résultats réels et incontestés qu'elle a
obtenus.
Son organisation , fort simple et fort modeste , comporte un co
mité d'administration de trente membres, aujourd'hui, parmi les
quels se recrutent, chaque fois qu 'il est nécessaire, les huit mem
bres composant le bureau . L'ensemble des membres titulaires,
parmilesquels se trouvent inscrits les membres du Comité , atteint
en ce moment le chiffre de 230 , payant chacun une cotisation an
nuelle de 10 francs, dont le produit forme la plus grosse part des
ressources de la Société, mais qui ne serait pas suffisant si le dé
partement et l'État ne venaient généreusement y ajouter chacun
une subvention annuelle , le premier de 800 francs,, et le second
de 400 francs. Les ressources de chaque année se trouvent en .
outre augmentées par le montant des remises obtenues sur la
vente des instruments et outils , et par une somme, allouée par le
service hydraulique pour le gardiennage des outils et instruments
que ce service a bien voulu acquérir et placer dans notre dépot,
pour en augmenter la richesse et l'importance. Nous atteigaons
ainsi, comme total des ressources annuelles de la Société, le
chiffre modeste , mais suffisant cependant dans l'état actuel des.
choses, de 4,600 francs. Malgré le peu d'élévation de cette somme,
qui ne dépasse par la moyenne des onze années écoulées depuis
l'origine de la Société, celle -ci a pu encourager et développer, en
les améliorant, chaque année , la construction et l'emploi, dans le
département, de la plupart des machines agricoles les plus utiles,
76 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
telles que machines à battre, coupe-racines, hache-paille, trieurs,
moulins ou concasseurs à fruits ou à grains, pressoirs à cidre, ba
rattes , etc. Elle peut surtout revendiquer cet honneur d'avoir, par
ses efforts continus, ses encouragements et ses conseils,amené les
constructeurs à résoudre complétement la question si importante
du broyage mécanique du chanvre, par la création très-avanta
geuse au point de vue de toutes les convenances agricoles, de
machines à teiller le chanvre , qui produisent des résultats les
plus satisfaisants, à en juger par l'emploide plus en plus répandu
de ces machines dans les fermes de la Sarthe, surtout depuis les
récompenses éclatantes obtenues à ce sujet par nos constructeurs,
lors de l'Exposition universelle de 1867, à Paris.
La Société du matériel agricole de la Sarthe, convaincue que le
meilleur moyen de vaincre les préoccupations, ou mieux, disons le
mot, les défiances des cultivateurs à l'endroit de l'introduction de
tout instrument nouveau ou simplement perfectionné, est de
mettre cet instrument sous les yeux et même dans la main des
agriculteurs, a établi au Mans un dépôt permanent, ouvert tous
les jours, desmeilleurs instruments agricoles à employer dans le
pays, en munissant chacun d'eux d'une étiquette indiquant le nom
et l'adresse du constructeur et le prix dans la cour du dépot, soit
que l'instrument appartienne à la Société , soit qu'il se trouve seu
lementmis en entrepôt (sans frais du reste pour lui) par le fabri
cant. Nous préférons de beaucoup cette dernière combinaison ,
assez généralement acceptée par les constructeurs, en ce qu 'elle
est tout à fait économique pour la Société , dontles ressources fort
limitées ne permettraient pas d'avoir constamment une exposition
assez riche, nimême d'un intérêt suffisant.
A trois époques périodiques et déterminées , à la mi-carême, à
la Pentecôte et à la Toussaint, qui correspondent à trois phases
assez convenables des travaux agricoles et aussi aux trois foires
principales tenues dans la ville du Mans, nous faisons publique
ment des expériences avec les instruments déposés, soit dans le
local mêmede la Société, comme pour le teillage du chanvre, etc .,
soit dans des champs voisins, comme pour les charrues, les se
moirs, etc . A la suite de ces expériences, nous ouvrons, sous le
hangar même qui abrite les outils et instruments, des conférences
ou conversations sur les résultats de ces expériences, écoutant et
provoquant, au besoin , les observations des cultivateurs venus à
notre réunion . L'agriculteur et le constructeur puisent dans cet
échange cordial d'observations des enseignements précieux, l'un
pour employer et conduire l'outil ou la machine, l'autre pour
GARONIQUE . 77
compléter et perfectionner son cuvre suivantles cas. Les entre
tiens roulent aussi sur les meilleurs aménagements à adopter pour
les bâtiments ruraux, écuries, étables, porcheries , granges , etc.
Une fois par an , à la réunion de la mi-carême, il est rendu
compte de la situation générale de la Société pour la dernière
année écoulée. Chacune de ces grandes réunions fait l'objet d'un
procès -verbal ou compte rendu détaillé , aussi complet que pos
sible , des expériences et conférences publiques, et l'ensemble de
ces procès-verbaux forme, avec l'exposé de la situation de la So
ciété, le bulletin qui est publié chaque année par les soins du bu
reau , sous la direction du comité d'administration . .
A ces divers moyens de propagation et de communications avec
le public, la Société ajoute encore ceux qui suivent : Tout culti
vateur connu de l'un des titulaires, et à plus forte raison tout
membre titulaire, peut prendre en location , pour une ou deux se
maines, tel instrument qu 'il désire , afin de l'essayer lui-même à son
heure et dans ses champs, sous cette seule réserve d' enlever l'in
strument et de le rapporter au dépôt, à ses frais, comme aussi de
payer les réparations nécessaires s'il y avait quelque avarie. Lors
que l'instrument lui convient, il peut le garder au bout de ce
délai, en n'ayant à payer que le prix même porté sur l'étiquette
du dépôt, sans aucun frais de location. Cette facilité donnée pour
l'expérience spéciale et personnellement faite par le cultivateur,
le condait presque toujours à acquérir l'instrument, qu'il ne vou
lait d'abord que louer, par suite de ce soin de la Société de n'avoir ,
autant que possible , dans son dépôt que debons instruments,bien
construits , aussi économiques que possible comme relation entre
le prix et les services à en obtenir , et enfin d'un usage bien ap
proprié aux cultures du pays.
D'un autre côté, à l'époque des réunionsdes comices agricoles
dans les cantons, la Société fait conduire à ses frais et met en ex
périence au besoin, sur le terrain désigné par les membres du
comice, les divers instruments qui lui ont été demandés, comme
bons et utiles à faire connaître dans la localité. La gratuité de ces
expositions (bien justifiée par les subventions accordées sur les
fonds du département et du trésor) tend à les généraliser davan
tage chaque année, à la grande satisfaction de la Société , dont le
but constant, assigné par l'article 1 " de ses statuts , se trouve
ainsi plus complétement atteint chaque jour, grâce au bienveil
lant accueil qu 'elle n'a jamais cessé de recevoir de la part des
agriculteurs de la Sarthe.
S
MÉMOIRES ET DOCUMENT .
78
Tendance des Anglais à la centralisation pour les travaux
publics de Londres . — Le projet de construction d'un viaduc &
Londres destiné à relier Charing -cross -bridge avec Wellington
street, a amené le 19 février 1869, dans la chambre des com
munes , une discussion intéressante sur les attributions du conseil
de district, du conseil métropolitain et du premier commissaire
des travaux publics. Il a été reconnu que, lorsqu'il s'agissait d'exé
cuter une construction qui, comme celle du viaduc, devait mas
quer l'un des points de vue les plus agréables de Londres et dé
truire, peut-être sans utilité sérieuse pour le public, un site des
plus pittoresques, obtenu à grands frais,'il ne se trouvait aucune
autorité , investie de pouvoirs suffisants pour s'y opposer. Nous
plaçons sous les yeux des lecteurs des Annales le résumé que
M . Cheysson a bien voulu faire de cette séance, et dont le compte
rendu in extenso se trouve dans le Times du 20 février 1869.
Après avoir rappelé les actes législatifs qui ont transformé la
commission des égouts en conseil métropolitain des travaux pu
blics et défini les origines de la question , lord Elcho s'est fait l'in
terprète des critiques qu 'excite l'absence de toute centralisation
et de tout contrôle en matière de travaux publics à Londres.
Cet état de choses, qu 'on ne rencontre dans aucune autre capitale
du monde, est imputable à la chambre des communes qui n 'a
donné de pouvoirs suffisants à aucune autorité pour intervenir
efficacement. L 'orateur prouve par des exemples frappants les
inconvénients auxquels la division de l'autorité a donné naissance
à Londres même. La sanction de la chambre des communes n 'est
qu 'une garantie insuffisante contre une telle anarchie . Les comités
du parlement n 'ont ni tradition ni jurisprudence établie , et dé
cident une même question , tantôt dans un sens, tantôt dans
l'autre. L'orateur demande au gouvernement d'aviser. D 'après
lui, le premier commissaire des travaux publics devrait être
assisté d 'un conseil compétent qui comprendrait dans son sein le
président du conseil métropolitain des travaux publics, et qui dé
libérerait sur les projets intéressant la capitale , avant qu'ils ne
fussent soumis au parlement...
M . Buxton , après lord Elcho, adhère aux considérations déve
loppées partece dernier.
Le vicom Bury se range également à cet avis : « Il n'existe,
« dit-il , aucune autorité investie d'un contrôle suffisant pour
a empêcher la destruction d'un site magnifique par la plus grande
« monstruosité du monde ..... Le conflit d 'autorité qui existe dans
« l'affaire du viaduc révèle la plus complète anarchie. »
CHRONIQUE. 79
M . Layard, premier commissaire des travaux publics, atteste
les relations cordiales existant entre lui et le conseilmétropolitain
des travaux. Mais il se déclare sans pouvoir pour arrêter ses opé
rations ou celles de toute autre compagnie de la métropole . Sa
position a été souvent mal comprise, et on lui a souvent impute
une responsabilité qu 'il n 'a pas. Il déplore, au point de vue artisti
que, la construetion dont il s'agit , mais il est impuissant à l'em
pêcher .
M . Beresford Hope « soutient qu'une commission temporaire
u ne peut avoir la même autorité auprès du parlement et du gou
« vernement qu 'un conseil permanent tel qu 'il a été demandé.
« La division de la responsabilité, ajoute- t- il, aboutit toujours à
« une complète irresponsabilité ; et le «minister of Works» d'An
a gleterre , qui se voit constamment désigné dans les journaux
« étrangers sous le nom de ministre des travaux publics, n'a pas
u plus d'autorité sur la construction d 'édifices publics à Londres
« que le bedeau dans Burlington -arcade.(Rires.) Il peut, il est vrai,
a donner des instructions relativement à quelques statues ou à
a quelques plates-bandes de fleurs; mais en cela seulement, ou
a quelque chose d 'approchant, paraît consister l'idée anglaise
« d'un ministre des travaux publics. L'opinion publique n 'a ja
« mais été appelée à se prononcer sur cette question , et l'ora
« teur salue avec satisfaction le discours vigoureux du très
« honorable représentant de Southwark , n

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
DAUTRICHE et LOMBARD. — Exposé des essais et de l'état de la pisculture dans
l'arrondissement de Saint-Jean -d'Angély ; par MM . Dautriche et Lombard .
10 -8 , 28 p. Saint-Jean- d'Angély , imp. Lemarié.
Extrait des Archives de la Société historique et scientifique de Saint-Jean
d'Angély.
Do Moxcel. — Notice sur le câble transatlantique ; par le comte Th. Du Mon
cel, ingénieur électricien de l'administration des lignes telégraphiques. Il
Justrée de 25 gravures dans le texte. In - 8 , 46 pages. Lib . Gauthier -Vil
lars. 14.50 .
Enquête sur les incendies de forêts dans la région des Maures etde l'Esterel.
Ministère des finances. In-4 , 222 p. Paris, imp. impériale.
Carte lithologique desmers de l'Europe. Gravée parAvril frères. Dessinée par
Al. Babinski, d'après M . Delesse. E . Lacroix.
80 MÉMOINES ET DOCUMENTS. .
Chemins de fer de l'Est et chemins de fer allemands, belges et suisses. Con
ventions passées avec les chemins de fer étrangers, du 25 octobre 1852 au
per janvier 1869. In -4, 419 p. Paris, imprimerie P . Dupont.
Foulc. — Chemins de ſer sur le bord perdu dos routes au moyen de la locomo
tive-train -Fairlie ; par E . Foulc, ancion directeur de l'exploitation du chemin
de fer de Lyon à Bourg , par les Dombos. In-8 ,51 p. ; l'auteur, 11 bis , boul.
Malesherbes.
TRIPIER. — Dos ports de refugo à établir aux baies de Canche, d'Authie et de
Somme sur la Manche ; par le général J. Tripier. In -8, 126 p . Montreuil-sur
Mer, imp. Duval.
Suites desétudos faites sur le littoral français de la Mancho, du Havre å
Dunkerque.
VIDARD. - Chemins de fer. Questions de sécurité et questions d'économies ; par
J. B . Vidard, ingénieur civil. In-8, 67 p.; lib . Eag . Lacroix.
Extrait du Bulletin de la Société dos anciens élèves des écoles impériales
d'arts et métiers.
ARMENGAUD. - Guide-manuel de l'inventeur et du fabricant, réportoire pratique
et raisonné de la propriété industrielle, en France et à l'étranger, en matièro
de brevets d'invention ,dessins et marques de fabrique, dépôts de modèles,
produits artistiques et industriels; par Ch, Armengaud jeune,ingénieur. 6 . édi
tion. [+€ partie.Législation françaiso. Io.8, 160 p.; å l'Olice industriel inter
national.
Clausius. – Théorie mécanique de la chalour; par R . Clausius, professeur à
l'Université de Wurzbourg. Traduite de l'allemand par F . Folie, professeur
à l'École industrielle de Liége. 2° partie . Mémoire sur l'application de la
théorie mécaniquede la chaleur aux phénomènes électriquos, etc. In-18 jésus,
vi-31 . p. ; lib . E . Lacroix, 10 fr.
DUPRE. – Théorie mécanique ; par M . Athanase Dupré, doyen de la Faculté des
sciences de Rennes. (Partie expérimentale en commun avec M . Paul Dupré.)
In-8, x1-484 p.; lib .Gauthier-Villars.
MORIÉRE. — Dos irrigations considérées d'une manière générale et plus par.
ticulièrement dans la vallée d'Orbec ; par M . J. Morière. In -8, 35 p. Caen,
imp. el lib . Lo Blanc-Hardel.
Extrait de l'Annuaire normand , annéo 1869.
CommailLE. — Étudo sur les eaux de Marseillo considérées au point de vue
chimique, physique, micrographique et hygiénique ; par M . A . Commaille,
docteur ès sciences physiques. In-8, 54 p.Marseille , imp. Cayer et C .
Chomins de fer de l'Europe.Résultats généraux de l'exploitation. Années 1862,
1863 et 1864 . Ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics.
Direction générale des ponts et chaussées et des cheminsde fer. Statistique.
Grand in-4, xvi-115 p. Paris, imp. impériale. .
Pour la Cbronique :
HERTÉ MANGON.
PORTES D’ÉCLUSES.

N° 229
NOTICE
Sur la construction des portes de l'écluse du bassin e pot du
portde Fécamp.
Par M . CARLIER , ingénieur des ponts et chausséos.

Disposilions générales de l'écluse et des portes . - L'écluse


d'entrée du bassin à llot du port de Fécamp a été reconstruite
pendantles années 1860 à 1865 avec une largeur de 169.50 ,
mais dans des conditions de profondeur assez peu ordi
naires, pour assurer sur le busc de l'écluse un tirant d'eau
en rapportavec le tirant d'eau alors en cours de réalisation
pour le chenal d'accès de ce port. Le busc de l’écluse a été
établi à 1" .50 en contrebas du niveau des basses mers de
vives eaux d'équinoxe, à la cote de 21 " .00 du nivellement
général du port, soit à u ".15 en contrebas du niveau des
hautes mers de vives eaux d'équinoxe, correspondant lui
même à la cote 10" .85.
Par suite de la situation commandée pour l'emplacement
de cette écluse, et de l'impossibilité de surélever les entrées
du pont- tournant (*) au-dessus de la cote 9” .64 de la voie
charretière des quais environnants, qui sont bordés d'habi
tations, et dont on ne pouvait exhausser la chaussée sans
(* ) Ce pont a été construit en tôle , sur le modèle du pont- tour
nant de l'écluse de barrage du port de Dunkerque, dont il est la
reproduction aussi exacte que possible , ou , pour mieus parler, la
réduction dans la proportion qui existe entre les largeurs des
deux écluses, 21".00 à Dunkerque et 16 " .50 à Fécamp.
Annnies des P . et Ch., 4* sér. 9° ann., 8e cab. M &M . TOME XVII 6.
82 - MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
rendre ces habitations inaccessibles, l'arête des encuve
ments du pont n'a pu être arrasée plus haut que la cote
10" .85 ; de plus, l' étroitesse de l'un de ces quais dont le
terre- plein n 'a que 16 mètres de largeur totale , a forcé de
rapprocher l'axe du pont de la tête aval de l' écluse , de telle
façon qu'il devenait nécessaire de chambrer les volées vers
l'amont, contrairement à ce qui se pratique d 'ordinaire,
pour empêcher que les extrévités de ces volécs, dépas
sant la tête de l'écluse lorsque le pont aurait été ouvert ,
ne fussent une géne considérable pour les mouvements des
navires, tout en restant elles-mêmes exposées à de graves
et continuelles avaries. Il en est réplié qu'il a fallu choisir
entre l'inconvénient d'allonger outre inesure l' écluse vers
l'amont, ou celui de placer les portes busquées au droit
ménie des chambres du pont, et de faire tourner celui- ci
par-dessus les portes ; c'est à ce dernier parti qu'on s'est
arrêté (PI. 197 , fig . 1) , en reculantsuffisaminent le busc vers
l'amunt, pour qu'eu égard à la forme et à la hauteur du
dessous des volées du pont, celles- ci pussent exécuter leur
mouvement sans aborder les crics des vannes et les garde
corps établis sous les portes, pour la sécurité des agents
chargés de la inanæuvre de ces crics.
Une objection se présente naturellement à l'esprit, dès
l'énoncé de ces dispositions d 'ensemble : la hauteur des
bajoyers au droit des chardonnels des portes busquées
correspond exactement au niveau des hautes mers d’équi
noxe ; les colliers des portes ne peuvent commodément
être placés en contrebas du dessus de la traverse supé
rieure ; leurs scellements demandent d'ailleurs à être
recouverts , dans un intérêt de solidité et de propreté, par
l'assise de couronnement des bajorers ; on est forcément
conduit, dès lors, à ne pouvoir retenir l'eau dans le bassin
à flot gu'à une hau:eur sensiblement inférieure au niveau
des plus bautes marées . Daus l'espèce, cette objection n 'est
pas sérieuse ; les marées qui dépassent la cote 11" .00
PONTES D'ÉCLUSES. 83
sont excessivement rares , ei en fixant le dessus de la tra
verse supérieure des portes en question à la cote 11 " .35
(en exécution u " .375 ) , très-voisine de celle des hautes
mers de vives eaux ordinaires, qui est um.3o, la retenue
maxima dans le bassin à flot se trouve encore à 9 " .65 au
dessus du busc de l'écluse, profondeur bien supérieure à
celle qui pourra jamais être nécessaire aux navires fréquen
tantle port de Fécamp; d'ailleurs les portes sont déchargées
d'une pression inutile lors des grandes marées, et la faci
lité de leur manæuvre ne se trouve nullement altérée par
l'immersion de leur partie supérieure dans des cas fort
rares ; enfin , lorsque ces cas se produisent, il sullit, aussitôt
la fermeture des portes busquées, de les assurer à l'aide
des portes valets , pour les garantir de tout choc préjudi
ciable, pendant le court espace du temps que la mer met
à baisser d 'une quantité suffisante pour que la pression
d'amont domine celle d'aval.
Systèmegénéral de la construction des portes busquées. -
Nousarons cru, lors de l' étude du projet, en raison du peu
d'ouverture de l'écluse, en raison du petit nombre d' essais
jusqu'alors tentés pour l'exécution, dans les écluses à la
mer, de portes entièrement en métal, et surtout en raison
de la plus grande dépense de leur construction, devoir nous
rapprocher le plus possible du système des portes en bois
construites pour des ouvrages analogues dans d 'autres
ports, à savoir : un cadre formé des poteaux busqué et
tourillon, et des traverses supérieure et inférieure , avec des
entretoises intermédiaires, le tout relié par des pièces ſor
mant noises, des tirants et des écharpes , un bordage épais
du coté d'amont, et un bordage léger du côté d'aval pour
parer aux ellet sdu ressac (Pl.197 , fig . 2 et 3 ; Pl. 198, fig . 1,
2 , 3, 4 , 5 ).
Les pièces du cadre et les moises sont en bois de chêne.
Toutefois la grande profondeur de l'écluse quiaugmente ,
dans des proportionsconsidérables, les pressions supportées
84 MÉMO D
IRES ET OCUMENT .
S
par les portes, par rapport aux conditions ordinaires qui se
rencontrent dans les pertuis d 'ouverture analogue, exigeait
une solidité exceptionnelle.
Système de construction des entretoises. — Le système
d 'entretoises tout en bois a dû être complétement écarté ,
attendu qu'en les prévoyant en bois de chêne et leur don
nant même une épaisseur verticale de o " .50, les calculs ,
dans le détail desquels il est superſlu d 'entrer, nous con
duisaient forcément à une largeur totale d 'au moins om . go
au milieu du vantail; indépendamment de la dépense con
sidérable qui serait résultée de la quantité de bois à em
player, et de la difficulté de trouver ces bois, la flèche totale
du vantail, se déduisant de la différence de la largeur au
milieu avec la largeur des poteaux verticaux, largeur qu'il
n ' était guère possible de supposer supérieure à " .50,
aurait présenté de graves inconvénients ; non -seulement
cette flèche de o " .40, sur une longueur totale de 8m . 50
environ , aurait produit un effet peu satisfaisant à l’vil ;
mais , soit que l'on eût exécuté les entretoises d'un seul
morceau , ce qui eût été presque impraticable, soit qu'on les
eût formées de pcutres juxta -posées, la partie cintrée aurait
présenté des fibres coupées, sur une longueur trop restreinte
pour ne pas porter préjudice à la solidité de la construction.
Le bois de teak ou le green - lieart, auxquels nous avions
pensé un instant en raison de leur grande résistance, ne
pouvaient être appliqués en l'espèce, l'un en raison de la
difficulté de trouver des pièces de dimensions suffisantes
comme longueur et comne équarrissage, l'autre par suite
de la presque impossibilité de s'en procurer en France.
il fallait donc se reporter nécessairement au système
mixte, bois et ſer ; dans les applications de ce système, faites
à notre connaissance, on a généralement placé une plaque
de tôle plus ou moins épaisse entre deux entretoises en bois,
el boulonné verticalement le tout ensemble , pour en faire
une poutre unique bien solidaire ; cette disposition nous
PORTES D’ÉCLUSES. 85
paraitoffrir plusieurs inconvénients. Non - seulementla super
position du bois sur les deux faces de la tôle ne permet jamais
de s'assurer de l'état de conservation de celle -ci: mais la
liaison des trois pièces par des boulons verticaux peut, en
raison des dilatations diferentes du bois et du ſer dans le
sens de leur longueur, provoquer dans certains cas , sur ces
boulons eux -mêmes, des elforts de cisaillement qui tendent
à les détruire et à disloquer tout l'assemblage .
C 'est sous la préoccupation de cette idée, qu'aidé de
l'avis bienveillant de M . l'inspecteur général Tostain , alors
chargé de la première inspection , nous avons pensé au
système du projet , consistant en entretoises en bois gar
nies par dessus et par dessous de renforts en U formés
d'une plaque de tôle horizontale avec deux cornières de rive
(P ). 199 , fig . 25 ) ; ces renforts étant simplement posés sur
le bois et fixés , dans le but unique d'éviter le gauchissement
des surfaces, au moyen de vis à bois de longueur restreinte ,
passant dans des trous un peu aisés , pratiqués dans la tôle.
On peut considérer le fer et le bois comme fonctionnant
indépendamment l'un de l'autre par rapport à l'eſſort
transversal, et leurs résistances comme s'ajoutant tout
aussi bien que dans tout autre système.
Nous nous étions donné o " . 10 comme épaisseur du bor.
dage d 'amont, et o " .06 pour celle du bordage d'aval, et
imposé l'obligation , pour l'épaisseur de la porte au milieu
de sa largeur, d'une dimension de 0 .66 , donnant une
lèche totale de o " . 16 sur la largeur totale de chaque van
tail ; les poteaux verticaux du cadre ayant om .50 d 'épais
seur minimum , il convenait de ne pasdépasser cette même
épaisseur de om.50 au milieu des entretoises, pour rester
dans les dimensions marchandes des bois qu'il est possible
de se procurer facilement; nous avions admis d 'ailleurs le
choix du bois de sapin pour ces entretoises, autant par éco
nomie que pour diminuer le plus possible le poids des
portes, rendues plus lourdes par les renforts métalliques.
S
86 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
Nous n 'entrerons pas dans le détail des tâtonnements et
des calculs par suite desquels nous sommes arrivé aux di
mensions prévues dans le projet, savoir :
0”.45 pour la hauteur des entretoises en bois.
0 " .0085 pour l'épaisseur de la tôie . . .)
o " .gog pour celles des corniè : es. . . . des renfortsmétalliques(*).
0 ".065 pour la largeurdes dites corojères.)
La plus grande charge supportée par chaque vantail
correspond au cas des vives eaux d'équinoxe à basse mer ,
où le niveau de l'eau alleure le dessus de la traverse supé
rieure, du côté de la retenue, et où, en aval, il se trouve
å 1 ".; ) en contrehaut de l'arête inférieure de la traverse
inférieure. La charge totale de la partie du vantail corres
pundante à la longueur des entretoises, dans ce cas, est
doimée par la formule 1/2 d (H ?--- II'?) L dans laquelle :
poids d'un mètre cube d 'eau = . . . . . 1055 kilog.
ilhauteur de l'eau en amont. . . . . . . 9 " 90)
Il' hauteur de l'eau en aval. . . . . . . . 1" .75
I longueur des entretoises. . . . . . . . . 8".35

cette charge totale est donc égale à 1/2 X 1035 X (9908


- 175').X8.35 = 4102804.016 ,soit en nombre ron411000
kilogrammes.
On peut considérer chaque entretoise commeune poutre
reposant sur deux appuis, ou , ce qui revient au même,
encastrée par son milieu , et supportant une charge unilor
mément répartie sur toute sa longueur. On sait alors qu' en
appelant :
L la longueur totale de la pièce,
(* ) Dans l'exécution , l'épaisseur des entretoises a été réduite à
0”.495, et l'épaisseur des tò !es a éié poriée à o".01 ; il est donc
bien évident que les calculs de vérification que nous indiquons, et
qui se rapportent aux conditions por vues au projet, dounent des
résultats plus défavorables que la réalité .
PORTES D 'ÉCLUSES.
P le poids supporté par mètre courant,
I le moment d 'inertie de la section d'encastrement par
rapport à la ligne des fibres invariables,
la distance de cette ligne au point de la section d 'en
castrement qui en est le plus éloigné,
a la hauteur ou l'épaisseur de la pièce, en un point quel.
conque, dans le sens perpendiculaire à la direction de l'ef
fort supporté ,
R la résistance à la rupture par mètre carré,
A la visiance du point considéré à l'extrémité de la pièce
la plus voisine,
La relation d 'équilibre est donnée pour ce point par
l'équation :
[_ 211_ PL
O , RI_ h
ouīs ;

on sait aussi que l' effort maximum a lieu au point milieu ,


pour lequel
A= ", et =PLP
En introduisant, dans cette équation , toutes les autres
données de la question , on peut déduire la valeur de p pour
laquelle elle est satisfaite ; et en l'appliquant séparéwent,
dans l'espèce , à chacune des parties de nos entretoises, à
savoir la partie centrale en bois et les deux parties exté
rieures en fer, ct additionnant les valeurs partielles de p
obtenues , on a évidemment la pression maximum par mètre
courant qu'il est possible de faire supporter à la pièce ainsi
composée, pourvu que l'on attribue à R la valeur admise,
pour chaque matière, comme correspondant à l'effort de
grande sécurité . On ailmet généralement que cette va eur est
de 600 000 kilogrammes pour le bois de sapin et 4 000 000
kilogrammes pour le fer laminé: c'est en tenant compte de
88 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
ces valeurs et des conditions prévues au projet que nous
étions arrivé à une valeur de p égale à 37414,23.
Trois hypothèses nous paraissent pouvoir être faites sur
la portion de la charge totalerépartie sur chaque entretoise :
1° On pourra admettre que le système est assez rigide et
inflexible par ses liaisons, pour que chaque entretoise sup
porte une partie égale de la charge totale ;mais , dansce cas ,
il faut évidemment admettre une forte réaction sur le seuil ,
qui décharge d'autant tout le système. La pression totale
étant de 411 000 kilogrammes sur l'ensemble, et les portes
dont il s'agit comprenant 9 entretoises et 2 traverses, en
tout u pièces transversales,chacune d 'elles supportera 1 / 1
de la différence entre cette pression totale et la réaction du
seuil. Il est facile de déduire de là que, dans cette bypo
thèse, pour que chaque entretoise ne supportât pas plus
que la pression à laquelle on peut la soumettre directe
ment sans danger, il suffirait d'admettre que la réaction
du busc peut être évaluée environ à 77000 kilogrammes,
moins de 10 p . 100 de la charge totale , ce qu 'on n 'aura pas
de peine à nous concéder .
2° On considérera chaque entretoise isolément, avec la
pression directe qu'elle supporte , eu égard à sa position
dans le vantail ; mais dans cette hypothèse , on admettra
encore la réaction du seuil commevenant en aide aux en
tretoises inférieures, et on admettra généralement comme
résultat pratique, que l'entretoise réellementla plus chargée
se trouve un peu au -dessus du tiers inférieur du ventail.
Dans ce cas et avec les écartements admis, le calcul des
pressions par mètre courant de chaque entretoise donne,
pour les entretoises du tiers inférieur de la porte, des pres
sions notablement supérieures à celle trouvée pour la pres
sion d 'équilibre; ces pressions s' élèvent pour la 1re et la
2° entretoise à 5 035 kilogrammes, pour la 3°, à 4 529 kilo
grammes par mètre courant ; mais pour la 4 *, nous ne
trouvons plus que 4034 kilogrammes, et pour la 5°, 3390
PORTES D’ÉCLUSES. 89
kilogrammes seulement. Or, le milieu de la 4 entretoise
correspond à peu près exactement au point de séparation
des deux tiers supérieurs de la porte avec le tiersinférieur,
et le niveau de la cinquième correspond au niveau des
basses mers demortes eaux ; en raison de ces circonstances et
du relèvement, naturel dans l'espèce, du pointle plus chargé
de la porte , par suite de la pression d 'aval qui n 'est jamais
nulle , nous croyons assez rationnel de considérer ce point
comme place intermédiairement aux deux entretoises en
question ; et nous ferons remarquer que la moyenne des
pressionsmaxima qu'elles supporteraient isolément, étantde
3712 kilogrammes, se trouve inférieure à la pression d 'équi
libre de 37414. 25, précédemment indiquée. Nous en con
cluons que, dans cette hypothèse encore, la résistance doit
être considérée comme amplement suffisante .
3º On appliquera au système les résultats combinés du
calcul et des expériences faites pour des constructions ana
logues par M . l'inspecteur général Chevallier , et l'on ad
mettra dès lors que le seuil supporte 13 p. 100 de la pres
sion totale, l'entretoise la plus chargée environ 7 p. 100,
et qu'une notable partie, dont le maximum est d'environ
8.70 p . 100, se reporte sur la traverse supérieure. Dans
cette hypothèse, et avec la pression totale de 411 000 kilo
grammes :

La pression sur le seuil serait d'environ. . . 177.000 kilog.


Sur l'entrefoise la plus chargée . . . . . . . . 28 .000
Sur la traverse supérieure. . . . . . . . . . .. 36 .000
Ou, par mètre courant, sur l'entretoise la
plus chargée . . . . . . . . . . . . . . . . 3 .445
Et sur la traverse supérieure. . . . . . . . 4 . 280

On voit donc qu'en ce qui concerne les entretoises, les


dispositions adoptées sont encore très-satisfaisantes. Quant
à la traverse supérieure qui n 'estrenforcée qu'en dessous,
mais qui est en chêne et qui a om .50 de hauteur, indépen
90 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
damment du renfort, en lui appliquant lesmêmes calculs ,
avec la valeur de R égale à 800000 kilogrammes admise
pour le bois de chêne, on trouve pour la pression d'équi
libre 4273 kilogrammies.
Il est bon de faire remarquer que tous les calculs, dont
nous venons de donner les résultats , sont établis sur des
données qui supposent un effet permanent; tandis qu'en
réalité, pour les portes dont il s'agit, le chiffre que nous y
avons fait entrer, comme célui de la charge totale, corres
pond à des circonstances qui ne se produisent que très
rarement chaque ann 'e , rt sont à fait momentanément.
L 'ensemble de ces résultats suílit.nous le pensons,à justifier
la solidité suflisante du sy - tème de la construction qui fait
l'objet de cette notice, et qui fonctionne d 'ailleurs avec suc
cès depuis trois ans et demi.
La traverse inférieure n 'a pas été munie de renfort mé
tallirzue , 10n - seulement parce qu'elle est en chêne, comine
ſaisant partie du cadre, mais parre que nous l'avons con
sidérée comme suffisamment consolidée par une butée de
0" .25 contre le busc de l'écluse .
Ajoutons que les espacements des entretoises, qui non
nentun vide égalpour les quatre premiers intervalles corres
pondant à l'ouverture des vannes dont nous parlerousplus
loin , de manière à la fois à renforcer davantage la partie
inférieure des portes et à permettre l'adoption d'un sys
tème de vannes à écrans , vont en croissant d'une manière
progressive, à partir de la 4 ^ entretoise. Il nous a paru ra
tionnel de l'établir ainsi , eu égard aux pressions directes
supportées par les différentes zones de chaque vantai!
(Pl. 197, fig . 2 et- 3 ; Pl. 198 , py. 2 ).
Poleanx lourillons -- Les poteaux tourillons, dont la
partie cylindrique a un rayon de o " .25 , présentent une
épaisseur maximum de o " .51, sur une largeur de om .6o dans
le sens de l'axe de la porte ; la partie supérieure est arasée
à 0 " . 20 en contre -haut du couronnement des encuvements
PORTES D 'ÉCLUSES. 91
du pont, et la partie inférieure à o ".028 au -dessus du ra
dier de la chambre des portes. La largeur de ce poteau est
augmentée de o " .12 dans les intervalles compris entre les
entretoises , au moyen de répaisses chassées, et légèrement
coincées latéralement, entre le poteau et les extrémités des
renforts inétalliques des entretoises, dont les cornières sont
retournées d 'équerre, ad hoc ; ces répaisses , assemblées
avec épaulement sur moitié de leur bauteur, sont chevillées
sur le puteau et réunies par des vis à bois à la cornière
des renforts. Elles ont pour effet d'augmenter la force des
ssemblages des entretoises avec le poteau , en réduisant la
profond :ur des mortaises; ces assemblages sont alterna
tivement à deuble et simple tenon avec épaulement et
embrèvement, de manière à éviter de couper les mêmes
fibres du poteau à des distances trop rapprochées. Le dé
tail de tous ces assemblages est donné aux fiy . 26 , 27 et 28
de la Pl. 199.
Poteniux busqués. — Les poteaux busqués, d'épaisseur
analogue aux poteaux-tourillons, ont o " .6o de largeur me
surce ur la face aniontdes portes; leurs assemblages avec
les entretoises sont identiques à ceux des poteaux touril
lons. L : dessus de ces poteaux busqués présente une saillie
de o".2 ) sur la répaisse de o".22 placée au-dessus de la
traverse supérieure des portés , pour faciliter la manœuvre
des crics des vannes, lors des grandes marées; leur extré
mité inférieure est arasée à 0 " .10 en contre-haut du radier
de la chambre des portes.
Inclinaison de la trarerse inférirure et des entreloises.
- La traverse inférieure qui s 'appuie , en son milieu , de
0 ".25 sur le busc , est relevée de o " .07 du poieau touril
lon au poteau busqué ; les entretoises présentent toutes le
même relèvement.
Mo ses errlicules . —- Les quatre couples de moises ver
ticales qui consolident le cadre, et qui sont placés symé
triq - ement deux à deux par rapport au milieu de chaque
92 MÉMOIRE ET DOCUMEN .
S TS
vantail, se composent, du côté d 'aval, d'un simple madrier
de o " .0 ; d' épaisseur sur c " .30 de largeur affleurant exté
rieurement la surface du bordage général de la porte et
entaillé de o " .01 au droit des entretoises et de la cornière
des renforts , et , du côté d'amont, d'une pièce de o " . 22
d' épaisseur sur 0 " .30 de largeur, pareillement entaillée
de om.01, faisant saillie de 0" .11 sur la surface du bor
dage d'amont, et formant coulisses des vannes. Ces pièces
sont renforcées par des plates-bandes encastrées, en fer
de o ” . 10 de largeur sur 0 " .02 d ' épaisseur, et qui servent
en même temps de plaques de serrage pour les boulons
reliant les moises au droit de chaque entretoise. ,
Bordage. — Le bordage d 'amont en sapin , et celui d 'aval
en chêne, sont élablis en madriers de largeur uniforme, ver
ticaux et d 'une seule longueur. Chacun des madriers du bor
dage d'amont, indépendamment du clouage sur les entre
toises, est en outre boulonné avec la cornière cintrée de
chaque renfort métallique, et une petite plate-bande en fer
de o" .005 d 'épaisseur, encastrée dans le bordage lui-même
au droit de chacune de ces cornières, complète cette conso
lidation en assurant le serrage de ces boulons.
Armalures en ſer consolidant les assemblages. — Les assem
blages sont maintenus, et la roideur du vantail est com
plétée par les armatures en fer suivantes :
1° Sur la traverse inférieure , une double plate -bande
encastrée, retournée d 'équerre sur les poteaux busqué et
tourillon jusqu'à la hauteur de la 2 ' entretoise , et forle
ment boulonnée avec la traverse et les poteaux;
2º Sur la traverse supérieure, une plate-bande analogue
formant collier autour du poteau tourillon , et dont les ex
trémités sont terminées par de fortes vis à filet quarré , pas
sant dans les oreilles d'un collier en fonte qui entoure le
poteau busqué, et perinettant demodifier le serrage à vo
lonté à l'aide d 'un écrou extérieur ;
3° Dans la hauteur de la porte , 3 forts tirants, en fer
PORTES D 'ÉCluses. 93
de o " .05 de diamètre , passant du poteau tourillon au po
teau busqué dans les intervalles entre les 4 et 5*, les 6° et
7', et les 8' et ge entretoises ; le serrage de ces tirants
est obtenu, et peut être modifié , au moyen de tendeurs à
écrous enveloppant les vis à filet quarré qui terminent les
extrémités des deux fractions des tirants, et qui sont de pas
inverses (Pl. 198 , fig. 6 et 7) ;
4 Pour l'ensemble, une double écharpe en fer, reliant
le pied du poteau busqué à la tête du poteau tourillon ,
au moyen de vis à filet quarré qui terminent l'extrémité
de l'écharpe et passent dans les oreilles du chapeau en
fonte coiffantce dernier poteau . Cette double écharpe per
met de contre -balancer tous les effets de gauchissement ou
d'abaissement qui tendraient à se produire dans la porte .
Tous les fers plats des armatures que nous venons de
décrire sont de o " .135 de largeur sur o " . 030 d'épaisseur.
Vann's, — Nous avons dit que les ouvertures des vannes
sontménagées entre les couples de moises verticales; elles
correspondent, du côté du poteau busqué, aux quatre pre
miers vides entre les entretoises et traverse ; du côté du po
teau tourillon , l' intervalle entre la traverse inférieure et la
que entret ise n 'est pas ouvert, parce qu' en raison de la
courbure du radier d'aval de l' écluse, le courant d' eau qui
en sortirait viendrait buter directement contre le parement
verticalen maçonnerie qui termine la partie courbe, à peu
de distance des arêtes des chardonnets.
Les détails des vannes et de leurs ouvertures nous pa
raissentmériter unemention spéciale (Pl.199, fig . 18 à 24) .
Les ouvertures ont toutes une largeur libre de o " .85 (i'écar
tement des moises verticales étant de om . 87) , sur une hau
teur libre de 0° .314. Les parois verticales de ces ouvertures
sont formées de plaques en tôle de um .oi d 'épaisseur bou
lonnées, haut et bas, sur des cornières disposées à cet effet
sur les renforts métalliques des entretoises; elles sont fixées
par des vis à bois sur les moises et boulonnées au châssis
94 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

dont il va être parlé ; les joints de ces assemblages sont


rendus étanches par l'interposition entre les surfaces d'une
bande de caoutchouc. Les parois supérieure et inférieure
sont formées par les surfaces des renforts eux-niêmes, dont
la partie verticale de la cornière a été coupée sur la largeur
des ouvertures, et qui ont été élargies de l'épaisseur des
moises , comme l'indiquent les dessins. Pour la grande
vanne , la paroi inférieure de l'ouverture inférieure est
formée par une plaque de tôle appliquée, à cet effet , sur
la traverse inférieure de la porte .
Le plan sur lequel glisse la vanne elle -même est consti
tué par un châssis en tôles et cornières ( Pl. 199, fig. 21) ,
parfaitement rigide et soigneusement dressé , fixé arcc les
mêmes précautions que les parois verticales des ouver
tures , tant aux plaques de renfort qui en forment les
parois horizontales qu'aux moises d'amont , sur l'arête
desquelles une ſeuillure de o " .07 de profondeur est pré
paréc pour le recevoir (* ). Une petite cornière , lixéc
comme l'indique la fig . 18 sur la paroi latérale de la feuil
lure, complète la coulisse de glissement des vannes. Dans
la largeur des ouvertures les entreloises sontrépaissies avec
des bordages, de dimensions convenables pour alleurer le
plan extérieur du châssis.
Les vannes elles-mêmes (Pl. 199, fig . 19 et 20) sontfor
mées d 'une plaque en tole de v " .01 d' épaisseur et 0.98
de largeur, présentant alternativement des pleins de om. 47
de hauteur, et des vides découpés sur o" .33 de hauteur
et o ".86 de largeur, dimensions un peu plus fortes que
celles des ouvertures décrites ci-dessus. Ces dispositions
sont calculées de manière à ce qu'il suffise d'un mouve
ment vertical de 0 .40 , égal à la demi-distance entre les
axes de deux entretoises consécutives , pour ouvrir ou clore
(* ) Ou comprend facilement combien tout ce système doit con
tribuer à consolider la partie inférieure des vantaux des portes et
augmenter leur rigidité.
PORTES D 'ÉCLUSES. 95
complétement la totalité de l'oriſice d'écoulement. Nous
n 'avons pas besoin d 'insister sur le double avantage de ces
vannes à écrans, tant au point de vue de la rapidité de la
manæavre qu'au point de vue de sa facilité, en raison de
la proportion considérable dans laquelle se trouve diminuée
la pression d 'amont par rapport à celle qu'aurait à suppor
ter une vanne pleine. La roideur de la vanne est assurée
par un double encadrement de bandes de tôle , de om .06
de largeur sur 0 ” .ou d' épaisseur, disposé sur les bords de
la vanne comme sur ceux des vides ; du côté de la porte ,
cet encadrement, qui s'applique sur le châssis fixe, a été
raboté avec soin , après le rivetage, de manière à présenter ,
à son tour, un plan parfaitement dressé qui s'applique aussi
hermétiquement que possible sur celui du châssis .
Le seuil d 'arrêt des vannes est simplement formé (Pl. 199,
hig . 23 et 24) par une cornière saillante rivée à la par
tie inférieure de ce châssis. Les crics, à triple noix , ont été
copiés sur ceux des portes de l'écluse de barrage au port
de Dunkerque.
Système général de la construction des portes- valets. -
L'utilité des portes-valets ressort, dans l'espèce , de deux
circonstances principales : la nécessité de garantir les
portes busquées des effets de ressac qui motivaient l'appli
cation d 'un bordage en aval de ces portes,,et la possibilité
de les caler suffisamment pour empêcher leur ouverture
spontanée et inutile , pendant la nuit, lorsque le niveau de
la haute mer dépassant celui de la retenue opérée dans le
bassin à la marée pleine de la journée précédente, rend
monuentanément la pression d'aval un peu supérieure à
celle d 'amont.
Le système général de la construction de ces valets est
assez conforme à celui de la charpente des portes busquées
(P4. 198, fig . 1 à 5) , et repose sur les mêmes principes;
c'est encore un cadre composé de deux poteaux verticaux ,
le poteau tourillon et le poteau battant, et de deux tra
MÉMOIRE
S TS
96 ET DOCUMEN .
verses, l'une supérieure, l'autre inférieure , avec entre
toises intermédiaires, le tout relié par deux coupes demoises
verticales, des tirants etdes écharpes Toute cette charpente
est en chêne, à l'exception des entretoises et de la traverse
inférieure qui sont en sapin . L'eſfort principal à supporter
pressant debout sur les entretoises , les pièces qui les moi
sent ont particulièrement pour but de leur donner une ri
gidité qui leur permette de résister aux flexions résultant
de cet effort.
Traverse supérieure. — Le niveau du dessus de la tra
verse supérieure se trouve fixé à o ” .98 en contre-bas du
couronnement des bajoyers de l' écluse , soit à la cote 10m .98
du pivellement général du port, cote correspondant, à peu
de chose près, au niveau des plus hautes marées ; cette
pièce a un équarrissage de o .50 sur 09 .50.
Traverse inférieure. — La porte-valet n 'ayant aucun ef
fort à supporter dans le bas, il est inutile de faire descendre
le poteau battantau niveau du radier; la traverse inférieure
vient donc s'assembler dans ce poteau, à la hauteur des
basses mers de vives eaux ordinaires; elle s'assemble d 'ail
leurs avec le poteau tourillon à son pied , et forme, par
suite , contre -fiche pour reporter sur cette extrémité une
partie des pressions. L 'équarrissage de cette pièce est le
mêine que celui de la traverse supérieure.
Eniretoises. — Toutes les entretoises sontplacées dema
nière à présenter une légère inclinaison , de o " .07 en tota
lié, du poteau battant au poteau tourillon ; elles ont une
largeur uniforme de o ” .50, sur une épaisseur verticale de
09 .45 ou 0 ".40, suivant le rôle qu'elles sont appelées å
jouer ; la première, placée immédiatement au-dessus de la
traverse inférieure, et qui remplit quelques-unes des fonc
tions d'un des côtés du cadre, a o " .45 d 'épaisseur; il en
est des inêmedes cinquième etsixième qui supportent l'eſfort
direct du ressac, la cinquièine correspondant au niveau des
hautes mers de mortes eaux et la sixième éiant également
PORTES D ’ÉCLUSES. 97
distante de celle- ci et de la traverse supérieure; les trois
autres n'out que o ” .40 d'épaisseur, et sont placées, la
deuxième au niveau des basses mers de mortes eaux, la
quatrièmeassez rapprochée de la cinquième pour augmenter
la force de la partie supérieure de la porte , et la troisième
dans une position intermédiaire entre la deuxième et la
quatrième.
Poleauxtourillons et batlants. - Les poteaux tourillons et
battants sont des pièces de om .50 sur o" .50 d' équarrissage;
les premiers, arasés supérieurement au niveau du couron
pementdes bajoyers et inférieurementà o" .03 au-dessusdu
radier de la chambre des portes , sont arrondis cylindri
quement suivant un rayon de o " .25 ; les poteaux battants
dépassentde o”.20 le dessus de la traverse supérieure, et
leur extrémité inférieure descend à 2 " .15 au-dessus du
radier.
Moises verticales. - Les deux couples de moises verti
cales, qui divise nt la largeur de la porte -valet en trois par
ties sensiblement égales , sont des pièces de 0 " .30 de lar
geur, et dont l'épaisseur est de o " . 20 du côté des bajoyers
et 09.15 du côté opposé. Elles sont assemblées sur les
entretoises au moyen d'un épaulement de o'" .05 et d 'une
entaille deménie profondeur pratiquée dans les entretoises ,
qui réduisent leur saillie à o " .10 d'un côté et o " .05 de
l'autre; elles sont d'ailleurs consolidées , comme les moises
des portes busquées, par des plates -bandes en fer disposées
comme nous l'avons dit en parlant de ces portes, et des
mêmes dimensions.
Assemblages el armalures . — Les assemblages des ira
terses avec les poteaux sont à double tenon avec épau
lement, talon et embrèvement comme pour les portes
busquées ; ceux des entretoises sont à épaulement et embre
Fement avec tenons alternativement doubles et simples. Le
système de ces assemblages est consolidé par des armatures
analogues à celles que nous avons décrites pour les portes
Annales des P . et Ch. Mėsoires. – TOME XVIII.
98 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
busquées, sauf en ce qui concerne la traverse inférieure ,
pour laquelle les doubles équerres sont remplacées par une
double plate -bande formant collier autourdes poteaux-tou
rillons et battants , etqui estcomposée dedeux pièces réunies
par des tendeurs à double vis depas inverses (Pl. 199, fiy , 16
et 17) .
Bulée des portrs-talets sur les portes busquées. - La butée
des portes -valets sur les portes busquées s'exerce par l'in
termédiaire de forts taquets en bois, fixés sur la face
d 'amont des portes busquées à des hauteurs correspon
dantes aux intervalles entre la première et la deuxième,
entre la denxième et la troisième, entre la quatrième et la
cinquième, entre la cinquième et la sixième entretoise des
portes- valets , et immédiatement au dessous de la traverse
supérieure de cette porte , de manière à ne pas gêner la
juxtaposition des deux portes dans leur chambre com
mune. Ces taquets suntgarnis de plates-bandes en fer légè
rement saillantes sur lesquelles viennent s'appuyer des
frettes, aussi légèrement saillantes, disposées à cet effet
autour du plateau battant correspondant.
Monxurre des portes. — La question de la manæuvre des
portes vous parait assez intéressante, lorsqu'on arrive à des
dimensions un peu fortes en hauteur ou en largeur, pour
que nous entrions dans quelques détails à ce sujet, et que
nous justifiions l'attention dont elle a été l'objet de notre
part.
Épiires des chorionnets . -- Les épures des chardonnets
(Pl. 199. fig . 5 et 6 ) ont été tracées de façon à ce que le
centre de rotation soit un peu différent de celui de la courbe
des chardonnets eux- urêmes, et que la partie cylindrique
des poteaux tou illons ne s'applique exactement sur la sur
face de la pierre qu 'au moment où la porte est rendue à sa
position de charge. Certe disposition , qui assure une étan
chéité au moins au si parfaite que tout autre système, sup
prime les frotlements du bois contre la pierre, et par suite
PORTES D 'ÉCLUSES. 99
l'usure du bois, en même temps qu' elle diminue singuliè
rement la force nécessaire pour produire le mouvement.
Crapaudines et colliers. — Les crapaudines et colliers en
bronze (Pl. 199, fig . 1 à 4 et 7 à 12) sontla reproduction pro
portionnelle de ceux de l'écluse de barrage au port de Dun
kerque. Les parties fixes des colliers sont saisies par de
longs tirants en ſer formant mâchoires , scellés dans la
maçonnerie ; les formes de ces tirants sont étudiées de
napière à rendre le scellement plus efficace, et ils sont
munis de fortes chevilles, également en fer, verticales et
horizontales , qui augmentent l'ellicacité de ce scellement.
La direction de ces tirants pour les portes-valets est paral
léle aux deux positions extrêmes de l'axe de la porte ; pour
les portes busquées, l'un des tirants est parallèle au busc
de l'écluse et l'autre dirigé suivant la bissectrice de l'angle
formé par le prolongement de ce busc avec l'arèie du
bajoyer, en aval des portes. Le fi ottement dans les colliers,
pendant la rotation , est diminué par l'application , sur le
tourillou proprement dit de la porte, d 'une feuille de cuivre,
qui préserve en mênje temps le bois de toute usure et peut
être facilement remplacée.
Verrusde calage.-- Des verrinsde calage (Pl. 199, fiq .13),
dont le modèle est encore pris à l'écluse de Dunkerque,
scellés sur la paroi intérieure de la chambre des portes,
perdiettent de soulager les colliers, lorsqu'une circonstance
quelconque oblige à maintenir les vautaux des portes bus
quées chambres pendant un temps un peu long.
Ajparrils de mariaurre — Les appareils demanenyre
des portes busquées sont aussi imiles sur ceux de Dun
kerque. Les vantaux sont saisis vers le milieu de la hauteur
des poteaux busqués par une chaîne qui s'enroule d 'abord
sur une poule à axe horizontal, scellée dus la unçuerie
du bajer à la hauteur nécessaire pour main 'enir la chaîne
bien de niveau , et dont la chape, mobile autour d'un axe
vertical, lui perajet de venir à l'appelde la crive ( ?1. 107,
100 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
fig . 4 et 5 ) , qui remonte ensuite verticalement le long du
bajoyer pour s'enrouler sur un tambour à axe horizontal
scellé sur le couronnement, et de là sur une poulie à axe ver
tical (Pl. 197 , fig . 1, et Pl. 199 , fig. 14 et 15) pour arriver
au treuil de manœuvre. La poulie scellée dans le bajoyer
est d 'ailleurs logée dans une petite chambre de manière à
ne faire aucune saillie, lors du passage des navires. Les
treuils pour l'ouverture et la fermeture (Pl. 197, fig. 6 à 9)
ont des tambours cannelés en hélice qui permettent aux
chaines de s' y enrouler bien à plat; les diamètres des tam
bours sont différents et calculés de manière à ce que, pour
une longueur égale de bâtis , les longueurs différentes des
chaînes à enrouler dans l' un et l'autre cas puissent trouver
place sur le tambour, sans aucune superposition de mailles .
On conçoit qu'avec ces précautionsminutieuses, lesmou
vements des portes soient faciles, et que le calibre des
chaines n'ait pas besoin d' être bien considérable.
Les portes-valets sont manœuvrées à la main , à l'aide
de palans mobiles.
Détails spéciaux de construction . — Tous les assemblages
ont été exécutés avec le plus grand soin et vérifiés à plu
sieurs reprises ; les bois ont reçu une double couche de
peinture au minium et les assemblages ont été remplis de
goudron chaud , avant la juxtaposition définitive ; tous les
joints extérieurs ont été ensuite calfatés et bravés .
Tous les ſers, toles, fontes, ont été galvanisés; aucune
juxtaposition de fer et bois n' a eu lieu sans l'interposition
entre les surfaces, et sur toute l' étendue du contact, d 'une
bande de toile goudronnée.
Les surfaces extérieures ont été mailletées à recouvre
ment jusqu'à 0 " .10 au-dessus de la cote deshautes mers de
vives eaux ordinaires ; de ce niveau au niveau moyen entre
les hautes mers demortes eaux et les hautes mers de vives
eaux, elles ont reçu une triple couche de goudron , et, au
dessus de ce niveau moyen , une triple couche de peinture.
PORTES D ÉCLUSES. 101
Par suite de la difficulté de nous procurer des bois de
chêne du pays ou des bois de sapin du Nord , dans le temps
limité que les circonstances ne permettaient pas de dé
passer pour la construction des portes, nous avons dû
recourir au bois de chêne et au bois de sapin jaune ou
pice -pine d'Amérique.

Le cube total des bois employés pour les portes busquées


a été de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 . 9 .49
w hois de chêne. . . . . . . . . 38" .71 / e
out : bois de sapin . . . . . . . . . 42" .711 2017281".42
Pour les porte-valets, il a été de. . . . . . . . . . . . 40°. 244
bois de chêne. . . . . . . . .
dont:* ( bois de sapin . . . . . . . . .
16“ .89Low
23°.35 |
Le poids total des fers entrés dans la construction des portes
busquées a été de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 787€
I toles et cornières pour ren
forts , vannes, etc . . . . . 19 475*
dont : iers divers pour armatures, 36 7874 .
clous, chevilles, vis à bois,
clous à mailleter, etc . . . . 16 633*
| fontes. . . . . . . . . . . . . 679 )
Le poids total des fers entrés dans la construction des portes
falets a été de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 386
fers divers, pour armatures,
dont : J clous, chevilles, clous à 8 386 *
maillets, etc. . . . . . . . 7870* 1
I fontes. . . . . . . . . . . . . 516 " }

Dépenses. — Le total des dépenses de la construction


s'est élevé à 112 269 . 29 , savoir :
109 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
portes busquées , compris levage etmise
en place. . . . . . . . . . . . . . . . . 62581.08 .
savoir : portes valets , compris levage et mise en
place . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 580. 99
lappareils de manoeuvre, chaines, etc . . 7603.39
Somme à valoir comprenant la fourniture des col
liers et crapaudines en bronze, des tirants des col
liers, leur mise en place, les frais de modèle et de sur
veillance , l'exécution du mailletage, etc. . . . . . . . 21/196 .90
Total pareil. . . . . . . . 119.269.29

Nous ne terminerons pas cette notice sans rendre hom


mage au zèle , à l'activité et à l'intelligence de M . le con
ducteur Huet (Charles) qui a surveillé l'exécution de l' im
portant et difficile travail dont elle a pour but de rendre
compte ; il n 'est pas douteux que les bonnes conditions
dans lesquelles fonctionnent les portes en question depuis
leur mise en place qui a eu lieu vers le mois de mai 1865 ,
ne soient en très-grande partie dues aux soins conscien
cieux et tout à fait exceptionnels apportés à leur construc
tion par ce conducteur et l'habile maître charpentier qu 'il
était appelé à diriger.

Dunkerque , le 18 décembre 1868 .


YIS HOLLANDAISE. 103

N° 230
NOTE SUR LES VIS HOLLANDAISES.
Par M . RICHE , ingénieur de la Sambre canalisto.

Les vis hollandaises employées au relèvement de grandes


masses d 'eau à une faible hauteur, n 'ont donné jusqu'à ce
jour que des résultats peu économiques ; elles ont été ce
pendant conservées pour l'alimentation de quelques canaux
en raison de leur bas prix, du peu de réparations qu'elles
exigent et de la facilité avec laquelle on les répare.
Ayant eu à compléter le système d'alimentation du ca
Dal de jonction de la Sambre à l'Oise où l'on emploie des vis
pour relever l'eau des aſlluents de la Sambre jusqu 'au bief
de partage , j'ai dû étudier à nouveau la question du ren
dement de ces machines : les résultats que j'ai obtenus
par suite de quelques modifications apportées dans leur
construction me paraissentassez satisfaisants pour les faire
connaitre.
Les vis hollandaises sont, comme on le sait, des vis d ’Ar
chimède qui tournent dans un berceau fixe : elles se com
posent d'un noyau solide ou creux AA (fig. 8, Pl. 200 ) portant
deux ou trois cours de surfaces hélicoïdales ou ailes dont
la surface est engendrée par une droite perpendiculaire à
l'axe et s' élevant, le long de cet axe de quantités proportion
nelles aux angles qu'elle fait avec sa position à l'origine :
ainsi, si om co sont les projections de deux po. itions de la
génératrice sur un plan perpendiculaire à l'axe, MP M 'E
les projections sur un plan vertical parallèle à l'axe desdeux
104 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

mêmes positions de la génératrice , on aura MM ' = pu , w


étant l' angle aos et p étant une quantité constante.
Dans les vis construites jusqu'à ce jour, on n'a employé
que du bois ; on a donné au noyau un diamètre de om .40
à c “ .50 et un diamètre total quine dépasse pas 1m .70.
Les causes qui s'opposent à un bon rendement de ces
inachines sont les suivantes :
1° Les dimensions du noyau sont insuffisantes pour éviter
une flexion qui croît avec la vitesse et qui oblige , pour éviter
es chers ou des frottements considérables, d' écarter la vis
de 2 à 3 centimètres du berceau : il en résulte un vide vo
qui laisse échapper une portion notable du volume relevé.
Après quelques années de service, on doit relever la vis de
temps en temps et par conséquent l'écarter davantage de
son berceau ; aussi son eſſet utile diminue- t-il.
20 On ne tient pas assez compte , dans le calcul des di
mensions des vis en bois , de l'influence nuisible de la
vitesse de l'eau , et pour obtenir dans un temps donné un
volume donné, on admet une vitesse de rotation de trente
cinq à quarante -cinq jours par minute : or si le pas est de
2 " .80 , l'eau parcourt 1" .80 par tour de vis soit par minute
de (i3 à 81 mètres ou par seconde de 1m .05 à 1 " .35 : il en
résulte des frottements et des pertes de force considérables.
3. Dans l'établissement des vis, on croit utile de prolonger
le berceau jusqu'au niveau du bief d ’amont, commeil est in
diqué à la fig . 8 : on relève ainsi toute l' eau à une hauteur
supérieure à la hauteur utile de près de o " .30 à 0 .40 : il
y a là une réduction d 'effet utile que rien ne justifie et qui
est d 'autant plus grande que la hauteur utile de relèvement
est plus petite . M . Lamarle , dans une note publiée en 1845
dans les Annales des ponts et chaussées , dit avoir remarqué
que l'augmentation du royau dansde certaines proportions,
tend à augmenter le volume des espaces hydrophores, c'est
à -dire l'espace compris entre dcux ailes consécutives, lę
berceau et le plan horizontal tangent à l'hélice que trace
VIS HOLLANDAISE. 105
le pied de l'aile inférieure sur le noyau , soit le volume
ECEʻKdd ( fig . 7) .
Cette remarque, que j'ai faite après lui en calculant les
volumes hydrophores de quelques vis de même diamètre
total, mais de noyaux différents , m 'a conduit à rechercher
quel est le diamètre du noyau correspondant au volume
hydrophore maximum . J' ai trouvé que ce diamètre varie
entre les 0 .45 et les 0 .60 du diamètre total de la vis :
comme les volumes correspondant à ces deux limites dif
fèrent peu entre eux, on peut adopter pour diamètre du
noyau les o .55 ou les o .60 du diamètre extérieur. J'ai indiqué
dans le tableau ci-dessous les volumes des espaces hydro
phores des vis de 2 mètres de diamètre , correspondant à un
noyau de o " .50 et à un noyau donnant le volumemaximum .
L'examen de ce tableau démontre qu'en employant, par
exemple , une vis à trois ailes, de 2 mètres de diamètre
extérieur, inclinée à 30 degrés à l'horizon et dont le pas
aurait 2“ .60, on relèverait 3x01 .665 = ime.995 par tour
de vis si le noyau a un diamètre de 1" .20, tandis qu' on ne
relèverait que 3x0.440 = ımc.32 par tour si le noyau n 'a
que o”.50 de diamètre : il suffira donc de faire faire dix tours
à la première quand il en faudra quinze à la deuxième pour
relever un même volume dans le mêmetemps.
L'emploi du noyau à grand diamètre permet donc de ré
duire notablement le nombre de tours à faire faire à la vis,
et par suite de n'imprimer à l'eau qu'une vitesse de om.30
là 0 .40.
Un noyau de i mètre ou im. 10 de diamètre peut s'exé
cuter facilement en tôles de 3 à 4 millimètres d' épaisseur et
peut, par une augmentation soit du diamètre, soit de l' épais
seur des toles , acquérir une rigidité très -grande ; il en ré
sulte la possibilité de rapprocher la vis à une distance de
1 à 2 millimètres de son berceau, et par suite de suppri
mer en grande partie l'écoulement qui s'eſfectue le long
du berceau .
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Les surfaces hélicoïdales des ailes ne sont pas des sur
faces développables ; cependant ou parvient à les exécuter
en toles à la condition de réduire leur largeur et d 'avoir
une faible différence dans les courbures contre le noyau et
à l'extrémité ; ce résultat s'obtient avec un noyau à grand
diamètre.
L 'emploi du fer permet de donner aux vis à noyau d'un
grand diamètre , des diinensions suffisantes pour réduire à
quinze ou seize le nombre de tours à leur faire faire par mi
nute, et n 'imprimer à l'eau qu 'une vitesse de o " .30 à om.35
par seconde, ainsi qu'on le fait dans de bonnes pompes.
Quant à la troisième cause de perte d'ellet utile , on y
remédie en limitant le berceau à une position de la vis
telle que le niveau de l'eau soit maintenu dans l'avant-der
nière spire au niveau d 'amont augmenté d 'une quantité
suffisante pour assurer l' écoulement du volume relevé, et
cela au moment où la dernière spire a versé toute son eau
dans le bief d'amont (fig . 7) : on établit en outre entre la
décharge et le bief d 'amont une vanne à charnières quine
fonctionne qu'autant que la vis travaille.
Il résulte encore un grand avantage de l'emploi des vis
à noyau d' un grand diamètre, c' est qu'elles forment en réa
lité un corps flottant : on peutmême, en adoptant une in
clinaison de 24 à 27 degrés, calculer les dimensions d'une
vis de manière que le volume occupé par le noyau repré
sente le poids de la vis ; par suite la vis doit avoir peu de
frottements et sur le pivot et sur le palier supérieur ; ce
fait est constaté par l'absence d 'usure dans ces pièces.
J'ai fait cons:ruire deux vis d'après ces principes ; elles
ont 8^ .20 de longueur, un diamètre total de 1m.80, un
noyau de 1 ".05 de diamètre , un pas de 1 ".80; elles sont
inclinées à 27 degrés à l'horizon .
Ces vis ont coûté , y compris le palier, le pivot et la cra
paudine. 2050 francs chacune, tandis que nousavons payé
il a plusieurs années 3750 francs pour une vis en bois de
• VIS HOLLANDAISE. 107
même longueur et n'ayant que 1" .50 de diamètre : cette
vis coûterait aujourd'hui4000 francs ; on peutdonc évaluer
le coûtdes vis en fer å la moitié du prix des vis en bois . Les
nouvelles vis construites il y a deux ans n'ont fonctionné
que quelques jours en 186 et en 1867; en 1868 elles
ontmarché pendant 796 heures. Des jaugeages répétés ont
prouvé qu'ellesrelevaientensemble,au minimum , 2 goomè
tres cubes à l'heure à une hauteur utilede1m.67 pour une
consommation de 974.20 de charbon . C'est donc un volume
de 49" .92 d'eau qu'elles ont relevé par kilogrammede
charbon à i mètre de hauteur utile. Lors des essais au
frein de la machine à vapeur, il a été reconnu que la con
sommation s'élevait de 34.80 à 4 kilogrammies par heure et
par force de cheval : le rapport du travail utile au travail
moteur, s'élèverait donc de :
19920 49920
75 3600 = 0.70 à 75 x 36 0 = 0.74
3. 80
Dans les anciennes vis, ce rapport ne dépasse pas 0.50 .
Haubeuge, le 10 janvier 1869.
correspondant

dant

Volume dant

Volumes des espaces hydrophoresde vis de 2 mètres de diamètre, à trois ailes.


correspon

correspon
, re
Volume

diametre

Volume
. re

Diamètre
ulawetre

Diamètre
maximum

maxlmın
maslinum
diametre
duDiamèt
nogali

Rapport
Rapport

Rapport
Diamèt

Volume
Volume
noyau

bogau
Volume
noyau
dunoyau

Diame
méire

redunoyao

Ital
total
hl'à orizon
total

au
Dia

du
.
du

pas
pas

au
pas

.du
du
do

du
du
.

.
.
.

.
,

.
.

mèt. m . c. met. m . c. mèt. m . c. mel. m . c. mét. m . c. mål m . e.


30 0 , 50 0 ,191 1.1.2020 0 .318 1 .10 0 .50 0 .245 1. 20 0 . 1070 .00 0 .50 0 .301| 1.10 0 .471
0 ,50 10 , 2 :51 1 .20 . 166 0 . 10 0 .329 1 . 10 0 .524 0 .50 0 . 372 1 .100 .537
10. 551 1.20 10 .575 0 .50 0 . 406 1. 10 0.6'10 0 .50 0 .42 1 .000 .582
0 .110 1. 10 0.161 0 .50 0 . 17 1.90 10.69 0 .50 0 . 174 1.400 .627
0. 00 1.000 .764 0 .50 0 .523 0 . 10 0.542 1.00 0.733 0 .90 0 .695
1 .20 0 .50 0 . 21 : 1.20 6 .369 : .00 0 .50 0 .27 1.20 0 .444 0 .80 0 .50 0 . 3 0 1.10 0.462
0 .50 0 . 301 1 .20 0 . 0 ! 09.50 . 59 1 . 0 | 0 . 30 0 . 50 0 . 374 1 .00 0 . 521
0 .50 0 .311 1 ,10 ,689 0 .50 0 ,418 1 .10 0 . 593 0 . 10 0 .419 1.000 .550
10.50 | 0 .412 1. 10 0 .672 500 . 102 0 .50 0 . 478 1.011 | 0 .656 19. 90 | 0 .594
0 .50 0 .540 1.00 0 .752 0 . 10 0 .536 0 .90 0 . 741 0 .50 0 .50 0 .90 0 .697 I
108 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

N° 231
NOTE

Sur la déterminalion des longueurs des déversoirs à con


struire sur les levées de la Loire, pour régulariser l' intro
duction des eaux dans les vals endigués pendantles grandes
crues exceptionnelles.
Par M . JOLLOIS , ingénieur ordinaire des ponts et chaussées.

1. — Exposé.

Après l'inondation de 1866 , une commission d'inspec


teurs généraux des ponts et chaussées a été chargée d' é
tudier les moyens de préparer à l'avance et de régulariser
l'introduction des eaux dans les vals endigués de la Loire,
de manière à la rendre inoſſensive.
Cette commission a exposé le résultat de ses études
dans un rapport du 29 avril 1867 « sur les mesures gé
« nérales à adopter pour atténuer les dommages que cau
a sent les inondations dans les vals endigués du bassin de
« la Loire. »
Elle a jugé qu'en faisant pénétrer l'eau régulièrement
dans les vals en des points déterminés, au lieu de la laisser
s'y introduire violemnient par des brèches qui s'ouvrent
au hasard dans les levées , on éviterait en très -grande
partie les dégradations causées aux propriétés rurales, et
l'on rendrait plus faciles, et sans doute plus eſſicaces, les
travaux de garantie des centres de population.
Cette inondation réglée des vals produirait d 'ailleurs la
même atténuation du débit maximum des crues que leur
INONDATIONS. - DÉVERSOIRS. 109
inondation accidentelle par la rupture des levées ; car les
conditions générales d ' écoulement des eaux ne seraient pas
sensiblementmodifiées.
La commission a pensé que le meilleur moyen d 'intro
duire les eaux dans les vals consiste à pratiquer dans les
levées des déversoirs, dont la hauteur serait réglée de ma
nière que les vals fussent garantis contre les plus grandes
crues ordinaires.
Les déversoirs devront ainsi commencer à fonctionner
en même temps que celui qui existe depuis longtemps
à Blois et dont la crête est à 5 mètres au - dessus de
l'étiage.
La longueur de chacun de ces déversoirs devra être
calculée en vue de sa hauteur et de la superficie du val à
inonder ,de manière que le volume d'eau emmagasiné dans
le val, pendant la croissance de la crue et jusqu' à l'instant
du maximum , soit suffisant pour produire dans le débit
maximum de la crue l'atténuation qui s'est réalisée dans
toutes les grandes crues extraordinaires de la Loire .
Certains vals sont complétement fermés par leur levée ;
il sera nécessaire d' établir vers leur partie inférieure un
réversoir pour faire rentrer dans le lit majeur de la Loire
les eaux introduites à leur partie supérieure par un dé
versoir.
Le problème général qu'il s'agit de résoudre, pour dé
terminer la longueur des déversoirs, peut s' énoncer ainsi :
Étant donnés :
Les plans et profils d'un val endigué de la Loire ainsi
que la hauteur maximum des eaux dans le val pendant
les inondations de 1856 ou 1866 ;
La loi de croissance d 'une grande crue extraordinaire
déduite des observations faites en 1856 et 1866 ;
L'altitude de la crète d 'un déversoir composé d 'une
partie horizontale raccordée par deux rampes avec le cou
ronnement de la levée ;
110 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Déterminer la longueur de ce déversoir, demanière qu 'il
puisse emmagasiner dans le val. pendant la croissance de la
crue, une quantité d 'eau égale à celle qui s'y est trouvée
emmagasinée par les brèches de 1856 et 1866.
Ce problème présente plusieurs cas particuliers, suivant
la grandeur des vals et la disposition actuelle de leurs
levées.
Dans ces divers cas les vals peuvent être groupés ainsi
qu'il suit :
1 Grands vals de 6 kilomètres à 38 kilomètres de lon
gueur et de 1400 à 14000 hectares de superficie , lar
gement ouverts par l'aval, comprenant les vals de Saint
Benoist, Orléans, Avaray, Blois, la Tisse et Bois-Chétiſ;
gº Grands vals fermés par l'aval, et à la partie inférieure
desquels on devra établir un réversoir : tels sont les vals de
Sully , Luynes et la Chapelle- aux-Neaux ;
5° Petits vals de 2 à 4 kilomètres de longueur fermés
complétement par leur levée et où il suffira de construire
un déversoir à l'aval ou d 'abaisser la levée vers son extré
mité inférieure : tels sont les vals de la Garenne, Latingy,
la Bouverie, Chargé , Lussault et Langrais ;
4° Vals dans lesquels la nature des travaux à exécuter
est déterminée par des considératious autres que celles qui
funt l'objet de ce mémoire et dont je ne m 'occuperaipas
davantage.
J'ai employé pour résoudre ce problème des méthodes
quime paraissent applicables à la majeure partie des vals
endigués de la Loire , et que je mepropose d 'expo: er d 'une
manière générale dans la présente note .
Mais auparavant je dois poser les forinules qui per
mettent de calculer le débit d'un déveisoir , tel que ceux
dont il s'agit , composé d'une partie borizontale ou fai
blement inclinée suivant la pente superficielle des eaux
de la Loire , l'accordée par des rampes en amout et en
aval avec le couromement de la levée , et sur lquel la
INONDATIONS. - DÉVERSOIRS. ini
hauteur des eaux de la Loire peut s'élever à plus de
2 mètres .
JI. – FORMULES DU DÉBIT D'UN DÉVERSOIR COMPOSÉ D'UNE PARTIE
HORIZONTALE DE LONGUEUR ! ET DE DEUX RAMPES INCLINÉES
A I MÈTRE DE HAUTEUR POUR P MÈTRES DE LONGUEUR.

" cas. Lorsque la déversoir n 'est pas noyé par l' eau
d 'aval (Pl. 200 ,fig . 1 ).
Soient :
h , la hauteur de l'eau du bief supérieur au -dessus de la
partie horizontale du déversoir ;
m , un coefficient de contraction , applicable à l'écoule
ment de l'eau par le déversoir ;
g, l'intensité de la pesanteur.
La section (1 + ph ) h du déversoir peut être considérée
comme composée de trois parties :
jº Une partie centrale , égale à ih et fonctionnant comme
un déversoir rectangulaire , par lequelle débit serait égal à
Q = mlh vzyh ;
2° Deux parties extrêmes triangulaires égales chacune à
= ph et dont le débit se calculera ainsi :
Décomposons l'une de ces parties par des lignes ver
ticales en ses éléments .
Soient :
y la hauteur d'un de ces éléments ;
X son abscisse comptée à partir du sommet de l'anglc D ,
on a
x = py,
d' ou
dx = pdy,
et
pydy
sa surfice.
Cet élément fonctionne comme un déversoir dont le bief
112 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
supérieur dépasserait la crête d 'une hauteur y ; son débit
par seconde est donc

mpydyVzgy = mVag pyédy.


La somme des débits élémentaires, c'est -à -dire le débit
par le triangle BED, sera égal à

b =mvog pS*y*dy = m dag ph®,


c'est-à -dire au débit par un déversoir rectangulaire dont
la crête horizontale aurait pour longueur les de la base
du triangle .
Le débit total du déversoir trapézoïdal est donc égal à

q = mVag (? + 0.8 phihi. (1 )

Aucune expérience n 'a été faite pour déterminer la va


leur du coefficient m lorsque la hauteur h de l'eau d'amont
atteint 2 mètres etmême 2 " .50,mais nous pensons que l'on
peut prendre avec une approximation suffisante m = 0. 3
pour valeur moyenne de ce coefficient lorsque h varie de
o à 2 ” .50. Si en outre on remplacc 29 par sa valeur
4 .429 , la formule devient

q = 1.33(1 + 0.8 ph)n . (1 bis)


2° cas. Lorsque le niveau de l'eau en aval dépasse la
crête du déversoir d'une hauteur h' ( fig . 2).
Considérons la section du déversoir comme composée
de deux parties séparées par le plan superficiel des eaux
d 'aval, et soient :
I la longueur de la partie horizontale ;
INONDATIONS. – DÉVERSOIRS. 113
- la pente parmètre des deux rampes de raccordement
de cette partie horizontale avec la levée ;
g l'intensité de la pesanteur ;
m le coefficient de contraction applicable à l' écoulement
par la section EFCD du déversoir située au -dessus du niveau
des eaux du val ;
m ' le coefficient applicable à l'écoulement par la section
inférieure ABCD .
Le débit du déversoir se compose de la somme des débits
par ces deux sections.
Or le débit par la section supérieure est égal à celui d 'un
déversoir rectangulaire dont la crête n 'est pas noyée , au
dessus duquel l' eau s'élève à la hauteur h - h ', et dont la
longueur est égale à
It 2 ph' + 0 .8p(h - h ')
ou à
I to 0 .8 ph + 1. 2ph .
Ce débit est donc

q = mvag(2 + 0.8ph + 1.2ph]/h – h) .


Le débit par la section inférieure est dû à la vitesse
V 29 (h — h'); il est donc égal à
q" = m 'vag h'{l + phl(h — W'));
et le débit total sera égal à q = q' + 9" ou
q = V29 [m ( + 0 .8 ph + 1 .2 ph') (h — h ') + m ' ll +
+ pk)4 ](0 - 1 ) .
Le coefficient m ' de contraction par un orifice assimilé à
une vanne peut être pris égal à 0.6 ; de sorte qu’un rem
une rem

Annales des P . et Ch. MEMOIRES . – TOME XVIII.


114 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
plaçant m par sa valeur o. 3, et Vag par 4,429, la formule
devient

q = 1.33 [(1 + 0.8ph + 1.2 ph')(h — h') + 2 (1 +


ph) (4 – A) . i2 DLS)
En faisant h' = 0 , on retrouve la formule (1).

III. — DÉVERSOIRS DES GRANDS VALS, LARGEMENT OUVERTS PAR L 'AVAL .

Les grands vals sont pour la plupart largement ouverts


à leur partie inférieure que je nominerai confluent ; trois
seulement ceux de Sully ,Luynes et la Chappelle-aux-Neaux,
sont complétement fermés , mais des réversoirs seront éta
blis vers leur partie inférieure pour rejeter les eaux intro
duites par le déversoir supérieur.
Pendant la période de croissance de la crue le val doit
se remplir ; par conséquent il doit y entrer plus d'eau par
le déversoir qu'il n ' en sort par le réversoir ou par le con
fluent du val.
Pendant la décroissance ie val doit se vider et le ré
versoir débiter un plus grand volume d 'eau que le dé
versoir .
Donc, au moment du maximum de la crue, il doit y
avoir égalité entre les débits du déversoir et du réver
soir , et comme l'étale dure ordinairement assez long
temps pour que l'écoulement de l'eau dans le val se
fasse au moment du maximum suivant les lois du régime
permanent , on peut dire que le débit du déversoir est
alors égal au débit du canal irrégulier que forme le val.
Analysons en détail les phénomènes que présenterait
le remplissage d 'un val largement ouvert à son confluent ,
s'il survenait une inondation semblable à celle de 1856
ou de 1866.
Le confluent 'étant très-largement ouvert et ayant son
INONDATIONS. — DÉVERSOIKS. 115
sol à une hauteur au -dessus de l'étiage plus faible que
celle de la crète du déversoir , l'eau s'introduit d 'abord
dans le val par ce confluent, et sa surface s' y règle à
chaque instant suivant un plan horizontal qui s'élève
comme le niveau de la Loire.
Lorsque la Loire atteint la crête du déversoir, l'eau
commence à s'introduire dans le val par l'amont, mais
le débit du déversoir étant d 'abord très-faib 'e, elle con
tinue aussi à s'introduire par le confluent jusqu'au mo
ment où le débit du déversoir devient assez grand pour
que le volume d'eau , auquel il donne écoulement pendant
un temps déterminé t, soit égal au volume d 'eau emma
gasiné dans le val pendant ce temps , c'est-à -dire au vo
lume de la tranche du val comprise entre les surfaces des
eaux au commencement et à la fin du temps 1. La surface
des eaux dans le val, sensiblement horizontale, aboutit à
chaque instant au niveau de la Loire près du confluent.
Alors le déversoir débite un volume d'eau suffisant pour
faire monter l'eau dans le val aussi vite qu'elle monte dans
la Loire, et l'eau ne s' écoule , à son confluent, ni dans un
sens ni dans l'autre ; la vitesse moyenne y est nulle.
Mais cet état d ' équilibre ne dure qu'un instant; la hau
teur de la Loire augmentant toujours, le débit du déver
soir augmente aussi ; il devient assez grand pour faire
monter le niveau des eaux dans le val plus vite que dans
la Loire ; l' eau du val prend une pente superficielle ; elle
s'écoule de l'amont à l'aval et rentre en Loire par le con
fuent. Le débit dans le val, d'abord nul, augmente pro
gressivement , jusqu' au moment où il devient égal à celui
du déversoir ; et la longueur de ce déversoir étant cal
culée de façon que cet effet se produise au moment du
maximum de la crue, il s'ensuit qu'à ce moment le val
sera rempli jusqu'au niveau que les eaux y ont atteint en
1856 ou 1866 .
A partir de ce moment, le niveau de la Loire s'abaisse au
116 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
déversoir et au confluent; le débit du déversoir diminue ;
la pente superficielle des eaux augmente, et par ces deux
motifs, le débit du déversoir est plus faible que celui du
val qui se vide.
Pour analyser complétement les phénomènes qui se pas.
sent, nous ferons remarquer que la vitesse de propagation
du maximum de la crue n 'est pas très- grande ; elle est
dans le département de Loir - et - Cher d 'environ v = 31. 3
par heure. Si le val a une longueur [ km., le maximum
arrivera au confluent plus tard qu'au déversoir, et le re
tard en heures sera égal à t = zka. Pendant ce temps l,
le débit du déversoir diminue , la pente superficielle des
eaux du val diminue aussi , parce que la Loire croît encore
à l'aval; par conséquent le débit du val diminue et l'égalité
entre ces deux débits tend à se prolonger.
Il faudrait donc calculer la longueur du déversoir de telle
sorte qu'il pût débiter un volume d'eau égal à celui que dé
bite le val au moment où le maximum de la crue se produit
en face le déversoir, volume d'eau un peu plus grand que
celui que l'on peut déduire de la connaissance du niveau
maximum des eaux dans le val. Mais dans de pareilles
questions il ne faut pas prétendre obtenir les résultats
cherchés avec une grande exactitude, car les formules du
mouvement permanent des eaux dans les canaux ne sont
plus rigoureusement applicables et ne peuvent donner que
des approximations.
Le problème que nous avons à résoudre se divise donc
en deux :
1° Calculer le volume d' eau , 9 , qui s'écoulerait par se
conde dans le val , si la surface des eaux y atteignait en
chaque pointla hauteur à laquelle elle s'est élevée au moment
du maximum de l'inondation de 1856 ou de celle de 1866 ;
2° Déterminer la longueur d 'un déversoir capable de dé
biter par seconde un égal volume, q , d'eau.
INONDATIONS. — DÉVERSOIRS. 117
On résoudra le premier problème au moyen des for
mules connues du mouvement de l'eau dans un canal
irrégulier dans lequel on connaît la forme du canal et
la hauteur de l'eau en chaque point, ou plus simple
ment au moyen des tables de remous calculées par M . Du
puit dans ses Études sur le mouvement des eaux courantes,
ou par M . de Saint- Venant dans ses Formules et tables
nouvelles.
Mais la solution ne pourra être trouvée que par tâton
nement.
On supposera d 'abord un certain débit en rapport avec
les dimensions des brèches ouvertes dans la levée du val
par les grandes crues exceptionnelles , débit que l'on peut
prendre , pour une première approximation , de gà 10 mè.
tres cubes par mètre de longueur d'une brèche descendant
à peu près au niveau de l'étiage. On calculera par les tables
de remous le niveau de la surface de l'eau dans le val
correspondant à ce débit, et l'on trouvera une surface plus
élevée ou plus basse que celle observée en 1856 ou 1866.
On fera alors un second essai en partant d'un débit plus
faible ou plus fort, et l'on calculera une nouvelle sur face
d'eau ; puis par une règle de fausse position , on détermi
nera le débit q correspondant à la surface des eaux réelle
ment observée en 1856 ou 1866 .
Le deuxièmeproblème sera facilement résolu au moyen
de la formule (2 bis)
q = 1.33((1 + 0.8 ph + 1.2 phllh — h) + 2(1 + ph )k'(h — h ) .
dans laquelle :
q est le débit connu du val ou du déversoir ;
I la longueur cherchée de la partie horizontale du dé
versoir ;
h la hauteur connue des plus hautes eaux du val en 1856
ou 1866 au- dessus de la même crète ;
118 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
p la longueur pour i mètre de hauteur des rampes de
raccordement de la partie horizontale du déversoir avec le
couronnement de la levée.
Je donne au dernier paragraphe un exemple de ces cal
culs, appliqué au val d'Avaray.

IV . - DÉVERSOIRS ET RÉVERSOIRS DES GRANDS VALS ,


ACTUELLENENT FERMÉS DE TOUS CÔTÉS.

L 'analyse que j' ai faite au paragraphe précédent du rem


plissage d'un val s'applique au casoù ce val présenterait à sa
partie inférieure un réversoir au lieu d 'un confluent large
ment ouvert , avec cette seule différence que le niveau des
eaux ne serait pas le mêmedes deux côtés du réversoir ; il
y aurait une chute plus ou moins grande du côté d 'où vient
le courant à celui vers lequel il se dirige. Le niveau des
eaux dans le val serait plus bas que celui de la Loire pen
dant la première période du remplissage et plus élevé
pendant la seconde ainsi que pendant toute la décroissance
de la crue. Au moment du maximum de l'inondation la
différence de niveau des eaux dans le val et dans la Loire
serait à peu près celle que l'on a pu observer en 1856
ou 1866 , lorsque après la rupture de la levée dans sa
partie la plus inférieure, les eaux rentraient du val dans
la Loire.
On calculera donc le débit du val correspondant à la
surface des eaux observées en 1856 ou 1866 , et l'on dé
terminera la longueur du déversoir comme au S 1.
· La hauteur du réversoir pourrait être fixée dans les vals
d ' une petite longueur de telle sorte que les eaux s'intro
duisent dans le val par le réversoir avant d 'affleurer la crête
du déversoir, afin d'amortir le courantde l'amont à l'aval
que tendront à prendre les eaux introduites par le déversoir ;
le calcul se ferait ainsi :
Soit H la hauteur fixée pour le déversoir ; on peut déduire
INONDATIONS. – DÉVERSOIRS. 119
des observations consignées sur les registres des crues de la
Loire l'heure à laquelle cette hauteur a été atteinte au dé
versoir pendant la crue de 1866 par exemple.
Les mêmes registres permettront de déterminer quelle
était à la même heure , la hauteur H ' de l'eau vers le ré
versoir . .
Pour que l'eau s'introduise dans le val par le réversoir
quelques heures plus tôt que par le déversoir , on devra lui
donner une hauteur plus faible que H '.
Mais cette règle ne pourrait être appliquée aux très-longs
vals, pour lesquels elle donnerait au réversoir une hauteur
plus faible de o ”.70 à om.80 que celle du déversoir, et ces
vals seraient ainsi exposés à être inondés par les grandes
crues ordinaires .
Les réversoirs des grands vals auront donc une hauteur
égale à celle des déversoirs ou un peu plus faible .
Quant à la longueur de ces réversoirs, elle devra être dé.
terminée de telle sorte que leur section soit égale à celle
qu'ont présentée les brèches de rentrée des eaux dans les
grandes crues exceptionnelles, pour satisfaire à cette con
dition que l' écoulementdes eaux se fasse dorénavant comme
elle s'est opérée dans les crues de 1856 ou 1866 .
V. – PETITS VALS COMPLÉTEMENT FERMÉS.

Si l'on introduisait les eaux des grandes crues par un


déversoir établi vers l'amont dans un val très- court, dont
la longueur ne dépasserait pas 4 kilomètres par exemple ,
et qu'on les fit rentrer en Loire par un réversoir, ces ou
vrages présenteraient toujours une section beaucoup plus
faible que celle du val. La vitesse de l'eau dans le val serait
donc très-lente et la surface de l'eau n'aurait qu'une très
faible pente ; par conséquent on pourrait obtenir à peu près
l'emmagasinement dans le val d'une quantité d'eau égale à
celle qui s' y est emmagasinée dans toutes les grandes crues
120 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
exceptionnelles, en établissant un seul déversoir à l'aval .
C'est pour ce motif que la commission a prescrit l’éta
blissement d'un seul déversoir, ou l'abaissement de la
levée sur une certaine longueur, dans les petits vals de
la Garenne, Latingy , la Bouverie , Chargé , Lussault et
Langeais qui ont de 2 à 4 kilomètres de longueur.
J'ai employé pour déterminer la longueur du déversoir
d'un petit val une méthode analytique qui pourra trouver
son application , lorsqu'on voudra calculer la loi du rem
plissage d'un réservoir quelconque au moyen des eaux
d'un autre réservoir dont le niveau varie suivant une loi
connue.
Soient :
S la section horizontale du val, ou la superficie couverte
par l'eau à la hauteur h' ;
t le temps compté en secondes à partir du moment où
l'eau du fleuve affleure la crète du déversoir;
h la hauteur de l'eau du fleuve ;
h ' celle de l'eau du val au-dessus de la crète du dé
versoir ;
q le debit du déversoir par seconde, débit qui varie à
chaque instant avec h et h' et dont j'ai donné l'expression
ci-dessus (2 ).
Pour simplifier les écritures je poserai
q = flh ,h').
Soient :
dt, dh , dh' les différentielle de t, h et h'.
Au temps t et pendant l'instant infiniment petit de, le
débit du déversoir est

qdı = f(h , h )de.

L'observation des crues de 1856 et 1866 nous donne la


loi t = ah suivant laquelle la hauteur h croît avec le temps;
a est un coefficient variable lui-même, mais dont nous n 'au
INONDATIOXS. - DÉVERSOIRS. 121
rons besoin de connaître la valeur que dans des limites de
temps assez rapprochées et que l'on peut considérer comme
constant pendant un certain temps déterminé par les obser
vations faites des grandes crues exceptionnelles (*).
De la dernière équation nous tirons dt = adh ; substi
tuant cette valeur dans le second membre de l'équation
précédente , nous avons
qdi = af(h , h ')dh .
Or le volume d' eau qdt versé dans le val y fait varier le
niveau de
di = qat (3 bis)
Nous pouvons donc poser l'équation différentielle
Sdh' = af(h , h )dh ,
dont l'intégration donnerait à chaque instant la hauteur
h'de l'eau dans le val. Mais cette intégration serait trop
compliquée; une méthode plus simple va nous permettre
de résoudre le problème.
Le val commence à se remplir lorsque l'eau du fleuve at
teint et dépasse la crête du déversoir ; son remplissage peut
être considéré comme composé de deux périodes.
Pendant la première l'eau s'élève dans le val jusqu 'au
niveau de la crête du déversoir, h est nul et le débit du
déversoir est donné par la formule (1) :
q = mVag (2 + 0.8 ph)hi.
(* ) A Blois , la moyenne déduite des observations des crues de 1856
et 1866 donne, pour l'accroissement de hauteur de la Loire par
beure , o - og , lorsque la hauteur augmente de 5 mètres à 6 - .50 ; On
a par conséquent dans ces limites
1 3 600
1 = 3 600sec., h = 0 " .og et a =Ch = 10 000 .
0 .09
122 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

L'équation (3) se réduit donc pendant cette période à


qdt = am Vzg (1 + 0.8 ph)hidh.
dont l'intégration donne pour le débit total pendant le
temps t

Ou
Q =f*gdt= amvzg5*x2 +0.8phyn®dh,
5
Q = sam vog( + 0.$pk)n .
2 am
15)
Or la capacité du val , rempli jusqu'au niveau de la
crête du déversoir , est connue par les plans et profils du
val ; en prenant Q égal à cette capacité, tout sera connu
dans l'équation (5 ) , sauf les quantités 1 et h '; nous en
tirons
0 .8 ph .
(6 )
1 = 5 (cam
2am Pashtoop
29 hi 7 ); . (6)
et il nous sera facile de calculer un tableau donnant les
volumes de l qui correspondent aux diverses valeurs de h
ou à celle de t, puisqu' on a
I = ah .

Le coefficient m peut être pris égal à 0.3 comme dans


le cas de la formule (1), et l'on aura
I = - 0.57 . (6 bis)
5 .31 ahi

On connaîtra ainsi la longueur qu'il faut donner au dé


versoir pour que le val soit rempli jusqu'au niveau de sa
crête dans un temps déterminé, ou lorsque la crue atteint
une hauteur donnée.
Pendant la deuxième période l'eau dépasse le niveau de
• INONDATIONS, - DÉVERSOIRS. 123
la crête du déversoir d 'une quantité qui varie depuis h' = 0
jusqu'à la valeur du maximum de h. Le val devant se rem
plir pendant la croissance de la crue, il faut nécessairement
que la différence h - h diminue constamment jusqu'à ce
que h atteigne son maximum , et , à ce dernier instant,
h = h' et dh = dh'.
Donc l'équation différentielle (4 ) se réduit alors à l'équa
tion entre quantités finies
S = af(h , h ),

dont la solution ne pous offrira plus de difficultés.


Cette équation peut se mettre sous la forme qdt = Sdh ,
que l'on aurait pu déduire de (3 bis) en supposant seule
ment dh = dh' ; on voit ainsi qu' elle signifie que le débit du
déversoir par seconde est égal à l'accroissement du volume
d' eau emmagasiné dans le val pendant une seconde, lors
que la hauteur de l'eau dans le val croît avec la même vi
tesse que dans le fleuve, proportion évidente et qui aurait
pu être énoncée à priori.
Si dans l'équation ( ) on remplace f (h , h ') par la valeur
de q donnée par l'équation (2 ) , on a

S = a Vag [m (1 + 0.8ph + 1. 2ph')(h — h')


+ m (1 + ph') ] h – A) . ( 8)
Avec cette équation on trouverait facilement les hauteurs
h et h ' de l'eau dans la Loire et dans le val, correspondant
au moment où ces deux hauteurs croissent avec la même
vitesse , si l'on se donnait la différence h - h ' = 0 , ou la
chute d 'eau sur le déversoir et la longueur de ce déver
soir .
Elle permet aussi de calculer cette longueur 1 de telle
sorte que, à un moment donné l, auquel correspond une
hauteur connue h , et une valeur connue du coefficient a ,
124 MÉMOIRES ET DOCUMENTS. ' .
la différence de niveau 0 des eaux dans la Loire et dans le
val soit égale à une quantité donnée , avec cette condition
qu 'à ce même instant les hauteurs d 'eau dans la Loire et
dans le val croissent de quantités égales pendant un même
temps très-court.
Nous prendrons donc pour h la hauteur maximum de
la Loire au - dessus de la crête du déversoir ; pour a la
valeur moyenne du rapport an entre l'accroissement du
dh

temps exprimé en secondes et celui de la hauteur de la


Loire pendant les deux heures qui précèdent le maximum
et nous donnerons à ( = h - h' une petite valeur arbitraire,
par exemple ( = 0 " .005 .
En raison de cette faible valeur de 0 , l'équation (8 )
pourra être simplifiée en négligeant le premier 10 ?
m (1 + 0.8 ph + 1. 2 ph) ( − 1 ),
qui a pour facteur 1, et en remplaçant dans le second h '
par h ; cette équation deviendra alors

d 'où s = aVage mh(1 + ph) ,


-

la s - ph. (9 )
amh

Le coefficient m ' qui est celui relatif à l' écoulement


par les vannes ou par les déversoirs noyés avec une très
faible charge, peut être pris égal à om.6o, de sorte qu'en
remplaçant m ' et 29 par leurs valeurs , la formule de
vient
0 .19 ah –- pph.
l = wSon h. (10)

Comme exemple d'application des formules (6 bis) et


(10), je prendrai un val dont la capacité, lorsqu'il est
INONDATIONS. – DÉVERSOIRS. 125
rempli jusqu'au niveau de la crête du déversoir, est
Q = 1.458 500me ; les rampes du déversoir étant inclinées
à o " .05 par mètre, on a p = 20 ; la Loire croissant de
09 .09 par heure à partir du moment où elle atteint la
crète du déversoir jusqu'à celui où elle la dépasse de
19 .70 , on a :
a = 3.600 = 40.000 ;00 :

la formule (6 bis) devient donc :


6-87 – 11.4h ;
1 = hiva
à laquelle satisfont les valeurs l = 0 , h = 1 .67; par con
séquentsi la longueur de la partie horizontale du déversoir
était réduite à zéro , le val serait rempli jusqu'au point le
plus bas dece déversoir , lorsque la Loire s' éleverait à 1*.67
au-dessus de ce point.
Dans la formule (10) nous aurons pour la superficie du
valinondé à la hauteur maximum
S = 1 .821. 000" .

Dans les deux heures qui précèdent le maximum , la


crue augmente de 5 à 6 centimètres; supposons 6 , nous
aurons
3 .600
120 . 000 .

D 'ailleurs la crête du déversoir est au -dessous des plus


hautes eaux à une hauteur h = 2 .45 ; l'équation (10) don
nera donc
T = 33.89 – 49,
valeur négative, qui prouve que si la longueur de la partie
horizontale est réduite à zéro , la différence du niveau des
126 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
eaux de la Loire et dans le val sera moindre de o .005 au
moment du maximum de la crue.

VI. - Resumé. – RÈGLES PRATIQUES.

Résumons en règles pratiques les méthodes que nous


venons d 'exposer.
Les vals endigués seront classés en trois catégories :
1° Les grands vals de plus de 6 kilomètres de longueur
largement ouverts par l'aval, en tête desquels on devra
construire un déversoir ;
2° Les grands vals de plus de 6 kilomètres de longueur
complétement fermés par leur levée , où il faudra établir un
déversoir à l’amont et un réversoir à l'aval;
3° Les petits vals , de moins de 5 kilomètres de longueur
complétement fermés par l'aval, pour lesquels on établira
seulement un déversoir vers la partie inférieure.
Dans tous les vals la hauteur des déversoirs sera fixée
conformément aux indications de la commission , de telle
sorte qu'ils commencent à fonctionner en même temps que
celui de Blois construit depuis longtemps.
1° Dans les grands vals, largement ouverts par l'aval,
on lèvera un profil en long et des profils en travers du
val, de kilomètre en kilomètre , sur lesquels on indiquera
les hauteurs des plus hautes eaux des inondations de 1856
ou 1866.
On supposera que le val débite un volume d ' eau par
seconde égal à celui que les brèches ontdébité dans les
grandes inondations , ou à 8 ou 10mc par mètre courant
de brèches ouvertes à fond, et l'ou calculera par les tables
de remous de M . Dupuit ou de M . de Saint- Venant, la
surface des eaux en chaque profil corresporidant à ce débit .
Si cette surface est plus élevée ou plus basse que celle des
plus hautes eaux observées en 1856 ou 1866 , on recommen
cera le calcul en supposant un débit plus faible ou plus
INONDATIONS. – DÉVERSOIRS. 127
fort que celui de la première hypothèse ; puis , par une
règle de fausse position , on déterminera le débit q corres
pondant à la surface des eaux observées.
On devra tenir compte dans ces calculs , la plupart du
temps par une appréciation approximative, des obstacles
opposés au mouvement des eaux par les récoltes, les plan
tations, les habitations, etc .. Lors des inondations de 1856
ou 1866 , ces obstacles ont eu pour effet de surélever le
niveau des eaux au-dessus de celui que l'on détermine par
le calcul.
Enfin on déterminera la longueur de la partie horizon
tale du déversoir par l'une des formules (1 bis) ou (2 bis)
du S II.
2. Dans les grands vals fermés , on déterminera la lon
gueur du déversoir comme dans le cas des grands vals
ouverts.
La hauteur du réversoir sera fixée un peu plus bas que
celle du déversoir. On pour ra , dans les vals d 'une faible
longueur, employer , pour la calculer , la règle posée au
SIV.
La longueur du réversoir sera généralement déterminée
de telle sorte que sa section soit égale à celle des brèches,
qui ont été ouvertes par les inondations de 1856 ou 1866
vers la partie inférieure de la levée.
3. Dans les petits vals fermés , la hauteur du déversoir
étant fixée conformément aux indications de la commis
sion, la longueur 1 de la crète , qui sera horizontale si le
déversoir n ' est pas très -long , et inclinée suivant la pente
de la Loire dans le cas contraire, sera calculée par la for
mule (10)
Ir| m0.1g9aahh - ph .

du S V , dans laquelle S est la superficie inondée du val,


h la hauteur de la Loire au - dessus du déversoir, et
128 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
3 600
a = , e étant l'accroissement moyen de la Loire par
heure, pendant les deux heures qui précèdent le maxi
mum .
Si cette formule donne pour l une valeur très- petite ,
nulle ou négative, on adoptera pour l une certaine valeur
positive plus ou moins grande selon l'importance de la voie
de communication qui passe sur le déversoir .
Je terminerai ce mémoire par un exemple du calcul de
la surface des eaux dans un grand val au moyen des tables
de remous de M . Dupuit , afin demontrer combien ces cal
culs peuvent s'exécuter facilement. Cet exemple est celui
du val d 'Avaray : les calculs sont contenus dans le tableau
ci-après.
Les sept premières colonnes contiennent la description
topographique du val que l'on suppose divisé de kilomètre
en kilomètre suivant sa ligne médiane. La distance entre les
profils i et 2 n 'est cependant que de 60 mètres ; aussi la lon
gueur correspondante au profil 2 est- elle portée 560mètres.
Chaque profil est censé occuper le milieu d 'un canal rec
tangulaire dont la longueur est s (col. 3) et dont la section
est déterminée par ce profil.
La colonne 8 donne la hauteur du régime uniforme dans
ce canal, calculée par la formule
fi = 0.0004 U ',

qui s'applique aux canaux très-larges, et dans laquelle U


étant remplacé par . on a

d 'où

P = 10.02.01
INONDATIONS . – DÉVERSOIRS . 129
Dans la colonne g on met au-dessus de la ligne 2° la dif
férence 1 — H ' ou

(B — A) — H = 78 .22 — 759.75 — 3" 585 = - 0".115 ,


puis dans les autres interlignes les différences entre les
valeurs successives de H .
Dans la colonne 10 on inscrit d 'abord sur la ligne 2 la
valeur de AH précédente , puis , dans les colonnes suivantes ,
011 calcule, au moyen des tables de M . Dupuit, la hauteur
y du remous à l'aval du profil.
Dans les colonnes 17 et 18 on écrit la profondeur H ' et
l'altitude A ' de l'eau en aval du profil. La hauteur y , aug
mentée de la différence AH entre les profondeurs du régime
uniforme aux profils 2 et 3 , donnera la hauteur y . à l'aval
du profil (3), puis on recommencera la même série de cal
culs pourchaque profil.
On arrive ainsi à déterminer par le calcul la surface des
eaux correspondant au débit q = 2 500mc ; cette surface
diffère peu de celle observée en 1866 et elle est un peu au
dessous de celle de 1856 .
Comme on n 'a pas tenu compte des obstacles opposés à
l' écoulement des eaux par les plantations, les construc
tions et les récoltes sur pied , on admet qu’un débit de
2500* c remplirait le val jusqu'au niveau où il a été rempli
en 1856 .

Annales des P . et Ch . MÉMOIRES. – TOME XVIII.


DUVAL
TOPOGRAPHIQUE
DESCRIPTION REMOUS
DU
CALCUL CALCUL
l'altitudo
de
ot mètres
cubes
un
débit 00
deQ=25pour
130
.
inondation
deson .
seconde
par .de
lacrue
6 7 18
ALTITUDES
observóes

bautenr 16

mont. - - 1
hautes
plus
des

uniforme
au -dessus -

en remon
profl.en aral
profilen aval

crues
uniforme.

rectangulaire

le ral à chaque
lea
!rdans

profilsà Vamont.
de l'eau

uniforme à l'avalo
profil.
à l'avaldedela chaque
de la crue

à l'amont.
du régime uniforme en
MEMOIR

à l'amont

en

du régime
Différences
du remousau-dessus

chaque profil.
tabulaire
chaque profl.

chaque profil.
de chaque
de chaque

de chaque proni.
du régime

régime
da remous à l'amont de Sant

tant dedesl'aval
1856
Altitude

à l'amont de chaque profil.

1866

dans lo canal
Distance tabulaire de l'aval -

partie à laquelle s'applique


onda vi op opamin
Profondeur

Remous

Hauteur tabulaire du remous

Largeur danspro0l.
Hautour

Ponte du fond par kllomètre.


Altitude du sol en aval de la en
du remous

Hanteur
du
Hanteur tabulairo du remous.
au-dessus

Longueur á laquelle s'appliquo


Distance
Distance tabulaire de la hauteur

Numéros
" correspondant à chaquo profil.
E D

=1ABC
sll
0001 (0.02 =
Yo H' =A
A+y H H y y+H o A+
mél
.mét
.et .
mèt .
mét .mét .mèt .
met .
mèt .
mét .mèt mét .
ES T OCUMENTS

500
.

500 560 78.274


73258 3.585 -0.115 642
0.0-13303339o
0315320 0.029 3.4-0170 04 73.220
00
10570 8774 .50+0.3000 3560
5976600 0.050
740 1000 75.09 .723.26585 0.115
+0.11.002177
26,50696630 41310
7884696 0.2184 3.406|3.40135905816470 78.678.378.5764853
.2101700
0790 75.31 .62 50 899
819
1.2007080
720
20 63.0 15
78.785
830
1000 75.52 65 .00.4535 725
063
845
908 .200.23132 .2053 6592

V
960
1000 75.74 2.52.520 .1|00.2107640 00860 50
5201 3.1055734 78
897
79.011
16060 797596.2520
22.018461.20576
44228
37348
960 0.20.71278 3.0125054
00 1.610 0.590 7500
1830
000
11 76.17 1.035 1.7620 1. 39
2.463118800 710
25
101
1110 2.811| 80 60 079.34
100.695
1000
1730 .8767 1.065 220.51570 79.084
577
7503000229 .500.24548
,6
601.74923-790.+1520 86210
2100
000
11 79
.580114 440
422 1.6023235 79.199
5001
12|2000 20. 32 5.|718289064 1.30.99535 5301
210.6108-2, 3000480
098
662
436
281 0.081 1|.0 1367 |79.426
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES.

CHRONIQUE.

Août 1869 .

SOMMAIRE . – Navigation du Danube. - Bibliographie . Cours de navigation


intérieure, - Société centrale de sauvetage des naufragés. — Denier de la
veuve. – Bulletin bibliographique .

Navigation du Danube. - L'amélioration de la navigation du


Danube, au point de vue de ses résultats pratiques et surtout de
l'heureus précédentrqu 'elle constitue pour une action internatio
nale dans ces matières, présente une telle importance qu'il nous
a semblé que les lecteurs des Annales prendraient connaissance
avee intérêt de quelques renseignements sur cette opération. Les
éléments de cette note, mis en ordre à notre demande par
M . Cheysson, ont été empruntés, soit textuellement, soit en sub
stance : en premier lieu , au rapport fait au Corps législatif par
M . de Dalmas, au nom de la commission chargée d'examiner le
projet de loi relatif à la garantie de l'emprunt à contracter par la
commission européenne du Danube (Moniteur des 12 et 12.octobre
1868), et en second lieu, aux trois correspondances adressées de
Galata au Journal officiel, à la date des 15 mai, 6 et 8 juin 1869
(Journal officiel des 2, 19 et 22 juin 1869).
Les puissances européennes réunies en congrès à Vienne, en
1815, ont posé des principes généraux pour réglementer la pavi
gation des fleuves ou rivières qui traversent différents États.
D'après ces principes, la navigation de ces cours d'eau doit res
ter entièrement libre ; elle ne peut être interdite à personne ; les
ordonnances relatives à leur police doivent être conçues d'une
manière uniforme pour tous et aussi favorable que possible au
commerce de toutes les nations ; enfin chaque État riverain doit
entretenir à ses frais les chemins de halage sur l'étendue de son
territoire et exécuter dans le lit du fleuve ou de la rivière les tra
vaux nécessaires pour en assurer la navigation .
132 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Ces stipulations, dont la portée est facile à comprendre, avaient
en particulier une grande importance pour la navigation du Da
pube ; car ce fleuve , qui prend sa source dans le grand -duché de
Bade et vient se jeter dans la mer Noire après un parcours de plus
de 3 000 kilomètres, constitue l'artère vitale du commerce de l'Alle
magne et est appelé à favoriser puissamment le commerce général
de l'Europe.
La navigation du Danube ne présente de réelles difficultés qu'à
ses embouchures, où le peu de largeur des chenaux, les récifs , les
bas -fonds sont de nature à luicréer parfois desdangers et toujours
des embarras.
En 1814 , les bouches du Danube appartenaient à la Porte otto
mane; par le traité de Bucharest, en vertu duquel la Russie obtint
de la Turquie la cession de la Bessarabie, le bras de Kilia , situé le
plus au nord, devint la limite entre les deux puissances. En 1826,
le czar se fit attribuer l'embouchure de Soulina par le traité d'A
kerman ; et enfin par la paix d'Andrinople signée en 1829 , le
cabinet de Saint-Pétersbourg s'appropria le troisième bras, celui
de Saint-Georges .
Mise ainsi en possession des trois embouchures du Danube, la
Russie aurait dû , si elle avait obéi aux conventions dontelle était
signataire , s'attacher à améliorer la navigation de ces bras et a les
rendre praticables ; inais loin de poursuivre un tel résultat, le but
de ses efforts constants semble avoir été de rendre de plus en plus
difficile l'accès de la mer Noire par ce fleuve. Elle laissa les sables
s'accumuler à l'extrémité des bras de Kilia , de Saint-Georges et
de Soulina, de telle sorte que la navigation y devint à peu près im
possible : les petits navires d'un très- faible tonnage pouvaient seuls
les pratiquer et encore, pour la plupart d'entre eux, les cargaisons
devaient-elles être rompues et transportées au moyen d'alléges
jusqu 'à la pleine mer.
Le mauvais état des embouchures du Danube avait été l'objet
de plaintes fréquentes de la part des navigateurs, et l'attention
était déjà appelée sur ce point à l'époque de la guerre d'Orient. A
ces difficultés matérielles, il vint s'en joindre d 'autres qui résul
taient de la guerre elle -même et de la crise traversée par le pays.
Il n'y avait plus d 'autorité établie qui réglat les mouvements des
navires et ſit la police du fleuve, dont les abords étaient infestés
par des bandes de malfaiteurs. Les patrons des alléges etles pilotes
n 'étaient que trop souvent leurs complices ; de là des avaries fré
quentes, des échouages calculés, des détournements de cargaisons.
Les choses en étaient venues à ce point qu 'une division anglaise
CHRONIQUE. 133
avait été forcée de bombarder Soulina pour venger le meurtre
d'on officier.
Telle était la situation , lorsque les mémorables succès de nos
armes dans la guerre de Crimée amenèrent la réunion du congrès
de Paris.
Le traité de paix qui en fut la conséquence consacra la neutra
lité de la mer Noire, en même tempsque l'affranchissement de son
principalaffluent.
Les négociateurs arrêtèrent que les principes posés par ce traité
ſeraient désormais partie du droit public de l'Europe et les prirent
sous leur garantie ; ils décidèrent que les règlements de police et de
quarantaine à établir par les États séparés ou traversés par le
leuve seraient conçus demanière à favoriser, autant que possible,
la circulation des navires, et que, en dehors de ces réglements , il
ne seraitapporté aucun obstacle, quel qu 'ilfût,à la libre navigation .
Dans le but de réaliser ces dispositions, on institua une commis
sion européeune, qui ſut composée de délégués désignés par la
France, l'Autriche, la Grande-Bretagne, la Prusse, la Russie, la
Suède et la Turquie , et qui eut pour mission d 'arrêter et de faire
exécuter les travaux nécessaires à l'amélioration des einbouchures
du Danube.
Afin de couvrir les frais des travaux , on décida que cette com
mission serait autorisée à percevoir au passage des navires des
droits spéciaux , sous la condition que ces droits seraient les mêmes
pour les pavillons de toutes les nations.
Enfin il fut institué une sous-commission permanente , dite com
mission riveraine, composée des délégués de l'Autriche, de la Ba
vière, de la Sublime Porte et du Wurtemberg, auxquels se réu
pirent les commissaires des trois Principautés Danubiennes. Cette
commission fut chargée d' élaborer les règlements de navigation
et de police Nuviale, de faire exécuter les travaux nécessaires et
de veiller à la conservation des ouvrages construits.
On décida que la commission européenne serait dissoute après
l'achèvementdes travauxreconnus nécessaires, et que la commis
sion riveraine permanente, investie de tous ses pouvoirs, resterait
seule chargée de veiller au bon entretien des travaux , d 'opérer la
perception des droits, et de prendre toutes les mesures utiles pour
assurer en tout temps la facile navigation des embouchures du
Danube. Afin d'assurer V'exécution des règlements arrêtés d'un
commun accord , chacune des puissances contractantes se réserva
le droit de faire stationner en tout temps' deux bâtiments légers
près de ces embouchures.
34 MÉMOIRES er DOCUMENTS.
Dans le principe, on espérait que la commission européenne at
rait accompli sa tâche en deux ans ; mais l'étendue des études
spéciales qu 'il fallut entreprendre et quelques difficultés, qui sur
girent, la plupart de l'ordre financier, ne permirent point d 'agir
avec autantde rapidité. Aussi, prolongée jusqu 'en 1866 , la commis
sion fut-elle, à cette époque, maintenue pour une nouvelle période
de cinq années.
L'attention des commissaires se porta d'abord sur cet état de
désordre et d'anarchie dont souffrait sérieusement le commerce
du bas Danube. Des mesures successives furent prises à ce sujet
et, réunies ensuite, formérent un règlement général de police et
de navigation . Ce règlementcomprend des dispositions relatives à
la police de la rade et du port de Soulina, au pilotage, au service
des alléges , au jet du lest dans le fleuve, à la police générale de la
navigation (oroisement des bâtiments,parcours denuit,mouillage,
échouement, naufrage, etc.). Des amendes furent édictées contre
les contrevenants . Une inspection générale fut organisée pour
veiller à l'observation des règlements . Enfin on fonda à Soulina un
hôpital destiné aux ouvriers de la commission et aux marins,
C'est la Porte qui confère l'institution au capitaine de port de
Soulina et à l'inspecteur général de la navigation. Les jugements
sont libellés au nom du sultan .
L'acte public, qui établissait ce nouvel état de choses, porte la
date du 2 novembre 1865 . Cet acte, ratifié par la conférence de
Paris le 20 mars 1866 , a placé sous la sauvegarde du droit inter
national et sous la garantie de la neutralité tous les travaux accom
plis par la commission européenne. Il confie aux officiers préposés
par la Porte ottomane, sous la surveillance de la commission ,
l'inspection de la navigation :; il consacre le caractère obligatoire
des taxes établies sur le passage des navires ; il règle les mesures
sanitaires et la police de la navigation du bas Danube, et dispose
que les taxes perçues seront affectées d 'abord à l'exécution des
travaux neufs ou d 'entretien , et ensuite au remboursement des
emprunts qu'il pourrait être nécessaire de contracter .
La question de l'amélioration des rembouchures, second objet de
la constitution de la commission , présentait de sérieuses difficultés.
On ne possédait, en 1856, aucune bonne carte du delta .On dut con
sacrer une année entière (1857) à des sondages et à des levés de
plan, avant de pouvoir s'occuper du choix de l'embouchure qu'll
s'agissait d'améliorer.
En approchant«de la mer , le Danube, avons nous dit, se divise
en trois bras : Kilia , au nord , Saint-Georges, au sud , et, entre les
CHRONIQUE. 135
deux, Soulina. Le bras de Soulina étant la voie suivie habituelle
ment, on avait reconnu avant tout autre examen la nécessité d'y
faire des travaux urgents, mais dans des proportions restreintes
et à titre en quelque sorte provisoire, jusqu'au moment où
l'on serait fixé, par des études approfondies, sur la question de
savoir si l'amélioration des autres bras ne présenterait pas plus
d'avantages.
Le bras deKilia est celuiqui possède le volume d'eau le plus consi
dérable .Cependantl'idée de le choisir commesiégedes travaux de la
commission avait été tout d'abord écartée ; les avantages qu'il offre
se trouvent, en effet, annulés par sa division en huit canaux difl'é
rents à quelque distance de l'embouchure ; ces canaux, en outre,
n 'ont rien de fixe, et les atterrissements s'étendent très- loin dans
la mer Noire. Il aurait fallu des sacrifices considérables pour amé
liorer cette situation , et d'ailleurs la bouche de Kilia étant plus
septentrionale , cette voie eût allongé notablementla route pour les
bâtiments se rendant dans le Bosphore.
La plupart des commissaires furent,au contraire, d 'avis que l'a
mélioration de l'embouchure de Saint-Georges était possible et né
cessaire.
Son cours, sans avoir les proportions du bras de Kilia , est plus
large et plusprofond que celuide Soulina, et ne présente d'obstacle
sérieux qu'en se déversant dans la mer . Les discussions furent
très-longues au sein de la commission ; les puissances elles
mêmes y prirent part et furent unanimes sur l'intérêt qu'il
y aurait à améliorer le bras de Saint-Georges,mais elles se divi
sèrent sur la nature des travaux à entreprendre, l'opportunité de
les commencer et les moyens de les exécuter.
Les ingénieurs très-compétents s'étaient prononcés pour l'ou
verture d 'un canal à écluse débouchant directement dans la mer,
à une certaine distance de l'orifice de ce bras ; mais cette voie eût
peut-être été insuffisante pour le mouvementde la navigation . La
dépense était évaluée à plus de 17 millions de francs. Le projet d'a
méliorer le bras de Saint-Georges fut, en dernier lieu , ajourné
avec toutes réserves, cependant, pour l'avenir.
I ne restait plus ainsi à la commission qu 'à concentrer toutes
ses ressources sur l'embouchure de Soulina, où des travaux pro
visoires avaient été entrepris. Ce fut, en effet, ce que l'on décida.
Toutefois , on hésita quelque temps sur la nature des travaux. La
question qui se présentait était celle que soulève l'amélioration de
toutes les embouchures fluviales. La commission était divisée entre
le systèmedu dragage et celuides digues parallèles. On avait pensé
136 MÉMOIRES ET LOCUMENTS .
d'abord quele dragage pourraitproduire quelques résultats utiles;
mais on ne tarda pas à constater qu'il n'en donnerait point de
permanents, ni d'assez complets pour répondre aux besoins du
commerce. On s'arrêta au système des digues parallèles, et l'effet
a démontré la sagesse de cette résolution . La profondeur de la
passe, qui n 'était que de 9 pieds anglais (2 ".745) en 1859, ne tarda
pas à s'élever à 14 pieds (4 ".27), puis à 17 ,même à 18 (5“ .18 à
5 " 49 ) en 1862, et depuis lors elle s 'est maintenue à peu près au
même degré.
Avant d'indiquer les résultats des travaux effectués par la com
mission européenne, il est utile de faire connaître quels ont été
ses moyens d 'action .
Le gouvernement du sultan a fait l'avance d'une somme de
3740 300 francs , qui a servi à couvrir les frais des études et d'une
grande partie des travaux déjà exécutés. Dans le principe, on pen
sait que cette somme serait suffisante pour solder toutes les dé
penses; mais, ainsi que cela arrive souvent dans ce genre d 'entre
prise , l'æuvre sera plus vaste que le premier examen ne l'avait
fait penser. Aux projets primitifs sont venus se joindre de nou
veaux travaux indispensables pour compléter les améliorations
déjà réalisées, pour consolider les digues et assurer l'accès de
l'entrée supérieure des bras de Soulina , ainsi que d 'autres dépen
ses relatives à la construction de l'hôpital de la marine, et d 'un
hotel pour l'administration du port; ces travaux supplémentaires
ont été évalués par l'ingénieur en chef, M . Hartley, à la sommede
321 800 ducats (le ducat vaut environ 11 . 80 ).
La Porte ottomane s'étanttrouvée dansl'impossibilité d 'accroître
le chiffre de ses avances, la commission européenne n 'a pas voulu
interrompre les travaux ; elle a contracté, les 12 mai 1866, 25 avril
et 4 novembre 1867, des emprunts partiels dont le montant total
s'est élevé à la somme de iu 000 ducats, et elle a engagé ses re
venus à leur remboursement. Mais cette somme n ' a pas suffi à
l'exécution complète des projets , et bien que l'accroissementnor
mal des recettes de l'exploitation fût de nature à donner les plus
sérieuses garanties aux prêteurs, la commission européenne s'est
trouvée embarrassée pour faire de nouveaux emprunts , et n 'au
rait pu les contracter que d 'une manière trop onéreuse à ses in
térêts bien entendus. En effet, les exigences des prêteurs auraient
été d'autant plus naturelles que la commission européenne, aux
termes de l'article 18 du traité de Paris, a une existence li
mitée qui doit cesser en 1871, qu'à raison de son caractère inter
national elle échappe à toute juridiction, et qu'en même temps
CHRONIQUE. 137
elle ne présente à l'emprunt aucun gage réalisé en capital et
complétement à l'abri de toute éventualité.
Dans ces circonstances, cette commission a obtenu , pour la né
gociation du nouvel emprunt qu'elle avait besoin de contracter , un
concours moral destiné à en faciliter la conclusion et consistant
dans une garantie collective des puissances signataires du traité
de 1856. Les conditions de cette garanties ont été posées dans
Ude convention arrêtée le 30 avril 1868 entre les plénipoten
tiaires de la France , de l'Autriche, de la Grande Bretagne, de l'I
talie , de la confédération du Nord de l'Allemagne etde la Porte
ottomane. La Russie a seule refusé de s'y associer.
Par cette convention , les puissances cortractantes se sont en
gagées à garantir conjointement et solidairement les intérêts et
l'amortissement d'un empruntde 3 375 000 francs ou 135000 livres
sterling, à contracter par la commission européenne du Danube.
Elle stipule que l'intérêt de cet emprunt ne sera pas supérieur
à 5p. 100 ; elle fixe à treize ans la durée de l'amortissement.
Le produit de cet emprunt doit couvrir les dépenses des tra
Soi restant encore à effectuer et rembourser les emprunts par .
tiels conclus en 1866 et 1867, le sultan ayant consenti à ne pas
réclamer jusqu'à l'entier amortissement le remboursement de ses
arances.
Les charges qui peuventrésulier de cette convention pour le
trésor français, ne doivent, dans aucun cas, être considérables.
Les puissances contractantes sontau nombre de six. L'intérêt d'un
emprunt de 3 375 000 francs à 5 p. 100 et son amortissement en
treize ans produisant une annuité de 349 100 fr., soit 360 ooo fr.
En chiffres ronds, la part de chacun des garants pourrait donc être
de 60 000 francs au maximum pendant treize ans ; mais tout fait
présumer que cette garantie ne sera que nominale.
En effet, les recettes de la commission européenne se sont éle
rées :
ducats.
Eo 1861, å. . . . . 62 038
En 1862, à. . . . . . 62973
En 1863, å. . . . . . . . . . 78976
ED 1864, å. . . . . . . . . 92885
En 1865, à. 70541

Ce qui donne pour les cinq années une moyenne de 73 4h0 du


cats, ou environ 866 000 francs (*).
(9 Depuis le :" janvier jusqu'au 15mai de la présente année, les recelles
138 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Les dépenses pour les années qui suivront le complet achève
ment des travaux sont évaluées ainsi qu 'il suit :
jº Personnel etdépenses de l'administration intérieure de la com - ducats.
mission . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 000
20 Inspection générale de la navigation . . . . . . . . . . . . . 2000
3º Administration du port de Soulina, service extérieur. . . . , 4200
4• Caisse de navigation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2000
'5° 'Hôpital de la marine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 300
6° Entretien des travaux d'art et personnel technique. . . . . . . 10000
7° Dragages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10000
Total. . . . . . . . . . . . . . . . 36500
Il restera ainsi disponible une somme de 34 000 ducats ou d'en
viron 400 000 francs, sensiblement égale à la charge de l'emprunt,
ce qui donnerait, pour cette fois, un démenti à l'adage financier :
a qui garantit, paye . »
Grâce à ces différentes ressources, les travaux ont pu être pous
sés avec activité , et l'on prévoit qu 'ils seront terminés dans quatre
ans environ. Les résultats obtenus dès aujourd'hui permettent de
constater l'importance qu'offre pour le commerce européen l'a
chèvement de cette entreprise , et les éléments de prospérité qu 'y
trouvent les provinces du Danube. Ainsi , avant les travaux , lors
qu 'il n 'y avait sur la barre de Soulina que 10 pieds d'eau au maxi
mum , un bâtiment de 200 tonneaux était forcé de prendre des al
léges. Aujourd'hui, un bâtiment de 400 tonneaux franchit la barre
sans allége. Si l'on considère les navires qui prennent leur charge
à Soulina même, on voit que les frais se sont abaissés de 59 p . 100
pour un bâtiment de 200 tonneaux , de65 p . 100 pour un bâtiment
de 200 tonneaux.
Le nombre des chargements opérés à Soulina même a toujours
été en augmentant. Ce port est devenu l'un des meilleurs et des
plus sûrs de la mer Noire . En 1861, les chargements effectués di
rectement à l'embouchure s'élevaient à 18 000 tonneaux ; ils attei
gnent 117093 tonneaux en 1867 , ce qui représente plus du quart
de l'exportation totale. On peut prévoir que les bâtiments de mer
continueront à remonter le fleuve pour charger directement les
-

céréales qui arrivent par terre dans les échelles accessibles à ces
bâtiments ; mais pour ceux même de ces navires qui devront
- --

do la caisse de navigation se sont élevées à 312 000 francs , bien que celle
-

période comprenne les mois de janvier etde février, où les transports ont lo
-- - - - -

moins d'activité.
- --
CARONIQUE . 139
prendre meallége, la durée et la dépense de l'opération auront
sensiblement diminué. Quant aux céréales qui viennent de plus
haut, elles contiqueront, au contraire, leur route sur des cha
lands fluviaux jusqu 'à soulina.
De 1855 å 1860 , le nombre total des naufrages a été de 128 , soit
0.8. p. 100 du nombre des navires; de 1861 à 1867, il est tombé
$ 69, solt o.ah R . 100 . Les naufrages ont ainsi diminué de plus de
deux tiers.
en est résulté naturellement une réduction du fret entre le
Danube et les ports étrangers. Le fretmoyen entreGalatz, Ibraila
et l'Angleterre, par exemple, a diminué de près de 3 schillings
par quarter . Le cours moyen du fret de Galatz ou d 'Ibraïla pour
Marseille a été , en 1867, de 3 .60 par charge pendant le premier
fenestre, et de 5'.06 pendantle second. L'exportation a , en même
temps, considérablement augmenté. Pendant les sept années anté
riaures aux travaux, de 1853 à 1859, la moyenne avait été de
326 500 tonneaux par an . Pendant les sept années suivantes, de
$61 à 1867, cette moyenne a été de 447 295 tonneaux par an .
Quant au nombre des bâtiments, la moyenne, de 1853 à 1859, a .
été de 2 201 par an , et de 1860 à 1867, de 2 900. L 'écart est moins
considérable qu'eotre les chiffres du tonnage ; mais cela tient à ce
que les båtiments présentent aujourd'hui des dimensions plus
considérables qu 'autrefois . En 1868, il est entré dans le fleuve un
bâtiment jaugeant 1 432 tonneaux.
Sur ce total de 450 000 tonneaux, représentant le mouvement
moyen de la navigation du Danube dans ces dernières années, il
est facheux d'avoir à constater que la part de la France est insi
mnifiante , et varie de 250 à 500 tonneaux. Mais il y a lieu d'espérer
que les facilités de communication , établies entre la mer 'Noire et
les contrées qu'arrose le Danube , pourront créer à notre com
Derce et surtout à celui de Marseille de nouveaux éléments de
prospérité .
Quoi qu'il en soit, et en dehors même de l'intérêt direct que
totre pavillon peut avoir à l'achèvement de l'amélioration du Da
pobe , il était digne de la France de ne pas rester étrangère à une
Gure de civilisation et de progrès international.

Cours de navigation intérieure, í" vol. ; par H . DE LAGRENÉ. —


L'étude de la navigation intérieure présente un 'intérêt et des
difficultés qui n'ont échappé à aucun ingénieur. Cette étude a pris
une nouvelle importance après le traité de commerce de 1860 ;
tependant depuis le cours publié en 1841 par M . l'inspecteur gé
140 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
néral Minard, cours épuisé aujourd'hui, aucun ouvrage n'avait
paru sur l'ensemble des connaissances qui composent cette partie
de l'art de l'ingénieur. Il existait ainsi une lacune dans la série
des ouvrages didactiques des ponts et chaussées, lacune d'autant
plus regrettable que depuis trente ans la science et les besoins
ont progressé.
M . de Lagrené a donc fait une auvre utile en commençant la
publication d'un cours de bavigation .
Le volume qui est paru étudie d'abord la constitution des cours
d 'eau , les influences atmosphériques, géologiques ou agricoles sur
leur régime, etc. La question des jaugeages y est traitée avec un
soin particulier .
L 'auteur aborde ensuite les travaux à faire en dehors du chenal
proprement dit, savoir : les défenses de rives, les chemins de ha
lage, les ports , les quais, les gares, les docks, etc .
Dans un chapitre suivant, il étudie les travaux à faire aux em
bouchures des fleuves ; il passe en revue la Seine, la Garonne, la
Loire, la Somme, le Rhône, le Danube, l'Ebre, le Tibre, et formule
les règles générales à suivre.
Le dernier chapitre concerne la question des inondations et
des travaux de défense contre les hautes eaux.
Ce résumé rapide suffit pour faire comprendre l'importance des
questions traitées dans le premier volume.
Le bon accueil qui lui est fait doit encourager l'auteur à com
pléter un travail aussi utile .

Société centrale de sauvetage des naufragés. — La Société cen


trale de sauvetage des naufragés a tenu ie 1ermai dernier son as.
semblée générale sous la présidence de l'amiralRigault deGenouilly ,
qui, après une courte allocution , a donné la parole au rapporteur
du conseil d'administration , M . Dumoustier de Frédilly, chef de
divison au ministère des travaux publics. Son éloquent rapport,
qui retrace en termes émus et émouvants les traits d'héroïsme
accomplis sur nos côtes, a arraché des applaudissements et des
larmes à tous les auditeurs. Ceux qui n 'ontpu l'entendre ſeront
bien de le lire ; car il fait aimer l'humanité et inspire le dévoue
ment pour elle , par la salutaire contagion de l'exemple. Ne pou
vant reproduire ce document à cause de son étendue , nous nous
bornerons à en extraire pour les lecteurs des Annales quelques
indications forcément sèches et quelques faits statistiques, qui sous
leur aridité apparente , méritent pourtant d'exciter l'intérêt :
CHRONIQUE . 141
Comme le dit M . Dumoustier lui-même, « les chiffres ont ici plus
que partout leur éloquence. »
L 'euvre de la Société comprend un double service, des instal
lations de canots et des stations de porte-amarres.
Le nombre des stations de canots à établir sur le littoral de la
France, de l'Algérie et des colonies est fixé à 70. Sur ce nombre,
48 stations vont être organisées à la fin de 1869. « Ce résultat est
considérable , car la formation d'une station ne consiste pas seu -
lement dans l'élévation de la maison -abri et la livraison d 'un ca
not par le constructeur ; il faut constituer le comité local à la
direction duquel sera confiée la station , former et instruire l'équi
page quidevra monter le canot et dont la mancuvre intelligente
sera le salutdes paufragés. Puis, en préparant cette organisation ,
il convient de tenir compte des exigences, parfois des susceptibi
lités locales, dans le choix des hommes. Une station n'est en vé
ritable fonctionnement qu'après que toutes les forces vives dont le
concours est indispensable ont été réunies. Ce travail complexe et
souvent délicat est délégué à des officiers supérieurs de la marine
impériale . »
Quant aux portes -amarras Delvigne, la Société compte 87 sta
tions dont 45 sont desservies par des espingoles ou des pierriers,
et 42 par des mousquetons porte - flèches. La surveillance et la di
rection de ces engins sont confiés aux douaniers .
« Les naufrages quiappellent le secours des canots ont plus de
retentissement sans doute ; ils frappent davantage l'attention pu
blique par les circonstances qui les entourent; mais que d'acci
dents sur les côtes, que de sinistres ignorés au loin , où la vie
des hommes cependant est également compromise et dans lesquels
l'organisation de ces postes sera d 'un secours efficace ! Combien,
en effet, de bateaux de pêche jetés à la côte par un coup de vent
loin des parages babités, combien de navires mêmes, abordant au
port, devront leur salut à la mise en action de ce matériel ! Une
amarre, un cordage heureusement lancé suffit parfois à sauver un
équipage compromis.
« Les stationsde canots ne peuvent d'ailleurs être installées que
sur des points où se trouvent réunies les conditions indispensables
à l'armement et au lancement du canot. Partout, au contraire, où
il existe un poste de douane, une station de porte-amarre peut
être établie. »
Ces engins se prêtent d'ailleurs à la manouvre du bord à terre
comme à celle de terre à bord , et, sur la demande de la Société,
le ministre de la marine vient de prescrire, par une décision du
148 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
23 février dernier , que l'emploi de ces flèches serait rendu régle
mentaire à bord de la flotte. L'amiral-ministre a également pres
crit l'ouverture d'un cours de sauvetage à bord du vaisseau -école
de la marine impériale, et a étendu cette disposition à toutes les
écoles d'hydrographies.
Ces mesures sont excellentes de tous points , et l'on ne saurait
trop y applaudir.
L’æuvre du sauvetage emploie une véritable armée maritime. A
raison de 5 membres par comité local surle littoral, et de 24 marins
paréquipage, ce personnelva compter prèsde 2 500 hommes pour les
48 stations de canots qui seront bientôt prêtes.L 'organisation com
plète portera ce nombre à plus de 2000 , « C 'est l'armement d 'une
escadre. »
francs.
Les recettes en 4 ans, de 1865 à 1869, se sont élevées à. . . . 1059 318.30
Les dépenses, å . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 875 081.89
Ce qui laisse une réserve disponible de. . . . . . . . . . . . . 186 236.41
La dépense se divise elle-même :
En acquisition du matériel, pour. . . . . . . . . 705 602.0'e
Et en frais d 'exploitation (comprenant les indem
nités aux équipages des canots, les récom
penses, l'entretien du matériel), pour. . . . . 169 479.85
Total pareil. . . . . . . . . . . . 875 081.89

En regard de ces dépenses, il faut placer le bilan moral de la


Société . Dressé au 15 avril 1869, il se traduit par les chiffres signi
ficatifs ci-après :

Nombre des personnes sauvées avec les engins de la société. . .


Nompre de navires sauvés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nombre de navires secourus. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nombre de personnes sauvées par des actes de dévouement
pour lesquels la Société centrale a décerné des récompenses.
Total des navires sauvés ou secourus. . . . . . . . . . . . . . . .
Total des personnes sauvées. . .
Lorsque, derrière ces chiffres, on se figure des hommes près de
disparaitre dans l'abîme et arrachés à une mort certaine, cette
froide statistique s'animepour ainsi dire , et l'œuvre de la Société
éclate dans toute sa grandcûr.
CHRONIQUE. 143
Si l'on osait appliquer la rechrche du prix de revient à de
telles matières, on trouverait qu'en comptant une dépréciation
de 20 p . 100 subie par le matériel de sauvetage, il en a coûté à la
Société environ 500 francs par chaque homme, et i 200 francs par
chaque pavire sauvé! Rapprochée des sacrifices que coûte aux na
tions modernes leur organisation militaire, cette dépense d'une
euvre de vie paraîtra bien modeste et bien féconde.
Quoique ayantbeaucoup fait déjà , la Société est loin d'avoir rem
pli tout son programme, et elle a adressé par la bouche de M . Du
moustier un appel éloquent à tous ceux qui peuvent l'aider à
compléter son installation , c'est-à-dire à élargir le cercle de ses
bienfaits. Il faut espérer que cet appel sera entendu.
Denier de la veuve. — Les ingénieurs des ponts et chaussées con
naissent et encouragent l'institution qui porte le nom de denier
de la veure, et qui est destinée à procurer des secours aux veuves
et aux orphelins des sous-ingénieurs, conducteurs et employés se
condaires des ponts et chaussées et des gardes-mines. S'étendant
sur toute la surface de l'empire, elle compte plus de 3 000 sous
cripteurs de tous grades, (*) et de 200 correspondants locaux, qui
centralisent les fonds dans leur circonscription . Parmi sesmembres
bonoraires, elle comprend 5 inspecteurs généraux des ponts et
chaussées,17ingénieurs en chefdes ponts et chaussées....Nous em
pruntons au compte rendu qui vientd'être publié par son directeur,
trésorier central (**), quelques renseignements intéressants sur la
situation financière de l'institution , et sur les résultats qu'elle a
obtenus pendant le dernier exercice. francs.
Les recettes de l'exercice 1868 ont atteint la sommede. . . 13 515.88
Les dépenses, celle de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 384.80
Il en résulle un excédant de. . . . . . . . . . . . . . . 1 131.08
Lequel, ajouté aux excédants antérieurs, soit à, ... . . . . 7.118.83
constitue, au 31mars 1869, une réserve totale de. . . . . . 8 249.91
Les dépenses se décomposent de la manière suivante, savoir :
Frais d'administration . . . . . . . 684.89
Indemnités aux ayants droit. . . . 11 700.00
Tolal pareil . . . . . . . 52 384.80

La cotisation annuelle du souscripteur marié est de 6 francs, et celle de


l'employé secondaire célibataire est de 4 francs.
(**) M . Thomas, rue Dulong, 46 , à Paris.
148 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
23 février dernier, que l'emploi de ces flèches serait rendu régle
mentaire à bord de la flotte. L'amiral-ministre a également pres
crit l'ouverture d'un cours de sauvetage à bord du vaisseau - école
de la marine impériale, et a étendu cette disposition à toutes les
écoles d'hydrographies.
Ces mesures sont excellentes de tous points , et l'on ne saurait
trop y applaudir .
L'œuvre du sauvetage emploie une véritable armée maritime. A
raison de 5 membres par comité localsurle littoral, et de 24 marins
paréquipage, ce personnelva compterprèsde 500 hommes pour les
48 stations de canots qui seront bientôtprêtes. L'organisation com
plète portera ce nombre à plus de 2000 . « C 'est l'armement d'une
escadre. »
francs.
Les recettes en 4 ans, de 1865 à 1869, se sont élevées à. . . . 1 059 318. 30
Les dépenses, å . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 875 081.89
Ce qui laisse une réserve disponible de. . . . . 184 236.41
La dépense se divise elle -même :
En acquisition du matériel, pour. . . . . . . . . 705602.04
Et en frais d'exploitation (comprenant les indem
nités aux équipages des canots, les récom
penses, l'entretien du matériel), pour. . . . . 169 479.85
Total pareil. . . . . . . . . . . .
875 081.89
En regard de ces dépenses, il faut placer le bilan moral de la
Société. Dressé au 15 avril 1869, il se traduit par les chiffres signi
ficatifs ci-après :
Nombre des personnes sauvéesavec les engins de la société. . .
Nompre de navires sauvés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Nombre de navires secourus. : . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nombre de personnes sauvées par des actes de dévouement
pour lesquels la Société centrale a décerné des récompenses.
Totaldes navires sauvés ou secourus. . . . . . . . . . . . . . .
Total des personnes sauvées... . . . . . . . . . . . . . . . . . . 589

Lorsque, derrière ces chiffres, on se figure des hommes près de


disparaître dans l'abîme et arrachés à une mort certaine, cette
froide statistique s'animepour ainsi dire , et l'æuvre de la Société
éclate dans toute sa grandcar .
CHRONIQUE. 143
Si l'on osait appliquer la rechrche du prix de revient à de
telles matières, on trouverait qu 'en comptant une dépréciation
de 10 p. 100 subie par lematériel de sauvetage, il en a coûté à la
Société environ 500 francs par chaque homme, et i 200 francs par
chaque pavire sauvé ! Rapprochée des sacrifices que coûte aux na
tionsmodernes leur organisation militaire, cette dépense d'une
cuvre de vie paraîtra bien modeste et bien féconde.
Quoiqoe ayantbeaucoup fait déjà , la Société est loin d'avoir rem
pli tout son programme, et elle a adressé par la bouche de M . Du.
moustier un appel éloquent à tous ceux qui peuvent l'aider à
compléter son installation , c'est -à -dire à élargir le cercle de ses
bienfaits. Il faut espérer que cet appel sera entendu.
Denier de la veuve. — Lesingénieurs des ponts et chaussées con
naissent et encouragent l'institution qui porte le nom de denier
de la veure, et qui est destinée à procurer des secours aux veuves
et aux orphelins des sous-ingénieurs, conducteurs et employés se
condaires des ponts et chaussées et des gardes-mines. S'étendant
sur toute la surface de l'empire, elle compte plus de 3 000 sous
cripteurs de tous grades, (*) et de 200 correspondants locaux , qui
centralisentles fonds dans leur circonscription . Parmisesmembres
bonoraires, elle comprend 5 inspecteurs généraux, des ponts et
chaussées, 17ingénieurs en chef des ponts et chaussées....Nous em
pruntons au compte rendu qui vient d'être publié par son directeur,
trésorier central(* *), quelques renseignements intéressants sur la
situation financière de l'institution , et sur les résultats qu'elle a
obtenus pendant le dernier exercice. francs.
Les recettes de l'exercice 1868 ont atteint la sommede. . . 13 515.88
Les dépenses, celle de. . . .. .. . .. . . .. . . . . . . . . . 12 384 .80
Il en résulle un excédant de. . . . . . . . . . . . . . . 1131.08
Lequel, ajouté aux excédants antérieurs, soit à . . . . . . 7118.83
constitue, au 31mars 1869, une réserve totale de. . . . . . 8249.91
Les dépenses se décomposentde la manière suivante, savoir :
Frais d'administration. . . . . . . 684.89
Indemnités aux ayants droit. . . . 11 700.00
Total papeil . . . . . . . 32 384 .80

( ) La cotisation annuelle du souscripteur marié est de 6 francs, et celle de


l'employé secondaire célibataire est de 4 francs.
(**) M . Thomas, rue.Dulong , 46, à Paris.
144 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Les indemnités de 11,700 se répartissent elles mêmes , commeil
suit, savoir : francs.
Entre 27 veuves, à raison de 300 francs pour chacune d'elles. . . . 8 100
Et entre 36 orphelins, à raison de 100 francs pour chacun d'eux. . . 3600
Total pareil. . . . . . . . . 11700
Depuis l'année 1861, origine du fonctionnement de l'institution,
les recettes ont dépassé le chiffre de 122 ovo francs et les secours,
celui de 110 000 francs
Ces indemnités ont été distribuées entre 215 veuves et 242 or
phelins.
De tels résultats se passent de commentaires etdésignent suffi
samment le denier de la veuve a la sympathie du corps des ponts
et chaussées .

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Description des machines el procédés pour lesquels des brevets d 'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844 , publiée par les ordres de
M . le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics. T. 66.
10-4 à 2 col., 464 p. et 56 pl. Paris, imp. impériale.
MOINEL. - Des prairies irriguées et de leur établissement; par Ch Moipel,
ex -conducteur du service hydraulique des Vosges. In-8, 96 p. Épinal, imp.
Pellerin et C .
ZEUNER. – Théoriemécanique de la chaleur, avec ses applications aux ma
chines ; par le docteur G . Zeuner, professeur de mécanique à l'École poly
technique de Zurich . 2e édition , entièrement refondue , avec 57 figures dans
lo texte et de nombreux tableaux . Ouvrage traduit de l'allemand par Mau .
rice Arnthal, ancien élève de l'Ecole impériale des ponts et cbaussées, et
Achille Cazin , professeur de physique au lycée Bonaparte. In -8, x1-585 p.
lib. Gautbier- Villars. 10 fr.
CASTARÉDE LABARTHE. – Du chauffage et de la ventilation des habitations pri
vées; par le docleur P. Castarède-Labarthe. Ouvrage accompagué de 8 pl.
gravees. In -8 , 235 p.; lib . Lachaud .
COLLIGNON. – Cours de mécanique appliquée aux constructions. tre partie.
Résistance des matériaux ; par M . Edouard Collignon , ingénieur des ponts
et chaussées. In 8, vii-ti7 p. et 5 pl. ; lib. Duood .
MORIN . — Mémoire sur l'insalubrité des poêles en fonte ou en fer exposés å
alteindre la température rouge ; par le général Morin , membre de l'Institut.
Institut impérial de France . 10 -4,69 p. Firmin Didot frères, fils et C'.
Pour la chronique :
HERVÉ MANGON.
CYLINDRAGE DES CHAUSSEES. 145

N° 232
NOTE
Sur le cylindre à eau de M . BOUILLIANT.
Par M . VAISSIÈRE, ingénieur en chef des ponts et chaussées .

M . Bouilliant, fondeur-constructeur, demeurant à Paris ,


rue Oberkampf , n°62, a établi un cylindre compresseur
d'un nouveau modèle qui a fait partie, en 1867, au Palais
du champ de Mars, de l'exposition du ministère des tra
vaux publics. Cet engin rendant de très-bons services, nous
avons pensé que sa description dans les Annales des ponts
et chaussées pourrait offrir de l'intérêt.
Le cylindre nouveau est représenté par la Pl. 200 ,
en plan (fig.5), et en double élévation (fig . 3 et fig . 4).
La légende ci-après suffit pour l'intelligence de la repré
sentation graphique de l'instrument :
A Cyliodre en fonte. M Clef rendant fixe le pilon H et la
B Caisson de tole de chargement lié chape mobile I.Il n 'est utile d 'en
au cylindre en fonte. lever celte clef que pour tourner
C Croisillops. dans un espace très-restreint.
D Robinet de chargement avec de N Brancard articulé pouvant se rele
l'eau . ver en N .
E Porte de chargement avec du gra - 0 Serre-frein .
Fier . P Décrottoirs.
F Cercle fixe. R Trou d'air à ouvrir pendantle char
G Cercle mobile tournant autour du gement avec de l'eau .
cerele F . R' Trou d'air à ouvrir pendant le dé
1 Pitops de tirage soudés fixes sous chargemen . .
le cercle G . S Trou d'homme pour visiter le cais
1 Chape mobile tournant autour du son .
pivot fixe ). T Palier supportant le système tour
I Pivot fixe de support du taquet nant.
d'arrêt K . U Coffre à outils .
I Taquel d'arrêt à bascule rendantle
tout fixe et s'emmancbant daos Nota. Pour tourcer, on n'a qu'à sou
l'encoche L . lever le taquet h ; il va s'emman
K Position du taquet au moment où cher de lui-même dans l'enco
l' on tourne. che L .
L Epcocbe d'arrêt etde fixité du sys
téme tournant.
Smales des P. et Ch ., 4 série, ge ann., go cab .Mém. - TOME XVIII. 10
146 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
L'idée de ce cylindre, construit d 'après nos indications,
est due à la nécessité de réduire au minimum possible la
longueur de l'instrument, afin d'en faciliter la maneuvre
dans les rues de Paris soumises, comme on le sait , à une
circulation excessive. Nous avons, en conséquence, engagé
M . Bouilliant à introduire dans le vide du cylindre ordi
naire un caisson en tôle ferméde toutes parts et que l'on
pourrait remplir avec de l'eau pour constituer la charge
additionnelle nécessaire .
Ce mode de chargement est très-rapide toutes les fois
que l'on dispose , ainsi que cela a lieu à Paris , d' eau sous
pression , puisqu'il n ' y a qu 'à mettre le caisson en com
munication avec une bouche d ' eau , par l'intermédiaire
d 'un tuyau en cuir. Le déchargement du cylindre s'opère
avec la même facilité , en mettant, par le même procédé,
l'intérieur du caisson en communication directe avec une
bouche d 'égout.
Quand on n 'a pas sous la main de l'eau sous pression ,
le chargement se fait plus lentement avec un entonnoir et
des seaux.
Pour le cas très-rare où , dans la campagne, on n ' aurait
pas d' eau à sa disposition , M . Bouilliant a ménagé l'ou
verture E qui permet de remplir le vide du caisson avec du
gravier ou du sable ; mais ce mode de chargement n 'offre
pas les mêmes avantages que celuiavec de l'eau, et l'on ne
doit s'en servir , croyons-nous, que lorsqu'il y a impossibilité
manifeste de faire autrement.
Le nouveau cylindre, entièrement construit en fonte , fer
et tôle , est beaucoup moins sujet que les cylindres ordi
naires anciens aux dégradations résultant des intempéries
atmosphériques , auxquelles ces appareils sont presque
constamment exposés.
Le cylindre nouveau a une longueur totale de 4 " .70 ,
inférieure de 3 mètres à celle des cylindres ordinaires :
il est, par suite , beaucoup plus facile à maneuvrer , dans
CYLINDRAGE DES CHAUSSÉES. 147
les rues de Paris, que ne le sont les anciens cylindres, et se
prête à des applications très-utiles sur les routes, chemins
vicinaux et de grande communication ,ainsi que dans la tra
versée des villes, bourgs et villages.
Un des avantages du nouveau cylindre, et qu'il importe
de mentionner, résulte de ce que le poids de la charge et
de l'appareil entier ne porte plus, comine dans les an
ciens cylindres, sur la fusée ; il y a partant diminution
d 'usure de cette fusée et surtout diminution de frottement :
l'effort à faire par les chevaux est ainsi beaucoup atténué.
Ce qui contribue encore à soulager les moteurs, c'est que
l'axe du tirage étant de om.15 plus haut que dans les an
ciens cylindres , la traction est rendue beaucoup plus
douce .
Ces deux causes réunies équivalent à peu près à l'effort
d'un cheval : d'où , par suite , économie possible sur les
frais de traction .
Il y a deux modèles du nouveau cylindre, savoir :
Le premier de 2 mètres de diamètre extérieur, de 1". 35
de largeur, d'un poids, à vide, de 6 000 kilog., et, à
charge, de 8800 kilog . ;
Le deuxième d'un diamètre extérieur de 17 .60, d'une
largeur de 11.20 , d'un poids, à vide, de 4 200 kilog., et, à
charge, de 6 900 kilog .
RES ENTS .
148 MÉMOI ET DOCUM

N° 233
NOTE
Sur le raccordement des courbes et des alignements des voies
de fer eu égard au surhaussement du rail extérieur.
Par M . COMBIER , ingénieur des ponts et chaussées.

Application nouvelle de la théorie de M . Nordling.


Dans le sixième cahier des Annales des ponts et chaussées
de l'année 1867, M . Nordling, ingénieur en chef de la com
pagnie du chemin de fer d'Orléans, a donné une solution
très -remarquable du problèmedų raccordementdes courbes
et des alignements des voies de fer , eu égard au surhausse
ment du rail extérieur . Entre la ligne droite et l'arc de
cercle dont se composent généralement les courbes de
chemin de fer , cet ingénieur intercale un arc de parabole
du troisième degré. Cet arc a un contact du second ordre
tout à la fois avec la ligne droite et avec l'arc de cercle
donné. Si sur cet arc intercalaire, dont on peut entre cer
taines limites fixer arbitrairement la longueur, on répartit
uniformément le dévers qui correspond au rayon de l'arc de
cercle, en le faisant croître proportionnellement à la dis
tance parcourue depuis l'origine de la parabole, le dévers
en chaque point du tracé est précisément celui qui corres
pond au rayon de courbure de la parabole, au point consi
déré. Cette proposition, sans êtremathématiquementexacte ,
exprime la vérité des faits avec un degré d'approximation
bien supérieurà celuiqu'on est tenu d'exiger dans la pratique.
La solution peut être considérée comme parfaite tant
qu'il s'agira de voies nouvelles en construction ; mais l'ap
plication aux voies en exploitation ne laisse pas que de pré
COURBES DE RACCORDEMENT. 149
senter certaines difficultés pratiques. La modification du
tracé en plan doit s'étendre sur la totalité des alignements ,
ou sur la totalité des courbes. Bien qu 'il s'agisse d 'un ri
pagetransversalde la voie de peu d'importance, la révision
du tracé sur la moitié environ du parcours total est une
assez grosse opération.
Pour échapper à cette nécessité, M . l'ingénieur en chef
du chemin de fer d 'Orléans propose de renoncer au contact
du second ordre entre la parabole et le cercle, et de se con - .
tenter d' une tangente commune au point de passage de
l'ane à l'autre . Cette nouvelle solution réduit le rayon de
courbure de la parabole, au point où elle se raccorde avec
le cercle, aux trois quarts du rayon de celui-ci. Une telle
solution n'est pas toujours admissible, ainsi que le remarque
l'auteur que nous citons, etle dévers en ce point, d'après le
principe qui sert de base à la théorie nouvelle , devrait être
les quatre tiers de celui qui convient au rayon du cercle
donné; de là un ressaut dans le dévers , et l'obligation
d'effacer ce ressaut par un coup de pouce. On retrouve ainsi,
bien qu'atténués, les inconvénients auxquels on voulait
échapper.Ces inconvénients ne peuvent pas mathématique
mentdisparaître. Il est radicalement impossible d'éviter des
rayons de courbure moindres que celui du cercle donné, si
l'on s'impose l'obligation de ne modifier les alignements et
les courbes circulaires que dans le voisinage de leur point
de contact ; mais il est possible de réduire à des propor
tions insignifiantes la différence entre le rayon de l'arc de
Cercle donné et le rayon de courbure minimum de la
courbe à lui substituer dans une partie restreinte de son
développement. C 'est ce que nous allons montrer.
Soient AB (Pl. 200, fig. 6 ) , un arc de cercle de rayon R
tangent en A à l'alignement OA prolongé suivant la tan
gente AX .
s la longueur de cet arc,
a l'angle au centre ACB .
150 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Sur le rayon CB prenons un point C', et de ce point
comme centre, avec un rayon C 'B = R', décrivons l'arc BA '
terminé en A' au point où cet arc rencontre la droite C'A 'F
parallèle au rayon CA, prenons
p = A 'E = 3 A 'F ,

puis par le point E , menons la demi-corde EM que nous


désignerons par ; p suivant la notation de M . Nordling.
Prenons FO = FP = p ;
· Élevons OY perpendiculaire sur OX
Et désignons par m la distance MP = ff et par q la
distance OA .
L'équation y= m (
sera celle d' une parabole du troisième degré qui, limitée
entre les points 0 et M , constitue précisément l'arc para
bolique intercalaire proposé par M . Nordling pour rac
corder une ligne droite avec l'arc MB de rayon R ' ; il s'agit
simplement de choisir les arbitraires de manière à ce que
la différence des rayons R et R' soit suffisamment petite .
Or on a d'après la trigonométrie élémentaire :
AF = (R - R ) (1 - cosa),

et d'autre part, d'après l' équation nº 17 de la note de


M . Nordling,
A'F = 24R?
d 'où
(1) (R – R")(1– cosa)=2017
On verra très -facilement qu'on a aussi :
q = ip – (R — R ') sin æ ;
d 'ailleurs
(3) S = Ra.
COURBES DE RACCORDEMENT. 151
Les cinq quantités S , a , R ', p et q ne sont pas assujetties à
d'autres conditions que celles exprimées par les trois équa
tions (1) (2 ) et (3 ).
On peut donc choisir arbitrairement trois de ces quan
tités ; nous proposons de prendre p et S constants quel que
soit le rayon donné R.
L 'équation (3) fera connaître o., l' équation (1 ) fera con
naître R ' et enfin l'équation (2 ) donnera par la distance a
la position de l'origine ( de l'arc parabolique par rapport
à l'origine de l'arc primitif AB.
Le problème ne saurait présenter aucune difficulté .
Toutefois la solution ci-dessus ne fait pas ressortir les avan .
tages du choix que nous proposons. Sans entrer dans des
calculs qui pourraient paraître fastidieux à raison du peu
d 'importance du problème, nous nous contenteronsde faire
remarquer qu'après avoir choisi la valeur numérique de s
et de p on peut développer en série suivant les puissances
valeurs de R ’, p et q, et comme la valeur minima
du rayon des courbes de chemin de fer est encore très
grande, ces séries sont tellement convergentes qu'on peut
se borner au premier terme de ces séries.
Sur le réseau des chemins de fer de l'Est, où le procédé
que nous exposons est appliqué, on a pris :
p = 40 " ,
S = 80” .

Or le développement en série de la valeur de R ' avec ces


valeurs de p et de s est donné par la formule

K = + V _13,87_486 –etc.
R ? R

et si l'on admet que le rayon minimum des courbes de


chemin de fer soit fixé à 250 mètres, on verra que le
152 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
second terme de la série ci -dessus a une valeur maxima
égale à 0 . 00022, et que la valeur du troisième terme n 'at
teint jamais le centième de la valeur du second. On peut
R'
donc considérer le rapport comme constant et prendre

-
-
(4 ) R ’ = 0.978 R .

- -
De même on trouve
q= 189.297 + 70° + etc.
Or cette seconde série est également très-convergente; la
valeur maxima du deuxième termene dépasse jamais
0 .011.

On peut donc sans erreur sensible considérer q comme


constant et poser
(5) q = 18 * .30.
On obtient de même la formule
16 ) m = fr = 272
Ces trois équations (4) (5) et (6 ) seront donc très-avanta
geusement substituées aux équations (1) (2) et (3 ) ; l' équa
tion de la parabole sera donc :
621
y= * (no)
et l'origine de cette parabole sera toujours placée sur l'ali
gnement, à 18m.30 avant l'origine de l'arc AB.
Après le tracé de la parabole sur le terrain , il restera à
faire le piquetage de l'arc M 'B de rayon R'. Les tables en
usage pour le tracé des courbes donnent en général les
ordonnées et les abscisses des différents points de l'arc AB
COURBES DE RACCORDEMENT. 153
de 10 en 10 mètres, il ne s'agit donc plus que d'augmenter
l'ordonnéey = QN de l'un de ces points de la distance NN '
des deux courbes, mesurée sur une perpendiculaire à la
tangente. Or si l'on désigne par l la longueur de l'arc NB,
cette distance NN' que je désigne par Ay sera donnée avec
uneapproximation très-suffisante par la formule
0 . 0
(8) Ay= 0.041!"
Les deux équations (7 ) et (8 ) suffisent donc à elles seules
pour le tracé de l'arc complet OMB à substituer à la droite OA
et à l'arc primitif AB. Les coefficients numériques qui entrent
dans les formules (4) (5 ) (6 ) G ) et (8 ) dépendent évidem
ment des valeurs particulières choisies pour S et pour p.
Les valeurs
p = 40" ,
S = 80",
adoptées par la compagnie de l'Est satisfont à toutes les
conditions du programme; le rapp diffère peu de l'u
nité , la longueur de 40 mètres attribuée à l'arc parabolique
est suffisante pour qu 'on puisse répartir uniformément le
dévers total sur son parcours, sans jamais exagérer la pente
relative par mètre.
Les poseurs ne sauraient avoir aucune incertitude sur
l' étendue de la modification à opérer , puisque pour toutes
les courbes, l'origine de l'arc parabolique précède de 18m.30
celle de l'arc de cercle primitif, et que la modification du
tracé s'arrête toujours à 80 mètres au delà de cette dernière
origine.
Et enfin ils sauront que le dévers total relatif au rayon
de la courbe à laquelle ils appliquent la modification doit
être uniformément répartie sur une longueur constante de
40 mètres, à partir du point 0 .
- -
- --
154 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

- - --
- - - --
-
-
N° 234

-- - - -
-
NOTE

-- -
-
Sur les navires faisant la navigation transatlantique à
grande vitesse, et sur les dispositions générales à adopter

- -
dans les ports qui reçoivent ces navires (*).
Par M . FENOUX, ingénieur des ponts et chaussées.

Objet de cette note. — A l'occasion des dernières études


prescrites par l'administration supérieure pour compléter
l'aménagement intérieur du nouveau port de commerce de
Brest, nous avons été conduit à rechercher quelles ont été,
depuis trente années,les variationssuccessives du matériel
de la navigation transocéanique, quel en est l' état actuel, et
quelles sont aujourd'hui les tendances qui peuvent faire
préjuger , d'une manière presque certaine, les modifications
que l'avenir y apportera.
Le conseilgénéral des ponts et chaussées a pensé que ces
renseignements pourraient offrir quelque intérêt aux lecteurs
des annales, et nous avons en conséquence rédigé cette
note , qui indique en même temps l'ensemble des travaux
en cours d'exécution à Brest.
Premiers essais de navigation transatlantique à vapeur.
Les premières tentatives de navigation à vapeur, entre
(*) Les éléments de cette note ont été, soit recueillis par nous
dans nos missions en Angleterre , soit puisés dans les comptes
rendus annuels des compagnies transatlantiques, soit empruntés à
diverses publications spéciales, notamment celles de MM . Bour
gois, Scott Russel, Le Boeuf, Flachat, Le Dieu , Murray, etc.. ...
NAVIRES TRANSATLANTIQUES . 155
l'Europe et l'Amérique, se firent de 1828 à 1835 ; jusque
là le service postal, vers les pays d'outre-mer, avait lieu ,
à peu près exclusivement, à l'aide des navires à voiles de
l'Amirauté anglaise, partant de Falmouth. Ce fut de 1832 à
1840 que le gouvernement de la Grande-Bretagne conclut,
avec des compagnies maritimes , lespremières conventions
postales , qui ont si puissamment contribué au développe
ment de la grande navigation transatlantique. Vers cette
même époque (1840), le Gouvernement français essayait
d'organiser un service entre le Havre et New - York , au
moyen des grandes frégates à roues de 450 chevaux, qui
servent aujourd'hui de transport à la marine impériale (type
Gomer et Panama); mais cet essai ne fut pas fructueux.
Formation des Compagnies. — La formation de la com
pagnie péninsulaire et orientale , celle de la compagnie
Cunard , celle de la compagnie du RoyalMail, toutes subven
tionnées par le gouvernement de la Grande-Bretagne, ont
mis,tout d'abord, la marine commercialeanglaise en posses
sion de presque tous les services postaux transocéaniens.
En 1850, commença , par la formation de la compagnie
Collins, la concurrence américaine ; et ce ne fut qu'en 1852
et 1857, pour la compagnie des Messageries Impériales, et
en 1851, pour la compagnie générale Transatlantique, que
le Gouvernement français , subventionnant l'industrie pri
rée, organisa , sur une grande échelle, les concessions pos
tales sur la Méditerranée et la mer Noire, l' Indo-Chine, le
Brésil et la Plata , puis sur les États-Unis d 'Amérique, le
Mexique et l'isthme de Panama. Ce n 'est aussi qu' en 1855 ,
que se sont développées ces compagnies d' émigration , qui
au moyen de navires à hélice partant de Brème (ou plutôt
de Bremerhaven), d 'Anvers ou des ports anglais, ont nota
blement amélioré les conditions du transport des émi
grants vers les États -Unis et le Canada, compagnies, dont
quelques-unes, notamment la compagnie du North German
Lloyd , la compagnie Américaine de Hambourg, et surtout
156 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
la compagnie Inmann , ont constitué un matériel navalassez
important pour se charger du service postal du gouverne
ment des États - Unis , et pourinspirer à la compagnie Cunard,
relativement au renouvellement de la subvention anglaise,
des inquiétudes qui se traduisirent par des améliorations
nouvelles dans sa flotte .
Modifications successives du matériel naval des compa
gnies .- On voit par cet historique succinct que, durant une
longue période de leur existence, les compagnies anglaises
ont eu, presque sans partage, le monopole des navigations
lointaines à grande vitesse. Cette période anéanmoins pro
duit dans le matériel naval des perfectionnements très
importants, bien qu'ils n'aient pas conduit la navigation
au point où elle en est arrivée aujourd 'hui; la révolution
radicale qui s' est manifestée dans cette navigation , et sur
laquelle nous reviendrons tout à l'heure , ne date , en effet,
que de la création de la compagnie générale Transatlanti
que française. Ainsi la compagnie Cunard, la plus importante
des compagnies anglaises , débute , en 1840, dans son ser
vice postal sur Halifax, avec trois navires en bois , à roues,
marchant en route à la vitesse moyenne de huit næuds
huit dixièmes , de 400 chevaux de force et de 1,200
tonneaux de jauge, pour arriver en 1862 à mettre en
service le Scotia , navire en fer à roues , marchant en
route à douze næuds un tiers , de 1000 chevaux de force
etde 3 goo tonneaux de jauge.
Suprématie attribuée aux navires à roues jusqu 'en 1862.
- A l'époque où fut construitle Scotia , quiest resté le type
des navires à roues à grande vitesse , on ne croyait pas à
la possibilité de la substitution de l' hélice aux roues pour les
navigations transocéaniques : le succès de l'hélice , aujour
d 'hui si complétement affirmé, n 'était même pas prévu , à
ce point de vue du moins; et l'on voit, à l'enquête parle
mentaire de 1860, M . Cunard et les directeurs de la com
pagnie du Royal Mail déclarer qu'un paquebot à hélice
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 157
serait incompatible avec la grande vitesse, le confort et la
sécurité du service. Les navires à roues étaient seuls
acceptés, par l'opinion publique pour la navigation rapide
vers les États-Unis ; on était resté complétement sous
l'impression des résultats médiocres qu'avait donnés , pour
les navigations transatlantiques à grande vitesse , l'appli
cation très-imparfaite d 'ailleurs de l'hélice d 'abord au Great
Britain en 1842, puis à l'Australasian (Cie Cunard) , au
Tasmanian et à l'Oneida (Ciedu RoyalMail)de 1858 à 1860.
Il suffit de lire les rapports spéciaux présentés vers cette
époque, et de consulter les ouvrages techniques écrits à ce
sujet, pour voir que, jusqu'en 1862, on a considéré l'hélice
comme n' étant d'une application pratique que pour la na
vigation de moyenne vitesse, et principalement pour le
transport des marchandises . Un seul armateur transatlan
tique, à l'enquête de 1860 , avait fait pressentir l'importance
prochaine de l'hélice, dansles navigations transocéaniques,
tant au point de vue de la grande vitesse , qu'au point de
vue de l'économie dans la curstruction et dans l'exploita
tion ; c'est M . Inmann , qui faisait construire dès cette
époque, des navires à hélice d 'un type voisin de celui du
China, et proposait au gouvernement anglais d 'entre
prendre le service postal vers les États-Unis, aux conditions
de vitesse iinposées à la compagnie Canard, avec une sub
vention moindre.
Mais c'était là uneopinion isolée; le sentiment public ne
croyait à cette époque qu'aux navires à roues pour la navi
gation à grande vitesse vers les États -Unis ; c'est dans cet
ordre d'idées que furent projetées et exécutées les grandes
écluses de 30” .50 d'ouvertureétablies au bassin du Canada
(Liverpool), au bassin intermédiaire (Birkenhead ) et à la
Citadelle (le Havre). Pour en déterminer l'ouverture, on
était parti du tirant d'eau maximum sur lequel la profon
deur de la passe de New -York permettait de compter pour
les navires (7 .50°.) ; puis se fondant sur un rapportmoyen
RES ENTS .
158 MÉMOI ET DOCUM
de 3 *.63 entre la largeur hors tambours et le tirant d'eau ,
on était arrivé à prévoir l' éventualité de steamers ayant une
largeur de 27".23.
Substitution de l'hélice aux roues. — Telle était la situation
des choses , tel était le courant d 'idées, quand la compagnie
générale Transatlantique française , s'occupa, à la fin de
1861 de constituer son matériel. Le Persia et le Scotia , na
vires à roues , avaient acquis une supériorité incontestée sur
leurs devanciers , il n 'y avait qu'à les imiter.LeNapoléon III
fut commandé à MM . Ravenhill et compagnie , aux chantiers
des Thames Iron Works (Londres). Mais , précisément à
cette époque, un changement commença à se manifester,
dans l'opinion , sur la valeur de l'hélice. En 1862 ,
M . Napier, de Glasgow , termine pour la compagnie Cunard,
le navire à hélice le China , qui dès 1863, accomplissant
des trajets , à peu près égaux en vitesse à ceux du Persia
et du Scotia , pouvant prendre autant de passagers et plus
demarchandises , coûte meilleur marché, et consomme prés
de 500 tonneaux de charbon de moins par voyage de
Liverpool à New -York . Aussitôt, M . Cunard lui commande
deux autres navires du même type, le Cuba et le Java
lesquels, mis en service en 1864 , et en 1865 , atteignent
des vitesses égales à celle du Persia , avec une énorme éco
nomie dans lesfrais. Lacompagnie Transatlantique française ,
guidée par cet exemple, met alors en chantier chez lemême
constructeur (M . Napier ) deux navires d'un type plus per
fectionné, un peu plus longs que le China, à hélice plus
grande et d 'un pas plus considérable ; ces deux navires sont
le Pereire et la Ville de Paris, qui, depuis trois ans, ont
conquis la royauté des mers, et démontré définitivement,
d 'une façon aujourd'hui indiscutable , la supériorité à tous
les points de vue, pour la grande navigation transocéanique,
de l'hélice appliquée comme elle l'est dans ces nouveaux
types de constructions navales.
Avantages offerts par l'hélice. — Nous allons énumérer ,
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 159
en quelques mots , les principaux éléments de cette supé
riorité :
1. A égalité de vitesse , le transatlantique à hélice coûte
moins cher que le transatlantique à roues, prenant la
même quantité de passagers , et le même volume de mar
chandises.Ainsi le Persia a coûté auminimum 3 .600.000ʻ,00
et le China a coûté 2 .570 ,000ʻ,00 .
• 9•Pour traverser les 3000 milles marins, qui séparent
Brest de New -York avec les plus grandes vitesses moyennes
réalisées (12 neuds 32 pour le Scotia , et 12 næuds 85 pour
lePereire, le navireà hélice consomme850 tonnesdecharbon ,
(Pereire) et le navire à roues , 1350 tonnes (Scotia ).
5°Grâce aux perfectionnements récents (surchauffeurs,
condenseurs de surface, enveloppes de cylindres, grand
diamètre deshélices, etc. etc ,) l'hélice , à dimensions égales
dunavire,réclameun moteur mécanique de force inférieure
pour produire le même effet utile.
Les attaches du moteur , exigeant d' ailleurs des consoli
dationsmoindres, la coque du navire à hélice peut être ,
à dimensions égales, plus légère que celle du navire à
roues.
4°Le poids mort, toutes choses égales d 'ailleurs, est
bien plus considérable dans le navire à roues qu'il ne l'est
dans le navire à hélice . Ainsi, le poids au départ, du Scolia
est de 6 .6co tonnes dont 520 seulement de poids utile
(c' est-à-dire les 8 centièmes du poids total). Le poids du
Pereire, dans les mêmes conditions, est de 5250 tonnes et
le poids utile y peut atteindre 920 tonnes (c'est-à -dire les
17 centièmes du poids total).
5. L 'hélice , agissant à une certaine profondeur sous
l'eau, est moins affectée par les coups de mer que ne le
sont les roues. Aussi, pendant le désastre que subit le
Great Eastern, lors de sa dix-neuvième traversée vers
New -York (décembre 1864) , ses roues ont été compléte
ment enlevées, tandis que son hélice n 'a jamais cessé de
160 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
marcher parfaitement, imprimant à elle seule au navire
une vitessede 9 neuds. Ajoutons que, depuis que fonctionne
la ligne de Brest à New - York , les seules avaries un peu
sérieuses que l'on ait eu à signaler, ont porté sur les appa
reils à roues (*).
6° Placée commeelle l'est,l'hélice ressent infinimentmoins
que les roues l'influence de la différence d'immersion , due

-
-
à la consommation du charbon du départ à l'arrivée. Dans

-
- -
les paquebots à roues, en effet, les roues sont trop immer

- -
gées au départ, ce qui ralentit la marche, et trop émergées

- - -
à l'arrivée, ce qui peut compromettre la stabilité. Dans le
navire à hélice, au contraire, il suffit de régler convenable
ment le chargement, pour que l'hélice ne change pour
ainsi dire pas, en marche, dans sa profondeur d'immer
sion. Du reste, ce que nous avons dit ci-dessus relative
ment à la consommation moindre du navire à hélice , trouve

- -
encore ici une application utile : toutes choses égales d'ail

-
-- -
leurs , en effet , l'émersion étant de 1m . 10 , du départ à
l'arrivée pour le Scolia , elle n'est que de o".77, pour le

- - -
Pereire.
- -
7° Le navire à hélice est parfaitement approprié à la
- - -

(*) Nous n'avons pas à tenir compte , au point de vue auquel


- -

nous nous plaçons, de l'avarie que le Pereire vient de subir


(21 janvier 1869). Cette avarie n'a, en effet, aucune corrélation
- -- -

avec le système moteur. Assailli tout à coup par une sorte de


trombe marine, qui l'a pris par la hanche de båbord , lui a démoli
ses roofs et l'a couché sur tribord , ce navire, menacé d 'un second
coup de mer semblable qui, en l'état, l'eut fait sombrer, n 'a dû
son salut qu 'à la promptitude avec laquelle son hélice, restée in
tacte , lui a permis d'évoluer et de faire son abattée en fuite à la
lame. Atteint de la même façon, un navire à roues aurait eu , in
contestablement, son tambour et sa roue de bâbord démolis ; il
n 'eut plus obéi au gouvernail, et le sinistre eut, sans doute, été
complet. Nous pouvons dire que l'avarie du Péreire, loin de dé
truire quoi que ce soit de ce que nous venons d 'énoncer sur la va
leur de l'hélice, confirme complètement, au contraire, ce que
nous disons de la supériorité de ce moteur, au point de vue de la
résistance aux coups de mer etdes qualités nautiques du navire.
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 261
navigation à la voile ; outre qu'il puise dans le vent un
utile auxiliaire à son moteurmécanique, il peut, sa machine
complétement désemparée, tenir la mer dans de bonnes
conditions, ce qui n 'a pas lieu dans les navires à roues.
8º En l'état actuel des constructions, on est arrivé à '
obtenir, avec l'hélice, des vitesses plus considérables que
celles atteintes jusqu'à ce jour par les navires à roues, les
plus renommés comme bons marcheurs.
Vitessesmoyennes réalisées par le Pereire et la Ville de
Paris, depuis leur mise en service jusqu 'au 14 janvier 1869.
- Pour prouver ce dernier fait, il nous suffira de donner les
vitesses réalisées, depuis leur mise en service jusqu'à la fin
del'année qui vient de s'écouler (1868) par la Ville de
Paris et le Pereire entre Brest et New -York , et vice versa .
La Ville de Paris, dans ses dix -neuf voyages (38 traver
sées), a réalisé une vitesse moyenne générale de 12°.75 par
heure (le neud représentant 1852 mètres) ; à la traversée
correspondant au départ de New -York du 17 février 1868 ,
elle a réalisé la vitesse moyenne de 14 neuds, 08 .
Le Pereire, dans ses 19 voyages (38 traversées) , a donné
une vitesse moyenne générale de 12'.85, et obtenu à sa
onzième traversée ( aller), une vitesse moyenne de 14
neuds.
Sur ces soixante -seize traversées, quarante-cinq ont été
faites avec des vitesses égales ou supérieures à 13 neuds,
dont 23 par la Ville de Paris, et 22 par le Pereire.
Le Saint-Laurent, ancien bateau à roues, transformé
en navire à hélice en 1866 , a donné à ses 6 voyages
de 1868 ( 12 traversées) une vitesse moyenne maximum de
13 neuds 40 (Retour du 28 avril) .
On peut donc dire que la vitesse moyenne, atteinte par
les Transatlantiques à hélice, estaujourd'huide 1 2 neuds 3/ 4
et va jusqu'à 14 neuds. Or, le plus rapide des paquebots
à roues le Scotia n 'a donné, comme on sait, qu'unemoyenne
générale de 12 næuds 1/ 3. Le Persia n 'a donné que 110.78.
Annales des Pc! rh MáyNiNES -- TOMU SVII!.
- -
- - -
- - - -
162 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

-
En résumé, économie dans l'exploitation,meilleur rapport

--
- -
du fret utile au poids mort, vitesse plus forte et plus

-
régulière, qualités nautiques plus complètes, et par consé
quent sécurité plus grande : tels sont les avantages des
Transatlantiques à hélice sur les Transatlantiques à roues ,
avantages que la construction du China avait fait pressentir

--
en 1862, et que la mise en service du nouveau matériel,

-
-
de la compagnie générale Transatlantique, sur la ligne de

- - -
Brest à New -York , a manifestés d 'une façon aujourd'hui
incontestable. Quant aux légers inconvénients qu'on attri
buait autrefois à l'hélice, trépidation à l'arrière, irrégula
rité de marche résultant des vents contraires, etc . etc.,
ils ont tous disparu devant les conséquences de l'accroisse
ment des dimensions des navires , de la puissance des
machines et des perfectionnements de la construction .
Transformation du matériel à roues. — La reconnais
sance de cette supériorité marquée de l'hélice sur les roues
ressort d'ailleurs de tous les agissements des grandes
compagnies Transatlantiques depuis 3 ou 4 ans. Ainsi, de
puis 1864 , la compagnie Cunard n'a fait construire que
des navires à hélice, le Cuba en 1864, le Java en 1865,
et en 1866 , poussée par la concurrence française , elle a
commandé le Russia , calqué sur le type du Péreire, bien que
d'un tonnage un peu plus fort. - La compagnie du Royal
Mail, depuis 1864, n 'a fait faire que des steamers à hélice ,
le Douro et le Rhône (1865) , navires de 2800 tonneaux et
de 550 chevaux de force, remplaçant le Panama et la Mag
dalena, navires à roues de 800 chevaux. — La compagnie
péninsulaire et orientale a mis en service, de 1863 à 1867,
12 grands paquebots ; ils sont tous à hélice, deux exceptés,
le Nyanza , et le Syria, construits vers 1863 .Enfin , la com
pagnie générale Transatlantique attribue à son matériel à
hélice la plus grande part dans son succès, à tel point
qu'elle a commencé et qu'elle poursuit la transformation
, de son matériel à roues.
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 163
Ainsi, après avoir remplacé par un appareil à hélice,
l'appareil à roue du Saint-Laurent , elle a fait subir une
transformation semblable , en 1867, au Lafayelle et au
Washington , lesquels sont mus aujourd'hui par deux héli
ces jumelles. La même opération va être appliquée au
Napoléon III, le plus grand des paquebots à roues de la
compagnie générale Transatlantique (* ). D 'après les indica
tions du rapport fait à l'assemblée générale de 1868, le
Lafayette transformé doit remplacer le paquebot à roues
l'Europe, quine donneguère que 10" 1 /2 de vitessemoyenne,
vitesse insuffisante sur la ligne de Brest à New -York. Cette
ligne va donc être desservie exclusivement par des paque
bots à bélice .
Comme nous l'avons dit plus haut, les compagnies an
glaises se sont engagées résolument dans la même voie
Et, au commencement de l'année dernière, la plus impor
tante au point de vue des relations avec l'Amérique du
Nord , la compagnie Cunard a vendu tout ce qui lui restait
de steamers à roues , sauf le Scolia, lequel, des 20 navires
de cette compagnie, est le seul qui ne soit pas à hélice.
D 'après tout cela dans les recherches à faire pour
l'aménagement des ports à Transatlantiques, au point de
vue des éventualités de l'avenir , on est certainemeut auto
risé à écarter ce qui a trait à la navigation à roues, et à ne
prendre, pour objectifs, que les steamers à hélice.
Cela étant, raisonnons exactement comme on l'a fait
pour déterminer les dimensions des écluses du Canada
Dock (Liverpool), du Dock intermédiaire (Birkenhead) et
de la Citadelle (Le Havre) , alors qu'on croyait l'usage des
roues, comme moteur, nécessaire à la navigation trans
océanique à grande vitesse . . .
M" Il résulte du rapport à l'assemblée générale de 1869 que cette
transformation du Napoléon III ne se ſera pas encore , ce payire
devant, pour le moment, jouer seulement le rôle de bâtiment de
réserve .
RES ENTS
16. 4 MÉMOI ET DOCUM .
* Indication des profondeurs d' eaux des principaux ports à
OLL
marées, recevant les Transatlantiques. — Comme on l'a dit
plus
11
haut, la principale passe de l'Hudson , à l'entrée du
port de New - York , (passe de Gedney) offre une profondeur
d'eau de 5 mètres en basse mer , (ce qui correspond seule
ment, en raison de la faiblesse de l'amplitude des marées,
sur ce point, à une profondeur d'eau de 8m .50 en pleine
mer de morte eau), et peut donner accès, par suite , à
toute pleine mer, à des navires ayant un tirant d'eau de
7 :50. D 'ailleurs, en examinant sommairement la situation
des plus favorisés parmi les ports à marées d'Europe ,
ayant leurs relations les plus importantes avec New - York ,
nous allons reconnaître que bien peu offrent ces mêmes
avantages quant' à la profondeur d 'eau. Ces ports sont
Brême (ou plutôt Bremerhaven), Anvers, Liverpool, Sou
thampton, Falmouth et le Havre.
Faute d'un tirant d'eau suffisant à Brême, le port de
cette ville pour la grande navigation , (Bremerhaven ) , a dû
être établi ( 1827), à 15 lieues plus bas sur le Wéser, et le
canal, creusé pour mettre en communication avec le che
nal du fleuve le nouveau bassin à flot, avec écluse de
21” . 98 , construit vers 1850 en vue de la navigation
Transatlantique , ne donne, en pleines mers de vives
eaux, qu'une profondeur de 7" .23 , profondeur supérieure
à celle du chenal du Weser en ce point.
" A Anvers, le canal de jonction, qui relie à l'Escaut la
nouvelle écluse de 24".80 d'ouverture livrée au commerce
vers 1 860 , offre une profondeur d 'eau de 6m.75 en pleine
mer de morte
¿ititor
eau et de 8 mètres en pleine mer de vive
eau . "
La Mersey, à son embouchure dans la mer d 'Irlande, à
3 milles anglais à l'aval de Liverpool, se subdivise en une
multitude de bras , dont le plus profond ne donne guère
plus de 30 ,50 d 'eau sen ubasse mer ; de plus la grande
quantité de sable que charrie cette rivière , a obligé à tenir
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 165
assez élevés les seuils des écluses ; en sorte que, en pleine
mer de morte eau ordinaire , on ne trouve que 6 mètres d 'eau
sur le seuil de la grande écluse de 30" .50 du Canada
Dock ; en pleinemer de vive eau, seulement, cette profon
deur d' eau atteint 8 " . 00 .
A Southampton , la partie de la rivière Itchen , qui forme
l'avant-port, présente 7* .30 de profondeur en pleine mer
demorte eau et 9 * .50 en pleinemer de vive eau.
Quant à Falmouth, le chenal, communiquant avec la rade,
est dragué à 5 * .50 au -dessous des bases mers ; on y trouve
par suite 9 .75 en pleine mer de morte eau. Mais sur les
buscs de l'écluse simple du nouveau bassin , on n 'a , en
pleinemer de morte eau , que 7 " .80 d'eau.
Au Havre , l'écluse de 30m,50 du bassin de l'Eure (écluse
de la Citadelle) donne 8m .50 d 'eau sur les buscs en pleine
merdemorte eau . Et d'après la limite deprofondeur adoptée
pour les dragages dans l'avant-port, on peut compter, en
pleinemer de morte eau , sur 7m . 80 d 'eau dans le chenal.
Limite à admettre pour le tirant d 'eau . — Nous venons
de parler des ports les plus favorisés. On est donc autorisé
à poser en principe, que le tirant d' eau de 7 mètres en
charge est une limite que les navires de commerce ne
pourraient dépasser sans de graves inconvénients . Les na
vires de guerre français ont toutefois (du moins les navires
cuirassés) un tirant d 'eau un peu plus considérable , à l'ar
rière surtout. Ce tirant d 'eau va de 8 ” .40 à 8m.50 (Flandre ,
Gloire , Solférino) ; on construit même, en ce moment, des
frégates cuirassées (type Marengo) deyant tirer 89.82 å
l'arrière. Parmi les cuirassés anglais , celui qui a le plus
fort tirant d 'eau à l'arrière , l' Achilles, cale 8 . 0 . Mais ces
Davires n' entrent pour ainsi dire pas dans les ports, en
pleine charge, et stationnent toujours dans les eaux pro
fondes des rades ; nous n 'avons pas à en tenir compte dans
notre étude.
Le nouveau port de commerce de Brest lui-même, mal
166 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
gré ses avantages sur les ports dont nous venons de parler,
n 'est exécuté qu'en vue des navires tirant 7* .50 d'eau ; des
navires plusconsidérables échoueraientdansle port à marée,
aux plus basses mers connues ; et d'après les profondeurs
deretenue, que suppose lesystèmede construction du bassin ,
on n 'y pourrait tenir à flot des navires tirantplus de 8mètres .
Les ports de commerce présentant, dans les conditions
les plus défavorables, un tirant d' eau de 7 ” . 50 , satisferont
donc à toutes les nécessités probables de la navigation trans
atlantique à grande vitesse .
Limite de largeur des navires . - Dans ces conditions, il
est facile de voir que les besoinsprobables de l'avenir, loin
de justifier des ouvertures d' écluse dépassant 30 mètres,
auront vraisemblablement toute satisfaction avec des écluses
de 18 à 20 mètres d 'ouverture .
Il suffit pour cela de considérer quel est le rapport entre
la largeur hors cuvre et le tirant d 'eau , dans les navires à
hélice où ce tirant d'eau est le plus fort.
En faisant cette recherche, on voit que, dans les types
dont la pratique a désormais démontré la supériorité ,
au point de vue de la navigation transocéanique à grande
vitesse, le rapport de la largeur au tirant d 'eau en charge
est descendu à 1. 98. Ce rapport est beaucoup plus fort
dans le Great- Eastern , où il est de 2.76 , abstraction faite
des tambours ; mais chacun sait ce qui en est résulté : c'est
que, en raison de sa largeur trop grande par rapport à son
tirant d' eau , ce navire ne peut supporter la grosse mer en
travers sans compromettre, sinon sa propre existence, au
moins celle de ses passagers et de son équipage. Tandis que
la vitesse, aux pavois , est de i mètre au plus par seconde
pour le Pereire dans les plus forts roulis , cette vitesse a
atteint 1 ” ,83 pour le Great-Eastern , lorsqu 'il a été pris par
le travers, lors de sa dix -neuvième traversée vers New - York .
On peut admettre comme un maximum qui ne sera plus
dépassé, le rapport 2.25 entre la largeur et le tirant d' eau
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 167
en charge ; et dans ces conditions, un navire à hélice du
tirant d'eau du Greal-Eastern lui-même, en pleine charge,
n'aurait que 20“ .50 de largeur.
Quoi qu'il en soit, on voit qu'avec le tirant d 'eau limite de
7 mètres, la largeur hors euvres, qui est aujourd 'hui de
132.26 pour les derniers transatlantiques à hélice, ne doit
pas, dans l'avenir, dépasser 15m.50.
Il suffirait donc, pour faire face aux nécessités que l'a
venir peut nous réserver, d ' écluses de 18 à 20 mètres de
largear , s'il n ' y avait à tenir compte du matériel naval
actuel des compagnies transatlantiques ; il existe en effet ,
dans ce matériel, une certaine quantité de navires à roues
dont plusieurs sont des constructions de premier ordre ,
susceptibles d 'une durée fort longue , et dont la transforma
tion en navires à hélice, outre qu' elle serait coûteuse, entra
verait certainement le service de ces compagnies. Dans le
rapport à l'assemblée générale de 1868 , la compagnie
transatlantique française annonce que, grâce à l'emploi des
condenseurs à surface , elle espère pouvoir se dispenser ,
sauf en ce qui concerne le Napoléon III, de transformer
les navires à roues qui lui restent. Or, parmi ces navires à
roues, il en est, notamment le Scotia (largeur hors tambours,
23-, 16), ' le Nouveau Monde et autres navires du même
type faisant le service des Antilles (22”.60) , qui exigent ,
en l'état, des ouvertures d ' écluse d' environ 25 mètres.
Cette dimension , qui sera excessive dans l'avenir , est donc
nécessaire dans le présent (*) .

") comme expression des besoins actuels, donnons le tableau


des types des différents navires en service , qui présentent les plus
fortes dimensions, soit comme largeur, soit comme tirant d'eau ,
soit comme longueur .
LONGUEUR TIRANT PUISSANCE
MATURE d'eau machine
la
de ,OBSERVATIONS
,DESTINATION ,MOTEUR TON au ,
LARGEUR enpleine en
168
.navire
do NAGE
. .pont .
chargo .
chevaux

Cunard
. ie
Compagn .tonnes .mètres .mètres .chevaus
.Scotia 3800 0.1230 .hors
lamb
6' es 86. 0
123tol 1000 Rus
.le
ait
faCunard
Lacompagnio
.-YNew
RLigdeoue
orknes hor
5. 6 s
114 récemment
construire
.,Java Héli
. ce 2670 .21187 814.0 6.70 560 .type
Pereire
du
le
sur
sia
.Mail
Royal
u
dComp
.Atrato s 3120 0
5.102 .hors
lamb
7200 860
Dour .Antil
des eles .Roue
Lign 0.950 .tol
bor
4112
, 5 ess 0.7{6.500 500
. o .Hélice 2820 .1125
générale
Compagnie
transatlantique
.
Napoléon
.III 3950 7.1120 hors
23tamb
\6.!053
.hors
toles
8143 1620 un
aeLan
projet
compagnie
. ire
Pere New-Rou
,.de
YLign orkeso 3.113 8 2113
,6 6.70 1300
mètres
118
de
abélice
navire
del
.513m0e
,dde
longueur
000
H.(3élice ti
de
7mde
etètres
largeur
.Impératrice des
Ligill .3200 .61050 .hors
tamb
623.hors
loles
31306 6.70 1200 .rant
d'eau
Washington
., Lig
AntAnti
.des nenelleses Roues ouble
hélice
D.?3200 .61050 313.6 6.50 800 .Transformés
LSaint
HYNow aurent
igne
ork
00
,.-de34élice .91082 413.0 6.70 |1300
Vaisseaux
cuirassés
. (a)7.95 en au
moyen
irant
d'e)TIa
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

Solferino
.H anarine
Mj élice
Hr.-(militaire 686.5 3.|174 4.8 46 900 .
charge au
irant
aT.àl'de)116rrière
.,
Paquebots çaise
américains
du que
.Pacifi de arec
enservice
d'entrer
vient
RGreat
.!- epubli'c Chine
.làa Califo
Hélice
la.i rnie
. Ligne
Hélice 141 00 2115
.050
116 e
:lsemblables
autres
quatre
1Colo
leetmériE mpire
l'A-,Celeste
Nouveaux
Iransports Tiphon
,le
que
de
anglaise
l'a. mirauté .
rado
Mal
. abar Indes
. Hél 1200 0
0.110 015.0 0 800 avec construit
Récemment
. ice 5 7.0
.hors
tamb
6136 semblables
navires
qrS1000 oues
Great
E- astern .Australie 1elroues
,2Hélico
500
2 5
2,210 ..hors
30
toles
125 OTS
Sdil
, erapia
roco
umma
uphrate
)(C,JE) uatro
( élice
h1600
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 169
Limite des longueurs des navires. — Nous avons parlé
des largeurs et des tirants d'eau ; disons encore quelques
mots des longueurs et des formes générales des navires
transatlantiques. La relation entre la longueur des navires
destinés à cette navigation et leur largeur au fort a beau
coup varié depuis quelques années et a toujours été en
augmentant. Il est démontré, en effet, que la grande lon
gueur relative des navires permet d 'effectuer les transports
avec une plus grande vitesse , pour une même dépense de
combustible , autrement dit de faire produire au travai
moteur un plus grand effet utile . Toutefois, cet accroisse .
mentde la longueur relative est limité par deux considéra
tions : d'abord, poussée au delà des bornes, elle expose les
bâtiments à embarquer plus de mer ; elle en rend la liaison
longitudinale plus difficile , et peut, par suite, en compro
mettre la solidité; en second lieu, elle augmente le champ de
mouvement nécessaire aux évolutions et rend ces évolutions
plus difficiles .
Quoiqu'il en soit, on peut dire que, depuis trente ans, le
rapport de la longueur à la largeur a toujours été en crois
sant. Ainsi , dans la compagnie Cunard, ce rapport étai
de 5. 9 sur l'Acadia (1840); deux ans plus tard, il est
devenu 6.3 (Cambria ) ; en 1848, il a été porté à 6.6
(Niagara); sur l’Asia (1850) il a atteint 7 ; il va à près de 8
sur le Persia (1856 ) , et à 8 . 4 sur le Scolia (1862).
Dans la compagnie générale transatlantique française
dont le matériel n 'a comiencé à se construire qu'il y a six
ans, ce rapport est de 7 dans la Louisiane et la Floride
(1862); il est de tout près de 8 dans la France, le Nouveau
Honde, l'Imperatrice -Eugénie et l'Europe (1865) ; il dé
passe un peu 8 dans le Pereire et la Ville-de- Paris (1866) .
On peut donc, croyons-nous, admettre comme une limite
supérieure pratique , pour le rapport de la longueur à la
largeur des navires , le chiffre de 8 . 4 . Dans ces conditions,
en nous reportant à ce quenous avons dit plus haut sur la
170 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
limite probable des largeurs, que nous avons estimé pou
voir être arrêtée à 15m .50 , on voit qu'on peut considérer le
chiffre de 130 mètres commereprésentant la longueurmaxi
mum sur laquelle on peut compter. En l'état, le Scotia est le
plus long des transatlantiques en service régulier : il a
123 mètres.
Formes générales des navires. Quantaux formesgéné
rales de ces navires, nous ne pourrions nous en occuper
ici, sans surtir des limites naturelles de cette note. Bornons
nous à dire que les formes droites ,pour les parties émergées,
se substituent de plus en plus aux formes courbes et évasées ,
et que l'adoption de l'hélice a coïncidé avec l'emploi de
formes deplus en plus fines, c'est-à -dire de plus en plus
éloignées du parallélogramme, pour les partiesimmergées.
Indication sommairedes travaux du port de Brest. — Nous
terminerons cette note en décrivant sominairement les tra
vaux qui s'exécutent au nouveau port de commerce de Brest,
en vue, surtout, de satisfaireaux conditions que nous venons
d'exposer.
La plus grande différence observée à Brest, entre la basse
mer et la mer haute, est d' environ 8 mètres. Nous donnons
la courbe des indications du maréographe pour une grande
vive eau , et pour une petite morte eau (Pl. 201, fig . 4). Nous
y joignons, pour deux périodes mensuelles comprenant les
cas extrêmes , avril et juin 1856, des courbes de niveau (fig. 2
et 3) permettantde se rendre un compte exact des hauteurs
d'eau à chaqueheure du jour et à chaque jour du mois (* ).

(*) Ce dernier procédé de représentation graphique nous a été


indiqué par M . l'inspecteur général Lalanne. Il se rattache à un
système général de représentation des lois naturelles, que M . La .
lanne a développé dans un mémoire inséré aux Annales des ponts
et chaussées (1846 , 1" semestre ). Il permet de voir de suite quelle
était la hauteur de la mer à un jour et à une heure donnés. Ainsi,
si l'on veut, dans la période mensuelle des petites vives eaux, sa
voir quelle était la hauteur de la mer le 25 juin 1856 à sept heures
du matin , on suit la ligne horizontale correspondant au chiffre 25
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 171
Nous ajouterons que, dans tout ce que nous allons dire,
le plan de niveau qui nous sert de plan de comparaison
est celui qui passe à o " .50 au -dessous des plus basses mers
connues. C'est ce qu'on appelle, à Brest, le zérode l'échelle
du maréographe.
L'ensemble des travaux du port de Brest, tel qu 'il a été
étudié dans les derniers plans approuvés par l'administra
tion supérieure, comprend deux parties distinctes, le port
à marée et le bassin à flot (Pl. 201, fig. 1).
Le port à marée embrasse une surface d'eau d'environ
41hectares , limitée au nord par de yastes terre -pleins con
quis sur la mer, abritée à l'ouest et à l'est par deux jetées
s'enracinantdans les terre-pleins, et garantie, du côté sud,
par un brise-lames de 1.000 mètres de longueur, laissant,
au droit des extrémités des jetées, deux passes, l'une de
140 mètres et l'autre de 120 mètres. La longueur totale
des quais à marée est de 2.750 mètres. Comme on le voit
au plan , ces quais, disposés par éperons saillants, forment
une série de bassins, précédés d 'un avant- port, servant de
champ d'évolutions aux navires qui entrent ou qui sortent,
etde lieu de stationnement à ceux qui attendent une place
aux quais. Les trois premiers petits bassins sont surtoutdes
tinés à la navigation qui correspond au commerce local. Le
quatrième, dont le quai de rive a une longueur de 365 mètres,
est spécialement destiné aux transatlantiques. Un platin ,
pour le carénage, est réservé dans la largeur du quatrième
ерегов .
Tout le port à marée se drague de façon à présenter, aux
(fig. 3) jusqu'à son intersection avec la ligne verticale correspon
dant à sept heures du matin : on voit que, cette intersection tom
bant entre la courbe de 5 " , et celle de 6 ", un peu plus près de la
première que de la seconde, le niveau de la mer, au jour et à
l'heure indiqués, était de 5 " .40 au -dessus du plan de comparaison .
Les points les plus élevés atteints à chaque syzygie sont indiqués
par un petit rond pointillé ; les points les plus bas des basses mers
correspondantes sont représentés par une croix (fig . 2 et 3).
172 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
plus basses mers connues, des profondeurs d ' eau de 7 .50.
Toutefois, des platins d 'échouage sont ménagés, dans les
petits bassins nº i et n° 3, pour les besoins de la navigation
locale , et afin que les navires, qui ne craignent pas d ' é
chouer , soient moins gênés par les dénivellations de la
marée, ces platins sont arasés à 2 mètres au-dessus du
zéro de l'échelle des marées .
A part les quais qui les bordent, tous les quais du port à
marée sont fondés de façon à présenter, à leur pied, 7 * .50
d 'eau , aux plus basses mers observées.
Le bassin à flot, orienté à peu près de l'est à l'ouest, fait
suite , du côté de l'est, au port à marée. Il s'appuie, du côté
du nord , contre une vaste esplanade continuant les terre
pleins du port à marée, avec lequel il communique par une
écluse à sas de 25 mètres d 'ouverture et de 130 mètres de
longueur franche. La longueur du bassin est de 500 mètres
et sa largeur de 200. Le développement des quais accosta
bles qui l'entourent est de 1 .375 mètres. La profondeur
normale de la retenue y est de 8 * . 30 , et le seuil d'aval de
l'écluse est placé à 5m .50 au -dessous des plus basses mers
connues .
La superficie totale des terre-pleins, qui bordent ces
ouvrages au nord- est, est de 69 hectares : ces terre-pleins
sont conquis sur la mer pour presque toute leur superficie.
Cependantune petite partie, longeant le bassin à flot, pro
vientdu dérasement d'une falaise rocheuse, dont la hauteur
n ' étaitpas de moinsde50mètres ,et que l'on a excavée dans
le double but de trouver des remblais pierreux pour recou
vrir les produits du dragage, avec lesquels sont formés les
terre -pleins du port à marée , et de donner passage au che
min de fer maritime.
Ce chemin de fer se soude au chemin de fer de Rennes à
Brest å 5 kilomètres environ en amont du bassin à flot
derrière lequel se trouve placée la gare spéciale au service
du port, gare delaquelle part le réseau des voies de service
NAVIRES TRANSATLANTIQUES. 173
qui suivent tous les quais, et pénètrent même par un sou.
terrain dans l'enceinte du port militaire.
Deux larges rampes, longeant les fortifications, mettent
le nouveau port en communication avec la ville et avec la
gare du chemin de fer de Rennes à Brest.
Nous n 'avons voulu que donner une idée sommaire des
travaux qui s'exécutent à Brest; nous ne nous étendrons
donc pas davantage sur leur description, et, cet ensemble
indiqué, nous nous bornerons à rappeler que la conception
en appartient, à part quelques modifications de détail,
à MM. les ingénieurs Maitrot de Varenne et de Carcaradec,
qui ont fait exécuter la majeure portion du port à marée.
174 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

N° 235
NOTE

Sur l'installation de la galerie des machines dans le palais


de l'Exposition universelle de 1867 et sur la plate-forme
centrale de cette galerie .

Par M . CHEYSSON, ingénieur des ponts et chaussées.

Objet de cette note . — Aux termes d'une décision minis


térielle du 24 décembre 1867, une commission, présidée
par M . l'inspecteur général Reynaud, a choisi dans la col
lection des rapports du jury international de l'Exposition
universelle de 1867 ceux qui avaient trait au génie civil ,
et les a réunis en un volume spécial, qui a été distribué
à MM . les ingénieurs des ponts et chaussées . Cette pu
blication comprend une série de rapports relative à l'or
ganisation des services intérieurs de l'Exposition , et entre
autres (pages 372 à 430) , un rapport, signéde M . Jacqmin
et de l'auteur de la présente note , sur le service mécanique
et le service hydraulique. Par suite des exigences du recueil
général dont il faisait partie tome VIII , pages 479 à 537 ,
ce travail avait dû s'interdire les descriptions minutieuses,
les détails estimatifs, les tableaux numériques , et surtout
il était privé du secours des planches, pourtant si indis
pensable à l'intelligence d'un texte descriptif, dès qu'on
veut aborder les détails.
Quelques ingénieurs ont pensé qu'il y avait là une lacune
à combler , et qu'en dehors de cette publication, il était
bon que les Annales des ponts et chaussées pussent garder
une trace exacte de l'installation de la galerie des machines.
GALERIE DES MACHINES. 175
C ' est pour répondre à leur sentiment que nous avons ré.
digé cette note , dont le principal objet est d'accompagner
les planches insérées ci-après , et de fournir des chiffres ou
des données qui n' avaientpu trouver place dans le rapport
du jury .

§ 14. ORGANISATION DU SERVICE MÉCANIQUE.

Nous en référant à ce rapport du jury, où l'on trouvera


l'historique et la justification détaillée de la solution qui a
prévalu pour l'organisation du service mécanique, nous
nous bornerons à en rappeler ici les données principales .
Le mode de classement adopté par la commission im
périale assignait au groupe VI (instruments et procédés des
arts usuels) la grande galerie circulaire ( d'un rayon moyen
de 157".50), qui formait en plan le principal anneau et
comme la ceinture du Palais. C 'est dans ce vaste vaisseau,
long de i 210 mètres, haut de 23 et large de 35 , qu'ont
pris place lesmachines tant de la France que de l'étranger.
La commission impériale avaitcontracté, dans l'article 46
de son règlement général, l'engagement de fournir gratuite
ment l'eau et la force motrice nécessaires au fonctionnement
des appareils dans la grande galerie. Pour la production de
cette force , elle écarta l'idée d 'un moteur unique, puis celle
de l' emploi de l'air ou de l'eau comprimés ; elle décida que
les moteurs seraient depuissance moyenne, en nombre pro
portionné aux besoins, alimentés par la vapeur d'eau (*) ;
enfin , fournis, installés et mis en marche par des con
structeurs, qui recevraient le titre d 'exposants et concour
raient pour les récompenses .
On transformait ainsi en un objet d ' étude et de concours

(* ) Dans quelques cas particuliers, on a eu recours à de petits


moteurs à gaz, de un demi-cheval à 5 chevaux, qui sont d 'une in
stallation cominode, et rendent le service de se prêter à des exi
gences révélées tardivement.
176 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
une installation qui n 'avait été jusqu'à ce jour qu' une af
faire d 'administration intérieure. Cette combinaison avait
d 'ailleurs l'avantage de distribuer la vie et le mouvement
dans toute l'étendue de la galerie , de respecter les exi
gences du classement méthodique, de diminuer les diffi
cultés des transmissions polygonales, enfin de permettre
l'arrêt d' une partie des machines en mouvement, sans mo
difier la marche de l'ensemble des appareils exposés.
La commission impériale a , en conséquence, organisé le
service mécanique sur les bases suivantes :
1° La galerie des machines a été divisée en quinze lots
principaux (* ) , dont huit pour la France et sept pour l' é
tranger (voir ci-après le tableau nº 1) .
Cette répartition des lots a été faite de manière à mettre
autant que possible les entrepreneurs de force motrice dans
les conditions où les plaçaient leurs relations de clientèle .
C'est ainsi que les constructeurs de Rouen et de Lille ont
été chargés de faire marcher les appareils de filature et de
tissage ; les constructeurs d'Alsace, les machines -outils, etc . ;
2° La force motrice , dans chaque section, a été, autant
que possible, demandée à un constructeur appartenant au
pays qui devait l'employer. La France, la Belgique, la Con
fédération du nord de l'Allemagne, et l'Angleterre , ont
adopté ce principe, et ont confié leur service mécanique à
leurs nationaux. Pour les États du sud de l'Allemagne ,
l'Autriche, la Suisse et les États d 'Amérique, la force motrice
était au contraire fournie par des constructeurs français ;
3° Dans chaque section , le fournisseur de force motrice
a été libre d 'organiser à son gré le mode de production et
de transmission de vapeur, la mise en action de l'arbre de
couche, enfin la connexion polygonale des portions de cet
arbre, chacune de ces diverses dispositions constituant des
objets exposés, livrés à l' étude du public ;
(*) Sans compter quatre lots secondaires, desservis par les ma
chines à gaz .
GALERIE DES MACHINES. 177
4° Les bâtiments destinés aux générateurs ont été placés
dans la parc, à une distance d'environ 30 mètres du palais ;
la hauteur des cheminées a été fixée à 30 mètres. Toutefois ,
pour ne pas multiplier ces constructions, la commission a
autorisé la réunion de plusieurs chaudières dans un même
bâtiment, et les quinze lots n 'ont exigé ainsi que l'érection
de neuf cheminées. En outre, plusieurs lots ont pu être
groupés entre les mains d 'un même constructeur, de sorte
que le nombre des exposants -entrepreneurs a été, en
définitive, réduit à quatorze (voir leurs noms ci-après ,
tabl. 1 ) ;
5 * Chaque entrepreneur de force motrice a pu désigner
comme coopérateurs-exposants de son cuvre un certain
nombre d 'ingénieurs, architectes et constructeurs;
6° Il a été admis que l'action du moteur se communi
querait aux appareils exposés par une transmission aérienne,
respectantmieux qu'une transmission souterraine la sécurité
des visiteurs et des ouvriers. Cette transmission avait aussi
l'avantage de mieux se prêter à la répartition du mouve
ment entre des appareils dont le nombre, la vitesse, l'orien
tation étaient peu connus à l'époque où le projet de la
distribution de la force motrice devait être arrêté dans son
ensemble, et même dans ses principaux détails (*) .
La transmission aérienne se liait enfin d'une façon in
time à l' établisssement d'une haute plate -forme. ou d 'un
promenoir supérieur, faisant le tour de la grande galerie
et permettant au public d 'embrasser d 'un coup d' oeil le
spectacle des appareils exposés .
(*s On a dů, par suite de convenances spéciales, recourir, sur
certains points, à une transmission souterraine , qui comprenait
quatre segments et mesurait une longueur totale de 71 inètres ;
ce qui a permis d'apprécier les inconvénients du systèine (voir
tableau 1 ).

Annales des P . et Ch . MÉMOIRES. – TOME XVIII.


S
178 MÉMOIRES ET DOCUMENT .

§ 2. PLATE -FORME CENTRALE .

Données générales sur l'ouvrage. — Cette plate- forme


avait ainsi un double objet : elle devait, dans une partie de
son étendue, supporter la transmission , et servir sur tout
son parcours à la promenade des visiteurs. Établie dans
l'axe de la grande galerie , elle y régnait sans interruption ,
sauf au droit de la grande entrée (côté du pont d'Iéna), et
mesurait un développement total de i 195 mètres, qui se
divisait ainsi :
Parties supportant la transmission. . . . . . . . 374 mèt.
Parties servant uniquement de promenoir . . : 821
Total égal. . . . . . . . 1195 mèt.
Cette dernière partie se subdivisait elle-même de la ma
nière suivante : métres .
Promenoir proprement dit. . . . . . . . . . . . . . . . . 689
Ponts sur les chemins rayonnants : métres.
i pont au droit de la rue de Belgique . . . . . . 13.50
2 ponts de 10 mètres au droit des rues de Paris 105.50
et de Russie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 .00
12 ponts de 6 mètres au droit des autres rues. . 72.00
2 escaliers d'honneur à volée droite , de part et d 'autre de.
la grande entrée, de chacun 13".25 de développement. 26 .50
Total égal. . . . . . . . . . . . 821.00
oit . .. . . . . . 1195.00
En ajoutant à la longueur de la plate-forme, soit.
celle de l'interruption séparant lesdeux escaliers d'honneur ,
ou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15.00
on retrouve le développement total de la grande galerie ,
soit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1210.00

Ilrésulte des chiffres qui précèdent que,sur un tiersde


son étendue, la plate- forme servait de support aux arbres
de couche. On ne pouvait songer à adopter pour cette partie
le même profil que pour celle où l'ouvrage jouait simple
GALERIE DES MACHINES . 179
mentle rôle de promenoir. C' eût été sans raison en allourdir
l'aspect et en exagérer la dépense . Pour la transmission , il
fallait une grande rigidité, des entretoisements vigoureux,
unemasse rassurante pour l'esprit et même pour l'ail, dont
les exigences sont rarement à négliger. La passerelle s'ac
commodait au contraire de formes plus sveltes. De li ia
nécessité de deux types distincts , suivant les deux desti
nations spéciales auxquelles devait ob ir la plate-forme.
Toutefois ces deux types devaient être tels que le rac
cordement de l'un à l'autre s'opérât sans difficulté. En effet,
les parties avec et sans transmission semêlaient et se suc
cédaient sans loi définie et au gré les convenances de l'in
stallation. C 'est ainsi qu 'après des zones de mouvement, la
plate-forme franchissait des espaces de calme, tels que
ceux qui étaient affectés à la carrosserie, au matériel des
chemins de fer ... Dans les pays étrangers, bon nombre
dont l'industrie était peu avancée n 'exposaient pas de ma
chines,etpar suite , n 'avaient pas besoin d'arbres de cou
che ; en somme, la longueur totale de 374 mètres corres
pondant aux transmissions se répartissait en sept sections
séparées par des zones sansmouvement (*).
Avec une pareille distribution des deux types, il était es
sentielque la transmission de l'un à l'autre ne fût pas heur
tée, etqu'un type s' engendrât pour ainsi dire du type voisin
par une loi simple et rationnelle .
C'est à ce résultat qu'on s'est attaché. Les planches 202
Et 203 qui représentent ces deux types montrent que, sauf
la consolidation exigée par les arbres de couche , la plate
forme restait homogène dans ses diverses parties.
Vais le problème à résoudre se compliquait d'une nou
velle difficulté. La plate-forme, étant surtout destinée aux
personnes qui fuyaient le voisinage immédiat des machines
*) La plus longue de ces sections se trouvait du côté de la
France, au droit de la grande entrée et mesurait près de 150 mè
tres ; la plus courte était en Autriche, et n 'avait que 1.5" .8o .
180 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
pour y chercher le calme, devait leur offrir un séjour com
mode et agréable. N 'était-il pas à craindre que, supportant
directement les arbres de couche et transmettant de même
leur action à tous les moteurs qui en recevaient le mouve
ment, cette plate-forme ne fût soumise à des secousses , à
des vibrations, qui en chasseraient le public special que l'on
avait en vue ? On se serait ainsi imposé de grands sacrifices
pour avoir simplement réalisé cette sorte de passerelle de
service qui, en 1855 , supportait les arbres de couche et
servait au graissage et à l' entretien .
Il est difficile d'apprécier exactement jusqu'à quel point
cette crainte était fondée. Des observations faites dansdes éta
blissements industriels, et surtout dans le grand atelier de
M . Godillot, dont la iransmission n 'était pas sans offrir une
certaine analogie avec les dispositions qu'onméditait, lais
sèrent subsister des doutes, et ne permirent pas de repous
ser ces appréhensions par des faits concluants. Il devenait
dès lors nécessaire d 'y faire droit.
La solution , toute indiquée pour atteindre ce but, était
d 'isoler le promenoir en luidonnantdes supports spéciaux,
sans contact avec ceux de la transmission . C'est en effet,
comme on va le voir , le partiqui a été adopté et,on peut le
dire, il a compiétement répondu à l'attente de la commis
sion impériale.
Les données du problème étant ainsi définies, nouspou
vons aborder la description de l'ouvrage. A cause du grand
nombre de pièces spéciales que présentait forcément l'ou
vrage, nous aurions eu besoin pour le définir complétement
derecourir à des planches nombreuses , avec détails à grande
échelle (*). Mais, eu égard à la place dont les Annales

(*) Les dessins d 'exécution sont au nombre de plus de 2 à 300 .


Les archives de la commission impériale contiennent un album
soigné de 3o grandes planches au 10' avec de nombreux détails
au 5º, qui pourrait être consulté par les ingénieurs désireux de
plus amples renseignements sur l'ouvrage.
GALERIE DES MACHINES. 181
pouvaient disposer, nous avons dû nous borner à 3 plan
ches (202 à 204) et renoncer à donner par le dessin l'idée
des dépendances de l'ouvrage, telles que les escaliers d 'hon
Deur, les salons-garages, les ponts, dont il va être question
ci-aprės.
Promenoir. — Le promenoir proprement dit, où circulait
lepublic, présentait la même disposition sur toute l'éten
duede la plate -forme. Le plancher était formé de madriers
en sapin , ou bastains de o " .17 de largeur sur 0 " . 06
d'épaisseur, assemblés à rainure et languette. Il était
à 5". 104 au -dessus du sol. Sa largeur totale était de 4 ".80 ;
mais il offrait sur le garde - corps une saillie de o " .40 ; des
tinée à dérober aux visiteurs la vuedes transmissions et à
les abriter contre les courroies; ce qui réduisait la largeur
entre garde -corps à 4m .00. Il reposait sur des poutrelles en
sapin , aux abouts profilés , longues de 4 ".80 , hautes de
o*.14 et larges de o " .10.
Garde-corps. – Le garde-corps avait i mètre de hau
teur. Comme il mesurait un développement de 2 443 mè
tres (*), il importait de trouver une disposition qui eût à
la fois l'avantage d' être économique, et de respecter la sé
curité publique. On devait, en effet, s'attendre à ce que,
par suite de l'un de ses mouvements désordonnés qui agi
tent souvent les foules et que suffit à provoquer le plus
futile incident, les visiteurs vinssent à se porter tumul
tueusement d 'un côté de la plate - forme et à presser sur le
garde -corps. Il fallait donc que cette partie importante de
la construction eûtune grande rigidité. Il fallait encore , et
c'est là une considération qui dominait tous les détails de
l'ouvrage, que le système adopté s'accommodât sans peine
de légères erreurs de montage, toujours à prévoir pour un
travail ayant ce développement, surtout avec les conditions
de tracé, de gène et de célérité dans lesquelles il s'exécutait.

Avec les garages, dont il est question plusloin .


182 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Telles étaient les sujétions auxquelles devait répondre
le garde-corps. Divers types , successivement étudiés , fu
rent reconnus , après examen , n ' y satisfaire qu'incomplé
tement. Ainsi, d 'élégants modèles en fonte furent repoussés
comme n 'offrant pas assez de sécurité et surtout pas assez
de flexibilité pour le montage. Le système, auquel on s'est
arrêté en dernière analyse, constituait le garde- corps à
l'aide, non pas de parties invariables et faites tout d'une
pièce , mais d 'éléments ajustés sur place et susceptibles
d 'un certain jeu . Il comprenait, tous les 3m .45 environ , des
pilastres isolés en fonte fortement boulonnés sur les pou
trelles au moyen de patins et de talons, el correspondant
aux supports de la plate- forme. L 'intervalle entre ces pi
lastres était séparé en trois parties, l'une de 1" .45 , les
deux autres de i mètre , par des montants en fer carré
de om .03, montés à leur partie inférieure sur une traverse
de même équarrissage, à l'aide de laquelle ils se fixaient
sur les poutrelles par trois boulons. Entre ces pilastres et
montants se logeait une plinthe moulurée de . 17 sur
07 .06 , qui reposait sur le plancher et remplissait un double
objet de décence et de décoration. (Pl. 202 et 203 ,
fig . 1 à 4 .)
Le garde -corps proprement dit était formé de panneaux
alternativement de i mètre etde i" .45 de longueur et de
0 ” . 78 de hauteur, composés de barreaux en fer rond de
0 " .023 et de deux lisses en fer plat. Ces panneaux s'assem
blaient sur les pilastres et la plinthe et s'ajustaient aisé
ment par une simple recoupe des abouts de la lisse , à la
demande des parties déjà montées. Enfin , la lisse supérieure
était recouverte par une main courante en chêne verni,
qui, dans certaines parties désignées pour une décoration
plus élégante , était elle -même garnie de velours. Pour les
escaliers, cette main courante était en acajou du Sénégal.
Le garde-corps ainsi constitué était très-rigide. Il ne
pesait, par mètre courant , que 4045,87 de métal, dont
GALERIE DES MACHINES . 185
161.02 de fonte et 24*.85 de fer. Il a coûté, par mètre,
25 .42, savoir 19 . 12 pour le métal et 6 .30 pour la char
pente .
Les abouts du plancher et le garde- corps lui-même
épousaient la forme circulaire de l' édifice, tandis que les
supports de la plate-forme, par suite des exigences méca
niques auxquels ils étaient liés, devaient être disposés sui
vant un polygone, dont les côtés avaient une longueur
moyenne de,131.80. Ces supports étant espacés de 3" . 20 ,
dans le sens du rayon , tandis que la largeur de la plate
forme était de 4 mètres, il en résulte que leur axe était
moyennement de o " .40 en avant de celui du garde- corps.
Mais cette distance variait avec la flèche tenant à la cour
bure du garde- corps , depuis le sommetdu polygone jusque
vers lemilieu de l'intervalle séparantdeux sommets consé
cutifs. En ce point, par suite de la flèche qui reportait de
09 .15 environ le plancher vers l'extérieur, la distance entre
l'axe des supports et celui du garde-corps était portée à
0"9.55 du côté convexe de la plate - forme, et réduite à
0".25 du côté convexe.
Salons-garages. — Pour les visiteurs fatigués et dési
reux de jouir commodément du spectacle de la galerie, on
avait disposé sur la plate -forme et pour chacun des seize
secteurs du Palais, (compris entre deux chemins rayonnants
consécutifs) , deux salons-garages de 4 mètres sur 3 mètres
situés en regard l'un de l'autre et garnis de canapés en ve
lours.
Tel était le promenoir proprement dit, identique sur
toute l'étendue de la plate-forme. Mais son infrastructure
variait, suivant qu'elle supportait ou non la transmission .
Nous allons successivement décrire les types correspondant
à l'un et l'autre de ces deux cas.
Parlie sans transmission . — Les supports étaient, avons
nous dit, disposés suivant un contour polygonal. Ce, po
lygone avait dû naturellement être mis en harmonie ave
184 MÉMOIRES ET DOCUMENTS. -

-
les grandes divisions de l'édifice : ses sommets répondaient

-
aux fermes de la galerie , et se trouvaient ainsi en moyenne
écartés de 134.80 . L'intervalle entre deux supports d 'angle
était réparti, par trois supports intermédiaires, en quatre
travées de 3 ” .45.
Ces supports intermédiaires étaient formés de colonnes
cannelées dont la hauteur totale était de 3 “.604 et dont le
fût, haut de 2º . 212 , avait un diamètre de o " . 130 à son
extrémité inférieure, et de o" .10 au sommet (Pl. 202,
fig . 1, 2 , 3, 6 , 9 et 10 ).
Quant aux supports d'angles, pour leur donner plus de
solidité etmieux accuser en même temps les divisions du
palais, on les avait constitués avec des colonnes jumelles
formées de 2 colonnes simples, distantes de o" .40 d'axe
en axe, et accouplées par quatre bracelets, qui partageaient
le fût en cinq panneaux évidés de 0 .442 de hauteur
(Pl. 202, fig . 3 et 7).
Ces colonnes étaient réunies, dans le sens longitudinal,
par des poutres de rive en fer à treillis , contreventées
elles-mêmes par des fers plats (Pl. 202, fig. 4 et 5 ), et
dans le sens transversal, par des entretoises également à
croisillon , et de même hauteur, sur lesquelles étaient fixées
les poutrelles en bois du plancher (Pl. 202, fig . 2 et 3). Les
autres poutrelles reposaient sur des entretoises en fer à T
de o " .14 sur 0" .076, dont l'assemblage avec les poutres de
rive s'opérait à l'aide d 'un sabot de fonte boulonné sur ces
poutres, et par l'intermédiaire d'un coin en bois qu'on
serrait plus ou moins à la demande du montage (Pl. 202,
fig. 4 et 8 ) .
Jeu pour le montage. - On retrouve ici la préoccupation
que nous avons déjà signalée, de se ménager des facilités
pour la pose , et d' écarter les dispositions qui auraient
voulu un ajustagemathématique. En vue du même objet ,
on avait ovalisé les trous des boulons qui devaient relier
diverses parties de la superstructure. Ajoutons, de suite ,
GALERIE DES MACHINES. 185
pour ne plus revenir sur ce sujet, que l' on avait eu recours
à un artifice analogue pour les boulons de fondation des co
lonnes. Ces boulons étaient noyés dans le massif demaçon
neries , servant d 'assiette aux supports, et par suite ils
étaient fixés invariablement. Le montage de la plate- forme
eût été dès lors impossible , si l'on ne s' était procuré un jeu
de quelques centimètres, en donnant aux trous des patins
de fondation , qui devaient livrer passage aux boulons, un
diamètre de o " .10 et par suite en opérant la pression des
boulons sur ces parties , non pas directement, mais par
l'intermédiaire d'une cloche convexe , susceptible d 'un
déplacement total de o".07. Le vide entre la cloche et le
patin était ensuite rempli par un coulis de ciment un peu
serré (Pl. 204 , fig . 6 et 7 .)
Partie avec transmission . — Le type de la partie avec
transmission devait, outre les conditions que lui imposait
sa destination spéciale, satisfaire encore, ainsi qu'on l'a
dit plus haut, à celles de se raccorder avec le type précé
dent, et de réaliser une indépendance complète entre les
supports de la transmission et ceux du promenoir. La
planche 203 et les détails de la planche 204 indiquent
comment a été résolu le problème.
Les supports de la transmission étaient disposés et
espacés, comme l’étaient dans le type précédent, ceux du
promenoir , auxquels ils répondaient exactement. Seule
ment, pour offrir plus de force, ils étaient doublés . Les
supports intermédiaires étaient formés, non plus de co
lonnes simples, de colonnes jumelles, qui, dans le type
voisin , servaient de supports d'angle. Quant aux supports
d 'angle eux-mêmes , ils comprenaient deux de ces colonnes
jumelles réunies par des panneaux latéraux, de manière
à constituer une colonne quadruple et comme un beffroi.
Ces divers supports étaient réunis , longitudinalement,
par des poutres de rive en fer à treillis de même aspect
extérieur que celles de la partie sans transmission et trans
186 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
versalement, par de fortes entretoises en fonte. Ces entre
toises, longues de 5m .71, se prolongeaient de 1m.55 au
delà de l'axe de la colonne extérieure en forme de console ,
pour recevoir sur les portées soigneusement dressées de
leur plate-bande supérieure, large de o " .20, les paliers des
arbres de couche (Pl. 203, fig. 1 à 4). Aux supports
d'angles , les plates-bandes des consoles étaient déviées de
0" .20, l'une à droite , l'autre à gauche, de manière à aug
menter de om .40 l'écartement de leurs axes, porté ainsi à
om. 8o , et, par suite , à ménager l'espace suffisant pour
loger le mécanisme de transmission angulaire entre deux
éléments consécutifs de la transmission. Ces deux entre
toises-consoles d 'angle étaient d 'ailleurs réunies entre elles
par trois entretoises en fonte , que traversaitun fort boulon
de serrage.
Les poutres de rive avaient o " .70 de hauteur. Leur coupe
dissymétrique comprenait, haut et bas, une seule cornière
à l'extérieur, mais ne comportait aucune saillie sur son pa
rement intérieur. Elles étaient contreventées, à leur partie
inférieure, par un réseau de fers plats qui s'ajustait à elles
à l'aide d 'un sabot en fonte destiné à abaisser le plan du
contreventement (Pl. 203. fig . 2 , 3 et 4 ) .
Tel est l'ensemble qui supportait la transmission . On voit
qu 'il offrait toutes les conditions de stabilité lui permettant
de se suſfire à lui-même et de rester isolé . Il s'agissait
maintenant d 'intercaler à l'intérieur de ce système un se
cond système tout à fait indépendant du premier et soute
nant le promenoir. On y est parvenu en logeantdansle vide
du beffroi d 'angle une colonne centrale qui sert de point
d 'appui à l'ossature du nouveau système.
Cette ossature se compose de deux poutres à croisillon ,
de o " .67 de hauteur et de 13m.75 de portée moyenne (* ),
entretoisées tous les 3” .45 par des poutres également en
(* ) Du côté extérieur , cette poutre avait 13",849, et 13" .663 du
côté intérieur .
GALERIE DES MACHINES . 187
treillis, et au droit de chaque montant du garde-corps, par
des fers à T, assemblés avec un sabot et des coins, c'est
à -dire par une disposition analogue à celle qui a été décrite
pour la partie sans transmission (Pl. 203 , fig. 2 et 3) . Le
tout était consolidé par un contreventement supérieur en
fer plat, établi dans un autre plan horizontal que le contre
ventement de la transmission (Pl. 203 , fig. 4 ). C ' est sur ces
poutres et ces entretoises que venaient reposer les pou
trelles et le plancher du promenoir.
Les poutres des deux systèmes de support étaientdispo
sées de manière à se projeter verticalement l'une sur l'autre.
Elles étaient distantesde o " .20 d'axe en axe ; mais les saillies
des cornières réduisaient le jeu entre les deux poutres à
07. 03. C'est en vue de conserver ce même jeu , minimum
adinis comme indispensable pour réaliser pratiquement
l'indépendance des deux systèmes, que le plan du contre
ventement inférieur des poutres de transmission avait été
abaissé parl'artifice de construction indiqué ci-dessus.
L'assemblage des poutres du promenoir et de leurs en
tretoises å treillis sur la poutre porteuse au sorrmet d'angle
était s'ngulièrement compliqué par le voisinage immédiat
des poutres de rive, et des entretoises en fonte de la trans
mission , en un mot du système vis-à - vis duquel il fallait se
ménager un jeu minimum de o " .03. On y est parvenu à
l'aide de la disposition représentée par les fig . 3 à 5 , 9 à 11
de la Pl. 204 . Le chapiteau creux de la colonne (fig . 12 et
15), recevait une pièce en fonte , de forme assez tourmen
tée et nommée obturateur, qui s'y ajustait fortement à
l'aide de coins en bois. Cet obturateur portait 5 oreilles,
dont l'une, rectangulaire sur le plan desdeux autres, rece
vait l'entretoise en fer à treillis et les deux dernières, si
tuées dans le prolongement l'une de l'autre (* ) , fixaient

C ) Sauf l'angle de 5° 01' 13" qui correspond au polygone de


15* .80 de côté , inscrit dans un cercle dont le rayon est 157m .50.
188 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
les poutres du promenoir . Les trous des boulons d'assem
blage sur ces deux oreilles étaient fortement ovalisés dans
le sens horizontal, et la différence entre les deux diamètres
allait jusqu'à 23 millimètrès pour faciliter le montage.
Ces sommets d'angle de la partie avec transmission
étaient accusés par une grande vigueur de formes, et une
véritable accumulation de masse, que justifiait leur rôle
important dans la construction (*). C'était là en effet que
se faisait le changement de direction dans la transmission
de la force motrice ; là que se concentrait la fatigue des
supports. Toutefois, ils dérivaient, par une génération nette
à tous les yeux, de la colonnette légère employée dans le
type sans transmission ; ce qui contribuait à réaliser l'unité
entre les diverses parties d 'un même tout, malgré les dis
semblances commandées par la différence des destinations
respectives.
Escaliers. — Neuf escaliers tournants de 3º.10 de diamè
tre donnaient tous les 150 mètres environ des moyens
d'accès de la galerie au promenoir (Pl. 204, Fig. 1 et 2).
En outre deux escaliers d'honneur à volée droite étaient
disposés de part et d'autre du vestibule principal quisépa
rait la France de l'Angleterre, au droit de la grande entrée
-
-

du côté du pont d' Iéna. Le garde- corps et les colonnesde


- -

ces deux escaliers étaient inspirés desmodèles de la plate


-
-

forme.
-

Ces escaliers, comme les garages du promenoir , étaient


d 'ailleurs isolés du système des transmissions, par des
moyens analogues à ceux qui ont déjà été décrits.
Peinture. — Le métal était peint en couleur gris d 'acier,
analogue à celle de l'extérieur du palais. Pour les parties
plus en évidence , telles que le garde-corps, les escaliers
d'honneur, cette peinture avaitreçu des refletsmétalliques
argentés.
(* ) En outre, ils étaient annoncés par un panneau spécial du
garde-corps, représentant le chiffre impérial (Pl. 203, fig . 1).
GALERIE DES MACHINES. 189
Fondations. — Les bases des supports étaient formées de
larges patins, rattachés à l'aide de bouions, d 'un diamètre
de 09.05 à o " .035 et d 'une longueur de 1m.50 à 16.80, à
des massifs en béton . Le mortier de ces massifs contenait,
suivant les cas, 250 à 350 kilogrammes de ciment de
Portland.
Au -dessous de ce premiermassif, servantà l'encastrement
des boulons et de leurs plateaux inférieurs à nervures , était
etabli un second massif, d'un béton plus maigre , descen
dant jusqu'au terrain solide et dont la hauteur a varié de
09.30 à 3 mètres. (Pl. 202 et 203 , fig. 2 et 3 .) Le nombre
des piliers ainsi constitués était de plus de 700. Ce système
de fondation , qui a prévalu après examen comparatif sur
l'emploi de la pierre de taille , des briques ou du béton ag
gloméré, a donné des résultats très-satisfaisants comme
célérité du travail, comme solidité d'assiette , et comme
économie de dépense .
Le béton était coulé dans un caisson en planches, à parois
mobiles, dont les traverses supérieures fixaient invariable
bent la position des boulons de fondation , qui devaient
être noyés dans la maçonnerie . Les colonnes d 'angle des
parties avec transmission exigeaient jusqu'à douze de ces
boulons qu'il fallait loger dans le mêmemassif, tout en en
respectant les écartements et la verticalité (Pl. 204 , fig . 4 et
5). C'est pour parer à des éventualités d'erreur, qui eussent
renda le montage impraticable , que l'on a recouru , comme
il a été indiqué plus haut, aux cloches recevant la pression
des boulons (Pl. 204 , fig . 6 et 7).
Calculs . — Les dimensions des diverses pièces de la plate
formeont été l'objet de calculs simples et qu'ilnous semble
sans intérêt de reproduire ici.
Il nous suffira de dire qu'on s'est attaché à employer les
métaux dans les conditions qui convenaient le mieux à leur
Dature et à leur mode de résistance . C 'est ainsi qu' une
part prépondérante a été faite à la fonte dans cet ouvrage.
190 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
On a , il est vrai, critiqué cet emploi de la fonte , par le
motif qu'au milieu d 'une galerie construite exclusivement
en fer, il eût été préférable de s' en tenir à ce derniermétal.
Mais il ne semble pas qu'il y eût à s'imposer cette identité
de matière pour desdestinations si diſférentes. Des supports
en fer auraient offert un aspect grêle et d'unemaigreur peu
rassurante. En outre, dans une construction où l'on redou
tait les vibrations, il était rationnel d'employer des colon
nes massives.
Quant à la solidarité légitime qu'il fallait établir , en vue
de l'unité de l'ensemble , entre le palais et la plate-forme,
elle résultait, comme on l'a dit plus haut, de la corrélation
des supports d'angle avec les fermes de la grande galerie ,
dont le plancher et le garde- corpsdu promenoir épousaient
d'ailleurs la forme circulaire .
Dépenses :
Les dépenses de la plate - forme centrale se sont francs.
élevées à la somme de. . . . . . . . . . . . . . . . 631 216 . 98
soit , par mètre linéaire, à . . . . . . . . . . . . . . 528. 21 (*)

d Le tableau ci-après n° 2 en donne le détail exact.


On y voit que le poids total du métal entrant dans la
construction était de 1 448 tonnes, dont 895 tonnes de
fonte et 463 tonnes de fer. Le métal a été fourni en loca
tion (les frais de reprise étant laissés à la charge de l'en
trepreneur), et a été payé par kilogramme oʻ.225 pour la
fonte et oʻ.46 pour le fer. Ce prix a été porté à o '.475 pour
le métal entrant dans la composition du garde -corps, à
cause des sujétionsdu travail, et du faible poids des pièces.
Quant à la maçonnerie , elle a présenté un cube de
2 166mc.30 et n' est revenue en moyenne par mètre cube

(*) Ce chiffre se décompose lui-même, suivant les types, savoir :


Partie sans transmission . . . . . . 425 francs .
Partie avec transmission . . . . . . 790
GALERIE DES MACHINES. 191
qu'à 184.32 . Le premier massif en mortier de ciment coû
tait 26 francs, et a remplacé avantageusement le béton
aggloméré, dont le prix n 'eût pas été moindre de 35 à
40 francs.
En ce qui concerne la charpente , elle était, comme le mé
tal, fournie en location. Les deux principaux articles de
dépense étaient le plancher, qui a été payé 6 '.65 par mètre
superficiel, et les poutrelles, dont le prix était de 134.55 ,
y compris toutes les sujétions quelconques.
Exécution . - En vue d'assurer la rapidité de l'exécution,
la commission impériale jugea opportun de scinder l’en
treprise de la fourniture du métal en trois lots , qu 'elle con
fia , après un appel fait à treize des principaux construc
teurs de ce genre d 'ouvrages, aux trois importantes usines
de Fourchambault , Mazières et Marquise.
Le cahier des charges stipulait que les dessinsde détail
pour l'exécution dans l'atelier seraient faits par les entre
preneurs . Mais, afin de contenir la tendance à l'exagération
des épaisseurs et des poids que cette clause pouvait faire
redouter à la commission impériale, ce même cahier dé
terminait par avance les limites maxima que ne devrait
dépasser, dans aucuns cas, les poids de métalpar mètre li
néaire . L'excédant de poids, s'il venait à être constaté, se
rait, dès lors , considéré comme indùmen, fourni et ne se
rait pas payé à l'entrepreneur .
Ces limites, longuement discutées avec les intéressés ,
furent ainsi fixées par mètre courant :
Partie avec transmission | Fonte . . . .. . 1150 kil.
Fer. . . . . . 450
| Fonte. . . . . 490
Partie sans transmission | Fer . . . . . . 265

En réalité, les poids de la construction sont restés au


dessous de ces limites de 19 630 kilogrammes pour la fonte ,
soit de 2 , 3 p . 100, et de 27630 kilogrammes pour le fer ,
192 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
soit de 6 ,5 p. 100. En argent, cette réduction de poids
représente une somme de 17 126'.55.
Ce sont MM . les ingénieurs de Fourchambault, et en
particulier M . Yvan Flachat, qui ont centralisé l'étude des
détails et fourni aux deux autres entrepreneurs la collec
tion des dessins d'exécution , rendue très-volumineuse par
le nombre considérable des modèles. Toutefois, les escaliers
d'honneur, qui se trouvaient tout entiers dans le lot de
Marquise, ont été étudiés par cette usine.
Les travaux de fondation ont été attaqués le 20 juin
1869 ; ceux de montage, le 1" octobre par l'usine de Mar
quise, et le 1er décembre par celle de Mazières . Mais cette
dernière a regagné son retard par la supériorité de ses
moyens de levage, qui consistaient en une grue large
de 8" . 14 , haute de 7 .50 , et enjambant ainsi la plate
forme à construire. Cet engin , d 'un emploi commode, rou
lait à l'aide de quatre galets sur deux rails. Ses deux bâtis
latéraux, présentant une forme triangulaire de 4* .83 à la
base, soutenaient un treuil, qui commandait un chariot
circulant d'un bâtis à l'autre , et soulevant les pièces pour
les mettre en place.
Les trois usines avaient lutté entre elles de soins pour la
fabrication de cet ouvrage, qui constituait en partie leur
exposition . Ainsi, par une sorte de tour de force qu'elles
ont tenu à reproduire toutes trois , elles avaient coulé d'une
seule pièce les entretoises -consoles, longues de 5m .51, qui
surmontaientles colonnes de la partie avec transmission, et
pesaient 590 kilogrammes, etmême les colonnes jumelles,
à panneaux ajourés et à profils très-refouillés , d'un poids
us

de 790 kilogrammes (* ).
Ces divers travaux de fondation et de pose du métal de
(* ) Les pièces étaient pesées et reçues provisoirement dans les
usines par des agents spéciaux ; elles étaient, en outre, soigneuse
ment assemblées à l'usine, avant l'expédition , pour qu 'on put
remédier de suite aux défectuosités qui seraient reconnues.
GALERIE DES MACHINES. 793
la charpente se sont effectués au milieu de difficultés consi
dérables , qui tenaient à la juxtaposition de nombreux
chantiers, et dont nous essayerons tout à l'heure de donner
une idée en parlant de l'installation de la galerie des ma
chines. Grâce à d' énergiques efforts, ils ont été terminés en
temps utile. Les escaliers d'honneur eux-mêmes, dont le
montage n 'avait pu commencer que le 15 mars, et qui
avaient inspiré de graves inquiétudes , ont été prêts le
1" avril 1867, pour l'ouverture de l'Exposition.
Ouverture de l'Exposition . — Constituant un théâtre
parfaitement approprié à la majesté des cortèges officiels,
la plate-forme a joué un rôle important dans cette céré
monie d'ouverture et dans les réceptions des souverains qui
ont successivement visité l'Exposition universelle. On peut
même dire que cette destination spéciale, qui lui était ré
servée dès l'origine de sa conception , n'a pas été sans
influence sur l'adoption du projet.
Le 14 avril, à deux heures précises, LL. MM . l'Empereur
et l'Imperatrice, accompagnés de leur suite , arrivaient par
le pont d'Iéna et descendaient de voiture sous la porte du
grand vestibule du Palais, où les attendaient les membres
de la commission impériale et du commissariat général.
Le cortége impérial, semettantaussitôt en marche, par
courut d'abord la plate -forme de la galerie du travail, sur
laquelle avaient pris place les commissions étrangères et
une partie du jury international, pour être successivement
présentés à leurs Majestés (* ).
Lorsque le cortége s'engagea sur cette plate -forme, d'où
il dominait les flots de la foule qui se pressait au rez-de
chaussée, les orgues le saluèrent de l'hymne national; les
machines de cette immense usine se mirent en mouvement;
les viyats éclatérent; la grande nef, hier encore chantier,

(") Quelques jours avant la cérémonie , la solidité de la plate


forme avait été éprouvée par un bataillon de 200 Ouvriers s'avan .
çant en rangs serrés à toutes les allures.
Annales des P . et Ch., MÉMOIRES. – TONE XVIII 13
194 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
aujourd'huimusée et atelier tout à la fois, s'emplit d' ani
mation et de vie. Ce fut là un spectacle imposant, et il a
laissé une impression durable dans les souvenirs de tous
ceux qui en furent les témoins.
Dépendances de la plate-forme. — Après cette cérémonie ,
qui en avait consacré le succès, la plate - forme ne cessa pas
de jouir de la faveurdu public . Le visiteur pouvait y con
templer le spectacle de l'activité humaine s'exerçant sous
les formesles plus variées; voir en action les machines puis
santes ou ingénieuses , et , à côté d'elles , le travail de
l'homme avec sa perfection de goût, d'habileté manuelle
etde précision intelligente . On se rappelle encore la foule
compacte qui stationnait toujours au-dessus des petits ate
liers de la classe 95 (* ), dont les tours de main , si nou
veaux pour le public , entretenaient toujours la curiosité.
Des installations intéressantes se rattachaient à la plate
forme et constituaient soit des expositions latérales, soit des
motifs de décoration . La commission avait formellement
repoussé du promenoir toute exposition quiaurait gêné la
circulation des visiteurs ; mais elle avait toléré et même
encouragé la création de garages latéraux communiquant
de plain -pied ayec le plancher de la plate-forme et destinés
surtout aux objets qui, par leur nature spéciale , deman
daient à être installés à une certaine hauteur au-dessus du
sol, ou faisaient partie d 'un ensemble à plusieurs étages.
Tels étaient les 'appareils de sucrerie , ceux des phares,
certaines machines agricoles, etc .
La plate-formetraversait encore un certain nombre d'in
stallations ou de portiques, d 'un caractère original et dé
coratif.
C' étaient, pour la France, la tribune des orgues (* * ),
(*) Fabrication de dentelles, fleurs, chapeaux, bijoux, émaux ,
verres . .... .
(* * ) Cette tribune avait été construite par le service des ma
chines, en vue l'installer les orgues, qui sont toujours un des
GALERIE DES MACHINES . 195
placée au droit de la rue de Paris (petit axe du palais),
les nappes hydrauliques se déversantde part et d 'autre du
promenoir, et , pour les sections étrangères, les nombreux
portiques sous lesquels passaient les promeneurs.Gonstruits
dans les styles d 'architecture locale et ornés de pavillons
nationaux, ces portiques encadraient ou surmontaient la
plate-forme ; ils accusaient de loin le pays dans lequel on
allait entrer ; enfin ils remplissaient et animaient de leur
silhouette élégante et pittoresque la perpective tournante
de la grande galerie.

§ 3 . TRANSMISSION .

Après avoir décrit avec détail la plate-forme, nous n 'au


ronspas à insister longuement sur la transmission qu'elle
supportait.
les arbres de couche composant cette transmission
étaient en fer forgé. Ils avaient 9 centimètres de diamètre ,
excepté au droit même de l'attaque du volant, où l'arbre
extérieur était renforcé pour résister à la flexion . Ils étaient
calibrés avec beaucoup de soin , tournés et polis dans toute
leur étendue. Ils offraient une surface méplate ou une rai
pure générale , qui permettait l'ajustage des poulies en un
point quelconque de leur longueur.
Leur vitesse était decent tours par minute. Ils étaient for
més d' éléments polygonaux ,ayantune longueur moyenne de.
156.792 et embrassaient entre eux un angle de 174°58'51".
Leur hauteur au-dessus du sol était de 4m. 35 .
La rotation de l'arbre extérieur se communiquait à son

embarras des expositions, à cause de leurs exigences spéciales.


Elle comprenait des voûtes d 'arête ogivales soutenues par quatre
piliers cylindriques en maçonnerie et surmontées d'une terrasse,
sur laquelle étaient établies quatre grandes orgues. La plate- forme
passait dans l'intervalle compris entre ces piliers. La dépense
de cette construction s'est élevée à 16 711*:45 .
196 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

conjugué, distant de 4" .710, par une poulie correspondant


à chacun des éléments du polygone, de telle sorte que, la
ligne extérieure étant continue et solidaire, la ligne paral
lèle intérieure pût être formée d 'éléments brisés et indé
pendants .
Les poulies adoptées étaient en deux morceaux.
La forme curviligne du palais n'a été pour aucun des
constructeurs un obstacle sérieux. Presque tous avaient
employé le joint de Cardan, et les transmissions ont pu être
ainsi prolongées sans inconvénient jusqu'à une longueur
de 138 mètres , formée de la connexion de dix éléments.
Lamaison Boyer , de Lille, avait remplacé le joint de Cardan
par des engrenages coniques quimarchaient avec une ex
trême douceur, et ne donneraient probablement lieu qu 'à
un faible entretien , même au bout d'un long service.
Pour combattre la tendance au renversement, qui aurait
pu se manifester dans la partie supérieurede la plate -forme,
quelques constructeurs avaient transformé en contre -fiche
l' échelle qui leur était nécessaire pour effectuer le graissage
des paliers ; d'autres et notamment MM . Powell, de Rouen ,
avaient disposé l'attaque des courroies verticalement, de
manière à éviter tout effort latéral. Sur d'autres points
enfin , deux moteurs étaient installés en regard l'un de
l'autre , de façon à équilibrer leur action sur la plate-forme.
mot
La longueur totale des arbres de couche aériens était de. . . 721
si l'on y ajoute celle de la transmission souterraine, égale à . 71
on arrive à un développement total de. . . . . . . . . . . . 792
ce qui, pour une force motrice de 635 chevaux, correspond à
1 .27 de transmission par cheval ( tabl. 1).

Quant aux machines motrices destinées à donner le


mouvement à ces arbres de couche, elles étaient placées à
l'intérieur de la grande galerie et alimentées par la vapeur
que leur fournissait un générateur installé dans le parc, à
l'aide d'une conduite en fonte renfermée dans un large
GALERIE DES MACHINES. . 197
carneau. Cette vapeur, après avoir agi sur le piston , allait
se perdre avec l'eau de condensation dans une conduite en
ciment qui traversait à angle droit le carneau, et qui était
établie le long de la paroi extérieure de la grande galerie
pour recevoir les eaux pluviales du palais.
Le tuyau d 'amenée de l'eau de condensation était posé
dans le carneau à côté de la conduite de vapeur.
Pour les machines sans condensation , l' échappementde
la vapeur avait lieu dans l'atmosphère du côté intérieur de
la galerie, à 10 ou 15 mètres au -dessus du sol.
Dépenses . - L 'entrepreneur -exposant était tenu, moyen
nant une somme fixée à forfait à raison de 600 francs par
force de cheval, de fournir et d 'installer le bâtiment du
générateur dans le parc, la cheminée en briques de 30 mè
tres de hauteur, le carneau réunissant les chaudières au
moteur dans le palais, les tuyauteries pour l'eau et la va
peor, la machine motrice, la transmission , le combustible ,
l' entretien, le graissage, le personnel, le calage des pou
lies et autres accessoires fournis par les exposants ; en un
mot, l'ensemble des dépenses exigées par la production de
la force motrice nécessaire à un lot déterminé, et par sa
transmission régulière à deux arbres de couche, pendant
toute la durée de l'exposition (*).
Le générateur, le moteur et l'ensemble des dispositions
adoptées pour produire et transmettre cette force, étaient
considérés comme objets exposés, inscrits comme tels au
catalogue, et admis au concours pour l'obtention des ré
compenses.
Le tableau nº 3 ci-après donne le detail des dépenses du
service mécanique du palais pour les divers pays. Elles se
sont élevées à 371 403€.50 pour 635 chevaux, soit à un peu
moins de 6oo francs par cheval, par suite de combinaisons
économiques adoptées en cours d'exécution .
(* ) L'eau nécessaire à l'alimentation des chaudières et à la con
densation était fournie gratuitement par la commission impériale .
S
198 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
La commission impériale n 'a pas eu seulement à produire
cette force de 635 chevaux : elle a dû pourvoir aussi aux
besoins du service hydraulique, qui a exigé 325 chevaux,
et à ceuxdu service de la ventilation , qui en a demandé 100 .
Ces deux nouveaux services lui ont coûté ensemble 81 106
francs, soit, avec celui du palais, un total de 455 50gʻ,50
(voir tabl. 3) .
Enfin , la commission impériale , ne devant fournir qu'aux
exposants du palais la force motrice qui leur était néces
saire, n ' est point intervenue dans l'installation desmoteurs
du parc, et a laissé aux exposants eux-mêmes la charge de
se procurer et de faire fonctionner leur moteur et leurs
transmissions. Cette nouvelle force n 'a pas été inférieure
à 215 chevaux (tabl. 3) , ce qui constitue, avec la force
dont la production incombait à la commission impériale,
un total de 1273 chevaux.
Dans les expositions universelles , comme celle de 1867,
les problèmes se posent sur des données considérables.
Les solutions adoptées en vue d 'assurer les besoins de
voirie, la distribution des eaux, les moyens de transports
pour les hommes et les choses, doivent être en rapport avec
la grandeur des exigences à satisfaire, et ont en outre à
compter avec l'obligation de tout improviser en un temps
très-court. Ce n ' est pas le lieu d 'insister ici sur ces autres
nécessités qui s'imposent aux organisateurs des grandes
expositions; mais il nous semble utile de faire ressortir ,
comme donnée résultant de cette étude, le total de 1273
chevaux, qui a été nécessaire pour donner la vie à tous les
services du champ de Mars.

§ 4 . INSTALLATION DE LA GALERIE DES MACHINES.

Dans les paragraphes qui précèdent, on a indiqué les


dispositions arrêtées par la commission impériale pour la
production et la distribution de la force motrice. Il reste à
GALERIE DES MACHINES . 199
dopper quelques détails succincts sur l'installation pro
prement dite , dans la grande galerie , des objets faisant
partie du groupe VI (instruments et procédés des arts
uspels).
L'installation du groupe VI, comparée à celle des autres
groupes, se compliquait de la nécessité de mettre en mou
vement les machines ; elle était liée en outre aux disposi
tions architecturales du vaisseau. La beauté de l'ensemble
ne pouvait plus, comme pour les galeries intérieures, ré
sulter d 'une série d'arrangements élégants et ingénieuse
nent variés ; elle devait surtout provenir du caractère
grandiose que présentent de nombreux appareils en action .
L'activité mécanique manifestée sous toutes ses formes ,
telle était la sujétion , mais tel devait être aussi l'attrait de
l'installation de ce groupe.
Cette sujétion se traduisait dans la pratique par des diffi
cultés exceptionnelles et dont il est malaisé de comprendre
après coup toute la gravité . Tandis qu' en général, pour
les produits ordinaires, il suffit d 'une vitrine où l'on ap
porte, au dernier moment, les objets à exposer , les ma
chines qui doivent fonctionner ont besoin d 'une assiette
inébranlable et d 'une installation rigoureusement exacte . Il
falait donc avoir arrêté, longtemps à l'avance , les plans
d'installation jusque dans leurs derniers détails, et les re
porter sur le terrain avec une précision mathéinatique. Ceci
fait, on devait procéder à l'exécution des fondations, dont
les profondeurs dépendaient de la nature du sous-sol et des
exigences de l'appareil à supporter. La plupart de ces fon
dations avaient 3 ou 4 mètres deprofondeur, mais quelques
ones ont dû descendre jusqu'à 7 ou 8 mètres au-dessous du
niveau du palais et ont exigédes fouilles considérables (*).
* Les déblais de ces fouilles ont été employés dans le parc et
sur la berge, ou même ont dû être transportés aux décharges pu
bliques . Il serait bon en pareil cas, pour éviter ces transports et
pour utiliser ces déblais sur place , de tenir d 'abord le sol de l'em
200 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Le sol de la grande galerie était ainsi percé de nombreu
ses fosses béantes, où sont entrés des milliers de mètres
cubes de maçonnerie (*) , et sillonné de tranchées pour
l'établissement des carneaux de toute sorte nécessaires à
la mise en mouvementdesmachines. C'est au milieu de ces
gênes d 'accès, de ces chantiers ainsi juxtaposés et se dis
putant le terrain , qu'il fallait procéder à des tracés délicats
et dont la précision devait être absolue, sous peine de mé
comptes et même de dangers ultérieurs ; transporter ei
manier des pièces lourdes et encombrantes ; assurer les
approvisionnements, enfin faire converger tous ces travaux,
exécutés en partie dans la mauvaise saison , vers une date
et un but, l'ouverture au 1° avril 1867. Les visiteurs, qui
vers la fin du mois de mars avaient vu le palais livré au
désordre apparent, se refusaient à admettre qu'il pût être
ouvert au jour dit. Mais il s'est dépensé là , de la part des
exposants, des entrepreneurs et des agents, des efforts
qu'on peut dire surhumains. Les derniers jours ont valu des
semaines ; les dernières heures,des jours. Grâce à ce con
cours de tant de volontés, l'ordre s'est fait, et il est apparu le
7 er avril aux regards à la fois surpris et charmés du public,
dans la cérémonie que nous avons décrite plus haut.
Quant au cadre adopté par la commission impériale
pour l'installation , voici quelles en étaient les données prin
cipales.
La largeur de 35 mètres que présentait la galerie des
machines, était subdivisée en un massif central de 23mètres
et eux chemins latéraux de 5 mètres chacun , laissant en
avant du soubassement un intervalle de 1 mètre, réservé à
placement réservé auxmachines à 30 ou 40 centimètres en contre
bas de son niveau définitif.
(*) Les fondations ont été faites en général en béton ordinaire
ou aggloméré, en moellons, en briques, et même en pierres de
taille. Le béton ordinaire , additionné de ciment de Portland , a
donné des résultats très - satisfaisants comme solidité et comme
économie .
GALERIE DES MACHINES . 201

des tables ou à des vitrines adossées aux parois. Le massif


central était découpé par de nombreuses voies d'accés,
destinéesà faciliter dans tous les sens la circulation des visi
teurs , tout en protégeant leur sécurité, et surtout à per
mettre l'approche des machines les plus intéressantes ou de
celles qui, par la délicatesse de leurs organes et les circon
stances de leur travail, exigeaient l'examen le plus attentif.
Au delà du chemin de 5 mètres, ménagé de chaque côté
de la galerie , les tables et vitrines adossées aux murs
recevaient les objets,machines ou appareils de petite dimen
sion qui auraient été perdus au milieu des grandes instal
lations du massif central. Enfin , les parois mêmes de cette
vaste galerie se prêtaient à une exposition murale de des
sins, de trophées et d 'objets de faible épaisseur.
Les carrefours, formés par l'intersection de la galerie avec
les chemins rayonnants , et surtout ceux des axes du palais ,
étaient accusés par des installations originales ou gran
dioses,denature à impressionner le visiteur dès ses pre
miers pas dans la galerie . Ainsi, à l'entrée principale, en
avant du grand vestibule , la section française était annoncée
par des trophées métallurgiques d 'un grand effet et par des
pyramides formées avec des câbles de mines. Ces emplace
ments , situés le long des chemins, étaient considérés comme
des places d'honneur, qui ne furent accordées qu' à des
appareils dignes de les remplir par leur masse, leur hau
teur ou leur attrait spécial.

§ 5. RÉSUMÉ.

En ajoutant à la dépense de la plate- forme centrale (ta


bleau 2 ) , soit . . . . . . . . . . . . . . . 631 216 ' .97
Celle qu 'ont entraînée la production et la
distribution de la force motrice nécessaire
A reporter. . . 631 216 .97
202 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

Report. . . . . . 631 216 .97


aux appareils en mouvement exposés dans
le Palais (tableau 3), soit. . . . . . . . . . 371 403 .50
On voit que l'ensemble du service méca
nique du Palais a coûté à la commission im
périale une somme totale de. . . . . . . . 1002 620 .47
Soit, en nombre rond, un million .
Ce sontlà des sacrificesmodérés et certainement de beau
coup inférieurs à ceux qu'eût entraînés toute autre combi
naison .
Il faut ajouter que le service mécanique de cette vaste
usine improvisée en quelques mois n 'a pas cessé de fonc
tionner avec une exacte régularité, et de façon à remplir
toutes les conditions du programme posé dès l'origine.
Enfin les dispositions adoptées ont respecté la sécurité des
ouvriers et du public , et l'on ne saurait trop s'applaudir
que, pendant les deux cent treize jours qu'a duré l'Exposi
tion , les moteurs aient pu marcher sans explosion , rupture
niaccident qui mérite d'être signalé.
L'auteur de cette note a été chargé, en qualité de direc
teur du service desmachines , de l'installation de la grande
galerie et de tous les travaux s'y rattachant, tels que la
construction de la plate-forme, etc . Mais la meilleure et la
plus grande partie des résultats qui viennent d 'être indi
qués doit être reportée d'abord au comité de la casse 52,
qui avait pour mission d'assister le commissariat général
dans l'organisation des divers services rentrant dans cette
classe (*), et en second lieu aux entrepreneurs exposants
(*) Ce comité a rendu les services les plus signalés à la commis
sion impériale ; il était composé de MM. Jacqmin , président, qui a
pris une part active et prépondérante dans ses travaux, Ch . Cal
lon , Fossard , Fourneyron , Muntion , Phillips et Cheysson , secré
taire . Il convient d 'indiquer la part qui revient à M . Mantion dans
l'étude du projet de la plate - forme et l'utile coopération de
GALERIE DES MACHINES. 203
( tableau 1) , qui n 'ont cessé de lutter entre eux de zèle et
d'efforts pour satisfaire à leurs engagements et conquérir
ces récompenses que décernaient aux plus méritants l'opi
nion publique et le jury.

WM . Hangard etGaucher , sous-chefs de service, pour le projet et


l'exécution de cet ouvrage, comme pour l'installation de la ga
lerie .
nº1-Eervice
STableau
de1867
–Duniverselle
Palais
.mécanique
enlots
duservice
ivision
xposition
EMPLACEMENT LONGUEUR
.
APPAREILS
DES
NATURE la
de
do transmissi on NOMS NOMS
.l'installation générale
entrepreneurs
des employant
pays
des
204

en chevaux
.
Générateurs .exposants .
motrice
laforce

de vapeur
.
Moleurs

Numéros d 'ordre

75 kilogrammétres.
Totale.
des lots principaux.

aérienne,

Numéros
Numéros
des classes.

des quarts.
Désignation
du générateur au moteur.

souterraine.

de Force

des secteurs.
Longueur de canalisation
intérieur .
MM etTPowell
.1FThomas
rance
Cverticales haudière
alancier
achines
.àfb2m55-56oyer lubulaire
MM au 0
haudière
Cbverticale 1138
Mde achine
.L,àIdalancier Lecoute ux 2 .
Idem
2 Thomas ens
c,.elr2 ylindres ne
ntale .
Machi
horizo
vdente
chaud
tubula ire
eu ière
M51-5àdeM.9olant 1)1>3388
enveloppe
. età2cdans
seule
une ylindresnier
. etfils3Idem
.56Legavrian
àfoyers
tubulaires
12chaudières

Quart
horizontale
DMachine
-)2deM.5051uver M.Cbe
de
amovibles
intérieurs

français.
hier
.. .e .valier 30 .417|4
etDuvergier
Chevalier .Idem
àgazystème
.!,s66Machine
Lenoir 169
Quillacq C
»
duompagnie
gaz
. Ide
. m
Idem
Mac
,.àbI2cver
47-53ouiyli
chatichin
lle
ndr
udialeurs
eesère
àbChau
ettube
ouillsdièr
eurse . .
Mach
horiz
r54 ontal
.. échauine ffeures I
|
6
Messmerr
et
Bussière
De
44
. dem
-5548 Chaudiere
.Idem
tubulaire De
Cosler .
Idem
-695570 haudière
bC.àIdem . . . . . .
S.ouilleurs 30 :.Boyer. Idemn
.
,sàg95Mac
.Leno
ysté
az hin
irmnee Mac
hori
CGr I hin
hau
ylin
.Và2ctubu zont
Compagnie
du
.gaz .IdemHouget
diè
dres
lair ale
ere
e 90 ,9B. elgique Teslon
et

Ouatbelge
horizontale IPA
àId.Machine Tore Idem
. 54
.
fils
etses
Farcot
H
,
Demeuse
Cie
etouget 10
.
Prusse .
duSud
Allemagne
eli
c2
. oyer
ftubulaires
haudières
àIdem OLU I . . .
11. .
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

Idem
. ,
mobiles
tubulaires
faisceaux Ide
. m .
12Autriche
.Idem système Idem
.IdId..
Id sMachine
Lenoir Farcol
. . .
13Suisse
.Id .,àgazystème ,
dugaz
Compagnie

Quart
Id
33 .Espagne etNorwege .»Suède
.
ldern » Ide
Id.. .'Idemm .
Roumanie

allemand.
.ld
horizontale
.Machine
àicId.ylindre
CMachine
,sobliques
.mixte
55|5Lecherl
haudière
ystème
à2c.F50ylindres
laud. ,Hargreaves
etCicHinck U
-
Etats
14
. nis
Id. Idem
. in.
systèmes
divers
de
Chaudières ,Walker
.Fox
etCie une (dans
100
s2càel5talléesocomobiles
ylindres
t66
.1construction
etSims
Ransomes
148
-B1166
,Grande
retagne
àicylindre
borizontale
.Machine P.T.C orter

Quart
.)à2chori
IdMylin
achzont
ine

anglais,
dresale commune ,
elfils
Galloway
Tolaux
. 1088
71102
1721
035
GALERIE DES MACHINES. 205
ILLAC F 2. -— Exposition universelle de 1867. — Plate-forme centrale. — Dépenses.
PRODUITS DÉPENSE
IS DICATION DES OUVRAGES.
par mètre
QUANTITÉSI PRIX . courant
partiels.
par nature de
de plate-forme.
dépense. (I = 1195)

1* Metaux. (Fournitures en localion .) "


Plaie-forme proprementdite. kilog. | francs. | francs. francs. . francs.
mala poor plate-forme, ponts, garages. . . 837810.05 0.225 188 507.251 3800209,
96 369939 .21 309.62
for your plate-forme, ponis, garages. . . . . 394417.32 0 . 46 181 431. 251
Garde-corps.
44222.72 0 .475 21005 .69 ! 52 562.28
: :: :: : : : : : : : : ::: : : :: 68 601.15 0 .16 31 556 .59 43.97
Escaliere.
102 768.00 0 .425 43676 .40
... ... .... .. ... .. .. .... 636 .55 0 .425 270.53 43 946.92 36 .77
Total pour le mélal. . . . . . . . . .11448 455.796 .322 | 406 448.411 390.36
7 Charpente. (Fournitures en location .)
atrelles d'entreloise en sapin ,de 4 .800 .x100 .15 962.00 13.55 13027.66]
outrelles d'abool et sapin . . . . . . . . . . 60.00 8 .40 504.00
Parquet sapin desde c*.96 seur mėt. q.
Parquel esen ebene paliersd'épais
d'escalier.. .... .).] 5 867.86 6 .65
67. 24 | 12.00
39021.27
806.88
Stylobate ea sapin du garde- corps. . . . : : mét. c.
2320.80 3 .80 8816 .04
lan courantede garde-corps en chêneverni. 2084 .96 2 .50 5 212. 10
salons de
courante
MaisMarages de garde-corps
en sapio
LosBear,courante des rampes dedesvelours.
recouvertd'escalier d'hon. . 249.73 6.50 1623.25
ea ar sjog do Sénégal. . . . . . . . 58.50 ) 9.60 503. 10
LaiaHR,cogrante des durampes
acajou . . . . .tour
d'escalier
Sénégal. ... 279 .72 7 .20 2013.98
d'honneur. . .
trons demarches d 'escalier tournant. 60.00 23. 20 1 392.00
fim de Barcbes d'escalier . . . 279.00 9.65 2 692 .35
Total pour la charpente. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 75612.931. 63.26
gº Maçonnerie .
usesents pour fondations, . . . . . . . 2 370.54 3.251 7704.251
lerreter ies en béton n° 1 (350 kilog. cimen
ce Portland par mètre cube de mortier ). t 391.60 26 .00 10 181.60
atberies en beton nº 2 (240 kilog . ciment
Ce Pertiand par mètre cube de mortier). .
Desseries en béton n° 3 (mortier ordinaire
196.65 22.00 4 326.30
de chaus bydraulique . . . . . . . . . .
). .
Reliuons et fournitures diverses. . . . . .1 1578.05 16.00 248.80
259016 .13
Total pour la maçonnerie. . . . . . . . . . 56 477,081 47.25
Total des dépenses à l'entreprise... . . . . . . . . . . . . | 598 538 . 42 500 .87
Dépenses en régie.
.. . .. .. : .| 1757963561803.57
..12
peaberie .. . . . . . . . . . :. :. :. :: :: ::. :::|:
Arpente. . . . . . . . . . . .
:i
Total des dépenses en régio. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32678. 561 27.34
Total général. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 631 216.58528.21
206 MEMOIRES ET DOCUMENTS.
Tableau n° 3. — Exposition universelle de 1867. – Service mécanique général.
Force motrice employée par les divers service de l'Exposition.
FORCE DÉPENSES NOMS DES PAYS
motrice à la charge
DÉSIGNATION DES SERVICES. en
de
la commission
employant
chevaux. impérialo. la force motrice .
chev. francs.
1. - Services où la production de la force
motrice était à la charge de la commis
sion impériale.
30640 183600 France ,
Belgique
24 000
26 000 Prusse et,eAllemag
(1) Allemagn du Sud ne
.
du Nord
2010
24000
12000
10000
Autriche.
Suisse.
Service mécanique du Palais. . . . . . . 3 Espagne.
Suèd e et Nowéroumaines.
Principaulés ge.
50 30000 Etals-Unis d 'Amérique .
100
régie
60 000
183.50
Grande-Brelagne.
Total pour le service mécaniquedu Palais. 635
100
371 403.50
39 182 00
Service de la ventilation du Palais. . . . . 325 44924 .00
Service bydraulique. . . . . . .
1060 455509.50 (3 )
II. - Service où la production de la force
motrice était à la charge des exposants.
15410 France.
Pays-Bas.
Belgique.
Service mécanique du parc. . . . 25 Allemagne du Sud .
19 Grand e- Brelagne.
Total pour le service mécanique du parc. I 213
Total pour les divers services de l'Expo 1273
sition . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0 : 1273
moteurs
Lesl'unite de la a Prusse la Belgique
et dela section étant desservis par600la àmême chaudière,
prix((1)2) deCes de force été, pour prussienne, abaissé deintéressés.
Etats
payées depar lales commission
444 francs.
13) La dépense motriceontà laété charge
de la forcetardives
petites installations
moyenne, pour les divers services, à 430 francs.
impériale revient as
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES.

CHRONIQUE.

Septembre 1869 .
SOMMAIRE. – Rapport à l'Empereur par le ministre des travaux publics , –
Travaux des conseils d'hygiène et de salubrité en 1867. - Pontsuspendu sur
le Niagara . — Résultats de l'exploitation des chemins de fer de France en
1868. – Nominations d'officiers d'Académie. – Complément et errata de
la Note n° 231 de M . Jollois sur les déversoirs des levées de la Loire, insé
rée au précédent cahier. – Bulletin bibliographique.
Rapport à l'Empereur. - La loidu 30 novembre 1850 qui permet,
sous certaines conditions, l'admission desconducteurs dans le corps
des ingénieurs, vient de recevoir une première application . Nous
mettons sous les yeux de nos lecteurs le rapport présenté à
S . M . l'Empereur, par Son Exc. M . le ministre des travaux publics
à l'appui du décret du 15 septembre qui nomme M . Caillié ingé
nieur de 3e classe :

Sire,
En exécution de la loi du 30 novembre 1850, qui permet, sous
certaines conditions, l'admission des conducteurs des ponts et
chaussées dan: le corps des ingénieurs, un concours a été ouvert
à Paris en 1868 et 1869, conformément aux dispositions du règle
ment d 'administration publique en date du 2 mai 1868 , entre les
conductcurs qui s'étaient fait inscrire pour subir les épreuves ré
glementaires.
Deux conducteurs se sont présentés : l'un d 'eux, M . Caillié, a
traversé avec succès toutes les épreuves : il a obtenu , sur toutes
208 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
les parties de l'examen , un nombre de points supérieur au mini
mum fixé.
Le rapport de la commission d'examen , constate , en ce qui
touche les épreuves théoriques et pratiques, que, pour chaque
groupe de connaissances, le candidat a obtenu plus de la moitié des
maxima et plus des deux tiers du maximum correspondant à l'en
semble des groupes.
M . Caillié remplit, d'ailleurs, toutes les autres conditions indis
pensables pour entrer dans un corps qui doit la considération dont
il jouit, non -seulement à son instruction si profonde et si variée,
mais encore à ce sentimentde dignité personnelle etde haute mo
ralité qui fait sa force.
Dans ces circonstances, Sire , je ne puis que proposer avec em
pressement à votre Majesté de nommer M . Caillié ingénieur ordi
naire de ze classe au corps impérial des ponts et chaussées, et tel
est l'objet du projet de décret que j'ai l'honneur de soumettre à
la signature de Votre Majesté .
J'ai l'honneur d'être , avec le plus profond respect, Sire, de
Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant et très fidèle ser
viteur .
Le ministre de l'agriculture, du commerce
et des travaux publics,
Signé E. GRESSIER.
Travaux des conseils d'hygiène et de salubrite publique en 1867.
- Sur la proposition du comité consultatif d'hygiène publique,
des récompenses honorifiques ont été décernées auxmembres des
conseils d'hygiène et de salubrité, en raison des services qu 'ils ont
rendus en 1867. La circulaire ministérielle du 15 mars 1869 en
contient la liste sur laquelle nous lisons le nom de M . Billaudel,
ingénieur des ponts et chaussées à Versailles, membre du conseil
central de Seine-et-Oise, porté pour une médaille de bronze avec
la mention :
& « Auteur de rapports intéressants sur des questions d'hygiène
publique. »
Cette circulaire contient sur les travaux des conseils d 'hygiène
en 1867 des indicatioņs intéressantes, dont nous détachons le pas.
sage suivant :
« Les questions relatives aux établissements classés occupent,
comme d'ordinaire, la plus grande place dansles travaux des con
seils d'hygiène en 1867. Ainsi, dans le seul département du Nord,
qui, à la vérité, tient la tête, 307 rapports sur des questions de ce
CHRONIQUE. 209
genre ont été lus et discutés, tant au conseil central que dans les
conseils des six autres arrondissements. Grâce à l'intervention de
ces conseils, des faits d'une haute gravité pour la salubrité pu
blique ont été constatés et réprimés immédiatement par l'au
torité compétente.
u Toutefois, ainsi que le comité ne manque pas de le faire remar
quer , les conseils de salubrité, dans leur tâche, n'ont pas perdu
de vue que si leur action protectrice doit s'attaquer aux abus, elle
ne doit en rien gêner l'industrie dans son essor; qu'elle doit, au
contraire, favoriser ses progrès en indiquant les procédés et les
méthodes les plus propres à dépouiller certaines pratiques indus
trielles de ce qu'elles ont de dangereux pour les ouvriers qui s'y
livrent.
« Au nombre des travaux importants des conseils d'hygiène du
département du Nord, le comité cite 'particulièrement: 1° la ré
glementation des brasseries; 2° les prescriptions à iinposer aux
distilleries , aux fabriques de sucre et à toutes les industries qui
déversent dans les cours d'eau des liquides altérables, à raison des
matières organiques qu'ils contiennent; 3° les expériences com
paratives faites avec le réactif Suvern (* ) et avec la chaux seule
pour désinfecter les eaux sales provenant de fabriques ; 4° enfin
les rapports intéressants de M . Meurein sur l'état de la salubrité
publique dans le département, rapports où la question de l'infec
tion des cours d 'eau par les résidus industriels et celle des moyens
d'y remédier sont traités avec le plus grand soin .
« Dans les dix -neuf autres départements, notamment dans ceux
de Seine- et-Oise, de la Gironde, de l'Hérault, de la Somme, de
l'Aisne et du Gers, le comité a trouvé à signaler des travaux de
même ordre , dunt quelques-uns ont un égal intérêt. Dans la Gi
ronde, c'est surtout la question des dangers résultant de l'emma
gasinage de l'huile de pétrole qui appelle la sollicitude du conseil
de salubrité de Bordeaux , dans l'llérault, c'est le moyen d 'empè
cher l'infection des cours d 'eau par les vinasses provenant des dis
tilleries de trois-six ; le travail du conseil central à ce sujet est,
dit le comité, un véritable traité qui sera consulté avec fruit.
« Les travaux relatifs à l'hygièue générale,à la salubrité et à l'as
sainissement des villes sont représentés, en 1867 , par un certain

(0) Chlorure de magnésium . . . . . . . . . . . , 10 kilog.


Chaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Goudron de gaz.. . . . . . . . . . . . . . . . 10
2 millièmes du liquide å purifier.
Annales des P. et Ch , MEXOJRES. – TONE XVIII.
210 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
nombre d'études intéressantes: le comité place au premier rang,
pour le mérite et l'utilité, un travail de M . le docteur Hecquet,
membre d'un des conseils d'hygiène de la Somme; ce travail, in
titulé : « Recherches sur les eaux de l'arrondissement d 'Abbeville
« au point de vue de l'hygiène, » est la continuation , sur une
grande échelle, d 'études analogues faites précédemment par le
même médecin sur les eaux de cette ville . L 'eau y est surtout étu
diée au point de vue des usages domestiques.
« A cette occasion , le comité fait remarquer qu'il serait du plus
grand intérêt pour l'hygiène de connaître la composition exacte
de toutes les eaux en usage comme boisson habituelle , pour pou
voir ensuite apprécier leur influence sur l'organisme. Ce que des
études partielles ont laissé entrevoir à ce sujet fait vivement dé
sirer au comité qu ’un travail complet, entrepris sur une vaste
échelle , vienne fixer les incertitudes qui peuvent encore exister .
Les conseils d'hygiène et de salubrité disséminés sur toute la sur
face de la France étant dans les meilleures conditions pour entre
prendre une telle cuvre, le comité exprime le veu qu 'ils s'occu
pent de l'hydrologie complète de leurs départements, de manière
à procurer à l'administration les matériaux d 'un travail d 'ensem
ble qui manque.
« Passant de l'étude des eaux employées commeboisson à la ques
tion des cours d 'eau envisagés au point de vue de la salubrité pu
blique, le comité a constaté d'intéressants travaux , notamment
dans les départements du Nord , de Seine-et-Oise et de l'Hérault .
La plupart ont pour objet de remédier à l'infection occasionnée
par les matières putrescibles provenant d'usines et versées dans le
lit des ruisseaux .
a.Il signale, en outre, dans les comptes rendus de Seine -et- Oise ,
un projet ayant pour but de fournir à la ville de Versailles la
quantité d 'eau dont elle a besoin pour ses services publics et un
rapport remarquable de M . le secrétaire du conseil central surles
moyens d'assainir les égouts de la même ville . »

Pont suspendu sur le Niagara. - M . l'ingénieur Jozon veut


bien nous communiquer, pour la chronique des Annales, les notes
suivantes, qu'il a recueillies dans un voyagerécent en Amérique,
sur le grand pont suspendu jeté au -dessus du Niagara entre les
chutes et le pont suspendu servantau passage du chemin de fer.
Le nouveau pont suspendu sur le Niagara, dit M . Jozon , est
placé en face des chutes à un kilomètre environ au -dessous de la
CHRONIQUE. 211
grande chute dite fer à cheval, et à 2 kilomètres au -dessus du
pont suspendu du chemin de fer.
A cet endroit, le fleuve a environ 350 mètres de large, et coule.
entre deux murailles verticales taillées par les eaux dans le banc
schisteux qui forme le plateau à travers lequel le Niagara a creus
son lit.
La partie suspendue du pont a 362 mètres de long.
Les piles qui supportent les chaînes sont distantes d 'axe en axe
de 386 mètres . Elles ont 30 mètres de haut. et sont formées par
des troncs de pyramides quadrangulaires en bois assez sem
blables aux échafaudages quiservent à la construction des maisons
à Paris. La base inférieure de la pyramide a 8 .50 de côté , et la
base supérieure " .20. Les montants placés aux arêtes de la pyrå
mide sont formés chacun par quatre poutres en sapin , de o".30
d'équarrissage. Les quatre montants se réunissent au sommet, et
forment la base supérieure de 2" .20 de côté, composée ainsi des
seize extrémités des poutres . Les montants sont reliés sur chaque
face par des poutres inclinées à 45° et formant croix de Saint
André.
Le tablier du pont est en bois et a 3 mètres de large; ses disposi
tions n 'offrent rien de particulier. Il est compris entre deux trot
toirs de 1 .60 de haut, formant deux petites poutres droites (sys
tèmeHowe) et s'opposant aux oscillations qui pourraient provenir
du passage des voitures ou de l'action du vent.
Les câbles de suspension sont formés par sept cordes contenant
chacune 133 fils de fer de 3 millimètres de diamètre environ .
Chaque câble pèse 100 kilogrammes par mètre courant. Il n 'y a que
deux cables, un de chaque côté du pont. Comme ils sont placés
sur les piles à nº.5o de distance et qu'ils soutiennent le tablier
dont la largeur n 'est que de 3 mètres, ils ne prennent pas la forme
parabolique,mais se disposent,par suite des forces différentes qui
les sollicitent, suivant une ligne gauche très-sensible et d'assez
mauvais effet lorsqu'on semet dans l'axe des pilespour la regarder .
Lorsqu'on se place au contraire à quelque distance du pont,et sur
le côté, le gauche disparait et les câbles s'offrent sous l'aspect
d'une belle courbe parabolique surbaissée , de 386 mètres d'ou
verture et de 30 mètres de flèche.
En dehors des câbles de suspension, il y a deux autres cables
plus petits , composés chacun de six cordes en fils de fer , qui pas
sent sur les piles, et qui servent au contreventement vertical.
Chacune des six cordes part du sommet de la pile, et vient direc
tement s'attacher à l'une des traversines du tablier. Ainsi, en
212 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
dehors de la suspension par les câbles gauches paraboliques, il y
a de chaque côté douze points qui sont suspendus par des cordes
en fer spéciales venant en ligne droite du sommet de la pile. Ces
cordes sont du reste reliées à toutes les tiges de suspension qu'elles
rencontrent et ſorment ainsi une sorte de triangulation géuérale
de toutes les tiges et cordes qui se trouvent dansles deux surfaces
(à peu près verticales)de suspension.
Les mouvements horizontaux et les soulèvements sont détruits
par un troisième systèmede cordes en fil de ſer ancrées de chaque
côté dans les rochers qui bordent le fleuve, et fixées à la partie
supérieure à l'extrémité des traverses où viennent aboutir les
cordes de contreventement vertical. La direction de ces dernières
cordes est oblique et irrégulière ; on a choisi les meilleurs points
d'ancrage, et la direction des cordes s'est trouvée ainsi déterminée
par ia configuration du terrain .
Le poids total du pont est estimé 250 tonnes .
Le pont est destiné aux piétons et aux voitures pesant moins de
5 tonnes. Il a été ouvert à la circulation le ii février 1869, et n'a
subi depuis cette époque aucune avarie. J'ai pu constater par ex
périence qu 'il n 'éprouvait pas d'oscillation sensible lors du passage
des piétons et des voitures assez lourdement chargées, qui l'ont
traversé pendant que je l'examinais.
Résullals de l'exploitation des chemins de fer en France pen
dant l'année 1868. M . Michel veut bien nous adresser la suite de
ses études sur ce sujet.
Les tableaux suivants, dit l'auteur, donnent les résultats de
l'exploitation des chemins de fer dépendant des six grands ré
seaux , pour l'année 1868.
Les chiffres extraits des comptes rendus des compagnies sont
groupésdans les inèmes cadres que ceux qui ont été publiés dans
la chronique des Annales, en mars et septembre 1868, tome XV,
page 205 , et tome XVI, fage 551.
Il n'a pas paru utile de comparer les résultats de l'année 1868
avec ceux de l'année 1867, à cause de la perturbation amenée dans
la circulation normale par l'Exposition universelle de 1867. Si l'on
veut tirer de ces tableaux queiques enseignements sur le dévelop
pement et la marche de l'industrie des chemins de fer, il faut se
reporter à ceux de l'année 1866 .
En prenant la moitié de la différence entre ies résultats de 1868
et de 1867, on aura le mouvement de progression annuel à pro
prement parler.
CHRONIQUE . 213
Enfin nous avons suppriméune colonne, celle qui donnait l'ac
croissement pour cent dans les recettes d 'une année à l'autre .
Chaque réseau s'accroit chaque année d'un certain nombre de
kilomètres qui viennentapporter leur contingent de recettes, sans
qu'on doive les considérer comme une augmentation de dévelop
pementde circulation sur le réseau entier. Si l'on veut au contraire
établir la comparaison sur la recette par kilomètre , les lignes ré
cemment ouvertes font baisser la moyeune et rendent encore les
comparaisons boiteuses.
Nous avons remplacé cette colonne par deux autres, où se trou
vent indiquées les moyennes de parcours des voyageurs et des
marchandises sur chaque réseau .

Tableau
TU nº 1 (page 214).
. Ce tableau montre que la longueur moyenne exploitée est de
15 100 kilomètres, soit 1581 de plus qu'en 1866 . C 'est une aug
mentation de 800 kilomètres par an .
Le nombre des voyageurs a augmenté de 7 500 000 ct celuides
tonnes de marchandises de 8 500 000 en deux ans. Ces augmen
tations sont peu considérables, car en comparant le nombre total
de voyageurs au développement total du réseau , on voit qu 'il y
a en moyenne 6 500 voyageurs par kilomètre en France.
Les 1 581 kilomètres ajoutés en deux ans, auraient du fournir à
eux seuls une augmentation de 10 millions de voyageurs, tandis
que nous n 'en avons que 7 millions et demi. On devrait même en
conclure une diminution dans la circulation des voyageurs en
général, si l'on ne savait que sur les i 581 kilomètres de chemins
ouverts récemment, le mouvement n 'atteint pas la moyenne géné
rale obtenue sur les anciennes lignes. .
Sur le Nord on trouve 10 ooc voyageurs par kilomètre de che
mins de fer, sur l'ancien réseau de l'Est on va à 12 000.
Mais sur l'Orléans et sur le Midi, on descend au -dessous de
4 000 voyageurs par, kilomètre . Il y a une différence remarquable
sous ce rapport entre les habitudes des populations industrielles
du Nord -Est et celles des populations agricoles du Sud-Ouest.
Nous avons eu occasion de faire ressortir ces différences dans
notre travail sur le trafic probable des chemins de fer d'intérêt
local (Annales des ponts et chaussées, page 156, t. XV , 1868 ).
Le chiffre du tonnage des marchandises est très-sensiblement la
moitié de celuides voyageurs, pour l'ensemble de la France.
Naturellement la proportion n 'est pas gardée sur les chemins
marchandises
.des
voyageurs
etnº1- ouvement
MTableau
214

AN.PAR
NOMBRË .PARCOURS
KILOMÉTRIQUE PARCOURS
LONGUEUR kilométrique
unités
detoutes
.
LIGNES moyenne .
Tonnes .
Tonnes .
trafic
de
en1868
exploitée
. .Voyageurs .
vitesse
Petite .
Voyageurs vitesse
Petite Grande
petite
vitesse
.et
2
Aréseau
.| ncien 01 66 167
12886 051
7442 362
443195 019
284
827 1409
000
834
Nord Nouveau
réseau
. 329 760 >
Ensemble
. 1395 051
862
13 7622 508
159
609 384
634
893
Ancien
réseau 2020 242
7449 3633848 000
875
467 000
132
707
000
752 1389
000
807
.
Orléans Nouveau
. réseau
Ensemble. 1342 3749523 2523167 000
219
132 274 431
000
961
. 3362
de
Chemin
.Vincennes 977 5734
363 17
360 127
786
42 521
232 1116037
000
.Est Ancien
réseau 11
976
166 484
5844 113
996
356 310
146
656
Nouveau
. .réseau
7703
450 4679814 181
519
251 532032
456 000
351
766
Ensemble
. 2662 143
15455 683
7334 608
297
515 342
678
1112 193000
1841
Ancien
.réseau 900 080
131
523 625
565
379 000
127
1035
.
Ouest réseau
.Nouveau 1233
.Ensemble 2123 27
064978 3879019 082
178
712 310
974
535 1435
000
852
Ancien
réseau 2072 832 620
783
13 6(a)8 01 455
076
801 699
148
1829 2897
000
417
MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

. Nouveau
.Méditerranée Ensemble .réseau 1758 26 05 737
712 )6384
la 093
034
253 231
702
433 000
606
749
. 3830
Ancien
réseau 798 3 82
032 851
2 07 188
900
851 775
645
344
.
Midi Nouveau
. réseau
. 932 3105858 1883
93 400
387
99 900
081
59
Ensemble
. 1730 6487
890 665
3514 407
750
289 988
119
420 000
255
765
Totaux
nombres
en
.ronds 15102 000
34 000
500
47 3770
000 000
6200 |11
000
058
ppagnie compris
a) on
transports
pour
faits
Nde
Com
compte
laleles voitures
et
bestiaux
des
poids voitures
le.(B)Ycomprisraite
et
bestiaux
des
poids
du
réduits
à. rix Deduction
Cos
CHRONIQUE . 215
de la banlieue, et par conséquent, sur les réseaux de l'Est et de
l'Ouest.
Les chemins de banlieue de l'Ouest ont une circulation de
920 000 Foyageurs par kilomètre .
Le chemin de Vincennes en a 330 000 par kilomètre.
Enfin le parcours kilométrique de toutes les unités de trafic ,
grande et petite vitesse, s'est élevé en 1868 à plus de 11 milliards
de kiamètres.
Tableau nº 2 (page 216 ).
Comme les années précédentes, le produit brut du trafic en
prageurs n 'est que la moitié de celui du trafic en marchandises,
poique le nombre des voyageurs soit le double du tonnage des
tarchandises.
On en trouvera l'explication dans la colonne du tableau nº 3,
Ikervé aux parcours kilométriques moyens.
Le parcours moyen d'une tonne est plus que trois fois le par
cours d'un voyageur . C 'est dire que les chemins de fer ne servent
pas pour les transports de marchandises à courte distance.
Le chiffre total des recettes est de 658 millions, et le chiffre
total des dépenses est de 305 millions, en y comprenant les dé
penses de renouvellement de la voie et du matériel roulant.
"Le rapport de la dépense à la recette est de 47.80 p. rou, et pa
raitun peu au -dessous du rapport constaté en 1866 . Mais on verra
sansdoute le rapport s'élever dans les années suivantes, à mesure
que se développerontles chemins de fer à pentes fortes et à faible
trafic qui constituent presque toutes les nouvelles concessions à
crécuter par les compagnies d'après les conventions de 1863 et
de 1869.
Tableau nº 3 ( page 217 ).
La recette moyenne par kilomètre exploité est de 43 500 en 1968 ;
ele était de 44 200 en 1866 . On voit l'influence de l'ouverture des
nouvelles lignes dans l'abaissement du chiffre des recettes kilomé
tiques.
La dépense est restée la même, à très-peu près 20 000 francs
på kilomètre.
Le détail des dépenses ordinaires entre les différents réseaux
n'est pas établi sur des bases uniformes , parce que les compagnies
Satres que le Nord et le Midi n 'y ſont pas figurer les dépenses de
fenouvellement de voie et matériel roulant. La compagnie d'Or
léans n'y fait pas entrer non plus le supplément d'appointements
Tableau
recettes
nº2—Détail
dépenses
.etdes
TOTALES
RECETTES
NETTES odépenses
etId'des éduction
npot
da1/del(0°rdre DÉPENSES
RAPPORT
).
216
totales de
LIGNES ACCESSOIRES .
MARCHANDISES ordinaires
ladépenso
.
VOYACEURS .
ACCESSOIRES et
.
vitesse
Grande .
vitesse
Petite .
vitesse
Petite (a)
TOTALES la
.extraordinaires
recette
10 11 12 13 14
,francs francs .
francs .francs .
francs .
francs
ncien
A(.réseau 853
26674 880
7041 47
022
298 1280
222 84
604845 36
022677 42.50
.
Nord Nouveau
résea 674
2941 487
425 738
2623 410
93 651
6138 3317
507 .00
54
Ense
. mble
A( ncien
.réseau 700
26077 8197
795 815
46509 4407
567 878
85192 945
296
39 .00
46
.Orléans .
Ensemble
Nouveau
réseau 6838
657 1236
359 15239
033 857
650 23
907
964 15
815
477 .6640
. 6964025 )3
Ancien
.réseau
Nouveau 837
19731 425
4049 643
36762 793
757 487
626
61 346
29590 .0
043
.Est réseau
E|.blensein 601
12163 2914
559 795
30166 509
50598 340
28366 56.00
442
895
31 025
6964 67
234
687 996
224
112 57956686 .651 0
.
Ouest A(.réseau
ncienNouveau
réseau
.(d) 758
651
27 4593
860 178
002
24 018
3128 816
375
59 468
268
39 .00
49
4458332 467
11795 6814
820 .00
58
.)(eEnsemble 847
36972 728
270
34 499
82100 239
492
42 .751 0
Ancien
.réseau
Médit 508101
45 616
743 898
691
108 419
2331 071
980
169 213
241
64 37.80
réseau u ée
N. ouveaerran 13836611 13422
2777 913
28488 1699
296 244
802
46 183318
25 .80
53
MEMOIRES ET DOCUMENTS .

.Ensemble 216
315
782 531
424
89 .2415
.
Midi réseau
A(. ncien
Nouve
réseau au 149
9917 366
2006 23281494 1117295 36
000
400 12
985
803 .18
35
Ensem
. ble . 5165053 309
579 5033
010 200
146 955
11005 8215
709 .65
74
955
405
47 694
019
21 .40
44
Totaux
nombres
en.ronds 000
800
202 43000 380
000 000
658 000
305 47.80
recelles
.les
c)Y(alreompris
s RAcompris on
miens
laN(6) ouen
.àd'ligne (d)Les
au1erjan
ouvertes
lignes
des
ceux
sont
donnés
résultats
lladiicvusediverses (c)Les vier
donnés
résultats
lignes
des
ceux
sont
ouvertes
au1erjan .
1865 ()Y ompris
résultats
les
parties
deux
nouveau
réseau
c.dudes
rsVeléser ults Luxembourgeois vier
,y ompris
1868
c.leréseau
Tab
- leau des
recetiltes
etDeta anpar
.etAdiometr
dépenser
recettes
des
tail e
del
RECETTES
parkilom etre DEPENSES DE
DES ORDINAIRES PRODUIT DÉPENSES
. metre PENNES
DETAIL kilo PARCOURS
MOYEN
LIGNES etpar
an
, tion par ordinaires par par
net dorenon
déduc
falte kilometro kilomètre vellement
Adul Exploita Traction
. .
Voie an.
par
Col des d'un d'une
du1/. 0 l'idempot an.par .
nistration tion voles
,lo voyageurtonne
16 17 18 19 20 21 22 23 .
23bis
réseau
A(. ncien .francs .francs franss
. francs .
francs .
francs ,
francs .francs
Nord 367
79 33
792 51 03 11
509 13608 7172 )(45575 34 111
Ensemble réseau
.Nouveau
. 36 117
Ancien
réseau
., Orléa 171
42 13963 21 21 4730 84 76 3134 :297100 63 195
E( nsem
.réseau
Nouveansu 17
857 9156 840 2622 3164 52 29 141184336 109
. ble
.
Est reseau
A(. ncien 077
63 25
477 1003 9897 10388 3588 600
37 4549
624 112
réseau
.Nouveau 26325 13798 4857 5320 2173 12
527 716
2460 32 97
E.| nsemble 38711 17
731 1301 56 55 7028 2849 977
30 39 151
CHRONIQUE.

Ancien
réseau
. 63913 27897 1831 1US9 10499 4375 076
38 2503
490
Ouest
. réseau
(a).Nouveau
Ensemble
. 671
35 26 138
réseau
A(. ncien
Médit
N. ouveaerran 81
997 28
148 119
:9 12185 11051 2952 53
818 5889
617 202
u ée 26
622 13
003 08. 5164 4758 2250 13018 232293058 67
E(. nsemblréseau e 8212547
.
Midi |Ancien
.réseau 014
45 12
803 1601 5552 5928 2962 32811 156
E.| nsemblerésea
Nouveau 808
11 8815 2993
>>
Moyen
. nes 43500 20
000 500
23 130
compris
(a)Non
leslignes
après
ouvertes
le1erjanvier
.1865 courant
alignes
c1865 nnée
ouvertes
leles1(6)Y ompris
.del'dans
217
218 NÉMOIRES ET DOCUMENTS.
qu'elle donne à ses employés sous forme de participation aux bé
néfices, ce qui constitue en réalité une des charges de l'expoitation .
En ce qui concerne la dépense de renouvellement des voies et
matériel roulant, nous ferons observer qu'elle s'élève généralement
de 4 à 1 des dépenses totales, et qu 'elle absorbe 6 p. 100 de la
recette brute .
Tableau n° 4 (page 219,
La recette par kilomètre et par train ressort à peu près à 6 fr.
eu 1868, comme en 1866 .
Les frais d'exploitation par kilomètre et par train s'élèvent à
2 . 85 , en y comprenant les dépenses extraordinaires.
Le chiffre de 2 .50 donné en 1866 ne comprenait pas ces dé
penses, qui l'auraient fait monter à environ 2 '.80 . Il y a dans tous
les cas une augmentation de dépenses sensible par suite de l'ou
verture des nouvelles lignes.
Les observations faites précédemment (tableau nº 3), sur les
bases adoptées par les diverses compagnies pour établir le détail
des dépenses par kilomètre , s'appliquent également au tableau.
nº 1.
Les résultats ne seront pas comparables aussi longtemps qu 'on

-
ne ſera pas figurer les dépenses de renouvellement dans les char

-
ges de l'exploitation . Ce n 'est pas une charge passagère, c 'est une

-
dépense courante. Lorsqu'une voie est âgée de dix à quinze ans,
elle a besoin d'être renouvelée en entier : voilà ce qu'enseigne
l'expérience. Après les lignes de l'ancien réseau , ce seront celles
du nouveau qui demanderont à être renouvelées et ainside suite .

Tableau nº 5 (page 220 ).


La taxe des voyageurs et des marchandises est toujours sensi
blement la même, et à peu près oʻ.06. Il y a eu encore une légère
diminution de 0 .0015 entre l'année 1866 et l'année 1868.
Le mouvement se fait toujours dans le même sens, vers un
abaissement de tarifs. On arrivera naturellement sans mesure ex
ceptionnelle comme on en demande souvent, jusqu 'à la limite où
les réductions deviendront impossiblez.
Le prix de revientdu transport d'une unité de trafic (voyageurs
ou inarchandises), à une distance de 1 kilomètre, ressort en 1868
à o '.0275. C 'est une légère augmentation sur 1866 , due comme tou
jours à l'ouverture des lignes du nouveau réseau .
L 'insuffisance des produits de ce réseau pour couvrir les frais
parcourant
recettes
dépenses

etdes
d—Dun
'u. étails
,train
kilomdtra
n
RECETTES
DÉPENSES .trala ORDINAIRES
DES
DÉTAIL
kllométrique
par DÉPENSES PRODUIT MOYEN
PRODUIT
net
1/du0
del'mpot
faltodéduction parIkilomètre kilo
par
. ES
LIGN -parkilom1 ètre et Administr
- a Explolla .Traction .Voie
métro
et nno
'udvoyageur
train
par
p.etar .
lion •,tion 0ondo
impot
ycompris .l/1duPpar
train
2524 26 27 28 29 30 31

ncien francs ,
francs .francs .francs francs
. Srancs .
francs .
francs
.Nord A(:.réseau
Nouveau .75.francs
03 2. 16 0.108 0.827 90. 75 0.516 | 3.4().87 2.07 6.35
E|. nsemble .réseau .20 6.83
(Ancien
:.réseau
Orléans 14 .02 3 1,0 8 6.0 9 70. 1 .40 5 3.85
Ense réseau
N. ouveau 6.4.20 2.15 0.20 0.62 7.0 4 0.59 1.83
. mble
Est Ancien
réscau .12 17 1.0 33 0.823 80. 63 .20 93 .03 13 (a)1.77 .95 8
. réseau
2.426 0.101 i0.85 90. 36 0.435 1.984 .71 7 6.15
Ensem
. ble
,.Nouveau 4.44.85.1013 2. 65 0.160 8.0 37 80. 98 .30 64 2.535 2.16 8.69
CHRONIQUE.

Quest (Ancien
.réseau 5.72 2.42 1.0 59 .90 71 9.0 10 0.380 3.30
. Nouveau
réseau
Ensembl
.
.e (b)1.366 .88 35
Ancien
réseau 2.61 .10 82 .11 32 0.1 27 5.00 .63 30 .532
11
. réseauN.Méditerr
ouveau anée 7.65.711 2.80 0.179 .11 15 .01 27
0.20.47486 2.94 .42 86 .93 88
Ensem
. ble
Ancien
réseau 7.32 .52 7 0.890 .90 51
.90 64 ,40 75 74.1 51 386 10.54
.Vidi Nouveau
. réseau
. 4.15 .92 1 ;0.390.257 0.941 90. 56 0.617 1.211
Ensemble
. 6.33 2.69 0.307 9.0 09 0.426 3.61
Moyen
. nes 6.00 (c)2.85 3.15
.de lechemin
(a)Non
banlieue
leslignes compris
(b)Non.deVincennes
compris
.dépenses
extraordinaires
lesYc(C) ompris
617
Tableau
-Tarif
etprix
transport
voyageur
dun°5
revient
moyen
kilomètre
unpar
marchandises
de,pune
tonne
.oupour
our
deRésultats
nouveau
réseau
.dul'exploitation
320

TAXE TRANSPORT
DU
REVIENT
DE
PRIX
par
kilomètre trafio
de.
unité
par INSCFFISANCESOMME
.
LIGNES des
produits déversée
voyageur
d'un du apar
l' ncien
du1/.l'i0mpoicy ompris .d'une
tonne Tractio
nseule
Total
.réseau
.ouveaun .réseau
33 34 35 36 137 38
.francs .franes .francs francs
. .francs Iran
. cs
.
Nord réseall
.Ancien .00 662 0.0572 0.0255 0,0013 000
3707
Nouveau
réseau
. 3707
000
Ensemble
. .00 660 0.0583
Orléa reseau
A.( ncien
Nouveau
0.061
0.057
.00 65 0.0283 0.010
106
16876 700
502
. ns Ensemble
.réseau 0.055
0.062
0.0358 0.0123
.
Ancien
réseau 0.0553 0.0532 0.0260 .00 105 434
4156
.Est Nouveau
. réseau
. 0.0541 0.0631 370 0.0146 762
13935
.
Ensembl e 0.0548 0.0573 .00.00 315 0.0125
Oue Ancien
.réseau >>> 0.0 282 0.0105 345
558
. st Nouveau
.réseau 7419330
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

Ensembl
. e 0.0570 0.0639 .00 296
réseau
A.( ncien 620 0.05829 00. 222 0.00872 839
988
24
Méditerranée Nouveau
.réseau 0.00.0600 0.06303 .00 338 0.0124 839
988
24
Ensemble
.
Ancien
reseau
. Nouveau 0.0583 00. 675 381
3555
.
Midi .réseau
Ensembl e 3398
000
:. 0.0274 0.0096
Tolaux
. 807
69555 468
37699
Moyen
!. nes 0.059 0.060 0.0275
CHRONIQUE. 2 2 1

d'exploitation et l'intérêt à 4 .65 p. 100 des dépenses de construc


tion va toujonrs croissant.
Elle s'élève en 1868 à près de 70 millions, soit 12 millions de
plus qu'en : 866 .
Mais lieureusement les produits exclusifs de l'ancien réseau vont
en croissant à peu près parallèlement, et aussi les sommes préle
vées sur les bénéfices de l'ancien réseau en atténuation de la ga
rantie de l'État se sont augmentées de 10 millions et demi. De
sorte que la somme à payer par l'État pour parfaire les insuffi
sances des produits du nouveau réseau, n'est que de 32 millions,
et reste dans les limites des prévisions, sur lesquelles ont été éta
blies les conventions de 1863.
Nominations d'officiers d 'Académie. — Par arrêtés du ministre
de l'instruction publique, en date des 11 et 16 août 1869, ont été
conférées à un certain nombre de personnes, pour la plupart ap
partenant aux fonctions publiques ou aux pouvoirs locaux, des
distinctions honorifiques, à raison des services qu 'elles ont rendus
à l'instruction primaire.
Sur la liste des officiers d'Académie, nous relevons les nomsde :
MW. Don de Cépian , ingénieur en chef des ponts et chaussées en
retraite,délégué cantonnal à Carcassonne;
Lsgout, ingénieur des ponts et chaussées, à Nogent-sur -Seine
Jube , directeur de cours d'adultes ;
Parant, conducteur des ponts et chaussées à Bourg, fondateur
de cours d 'adultes.
Complément et erruta de la note n° 231, de M . Jollois, sur les
déversoirs des levées de la Loire, insérée au précédent cahier .
L'auteur nous demande l'insertion des observations suivantes :
Les valeurs m = 0 .30 et m ' = 0 .60 , des coefficients de contrac
tion que j'ai adoptées pour calculer le débit d 'un grand déversoir
ont été déterminées par les considérations suivantes :
MM. Poncelet et Lesbros ont trouvé que le coefficient m a des
valeurs d'autant plus faibles que la hauteur du niveau du bief su
périeur au dessus de la crête du déversoir est plus grande. Leurs
expériences ont donné pour des hauteurs croissant depuis 0".On
jusqu'à 0 ".22, des valeurs décroissant depuis m = 0,424 jusqu'à
m = 0 .385.
Le coefficient in ' applicable à l'écoulement par un orifice rec
tangulaire vertical et noyé par le bief d'aval, diminue également
lorsque la hauteur de l'orifice augmente et varie avec sa forme
depuis m ' = 0.728 jusqu'à m ' = 0.625.
222 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Les expériences semblentindiquer qu 'en augmentant d'un côté
la hauteur de l'orifice vertical, le rapport des deux coefficients
tend à devenir égalà
Je suppose donc que dans les déversoirs des levées de la Loire;
on ait en effet m ' = 2m , et je déduis ainsi de la formule (1 ) l'ex
pression du débit d 'un déversoir en fonction de ses dimensions, de
la hauteur de l'eau, et du seul coefficient m ; de sorte qu 'il suffit
de connaître le débit d 'un déversoir donné, pendant une crue
donnée , pour en déduire la valeur du coefficient m .
Or il existe depuis longtemps à Blois un déversoir dont le débit
a été calculé par M . Sainjon , au moyen d'une formule empyrique,
qui a été adoptée par M . l'inspecteur général Comoy dans ses
Eludes sur les inondations de la Loire, et quilui a toujours donné
des résuitats aussi concordants qu 'on puisse l'espérer avec les faits
observés.
Je me suis servi de la formule de M . Sainjon pour déterminer
le débit de ce déversoir au moment du maximum de la crue du
28 septembre 1866 , alors que la Loire marquait 7 . 10 à l'échelle
posée en amont du pont de Blois, la bauteur de la Loire au -dessus
de la crète du déversoir étant 2 " .01, et celle de l'eau d'aval au
dessus du même point 1" .85 , et j'ai trouvé le débit égal à 1 615
mètres cubes par seconde.
Puis, appliquantma formule (2) au même déversoir et à la même
crue, j'ai trouvé que le coefficient m devait être égal à 0.30 pour
donner le même débit de 1 615 mètres.

ERRATA DE LA NOTE Nº 231.

Page 112, ligne 6, au lieu de hž,lisez hi


Page 114 , ligne 4, au lieu de ph)h'(h — h'), lisez ph') '](h — h').
Pago 192, formule (6 bis) au lieu de – 0,57, lisez – 0,57 ph.
CARONIQUE . 223

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
RICOUR . — Notice sur le tube d'inversion , ou la machine locomotive transfor
mée en générateur de chaleur pour produire l'arrêt des trains ; par M . Ricour,
iogénieur des ponts et chaussées, avec une introduction et un appendice en
réponse au mémoire de M . le Chatelier, ingénieur en chef des mines. In 8,
XV-84 p. et i pl. ; lib. Dunod.
LAGRENÉ (de), — Cours de navigation intérieure. Fleuves et rivières ; par H . de
Lagrené, ingénieurdes ponts et chaussées. T. 1. In-4, viII-163 p.; lib . Dunod .
LECHALAS. – Transformation de la Basse-Loire et du port de Nantes; par
M . C . Lechalas, ingénieur en chef des ponts et chaussées, 2e édition . In -8 ,
16 p., lib . Dunod .
DESJARDINS. – Revue des diverses méthodes de quadrature en usage, accom
pagnée des moyens de contrôle des mesures lerées au graphomètre ou à
l'équerre ; et Précis des formules employées au métragede toutes les surfaces
planes, suivi d'un procédé de détermination des aires figures levées au mètre
ou au ruban sans le secours d'aucun autre instrument; par M . Desjardins,
ex-inspecte ur-voyer. Ouvrage rédigé spécialement pour les géomètres, les
conducteurs des ponts et chaussées, les agents voyers, les architectes, les
métreurs, el en général toutes les personnes s'occupant d'opérations gra
phiques sur le terrain . In -8, 71 p. et planches. Senlis, l'auteur.
Statistique centrale des chemins de fer. Chemins de fer francais au 31 décem
bre 1868. Ministère de l'agriculture , du commerce et des travaux publics .
Direction générale des ponts et chaussées et des chemins de fer In -4 , 281 p.
et i carte . Paris, imp. impériale.
NORDLING . Étude sur la jurisprudence en matière demarchés, de terrassements ;
par Wilbelm Nordling, ingénieur en chef de la compagnie d'Orléans. In - 8,
VII 214 p .; libr. Dunod .
REECH ET LECLERT. Théorie des machines motrices et des effets mécaniques
de la chaleur, leçonsfaites à la Sorbonne ; par M . Reech , directeur de l'Ecole
impériale d' application du génie maritime, recueillies et rédigées par
M . Émile Leclert, professeur à la même école. In -8, 189 p. E . Lacroix,
5 francs.
DOLLFUS-Ausset. Matériaux pour l'étude des glaciers ; par Dollfus-Ausset. T. 8,
2* partie. Observations météorologiques et glaciaires. 10-8, 438 p. Savy.
PREYCINET (DE). Emploi des eaux d'égout en agriculture , d'après les faits ob
servés en France et à l'étranger; par M . Charles de Freycinet, ingénieur au
corps impérial des mines. In-8, 136 p. Paris, Dunod .
LEFEBVRE. Nouveau manuel de cubage des bois de sciage, pour servir au me
surage de toutes les espèces de bois sciés se vendant ordinairement au
mètre cube, et particulièrement des bois de chêne, bordages, madriers,
planches, elc . (45 000) cubes exprimés en stères, décistères, centistères,
millistères etdix-millistères. Ouvrage comprenant les divers modesde cubage
en usage en France ; par J. G . Lefebvre. In -4, 89 p. Le Havre, impr.-libr.
Foucher. 2 fr. 25 c.
224 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
RONNA. Emploi des eaux d'égout en agriculture, Communication présentée au
Congrès agricole libre de Nancy (session de 1869 ) ; par M . A . Rodna, ingé.
nieur. In -8, 22 p. Libr. agricole de la Maison rustique.
LEVEL. De la construction et de l'exploitation des chemins de fer d'intérêt local.
Etudes pratiques suivies de considérations économiques et techniques sur les
chemins defer à transbordement ; par Émile Level, ingénieur, per fascicule.
In-8, 8 p. Paris, libr. Dunod.
BIBLIOGRAPHIE ANGLAISE .
CAMPIN (F . W .). - Law of Patents for Inventions; with Explanatory Notes on
the Law as to the Protection of Designs and Trade-Marks. 12mo. pp. 220,
clotb , 28. (Weale's Series) (Virtue).
Loi des brevets d'invention .
Engineering Facts and Figures, 1868. Post 8vo. cloth , 6s.(Fullarton ).
Faits et dessins concernant l'artde l'ingénieur pour 1868.
PARKINSON (S.) - An Elementary Treatise on Mechanics. 4th edit, revised. Post
8vo. pp. 390, cloth , gs. 6d. (Macmillan ).
Trailé élémentaire de mécanique.
SINCLAIR (George).- Hortus Gramineus Woburnensis; or, an Account of the
Results of Experiments on the Produce and Nutritive Qualities of different
Grasses. 5th edition, 8vo. pp. 344, cloth , 159. (Ridgway).
Compte rendu des résultats des expériences sur les qualités nutritives de
certaines herbes.
LARDNER (Dr.). — The Electric Telegraph . New edition , revised and re -written.
By Edward B. Bright. Post 8vo. pp. 282, cloth , 3s. 6d. (Walton ).
Le télégraphe électrique.
Practical Mechanic's Journal. – Vol. 4. 3rd series.4to. cloth, 143. (Longmans).
Journal de mécanique pratique .
Symons (G . J.).- On the Distribution of Rain over the British Isles during the
Year 1868. 8vo . pp . 144 , cloth , 5s. (Stanford).
De la distribution des pluies sur la surface de l'Angleterre en 1868 ,
Besant (W . H .). - Conic Sections treatedGeometrically. 12mo. pp. 260, cloth,
4s. 6d. (Bell et D .).
Des sections coniques traitées géométriquement.
Pour la Chronique :
HERVÉ MANGON.
IRRIGATIONS DE L’INDE. 225

N° 236
MÉMOIRE
Sur les irrigations de l' Inde.
Par M . LAMAJRESSE , ingénieur en chef des ponts et chaussées.

CHAPITRE PREMIER .
GÉNÉRALITÉS .

1. — Orographie .
Comprise entre les 8e et 25° degrés de latitude nord
et entre les 65° et 950 degrés de latitude sud, l'Inde se
divise naturellement et se divisait autrefois politiquement
en deux parties : l'une septentrionale appelée Hindostan
propre , terre sacrée, séjour antique des dieux ; Pautre méri
dionale nommée Décan , ou terre civilisée, séparée de la
première par une ligne droite qui joint les bouches de
l'Indus à celles du Gange et du Brahmapoutra , en suivant
la vallée du Nerbudha et la chaîne des monts Vindhya
(Pl. 208 , fig . 1 ).
Dans l'Hindostan propre se trouvent le Bengale et les
provinces du nord-ouest dont il est question de faire une
quatrième présidence avec Allahabod pour chef-lieu .
Le Décan formeà peu prèsles deux présidences de Bombay
et de Madras.
L 'Inde septentrionale est limitée par de hautes chaînes
de montagnes entre lesquelles s'étendent, au centre, d' im
menses plaines et des vallées basses. La partie sud, au con
Annales des P. et Ch., 4. série , ge ann., 10° cah.Mém . — TOME XVII. 15
226 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
traire, est bordée de côtes généralement basses et étroites
qui, du côté de l'ouest , forment le pied de chaînes de hautes
montagnes très-rapprochées de la mer, et du côté de l'est
s'appuient à une série de plateaux élevés ; ceux-cimontent
graduellement en se reculantdans l'intérieur et vers l'ouest,
jusqu'à ce qu 'ils se relient aux chaines de montagnes à
l'ouest ; par leur ensemble, ils constituent, au milieu de
l'Inde méridionale , le Décan proprement dit.
A la base de la péninsule , au nord et à l'est , les monts
Himalaya séparent l'Hindostan de la Chine et du Thibet
atteignant jusqu 'à 8 000 mètres de hauteur au -dessus du
niveau de la mer.
A l'ouest s'élèvent les monts Soliman , et au centre le
plateau deMalwa avec lesmonts Vindhya qui s'y rattachent,
et qui forment un groupe fort étendu , mais peu élevé. Ces
dernièresmontagnes sont presque en entier d 'origine ignée.
Les Himalayas présentent une masse centrale plutonienne
et deux flanquements de terrains secondaires appartenant
presque exclusivement à la période jurassique ; le flanque
ment du côté de l'Inde atteint jusqu'à 3 000 mètres au
dessus du niveau de la mer. La transition de ces mon
tagnes à la plaine est soudaine et très-marquée. A une
faible distance du pied du flanquementsecondaire, distance
qui est occupée par la vallée de Deyra , surgissent abrupte
ment les monts Sewalicks bien connus des géologues par
les découvertes paléontologiques fort remarquables de
Falconer et de sir Proby Cautley. Cette chaîne sub-hima
layenne n 'est qu'une barre d'une faible hauteur et d'une
base peu étendue, formée de grès, souvent non consolidés,
et généralement de lits de galets et de graviers tendres,
de marnes et d 'argiles, et quelquefois de conglomérats; le
tout appartenant au myocène supérieur.
Non loin de là , se montre une autre formation de grès
que l'on a rapportée à la base des terrains secondaires,
mais qui, par ses caractères physiques, se rattache à une
IRRIGATIONS DE L 'INDE. 227
époque beaucoup plus ancienne; elle a un très -vaste déve
loppement dans la péninsule. Elle se trouve d'abord sur les
rives de la Jumna, de Delhy à Allahabad et de là à Monghir.
Dans le Bundelkund elle forme, sous le nom de grès de
Punna et de Bundela ,un grand plateau décrit par Jacquemont
et d'autres géologues. On la trouve près du Godavéry et sur
les bords de la Kistnah,où elle atteintune épaisseur énorme.
Elle se présente souvent comme une roche métamorphique
avec une texture cristalline. Communément, c'est un grès
à grains fins, compacte, rouge, vert ou blanc, très -dur et
d'une très-grande durée , lorsqu'on l'emploie soit dans
l'eau , soit à l'air ; pour les constructions, ce grès égale
généralement les meilleures espèces du vieux grès rouge;
c'est la pierre monumentale de Delhi.
On rencontre quelques gisements carbonifères et quelques
calcaires dans le bassin de la Nerbudda sur un des versants
des monts Vindhya.
Les terrains ferrugineux sont très -abondants dans l'Inde.
Toutes les déclivités et toutes les eaux de l'Hindostan
propre se partagent entre les deux bassins gigantesques de
l'Indus et du Gange. Ce dernier , à une faible distance de
son embouchure, alors qu'il est affaibli par les nombreux
embranchements qu'il jette de tous les côtés et qui irriguent
son immense vallée , reçoit le Brahmapoutra plus considé
rable encore que lui, mais dont le cours presque en entier
se trouve au delà de la direction générale des sommets de la
chaîne des Himalayas. Il en est de même de la partie
supérieure du cours de l'Indus qui forme, en sens contraire,
le prolongement de la direction du cours supérieur du
Brahmapoutra. Tous deux ont leurs sources fort rappro
chées de celles du Gange qui coulent intermédiairement.
L'Indus et le Gange sont deux fleuves sacrés qui, suivant
la tradition hindoue, purifient le corps et l'âme de toutes
les souillures.
Le sud de l'Inde a aussi ses deux fleuves sacrés, le
228 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Gavéry et le Godavéry. Les montagnes sont : les monts
Berars , au centre de la péninsule , qui traversent le pays de
ce nom , et les Ghattes, dontles chaînes déterminentpresque
à elles seules le relief du Décan . Elles commencent à la
pointe méridionale , à trois lieues du cap Comorin , et remon
tent vers le nord en suivant à une faible distance la côte
occidentale. Elles se bifurquent aux Nilgherrys dans le
Coïmbatore; l'une des branches , dite des Ghattes occiden
tales, forme le prolongement du tronc en continuant à
suivre le littoral ; l'autre , sous le nom de Ghattes orientales,
court vers le nord -est et traverse le Décan . Les sommets les
plus élevés se trouvent sur la première branche et attei
gnent 3000 mètres de hauteur. Le plateau des Nilgherrys,
dont l'altitude est de 2 200 mètres, forme, près du point de
séparation , le commencement de la chaîne orientale dont
les pics ne s' élèvent nulle part à plus de 1 000 mètres.
Sauf la formation de vieux grés dont il a été parlé plus
haut, toutes ces montagnes et les plateaux sont d'origine
ignée ; les vallées sont recouvertes par des alluvions mo
dernes ; on ne rencontre de calcaires et de grès inférieurs
que sur trois points : à Sadrapett près de Pondichéry ; à
Trichenapoly et dans les environs au nord de la rivière de
Vellaur ; et enfin près de Madras à Verdachellum et en diffé
rents points du Nellore. Dans chacun de ces lieux, ils n 'ont
qu 'une étendue fort restreinte. Ils appartiennent aux ter
rains les plus récents de l'échelle géologique; on suppose
que, sur tous ces points , les calcaires et les grès appartien
nent à un même banc primitivement continu,mais qui, dans
les intervalles entre ces points, a été détruit ou bien dispa
raît sous d' autres couches ; on a trouvé un éléphant fossile
Pondichéry. Les.atterrissements successifs déposés aux
pieds des Ghattes et de leurs embranchements ont formé
l'extrémité méridionale de la Péninsule et les Deltas des
trois grands fleuves qu'alimente le versant oriental des
Ghattes, le Cavery,la Kistnah et le Godavery qui débouchent
IRRIGATIONS DE L’INDE. 229
sur la côte orientale dans le golfe du Bengale . Sur cette côte
les cours d'eau vont en augmentant d 'importance du sud au
nord , à mesure que la péninsule s'élargit ; la côte opposée
ne reçoit de rivières considérables que lorsque les Gates
s'affaissant et disparaissant laissent la plus grande largeur
de la péninsule verser ses eaux à l'ouest. Ce changement
dans la direction des pentes et dans la répartition des eaux
entre les deux côtes opposées est marqué par les vallées du
Taptee et du Nerbudda qui, nés sur les monts Berar et
Vindhya, se jettent dans le golfe de Cambaye.
II. – Hydrométrie .

Dans les mers de l'Inde, les marées ne sont ni si hautes


ni si régulières que sur les côtes de l'Océan en Europe. La
hauteur de la pleine mer ne dépasse pas habituellement
1 mètre: dans les grandes marées, elle atteint quelquefois
26.50 et même 3m.50 lors des coups de vent qui correspon
dentaux renversements semestriels des moussons. Ces ren
versements sont accompagnés aussi de pluies torrentielles .
Les côtes orientale ou de Coromandel et occidentale ou du
Malabare présentent entre elles les différences les plus mar
quées sous le rapportdes vents et des courants; il en résulte
des différences correspondantes dans les saisons de pluies.
On rapporte les vents qui soufflent dans les mers de l' Inde
i deur directions principales sous le nom demoussons du
1.- E . et du S .- 0 . ; la dernière règne d 'avril à octobre sur
la côte occidentale ou malabare; elle correspond à la saison
des pluies.
Celles-ci ont leur plus grande intensité en mai et juin et
cessent en septembre.
Sur la côte orientale ou de Coromandel, au contraire ,
presque toutes les pluies tombent pendant la mousson du
N .- E . qui règne d’ octobre à mars. En se déclarant, elle
détermine une pluie très-intense qui dure de vingt-quatre à
250 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
quarante-huit heures et qui est suivie de quelques pluies
plus courtes se succédant à des intervalles de plus en plus
éloignés jusqu'à la fin de décembre. Le temps est conti
nuellement sec d 'octobre à avril sur la côte malabare; sur
celle de Coromandel, la sécheresse règne de décembre à
octobre, interrompue par quelques pluies, dont la première
et la plus forte tombe généralement en avril, à la suite du
premier renversement de la mousson ; les autres cominen
cent en juin et augmentent de fréquence de juin à octobre ,
tout en restant toujours fort rares ; elles sont duesaux nua
ges chassés de la crête desGhattes sur la côte par les vents
régnants de l'ouest et du sud-ouest connus sous le nom de
vents de terre.On observe, du reste , que dans le sud de la pé
ninsule ,les nuages sont, en général, portés de l'ouest à l'est.
Sur toutes les Ghattes occidentales et orientales les pluies
tombent à la même époque que sur la côte malabare, sauf
un retard qui varie de un à deux mois , suivant que l'on
s'avance plus ou moins vers l'est. Il en est de même sur les
montagnes qui font suite aux Ghattes orientales en se diri
geant au nord -est jusques et y compris le littoral du golfe
du Bengale, à partir du point où il court N . -E . pour former
l'élargissement de la péninsule. Ainsi, dans notre établis
sement d’Yanaon situé près de la bouche principale du
Godavéry, les pluies commencent fin juillet et finissent en
octobre; il se passe souvent quatre à cinq mois sans pluie
en été ; la mousson du S . -0 . règne de mars à septembre ,
celle du nord-est, d’octobre à février. Les vents d'ouest ou
de terre règnent de mai à juillet.
Le Décan proprement dit, c'est -à -dire le plateau central
compris entre lesGhattes et la côte orientale ,aussi bien que
les montagnes qui se rapprochent de la côte de Coromandel,
telles que celles de Salem , les Schevaroy , etc ., ont un climat
intermédiaire sous le rapport des pluies et des vents entre
ceux des deux côtes deMalabare et de Coromandel. Lesdeux
moussons y déterminent chacune une série de pluies ; la pre
IRRIGATIONS DE L'INDE . 231
mière en juin et juillet,la deuxièmeen octobre etnovembre.
A Calcutta et à Chandernagor, sur les bords du Gange,
près de son embouchure au fond du golfe du Bengale, les
pluies commencenten ayril, deviennent continues en juin,
sont torrentielles au mois d'août et durent jusqu'à la fin
de septembre. Les vents du S.-E. soufflent généralement
pendant la saison des pluies, ceux du sud pendant les cha
leurs de mars à mai, ceux du nord pendant l'hiver de
novembre à mars.
Le tableau ci-après résumeles traits les plus saillants des
résultats obtenuspar les services hydrométriques qui fonc
tionnentdans les trois présidences :
• HAUTEURS UDOM ÉTRIQUES. NOMBRE
annuel ANNÉES
LIEUX LATITUDE. ALTITUDE. Moyennes des où ont
jours eu lieu les
d 'observation . de obser
annuelle . maximum . minimum . pluie. vations.

Sud de l'Inde. – Présidence de Madras.


d. m . mét. I mèt. I mèt. I
Karikal français). - 10 53
Coimbatore. . . . . . 11 02
littoral.
274" .00
1.028 . . . . . . . . . . . .
0 .459
19 1854 à 1856
. . . . . . . . . . . . . . . . 1844 à 1864
Pondichéry ('fran lilloral.
Madras . . . . . . . . 131155 | 68,18 1861
1853àà 1850
cais ). . . . . . . 1. 229 1 .927 0 .419
Coddapah . . . : :
04
14 26
idem .
150
1.280
0 .633
1840
56 1854 à 1864
Seconder
Ouacamuabad (Pean). 17 25
nd ( Ni
548 0 .612 . . . ... . . . . . . . . . . idem .
gberryes ). . . . . 11 27 1 2262 | 1.212 1. .. . . . . . . . . . . . . . . . 1839 à 1846
Sud de l'Inde. – Présidence de Bombay.
Darvat
Ghallesà .l'est
. . . des
.. 15 30 739 0 . 68 : . | 1863 à 1864
Maleon Peth , idem . 16 55 751 .00 6 . 70 . . . . . . . . . . . . . . . . . idem .
Savant Warrice . . 1815 5557
Borobay . . . . . .
littoral.
idem .
3.277
1. 93
. . . . . . . . . . . . . . . .
2 .68 1 .42
idem .
. . 1856 à 1864
Taonab . . . . . . . 19 12 idem . 2. 205 1863 à 1864
Gogo près de Cam
bay.. . . . . . . . 22 151 . idem . 0.317 i. . . . . . . . . . . . . . . . . idem .
Bengale et provinces du Nord-Ouest.
Calcolta
Delhi . . .. .. .. .. . . .
22 231 35 .
l 01.832 1. . . . . . . .0 .. . . . 1. 137.1
. 466 10 20
1860 à 1565
. . , 1844 à 1819
Dadoopoor ( canal
oriental de la
Jamma). . . 45 . . . 1 .023 . . . . . 1831 à 1848
Lundourmonts sub.
Himal ayens) .. . 2 .355
...........18081 969
• 1850 1869
232 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
C' est dans la présidence de Bombay que les variations
sont les plus nombreuses et les plus brusques. Les hau
teurs de pluies observées varient extrêmement avec les alti
tudes et la topographie. Sous ce rapport, la péninsule pré
sente des divergences extraordinaires ; ainsi, dans le district
de Cutch , aux bouches de l'Indus, il ne pleut jamais ou
presque jamais ; sur les monts Khassya, au nord de Cal
cutta , la hauteur de pluies annuelle est de 16 “ .56 dont
les 11 douzièmes tombent pendant six mois. Le professeur
Oldham à Calcutta a mesuré la hauteur d' une pluie con
tinue qui s'est élevée à o " .635 . A l'observatoire de Madras
on a mesuré o " .335 ; on prétend que sur un point des
Ghattes , il est tombé jusqu'à 1m .42 dans un jour.
A Bombay, il ne pleut que pendant les mois de mai,
juin , juillet, août et septembre . Il y a de très-grandes
différences entre les résultats de deux années d' observa
tions ; la plus grande différence est de í " ,74 , à Sacount
waree ; le point de la présidence où l'on a trouvé le maxi
mum de pluie tombée est Malcolm peth à l'est de la crête
des Ghattes, entre Sattarah et Belgaum ; ce maximum est
de 6 .90 ; le maximum mensuel se trouve dans le même
lieu et il est de 3 .50. Leminimum annuel est de o" . 215 ;
il a été trouvé à Gogo non loin de Cambay.
Les provinces du N . -O ., qui s'étendent au pied des
Himalayas et qui comprennent principalement l'ancien
empire mogol de Delhi ou le haut Bengale, ont un climat
particulier, et qui varie avec l'éloignement où elles se
trouvent des montagnes. On peut s'en faire une idée par
les résultats suivants :
A l'udomètre de Lundour dans les monts subhima
layiens, pour une moyenne de dix ans de 1850 à 1859,
les observations ont donné 2m .355, tandis que, dans les
plaines à Meerut et à Delhi, ces chiffres sont respective
ment de om .508 et o ".762 seulement.
A Dadoopoor, intermédiaire entre Lundour et Delhi, la
IRRIGATIONS DE L'INDE. 233
moyenne annuelle im.033 se rapproche beaucoup de celle
des pays pluvieux dans les climats tempérés.
L'ingénieur Richard Strachey a mesuré à Hurdwar, au
pied des monts Sewaliks, une chute de pluie locale de
0".0254 en vingtminutes.
L'ingénieur Wilberforce a constaté à Delhi une chute de
pluie de deux heures donnant par heure o" ,0254 de hau
teur dans l'udomètre.
III. – Température et évaporation.
Température. — Le tableau ci-après donne les résultats
les plus saillantsdes observationsfaites sur despoints choi
sis de manière à faire connaître les températures des di
verses parties de la péninsule :
DÉSIGNATION
TEMPÉRATURE. VARIATION
des LATITUDE. Moyennes annuelle
localités. diurne diurde maximum .
annuelle . maximum . minimum .

Sud de l'Inde. – Cole el versant oriental.


d . m . 1 d. d.
Trichnapoly
Karikal . . . . . . 10 50 29290206 3900
. . . . . . . . . | 10 53 40 05
Pondichéry . . . .
Madras . . . . . .
1155 28 40 | 36 0
27 01
19 90 3825 5056
13 01
Monts Sbevaroys . . .
Ollacamund (Nilgher
rys). . . . . . . . . .1 11 27 1 13 50 | 20 50 1 00 56 |
Sud de l' Inde. – Cole occidentale.
Mahé (français). . . . 1. 10 48 | 2727 12 30 OG
Bombay. . . . . . . . . 18 57 | 30" ou ! | 05 56
Bengale.
73 | 10 17
Calculla. . . . . . . . .1 22 23 | 25 70 | 31 11 | en22 1862
Agra (provinces du N .-0.) 27 00 | 28 3737 iI en45 1860
55 11 391 34 16

REMARQUES.
Tricbnapoly est à l'altitude d'environ 75 mètres.
Les observations ont été faites pendant 3 ans à Karikal, 9 ans à Pondi
cbéry. 20 ans à Madras et à Calcutta , 2 ans à Agra .
234 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
A part de faibles différences, provenant de la latitude et
de quelques circonstances locales, la côte de Coromandel ,
depuis la pointe de la péninsule jusqu'au delà de Madras,
a le même climat que Pondichéry qui y occupe une posi
tion moyenne. On n ' y connaît que deux saisons ; la saison
chaude qui est la plus longue, et la saison fraiche qui
s'ouvre en octobre et finit avec février . Les vents du S. -E .
règnent pendant la première moitié de la saison chaude et
des vents d' ouest ou de terre, très-brûlants pendant la se
conde moitié. Les vents du nord soufflent durant la saison
fraiche et sont très-pénétrants pendant la nuit jusqu'à ce
qu 'ils inclinent au N .-E . La chaleur va en augmentant de
janvier à juin , et en diminuant de juillet à décembre . Dans
les temps ordinaires, la température moyenne pendant le
jour est de 32 degrés, et pendant la nuit, de 26 degrés.
C 'est du 15 mars au 15 juin qu'ont lieu les plus grandes
sécheresses et les chaleurs, sinon les plus pénibles, du
moins les plus fâcheuses pour la santé. Toutefois le climat
est généralement salubre.
A Yanaon, point intermédiaire entre la côte de Coroman
del et le Bengale , la température varie de 18 à 22 degrésd 'oc
tobre à mars, de 26 à 30 degrés d'avril à juin , et de 22 à 19
degrés de juillet à septembre. Les vents d 'ouest ou de terre
règnent de mai à juillet comme à la côte de Coromandel.
L 'établissement de Chandernagor , baigné par le Gange,
et couvert d'un grand nombre de bois et d' étangs, a un
climat beaucoup plus frais que Calcutta. La température
est moyennement de 22 degrés , depuis le commencement
d 'octobre jusqu'au commencement de mars ; elle varie dans
cette saison de 17 à 27 degrés.
Depuis le commencement de mars jusqu'au commence
ment d ’octobre, la température est moyennement de 31
degrés ; elle varie entre 30 et 33 degrés avec écarts jusqu'à
37 degrés ; comme à Calcutta, le mois le plus chaud est
celui de mai.
IRRIGATIONS DE L'INDE. 235
La côte occidentale , sans doute à cause de son rappro
chementdes Ghattes , a un climat plus salubre , plus frais et
plus régulier que la côte orientale . Mahé, situé à peu près
au tiers de la distance entre le cap Comorin et Bombay ,
et à lamême latitude que Pondichéry, est très -sain ; la
température y est moins chaude et moins sujette à des
changements très -rapides que dans nos autres établisse
ments de l'Inde; elle varie de 22 à 26 degrés en janvier ,
février et mars, de 25 à 30 degrés d 'avril à septembre, de
25 à 27 degrés en octobre, novembre et décembre.
Éraporation. — C 'est plutôt empiriquement que par des
calculs rigoureux que les ingénieurs anglais font dans les
irrigations la part de l'évaporation , qui est beaucoup plus
grande dans l' Inde qu' en Europe. Ainsi, dans plusieurs pro
jets, ils admettent que la perte due à cette cause est par jour
et par mètre carré de terrain irrigué de on. 083, mais sans
le justifier .
A Chandernagor, où les étangs ne servent point aux irri
gations, et où ils présentent entre eux toutes sortes de
différences sous tous les rapports, les observations com
mencées ont donné ce résultat : pendant soixante -seize
jours de la saison fraiche en 1865, du 27 septembre au
15 décembre , on a obtenu une évaporation variant de 0 .63
å oa.go sur soixante étangs dont les surfaces étaient com
prises entre i are et 150 ares , et les profondeurs entre
19.80 à 5 .60. Les différences les plus grandes paraissent
provenir du plus ou moins de propreté et d 'absence d'herbes
dans les étangs.
Voici le tableau résumé des observations faites aux Col
lines Rouges (Red Hills ), près Nadras, par l'ingénieur an
glais Ludnow :
• 236 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
AUX MONTAGNES
ÉVAPORATION RAP PLUIE
en millimetres PORT
de la en
MOIS. totale, moyenne par jour, colonne
3 à la
millimètres
colonne
étang terrain . étang. terrain . totale. moyenne
par jour.
5
Avril . 252.20954 360 .24058 10 . 36838 14. 40962 1 .3897
Mai . . . 284.09138 361.91698 9. 46971 12 .06390 1.2714 64.6430 16 .16070
Juin . . . . 298.61830 383.48690 10.29820 12.78290 1. 2390 142.3797 15.81990
Juillet. . . 256 .46690
Août. . . . 182.87520
304.51800 8. 27312 19.82316 1.1881 179.4383 8 .15636
214 .67820 9.14376 | 10 .73391 1.1736 48.4327 3 .72565
Totaux et
moyennes
journaliè - m .
res pour 1 281.29132
les 5 mois .
1 624.84066 47.55317 59.81349 1.25296 434.8937 1843772.522
9 .510634 11. 962698
862.61

Les observations ont été faites avec deux évaporateurs


éprouvés et vérifiés très-minutieusement. Des deux instru
ments, l'un étaitplacé dans un étang , l'autre dans la cam
pagne à une distance d'environ 1 kilomètre du premier.
En comparant les résultats obtenus aux deux évapora
teurs, on remarque que le rapport de l'évaporation dans
la campagne à l'évaporation dans l'étang a été :
En avril 1.3897, en mai 1.2744, en juin 1.239, en juillet
1. 1881, en août 1. 1736 ; en moyenne 1. 2529.
· Ce rapport, on le voit, décroît graduellement; et on n'a
observé de gradation semblable dans aucun des éléments,
qui ont une influence reconnue sur l'évaporation , comme
la température de l'air , son état hygrométrique, la force
du vent, les intempéries ou l'état du ciel ; on a étudié tous
ces éléments, notamment la force du vent, bien que l'on
n'ait pas tout noté dans les observations.
Seule la hauteur de l'eau dans l'étang a diminué progres
sivement comme le rapport que nous venons de donner, et
il est clair que si cette hauteur était devenue nulle , le
rapport serait devenu égal à l'unité.
IRRIGATIONS DE L'INDE. 237
ROUGES. A MADRAS.
TEXPÉRATURE TEMPÉRATURE THERMO POR TION
TEMPÉ
BULLE RATURE
de l'eau DIFFÉ de l'eau DIFFÉ- MÈTRE docouciel
noire
du da
de l'évaporation de l'étang erte thermo- depoint
rosée
au expri métre déduite
RENCE RENCE mée en au de 6
sur dans la au soleil. 10 par soleil. Observa
étang. campagne sommet. fond . ties. tions.
10

28.75 1 .54 31.72 29.48 2 .24 41.57 40 .75 25 .81


27.35 28.20 0 .85 29.00 27.27 1 .73 38 .91 41.61 26 .03
26 .33 27.57 1.24 27.78 26 .03 1 .75 38 .53 43.32 25 .07
26.61 27.75 1 .14 28. 35 26 .99 1. 36 36 . 22 39, 22 24.97
26.86 27.80 0 .94 27.59 26 .83 1 .06 36 .91 40 .06 24.83

135.90 141.61 144.74 136 .60 192.14 1


133:14 » 204.96 126 .71
8.322 ? 2727.948
27.18 28 .322 28.32
.948 28.32 38 .428 40.992 25.312 )

L'abaissement du niveau de l'eau dans l'étang est donc


la véritable causede la décroissance continue de ce rapport.
Dans les cinqmois, l'eau a baissé dansl'étang deim .905
malgré des pluies d'une hauteurtotale de 0".203, en sorte
que l'abaissement total dans l’étang a été de 2" . 108.
L'abaissementmesuré pendant ce temps dans l'évapora
teur plongé dans l'étang a été seulemeut de im.346 ; la
différence 2" . 108 — 1".346 = 0.76 , a été employée pour
lesirrigations; elle est les 3 /8 de l'eau , qui a été emmagasi
née ; le reste ou les 5/8 a été enlevépar l'évaporation.
Voici maintenant le résumé des observations faites à la
pharmacie de Pondichéry; on y remarque l'influence de la
force du vent, en vertu de laquelle, l'évaporation pendant
la nuit équivaut quelquefois à celle pendant le jour.
ÉVAPORATIONS
MOYENNES TEMPÉRA TEMPÉRA TEMPÉRA
dans
chaque
mois MAXIMUM MINIMUM
(emillimètres
)n , TURES ÉVAPORATIONTURES ÉVAPORATION TURES
.MOIS moyennes correspon
correspon
238
de de jour
de corres do de jour
de do de de
jour
.
jour .nuit
etde .pondantes.jour .nuit .etdenuit .dantes .
jQur nuit
. etdenuit
. ,
dantes
.
nuit

.1864 .
mill .degrés .degrés .
degrés
Juillet
. 6.483 5.129 6.1112 .13035 .330 300.
1fois
AoQl
. 3.839 .63 45 4.7 84 1.2910 28.9 27.7
Septembre 2fois
. 4.367 3.600 9.7 67 5.2953 .629 29.8
1fois
Octobre
. .43 19 2.677 0.6 96 .42867 29.6 .925
2fois 26.4
Novembr
. e 3.467 1.733 2.5 00 8.2633 .628 23.5
1fois .6
23
26.5
Décembr
.! e 25.4
3. 55 1.806 1.5 61 7.2542 .7
24
2fois
25.5
.254
.525
.1865 25.1
25
.2
Janvier
.1 24
. 90 3.097 3.7 87 3.2584 .255 6.24
25.4 1fois
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

252.
.
Février 4.786 3.178 .97 64 2.2790 28.5 26.4
.Mars .74 74 .14 94 9.8 68 5.2848 .82827.6 .428
Avril
. 4.870 3.980 .88 50 .72963 30.1 .628
Mai .3
29
- - - - - - - no

. 7.712 3.645 3.|1187 9.2971 29.9 29.9


Juin
. 1.9 2L 3.233 .4|1200 3.3160 .63132
.031 37.2
.5 1fois
- - - o - - -- -- -

Totaux
.annuels 1811
.1
412131 .53055
dans
.l'annéeMoyenno
par
jour 3.350466264 38, 73
IRRIGATIONS DE L INDE . 239

IV. – Hydrologie.

Le régimedes eaux superficielles et souterraines est une


conséquence naturelle de la topographie et des climats
précédemment décrits .
Dans la partie septentrionale de l'Inde qui s'appuie aux
Himalayas , les cours d 'eau ont leurs sources dans ce
massif, le plus élevé et le plus étendu qu'il y ait aumonde.
Ils sont très-nombreux et très-considérables, lorsqu 'ils at
teignent les plaines immenses et basses qui commencent
presque au pied de ces montagnes. .
Ils augmentent peu ensuite, bien qu'ils se réunissent
saccessivement en unmême tronc, le Gange ; les nombreux
afiluents Himalayens que ce fleuve reçoit sur sa gauche,
tout le long de son cours, ne font guère que réparer ses
pertes dues aux embranchements sans nombre, qui s'en
détachent surtout à droite , et qui forment le seul aliment
des irrigations de ce vaste pays; car , dans le nord de
l'Inde, on n 'avait pas songé à emmagasiner les eaux pour
Les irrigations .
C'est maintenant seulement que les ingénieurs anglais
da Bengale commencent à y créer des étangs par imitation
du système réalisé depuis des siècles dans le sud de l'Inde.
Ainsi qu 'on peut le voir sur les cartes, les rivières du
Punjab , à leur sortie des montagnes, laissent entre elles
de grands intervalles dont la largeur reste presque con
stante, jusqu'à une grande distance desmontagnes , attendu
que ces cours d'eau, d'ordre secondaire , ne se réunissent
entre eux qu'après un parcours de plusieurs centaines de
kilomètres. Les torrents des montagnes , lorsqu'ils atteignent
la plaine, ne donnent pointnaissance à des cours d 'eau in
termédiaires , comme cela a lieu au pied des Himalayas ;
leurs eaux, au lieu de suivre un lit plus ou moins régulier,
se répandent en divergeant sur tout le pays ; et même de
240 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
petites rivières qui, à leur entrée dans la plaine, ont jus
qu'à 60 mètres de largeur et 5 mètres de profondeur, sont
réduites, après un parcours d' une vingtaine de kilomètres,
à une largeur de 4 mètres et uneprofondeur de 1 . 50 , puis
disparaissent entièrement à quelques kilomètres plus loin .
On se propose de recueillir toutes les eaux qui se perdent
ainsi, à l'aide de canaux transversaux à la pente naturelle
du terrain établis aussi haut que possible , et de les emma
gasiner ensuite dans de vastes réservoirs qui serviront pour
Jes irrigations.
La fig . 2 , Pl. 205 montre l'ensemble du projet.
Les réservoirs seront nécessairement établis commeceux
de la présidence , Madras , et quenous décrirons bientôt. On
pourrait se dispenser d 'exécuter la coupure supérieure
m , n , en croisant convenablement les étangs étagés et
au besoin en prolongeant, commeil est indiqué en ponctué
p , q , r , s , t, u , leurs bras, de manière que ceux -ci inter
ceptent complétement et recueillent dans les étangs toutes
les eaux supérieures
Les chaînes de montagnes où les rivières de la prési
dence de Madras prennent leurs sources , y compris même
les Ghattes qui sont les plus hautes, n'ont qu'une élévation
et une épaisseur relativement médiocres. Il en résulte que
les cours d' eau qui y naissent sont encore faibles à leur
pied, et augmentent considérablement tout le long de leur
parcours , ne cédant que peu d 'eau aux irrigations, dans la
partie supérieure et même dans la partie moyenne de leur
cours, et recevant successivement un grand nombre d'af
fluents .
Les cours d'eau de la pointe de la péninsule sont ali
mentés par lesGhattes, ainsi que tous ceux de la côte Mala
bare jusqu'à Bombay; leurs crues suivent immédiatement
les pluies de la mousson du sud -ouest.
Les trois grands fleuves du sud de l'Inde, le Cavery, la
Kistnah et le Godavéry , reçoivent toutes les eaux du versant
IRRIGATIONS DE L 'INDE. 241
oriental des Gathes occidentales, et celles des deux ver
sants des Gathes orientales ; leurs crues commencent donc
avec les pluies de la même mousson du sud -ouest . Celles
du Godavery qui aboutit à la côte de Coromandel sont pro
longées jusqu 'en novembre par les pluies de la mousson du
nord -est. Celles des deux autres fleuves sont également
prolongées, mais beaucoup moins, par les eaux qu'elles
reçoivent du plateau central du Décan.
Quantaux rivières de moindre importance qui tombent
à la côte de Coromandel, entre les bouches du Cavery et
celles de la Kitsnah , et dont les plus considérables sont le
Paléar au sud deMadras et le Pennaur au nord, leurs crues
suiventles saisons des pluies de cette côte ; elles ont toutes
un régime à peu près semblable , que l'on peut observer
dansnotre établissement de Pondichéry.
Les rivières peu importantes de cet établissement et de
toute la côte entre Chellumbrum et Madras, prennent leurs
sources dans les montagnes de Salem , Schevaroy, etc.; ces
chaînes courent parallèlement à la côte orientale, à une
distance moyenne d' environ 150 kilomètres, précédées d'un
certain nombre de mamelons qui surgissent isolément
comme des sentinelles avancées ; elles s'élèvent abrupte
ment au -dessus de plaines immenses couvertes d' étangs,
comme le sont, dans le sud de l'Inde, toutes les parties du
territoire qui ne sont ni des montagnes ni des deltas.
Les crues de tous les cours d'eau qui y naissent doivent
d'abord remplir tous les étangs des plaines à leur pied ,
concurremmentavec les pluies des bassins partiels de cha
cun des étangs. Elles arrivent donc à la côte, ayant aban
donnéà peu près toutes les eaux reçues dans la partie su
périeure de leurs cours et alimentées presque exclusive
ment, comme celles des cours d'eau de dernier ordre, par
les pluies locales. Il en résulte que la durée de chacune
d 'elles n' est guère plus grande que celle de l'averse qui la
détermine. Il y a une crue qui nemanque jamais ; elle ac
Annales des P . et Ch MÉMOIRES -- TOME sunr. 16
242 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
compagne le deuxième renversement de la mousson à la
fin d'octobre ; elle occasionne des débordements qui durent
de vingt-quatre heures à quarante -huit heures , après les
quelles chaque rivière rentre dans son lit, baisse beaucoup
et ne conserve d'eau que jusqu'en novembre et décembre .
A la fin de ce mois, à un très-petit nombre d' exceptions
prés, toutes les rivières sont à sec. Une autre crue a sou
vent lieu au commencement d 'avril à la suite du premier
renversement de la mousson , mais elle est bien moindre
que la grande crue d’octobre et elle ne fait que passer.
Enfin , il se produitaccidentellement quelques faibles crues
de juin à octobre, surtout en septembre, où elles ont quel
quefois un volume assez considérable. Mais les pluies qui
tombent dans cette période sont généralement locales; elles
sont presque toujours absorbées par les étangs, et le plus
souventleur effet sur les cours d'eau est à peine sensible ;
ceux-ci, sauf les rapides intermittences qui viennent d ' être
mentionnées , sont entièrement ou presque entièrement dé.
pourvus d'eau courante depuis janvier jusqu'à septembre .
En général, des dépôts dusaux débordements des rivières
ont produit, à partir de leurs rives , des pentes transversales
inverses de celles naturelles et primitives de la vallée. La
jonction des deltas contigus de la Kistnah et du Godavery
a lieu à la rencontre des pentes transversales venues de la
rive droite du dernier fleuve et de la rive gauche de la
Kitsnah. Elle formeà la fois la ligne d 'écoulement des eaux
pluviales et des colatures qui y convergent et une décharge
des grands débordements . Ces deux fleuves ainsi que le
Cavéry, le Gange, sur une partie de son cours, et l' Indus
sont, pour ainsi dire, encaissés entre deux bourreleis qui
dominent leurs vallées. Le long de l'Indus, la largeur du
bourrelet en surélévation de chaque côté , est presque.con
stamment de 1 6og mètres (un mille) , et la section trans
versale présente la forme représentée par la fig . 5 , Pl. 205.
Presque toutes les rivières de la présidence de Madras
IRRIGATIONS DE L' INDE. 243
ne sont guère que des lits de sable sec pendant la saison
chaude, et l'on n 'en peut alors tirer que peu d' eau pour l'ir
rigation. Pendant les moussons, elles sont plus ou moins
pleines, et c'est alors seulement, ou du moins principale
ment, qu'une portion de leurs eaux sont dérivées par le
moyen de barrages et de canaux dans les pays environ
nants pour rafraîchir et fertiliser de leurs dépôts les rizières
et les jardins. Pendant les pluies périodiques, il y a pres
que partout une surabondance d' eau gênante ou nuisible;
on en est, au contraire, absolument privé dans l'été . Tous
les ouvrages hydrauliques tendent à rectifier cette inéga
lité .
Le plus souvent on ne construit pas de barrages de prise
d'eau ; c'est le rapport entre la pente d 'une rivière et la
profondeur de son lit au -dessous du pays avoisinant qui
détermine la longueur minimum des canaux de dérivation .
Dans la plupart des canaux de dérivation de la prési
dence, la profondeur maximum ne dépasse pas 7 mètres ;
mais la profondeur moyenne est généralement de 1º.83 à
2":74 . Quelques -uns de ces canaux, sur de grandes parties
de leur longueur, ont été formés simplement en élevant
une digue du côté d 'aval de la déclivité naturelle du ter
min. La tête de plusieurs prises d' eau dans les rivières est
formée en détachant sur une certaine longueur une partie
du lit de la rivière, à l'aide d'une digue artificielle défen
due par des gazonnages, etc .
Quelquefois cette levée remonte jà une grande distance le
cours de la rivière ou traverse obliquement sur une grande
longueur son lit sablonneux. Ces digues, appelées corum
boos , sontgénéralement surmontées et emportées par toutes
les crues dont la hauteur dépasse 1" .37. Ce sont des expé
dients temporaires en l'absence de barrages permanents,
pour faire entrer les petites crues dans les canaux d'irri
gation ou dans ceux d'amenée aux étangs . Comme elles
sont sujettes à être enlevées en partie ou même en totalité
244 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
par chaque grande crue, il est nécessaire de les réparer
souvent, quelquefois mêmede les reconstruire dans chaque
saison . Leur construction et leur entretien sont exclusive
ment à la charge des propriétaires intéressés.
Les canaux de prise d 'eau , dans beaucoup de rivières ,
n 'ont été creusés à leur tête qu 'à une faible profondeur de
5 mètres au plus, et les eaux n 'y peuvent entrer que lors
que ces rivières sont remplies sur une partie de leur hau
teur ; ils ne fournissent d'eau que pendant la saison des
fortes crues.
En pareils cas, lorsque le lit du canal à la prise d 'eau
est plus élevé que le fond du lit de la rivière, il y aurait
avantage à l'approfondir jusqu'au niveau de ce lit, afin de
pouvoir introduire l'eau de toutes les crues. Cette diminu
tion de la pente du fond des canaux à leur origine n'au
rait aucune influence sur la vitesse d'introduction de l'eau
dans les grandes crues, puisque la vitesse d 'un courant
dépend de la pente de surface et non de celle du fond. Cette
dernière est rarement uniforme dans les canaux d 'amenée
et d'irrigation ; ils présentent généralement toutes les irré
gularités possibles.
Les canaux existant actuellement sont sujets à être ob
strués en partie par des dépôts de sable qu'il faut déblayer
chaque année. La vitesse des rivières étant, pendant les
crues, d' environ 2 ".23 par seconde, ils charrient même
dans la partie supérieure de leur section d 'eau , beaucoup
de sables et de vases qui se déposent dans les canaux d'ir
rigation où la vitesse est moindre.
Tous les étangs et presque tous les ouvrages hydrauli
ques de la présidence de Madras sont d'anciennes con
structions faites par les natifs. Les uns ont été simplement
entretenus, les autres restaurés ou modifiés par les ingé.
nieurs anglais. Les places convenables pour former des
étangs sont pour la plupart déjà occupées, et il y a peu de
rivières ou mêmede torrents que l'on ait laissé atteindre la
IRRIGATIONS DE L'INDE. 245
mer sans les forcer de céder une partie de leurs eaux à des
canaux qui les conduisent à des réservoirs. Bien peu de
systèmes complets d'ouvrages doivent leur existence au
gouvernement anglais. Il en est bien peu aussi qui n 'aient
reçu quelques modifications ou quelques réparations des
ingénieurs anglais.
En conséquence, malgré le grand nombre et la variété
des ouvrages existants , il n 'en est aucun que l'on puisse
proposer pour servir demodèle en tous points . D'un autre
côté, l'irrégularité des pentes et des largeurs des canaux ,
et leurs détours non justifiés , que l'on prétend avoir été
motivés, dans certains cas, par des considérations astrolo
giques, ont empêché d 'en tirer tous les avantages qu 'on au
raitobtenus en suivant les principes de l' art.
Les ouvrages principaux indiqués sur les cartes anglaises
sont lesannicuts et les calingulah . Le mot annicutdésigne
un barrage à travers un cours d 'eau et celui de calingulah
un ouvrage de même forme établi dans la digue soit d'un
cours d'eau, soit d 'un étang .
Les anniculs ont pour objet principal d'élever le plan
d'eau assez pour qu'une partie puisse être dérivée dans les
canaux d'irrigation ou de conduite aux étangs. Quelques
bus d'entre eux, comme les calingnlahs, sont couronnés
de monolithes destinés à appuyer des barrages temporai
PEs, en terre , gazons, etc. , qui relèvent le plan d'eau pen
dantla sécheresse et les petites crues , et sont emportés
par les grandes eaux. D 'autres annicuts sont pourvus de
pertuis , ou bien ils ont des parties basses en forme d 'é
chancrures ou des ouvertures dans le corps du barrage,
dont la largeur excède rarement im .524 pour chacune.
Dans cette limite , il est facile de les fermer avec des
vannes, ou de toute autre manière; elles empêchent le
sable de s'accumuler jusqu'à la hauteur de la crête du bar
rage, et déterminent dans le lit de la rivière à l'amont, la
formation de pièces d 'eau isolées généralement, il est vrai,
246 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
d 'une faible étendue, quiméritent le nom de mares , et ne
sauraient être considérées comme des étangs. Elles peu
vent pendant un temps très - court, à la fin de la saison
sèche, remplir le même office que des étangs, mais sur une
échelle très- restreinte. L'irrigation dépend, dans tous les
cas, ou de l'écoulement continu d 'une petite quantité d'eau
pendant la première partie de la saison chaude, ou bien
d 'étangs, généralement fort éloignés des rivières, qui sont
remplis par des canaux de dérivation pendant les crues.
Il semble qu' on devrait trouver beaucoup de barrages
de dérivation dans la partie inférieure du cours des rivières ;
mais il n ' en est point ainsi généralement, parce que la les
rivières ont une grande largeur et peu de profondeur au
dessous des rives, et que leur lit de sable ne se prête à de
pareilles constructions qu'au prix de dépenses élevées. De
plus , comme les natifs étaient peu faniiliers avec les bar
rages à vanres, ils ont craint de relever, par des barrages
fixes, le lit à l'amont, ce qui aurait aggravé les inondations
Celles-ci, quoique fort avantageuses dans les deltas du
Gange et du Godavéry , sont fort redoutées dans ceux du
Cavery et du Tambrapourny où l'on obtient' les récoltes,
non par l' effet des inondations , mais par un système d'irri
gations très-perfectionné, au moins en ce qui concerne
l'emploi des eaux pour la culture.
Au contraire, on trouve beaucoup de barrages anciens
dans la partie supérieure des rivières où elles coulent sur le
roc et où elles sont plus encaissées. Toutefois on a construit
récemment un assez grand nombre de barragesavec succès
et sans dépenses excessives à travers des rivières dont le lit
est composé de sable pur descendant à une profondeur
beaucoup plus grande que les fondations de ces ouvrages.
En pareille occasion, le point essentiel est d' obtenir, à l'aval
du barrage, un solide radier pour briser la chute de l'eau
et pour empêcher les fondations d' être affouillées par des.
sous. On verra plus loin de quellemanière le problèmea été
IRRIGATIONS DE L'INDE, 247
résolu sur les principales rivières. Nous avons exécuté un
barrage de dérivation à aiguilles verticales et à poutrelles
horizontales dans notre établissement de Karikal au milieu
du delta du Cavery sur la rivière de Tirmoulrahsenar á Mana
moutty dans un sol argilo -sableux. Les poutrelles servent
pourl'arche marinière ; les autres arches sont fermées dans
le bas par un barrage fixe en maçonnerie et dans le haut par
des aiguilles. Le systèmedes barrages à vannes et à aiguilles
est adopté dans notre établissement de Karikal sur toutes
les rivières où il n'a pas été nécessaire de conserver un
passage aux bateaux.
On combine souvent l'irrigation par les rivières avec celle
par les étangs, en amenant l'eau des rivières aux étangs
favorablement placés, à l'aide de canaux qui souvent ser
vent aussi directement à l'irrigation sur une partie de leur
parcours. Quelquefois une même contrée est irriguée à la
fois par des canaux qui tirent leurs eaux des étangs et par
d'autres qui les prennent dans les rivières. . .

V . Étangs.

Dans la présidence de Madras, si l'on en excepte les


deltas des grands fleuves, toute l'irrigation repose sur les
étangs. Il y en a de deux sortes : les réservoirs , et les étangs
: exclusivement de source qui sont beaucoup plus petits .
: Parmi ces derniers qui sont désignés en tamoul sous le
nom générique de colom (source ) , il faut distinguer les
petits étangs de source qui servent exclusivementà abreuver
le bétail et à arroser à l'aide de picotes pendant la séche
resse quelques champs aux abords, et les étangs sacrés dont
Les dimensions varient entre 25 et 60 mètres et qui sont
affectés à chaque pagode et à chaque village et réservés
pour les usages religieux etdomestiques, tels que les ablu
tions, le bain , la consommation des hommes et des ani
maux, le lavage, etc., à l'exclusion des irrigations.
248 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Quant aux réservoirs, on les forme quelquefois en fer
mant une gorge dans les montagnes, mais souvent en bar
rant, par un système de digues, la partie d'une vallée ou
d'un côteau supérieure à celle qu' on veut irriguer ; ces
digues retiennent l'eau fournie par les pluies périodiques ,
par les torrents desversants et par les canaux amenant l'eau
des rivières.
Les champs situés au -dessous de l' étang sont arrosés au
moyen de vannes de prise d'eau placées dans les digues.
Les étangs à flanc de côteau sont étagés et se croisent en
plan et en élévation de manière à former un système com
plet d 'irrigation qui recueille toutes les eaux et les emploie
sur toute la surface intermédiaire. Voir la carte hydrogra
phique de l' établissement de Pondichéry (fig. 2 , Pl. 208)
et la carte des irrigations du Palar.
Ces systèmes sont très- communs surtout sur le terri
toire de Pondichéry et ceux d 'une configuration analogue
où les versants sont si étendus et les lignes de faîte et de
thalweg si rares qu'on ne pourrait irriguer qu'une minime
portion du pays , si on se bornait à barrer les vallées. Cette
configuration est très -fréquente dans l'Inde méridionale
qui présente d'immenses plaines granitiques d'un relief
très-peu accidenté. Presque toujours, les digues des étangs,
horizontales à leur crête , ont leur hauteur maximum au
dessus du sol vers le milieu de la largeur de l'étang et se
raccordent à leurs extrémités avec le terrain naturelpar leurs
crêtes horizontales. Elles forment un V très-écrasé dont les
bras coupent obliquement en montant la pente du terrain ,
lorsque l'étang est sur le flanc d'un versant. La terrenéces.
saire pour former les digues provient d'un fossé large de 6 à
12 mètres et profond de 1 à 2 mètres qui règne tout le long
au pied des digues dans l'intérieur de l'étang et qui est
seul rempli pendant l'été , tandis que tout le reste de l'étang
està sec et quelquefois mêmeen culture. Ce fossé s'appelle
Arangani ; assez profond pour intercepter l' écoulement des
İRRIGATIONS DE L’INDE. 249
eaux suintantdans le sous -solargileux , il est alimenté , l'été,
par ces eaux qui, quelques années après le creusement
de l'arangani, finissent par abonder régulièrement comme
des sources. Cela se produit de la manière indiquée par
M . Babinet dans la description de son procédé pour créer
une source pérenne dans un sol argileux quelconque. On
sait d'ailleurs que ce procédé est fondé sur la théorie de
l'abbé Paramel, laquelle est rigoureusement applicable aux
terrains argileux et, en général, à tous les terrains à sous
sol imperméable .
Conformément à cette même théorie , on trouve des
sources pérennes formant mares dans tous les contre-bas
fort rares, il est vrai, de ces immenses plaines à reliefs
presque uniformes ; les lits des rivières desséchées et sans
courant continu pendant l'été renferment dans le thalweg
une foule de mares dues à des sources pérennes et qui
sont utilisées pour l'arrosage des champs voisins. Les culti
vateurs les prennent au moyen de picotes dans des puits
communiquant avec les mares et les versentdans des petits
Canaux d'irrigation dont ces puits sont le point de départ.
On se rend facilement compte de la manière dont les
digues et l'arangani d 'un étang peuvent être établis sur le
flanc d'un versant par le croquis de la fig . 4, Pl. 205 .
Les courbes représentent les lignes horizontales du ter
rain tracées à i mètre de hauteur les unes au -dessus des
autres.
Dans cette hypothèse, la hauteur de la digue au -dessus
du terrain du côté extérieur à l' étang est 3 mètres au point a ,
2 mètres aux points b et b', i mètre aux points c et c' et
o aux points d et d'. La profondeur de l'arangani au-dessous
du sol naturel peut être de 2 mètres en a , de 1 " .33 en b et
6', de 0°.66 en c et c' et de o en d et d '.Les hauteurs d'eau ,
au moment du plein bord, seraient 5 mètres en a , 3m.33
en b et b', 1 " .66 en c et c' et o en d et d '. L 'étang intercepte
évidemment toutes les eaux pluviales de la portion de ter
250 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
rain dont les lignes de plus grande pente rencontrent ses
deux bras. On pourrait évidemment augmenter cette éten
due presque indéfiniment de manière à amener à l' étang ,
lorsqu'il est insuffisamment alimenté, toutes les eaux plu
viales qui ne sont pas prises par d' autres étangs ou cours
d 'eau. Il suffirait de creuser, en prolongement de l'aran
gani et des bras ou digues extrêmes , un fossé suivant la
ligne de niveau supérieure d ' ou mieux suivant une ligne
un peu ascendante sur celle -ci, de manière à ménager air
fossé une pente de fonds. On rejetterait, derrière le fossé à
l'aval pour en former tout le long un bourrelet en remblais ,
la terre provenant du déblai de ce fossé.
Les digues de la plupart des étangs ontrarement plus de
41.57 de hauteur maximum . La plupart sont simplement
de terre argileuse et on n 'a pris que fort rarement le soin
de les bien gazonner. Toutefois , dans les pays où la pierre
est abondante, les digues de quelques-uns des plus grands
étangs sont défendues par des blocs de pierres échouées
sans aucun arrangement sur les talus intérieurs ou bien
disposés en forme de revêtement presque vertical sansmor
. tier ni ciment. Ces pierres ontmoins pour objet de soutenir
le remblai que de le défendre contre l'action des vagues
lorsque l'étang est agité et de le préserver des avaries que
pourraient causer les pluies de la mousson (fig . 5 , (a ), (6 ) ,
(c), (d) , Pl. 205).
Souvent la même vallée ou le même versant renferme un
grand nombre d'étangs étagés dont chacun commence au
point où les cultures cessent d 'être irriguées par l'étang
supérieur. Lorsqu'une série d'étangs est étagée sur le
thalweg d 'une vallée, une rupture survenue à l'un d'eux
entraine souvent des ruptures semblables aux étangs infé
rieurs; cela arrive principalement quand des pluies torren
tielles succèdent à la sécheresse pendant laquelle la terre
des digues (généralement argileuse ) perd 'sa ténacité et se
crevasse de manière à être plus tard rapidement saturée
IRRIGATIONS DE L'INDE . 251
d'eau. Mais la cause la plus commune de la rupture des
étangs est l'état fâcheux et l' absence d' entretien des digues
dont souvent plusieurs portions ne sont pas assez élevées
au-dessus des eaux. Les vagues poussées par des vents vio
lemts atteignent le sommet des parties les plus basses, les
dégradent peu à peu et finissent par les surmonter , ce qui
occasionne une rupture.
Pour prévenir ces accidents , des parties de la digue
(situées généralement à une de ses extrémités ou aux deux
et fréquemment à la correspondance du thalweg ou bien du *
lit du torrent par lequel l'eau' arrive) sont formées de murs
en maçonnerie dont la hauteur est réglée de manière å
écouler l' eau surabondante en se combinant avec la lon
gueur qui varie depuis 5 mètres jusqu'à 200 ou 250 mètres
suivant la grandeur des étangs et la quantité d'eau qu'ils
reçoivent pendant les crues et les pluies de la mousson .
Généralement, tout le long de la crête de ces Galingulahs,
est implantée une rangée verticale de piliers monolithes de
07.60 à 2m .50 de hauteur, séparés par des intervalles de
0 .60 à 1m .25. On remplit ces intervalles de terres, de pailles
et de décombres, pour augmenter la capacité de l'étang,
pendant que les pluies sontmodérées. Mais quand les eaux
arrivent en assez grande abondance pour emporter les
digues, on débarrasse ces intervalles afin d'augmenter la
décharge des eaux. La hauteur de ces pierres est calculée
demanière à ce que la crète de la digue provisoire à laquelle
elles servent d'appui, soit au niveau le plus élevé que l'étang
puisse atteindre sans que les digues permanentes courent
de dangers.
Dans quelques étangs, l’eau se décharge par des ouver
tures, ménagées à un niveau très-bas, dans des murs en
maçonnerie situés comme il a été dit ci- dessus. Ces ouver
tures sont fermées au moyen de planches verticales juxta
posées ou aiguilles, ou bien au moyen de vannes. Ces
sortes d'ouvrages appelés pertuis de décharge (weirs) sont
252 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
de moindres dimensions et moins coûteux que les déversoirs
de superficie. Ils ont aussi le grand avantage d' entraîner la
vase et le sable du fond de l' étang qui, avec le temps, pour
rait se remplir. On a souvent établi de pareils pertuis dans
la partie inférieure du corps des calingulahs; mais le plus
ordinairement les étangs n 'ont d 'autres décharges qu’un
simple déversoir de superficie.
Les prises d' eau pour l'irrigation consistent en de longs
aqueducs en maçonnerie hydraulique de briques ou de
pierres, voûtés ou recouverts de dalles, qui passent sous les
digues des étangs, de niveau avec le fonds de l' étang. Ils
sont pourvus, à l'extrémité d'amont, d'un appareil pour
régler la quantité d'eau à prendre pour l'irrigation ; ils se
terminent à l'autre extrémité c'est-à -dire à l'extérieur par
un large puisard, ou bassin , ou une sorte de citerne, dont
les murs sont percés d 'orifices à différents niveaux qui cor
respondent à autant de canaux de prise d 'eau de hauteurs
différentes portant les eaux à des zones de terrains situées
à divers niveaux. Dans les grands étangs, il y a quelquefois
des puits perdus à la tête des aqueducs pour empêcher la
vase de s'accumuler à l'entrée.
L'appareil ordinaire en tête de l'aqueduc consiste en une
porte verticale, souvent une simple pierre, placée devant
l'entrée , que l'on retire pour laisser passer l'eau seulement
au moment où l'étang est déjà presque vide, et dans une
certaine disposition d 'une portion de la couverture de
l'aqueduc qui forme avancée sur la digue de l'étang vers
l'intérieur. Cette partie , en pierres de taille, est percée d'un
trou conique dans lequel un cône de bois attaché à un long
bambou peut être mu verticalement du haut d 'une plate
forme formée par deux longues pierres verticales et de
deux ou trois pierres placées transversalement sur celles-ci
pour recevoir l'éclusier qui se tient debout. La dernière
pierre horizontale est percée d 'un trou à travers lequel
on fait monter et descendre le bambou. L 'aqueduc déjà
IRRIGATIONS DE L'INDE. 253
fermé par devant, lorsque l' étang est plein jusqu'à une
certaine hauteur au moyen de la porte dont il a été fait
mention , peut être ouvert alors plus ou moins, en arrière et
au -dessus de son entrée en levant plus ou moins cette bonde
suivant les demandes d' eau. La porte verticale ne sert qu'à
vider le fonds de l' étang.
On peut voir encore ce procédé représenté dans les des
sins du grand étang d 'Ossoudou (fig . 13 et 14 , Pl. 206 ) ,
sur le territoire de notre établissement de Pondichéry dont
la description complète , comme détails , ce que nous avons
dit jusqu'ici au sujet du système d'irrigation par les étangs.
Le même système avec deux et trois bondes étagées et en
retraite l'une sur l'autre est représenté aux fig . 1, 2 et 3 ,
Pl. 206 (d 'après les dessins de l'étang de Cavérypaukum ).
L' étang de Cavérypaukum est alimenté à peu près exclu
sivement par une dérivation du Palar ; la longueur de ses
digues est 6 kilomètres , sa superficie de 18 kilomètres
quarrés et sa plus grande largeur à la ligne d'eau de 3 200
mètres.
La digue a , sur toute la longueur, un mur de soutene
ment en pierres sèches de fortes dimensions mais grossière
ment équarries ayant o " .go d 'épaisseur au sommet , 11.80
à la base et 6 ” .70 de hauteur. La levée en terre le surmonte
de 1 .50 à 1 " .80 ; sa crête est arrasée à un niveau uni
forme à 2 " .80 au -dessus des plus hautes eaux. Elle n 'a
nulle part moins de 3 mètres de largeur au sommet; sa
pente est de 2 1/ 2 pour i du côté de l' étang et 1 1/ 2 pour i
du côté opposé ; ces deux pentes sont parfaitement gazón
nées.
Le canal d'alimentation a environ u kilomètres de
longueur ; il remplit aussi deux petits étangs contigus.
L ' étang de Cavérypaukum irrigue environ 3 116 hectares
et procure au Gouvernement un revenu annuel de 160 ooo fr.
Il a deux déversoirs d 'une longueur totale de 204 mètres
par dessus lesquels l'eau déverse sur unehauteur de 1 " .20
254 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
à ,m .80. L'eau est distribuée par sept pertuis de prise
d 'eau.
En 1836 , l'étang fut sur le point d 'être détruit par un
ouragan si soudain qu' on n 'eut pas le temps d'ouvrir les
déversoirs ; ce qui aurait pu causer une inondation de la
ville de Madras. Le danger passé, on s'empressa de forti
fier les digues et d'améliorer les déversoirs en rendant la
manæuvre des vannes plus facile et plus prompte .
Cet étang, comme presque tous les grands étangs, a ube
très-haute antiquité. En reconstruisant les vieux pertuis de
prise d'eau, on a trouvé une inscription placée alors que l'é
tang existaitdéjà depuis longtemps etqui prouve que pendant
quatre cents ans que l'étang a servi, son fonds s'est relevé
graduellement de 3m .60 par des dépôts de sable et de vase.
Nous citerons encore l'étang de Chumbrumpaukum situé
dans un pays très -montueux qui est alimenté exclusive
ment par les eaux pluviales des versants. Il ressemble à un
lac, bien que tout ce qui constitue la retenue des eaux y
soit complétement artificiel. Sa surface est de 24 kilo
10 - :
mètres quarrés, 32 hectares ; il a 9 kilomètres et 1/2 de
longueur, des digues d 'une épaisseur de i mètre à 8“ ,50 et
d'une hauteur de 5 à 8 mètres. Sa capacité est de 28mil
lions et demi de mètres cubes. Il alimente, au moyen de
dix vannages de prise d'eau, environ 4 500 hectares de
rizières et donne au Gouvernement un revenu annuel de
plus de 125000 francs ;la dépense d'entretien et d'améliora
tion des ouvrages pendant vingt ans a été de 7 p . 100 de ce
revenu annuel. Il a pour décharge six déversoirs de superficie
d 'une longueur totale de 206 mètres dont la crête est de
1" .80 à 4 mètres en contre-bas du sommet des digues sui
vant la position . Ce débouché énorme est nécessaire en
raison de l'irrégularité et de la soudaineté des crues de
l'étang. Il l'a préservé jusqu'ici de tous accidents par rup
tures de digues , le petit nombre de ceux qui ont eu lieu
doivent être attribués à d'autres causes.
IRRIGATIONS DE L'INDE. 255
Il y a dans la présidence deMadras plus de 53 000 étangs
réservoirs, tous créés parles natifs, ayant ensemble une lon
gueur totale de digues de plus de 48 000 kilomètres et plus
de 300 000 travaux d 'art, donnant au trésor un revenu de
plus de 37 millions et demi de francs et représentant en
travaux existants un capital d 'environ 400 millions , bien
que beaucoup d'anciens étangs très -beaux soient en ruine
et hors d'usage faute de réparations et d'entretien . Quelques
uns des plus anciens étangs ont des proportions gigan
tesques. Celui de Ponairy, dans le district de Trichnapoly ,
avait une longueur de digues de plus de 48 kilomètres et
une étendue de 150 à 200 kilomètres quarrés.; celui de
Veranum encore en fonctions a plus de 15 kilomètres de
longueur de digues et go kilomètres quarrés de superficie.
Celui de Bookaputnum , dans le bassin du Pennar , a une
longueur de digues de 17 kilomètres; il a été formé en fer
mant par des digues les gorges d'une chaîne de hauteurs
qui croise le cours de la Chitravaty , rivière large, bien
nourrie habituellement et qui, après l' étang de Booka
putnam , alimente le grand étang de Durmaveram et
ensuite un grand nombre de petits canaux d 'irrigation .
Dans les districts irrigués , toute la récolte est presque
exclusivement de riz et dépend uniquement de l'eau dont on
dispose. Tous les travaux hydrauliques que l'on exécute
depuis trente ans produisent une augmentation énormedu
revenu annuel. D 'après les documents officiels les plus cer
tains, cet accroissement varie entre un minimum de 77 et un
maximum de 259 p . 100 de la dépense première des travaux.
Aussi, depuis la construction des barrages du Coléron, le
Gouvernement a -t-il donnéun grand développement aux ou
vrages du même genre destinés à utiliser la plus grandepartie
possible des eaux des rivières, surtout des principales.
Mais l'activité des ingénieurs anglais , en nombre beaucoup
.trop restreint, et mal secondés par les agents natifs leurs
subordonnés , ne peut suffire à pourvoir à toutes les répara
256 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
tions et améliorations partielles et à la restauration des
anciens étangs aujourd'hui en fonctions ou hors d'usage.
Et,cependant ce sont ces travaux qui, relativement,seraient
les plus profitables.
La compagnie des irrigations de Madras a établi sur la
Toombuddra à Kurngol, non loin du confluent de cette
rivière, dans la Kistnah, un barrage de plus de 2 kilo
mètres de longueur et a ouvert , dans le roc à travers un
pays tourmenté, un canalde 116 kilomètres de longueur qui
fournit gı mètres cubes d 'eau par seconde aux irrigations;
il traverse la rivière d'Hindri sur un aqueduc de gımètres
de longueur. La dépense est de 9 à 10 millions.

VI. – Quantité d'eau employée pour les irrigations; moyens auxiliaires


d'arrosage ; machines à élever l'eau.

Quantité d' eau employée pour les irrigations. On admet


qu’une rizière doit être maintenue pendant soixante-douze
jours, couverte d 'une épaisseur d 'eau de o " .0127. En sup
posant qu'il faille par jour o " .0127 de hauteur d'eau ,il
faudrait pour í hectare, dépenser 127 mètres cubes par jour,
soit en tout pour une récolte 72 X 127 ou 9 144 mètres
cubes.
On avait l'habitude de compter pour chaque hectare et
pour une récolte du riz , une dépense d' eau de 14 258 mè
tres cubes, soit 21. 3 par seconde pendant soixante -douze
jours, comprenant l' évaporation , l'absorption et les pertes
d'eau . Ces pertes sont très-considérables dans la présidence
de Madras, à cause du peu d'ordre et de précaution avec
lequel les eaux sont prises et employées.
D 'après l'ingénieur Baird Smith , dans la présidence de
Madras , le volume d'eau nécessaire par seconde et par
hectare pendant toute la durée de l'irrigation est de 1 !.75.
Ce chiffre est inférieur au précédent ; sans doute parce
qu'il fait une part moins large aux pertes d'eau que l'on
IRRIGATIONS DE L'INDE. 257
arrive à réduire de plus en plus, et aussi parce qu'il tient
compte de la culture des espèces de riz qui demandent
moins d'eau . Il convient de regarder 1 .75 comme un mi
nimum et 2 . 30 comme un maximum , et on peut accepter
2 litres pour moyenne.
Moyens auxiliaires d'arrosage. — Lorsque l'eau des réser
voirs ou des étangs est épuisée par des sécheresses trop lon
gues, on a recours pour empêcher les récoltes de périr , à
des moyens d 'arrosage qui seraient trop coûteux si on de
! Fait les employer toute l'année ou même pendant un trop
grand nombre de jours,mais qui sont précieux comme auxi
liaires en cas de manque d'eau accidentel ; ce sont:
1 Les sources qui se trouvent généralement en grand
nombre dans les rivières, et dont un certain nombre per
sistent pendant les sécheresses.
2* Les petits étangs naturels quine sont autres que des
bassins de sources pérennes ; en général, de pareils étangs
se trouvent dans toutes les dépressions où concourent les
pentes naturelles du terrain ; quelquefois ils sont échelon
nés par séries alimentées par une même nappe d'eau sou
terraine ; tels sont les petits étangs au nombre de 12, si
tués entre la source de Moutrépaléom , qui alimente les
fontaines de Pondichéry sur un parcours de 6 kilomètres.
On a constaté que lorsqu'on épuise ces étangs pour les irri
gations, la source de Moutrépaléom , renfermée dans un
puits ,monte et baisse plusieurs fois en vingt-quatre heures
en même temps que l' eau s' élève ou s'abaisse dans ces
étangs.
į. Les puits, auxquels on donne un diamètre assez
grand pour pouvoir y puiser au moyen de la picole. Quel
ques-uns correspondent à des sources naturelles profondes,
et ne s'épuisent jamais , et on leur donne généralement de
grands diamètres; sur le territoire de Pondichéry , le puits
Delarche qui domine un terrain assez vaste a un diamètre
de 3º.25. Ces puits servent aussi pour arroser certaines
17
Annales des P. et Ch. MÉMOIRES. – TOME XVIII.
258 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

récoltes qui n 'exigent que peu d 'eau ; pour ces cultures, ils
peuvent suffire sans le concours des canaux ou des réser
voirs.
Les puits alimentés ainsi par des sources pérennes sont
les seuls où les eaux soient assez abondantes et assez
hautes pour servir momentanément sans frais exagérés à
l'irrigation des rizières.
Les autres puits sont consacrés aux cultures qui deman
dent beaucoup moins d 'eau.
Machines à élever l'eau. Picote. - La machine la plus
commune est la picote ; c'est un levier dont le point d'appui
est au milieu , et qui est formé par une pièce de bois légè
rement arquée en dessous. Dans sa moitié située du côté
opposé au puits, cette pièce de bois est garnie de redans et
assez large pour permettre à deux hommes de marcher faci
lement dessus; à l'extrémité opposée est attaché avec une
corde ou articulation quelconque, un bambou dont le bout
inférieur porte le vase hémisphérique en tôle qui sert à
puiser l'eau (fig. 2 à 8 , Pl. 207).
Le levier porte par dessous sur un axe fixé transversale
ment en son milieu , et qui s'engage dans deux tourillons
pratiqués dans les joues d 'un poteau vertical évidé à son
sommet (le plus souvent ce poteau est un arbre); chacune
de ces joues est encore assez épaisse pour recevoir le pied
d' un homme sur son sommet.
Le système est toujours surmonté de quelques branches
fixées au - dessus, soit naturellement, soit artificiellement,
auxquelles les deux manæuvres se tiennent avec leurs
mains en poussant lorsqu 'ils descendent sur le bras de
levier, et en tirant lorsqu'ils remontent. Ils se tiennent le
plus loin possible de l'axe, et descendent avec le bras de
levier jusqu'à ce que le vase ait atteint la margelle sur
laquelle un troisième mancuvre le fait basculer pour le
vider, Pendant qu 'il se vide, les deux maneuvres s'aidant
des bras, remontent sur le levier jusqu'à l'axe, et se posent
IRRIGATIONS DE L'INDE. 259
sur le sommet du poteau support; le levier, alors à pen
près vertical, se trouve ainsi complétement libre . Lorsque
le vase est vidé, ils donnent tous deux avec leur bras droit
une impulsion à la branche du levier à laquelle est attaché
le vase , cette branche descend alors par l'effet de cette im
pulsion et du poids du vase qui se trouve à son exrémité.
Lorsque la hauteur à laquelle on monte l' eau est faible ,
ce qui arrive souvent, on ne met qu'un homme sur la pi
cote ; on en met trois au contraire , lorsque la hauteur à
franchir est très-grande ou lorsqu'on veut obtenir dans le
même temps une plus grande quantité d'eau.
Pour les fondations du pont de Chounnambar, près de
Pondichéry , une picote maneuvrée par trois hommes éle
vant l'eau à 3 “ .50 de hauteur a épuisé un volume d'eau de
130 à 135 litres d 'eau par minute (moyenne prise sur un
très-grand nombre d 'expériences).
La picote est manoeuvrée facilement par deux hommes,
un sur le levier , l'autre au puits , lorsque la hauteur à
franchir est en moyenne de 3 " .05 , et ne dépasse pas 4 " .27.
On a fait des expériences pour ce cas à Madras, lors de la
reconstruction d'un des bastions du fort Saint-Georges , la
capacité des bassins en tôle ou demi- sphères, servant à
monter l' eau était uniforme et de onc.0283, dont on dé
duisait un sixième pour perte dans la maneuvre. On don
nait dix coups par minute , en sorte qu'une picote montait
par heure 147mc.50 à om.305 de hauteur. En travaillant jour
et nuit pendant soixante -treize jours, on éleva à 3 .048 de
hauteur, 322 280mc.40 pour une dépense en main -d'œuvre
de 2 9654.62 représentant 73 journées de 52 hommes ou
73 x 52 = 3 796 journées de travail.
On a employé aussi pour le même épuisement des pa
niers maneuvrés , chacun au moyen de deux hommes agis
sant aux extrémités de deux cordes; on a échelonné jusqu'à
trois couples d' hommes pour élever l'eau d' une certaine
hauteur. Ce mode d'épuisement ne parait avantageux que
260 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

dans le cas où l'on peut se contenter d 'un couple d'homme


pour l'opération à exécuter ; en l'absence d 'autres machines
on a quelquefois aussi échelonné des picotes pour épuiser à
une grande profondeur au-dessous du sol.
Cuppilay.-- La machine la plus communément employée
pour les irrigations au Berigale et dans plusieurs provinces
du sud , notamment dans le Tanjore est la cuppilay (fig.11
et 12, Pl. 207). Elle consiste dans une outre en cuir de grande
dimension se terminant par une queue percée au fond. Deux
cordes sont attachées l'une à la bouche de l'outre, l'autre
au fond ; elles sont tirées ensemble chacune sur une poulie
par des bæufs qui descendent une rampe. La poulie qui
correspond à la première corde est placée au -dessus dela
deuxième; la distance entre les poulies et la longueur des
cordes sont combinées de telle sorte, que quand l'outre est
plongée dans l'eau, et pendant qu'elle remonte jusqu'à la
poulie la plus basse, c'est-à -dire jusqu'au sommet de la
hauteur à franchir, la bouche et le fond de l'outre repliée
en deux sont à peu près de niveau . Arrivée à ce point, la
bouche continue à s' élever par le mouvement de la corde,
qui la tire jusqu 'à la poulie supérieure, tandis que, au con
traire, le fond est tiré horizontalement, et déverse l'eau
dans un canal de conduite . Cela fait, on force les bæufs à
remonter la rampe à reculons pour faire redescendre l'ou
tre (*) . On s'est servi aussi au jardin botanique de Madras
d 'une double cuppilay maneuvrée par des beufs attelés à
un manége, et qu'on appelle Ret!a cuppilay.
Retta cuppilay. — Cette machine (fig. 9 et 10, Pl. 207)
se compose de deux cuppilays ordinaires placées dans un
mêmepuits l'une près de l'autre dont les palans supérieurs
sontmobiles chacun autour d 'un axe vertical fixé au-dessus
du puits à une traverse commune reposant à ses extré
(*) La cuppilay se trouve aussi en Algérie ; on peut en conclure
qu 'elle a été portée à la fois dans ce pays et dans l'Inde par les
Arabes.
IRRIGATIONS DE L 'INDE . 261
mités sur deux chevalets plantés dans le sol. Chaque outre
est soutenue à son sommet par une chaîne et à sa queue
par une corde ; celle -ci, après avoir passé sur deux pou
lies de renvoi inférieures m , n , s'enroule en passant des
sous d'abord et ensuite par dessus, sur le palan corres
pondant de manière à l'embrasser suivant une demi
circonférence, tandis que la chaîne attachée à la tête de
l'outre n'embrasse le même palan que suivant un quartde
cercle. Une fois sorties de la gorge du palan, la chaîne
et la corde sont contiguës sur la moitié environ de la
longueur de la chaîne ; après quoi, la corde est nouée à
la chaine qui se prolonge seule en avant. La chaîne de
chaque cuppilay s' élève ou s'abaisse avec la corde accou
plée , dont le mouvement est réglé par un rouleau h , h ;
l'une des chaînes q vient s'attacher à une des branches
d'un crochet en croissant reposant sur l'un des bras du
manége entre l'axe de celui-ci et l'attelage des beufs , et
mobile autour d 'un axe vertical logé dans l'épaisseur du
bras. En retirantune cheville qui entre dans l'axe horizon
talement par dessous le bras du levier , on peut faire varier
la position de cet axe lui-même, le long de la moitié a b
do bras la plus reculée du centre; il sert ainsi de régula
teur pour diminuer et augmenter les longueurs aq et acp
suivant que le niveau de l' eau dans le puits est plus ou
moins élevé. La chaîne de l'autre cuppilay p passe dans
une poulie c, dont la chape est mobile autour d 'un axe ho
rizontal k , et vient ensuite s'attacher à l'autre branche du
même crochet en croissant a .
Pour que le dessin représente mieux les choses, on a
figuré dans la section longitudinale , la projection du ma
nége, lorsqu'il occupe une position oai oblique par rapport
à cette section , et non lorsqu'il occupe la position normale
ioi dessinée au plan .
Si on suppose que les bæufs tournent dans le sens xay,
la cuppilay q monte et la cuppilay p descend pendant que
262 MÉMJIRES ET DOCUMENTS .
le crochet a décrit la demi-circonférence x a y ; c'est l'in
verse pendant qu'il décrit la demi-circonférence opposée
y a x ; en effet, pendant la première période la chaîne aq
se trouve tirée, et la chaine acp lâchée , puisque le crochet
a s'éloigne, c'est l'inverse pendant la deuxième période
où le crochet a se rapproche.
La cuppilay est d'autant plus avantageuse que l'on a à
élever l'eau à de plus grandes hauteurs. Lorsque ces hau
teurs sont de 3m.35 à 3" .66 et de 12". 19 à 13 .72, la
quantité d'eau élevée dans le second cas estles 5 /7 de celle
élevée dans le premier .
Dans quelques expériences faites par le capitaine Best ,
deux bons bæufs élevaient en une heure à la hauteur de
6m.10 ; go outres contenant chacune uzlit.434, ce qui
donne 32 mètres cubes, 265 litres élevés de i mètre en une
heure par un bouf.
Au moyen de la Retta cuppilay, 4 beufs élevaient, par
heure, à la hauteur de 4 " .572 , 180 outres contenant cha
cune 150 litres, ce qui donnait 30 mètres cubes 861 litres
élevés de i mètre en une heure par un bæuf. Avec une
pompe ordinaire, un homme peut élever environ 226 " ..4
à 3m .048 de hauteur en une minute ce qui donne 41 mètres
cubes 404 litres élevés de i mètre par heure. Avec les
donnés qui précèdent, on a calculé le tableau suivant:
IRRIGATIONS DE L'Inde. 263

ascensionnels

d'eVolume
letemps
Nombre

Travail
obtenu
élevé
dans
coups

hNombre

ranc
.enfranchie

au
Hauteur

fpour
1utilo
d' eures
mètres

travail
NOMBRE NOMBRE TRAVAIL

de
d'hommes de utile effectué.

colonne
.de

8.indiqué
ou
MACHINES de bægfs mètres cubos On a élevé d 'un

heures
élevés métre

ascensionnels

àla
employes.

.dans
l'Inde
par

indiques
colonnes
kilogrammes
etletemps
employées
.

dans
avec
par

laforce
hommes

.aux
seconde

coups

heure

84et
par
pour

par
.
.b@ufs

litres
.
.

ou
épuiser.

.
w
N

m . 0. 1 . m m . C. ' k. m .
AO

Picote.. . .. .. .. .. .. .. . 63.0525
11.2. Idem 0 600 0 .0234 14. 15 6 84.900 11. 75 58.84 331. 992
OOO

300 0 .0407 12. 226 6 73 354 20 .50 452.866 548 .583


13. Idem . . . . . 6 .25 240 0 .0153 10 .872 61 65 .203 18. 27 02.518 400 .134
Paniers. . . : : 3.05
4.3. Cappilay 13. 20 0 .0094 12.45 6 74.712 10 .34 227 .750 97.384
ordinaire
à bouſs . . . . . . 3 . 35 44 0 .05 2.18 12 26 .149 2 .08 87 60 | 187. 465
Idem .... .. .. .. .. .. .. ..113.72
16.17. Idem 6 .10 900.0566 5 09 6 30 . 244 | 8.46 186. 365 | 398. 390
32 0.0495 1.58 12 19.018 | 5 .92 1260.911 | 557.746
18. Retta
jardin coppilay
d'borticul du
6.86 oli 180|0.0374 | 6.72 8 53.793 8.38 246.0021787.976
ture . . . . . . . .
19. Pompe ordinaire. . 3.05 ilo 60soparm min22.-113.588 108.672 11.38 331.315 424.950
Quand on est obligé de louer des boufs, la picote est le
moyen debeaucoup le plus économique. Quand on possède
les bæufs, leur entretien et la paye mensuelle du bouvier
font revenir la journée d'un bæuf à o'.45 par jour. Un
journalier coûte o'.75 par jour de gà 10 heures de travail.
Pourdes hauteurs de 3 à 3".10 la dépense de la picote est
la moitié de celle des beufs, les deux septièmes de celle
des paniers et une fois et un quart celle de la pompe.
Pour des hauteurs qui n'excèdent pas 6 à 6m.50, la
picote est plus économique que les bæufs ; pour des
hauteurs plus grandes, on a avantage à se servir des
b @ ufs.
A Madras, une picote complète coûte 65 francs, une
cuppilay .ordinaire 87 francs; une rettacuppilay 450 à
750 francs ; une pompe ordinaire de 600 à 750 francs
Dans la campagne la picote ne coûte presque rien et est
presque toujours le procédé le plus avantageux.
264 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
On a employé avec avantage, au Jardin d 'acclimatation
de Pondichéry , 2 machines à norias construites avec la
plus grande simplicité possible .
La première est mue par une roue verticale semblable à
une roue à tympan ; le tambour a une largeur et un diamètre
assez grands pour recevoir un animal qui le fait tourner.
L 'expérience de cette machine n 'a pas été complète à Pon
dichéry , parce qu' on n 'a pas pris la peine de dresser un
animal à cet exercice. On s'est contenté de la faire mou
voir par 2 coulis. On a obtenu 2 fois et au delà plus d'eau
qu'avec une picote. Les 2 coulis marchaient pendant une
demi-journée dans le tambour et étaient ensuite remplacés
par 2 autres; le reste de la journée , on les utilisait à d'au
tres travaux. La machine a coûté 250 francs.
Au Sénégal, on a tiré un très-grand parti de cette ma
chine qui était mue par un âne . Une machine pareillemue
par un cheval a fonctionné pendant 2 années avec avantage
dans une usine à Lons-le -Saulnier (Jura ).
En raison de la grande quantité d 'eau qu' elle tire , elle
convient surtout lorsqu'elle peut être placée dans un ré
servoir inépuisable , comme un étang, ou sur une rivière
dans un bief à l’amont d 'un barrage.
La deuxième machine est mue par un manége auquel
on attèle un beuf ou une paire de bœufs. C 'est la noria
d 'Égypte , einployée si communément sur les bords du
Nil. Elle donne aussi beaucoup d' eau , mais moins que la
précédente , quand on parvient à faire marcher celle -ci
convenablement par un animal . Mais elle a sur elle cet
avantage qu'on n'est pas obligé de dresser exprès les ani.
maux qui la manæuvrent et aussi qu 'elle coûte moins de
premier établissement et d 'entretien . Avec 100 francs, on
peut en installer une à Pondichéry.
Pour faire comprendre par un exemple les généralitésqui
précédent sur le système d 'irrigation du sud de l'Inde, il est
nécessaire de donner la description détaillée d'un district
IRRIGATIONS DE L'INDE. 265
irrigué. Nous prendrons naturellementpour exemple le ter
ritoire de Pondichéry.
VII. – IRRIGATION DE L 'ÉTABLISSEMENT DE PONDICHÉRY.
Descriplion générale. — Le territoire de l' établissement de
Pondichéry se partage entre deux bassins principaux ; celui
de la rivièrede Ponéar qui en forme la limite sud sur une lon
gueur de 14 kilomètres, et celui de la rivière de Gingy qui
le traverse presque diagonalement du nord -ouest au sud-est.
La pente du Ponéar est torrentielle , même sur notre
territoire; sa largeur est de 400 à 500 mètres, son débit
d'étiage descend jusqu'à zéro et son débit pendant les
crues atteint 3 655 mètres cubes.
La rivière de Gingy a un parcours de 34 kilomètres sur
le territoire français ; sa pente est torrentielle ; sa largeur,
à son entrée sur notre territoire, est de 350 mètres ; son
débit est de om . 139 par seconde à l' étiage et de 4647 mè
tres cubes pendant les crues . A une distance de 7 kilo
mètres de son embouchure, elle se divise en deux bras ,
dontl'un , la rivière d’Ariancoupom , qui coule à gauche,
n 'est qu'une décharge du bras principal le Choumambar .
Le Ponéar n 'a point d 'affluents sur la rive gauche ou
française ; des deux thalwegs d 'ordre secondaire quise trou
vent à sa gauche, le plus bas, le Maltar, verse à la mer ;
le plus haut, nommé le Coudouvéar, est un affluent de la
rivière de Gingy . Outre les eaux pluviales de leurs bas
sins, ces deux thalwegsrecevaientautrefois cellesdu Ponéar
par des prises d'eau faites à des distances respectives de
42 et de 49 kilomètresde l'einbouchure du Ponéar. Le canal
dérivé de la première prise d'eau à l'amont a , à son origine,
une largeur de 8 mètres qui se réduit à 3 ou 4 mètres
près de Vadanour ; il s'arrête aujourd'hui à ce village.
La portion de territoire comprise entre le Maltar et le
Ponéar est irriguée par des dérivations de cette dernière
rivière, dont les principales sont : le canal de Pâcom ,
266 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
celui de Couttiamcoupom , le Bangar vaïkal ou canal du
grand étang de Bahour, l'Ajiguinattonvaïkal, enfin de Sit
teryvaïkal ou canal du petit étang de Bahour; ces canaux
empruntent chacun leur nom au plus grand des étangs
qu'ils alimentent. Les cinq prises d'eau sont respecti
vement à 24 kilomètres , 22".833 , 214.800, 154.133 et
84.200 à l’amont de l'embouchure de Ponéar. Il n 'y a de
barrages en rivière qu'en tête des 2 premiers canaux,
Actuellement, les dérivations du Coudouvéar sont :
Sur la rive droite , le canal de Kijéour avec barrage en
terre, au nord de Kijéour. Sur la rive gauche, le canalde
Pallichéry dont la prise d 'eau est à l'amont de la précé
dente , et le canal de Mangalom avec pont-barrage à l'aval
de la prise d ' eau de Kijéour.
En amont du Coudouvéar la rivière de Gingy a pour
affluent sur sa rive droite le Pambéar qui prend sa source
dans les collines en face de Tiroukouvelour et qui a un
parcours total de 71 killomètres dont 13 kilomètres sur
notre territoire ; et la rivière de Vicravandy dont le con
fluent est un peu en amont de la limite anglo -française .
On en a dérivé un canal dit de Vicravandy qui alimente
à la fois des étangs anglais et français. Ce canal, aussi bien
que celui dit du petit étang de Bahour et celui du grand
étang de Bahour, a , avec ses embranchements, une lon
gueur de plus de 12 kilomètres.
C'est un trait caractéristique du relief du territoire de
Pondichéry que les deux cours d'eau principaux d 'où partent
et où aboutissent toutes les eaux , ont tous leurs afluents
sur leur droite et toutes leurs dérivations sur leur gau
che ; de ce côté la rivière de Gingy ne reçoit que des dé
charges d ' étangs par des fossés ou émissaires plus au moins
importants , et elle alimente les irrigations des terrains si
tués sur cette rive au moyen de plusieurs dérivations dont
les principales, celles des canaux de Souttoukény et de Vil
lenour, sont opérées à l'aide de barrages en rivière placés
IRRIGATIONS DE L' INDE. 267
respectivement à des distances de 26 kilomètres 1 /3 et de
19 kilomètres de l'embouchure.
Le canal de Villenour, construit en 1828 et 1829 par
M . l'ingénieur en chef Rabourdin , a sur une longueur
de 51. 760 une pente de fond de néon et une largeur au
plafond de 2 mètres ; vers le milieu de cette longueur, il
passe sous le radier du déversoir de fond du grand étang
d 'Oussoudou , dit déversoir de Coudepacom , sous une arche ,
de 3 mètres d'ouverture munie en tête d'un vannage fait
avec des planchettes.
Le barrage en rivière a une hauteur de i mètre au plus
au -dessus du niveau moyen du fond du lit et ne fait point
gonfler sensiblement les crues à l'amont. Il a été construit
de la mêmemanière que celui du canal de Soutoukani don
on parlera bientôt.
Près de la moitié des terrains que nous possédons sur
la rive gauche de la rivière de Gingy forment le bassin
particulier du grand étang d'Oussoudou situé à peu près
à égale distance entre la mer et l'extrémité nord de notre
territoire . Ce réservoir qui, avec le canal de Villenour, ir
rigue tout le district de Pondichéry , a plusieurs canaux de
décharge qui versent å la rivière de Gingy .
L'étendue totale du pays français et anglais dont nous
avons relevé la carte hydrographique est de 53 000 hec
tares dont 28 258 hectares seulement appartiennent à notre
territoire ; sur ce dernier nombre 20 258 hectares sont
cultivés et le reste appartient au domaine public .
Le nombre total des étangs, y compris les petits étang
de source , est de 213 dont 144 français.
La superficie totale de ces étangs est de 5 go6 hectares
dont 3 623 hectares pour les étangs français.; celle des par
ties cultivées de tous ces étangs est de 1936 hectares
dont 1 255 hectares pour les étangs français .
L' étendue totale des terrains susceptibles d 'être irrigués
par tous les étangs est de 24 413 hectares ; l'étendue con..
· 268 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
stamment cultivée en eau , c'est- à -dire des rizières , est de
6 806 hectares sur le territoire français ; elle est déjà trop
grande pour la quantité d 'eau dont on dispose.
Le rapport de la surface de nos étangs à celle de notre
territoire est de 3 623
uo 78258 = 0. 128 .
Celuide la superficie des terrains constamment cultivés
en eau , ou des rizières, sur notre territoire à la surface totale
6800
cultivée est de 20278 = 0 . 335 .
-
Sur le territoire de notre établissement de Pondichéry
il y a : 3 étangs principaux , 56 étangs secondaires et
55 réservoirs accolés à ceux-ci, 202 sources, 8 rivières
ou ruisseaux torrentiels à l'époque des grandes pluies,
9 canaux principaux dérivant les eaux de ces rivières et
alimentant chacun un certain nombre d 'étangs ; 381 petits
étangs à l'usage des hommes et des bestiaux ne servant
que momentanément et exceptionnellement pour les ir
rigations.
Deux mille puits servant comme les petits étangs.
On donnera une idée suffisante du système des irriga
tions dans notre établissement de Pondichéry en décrivant
en détail le grand étang d 'Oussoudou et les ouvrages qui
en dépendent.
Grand élang d' Oussoudou . Description générale. — Le
grand étang d 'Oussoudou est très -ancien .
Son périmètre a une longueur totale de 17 300 mètres;
sa superficie limitée à la ligne de la retenue ancienne des
eaux est de 9 738 hectares, sa capacité correspondante à
cette même ligne a été trouvée de 12 millions de mètres
cubes par M . Rabourdin à l'aide d 'un nombre suffisant de
sondages qui ont permis d' en dresser le plan topogra
phique et d 'en calculer les tranches horizontales (voir fig. 1,
Pl. 207 ).
Les lignes pleines portées au plan topographique repre
IRRIGATIONS DE L'INDE. 269
sentent les lignes d' eau anciennes de l'étang lorsqu'il en
contenait assez pour alimenter pendant le nombre de mois
indiqué les irrigations de 821 hectares. Depuis lors, la ca
pacité de l'étang a été réduite par des attérissements et
l'étendue des irrigations a été portée à 131 hectares.
A une époque où il ne recevait d 'eau que de ses versants,
M . Rabourdin estimait qu'il pouvait recevoir jusqu 'à 12 mil
lions de mètres cubes en trente -six heures .
Le 27 novembre 1827 on avait observé qu' en vingt-quatre
beures il était tombé une hauteur d'eau de om.158 qui,
multipliée par la surface du bassin , 6 000 hectares, donne
un volume de 10 480 000 mètres cubes.
Canal de Soutoukani. — En 1833 on commença le canal
de Soutoukani destiné à compléter l'alimentation du grand
étang au moyen d'une prise d 'eau dans la rivière de Gingy
faite à 6lil.700 mètres à l'amont de celle du canal de Ville
pour.(Voir la carte du territoire , fig . 2 , Pl. 208.)
On lui donna une pente au plafond de 2006 . égale à celle
du canalde Villenour et une largeur au plafond de 400 mè
tres avec des talus à 1 . Sa longueur est de ikil.239 inè
tres depuis le barrage de prise d ' eau jusqu'au déversoir de
fonds à l'entrée du grand étang Coudépacom .
Le barrage en rivière fut établi originairement à om.40
en contre -haut du seuil du déversoir de superficie du grand
étang dit du Pergotin ; il avait une hauteur de 1 ”. 25 au
dessus du fond du lit et une longueur de 355 mètres.
Voici comment on l'a construit : on commença par en
foncer avec le nouton, suivant les lignes AB et CD, dis
tantes de 50 mètres ( fig . 6, Pl. 205), deux files de palmiers
jointifs formant palplanches : les têtes de ces pieux furent
reliées par une moise horizontale en palmier fixée par des
clous barbelés. Pour établir la base du barrage, on enleva
au pied et sur toute la longueur de la file des pieux d 'a
mont le sable formant le fond de la rivière, sur une lar
geur de 10 mètres et o " .317 de hauteur. Cette excavation
270 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
fut remplie avec de la terre glaise que l'on tassa å la hie en
l'arrosant. On remplit avec de la terre végétale l'intervalle
de 50 mètres compris entre les deux cloisons formées par
les deux rangs de pieux jointifs , en suivant l'inclinaison de
0 ".025 pour i de la ligne EF de la fig. 6 bis, Pl. 205.
De plus, on taluta å l'inclinaison de avec des gazons
formant mur de revêtement le côté des eaux suivant EFI
(même figure). Toute la partie supérieure du barrage fut
ensuite couverte d 'un gazonnage posé à plat dans lequel on
planta des végels, herbes dont les tiges longues et souples
conviennent parfaitement, et autres herbacées à croissance
rapide.
Depuis lors , on a construit à 7 380 mètres à l'aval de la
prise d 'eau dans la berge droite du canal un déversoir de
superficie dont la crête fut primitivement arrasée à 1" .575
en contre-haut du seuil du déversoir de fond, le canal de
décharge à la suite emprunte un ravin qui rejoint la rivière
de Gingy.
Le canal de Soutoukani a été modifié considérablement
sur beaucoup de points dans son profil transversal par l'ac
tion des courants.
Pour parer à l'insuffisance du grand étang diminué gra
duellement par des attérissements, nous avons dû , de 1860
à 1866 :
1° Relever le barrage en rivière en tête du canal du Sou
toukani et arrêter sa crête à 2m .322 en contre-haut du seuil
du déversoir de fond du grand étang.
2° Relever au même niveau le déversoir de surface situé
dans la berge gauche du canal.
3° Relever de om :60 la retenue du grand étang, en pla
çant des vannes additionnelles de cette hauteur sur les
vannes anciennes du déversoir de fond et sur le seuil du
déversoir de superficie , et en exhaussant partout où besoin
était, les digues du canal de Soutoukani. De cette manière
IRRIGATIONS DE L' INDE. 271
on a augmenté de 5 500 000 mètres cubes le volume d 'eau
emmagasine.
Pour exhausser de i mètre le barrage en rivière on a
élevé sur celui déjà existant, en retraite de 2 mètres
sur son bord amont, un massif de terres argileuses bien
damées de i mètre de hauteur avec une inclinaison de 2
pour i du côté d'amont et une de 10 pour i du côté d 'aval,
on avait eu soin de dégazonner au préalable la surface sur
laquelle ce massif devait reposer .
On a gazonné avec le plus grand soin la surface en rem
blai avec des herbes à longues tiges et des arbustes.
Get exhaussement n 'a pas résisté aussi bien que le bar
rage lui-même, probablement parce que le talus de déver
sement à l'aval avait une trop forte pente io au lieu de
2 centimètres et demipar mètre qu'avait la pente primitive.
Ouvrages régulateurs de la retenue. — Le grand étang
est borné à l'est et au nord par des coteaux assez rapides,
à l'ouest par une digue en terre dite contre-digue de Ton
damanatton d 'une longueur de 4 200 mètres récemment
construite pour empêcher la nouvelle retenue d'inonder le
territoire de l'aldée (village) de ce nom ; enfin , au sud ,
par une très- forte digue de 3 000 mètres de longueur et de
4 " .50 de hauteur maximum qu' emprunte la route de Pon
dichéry à Valdoour. Elle est défendue, du côté du grand
étang, par un mur de soutenement en maçonnerie très-so
lide avec fruit moyennement de į à l'extérieur. Il y a à
l'origine de la contre-digue de Tondamanatton un aqueduc
qui, en grandes eaux, décharge par dessous le canal de
Soutoukani, dans celui de Villenour, au joignant du déver
soir de Coude pacom , les eaux de l'aldée de Tondamanatton
accumulées en amont de l'étang d 'Oussoudou derrière la
contre-digue, et cinq pertuis ou vannages qui, du même
côté, permettent aux eaux courantes de s'écouler à travers
la contre-digue dans le grand étang lorsqu'il n'est point
rempli.
272 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Tous les autres ouvrages d'art de l' étang sont situés
dans la digue méridionale ; aussi bien ceux qui règlent la
retenue, en déchargeant les eaux excédantes, que ceux qui
servent à répartir les eaux du réservoir entre les diverses
aldées à irriguer. Les ouvrages régulateurs de la retenue
sont :
1° Le déversoir de fond de Coudepacom construit par
M . Raboudin au point d'arrivée du canal de Soutoukani
en tête de la digue méridionale ; 2° Au bout opposé de cette
même digue à une distance de 560 mètres de son extré
mité Est, le déversoir dit du Pagotin , exécuté par M . Spi
nasse , ingénieur des Ponts - et- Chaussées.
Le premier ouvrage est formé par cinq arches ayant
chacune une ouverture de 4m .50 divisée par un cadre en
charpente en trois compartiments égaux qui reçoivent cha .
cun une vanne de 1º. 32 de hauteur.
Ces vannes se lèvent de la manière fort simple usitée en
France dans la plupart des moulins : on introduit l'extré
mité d'une pince en fer dans des trous ou sous des échelons
pratiqués dans la tige de chaque vanne, et on soulève cette
tige en se servant de la pince comme d 'un levier qu 'on
appuie à un petit rectangle en fer fixe mais dont le côté in
férieur peut tourner autour d'un axe horizontal.
Il faut employer simultanément deux pinces pour la ma
nouvre d 'une vanne.
Pour relever la retenue on a placé sur chacune de ces
" vannes deux petites vannes de om .6o de hauteur ; elles
glissent d 'un côté dans les mêmes rainures que les grandes
vannes et de l'autre dans des rainures obtenues en ajoutant
au grand cadre en charpente trois poteaux qui divisent ver
ticalement par leur milieu chacun des compartiments ci
dessus mentionnés et auxquels sont fixés par devant, au
moyen de boulons, comme aux poteaux anciens, des ma
driers verticaux ou demi-poteaux creusés sur leur bord , de
inanière à laisser entre eux et les poteaux un vide formant
IRRIGATIONS DE L' INDE. 273
la rainure destinée à recevoir et à manœuvrer les vannes,
touten saillie sur le cadre en charpente.
Le déversoir du pagotin a son radier au niveau de la
retenue du grand étang ; il a fonctionné comme déversoir
de superficie , jusqu 'au moment où on a relevé cette rete
Due. Il se compose de neuf arches surbaissées de 4 mètres
de portée chacune. Pour exhausser la retenue on y a installé
dix -huit vannes de om .60 de hauteur chacune, deux sous
chaque arche. Elles sont disposées et se maneuvrent de la
même manière que les grandes vannes du déversoir de
Coudipacom .
Ouvrages de répartition . — Les ouvrages qui répartissent
les eaux aux irrigations sont des aquedues de prise d 'eau
que l'on appelle communément écluses.
On rencontre , en allant de l'amont à l'aval, c'est-à -dire
del'ouest à l'est , à partir de l'arrivée du canal de Soutou
kani sept écluses a, b, c, d , g , h , i ( fig . 1, Pl. 207) .
Toutes ces écluses, à l'exception de celle g d'Oulgaret et
d'Odiampet qui est fermée par une vanne, sont construites
sur le même modèle (fig . 13, Pl. 206 ). L'aqueduc se pro
longe en avant dans l'étang pour former la tête de prise
d'eau , À une distance du mur de revêtement de la digue,
qui varie entre 5 mètres et 15 mètres à l'aplomb de l'ou
verture de prise d 'eau s' élève, pour retenir les terres qui
recouvrent le prolongement de l'aqueduc , un mur arrasé à
19.50 au -dessous de l'inirados de sa tête, d'une épaisseur
de o®.80 et d'une longueur de 10 mètres. Afin d'éloigner
les enyasements, les pieds -droits de l'aqueduc sont encore
prolongés dans l'étang, jusqu'à 2 mètres en avant de ce
mur, et de la tête de prise d 'eau , laissant entre eux un ca
naldécouvert au milieu d'une plate - forme rectangulaire de
52.50 de longueur et d'une largeur de 2 mètres égale à la
saillie du canal.
Ce dernier, qui a om.50 de largeur et i mètre de profon
Annales des P . et Ch. MÉMOIRES. – TONE XVIII. 18
274 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
deur, amène les eaux de l'Arrangai (fossé au pied de la
digue) jusqu'à la prise d' eau. A om .60 en avant de cette
prise d 'eau s' élève dans le canal d'amenée un petit mur de
0" .25 d 'épaisseur et o "..50 de hauteur, percé dans le bas
d 'une ouverture de o " . 20 sur 0 " . 20, sur le couronnement
duquel repose par une de ses extrémités une pierre en gra
nite horizontale encastrée à l'autre extrémité dans la ma
çonnerie du mur de tête de l'aqueduc et percée dans son
milieu d 'une ouverture circulaire de 0 " , 15 de diamètre.
C 'est par cette ouverture qu'on introduit des eaux dans
l'aqueduc quand elles sont élevées dans l'étang ; on l'ouvre
et on la ferme à volonté plus ou moins avec une bonde en
bois qu 'on maneuvre à l'aide d'une tige du haut du cou ,
ronnement du mur de tête.
L'orifice du bas est ouvert ou fermépar un plongeur, au
besoin avec des longues herbes aquatiques qui se serrent
parfaitement ensemble et forment un bouchon bien étan
che. On ne l'ouvre généralement que lorsque les eaux ont
baissé presque jusqu'au niveau de la bonde de l'orifice
supérieur.
Nous allons maintenant décrire successivement les sys
tèmes de travaux d 'irrigation de chacun des grands Deltas
de l'Inde.

CHAPITRE II .

LE CAVÉRY — LE PALAR.

1. – Description du bassin du Cavery.

Le Cavéry prend naissance dans les Ghattes occidentales à


la latitude de 12°20' et à la longitude orientale de 73°14'32"
(fig . 1, Pl. 208). L' étendue de son bassin est de 63. 500 ki
lomètres quarrés et la longueur de son parcours de près de
IBBIGATIONS DE L'INDE. 275
800 kilomètres jusqu 'à Trichnapoly ; il coule du N .-0 . au
S .-E. excepté au-dessous de Seringapatam où il traverse les
Gbattesorientales et lesmontagnes de Salem dans les pro
vinces de Mysore et de Baramal en se dirigeant successive
ment vers l'est et vers le sud. A l'extrémité du plateau de
Mysore, la fameuse cataracte d’Alambady marque , par
deux chutes, l'une de 112, l'autre de 140 mètres, le passage
de la partie supérieure à la partie moyenne de son cours.
A Cavérypouram , le fleuve rencontre la chaîne des Ghattes
orientales à travers laquelle il se fraye un passage en se
dirigeant vers le sud . Le cours inférieur commence avec
la région des plaines, près de Caroor ; dans cette partie,
le fleuve s'appelle Agundacavéry (grand cavéry ). Il ali
mente quelques canaux d 'irrigation assez importants dans
les districts de Salem et de Coimbatore, mais sans s'ap
pauvrir d 'une manière notable . Lorsqu'il atteint la tête
du delta ou de la région alluvienne à l'île de Séringham
située à 16 kilomètres à l' ouest de Trichnapoly (*) , il
a une largeur de 1200 mètres , une pente de fond de
02.66 par kilomètre, un débit de 9000 mètres cubes
par seconde dans les grandes crues , et de500 mètres cubes
par seconde dans les crues moyennes. Là il se sépare en
deux branches qui se rapprochent vers leur embouchure,
La branche méridionale ou de droite qui traverse le Tan
jore , garde le nom de Cavéry ; la branche septentrionale
ou de gauche prend celui de Coléron. Celle-ci, de beau
coup plus considérable, a en grandes eaux, au-dessous de
la bifurcation , une vitesse de 1 ”.60, une profondeur de
3*.65, une largeur de 730 mètres , de moitié environ
plus grande que celle de l'autre branche, enfin une pente

6 ) L'ile de Séringbam , dont la longueur est de 13 kilomètres et la


plus grande largeur de 1500 mètres, renferme la fameuse pagode de
Seriagham qu 'habitent 40 000 personnes de la caste des Brames.Les
Français y ont soutenu un siége aussi bien que dans la pagode de
Chellembrum . (Voir la carte du delta du Cavéry, fig. 1, Pl. 205.)
S
276 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
variant depuis 0 “.66 par kilomètre à l'origine jusqu'à
09.44 à 121 kilomètres à l'aval et se réduisant encore, de
telle sorte que la pente moyenne jusqu'à la mer est de
0 ".22 par kilomètre , tandis que celle de l'autre branche
est seulement de o ”.127 à 0" .07 par kilomètre . Elle atteint
la côte de Coromandel après un parcours de 161 kilomètres
en un point situé tout près de la fameuse pagode de Chel
lumbrum à la latitude de 11° 25' et à la longitude est de
77° 20' 30". Dans les crues moyennes et les basses eaux,
elle recevait autrefois à peu près autant d'eau que le Cavéry,
bien qu'elle n 'eût à irriguer qu'une surface trois fois plus
petite , de 6 564 kilomètres quarrés au lieu de 19 953 kilo
mètres. Elle s' écoule librement sans aucun obstacle ni
interruption jusqu'à la mer, et reste dans tout son cours
une grande et puissante rivière. Une seule branche s'en
détache sur sa droite et se divise en plusieurs rameaux
dont deux, par leur réunion près de la côte , forment la
rivière de Tirmoulvassel. C 'est le contraire pour le Cavery;
à 19 kilomètres et demi, à l'aval du point de séparation , il
commence à jeter des branches dont quelques-unes sont
presque aussi considérables que la mère rivière (fig. 1,
Pl. 205).
· Le Cavéry alimente un nombre énorme de dérivations et
de branches qui, en distribuant ses eaux dans d 'innom
brables canaux d'irrigation , rendent le Tanjore la contrée la
plus fertile du sud de l'Inde, bien que son sol ne soit pas
naturellement aussi riche que celui de plusieurs autres
deltas. Il renferme, en effet, beaucoup de sable, et, même
dans un assez grand nombre de localités, cet élément pré
domine sur l'argile.
Il est probable que, dans cette contrée ,les irrigations ont
commencé avec l'agriculture elle -même ; toutefois, on fait
remonter au 11° siècle de notre ère le premier développe
ment du vaste et magnifique système d'irrigation réalisé
par les natifs.
IRRIGATIONS DE L 'INDE. 277
On l'attribue au rajah Viranum , conquérant venu des
montagnes du nord avec une race bien supérieure à celles
du sud, si l'on en juge non-seulement par les travaux
hydrauliques qu'elle a exécutés, mais encore par les monu
ments qu'elle a élevés. Les pagodes et palais du Tanjore.
l'emportent de beaucoup sur ceux des provinces environ
ronnantes par le goût architectural, soit dans l'ensemble ,
soit dans les détails ; à tel point qu'on est tenté d' y voir un
emprunt fait par le culte brahmanique aux principes de
l'artmusulman qui a produit des chefs-d 'œuvres dans l' em
pire mogol de Delhi.
Le système d 'irrigation que les Anglais, lors de leur prise
de possession du Tanjore en 1801, trouvèrent établi depuis
des siècles , consistait en canaux dérivés du Cavery, ayant
des dimensions proportionnées aux étendues à irriguer, et
quelquefois des têtes de prise d 'eau en maçonnerie, mais le
plus souvent dépourvus de ces ouvrages régulateurs. Les
plafonds des dérivations à leur origine étaient creusés à des
niveaux qui leur permettaient d'être parfaitement alimentés
par les crues moyennes. Au besoin , on relevait celles-ci à
l'aidede barrages en rivières construits périodiquement en
terre ou d 'une manière permanente en maçonnerie. De ces
derniers , quelques-uns subsistent encore, notamment le
grand barrage que j'appellerai barrage des Rajas, pour le
distinguer des barrages plus grands qui ont été construits
depuis vingtans.
Les eaux étaient ensuite amenées aux cultures par d 'in
nombrables canaux de distribution. On avait ainsi mis à
contribution non -seulement la rivière principale, mais ses
bras et ses dérivés eux-mêmes , demanière à aménager pour
ainsidire toutes les eaux des crues. Peu à peu on avait créé
un réseau de rivières, de canaux et de digues dominant le
paysetécoulanttoutesleseaux susceptibles, soit del'irriguer,
soit de l'inonder. Il ne manquait au delta que des voies de
communication et des ouyrages régulateurs de l'alimentation .
278 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

Ce système était complété par un vaste ensemble de


réservoirs destinés à emmagasiner les eaux des crues ;
quelques-uns d'entre eux étaient gigantesques. L'étang de
Poonary dans le district de Trichnapoly avait 50 kilomètres
de développement de digues; les digues de l'étang de
Viranum ont plus de 16 kilomètres de longueur ; un grand
nombre d 'autres demoindres dimensions sontrépandus sur
toute la surface de Tanjore. Ces réservoirs étaient alimentés
soit par des dérivations du Cavéry ou du Goléron, qui y
amenaient les eaux des crues moyennes ou des grandes
crues suivant que leur niveau leur permettait de recevoir
les unes ou les autres, soit par les petits cours d' eau des
vallées d 'ordre inférieur, soit par les eaux de décharge des
étangs supérieurs. Tous étaient pourvus de vannes de
distribution, de déversoirs de décharge et régulateurs, et
de tous les autres ouvrages de détail nécessaires.
Tout le système des travaux était exécuté et entretenu
par le Gouvernement avec le produit d'une taxe spéciale .
Par suite de l'établissement de cet état de choses artifi
ciel, @ uvre de plus de quinze siècles, le Cavéry, au lieu de
suivre la ligne la plus basse du pays et d 'augmenter à
mesure qu'il avance dans son cours, coule sur un terrain
élevé, diminue graduellement et rapidement de volumeet
se réduit à des proportions insignifiantes et à un chenal
très- étroit avant d 'atteindre la mer à Cavérypatnam non
loin de l'embouchure du Coléron (le mot patnam en tamoul
signifie ville ).

II. – Régime et apcien aménagement des eaux du fleuve.

Dans les parties supérieures et moyennes de son cours


où le fleuve traverse des montagnes le plus souvent incultes,
qui n' y versent que des débris minéraux sans mélange de
détritus végétaux , ses eaux , quoique basses pendant les
deux tiers de l'année, ne tarissent jamais ; le lit est alors
IRRIGATIONS DE L' INDE. 279
parsemé d' ilots qui laissent voir les rochers sur lesquels il
coule ; mais dans la saison des pluies, le fleuve ne forme
plus qu'un seul courant qui roule avec fracas entre deux
rives escarpées entraînant des arbres entiers. Les eaux
alors franchissent en une nappe non interrompue tous les
degrés de la cataracte d'Alambady, et tombent d 'une seule
chute dans la région moyenne. Depuis sa sortie des Ghattes
occidentales, le fleuve est principalement alimenté par les
plaies de la mousson du sud -ouest, mais il l'est aussi par
celles de la mousson du N . - E . et par un grand nombre de
petites rivières qu 'il reçoit dans son cours à travers les
districts montagneux de Coimbatore et de Salem , en sorte
que la mère rivière reste généralement plus ou moins pleine
depuis le commencement du mois de juin jusqu'à la fin de
décembre.
Dans les plaines du Madouré et du Tanjore, le lit sablon
Deux des rivières et canaux est complétement à sec depuis
le commencement d'avril jusqu'à celui de juillet, Comme
on le sait, les pluies des moussons ne tombent pas uni
formément, mais irrégulièrement, à des intervalles de
huit ou dix jours ; chaque pluie dure habituellement plu
sieurs jours sans aucune interruption . Ces pluies, qui sont
quelquefois très-intenses donnent naissance aux crues. Le
leave est alors soudainement grossi d'un volume d' eau
considérable et devient un profond et rapide courant qui
charrie une grande quantité de vases et sables apportés
dans son sein par les pluies intenses et par les torrents des
montagnes. Le Coléron , en raison de la rectitude de son
cours libre d'obstacle et de son volume considérable , pos
sėde assez de force pour conserver son lit sans encombre
mentsensible ; la vase et le sable qu'il charrie sont entraînés
en grande partie jusqu'à la mer, et s'y déposent en face de
son embouchure, où ils forment une barre étendue connue
sous le nom de banc du Coléron .
Mais les choses se passent tout autrement sur le Cavéry.
280 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Comme il a un volumemoindre et une pente beaucoup plus
faible, desbancs de sable se forment à sa tête après chaque
crue. Le courant diminue très-rapidement de volume et de
vitesse. Le sable et la vase qu'il charrie se déposent aus
sitôt que l'eau perd sa rapidité , et forment tout le long de
son cours des amas étendus qui le retardent.
Les débordements commencent à Trichnapoly dans les
premiers jours de juin , mais les eaux arrêtées par les
obstructions des rivières et canaux du delta et absorbées
par l'aridité du sol, par les réservoirs et par le système d 'ir
rigation, n 'avancent que très - lentement; il leur faut un
mois pour atteindre la côte de Coromandelaprès un par
cours de 35 lieues seulement.
La même chose s'observe d'une manière plus marquée
encore sur certains cours d'eau en dehors du delta du
Cavéry , mais dans des conditions analogues. C 'est ainsi
qu'au commencement de la saison des pluies , la seule
rivière qui ait quelque importance au sud du Cavery, le
Vaiâroo , qui passe à Madouré et qui est alors grand comme
le Rhône, emploie plus de de quinze jours à parcourir un
espace de 5 à 6 lieues dans son lit ordinaire. Si l'on ne les
avait combattues, les obstructions du Cavery auraient pro
duit peu à peu son annihilement et son comblement gra
duel. En 1804, le colonel Caldwell avait prédit ce résultat
comme ne pouvant être fort éloigné. Toutofois , les progrès
du mal étaientbeaucoup plus lents qu ' on n 'eût été porté à
le supposer à première vue.
La plus grande partie de la vase en suspension est
entraînée dans les canaux d'irrigation et jusque dans les
rizières qu'elle fertilise; le sable est quelquefois en partie
retiré à main d 'homme du lit de la rivière, et la nature
fournit un remède plus puissant encore. Aussitôt que le lit
est assez encombré pour que le courant soit considérable
ment entravé sur quelques points particuliers, la première
grande crue' extraordinaire, et il en arrive de telles tous
· IRRIGATIONS DE L'INDE. 281
les dix et douze ans, ne manque pas , si on l'abandonne à
elle-même, comme on le faisait autrefois , de balayer les
bancs de sable , de surmonter les digues , de les détruire en
beaucoup d'endroits et d'entraîner, par les brèches faites
dans les digues ou les berges, une énorme quantité de
sables. Autrefois, le lit était ainsi nettoyé et approfondi sur
plusieurs kilomètree de longueur. Mais de tels remèdes
irréguliers et partiels entraînaient avec eux d'immenses
pertes pour les propriétés et de grands dommages pour le
pays. Toutefois , ils ont retardé la consommation d 'un mal
beaucoup plus grand, jusqu'au moment où l'on en a trouvé
demeilleurs.
Depuis un temps immémorial, le lit du Cavéry a con
tinué à s' exhausser nonobstant certaines rémittences dues
aux causes qui viennent d 'être signalées; avec lui, le pays
contigu s' est relevé sur les deux rives par un colmatage
lent, mais continu , augmenté du produit des dragages et
déblais exécutés pour désobstruer le lit de la rivière , de
telle sorte qu'aujourd' hui la ligne des points du terrain que
suit son cours jusqu'à la mer est à peu près la plus élevée
du delta au lieu d 'être celle des points les plus bas, comme
cela a lieu généralementet comme cela avait lieu sans aucun
doute dans l'origine.
Pendant les grandes crues, il entre dans le Cavéry plus
d'eau qu'il n 'en faut pour les irrigations ou même qu'il ne
peut s'en écouler à la mer par les rivières et les canaux
dans leur état actuel. Ce surplus qui, si on le laissait arriver
aux canaux ou rivières, y causerait de grands désastres,
ne se déchargeait guère autrefois dans le Coléron que par le
déversoir qu'on appelait alors le grand barrage parce qu'il
a 320 mètres de longueur (*) .

(*) Pour toutes les descriptions qui suivent, se reporter à la carte


du Delta du Cavery (fig. 1 , Pl. 205 ) ; les lettres a , b , etc . et la lé
gende indiquent la position et la destination des ouvrages.
S
282 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
Il a été construit par les rajas, anciens princes du pays,
dans la berge gauche du Cavery à 16 *.ogo à l'aval de
Trichnapoly pour fonctionner comme un régulateur de
superficie, en retenant dans le Cavéry la quantité d 'eau
utile et déchargeant celle qui aurait pu être nuisible.
Il est assez probable que l'ile de Séringham a été formée
par une branche qui s'est détachée du Cavery pour rejoindre
le Coléron et que l'objet du barrage des Rajas fut originai
rement d' empêcher cette branche en tête de laquelle on le
plaça , d'attirer à elle toutes les eaux du Cavery qui aurait
ainsi abandonné son ancien cours à travers le Tanjore. On
conçoit que le lit du Cavéry s' étant peu à peu relevé, le
déversoir des rajas et les premières branches issues du
Cavery ont dû détourner de cette rivière une plus grande
quantité d 'eau qu' auparavant, en même temps que le fleuve
perdait de sa capacité et de sa vitesse. Ces deux circon
stances concourant à diminuer le débit du Cavéry à partir
d 'un point assez rapproché de son origine, ont rompu la
proportion qui existait primitivement entre la quantité
d'eau qu'il admettait dans son lit et celle qu'il devait verser
dans ses dérivations et ses branches inférieures, à mesure
qu'il avançait dans son cours. C'est justement l'état qui fut
constaté par le colonel Caldwell dans son journal de 1804
et 1805. Le Cavéry était obstrué de dépôts dans les pre
mières parties de son cours, et tout le pays irrigué par les
dérivations de cette rivière,manquait d 'eau . Le seul remède
auquel pouvaient, à cette époque, recourir les intéressés,
consistait à construire tous les ans, et même plus souveni
dans le lit du Coléron près de la tête du Cavery, un bar
rage temporaire en sable et fascines, de manière à détourner
le plus d 'eau possible dans le Cavéry. Ils s'efforçaient aussi
de reculer versl'amont la tête de l'île de Séringham , c'est-à
dire le pointde bifurcation, de telle sorte qu'en ajoutantau
Cavéry propreinent dit une certaine longueur de la mère
rivière à l’amont, cette portion devint la tête du Cavéry et
IRRIGATIONS DE L' INDE. 283

qu'il s'y trouvât un courant moins chargé de sables avec


plus de pente et de hauteur. Ces opérations trouvaient une
opposition constante, quelquefois à main armée, dans les
habitants du districtde Trichnapoly irrigué par des canaux
dont l'alimentation se trouvait ainsi diminuée.
Cette situation conduisit naturellement, en 1804, le co
lonel Caldwell à modifier le seul régulateur qui existait
alors, c'est-à -dire le barrage des Rajas. Cet ouvrage con - .
sistait en un massif de pierres brutes de grosseur moyenne,
maçonnées avec du caliman (mortier d 'argile) sans aucun
mélange de chaux ou de ciment sur toute la largeur qui
était de 12 à 18 mètres et sur toute la hauteur qui était de
14 .50 à 5m.50 y compris les fondations. Il présente en
plan, sur toute sa longueur, des sinuosités très -marquées
adoptées à dessin par les constructeurs pour imiter celles
naturelles des cours d 'eau (fig. 15 , Pl. 206 ). La crête était
sillonnée de quelques échancrures larges et profondes for
mant autant de grossiers chenaux d'un niveau inférieur à
la crête, dans le but probablement de se dél arrasser des
sables que les eaux contiennent en grande quantité à ce
niveau. Cet ouvrage avait résisté sans accident pendant
seize siècles. Le colonel Caldwell remplit les échancrures ,
exhaussa le barrage, en arrasa la crête horizontalement, la
revêtit d'une maçonnerie en mortier de chaux, et la cou
ronnade piliers monolithes équidistants, destinés à appuyer
des digues temporaires en terre pour relever la retenue en
temps utile .
Les travaux exécutés par le colonel Caldwell eurent
d'abord un heureux résultat pour le district de Tanjore ; la
culture du riz y fut sextuplée en étendue dans la partie
ouest. Cependant il était facile de prévoir que la situation
du Cavéry serait finalement empirée par cette opération qui
devait y rejeter les sables auparavant déchargés par les
parties basses du barrage des Rajas. Au bout de quelques
années , on se plaignit de nouveau du manque d ' eau. La tête
284 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
du Cavéry était obstruée, bien que plusieurs fois la rivière
et ses branches eussent été puissamment nettoyées et appro
fondies en différentes parties par les crues, notamment en
1818 et en 1825 . En 1818, elles dépassèrent toutes celles
connues de mémoire d 'homme et emportèrent sur un grand
nombre de points les digues des rivières. Tout le pays fut
inondé et des étendues considérables furent ensevelies sous
les sables. L 'effet de ces crues fut puissant, mais irrégulier,
partiel et limité à une certaine distance des points de rup
ture des digues ou des berges. Une ouverture s' était faite
dans la berge gauche du Cavéry à 34.218 à l'aval du point
ancien et actuel de bifurcation des deux rivières, et presque
toute l'eau du Cavéry retournait au Coléron par cette ouver
ture. On la ferma et l' on eut ainsi pendant quelque temps à
la tête du Cavéry sur 3k.218 de longueur un profond
chenal qui permettait l'introduction des eaux. Mais il s' ob
strua au bout d 'un certain temps. Les plaintes au sujet du
manque d'eau ne faisaient qu'augmenter : il fallait évidem
ment un remède radical sous peine de tout perdre .
Les résultats de l'exhaussement du barrage des Rajas et
la fermeture des échancrures de sa surface attirèrent parti
culièrement l'attention sur cet ouvrage. On remarqua que
presque toute l'eau qui passait sur sa crête , n 'agissant point
sur le fond du lit à l'amont, était saris cffet pour l'entrai
nement des sédiments accumulés dans le Cavéry, soit à
l'amont, soit à l'aval de cette décharge. On fut ainsi conduit
à en faire un déversoir de fond en même temps que de
superficie. On y construisit en 1830 la première série de
vannes de fond. Elle eut un effet très -marqué pour l'ap
profondissement du lit de la rivière à l'amont jusqu 'à une
distance de 32 kilomètres. Plus tard , on établit dans la
berge gauche du Cavéry deux autres déversoirs de fond
pour nettoyer et approfondir le lit à l'aval de cet ouvrage ,
l'un de vingt ouvertures à une distance de 34.218 et l'autre
dans le pli de Permal à 65 kilomètres à l'aval de la tête du
IRRIGATIONS DE L'INDE , 285
Gavery. Ces déversoirs, par leur action combinée sur le lit
du Cavéry, auraient suffi à le tenir assez libre et profund
s'ils avaient pu fonctionner assez souvent. Mais il ne leur
arrivait pas d 'eau en assez grande quantité pour cela , car la
tête du Cavery à l'amont de ces trois déversoirs de fond
restait obstruée par des amas de sédiments anciens qui
résistaient aux chasses dont l'effet était peu sensible immé
diatement au - dessous de la bifurcation à cause du peu de
différence de niveau des deux rivières près de leur sépara
tion . Par suite , il ne pouvait entrer dans le Cavéry des
masses d'eau suffisantes à la fois pour les irrigations et
pour des chasses complétement efficaces dans tout son
cours.
A cette époque, il y avait 204 318 hectares irrigués
par le Cavéry et 66 770 hectares par le Coléron , en tout
271 089 hectares consommant chacun ome.00071 par se
conde, soit ensemble par seconde 480 mètres cubes pendant
toute la saison des irrigations, c'est -à - dire de juillet à
décembre. C 'est précisément le débit du grand Cavéry à la
tête de Séringham pendant les eaux moyennes . En 1833, ce
débit se partageait entre le Coléron et le Cavery dans la pro
portion de 214 mètres cubes pour le premier et 266 mètres
cubes pour le second, tandis que, pour les étendues à irri
guer, il aurait fallu respectivement 11g mètres cubes et
361 mètres cubes par seconde.

III. – Travaux de l'ingénieur Colton.

C'est à réaliser cette dernière répartition des eaux entre


les deux branches que l'on devait s'appliquer . Dans ce but,
l'ingénieur Cotton , qui avait imaginé les déversoirs de
fond, proposa de construire dans le lit du Coléron , pour
remplacer les barrages temporaires que l'on y faisait au
point où le Cavery se détache de la mère rivière, un
ouvrage permanent d 'une hauteur telle qu'il détournerait
S
286 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
dans le Cavéry la moitié de l'eau qui auparavant entrait
dans le Coléron à son état moyen pendant les mois de dé
cembre et janvier .
On fixa .cette hauteur d 'abord expérimentalement et par
approximation , sauf à la modifier plus tard suivant les
résultats obtenus ; on prit pour repère de comparaison le
barrage des Rajas. L' expérience avait appris que, lorsque
l'eau , dans le Cavéry , dépassait sa crète de 0 " .20 , le
Tanjore était complétemeut alimenté. L'ingénieur Cotton en
conclut que l'on devait araser le couronnement du nou
veau barrage au niveau que la rivière atteignait à la tête de
Séringham au moment où elle commençait à déverser par
dessus le barrage des Rajas, c'est -à-dire à 19.37 au-dessus
du fond. Cette hauteur fut ensuite modifiée comme on le
verra plus tard. Comme ce barrage devait ne plus laisser
passer dans le Coléron, après la saison des pluies, qu'une
quantité d' eau fort réduite, on se décida, pour conserver
les irrigations alimentées par cette rivière dans la partie
inférieure de son cours ainsi abaissé, à établir en même
temps un second barrage à 112 kilomètres à l'aval du pre
mier, immédiatement au -dessous de l'important canal de
Vuddavar. Ces deux barrages furent tous deux commencés
et terminés dans l'année 1836. Le premier qui traverse
le Coleron à environ 91 mètres à l'aval de sa séparation
du Cavery, a une longueur de 686 mètres qui était divisée
en trois parties inégales par deux petites îles ou bancs de
sable situés dans le lit de la rivière comme l'indique le
plan (fig . 7 , Pl. 205). Le barrage reçut une hauteur de
2 " . 24 dans la partie nord ou de gauche, et de 1” .63 dans
le reste de sa longueur (fig. 19, 20, 21, 22. Pl. 206 ).
Il se composait d 'un massif. intérieur de maçonnerie en
briques recouvert de pierres de taille sur 0“ .30 d'épaisseur.
On lui donna une largeur à la crête de 1m. 83.
Les fondations de o ” .91 de haut reposèrent sur des puits
de 1-.83 de diamètre extérieur et de 1 *.83 de profondeur;
IRRIGATIONS DE L' INDE. 287
on le défendit à l'aval par un épais radier de 6m .40 de
largeur, couvert de pierres de taille de o" .30 d' épaisseur,
maçonnées à mortier de ciment hydraulique; à la suite
yenait un arrière- radier en enrochements de 3 à 4 mètres
de largeur et de 1".20 d'épaisseur.
La partie au nord eut un déversoir de fond, comprenant
quatre ouvertures et deux autres déversoirs chacun avec
deux ouvertures.
Dans la partie sud, on fit trois déversoirs de fond, com
prenant chacun deux, quvertures . Chaque ouverture était
fermée par deux vannes d'une largeur de 0 “ .61 et d'une
hauteur de 2 " . 07 au -dessus du seuil qui était au niveau du
radier général, c'est-à -dire du fond de la rivière; les déver
soirs avaient pour objet de donner passage aux sables char
riés par le courant et de les empêcher par là de se déposer
et de relever le lit de la rivière à l'amont du barrage. On
verra plus loin que cet objet ne fut pas atteint.
Cet ouvrage, entrepris au commencement de l'année 1836
et terminé en avril, futemporté, le mois de juin suivant, sur
73 mètres de longueur dans la partie nord, et le barrage
inférieur éprouva un accident semblable dans la saison sui
vante. Ces accidents provinrent probablement de ce que
l' eau se fraya un passage de l'amont à l'aval de chaque
ouvrage sous les fondations ; la pression d'amont se trans
mettait à travers les sables jusqu'à l'aval où la pression
était moindre, en raison de la différence des niveaux
d 'eau ,
A l'appui de cette opinion , on fit l'observation que l'eau
sourçait à travers les radiers à l'aval des barrages toutes
les fois que le niveau d 'amont se trouvait supérieur de
1 * .83 à celui d'aval ; si elle avait alors passé en quantité
considérable , elle aurait probablement entrainé assez de
sable de dessous l'ouvrage pour en occasionner la ruine.
Pendant les années 1837 et 1838, on fortifia les deux
barrages et l'on construisit en arrière d ' épais radiers fort
288 MEMOIRES ET DOCUMENTS .

bien exécutés en pierres de taille maçonnées à mortier de


chaux. Après ces additions, le passage de l'eau par-dessous
les fondations diminua considérablement; elle ne traversait
plus les radiers que sur un petit nombre de points et en
petite quantité.
Mais on pouvait attribuer l'amélioration obtenuemoins à
la consolidation des radiers qu'à l'accumulation de vases
et d 'argiles fines qui s'était faite immédiatement à l'amont
des barrages et qui fermait le passage à l'eau. Pour sup
primer complétement toute communication d' eau entre
l'amont et l'aval, le colonel Sim proposa de foncer à
i mètre à l’amont du barrage une ligne de puits continue
de même profondeur que ceux placés sous les fondations
de cet ouvrage, de les remplir d'argile damée et de rac
corder la surface supérieure de cette ligne de puits avec la
surface antérieure du déversoir par un massif de maçon
nerie ordinaire revêtu par-dessus et par-dessous de briques
maçonnées de champ. Le profil du parement extérieur
clevait avoir la forme d 'une doucine partant de la crête du
barrage; celui du parement intérieur eût été un quart de
cercle buttant contre le pied de cet ouvrage (fig . 8 ,
Pl. 205) . La forme proposée pour le revêtement extérieur
avait pour objet de diminuer la pression du courant å
l'amont et de favoriser l'entraînement des sables par
dessus la crète.
Le travail avait aussi un but confortatif répondant à
l'opinion générale alors parmi les ingénieurs anglais que
les dimensions adoptées pour le barrage étaient à peine
suffisantes pour la stabilité.
Toutefois l'ingénieur Cotton parvint , par les moyens
décrits plus haut et sans l'ecourir à ceux proposés par le
colonel Sim , a consolider tout à fait sa construction sans
qu'elle éprouvât de nouvelles avaries .
Le lit du Coléron se releva lentement , mais incessam
ment à l'amont du barrage malgré les déversoirs de fond
IRRIGATIONS DE L' INDE . 289
dont le débouché linéaire , de 13 mètres seulement, était
évidemment insuffisant pour régler un lit de rivière de
6854.80 de largeur présentant un courant rapide de 3 " .67
à 67. 27 de profondeur dans les grandes eaux et recevant
une grande quantité de terres arrachées aux montagnes.
Pour vérifier si les déversoirs alors existants laissaient
encore introduire trop de sable dans le Cavery, l'ingénieur
Cotion laissa passer toute la saison des crues de 1841 sans
ouvrir les vannes de fond du barrage des Rajas , ni les
déversoirs de fond situés à l'aval. A cause de la longue
durée des crues pendant cette saison , il avait dû s' intro
duire dans le lit une quantité exceptionnelle de sables ,
tandis que le peu de hauteur de ces mêmes crues avait
privé les parties inférieures de la rivière des chasses que
leur auraient procurées une mousson abondante du nord
est et des crues élevées. Car les pluies locales, c'est- à -dire
celles qui tombent sur la cote et sur la partie inférieure
du cours du fleuve , ont naturellement pour effet de dé
charger de vastes amas de sables dans la mer tandis
qu 'elles n' en forment point dans les rivières. Quarante
sections du lit relevées montrèrent toutes, à l'exception
d'une ou deux , que le lit de la rivière était plus pro
fond à la fin de la saison des pluies qu' au commencement.
Dans le cours de la saison des crues de l'année 1841, un
changement considérable se produisit à la séparation des
deux branches. Précédemment le thalweg et le courant de
la mère rivière , immédiatement avant sa division , étaient
le long de sa berge gauche, se précipitant dans le Co
léron ; le côté sud était, au contraire, fort élevé, rempli
de bancs de sable qui encombraient la tête et le lit même
du Cavéry. L 'effet du barrage supérieur fut de pousser un
fort courant directement à travers la tête de Séringham ,
d 'y creuser un profond chenal en balayant une masse con
sidérable de sables, et d 'ouvrir la tête du Cavery qui fut
dès lors assuré de recevoir autant d 'eau que la mère ri
Annales des P . et Ch., Mémoires. – TOME XVIII. 19
S
MÉM OIRESET DO CUMENT
,
290
vière pouvait lui en fournir. Cette année -là même, quoi
qu'il y eût disette d' eau dans la mère rivière, la récolte
du Tanjore fut assez abondante . En 1842, les deux bar
rages du Coléron , fortifiés et améliorés tous les ans depuis
leur construction , présentaient toute la solidité désirable et
n 'exigeaient plus que des réparations annuelles insigni
fiantes.
La partie centrale du barrage supérieur fut abaissée en
1841 ; sa hauteur définitive resta de 1 " .37 au -dessous du
fond du lit et fut trouvée suffisante pour introduire dans
le Cavery toute l'eau nécessaire pour les irrigations de
Tanjore et pour les chasses des déversoirs à l'aval. Dans
ce système, le Coléron resta comme auparavant la grande
décharge des eaux du fleuve; seulement la plus grande
partie des eaux passait d'abord dans le Cavery qui versait
dans le Coléron toutes celles surabondantes .
Avant 1842,on avaitaméliorébeaucoupledéversoir de fond
Cformé devingtvannes, en élargissant ses ouvertures et por.
tant le débouché linéaire total à 36 mètres , en sorte qu ' elles
déchargent dans les fortes crues un grand volume d 'eau
avec beaucoup de sable (*) . Ce déversoir, situé à 14.450 à
l'aval de la bifurcation , forme la première décharge du
Cavéry dans le Coléron à partir de la séparation . La se
conde est à 6oo mètres à l'aval de la première et consiste
en un déversoir de surface d 'une longueur de 137 mètres
à la crête , construit dans la berge gauche et par-dessus
lequel s'échappent aussi beaucoup de sables. Le radier
fait originairement en pierres perdues , a été consolidé tous
les ans par des enrochements jusqu'en 1842 où il ne laissait
plus rien à désirer. Il est recouvert d 'un pont pour le pas
sage des piétons.
Le barrage des Rajas, à l'extrémité de l'ile de Séringham .

(*) Voir pour les lettres et les ouvrages la légende et la carte du


delta de Cavery, fig. 1, Pl. 205 .
IRRIGATIONS DE L'INDE . 291
à 12 kilomètres à l'aval du barrage supérieur, forme la
troisième décharge (fig. 15 , 16 , 17. Pl. 206) ; il a 320 mètres
de débouché linéaire et dix ouvertures d 'un débouché li .
néaire, total de 18 mètres ensemble à un niveau très-bas
à travers le massif de sa base . Comme la différence de
niveau entre les lits des deux rivières est très -considé
rable , de 3 à 3m.30 à ce point, il décharge une grande
quantité de sables et d 'eau. Sur le corps informe de cet
ancien ouvrage des Rajas, on a construit en 1838 un pont
de trente arches, chacune de 9 " . 144 d 'ouverture fort utile
pour les communications. Il suit en plan toutes les sinuo
sités de ce barrage, ce qui lui donne une apparence fort
singulière.
Le déversoir de surface de Coviladdyg , qui a gi" .44 de
débouché linéaire et une chute plus grande que celle du
barrage des Rajas à l'aval duquel il se trouve à une dis
tance de 2100 mètres, forme la quatrième décharge qui
produit un immense effet. Il déverse dans les plus hautes
crues, avec beaucoup de sables, environ la moitié de l' eau
qui atteint ce point; il est recouvert d 'un pont.
La cinquième décharge, située à 17 kilomètres à l'aval
de la quatrième, est le déversoir de fond de Vuddaya
goudy ; il a douze ouvertures , toutes de même largeur .
C' est un ouvrage très -bas dont la crète forme déversoir
de superficie dans les grandes eaux . Il est construit avec
un excés de solidité et a, comme l'ouvrage précédent, un
radier très -bas à l'aval.
Le déversoir de fond K de Permacoil est le sixième et le
dernier point de décharge des crues du Coléron ; il est situé
à 23 000 mètres à l'aval du précédent, à 55 kilomètres à
l'aval de la tête du Cavery et à une distance de 81 kilo
mètres de son einbouchure. Il a six ouvertures; les eaux
qui s'en échappent tombaient originairement dans le Mu
niar qui les déchargeait dans le Coléron par un autre dé
292 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
versoir de fond. Depuis, on a creusé un canal de décharge
direct jusqu'au Coléron .
A l'avalde ce point, plusieurs bras ou canaux importants
se détachent de la rivière et se rendent à la mer en ligne
assez droite ; ils servent à écouler les eaux qui n 'ont pas été
déchargées par les six déversoirs.
En 1843 , on constata que l'effet attendu du barrage su
périeur, construit en tête du Coléron , avait été dépassé , ce
qui entraînait des inconvénients inverses de ceux qu 'on
avait combattus.
Le Cavery commençait à recevoir plus d 'eau qu'il n 'en
fallait pour les irrigations du Tanjore et qu'il ne pouvait
en contenir sans danger de surmonter et de détruire ses
digues et d 'inonder les contrées voisines. Il s' était formé
devant le barrage, à travers le Coléron , un grand dépôt de
sables remontant à 14,659 à l’amont, et toute l'eau venant
du grand Cavéry s' écoulait dans le Cavéry , en sorte que ,
à l'inverse de ce qui avait lieu auparavant, les cultiva
teurs de Trichenapoly étaient occupés à détourner une
partie des eaux du Cavery, vers la rive du Coléron , au
moyen de corumbos pour conserver leurs irrigations sur la
rive gauche de la rivière.
Par suite de l'excès d 'eau reçue , les rives du Cavery
avaient été corrodées et détruites sur une longueur de 9 à
13 kilomètres à partir de la bifurcation . Pendant les crues
de juillet et d' août, on avait eu beaucoup de peine à dé
fendre la langue de terrain faible et étroite qui sépare les
deux rivières immédiatement après la bifurcation. Le dan
ger ne s'était pas étendu à plus de 10 kilomètres à l'aval ;
mais il était à craindre que , si l'on n 'y portait remède , la
tête du Cavéry ne continuât à s'élargir et à s'approfondir ,
et n 'introduisit un excés d'eau capable d 'occasionner de
fréquentes ruptures et des inondations, particulièrement
dans la partie supérieure de son cours où une de ses
berges, celle du côté du Coléron , est plus faible et où
IRRIGATIONS DE L'Inde . 293
l'action des déversoirs est moins efficace. Ces résultats
I
conduisirent à modifier et à perfectionner le barrage su
périeur et surtout à l' étendre à travers le Cavery, afin de
régler d'une manière permanente la distribution des eaux
entre les deux rivières.
Pour atteindre ce but, le colonel Sim proposait : 1° de
continuer le barrage supérieur du Coléron à travers la petite
ile qui sépare les parties du centre et du sud de cet ouvrage
à un niveau de o ” .61 plus bas que le reste du barrage ,
mais en le munissant de distance en distance de piliers
monolithes destinés à servir d 'appui pour opérer un relè
vement périodique du barrage pendant les basses eaux
lorsque la totalité ou la plus grande partie de ces eaux
doivent être détournées dans le Cavéry pour les besoins
des irrigations ; 2° d'abaisser de om.31 sur 183 mètres de
longueur la partie centrale du barrage supérieur en for
tifiant le radier à l'aval; 3º de construire un puissant
déversoir de fond à l'extrémité sud de la grande ile qui
se relie à la portion du milieu du barrage; 4° et enfin
d 'établir à travers la tête du Cavery un barrage d 'un ni
veau inférieur. Ce barrage devait être un peu plus bas vers
son milieu qu 'à ses extrémités pour ramener cette rivière
à ses limites naturelles et pour donner au courant à l'aval
une direction centrale qui aurait pour effet d' enlever les
bancs de sable.
Les trois premières propositions étaient faites en vue
de débarrasser le Coléron du large banc de sable qui
s'était déposé à l’amont du barrage et de rendre à la
tête de cette rivière sa profondeur et sa capacité anciennes,
de telle sorte qu'elle redevint la branche principale et
qu'elle reçût la plus grande partie des eaux pendant les
crues, ce qui devait soustraire le Cavery au danger dont il
était menacé .
Les deux premières des améliorations proposées par le
colonel Sim furent réalisées en 1843 , et elles eurent l'effet
S TS
294 MÉMOIRE ET DOCUMEN .
désiré. On abaissa de om .60 la partie centrale du barrage
supérieur du Coléron sur une longueur de 211 mètres.
, On fit dans le corps de ce même barrage de nouveaux
déversoirs de fond de manière à porter à 40 mètres la
largeur totale de débouché des vannes de fond. Cela
n 'empêcha pas le lit de continuer à s'exhausser à l'amont
jusqu'à la hauteur de la crête du barrage , excepté toute
fois en face des déversoirs qui restèrent précédés chacun
d 'une sorte de chenalnaturel à travers les sables qu'y avait
maintenus l'action du courantpassant par les vannes. Toute
fois ces déversoirs ont produit, sinon l' effet principal qu 'on
en attendait , au moins celui fort utile d 'uniformiser les
dépôts des sables à l'amont du barrage et d'empêcher des
bancs de s' y former. Un barrage continu doit nécessaire
ment entraîner dans tous les cas le relèvement du lit à
l'amont. Ce relèvement n 'a eu aucun inconvénient dans
les circonstances où l'on s'est trouvé ; mais si l'on avait
eu un intérêt réel à l'empêcher, il aurait fallu un barrage
dont plus de la moitié de la longueur fût mobile comme
ceux que l'on a exécutés sur le Gange et la Jumna dans
les provinces du nord-ouest et sur beaucoup de rivières du
Dekan .
Pendant l'année 1844 , la tête du Cavéry continua à
s'élargir comme dans les années précédentes. Le cou
rant principal était toujours le long de la rive droite ou
méridionale qui fut corrodée de 27" .43 de superficie. La
rive gauche, quoique beaucoup soulagée par l'amélioration
du barrage du Coléron , éprouya cependant des avaries
notables, et avait besoin qu'on y exécutât des travaux con
tinuels de défense. En février 1845 , on commença le bar
rage en tête du Cavery ; il fut terminé le 20 avril suivant
sans accident. Sa longueur est de 594 mètres, sa partie
centrale est arasée au niveau du lit de la rivière , les
deux côtés sur 150 mètres de longueur sont relevés de
0° . 30 à om .45 et se terminent par de très-forts murs en
IRRIGATIONS DE L'INDE. 295
aile . Les fondations ont été exécutées d 'après les procédés
ordinaires (puits en brique enfoncés comme des tubes).
Vers le milieu de mai , on enleva les batardeaux qui
fermaient la tête du Cavéry , et on laissa l'entrée libre.
Pendant un mois environ , la rivière resta très-basse ; des
crues subites et violentes arrivèrent vers le 25 juin . Le
courant remplit l'ancien lit et causa des avaries aux di
gues qui furent réparées et fortifiées comme d 'habitude ;
mais peu à peu on vit bien que le courant avait perdu
une grande partie de son ancienne force, un dépôt de sa
bles se forma le long des deux rives de la rivière, im
médiatement à l'aval du barrage où le courant avait été
auparavant extrêmement profond ; ce dépôt s' étendit en
suite à l'aval et finit par garantir les berges dans leurs
parties importantes. Au commencement d 'octobre , des
pluies locales occasionnèrent une nouvelle crue dans le
Catéry; mais le courantne causa aucune avarie aux ou
vrages près de la tête de la rivière, excepté aux défenses
avancées construites près des décharges et qui furent un
peu endommagées. La crue suivante ne fit absolument
aucun mal. Ce changement favorable continua dans le
Caréry. On put y constater l’uniformté de la section , la
régularité du courant et l'absence de bancs de sable et de
creux profonds ; le courant, s' étendant sur le lit entier ,
perdit toute sa violence, et les berges cessant d'être cor
rodées et minées par-dessous prirent un talus modéré. La
première crue , bien qu' elle eût nécessité des dépenses
considérables pour la réparation des défenses , n 'avait ce
pendant attaqué les berges sur aucun nouveau point de
Pune ou l'autre des deux rives. En même temps que cette
transformation s'opérait dans le Cavéry, il s'eſfectua une
amélioration correspondante dans le Coléron. Son lit de
vint plus régulier , plus profond qu'il ne l'avait jamais été
auparavant. Un fort courant s'établit sur le centre du bar
rage, et son effet sur le lit à l'avalfut tel que l'on fut obligé
296 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

de fermer les déversoirs de fond pour arrêter le progrès de


l'approfondissement.
En 1842, les sables du Coléron , à l'amont du barrage,
étaient plus élevés que le barrage lui-même ; à la fin de
1845, il y avait toujours à l'amont 1 * .83 de profondeur
d 'eau au -dessous de sa crête . Non -seulement il ne s' était
pas formé de nouveaux bancs de sable , mais le Coléron ,
comme le Cavéry, avait acquis dans son lit une uniformité
bien supérieure à celle qu'il avait eue depuis de longues
années. On doit principalement attribuer ce changement
à la construction du nouveau barrage du Cavery. La masse
d 'eau qui, auparavant, se précipitait presque entière dans
cette branche en un profond courant, s' était divisée entre
es deux lits dans la proportion voulue, et s'étendait sur
toute leur largeur en suivant un cours plus direct et non
agressif pour les rives. Ces heureux effets se continuèrent,
et, quelques années après, l'étatdes deux branches et celui
de tous les ouvrages d'art ne laissaient rien à désirer; on
avait de plus construit un pont pour les piétons sur le bar
rage supérieur du Coléron.
Le barrage inférieur, qui fut construit en même temps
que le barrage supérieur, consiste en une digue en ma
çonnerie de 2 " .50 de haut sur 8 “.50 de large avec un vide
central de om. 70 de haut sur 11.20 de large voûté par
dessus et rempli de sable ; on le pourvut de vingt-trois
vannes de fond , présentant ensemble un débouché li
néaire total de 21 mètres pris sur la longueur totale du
barrage qui est de 571mètres ; on construisit à l'aval un
radier en maçonnerie d 'une largeur de 7 * .30 et d 'une
épaisseur de .o” .60 , recouvert d'un dallage en pierre de
taille d'une épaisseur de o" .30 s'ajoutant à la précédente.
A l'amont et à l'aval de l'ouvrage , des enrochements de
gros blocs formérent la jonction de l'ouvrage avec le lit de
la rivière.
La distribution des eaux du Cavery entre ses branches et
IRRIGATIONS DE L' INDE. 297
ses dérivations a été faite d'après les mêmes principes et
par les mêmes moyens d'art que ceux exposés ci-dessus.
L'ouvrage principal est celui construit en 1848 à travers le
Cavery et le Vennar; il est semblable au barrage du Coléron
et il remplit parfaitement son but.

IV . - Résultats.

La diminution de la section d'écoulement par la construc


tion du barrage supérieur n'a eu aucun inconvénient. Dans
les faibles crues , l'ouvrage est toujours baigné à l'aval par
une hauteur assez considérable et , dans les fortes crues, la
chute est presque effacée; avant la construction du pont sur
le barrage, on observait à peine un pli, et ce nouveau rétré
cissement de la section ajouté au premier n 'a pointdéter
miné une chute sensible . Seize ansaprès la construction du
barrage du Coléron , le lit du Cavéry, grâce à l'action des
déversoirs, ne s'était pas ensablé d'une manière fâcheuse.
Les dépôts faits à l'amont contre les barrages en attei
gnaient quelquefois la crète , mais, sur aucun point, l'ali
mentation des canaux d 'irrigation n 'avait été gênée par le
relèvement du lit. Après les crues, on observait un léger
dépôt d'une vase très-fine et très -fertile , mais en si petite
quantité qu'il n 'en résultait point d 'exhaussement sensible
du fond de la rivière. Tous les canaux d'irrigation et les
cours d 'eau du Tanjore sont solidement endigués , et les
digues sont entretenues avec tant de soin qu'une rupture est
un accident très-rare.
Au barrage inférieur du Coléron , en 1845 , le sable se
tenait à l'amont contre le barrage à o ” .60 environ en
contrc-bas de sa crêle. L 'action des vannages de fond ,
placés dans le corps du barrage, ne s'étend le long du bar
rage qu'à une faible distance de chacun d' eux.
Les deux barrages entravent la navigation du Coléron ;
298 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
on a construit une écluse au barrage supérieur ; mais elle
n 'a jamais pu fonctionner .
Quant au Cavery , il est ouvert à la navigation , et ses bras
principaux mettent tout l'intérieur du delta en communi
cation avec la mer .
Des résultats obtenus, on a tiré, pour les travaux restant
à exécuter dans l'Inde, les conclusions suivantes :
1° Les eaux des grandes rivières peuvent être partagées
entre leurs branches, dans des proportions suffisamment
exactes pour les besoins à satisfaire , à l'aide de barrages
établis à leur point de séparation avec des hauteurs déter
minées dans chaque cas par des expériences. Jusqu'ici il
n 'a été formulé aucune règle générale pour fixer ces hau
teurs , mais cette règle pourra se trouver par la suite.
2º De pareils barrages , établis sur des points et à des
hauteurs convenables dans le lit des rivières , peuvent être
de la plus grande utilité pour régulariser et uniformiser
leurs courants et leurs vitesses, pour déterminer une distri
bution uniforme partout et à peu près égale des dépôts , et
pour maintenir la permanence des sections du lit.
3° Dans des rivières à fond de sable, présentant des
pentes de fond de om . 66 par kilomètre ou , par conséquent,
des pentes plus faibles , de pareils barrages peuvent, soit
avec des briques, soit avec des pierres prises à une faible
distance , être construites et entretenues à un prix modéré.
4° Le relèvement du lit à l’amontde ces barrages continus,
presque jusqu'à la hauteur de leur crête, est une consé
quence inévitable de leur construction , et il n 'a pu être
jusqu'ici empêché par l'établissement de vannes de fond
dans la partie inférieure de leur massif.
5° Dans les rivières , telles que le Cavéry, qui fonction
nent comme canaux d'amenée pour alimenter les irriga
tions, on arrive à empêcher un relèvement nuisible du lit
lorsqu'on peut ménager dans leurs berges ou digues des
déchargeoirs ayant un plein effet.
IRRIGATIONS DE L' Inde. 299
6 . Lorsque ces rivières ont des crues de 3m .50 à 4 * .50
de hauteur , des fondations sur lignes de puits continues de
2 mètres de profondeur à l'amont et à l'aval, ne sont su
jettes à aucuns accidents, ainsi que l'a prouvé l' expérience
de vingt-cinq ans, pourvu, toutefois , que ces lignes ne com
prendent entre elles qu'un sable homogène. C.
gº Pour une chute verticale de 1 “ .50 à 2 " .20 à l'ava
des barrages, une épaisseur de 0 ".60 de maçonnerie de
briques avec 0°.30 de revêtement en pierres de taille suffit
pour le barrage , avec un radiermaçonné de 6 à 7 mètres
de largeur, et un arrière-radier en blocs échoués de 3 mètres
de largeur et de im .20 d'épaisseur, c'est- à-dire d 'une lar
geur égale à une fois et demie la hauteur de la chute
verticale et une épaisseur égale aux deux tiers de cette
hauteur .
de Le succès de la construction et la conservation de
l'ouvrage dépendent principalement de la bonne exécution
et du bon entretien du radier.
gº Lors des crues faibles et moyennes, le radier est pro
tégé contre l'action destructive de la chute d'eau par la
nappe d'aval qui le recouyre ; le chute s'efface lorsque les
crues atteignent une hauteur de 5 mètres .
Le résultat des travaux a été des plus profitables tant
pour le pays lui-même que pour le revenu public . Cela se
conçoit lorsqu'on songe que, dans cette partie de l'Inde, le
trésor prélève moyennement les deux cinquièmes du revenu
brut, et que les irrigations alimentées par le Coléron et le
Cavéry s'étendent dans les quatre provinces de Trichna
poly, Tanjore, Maduré et du sud Arcot.
Les plus remarquables sont celles du delta du Cavery
proprement dit , qui a une superficie de 12 800 kilomètres
non compris les bassins du Vennar et du Coléron .
Comme dans tous les pays d 'irrigation du sud, on y
distingue les terres en hautes et basses. Celles-ci compren
nent toutes les rizières; les autres terrains sont classés dans
300 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

la catégorie des terres hautes , et sont consacrés aux habi


tations et à la culture des menus grains.
Le sol du delta est composé de sable et d'argile ; celle-ci
domine dans les terres basses, et le sable dans les terres
hautes. Il forme, en outre, le fond des rivières et il s'amasse
dans lamer en bancsconsidérables et gênants devantchaque
embouchure un peu importante. Il est généralement pur,
excepté dans le Coléron où on le trouve mělé de gravier. Pen
dant la saison chaude, d'avril à juillet, le delta n'offre aux
yeux qu'une plaine aride dont quelques rares bouquets
d 'arbres de la famille de palmiers et deux forêts interrom
pent à peine la triste uniformité. Mais après les déborde
ments, de juillet à décembre, son aspect rappelle celuide
l’Egypte. C ' est d 'abord une immense nappe d'eau du sein
de laquelle s' élèvent les villes et les villages , les chaussées
et les canaux qui les relient, et les digues des rivières, for
mant les grandes artères d 'un triple système d'irrigation,
de communication par eaux et d'écoulement des crues. Car
les lits des rivières seraient, par eux-mêmes, insuffisants
pour écouler les grandes crues, et celles-ci s'élèvent entre
les digues bien au -dessus du niveau général de la con
trée .
Sur ces canaux et rivières, on voit descendre constam
ment un grand nombre de bateaux qui transportent del'in
térieur à la côte les produits du sol pendant toute la période
des débordements .
Aussitôt que le sol est couvert d 'eau sur une hauteur de
0 ".05 et détrempé, on le labourre avec une sorte d'araire
tout en bois , traîné par deux beufs de l'espèce la plus ché
tive, si léger et si grossier qu' on ne saurait lui donner le
nom de charrue. On transplante ensuite le riz qui a été
semé à l'avance dans des lieux choisis. Il croît dans l'eau ,
qui doit toujours le recouvrir jusqu'à ce qu'il ait atteint une
hauteur de 0" .20. A partir de ce moment, la plaine se couvre
tout entière de verdure ; une végétation brillante se déve
IRRIGATIONS DE L 'INDE. 301
loppe, dans les trois derniers mois de l'année, sous l'in
fluence des pluies de la mousson du N .- O .
Sur beaucoup de points des quatre provinces irriguées
par le Coléron et le Cavéry, l'abondance actuelle des eaux a
permis de faire deux récoltes de riz par année.
L 'étendue des rizières a été considérablementaugmentée .
L'entretien des ouvrages d'irrigation est à la charge du
Gouvernement ; il coûtait 300 000 francs en 1850.
Depuis 1836 , époque où l'on avait commencé les travaux
jusqu'à 1850 , on avait dépensé pour la construction des
ouvrages. . . . . . . . . . . . . . . . . 7 296 850 fr .
Pour entretien et réparations. . . . . . 2 234 300
Total. . . . . 4531 150 fr.
environ 4 millions et demi. .
Ces travaux avaient procuré au trésor , pendant le même
laps de temps, un excédant total de recettes brutes de
12 millions, ou bien en déduisant l'entretien et l'intérêt à
5p. 100 de la dépense des travaux, un bénéfice net de 8 mil
liops. En retranchant de 1 100 000 francs, accroissement
annuel de la taxe, 414.842 .50 , montant de l'entretien
annuel augmenté de l'intérêt à 5 p . 100 de 2 296 850 francs ,
dépense de construction , on obtient 685 158 francs pour le
bénéfice net annuel du trésor public en 1850 ; c'est le tiers
de la dépense des travaux.
Depuis lors , ce chiffre a continué à progresser . Les ingé
nieurs de la présidence de Madras admettent qu'il est
aujourd'hui égal à la dépense de construction .
Cet accroissement du produit de la taxe des terres irri
guées et du produit brut de ces terres a été accompagné
d'une augmentation correspondante dans le produit des
autres taxes, foncières ou non , résultant de l'accroissement
général de la richesse publique.
En 1850 , l'augmentation totale annuelle du produit des
taxes de toute nature était de 1 million et demi, soit le
septième de ce même produit avant l'exécution des travaux.
302 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

V . - Palar.

Description générale. — Le Palar prend sa source sur le


territoire de Mysore à la latitude nord de 13° 20' et à la lon
gitude est de 77° 37' 38". Il atteint la côte de Coromandel
à la latitude de 12° 48' et à la longitude de 79° 26' 30 " à
4 milles au snd de Sadras. Il a un volume énorme pendant
la saison des pluies et est complétement à sec le reste de
l'année , mais on trouve toujours de l'eau en creusant dans
son lit.
Barrage du Palar. - On vient de construire sur le Palar,
un peu au -dessous de la ville d 'Arcot et à une distance de
117 kilomètres du confluentdu Palar ,un barrage de dériva
tion pour alimenter ,au moyen de cinq canaux de prise d'eau,
les irrigations d 'une superficie de plus de 1000 kilomètres
quarrés insuffisamment arrosée par de nombreux étangs
parmilesquels se trouve celui de Caverypaukum .
Le barrage est placé justement au point où les bancs de
granit sur lesquels la rivière coule à l'amont commencent
à s'enfoncer et à disparaître sous le sable , en sorte que,
sur un quart de la largeur de la rivière à partir de la rive
gauche qui est granitique, les fondations reposent direc
tement sur le rocher et partout ailleurs sur des puits de
2 ".44 de profondeur et om. 91 de largeur de vide intérieur
enfoncés dans le sable qui recouvre le granit sur une hau
teur beaucoup plus grande.
La largeur du fleuve à l'emplacement du barrage est
de goo mètres ; sa pente est de o" .0019 , presque 2 milli
mètres par mètre.
Dėversoir de superficie. - Le barrage, sur une longueur de
795” .48 comprise entre ses murs en aile, se compose essen
tiellement d'une plate -forme inférieure en maçonnerie de
briques de 1*.37 d' épaisseur reposant sur les puits ou le
rocher, arrasée au niveau moyen du fonds du lit, soit du
IRRIGATIONS DE L'INDE. 303
radier qui fait suite à l'aval et se terminant du côté d'aval
par un mur en saillie sur elle de 2 " . 13. Ce mur incliné à
l'amont et vertical à l'aval a une épaisseur de 2 * .44 à la
base et im .22 au couronnement ; celui- ci est en pierres de
taille et à parements verticaux sur une hauteur de o ” . 45.
La chute est ainsi de 2 " .13. La radier à la suite est formé
de blocs de granit de grande dimensions et d'une épaisseur
moyenne de o” .60 équarris sur les joints, bien serrés en
semble, et maçonnés solidement avec du mortier hydrau
lique; ceux contigus au barrage sontengagés fortement sous
son massif ; au -dessous de ces blocs, il y a unemaçonnerie de
libages d'environ o ” .90 d 'épaisseur. Le radier a une lon
gueur de 13m .11; il est défendu du côté d'aval par un mur de
garde d'une hauteur de 1 m.52 non compris l'épaisseur du ra
dier lui-même, et qui repose sur une ligne depuits. A la suite
vient un arrière radier de 4m.50 de longueur et de 2" .001
d'épaisseur, formé de gros blocs de granit irréguliers bien
assemblés et serrés entre eux , surtout à la surface, mais
sans mortier.
Contre le mur de chute , du côté d' amont , s'adossent
des piles destinées à recevoir ultérieurement un pont. Elles
ont 6m .40 de longueur non compris les avant et arrière
becs et s'élèvent de o " .30 au -dessus du mur de chute . Elles
comprennent entre elles un intervalle constant de 13" .u .
On a figuré en ponctué un prolongement des piles et un
gradin additionnel à la partie inférieure du mur de chute
destiné à diviser la chute pour l'amortir.
Déversoirs de fond. - Cinq déversoirs de fond sont ré
partis uniformément sur la longueur du barrage; quatre
comprennent chacun trois piles du pont projeté, deux laté
rales et une au milieu ; le déversoir du milieu comprend
quatre piles ou trois arches du pont projeté. Les piles que
comprennentces déversoirs de fond sont plus longues que
les autres, et dépassent le mur de chute de la saillie de l'ar
rière-bec (o “ .91) .
304 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
L 'intervalle de 13" . 11, entre deux piles d 'un déversoir ,
est divisé dans l'alignement du mur de chute, par quatre
piliers intermédiaires , en cinq ouvertures rectangulaires
chacune de 1º .52 de largeur et d 'une hauteur de 1º .52
comptés à partir du niveau de la plate -forme qui forme
l'avant-radier. Au-dessus de ces ouvertures sont placées en
tête sur les piliers de longues pierres de granit et ure
maçonnerie , formant ensemble une épaisseur totale de
0 ".61 jusqu'à la hauteur de la crête du mur de chute.
Les ouvertures sont fermées par des vannes mobiles au
tour d 'un axe vertical placé à une certaine distance de
leur milieu . On assujettit, ou on lâche les vannes en ma
næuvrant un verrou depuis le haut.
Les cinq déversoirs présentent ainsi un débouché li
néaire total de 83m.60 et superficiel de 127m9.07 ; ils fonc
tionnent d'ailleurs comme déversoirs de surface sur toute
leur longueur de la même manière que le reste du bar
rage.
Têtes de prise d'eau fonctionnant aussi comme déversoirs
de fonds. — Le barrage s'appuie à gauche à un mur en aile
concave vers la rivière , auquel se relient des parapets , pro
longement de ceux des deux ponts qui forment sur la
gauche les têtes de prise d'eau des canaux de Mahindra
vady et deCavérypaukum . Ces deux ouvrages, séparés l'un
de l'autre et du barrage par une distance d'au plus 30 mè
tres, sont semblables, sauf que le premier pont a trois ar
ches et le second cinq arches de 6m .10 de portée. Chacune
d 'elles est divisée par deux piliers intermédiaires en trois
ouvertures de 1 " .52 de largeur, tout à fait semblables à
celles déjà décrites pour les déversoirs et se fernant de
la même manière. La plate-forme qui les recouvre est cou
ronnée à son extrémité d 'aval par un mur de o ” .45 d 'épais
seur et om.gi de hauteur par-dessus lequel déversent les
eaux des crues.
De cette sorte la première tête de prise d'eau fonctionne
IRRIGATIONS DE L'INDE. 305
comme déversoir de superficie sur une longueur de 18 , 30
et comme déversoir de fond ou de vannage de prise d 'eau
sur une longueur de 13m .68 et une superficie de 20%9.79 ;
la deuxième tête de prise d 'eau ou celle du canal de Cavé
rypaukum fonctionne comme déversoir de superficie sur
une longueur de 30” .50 et comme déversuir de fond ou
vannage de prise d' eau sur une longueur de 22" .80 et
une superficie de 34* 9.65 .
La dernière arche sur la droite du barrage comprend
la tête de prise d 'eau du canal de Chuckvamulloor qui est
divisée en quatre ouvertures et qui ressemble tout à fait
aux déversoirs de fond du barrage. A l'aval du vannage
il y a deux murs de revêtement concaves versl'axe du canal;
celui de gauche forme en même temps le mur en aile
d'aval à l'extrémité droite du barrage.
Le mur en aile de droite se prolonge à l'amont perpen
diculairement à la direction du barrage, d 'abord sous forme
de culée , ensuite comme mur de revêtement jusqu' à une
distance de 36 mètres. Là commence le vannage en tête du
réservoir régulateur des prises d'eau des canaux de Calava
et de Doosy , réservoir qui a plus de 200 mètres de long et
de 34".77 de large et par suite une superficie de plus de
6 954 mètres quarrés. La tête de ce réservoir est tout à fait
semblable à la tête de prise d 'eau du canal de Cavéry
paukum .
A l'extrémité du réservoir se trouvent disposées symé
triquement les têtes de prise d' eau des canaux de Doosy
et Calava ; la première comprend neuf ouvertures de 1º.83
de largeur et 1" ,22 du hauteur sous clef, la seconde sept
ouvertures semblables. Chaque mur de tête dépasse de
2 * .44 le sommet de ces ouvertures. Les murs de soute
nement ou bajoyers formant l'enceinte du réservoir , ont
une hauteur minimum de 2 " . 13 , en sorte que les eaux peu
vent y être emmagasinées jusqu'à cette hauteur.
Résultats. — Le barrage a été terminé en 1863; depuis
Annales des P . et Ch. MÉMOIRES. – TONE XVIII.
306 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
lors il n' y a pas eu d'autre avarie que l'entraînement de
quelques-uns des blocs de granit qui forment la surface
du radier. Ces avaries, limitées à une étendue de 9 mètres
quarrés au plus , ont été bien réparées , et les crues surve
nues depuis n 'en ont point causé de nouvelles. Toutefois
on va consolider encore le barrage en divisant la chute
omme il a été dit plus haut.
Les piles destinées à recevoir un pont ont déterminé à
l'amont un ensablement qui s'élève jusqu'à o " .61 au -des
sous de la crête du barrage et qui se termine presque ver
ticalementun peu en arrière des avant-becs des piles. Cela
est dû évidemment à un courant parallèle au barrage qui
règne à l'amont tout le long de l'ouvrage excepté en face
des déversoirs de fond , toutes les fois que ces déversoirs
fonctionnent.
Les barrages et les cinq canaux d 'amenées aux étangs
avec leurs têtes de prise d 'eau , ont coûté ensemble
2 250 000 francs.
On n 'a pu encore constater tous les avantages qu'on
doit en retirer. On pense qu'ils seront supérieurs à ceux
qu'ont procurés tous les ouvrages précédemment décrits.
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES.

CHRONIQUE.

Octobre 1869 ,

SOZARE. – Influence hygiénique de la ventilation. -- Situation des travaux


d'assainissement de Londres. – Progrès des voies de communication en
France. – Bulletin bibliographique .
Influence hygiénique de la ventilalion . — M . le général Morin a
rendu compte à l'Académie des sciences (C. R. t. LVIII, p .1189) des
procédés qu 'il a conseillé d 'employer pour la ventilation d 'un
Faste atelier de tissage appartement à M . Fournet et situé à Orival,
prės Lisieux . Les résultats obtenus méritent, au plus haut point,
de fixer l'attention et fournissent l'un des exemples les plus frap
pants que l'on puisse citer de la puissante influence sur la santé
de l'homme, d'un bon aérage des habitations. Je regrette de ne
pooroir reproduire en entier le mémoire de M . le généralMorin ; les
ebiffres suivants pourront du moins en faire comprendre l'intérêt.
L'atelier dont il s'agit a une surface de 2025 metres quarrés , sa
capacité est de 6 000 mètres cubes. Il contient 400 ouvriers et
doométiers éclairés chacun par un bec de gaz pendant les matinées
etles soirées des jours courts.
On a profité du voisinage de la cheminée de l'usine pour assurer
l'aspiration de l'air vicié. Les ouvertures d'entrée et de sortie de
l'air ont été calculées pour assurer un mouvement régulier de
13000 mètres cubes d 'air au moins par heure, soit de 30 mètres
cubes par ouvrier . Le volume d'air réellement introduit est de
1 000 mètres cubes par heure en moyenne et a varié dans les ex
périences de 13 400 mètres cubes à 15500 .
Depuis l'organisation du système d'aérage, l'état hygiénique
308 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
des ouvriers de l'atelier s'est amélioré de la manière la plus beu
reuse . Le nombre des malades qui était de 10 à 19 par jour, est
tombé à 3 ou 4. Le produit de l'atelier s'est accru de plus de 6
p . 100, par le seul effet de la plus grande activité que les ouvriers
apportent au travail; enfin , et ce dernier chiffre n 'a pas besoin de
commentaires, la consommation moyenne de pain , qui était , en
moyenne par jour et par tête, de ok.426 pendant les mois d 'oc
tobre, novembre et décembre 1867, avant la ventilation , s'est éle
vée , dix mois après la mise en activité de la ventilation , pendant
les mois correspondants de 1868, à ok.543 .

Travaux d'assainissement de la ville de Londres. - M . Alf.Du


rand Claye nous communique la note suivante :
Les travaux entrepris à Londres pour l'assainissement de la ville
et l'utilisation des eaux d 'égout ont fait l'objet de deux mémoires
insérés aux Annales, l'un de M . l'ingénieur en chef Mille (ze se
mestre 1867, mémoire 162, p . 162) , l'autre de M . l'ingénieur des
mines de Freycinet (premier semestre 1869, mémoire 217 , p . 203).
Il semble intéressant d'indiquer avec précision l'état actuel de ces
travaux (août 1869).
L'assainissement proprement dit de la métropole, comprenant la
construction des grands collecteurs, l'établissement des usines mu
nicipales et des réservoirs, est à peu près terminé.
Sur la rive nord de la Tamise, les collecteurs de l'étage haut et
de l'étage moyen sont exécutés complétement ; ils assainissentune
superficie de plus de 7 000 hectares et amènent leurs eaux au ré.
servoir de Barking-Creek . Le collecteur de l'étage bas présente
encore une lacune, correspondant au nouveau quai de la Tamise
compris entre les ponts de Westminster et de Blackfriars ; les tra
vaux sont poussés avec activité en ce point. Pour l'instant les eaux
des quartiers suburbains de l'ouest sont provisoirement rejetées
en Tamise à l'amont de Londres par les machines de Chelsea ; elles
viendront tomber dans le collecteur de l'étage bas aussitôt après
son achèvement. Toute la partie inférieure de ce collecteur est du
reste achevée depuis la cité jusqu'à l'usine d'Abbey-Mills ; elle débite
en temps normal environ 145 000 mètres cubes par jour , lesquels
sont relevés de i mètres par les machines d 'Abbey-Mills et suivent
ensuite les deux collecteurs de l'étage haut et de l'étagemoyen
pour aller aboutir avec eux au réservoir de Barking. L 'usine d'Ab
bey-Mills, établie avec un luxe remarquable , comprend 8 grandes
machines à vapeur de 142 chevaux chacune, dont 1 ou 2 fonc
tionnent seulement en temps ordinaire et assurent le servica ac
CHRONIQUE . 309
tuel de l'étage bas. Une distribution ingénieuse de la vapeur,
fournie par une batterie de 16 chaudières, permet du reste de
mettre instantanément en marche un nombre quelconque de
machines et de parer ainsi aux afflux subits et extraordinaires ré
sultant des averses. Toutes les eaux de la rive nord , réunies à
Barking -Creek , sontmaintenues pendant dix heures environ dans
de vastes réservoirs cubant 154 000 mètres cubes; on les lâche à la
marée descendante pendant deux heures environ , et l'effet du flux
est d 'entraîner au loin les impuretés déversées dans la Tamise. Le
débouché, à la sortie des réservoirs, s'effectue du reste à 30 kilo
mètres environ en aval du pont de Londres , dans un pays abso
lument désert.
Sur la rive sud les collecteurs sont achevés ; ils desservent une
surface de 10 000 hectares. Le collecteur de l'étage bas franchit
un sautde 5 à 6 mètres à l'usine de Deptford ; cette usine comprend
4 machines de 125 chevaux chacune; une ou deux de ces machines
fonctionnent seules en temps normal et élèvent de 70 000 à
100 000 mètres cubes par jour ; une distribution analogue à celle
d'Abbey-Mills permet de mettre instantanément en marche les
4 machines , alimentées par 10 chaudières, et de porter à
40 700 mètres le cube journalier. Les collecteurs de la rive sud
se terminent au réservoir de Crossneess , situé à 33 kilomètres en
aval du pont de Londres, au milieu d'anciensmarais , complétement
inhabités. Ce réservoir, d 'une capacité de 114 .000 metres cubes
sert à emmagasiner les eaux à maréehaute avec des lâchures faites
pendant deux heures à la marée descendante comme à Barking ,
Seulement le niveau des collecteurs force ici à monter artificielle
ment les eaux dans le réservoir ; ce service est assuré par 4 ma
chines à vapeur de 125 chevaux chacune, alimentées par 12 chau
dières , une ou deux de ces machines fonctionnent en temps
normal et élèvent chaque jour environ 110000 mètres cubes. L'u
sine de Crossneess présente, comme celle d'Abbey-Mills, un aspect
de luxe et d'élégance remarquables.
Les trois usines de Deptford , Abbey-Mills , Crossneess exigent cha
cune un personnel d 'environ 20 employés. Les machines sont toutes
à balancier et actionnent des pompes à pistonset à clapets verticaux .
Le cube total versé chaque jour en rivière par l'ensemble des
collecteurs est évalué à 400 000 mètres cubes en temps normal,
dont 250 000 mètres cubes sont élevés par machines.
Tous les travaux des collecteurs et des usines ont été projetés et
exécutés par les ingénieurs du Metropolitan Board of Works sous
la direction de M . Bazalgette , ingénieur en chef .
310 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Les projets et travaux , destinés à utiliser les eaux d'égout, ont
été étudiés en dehors du service métropolitain . Une compagnie ,
Metropolitan Sewage and Essex reclamation , concesionnaire des
eaux d'égout,a été constituée paractedu parlementdu 19 juin 1865.
Les travaux de dérivation des eaux de la rive nord de Londres
devaient s'étendre jusqu'aux sables de Maplin sur 70 kilomètres de
longueur; évalués à 60millionsde francs, ils devaientêtre ierminés
en dix ans, soit en 1875 . Ils furent entrepris en 1865 -1866 ; on
exécuta alors environ 1500 mètres de galerie circulaire en briques
de 3 mètres de diamètre et un siphon sous la rivière de Barking ;
mais en 1867 les travaux furent interrompus par suite de diffi
cultés financières ; depuis lors, c'est-à- dire depuis deux ans, ils
n 'ontpas été repris.
La compagnie a créé, pendant ce temps, la ferme d'essai et d'ex
périence de Lodge- Farm . Une locomobile de 26 chevaux, installée
près des réservoirs de Barking-Creek refoule, par une conduite en
métal de 0.38 de diamètre, 300 à 400 mètres cubes d'eau d'égout à
l'heure, soit 4000 mètres cubes environ par jour. La conduite, de
3 kilomètresde longueur, débouche sur les terrainsde Lodge-Farm .
Les eaux, après avoir traversé un bassin où elles déposent leurs
matières les plus lourdes, circulent dans les champs voisins, soit
par des rigoles creusées en terre , soit par une conduite demi- cir
culaire en tôle, de o .3o de diamètre, portée sur de grands cheva
lets en bois . 70 hectares sont soumis à l'arrosage continu dans l'in
térieur de la ferme; 30 hectares, situés hors du domaine de la
compagnie, mais dont une partie est cultivée par M . Hope, un des
promoteurs de l'entreprise, ontreçu un certain nombre d'arrosages
isolés. Les cultures sont généralement bien tenues et présentent
un état prospère : les prairies ( ray -grass ) occupent 20 hectares,
soit un peu moins du tiers de la surface arrosée ; elles nourrissent
55 vaches, donnent de 6 à 10 coupes et 100 à 150 tonnes d'herbe
verte ; les deux tiers de la ferme comprennentdes cultures de bet
teraves, choux ordinaires, choux rouges, pommes de terre, céleri,
haricots , oignons, fraises, orge ; tous les légumes se placentavan
tageusement sur le marché de Londres. Le cube d 'eau d 'égout
versé annuellement sur un hectare varie de 10 000 à 20 000 mètres
cubes, soit 15 000 mètres cubes en moyenne. Le produit brut de
l'exploitation est évalué à 150 oou fr.; c'est environ 2 000 francs à
l'liectare ou de o'.10 à oʻ.15 par mètre cube d' eau employé.
Ainsi, à Londres, la partie des travaux répondant à la question
de salubrité est achevée, à part la lacune du quai de la Tamise; elle
a été exécutée par la municipalité au prix de plus de 100 millions
CHRONIQUE. 311
dedépense ; elle fonctionne de la manière la plus satisfaisante,
affranchissant la métropole et la banlieue de toute cause d'infec
tion. L'utilisation agricole, entreprise par une compagnie indépen
dante, est encore à la période des essais ; la quantité d'eau ainsi
expérimentée n 'est que de 4 000 mètres cubes ou 400000 mètres
cubes versés journellement en Tamise. Les essais de Lodge-Farm
sont du reste satisfaisants au point de vue agricole.
Progrès des voies et moyens de communication en France. -
Nous extrayons de l'ouvrage intitulé : Progrès de la France sous be
gouvernement impérial, d'après des documents officiels,le tableau
suivant relatif aux voies de communication. Le défaut d'espace ne
permet pasmalheureusement de reproduire ici les détais intéres
sants que renferme le texte sur l'ensemble des travaux publics.
DÉSIGNATION DES VOIES EN 1851. ÉTAT AUGMENTA
et moyens de communication . actuel TION .

kilom . kilam . kilom .


Chemins de fer (longueur). . . . . . . . . . . . 303546 16 260 12714
Routes impériales (longueur). . . . . 653 37 990 7337
Roules départementales (longueur). . . . 42000 48180 6183
Chemins vicinaux de grande communication
(longueur). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47925 ; 74771 26 846
francs francs. francs.
Dépense annuelle pour les chemins vicinaux. 63 000 000 97000 000 34 000000
(D'après la nouvelle loi, le réseau complet
des chemins vicinaux sera achevé dans l'es
pace de dix ans.) kilom . kilom . kilom .
Rivières classées . . . . . . . . . . . . . . . . 9 551 9623 72
Canaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 902 5077 175
(Les droits sur les canaux ont été réduits
de 20 millions à 4 millions .) ponts,
Construction de nouveaux ponts. . . 85
kilom . kilom . kilom .
Réseau telégraphique. . . . . . . , 2133 37 151 35018
bureaux. ! bureaux. bureaux.
Bureaux de poste. . . . . . . . 3 670 5080
lettres, i lettres.
1 410
letttres.
Nombre de lettres.. . . . . . . . . ... . 165 000 000 323 525 195 158 525 195

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OCTOBRE 1869.
BOUCHARD-Huzand. - Traité des constructions rurales et de leur disposition ;
suivi de détails sur lesmodes d'exécution et terminé par une bibliograpbie
spéciale ; par Louis Bouchard-Huzard, propriétaire. 2e édition , augmentée.
712 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
2° livraison (suite et fin de la repartie ). In-8, 257-592 p., lib.Moc V* Bou
chart-Huzard. L'ouvrage complet en 3 livraisons, 25 fr.
DOSQUET. — Règlementsur les cours d'eau pon navigables du départen,ent de
Ja Gironde, annotés par Charles Dosquet, ancien secrétaire général de la
préfecture de la Gironde . In-8, 52 p . Bordeaux, Coderc, Degretesme et
Poujol.
GRUNER . - Études sur l'acier. Examen du procédé Heaton ; par M . Gruner,
inspecteur général des mines , professeur de métallurgie. In -8 , 104 p.
3 pl. Paris, lib . Dunod.
REGNAULD. - Traité pratique de la construction des ponts el viaducs métalli
ques ; par M . Regnauld, ingénieur des ponts et chaussées. In-8 , 585 p. et
atlas de 33 pl. Lib . Dunod.
LE GRAS. --- Phares de la mer des Antilles et du golfe du Mexique, corrigés
en juillel 1869 ; par M . A . le Gras. 10 -8 , 38 p. Paris , imp. P. Dupont.
25 centimes.
Publications du Dépôt de la marine.
MARQFOY. — De l'exécution des chemins de ſer départementaux par l'Étal; par
Gustave Margloy, ancien élève de l'École polytechoique. In -8 , 59 p. La
chaud.
Loi du 30 mai 1851 sur la police du roulage et des messageries publiques,
suivie du règlement d'administration publique en date du 10 janvier 1852.
In -16, 32 p. De Mourgues frères, 25 centimes.
ORTOLAN . — Guide pratique de l'ouvrier mécanicien ; par M . A . Ortolan, mé
canicien en chef de la flotte, avec la collaboration de MM . Bonnefer, Co
chez, Dinée, Gibert, Guipont, Juhel, mécaniciens de la marine. Avec un
atlas de 52 pl. In- 18 jésus, X - 27 p. Lib . E . Lacroix . to francs.
Riche. - Tables des moments de rupture des poutres en fer en forme de
double T ; par N . Riche, ingénieur de la Société de la Sambre francaise
canalisée . In 8, IX -59 p. Paris, lib . Dunod.
LEFERME. --- Mémoire sur l'envasement et le dévasement du port de Saint-Na
zaire ; par M . Leferme, ingénieur des ponts et chaussées. 10-8, 40 p. et 2pl.
Lib . Dunod.
Extrait des Annales des ponts et chaussées, tome XVIII, 1869.
Ville . — Notice sur les gites minéraux et les matériaux de construction de
l’Algérie ; par M . Ville , ingénieur en chef des mines.In-8, 70 p. Lib. Dunod.
Extrait des Anuales des mines, I. XVI, 1869.
LE CHATELIER. — Chemins de fer. Supplément au mémoire sur la marche a
contre-vapeur des machines locomotives ; par M . le Châtelier, ingénieuren
chef desmines. In-8, 144 p. Paris, imp. Martinet.
Pour la chronique :
HERVÉ MangoN.
UTILISATION DES EAUX D 'ÉGOUT. 313

N° 237
NOTE
Sur les essais d' ulilisation et d'épuration des eaux d' égout
de Paris.

Par MM . MILLE, ingénieur en chef des ponts et chaussées ,


ET

ALFRED DURAND-CLAYE , ingénieur ordinaire des ponts et chaussées.

Les questions d'utilisation ou d' épuration des eaux d' é


gout ont pris depuis quelques années une importance con
sidérable en France , en Angleterre, en Belgique. Elles sont
la conséquence forcée du système général de drainage
adopté pour des cités populeuses comme Paris, Londres,
Bruxelles. Aujourd'hui les eaux sales , chargées des détritus
de la voie publique, sont réunies dans une série de gale
ries , formant tout un réseau souterrain , comparable au
bassin d'un grand fleuve avec ses ramifications diverses.
Le leuve est ici le collecteur , qui rassemble en un seul
courant impur la totalité des eaux versées ou tombées sur
la surface habitée.
Le système des collecteurs , surtout lorsqu'il peut fonc
tionner comme à Paris sans l'aide de la machine à vapeur,
assainit parfaitement les cités; mais il concentre sur un
point de la banlieue le mal qui se divisait autrefois le
long des quais. Il trouble la salubrité des riverains voisins
du débouché des collecteurs ; il produit dans le lit des ri
vières des obstructionsnotables qui sont une gêne pour la
navigation. De là un devoir pour les municipalités des
Annaies des P. et C.H., 4• sér. 9e aon., 11• cah. Mtu. TOME XVII. 21
314 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
grandes villes, le devoir de l'assainissement des fleuves.
Mais le mal peut se transformer en bien : les eaux d 'é
gout ont ramassé les ordures , les fumiers , les détritus; elles
sont riches pour l'agriculture, et depuis longtemps Edim
bourg , Milan , Valence, savent les utiliser. On peut tirer
parti des courants impurs roulés par les collecteurs , et
trouver avantage à détourner au profit de la terre, sous une
forme ou sous une autre, les matières fertilisantes qui
étaient entraînées et perdues à la mer. De là le principe de
l'utilisation, si souvent mis en avant par les agriculteurs.
Ainsi, l'assainissement, devoir municipal ; l'utilisation
agricole , source nouvelle de fécondité, tels sont les termes
de la question.
L'administration municipale de la ville de Paris s'est pla
cée en face de ce problème.
Desmissions à l' étranger furent confiées, en 1864 , 1865 ,
1866 , à l'ingénieur en chef, chargé actuellement de la di
rection des essais. Cet ingénieur revint pénétré de la puis
sance des effets naturels. I conclut à l'arrosage pur et
simple par les eaux d ' égout dans la banlieue de Paris. Il
crut pouvoir généraliser du même coup le rôle agricole
généralement attribué aux eaux d 'égout ; on limitait ce
rôle à la culture des prairies, et l'on citait comme seuls
exemples les marcites de Milan et les herbages d'Édim
bourg. Or les prairies sont rares autour de Paris ; elles
tendent à s'éloigner des grands centres. Si les eaux d'é
gout sont fécondes, pourquoi ne pas les adapter aux cul
tures qu'on a sous la main ? Le départementde la Seine,
outre 1 500 hectares de jardinsmaraîchers, contient 7000
hectares consacrés à la culture des légumes en plein champ.
Pourquoi ne pas appliquer l'eau d'égout aux légumes ?
Pourquoi ne pas imiter la Huerta de Valence, la plaine
maraîchère par excellence, où les meilleurs champs bordent
le canal de Rusafa , qui a reçu les égouts d'une ville de
100 000 âmes ?
- UTILISATION DES EAUX D' ÉGOUT. 315
Des objections s' élevèrent contre le système proposé : :
on doutait de la qualité des produits comestibles obtenus à
l'eau d'égout; on craignait les dépôts qui se formeraientdans
les rigoles ou conduites d 'arrosage ; on faisait surtoutremar
quer qu'un systèmegénéral d'irrigation exigerait du temps
pour se constituer complétement et qu' en outre , à certaines
époques , dans les saisons humides , il était difficile d 'ad
mettre que la culture consommât la totalité des eaux d ' égout,
dont la partie non utilisée continuerait à salir le fleuve.
M . Le Châtelier, ingénieur en chef des mines, vint sur
ces entrefaites proposer l' épuration des eaux d' égout
par le sulfate d 'alumine. Jusqu 'alors les procédés chimi
ques avaient peu réussi ; la tentative la plus sérieuse, celle
de Leicester, avait échoué. Vers la fin de 1865,M . Le Châ
telier, de concert avec M . Léon Durand -Claye , directeur
adjoint du laboratoire de l'École des ponts et chaussées,
avait repris la question : après des essais sur diverses sub
stances, ces ingénieurs avaient trouvé dans le sulfate d'a
lumine un réactif d 'un prix modéré, d'un emploi facile,
d'une efficacité constante , et c'est cette matière dont M . Le
Châtelier proposait l'emploi pour épurer les eaux du col
lecteur, et même en retirer un dépôt ayant encore une
certaine yaleur agricole .
i L'administration municipale pensa qu'il convenait d'es
sayer sur une échelle pratique l' épuration au sulfate d 'alu
mine. Concurremment et à côté de ces essais , devaient
figurer des expériences de culture de légumes à l'eau natu
relle d' égout. Les deux systèmes subissaient ainsi une
épreuve comparative ; ils pouvaient, en cas de réussite , se
compléter l'un l'autre : on allait, en effet, par un service
régulier, vérifier ces deux affirmations.
1° Toute culture, même celle des légumes, réussit avec
les eaux d' égout, sans porter atteinte à la salubrité .
2° La défécation par le sulfate d'alumine produit une
clarification satisfaisante et s'obtient à bas prix .
316 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Si le premier point était établi, on pouvait offrir à la cul
ture les eaux du collecteur, et réaliser ainsi le meilleur
procédé d'assainissement de la rivière. La solution de la
seconde question permettait de faire intervenir l' épuration
pour aider et compléter l'utilisation agricole , pour rejeter
claires à la rivière les eaux que les cultivateurs ne vou
draient ou ne pourraient pas utiliser, tout en retenant une
partie de leurs principes fertilisants.
Tel était le double but des essais de Clichy. Le service
devait évidemment se compléter par l'étude approfondie du
collecteur, de son débit, de la composition de ses eaux, etc.
Un rapport détaillé, adressé le 1er mars à M . le préfet
de la Seine, présenta les résultats obtenus jusqu'au 1er jan
vier 1869. Les lecteurs des Annales trouveront peut-être
quelque intéret à connaître les points essentiels de ce tra
vail.
§ I. - LE COLLECTEUR.

Les deux égouts collecteurs qui recueillent les eaux de


la rive droite et de la rive gauche de la Seine, se réunis
sent à une distance de 536 mètres du quai de Clichy et
viennent déboucher en Seine par un tronc commun , dont
la fig . 1 (Pl. 209) donne le tracé en plan et la fig . 2 la
section . Le collecteur de Clichy reçoit ainsi aujourd'hui
toutes les eaux d'égout de Paris, sauf celles de quelques
quartiers voisins des abattoirs et du marché de la Villette ;
le drainage de cette fraction de la capitale se rend, ainsi
que les eaux du dépotoir de Bondy, dans l'égout départe
mental qui débouche à Saint-Denis. Ce n'est du reste que
depuis le 12 novembre 1868 que les eaux de la rive gauche
viennent par le siphon du pont de l'Alma se joindre aux
eaux de rive droite .
Débit. — Il était d'une importance capitale de connaître
le débit du torrent noirâtre que verse constamment à la
Seine le collecteur de Clichy .
UTILISATION DES EAUX DÉGOUT. 317
Les procédés de jaugeage ont été réduits à la plus
grande simplicité ; la nature spéciale des eaux et les néces
sités du service des égouts empêchaient de songer aux mé
thodes de précision, au moulinet de Woltmann , au tube
de Pitot, etc . Un poste d 'observation avait été choisi à 378
mètres en amont de la bouche du collecteur. On y mesurait
directement la section mouillée, à l'aide d 'une tige à deux
plateaux, l'un fixe, l'autre mobile (fig. 3 ); l'inférieur se
posait sur la vase de la cunette , le supérieur s'arrêtait dans
sa course dès que le choc avertissait qu'il avait touché la
surface libre ; la distance des extrémités des deux tiges fixe
etmobile donnait alors l' écartement des plateaux et par
suite la hauteur d 'eau . La vitesse s'obtenait en lâchant
entre deux repères situés à 50 mètres en amont et 50
mètres en aval du poste d 'observation des flotteurs, formés
de tiges de sapin et lestés inférieurement avec des balles
de plomb aplaties. On avait préparé toute une série de ces
flotteurs avec des longueurs et des lests divers ; on em
ployait chaque jour ceux dont les dimensions et le poids
étaient tels qu 'ils se tinssent verticaux dans le courant et
occupassent en même temps toute la profondeur mouillée .
Dansces conditions, les flotteurs donnaient sensiblement la
vitessemoyenne suivant la tranche où ils se mouvaient. On
connaissait ainsi la section mouillée et la vitesse ; une sim
ple multiplication donnait le débit.
3.000 observations ont été faites suivant ce procédé pen
dant le cours de l'année 1868. Elles se sont réparties de la
manière suivante : tous les quinze jours, les 1'' et 15 de
chaque mois, une brigade passait vingt-quatre heures
dans l'égout et faisait des observations d'heure en heure .
On calculait alors les vingt-quatre points d 'une courbe
exacte du débit journalier; nous donnons comme exemple
la courbe obtenue le 15 mai (fig . 4) . Les trois courbes de
quinzaine du 1° , du 15 , du 1er du mois suivant, fondues en
une seule , donnaient une courbe du même genre , corres
318 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
pondant aux variations que présentait moyennementle
débit aux diverses heures de la journée pendant un même
mois. Pour les jours intermédiaires du mois, on admettait
que la courbe journalière était de même nature que la
courbe moyenne qui vient d'être indiquée; on constatait
une ou deux ordonnées seulement, on prenait les débits à
dix heures du matin et quatre heures du soir, et deces
deux observations isolées on concluait la courbe complète
et le débit moyen du jour. .
On a reconnu ainsi que le débit du collecteur variaitsui
vant les heures, suivant les jours, suivant les mois.
1° Suivant les heures. — Les débits représentent assez
fidèlement une courbe demarée quimonte de six ou sept
heures du matin à onze heures ou midi; reste étale jusqu'à
six heures du soir , redescend jusquà minuit, et se main
tient basse jusqu'au lendemain matin. La fig. 5 et le
tableau suivant, qui résument toutes les observations de
vingt- quatre heures de l'année, mettent ce fait en évi.
dence.
JOURNÉE. NUIT .

Heures. Débit par seconde. Heures. Débit par seconde.

mat. h. soir.
1838 22 302
361
1482
1 787 2060
2 460 1918
2 405 1 694
2716 1717
Midi. 2 680 Minuit. 1 474
h . soir. h . mat.
2 410 1312
2 217 1 208
| | | ||

2147 1 238
2235 1 408
2316 1 409

L'explication des variations se trouve dans la marche


du service public des eaux et leshabitudes du service prive
UTILISATION DES EAUX D' ÉGOUT. 319
des habitants. Pendant la nuit, les appareils de lavage
sontfermés , la consommation privée est nulle : débit na
turellement faible . A partir de six heures du matin , des
chasses sont faites dans les égouts ; les bornes-fontaines et
autres appareils de lavage se mettent à fonctionner de sept
heures et demie du matin à dix heures; de là le maximum .
qui commence à se manifester à la bouche vers neuf heures
et qui atteint sa plus grande valeur vers onze heures ; le
service particulier , l'arrosage des rues apportent en même
temps leur contingent ; de une heure et demie à quatre
heures les lavages de la voie publique reprennent; le débit
du collecteur, après être un peu descendu vers une heure
et deux heures, se maintient ensuite pendant le reste de la
journée, et c'est après l' écoulementde la majeure partie
des eaux du service public et de la consommation particu
lière que la baisse se produit vers neuf heures du soir pour
durer toute la nuit.
gº Suirant les jours. – Les variations journalières du
débit sont dues essentiellement aux pluies du climat. Si
Pon considère simultanément les quantités d 'eau tombées
du ciel et les débits de chaque jour du collecteur, on voit
lesmaximas de ceux -ci expliqués toujours par les temps
pluvieux ou les orages. Ainsi les débits atteignent, le 29
mai,6mc.210 contre 10mm.gi de hauteur d' eau tombée ; le 18
septembre : 600. 189 contre 16mm. 95 de pluies ; les jours
de sécheresse absolue, le débit tombe à me.220, omc.950
etmême à ome.700.
3. Suivant les mois. — Les moyennes mensuelles résu
ment les faits isolés dans les observations journalières.
La fig. 7 présente les cubes débités moyennement en
un jour pour les divers mois de l'année 1868. On voit le
débit journalier osciller autour d 'une moyenne de 190 900
mètres cubes en présentantdes maximas vers les mois d 'a
vril, mai, juin , d'une part, octobre, décembre , de l'autre, et
des minimas en janvier , juillet et août. L 'influence des sai
320 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
sons et en même temps le service général des eaux permet
tent d'interpréter le sens de ces variations. Examinons en
effet soit la fig. 6 qui donne l'eau tombée chaque joursur
les 7 800 hectares que comprend Paris , et la fig. 8 qui donne
l'eau distribuée chaque jour, soit le tableau suivant :
RAPPORT
entre
IXDICATION TOTAL DÉBIT le débit
EAU EAU du
tombée distribuée de l'eau journalier
inoyen collecteur
des par jour par jour distribuée
et du et le total
mois. dans Paris. dans Paris. tombée. collecteur. de l'eau
tombée
dlstribnée.
Janvier. . . . .
Février . . . .
108 447
36 679
174 888
195 763
283 335
231 442
103464
137 808
0 .46
0 .59
Mars . . . . 53833 200 799 254632 152 496 0 .60
Avril. . 166 182 209 701 375 883 225 677 0 .60
Mai . . . . . . . 55 394 232880 288 274 250 992 0 .87
Juin . . . . . . .
Juiliel. . . . . . .
95 964 247 966 343930 267 472 0 . 75
94 104 249937 344 341 152811 0 .44
Aout . . . . . . . . 173 204 236 261 409 465 162432 0 .80
Septemb . . . . 133 414 225 326 358 740 200 966 0 .56
Octobre .re. . . . . 233 280 204 222 437 502 223776 0 .51
Novembre. . . . . 59 295 205 380 26467 179 971 0 .68
Décembre. . . . : : . 164622 191 150 345 772 216 000 0 .62

Moyennes. . . . 114726213 689 328 415 190903 0.58


On voit avec les pluies du printemps (mars, avril), et le
développement croissant du service public , le débitmonter
constamment; les chaleurs exceptionnelles de juillet et
d'août activent l'évaporation , le débit tombe; il reprend
avec la mauvaise saison, en septembre et octobre.
En somme pour l'année 1868, avec le service encore in
completdes collecteurs, lesdeuxtiers environ de l'eau ver
sée ou tombée dans Paris sortaient de la bouche de Clichy.
Ledébit total journalier s'élevaitmoyennement à 190 900
inètrescubes, soit à la seconde 2me.210 et pour l'année en
tière environ 70 millions de mètres cubes. Ajoutons quela
vitesse de l'eau dans le collecteur est d'environ om.go en
moyenne et que le radier est recouvert d'environ 0".20 de
hauteur de vase.
UTILISATION DES EAUX D'ÉGOUT. 321
Composilion des eaux. — Les eaux du collecteur, dont
l'abondance vientd'être indiquée, contiennent desmatières -
solides suspendues et des matières dissoutes. Les matières
suspendues viennent former un delta à la bouche de l'égout
et un long sillon de vase sur la rive droite de la Seine ; les
matières dissoutes alièrent la pureté du fleuve; on peut
suivre pendant plus d'un kilomètre le courant noirâtre des
eaux d'égout, et le service de la navigation a dû retirer en
1868 plus de50 000 mètres cubes de vase qui obstruait le
quai de Clichy.
L'analyse chimique pouvait indiquer l'importance et la
nature des matières diverses roulées par le collecteur.
Les expériences ont été poursuivies pendant les deux
années 1867 - 1868 au laboratoire de l'École des ponts et
chaussées par M . l'ingénieur Léon Durand-Claye ; elles
ont porté sur des échantillons pris chaque jour à l'égoutà
des heures variables. Elles ont donné commemoyenne de
composition d'un mètre cube d'eau d'égout les résultats
suivants :
MATIÈRES MATIÈRES DISSOUTES. TOTAL DES MATIÈRES
dissoutes et en suspension .
en suspension.
phosphorique
phosphorique

Matiéres Matières Matières Malleres Matières Matières


BENNY

TOTAL
TOTAL

TOTAI

organiques minérales. organiques. minérales. organiques, minérales.


produits

produits
produits

produits
produits

produits
.

.
Potasse
Potasse

Autres
Autres

Autres
Autres

Autres
Autres

Acide
Potasse
Azole

Azole
Acide
Azote

.
.

.
.
.
.

.
.

.
.

.
,

10

kilog. kilog. kilog. kilog. kilog,kilog.(kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog.
0 .0161 3191
10 .0141.. SIVI
IV .01 10 .016 10 .029 /0 .7161 ) 0 .032) ► 10 .01416 .029] 2 .035
55 . . . 0.015-0.489 0.016 1.2791.779 0.025 0.240 0.031 0.656 0.9520.04007290.0160.031|1.935 2.751
- - - - - - - - -
vennes . 10 .01610 .48910 .01511. 299 | 1 .81910 .02110 . 240lo .03010 .08610 .98510 .03710 .72910 .01510 .03011. 9851

Un métre cube d'eau d'égout renferme donc environ


3 kilog. de substances étrangères dont 2 kilog. en suspen
sion et i kilog. en dissolution.
322 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Le dépôt qui envase le fleuve et pourra devenir un ter
reau utile à la végétation renferme presque la moitié de
l'azote , l'acide phosphorique, insoluble de sa nature, et la
plus forte part des matières organiques . Il dose pour 1 000
kilog . secs 84.49 d 'azote , 8 kilog. d 'acide phosphorique ,
266 kilog. de matières organiques autres que l'azote. Les
matières dissoutes comprennentle reste del'azote, les alcalis
et une dernière fraction des substances organiques. L'eau
d'égoutnaturelle réunit intégralement toutes ces substances,
matières azotées, phosphate, potasse , calcaires, etc ...; on
pressent qu' elle pourra entrer en lutte avec le fumier.
Les quantités de matières solides entraînées par le col
lecteur varient du reste d' un instant à l'autre de la journée
et d'une saison à l'autre. Dans une même journée on a
· un minimum le matin et le soir, un maximum dans la
journée ; c'est ce qu'indiquent les diverses ordonnées de la
fig. 10, où les oscillations accusées par le contour supérieur
de la courbe sont sensiblement parallèles aux oscillations
de la courbe des débits moyens auxmêmes heures , courbe
que nous avons reportée au -dessous de la première; ainsi
la quantité de dépôt entraîné suit la marée des arrosages
publics et des lavages domestiques. Quant aux varia
tions dues aux saisons, l' été , la saison sèche, se traduit par
une diminution dans le poids totaldes parties solides en .
traînées ; la mauvaise saison correspond au contraire à des
valeurs maxima, c'est ce qu'indique la fig . 9 , dont chaque
ordonnée répond au poids de dépôt entraînémoyennement
chaque mois dans un mètre cube d'eau d 'égout, pour les
années 1867 et 1868.
Mais si le poids dematière solide entraîné subit ces va
riations, la composition chimique essentielle , c'est-à -dire
la richesse en azote, acide phosphorique , potasse , est sen
siblement constante dans l'eau et dans le dépôt ; l'appoint
est fait par les substances inertes, les sables enlevés aux
chaussées.
UTILISATION DES EAUX D ' ÉGOUT. 323
En somme les 70 millions de mètres cubes que l'égout
déverse chaque année en Seine formentun barc d'atterris
sement de 70 millions x 2 kilog. ou 140 000 tonnes, et lais
sent en outre perdre à la rivière 70 000 tonnes de matières
dissoutes. Le banc de vase est grisâtre, recouvert de pailles
et de menus détritus; en été la fermentation s' y met, et de
nombreuses bulles d'hydrogène carboné, de gaz des ma
rais , se dégagent le long des berges. Or l'analyse chimique,
qui vient de préciser la nature et l'importance de la pollu
tiori produite par l'eau du collecteur, nous donne du même
coup une idée de la valeur agricole anéantie ainsi en pure
perte. Mettons les prix du commerce sur les éléments utiles
azote , acide phosphorique, potasse, que renferment ces
eaux ; comptons l'azote à 2 francs le kilog. l'acide phospho
rique à 0 .40 , la potasse à 04.60, et nous trouvons que le
*mètre cube d'eau d 'égout peut être évalué à oʻ. 10, et les
1 000 kilos de vase à 20 francs ; l'eau , dépouillée de ses
parties solides et riche seulement de ses parties dissoutes,
serait encore estimée à o '.06. Ces valeurs, multipliées par
les débits , amènent sensiblement les chiffres suivants
comme estimation annuelle :
Eau d 'égout naturelle. . . . 7000 000 fr. se décomposant comme
- il suit :
Dépôt. . . . . . . . . . . . . 3 000 000 fr.
Eau dépouillée de son dépôt. 4000 000 fr .

C 'est-à -dire que chaque année, les eaux du collecteur


anéantissent une valeur de 7 millions de francs qui pour
rait être représentée par une quantité équivalente de pro
duits agricoles.
Températures. — Ces études ont été complétées par une
série d 'observations thermométriques. A raison de leur
circulation souterraine, les eaux d' égout doivent participer
de la propriété des sources, être relativement tièdes en
hiver, et fraîches en été. Ce fait est mis en évidence par la
324 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
fig . 11, qui donne pour les divers mois de l'année 1868 les
températures moyennes déduites d 'un grand nombre d 'ob
servations poursuivies régulièrement chaque jour sur l'air ,
la Seine, le collecteur .
La courbe des températures moyennes mensuelles est
tracée en plein pour l'air (à l'ombre), en pointillé pour la
Seine, en traits longs pour l'égout. Pendant les froids de
janvier, lorsque la température extérieure était de o en
moyenne et que la Seine était prise, l'égout continuait de
couler avec une température de 4° qui suffisait pour fondre
la glace au débouché en Seine. Pendant les fortes chaleurs
de juillet, quand la Seine était à près de 24°, l'égout n ' était
pas à 20°. Les deux courbes de la Seine et du collecteur se
coupentau printemps et à l'automne, à 10° et à 15°.
L' eau d 'égout échappe donc aux variations extrêmes de
température ; elle peut à la rigueur réchauffer la terre en
hiver , la rafraîchir en été.
§ II. — LE CHAMP D 'ESSAI.

Nous venons de constater que le collecteur d'Asnières


roule 190 000 mètres cubes en un jour ; qu'il est capable
d 'obstruer partiellement le lit du fleuve avec 140 000 tonnes
de remblais, que son limon représente une valeurde 7 mil
lions de matières à engrais .
Nous pouvons passer maintenant au champ d'essai de
Clichy, où les installations étaient faites en vue d'un ser
vice régulier de 500 mètres cubes par jour. Par rapport au
débit total, ce n ' était que le modèle au 1 /400 ; il était res
treint, mais suffisant, dès qu'on traversait toutes les pé
riodes des saisons du climat.
L 'ordre que nous avons à suivre, est tracé d'avance ;
prenons connaissance des installations, assistonsau travail,
puis jugeons les résultats.
A. Installation . Alimentalion. — La force motrice était
UTILISATION DES EAUX D 'ÉGOUT. 325
placée en M ( fig . 1 ) au débouchémême de l' égout en Seine.
Une locomobile de 4 chevaux menait par une courroie une
pompe centrifuge qui faisait 1200 tours à la minute . La
pompe puisait en plein courant par une crépine que proté
geait une boite grillée. Elle aspirait à 5 mètres et refoulait
à 6 mètres, franchissant une hauteur totale de 11mètres, à
l'aided'une conduite métallique ( fig. 12) . La colonne d'eau
débouchait dans une bâche supérieure , d 'où partait une
conduite en grès Doulton de 0 .22 de diamètre. Dans son
parcours, la conduite circulait sous le quai, et restait sou
terraine jusqu'à ce qu'elle atteignit le haut du champ
d'essai en A (fig. 13). Là , par une branche à T , elle ali
mentait deux bouches T , T qui sortaient de tumulus de
gazon et qui étaient fermées au moyen de clapets ; la
charge était d 'un peu plus d 'une demi-atmosphère .
La pompe centrifuge constituait un bon organe pour des
eaux sales comme celles du collecteur ; elle n 'a pas de sou
papes,elle élève tout , eau , sables, détritus. La conduite en
grès,malgré quelques accidents survenus au début, par
suite dedéfauts de pose , a soutenu le service pendant deux
années; lorsqu 'on l'a démolie, on l'a trouvée propre etbonne
à réemployer : il n 'y avait de dépôts , et encore en quantité
insignifiante , que sur quelques points où les joints en ci
ment formaient un bourrelet ; ce dépôt était essentielle
ment sableux et pulvérulent. r , . . . . ..
B. Distribution . — Pour se représenter le champ d' essai,
il faut imaginer un grand rectangle d' environ 100 mètres
sur 150 mètres, découpé dans la plaine d'alluvions qui
reste libre entre Clichy et la Seine. Le long des clôtures, å
l'intérieur, régnaient des bandes de 20 mètres soumises à
la charrue et à la bêche ( fig. 13) ; ces bandes étaient divi
sées en planches de culture expérimentale , définies chacune
par un numéro d 'ordre et d'une surface exactement connue.
Au milieu étaient deux bassins de 10 mètres de large sur
100 mètres de long avec une profondeur de 2 mètres; ils
326 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
produisaient dans le terrain l'effet de petits vallons qu 'on
pouvait barrer plus ou moins haut dans leur longueur pour
les consacrer au traitement chimique.
L'eau qui jaillissait des tumulus de distribution , comme
une source, rencontrait sous les bouches un canal de déblai
formant ceinture etbordant les terrains cultivés . En hiver,
en morte saison, quand on voulait colmater, on travait des
rigoles qu'on allait brancher sur la ligne maitresse et qu 'on
pouvait ouvrir ou fermer en tête avec une motte de gazon .
Si l'on enlevait cette motte après avoir barré le canal par
une planchette , l'écoulement devenait latéral et le sol était
couvert par submersion . En été, en temps de végétation et
d 'arrosage, la préparation consistait à disposer le sol en
billons ou en planches pour faire la grande culture ou la
culture des légumes (fig 14). On mettait les billons et les
planches en amorce sur la ligne d 'arrosage. Avec les van
nettes à main qui coupaient la ligne maîtresse , avec les
mottes de gazon qu 'on remuait d 'un coup de pied pour ou
vrir les lignes secondaires , on faisait descendre l'eau dans les
raies qui sillonnaient le sol. La fraîcheur-se communiquait
par infiltration aux plantes qui occupaient toujours le point
haut et n 'étaient point touchées par les liquides. Le dépôt
restait dans le point bas et devenait l'engrais de la récolte
suivante quand on retournait le sol.
Si la culture refusait l'eau , la route changeait et le cou
rant allait vers les bassins par des goulettes et des cani
veaux en bois. On lui donnait par un simple robinet en
grès le filet de sulfate d 'alumine qui sortait d'une caisse
placée dans une baraque B (fig. 13) . L'eau barbottait dans
les canaux et tombait aux bassins par une ligne de cré
neaux en bois et un plan incliné, parfaitementmélangée de
réactif ( fig . 26 et 17) .
Là , passant d 'une section étroite de 0 –4.02 environ à une
large section de 9 mètres quarrés, elle subissait un ralen
tissement considérable ,marchait avec une vitesse qui n 'était
UTILISATION DES EAUX D 'ÉGOUT. : 327
plus que de om .001 à 0 " .002 , laissait tomber les matières
qu'elle tenait en suspension , et allait s' échapper au bout de
30 mètres , soit en filets paraboliques à travers les trous
d'une cloison filtrante en bois ( fig. 15) au bassin nº 1 , soit
en lame déversante sur un barrage en gazon (fig . 17) au
bassin nº 2 . On voit quelle était la simplicité de cette in
stallation , condition essentielle pour arriver à un résultat
vraiment pratique.
Comme on a pu réduire en cours d 'expérience la lon
gueur des bassins à 30 mètres, il était resté à l'aval des
chutes de petites vallées de60 mètres de longueur, où l'on
a tenté, soit l'arrosage à l'eau épurée sur l'herbe et sur les
légumes , soit une filtration de cette eau à travers un fossé
rempli demeulières, procédé complémentaire , simple , effi
cace, dû à M . l'inspecteur général Belgrand. Enfin , à l'ex
trémité du vallon, l'eau pouvait se perdre par un drain à
l'égout de Clichy , et de là à la Seine.
Ainsi l'eau d 'égout restait souterraine tant qu 'elle circu
lait sous les voies publiques, mais aussitôt le champ d'essai
atteint, la marche était libre ; la distribution se faisait à ciel
ouvert, et, s'il devait sortir un mal quelconque de l'emploi
de l'eau tirée du collecteur, rien n'était disposé pour le
dissimuler.
Travail. — La petite usine a rempli le programme qu'on
s'était tracé. En dehors du service d 'essai ( campagne
1867), elle a travaillé régulièrementdu 1ernovembre 1867
au je novembre 1868, date à laquelle elle a été fermée
pour extension des essais. La pompe élevait 55 mètres
cubes à l'heure, 10 500 mètres cubes par mois de vingt
trois jours utiles , 126 000 mètres cubes dans les douze
mois. L 'essai a subi l' épreuve de la continuité. . .
Les 126 000 mètres cubes se sont répartis entre les
bandes de culture et les bassins : 38 000 mètres cubes ont
passé en colmatages et arrosages, 88 000 mètres cubes ont
subi l'épuration , ce qui signifie qu' en raison de sa petite
328 · MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
surface , le champ n'a pu prendre que le tiers de l'eau qu'on
lui apportait.
Suivons les deux emplois , agricole et chimique, les deux
voies que le chef d'exploitation peut ouvrir ou fermer pour
régler le mouvement.
A . Colmatages et arrosages . - Le colmatage a duré de
novembre en mars, opérant pendant cinquante jours avec
un maximum en février.
Il a reçu 12000 mètres cubes absorbés par une surface
de 2 000 mètres quarrés ; le sol a été nové d 'une hauteur
d 'eau 'de 6 mètres , dix fois la pluie du climat. Par suite,
on peut compter que dans les graviers d 'alluvion de la
plaine chaque hectare digérera à la rigueur, en hiver ,
60 000mètres cubes.
L 'arrosage a eu lieu de mars en octobre, opérant pendant
cent quinze jours avec un maximum en mai, à cause des
chaleurs prématurées, et un autre maximum en juillet,
époque où la sécheresse amène d 'ordinaire le sommeil de la
végétation. Il s'exécutait par rotation , revenant à peu près
une fois par semaine sur chaque planche et oscillant autour
d'une hauteur d'eau de 0 ". 10 par arrosage, module que
M . de Gasparin a déjà fixé pour les irrigations du Midi. Les
cultures dans leur ensemble ont exigé dans la saison 3m .60
de hauteur d'eau : c'est à peu près ce que donne, avec des
peines infinies, l'arrosoir du maraîcher.
Le dépôt qui reste sur le sol colmaté ou dans le fond des
rigoles a l'aspect d'une vase noirâtre, mélangée d'une infi
nité de brins de paille et même de poils ; il ressemble à du
feutre humide. Au bout d 'un jour ou deux, il passe au gris,
garde sa texture feutrée que recouvre une pellicule de ma
tière argileuse desséchée , et devient léger ; sa densité des
cend à 700 kilog. le mètre cube. Il est dépourvu d 'odeur, les
pluies l'humectent sans le réduire en boue. La composition
chimique est celle qui a été indiquée plus haut pour la
vase roulée par le collecteur, c'est-à -dire environ 8 p . 100
UTILISATION DES EAUX D 'ÉGOUT. 329
d 'azote à l'état sec , 8 d'acide phosphorique et 279 de ma
tières organiques diverses.
B. Epuration . — Considérons les 88 000 mètres cubes
versésaux bassins par quantités variables suivant la marche
de l'irrigation . Le plein de service a été ici en octobre,
parce qu'alors les arrosages avaient cessé, et que la terre,
encore couverte de produits, ne pouvait être colmatée.
Ces 88 000 mètres cubes ont été épurés à l'aide du sul
fate d'alumine, dont M . l'ingénieur en chef Lechâtelier
avait proposé l'application, après des recherches poursui
vies en commun avec . M . l'ingénieur Léon Durand-Claye.
Sur l'indication de ces ingénieurs, nous avons d 'abord
employé les sulfates d 'alumine de Picardie obtenus à l'usine
de M . Jacquemart å Quessy (Aisne); ces sulfates étaient ex
traits des pyrites naturelles oxydées à l'air et soumises à
des lavages et à des concentrations successives. Ils étaient
expédiés par chemins de fer et livrés en pains solides, ren
fermant environ moitié de leur poids d'eau, et le reste en
sulfates d'alumine et de fer, en quantité à peu près égale.
Le prix était de 8 '.50 les 100 kilogrammes à l'usine et
i francs à Clichy. La dose pratique a été couramment de
200 grammes par mètre cube à épurer, soit o'.oe de dé
pense.Au milieu de la campagne 1868, l'usine de M . M .Pom
mier à Gennevilliers , où l'on fabrique de toutes pièces des
sulfates d 'alumine à l'aide du kaolin et de l'acide sulfurique,
offrit des eaux mères au prix de 2 .50 les 100 kilogrammes .
Ces eaux mères contenaient 2 p . 100 d'alumine et n 'of
fraient pas de traces sensibles de fer . Il en fallait un demi
kilogramme pour épurer i mètre cube , soit une dépense
de oʻ.0125 seulement. La pureté de ce réactif a présenté
un certain avantage dans la pratique; dans le sulfate de
Picardie, la présence du fer est un inconvénient, et donne
lieu dans le bassin à des troubles rougeâtres ou noirâtres
quine se produisent pas avec le sulfate d'alumine pur.
On a vu par quelles dispositions le courant, mélangé
Annalesdes P. et Ch. MEMOIRES. – TONE XVIII. 22
330 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
de réactif, venait s'épanouir dans les bassins pour y mar
cher avec une vitesse excessivement réduite. Depuis l'ad
dition du sulfate d 'alumine et pendant la traversée des
bassins, la réaction chimique produite dans la masse ame
nait la formation d'un précipité abondant qui entraînait
avec lui toutes les matières solides contenues dans l'eau
d' égout. Cette réaction chimique était assez complexe ; les
sels d 'alumine sont précipités par les alcalis , les bases so
lubles , la chaux, les carbonates alcalins, les sulfhydrates ;
ils peuvent former avec les matières organiques et les corps
gras des laques et des savons insolubles. Or toutes ces ma
tières se rencontrent dans l'eau du collecteur. Elles don
naient au contact du réactif un précipité blanchâtre , flocon
neux qui produisait l'effet d'un véritable collage. L ' eau
d ' égout, qui arrivait noire à l'amont des bassins , sortait
claire de l'un ou de l'autre des barrages, dont le fonction
nement a toujours été également satisfaisant. Elle allait
s'achever alors en circulant dans le filtre des meulières, ou
en ruisselant dans le gazon. Quand on la voyait briller å
travers l'herbe haute et se précipiter dans la perte qui
l'emmenait en Seine, on croyait voir couler un ruisseau
naturel.
Portons notre attention sur les dépôts : tous les mois
environ , on mettait les eaux basses pour exploiter la vase.
La forme des dépôts était remarquable. Près des plans in
clinés à l’amont, on observait une sorte de cône de déjec
tion : puis, l'alluvion décroissait d 'épaisseur en suivantun
profil parabolique; au bout des bassins, il n 'y avait plus
qu'un plan horizontal de o " . 06 d' épaisseur.
Au premier moment, on avait une boue noirâtre, très
liquide, d'une densité voisine de celle de l' eau, 1.050 ; après
quelques jours d'exposition à l'air , la couleur passait au
gris, la couche se fendillait, se découpait par des fissures,
Après quinze jours , on pouvait reprendre le dépôt à la
pelle et le porter sur les séchoirs, Le soleil était un puis
UTILISATION DES EAUX D' ÉGOUT. 331
sant auxiliaire pour la dessiccation ; demême pour la gelée ,
qui faisait sortir l'eau en petits glaçons. D 'ailleurs, pas
d'odeur, rien de désagréable à la vue ; une légèreté et une
cassure à l'état sec qui rappelaient le liége. l'ar l'exposition
à l'air, la densité restait moyennement de 1 030 avec
34 p. 100 d'humidité.
Quant à la quantité et à la qualité de ce dépôt, on se
souvient que les analyses du laboratoire annonçaient une
quantité de matières solides de 14.82 par mètre cube d 'eau
d'égout ; en pratique, cette quantité a été d'environ 14.35
dans les bassins. Les éléments d'engrais , l'azote , l'acide
phosphorique, les matières organiques représentent sur
1 000 kilogrammes de dépôt sec les valeurs suivantes :
Azote. . . . . . . . . 6 kilogrammes.
Acide phosphorique. 6 kilogrammes.
Matières organiques. 165 kilogrammes.

soit environ 75 p . 100 des chiffres du dépôt théorique. La


valeur de ces 1 000 kilogrammes secs devient alors 14 fr.
environ au lieu de 20 francs que vaut la vase naturelle du
collecteur. A l'état moyen d'humidité, après l'exposition
à l'air , la valeur arrive à 10 francs.
En fin de compte , on peut dire que l'épuration , outre
son rôle , au point de vue de l'assainissement, est une ma
chine qui rend 50 p . 100 d 'effet utile ou de valeur utili
sable . C'est un excellent auxiliaire dans un service d 'en
semble, où la culture imposera toujours une morte saison
pour l'arrosage.
Résultats. — Quels ont été les résultats principaux ob .
tenus par le service dont les conditions essentielles vien -
nent d'être indiquées ? Tournons-nous du côté de la salu
brité, nous avons travaillé pendant un an à ciel ouvert et
par tous les temps, colmatages, arrosages, dépôts dans les
rigoles et dans les bassins, extractions, dessiccations, pas
une -main - d'æuvre qui n 'ait subi la pluie et le soleil.
332 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Personne pourtant ne s'est plaint, et nous étions entou
rés de fabriques et de jardins; nous touchions à Clichy.
Depuis que nous avons rendu au propriétaire le champ
d'essai où il a étémanié et enfoui près de 200 000 mètres
cubes d 'eau d' égout, personne ne peut dire que le soldif
ère du champ voisin , si ce n' est que la récolte qui a suc
cédé à nos cultures s'annonce dans d 'excellentes conditions.
· Le travail a donc été inoffensif (*).
Reste à prouver qu'il a été utile .
L'analyse indique que l'eau d' égout contient tout ce qui
fait l'essence du fumier : la matière azotée, les phosphates ,
les alcalis , la chaux. L 'eau, d' ailleurs, comme dissolvant et
comme véhicule , ne peut être qu'avantageuse. Le sol,
façonné par les labours , prendra par sa porosité l'humidité
et les matières solides suspendues , par sa force rétentive
l'ammoniaque et la potasse ; il ne descendra hors de la zone
où poussent les racines des plantes qu ’un liquide dépouillé.
En poursuivant la comparaison avec les engrais usuels, on
constate que 140 mètres cubes d ' eau d' égout représentent
pour les éléments essentiels 1 000 kilogrammes de fumier,
ou que 6 000 mètres cubes ou six arrosages de 0%.10 par
hectare répondentà une fumure de 40000kilogrammes en
viron ; que le terreau vaut à peu près, volume pourvolume,
les boues sèches ou gadoues si usitées dans la banlieue de
Paris. Quant aux eaux claires qui se déversent au pied des
barrages , riches en alcalis et en sels calcaires, ayantmême
un peu de matières organiques , elles ont encore une va
leur agricole. Des expériences directes de laboratoire ont,
du reste, mis en évidence ces deux faits capitaux :
(* ) L'innocuité des dépôts, même naturels , une fois qu'ils sontà
peu près desséchés , a été déinontrée hors de notre service par les
riverains eux-mêmes.Le produit des dragages , exécutés à la bouche
du collecteur par le service de la navigation , a été utilisé pour
former les remblais du quai d 'Asnières. Les produits extraits des
bassins d'épuration peuvent à forliori jouer le rôle de remblais si
on n 'en trouve pas de meilleur emploi.
UTILISATION DES EAUX D'ÉGOUT. 333
1° Que l'eau d 'égout, traversant une couche de terre
arable , se dépouille non -seulement de ses matières solides,
mais encore de la presque totalité de son azote , de sa po
tasse et de son calcaire ;
2° Que le dépôt laissé par l'eau d'égout, soit dans les
rigoles, soit dans les bassins, présente , par une exposition
prolongée à l'air , le phénomène des nitrières, et renferme
alors une quantité notable d'azotates solubles.
Si donc la théorie est vraie, nous devons, par l'eau ferti
lisante d 'égout, par les dépôts naturels et artificiels, répéter
les champs de gros légumes de la plaine Saint-Denis, les
quels donnent un produit brut moyen d' environ 2 000 fr. ;
nous pouvons même, par l'usage facile d 'une eau fertili
sante, étendre ce genre de cultures et le doter d 'espèces
réservées jusqu 'ici aux maraîchers proprement dits. L'eau
épurée pourra créer des herbages pour l'alimentation du
bétail .
Dans la culture des légumes, nous allons unir constam
ment l'eau noire, puisée directement au collecteur, et le
terreau des bassins, parce que pour marcher vite, tous
deux ont place en leur saison. En hiver, les colmatages
déposent une couche légère que la charrue retourne pour
incorporer l' engrais au sol. Au printemps, le terreau garnit
en couverture les planches à semis ou les trous de repi
quage des jeunes plants. En été, l'arrosage en rigole porte
la fraîcheur et la nourriture aux racines des plantes dont
la végétation est dans toute sa force. Enfin , en automne ,
l' épandage du terreau avant les labours prépare les se
mailles d 'hiver. Tel est le mouvement commandé d'in
stinct, et qui se pratiquait à Clichy avec les conseils bien
veillants de cultivateurs des environs.
A . Prairies. — La prairie était au fond du petit vallon
resté libre dans le bassin nº 2 , au delà du barrage en
gazon (fig . 13). Ayantune surface de 450 metres quarrés, en
tourée de fossés qu'alimentait l'eau sortie du bassin , semée
334 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
en ray -grass et en trèfle , recouverte de 3 kilog. de terreau
par mètre quarré, irriguée abondamment par submersion ,
elle donna de mars en septembre cinq coupes représen
tant 45 tonnes de nourriture verte ou 12 tonnes de foin sec
à l'hectare . A la dernière coupe, le trèfle avait om .50 de
longueur; l'herbe fut livrée à un nourrisseur d 'Asnières.
B . Grande culture. — La bande de grande culture était
située à l'est du champs d 'essai. (Parcelles 16 , 17 ; fig . 13.)
Elle avait une surface de 2 000 mètres quarrés.
Colmatée en hiver avec une hauteur de 3 mètres d'eau noire
environ , semée en maïs , betteraves et pommes de terre, elle
reçut en été par les arrosages en rigoles encore 2 mètres
d 'eau d'égout. L'aspect de la végétation était magnifique,
les maïs dépassaient 2 mètres de hauteur. Une partie de ce
maïs ,coupé en vert, fut consommée parles vaches d'un nour
risseur de Clichy. La majeure partie vint à graine et rendit
3 600 kil. à l'hectare, avec un produit brut élevé à 1500 fr .
par des culturesmélangées. Les betteraves, globes et di
settes, arrivèrent à 50 000 kilog. et 800 francs à l'hectare.
C . Culture des légumes. — Arrivons à la culture des lé
gumes, qui était l'essai capital. Elle régnait principalement
du côté ouest sur une surface d 'à peu près 5 000 mètres
quarrés ou un demi-hectare. Le terreau fut répandu à la
dose moyenne de 4 kilog. par mètre et les arrosages allè
rent à 4 " .30 de hauteur d'eau noire. Tout vint à souhait,
choux, pois , haricots , cardons, tomates , potirons, etc. . ...
Nous n 'avions rien à envier aux terres arrosées de Provence
et du Roussillon . Et avec cela , unemain -d 'ouvre excessi
vementréduite : absence de tonneaux, de tuyaux , de con
duites, de robinets, de lances, etc ... ; un jardinier et deux
jeunes apprentis pour le personnel, des mottes de gazons
et des planches pour le matériel. Les produits méritèrent
l'attention de la Société d'horticulture, qui, dès ce jour,
s'attacha à nos essais et vit dans l'irrigation une voie nou
velle pour le cultivateur de la banlieue.
UTILISATION DES EAUX v'ÉGOUT. 335
En dehors de l'aspect généralet des échantillons excep
tionnels,il fallait constater d'unemanière courante la qua
lité comestible et la valeur vénale des produits. Tous les
jours on cueillait et l'on portait à la halle des spécimens
variés des cultures ; on avait le prix de la vente en gros.
On pouvait alors établir les chiffres d'un tableau complet
et détaillé des cultures, tableau d'où sont extraits les chiffres
suivants cités commeexemples : Rendement
terreau

Produit
quarré

quarré
mètre

mètre

argent
Poids

gout

.l'hà ectare
employé

hàl'. ectare
Hauteur
de
au

moyen
éed' au
au
versée
.

INDICATION PÉRIODE
des des
eultures. cultnres .

kilog. mètres. kilog. francs .


1. Navels, crucifères. . . 3.91 2 .76 70 000 | 2 460 Mars-juillet.
Panais,noirs,
3.2. Radis
cruciſères..
ombellifères. 1.10 22 .57
.76
21000 2100 Juin -octobre .
45 000 3 620 Mars - juillel.
4. Celleri-rave, id . . . , 3 .08 77 700 2 810 Mai-octobre.
5.6. Carolles,
Cardes-poirées, . ...
id . chino 1.00 2 .71 39 773 2723 Mai-octobre.
podées . . . . . . . . 2 .82 2 .82 33 520 2 480 Avril - octobre .
Oseille,polygon
8.7. Cardons , compoées.sées. . 4 . 24 46 500 4 650 Mars-octobre.
cardinacées. ..... 0 .40 5 . 18 76000 9910 Mai-octobre.
crucifères. . . .
9. Cbous, fleurs 3 . 50 2 .91 38 320 2464 Février -octobre
10. Chou - , cruci
Teres . . . . . . . . . .
11. Pois, légumineuses pa 1.26
5 .54 1.58 36 920 3620 Juillet-octobre
pilonacées. . . . . . . 2. 24 9 925
6735 2665 Février-juin.
(en vert)
12. Haricots , id. . . . . . . 1.00 2.57 2 550
lien grains.))
\ 1835 Mai-septembre.
13.Potirons, cucurbitacées. 4.50 4.24 1 92 720 6580 Mai-septembre.
Les tomates ont atteintle chiffreremarquable de 4 fr.,de
produit brut au mètre quarré et le persil celui de 2 francs.
Des essais de cultures demelons en pleine terre ont parfai
tement réussi, favorisés sans doute par la chaleur excep
tionnelle de l'année.
Du mois de mars au mois d'octobre, période des essais,
deux ou trois de ces cultures se sont succédé sur une
même planche, et de l'expérience qui porta sur vingt-sept
espèces d'un débit courant à la halle, sort l'épreuve qu'on
peut élever sans peine à 4 400 francs de produit brut le
336 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
rendement de l'hectare, qui aujourd'hyi en céréales rap
porte 600 à 800 francs.
L'utilisation des eaux d 'égout peut sextupler la puissance
de production de la plaine.
Les quantités d'engrais, eau noire et terreau , ont été
exagérées dans beaucoup de cas, il faut le reconnaître ;
mạis c'est à dessein . Il fallait d 'une partse mettre de suite ,
autant que, possible dansles conditions d'un sol cultivéde
puis plusieurs années à l'eau d' égout ; de l'autre, il impor
tait de savoir jusqu'où l'on peut aller sans compromettre
la salubrité de l'air , sans altérer la qualité des produits. Ce
qui n'est pas employé d'ailleurs n 'est pas perdu , et se dé
pense plus tard avec la rotation de l'assolement.
Il se forme un magasin de vieille force qui pour long
temps maintient la terre féconde.
On a fait l'analyse du sol avant et après la campagne
d' été de 1868.On a trouvé que les éléments alimentaires des
plantes, azote , acide phosphorique, potasse, n'avaient pas
sensiblement varié , mais que la proportion des matières
organiques, susceptibles de former de l'humus, s'était
presque doublée. - Et cependant l'enlèvement des élé
ments avait été important,en présence d 'une culture inten
sive et de plantes aussi épuisantes que les choux, panais,
pois, betteraves; etc .....
Il nous semble que les faits si simples, si naturels, qui
se présentent ici d 'eux-mêmes dissipent bien des préven
tions. Les eaux d' égout doivent avoir leur place dans la
culture, comme les fumiers d'étable , comme les boues des
villes. Il n'y a pas d'exception à cette loi que le réservoir
commun de tous les résidus de la vie , c'est le sol.
Résumé. — Résumons l'avis qui se dégage d ' études pour
suivies depuis deux ans.
L 'émissaire qui affranchit la Seine dans Paris du tribut
des égouts, vient déboucher à Asnières , et jette l'eau sale
dans les eaux claires de la rivière.
UTILISATION DES EAUX D'ÉGOUT. 337
Il porte déjà 190 000 mètres cubes par 24 heures , et
portera davan tage plus tard. Il encombre chaque année la
rivière de 140 mille tonnes de vase. •
Il est utile de finir l'assainissement de la cité , en puri
fiant la rivière, en lui enlevant un tributaire infect, qu'on
peut transformer en un agent de restitution vis-à -vis de la
campagne, en une source d 'engrais. L 'emploi agricole des
eaux d'égout est la solution la plus simple et du problème
municipal d 'assainissement et du problème agricole d' utili
sation .
Cette solution se complète en s'appuyant pendant la
morte saison sur l' épuration des eaux par l'alumine, sur la
fabrication du terreau .
Le résultat qu 'on peut obtenir sans porter atteinte à la sa
lubrité, sera de transformer en culture de légumes ce qui
reste de cultures céréales dans les plaines de sable de la
banlieue .
Les charges , qu'il faut compter de oʻ.on à o '. o2 par mè
tre cube, frais de distribution et d 'épuration réunis , seraient
lourdes pour la ville (1 à 2 millions par an ), si seule elle
devait les supporter ; c'est au cultivateur de comprendre
qu'il peut payer l'eau noire , le terreau , l'eau épurée.
· Après un service d'essai et de laboratoire de 500 mètres
cubes par jour, il fallait aborder la question de clientèle ,
l'emploi en grand par les cultivateurs. L 'administration
municipale l'a compris. Un crédit de 800 000 francs a per
mis d'installer un système plus développé : dès l' été 1869,
on est en mesure d ' élever chaque jour 5 000 mètres cubes,
soit le vingtième du collecteur; ce cube est envoyé dans la
presqu'ile de Gennevilliers, au milieu des champs ; cinq .
hectares acquis par la ville, sont livrés à des cultivateurs,
qui les transforment à leurs risques et périls en jardins
maraichers ; des branchements et des bouches vont porter
l'eau d'égout sur divers points de la plaine, où des pro
priétaires essayent le pouvoir fertilisant sur leurs propres
338 MÉMOIRÉS ET DOCUMENTS..
terrains. L 'épreuve de l'arrosage libre est donc tentée pra
tiquement aujourd'hui; la ville supporte à elle seule tous
les frais de ce qui n 'est encore qu'une vaste expérience ; le
temps et les leçons de l'exploitation feront comprendre aux
intéressés les avantages que le système nouveau pourra
leur offrir. A eux alors de venir demander à la ville de
nouveaux sacrifices, à eux de solliciter un pas en avant et
de le justifier par leur concours.

Clichy, le 30 juin 1869.

P . S. Le nouveau service est ouvert depuis le 1er juin et


fonctionne régulièrement depuis le 16 juillet. Jusqu'au 1 "POC
tobre, il avait envoyé 600 000 mètres cubes d 'eau d'égout
dans la plaine. L 'irrigation , concentrée d 'abord sur les 5 hec
tares appartenant à la ville , s'est rapidement vulgarisée sur
les terrains voisins, où les eaux étaient librement et gratui
tement employées par les cultivateurs . En juillet , la super
ficie totale arrosée était de 13 hectares , en aoûtde 15 hec
tares, en septembre de 25 hectares, en octobre de 37 hectares.
Le colmatage est pratiqué avec intelligence par les paysans,
qui, en certains points, n 'usent pas cette année d'autre fu
mure. Les cubes d'eau, consacrés chaque mois à la culture ,
ont été successivement de 50 000 mètres cubes en juin ,
60 000 en juillet, 70 000 en août, u14000 en septembre;
ce cube sera de plus de 120 000 mètres cubes en octobre.
Les cubes épurés dans les bassins ont suivi la marche in
verse : 100 000 , 95000 , 77000 , 26 000, 10000 mètres
cubes. Aujourd'hui les bassins sont fermés : ils ont joué leur
vrai rôle pondérateur, permettant d ' attendre la clientèle et
assurant en tous cas la salubrité; pendant leur fonctionne
ment, ils ont donné plus de 600 mètres cubes de dépôt, qui
ont été aussitôt enlevés par les cultivateurs de la plaine. Les
résultats agricoles ont été remarquables, sur un sol de gra
UTILISATION DES EAUX D' ÉGOUT. 339
vier pauvre : la culture des légumes a donné en trois mois
un revenu brut de 8 000 à 9000 francs à l'hectare ; les lu
zernes ont fournitrois coupes, les pommesde terre 40000 ki
logrammes, les betteraves plus de 150 000 kilogrammes.
Les terrains arrosés ont en certains points quintuplé de va
leur locative .

15 octobre .
340 MEMOIRES ET DOCUMENTS .

N° 238
NOTE

Sur l' épuration et l'analyse des eaux des égouts de Paris.


Par M . LÉON DURAND-CLAYE , ingénieur des ponts et chaussées.

Dans la note qui précède M . Mille etmon frère rendent


compte des essais qu'ils ont dirigés, pendant deux ans,
et qu'ils poursuivent actuellement sur une plus grande
échelle, sur les eaux des égouts de Paris .
Dans toutes ces questions, la chimie joue un grand rôle.
La partie chimique du travail relaté ci- dessus a été traitée
au laboratoire de l'École des ponts et chaussées ,qui, le pre
mier , avait, dès 1854 , abordé ce genre d 'études. J'ai cru
intéressantde donner ici quelques détails qui n'avaient pu
trouver place dans l'article précité.
Il résulte clairementde cet article, ainsi quedu rapport
de M . de Freycinet sur Londres (* ), que toute application
agricole des eaux d 'égout doit être complétée par un
moyen d 'évacuation pour la portion non utilisée de ces
eaux. Près de Londres, on a trouvé des lais de mer à col
mater. A Paris, qui est loin de la mer , il n 'y a qu'à rejeter
cet excédant au fleuve, après l'avoir clarifié , soit par filtra
tion, soit par décantation .
La filtration est impossible. Outre les particules argi
leuses qu'elle tient en suspension et qui bouchent rapide

(*) Annales, 1869, 1 " semestre.


COMPOSITION DES EAUX D' ÉGOUT. 341
meni les pores des filtres, l'eau d 'égout est chargée de
graisses et de matières albumineuses , dont la viscosité
oppose un obstacle presque absolu à la filtration .
Par décantation , les sables et les matières terreuses les
plus lourdes se déposent; mais la viscosité subsiste, et elle
s'oppose à la chute des parties les plus ténues , et notam
ment des substances organiques.
Il faut donc avant tout détruire la viscosité de l'eau . Tel
est le but de l'opération .
Jusqu'à ces dernières années , l'épuration en grand des
eaux d'égout n 'avait pas réussi. L ' échec de l' entreprise de
Leicester, décrite aux Annales de 1856 (* ), était de nature
àdécourager , bien qu'il pût être attribué à d 'autres causes
qu'à la valeur technique du procédé.
Vers le milieu de 1865, M . l'ingénieur en chef des mines
Lechatelier, s' adressa au laboratoire de l'École, que je diri
geais alors par intérim , pour faire de nouvelles recherches
danscette voie. Il pensait que l'épuration des eaux d' égout
n'était abandonnée que faute d'avoir été suffisamment étu
diée, et qu'il y aurait un parti utile à tirer pour cet objet
des sels d'alumine fabriqués avec la bauxite , qui étaient de
puis quelques années l'objet de ses études.
Les réactifs alors connus étaient la chaux, employée à
Leicester, et le perchlorure de fer , qui avait attiré l'atten
tion de la commission Belge chargée des études relatives à
la Seyne, à Bruxelles.
La chaux, appliquée aux eaux des égouts de Paris , n 'a pas
donné de résultats constants. Pour une clarification par
faite, il fallait en prendre une dose exacte , variable suivant
l'état du liquide. Si l'on s' écartait de cette dose , en plus ou
enmoins, le liquide restait trouble ou le redevenait en peu
de temps. Il y avait là , pour la pratique, une difficulté ca
pitale : des dosages continus n 'eussent pas été possibles

(*) ge semestre, p . 394 .


342 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
dans une application en grand , et il eût fallu s'en tenir á
une moyenne approximative, donnant des résultats im par
faits.
Le brassage continu d 'un immense lait de chaux, qui
doit être maintenu constamment homogène, eût exigé un
développement assez coûteux de force mécanique.
Enfin, n 'est-il pas à craindre , comme quelques expé
riences le font présumer , que la chaux libre qui reste au
contact des résidus, ne volatilise une partie de leur azote ,
etne leur enlève de la valeur agricole ?
Le perchlorure de fer échappe aux deux dernières objec
tions, et en partie à la première.
La clarification est assez constante , si l'on ne l'écarte
pas trop de la dose la plus convenable. En ajoutant un peu
de chaux au liquide traité par le fer , nous avons obtenu les
résultats les plus remarquables.
Mais ils ne persistaient généralement pas. On voyait
apparaître bientôt des dépôts ocreux qui troublaient le
liquide épuré, et même quelquefois passaient au noir . Ce
dernier phénomène, assez rare, du reste , paraît dû à la
décomposition du sulfate de chaux, en présence de matières
organiques, et à la formation de sulfure qui en résulte . Les
dépôts ocreux étaient sans doute des composés organiques
de la famille des crénates, que l'on trouve dans certaines
eaux ferrugineuses et qui deviennent insolubles en s'oxydant.
Commun à tous les sels de fer, cet inconvénient devait
faire rejeter le perchlorure , lors même qu'il n' eût pas eu
un autre défaut, bien grave au point de vue de la décan
tation , et commun , du reste, à tous les chlorures . Le pré
cipité, au lieu de tomber au fond , reste souvent à la sur
face. Les flocons nagent, soutenus par des particules
gazeuses, que l'on ne chasse que par l'agitation ou par
l' ébullition .
Enfin le perchlorure de fer est encore d'un prix élevé à
Paris.
COMPOSITION DES EAUX D 'ÉGOUT. 343
Les réactifs connus n 'ayant donné rien de bien pratique,
les essais furent continués avec le sulfate d'alumine, soit
pur, soit tel qu 'on l'obtient en dissolvant la bauxite dans
l'acide sulfurique, ou en lessivant les pyrites alumineuses
oxydées à l'air.
Avec ce sel , le succès a été complet et constant. La
clarification , une fois obtenue, ne rétrogradait pas sensible
ment. Une dose trop forte ne nuisait pas au résultat.
L'usage de l'alun pour la clarification des eaux était
connu depuis longtemps. On peut lire dans les Annales (*)
qu'il a été essayé dans les hôpitaux de Paris, il y a
trente-cinq ans, et n 'a été abandonné que par suite des
progrés faits par la fontainerie dans la confection des fil
tres. Vers la même époque M . Félix d'Arcet introduisait ce
procédé en Égypte (* *) , où il semble s'être si bien répandu
que l'on fait souvent honneur aux Égyptiens de la décou
verte. On dit enfin que nos troupes ont trouvé implanté en
Chine l' art de purifier les eaux vaseuses par de l'alun.
Tous ces emplois de l'alun avaient pour objet les eaux
potables. M . Lechatelier eut l'heureuse pensée d' étendre
l'application aux eaux d 'égout, en substituant à l'alun le
sulfate d'alumine, qui est moins coûteux et jouit desmêmes
propriétés,
L'expérience du laboratoire est des plus simples. On met
dans un bocal 10 litres d 'eau d 'égout; on y ajoute quelques
centimètres cubes d' une dissolution titrée de sulfate d'alu
mine, et on laisse reposer. L ' épuration présente deux
phases : dans la première, qui dure quelques minutes, on
voit se former un précipité floconneux qui se ramasse ra
pidement au fond. Dans la seconde phase, qui dure de 4 à
6 heures, l' eau surnageante , d'abord restée louche, se cla
rifie de plus en plus, et finit par devenir comparable à de
l'eau filtrée .
* 1835, res semestre, p . 56 .
(** ) Annales, 1836 , 1 " semestre , p . 102.
344 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Quelques tâtonnements nous ont fait voir qu'il suffisait
d'une dose de réactif renfermant de 067.02 à 051.03 d'alu
mine par litre de l'eau d' égout la plus chargée. En moyenne
et dans une pratique courante, il était évident que cette
dose pourrait être diminuée.
Le sulfate d'alumine se trouve dans le commerce; on
peut le fabriquer partout à bas prix en chauffant de l'acide
sulfurique avec de l'argile . A Paris, il se paye, au maximum ,
à l'état brut, sur le pied de 1'.25 le kilog. d'alumine.
L 'épuration des eaux d' égout de Paris, sur une échelle
aussi grande qu'on veut l'imaginer, paraissait donc abor
dable par un procédé des plus simples, au moyen de
réactifs donnant lieu , par mètre cube d 'eau, à une dépense
moyenne dont on pouvait déjà fixer le maximum à o'.o2 ,
et qui, vraisemblablement, s'abaisserait de beaucoup dans
la pratique.
M . Lechatelier signala, au commencement de 1866 , ces
essais à l'administration municipale , en proposant d 'appli
quer le procédé à la totalité des eaux versées dans la Seine
par le collecteur d'Asnières.
Il demandait, en attendant, qu'une expérience fût entre
prise sur une échelle assez grande pour ne pas laisser de
doute sur l'efficacité du procédé. .
C'est à la suite de cette demande, et sur le rapport favo
rable du regretté M . Pelouze , devant qui nous avions ré
pété nos expériences, que les bassins d'épuration furent
annexés au champ d 'essai que M . Mille se proposait d'éta
blir à Clichy.
Les résulta s obtenus en grand dans les bassins ont été
les mêmes qu'au laboratoire. Il existe peu d'exemples, où
l'on soit passé aussi facilement de l'expérience à l'applica
tion .
L' eau d'égout amenée par des rigoles recevait au passage
un filet de dissolution de sulfate d'alumine, distribué par
un vase de Mariotte. Elle tombait en tourbillonnant dans
COMPOSITION DES EAUX D'ÉGOUT. 345
les bassins, où le précipité floconneux apparaissait sous
forme de nuage gris, et gagnait le fond. L'eau surnageante
s'écoulait avec une vitesse insensible (om .002 par seconde
environ ), et, après un séjour de 4 à 5 heures dans les bas
sins, était évacuée claire soit par un déversoir , soit par une
digue filtrante.
Le premier réactif commercial essayé en grand a été le
magma vitriolique de Picardie , fourni par les soins obli
geants de M . Jacquemart, qui fabrique de l'alun avec les
pyrites alumineuses de Quessy, près la Fère.
La dose de fer y est considérable , et se trouve en partie
à l'état de protoxyde . Une analyse détaillée m 'a donné les
résultats suivants :
Acide sulfurique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 31.50
Alumine . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
• • . • . . . . . . . . . . . . . 12.00
12 .00
Peroxyde de fer . . . . . . . 6 .30
Protoxyde de fer . . . . . . . . . 3.40
Eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 .80

100 , 00

La composition moyenne de ce magma, déduite d'une


série d'analyses, est la suivante :
Acide sulfurique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 .50
Alumine et oxydes de fer (supposés peroxydés). 17 . 10
Eaú . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 .10
Sable et matières étrangères. . . . . . . . . . . 1. 30
100 .00

On peut admettre, d'après ces résultats , que le magma


de Picardie renferme, en moyenne, 10 p. 100 de son poids
en alumine , et assez de ſer pour former 7 p . 100 de son
poids en peroxyde.
Le prix était de ui francs les cent kilogrammes rendus
à pied d'euvre.
Ce réactif a été employé à la dose de ok.2008 par mètre
Annales des P . et Ch., MÉMOIRES. – TOME XVII.
346 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

cube d'eau . C' était, comme au laboratoire, 06 .02 d 'alumine


par litre d'eau . Il y avait , en outre, des oxydes de fer, dont
l'effet s'ajoutait à celui de l'alumine, pour détruire la vis
cosité, mais qui présentaient les inconvénients que j'aire
prochés aux sels de cette base . Ainsi, l' eau épurée s'estmon
trée noire deux ou trois fois pendant les grandes chaleurs
de 1868 . Elle était quelquefois louche et de couleur blonde.
Avec le sulfate de bauxite , qui ne renferme que 3 p . 100
de fer , le même accident ne parait pas à redouter. C'est ce
qui ressort du moins de nos expériences de laboratoire .
Postérieurement, M . Mille et mon frère ont trouvé du
sulfate d'alumine exempt de fer, pour ainsi dire à pied
d 'œuvre , à Gennevilliers, où M . Pommier le fabrique avec
du kaolin . L' alumine s'y paye plus cher que dans le
magma de Picardie , puisqu'une dissolution qui en ren
ferme 2 p . 100, se vend 2 fr. 50 les cent kilogrammes.
Mais l'absence du fer donne à ce produit une grande supé
riorité, tant pour la beauté que pour la régularité des ré .
sultats. Aussi, la dose de réactif a pu être diminuée , et la
dépense, de ce chef, s'est abaissée à moins de o '.oi par
mètre cube d'eau d'égout épurée.
Le succès de l' épuration en grand est aujourd'hui assuré.
Il suffit, pour le constater, de visiter les grands bassins,
destinés à recevoir 10 à 15 000 mètres cubes en vingt
quatre heures , que l'on vient d'installer à Asnières , et qui
fonctionnent couramment en ce moment.

Le rôle du laboratoire ne devait pas se borner à l'étude


préliminaire des procédés d 'épuration . Lorsque M . Mille
installa les essais de Clichy, nous avons jugé nécessaire de
mettre dans le programme l'analyse quotidienne des eaux
de l'égout collecteur, sur lesquelles il devait opérer.
Les documents que l'on possédait sur leur composition
étaientrares. J'avais fait quelques analyses pendant les es
sais préliminaires. Mais elles étaient peu nombreuses et
COMPOSITION DES EAUX D'ÉGOUT. 347
portaient sur des échantillons choisis tous à l'heure où les
eaux sont le plus chargées .
M . Hervé Mangon avait, dès 1854, entrepris sur ce sujet
une série d'études dont il a rendu compte aux annales (* ).
Mais, comme il l'indique lui-même, il n'a pu opérer que
sur un petit nombre d'échantillons pris à l'intérieur de
Paris, dans des points isolés ,où les causes locales peuvent
avoir une influence prédominante . Aussi a-t-il dû se borner
à des inductions, dont il serait facile de faire ressortir la
justesse , en les comparant aux résultats précis que j'ai ob
tenus, mais qui n 'avaient cependant qu'un caractère con
jectural (**).
J'ai pu, au contraire, opérer, pendant deux années con
sécutives, sur une série d' échantillons pris, jour par jour,
à des heures diflérentes, à la bouche du collecteur, et re
présentant la synthèse générale des égouts de Paris .
Le procédé d'épuration a servi de procédé d'analyse. Il
y avait grand intérêt à constater à part les matières en sus
pension dans l'eau d 'égout, et celles qui y sont en dissolu
tion. Mais la filtration de cette eau est si lente qu 'il aurait
fallu y renoncer, si on n 'avait eu, dansle sulfate d 'alumine,
un moyen de la rendie filtrable en détruisant sa viscosité.
On avait, d'ailleurs , l'avantage de faire chaque jour au la
boratoire une opération semblable à celle qui se pratiquait
en grand dans les bassins.
La filtration s'exécutait dans le laboratoire annexé au
champ d'essai de Clichy, par les soins des employés du
(*) 1856 , 2e semestre, p . 402 ; — 1859, 2 e' semestre, p . 241.
(**) Dans la note intitulée : Valeur comme engrais des produits
de la voirie de Paris ( 1859 , jer semestre, p . 250) , M . Mangon , dis
cutant les résultats qu 'il avait obtenus , et les contrôlant par la
statistique de Paris , avait admis comme vraisemblable le chiffre
annuel de 1 250 000 kilog . d 'azote entraîné par les égouts . Nous
avons constaté que ce chiffre s'était élevé en 1868 à 2 600 000 kilog .,
c'est-à -dire au double, alors que la population a doublé , ainsi que
les moyens d'évacuation mis à la disposition .
348 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
service municipal. On y évaporait l'eau filtrée avec les pré
cautions convenables, et le produit de l'évaporation, ainsi
que lesmatières restées sur les filtres étaient envoyées
après dessiccation , à l'Ecole, où j'en faisais l'analyse.
Le dépôt obtenu a été , en moyenne, de 24.065 par mètre
cube d'eau d'égout, en 1867, etde 14.961 en 1868. En dé
duisant la part qui, dans ce dépôt, provient du réactifin
troduit, ces deux chiffres tombent sensiblement tous deux
à ik.8 .
La coïncidence des deux résultats est remarquable. Elle
autorise à généraliser une partie des résultats obtenus sur
une aussi courte période.
Les moyennes sont prises arithmétiquement, d'après le
nombre des analyses exécutées. Si l'on faisait la moyenne
géométrique, en tenant compte de la variation des débits,
on arriverait à un chiffre plus élevé, puisque la quantité
de boue parmètre cube augmente avec le volumedes eaux.
L'analyse portait principalement sur les éléments utiles
en agriculture. En faisant la moyenne des analyses jour
nalières faites pendantdeux années consécutives, j'aitrouvé
que la tonne de dépôt renfermait:
MOTESSE
1867 1868. des
deux années.

kilog, kilog . kilog.


Azote . . . : : : : : . . . . . 8 . 15 8 .69 8.42
Acide phosphorique. . . . . . . . . 6 .91 0 9 .09 8.00
Autres matières organiques. . . . 276 .46 255 .66 266, 06
Autres matières minérales . . . 708 . 49 726 .56 712.52
Total ... . . . . . . . . 1 000 .00 1 000 .00 1 000.00

(*) Ce chiffre est probablement un peu faible .


J'ai trouvé, d'autre part, que l'eau filtrée tenait, en
moyenne, en dissolution , les quantités suivantes de corps
étrangers, par mètre cube :
COMPOSITION DES EAUX D'ÉGOUT. 349
MOYENNE
1967. 1868 . des
deoz apnées.
hilog. kilog. kilog .
Azole . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 .010 0 .025 0 .021
Polasse . . . . . . . . . 0 .029 0 .031 0 .030
Autres matières organiques. . . . . . . 0 . 210 0 . 240
Autres matières minérales. . . . . 0 .716 0 .656 0 .691
Total, . . . . . . 0 .952 0 .977

(*) On n 'avait pas pris de dispositions en 1867 pour constaler la matière or


1 ganique restée dans l'eau.
Sil'on combine ces résultats, en tenant compte du réac
tif introduit pour faciliter la séparation, on peut obtenir par
synthèse la composition moyenne des eaux de l'égout col
lecteur à l'état naturel. On trouve ainsi qu'un mètre cube
moyen de cette eau était chargé des éléments suivants :
MOYEXXE
1867. 1868. des
deux années.
kilog. kilog . kilog.
Azole . . . . . . . . . . . . . . . 0 .032 0 .040 0 .037
Acide phosphorique. . . . . . . . . .
Potasse . .
0 .014 0 .017 0 .016
0 .029 0 .031 0 .030
Autres matières organiques. . . . 0 .729 2 .729
Autres matières minérales. . . . . . . 2.035 1.933 1. 984
Total. . . . . . . . . 2 750 2.796

En résumé, les eaux d'égout de Paris renferment, en


moyenne, 24.8 de corps étrangers, dont 1k.8 en suspension
et i kilog. en dissolution .
Si l'on appliquecesmoyennes aux 70 000 000 demètres
cubes quele collecteur a roulés en 1868, on voit que, pour
une seule année, la richesse perdue par cette voie pour l'a
griculture s'est élevée :
2 590 000 kilogrammes d'azote ;
1 120 000 kilogrammes d'acide phosphorique;
Et 2 100000 kilogrammes de potasse.
Ces chiffres suffisent pour faire ressortir l'importance
quis'attache aux questions d'emploi des eaux d'égout.
350 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

N° 239
NOTE

Sur les frais comparés d' enlretien des routes départemen


tales et des chemins de grande communication en France,
à l'occasion des propositions de déclassement des routes
déparlementales .

Par M . MARTIN (ARMAND ; , ingénieur en chef des ponts et chaussées.

Le conseil général du département de la Sarthe ayant


eu à examiner, dans sa session de 1868, une proposition
de quatre de ses membres, tendant au déclassement des
routes départementales , nous avons dû étudier cette ques
tion pour la session de 1869.
Les résultats de cette étude, dont les limites avaient été
bien posées à la suite des observations que nous avions pu
présenter dans le sein de la commission du conseil général,
ont été consignés in extenso dans notre rapport sur l' en
semble du service des routes pour cette dernière session,
et ils ont conduit le conseil départemental à repousser toute
pensée dedéclassement et à maintenir en conséquence la si
tuation actuelle .
Cette note peutdonc avoir quelque intérêt pour l'instruc
tion de cette question soulevée déjà dans plusieurs conseils
généraux, en annonçant comme économique la mesure du
déclassement des routes départementales , alors qu'il serait
beaucoup plus rationnel et meilleur pour les communes,
de procéder à une révision toute différente , « le classe
« ment, comme voies départementales, des chemins vici
ROUTES DÉPARTEMENTALES . -- FRAIS D'ENTRETIEN . 351
u naus de grande communication les plus importants, »
tout au moins, dans les départements qui ont à peu près
terminé aujourd 'hui leurs chemins de grande communi
cation .
En concentrant ainsi dans les mêmes mains l'entretien
des voies principales, intéressant, non pas telle ou telle
commune seulement, suivant le caractère distinctif d' une
voie réellement vicinale , mais une réunion importante de
Ces communes, sinon même tout le département, il pourrait
etre fait alors un emploi plus équitable encore des res
sources départementales.
Nous n'avons pas voulu toutefois aborder, dans cette
oc casion , l'étude complète des mesures les meilleures à
prendre pour assurer, d'une part , la surveillance des
voies de conmunication des départements ; d'autre part, le
contróle facile et toujours justementdésiré par les conseils
généraux dont la responsabilité augmente , chaque année ,
en raison même de l'extension de leurs attributions.
Nous poursuivrons peut- être nos études dans ce sens,
Irais nous nous sommes borné cette année à relever, au.
moyen des procès-verbaux de la session de 1868, des con
seils généraux de toute la France, les frais comparatifs de
l'entretien sur les routes départementales et sur les chemins
de grande communication . Ce point de départ devait, il
nous semble , être bien établi tout d 'abord pour examiner
avec fruit , commeavec impartialité, la question du déclas
sement des routes, qui ne saurait être trop mûrement mé
ditée par nos hautes assemblées , avant d'être admise
comme avantageuse pour le budget et aussi pour le meil
leur entretien . Ce dernier côté est en effet bien important
pour tous, au pointde vue des transactions et relations de
chaque jour, facilitées et développées en raison même de
la sécurité et de la régularité absolues qui se trouvent assu
rées par le bon état général de nos voies de communi
cation .
352 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

La loi du 18 juillet 1866 qui règle, en les augmentant


très -sérieusement, les attributions des conseils généraux,
confère à ces assemblées locales quidoiventdevenir chaque
jour plus importantes , le droit de statuer définitivement :
« Sur le déclassement des routes départementales , des
« chemins vicinaux de grande communication et d 'intérêt
« commun, lorsque leur tracé ne se prolonge pas sur le
« territoire d'un ou deplusieursdépartements.» (Art. 1º ,Sg.)
Cette faculté a naturellement éveillé l'attention de la
plupart des conseils généraux, dans leurs sessions de 1867
et 1868, d'autant que les chemins d 'intérêt commun coû
tant moins cher, pour l'entretien d'un mètre courant, que
les chemins de grande communication , puis ceux -ci un peu
moins cher encore que les routes départementales, on a dû
se demander si l'on ne pourrait pas réaliser facilement
quelques économies assez sérieuses, en effectuant divers
déclassements par une révision de la classification actuelle
de ces trois catégories de voies de communication .
Une proposition d'étude de la question ainsi posée , a
donc été faite dans la dernière session du conseil général
de la Sarthe , et celui-ci, après avoir déclaré à l'unanimité
de tous ses membres, « que toute question de personnalité
« devait être écartée du débat, et qu'il est impossible de
« voir des routes mieux entretenues que celles de la Sarthe ,
« a admis qu'il serait prématuré de formuler un avis sur
« la proposition qui lui était faite, et a demandé, dans sa
« séance du 29 août 1868, qu'il lui fût rendu compte cette
« année des résultats obtenus dans les départements qui
« ontappliqué la mesure du déclassement des routes dé
« partementales et de leur transformation en chemins de
« grande communication. »
Nous avons dû en conséquence et conformément à l'in
vitation de M . le préfet, nous livrer à la recherche com
plète de tout ce qui a pu être dit ou fait dans la dernière
session des conseils généraux des départements, dont nous
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D'ENTRETIEN. 553
avons dû dépouiller à cet effet les procès -verbaux qui nous
ont été communiqués au nombre de quatre- vingt-six et
d'après lesquels nous avons pu relever le coût de l'entre
tien par mètre courant, soit pour les routes départemen
tales, soit pour les chemins de grande communication .
Tout d'abord la question du déclassement n 'a été abordée
que dans un certain nombre de ces procès -verbaux, et la
comparaison des chiffres de dépenses d' entretien n' a pu
être faite , d 'après les documents publiés que nous avons
eu entre les mains, que pour soixante-sept des départements
examinés. Pour l'un des dix -neufautres, celui du Nord ,
dont la majeure partie des routes et chemins sont établis
avec chaussées pavées , à cause de l'énorme circulation
qu'ils supportent et des conditions spéciales et difficiles
imposées par la rigueur des hivers, les prix d 'entretien ne
peuvent avoir rien de comparable avec ceux de la Sarthe.
Nous concentrerons donc nos observations sur ce nombre
de soixante - sept procès-verbaux, parmi lesquels se trou
vent ceux qui ont parlé du déclassementdes routes dépar
tementales,
Dans le Bas-Rhin , le premier des départements cités à
l'appui de la proposition d 'études, faite au conseil général
de la Sarthe en 1868, on a continué l'opération du déclas
sement commencée en 1867, sur la proposition du préfet
de Strasbourg (M . le baron Pron ), mais il nous seinble vé
ritablement résulter assez clairement de la lecture attentive
des paroles prononcées dans le sein du conseil général, que
si M . le préfet attend comnie résultat des écononies con
sidérables, le conseil général ne semble pas partager com
plétement cet avis. — On y trouve, en effet, d 'un côté
« qu'il n 'est jamais entré dans l'espritde l'un des membres
u du conseil général d'enlever au corps des ponts etchaus
« sées le service dont il était chargé, parce que le conseil
« aurait reconnu que ce corps gérait moins bien les inté
« rêts du département que le service vicinal, » puis d 'un
354 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

autre côté dans l'appréciation de la mesure a que le con


« seil a voulu , d 'une part, centraliser et réunir sous une
« même direction le service de la viabilité départementale,
« les routes et les chemins vicinaux ; d 'autre part, à l'aide
« du jeu simultané des ressources en nature et en argent
u de la vicinalité, utiliser ainsi les journées de prestation
« restées jusque-là sans emploi, les abandonner aux routes
« en échange d 'une portion équivalente de leurs crédits
« budgétaires. »
Ces deux citations montrent bien , il nous semble ,
qu’ainsi du reste que le faisait déjà pressentir la discussion
de 1867, la mesure de déclassement dans le Bas-Rhin a été
adoptée , non avec l'espoir certain et avéré d'une économie
à réaliser ,mais sous la nécessité d'un moyen permettant
d 'utiliser des journées de prestation restées jusque- là sans
emploi et de puiser en échange, dans les crédits budgétaires
des routes, une portion équivalente en argent. Si donc il y
a des économies, elles ne doivent pas être très-manifestes
encore, puisque le conseil général ne les fait pas ressortir.
Dans les deux départements de la Haute -Vienne et des
Deux-Sèvres, les conseils généraux ont reconnu en 1868
qu'il n 'y avait pas lieu de donner suite au projet de déclas
sement, proposé dans la session précédente de 1867.
Dans les Vosges, le conseil général a refusé de sanction
ner la proposition du préfet tendant au déclassemeat des
routes départementales ,
Dans la Nièvre, le conseil général a agité la double ques.
tion du déclassement des routes ou au contraire de la
remise du service vicinal au personnel des ponts et chaus
sées et il a décidé que le statu quo serait maintenu .
Dans la Drôme, une proposition de déclassement pré
sentée pendant la session de 1868 , a été renvoyée à une
commission du conseil général qui a déposé sans retard un
rapport favorable à la proposition. Mais la discussion de
ces conclusions a été ajournée et, de plus, le conseil général
ROUTES DÉPARTEMENTALES. - FRAIS D 'ENTRETIEN . 555
en autorisant l'impression du rapport, a fait toute réserve
pour examiner ulliricurement l'importante question soulevée
et a, en outre , immédiatement classé, comme route dépar
tementale, un des chemins vicinaux de grande communi
cation proposés pour ce classement, imitant en cela ce qui
a été fait d'analogue dans d 'autres départements , notam
ment dans la Haute -Saône et dans l'Aube, soit en 1867, soit
e 1868.
Il y aura sans nul doute un certain intérêt pour nous à
étudier dans quelques mois (et nous le ferons avec autant
de soins que d 'empressement) ce que le conseil généraldela
Dróme aura consigné dans les procès-verbeaux de sa pro
chaine session (de 1869) ; mais nous croyons, d 'après les
renseignements que nous avons reçus de ce département,
il y a quelques jours seulement, que les conclusionsdu
rapport de 1868 seront facilement combattues , dans l'in
térêtsérieux et bien entendu du département, et que l' éco
nomie annoncée, ou tout au moins espérée, ne repose véri
tablement sur aucune donnée certaine.
Nousdevons consigner maintenant ici que dans un ordre
d'idées tout à fait opposé, sous l'empire d 'un mouvement
fort naturel et tout à fait logique, lorsque des voies de
communication augmentent d 'importance, des classements
assez nombreux de chemins vicinaux en routes départe
mentales , ont été prononcés dans les sessions de 1867 et
de 1868 , par les conseils généraux des dix départements
des Hautes -Alpes, de l'Aube, du Cantal, de la Corse, du
Gard , de l'Isère, de la Loire, du Puy-de-Dôme, de la Haute
Saône et de Saône-et-Loire.
Dans le Lot-et-Garonne, le conseil général a prié M . le
préfet d ’Agen de faire pour la prochaine session une étude
d'ensemble de classement de nouvelles routes départemen
tales.
Dans plusieurs autres départements , des demandes sem
blables ont été présentées et discutées par les conseils ge
356 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
néraux,mais elles n'ontpu être accueillies, malgré les dis
positions favorables rencontrées, par, suite de l'insuffisance
des ressources des budgets de ces départements .
On voit donc tout d 'abord , par ce relevé succint des pro
cès -verbaux passés sous nos yeux, qu'à l'exception du Bas
Rhin , obéissant à des motifs tout spéciaux et qui lui sont
exclusivement propres (une répartition défectueuse de ses
ressources vicinales , en nature et en argent) aucun des
départements dont nous avons pu compulser les procès
verbaux pour la session de 1868 n'a voulu s'engagerdans
la voie du déclassement de ses routes départementales ,
et qu'un certain nombre de conseils généraux au contraire
a procédé à des classements nouveaux , pour absorber dans
le réseau des routes départementales, au grand avantage
des contingents communaux , les chemins de grande com
munication , devenus sans doute plus importants sous le
rapport de la circulation .
Nous pouvons ajouter, en outre, que nulle part la raison
d 'une économie devant provenir d 'un déclassement des
routes, n 'a pu être nettement invoquée à l'appui, comme
ressortant des faits constatés, ce qui se conçoit bien ,puis
que les méthodes d 'entretien sont et doivent être les mêmes ,
et que les soins nécessaires sont donnés aujourd'hui à peu
près complétement partout en proportion de l'importance
de la fréquentation .
Le chiffre de la circulation est en effet l'élément capital
qu'il faut toujours bien établir dès le point de départ, si
l'on veut avoir des évaluations, sérieusement comparables,
des dépenses d 'entretien des diverses voies de communi
cation . — Qu’une route soit beaucoup moins fréquentée
qu'une autre , et l'on peut y employer bien moins de maté
riaux, par suite bien moins de main -d'euvre, et cepen
dant la dépense par kilomètre et par cent colliers peut s'y
trouver plus élevée que sur la route plus fréquentée ,
alors même que le coûtkilométrique étant envisagé isolé
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D'ENTRETIEN. 357
ment,ressortirait à un taux plus élevé pour cette dernière.
Nous pouvonsciter a l'appuiun travail remarquable rédigé
tout récemment pour le conseilgénéral du Jura, qui avait
demandé dans sa session de 1867, à l'ingénieur en chef du
département, de dresser la carte figurative de la circulation
sur les routes et cheminsde grande communication et d'in
térêt commun, à la suite d'un comptage effectué simulta
nément pendant vingt et un jours, du nombre de colliers
parcourant toutes cesvoies.Ce comptage n'a été fait quepen
dantle jour parmesure d'économie,en sorte qu'il a dû donner
des nombres inférieurs à la vérité, surtout pour les routes
qui sont, généralement pendant la nuit, plus suivies que
les chemins vicinaux. Mais les conséquences ne sauraient
être infirmées, puisqu'elles ont été déduites de la compa
raison de ces résultats entre eux (* ).
Les comptages ont été dirigés pour les chemins par
M. l'agent voyer en chef du service vicinal, qui a commu
niqué tous ses tableaux, en faisant connaître les dépenses
d'entretien des divers catégories de chemins, et l'ensemble
du travail de l'ingénieur en chef se résume dans le tableau
suivant :
Tableau relatif au département du Jura.
VOIES
LONGUEUR PRODUIT DÉPENSE MOYENNE
des des d 'entretien
routes, etc., NOMBRE centaines
de à l'état de colliers de colliers
communication. d'exploi diurnes. par par kilom .
tation les kilom . par kilom . et par
normale . 100 colliers.

mètres. francs francs.


Routes impériales. . . 344286 516 575 383
Routes départemen
tales. . . . . . : : 506 255 425 305 363
Chemins de grande 409 260 578
communication
Chemins
. . . 908 536
d 'intérêt
commun . . . 367677 210 808

(*) Ce travail, dû à notre camarade M . Boris, a été inséré dansle


t.XVII (p.425) de la 4° série des Annales des ponts et chaussées.
358 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Il ressort de ce tableau ces conséquences :
to Que les routes impériales présentent encore la plus
grande somme d'importance et d'utilité publique ;
2° Que les dépenses d 'entretien augmentent avec la cir
culation ;
3° Que la dépense proportionnelle à la circulation est
d'autant plus grande que les voies sontmoins fréquentées ,
ou bien que, le même service rendu au public coûle le plus
sur les voies les moins importantes (sauf une anomalie justi
fiée par quelques faits particuliers et exceptionnels sur les
routes départementales) .
Et cependant si l'on s'arrêtait au coût kilométrique en
visagé isolément, on aurait des indications opposées, l'en
tretien d'un kilomètre de chemins de grande communica
tion coûtant 260 francs (soit oʻ. 26 le mètre courant) et
celui des routes départementales coûtant 305 francs (soit
09.305 le mètre courant), tandis qu'en tenant compte de la
circulation , il faut dépenser par kilomètre et par cent col
liers, 578 francs sur les mêmes chemins et 363 francs seu
lement sur les routes départementales.
L 'auteur du travail consciencieux, auquel nous avons
emprunté ce qui précède,ajoute ensuite : « Les conséquences
« que l' on pourrait déduire de ces chiffres seraient encore
« bien plus prononcées si l'on pouvait tenir compte de
« l' état d ' entretien , assurément meilleur sur les routes
a impériales que sur un grand nombre de chemins. Ainsi,
«« en se bornant à comparer les chemins aux routes dépar
« tementales qui s'en rapprochent davantage, on obtient en
« faveur des routes une différence qui se chiffre (déduction
« faite de la partie constante 100 francs et en prenant les
« dépensesmoyennes par kilomètre et par cent colliers) par
a 125 francs.
« Le routes sont donc entretenues dans le Jura d 'une
« manière moins dispendieuse que les chemins vicinaux.
« C' est un état de choses que je constate sans en rechercher
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D'ENTRETIEN . 359
« la cause , que je n 'entends aucunement attribuer à une
a gestion plus ou moins défectueuse . Les chemins sont dans
« d'autres conditions que les routes , notamment sous le
a rapport de la législation. Je ne recherche pas quelle
< influence cette différence peut exercer sur les résultats ,
* pour ainsi dire matériels , signalés ci-dessus. Ce n 'est
« point par convenance, mais avec toute sincérité que j' é
« carte ainsi toute considération personnelle .
« Mais on sait que l' on a souvent prétendu que l' entretien
« des routes était plus coûteux que celui des chemins vici
« naux.Personne n 'ignore que le simple rapprochementdes
« dépenses kilométriques est insignifiant, et que pour faire
a une comparaison équitable, il faut prendre en considé
«« ration les circonstances particulières des voies de com
« munication à comparer , dont la plus influente est l'im
« portance de la circulation . Il faut pénétrer plus avant,
« et présenter des éléments rationnels de comparaison . »
On nous pardonnera cette longue citation en raison de sa
netteté et de son importance dans la question quenous exa
minons .
Nul doute que si nous pouvions, avec M . l'agent voyer en
chef du service vicinal, effectuer un travail analogue dans
la Sarthe, nous arriverions à des résultats semblables, qui
justifieraient pleinement les écarts rationnels et logiques
qui existent entre le coût kilométrique d' entretien des routes
et chemins, d 'après le tableau ci après , établi conformé
ment aux principes de celui donné plus haut pour le Jura,
mais dont nous ne pouvons remplir maintenant toutes les
colonnes, faute de comptages sur les chemins :
360 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Tableau relatif au département de la Sarthe.
LONGUEUR
ves DEPENSE MOYENXE
PRODUIT d' entretien
VOILS routes, etc., des
à l'état NOMBRE centaines
de d 'exploi. de colliers
tation (1863-1864). de colliers
par par kilom . paretkilom .
communication. normale les kilom . par
(1867). 100 colliers
au
31 déc. 1867
mètres. francs. francs.
Roulesimpériales. . . 402631 196 788 448 228
Routes
tales
départemen 583888 154 400 239
. . . .. . :: :
Chemins de grande 306
communication . . . 864 772
Chemins d 'intérêt
commun . . . . . . 1 423 706 206

Nous pouvons donc être en droit deconclure que l'entre


tien des routesdépartementalesne coûte pas plus cher qu'il
nedoit, eu égard à leur état d'exploitation normale néces
saire, d'après les besoins publics auxquels elles doivent
toujours donner pleine satisfaction.
On conçoit fort bien que dans les dépenses d'entretien,
les unes dues aux causes climatériques agissant à peu près
de la mêmemaniére sur toutes les voies, doivent être sen
siblement constantes et que les autres dues à la circulation
dans ses divers effets, doivent varier avec celle-ci. Or, plus
cette circulation est faible, plus la partie constante doit
avoir d'importance relative dans le chiffre total de la dé
pense d'entretien par centcolliers.
Relevé comparatif des dépensee d'entrelien des routes dé
partementales etdes chemins de grande communication dans
soixante-sept départements différents. - Les recherches
dont nous venons de consigner les premiers résultats au
sujet de ce qui s'est passé en 1868 au sein des conseils gé
néraux, nous ont naturellement conduit en outre à relever
le coût kilométrique de l'entretien des routes départemen
tales et des chemins vicinaux, et comme ces nouveaux ré
sultats témoignentd'unesituation comparée, assez favorable
ROUTES DÉPARTEMENTALES. - FRAIS D 'ENTRETIEN. 361
pour notre département , nous avons pensé qu'il y aurait
aussiquelque intérêt à en mentionner ici le résumésommaire.
Sur les soixante-six départements dont les éléments sont
entrés dans notre relevé, nous en avons trouvé : cinquante
six pour lesquels les deux services des routes et des che
,mins vicinaux sont séparés, et dirigés par un personnel
distinct, puis dix pour lesquels les deux services sont con
centrés entre les inains d 'un seul et mêmepersonnel, celui
des ponts et chaussées.
Dans le premier groupe (des cinquante -six départements
en y laissant le Loiret, qui a cependant suppriméson dou
ble service en 1868 et a tout confié au corps des ponts et
chaussées, à partir du 1er juin 1869, par mesure d' écono
mie),les frais moyens de l'entretien ressortent par kilomètre
(sans relations établies avec la circulation) comme il suit :
francs.
Prix dụ kilomètre pour les routes départementales. . . . . 436
Prix du kilomètre pour les cheminsde grande communi
cation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300
Différence en plus pour les routes départementales. . . 136
Dans le deuxième groupe (des dix départements, en y
comprenant le Tarn - et-Garonne, qui n 'a le service unique
que depuis le 1" janvier 1868), les frais moyens de l'entre
tien ressortent demême par kilomètre, comme il suit :
francs.
Prix du kilomètre pour les routes départementales. . . . 442
Prix du kilomètre pour les chemins vicinaux . . . . . . . 281
Différence en plus pour les routes départementales. . . 161

Dans le département de la Sarthe, les frais moyens res


sortent de même par kilomètre comme il suit :

Annales des P . et Ch . MÉMOIRES. – TONE Xvi . 24 :


362 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
francs.
Prix du kilomètre pour les routes départementales. . . . 400€
Prix du kilomètre pour les chemins de grande communi
cation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 306
Différence en plus pour les routes départementales. . .
Il résulte à première vue du rapprochement de cesdivers
chiffres :
jº Que le service vicinal de la Sarthe dépense à peu près,
pour l'entretien de ses chemins de grande communication,
le chiffre moyen atteint par les autres services vicinaux
distincts , établis dans les cinquante-six départements que
nous avons examinés;
2° Que le service des routes départementales de la
Sarthe a cette bonne fortune de dépenser un peu moins
que ceux des soixante-six départements dont les dépenses
ont été relevées (400 francs au lieu de 436 francs et de
44 % francs par kilomètre):
3° Que l'écart entre le coût d'entretien des routes dépar
tementales et des chemins vicinaux est notablementmoindre
dans la Sarthe (94 francs ) que dans les deux groupes de
départements étudiés, pour lesquels cet écart s'élève à
136 francs et à 161 francs ;.
4° Que l' écart le plus grand, ( 1.61 francs) existe préci
sément dans le groupe des dix départements , dont le ser
vice vicipal est confié aux ingénieurs des ponts et chans
sées.
Nous devons constater maintenant que si dans ce der
nier cas, d'un service unique dirigépar les ponts et chaus
sées, le coût kilométrique de l'entretien des chemins de
grande communication descend au chiffre le plus bas
(* ) Nous devons rappeler ici, pour que tout soit mis en pleine
lumière , que ce prix comprend les réparations de pavage, des ou.
vrages d 'art, les plantations , etc ., dépenses dont il n 'existe rien ou
que fort peu de chose, nous le croyons, dans le chiffre comparatif
de 306 francs donné pour les chemins vicinaux de grande commu
nication.
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D 'ENTRETIEN. 363
(28 ) francs au lieu de 300 francs et de 306 francs), par
contre le coût kilométrique par route départementale at
teint le chiffre le plus élevé (442 francs au lieu de 436 fr.
et de hoo francs). Ces dix départements qui bénéficient, en
conséquence ,pourleurs chemins vicinaux , de la réunion des
deux services sous la direction du personnel des ponts et
chaussées, auraient donc à faire quelques progrès, ce qui
sera très-facile , pour ramener la dépense d' entretien de
leurs routes départementales à un taux quelque peu infé
rieur, si toutefois l'introduction, dans les calculs de compa
raison, de l'élément de la circulation , laissait subsister
l'écart qui ressort des chiffres cités plus haut.
Les comparaisons que nous venons de faire, en les ap
puyant de tous les développements nécessaires pour ré
pondre aux demandes du conseil général et de M . le préfet,
sont établies, ainsi qu'on le voit, à la suite du dépouille
ment des délibérations des conseils généraux de soixante
six départements , en sorte qu'en y ajoutant celui de la
Sarthe, nous avons relevé en fait la situation de la ques
tion d'entretien des routes départementales et des chemins
de grande communication , dans soixante-sept départe
ments . Il ne reste donc plus en dehors que vingt-deux dé
partements dont dix -neuſ nous ont du reste bien fourni
leurs procès-verbaux , mais sans que ceux -ci fassent res
sortir d'une manière complète les frais d' entretien res
pectifs, en sorte que nous n 'avons pas voulu y puiser des
chiffres qui n 'auraient pas eu à nos yeux un caractère suffi
sant de certitude pour figurer dans notre travail. Quant
aux trois derniers, ia Gironde, la Haute-Marne et le Haut
Rhin , les procès-verbaux nenous sont pas encore parvenus.
Mais il n'est pas probable que les renseignements qu'ils
pourraient fournir soient de nature å infirmer nos diverses
conclusions, puisque tous les procès -verbaux compulsés
déjà nous y ont également conduit.
Il ne nous conviendrait, sousaucun rapport, de chercher
364 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
à déduire des comparaisons qui précèdent, de nouveaux
principes pour l'organisation la meilleure des services
d 'entretien des voies départementales , l'étude qui nous a
été demandée ne nous paraissant pas devoir comporter un
pareil corollaire en ce moment.
Qu'il nous soit donc permis de ne pas étendre davantage
les limites de notre travail actuel , sans rechercher encore
ce que la loi de 1866 sur les conseils généraux, ou le déve
loppement successif des voies decommunication (chemins
de fer ou routes et chemins ordinaires) pourront révéler,
dans un avenir plus ou moins rapproché, d 'exigences nou
velles pour la meilleure administration des dépenses dépar
tementales. Il y aurait beaucoup à étudier et à dire sur un
sujet aussi complexe et important, d'autant que si lesroutes
départementales ont été classées il y a plus de trente ans,
parce qu 'elles se présentaient comme les voies départe
mentales les plus fréquentées, elles ont, pour la plupart
du moins, sinon toutes, conservé en grande partie cette
importance relative malgré les chemins de fer , et reçoivent
presque partout, surtout près des centres habités , la circu
lation propre aux autres voies qu'elles prolongent en fait.
Les comptages et la comparaison des frais d'entretien sur
chaque route feraient parfaitement ressortir, nous en
sommes convaincu, que pour chacune d' elles la dépense
est bien en rapport avec le service rendu , ce qui est bien
le meilleur critérium des méthodes suivies. Mais en même
temps qu'on nous laisse espérer que les développements
dans lesquels nous sommes entrés sont de nature à porter
dans l'esprit de tous cette double conviction qui nous
anime très- sincèrement : d 'un côté, que la question du dé
classement des routes départementales (qu'il faudrait pro
bablement compléter par la mesure correspondante du
classement d 'un certain nombre de chemins vicinaux en
routes départementales) ne parait pas avoir maintenant
aux yeux des conseils généraux des départements l'impor
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D 'ENTRETIEN. 365
tance économique qu'on avait pu croire tout d'abord devoir
lui attribuer, et que la session de 1868 a nettement révélé
cette appréciation motivée ; puis d'un autre côté, que l' en
tretien des routes n'est pas plus coûteux proportionnelle
ment que celui des chemins vicinaux, et qu'ainsi l'admi
nistration des ponts et chaussées ne mérite pas, en fait
aujourd'hui, l'accusation de prodigalité souvent portée
contre elle, même par des esprits bienveillants et desi
reux d'impartialité, tant il est vrai, comme l'a dit un de
nos collègues, « que même pour les travaux les plus mo
a destes , de fortes études et une organisation administra
« tire solide ne sont pas inutiles (* ). »
Mais si nous ne voulons pas aborder l'examen de toutes
les conséquences , nécessaires peut- être, de la loi de 1866,
dous croyons devoir consigner ici, malgré l'étendue déjà
trop grande , nous le craignons, de notre travail, tous les
renseignements détaillés relatifs aux routes impériales et
départementales de la Sarthe, tantil importe, pournous tous,
debien voir combien d' éléments diverssont à considérerdans
cette question de l'entretien des voies de communication .
Nous ne saurions trop le répéter , il faut en pareillesma
tières (comme en toutes généralement du reste ) aller au
fond des choses , et chercher toujours avec la plus grande
vigilance et avant toute appréciation , quelles sont les con
ditions propres de l'entretien de chaque voie, de la circu
lation que chacune supporte , etc., afin de bien juger et de
pouvoir se prononcer en pleine connaissance de cause .
Ces recherches, nous les poursuivons constamment dans
notre service , et nous en avons réuni les résultats relatifs
aux dépenses comparées à la circulation , dans le tableau
ci-après, dont l'intérêt serait bien autre encore, si nous
pouviops y ajouter les chiffres analogues afférents aux che
mins vicinaux :
(*) M . Marchal, ingénieur en chefdu département de la Mayenne
(tome XIII, 4. série , des Annales des ponts et chaussées).
mpierrement
566 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

atériaux
Fréquentation

distinction
département

.,md'eDépenses
ntretien

.OBSERVATIONS
echaussées
enLongueurs
kilomètres

nature
pour
avage
lasans
encolliers
routes

(des
voitures
DÉPENSE MOYENNE

eu,p.main
-d'@ tcvre

dekilomètre
dudes
numéros
Désignation

vides
pour
pavages
.compris
réduite

routes
les
1/6àraison

(comptage100colliers
%(comptage

kilomètre
par

par
routes
.les

du

pour

etpar
vage
.)1869
,des

oupa

par
).de186

).de1864
(pour
.)1869
colliers.
1° Routesfrancs.impériales.
francs. franes.
kilom . Lenombre total
23 103628 191 43210 417 .00 218.00
220.00
des
vés colliers rele
est devidequil
226
138 51566 206 23 450 454.80 dont37à
138 bis 42 182 184 20 950 496 .60 269.00 D 'entrent quel
155 24 166 113 8 490 251.00 310 .00 pour 9 dans cile
157 80 700 134 31800 391.00 294.00 chiffremoyen
192. 00 contre
158
159
46 460
53929
290
254
25 900
26 700
557.40
495 .00 194.00 raison dudea 1/5des
coliers
196, à
vide
Totaux . . 102631 196 180 500 compté seule
Moyennes . | 448.33 228.73 ment
total
dans
2° Routes départementales. re total
48 140 172 19 500 405.00 235.00 desLenomb rs rele
bis 35 540 148 16 700 469.89 317.00 rés collie
est de 183,
42110 200 17600 417. 95 208.00 dont 39 & vide
nt
28 868 195 9700 335.98 181.00 quequi pourn'entre
89 800 173 41 500 462.00 267.00 le chiffre 10moye dansn
55 450 107 20 900 376 .91 352.00 ci contre de 186
30 925 174 15 400
6 901
498. 38
322 .47
286 .00 n dars 11
196 .00 ladesraisocollle
21375 164 e sel
21247 134 6.100 287.73 vide ntcomptdans
214.00 leme le
11888 188 4000 336 .00 178.00 total.
44 285 11075 22600 502.59 456 .00
13 600 3800 279.41 372.00
5 39 713 121 12 100 304 78 251.00
89626 148 34620 386 .38 261.00
15 11 321 113 2800 247.78 219 .00
Totaux. . 58, 888 154 233 881 400.00 259.74
Moyennes.
Il ressort tout d'abord de l'examen de ce tableau : 1° que
les routes impériales qui ont conservé une circulation plus
importante (196 colliers en moyenne) que celle des routes
départementales (154 colliers en moyenne) coûtentaussi
plus cher pour l'entretien par mètre courant (oʻ.448) que
ces dernières (o '. 400), suivant ce qui doit être logique
ment; 2º que si l'on compare la dépense aux resultats
utiles, c'est-à-dire à la circulation, la dépense par metre
courant et par cent colliers estmoindre au contraire sur les
ROUTES DÉPARTEMENTALES. - FRAIS D 'ENTRETIEN . 367
routes impériales (o'.228 ) que sur les routes départemen
tales (oʻ.259).
On voit donc que lorsque la circulation est moindre sur
une voie de communication , la dépense rapportée seule
ment à la longueur est sans doute plus faible , mais se
trouve au contraire plus élevée par rapport à l'unité du
trafic desservipar la route.
Il nous parait donc incontestable que ces faits, parfaite
ment établis dansnotre service, entre deux réseaux d 'impor
tances différentes, se retrouveraient de même si, faisant les
comptages semblables de la circulation , sur les chemins
vicinaux de grande communication, on voulait comparer
entre elles les dépenses d 'entretien , non -seulement par
mètre courant, mais en y introduisant l'élémentde la fré
quentation .
Nous sommes donc en droit de conclure :
1°Que (sansvouloir présenter ici le chiffremoyen (o '.306 )
de l'entretien d'un mètre courant de ces chemins, comme
trop élevé) la dépense par mètre courant et par cent col
liers ressortira certainement plus forte sur ces derniers
que sur les routes départementales et impériales ; 2° que
le déclassement des routes départementales ne pourrait
ainsi produire qu'une économie apparente ,mais non réelle
au fond , l' état d' entretien actuel restant bien entendu le
même, et les ressources étant établies pour ne pas permettre
une usure des chaussées , plus grande que celle qui existe
et se produit aujourd 'hui.
Nous devons maintenant appeler l'attention sur cet autre
fait, qu'en ne prenant même que le coût d 'entretien rap
porté au mètre courant isolément, il se trouve déjà plus
bas que le taux moyen des chemins vicinaux de grande
communication , pour les quatre routes départementales
(nº 9, 12, 13 et 15) et ne s'élève respectivement qu'à
0ʻ.287, 0 '.279, 09.304 et oʻ. 247 au lieu de o ‘. 306 ; en sorte
que si l'on déclassait ces quatre routes, on abaisserait la
368 ALÉMOIRES ET DOCUMENTS .

moyenne des chemins vicinaux , et on augmenterait au con


Iraire celle des routes, lors même qu'il serait dépensé res
pectivement autant qu'aujourd'hui sur ces diverses routes,
et ceci sans fautes, sans efforts , de la part des deus ser
vices.
En ce qui concerne la dépense par mètre courant et par
cent colliers, on voit qu' elle n 'est en moyenne que : 1°de
o'.228 pour les routes impériales, en variant de o'.192 à
oʻ.310 ; 2° de oʻ.259 pour les routes départementales, en
variant de of.178 à oʻ.456.
Les anomalies qui semblent exister entre les chiffres affe
rents aux diverses routes, considérées successivement,
tiennent aux circonstances différentes qui se présentent
pour l'entretien et découlent : de la nature du sol surlequel
reposent les routes, des profils de celles-ci, de la qualité
des matériaux que l'on peut employer, etc ., tant cette ques
tion de l'entretien est complexe, nous le répétons, et tant
il faut tenir compte d'éléments divers, dans les études et
dans la pratique, pour obtenir, le plus économiquement
possible , le bon état nécessaire des voies de communication
du pays, comme pour juger et apprécier sûrement lesmé.
thodes et les errements adoptés pour assurer cet entre
tien .
Afin de le mieux démontrer encore, nous avons groupe
dans le tableau ci-après des renseignements complets sur
les prix des matériaux et leur qualité, en plaçant en regard
les quantités employées par kilomètre et par cent colliers
en 1869 , ainsi que les longueurs de routes pour lesquelles
les épaisseurs des chaussées sont actuellement au plus
égales à 0 ".07 seulement.
ROUTES DÉPARTEMENTALES. - - FRAIS D'ENTRETIEN. 569
d'épaisseur
numéros
Longueur
Désignation

kilomètre
colliers
employés
chaussées

métro
cube
leurs
ayant auplus

Prix
etpar
par

Cubes
100
routes

du
18€9
par

.
,
.
om07

QUALITÉ
de
des

,on
.

des OBSERVATIONS.
ma:ériaux.

kilom . | mètres. francs.


1° Roules impériales.
23 10 600 22.10 4 .77 Passable etbonne. employée
Laquantitécorrespond
la plus faible
138 16 966 23.82
138 bis. 23918 20 . 76
4 .68
7 .19
Idembonne.
Assez . prix le plus élevé du mèau
155 13639 21.61 6 .59 Bonne. tre cube et la quantité la
157 53800 28.95 5 .68 Médiocre . plus forte à laprécisément
moinshonne, qualité la
i58 18 660 20.98 5 .63 Bonne. sur la route
lies faibles dont les par
commechaus
159 3000 23.85 4.43 Idein . sées, présentent la plus
Total. . . 140 583 grande longueur kiomé
Moyenne. 23.25 5.25 trique.
wanawis

2º Roules déparlementales.
2, 2 bis. 1 833600
200 | 2616 .96
.54 1 75.85
.39 Assez bonne.
Bonne.
800 13. 97 5 .61 Idem . tuer11 Importe de reconsti
la chaussée
5 200 18.37 4 .73
33200 27 .01 5 .61 Idem
TrèsBonne..
-bonne. épaisseur de omet.12il àexiste
une
eari
20340 38 .78 4 .80 ron au moins,
10 800 22 .06 .41 Très - bonne. plus de la moitié de la
4 000 27.22 58 .08 Idem . longueur totale qui n 'a
pas om .10 de chaussée .
6 000 .03 Médiocre . ! Nousavons à reconsti
19. 37
4 888 18 48 54 .70 Bonne. tuer la chaussée
12000 | 38. 70 6 .40 Idem . épaisseur
ron de omavoir
et il faut 12 à Onri
une
ainsi
plusde
Cette matériaux.
route n 'a que
13000
totale, mètres
et de longueur
42. 35 4 .96 Idem . pas omplus10 ded'épaisseur
la moitié
2

5 000
13 5 400 23. 45 ! 4 .71 Assez bonne. den 'a chaussée.
13
15
.11 5 .60
13000 2512.58 5 .34
Idem .
Bonne.
Total. . . 145 228
Moyenne. » 24. 1915.73

Les prixdevarient donc de cube


44.43surles
à 74.19routes
pourimpériales,
donner la
moyenne 54.25 parmètre
tandis que la moyenne sur les routes départementales est
actuellement de 54.73 en variant de 4 .03 à 8 .41, soit du
lessimple
plusauvoisines
double,d'abord,
par suite
et dedel'obligation
l'épuisementd'aller
des chercher
carrières
au loin des matériaux debonne qualité et en quantité suffi
sante.
Quant au cubemoyen employé par kilomètre et par cent
370 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
colliers, il est beaucoup trop faible à 23 " .25 sur les routes
impériales, en variant de 20 ” .76 à 28”.95 , puisque ces
routes s'usent rapidement chaque année. Les chiffres cor
respondants sont 24" .49 (à peu près suffisant) en moyenne,
sur les routes départementales, en variant de 12" .58 seu -
lement à 42" .35, soit du simple au triple.
Ces écarts, motivés généralement par la nature du sous
sol et par l'insuffisance manifeste d' épaisseur sur des éten
dues assez importantes sur quelques-unes des routes, font
voir combien l'entretien des voies empierrées exige de soins,
d 'attention et d'études, pour bien préciser l'application
respective des méthodes d'entretien et combien il est tou
jours impossible de rien établir d'absolu et d 'invariable.
Ces écarts , dans les cubes et dans les prix de matériaux,
sont donc l'objet constant de nos études , pour arriver à les
restreindre et resserrer chaque jour davantage les limites
entre lesquelles les véritables pratiques économiques de
l'entretien doivent être renfermées.
En résumé, plus nous pénétrons dans ces détails simul
tiples , et si nécessaires à bien connaître cependant si l'on
veut arriver sûrement à l'entretien le plus rationnel et le
moins coûteux, et plus nous sommes convaincu qu'il n'est
pas de trop de toutes les forces d 'une organisation bien sa
lide, ainsi que d 'un contrôle et d' une surveillance, établis
à tous les degrés et agissant d'une manière incessante ,tels
que nous cherchons à les pratiquer.
En se départissant quelque peu de ces règles, on pour
rait peut-être réaliser plus rapidementcertaines économies
dans les dépenses , mais ces économies seraient plus appa
rentes que réelles, parce que les chaussées s'usant chaque
année davantage, on les amènerait bientôt à un état telle
ment précaire , qu 'il faudrait alors dépenser en une seule
amée des sommes relativenient considérables, pour mam
tenir la circulation dans des conditionsacceptables.
En appliquant ces règles , au contraire, sévèrement et
ROUTES DÉPARTEMENTALES. — FRAIS D' ENTRETIEN. 371
d'unemanière non interrompue, on peut réaliser peu à peu
dans la pratique des économies, faibles sans doute tout d 'a
bord ,mais certaines et durables alors, et ne pouvant jamais
compromettre le capital si important que les routes dépar
tementales représentent pour tous aujourd'hui.
Les comptages que nous faisons effectuer cette année étant
comparés avec les précédents de 1864, ainsi que les son
dages de 1868 , mis en regard de ceux qui ont précédé,
vont nous permettre de bien juger en 1870 quelles modifi
cations la répartition des fonds entre les routes pourrait
avoir à subir. Nous verrons sûrement alors s'il serait pos
sible, non -seulement de modifier cette répartition , mais
d'abaisser en fait le chiffre des dépenses parmètre courant,
en profitant ensuite de ce que l' entretien proprement dit
des chaussées laisserait ainsi disponible , pour exécuter les
réparations urgentes aux ouvrages d 'art, une portion des
rechargements des chaussées devenues trop faibles pour
résister longtemps à l'usure annuelle .

Le Mans , le 19 octobre 1869.


372 MEMOIRES ET DOCUMENTS .

N° 240
NOTE
Sur les prix de construction et d 'entretien des chemins
vicinauz ;
Par M . PELLEPORT, conducteur principal, faisant fonction d'ingénieur
des ponts et chaussées.

A la fin d'une notice sur les frais de construction et


d'entretien des chemins vicinaux de grande communica
tion , insérée daus le premier numéro des Annales des ponts
et chaussées de l'année 1867, M . l'ingénieur en chef de la
Mayenne a exprimé le désir qu’un travail comparatif sem
blable à celui qu'il publiait, et qui n 'embrassait que quinze
départements, fût fait pour la France entière. La statistique
quinquennale de 1862 à 1867, qui vient de paraître , nous
a donné l'idée de répondre à son appel. Les résultats
qu'elle fournit, soit que l'on compare entre eux les dépar
tements situés au pied des Pyrénées et dans le bassin de
la Garonne, soit que l'on étende la comparaison à tous les
autres départements , justifient si complétement les ingé
nieurs du reproche qui leur a été adressé : de construire
les chemins vicinaux à plus grands frais que les agents
auxquels ce service est ordinairement confié , qu'il nous a
semblé intéressant de lesmettre en évidence.
La situation des deux départements , le Gers et les
Hautes-Pyrénées, dans lesquels ce service est dirigé par les
ingénieurs depuis bien des années, et que nous allons com
parer d'abord aux départements voisins, ne nous permet
pas d 'embrasser une grande surface ni un grand nombre
CHEMINS VICINAUX . 373
de départements . Nous craindrions, si nous donnions trop
d 'extension à notre comparaison , qu'on nousaccusât d'avoir
formé un groupe de fantaisie et d'avoir , bien que les chif
fres quenous allons citer soient tous extraits de documents
officiels, recherché ceux qui pouvaient convenir le mieux
à notre preuve. Nous allons donc nous borner à comparer,
tout d 'abord , les frais de construction , de l'entretien et du
personnel des chemins vicinaux des trois ordres du Gers et
des Hautes- Pyrénées , aux seuls départements qui les li
mitent, la Haute-Garonne, les Landes, le Lot- et-Garonne,
les Basses - Pyrénées et le Tarn - et-Garonne.
· Nous aurions voulu , dans nos recherches, remonter à la
première statistique , publiée depuis l' établissement de
l'empire , pour démontrer qu'à aucune époque le fait que
les ingénieurs ne construisent pas aussi économiquement
que les agents voyers, n'a été une vérité ; mais il nous fal
lait des termes de comparaison qui permissent d' établir des
moyennes, et comme ce n 'est qu'à partir de 1855 que les
ingénieurs ont été chargés du service vicinal des Hautes
Pyrénées , nous n'avons pu prendre notre point de départ
qu 'après cette année.
C'est donc dans les statistiques quinquennales de 1857
à 1867, les seules, du reste, quidonnent des résultats pour
les chemins des trois catégories, que nous allons puiser les
éléments de comparaison entre les sept départements sous
pyrénéens. Nous comparerons ensuite tous les départe
ments dans lesquels le service est dirigé par les ingénieurs
aux autres départements de la France.
Commençons d'abord par la statistique quinquennale de
1857 à 1861 et par les chemins de grande communication .
Pour faciliter la vérification des tableaux de comparaison
que nous allons présenter , il nous semble utile de faire
connaître comment ils ont été formés :
La 2 e colonne donne le numéro d 'ordre du département
dans la statistique ministérielle ;
374 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
La 2°, le nom des départements considérés ;
La 3º, la dépense da personnel pour tout le service vici
nal, extraite du tableau G , colonne 19 ;
La 4*, la dépense faite sur les chemins de grande com
munication pendant la période, extraite du tableau I, co
lonne 15 ; la longueur en kilomètres des chemins de grande
La 5e,
communication classés par département, tableau J, co
lonne 6 ;
La6°, le prix moyen parmètre courant des travaux neufs,
extrait du tableau K , colonne 17.
Pérlodo quinquenpale do 1857 à 1881.
1er TABLEAU. - Chemins de grande communication. - Traitements et travautnu
d'oNuméros
.statistique
rdre

TOTAL PRIX VOYER


DÉSIGNATION DÉPENSES des dépenses
faites
LONGUEUR
ladans

du personnel des chemins


des chemins
de la vicinalité surdelesgrande classés metre copt
pendant communication par de
départements. les cinq ans. lespendant département. trayant peas
cinq ans.

Groupe des départements confiés aux ingénieurs des ponts et chaussées


francs. franes. kilom . frost
32 IGers . . . . . . . . 227 686.00 2 069 704.00 1 505 5.12
5.00
65 Pyrénées (Hautes -). . . .! 124 559.00 1 395 593,00 818
Totaux. . . . . 352 245.00 3-465 297.00 2323 10.12
Dépense anngelle par dépar
. . . . . . . . . . . 35 224.00
moyen. des
Prixlement. travaux neufs. . .. . . 5.85
Groupes des déparlements placés sous la direction des agensvoyers. 6.33
403147 Garonne
Landes. . (Haute-)..
. . . 302
. . . . . . . . . 197 .00 | 11 915
108 520020.00 888,00
818 598.00 009
1 837 9:21
5.09
Lot- et-Garonne. . . 769.00 1714 717.00 786
64 Pyrénées (Basses-). . . . 234 100 .00 ( 566 368.00 851 5.87
82 Tarn -et-Garonne. . . . . 161000 .00 661 674.00 386 6.61
33.31
Totaux. . . . . 1 003589.00 7 677 245.00 3 919
Dépense annuelle par dépar
tenient. . . . . . . . . . . . . 40 143.00 6 .66
Prix moyen des travaux neuſs. . .
CHEMINS VIGINAUX. 3 ,5
De l'examen de ce tableau il ressort d'abord que dans les
deux départements où le service est confié aux ingénieurs,
les dépenses du personnel sont proportionnelles aux dé
penses totales et aux longueurs des chemins dans chacun
d'eux, que les frais de construction sont à peu près les
mêmes , d'où l'on doit conclure que l'uniformité dans la
direction , lorsque les prix de la main -d 'euvre et les maté
riaux sont à peu près les mêmes, conduit à des résultats
semblables .
On pourrait dire qu'il n' en est pas tout à fait de même
dans les départements confiés aux agents voyers ; en effet,
en rapprochant seulement le prix de revient des travaux
neufs dans les deux départements du Lot-et-Garonne et des
Landes, limitropbes sur une grande longueur, on reconnaît
que ce prix est de 5'.og dans le premier et de 9 . 25 dans
le second. Cependant, les prix de la main-d'ouvre ne diffè
rent presquepas entre eux, et la valeur du gravier qui entre
dans la composition de la chaussée n 'accuse qu'une diffé
rence de 1'.96.
Et , maintenant, si l'on compare les moyennes, on
constate :
1° Que, dans les départements confiés aux ponts et chaus
-

sées, les traitements s' élèvent à 5.000 francs de moins que


-
-

ceux des agents voyers ;


-
--- -

20 Que le prix de revient par mètre courant des travaux


-

neufs est de 54.06 par les ingénieurs et de 68.66 par les


agents voyers , différence 1'.60 qui, dans les conditions
d'égalité où elle est obtenue, nous le démontrerons plus loin
par les tarifs des prestations et les prix de la main -d 'auvre ,
--
--

mérite bien de fixer l'attention.


Ainsi, ces premiers résultats établissent clairement que,
-

dans les départements du premier groupe, confiés aux in


- -

génieurs, les dépenses du personnel et celles de la con


-

struction des chemins sont moindres que dans les départe


-

ments du second groupe confiés aux agents voyers.


376 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

Passons maintenant à l' entretien . .


ll paraîtrait naturel et fort simple , pour avoir le prix
moyen de l'entretien , de procéder comme nous l'avons fait
pour les traitements et les travaux neufs, c'est- à -dire de
prendre le prix par département à la colonne 19 du ta
bleau K , et, après les avoir additionnés par groupe, d'en
déduire les moyennes.Mais il faudrait, pour opérer ainsi,
que le prix moyen d 'entretien par mètre courant donné par
cette colonne fût exact, et nous allons démontrer qu'il ne
l'estpas, c'est- à-dire qu'il n'est pas le résultat de la divi
sion de toutes les dépenses de l'entretien par la longueur
entretenue.
La statistique ministérielle répartit toutes les dépenses
relatives aux chemins de grande communication en deux
catégories , construction et entretien . Les dépenses de la
première (tableau I, colonnes 5 à 10), ajoutées aux dépenses
de mêmenature depuis 1837 , donnent, en les divisant par
la longueur des chemins amenés à l'état d'entretien , le prix
moyen du mètre courant de travaux neufs ; ce prix est
porté à la colonne 17 du tableau K . Cette manière de pro
céder est claire ; elle ne laisse aucun doute sur l'exactitude
du prix ainsi déduit. Il n 'en est pas de même pour la seconde
catégorie ; le total des colonnes i à 14, tableau I, fournit
deux prix moyens : l'un de grosses réparations quin'a pas
une très grande importance, puisqu'on ne fait connaitre
nulle part ni la longueur à laquelle s'appliquent ces répara
tions ni leurs dépenses; l'autre, tantôt trop faible, tantôt
trop fort : trop faible, lorsqu'il y a un prix de grosses répara
tionsdont les dépenses toujours prélevées sur la sommede
l'entretien ont pour conséquence de diminuer le prix moyen
de l'entretien ; trop fort, lorsqu'il n 'est pas compté de
grosses réparations, parce qu'alors le prix de l'entretien se
trouve augmenté des frais de certains travaux dont les
dépenses sont comprises dans la construction. Mais pour
quoi former deux prix qui n 'ont aucun élément de con
CHEMINS VICINAUX. 377
trôle lorsque les dépenses qui s' y rapportent sont confon
dues sous le titre unique de dépenses faites pour travaux
d'entretien ?
Dans le Gers, où les ingénieurs sont chargés du service
vicinal depuis 1850 ,il n' y a jamais eu de grosses répara
tions aux chaussées. L'entretien des chemins de grande
communication a été constamment assimilé à celui des
routes départementales. Aussitôt qu'une partie de chemin
est terminée, elle est pourvue d 'un ouvrier permanent; elle
est, de plus, chaque année , l'objet d'une fourniture dema
tériaux suffisante ou supposée telle pour réparer l'usure.
Cemode d'entretien, qui exige l'emploi de deux cent-vingt
cantonniers payés 104681 francs, une dépense en maté
riaux de 45 847 francs et des prestations pour une valeur
de 179944 francs , absorbe, comme on le voit, une somme
considérable , 330 472 francs par an, représentant, dans un
moyen département comme le Gers, plus des trois cin
quièmes des ressources spéciales à ces chemins; mais aussi
il supprime les grosses réparations en conservant aux
chaussées les épaisseurs qui leur ont été données ; il assure
au public , dans toutes les circonstances , une viabilité ex
cellente. Il semble coûter cher , et si l'on tient compte des
dépenses de toute nature faites pour l'entretien dans les
départements où l'on ne dote pas annuellement ce service
de ressources suffisantes , on reconnaît qu'en réalité ce
mode est encore le plus économique.
Dans les Hautes-Pyrénées, où l'organisation est la même,
les grosses réparations, pendant la période considérée, ont
été insignifiantes ; leur dépense , répartie sur toute la lon
gueur entretenue, a augmenté le prix moyen de l'entretien
de o .oi seulement.
Pourrait-on comparer l'entretien fait dans ces conditions
à l'entretien pratiqué dans les Landes qui ne revient,
d'après la statistique, argent et prestations tout compris ,
qu'à oʻ. 106 ? (Tableau K , colonne 19 .) Ce prix de oʻ. 106
Annales des P. et Ch . MEMOIRES . – TOME XVIII. 25
378 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
peut-il représenter les dépenses réelles de ce travail lorsque
les matériaux coûtent près de deux fois plusdans les Landas
que dans le Gers et les Hautes-Pyrénées (* ) ; lorsque le
tarif de conversion des prestations et les prix de la main
d'ouvre sont à peu près les mêmes (* *); lorsque enfin l'en .
tretien des chemins d 'intérêt commun et des chemins ordi
naires pendant la même période revient à o '.13 dans les
Landes (* **) , c'est-à--dire un tiers plus cher que sur les che
mins de grande communication ? Évidemment non ; les
deux modes d' entretien ne sont pas comparables, et pour
avoir le prix moyen vrai de l'entretien, il faut y ajouter
les dépenses des grosses réparations.
Nous sommes, du reste , si bien fondé à agir ainsi , que,
dans les comptes rendus présentés au conseil général des
Landes, ces dépenses sont confondues sous le titre d 'entre.
tien , avec cette désignation qui ne laisse aucun doute sur la
manière dont il faut envisager ces dépenses, grosses répa
rations et entretien des parties terminées (* ***) .
Nous avons donc, pour obtenir le prix moyen de l'entre
tien , fait la somme, par département, des dépenses de toute
nature employées à l'entretien (tableau I, colonnes ni à
15), et nous l'avons ensuite divisé par la longueur moyenne
entretenue annuellement pendant la période, longueur dé
duite des colonnes 12 et 25 du tableau J.
Le tableau ci-dessous présente les résultats de ces cal
culs :

(* ) Tableau K , colonne 16 .
(* * ) Tableau D bis, colonnes de 1 à 16 .
(* * *) Tableau L , colonne 14. — Tableau M , colonne 14.
(* ** ) Rapport de M . le préfet des Landes (1867, tableau 1, co
lonnes 6 et 9).
CHEMINS VICINAUX . 379
| 2" TABLEAO. - Chemins de grande communication . - Entretien .
Numéros
statistique
d'ordin

DÉPENSES LONGUER
la

DÉPENSE PRIX MOYO


dans

faites annuelle moyenne


DÉPARTEMENTS. de 1857 à 1861 eu kilometres. de l'entretien
pour travaux par entretence par
d'entretien , département. annnellement. mètre courant

1° Groupe des départements confiés a ' x ingénieurs des ponts et chaussées.


francs. francs. | kilogrammes. francs.
Gers . . : : : : . 1 324 628 .00 254 925.70
65 Pyrénées (Hautes- . . . 702 663.00 140 532.60 L 1034 631.5.0 0 ,256
0 . 222
0 .478
Prix moyen de l'entretien par mètre courant. . . . . . . . . 0 . 239

2° Groupe des départements confiés aux agents voyers..


31 Garonne (Haute-).. . . . 1048 800.00 | 209360.00
852 696 .00
864.5 0 .242
40 Landes. . . . . . . . . . . 170 539 .00 577. 0 0 . 295
47 IPyrénées
Lot- et-Garonne. ..... 826 903.00 165 380.00 691. 0 0 .239
( Basses- ). 871 953.00 174 390 .00 6550 0 .266
82 Tarn -et-Garonne. . . . . ! 340 333.00 6 8 066.00 341 .5 0 .199
1 . 241
Prix moyen de l'entretien par mètre courant. 0 .248

Le rapprochement des moyennes des deux groupes dé


montre encore que les dépenses de l'entretien dans les dé
partements confiés aux ingénieurs est inférieure aux dé
penses de même nature dans les départements confiés aux
agents voyers.
L'ensemble des chemins vicinaux, régis par la loi du
21 mai 1836 , se divise en trois catégories ayant chacune
leurs ressources spéciales et leurs caisses particulières. Ce
sont les chemins de grande communication , les chemins
d'intérêt commun et les chemins ordinaires. Les voies de
communication ont toutes, quoique à des degrés divers,
une très-grande importance ; la prospérité agricole et in
dustrielle d'un pays dépend de leur état de viabilité, de
leur prompt achèvement, et les avantages que nous venons
de signaler en faveur des départements où les ingénieurs
sont chargés de tout le service, seraient bien amoindris
s'ils se restreignaient aux chemins de grande communica
tion ; si les chemins secondaires, parce que leurs travaux
380 MÉMOIRES ET DOCUMENTS
sont plusmodestes et moins attrayants, n'étaientpas aussi
l'objet d'une direction soutenue de leur part. Il reste donc
à démontrer, pour rendre notre preuve complète, que les
chemins d'intérêt commun et les chemins ordinaires sont
construits avec lesmêmes soins, et qu'ils présentent, dans
les prix de revient des travauxneufs etde l'entretien , des
différences analogues à celles quenous venons de mettre en
évidence pour les chemins de grande communication.
(Tous les chiffres compris dans les tableaux qui vont
suivre sont extraits de la statistiqueministérielle, tableaux
L et M , colonnes 5, 13 et 14.)
3* TABLEAU . – Chemins d'intérêt commun. -- Travaux neufs et entretien.
Numéros
od' rdrell
lastatistique

TOTAL
des ressources LONGUEUR PRIX MOYEN DES TRAVAUX
dans
.

DÉPARTEMENTS . affectées en kilometres


à ces chemins 1 des chemins
de classés.
1857 à 1861. Construction. Entretien.

1° Départements confiés aux ingénieurs.


francs. kilom . francs. frados.
32 Gers. . . . . . . . . . . . 307 350 .00 587 3 . 14 0.14
65 Pyrénées (Hautes). . . . 1 242525.00 533 4 .20 0.10
Totaux. . . . 1120 7 . 34 0.24
Moyennes. . . . . . . . . . . . 560 3 .67 0. 12

2° Départements confiés aux agents voyers.


31 Garonne (Haute-).. . . .1 33554076
40 Landes . . . . . . . . . . .
665.00
.00
685
414
4 .52
7 .33
0.168
0.13
47 Lot-et-Garonne. . . . . . 1025 891 00 933 4 .50 0.11
Pyrénées (Basses-).
82 Tarn -et-Garonne. . .. .. .. 277
64 221 903.00 948 3.85 0.15
465.00 476 4 .05 0 .09
Totaux. . . . . . . 3 456 24.25 0.678
Moyennes. . . . . . . . . . . . . 691 4 .85 0.135
CHEMINS VICINAUX, 381
** TABLEAU. — Chemins vicinaux ordinaires. — Travaux neufs et entretien.
.statistique

TOTAL PRIX MOYEN DES TRAVAUX .


des ressources enLONGUEUR
Ja

DÉPARTEMENTS. affectées kilomètres


à ces chemins des chemins
de classés. Construction. Entretien.
1857 à 1861.

1° Déparlements confiés auxkilomingénieurs.


. francs. francs .
francs. 4 998 .37
23.50 0 .05
32 Gers. . . . : 1 379659.00 0 .08
65 Pyrénées (Hautes-). . . .1 782157.00 2811
Totaux. . . . . . . . . . . . . . 7 809 (*) 5 .87 0 .13
Moyennes. . .. . . . . 3 904. 5 2.935 0 .065
20 Départements con pés aux agents voyers.
31 Garonne . (Haute 6718 3.738 0 .05
8410 PLandes. . :. :.e... ).... .. .. .. .1. 1735
l-garronn
eeet-Ga
Lot-
1986 181.00
390.00
1110 027.00 6915
10 183
5 . 99
4 .20
00.. 1013
. .1 1525 274.00 0 .10
82 | Pyrénées ne .-).. .. . . 1251227.00
(Basses 9013 2 .89
Tarn -et-Garon 2 929 2 . 90 0 .054
Totaux . . . . . . 35 758 (" ) 19.718 0 .434
Moyennes. . . . . . . . . . . . 7 151.6 3 .944 0 .087

1 ) Au 31décembre, il ne restaità l'étatdesolnatureldanscesdépartements que 993kilo


de la lalongueur
p. 100 date,
13 même classée. sol naturel dans ces départements était encore
1.mètres,
de(")22969A la kilomètres, c'est-à -dire 64à l'étatde
longueur p. 100 de la longueur classée. (Tableau M , colonne 6.) |
COMPARAISONS ET RÉSULTATS.
Chemins de grande communication.
CONSTRUCTION ENTRETIEN
PERSONNEL .
par mètre courant.
francs. francs. francs.
agents voyers. 40 143 6 .66 0 . 248
Dépenses
Dépenses par
par lesles ingénieurs. . . .. 35 224 5 .06 0.239
0 .009
Différences en faveur des derniers. 4919 1 .60
382 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Chemins d'intérêt commun.

CONSTRUCTION . ENTRETIEN.

francs . francs.
Dépenses par les agents voyers. . . . . . . 4 .85 0 . 135
Dépenses par les ingénieurs. . . . . . 3 .67 0 . 12
Différences en faveur des derniers. . . . . . 1 . 18 0 .015

Chemins vicinaux ordinaires.


CONSTRUCTION ENTRETIEN

francs . francs.
| Dépenses par les agents voyers. . . . . . . 3 . 943 0 .087
2 .935 0 . 065
| Dépenses par les ingénieurs. . . . . .
Différences en faveur des derniers . 1 .008 0 .022

Nous n'avons pas l'intention de prouver par ces compa


raisons que les différences obtenues en faveur du groupedes
départements , confiés aux ponts etchaussées, constituentdes
économies rigoureusement mathématiques. Mais on voudra
bien ne pas perdre de vue que nous répondons à un re
proche, et qu'il nous suffit, pour demeurer dans les limites
du cadre que nous nous sommes tracé, de démontrer que
ce reproche n'est fondé sur aucune des données fournies
par la statistique officielle.
Dans cet ordre d'idées, les résultats ci-dessus sont trop
significatifs pour avoir besoin de commentaires ; nous nous
bornerons simplement à faire remarquer que les prix qui
les ont fournis sont tous extraits de documents officiels; de
plus, que dans la formation de ces prix , il a été tenu
compte de la valeur des journées, du prix de la main
d'auvre et des matériaux, du cube des terrassements , de
l'épaisseur et de la largeur des chaussées, puisquec'est au
moyen de ces éléments divers que les prix de la statistique
CHEMINS VICINAUX. 383
sont composés. Toutefois, pour qu'on n'essaye pas d'attri
buer les différences sensibles que nous avons constatées à
cemotif, que les prix moyens desjournéesde prestations et
desjournées salariées sont moins élevés dans les départe
ments où le service est fait par les ingénieurs, nous avons
réuni dans les tableaux ci-après les prix de ces journées
dans les deux groupes des départements que nous avons
considérés.
5e TABLEAU (*).
Numéros

divers
lastatistique

journée
.pourprix
d'ordre

ces
de
VALEUR
arrêté parD 'APRÈS LE TARIF
générauxDEdesCONVERSION

une
les conseils journées

Total
h.d' ommes
dans
.

chevaux

mulets

DÉPARTEMENTS.
vaches
de voitures
a'd. nes

.b@ufs
.

.
de
op

de
de

2 roues. 4 roues.

1° Départements confiés aux ingénieurs.


francs. francs. francs. francs. francs. francs. francs. francs. | francs.
Gers. . . . . . . . 1.00 1.00 1.00 | 0 .75 1 .00 0 75 | 0 .50 0 .50 I 6 .50
65 Pyrénées (Hautes- 1.00 1.50 1.50 0.50 1.000 75 0.50 1.00 7. 75
Totaux. . . 2.00 2.50 2 .50 1. 25 2.00 | 1.50 1.00 11.50 14.25
Moyennes. | 1. 00 11.25 | 1.25 0.625 1.00 10.75 0.50 0.75 | 7,125
2º Déparlements confiés aux agents voyers.
31 Garonne (Haule). . 1.00 1.00 1.00
Landes. . . . . . . . 1 . 10 11. 10 1.00
, 11.00 1.00 0 .50 0 . 50 68 .00
1.00 1 .00 1 .00 11.00 1 .00 .20
Lot-et-G
Pyrénées aronne.
(Basses )!| 1.25
1.10 0 .75 0 .75
1 .10 0 .65
0 . 30 0 .75 0 .75 0 .75 0 .75 6 .05
0 .65 0 .65 0 .65 0 .92 0 .92 6 .64
Tarn -et-Garonne. 1.00 1 .25 0 .90 0 .50 0 .90 0 .90 0 .50 5 .95
Totaux . . . 5 .45 5 .20 4.30 1 2 45 4.304 30 3 .67 13.17 | 32.84
Moyennes. . 1 1.091 1.04 1 0 .86 0 .612 | 0 .86 10.86 0 .734 | 0 .792 6 .848
(") Les chiffres de ce tableau sont extraitsdu tableau D bis, colonnes de 1 à 8.
584 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Numéros
.lastatistique
6° TABLEAU (").

ces rir
d'ordre

VALEUR MOVENNE DU TRAVAIL SALARIÉ

divers
dans les départements, en journées

Total
de
.d'hommes
dans

chevaux

vaches
DÉPARTEMENTS.

mulets
de voitures

.d'ànes

.b@ufs
dc
.

de
.
.
de
de
2 roues. roues.

1° Déparlements confiés aux ingénieurs.


francs. francs. francs. \francs. (francs. franc francs . (rapes. frana
Gers . . . . . . . . . 1 .60 ! 2 .75 2 .65
1.60 1 . 20 1 .00 0 .60 0 .70 12.10
Pyrénées (Hautes-,| 1.70 | 3. 30 1.00 1.70 1. 25 0 .90 11. 40 14.55
Totaux. . . . 3.30 | 0 .05 | 5 .95 | 2 .00 | 3 . 30 2 .45 1 .50 2.10 26 .65
Moyennes. .1 1.65 3.025 | 2.9751 1.00 11.65 11.225 0 .75 1 .05 113.32
2º D parlements confiés aux agents royers.
31 Garonne (Haute- ). 1 1. 25 3.00 2 .50 11.50 1. 20 11.50 1 .50 12.45
40 2 .00
2.00 11.00 1.1.5025 1.25 2.00 13.00
47 Landes. . . . . . . 1.50
Lot - et- Garonne . . 1.75
23 .00
.00 3 .00 1.00 1 .00 0 .75 0 .75 12.75
énées (Basses. | 1.50 0 .80 8.60
82 Pyr
64 0 .80
1.50 42.50 1.00 1 .00 1.00 11.00 14.50
Tarn-et-Garonne.. .00 2 .00 1 .503 .00 1.00
1 .50
Totaux . . . . 7 .50 14 .50 11.50
1 5 .91 6.55
72 . 25 5.9 3.0; 62.39
4 .00
Moyennes. L 1.50 2.90 2 .30 1 .00 11. 45 1.19 11.31 1.262 12.911
(*) Les chiffres de ce tableau sontextraits du tableau D bis, colonnes de 9 à 16.
De l'examen de ces tableauxilressortdonc que les prix
des journées de prestations ou des journées salariées sont
plus élevées dans les départements où le service est fait par
les ingénieurs, et que si dans ces départements on fait les
cheminsà moindres frais, ce n'est pas parce que la presta
tion en nature et la main -d'æuvre coûtentmoins cher.
Les résultats que nous venons de constater pour les sept
départements du sud -ouest confirment donc les résultats
que M . l'ingénieur en chef de la Mayenneavait faitressor
tir dans sa notice pour les quinze départements du nord
ouest de la France, et ilnous paraît impossible que des
faits qui se reproduisent avec une pareille uniformité sur
des points si éloignés puissent être considérés comme une
illusion de statistique; cependant, pour qu'on nepuisse les
attribuer à la manière dont nous avons groupé les chiffres,
nous allons faire voir qu'en 1861 on pouvait constater des
résultats identiques pour tout l'empire.
CHEMINS VICINAUX . 385
Ne pouvant comparer que des choses de même nature,
nousavons pris dans le rapport de M . le ministre de l'in
térieur du 18 juin 1863 , page 48 , les pomsdes huit dépar
tements dans lesquels les ingénieurs sont chargés des
chemins vicinaux des trois catégories ; ce sont : les Côtes
du-Nord, Eure -et-Loir, le Gers, la Mayenne, le Morbihan,
l'Oise , les Hautes -Pyrénées et Seine-et-Marne; avec les
chiffres des dépenses inscrits , en regard de chacun d 'eux ,
dans les colonnes de la statistique que nous avons eu le soin
d'indiquer , nous avons d'abord formé des tableaux sem
blablables à ceux qui s'appliquent, au début de cette note ,
à la région du sud-ouest , nous en avons fait les totaux et
déduit les moyennes. Ensuite , après avoir ajouté à ces to
taux partiels les chiffres relatifs au départementde la Seine,
qui doit être mis à l'écart, parce que les travaux qui s' y
exécutent n 'ont rien de commun ni de comparable avec les
travaux des chemins vicinaux des autres départements et
aussi parce qu 'on n 'y fait presque pas emploi des presta
tions, nous les avons retranchés des totaux généraux qui
se trouvent à la fin de chaque tableau statistique au -dessous
des dépenses que nousavons comparées ; et puis enfin , du
reste , nous avons déduit les moyennes qui se rapportent
aux quatre -vingts départements dans lesquels les agents
voyers sont, à part de très-rares exceptions, pour les che
mins de grande commuuication , chargés de tout le service
* de la vicinalité .
386 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Chemins de grunde communication. - Personnel et travaux neufs.
Période de 1857 à 1861.
Numéros
lastatistique

TOTAL
d'ordre

DÉPEXSES
du personnel des faitesdépenses LONGUEUR PRIX YOYEN
DÉSIGNATION de sur les chemins' cheminsdesclassés.) métre parcourant
dans
.

la vicinalité de grande par de


pendant
les cinq années. communica tion département. tra Taux neufs.
des départements. pendant
Tabl. G , col. 19, les cloq années. Tabl. d, col. 6. Tabl. &, col. 11.1
Tabl. I,col.15.
1° Départements confiés aux ingénieurs.
Cotes-du -Nord . . .
francs.
271 854.00
francs. .
2114 430 .00
kilom ,
1 290
Irancs
3. 92
Eure-et-Loir. . . . . . 182 916 .00 2 452313.00 1 327 5 .09
32 Gers. . . . . . . . .
Mayenne. . .
227686 .00
153 800 .00
2069 704.00
2 397 832.00
1 506
889
5 . 12
4.97
Morbihan . . . . . 247 348.00 2 419 697.00 1098 6 .65
Oise . • 353600 .00 1 583 992.00 558 7.55
Pyrénées (Hautes-). . . . 124 559.00 1 395 593 00 818 5 .00
77 Seine- et-Marne, . . . . . 446 850 .00 6691 159.00 2 128 1. 83
Totaux. . . . . . . . . 2008613.00 21124 720 .00 9615 46 .13
Moyennesannuelles. 502.15 528 118 .00 1 201. 7 5.766

Tous les départements de la


20 Départements confiés auic agents voyers.
634.598
A déduire les totaux ci-dessus 22078995 .00 178236 863.00
France. . . . . . . . . . . . . . 79 798
augmentés des chiffres rela
tifsau départementdela Seine. 2032 715.00 | 24 179898.00 9719 143.13
Reste pour les autres quatre 491.468
vingts départements. . . . . . 20046 280.00 1154056 065.00 70079
Moyennes annuelles.) 50115.00 385 142.00 816 6 .143

La recherche du prix de revient de l'entretien par le


moyen employé pour les sept départements du sud-ouest
eût exigé des calculs très-longs et un tableau comprenant
les quatre-vingt-huit départements. Nous y avons renoncé
après nous êtreassuré, par un calcul sommaire, que la dé
pense de ce travail par les deux services est la même à
quelques millièmes près.
CHEMINS VICINAUX. 387
Chemins d'intérêt commun. - Construction et entretien .
sosoosphundop
.slatatistique

TOTAL
des ressources LONGUEUR PRIX MOYEN DES TRAVAUX.
dang

DÉPARTEMENTS. affectées en kilomètres


à ces chemias des chemins
do classés . Construction. Entretien .
1867 à 1861.

10 Départements confiés auxkilomingénieurs.


. francs. francs.
francs. 0 .114
Cotes-du-Nord.
|Eure
. . . . . . 11 026
- et- Loir . . . .
849.00
202512.00
1012
951
3 .57
3 .94 0 .13
Gers . . . . . . . . . . . 709 8 12.00 587 3 . 14 0 .14
Mayenne 4 .64 0 .19
Morbiban. . . . . . . . .
... . . . .
56 800 .00
263 351.00
182
278 4 .47 0 . 18
0 .31
Oise . . . . . . . . . , 2315 254.00 867 4 .65
4 .20 0 .10
Pyrénées (Hautes-). . . 215 877.00 533
Seine- et-Marne (*). . . .
Totaux, . . . . . . . 5 790 458. 00 4410 28 ,71 1 .164
Moyennes. . . . . . . 165 442.00 630 4 .087 0 .166
2° Départements confès aux agents voyers.415 587 16 . 661
AToute la France
déduire (**). .ci-dessus.]
les totaux . . . . . 855790
772 796.00
458.00 1 73670
4410 28 .61 1 .164
15 .497
Reste . . . . . . . . . . 79982 338.00 69 260 386 .977
Moyennes. . . . . . 199 956 .00 876 5 .025 0 .204

La Seine-
(**) Les et-Marneetlaet Haute-Savoie
Basses-Alpes pas de donné
la Seine n 'ontn'ontpas cheminsde résultats commun.
d'intérêt pour la construction
et l'entretien . De même la Corse pour l'entretien ,
388 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Cheminsricinaux ordinaires. — Entretien et construction. .
Numéros
lastatistique
d'ordre

TOTAL
des ressources LONGUEUR PRIX MOYEN DES TRAVAUX
dans
.

DÉPARTEMENTS. affectées en kilomètres


à ces dechemins des chemins
classés. Construction. Entretien
1857 à 1861.
1° Départements conſés aux ingénieurs.
francs. kilom franos. francs
Coles- du -Nord. . . 3 .94 0.10
Eure-et-Loir.. . . . . . . 11 622
Gers. . . . . . . . . .
751 800 .00
075.00
379659.00
2 808
2271
4998
2 . 31
2 . 37
0.10
0.05
Mayenne
53 Morbihan. .. .. .. .. .. .. .. .. 1415732.00 1973 3 . 40 0 . 15
1 275 815.00 2816 4 .04 0 . 17
Oise . . . . . . 3 782
799 211.00 5 578 4 .28 0 . 19
Pyrénées (Haules-). . . 2812 157.00 2811 3 .50 0.08
0. 19
Seine-el-Marne. . . . . . 384.00 1875 3 .62
Totaux. . . . . . 13838833.00 25 130 27. 46 3
Moyennes. . . . 345 971. 00 3121 3 . 43 0 .128

2° Départements confės aux382657


agents voyers.
AToute la France (*). . . 57 338 245.00 291.703 12.232
déduire les lotaur
plus la Seine, . . . ci-dessus,
. . . . . . 15173 445.00 25 428 29 .784 1.15
Reste. . . . . . . . . 112 164 $00 .00 357 229 261.919 11.132
Moyennes. . . . . . 355 412,00 4 522 3 . 358 0.114
(*) Lesdedeur
I tretien cettedépartements de la Savoie
période. De même la Corsen 'ontpas de résultatsseulement.
pour l'entretien pour la construction et l'en

DIFFÉRENCES RÉSULTANT DES COMPARAISONS


faites sur l'ensemble duservice dans toute la France pendant la période
de 1857 à 1861.

Chemins de grande communication.


PERSONNEL TIOX .
par département. CONSTRUC
francs. francs.
Dépenses par les agents voyers. . . . . . . . . 50 115 .00 6 .143
5 .766
Dépenses par les ingénieurs). . . 45 437.00
Différences en faveur des derniers. . . . . . 4678.00 0.371
CHEMINS VICINAUX. 389
Chemins d'intérêt commun.

CONSTRUCTION . ENTRETIEN .

francs. francs.
Dépenses par les agents voyers. . . . . . . 5.025 0 .204
Dépenses par les ingénieurs. . . . . . . . . . . 4 .087 0 . 166
Différence en faveur des derniers. . . . . . 0 . 938 0 .038

Chemins vicinaux ordinaires.

CONSTRUCTION . ENTRETIEN .

francs. francs.
Dépenses par les agents voyers. . . . 3 . 358 0 .144
Dépenses par les ingenieurs. . . . . . 3 .43 0 .128
Différence en faveur des agents voyers. . . 0 .072
0 .016
Différence en faveur des ingénieurs. . . . .

Période quinquennale de 1868 à 1867.


J'ai fait pour la période de 1862 à 1867, en commençant
parles départements du sud-ouest de la France, des rap
prochements semblables à ceux de la période précédente,
avec cette différence seulement que la direction du ser
vicevicinaldu départementdesBasses-Pyrénées étant passé
aux ponts et chaussées, ce département fait partie du pre
mier groupe qui comprend alors trois départements , tandis
quele deuxième groupe n'en comprend plus que quatre.
390Chemins MÉMOIRES ET DOCUMENTS ,
de grande communication. — Personnel et travaux neufs.
'odNuméros
statistique

TOTAL
des dépenses
rdre

TOTAL faites LONGUEUR PRIX MOYEN


DÉSIGNATION du personnel des
sur les chemins chemins par
métre eonral
.la
dans

de la vicinalité de grande classés


des pendant communication départ parement tratau bent .
les cinq ans. pendant .
départements. Tabl. G, col. 16. les cinq ans. Tabl. J, col. 6. Tabl. ,col. 17.
Tabl. I,col. 18.

1° Groupe des départements confiés aux ingénieurs deskilogrammes.


ponts etchaussées.francs.
francs. francs. 5.80
Gers. . . . . . 266 714.00 2642600 .00 1 524
851 1.53
Pyrénées (Basses-). . 291 901.00 1831641.00 832 5 .32
Pyrénées (Hautes -).. 171 137.00 1127972.00 15.65
3 207
Totaux. . . . 729 752.00 5602 213.00
1 069
JMoyennes annuelles. 48750.00 373 481.00 5.22
Prix moyen des travaux neufs. .
20Groupe des déparlements placés sous la direction des agents voyers.
31 Garonne
40
(Haute -). 1. 330 131.00
Landes. . . . . . . . 222 900 .00
2037 549 .00
1916 516 .00
1 022
874 $.18
808 5 .25
47 Lot- el-Garonne. . . 259 788.00 1 867 406 .00 396 6.22
82 Tarn-et-Garonne, . . 178 250 .00 679 934.00 21. 40
Totaux. . . . 991069.00 6 501 405.00 3 100
Moyennes annuelles.) 49553 .00 | 325070 .00 775
I Prix moyen des travaux neuſs... . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.85
Pour avoir le prix moyen de l'entretien nous avons,
comme dans la période précédente , divisé les dépenses
totales de l'entretien par la longueur entretenue . Cette ma
nière de procéder qui repose sur des données indiscutables
est la seule qui puisse conduire à un résultat vraiparce que,
dans le département des Landes, par exemple , le prix de
0',13 porté à la colonne 19 du tableau K , ne peut repré
senter l'entretien des chemins de grande communication
alors que pour les simples chemins vicinaux , cette dépense
pendant la même période est portée à oʻ,27 (tableau M ,
colonne 14), alors surtout que M . l'agent voyer chef,dans
ses rapports au conseil général (*) accuse un prix de re
vient quise rapproche beaucoup du chiffre denotre tableau.
| 1867. - Page 340, tableau 1, colonnes
(*) Rapports de M . le préfet des Landes. 6 el- 9.Page
1868. 317,setablea
Dépen . 0'.35.s
. . . .u .1,. .colonne
6 et 9. Dépense. . . . . . . . 0.32.
CHEMINS VICINAUX. 391
Chemins de grande communication . — Entretien.
lastatistiques
Kuméros

LOXOUHR
d'onde,

moyenne
DÉPENSES en kilometres .
dans !

faites DÉPENSE entretenue MIX WOTEX


DEPARTEMENTS. de 1862 à 1867, annuelle annuellement, de
par l'entretien
Tabl. 1. département. Tableau J. par
col, de 11 à 14. (Différence notre courant
entre
les col, 12 et 28.)

1° Groupe des départements


francs.
confiés auxfrancs.
ingénieurs deskilomponts, et chaussées.
frapcs.
Gers. . . . . . . . . . 1652359.00 330 472.00 1255 .00 0 . 263
Pyrénées (Basses-).. 621028.00
Pyrénées (Hautes-).. 848 116 .00 169 623.00
124 205,00
725. 5
674. 5
0 . 233
0 .23 )
0 .726
Prix moyen de l'entretien par mètre courant. . . . 0 . 242
2° Groupe des départements confiés aux agents coyers.
3110 Garonne
La nde .(H.aute). . | 1 173449.00 234 690.00 949.0 0 .247
Landes. . . . . . 1 290 491.00
Lot-et-Garonne. . . . 1002 109.00
258 422.09
200 098.00 (**) 569. 0
768. 0
0 . 353
0 .261
Tarn -et-Garonne. . . 379 263.00 75 852.00 367.5 0 .206
1 .067
Prixmoyen de l'entretien parmètre courant.. . . . .. 0 .261
( ) C'estcette
par colonne,
erreur,nous
parceen qu'en
avonsdivisaulia
acquisla dépense
certitude,annuelle
que le par
chiffre de 0.23 figure
la longueur dans
entretenue,
ontenirne compte
trouve des
que grosses
0 . 184. Cependant,
réparations
nous avons maintenu le chiffre de 0 .23 pour
(**) Il fautterrassées.
retrancher de ce chiffre 58.000 francs environ, dépensés à l'entretien desparties
392 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Chemins d'intérêtcommun. – Travaux neufs et entretien (1).
'odNoméros
.lastatistique
rdre

TOTAL PRIX MOYEN DES TRAVAUX.


des ressources endesLONGUEUR
kilomètres
dans

DÉPARTEMENTS . affectées chemins


à ces chemins classées. Construction. Entretien
de 1862 à 1867
Colonne 5. Cologne 2. Colonne 13. Coloane 16.

aux ingénieurs.francs.
10 Déparlements confiéskilomètres. frada .
francs.
903739.00 712.0 5 .100 0.140
643265 Gers.
Pyrénées :.:.:
. . .(Basses-)..
Pyrénées (Hautes-). . / 795702.00
948275.00 1041.0
651.0
1 .480
7 .010
0. 142
0.160
Totaux. . . . . . . . . 2404.0 13.590 0.442
Moyennes. . . . . . . . . 801.0 4 .530 0.147
aux agents voyers.
2° Départements confiéskilomètres. francs. francs
Garonne (Haute-).. . 1051661.00 775.0 260
5.7 .620 0 .160
Landes. . . . . . . . 475 358.00 330.0 0.192
0.170
8247 Lot-et-
Garonne. . . . 1670075 .00 983. 0 5 .250 0 .110
Tarn-el-Garonne. . .) 740942.00 494.0 6 .050
Totaux. . . . . . . . 2582.0 24.180 0.6322
Moyennes. . . . . . . 645 . 5 6.045 0.158
(1) Tous les chiffres dece tableau sont extraits du tableau L .
Chemins vicinaux ordinaires. — Travaux neufs et entretien (1).
'odNuméros
.lastatistique
rdro

TOTAL
desaffectées
ressources LONGUEUR PRIX MOYEN DES TRAVAUX.
en kilomètres
dans

DÉPARTEMENTS, à ces chemins des chemins Construction. Entretien


de 1861 à 1867. classés,
Colonne 2. Colonne 13, Colonde 14.
Colonne 5.

1° Départements
francs.
aux ingénicurs.trados.
confiéskilomètres. francs.
32 Gers. . : : : . . . . 1 509 856 5 156 . 0 2.96 0.057
0.100
(Basses-). . 1 629
Pyrénées (Hautes-).. 8 935.0 1 .31
6564 Pyrénées 310 878
862
Totaux . . . . . . . .
2 879.0
16 970.0
333
7 .60
0.060
0.217
Moyennes. 5656.6 2 .53 0.072
2° Départements confiés aux agents voyers. 0.05
3140 Garonne (H aule
Landes, . . . -).. . 2059 316 1 66 909.
1 176 215 750.00 3.86
5 .08 0.270
Lot-et-Garonne . . . 2015 603 3937 .0 10.100
Tarn -et-Garonne. . 1 595 179 2 997.0 2.59 0,065
Totaux . . . . . . 20 593. 0 15.97 0.515
Moyennes. . . . . 5148.0 3.99 0 .129
(1) Tous les chiffresdece lableau sont extraits du tableau M .
CHEMINS VICINAUX. 393
COMPARAISONS ET LTATS .

Cheminsde grande communication .


PERSONNEL
par département. CONSTRUCTION. INTRETIEN.
francs . francs . francs.
peases par les agents voyers. . . . . . . . . . 49 553 0 .85 0 . 267
penses par les ingénieurs. . . . . . . . . . . . 48 750 5 . 15 0 . 242
Différence. . . 803 1 . 70 0 .025

Chemins d'intérêt commun.


CONSTRUCTION. ENTRETIEN.

francs . francs .
lenses par les agents vovers. 6 .045 0 .158
Euses par les ingénieurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 .530 0 . 147
Differences. . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.515 0 .011

Chemins vicinaux ordinaires.


CONSTRUCTION EXTRETIEN .

francs. francs.
Detases par les agents voyers. . . . . . . 3 .99
2 .53
0 . 129
0 .072
kuses par les ingénieurs. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Différences. . . . . . . . . . . . . 1. 46 0 .01

Les différences qui résultent de ces comparaisons entre


les départements du sud -ouest de la France démontrent
que les avantages constatés pendant la période de 1857 å
1862 en faveur des départements où le service est confié
aux ponts et chaussées se maintiennent ou font ressortir
des différences plus grandes encore dans les frais de la
construction , pendantla périodede 1862 à 1867. Des ré
sultats contraires auraient dû se produire par l'adjonction
d'un nouveau département dans le premier groupe, si,
Annalesdes P. et Ch. MÉMOIRES, – TOME xvII.
394 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
comme on l'a prétendu, les agents voyers construisaient
plus économiquement que les ingénieurs.
Pour qu'on ne puisse pas nous reprocher d'avoir laissé
en oubli dans cette seconde période un des arguments que
nous avons fait valoir pour raffermir les résultats constatés
dans la première, nous allons donner aussi les tableaux
concernant les tarifs de conversion adoptés par les conseils
généraux et la valeur moyenne du travail salarié dans les
départements considérés.
od' rdre os

journée
divors
lastatistique
Numér

prix
.pour
cos
do
une
VALEUR D 'APRÈS LE TARIF DE CONVERSION
arrêté par les conseils générauxdesjournées (*)

Total
.d'hommes
dans
.

chevaux

malels

DÉPARTEMENTS.

vaches
boeufs
de voitures
â'd. nes
.

de

de
.
op
de

.
.
2 roues. roues.

1° Départements confiés aux ingénieurs.


franos. francs. francs. francs. francs. Ifrancs. | francs. 1 francs. francs.
Gers. . . . . . . . 1.250 1.250 1. 250 0 .750 1. 250 0 .750 0.500 7.500
Pyrénées (Basses-) ) 1 .100 1. 100 ] 0 .6501 0 .650 ] 0 .6501 0 .6501 0 .820 0 .820 6.440
Pyrénées (Hautes.) ) 1.000 1.500 1.500 0 .500 1.000 ] 0 .750 0 .500 1.000 7.750
Totaux, . . . . 3.350 3.850 3.400 1.900 2.900 2.150 1.820 2.320 21.690
Moyennes. . . .. 1.116 1.283 1.133 0.633 0.966 0.716 0.606 0.773 | 9.230
20 Départements confiés aux agents voyers.
31 Garonne (Haute ). . 1.000 1.000 1.0001 » | 1.000 1.0001 0 .500 0.500 6.000
40 Landes. . . . . . . 1.2001 1 .200 1.200 1.200 1.2001 1.2001 1.200 1. 200 9.600
47 Lol-el-Garonne.. 1.500 0.750 0 .750 0 .300 ] 0 .750 0 .750 0 .750 0 .750 6.300
82 Tarn -et-Garonne . ' 1.000 1.250 0.900 0.500 0. 900 0.900 0.500 0 .500 6.450
Totaux. . . . . 4,700 4.2001 3.850 2.000 3.850 3.850 2.950 2.950 28.350
Moyennes. . . . 1.175 1.0501 0.962 0.6661 0.962 0.962 0.737 | 0.737 | 2.087
I (1) Tous les chiffres de ce tableau sont extraits du tableau D bis colonnes de 1 à 8.
CHEMINS VICINAUX. 395
Numéros
lastatistique

divers
Total
journée
prix
d'ordre

ces
de
pour
VALEUR MOYENNE DU TRAVAIL SALARIÉ

une
dans les départements, en journées (*)
h'd. ommes

.
dans
.

chevaux

mulets

vaches
DÉPARTEMENTS.

beufs
de voitures

âd'. nes
.

de

.
do

de
.
op
7 roues. 4 rones.

1° Départements confiés aux ingénieurs.


STA R 3 francs, francs. francs. francs. francs. | francs. francs. francs. francs.
Gers. . . . . . . . . . 1 .70 2 .90 2.70 100 1.60 1 .20 0 .60 0 .70 | 12.40
Pyrénées (Basses-). . 1.50 1.75 1.20 11. 20 1 . 20 11 .. 3020 1 .351 1 .35
. 35 10 . 75
Pyrénées (Hautes-). . 1.80 3.50 3.50 11. 051 .80 0 .95 1.50 15.40
Totaux. . . . . . . 5 .00 8 . 15 7 .40 3 . 25 4 .60 3.70 2.90 3.55 38.55
Moyennes. . . . . 6866 2 .7161 2 .40 6 1 .08 1 .533 1.233 0 . 966 1.183 12.85
2° Départements confiés aux agents voyers.
31 Garonne (Haute-). . .| 1.50
Landes. . . . . . . 2.00
3 .00 2 .50 | 1 .50 11. 20 1 .50 1.50 12.70
Lot-et-Garonne. . . . 2.25 3.00 1. 50
3.00 3 .00
1.00 1.25 1.25
1.00 11.50 1 .00
2.00
0 . 75
2 .00 14.00
1 .00 13.50
82 | Tarn -et-Garonne. . .| 1.50 5 .00 3 . 50 1 .00 2 .50 12.00 1 .50 17 .00
Totaur. . . . . . . 7.25 | 10.50 3 .00 6 .75 | 5 .45 5 .75 4 .50 57.20
Moyennes. . . . . 1.813 3 .50 2 .623 1 .00
1.688 1.362 1.137 1.50 14.30
1 .688 1 . 362 14. 30

© Tousles chiffres de ce tableau sont extraits du tableau D bis, colonnes de 9 à 16.


De l'examen de ces tableaux il ressort que si les tarifs de
conversion sont plus élevés dans les départements confiés
aux ingénieurs, la valeur moyenne du travail salarié est
plus élevée danslesdépartements confiés aux agents voyers.
La différence entre cette valeurdes deux groupes n'est pas
très-sensible. Mais si l'on considère que dans nos départe
ments agricoles la prestation est seule, à peu près,employée
pour les transports, que l'on ne fait usage des transports å
prix d'argent que dans de très-rares exceptions et qu'enfin
la somme employée en prestations entre dans les dépenses
totalesdes travaux de ces septdépartements pourun chiffre
bien supérieur à la valeur des journées salariées (*), on
admettra sans peine que les prix de la main-d'oeuvre ont
été au moins égaux dans les deux groupes pendant la pé
(*) Tableau G, colonnes 3 et7.
396 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
riodede 1862 à 1867etn'ont pu, dès lors, avoir d'influence
sur les résultats.
Il ne nous reste plus, pour terminer cette note, qu'à re
chercher, commenousl'avons fait pourla premièrepériode,
si les dépenses de la construction et de l'entretien des che
mins vicinaux de tous les ordres dans les départements où
toutle service vicinal est confié à l'administration des ponts
et chaussées sont supérieures aux dépensesmoyennes des
mêmes travaux dans les autres départements de la France
où ce service estdirigépar les agents voyers.
Chemins de grande communication . — Personnel et travaux neufs.
Numéros
la. tique

TOTAL
d'ordre

DÉPENSE LONGUECR PRII POTEN


du personnel des faitesdépenses
statis

des per
DÉSIGNATION de sur les chemins
dans

la vicinalité de grande chemins classes mètre counst


pendant par des
dos départomonts. les cinq années. communication
pendant département travauxnens.
les cinq ans.
Tabl.G ,col.16. Tabl. I,col. 15. Tabl. d. col. 6. Tabl. I,col. 1

1° Déparlements confiés aux ingénieurs.


francs. francs. kilom . francs.
22 Cotes-du -Nord . . . .
Eure - et-Loir . . . . . .
304 032.00
230 818 .00
2 560 360 .00
2 612 533.00
1 352
1 317
5.09
4.50
Gers. . . . . . . . . . . 266 714.00 2642600 .00 1 524 5.80
53 Mayenne. . . . . . . . 182 729.00 2 503039.00 889 5.00
60 Oise . . . . . . . . . . 356 480 .00 3 504 997.00 1646
1.53
64 Pyrénées (Basses-). . . 291 901.00 1 831 641.00 851
Pyrénées
6577 Seine- Hautes-).. .
et- Marne. . . .
171 137.00
538 910 .00
1 127 972.00
8213 509.00
832
2192 6.61
Totaux. . . . . 2312 721.00 24 996 651.00 10 803
Moyennes. . . . . . 58 568.00 624916.00 1 350 5.52

20 Départements confiés aux agents voyers.


Tous les départements de la 83 340 750.84
France.
deduire: les: : totaux
Aaugmentésdes : : : : ci-dessus
: : : : : :| 27375 205.00 (199667 302.00
chiffres relatifs 202.11
au départementde la Seine. . 2 01 796.00 30 759 423.00 10952
Reste pour les autres 80 dépar
tements , . . . . . . . . . . . . 24 773 409.00 168 907879.00 72 388 548.61
Moyennes. . . . . . 61932.00 442270.00 905 6.858

Le prixmoyen de l'entretien des chemins de grandecom


munication dans les huit départements ci-dessus s'élève à
CHEMINS VICINAUX. 397
o'.31 parmètre courant. En faisanttoujours abstraction du
département de la Seine, qui ne doit figurer dans aucun
groupe pour les motifs que nous avons déjà indiqués, on
trouve que la moyenne de ce prix dépasse o'.32 pour tous
les autres départements de la France.
Chemins d'intérêt commun . – Entretien et construction ( ).
Numéros
-danslastatistique
od' rdre

TOTAL PRIX MOYEN DES TRAVAUX.


ressources enLONGUEUR
desaffectées kilomètres
.

DÉPARTEVENTS. à ces chemins des chemins


de
1862 à 1867.
classés. Construction. Entretien .
Colonne 5. Colonno 2. Cologne 13. Colonne 16.
1° Déparlements
francs.
confiés auxkilomingénieurs.
. francs. francs .
Côtes-du-Nord.
Eure - et-Loir . . . .. .. .. .. 2026
1 514 576 .00
592.00 1 260
1 003
3 .90
3 .34
0 .15
0 . 22
Gers . . . . . . . . . . . . 903739 00 712 5 .10 0 . 14
Mayenne . . . . . . . . . 373 163.00 277 5 .15 0 .25
Oise . . . . . . . . . 1118 723.00 15 2.00 0 .53
Pyrénées (Basses- ) . 795 702.00 1041 1 .48 0 .142
Pyrénées (Hautes - ). 948 275.00 651 7 .01 0 . 16
I Seine-et-Marne. . .
Tolaus. . . . . 7680 770 .00 4959 27.98 1 .392
Moyennes. . . . . . 219 450 .00 708 4 .00 0 .227

20 Départements conſés aux agents voyers.


Toole la France. . . . . . . . . 135603576 .00 L 315
824959 464.09 18 . 302
A déduire les totaux ci-dessus. 7680 770 .00 27.98 1.592
Resle. . . . . . . . . 127922806.00 77 356 436 .11 16 .710
Moyennes. . . . . . 319807.00 967 5 .451 0 . 209

1 Tous les chiffres de ce tableau sont extraits du tableau L .


598 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Chemins vicinaux ordinaires. - Entretien et construetion .
Numéros
lastatistique
d'ordre

des TOTAL
ressources enLONGUEUR
kilomètres
PRIX MOYEN DES TRAVAUX
affectées
dang
.

DÉPARTEMENTS. à ces chemins des chemins


de classés. Construction . Entretien.
1862 à 1867.
Colonae 5. Colonne 2. Colonne 13. 1 Colonne 16.

1° Départements confiés aux ingénieurs. francs.


francs. kilom . francs.
22 Cotes-du-Nord.
Eure- et-Loir. .. .. .. .. .. ..
1747922.00 2 800 3 .85
2 .08
0 .10
0 .10
2832 Gers. ..........
891 371,00
1 509856 .00
2414
5 156 2 .96 0.0572
53 Oise . . . . . . . . . . . . . 4417 721.00
60
Mayenne. . . . . . . . . 1 689
956 .00
2028
5 668
3 .90
1 .24
0 .18
00 ..187
nées (Basses -). . . . 1 310 878.00 8935 1 . 31 10
65 Pyré
Pyrénées (Hautes-).. . . 629 862.00 2879 3 .33
3 .15
0 .06
77 Seine-et-Marne, . . . . . 2873 744 00 2 136 0 .22
Totaux. . . . . . . . . 15071 310.00 32016 24.82 1.0042
Moyennes. . . . . . . 376 783.00 4 002 3.102 0.1255
2° Départements confiésaux agents voyers. 12.1306
AToute la France
déduire . . . . . . . . .1176 704433.00
les totaux
plus la Seine. . . . ci-dessus,
. . . . . . 17 424 422.00
360125
32336
1 358.5816
61.82 1.6042
Resle. . . . . . . . . 159 280011.00 327 789 1 298.7616 10.5264
Moyennes . . . . . . 398 200.00 4 097 3 . 70 0.131
1 (*) Tous les chiffres dece tableau sontextraits du tableau M ,
DIFFÉRENCES RÉSULTANT DES COMPARAISONS FAITES SUR L'ENSEMBLE DO SERVICE
DANS TOUTE LA FRANCE PENDANT LA PÉRIODE DE 1862 A 1867.

Cheminsde grande communication.


PERSONNEL CONSTRUCTION .
par département.
francs. francs.
Dépenses par les agents voyers . . . 61932 .8580
65.52
Dépenses par les ingénieurs.. . . . . . . . . . . . . . . 58 568
1.338
Différence en faveur des derniers. . . . . . 3364
CHEMINS VICINAUX. 399
Chemins d'intérêt commun .

CONSTRUCTION . ENTRETIEN .

francs. francs.
5 .451 0 .209
Depenses par les agents voyers. . . . . . . . . . . . . . . 4 .000 0 . 227
Dépenses par les ingénieurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
0 .018
Différence en faveur des agents voyers. . . . . 1. 451
Différence en faveur des ingénieurs.. . . . . .||
Chemins vicinaux ordinaires.
CONSTRUCTION ENTRETIEN .

francs. francs.
Depenses par les agents voyers. . . . 3 .709 0 .1310
Dépenses par les ingénieurs .. . . . . . . . 3. 102 0 .1255
Différence en faveur des derniers. . . . . . . . 0 .607 0 0055

Les comparaisons que nous venons de faire nous sem


blent répondre de la manière la plus éclatante au reproche
adressé à l'administration des ponts et chaussées de ne
pas savoir exécuter économiquement les chemins vicinaux.
Elles nous semblent démontrer aussi que les ingénieurs
placés à sa tête sont aussi capables de diriger des travaux
modestes lorsque l'économie est une obligation que d'élever
les monuments qui sont une des gloires de notre pays. Ce
pendant,malgré cette aptitude, ils n'ont pas et ne peuvent
avoir dans les départements où ils sont chargés de tous les
services de la voirie, la prétention de construire les routes
départementales au même prix que les chemins vicinaux de
grande communication . Dans leGers, où le prix de construc
tion de ces chemins revient, en ce moment, à 5'.80, les
routes départementales coûtent, en moyenne, 25 francs et
cette différence est facile à expliquer : indépendamment
des pentes qui sont plus faibles, des courbes qui sont, en
général, décrites avec de plus grands rayons, les routes
départementales ont des largeurs et des épaisseurs d'em
400 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
pierrements qui sont plus fortes parce qu'elles sont des
tinées à desservir une circulation plus active et à sup
porter des chargements plus lourds; souvent ces voies
traversent des centres de population considérables qui
exigent à leurs abords ou à l'intérieur des travaux très
coûteux qu' on n 'a jamais à exécuter sur des chemins qui
n 'ont que très-rarement des traverses sur leurs par
cours ; les ponts sur les cours d ' eau que franchissent les
routes départementales sont tous bâtis en pierre et établis
avec des largeurs de voie et de trottoirs que le mou
vement industriel et commercial rend nécessaires pour
éviter des accidents ; les levées des abords sont toujours
insubmersibles et exigent, par conséquent, des débouchés
plus considérables ; les ponts en bon état qui n'ont pas les
dimensions des avenues des villes sont élargis et restaurés ;
partout, enfin , où passent ces routes, on rencontre des
dispositions que ne comportent pas les chemins. Ceux -ci
se construisent en suivant, le plus souvent, les sinuosités
du terrain , avec la pierre ou les graviers les plus rappro
chés de la ligne ; leurs ouvrages d 'art, dont les levées sont
presque toujours submersibles, sont faits avec les maté
riaux du pays, le bois lorsque la pierre est trop éloignée
ou coûte trop cher ; ils utilisent lorsqu'ils sont solides et
quelle que soit leur largeur les ponts anciens que l'on ren
contre sur leur tracé; enfin , et cette considération est
très -importante , le sol qui sert d 'assiette aux chemins ou
à leur élargissement est, le plus souvent, donné ou payé
par les communes ; il ne coûte donc rien ou si peu , com
paré à l' ensemble des dépenses , qu'il n ' y a pas à en tenir
compte , tandis que le terrain entre dans le prix de con
struction des routes départementales pour 6 '.50 par mètre
courant.
Dans des conditions d ' établissement si différentes, com
ment a -t-on pu songer à comparer les frais de construction
des chemins à ceux des routes ? Et c'est cependant ainsi
CHEMINS VICINAUX. 401
qu'on est parvenu à propager cette erreur que les ingé
nieurs construisaient plus chèrementque les agents voyers.
La preuve en est facile à donner : ce n 'est pas, en effet,
en comparant les prix de construction des chemins dans
les départements limitrophes où le service est dirigé par
des services différents que l'on est arrivé à cette opinion ;
les rapprochements faits par M . Marchal , les nôtres prou
ventle contraire ; ce n 'est donc qu'en comparant le prix de
revient des routes au prix de revient des chemins dans les
départements où les ingénieurs sont chargés des premières
et les agents voyers des seconds que l'on est arrivé à cette
conclusion contre laquelle les chiffres protestent si énergi
quement.
Nous n'avons eu d'autre but en nous livrant à l'étude
qui précède que de rechercher dans les statistiques publiées
par ordre de M . le ministre de l'intérieur, ce qu'il y avait
de fondé dans cette assertion qui s'était produite à la tri
bune du corps législatif, que les ingénieurs construisaient
les chemins plus chèrement que les agents voyers : nous
avons, dès lors, laissé la parole aux chiffres sans jamais y
ajouter de considérations, sans en tirer de conséquences ;
mais, en finissant, il nous est bien permis de conclure de
tous les rapprochements faits à l'aide des documents offi
ciels, de tous les résultats mis en évidence par ces rappro
chements qu 'il n 'est pas exact que les ingénieurs, auxquels
on n 'a jamais reproché de construire moins bien , con
struisent les chemins vicinaux à plus grands frais que les
agents voyers.
Auch , le 30 juin 1869.
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES.

CHRONIQUE.

Novembre 1869.

SOMMAIRE. – Rapport de M . le ministre de l'intérieur sur la répartition de la


subvention pour l'achèvement des chemins vicipaux . - Vanne Biette pour
l'introduction de l'eau dans les pavires en cas d'incendie. - lofuence des
forêts sur les crues des cours d'eau . — Bulletin bibliograpbique.

Extrait du rapport adressé à l'Empereur par S. Exc. le ministre de


l'intérieur, sur un projet de décret relatif à la répartition de la
deuxième annuité de la subvention accordée, en vertu de la loi
du 11 juillet 1868, pour l'achèvement des cheminsvicinaux (*).
Paris, le 22 juillet 1869.
Sire,
Par décret du 23 décembre 1866, Votre Majesté a fixé entre les
départements de l'empire la répartition de la première annuité
des subventions accordées par la loi du 12 juillet précédent, pour
l'achèvement des chemins vicinaux. J'ai l'honneur de lui soumettre
aujourd'hui un projet de décret portantrépartition de la deuxième
annuité qui, aux termes des articles 9 et 4 de la loi, s'élève à la
somme de 10 millions en ce qui concerne les chemins vicinaux
secondaires (* * ), et à celle de 1 500 000 francs pour les chemins
d 'intérêt commun .

(*) Voir aux Annales,mars 1869, page 337, les décrets des 23 novembre et
23 décembre 1868 pour la répartition de la première annuité.
(*) Sauſ réserve de la faculté attribuée, par l'article 5 de la loi, aus dépar
tements dans lesquels le centime est d 'un produit inférieur à 20 000 francs de
disposer, au profit des chemins de grande communication , d 'une portion déter
minée de la subvention .
CHRONIQUE. 403

$ 164. – RÉPARTITION DE L'ANNUITÉ DE 10 MILLIONS AFFECTÉE


A L'ACHÈVEMENT DES CHEMINS VIGINAUX ORDINAIRES.

Avant d'exposer à votre Majesté le mode de répartition qui


pourrait être appliqué à la subvention de 1870 , je crois devoir rap
peler brièvement les bases adoptées en 1868 pour la distribution
de la première annuité, et indiquer les combinaisons que les con
seils généraux ont cru devoir adopter pour la sous-répartition
entre les communes de l'allocation attribuée au département.
l'examinerai ensuite les observations formulées par les conseils
généraux au sujet du système de répartition consacré par le décret
du 23 décembre dernier , et les modifications proposées par ces
assemblées. Il m 'a paru utile, en effet, non -seulement de relever
les veux que les conseils généraux ont émis sur le système géné
ral adopté pour la répartition , mais encore de vérifier comment
ces assemblées avaient elles-mêmes procédé pour la sous-réparti
tion , à l'égard de laquelle la loi leur laissait une complète liberté
d'action .
La répartition de l'annuité de 1869 avait été effectuée dans les
conditions suivantes :
Un dixième de la subvention , soit 1million, avait tout d'abord
été mis en réserve pour être appliqué, conformément aux disposi
tions du § 2 de l'article 2 de la loi, aux besoins exceptionnels des
vingt-deux départements dans lesquels le produit du centime est
inférieur à 20 000 francs.
Le surplus de l'annuité , soit 9 millions, avait été divisé en trois
parts égales.
La première avait été répartie en raison directe des besoins,
c'est-à-dire suivant la différence résultant, pour chaque départe
ment, de la comparaison entre la dépense à faire pour construire
le réseau et entretenir les chemins déjà construits ou à construire ,
et les ressources ordinaires et spéciales qui peuvent y être affec
tées, pendant dix ans, par toutes les communes du département.
La deuxième part avait été distribuée en raison inverse du rap
port entre les ressources et le déficit, ou , en d'autres termes , en
raison directe du nombre d'années qu 'il faudrait aux communes
d'un département, abandonnées à elles-mêmes, pour terminer leur
réseau avec leurs ressources normales.
Enfin , la troisièrne part, attribuée aux sacrifices, avait été sub
divisée en deux portions égales, qui ont été distribuées, l'une au
prorata des sacrifices consentis par les communes, l'autre propor
404 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
tionnellement aux sacrifices des départements ; dans les deux cas,
il avait été tenu compte des sacrifices d'après le nombre de cen
times qu'ils représentaient.
Toutes les communes ayant des chemins compris dans le réseau
subventionné avaient été considérées comme devant prendre part
à la répartition , à l'exception toutefois de celles qui sont en mesure
de terminer en dix ans le réseau qui leur a été attribué, sans avoir
besoin de recourir à d'autres ressources que celles qui sontmises
à leur disposition par la loi du 21 mai 1836 .
La subvention allouée à chaque départementainsi déterminée ,
les conseils généraux ont été appelés à en opérer la sous-réparti
tion entre les communes. Le système suivi par ces assemblées est
loin d'être uniforme : les unes ont adopté purement et simplement
les bases de la répartition effectuée entre les départements ;
d 'autres les ontmodifiées ; d'autres, enfin, les ont écartées.
Le relevé des décisions prises à ce sujet par les divers conseils
généraux de l'empire a donné les résultats suivants :
Cinquante et un départements ont appliqué au travail de la sous
répartition les bases arrêtées par le décreć du 23 décembre 1868.
Vingt-quatre départrments les ont admises en principe, mais
avec certains tempéraments (*).
Quatorze départements les ont écartées complétement.
Je crois devoir placer sous les yeux de Votre Majesté les divers
systèmes suivis dans les départements de ces deux dernières cate
gories. J'indiquerai, en même temps, les objections dont ces sys
tèmes me paraissent susceptibles.
Dans certains départements, la subvention a été divisée en deux
portions, réparties, l'une en raison directe de la dépense à faire
par chaque commune, l'autre proportionnellement aux sacrifices.
Ce mode de procéder a l'inconvénient de traiter avec la même
faveur les communes riches et les communes pauvres, résultat
contraire à l'esprit de la loi de 1868 , qui est surtout une loide se
cours au profit des communes dont les ressources sont peu const
dérables.
Dans d 'autres départements, la subvention a été attribuée par
portions égales au déficit et aux sacrifices .
(*) Trois départements ne s'en servent que pour la répartition entre les can
tons.
Trois départements les appliquent pour la répartition de la subvention de
l'État,mais adoptentun autre mode pour la distribution des fonds départemen
taux.
Dix -huit départements modifient les proportions afférentes aux trois élé
monls des besoins, des ressources etdes sacrifices.
CHRONIQUE. 405
Bien que ce mode de procéder soit préférable au précédent, çar
il tient compte, dans une certainemesure, de la richesse relative
des communes, il ne me semble cependant pas suffisamment équi
table, j'ai indiqué les motifs qui doivent en empêcher l'adoption ,
dansle rapport que j'ai eu l'honneur de soumettre à Votre Majesté
à l'appui de la première répartition .
Deux départements ont fait entrer en ligne de compte, pour la
répartition , la population , la superficie et le plus ou moins grand
nombre de voies de communication dont les communes jouissaient
antérieurement à la loi.
Ces éléments auraient dû être écartés car ils ont déjà servi à
déterminer la part de chaque commune dans la répartition de la
longueur kilométrique attribuée au département. Le réseau d'une
commune ayant été fixé dans ses conditions, il semble qu 'il n 'y a
plus lieu de s'occuper que de la dépense à laquelle il donne lieu
et des ressources qui peuvent être affectées à sa construction .
Quelques conseils généraux ont fait observer que le calcul des
ressources, suivant le mode adopté par le décret du 23 décembre
1868, avait quelquefois pour conséquence d'attribuer aux com
munes pauvres des allocations exagérées, et souvent même des
subventions supérieures aux déficits constatés.
Il y a lieu de remarquer à cet égard que tout mode de réparti.
tion, qui ne sera pas basé uniquement sur le déficit, entraînera
Décessairement ce dernier inconvénient; que, du reste , cet incon
vénient ne se présente qu 'exceptionnellement, et qu 'il est facile
d'y remédier dans la pratique en ramenantle chiffre de la sub
vention à un maximum qui, en principe, doit être inférieur ou
toutau plus égalau déficit.
Divers systèmes ont été employés pour opérer la répartition de
la subvention attribuée aux ressources ; elle a eu lieu en ayant
égard, soit aux ressources normales de la commune, soit au pro
duit du ceotime.
En considérant ainsi les ressources, abstraction faite des be
soins, on peut arriver à cet étrange résultat, de donner une somme
considérable à une commune qui est en mesure de terminer avec
ses seules ressources normales son réseau subventionné.
... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Il reste à apprécier la valeur des observations que plusieurs
conseils généraux ont cru devoir présenter sur les améliorations
que comporte le système adopté jusqu'à présent pour la réparti
tion de la subvention de l'Etat.
.. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
406 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
La répartition devant avoir lieu, conformément à l'article a de
la loi du 11 juillet 1869, en ayant égard aux besoins, aux res.
sources et aux sacrifices, je constaterai d'abord l' importance de
chacun de ces éléments, j'indiquerai ensuite dans quelles propor
tions il me semble juste d 'en tenir compte .
Besoins et ressources. - Les communes auront à pourvoir pen
dant la durée de la période décennale à l'entretien de 102 5554.190
entièrement construits au 1er janvier 1869 , et à la construction de
137 280k.992, longueur du réseau subventionné fixée par l'arrêté
du 8 décembre 1868, pris en conformité de l'article 1er de la loi.
La dépense s'élèvera à 825 842 777 francs, et se répartira de la
manière suivante :
Dépense à faire :
Pour entretenir pendant dix ans les chemins à l'état d'entretien
au 1er janvier 1869. . . . . . . . . . . . . . . . . 145 343 884
Pour arriver en dix ans à la construction des
chemins compris dans le réseau subventionné. . . 585 710 028
Pour entretenir au fur et à mesure de la con
struction les chemins compris dans le réseau sub
ventionné. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 788 865 fr.
Total. . . . . . . . . . 825 842 777 fr.
Les ressources provenant des revenus ordinaires
des communes et des ressources spéciales , calcu
lées à raison de trois journées de prestation et de
5 centimes, pouvant être affectées pendant dix ans
aux chemins vicinaux ordinaires , et calculées
d'après les comptes de 1868, s'élèvent à. . . . . . 271 990 038 fr.
Déficit. . . . . . . . . . 553 852739 fr.
Cette somme représente la partie de la dépense qui devra être
couverte par les sacrifices des conseils généraux des communes,
des particuliers , et par la subvention de l'État.
SACRIFICES .

Sacrifices des communes et des particuliers. - Les sacrifices


votés par les communes et les particuliers présentent une aug.
mentation de 13546 937 francs sur ceux constatés à la même époque
en 1868 ; ils s'élèvent à la somme totale de 83 417 863 francs, et 118
représentent 1714 123 centimes commnaux .
Ils se répartissent par nature ainsi qu 'il suit :
CHRONIQUE. 407
NOMBRE PRODUIT.
de contimes.

Produit des 3 centimes extraordinaires autorisés . centimos.


la loi du 24 juillet 1867. . . . . . . . . .. .. . .par
francs .
21 436 645
Produit de la quatr
par l'article 3 de ièmejournée de presta
la loi du 11 juillet 1868.tion. .créée
.. 8173 055
Produit de centimes extraordinaires . . . . 40 550 973
Produit de ressources extraordinaires (aliénations
de bois,de biens communaux, de rentes, etc., etc. 10605040
Souscriptions particulières. . . . . . . . 2 652 150
Total général. . . . 1714123 83 417 863
Ila déjà élé tenu compte, pour la première répar 217 762 9 596 113
uuon , de . . . . . . . . . .. . . . . .. . . . . ..
Il reste à compter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 496 361 73821 750

En ce qui touche les communes, je n'ai compté, comme sacri


fices que ceux qui sont votés en dehors des ressources normales
mises par la loi à leur disposition ; j'ai exclu , par suite, les prélè .
Fements consentis sur les revenus ordinaires.
En ce quiconcerne les sacrifices des particuliers, j'y ai compris,
aprèsles avoir fait évaluer en centimes, les souscriptions versées
soit en argent, soit en nature .
Afin de ne pas exclure, mêmemomentanément, des bénéfices
de la répartition faite au prorata des sacrifices, un grand nombre
decommunes ayant leurs ressources engagées et quine pouvaient
consentir des sacrifices que postérieurement à 1870, j'avais cru
devoir faire appliquer , lorsde la première répartition , un calcul
de conversion qui répartissait les sacrifices votés sur une ou plu
sieurs années de la période décennale . J'ai reconnu que ce sytème
pouvait conduire à des erreurs, par suite des difficultés de l'appli
cation. Je l'ai donc abandonné, et j'en ai employé un autre qui
D'offre pas les mêmes inconvénients, tout en conduisant aux
mêmes résultats.
Ce nouveau mode de procéder consiste à ouvrir à chaque dé
partement un compte courant pour les sacrifices consentis par
les communes et les particuliers.
Chaque année, les préfets établiront, à date fixe, un relevé gé
Déral des sacrifices consentis par les communes et les particuliers
du département depuis la promulgation de la loi. Ce relevé,
adressé au ministère, servira, après vérification , de base à la ré
partition . On déduira du total général les sommes dont il aurait
déjà été tenu compte dans les répartitions précédentes, et on ac
cordera aux départements le neuvième, le huitième, le sep .
tième, etc., suivant qu'il y aurait encore lieu de faire neuf, huit,
408 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
sept, etc ., répartitions. Au moment de la dixième distribution ,
chaque département aura pris part à la répartition d'après la to
talité des sacrifices des communes (*).
En appliquant ce mode de calcul, les sacrifices des communes et
des particuliers , dont il devra être tenu compte pour la deuxième
annuité, seront de 166 278 centimes, représentant 8 202 383 francs.
Il ne me parait pas sans intérêt , à cette occasion , d 'indiquer à
Votre Majesté, d'une part, le nombre des communes appelées à
profiter des bienfaits de la loi de 1868 , et, de l'autre, le nombre
des communes qui ont consenti des sacrifices.
Le nombre des communes de France était, à l'époque du dernier
recensement, de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37576
Les communes qui avaient complétement terminé leurs
chemins vicinaux au moment de la promulgation de la loi
étaient au nombre de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1983
Les communes qui doivent participer aux avantages de
la loi sont au nombre de. . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 593
Sur ce nombre peuvent terminer, en dix ansavec leurs
ressources normales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5346
Le nombre des communes ayantbesoin de recourir à des
sacrifices cst dc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 247
Sur ce nombre, 19 838, c'est-à-dire plus des deux tiers, avaient
créé, au 1er juillet 1869. des ressources extraordinaires pour une
durée plus ou moins longue, savoir :
Un exemple fera facilement comprendre ce mode de procéder :
Le total général des sacrifices des communes etdes particuliers d'un dépar
tement s'élevait, au moment de la première répartition, à 12 000 centimes,et
on a tenu compte au département de i 200 centimes.
Ce total général s'élevait, au moment de la deuxième répartition en 1009,
à 15 000 centimes ; pour délerminer le chiffre des sacrifices dont il devait etre
tenu compte , on a déduit, des 15 000 centimes, l'allocation des i 200 centime
faites en 1868, et le déparlement a pris part dans la répartition d'après le
neuvième du reste, soit 1 533 centimes.
Si, au moment de la troisième répartition , le total général des sacrifices du
département est de 16 000 centimes, on en déduira les allocations faites er
1868 et 1869, soit 2 733 ; il restera 13 267 centimes. Le déparlement sera com
times . es
pris dans la répartition pour le huitièmede cette somme, soit 1657 centimes,
ainsi de suite. En résumé, au bout de la dixième année, le département
pris part aux répartitions d'après le total des sacrifices consentis par les com
munes et les particuliers pendant la période décennale.
CHRCNIQUE , 409
Pour un an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2716
Pour deux ans. . . . . . . . . . . 1245
Ponr trois ans . . . : : : 608
Pour quatre ans. . . . 338
Pour cinq ans. . . . . 1 100
Pour six ans. . . . . . . 182
Pour sept ans. . . . . . 100
Pour buil ans. . . . . . 82
Pour neuf ans. . . . . . . . 165
Pour dix ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13272
Total des communes ayant voté des sacrifices. . . . . . 19838
L'année dernière, à lamêmeépoque ce nombre était de. 18516
Augmentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1322

Sacrifices des départements. — Le calcul des sacrifices des dé


partements a été fait de la manière suivante : il a été posé en prin
cipe qu'il serait tenu compte aux départements de toutes les
ressources qu 'ils affecteraientaux chemins vicinaux ordinaires, à
la condition qu'ils se seraient imposé préalablement la totalité des
centimes ordinaires ou spéciaux et les auraient affectés intégrale
ment à la vicinalité.
Cette réserve faite , on a considéré comme sacrifices le prélève
ment sur les revenus ordinaires, les centimes extraordinaires, les
remises de contingents aux communes, dans le cas où le départe
ment s'est trouvé obligé de créer, en remplacement, des ressources
extraordinaires équivalentes ; enfin , les ressources de toute nature
affectées aux chemins vicinaux ordinaires. '
On n 'a pas seulement évalué la somme qui sera effectivement
employée aux travaux de la vicinalité, mais bien le sacrifice réel
que le département supporte en vue de l'exécution de ces travaux.
Ainsi, dans le cas où un département a dû recourir à la voie de
l'emprunt, on lui a tenu compte de toutes les sommes qu'il aura à
payer pour l'amortissement; il a même paru juste de faire entrer
en ligne de compte les sommes affectées à l'amortissement des
emprunts réalisés avant la promulgation de la loi.
Enfin, en ce qui touche les départements dans lesquels le pro
duit du centime est inférieur à 20 000 fr., le même mode de pro
céder a été appliquéaux sacrifices consentis en faveur des che
mins de grande communication .
J'ai agi pour les départements comme pour les communes, et
j'ai fait ouvrir à chacun d'eux un compte courant; les sacrifices
ont été évalués suivant leur durée et ramenés à une période de
neuf ans, quand ils étaient consentis pour une durée supérieure.
Annales des P . et Ch. MÉMOIRES. – TOME XVIII. 37
410 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Une note, placée en regard de chaque département, indique le
mode d'après lequel il a été procédé. Représentant
Le totaldes sacrifices consentis en faveur des chemins contimes. francs.
vicinaux ordinaires s'élève à. . . . . . . . . . . . . . . 2451.38 89338 922
Celui des sacrifices volés en faveur des chemins de
grandecommunication par les départements dans les
quels le produit du centime est inférieur à 20 000 fr.,
est de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2370 .65 24 321 567
Le lotal général des sacrifices dont il y a lieu de tenir
compte est de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4822 .03 113 660489
Il a été tenu comple,lors de la première répartition ,de. 486.50 12082981
Reste à compler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4335 53 101577 508
Il est tenu compte, pour la deuxième répartition , de 585 c. 86
(14 825 870 fr.).
Les sacrifices consentis par les conseils généraux, à pareille
époque de l'année 1868, en faveur des chemins vicipaux ordi
naires, s'élevaient à 63 ,121 198 francs ; il en résulte une augmen.
tation de plus de 26 millions.
Quant à la proportion dans laquelle il convient de tenir compte
des besoins, des ressources et des sacrifices, j'ai déjà eu l'honneur
d'indiquer à Votre Majesté l'opportunité qu 'il paraissait y avoir à
modifier les résolutions prises pour la répartition de l'annuité pré
cédente, et à donner satisfaction sur ce point aux væux exprimés
par un assez grand nombre de conseils généraux.
J'ai pensé, Sire, qu'on atteindrait ce but sans se départir des
principes qui ont inspiré le décret du 23 décembre 1868, en éle
vant aux quatre dixièmes de la totalité de la subvention la partré
servée dans la répartition aux sacrifices.
J'ai l'honneur, en conséquence, de proposer à votre Majestéde
décider que la répartition de la somine de 10 millions qui est in
scrite au budget de 1870, pour l'achèvement des chemins vicinaux
ordinaires, sera répartie de la manière suivante :
Une somme de 750 000 francs serait mise en réserve et distri
buée entre les départements dans lesquels le produit du centime
est inférieur à 20 000 francs ; je donnerai dans le rapportspécial
que je présenterai à Votre Majesté , au sojet de la répartition de
cette réserve, les motifs quime font proposer de la diminuer de
250 ooo francs, comparativement aux chiffres de 1869.
3775 000 francs, ou les trois dixièmes de la somme, seraient
attribués aux besoins et répartis proportionnellement à l'excédant
des dépenses sur les ressources.
2 775 000 francs, soit trois autres dixièmes, seraientrépartis el
raison inverse du rapport entre les ressources etle déficit.
CHRONIQUE. : 41
3 700 000 francs, ou les quatre dixièmes restants, seraientattri
bués aux sacrifices.
Cette dernière somme serait elle-même subdivisée en deux por
tions, réparties, l'une en proportion des sacrifices votés par les
conseils généraux, l'autre en proportion des sacrifices des com
munes et des particuliers.
La quotité de ces deux parts serait fixée suivant le rapport qui
existe entre les deux sommes de 113 660 489 francs et de 83 417 863
francs, qui forment le produit totaldes deux natures de sacrifices.
Chaque part serait ensuite répartie suivant le nombre de cen
times départementaux ou communaux par laquelle elle est repré
sentée.
Je nesaurais négliger, en terminant, de faire connaître à votre
Majesté les résultats considérables qu'a déjà produits la mise en
pratique de la nouvelle loi; ils témoignent hautement de l'utilité
etdu succès de l'ouvre entreprise, et permettent d'apprécier tous
les avantages qu'on est fondé à en recueillir dans l'avenir.
Ainsi que je l'aiexposé plus haut, la dépense à faire pour entre
tenir pendant dix ans les chemins à l'état d 'entretien au 1er janvier
1869, et pour construire et entretenir, au fur et à mesure de leur
construction , les chemins compris dans le réseau , s'élève :
francs
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 825 812 7771
Les ressources qui peuvent être regardées comme
definitivement acquises sont les suivantes :
Ressources provenant desrevenus ordinaires des com
munes, des 5 centimes et des trois journées de pres
lation pouvant être affectées pendant dix ans aux francs,
mins, d 'après les comptes de 1868. . . . . . . . 271990 038
Prélèvements volontaires consentis par les communes
sur leurs revenus ordinaires. . . . . . . . . . . . . . 4342 177
Sacrifices consentis par les communes et les particu
liers (déduction faile des sommes affectées à l'amor
tissement des ernprunts). . . . . . . . . . . . . . . . 76983 431
Sommes votées par les conseils généraux en faveur
descbeminsvicinaus ordinaires (déduction faile des
sommes affectées à l'amortissement des emprunts). 97039722
Subvention de l'Etat (déduction faite des sommes ap
pliquées à la grande vicinalité). . . . . . . . . . . . 93587245
543 942613
Déficit restant à combler au 1er juillet 1869. . . . . . . . . . . . . . 281 900 164
soit une diminution de 271 952 575 francs dans le déficit constaté
à l'ouverture de la période décennale.
Il convient de remarquer que, dans l'évaluation des ressources,
on n'a fait entrer que des ressources certaines. Il faut également
· 412 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
ne pas oublier qu'un assez grand nombre de communes, arrêtées
par leur situation financière obérée, n'ont pu encore émettrede
votes, mais qu 'elles apporteront sans doute dans les années ulté .
rieures un nouveau contingent à l'æuvre cominune ; que l'on n'a
fait figurer, dans les sommes votées par le département, quecelles
quiont été consenties à titre définitif ; qu'enfin les votes émis en
principe ou sous forme de promesses réalisables, qui peuvent être
évalués à 18 milions, n 'ont pas été compris dans les chiffres ci
dessus indiqués.
Les conseils généraux etles conseils municipaux se sont inspirés,
comme le prouve ce dénombrementde leurs sacrifices, de la pensée
qui a présidé à la loi de 1868. Interprètes des populations rurales,
ils n'ont pas hésité,dès la première année, à mettre leurs efforts au
niveau de l'ouvre à entreprendre.
§ 2. — CHEMINS VICINAUX D'INTÉRÊT COMMUN.
Aux termes de l'article 4 de la loi du u juillet 1868, la subven
tion accordée pour l'achèvement de ces chemins doit être répartie
d'après les bases adoptées pour les chemins vicinaux ordinaires.
Le décret du 23 décembre 1868 avait divisé la première annuité
de 1 500 000 francs en trois parts égales, distribuées, l'uned'après
les besoins, la deuxième d 'après les ressources, la troisième
d'après les sacrifices.
La plupart des conseils généraux, eu égard à la modicité de la
subvention allouée à leur département, n 'ont pas employé le
mode appliqué par le Gonvernement. Ils ont craintde disséminer
les ressources, et ils ont préféré les concentrer sur des lignes dont
l'exécution ou l'amélioration présentait un caractère d'urgence.
Un grand nombre de départements ont regretté que la subvention
de l'État ait été réduite dans une proportion aussi forte .
Pour me conformer aux prescriptions de l'article 4 de la loi,j'ai
l'honneur de proposer à Votre Majesté de vouloir bien décider que
la deuxième annuité de la subvention attribuée aux chemins d'in
térêt commun sera répartie de la même manière que l'annuite
afférente aux chemips vicinaux ordinaires. Trois dixièmes seraient
affectés aux besoins, trois dixièmes aux ressources, et quatre
dixièmes aux sacrifices.
Les sacrifices des communes et des particuliers forinant une
somme peu importante, il ne paraît pas utile de leur faire une
part spéciale . Le produit de ces sacrifices par département serait
évalué en centimes départementaux , et le résultat de cette con
version ajouté au vote du conseil général.
CHRONIQUE 413
Il me reste à mettre sous les yeux de Votre Majesté la situation
financière de ces chemins à l'époque du jer juillet 1869.
Les chemins classés avant la promulgation de la loi peuvent
seuls, aux termes de l'article 4, prendre part à la subvention .
métros .
Leur longueur est de. . . . . ... ...... ... .. .. 79 276 342
La longueur à l'état d'entretien étant de. . . . . . . . . . . . . . . 53 546 712
La longueur à exécuter au 1er janvier 1869, date de l'ouverture de
la période décennale , est de. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . ... 25 729 630
La dépense pour terminer ce réseau en dix ans, tout en assurant francs.
l'entretien des chemins construits ou à construire, est de. . . . 320 305856
Les ressources ordinaires et spéciales qui peuvent etre affectées
à celle dépense par les communes, pendant la période décen
nale , s'élévent, d'après les comptes de 1868, à . . . . . . . . . . 160 502 931
D 'où il résulte un déficit de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159802925
Les sacrifices votés à l'époque du 1er juillet 1869 sont :
Souscriptions communales et particulières. . . . . . . 10 208 750 68722370
Sommes votées àtitredéfinitifpar les conseils généraux. 58513620
Reste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 080555
A déduire :
Subvention de l'État. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15000 300
Déficit restant à combler au 1er juillet 1869. . . . . . . . . . . . . . 76 080 555
Si l'on compare ce résultat à celui qui est accusé dans les docu
ments publiés, en 1868, par mon prédécesseur, on remarque que
le zèle apporté par les conseils généraux et municipaux à l'achè
vementdes chemins vicipaux ordinaires n 'a pas nui à la sollicitude
que leur inspire le réseau des chemins d'intérêt commun. On
constate , en effet, du 1er janvier 1868 au 1er janvier 1869, une aug
mentation de 9 millions dans la dotation des chemins d'intérêt
commun , et cette augmentation est d'autant plus digne de remar
que que les conseils généraux n'ont généralement pris d'engage
ment que pour une, deux ou trois années , et que, dès lors, leurs
sacriffices n'ont pu être évalués que pour cette durée.
§ 3 . — EMPRUNTS.

La somme de 300 millions, que la caisse des chemins vicinaux


estautorisé à prêter aux communes et aux départements pour l'a
chèvement des chemins vicinaux, a été divisée en deux parties par
le décret du 23 décembre 1868.
La première, fixée à 25 millions, a été affectée, conformément
aux dispositions du § 2 de l'article 7 de la loi, de l'achè
vement des chemins vicinaux de grande et de moyenne communi
414 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
cation, et répartie , suivant les demandes des conseils généraux,
ou , à défaut, d'après les besoins présumés, entre les vingt-deux
départements dans lesquels le produit du centime est inférieur
à 20 vvo francs.
Seize d'entre eux se sontmis en mesure d'user de la faculté qui
leur était accordée, et Votre Majesté a promulgué récemment un
certain nombre de lois qui les autorisent à emprunter une somme
de 20 093 350 francs.
Quelques conseils généraux ont trouvé insuffisante la part qui
était faite à leurs départements ; d'autres, au contraire, ont re
noncé à jouir du bénéfice du 8 2 de l'article 7. J'ai pu , au moyen
de la portion laissée libre par ces derniers , donner satisfaction aux
réclamations qui m 'étaient adressées, sans dépasser la limite de
25 millions qu 'il me parait utile de maintenir .
La deuxième partie des avances, soit 175 millions, a été exclu -
sivement réservée à l'achèvement des chemins vicinaux ordinaires.
Le décret du 23 décembre 1868 a accordé aux communes et, dans
le cas prévu par le § 1er de l'article 7, aux départements , le mon
tant de leurs demandes, et il a réparti la somme restant disponible
entre tous les départements, proportionnellement au dificit de
chacun d'eux.
J'ai l'honneur de proposer à Votre Majesté de vouloir bien mo
difier l'article 3 du décret du 23 décembre 1868, suivant les
indications portées dans l'état nº 3 joint au présent rapport. Les
demandes des communes et des départements seraient accueillies
dans leur intégralité, La moitié de la somme restant disponible ,
soit 51 548 097 francs, serait répartie entre les quatre-vingt-neul
départements au prorata de leur déficit : l'autre moitié seraitmise
en réserve et servirait, dans l'intervalle des deux répartitions,a
faire face aux demandes qui se produiraient dans les départements
auxquels les attributions précédentes ne suffiraient pas.
Le montant des emprunts que les communes demandent a coue
tracter à la caisse des chemins vicinaux s'élève à . . . 55 10govu
Celui des emprunts que les conseils généraux deman
dent à contracter, au lieu et place des communes, s'é
" 3 349
leve à . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 1675
Le montant total des demandes au 1° juillet 1869 est
donc de. . . . . . . . . . . . . 71 903 805
Il s'élevait au 31 décembre 1868, d. . . . . . . . . . 60 634 bue
Il résulte une augmentation de . . . . . . . . . . . . 11 200 201
Si cette augmentation continue régulièrement, la somme teo
CBRONIQUE. 41
tant disponible , qui est de 103096 195 francs, suffira à tous les
besoins pendant la période décennale.
Il faut se féliciter, d'ailleurs, que le montant des avances n'ait
pas été absorbée dès la première année. Un nombre considérable
de communes et quelques départements ont leurs finances enga
gées pour une ou plusiours années, et il eût été regrettable qu 'ils
fussent privés des bienfaits résultant des avances de la caisse.
Telles sont, Sire, les propositions qui n 'ont paru devoir être
présentées à l'approbation de votre Majesté. Si elle daignait les
agréer , je la prierais de vouloir bien approuver le décret ci-joint.
Je suis, avec le plus profond respect, Sire , de Votre Majesté, le
très-humble et très-obéissant serviteur et fidèle sujet ,
Le ministre de l' intérieur ,
DE FORCADE .
Vanne Bietle pour régler l'introduction de l'eau dans les navires
en cas d'incendie. - On nous communique la note suivante :
En cas d 'incendie à bord d 'un navire à flot, les moyens dont on
dispose pour le remplir d 'eau sont généralement lents et insuffi
sants, et l'on est réduit habituellement à le saborder pour le
couler.
Le sabordement lui-même est souvent impuissant quand l'eau
n'est pas assez profonde. Le navire coulé dépasse alors la surface
de l'eau et le feu peut gagner les hauts ou la mâture.
M. Biette (Alphonse- Émile ), ex -maître charpentier de marine au
Havre, a proposé un appareil qui permetde régler et de compléter
les effets du sabordement.
Cet appareil peu coûteux consiste en un cadre qu 'on peut faci
lement et rapidement fixer sur la muraille du navire et qui porte
une vande. Des accessoires convenables facilitent la mise en place
de l'ensemble et la maneuvre de la vanne.
Pour s'en servir , en cas d'incendie, on pratique, dans la mu
raille du navire et le plus près possible de la flottaison , uneouver
ture proportionnée aux dimensions de l'appareil que l'on met en
place aussitôt quepossible. La vanne reste d'abord ouverte et l'eau
se précipite dans le navire dès qu'une légère surcharge le fait en
foncer quelque peu. Le bâtiment coule alors rapidement, à moins
qu 'on n 'arrête à temps l'introduction de l'eau en fermant la vanne.
S'il faut aller jusqu 'à échouer le navire, on ne ferme la vanne
que lorsqu'il touche le fond, et on peut ensuite continuer à rem -
plir la partie au -dessus du niveau de la mer par les moyens ordi
Daires.
416 MÉMOIRES ET LOCUMENTS.
L 'application qui en a été faite au Havre, le 26 janvier 1869, sur
le navire l'Alasca, a montré que l'appareil fonctionnait bien et ra .
pidement.
Les rapports des fonctionnaires de la inarine, des ingénieurs du
port et du capitaine de port du Havre le signalent comme suscep
tible de rendre de bons services en cas d 'incendie de navire.
Le croquis ci-dessous représente l'rppareil :
rool

A lol

VA
HITIMUN
D'Uc

AA, plaque en fonte portant l'appareil. Elle se fixe au flanc du


navire au moyen de vis passées dans les oreilles B et en est sépa
rée par une garniture en caoutchouc. On pourrait au besoin fixer
la plaque avec des crampons.
CHRONIQUE. 417
DD', glissières entre lesquelles se meut la vanne. La glissière D'
peut se déplacer afin de donner du jeu à la vanne.
CC'C" , boulons fixant D ' à la plaque A .
A vanne munie de deux nervures à vil FF'.
G réas sur lequel passe une chaîne dont l'extrémité est attachée
à la nervure F et qui sert à baisser la vanne. On l'ouvre avec un
bout de filio attaché directement à la nervure F'.
Les goujons EE'E " faisant partie de la chape du réas G sont garnis
de.rouleaux qui, tout en retenant la chaîne, facilitent son mou
vement.
K, sabord ouvert pour recevoir l'appareil.
Influence des forets sur les crues des cours d 'eau. — Nous
extrayons d'une Note de M . Alby sur cette grave et difficile ques
tion de physique du globe les passages suivants qui seront lus avec
intérêt par tous les ingénieurs :
« Jusqu'à ces dernières années , l'influence favorable des forêts
sur la chute et l'écoulement des pluies n 'avait pas été mise en
doute. On admettait généralement que,dans les régions boisées, la
quantité d'eau qui tombe annuellement est plus forte que dansles
pays dénudés, mais que sa chute est plus régulière, son écoule
ment à la surface du sol moins rapide et que, par conséquent, les
forêts agissent comme modérateur , de manière à diminuer la fré
quence , la bauteur et les ravages des inondations. Depuis quelque
temps cette croyance si ancienne et si profondément enracinée
dans l'influence bienfaisante des forêts a été fortement ébranlée.
On a contesté successivement tous les bons effets qu 'on leur avait
attribués jusqu'alors ; quelques personnes en sont même venues
à renverser exactement l'opinion reçue , et à prétendre que le re
boisement des montagnes aurait pour résultat certain de rendre
les inondations plus fréquentes et plus désastreuses.
« Je n 'entreprendrai pas de discuter la question dans sa généra
lité. Je me bornerai à appeler l'attention snr un pointparticulier,
étroitement circonscrit, auquel les observateurs ne me paraissent
pas avoir fait jusqu'à présent une part suffisante , et dont quelques
expériences, malheureusement trop peu nombreuse, m 'ont mis à
même d'apprécier l'importance.
« Les crues des rivières sont le résultat de la pluie qui agit sur
elles de deux manières complétement distinctes : 1° par sa masse ;
2°par les circonstances de son écoulement vers le thalweg des
vallées. C'est seulement du premier mode d 'action qu 'il sera ques
tion ici.
418 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
« Je ne crois pas qu'il fût exact de prétendre que la hauteur des
crues est rigoureusement proportionnelle à la quantité d'eau four
nie par la pluie dans un temps donné ; je ne pense pas cependant
qu'on puisse contester que cette quantité soit un élément principal
de la hauteur, et que tout ce qui tend à la diminuer, à en empê
cher une fraction quelconque d'arriver jusqu 'à terre, diminue en
même temps la hauter des crues.
a Dans un mémoire très -intéressant, inséré aux Annales(*) sous
le n°61, M . l'ingénieur en chef Belgrand a fait connaître le résultat
d'observations ingénieuses sur les crues des cours d'eau des ter.
rains boisés ou déboisés,perméables ou imperméables. M . Belgrand
a d'ailleurs eu soin d'avertir le lecteur que ses expériences ont été
faites dans des bois peuples d'arbres à feuilles caduques et que,
par conséquent, « ses observations ne peuvent s'appliquer à des
a forêts d 'arbres résineux ou autres essences qui conservent leurs
« feuilles en toute saison . » Voici quelles sont, sous cette réserve,
les conclusions de ce mémoire .
« En été, les feuilles qui couvrent les bois forment une vaste sur
face évaporante qui absorbe à peu près la totalité des eaux plx
viales, comme le réseau de petites fissures qui couvrent le sol dans
les terrains déboisés ; les crues dans celte saison sont extrêmement
faibles. En hiver , les obstacles n 'existent plus et les crues sont con
sidérables, et presque également élevées dans les deux sorles de
terrains. »
Il résulte de la que dans les pays où les crues des cours d'eau
ont lieu exclusivement en hiver (** ), il ne faut pas compter sur le
reboisement au moyen d 'essences à feuilles caduques pour dimi
nuer la hauteur de ces crues. Son effet protecteur se bordera à
empêcher le ravinement des terrains inclinés, ce qui est bien
quelque chose .
Les feuilles poussent plus tôt et tombent plus tard dans le Midi
qu'en Bourgogne où M . Belgrand a fait ses observations. Les pluies
y sont plus intenses pendant l'été et les crues n 'ont pas toujours
lieu en hiver. J'ai vu , à Carcassonne, une crue de l'Aude assez forte
pour renverser un pont, au mois de juin , époque où les feuilles
avaient acquis tout leur développement. J'ai vu dans le départe
mentdu Tarn , en octobre, avant que les feuilles fussent tombées,
deux crues simultanées , l'une de l'Agoût qui emporta le pontet
(*) 1854 , 1er semestre. De l'influence des forêts sur l'écoulementdes eaux
pluviales.
(**) M . Belgrand appelle hiver le temps compris entre le 15 octobre el lo
15 mai.
CHRONIQUE. 419
une partie du village de Brassac , l'autre du Thoré qui dé
truisit des moulins et des usines et fit périr plusieurs personnes,
Enfin , dans l'Ardèche, sur dix inondations dont les dates sont rap
portées dans le remarquable mémoire (*) de M . l'ingénieur en chef
de Mardigny , huit appartiennent au mois de septembre.
« Le reboisement peut donc, même en essences à feuilles ca
duques, exercer une action modératrice sur certaines crues dans
le midi de la France. C'est déjà un fait important. Mais ce qui le
serait bien davantage, ce serait de constater si les arbres résineux
jouissent de la même propriété que les autres , et s'ils peuvent, en
hiver comme en été , arrêter au passage une partie de la pluie qui
tombe sur eux.Si on pouvait mêmedéterminer approximativement
la valeur de cette fraction , on obtiendrait ainsi un renseignement
aussi utile que curieux .
Voici, en attendant des expériences plus décisives, quelques
observations que j'ai pu faire en 1860 et 1867 dans le départe
ment du Tarn .
« J'installai un pluviomètre dans un massif de conifères, cèdres
du Liban , épicéas, pins du Lord , pins sylvestres, âgés de vingt ans,
etd'une belle venue. Un second pluviomètre fut placé à découvert
dans une pelouse , au même niveau et à 50 mètres environ de dis
tance.
« Le tableau suivant contient le résultat des observations.
« La 3e colonne donne la hauteur de la tranche d'eau tombée
d'après l'udomètre découvert ; la 4€, les indications correspon
dantes de l'udomètre abrité; la 5*, la différence entre les deux
précédentes , ou la hauteur de la tranche absorbée par les arbres;
enfin , la 6°, le rapport de la tranche absorbée à la tranche totale,
que j'appellerai coefficient d'absorption.
1869, 1er semestre .
420 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

.d'absorption
Coefficient
Différence
Numéros TRANCIJE

l'udométre
d'eau

l'udomètre
découvert
reçne par

.
.

DATES. OBSERVATIONS.

.abrité
.
mm . mm .
1 14 nov. 1860 mm5.60. 0 .90 4.70 0.839 |Le coefficient est trop faible'à cause]
de l'évaporation .
2 11 déc. 1860 11.50 4.90 7.30 0.634 Les instruments ont été placés à midi.
| Il pleuvait depuis 24 heures.
3 21 déc. 1860 18.10 6.90 11.20 0.6 :8 Pluie melée de beaucoup de neige.
4 31 déc . 1860 29.90 9.90 20 .00 0 .668 Il pleuvait depuis longtemps quand
| les instruments ont été placés.
5 15 janv. 1861 38.20 16.60 21.60 0.565 Pluie inelée de neige.
6 13 mars 1861 20.80 10.20 10 .60 0.509 Uneparpartie de l'eau a été répandue
accident : le coefficient estdonc
beaucoup trop faible .

Avant de poursuivre, il est bon de faire deux remarques :


« D 'abord , ces expériencesne sont ni assez nombreuses, ni assez
variées pour que leurs résultats ne laissent prise à aucun doute.
La position de l'udomètre abrité a bien été changée chaque fois,
mais toujours dans le mêmemassif dont l'étendue est peu conside
rable. Les observations ont besoin d'être refaites en très-grand
nombre, dans diverses forêts du Nord et du Midi, à des expositions
et à des altitudes différentes, sous les taillis comme sous les futaies,
en un mot, dans les conditions les plus variées. Il faudrait aussi,
pour que les chiffres des coefficients fussent exactement com
parables, fixer les instruments à demeure ou les placer toujours
avant le commencement de la pluie.
« En second lieu , il est évident qu'on ne saurait attacher à ces
chiffres aucune idée d'exactitudemathématique. C'est une indica
tion digne de confiance, une approximation suffisante et pas autre
chose .
a Voyonsmaintenant ce qui ressort de l'examen des chiffresdu
tableau.
« En comparant les coefficients, on remarque d'abord quo,
comme il était facile de le prévoir, le pouvoir absorbant diminue à
mesure que la pluie devient plus forte et plus longue; malgre
l'anomalie de l'observation nº 4, la loi est évidente.
Observation nº 1. – Les chiffres des 3 , 50 et 6e colonnes sont
trop faibles à cause de l'évaporation produite par le soleil dans le
récipientde l'udomètre découvert. Il n'en résulte pas moins que,
pour une pluie peu intense, le pouvoir absorbantdes arbres résie
CHRONIQUE. 421
neux en hiver est le même que celui des arbres à feuilles caduques
en été, et que cette pluie est interceptée presque complétement.
« Observation nº 2. — La pluie est plus que double dela première
et le coefficient d 'absorption n'a diminué que de 0 .20. Le chiffre de
0.634 est d'ailleurs beaucoup trop faible. Il pleuvait déjà depuis
vingt-quatre heures lorsque les instruments ont été placés et les
arbres étaient saturés en partie.
« Observation n° 3. – La pluie était mêlée de beaucoup de neige
et on sait que les udomètres sont alors en défaut. Ce résultat n'a
pas grande valeur.
« Observation n° 4. — Celle- ci est au contraire très-importante .
Il pleuvait déjà depuis quelque temps lorsque les instruments ont
été placés, et ils ont encore reçu 29** .90, ce qui est une forte
pluie. Le coefficient quoique évidemment un peu faible s 'est élevé
à 0.668.
« Observation nº 5. – La pluie a été encore plus forte puisqu'elle
a donné 38mm.20.Mais elle étaitmêlée de neige, ce qui a probable
mentaffaibli le coefficient. Cependant il a atteint 0.565.
a Observation nº 6. — Il est extrêmement fâcheux que le ré
sultat soit doublement faussé. Il est tombé plus de 42 millimètres
en trente-six heures environ . Tous les ruisseaux avaient débordé,
toutes les plaines en vue étaient sous l'eau. Il eût été particuliere
mentintéressant d'avoir une observation bien complète pour ce cas.
On aurait vu ce que peuvent les arbres sur une pluie capable de
produire une inondation.
« Le coefficient 0 .507 est trop faible, une partie du contenu de
l'udomètre découvert ayant été répandue. Négligeons cette erreur,
il sera encore trop faible puisqu'il ne résulte que de la seconde
moitié de la pluie . Celui du n° 4 déduit d'une pluie de 29mm.go est
trop faible aussi pour 205 .80 . Adoptons-le cedendant, et nous au
rons pour moyenne o.58 .Il est permisde croire que sil'observation
n 'avait pas été troublée, le coefficient se serait élevé à o.59 ou 0.60.
« On peut certainement contester le mérite des diverses correc
tions que je fais subir aux chiffres du coefficient d'absorption : je
ne m 'entêterai pas à les défendre. Toujours est -il qu 'en acceptant
ces cofficients tels qu 'ils sont, et il en ressort clairement la loi sui
vante .
« Les arbres résineux possèdent, en toute saison , la propriété
d 'arréler au passage une fraclion de la pluie qu'ils reçoivent et de
l'empêcher d 'arriver jusqu 'au sol.
« La valeur de celle fraclion varie dansdes limites étendues et
diminue à mesure que la pluie augmente en intensitéel en durée .
422 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
« Elle ne parait pas devoir descendre au -dessous de la moitié du
volume d'eau tombée.
« Il est inutile d'insister sur l'importance capitale de cette loi
dans la question du reboisement. Si de nouvelles expériences en
démontrent l'exactitude, on peutdire que la question esttranchée.
Car si les forêts de conifères arrêtent au passage la moitié de l'eau
qu'elles reçoivent, elles diminuent de moitié, en fait, l'intensité
des pluies, et ce fait a une bien autre portée pour modérer la hau
teur des crues, quelemode d'écoulement de l'autre moitié.
« Je crois devoir répéter encore que je suis loin de regardermes
observations comme décisives : elles sont trop peu nombreuses,
trop incomplètes pour cela. Je ne me suis décidé à les faire con
naître que pour appeler l'attention sur un point qui me parait
avoir été négligé à tort jusqu'à présent, et je termine en émettant
le veu que l'administration forestière qui dispose d 'un personnel
instruit, actif, nombreux, répandu dans toutes les forêts de la
France, reprenne ces expériences sur une vaste échelle , afin d'ar
river à une conclusion positive et incontestable. »
Le veu qui termine la note que l'on vient de lire est en partie
réalisé. M . le directeur de l'École de Nancy poursuit depuis plu
sieurs années, avec des soins excessifs et d'excellents instruments,
d'une disposition neuve et ingénieuse, des observations qui appor.
teront des renseignements importants à la question dontil s'agit. La
chronique donnera un résumé de ces observations, aussitôt que la
brochure relative à l'année courante sera publiée.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
NOVEMBRE 1869.
CANEL. – La voie ferrée de Glos-Montfort à Pont-Audemer ; par Canel. In -8 ,
196 p. Evreux, imp. Canu.
Combes. — Deuxièmemémoire sur l'application de la théorie mécanique de la
chaleur aux machines locomotives dans la marche à contre-vapeur; par
M . Ch . Combes, membre de l'Institut. 10-8, 48 p. Paris, imprimerie veuve
Bouchard-Huzard ; lib . Dunod .
Favit . - Traité théorique et pratique du lever des plans à la boussole , à
l'usage des gardes généraux , des brigadiers et simples gardes des eaux et
forêts, des conducteurs et employés des ponts et chaussées, des gardes-mines,
agents voyers, géomètres, instituteurs et aspirants à ces diverses fonctions ;
CHRONIQUE. 423
par Firmin Favié, conducteur des ponts et chaussées. Avec 5 planches. In-8,
59 p . et 5 pl. Paris, imp. P . Dupont, 3 fr .
MICHON . - Stabilité des murs de revêtement à contre - forts multipliés; par
F . Micbon, lieutenant-coloneldu génie en retraite . In-8, 30 p . et 1 pl. Pa
ris, imp. Claye.
Extrait de la Revue générale de l'architecture et des travaux publics.
DOUliot. – Traité spécial de coupe des pierres; par J. P . Douliot, ancien
professeur d'architecture et de construction à l'École royale de dessin
2e édition , revue, corrigée et considérablement augmentée. Les 19 premiers
chapitres par F . M . Jay , architecte , etles 23 derniers chapitres par J. Claudel
et L . A . Barré, ingénieurs civils. Texle . In-4 , viil-539 p. Paris, lib. Dunod .
VAISSIÈRE, - Note sur le cylindre à eau ou à gravier de M . Bouilliant; par
M . Vaissière, ingénieur en chef des ponts et chaussées. In-8 , 5 p . et i pl.
Paris, imp. Cusset et C “; lib . Dunod.
Extrait des Annales des ponts et chaussées, t. XVIII, cabier de sep
tembre 1869.
ZEUNER . — Traité des distributions par tiroirs dans les machines à vapeur fixes
et les locomotives ; par G . Zeuner , professeur à l'École polytechnique fédé
rale de Zurich . Avec 54 fig . dans le texte et 6 pl. gravées. Traduit sur la
3e édition allemande par A . Debize et E . Mérijot, ingénieurs des manufac
tures de l'État. In-8 , 260 p . Jib . Dunod .
LABOULAYE. – Complément de la 3e édition du Dictionnaire des arts et ma
nufactures; par M . Ch. Laboulaye, avec le concours de plusieurs savants et
ingénieurs. Se livraison (38e du Dictionnaire). Suivie de l'Art industriel.
In-8 à deux col., 128 p . lib . du Dictionnaire, 40 , rue de Madame. La li
vraison , 2 fr.
Le complément paraîtra en 10 livraisons.
VIGREUX et Raux. — Théorie et pratique de l'art de l'ingénieur, du construc
teur de machines et de l'entrepreneur des travaux publics. Ouvrage compre
nant, sous le titre d'Introductions, les connaissances théoriques qui consti
tuent la science de l'ingénieur, et sous le titre de Projets, dépendant de ces
introductions, leur applications à toutes les branches de l'industrie et des
travaux publics; par L. Vigreux et A . Raux , ingénieurs civils. Précédé d'une
lettre aux auteurs, par M . Ch. Callon , ingénieur civil, professeur à l'École
centrale des arts et manufactures. 10° livraison . Partie didactique. Série E .
Mécanique appliquée. Mémoire du projet n° 1. Calcul des frollements. Elude
d'un treuil à engrenages. In 8, 52 p . Paris, lib. Eugène Lacroix, 3 fr.
HERVÉ-Mangon, — Expériences sur l'emploi des eaux dans les irrigations sous
les différents climats , et proportion des limops charriés par les cours d'eau ;
par M .Hervé-Mangon , ingénieur en chef des ponts et chaussées, professeur
à l'École des ponts et chaussées et au Conservatoire des arls el métiers.
Seconde édition ; 1 beau vol. grand in-18 jésus ; lib. Dunod. 6 fr.
BIBLIOGRAPHIE ANGLAISE
PAIRBAIRN (William ).- Iron : ils History ,Properties, and Processes of Manu
424 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
facture. New edit. revised and enlarged . 8vo. (Edinburgh, Black) pp. 309,
cloth, ios. 6d. (Longmans).
Le fer, son histoire, ses propriétés et ses procédés de fabrication.
WAITE (R .). - Tablesfor Cubing Scantlings of Timber. On card , is. (Bemrose).
Tables pour le cubage des bois decharpente.
Wilson 's Tables for calculating the cost of sbares in railway -insurance , and
other companies. By R . E . Robinson. 5th edit. 12mo. cloth, 5s. (E.
Wilson).
Tables pour calculer les intérêts pour les chemins de fer, les assurances
et autres compagnies.
Architect's (the) Guide ; or, Office and Pocket Companion, for Engineers, Ar
chitects , Land and Building Surveyors, Contractors, Builders, Clerks of
Works, etc. By W . Davis Haskoll, R . W . Billings, F . Rogers,and P. Thomp
son ; with numerous Experiments by George Rennie. 12mo. pp. 254, cloth,
58. 6p. (Atchley).
Guide de l'architecte et de l'ingénieur.
ANGELL (J. K.). — A Treatise on the Law of Watercourses. 6th edit. Edited by
J. C. Perkins. 8vo. pp. 862 (Boston , 1869) London , 31s. 6d.
Traité sur la loi qui régit les cours d'eau.
EDWARDS (F .) – On the Vontilation of Dwelling- Houses. Royal 8vo. cloth, 10$.
6d. (Longman ).
De la ventilation des appartements.
HOPKINS (T.) - On the Atmospheric Cbaoges which produce Rain and Wind
8vo. cl. gs. (Christian).
Des changements atmosphériques qui produisent la pluie etle vent.
AIRY (Wilfred ). — The spiral Pump applied as a Force Pump, a Suction Pump,
or a Mercury Pump ; with Remarks on the Theory of the Niachine, Formula
for Calculation , etc . 12mo. pp. 42. sewed , is. (Willis).
La pompe à spirale employée comme pompe foulante , pompe aspirante ou
pompe à mercure ; ouvrage accompagné de remarques sur la théorie des
machines, de formules de calculs, etc .
Spons' Dictionary of Engineering ; civil, mechanical, military, and paral.
With Technical Terms in French , German, Italian , and Spanisb ; to be com
pleted in about Sixty Fortnightly Numbers. Imperial8vo. size. The whole
illustrated by numerous engravings. Each Number can be had separately,
price is. London , E et F. N . Spon , 48 Charing Cross.
Dictionnaire de l'ingénieur civil, mécanique, militaire et paval.
Pour la Chronique :
Hervé Mangon .
SIPHON DE L'ALMA. 425

Nº 214
MÉMOIRE
Sur l'égout collecteur dit de la Bièvre et le siphon de l' Alma.
Par M . BELGRAND , inspecteur général des ponts et chaussées.

La ville de Paris a terminé en 1868 un grand ouvrage,


l'égout qui détourne la Bièvre de son ancien débouché situé
à 50 mètres en amont du pont d'Austerlitz et dirige ses
eaux, réunies à celles des égouts de la rive gauche, jus
qu'au pont d'Asnières, en passant en siphon sous la Seine
au pont de l'Alma.
Nousavons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de faire
connaître , dans un court exposé , l'histoire de ces travaux.
On sait que la Bièvre n'a pas toujours débouché en Seine
en amont du pont d 'Austerlitz ; le nom de la rue de Bièvre
semble indiquer qu'au XII° siècle , époque où cette rue a
été ouverte, le ruisseau tombait dans le fleuve vis-à -vis de
l'Archevêché. La forme mêmede la rue Saint-Victor, sa
basse altitude semblent indiquer que le lit suivait ce tracé ,
entre les rues des Fossés Saint-Bernard et des Grands
degrés.Néanmoins il parait assez probable qu'on le détourna
à l'époque où s'acheva l'enceinte de Philippe- Auguste et
qu'on le jeta en Seine en amont de la Porte Saint-Bernard .
C'est du moins dans cette position que nous trouvons une
de ses branches sur le plan de Gomboust, le plus ancien
plan sérieux de Paris , qui remonte à l'année 1652 ; à cette
date , la Bièvre se divisait en deux bras : celui d 'amont sui
Annales des P. et Ch., 4. série, ge ans., 12e cab. # M . - TOME XVIII. 28
426 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
vait le tracé actuel, l'autre passait sous le jardin des plan
tes (*), longeait les bâtiments de l'abbaye Saint-Victor, se
retournait parallélement à la rue des Fossés Saint-Bernard
et tombaiten Seine un peu en amont de la porte de ce nom.
A quelle époque ce bras a -t - il été supprimé ? C'est ce qu'il
est difficile de dire . Peut-être ce détournement doit-il être
attribué à Buffon, à qui, on le sait, est dû l'agrandissement
du jardin des plantes.
La Bièvre n 'était point alors ce cloaque fétide qui empoi
sonne l'air de la jolie vallée d 'Arcueil. C ' était une rivière
dont l'eau était assez limpide et assez pure pour qu'on ait
pensé, à la fin du xviiiº siècle, à la dériver vers Paris pour
l'alimentation des habitants. Cette proposition fut faite
en 1782 par M . de Fer de Lanouerre , et un arrêt du Conseil
d'État, du 3 novembre 1787, autorisa la dérivation .
Le projet reçut même un commencement d'exécution;
mais les plaintes des usagers motivèrent un nouvel arrêt du
Conseil d'État, du 11 avril 1789, qui suspendit les travaux.
Depuis cette époque, les eaux de la Bièvre ont étécorrom
pues, non - seulement par les tanneries et les mégisseries qui
existaient déjà en assez grand nombre à Paris, à la fin du
XVIIIe siècle , mais encore par des blanchisserieset d'autres
établissements industriels, qui sont exploités aujourd'hui
depuis l'origine de la vallée jusqu'aux fortifications.
La rivière était devenue dans ces derniers temps si noire
et si fétide qu'elle suffisait, malgré son faible débit, pour
troubler et corrompre toute l'eau du fleuve. Aussi depuis
longtemps les ingénieurs s'étaient-ils préoccupés desmoyens
de détourner ce ruisseau, pour le jeter en Seine à l'aval de
Paris .

(*) Le jardin des plantes, commencé par Guy -Labrosse en 1627,


et inauguré en 1640 , portait alors le nom de Jardin des plantes
médicinales; il n 'occupait en longueur que la moitié à peiue de
son en placement actuel; il était limité du côté du Nord par le bras
de la Cièvre, qui débouchait en Seine à la porte Saint-Bernard .
SIPAON DE L 'ALMA. 427
A l' époque où l'on construisit l’écluse de la Monnaie,
vers 1852, on établit, sous les bas- ports de la Seine , on
égout collecteur destiné à recevoir les eaux de la Bièvre et
des égouts de la rive gauche ; les travaux furent exécutés
depuis un point pris en amontdu pont de l'Archevêché juć
qu'à l'aval du pontdes Arts , où cet égout débouche en Seine.
Il reçoit encore les eaux des égouts des quais de Saint-Ber
nard , de la TourneHe et de Montebello. Mais, construit à
une trop basse altitude sous un terrain submersible à la
moindre crue du fleuve, il est réellement impraticable. On
ne pourrait en faire le collecteur des eaux de la Bièvre et
des autres égouts de la rive gauche, car il est déjà engorgé
par le petit nombre d 'égouts qui y débouchent. Cette entre
prise fut donc abandonnée, et la partie construite devra être
comblée dès qu'on, aura renversé la pente des égouts des
quais Saint Bernard, de la Tournelle et de Montebello vers
le nouveau collecteur.
Projets. — Il avait été décidé, avant l'annexion du nou
veau Paris, que les eaux de la Bièvre et des égouts de la
rive gauche seraient jetées , sur la place de la Concorde, dans
le collecteur général d'Asnières en les faisant passer en
siphon, sous la Seine, dans deux tubes en tôle d'un mètre
de diamètre.
Le projet, en date du 16 février 1859 de la partie com
prise entre la Bièvre et le pont de l'Alma, fut approuvé,
le 17 août 1859 , par le ministre des travaux publics et,
le 26 août suivant, par le Conseil Municipal.
francs.
Lemontantde la dépense fut ainsi fixé à . . . . . . . . . 2 204 000
En outre, la partie de cette galerie qui longe le square
de Cluny fut construite en même temps que le bou
levard Saint-Germain et coûta . . . . . . . . . . . . . 42 000
Un autre tronçon ,' entre l'avenue de Latour-Maubourg
et la rue de la Boucherie, fut aussi construit et payé
à part, et coûta. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 735
Le projet d 'un dernier tronçon faisant partie du boule
A reporter . . . . . . 9 282 735
428 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
francs.
Reporl. . . . . . 2 282 735
vard Saint-Germain , entre les rues Saint- Jacques et
Monge, fut approuvé le 5 novembre 1866, et ladépense
fut fixée à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 000
La dépense pour construire cette première section du
collecteur fut donc , dès l'origine, évaluée à . . . . . 2 462735
Il faut ajouter à cette somme, pour l'établissement des
portes de flot des égouts de la rive gauche , d'un petit
port d 'embarquement et autres menus travaux non
exécutés, une somme de. . . . . . . . . . . . . . . .. 74 000
Ce qui portera la dépense totale à . . . . . . . i . . . . 3536 735
Une première onverture de crédit, du 4 avril 1860, per
mit de construire la partie comprise entre le pont del’Alma
et la rue de Beaune; la pente se dirigeait vers le pont de
l'Alma. On pensait qu'on la renverserait après la con
struction du siphon pour ramener les eaux depuis le Champ
de-Mars jusqu'au pont de la Concorde. Pour cela on avait
tenu la banquette horizontale à l'altitude 29 ". 10 entre ce
dernier pont et celui de l’Alma. Mais après l'annexion , une
étude sommaire fitreconnaître qu'il était absolument impos
sible de ramener à la place de la Concorde les eaux deGre
nelle, de Passy et d'Auteuil, et qn'il était très-difficile de
conduire au collecteur général d'Asnières, le long du chemin
de Ceinture, les eaux du point bas des Ternes et du nord
de Passy. Nous constatâmes , qu'il n 'y avait que deux
partis à prendre ; il fallait : soit maintenir le siphon au
pont de la Concorde et jeter en Seine les eaux de toute la
partie aval du nouveau Paris vers les fortifications à Gre
nelle et au point-du - jour, soit construire un nouveau col
lecteur général. C 'est à ce dernier parti que nous nous
arrêtâmes.
Le choix de l'emplacement fut discuté dans une confé
rence qui eut lieu dans le cabinet de M . le Préfet, le
19 novembre 1864. Dans un but d'économie , nous nous
contentions de couper le cap de Boulogne et de jeter les eaux
du nouveau collecteur en aval de Saint-Cloud. M . le Préfet
SIPHON DE L'ALMA. 429
repoussa cetle proposition ; suivant lui, la Seine ne devait
recevoir les eaux d 'égout qu'à l'aval de Sèvres, de Saint
Cloud, du bois de Boulogne et de Neuilly (* ). Il fut donc
décidé, sous la réserve de l'approbation du Conseil Muni
cipal, que le nouveau collecteur passerait en siphon , sous
la Seine au pont de l'Alma, puis , en souterrain sous la
place de l'Etoile pour se diriger vers le fleuve , en suivant
la rue de Courcelles dans Paris et hors de Paris. Le dé
bouché en Seine était fixé dans le prolongement en ligne
droite du tracé de cette rue , M . le Préfet nous déclara
même qu'il ne présenterait pas nos projets au Conseil
Municipal, si nous ne trouvions le moyen de ramener au
pont de l’Alma la totalité des eaux de Grenelle , d'Auteuil
et de Passy. C ' était une condition difficile ; mais la position
du barrage de Suresnes la rendait nécessaire.
On se préoccupait déjà , vers cette époque de l'idée de
détourner du fleuve les eaux des égouts de Paris ; M . l'ingé
nieur Mille proposait d 'utiliser ces eaux au profit de l'agri.
culture en les relevant au moyen du moteur hydraulique créé
par le barrage de Suresnes.Le ConseilGénéraldes ponts et
chaussées reconnaissait qu'il convenait de concéder ce mo
teur à la ville de Paris ; cet avis fut ratifié par une décision
ministérielle, ce qui entraînait la modification du tracé du
nouveau collecteur à son arrivée en Seine. Au lieu d ' établir
son débouché dans le prolongement de la rue de Courcelles,
il convenait de le diriger vers l'égout d'Asnières, parallèle
ment à la Seine, par la rue de Villiers à Levallois. Le trouçon
compris entre la rue de Courcelles et le collecteur général,
pouvait servir à ramener toutes les eaux de Paris vers l'usine
du barrage de Suresnes, dès que cette usine serait con
struite .
Cette modification de tracé n'exigeait aucune augmen
(*) Si le collecteur de la Bièvre avait débouché en Seine en
amont du barrage de Suresnes, il aurait fait du fleuve ure mare
fétide.
430 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
tation de dépense . Elle répondait, dans une certaine me
sure, aux réclamations des riverains du fleuve, qui redou
taient deux débouchés de collecteurs. Le projet de la
deuxième section du collecteur de la Bièvre fut dressé en
tenant compte de toutes ces considérations; il porte la
date du 26 décembre 1865.
Nous nous sommes conformé au programme de M . le
préfet, en ramenant au pont de l’Alma les eaux d'Auteuil,
de Passy et de Grenelle ; nous avons trouvé une bonne so
lution pour ce dernier collecteur. La pente faisant complé
tement défaut, nous avons proposé un radier horizontal
sur une longueur de 3.000 mètres, et une cunette de
2 mètres de profondeur. Le nettoiement sera fait avec
des wagons vannes qui exigeront imètre de pente.Momen
tanément, pendant le nettoiement, l'eau, vers les fortifi
cations, s'élèvera à 1 .50 de hauteur dans les cunettes ;
l'eau des petits égouts sera refoulée et s'écoulera ensuite
naturellement quand le collecteur deviendra libre. france.

Le projet d'un premier tronçon entre le pont de l'Alma


et la rue d 'Angoulême prolongée avait été approuvé,
le 17 mars 1865, par le conseil municipal, et deux ar
rêtés, en date des 15 avril et 12 mai 1865 , avaient
fixé le montant de la dépense à . . . . . . . . . . . . 253 000
Le projet général ſut soumis au conseil municipal, qui
l'approuva le 11 mai 1866 et le montant des dépenses
fut fixé, par arrêtés des 19 juin et 31 juillet suivants, à . 3 160 000
En outre on dut comprendre dans les travaux exécutés
sur la rive gauche de la Seine, en amont du pont de
l'Alma, divers ouvrages se reliant au siphon et faisant
partie du collecteur de Grenelle approuvé à la niême
date ; l'eusemble de ces travaux montait à . . . . . . . . 116250
La construction du collecteur entre le pont de l'Alma
et son débouché dans l'égout d'Asnières était donc 29 50
3529220
évaluée à. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Si à cette somme nous ajoutons celle indiquée ci-dessus
pour la construction de l'égout entre la Bièvre et le 463 5
pont de l'Alma, soit. . . . . . . . . 3 73
Nous trouvons que l'ensemble des dépenses autorisées,
d'après les projets primitifs, monte . . . . . . . . 5991 gou
SIPHON DE L'ALMA. 431
Dimensions de l'égout. — Le collecteur de la Bièvre est
construit depuis la Bièvre jusqu'à la rue de Villiers, sui
vant le type n° 3 des égouts de la ville ; il a 4 mètres de
largeur aux naissances de la voûte et 2m.go de hauteur entre
les banquettes et la clef. La cunette a 2 ".20 et les ban
quettes om.70 de largeur (fig. 5 et 6).
On donna d 'abord à la cunette om. 8 . de profondeur, y
compris la flèche de 01. 20 . Depuis on reconnut l'utilité
d'augmenter cette profondeur et, à partir du pont de l’Alma
jusqu'au collecteur général d'Asnières, elle a été portée à
14.50 au moins.
Dans la rue de Villiers , entre la rue de Courcelles et le
collecteur général, on a adopté le type n° 1 ( fig. 7 ) , ce
qui permettra, comme on l'a dit ci-dessus, de renverser
la direction des eaux et de conduire celles des deux collec
teurs à l'usine de Suresnes dès qu'elle sera construite.
Voici, en résumé, les profondeurs de la cunette du nou
veau collecteur entre la Bièvre et l'égout d'Asnières :
mètres.
De la Bièvre à la rue Saint- Jacques (fig . 5 ). . . . . . . . 1 .30
De la rue Saint- Jacques au pont Royal. . . . . . . . . . 1.00
Du pont Royal au pontde la Concorde (partie surbaissée). 0 .80
De ce pont jusqu 'au pont de l'alma, cette profondeur
augmente progressivement jusqu'à . . . . . . . . . . 1. 20
Du quai de la Conférence à la place de Courcelles (fig . 6 ). 1 .to
De cette place à la rue de Villiers, cette profondeur croit
régulièrement jusqu'à. . . . . . . 1 .80
De là au collecteur général elle croit encore jusqu'à . . 2.00

Tracé. – L'égout prend la Bièvre dans la rue Geoffroy


Saint-Hilaire , suit les rues Geoffroy-Saint-Hilaire , Saint
Victor, des Écoles,Monge, les boulevards Saint-Germain et
Saint-Michel, puis les quais jusqu'au pont de l'Alma ; pasge
sous la Seine en amont de ce pont, puis se dirige vers la
place de l' Étoile par l'avenue Joséphine, et de la vers le
collecteur général par l'avenue de Wagram et les rues de
Courcelles et de Villiers. Ce tracé se décompose ainsi : :
432 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
mètres .
Longueurs. 1°Entre la Bièvre et le souterrain Saint-Victor. 165. 40
2° Souterrain Saint - Victor . . . . . . . . . . . . . . . 458 . 94
3. Entre le souterrain Saint -Victor et la chambre de la
place Saint-Michel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1992. 97
4° Chambre Saint-Michel. . . . 23 .00
5° Entre cette chambre et l'origine de la double galerie
construite en tête du siphon de l'Alma (tracé sur les
quais des Grands-Augustins, Conti, Malaquais, Voltaire
et d'Orsay). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3167 . 05
6° Double galerie, récipientdes boues en tête du siphon . 299. 35
7° Galerie du siphon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32. 17
hal Partie en ciment, rive gauche. . 11. 74
8. Siphon double tube
" Partie métallique . . . . . . . . . 155 .79
de i mètre . . : : . Partie en ciment, rive droite . . . 1 .10
gº De la sortie du siphon au souterrain de l'avenue José
phine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291. 40
10° Souterrain de l'averue Joséphine, de la place de
l'Étoile , de l'avenue de Wagram et de la rue de Cour.
celles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 667.61
11° De la sortie du souterrain , à la rue de Villiers à Le
vallois , en suivant la rue de Courcelles. . . . 1 173.61
19° Rue de Villiers, type n° 1, jusqu'au collecteur géné
ral d'Asnières. . 5411.40
13º Chambre à la jonction des deux collecteurs. . . . . 27.20
Longueur totale utile . . . . . . . . 10 909.73
A cette longueur il faut ajouter :
14° Galerie entre l'entrée du siphon et le quai
rive gauche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 .41 30 .76
25° Galerie entre le mur de quai rive droite et
la sortie du siphon. . . . . . . . . . . . . . . 15.35 )
Longueur totale . . . . . . . 10 240.49
Pentes. - L'altitude de départ du radier à la Bièvre est . . 29.51
L 'altitude d 'arrivée à la galerie du siphon . . . . . . . . . . 27.87
Différence ou pente totale de l'égout de la rive gauche. . . 1.64
La longueur étant. . . . . . . . . . . 5 338 .88
1.64
La pente kilométrique est 4de 5 338.88 = 0*.307.
La pente totale du radier de la galerie du siphor est de
370 .87 26 ".00 = . . 14.87
SIPHON DE L'ALMA, 433
La charge du siphon entre les radiers à ses deux extré
mités est de 26 mètres — 25 " .50 = 0 .50.
Entre le rallier du collecteur d 'amont et le centre de
l'extrémité d'aval des tubes elle est de
277.87 — 26 mètres = 11.87.
Enfin en supposant les deux égouts pleins jusqu'aux
banquettes elle s'élève à 29" . 10 — 27 mètres = 2" . 10.
Cote du radier à la sortie du siphon . 25" .50
Cote d 'arrivée au type n° 1 . . 1 . . 24 " .28
Différence ou pente totale. . . . . 1".22 entre l'extrémité d'aval
du siphon et le type n° 1.
Longueur utile. . . . , 4 .132“ .62
Pente kilométrique. . . 0 ".295
Le radier est horizontal sur toute la longueur de 5411 .40
du type n° 1,
Pente totale de l'égout y compris la charge du siphon
29*.51 — 24 ".28 = 5 ",23.
Pente kilométrique moyenne y compris la charge du
siphon
on
5 .23
10 209 .73 = 0 .512

On voit qu'une grande partie de la pente (2“ .37 plus


des 3 cinquièmes) a été réservée pour donner des chasses
dans le siphon avec des charges qui, dans le cas le plus
défavorable, peuvent monter à 2 ".10.
Lorsque l'égout est ainsi rempli jusqu'aux banquettes en
amont et en aval du siphon et que la charge des tubes est
de 2 ". 10 , leur longueur totale étant de 169“ .63, on trouve
par les formules ordinaires d'hydraulique :
Vitesse correspondante de l'eau . . . . . . . . . . 2- ?. 95
Débit des deux tubes, ensemble par seconde . . . . 4 * 3.63
434 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
En temps ordinaire avec la charge de om.50 la portée du
siphon peut s' élever à 22m3.20.
. 20 .

L' égout de la Bièvre dans la traversée de Paris ne doit


point verser en Seine l'eau qu'il débite tant qu'elle ne
s'élève pas à om.30 au-dessus des banquettes .
Sa section mouillée w est alors de. . . . . . 343.126
Son périmètre mouillé x de. . . . . . . . . . 6 .000
Le rayon moyen R = = - 6°
6 . = . . . . . o* .521

En tenant compte de la pente kilométrique de o " .30 on


obtient par la formule de Prony, en supposant le mouve
ment uniforme établi :
Vitesse par seconde. . . 0° .66
Débit. . . . . . . . . . . 2 -3.06

Mais ce n'est pas le mouvement uniforme qui s' établit


dans les grands égouts, il faudrait pour cela que leur lon
gueur fût infinie . Lorsqu'ils débouchent directement en
Seine par une chute , c'est le mouvement accéléré qui se
produit, la pente à la surface de l'eau est beaucoup plus
grande que celle du radier et augmente à mesure qu'on se
rapproche du débouché et que la section mouillée diminue.
Ainsi lorsque à la suite d 'une grande averse l'eau s'élève
dans le collecteur général à 1m .50 au -dessus desbanquettes,
les ouvriers ont constaté par le passage des corps flottants
des vitesses de 7 à 8 mètres par seconde ; à l'arrivée en
Seine la cunette est à peine remplie jusqu'au niveau des
banquettes, mais la vitesse est telle que parfois le courant
traverse tout le fleuve. On a trouvé sur la rive gauche, du
côté d 'Asnières, des bidons perdus par les ouvriers dans
l'égout au moment de l'averse. Ces crues sont toujours pro
duites à Paris par de grandes pluies qui durent rarement
plus de 30 minutes..
J'ai constaté des faits du même genre au débouché de
SIPHON DE L'ALMA. 435
l'ancien égout de ceinture à Chaillot. La vitesse de l'eau à
la suite d'une averse était telle que des pierres de plusieurs
décimètres cubes, flottaient et restaient visibles pendant
plusieurs secondes avant de disparaître dans le flot noir de
l'égout.
1 soul.

Pour le collecteur de la Bièvre la chute de 2 " . 10 ména


gée en tête du siphon produit lemêmeeffet qu'une chute en
Seine, la vitesse s'accélère en se rapprochant du siphon,
et lorsque l'eau s'élève à om.30 au-dessus des banquettes,
le débit par seconde ou la puissance de l'égout dépasse de
beaucoup le chiffre de 2 " . 06 donné par le calcul qui pré.
cède, et atteint celui de 4 ” .63 calculé ci- dessus pour le
siphon .
Le fait a été constaté le 8 décembre 1868 ; le siphon fonc
tionnait à pleine charge et l' égout lui fournissait toute l' eau
quoiqu'il ne fût rempli qu'au niveau des banquettes. Le
débit devait donc être de 4 ” .63.
Un égout collecteur est un cours d'eau ordinaire coulant
dans un sol imperméable et recevant un grand nombre
d'afluents sur une petite longueur.
La portée va donc en croissant depuis l'origine de l' égout
jusqu' à son débouché ; il serait rationnel de diminuer la
pente et la section dans la partie supérieure et de les aug
menter progressivement au fur et à mesure que le volume
d'eau à débiter augmente . On obtiendrait ainsi une écono
mie notable dans la construction ; c'est ce que les Anglais
ont fait à Londres : la section de leurs égouts collecteurs
estmoindre au départ que celle des plus petits égouts de
Paris.
Dans cette ville on n 'a pu suivre le même système pour
deux raisons : les conduites d 'eau sont posées dans les
égouts, les grosses dans les collecteurs, ce qui exige une
grande section continue. En outre , à Paris, on jette les
boues des chaussées macadamisées dans les égouts , ce
qu'on ne fait pas à Londres; or les boues lourdes ne peu
436 KÉMOIRES ET DOCUMENTS.
vent voyager dans ces galeries souterraines qu'à l'aide de
procédés mécaniques et seur cela il faut des cunettes
d 'une section uniforme. Les collecteurs de Paris sont donc
construits d 'un bout à l'autre sur de grands types. Nous
reviendrons dans un travail d'ensemble sur ces questions
capitales. Bornons-nous à constater un fait incontestable ;
les collecteurs de Paris ont une puissance qui manque aux
égouts collecteurs de Londres : ils peuvent transporter les
boues de macadam .
Pour construire les grands égouts d'unemanière ration
nelle avec une section uniforme, il faudrait diminuer la
pente dans la partie d 'amont et l'augmenter en descendant
tant que le collecteur reçoit des affluents ; puis lorsqu'ilne
reçoitplus d 'affluents diminuer la pente du côté dudébouché
pour tenir compte de l'accélération de vitesse qui se mani
feste à mesure qu'on approche du fleuve. Cette répartition
des pentes exigerait des tâtonnements impossibles en prati
que. Maison diminuerait certainementla puissance del'égout
si l'on réglait sa pente d'une manière uniforme d'une
extrémité à l'autre. C'est ce que nous allons faire voir par
des calculs très -simples .
Prenons pour exemple le collecteur de la Bièvre et suppo
sons sa pente réglée uniformément en réservant om.6o seu
lement pour la charge du siphon ; d'après les données qui
précédent, la longueur de l' égout étant de 10 200 mètres,
sa pente totale de 59.23 et la charge du siphon étant fixée
par hypothèse à o ” .6o , il est évident que la pente kilométri
5 . 13 - 0 .60
que serait de ~ 10209 = 0 " .454 au lieu de 0.30 ,
pente donnée pour réserver une chute en tête du siphon .
En supposantl'égout rempli d 'eau jusqu'à 0 .30 au-dessus
des banquettes on obtiendrait par la formule de Prony :
Vitesse moyenne de l'eau . . . . . . . . OK .80
Débit par seconde de l'égout. . . . . . 2-5.50
SIPHON DE L 'ALMA. 437
avec la charge de om .60 le siphon débiterait très-sensible
ment le même volume d'eau. En réalité la puissance de
l'égout serait réduite à 2 ” .50 parce que le débouché en
Seine étant très-éloigné et d'ailleurs le siphon ne pouvant
pas débiter plus de 2" .50, le mouvement uniforme s' éta
blirait au -dessus du siphon surtout si le volume d ' eau était
constant d 'une extrémité à l'autre de l'égout. En aval du
siphon au contraire la pente serait trop grande parce que la
vitesse de l'eau s'accélérerait en approchant du débouché.
Nous avons dit que la chute de 2m. 10 établie en amontdu
siphon pour faciliter les chasses , portait la puissance de l'é
gout à 4 " .63. Ainsi en établissant une pente uniforme,
c'est- à-dire en supprimant cette chute , non -seulement on
se serait privé de la possibilité de donner des chasses
dans le siphon , chose indispensable , mais on aurait dimi
nué de près de moitié la puissance de l'égout.

EXÉCUTION DES TRAVAUX .

Première section entre la Bièvre et le pont de l'Alma.


– Nous ne parlerons pas des deux petits tronçons, du
square de Cluny et de l'avenue de Latour-Maubourg , qui
ont été exécutés isolément en même temps que les autres
égouts du boulevard Saint-Germain etde l'avenue deLatour
Maubourg .
Les différentes parties de la première section du collec
teur de la Bièvre s'exécutèrent dans l'ordre suivant : la
première partie entre le pontde l’Alma et la rue de Bourgo
gne fut construite dans la campagne de 1860, sous la di
rection de M . l'ingénieur Foulard. M . l'ingénieur Buffet di
rigea les travaux de la deuxième partie, entre les rues de
Bourgogne et du Bac . En 1861 on exécuta les travaux jus
qu'à la rue Saint- Jacques en utilisant la petite partie déjà
faite le long du square de Cluny. On entreprit également
à cette époque les travaux du souterrain à ouvrir sous la
S
438 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
partie baute de la rue Saint-Victor, aujourd 'hui rue Linné;
ce souterrain de458“ .94 de longueurprésentait, comme on
va le voir, d'assez sérieuses difficultés . Commencé en octa
bre 1861, il était entièrement terminé le 4 avril 1862.
Les travaux de cette première section furent suspendus,
depuis le 4 avril 1862jusqu'en juin 1869, parce que l'égout,
entre la place Maubert et la rue des Boulangers, empruntait
le tracé des rues Monge et des Écoles qui n 'étaient pas en
core ouvertes; on avait reconnu qu'il était difficile de con
struire une aussi grande galerie dans la partie correspon
dante trop basse et trop étroite, de la rue Saint-Victor (*) .
Les deux lacunes qui existaient d'une part entre la rue
Saint- Jacques et la tête d 'aval du souterrain Saint-Victor et
d 'autre part, entre la tête amont de ce souterrain et la
Bièyre furent donc comblées lorsqu'on ouvrit les rues Monge
et des Ecoles. Entrepris vers la fin de mai 1866 les tra
vaux furent complétement terminés le 28 mai 1867, et la
Bièvre cessa, à partir de ce jour, de tomber en Seine en
amont dupont d 'Austerlitz ; son débouché fut reporté sous le
pont de l'Alma dans l' ancien chenal de l'égout de la Vierge
qui traverse la culée de ce pont. C 'était déjà un grand ré
sultat obtenu.
L'ouverture de la première section du collecteur de la
Bièvre fit immédiatement disparaître toutes les impuretés
qui souillaient l'eau du fleuve dans la traversée de l'ancien
Paris , mais pour les reporter à l'aval du pontde l’Alma sur
la rive de Grenelle.
L'exécution de cettre première section n'a présenté de
difficultés spéciales que sur un seul point, rue Linné, au
(*) Cette rue était d 'ailleurs pourvue d 'un égout. L 'obligation de
maintenir cet égout en service au milieu des étais de la fouille de
la grande galerie aurait augmenté considérablement les difficultés
de l'entreprise ; nous le savions par expérience , car nous avions
construit dans ces conditions le collecteur de la rue Neuve-des
Petits -Champs et le collecteur des rues du Château - d'Eau , des
Petites -Écuries et Richer.
SIPHON DE L 'ALMA . 439
souterrain Saint-Victor. Le reste a été construit dans les
conditions ordinaires des travaux de ce genre et tout le
monde comprend sans peine qu'il n 'est ni simple ni facile
d'exécuter de grandes galeries dans les rues les plus peu
plées d'une capitale comme Paris. Mais enfin nous avions
déjà construit beaucoup d'autres ouvrages de ce genre, et
l'exécution de cette partie du collecteur ne présentait pas
plus de difficultés . Elle a doncmarché régulièrement sa ns
accident et sans imprévu . (* )
Le souterrain Saint- Victor qui, exécuté en pleine cam
pagne n'aurait nullement préoccupé les ingénieurs, était
d 'une exécution difficile et dangereuse dans Paris. Nous ne
dirons rien de l'extraction d'un banc de roche très -dure qui
occupait l'emplacementde la cunette ; c'était purement et -
simplement une question de dépense . Mais le ciel du sou
terrain était formé d'un sable fin et mouvant rendu très
dangereux par la présence de deux conduites maîtresses :
l'une de o.30 d'eau d'Ourcq , l'autre de 0 .25 d'eau de Seine.
C' était surtoutdans la partie amont du souterrain que nous
devions craindre les accidents :la rue Geoffroy -Saint-Hilaire ,
très - étroite derrière le Jardin -des-Plantes , est bordée par
les constructions de l'hospice de la Pitié .La rupture des con
duites d'eau pouvait avoir les conséquences les plus funes
tes. Nous pouvonsdire hautement que sans le dévouement
(*) Nous ne rendiions pas à nos collaborateurs la justice qu'ils
méritent si nous ue donnions ici une idée de la rapidité avec la
quelle les travaux étaient exécutés.
Commencée dans les premiers jours d 'avril 1860 en remontant à
partir du pont de l'Alma, cette grande galerie atteigoait le 16 juillet
le pont de Solférino. Le 5 octobre, l'égout était en service entre
les ponts Royal et de l'Alma.
Les travaux étaient repris le 15 mars 1861. Le 14 juin , l'égout
était voûté jusqu'au pont Neuf, malgré de très difficiles terrasse
ments ouverts dans les anciennes fondations des quais le long de
l'Institut. Le 6 août, on achevait la grande chambre de la place
Saint-Michel et l'égout était entièrement terininé jusqu 'à la rue
Saint-Jacques à la fin de la campagne.
440 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

de nos collaborateurs les travaux ne se seraient pas achevés


sans quelques catastrophes.
Commencés dans les premiers jours d 'octobre 1861 les
travaux marchérent d 'abord avec une grande régularité
malgré la dureté de la roche qui remplissait l'emplacement
de la cunette et la fluidité du sable qui occupait celui de la
voûte . Le 6 décembre. c' est- à -dire deux mois après l'ou
verture des travaux, la petite galerie d'avancement était
ouverte d'un bout à l'autre, la voûte était construite sur
100 mètres de longueur. On avait évité tout accident en
obligeant les mineurs à pousser en avant du dernier cadre
posé ,les petites planches qui soutenaient le ciel et en gar
nissant les vides avec de la paille . Le 13 décembre un fon
tis se forma dans la partie étroite de la rue Geoffroy -Saint
Hilaire sur 10 " delongueur et 6 .00 de largeur. Ilest probable
que cet accident fut déterminé par la rupture dela conduite
de 0.25 d 'eau de Seine qui est en tôle bitumée ; car le
boisement était si solide que les cadres ne s'écrasèrent pas .
La galerie fut remplie en un instant d' eau et de sable. La
conduite de o .30'd 'eau d 'Ourcq et celle de 0 . 25 de l'éclairage
se rempirent également et augmentèrent le désordre. Un
mineur engagé dans les décombres du fontis , fut gauvé par
le chef cantonnier Peyrot qui, au péril de ses jours, vint à
son aide au milieu de ce torrent d'eau et de boue. La belle
conduite de cet ouvrier fut l'objet d 'un ordre du jour de
M . le sénateur, préfet de la Seine, en date du 6 fé
yrier 1862.
Malgré ce grave accident, la voûte était complétement
terminée le 1er février. On exploita en sous-ceuvre le banc
de roche qui remplissait la cunette, et le 4 avril le corps
de l'egout était terminé, il ne restait à faire que deux re
gards.
Deuxième section entre le pont de l'Alma et le collecteur
général y compris le siphon . – Les travaux de la deuxième
section ont été exécutés dans l'ordre suivant, sous la
SYPHON DE L'ALMA. 441
direction de trois denos collaborateurs :MM . Buffet, Darcel
et Bernard .
Le premier tronçon de 306 ".75 de longueur a été ouvert
sur le tracé de l'avenue Joséphine entre le quai de la Confé
rence et la rue d'Angoulême prolongée dans les premiers
mois de la campagnede 1865 sous la direction de M . l'ingé.
nieur Darcel. Le souterrain de la place de l'Etoile et le reste
de l'égout ont été exécutés du jer septembre 1866 au 27
juin 1868. M . l'ingénieur Darcel a dirigé les travaux depuis
la tête amont du souterrain jusqu'à l'avenue des Termes.
Cette partie de l'égout qui passe sous l'avenue Joséphine, la
place de l'Étoile et l'avenue de Wagram a été construite
enlièrement en souterrain sur une longueur de 1389". 13.
La section de M . l'ingénieur Bernard commençaità l'avenue
des Ternes et se terminait au collecteur général, elle
s'étendait sous l'avenue deWagram , la rue de Courcelles
(Paris), la rue de Courcelles (Levallois , et la ruede Villiers.
métres.
L'égout a été ouvert en souterrain sur. . . . . 1 278 .48
en tranchée suivant le
type n° 3. . . . . . . . . . . . . . .. . . . 1175 .61
en tranchée suivant le
type dº 1 . . . . . . . 568 ,60
Longueur totale. . . . . . . . 3 020.69

Le 27 juin 1868 nous avons pu parcourir le collecteur en


bateau depuis le quai de la Conférence jusqu'en Seine au
pont d'Asnières.
Les travaux du siphon ont été dirigés par M . l'ingénieur
Buffet. Commencés dans la première quinzaine de mars
1868, ils ont été terminés le in novembresuivant. L' eau de
la Bièvre et des égouts de la rive gauche a été jetée le len
demain dans le tube d 'amont du siphon. Les travaux de
terrassements et de maçonnerie du collecteur de la Bièvre
ont été exécutés par M . Laroque, entrepreneur, associé à
la maison Gabriel et Garnuchot; les travaux de tôlerie du
29
Annales des P , el Ch .MÉXIRES - - TOME sv .
442 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
siphon par M . Ernest Gouin , qui a été chargé de l'im
mersion .
Ces travaux ont présenté les plus sérieuses difficultés qui
ont été surmontées heureusement grâce à l'habileté, à l'é
nergie et au dévouement de tous nos collaborateurs : ingé
nieurs, conducteurs et entrepreneurs .
La première partie construite sous les remblais de l' ave
nue Joséphine a donné lieu à des accidents fort rares heu
reusement. Les égouts ne chargent pas le sol dans lequel
on les construit ; ils ne changent pas les conditions d 'équi
libre ; ils peuvent donc être établis dans les plus mauvais
terrains, dans les argiles les plus compressibles et les plus
fluentes sans subir d'avaries, à la seule condition que le sol
ne soit pas chargé au -dessus. Pour la première partie du
collecteur de la Bièvre entre le quai de la Conférence et la
rue d 'Angoulême prolongée , cette condition n 'a pas été
remplie. Le sol qui est composé d 'argile plastique et qui,
par conséquent, est très -compressible , a été chargé par les
énormes remblais de l'avenue, qui y ont déterminé des
mouvements considérables. Tous les égouts du quartier et
notamment le collecteur de la Bièvreontsuivicemouvement.
Le 15 juin 1865, nous constatâmes M . Darcel et moi que
des lézardes de plusieurs centimètres de largeur s'étaient
ouvertes à la clef et aux naissances de la voûte sur une lon
gueur de 40".00 à droite et à gauche du débouché de l'an
cien égout de Ceinture. On remit l'égout sur cintre et on
attendit que le sol revîntà son état d 'équilibre; on put alors
fermer les lézardes en y enfonçant des coins en fer et en les
remplissant avec du mortier de ciment.
La partie du souterrain de l'Étoile construite sous la di
rection de M . Darcel a été ouverte dans les parties dures
du calcaire grossier . Nous y avons rencontré des sources
qui débitaient jusqu'à 50 litres par seconde d'eau. Nous
étions presque au niveau de l'étiage de la Seine età chaque
crue le débit des sources augmentait dans une forte pro.
SIPHON DE L'ALMA. 443
portion. Les puits avaient 30". 00 de profondeur ; de sorte
que l' épuisement a été dispendieux et difficile ; la dureté de
la roche qui dans un sol sec n 'aurait été qu'un inconvénient
desecond ordre est devenue un obstacle très-sérieux au
milieu de toutes ces sources jaillissantes.
Les 1389 mètres courants de ce souterrain ont été com
mencés le jer septembre 1866 et ont été terminés le 27
juin 1868. La durée des travaux a donc été de 22 mois. Les
3. 020mètres de la section de M . Bernard commencés à la
même époque étaientachevés le 18 février 1868, en 17
mois et 18 jours. Ils ont présenté aussi de grandes diffi
cultés, mais d 'un autre genre.
La partie du souterrain de la section de M . Bernard a été
ouverte dans un sol argilo - sableux (les sables moyens) un
peu bouleversé par d'anciens phénomènes diluviens, mais
heureusement renfermant peu d'eau. On sait que les sou
terrains ouverts dans de pareilles conditions donnent lieu
ordinairement à de nombreux fontis et aux plus regrettables
catastrophes. Lesmineursdisentque les terrains sablonneux
sont traîtres et c' est là en effet qu 'ils trouvent souvent la
mort, la plupart du temps par leur imprudence. Dans la
rue de Courcelles , ces accidents étaient d 'autant plus redou
tables que cette rue est étroite et qu'un frontis pouvait
déterminer la chute des maisons voisines. Grâce aux pré
cautions prises nous n 'avons eu à regretter aucun accident
de ce genre .
La partie exécutée en tranchée à Levallois - Perret était
dans des conditionsbien plusmauvaises encore : la rue est
très- étroite dans ce village, sa largeur en certains points
n'atteint pas 10mètres . Il fallut y ouvrir une tranchée de
49.80 de largeur dontla profondeur atteignit jusqu'à 10" .00
et n 'a jamais été moindre que gm.00 dans le gravier de
l'ancien lit quaternaire de la Seine, c'est -à -dire dans un
terrain souvent aussi mobile que le sable d 'un sablier, i
côté de maisons peu solides, maintenir les communications
444 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
nécessaires pour sortir les déblais , et assurer le service
des maisons riveraines. La difficulté du travail était encore
augmentée par la présence de la nappe d'eau des puits qui
s'élevait jusqu 'au niveau de la banquette . On a surmonté
toutes ces difficultés : 1° Au moyen d'un système d' étaie
ment très -solide à peu près jointif, et en calfatant les in
terstices des plats-bords avec de la paille . 2° En arrêtant
le fond de la tranchée au niveau de l'eau et en construisant
d'abord la voûte et la partie des pieds-droits qui s'élevait
au-dessus,ensuite en épuisant complétement la nappe et en
reprenant en sous-euvre, les banquettes et la cunette .
Le raccord avec le collecteur général a donné lieu à un
autre genre de difficultés. Le radier du collecteur de la
Bièvre débouchait à l'altitude 24" .28, le radier du collecteur
général était à l'altitude 25".00 ; il fallait donc abaisser ce
dernier de 0 .72 depuis le point de jonction , sur 400 .00
de longueur, et préalablement détourner ce cours d 'eau
dont le débit ordinaire est de 3 mètres par seconde. On dut
pour cela ouvrir à travers champ une rigole provisoire dans
laquelle on fit passer les eaux du grand égout. MM . Péreire
se prêtèrent généreusement à l'exécution de cette tranchée
qui fut ouverte sans indemnité dans leurs propriétés.
Construction du siphon . — Le siphon de l'Aima se com
pose de deux tubes en tôle de i mètre de diamètre. La tole
a 20 millimètres d'épaisseur.
Avant d 'entreprendre ce travail on fit en juin 1866 un
essai dans les anciens bassins de Chaillot; on constata par
ces expériences que l'intérieur de ces tubes devait être com
plètementlisse. Le siphon d 'essai était ſait avec des tuyaux
de 0 .30 assemblés à emboîtements ; on y fit passer du
sable , des pierres, du fumier en un mot toutes les inatières
qui sont transportées habituellement par les eaux d'égout.
Nous eûmes l'idée de vérifier l'état du tube en y faisant
passer une boule en bois d'un diamètre un peu moindre que
le tube ; cette boule traversait tout le siphon comme les
SIPHON DE L'ALMA. 445
autres corps flottants en roulantsur la génératricesupérieure
du cylindre et chassait devantelle les matières lourdes qui
tendaient à rester dans la partie basse ; car tout obstacle
déterminait en dessous de la boule un courant d 'eau très
violent d'une puissance irrésistible. Mais lorsqu'une pierre
ou un morceau de bois se coinçait dans le vide qui existe à
chaque emboîtement, à l'extrémité du boutmâle , les corps
flottants et la boule elle -même s'arrêtaient contre cet ob
stacle. Les feuilles de tôle du siphon de l’Alma ne pouvaient
donc être assemblées à joints recouverts comme dans les
chaudières à vapeur, elles ont été juxtaposées à joints
serrés, et l'assemblage a été fait avec des couvre-joints exté
rieurs ; les trous des rivets sont fraisés en dedans, de telle
sorte que la surface intérieure est complétement lisse . La
rivure est étanche. Les tubes ont été assemblés sur une des
berges du fleuve et ont été amenés en place en flottant,
reliés par des entretoises en tôle avec l' écartement indiqué
au projet. Ils ont été échoués sur une couche de béton de
09.40 d'épaisseur coulée dans toute la largeur du fleuve
entre deux rangs de pieux et palplanches espaces de 4m.74
Vig. 1, 2 , 3, 4 , 8 et 9 ) ; ils ont été recouverts d' une couche
debéton de o ” .70 d' épaisseur, dont la surface est arrasée
à 2 mètres en contre-bas de l'étiage età 3m.45 au-dessous
de la retenue du barrage de Suresnes. Cette surcharge de
béton est nécessaire pour empêcher les tubes de se relever
dans le cas où il serait nécessaire de les mettre à sec. En
effet, la longueur de chaque tube est 156 mètres, et le poids
de la tale, de 620 kilogrammes par mètre courant, soit en
tout de 96 ,720 kilogrammes par tube ; le vide intérieur
correspond à un poids d'eau de 785 kilogrammes par
mètres ou de 132.460 kilogrammes pour chaque tube; la
force qui tend à relever un tube et à le faire flotter est
donc de 122 460 — 96 720 = 25 740 kilogrammes ; il fal..
lait aussi préserver la tôle des atteintes des ancres , des
gaffes des mariniers, du frottement des graviers que le
446 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
fleuve charrie , etc. On a obtenu une réussite complète; car,
après la pose des tuyaux et quelques jours après l'immer
sion du béton on vida les deux tubes avec des pompes, ce
qui prouva qu'ils étaient étanches, qu'ils étaient parfaite
ment stables et qu'en cas d 'engorgement, il serait facile
de les mettre à sec et de les nettoyer.
En cours d 'exécution des travaux on éprouva d'assez
sérieuses difficultés qui furent augmentées par l'obligation
d 'assembler les tubes sur le chemin de halage à 4 mètres
au -dessus de l' étiage. Cette dernière condition d' exécution
retarda l'immersion de vingt-quatre jours environ et faillit
tout compromettre.
En effet, les tubes étaient complétement assemblés
le 30 juillet ; si le travail avait été fait sur le bas-port de la
rive gauche on aurait poussé les tubes à l'eau avec des crics,
en les faisant glisser sur des chantiers; l'opération aurait
duré quelques heures à peine et le 1er août les travaux
d 'immersion auraient pu commencer. Dans la position
qui nous était faite , il fallait non -seulement pousser les
tubes, mais encore les retenir sur le talus à 45° d'un perré
de 4 mètres de hauteur verticale . Cette retenue était faite
au moyen de câbles passés autour des tubes et dans les orga
neaux du quai. Les câbles étaient retenus en partie par des
hommes , en partie par des mouſles. Cette opération exigea
d' assez longs préparatifs ; le premier tube ne fut lancé que
Tu 10 août : les ouvriers inexpérimentés le laissèrent brus
quement tomber de plus d' un mètre de hauteur et sans la
solidité de l'assemblage, le travail aurait certainement été
compromis. Ledeuxième tube fut lancé le : 8 . C 'étai, dans
tous les cas un retard de dix-huit jours que nousavons dû su
bir. En outre par surcroît de malheur le barrage de Suresnes
se rompit le jour mêmede l' échouage du 2° tube; l'eau du
fleuve tomba à un niveau tellementbas que les deux tubes
ne purent se mettre à flot ; ce fut le 26 seulement qu'on
put les amener en place, tandis qu'en deux jours, en temps
SIPHON DE L’ALMA. 447
ordinaire, on aurait pu poser les entretoises et faire entrer
les deux extrémités du siphon dans les échancrures des
quais.
Une première tentative d 'immersion , faite le 26 août, ne
réussit pas. On l'opérait en chargeant les tubes avec des
gueuses en fonte. Au moment où le siphon cessa de flotter ,
il éprouva une oscillation qui le débarrassa de son fardeau
etil remonta à la surface de l'eau.
On réussit complétement le 1er septembre en assujettis
sant les extrémités dans des colliers et en opérant lente
ment.
Mise en service du siphon. ~ On constata dès le 12 no
vembre qu'un seul tube du siphon suffisait en temps ordi
naire pour débiter l'eau de la Bièvre et des autres égouts de
la rive gauche. Le régime s'est réglé de lui-mêıne avec
une différence de niveau variable , qui, en temps ordi
naire, est de o " .60 entre les plans d 'eau à l'entrée et à la
sortie du tube.
mètres.
La différence du niveau des radiers étant de. . . . 0 .50
La surcharge a été de. . . . . . . . . . . . . . . . 0 .10
Le même jour on a constaté qu'une botte de foin jetée en
amont, dans le siphon , débouchait en aval quatre minutes
après. Le frottement était si faible que cette botte n 'était
pasdéliée à la sortie .
En résumé, les travaux du collecteur de la Bièvre ont été
commencés le 1er avril 1860. L ' eau de la rivière a passé
pour la première fois dans le siphon de l’Alma le 12 novem
bre 1868, à neufheures et demie du matin . L'exécution des
travaux a doncduré huitans septmois et douze jours,mais
il y a eu interruption du 1er avril 1862 au 10 juin 1866 ,
c'est-à -dire pendant quatre ans et deux mois, par suite du
retard de l'ouverture de la rue Monge et de la rue des
Ecoles. En réalité les travaux ont été exécutés en quatre ans
et cinq mois.
448 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Nettoiement du siphon . — On a reconnu qu'on donnait
très-facilementdes chasses dans chaque tube en fermant et
ouvrantbrusquement les vannes disposées à cet effet à la
tête d'amont. La banquette du collecteur étant horizontale
sur une longueur de 1300 mètres entre les ponts de l'Alma
et de la Concorde et la capacité de la cunette étant de
2 ".20 en moyenne sur ce parcours, on peut accumuler en
amont du siphon près de 3000 mètres cubes d 'eau et pro
duire ainsi des chasses très-puissantes puisque le niveau
de la banquette est à 3º. 10 au -dessus de l' entrée des
tubes.
On sait que les grands collecteurs , comme ceux de la
Bièvre , sont nettoyés au moyen de bateaux - vannes qui
font voyager les sables dans la cunette par l'effet de l' eau .
Ces bancs de sables que les bateaux chassent devant eux
ont jusqu'à 200 mètres de longueur, et il ne serait pas pru.
dent de jeter à la fois dans le siphon, une pareille masse de
matières lourdes. C 'est pour cela qu'on a construit à l'a
mont, la double galerie de 200 mètres de longueur, dunt
une des branches est destinée à emmagasiner ces bancs de
sables. L 'expérience nous fera voir s'il convient de les
extraire et de les charger en bateaux en tête du siphon , ou
de les faire passer par petites parties dans les tubes (* ). Un
chemin de fer met la double galerie en communication avec
un petit port de déchargement. Tout a donc été préparé
pour mettre en pratique une de ces solutions.
Nous avons la conviction que le siphon se nettoiera seul
par le simple effet des chasses, mais néanmoins, comme il
peut rester des doutes sur leur efficacité et qu'il est bon
d 'ailleurs de faire de fréquentes vérifications, nous avons
pensé que le nettoiement pourrait être complété par un
procédé qui, en réalité, est le même que celui dont on fait
usage pour chasser les sables dans les collecteurs. Une
(*) Cette expérience est faite ; depuis plus d'un an les sables
sont extraits de la galerie au moyen d 'une drague.
• SIPHON DE L'ALMA. 449
boule en bois de om .85 de diamètre est introduite de temps
à autre dans les tubes ; son poids étant moindre que celui
de l'eau, elle roule en s'appuyant sur l'arête supérieure du
cylindre ; lorsqu'ellerencontre un obstacle, la vitesse de l'eau
s'accélère en dessous et produit une chasse puissante. On a
vu ci-dessus que des essais faits en 1866 , à Chaillot, avec
cet engin bien simple, avaient complétement réussi.
Nousavons fait une nouvelle épreuve dans le siphon , le
14 décembre 1868. La boule construite en bois de sapin a
0 “.85 de diamètre et pèse 200 kil.; introduite en amont
dans le tube , elle a traversé la Seine en deux minutes
trente secondes sans le secours d 'aucune chasse, par le
simple effet de la pression des eaux de la Bièvre et des
égouts de la rive gauche. On peut donc admettre que le pro
blèmedu nettoiement est complétement résolu , car il est
impossible qu'une sphère de o " .85 de diamètre soit chassée
par l'eau del'extrémité à l'autre d'un cylindre d 'un mètre
de diamètre, sans pousser devant elle toutes les matières
déposées dans ce tube.
Un nouvel essai a été fait en notre présence, le 10 du
mêmemois , trois jours après une forte pluie qui avait fait
passer dans les siphons une grande quantité de matières .
Quoique dans l'intervalle on eût donné quelques chasses , le
siphon n 'était pas entièrement propre ; car la boule effec
tua son trajet en onze minutes et parut sur la rive droite
poussant devant elle un énorme monceau de fumier , de
boue et de gravier.
Depuis cette époque la boule passe tous les trois jours
dans les tubes et les maintient dans un état parfait de pro
preté (*) . Lorsque le collecteur de Grenelle sera construit ,
il sera facile de renvoyer la boule sur la rive gauche par le
(* ) Depuis un an environ la boule a empêché trois fois le siphon
de s'obstruer une fois entre autres, elle a poussé devant elle ,
plusieurs peaux perdues par les tanneurs de la Bièvre, et qui
s 'étaient arrêtées dans un des tubes.
450 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

tube d'aval ; en effet, la pente du collecteur de Grenelle


étant nulle , son radier étantréglé à l'altitude 26 mètres la
banquette de la cunette du collecteur étant à l'altitude 27
sur la rive droite, il suffira de barrer pendant quelquesminu
tes le collecteur de Grenelle un peu en amontdu siphon et le
collecteur de la Bièvre à la tête aval des tubes pour obtenir
la différence de niveau de 0 .50 à 0 .60 nécessaire pour ren
voyer la boule de la rive droite à la rive gauche.
Résultats oblerus. — Est-il nécessaire de dire que la Biè
ve était un des fléaux de Paris ? Il n 'est pas un Parisien qui
n 'aitmaudit cet infâme cloaque et tousles égouts quinaguère
encore souillaient l'eau du fleuve. Les établissements de
bains d 'eau froide avaient perdu tout leur agrément et
peut - être une grande partie de leur utilité ; car il n 'est pas
démontré qu'un bain d' eau fétide et souillée par les déjec
tions d' une grande ville soit encore salubre ; les pompes à
feu de Chaillot, d'Auteuil et de Neuilly versaient dans les
réservoirs un liquide noirâtre et dégoûtant.
Le petit bras de la cité, en amont de l'écluse de la Mon
naie , présentait l'aspect le plus affligeant; c' était à propre
ment parler , le dépotoir, le bassin de décantation de la Biè
vre. Tous les habitants de Paris ont pu constater le fait en
passant sur les ponts et, si leur mémoire est bonne, ils
doivent conserver le souvenir de cette mare noire et fétide
qui, avant le 28mai 1868, s' étendait entrele pont de l'Arche
vêché, l'écluse de la Monnaie , la Cité et les quaisMontebello et
des Grands-Augustins, et qui contrastait avec l'autre bras
du fleuve déjà épuré par les collecteurs de la rive droite .
Aujourd 'hui le fleuve conserve sa pureté jusqu'au débou
ché de l'égout d 'Asnières ; la Seine est préservée des eaux
d ' égout, non - seulement dans Paris, mais encore sur une
longueur de 16 kil. à l'aval des fortifications dans la tra
versée des territoires de Sèvres, de Saint-Cloud, de Bou
logne, du bois de Boulogne, de Suresnes , de Puteaux, de
Courbevoie, de Neuilly etmême d'Asnières.
SIPHON DE L'ALMA. 451
Nous ajouterons qu'il y a une grande amélioration pour
tousles riverains du fleuve à l'aval de l'égout d'Asnières
jusqu'à Bezons. Nous savons que nous trouverons bien
des incrédules, mais il faut faire prévaloir la vérité, surtout
lorsqu'elle ressemble à un paradoxe et qu'elle n 'est pas
évidente pour tout le monde.
Avant l'ouverture des deux collecteurs généraux et spé
cialement de celui de la Bièvre, l'eau duNeuve étaitsouillée
sur toute la largeur par l'eau des égouts, non -seulement
dans la traversée de la ville , mais encore en aval jusqu'au
confluent d 'Oise. Nous avons constaté en 1868 qu'une bou
teille d'eau puisée en un point quelconque entre Paris et
Conflans devenait fétide en moins de cinq jours. Cet effet
cessait d 'être sensible à Poissy .
Aujourd'hui l' eau à l'aval de l'égout d 'Asnières est bien
plus troublée et plus corrompue, mais seulement sur la rive
droite ; elle reste pure entre l' ile Saint-Denis et la rive gau
che. Il résulte de là que les établissements de bains froids,
notamment celui d'Asnières et les prises d 'eau des pompes
à feu decette banlieue, telles que celles de Saint-Denis et
de Montmorency sont établis ou peuvent être établis dans
une eau très-pure en se rapprochant de la rive gauche,
tandis que, avant le 12 novembre 1868, on ne pouvait
trouver dans le fleuve qu'une eau souillée par la Bièvre
et les égouts . Ce cantonnement de l'eau des égouts sur la
rive droite est encore favorable aux pompes de Marly qui
alimentent Versailles et Saint-Cloud, puisque la plusgrande
partie de l'eau du collecteur d'Asnières passe par le barra
ge de Bezons et tombe dans la rivière neuve qui la main
tient sur la rive droite ; Saint-Germain et Maisons-Laffitte
doivent encore, selon nous, profiter de cette amelioration .
La solution adoptée par la ville est donc incontestable
ment la meilleure dans l'intérêt des habitants de Paris et
des populations riveraines du fleuve jusqu'au confluent
d'Oise, où l'effet des eaux d' égout cesse d 'être sensible .
452 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Toutefois cette solution n'est pas complète ; la présence
de la Bièvre afflige encore les quartiers Saint-Marcel et de
la glacière. Nous présenterons bientôt le projet des tra
vaux du collecteur qui la feront totalement disparaître dès
son entrée dans Paris.
Les eaux des égouts deGrenelle , d'Auteuil et de Passy
tombent aussi en Seine dans la traversée de Paris ; les pro
jets des collecteurs qui les conduiront dans l'égout de la
Bièvre sont approuvés.
Lesdeux collecteurs d 'Asnières doiventpréserver la ville
des débordements séculaires. Depuis qu'on fait des observa
tions précises sur les variations de niveau de la Seine, c'est
à -dire depuis 1649, le fleuve a éprouvé huit crues extraor
dinaires, qui ont submergé les quartiers bas de la ville
d'une manière grave. Ces crues sont les suivantes :
1° Février 1643, hauteur au-dessus du zéro de l'é - métres.
chelle du pont de la Tournelle . . . . . . . . . . 7 .66
2° 25 janvier 1651. . . . . . . . . . . . . . . . 7.83
3° 27 février 1658. . . . . 8. 81
: : : : :

4° 27 février 1690. . . . . . . 7,55


5° 27 mars 171 . . . . . . . . . . . 7.62
6° 26 décembre 1740 . : . . . . . . . . . . . .
7° 9 février 1764. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 .33
8° 3 janvier 1802. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 .45

Nous avons discuté trois de ces crues dans un mémoire


publié en 1864 (*). Sielles se reproduisaient encoreaujour
d'hui, elles submergeraient les surfaces suivantes dans les
quartiers bas de Paris,malgré l'exhaussement du sol.
Crue montant au niveau de celle de 1658. . . 166 hect.
Crue montant au niveau de celle de 1740 . . . 720 -
Crue montant au niveau de celle de 1802. . . 455 -

(*) Société météorologique de France. – Séance du 8 no


vembre 1864 .
SIPHON DE L'ALMA. 453
En rendant les quais insubmersibles et en fermant les
anciens débouchés des égouts par des portes de flot on sau
verait la ville de ces désastreux débordements. En effet ,
l'eau des crues ne pouvant en pareil cas rentrer que par le
débouché du collecteur général au pont d'Asnières, on dimi
nuerait en réalité la submersion de 2 ". 40 . Or cette hauteur
est précisément celle des plus hauts débordements au -dessus
du pavé des rues basses ; la ville sera donc préservée dès
que les quais seront rendus insubmersibles . Nous étudions
en ce moment le projet des portes de flot qui fermeront
en temps de crue les débouchés des anciens égouts ; sur la
rive gauche les travaux sont en cours d'exécution , les
portes sont ou seront placées aux points suivants :
1° Porte à deux battants à l'ancien débouchéde la Bièvre
en amont du pont d 'Austerlitz .
2° Porte à deux battants au pont Saint-Michel.
3. Deux portes à un battantaux égouts del'institut etde
la rue de Seine.
4. Porte à un battant à l'égout desSaint-Pères
50 et 8° Deux portes à un battant aux égouts de Poitiers
etde Bellechasse
7° Porte à un battant à l'égout de l'ambassade d 'Espagne
à l'égoutde Bourgogne.
9 à l'égout d' Iéna.
10 indéterminée entre les ponts des
Invalides et de l'Alma
11°Porte à deux battants à la galerie en têteamontdu siphon .
12° – å un battant au collecteur Bosquet
130 - à deux battants à la tête aval du siphon .
Ces débouchés anciens sont conservés pour jeter en Seine
le trop -plein de l'égout en temps d'averse .
Le projet des portes de flot des égouts de la rive droite
n'est pas encore approuvé.
Dépenses,première section . — En vertu de la délibération
du conseil municipal, du 26 août 1859,approuvant le pro
454 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
jet dans les limites d'une dépense de 2 204 000 francs, des
crédits ont été ouverts successivement pour construire la
première section de l'égout entre la Bièvre et le pont de
l'Alma.
Arrêté du 4 avril 1860 . - Construction entre francs.
la rue de Beaune et le pont de l'Alma. . 1 000 000.00
Arrêté du 19 mars 1861. - Construction
entre la rue de Beaune et la rue Saint
Jacques. . . . . . . . . . . . . . . . . . 800 000.00
Arrêtés des 11 février et 3 mars 1862. — Rè
glement de compte du souterrain Saint
Victor et de la partie comprise entre les
rues de Beaune et Saint-Jacques. . . . . 170 129 .34
Total. . . . . . . . . . . . . . 1970 129.34
J'ai dit que les travaux furent suspendus pendant quel
ques années parce que l'égout entre la place Maubertet la
rue des Boulangers empruntait le tracé des rues Monge et
des Écoles qui n'étaientpas encore ouvertes .
Ces derniers tronçons furent construits en même temps que ces
deux rues ; un arrêté, en date du 12 mars 1866 , ouvrit d abord un
crédit pour construire la lacune correspondante au boulevard
Saint-Germain , lacune qui n'était pas autorisée par francs.
la délibération du 26 août 1859. Le crédit s'élevait à . . 180 OCO
Lemême arrêté ouvrait on outre deux crédits : l'un
de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 000
L 'autre de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 000
pour combler les lacunes existant en amont et en aval
du souterrain Saint- Victor .
Total. . . . . . . . . . . . . 407.000
Enfin un arrêté du 5 novembre 1866 ouvrit un crédit de
180 000 franc pour achever les travaux correspondant aux
rues Monge et des Écoles.
SIPHON DE L 'ALMA . 455
francs .
L'ensemble de ces crédits s'élève à . . . . . . . . . .. 2 557 129.34
Mais les sommes payées ne montèrent qu'à . . . . . 2 497 589.89
Si à ces dépenses soldées nous ajoutons pour le tron
con du square Ciuny . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 000 .00
Pourle tronçon de Latour-Maubourg . 36 735 .00
Et pour les portes de flots et menus travaux non
approuvés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 74 000.00
Nous trouvons pour la dépense totale . . . . . . . . 2 650-324.89
Le projet primitif montait à, . . . . . . . . . . . . . 2 536 735 00
Nos premières prévisions furent douc dépassées de. 113 589.89
Les arrêtés précités réglèrent cette augmentation de dé
pensequi ne montaitpas au 1/20° des dépenses prévues.
Dipenses, deuxième section . — Il a été établi 'ci-dessus
queles dépenses prévues pour la construction de la deuxième
section de l'égout entre le pont de l’Alma et le collecteur
général se décomposaient ainsi :
francs.
Tête du siphon de l'Alma rive gauche. . . .. . 116 250
Construction du siphon de l'Alma et de l'égout jusqu'au
collecteur d 'Asnières. . . . . . . . . . . . . . . . . . 3413 000
Total. . . . . . . . . . . 3529 250
Lesdépenses se sont élevées pour la tête du siphon à. . 116 25/0
Etpour le reste d. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 945 000
Total. . . . . . . . . . . . 4061 250
Dépenses approuvées. . . . . . 2 529 250
Augmentation . . . . . . . 532 000

On voit que l'exécution de la première section du collec


leur a donné lieu à une augmentationduvingtièmeenviron
dela dépense prévue; cette augmentation est peu importante,
et c'est tout naturel, puisque le terrain n' offrait aucune
difficulté extraordinaire. Les grands travaux du même genre
déjà exécutés ont permis d'apprécier les dépenses avec une
grande exactitude, et sans le souterrain de Saint-Victor nos
456 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
prévisions n 'auraient pas été dépassées.Mais il n 'en a pas
été de même dans la construction de la deuxième section
de l'égout.
La construction du siphon était un travail entièrement
nouveau et inconnu qui a donné lieu à de grandes difficultés
imprévues. Nous avonsdémontré que le reste du travail dans
cette section , s'était exécuté dans des conditions trés
difficiles , ce qui justifiel'augmentation de 532 000 francs.
En résumé les dépenses faites pour construire le collec
teur de la Bièvre se décomposaient ainsi : francs .
are section entre la Bièvre et le pont de l'Alma. . . . 2 650 324.89
2 ' section entre le pont de l'Alma et le collecteur
général. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.061 250.00
Total. . . . . . . . . . 6711 573.89
Les dépenses prévues d 'après les projets primitifs
montaient à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 065 985 .00
D 'où résulte une augmentation totale de. . . . . . . 645 584 .89
égale à peu près au dixième des prévisions.
La longueur totale de l'égout étant de 10 240 ”.49 et la
dépense de 6 .711574 .89, la dépense par mètre courant
d 'égout s'élèvera , après l'exécution des portes de flot et
autres menus travaux, à 655 .42.
Les travaux spéciaux du siphon y compris les galeries
des deux têtes , une galerie double de 200mètresdelongueur
destinée à recevoir les sables de l'égout d'amont ont coûté
640 000 francs.
Paris, le 20 février 1869.

DESCRIPTION DES FIGURES .

Nous avons cru devoir renvoyer à la fin de cette notice


la description des figures pour simplifier le texte et ne
point l'obscurcir par des détails techniques .
SIPHON DE L’alma. 457
Fig . 1 et 2, Planche 210 . Profil en long et plan du sipbon .
A , égout collecteur de la Bièvre construit suivant le type indiqué fig . 5,
depuis la Bièvre jusqu'au collecteur B de l'avenue Bosquet.
C , galerie latérale de 199 .35 de longueur, destinée à recevoir les bancs
de sable conduits par les bateaux-vannes. Ces sables y sont introduits
par l'ouverture D ( fig 2).
E , amorce du collecteur de Grenelle.
M , galerie du siphon .
F , F ', cunettes établissant une communication entre les collecteurs A , B ,
Cet E et les siphons GH, G 'H '.
V, V ( fig . I et fig . 2) système de vapnes à poutrelles destiné à faire
fonctionner alternativement l'un ou l'autre des deux tubes.
V" , V " , vannes de chasse.
G , H , G ', H ', sipbons de i mètre de diamètre , en tôle de 0".02 d'épais
seur. Les extrémités GG ' et HH' des tubes sont en maçonnerie de meu
lière enduite au ciment.
1, l' portes de lots destinées à fermer l'accès des galeries aux eaux des
crues du fleuve. La galerie du siphon est mise en communica :ion avec
19 quaipar une double voie ferrée , c'est par celle voie qu'on transporte
en bateaux la boue extraite de la galerie C (fig . 2).
L, égout collecteur construit suivant le type indiqué fig. 6.
Fig. 3 et 4. La retenue du barrage de Suresnes maintientla Seine à un niveau
tel qu'on peut se servir des eaux du fleuve pour faire des chasses dans la
partie d'aval du collecteur.
La prise d'eau est faite par une conduite AB en maçonnerie de ciment,
représentée sur les fig . 3 et 4 .
A partir du point B , celle conduite est remplacée par deux tubes métal
liques BCD , BC'D' (fig. 3) qu'on ferme avec deux robinets , lorsque la
prise d'eau n'est pas ulile notammenten temps de crue .
Fig. 5, 6 et 7.Coupe du collecteur de la Bièvre entre la Bièvre et le pont de
l'Alma (fig . 5 , type n° 3), entre le pont de l'Alma et la rue de Villiers å
Levallois (fig . 6 , type n° 3) ; dans la rue de Villiers, sur une longueur de
5414 .40 (fig . 7, type n° 1), celte dernière partie de l'égout est destinée à
mettre les deux collecteurs d’Asnières et de la Bièvre en communication
avec l'usine qui relèvera les eaux d'égout pour les utiliser au profit de
l'agriculture.
Fig. 8 et 9. Coupe du massifde béton enveloppant les tubes du siphon dans
la traversée de la Seine; les tubes se rapprochent un peu l'un de l'autre,
en arrivant sur la rive droite pour pénétrer dans le collecteur qui est plus
élroit que la galerie M de la tête amont du siphon .

Annales des P. et Ch. MÉMOIRES. – TOME XVIII. 50


458 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

N° 242
MÉMOIRE
Sur le calculde la pression par unité de surface, dans le cas
où la résultante des pressions n 'est pas normale au joint.
Par M . Charles LE BLANC, ingénieur en chef des ponts et chaussées.

Pour calculer la pression par unité de surface en un


pointquelconque d'un joint plan , lorsque la résultante P des
pressions fait un angle a avec la normale au joint, on em
ploie généralement la méthode suivante :
On remplace la résultante des pressions par ses compo
santes normale et parallèle au plan de joint, on néglige
la dernière, et on opère à l'aide de la composante normale
seule
P cosa .

Le numéro de janvier et février 1856 des Annales des


ponts et chaussées contient un mémoire sur la stabilité des
voûtes biaises en maçonnerie , dans lequel nous avons es
sayé de démontrer que cette méthode, que nous appel
lerons la méthode ancienne, est fausse et qu'il convient
de la remplacer par une méthode nouvelle , consistant à
considérer le joint comme soumis à des pressions normales,
ayant pour résultante la force dont la résultante oblique
des pressions est la projection orthogonale ; force dont l'ex
pression est par conséquent:
Р
COS Q
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 459
Nous ne devons pas avoir fait beaucoup de prosélytes ,
car un assez grand nombre d'articles insérés dans les An
nales, postérieurement à 1856 , renfermentdes calculs de
pression par unité de surface, et, si nous ne nous trompons,
les auteurs ont invariablement employé l'ancienneméthode.
Or, cette méthode est d 'un emploi relativement dange
reux , en effet :
L'angle de frottement dans les maçonneries en con
struction étant généralement déjà supérieur à 30 degrés ,
la crainte d 'un glissement peut n 'avoir pas été suffisante
pour faire rejeter un profil d 'ouvrage dans lequel la résul
tante des pressions, sur un joint , faisait un angle de 30
degrés avec la rormale. Dans ces conditions, la pres
sion par centimètre carré, calculée à l'aide de l'ancienne
méthode ,aura été trop faible d'une fraction égale à cos . 30°* ,
soit d 'un tiers environ de sa valeur (6 kilg . par ex. : au lieu
de 8 kilog . ) . Cela n 'aura pas eu d'inconvénient si la pres
sion , ainsi calculée , était notablement inferieure à la limite
n qu 'on avait ou qu'on s'était imposé l'obligation de ne
pas dépasser ; mais siau contraire la pression calculée était
égale à cette limite , il se trouve que l'on a construit un
ouvrage , avec la conviction que les matériaux n 'y seraient
en aucun point soumis à une pression théorique supérieure
àn, etdanslequel cependant il y a des points où cette pres
sion s'élève à n.
La prudence seule , à défaut d'une démonstration irré
prochable , conseillerait d'adopter la nouvelle méthode de
préférence à l'ancienne.
Notre démonstration de 1856 n 'était en réalité qu'une
vérification de la méthode sur un cas assez compliqué
et relatif à l'application de la méthode de M . Mery aux
voûtes biaises en maçonnerie ; nous pouvons heureusement
aujourd'hui la remplacer par la démonstration directe qui
fai l'objet de ce mémoire.
460 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

Un solide naturel, ayant la forme d 'un prisme droit ter


miné par des sections droites, et dont la section droite est
S , est invariablement fixé par unede ses bases ; l'autre base
est soumise à des pressions uniformément réparties dont la
résultante R , est parallèle à l'axe du prisme; l'eflet de la
pesanteur dans le sens de l'axe du prisme est nul ou né
gligeable .
L 'expérience montre : que la hauteur du prisme, qui était
primitivement H , a diminué par l' effet des pressions, et est
WH- H '
devenue H '; que tant que le raccourcissement - H se
tient au -dessous d 'une certaine limite , qui est constante
pour la même espèce de matériaux , et qu'on nomme li
mite d 'élasticité , il reste dans un rapport constant avec la
pression par unité de surface ; ce qu'exprime la re
lation
T

- (a )

E étant un coefficient qu'on nomme coefficient d 'élasticité ,


et qui est constant pour la même espèce de matériaux;
que tant que la limite d' élasticité n 'a pas été atteinte, le
prisme reprend de lui-même sa hauteur primitive H , dės
que les pressions ont cessé d 'agir sur sa base libre ;
Que si, au contraire , la limite d 'élasticité a été dépassée,
la constitution moléculaire du solide naturel est altérée,
et le prisme ne reprend pas sa hauteur primitive , lorsque
les pressions ont cessé d'agir sur sa base libre .
En remplaçant, dans l'expérience qui précède, les pres
H - H
sions par des tractions , on obtient un allongement ,
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 461
qui,tant que la limite d 'élasticité n 'est pas atteinte , est
liéeà la traction par unité de surface par la relation

et comme on admet généralement que E ' = E , on peut


remplacer les relations (a ) et (a ') par la relation unique

R = H - H (1)
à la seule condition d 'affecter R du signe – lorsqu'il re
présente une résultante des tractions.
Si les pressions ou les tractions, au lieu d' être constantes
dans toute la hauteur du prisme, y varient d'une manière
continue, on décompose par la pensée le prisme en une
infinité d' éléments compris entre deux sections droites in
liniment voisines; les pressions ou les tractions pouvant
être considérées comme constantes dans toute la hauteur
d'un de ces éléments , on applique à chacun d'eux la re
lation ( 1 ) qui est exacte pour toute valeur de II (* ). Si les
pressions ou les tractions ne sont pas uniformément ré
parties , on parvient encore , ainsi que l'on le verra plus
loin , à déterminer le raccourcissement ou l'allongement à
l'aide de la relation ( 1) appliquée à chaque élément infi
niment petit w de chaque section droite .
On peut dire en général : que le calcul de la résistance
des matériaux et de la stabilité des constructions a pour
objet de déterminer les dimensions des différentes parties
d'un ouvrage de telle sorte, que sous l'action des forces
appliquées, le raccourcissement ou l'allongement molécu
laire des solides naturels dont l'ouvrage se compose, ne
dépasse en aucun point une certaine fraction , déterminée
(*) Voir note A.
462 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
par l'expérience , de l'élasticité desdits solides , et qu'on
parvientà ce résultat, en déterminant d 'abord le sens suivant
lequel le raccourcissement ou l'allongement est maximum ,
et en faisant ensuite usage de la relation (1) . Cette relation
exprime en réalité la loi fondamentale de l'art des con
structions , il est en conséquence très-important de la
bien connaître, et particulièrement de ne jamais perdre de
vue, en en faisant usage, que la section S est nécessaire
mentnormale à la résultante R .
Ceciposé, ou plutôt rappelé : ilarrive souvent, notamment
dans les applications de la méthode de M .Méry, qu'on doit
calculer la pression par unité de surface à l'aide d 'une sur
face dejointoblique à la résultante des pressions, c'est-à -dire
avec des données qu'on ne peut pas introduire directement
dans la relation (1) . En pareil cas, l'usage qui paraîtavoir
prévalu , est de substituer à la résultante des pressions ses
composantes normale et parallèle au joint; de ne se
préoccuper de cette dernière qu'au point de vue du glisse
sement, et de prendre pour pression par unité de surface ,
celle qui résulte de la pression exercée normalement au
joint.
En opérant de la sorte , on obtient, à l'aide de la re
lation (1), le raccourcissement dans le sens de la normale
au joint, et non pas celui qu'il importe de connaître, c'est
à -dire le raccourcissemeut maximum , celui qui se produit
dans le sens de la résultante des pressions. La décompo
sition de cette résultante, en composantes normale, et pa
rallèle au joint, peut être employée pour reconnaître s'il
doit ou s'il ne peut pas y avoir glissement sur le joint;
mais , dès qu 'on s'est assuré qu'il n ' y a pas de glissement
à craindre , il n ' y a plus rien à faire de cette décomposition ;
il n 'y a même plus à tenir compte du joint. Le jeu des
pressions est identique à ce qu'il serait si le joint réel était
remplacé par un joint fictif, c'est- à -dire par une coupe faite
par la pensée en pleine maçonnerie.
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 463
Dès que le frottement est suffisant pour empêcher un
glissement, et tant qu'on ne tient pas compte des tractions,
le frottement remplace complétement la cohésion, et l'on
peut substituer la cohésion au frottement ou le frottement
à la cohésion, c'est-à -dire considérer un joint réel comme
fictif, ou un joint fictif comme réel, sans altérer en rien
les conditions du phénomène d'équilibre considéré (*) .
Quand on en est réduit à calculer la pression par unité
de surface, dans le sens du raccourcissement maximum , à
l'aide d'une section oblique à la résultante des pressions, il
faut évidemment employer une méthode qui donne un ré
sultat identique à celui qu'on obtiendrait si l'on pouvait
opérer à l'aide d 'une section normale à ladite résultante .
Telle est la méthode que nous avons proposée en 1856 et
dont nous abordons enfin la démonstration.

PREMIÈRE PARTIE .
LA SURFACE DE JOINT EST RECTANGULAIRE, ET LA RÉSULTANTE
DES PRESSIONS EST COMPRISE DANS UN DES PLANS
DE SYMÉTRIE DU JOINT.

1. Un pilier vertical, construit en maçonnerie homogène,


a la forme d'un prisme à section droite rectangulaire S ; il
est terminé par une section oblique MN , faite par un plan
perpendiculaire à deux de ses faces parallèles ; on veut
savoir dans quelles conditions se trouve, par rapport à la
limite d'élasticité des matériaux employés , un point O
situé dans le pilier , à une hauteur H au -dessous de l'arête
la plus élevée dudit pilier.
2. Supposons un instant le pilier soustrait à l'action de
la pesanteur ; considérons, dans ces conditions, l'élément
de pilier compris entre deux sections droites, la première
passant par le point 0 et la deuxième menée à la distance
(*) Voir note B .
464 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
nfiniment petite n de la première, et cherchons ce que cet
élément est devenu par l'effet de la pesanteur agissaut sur
le pilier.
• Sous l'action du poids de la partie du pilier supérieureà
la section 0 (section droite passant par le point 0), l'élé
ment s'est raccourci, et comme cette action n 'est pas uni
formément répartie , il s'est raccourci inégalement. Les sec
tions qui le limitent ont yarié toutes deux (* ) ; mais , con
formément à l'hypothèse de Navier , dont l'exactitude, dans
j'espèce , est difficile à contester, elles sont restées planes.
Il résulte en outre de la symétrie de la figure, par rapport
au plan perpendiculaire à la section oblique supérieure qui
passe par l'axe du pilier (plan de symétrie ), que les mêmes
sections sont restées perpendiculaires audit plan ; qu'en
conséquence le raccourcissement relatif est constant
dans toute l'étendue d 'une horizontale de la section 0 (**).
On peut donc se borner à établir la loi du raccourcisse
ment le long de la trace de la section ( sur le plan de sy
métrie, et considérer le point 0 comme appartenantà cette
trace, sans altérer la généralité de la question .
3 . Soient, fig. 10 , planche 210, AB la trace de la section 0
sur le plan de symétrie ; CD celle de la deuxième face de
l'élément considéré ; AN , BM , celles des faces verticales du
pilier sur le niême plan ; soit enfin C'D ' la trace, sur le plan
de symétrie , de la deuxième face de l'élément considéré,
lorsque la première a pour trace AB, et lorsque le pilier
n 'est pas soumis à l'action de la pesanteur;
La distance entre AB et C'D ' est égale à 7 . Par un point
quelconque m de AB élevons une perpendiculaire qui ren
(*) Pour que la section O soit rigoureusement droite dans le
pilier soumis à l'action de la pesanteur, il faut que l'élément de
pilier considéré soit compris entre deux plans parallèles dont l'un
contient la section droite passant par le point o dans le pilier
soumis à l'action de la pesanteur.
(* * ) Le plan de symétrie est normal.
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS . 465
contre CD et C'D' respectivement en n et en n'; mn' = n ;
mn = n ; mn' est le raccourcissement de l' élé
in
ment considéré toutle long de l'horizontale dontla trace est
en m.
Dans le trapèze AEFB que l'on forme en prenant
AE = CC' et BF = DD ', on a , pour le point quelconque
m , mq = nn' = n - ' ;mq est donc proportionnel au rac
courcissement relatif 1 1
Les ordonnées, par rapport à AB , de la ligne EF, repré
sentent le raccourcissement correspondant aux différents
points de AB et aux horizontales dont ces points sont les
traces.
Soient :
L la longueur de la section droite ;
e son épaisseur;
I la distance d 'un point quelconque m de la section AB à
la ligne AN ;
p la pression par unité de surface, dans le sens du rac
co urcissementmaximum , au même point.
Sur l'élément de surface edl, la pression sera pedl; et,
en vertu de la relation (1), on aura
pedl
pent = p = E " "

Prenons mr= mq = (n - 1) = p, et joignons r au


nons mra ons Tau

pointde rencontre T des lignes AB et EF par une ligne qui


coupe AN et BM respectivement en U et en V ; les ordonnées
de UV, par rapport à AB, seront proportionnelles à celles
de EF par rapport à la même ligne, et seront numérique
ment égales à p .
On voit qu'il suffit de déterminer la ligne UV pour con
S
466 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
naître immédiatement la pression par unité de surface,
dans le sens du raccourcissement maximum , en un point
quelconque de AB, et par conséquent de la section 0 . Or,
cette détermination est facile . En effet :
4 . Soient, fig . 11, Pl. 210 :
ANMB la coupe faite par le plan de symétrie dans le
pilier ;
0 , AB et UV les points et lignes désignés par les mêmes
lettres dans la fig . 10 ;
R le poids de la partie du pilier qui est supérieure à la
section 0 , ou la résultante des pressions sur cette section .
La résultante des réactions moléculaires dont l'expression
générale est pedl est égale et opposée à R ; on a donc,
d 'une part :
ſ pedl = R;
et , d 'autre part, en désignant par G la distance de la résul
tante R à la ligne MB,

Spell, — 1)dl = Rg.


Jo

Sidans chacune de ces intégrales on considère p comme


l'ordonnée de l'arête supérieure UV du trapèze ABUV par
rapport à la base AB, et si l'on désigne par s la surface de
ce trapèze, et par g la distance du centre de gravité du
même trapèze à la ligne MB, on voit que

et que
S*pedl==S*pal=es
S'pe(1, —1)dl=eS'p(1x— 1)dt= esg.
De ces quatre équations on tire :
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS . 467

es =Rous e

esg = RG ou g = G, (3 )

c 'est-à -dire que la surface du trapèze est égale au quotient


de la résultante par l'épaisseur du pilier, ou encore au
poids de la partie supérieure à la section ( du pilier par .
unité d'épaisseur dudit pilier, et que la résultante des pres
sions passe par le centre de gravité du trapèze .
Les deux relations (2) et (3 ) déterminent complétement
le trapèze ABUV, et par conséquent la ligne UV, en fonction
de R et de G , et comme ces deux quantités sont faciles à
calculer d 'après les données du problème, rien n 'est plus
aisé que de résoudre la question posée , c'est- à-dire d'arri.
ver à savoir dans quelles conditions se trouve le point 0
par rapport à la limite d ' élasticité des matériaux employés.
5 . Pour le moment, nous nous bornerons à exprimer le
raccourcissement, ou, ce qui revient au même, à raison de
la relation (1 ) , la pression par unité de surface, dans le
sens du raccourcissement maximum , au point 0 , en fonc
tion de R et de G .
Soient (fig . 11 , Pl. 210) BV = h , , AU = h , ; nous avons
s = " #2 ":1 , et par la relation (29 6, 2 ", 1,? = ou
"g7 " = m (4) (*). Soient h l'ordonnée d'un point
quelconque de UV par rapport à AB, et I la distance de cette
ordonnée à la ligne AN , on a :

h = h, +" (5 )

(* ) La relation (4) fait voir que quel que soit G , c 'est- à-dire le
point d 'application de la résultante R , la pression par unité de
surface dans l'axede figure du pilier est la même que si la pression
résultante R était uniformément répartie .
468 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
d 'où

ag=0x76 1,9= S"(12+ We take)(1, 1)al,


et
h , + 2h ,
IS
3(hết )
En vertu de la relation (3) on a :
2h
3h,(h, +thj, l,,= G ,

De (4) et de (7 ) on tire , sans aucune difficulté,


2

A pe 17 (21.–56),
h :2(56 –1):
Substituant dans (5 ) ces valeurs de h, et de h ,, et dési
gnant par d la valeur de l qui convient au point 0 , il vient:

(3G - 1 ) + 3d (1, — 2G )].


ou

h = 5. I 11,(36 –1.) + 3d(1, — 2G)], (8)(*)


6. Soit, fig . 10, Pl. 210 , BM = H ,; AN = H ,, et soit le
poids de l'unité de volume du pilier .
De la relation (6), n° 5 , appliquée aux trapèzes ABUV
et ABNM , et de la relation (3 ), nº 4 , on tire :
H , + 2H , , hi + 2h H,
Hit

3( H , + H ,) ? 3(h + h ) H, + H, he thi'

(*) Voir note C.


STABILITE DES CONSTRUCTIONS . -469
et en renversant les fractions
H. + H, 1, + h, H , _ ny
1, 5 he dou
donc la ligne UV coupe la ligne AB au même point que la
ligne NM ; donc, si nous désignons par H , la longueur com
prise entre AB et NM d 'une verticale quelconque, et par h
la pression correspondant à la même verticale, nous au
rons: h = kH , k étant un coefficient numérique. En ou
tre, on a :
pla

hedl= 5" Hedl, d'où kejadl= ef"Hal;


Jo
-
Jo

donc
. k = eth = @ H.

Il résulte de cette relation h = @ H , que l'hypothèse de


Navier nepeutpas être exacte , pour la section droite du
pilier considéré, sans l'être en même temps pour une sec
tion plane quelconque dudit pilier.
Cette proposition est facile à démontrer d'une manière
générale . Mais il nous suffit d 'en faire voir l'exactitude
pour une section oblique perpendiculaire au plan de sy
métrie .
Une semblable section coupe le plan de symétrie suivant
une oblique, alors que le pilier est soustrait à l'action de
la pesanteur. Pour déterminer la position qu'occupera un
point quelconque de cette oblique, lorsque la pesanteur
agira sur le pilier, considérons ce point commeappartenant
à la section droite qui le contient; nous trouverons qu'il est
descendu relativement de la hauteur n - n '; mais
est proportionnel à p ou à h, et comme h = @ H , nan
est proportionnel à H (H étant ici la hauteur du point con
sidéré au-dessous du plan de couronnement). Le lieu géo
470 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
métrique des points tels que le point considéré estdonc lui
mêmeune ligne droite (*).
7 . Proposons-nous maintenant de calculer la pression
par unité de surface , dans le sens du raccourcissement
maximum , au point 0 , à l'aide d'une section oblique du
pilier, perpendiculaire au plan de symétrie .
Ce calcul devra nous conduire à la même valeur de p ou
de h que l'équation (8 ) ; car la pression , dans le sens du
raccourcissement maximum , au point 0 , ne peut pas dė
pendre de la section à l'aide de laquelle on la calcule. C ' est
en effet à ce résultat que nous serons conduits par la nou
velle méthode.
Soient, fig. 11, Pl. 210, A 'B 'la section oblique ; a l'angle
de cette section avec la section droite AB; R ' la résultante
de l'action de la pesanteur sur la partie A'B'NM du pilier.
D 'après la nouvelle méthode, nous devons remplacer la
R
résultante oblique R' par la force normale au joint CO
-Sa
force que l'on doit considérer elle -même comme la résul
tante de pressions élémentaires normales au joint A 'B', et
distribuées de telle sorte que l'hypothèse de Navier soit
applicable. Le poids d’un pilier A'B'N" M " normalà A'B' dans
lequel l'action de la pesanteur s'exercerait parallèlement
aux arêtes du pilier , remplit ces conditions ; mais il faut
que la direction (parallèle à BM " ) du poids de A 'B 'N ' M "
rencontre le joint A'B' au point où la direction du poids de
A 'B 'NM (parallèle à BM ) rencontre le même joint.
Cela posé, soient : 1," la longueur et S " la surface du joint
A'B ' (section droite du pilier A 'B'N " M " ) ; d" la distance du
point 0 à la ligne A'N" ; G " la distance à la ligne B'M " du
R'
point d 'application des forces R' et sur le joint A'B ';
Co Sa

s, l, et d les quantités représentées par ces lettres dans les


(* ) Voir notes D et E .
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 471
numéros précédents. D'après l'expression (8), nº 5, l'appli
cation de la nouvelle méthode nous donnera , pour la pres
sion k' par unité de surface de joint (joint A'B' supportant
les poids du pilier A'B'N" M ") :

h - .cosa 4*a[2"(3G –1, + 3d"(1,5— 2G"],


COS O
112

et comme on a :

Cosa COSO COS a cosa

R ' 2
W = 5. ^ [1,(3G '—") + 3d (1,— 2G”), (9)
or la pression h au point O considéré comme appartenant
à la section droite AB , a pour expression ( (8), nº 5) :
R 2
h = " [,(36 – 4)+ 3d (1, — 2G)]. (8)
Pour mettre en évidence l'égalité des valeurs dehet
de h , il faut exprimer R , G , R ' et G ' en fonction des mêmes
quantités.
Soient fig. 11, Pl. 210 , BM = H,; AN = H ,; B'M = H',;
A 'N = H', ; @ , le poids de l'unité de volume du pilier ;

R = əsH + H, et r = msH';+F% ,
l'équation (6 ), n° 5 , appliquée aux trapèzes ABNM et
A'B'NM , donne en outre :
H,k et G ' = Hi + 2H '.
5(H,81,,+ 2H
G = 3(H
3 ( H', + H ',)
En introduisant ces valeurs de R et de G dans (8 ) et celles
472 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
de R ' et G ' dans (9) et en réduisant, on trouve , sans diffi
culté :
pour (8) h = a1(1,4 , + d (H , — H,)],
pour (9) h = ~ = (1,H , 7.d (H', – V',)],
mais

H', = H , – BB' = H , - OB tangu = H , - ( , - d ) tang z.


H ', = H , + d tang 4 .

Introduisant ces valeurs de H ', et H ', dans l'expression ré


duite de (9 ), nous obtiendrons :

z + dtang « ) + d (1 , - 1 , - d )tang a – H , — d tango)]


ou
h'= w1 (1, , + 1,d tanga + dH, – l,d tang a + d? tang « –
- di, - d’ tang a ].
et enfin
+ d ( H . - H .)] = h (*).

D 'où il résulte que la nouvelle méthode appliquée à un


joint oblique,mais normal au plan de symétrie , d'un pilier
vertical en maçonnerie à section droite rectangulaire cou
ronné par un plan oblique perpendiculaire à deux de ses
faces parallèles , donne une expression exacte de la pression
par unité de surface, dans le sens du raccourcissement
maximum , en un point quelconque du joint (* *).
8 . La même méthode peut être appliquée, avec le même
succès, à une surface de joint rectangulaire quelconque,
(* ) Voir note G .
(**) Voir, note F , un procédé rationnel de calcul de la pression ,
à l'aide d 'un joint oblique.
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 473
pourvu que la résultante des pressions soit comprise dans
l'un des plans de symétrie du joint, et à la condition que
l'hypothèse de Naviersoit applicable à la question. En effet :
9. Considérons, par exemple , un joint de voûte droite
sur lequel la résultante des pressions, déterminée par la
méthode de M . Méry, est oblique. La partie de voûte qui
est comprise entre le milieu de la clef et le joint considéré
et la surcharge qu'elle porte , ont produit, avec la poussée,
les pressions dont on a déterminé la résultante; ces pres
sions sont parfaitement déterminées elles-mêmes, en fonc
tion de la grandeur et de la direction de la résultante et de
la position connue de leurs points d'application , par la con
dition que l'hypothèse de Navier est applicable à la ques
tion ; car il résulte de cette hypothèse et de la relation (1)
que le raccourcissement maximum en chaque point du joint
et que la pression élémentaire qui a produit ce raccourcis
sement sont l'un et l'autre proportionnels à la distance,
mesurée parallèlement à la résultante, qui sépare le point
considéré d 'un plan infiniment voisin du plan de joint. Or
des forces parallèles, en nombre quelconque, appliquées à
un plan en des points donnés, sont complétement déter
minées lorsque leur résultante est déterminée elle-même en
grandeur et en direction , et lorsque en outre chacune
d'elles est proportionnelle à la longueur de la partie de la
ligne menée suivant sa direction, qui est comprise entre le
plan auquel les forces sont appliquées et un autre plan (*).
Ceci posé ;
10. Par chacun des sommets du joint considéré,menons
des parallèles à la résultante des pressions, et admettons
que ces parallèles sont les arêtes d 'un pilier en maçonnerie
dans lequel l'action de la pesanteur s'exercerait parallèle
ment auxdites arêtes ; couronnons ce pilier par une section
oblique normale au plan de symétrie , et considérons le

(*) Pour la démonstration de cette proposition , voir note H .


Annales des P . et Ch . MÉMOIRES. – TOME XYIII.
S
474 MÉMOIRES ET DOCUMENT .
joint donné comme soumis aux seules pressions résultantdu
poids du pilier. Si nous désignons par li, la plus grande
et par H, la plus petite des arêtes égales, deux à deux,du
pilier; par q le poids de l'unité de hauteur du pilier , le
poids dudit pilier aura pour expression :
1, + H ,- 9 .
Si nous désignons en outre par l, la projection orthogonale
de la longueur du joint sur la section droite du pilier, la
distance du centre de gravité du pilier à la face dudit pilier
dont la hauteur est H , aura pour expression :
H , + 2H,
(6) (nº 5) 3 (A , + H )

Désignons enfin par R la résultante des pressions aux


quelles le joint est soumis dans la voûte , et par G la dis
tance de cette résultante à la face du pilier dont la hauteur
est H , , et posons
H, +H;q= R
2 (10)
H , + 2H , 1 , = G
(11)
3 (H , + H .) "
ces deux équations suffisent pour déterminer les deux seules
inconnues qui entrent dans leur composition II, et H ,; il
existe donc généralement un pilier ayant pour hauteurs dé
terminées H , et H , qui produirait, par son poids, sur le
joint considéré (*) , des pressions dont la résultante est la
même que celle des pressions auxquelles le joint estsoumis
dans la voûte .

(*) L'action de la pesanteur s'exerçant parallèlement aux arêtes


du pilier .
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 475
Mais, en outre, l'hypothèse de Navier est applicable au
joint commeappartenant au pilier (n° 6 ) ; les pressions élé
mentaires auxquelles le joint est soumis dans le pilier sont
donc , elles aussi, déterminées en fonction de la grandeur ee
de la direction de la résultante des pressions, et de la posi
tion de leurs points d 'application . Or, les points d'appli
cation des forces élémentaires sur le joint sont les mêmes
dans la voûte et dans le pilier ; les résultantes de ces forces
élémentaires y sont également les mêmes ; les pressions
élémentaires y sont donc les mêmes également. D 'où il ré
sulte qu'on peut étudier les pressions auxquelles le joint
est soumis dans la voûte , en les considérant comme pro
duites par le poids du pilier, et que tous les résultats pré
cédemmentobtenus, dans l'étude des pressions auxquelles
un jointappartenant à un pilier en maçonnerie est soumis ,
sont applicables au joint de voûte considéré.
La nouvelle méthode est donc applicable à ce joint.
il. La démonstration qui précède est évidemment indé
pendante de la disposition de l'ouvrage auquel le joint con
sidéré appartient. Il est donc démontré d 'une manière gé
nérale ,mais sous la réserve expresse que l'hypothèse de
Javier est applicable à la question .
Que, pour calculer la pression par unité de surface en un
point quelconque d'une section reclangulaire faite dans un
ourrage en maçonnerie par un plan , lorsque la résultante
des pressions n'est pas normale audit plan, mais est com
prisedans un plan normal qui passe par le milieu de deux
des arêtes parallèles de la section , il faut remplacer la résul
tante des pressionspar la force normaledont ladite résultante
serait la projection orthogonale , et opérer à l'aide de cette
forcenormale etdela section donnée commeon opère,à l'aidede
la résultante même des pressions et de la section donnée , lors
que la résultante des pressions est normale à ladile section.
12. Des deux équations (10) et (11), n° 10 , on tire sans
aucune difficulté,
476 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

1,= 2 (21, — 36),

H.= a (36 —",),


or II, et H , ne peuvent pas être négatifs ; il faut donc que
l'on ait :

21,– 5G > 0 ou G < l,


3G — ,> 0 ou G > !
c'est-à-dire que G soit compris entre et de 1,. Pour
nous rendre compte de ce qui se produit lorsque G sort de
ces limites, nous reviendrons à l'étude du pilier rectangu
laire en maçonnerie.
13. La résultante des actions de la pesanteur sur le pilier
vertical ABNM (fig . 13 , Pl. 210 ) passe par le centre de gra
vité du trapèze ABNM ; sa distance au plus grand des deux
côtés H, et H , est comprise entre et ils; si l'un des
côtés est nul, la même distance est égale à . Mais, le
pilier peut être soumis, par sa face supérieure, par exem
ple, à des actions verticales extérieures qui, combinées avec
le poids de la partie comprise au-dessus de la section AB,
donne une résultante R qui soit à une distance de BM, par
exemple, moindre que 1,. Si les actions extérieures sont
telles que l'hypothèse de Navier soit encore applicable, la
section CD qui occuperait , relativement à AB, la position
parallèle et infiniment voisine C'D', si les actions extérieures
et celles de la pesanteur ne s'exerçaient pas sur le pilier,
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 477
coupera suivant la ligne dont la trace est au point E ', par
exemple, la section C'D'.
Nous savons, en effet, que si la ligne CD était tout
entière au-dessous de C'D ', la résultante des réactions mo
léculaires passerait par le centre de gravité du trapèze
compris entre ces deux lignes et ne pourrait pas en con
séquence être opposée à la résultante du poids du pilier et
des actions extérieures, qui est à une distance de BM
moindre que le. Si, au contraire, CD coupe C'D', l'équi
libre peut toujours s'établir , à la seule condition que la li
mite d'élasticité nesoit pas dépassée. Examinons cette ques
tion d'équilibre.
14. Si nous supposons que les matériaux employés peu
vent résister indifféremment à des efforts de traction ou à
des efforts de pression , il se développera des tractions dont
la résultante sera proportionnelle au triangle CE'C ' et des
pressions dont la résultante sera proportionnelle au trian
gle DE'D '. En exprimant, en outre, que ces résultantes
ſont équilibre à la résultante R et qu'elles passent respec
tivement par les centres de gravité des triangles CE'C' et
DE'D', on obtiendra facilement leur valeur et les deux con
ditions qui suffisent pour déterminer la ligne CD , et, par
suite, le raccourcissement ou l'allongement en un point
quelconque de AB.
Sinous supposons, au contraire, que les matériaux em
ployés ne peuvent résister qu 'à des efforts de pression ,
comme il convient de le faire pour des maçonneries qui doi
vent résister aux efforts qu'elles sont destinées à supporter
pendant que les mortiers sont encore frais , le triangle
CEC' (*) ne représentera plus qu'une fissure de la nature
de celles qui se produisent presque invariablement à l'ex
*) Il est bien entendu que, dans cette deuxième hypothèse le
point E ' et la ligne CD ne sont plus les mêmes que dans la précé
dente hypothèse .
478 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
trados , aux naissances des voûtes en arc de cercle d'un
petit nombre de degrés, qu'on décintre aussitôt après les
avoir fermées .
Le triangle DE'D' représentera les réactions moléculaires
dues au raccourcissement; sa surface sera proportionnelle
à R , et il aura son centre de gravité sur la direction de R .
Enfin , on pourra toujours déterminer un pilier, limité
par la section oblique dont la trace, sur le plan de symé
trie , est E'M ' ou EM ' (le point E ' se confond avec le point E ,
quand la distance n qui sépare AB de C'D' tend vers zéro),
tel que le poids de la partie dudit pilier qui est supérieure
à AB soit identique avec la résultante R .
La partie de la section AB, dont la trace est AE, ne sera
soumise à aucune pression. Celle dont la trace est EB sera
dans la même condition que si elle appartenait au pilier
LTEM ' ; on pourra donc calculer le raccourcissement en un
quelconque de ses points, en la considérant comme une
section faite dans ce dernier pilier, et appliquer la nouvelle
méthode, si la résultante n 'est pas normale au joint.
15. Revenonsmaintenant au joint considéré dans le n° 9,
en nous attachant au cas où G sort des limites indiquées au
nº 12. En vertu des considérations développées dansle n° 10,
nous pourrons encore considérer les pressions auxquelles
le joint est soumis comme produites par le poids d 'un pilier
tel que LTEM ' (fig . 13, Pl. 210) , et appliquer la nouvelle
méthode à la partie du joint qui est en même temps une
section de ce pilier.
Cette partie du joint est comprise entre celui des deux
côtés du joint qui sont perpendiculaires au plan de symé
trie , dont la direction de la résultante des pressions est le
plus voisine, et une parallèle à ce côté , menée à une dis
3G
tance égale à COS
24.C. dudit côté ; cette parallèle est en même
temps le côté le plus bas de la section oblique, qui cou
ronne le pilier. La hauteur H ,, à laquelle il faut arrêter les
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 479
parallèles à la résultante menées par les sommets qui appar
tiennent à la fois au joint complet et au joint réduit, a pour
expression
2R
H , = Geo '

dans laquelle o est le poids de l'unité de volume des ma.


tériaux dont le pilier est formé, et e la largeur du joint.
Il est facile de voir en effet que le pilier ainsi déterminé
a son centre de gravité sur la direction de la résultante des
pressions, et que son poids P (la gravité agissant dans le
sens de la résultante ) est égal à cette résultante .

P = 3Gеx , = 36e@
2X56 2R –= R .
x _e0
On voit, en outre , que dans cas particulier H , est toujours
positif.
16. Il est donc démontré que la nouvelle méthode est
applicable à un quelconque des joints qui remplissent les
conditions énoncées au nº 11. Mais il ne faut pas perdre de
vue que, dans le cas où G n'estpas compris entre et le
c'est sur le jointréduità la longueur 66.(*), mesurée à
COSO

partir du côté du joint le plus rapproché du point d'ap


plication de la résultante , qu'il faut opérer le calcul de

(*)Si G ' est la distance, mesurée sur le joint, du point d 'applica


tion de la résultante R au côté du joint le plus rapproché de ce
point,
G ' = cosa

La longueur du joint réduit est égale à 3G '. On peut donc mesurer


sur le joint, toutes les dimensions nécessaires au calcul de la
pression par unité de surface, dans le sens du raccourcissement
maximum .
480 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
la pression par unité de surface , dans le sens du rac
courcissement maximum , en employant, soit la résul
tante R , si celle-ci est normale au joint, soit - m., si la
COS a

résultante est oblique .

DEUXIÈME PARTIE.

LE JOINT ET LA RÉSULTANTE DES PRESSIONS SONT QUELCONQUES.

17. Le cas où le joint est rectangulaire , et où la résul


tante des pressions est comprise dans un des plans de sy
métrie du joint, est le seul qui se présente dans la plupart
des calculs relatifs à la stabilité des constructions, et no
tamment dans les applications de la méthode de M . Méry
aux ouvrages droits. C' est pour cette raison que nous avons
cru devoir le traiter d 'abord , et en ne négligeant, autant
que possible, aucun détail. Il nous reste à démontrer main
tenant que la nouvelle méthode est générale , et s'applique
à tous les cas auxquels l'hypothèse de Navier est elle -même
applicable.
18 . Soient (fig. 14, Pl. 210) ABNM un pilier en maçon
nerie ayant la forme d'un cylindre vertical à section droite
fermée quelconque, et couronné par une section plane NM
quelconque ; AB une section droite;
C'D' la position, relative à AB, d'une section faite paral
lèlement à AB et à la distance infiniment petite n ,mesurée
parallèlement aux génératrices du cylindre, alors que le
pilier était soustrait à l'action de la pesanteur;
CD , la même section, dans la position qu'elle occupe
dans le pilier soumis à l'action de la pesanteur.
Par un point quelconque m de la section AB menons une
parallèle aux génératrices du cylindre, et soient, respecti
vement, n ' et n les points où cette parallèle rencontre les
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 481

sections C'D' et CD. mn' = n et mn = n'; ? est le rac


courcissement relatif au point m de l’élément du cylindre
compris entre AB et C'D ' ou AB et CD, suivant qu'on con
sidère le pilier comme soumis ou comme non soumis à l'ac
tion de la pesanteur. Prenons mk = nn', et par deux points
quelconques de AB menons des parallèles aux génératrices ;
prenons sur ces parallèles, à partir de la section AB, des
longueurs respectivement égales aux parties de ces paral
lèles quisont comprises entre les sections C'D ' et CD ; enfin ,
par les extrémités de ces longueurs et par le point k , fai
sons passer un plan qui coupe le cylindre suivant la sec
tion EF .
Pour toute parallèle aux génératrices, la partie comprise
entre AB et EF sera égale à la partie comprise entre C 'D '
et CD (*) .
On peut, en conséquence , considérer m ( fig . 14, Pl. 210 ),
comme un point quelconque des AB et 'poser mk =
nn' = n '.
Soit p la pression par unité de surface, dans le sens du
raccourcissement maximum , au point m , et soit dy dx
l' élément de section droite en ce point; on aura, en vertu
de la relation (1 )
p
dyac_s
pdydx Eクーン

Prenons mr = mk , et, sur deux autres parallèles aux


génératrices du cylindre, prenons, à partir de AB , des lon
gueurs égales au produit des parties de ces parallèles com
E

prises entre AB et EF par ; par l'extrémité de ces lon


gueurs et par r menons un plan qui coupe le cylindre
_

(*) Pour la démonstration de cette proposition, voir note I.


482 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
suivant la section UV. Pour toute parallèle aux génératrices,
la partie comprise entre AB et UV sera égale à p (*) ;
Il suffit donc de déterminer le plan UV pour connaître
la pression par unité de surface, dans le sens du raccour
cissement maximum , en un point quelconque de la sec
tion AB.
Or le plan UV est facile à déterminer ; en effet :
19. La résultante ou la sommedes réactions élémentaires
dont l'expression est pdxdy est égale à la résultante ou à
la somme des poids élémentaires dont l'expression est
© Hdxdy ; @ étant le poids de l'unité de volume de la ma
çonnerie , et H étant la longueur de la partie de la paral
lèle correspondant à p qui est comprise entre la section AB
et le plan de couronnementNM ( fig . 14, Pl. 210 ). Cette éga
lité est satisfaite si p = @ H ; car, les sommes des éléments,
alors égaux, pdxdy et © Hdxdy doivent être prises entre
les mêmes limites ; et, dans ce cas, p , ou la partie d'une
parallèle quelconque comprise entre les plans AB et UV,
et H , ou la partie de la même parallèle comprise entre AB
et NM , étant dans un rapport constant a , la trace sur le
plan AB, du plan UV se confonfond avec celle du plan de
couronnement NM sur le même plan (* *).
La relation p = @ H détermine complétement le plan UV;
mais il faut s'assurer que le plan ainsi déterminé satisfait à
la condition de l'opposition des résultantes des réactions
moléculaires et de l'action de la pesanteur sur la partie du
cylindre supérieure à la section AB.
Désignons par i la distance d 'une parallèle quelconque
à un plan parallèle aux génératrices quelconque; la somme
des éléments dont l'expression est pldxdy doit être égale à
la somme des éléments dont l'expression est @ Hldcdy.
Or cette égalité est évidemment satisfaite si p = @ H ,

(*) Pour la démonstration de cette proposition, voir note K .


(* * ) Voir note K .
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 483
puisque les sommes doivent être prises entre les mêmes
limites.
Le plan UV, tel qu'il résulte de la relation p = @ H , sa
tisfait donc aux deux conditions d' égalité et d 'opposition
des résultantes.
Il est facile, en outre , de démontrer qu'il n 'existe pas
d'autre plan qui satisfasse à ces deux conditions. En effet :
20. La sommedes éléments dont l'expression est pdxdy
est, à la fois, la résultante des réactions moléculaires cor
respondant au plan UV , et le volume du cylindre compris
entre les plans AB et UV. Cela résulte de ce que mr = p
(nº 18 ). Or soient : pour faciliter le discours, U , V , un plan
qui satisfait à l'égalité des résultantes , et U , V, le plan dé
terminé par la relation p = H , et qui passe par consé
quent par la trace du plan NM sur le plan AB ; les cylindres
compris, d 'une part entre U , V , et AB, et de l'autre entre
UV, et AB , ontmême volume, car le volume de chacun
d'eux est numériquement égal au poids du cylindre com
pris entre NM et AB ; en conséquence, U , V, coupe U ,V , dans
l'intérieur du cylindre ; car il faut qu'il ajoute autant qu'il
retranche au cylindre couronné par U , V , ; les deux cylin
dres ne peuvent donc pas avoir leur centre de gravité sur
la même parallèle . Or le cylindre couronné par U, V, a son
centre de gravité sur la parallèle qui passe par celui du
cylindre compris entre NM et AB , donc le cylindre couronné
par U, V, ne satisfait pas à la condition d'opposition des ré
sultantes .
21. La relation p = oH fait voir qu'il suffit de con
naître le plan de couronnement d 'un pilier vertical en ma
çonnerie pour connaître également la pression par unité
de surface , dans le sens du raccourcissement maximum ,
en un point quelconque de ce pilier .
Il résulte , en outre, de la même relation , que l'hypo
thèse de Navier est exacte pour une section oblique du
484 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
pilier au même degré qu'elle l'est pour une section
droite (* ).
22. Considérons maintenant un joint plan quelconque
soumis à des pressions élémentaires parallèles entre elles,
distribuées de telle sorte que l'hypothèse de Navier soit
applicable , et dont la résultante R fait un angle o avec la
normale au joint.
S'il existe un pilier cylindrique en maçonnerie , ayant la
surface de ce joint pour section plane, dont le poids (l' ac
tion de la gravité s'exerçant parallèlement aux génératrices
et par conséquent à la résultante R ) produirait sur le joint
des pressions dont la résultante est la même que celle des
pressions auxquelles le joint est soumis , nous pourrons, en
vertu des considérations exposées au n° 10, faire abstrac
tion des circonstances auxquelles ces dernières pressions
sont dues, et considérer lesdites pressions comme produites
par le poids du pilier cylindrique sur le joint, considéré
lui-même commeune section plane du pilier ; et, comme il
suffit de connaître le plan qui couronne un pilier cylin
drique en maçonnerie, pour connaître également la pression
par unité de surface, dans e sens du raccourcissement
maximum , en un point quelconque dudit pilier (n° 21), la
recherche des pressions sur le joint donné se trouvera ra
menée à celle du plan de couronnement du pilier cylin
drique en maçonnerie défini ci-dessus. Cherchons donc à
déterminer ce plan.
23. Soient (fig . 17, Pl. 210) AB le joint, OY et OX des
axes rectangulaires situés dans le plan du joint, et par rap
port auxquels la courbe fermée qui limite celui-ci a pour
équation
F ( x, y) = 0.
Soient :
G le point d 'application de la résultante , x , ety, ;
(*) La démonstration serait presque identique, au point de vue
géométrique, à celle de la neie K .
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 485
les coordonnées de ce point; NN la trace, sur le plan YOX,
du plan qui couronne le pilier définiau n° 29;
6 l'angle que cette trace fait avec l'axe OY;
d la distance de la ligne NN à l'origine 0 ;
R la résultante des pressions;
© le poids de l'unité de volume de la maçonnerie .
Rapportons la courbe AB et le point G aux axes OY' et
OX' qui font respectivement avec les axes OY et OX un an
gle égal à 6;
L'équation F (x , y ) = 0 deviendra F , (oc', y', 6) = 0 . Les
nouvelles coordonnées du point G seront :

X ;' = q (X7, 9g, 6)


y ' = f (ag) Yg, 6 ).
La hauteur (mesurée parallèlement aux génératrices) H
du pilier cylindrique est constante, dans toute l'étendue du
joint, pour une même valeur de ac' (*) ; et, si nous sup
posons d'abord que a = 0 , c'est-à -dire que la résultante
des pressions est normale au joint, le poids du pilier aura
pour expression :
all ( — y") Hdx',
y' et y' étant les deux valeurs de y' qui correspondent à
à une même valeur de x', et x '. et s ', étant les valeurs
de ac' pour lesquelles la tangente fait, avec l'axe des Y ,
l'angle 6 ; on aura donc :
R.

. . So we — y")Hdx = 0
Js 'o

on aura, en outre ,

. (*) Cela résulte évidemmentde ce que NN est parallèle à l'axe OY'.


486 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

S V — ")Hz'dr'= * x', = (2o,49,6)


et
Se 6 –790 %
Jxo dt = coa r(en 9.9);
or H = k (d + x ') , k étant la tangente de l'angle du plan
dont la trace est NN avec le plan YOX ; opérant la substi
tution , les trois équations ci-dessus deviendront :

SA(
Jx 'o —2)(d.+ 2")dx = 10
B
(12)
S5(1, - )(2 + 2")v da'= (20,8',6), (13)
pa(
Jx'o 1 –2 49%(0 + 2")dx'= (10.099,6), (14)
Ces trois équations ne renferment que trois inconnues :
6 l'angle de NN avec OY ;
d la distance de NN à l'origine 0 ;
k la tangente de l'angle du plan dont NN est la trace
avec le plan YOX.
Elles suffisent donc généralement pour déterminer les
trois inconnues, et les trois inconnues déterminent complé
tement le plan cherché.
24. Supposons maintenant que la résultante des pres
sions est oblique , et faitavec la normale au joint un angle o..
Nous désignerons par H ' d ' et 6 les quantité de même
espèce que celles que nous avons désignées respectivement
par H , d et 6 dans le numéro précédent.
(y ' - y") dic' représente un élément de la surface AB ,
(y — y ) cosadic' représentera l’élément correspondant de
la section droite , et le poids du pilier aura pour expression :

L (4 - y") H' cos adx',


STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 487
d 'où
S* (1 — y") H'dx =
Jx ' o la COS a

Si u est l'angle des abscisses avec la normale au plan qui


passe par OY' et par une parallèle aux génératrices du cylin
dre menée par l'origine o , et si v est l'angle des ordonnées
avec la normale au plan qui passe par la même parallèle et
par OX ', on aura en outre :

%, ()' — y")cos aH'x'cos udx' = R $ (xs, yo 6 )cosu .


JI

R
' - y") H'x'dx' = D> COS a . (xg, Y ., 6'),

of (v =y")cosalry "cosvda'= Rf(7,9 6')cosv,


pour 2 * * 'da = aPobar(17)Yg,6);
2 ', OcOS

mais H ' = k' (d' + x'), k' exprimant ici un simple rapport ;
opérant la substitution , et faisant passer k' dans le second
membre, les trois équations deviendront :
R.
, (9' — y") (d'+ x')dz' = ta
Jxo k' o cosa (15)
R
DX 'o (1 –y")(8 + x')x'dx'= va cosa (X9, 49,6),(16)
R

no(19739*(&
c'o 2 + *)dt = kam Cosa fleryY5,6).(17) COS O

Ces trois équations déterminent complétement les trois


inconnues 6', d et k', et par conséquent le plan cherché.
25. Les nº 23 et 24 font voir qu'en général le pilier cy.
488 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
lindrique en maçonnerie défini au n° 22 existe ; ils four
nissent en outre le moyen de déterminer le plan de cou .
ronnement de ce pilier , et par suite la pression par unité
de surface , dans le sens du raccourcissementmaximum , en
un point quelconque m du joint; ils contiennent enfin tous
les éléments nécessaires à la vérification de la nouvelle
méthode.
26 . D 'après cette méthode, il faut remplacer la résul
R
tante oblique R par la force normale , appliquée au
point d'application de la résultante oblique sur le joint, et
la pression par unité de surface dans le sens du raccour
cissement maximum , en un point quelconque m du joint,
[ Ꭱ .
calculée avec la force normale om,doitêtre la mêmeque
celle qu'on obtiendrait en opérantavec la résultante obli
que R .
non
R
e
Or, pour la force normale osa, il faut employer les
équations (12) , (13) et (14), et substituer dans ces équa
tions --- - à R .Mais, après cette substitution , les équations
cosa.
(12), (13) et (14) , deviennent respectivement identiques
aux équations (15) , ( 16 ) et (17) ; on a donc :
6 = 6',
d = d',
k = k '.

Les deux premières égalités font voir que le plan qui


R
couronne le pilier correspondant à la force normale Co-sa
et celui qui couronne le pilier correspondant à la résultante
oblique R ont la même trace sur le plan de joint (* ). La
(*) En général, tant que F (x , y ), Y, et x , restent les mêmes, la
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 489
troisième, combinée avec la seconde fait voir que, pour un
même point m du joint, on a :
H = H '.
En effet ,
u = k (d + x ) et H' = k' d + x').
Si nous désignons par p la pression par unité de surface,
dans le sensdu raccourcissement maximum , correspondant
R
à la force normale COS
om et par p' la pression par unité de
O

surface , dans le sens du raccourcissement maximum , au


même pointm correspondant à la résultante oblique R , nous
aurons (n° 21) :
p = @ H et p ' = @ H '.
Donc p = p'; donc enfin la nouvelle méthode est exacte.
27. La démonstration qui précède s'appliquerait , à l'aide
de quelques modifications faciles à concevoir, au cas où le
périmètre du joint, au lieu d'être formé d' une seule courbe,
serait composé d'une succession de lignes droites et d'arcs
de courbe .
Il est donc démontré , d'une manière générale , que : pour
calculer la pression par unité de surface , dans le sens du
raccourcissement maximum , en un point quelconque d'un
joint plan , soumis à des pressions élémentaires parallèles
trace, sur le plan de joint, du plan de couronnement d 'un pilier
correspondant à une résultante quelconque p reste également la
même. En effet, soit, a l'angle d ' obliquité ; on pourra toujours poser
PR
k " cosa kini, et rendre ainsi les équations relatives à P identiques
à celles qui sont relatives à la résultante normale quelconque R ;
on aura dès lors 6 = 6 " , d = d " et k = k , .
Mais k" le coefficient correspondant à P se déduira de la formule
P R R
k " cosak ū d 'où k ” = Ricosa
,
Ch
Annales des P . et . MÉMOIRE S, - TOME XVIII ,
490 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
entre elles , distribuées de telle sorte qne l'hypothèse de Navier
soit applicable et dont la résultante R fait un angle ,a avec
la normale au joint, il faut (*) remplacer la résul
R.
tanteoblique R par la force normale ; ou encore, par
la force normale dont la résultante oblique est la projection
orthogonale .

NOTES A L 'APPLI.

NOTE A .

Soit un pilier vertical en maçonnerie soumis à la seule action


de la pesanteur ; soient H sa hauteur totale , quand il n 'est pas
soumis à l'action de la pesanteur ; H ' sa hauteur réduite par l'effet
de cette action ; S sa section droite ; le poids de l'unité de volu
me de la maçonnerie dont il est formé. Soient enfin h la distance
d 'une section droite quelconque à la base inférieure, lorsque la
hauteur totale du pilier est H , et h 'lamêmedistance lorsque la hau
teur totale du pilier est H '. Considérons l' élément dont la hauteur
est dh dans l'un des états du pilier et dh' dansl'autre;
pour cet élément, de la relation (1),
est
(A5")*8 = m(1 – ),
et l'on a ( H - h ) = pdh - dh'
e ". dh

(*) L'expression il faut ne doit pas être prise dans un sensabsolu ,


puisqu 'il résulte de la démonstration elle-même qu 'on peut opérer
autrement; mais la nouvelle méthode a sur le procédé direct de
calcul l'avantage de ramener tous les cas au cas, généralement,
plus simple , où la résultante des pressions est normale au joint.
STABILITÉ DES CONSTRUGTIONS. 491
Dans l'élément considéré, le raccourcissement anddhman est égal
à 5 (8 - ), si la limite d'élasticité de la maçonnerie employée
est K, il suffit de comparer «? " à K pour savoir dans quelles
conditions, par rapport à cette limite , les molécules de la section
considérée se trouvent.
Veut-on connaitre la hauteur H '? on pose :
1312

th - dh'= 14 - nyth,
dx= [ - (1 -m;]an
14
be

o h270
= [(-- + * +- É ? Jo
etenkin#'= (1- #);égalité qu'onpeut mettresous la forme
La hauteur H ' est donc celle que prendrait le pilier si, étant sous
trait à l'action de la pesanteur, il supportait par sa base libre une
pression totale égale à la moitié de son propre poids.

NOTE B .

Considérons un joint réel demaçonnerie , que nous supposerons


à peu près horizontal, pour la facilité du discours.
Les molécules de la face supérieure du joint sont les points
d'application de pressions élémentaires que nous supposerons
toutes parallèles entre elles, et par conséquent à leur résultante.
Remplaçons chacune de ces forces par ses composantes normale
et parallèle au joint; les composantes normales seront détruites par
l'action directe où l'impénétrabilité des molécules de la face infé
rieure ; quant aux composantes parallèles, elles tendent à entraîner
leurs points d 'application dans le sens deleur direction , et le frot
tement seul fait obstacle au mouvement. Si l'obstacle est suffisant,
les proposantes parallèles sontdétruites par l'action des molécules
de la face inférieure, qui sont soudées pour ainsi dire à celle de la
492 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
ace supérieure par l'adhérence ou le frottement; il y a donc
équilibre.
Quelles sont dans ce cas les forces qui agissent sur la facc in
férieure ? Ce sont :
10 La réaction (égale à l'action) qui a détruit les composantesnor
males ;
2º La réaction (égale à l'action) qui a détruit les composantes
parallèles.
La résultante de ces deux réactions étant identique, pour cha
que molécule de la face inférieure, à la pression dont la molécule
correspondante de la face supérieure était le point d 'application,il
en résulte que les pressions ont traversé le joint réel sans aucune
altération , comme elles auraient traversé un point fictif ; en d 'au
tres termes, que le joint n 'a eu aucune influence sur les pressions,
parce que l'adhérence ou le frottement a rempli exactement le
rôle qu'aurait joué la cohésion dans un joint fictif.

NOTE C.

De l'expression (8), de h, n° 5 , on tire les valeurs particulières et


bien connues suivantes :

Quelquesoitd,
Quelque soit d , sig = ,,h= =

Sid = 0 , h = h2 = 3
nº 5
Si d = 1 n = 1, ="$* (21, – 36). S"
où,en posant::
Où , en posant G = flty,
Aq='} ( + ) eths= $ (n= ?);
d'où la formule connue du minimum et dumaximum des pressions:

pm= (1+ 0 )
quel que soit G , sid = 4,h= 5
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 493
pour d = 0, h = h, = 0 ;
SiG = 3419 pour d = lg, h, = 2
SIG = 1, pour d = 0, h = 1, = 2 ;
pour d = l , h = , = 0.

NOTE D .

En partant de l'hypothèse de Navier, relative à la déformation


plane de la section droite , nous sommes arrivés à la relation h =
SH , qui exprime algébriquement cette autre hypothèse , également
de Navier, et à l'aide de laquelle on calcule la surcharge desvoûtes :
Dans un massif verlical el homogène, soumis à la seule action
de la pesanteur , la pression verticale en un point quelconque , est la
même que si la malière dont le massif est forméétail fluide.
Et comme, en partant de cette seconde hypothèse, on démontre
facilement l'exactitude de la première pour le pilier considéré, on
voit que, pour ce pilier, les deux hypothèses n'en font en réalité
qu 'une.
NOTE E .

Divisons, par la pensée, un pilier de la nature de ceux que nous


avons déjà considérés en tranches infiniment minces, à l'aide de
plans verticaux et perpendiculaires au plan de symétrie ; nous
pourrons encore étudier les modifications qui se produiront sous
l'action de la pesanteur dans ces tranches, sur leurs traces dansle
plan de symétrie.
Si le pilier considéré est couronné par une section droite , cha
que tranche obéira à l'action de la pesanteur comme si elle était
isolée ; la pression sur la base d 'une tranche sera précisément
égale au poids de la tranche, et toute section droite faite dans le
pilier soustrait à l'action de la pesanteur, restera plare lorsque
cette action s'exercera .
Si le pilier est couronné par une section oblique, chaque tran
che subira, sous l'action de la pesanteur, des modifications élasti
ques distinctes, et il n 'est plus à priori certain que chaque tranche
se composera comme si elle était isolée; c'est-à -dire qu 'elle n 'exer
cera sur les tranches contiguës,ou ne subira de la partde celles-ci,
494 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
aucune action de sens vertical de nature à empêcher que la pres
sion de la tranche sur sa base soit précisément égale à son poids.
Si cependant les choses se passent ainsi, et si, fig . 10, pl. 210 ,
C 'D' est la trace d'une section droiteinfiniment voisinede la base A B
pendant que le pilier est soustrait à l'action de la pesanteur, la
trace du mêmeplan sous l'action de la pesanteur sera encoreune
lignedroite, telle que CD (note D ).
Si, au contraire , la pression sur la base d 'une tranche n 'est pas
égale au poids de la tranche, la ligne droite CD sera remplacé e
par une ligne courbe .
Mais cette courbe doit limiter, avec C'D ' etavecles lignes AM etBM ,
une surface égale à celle du trapèze C'D'CD , et ayant son centre de
gravité sur la verticale qui passe par celui du trapèze. Pour rem
plir ces deux conditions, il faut qu 'elle passe successivement au
dessous et au-dessus de CD, avec une certaine symétrie ; et, à moins
que des actions mutuelles énergiques n'apportent un trouble
profond dans le jeu des actions extérieures, il faut que la courbe
s 'écarte très-peu de la ligne droite.
Or comment pourrait- il se produire des actionsmutuelles éner
giques dans de la maçonnerie fraîche, où des effjrts un peu nota
bles de traction ne sauraient se développer ?
D'un autre côté , à l'inspection de la figure, dans laquelle la hau
teur des tranches va en croissant de gaucheà droite , il semble que
chaque tranche doit subir une action de haut en bas du fait de la
tranche contiguë à sa gauche, et une action de bas on hautdu fait
de la tranche contiguë à sa droite. Si ces deux actions, de sens
contraire, s'annulent entre elles, la trace de la section droite C'D
sera,sous l'action dela pesanteur, la lignedroite CP ; sices actions
ne s'annulent pas entreelles, la ligne CD sera remplacée par la
courbe plus hautdécrite , et il faudra que la résultante des actions
contraire change de signe pour tous les points de la courbe où la
tangente est parallèle à CD. Mais les dispositions essentiellement
linéaires dela figure permettent difficilement d 'admettre l'existence
de ces changements de signe. Ilest donc infiniment probable que
les actions mutuelles s'annulent entre elles, dans le sens vertical,
sur chaque tranche ; que celles-ci pèsent sur leurs bases comme
si elles étaient isolées ; qu 'enfin la ligne droite CD n 'est pas rein
placée par une courbe.
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 495

Note F.

Il est facile de reconnaitre : que les raisonnements du n° 2


s'appliquent parfaitement au cas où l'élément de pilier considéré
est .compris entre deux sections parallèles entre elles quand le
piller est soustrait à l'action de la pesanteur, et séparées alors par
un intervalle infiniment petit n , mesuré parallèlement aux arêtes
du prisme, sans qu 'il soit besoin que ces sections soient des sec
tions droites (voir note D ;
Qu 'il en est demême des raisonnements et des calculs du n° 3 ,
à la seule condition de remplacer les perpendiculaires à la section
AB par des parallèles aux arêtes, l, continuant d'être la longueur
de la section droite;
Qu 'il en est enfin de même des raisonnements et des calculs des
n° 4 et 5; et que les seules valeurs , entrant dans l'expression (8)
de h , quine soient pas les mêmes pour la section oblique et pour
la section droite , sont celles de R et de G . Si donc nous désignons
par R' et G ' les valeurs correspondant à la section oblique, nous
pourrons poser :
2
h = Ra' . 14 (3G ' — 1) + 3d (1; — 2G')). (8 bis)
Cette expression de h n 'est autre que l'expression (9) de h' du
nº 7, et nous avons fait voir , dans ce numéro, que la valeur de l'
qu'on tire de (9) est égale à celle de h qu'on tire de (8 ), nº 5.

NOTE G .

Désignons par h" et H” les longueurs du pilier A” B”NM (fig . 11,


Pl. 210), correspondant à celles que nous avons désignées respec
tivement par h et H , et par h' et H ', pour les piliers ABNM et.
A'B'NM ; nous aurons (n° 6) : h' = all' et h" = oll”, et comine pour
tous les points de A 'B ' on a h = h" ; on aura :
H ' = H ", d'où B'M = B'M " et A'N = A'N ".
Il est facile en outre de reconnaître que les plans dontNM et N "M "
sout les traces sur le plan de symétrie , se coupent suivant une
ligne du plan de la section A'B'.
496 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

NOTE H .

Soient (fig . 12, Pl. 210 ), OY et Ox des axes rectangulaires tracés


dans le plan auquel les forces parallèlesPP, etc., sont appliquées.
Désignons par p l'une quelconque de ces forces , et par x et y les
coordonnées de son point d'application A , par rapport aux axes OY
et ox , et par x , et yg les coordonnées, par rapport aux mêmes
axes, du point d'application G de la résultante P de toutes les for
ces Pa, P , etc .
Soient NN la trace sur le plan YOX du plan qui coupe les pa
rallèles à la résultante menées par les poiuts d'application de ces
forces à des distances, mesurées sur ces parallèles, desdits points
d'application, respectivement proportionnelles auxdites forces ;
d la distance du point o à la ligne NN ;
6 l'angle de NN avec l'axe Oy.
Rapportons les points d'application des forces p ,, p, etc . à des
axes rectangulaires OY', OX ', situés dans le plan YOX , et faisant
respectivement avec les axes OY et OX un angle 6 .
Les coordonnées x' et y' du point d 'application de la force p ,
par rapport aux nouveaux axes, auront pour expression :
r ' = x cos 6 - y sin 6 ,
y' = y cosé + xsin 6.
Les coordonnées x ', et y', du roint G auront de même pour ex
pression :
x ', = x , cos6 – y ,sic 6 ,
y', = y, cos6 ; + x,sin 6.
Menons par le point o une parallèle à la résultante P, et ſaisous
passer des plans par cette parallèle, et par chacun des axes oY'et
OX '; abaissons du point A des perpendiculaires sur chacun de ces
plans, et désignons par 1 l'angle de la perpendiculaire abaissee
sur le plan qui contient OY', avec la parallèle à l'axe OX' menee
par le point A, et par v l'angle de la perpendiculaire abaissée sur
le plan qui contient OX' avec la parallèle menée par le point A a
l'axe OY'; ces perpendiculaires auront respectivement pour ex
pression :
x'cosp = (rcos 6 – ysin 6 ) cosp ,
et i' ços v = (y cos6 + xsin 6) cosv,
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS . 497
Les perpendiculaires abaissées sur les mêmes plans du point G
auront respectivement pour expression :

X ', cosje = (xg cos6 — Yg sin 6 ) cosu


et Y', cos v = (yg cos 6 + xg sin 6) cosv.
On aura donc, en supprimant cosje et cos y de part et d 'autre :
Sp (x cos6 — y sin 6 ) = P (xg cos6 – y , sin 6),
et Ep (y cos 6 + xsin 6 ) = P (yg cos6 + 2g sin 6 ),
on & en outre Ep = P.
Faisons passer parla direction AB de la force pun plan parallèle
I OX', et soient respectivement AC et CB les intersections de ce
plan avec le plan YOX et avec le plan dont la trace est NN ; AB
sera proportionnel à la force p . En faisant passer par les direc
tions des forces P , P , etc . des plans parallèles à OX ', nous déter
minerons des triangles A , C , B ,, A ,C ,B4, etc . semblables au triangle
ABC, et dans lesquels on aura :

A,B = A,B =etc.= k';


or = = etc.= k” d’où p = k”AB =k'k”AC,
et en posant k = k'k", .
p = kAC = k (x' + d) = k (z cos 6 – y sin 6 + d),
introduisant cette expression de p dans les équations qui précè
dent, nous obtiendrons :
ks (ir cos6 — ysia 6 + d) (x cos6 – y sin 6) = P (x , cos6 — yg sin 6),
k ! (x COS6 — ysin 6 + d) (y cos 6 + x sin 6) = P (yg cos6 + xg sin 6)
ks (x cos6 — y sin 6 + d) = P .
Ces trois équations ne renferment que trois inconnues , .
6, d et k ;
elles suffisent donc pour déterminer ces trois inconnues.
Or, on a :
p = k ( x cos6 – ysin 6 + d ) ;
448 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
donc p, c'est- à-dire une quelconque des forces pop , etc. est com
plétement déterminée en fonction des coordonnées de son point
d'application, de la grandeur de la résultante P des forces py, etc.
et des coordonnéesdu point d'application de cette résultante .

Note I.

Faisons passer un plan par deux des parallèles qui ont servi à
déterminer le plan EF, et soient (fig . 15 , Pl. 210), CD , CD , AB et
AF , les traces respectives sur ce plan, des plans C'D', CD , AB et
EF de la fig. 14, Pl. 210 ; soient mn' et min ', les deux parallèles,
oura évidemment :

- ","m
nen ', - nn ' omet m h mk = mm ,
n 'n', = mm ,, puisque AB et CD' sont les traces, sur un même plan,
de deux plans parallèles entre eux, et comme on a, par construc
tion , nyn's= m ,k, et nn' = mk, on voit que Cn', = Am , ; CA est donc
parallèle aux génératrices.
Pour une parallèle quelconque mon 'o, comprise dans le plan de
la figure, on aura :
Allo

or Am , = Cn'o, donc moko = non '..


On démontrerait demême l'égalité des parties comprises, d 'une
part, entre les plans C'D ' et CD , et entre les plans AB et EF,d'autre
part, d'une quelconque des parallèles comprises dans le plan pasa
sant par mn' et par la troisièmedes parallèles qui ont servi à de-
terminer le plan EF. Si l'on mène ensuite un plan par une parallele
quelconque, ce plan contiendra une des parallèles comprises dans
chacun des plans menés par deux des parallèles qui ont servi a
déterminer le plan EF. Pour ces parallèles, l'égalité des parties
comprises entre les plans C'D ' et CD , et de celles des parties com
prises entre les plans AB et EF est démontrée, pour une autre pa
rallèle du plan , c 'est- à -dire pour une parallèle quelconque, les
parties comprises entre les plans C'D ' et CD , et les parties com
STABILITÉ DES CONSTRUCTIONS. 499
prises entre les plansAB et EF, sont évidemment entre elles comme
les parties semblablement comprises des parallèles du même plan
dont l'égalité est démontrée ; elles sont donc égales entre elles.

Note K .

Faisons passer un plan par deux des parallèles qui ont servi à
déterminer le plan UV, et soient (fig . 16 , Pl. 210 ), m .%, et m ,", ces
deux parallèles ; AB, AF et AV les traces respectives, sur le plan
demoro et de mira, des plans AB , EF et UV de la fig . 26 , Pl. 210 ,
on a :
11

La trace AV passe donc par le point A , lieu de rencontre des


traces AB et AF. Faisons maintenant passer un plan par la paral
lèle m ,r ,, et par la troisième des parallèles qui ont servi à déter
miner le plan UV , et soientmgr , cette troisième parallèle , et A 'B',
A'F' et A'V' les traces respectives, sur le plan de mir , etmer,, des
ces trasplan uv páse, pour is AF
plans AB, EF et UV , la dernière de ces traces passera par le point.
A ’, lieu de rencontre des deux autres. Le plan UV passe donc par
la ligne d 'intersection AA ' des plans EF et AB. Donc , pour toute
parallèle aux génératrices, la partie comprise entre les plans AB
et UV sera à la partie comprise entre les plans AB et EF dans le
rapport
l
mo' m - Mel2 E
mokomik, moko
Si donc mr et mk représentent les parties d 'une même paral
lėle , menée par un point m quelconque de la section AB , respec
tivement comprises entre les plans AB et UV, et entre les plans Aa
et EF , on a : mr = mku
of mk = 1 - M's
donc
mr = ?7* = 1
ANNALES DES PONTS ET CHAUSSEES.

CHRONIQUE.

Décembre 1869.
SOMMAIRE . — Chemins de fer du système de M . Larmanjat. - Cylindre com
presseur à cbarge intérieure. - Vanne à débit constant sous pression
variable. — Chemin de ſer de Landstuhl à Cusel (Palatinat). — Recettes
des chemins de fer francais pendant les trois premiers trimestres de
l'année 1869. – Bulletin bibliographique.

Chemins de fer du système de M . Larmanjat, - Les renseigne


ments suivants relatifs à ce nouveau système de chemins de
fer sont extraits d'un rapport présenté par M . Belgrand,membre
du conseil général de l'Yonne, inspecteur général des ponts et
chaussées, au conseil général de ce département, dans la session
du mois d'août 1869.
Le chemin de fer de M . Larmanjat fonctionne depuis un certain
temps entre le Raincy et Montfermeil ; la description de M . Bel
grand en fera parfaitement comprendre le principe et les disposi
tions générales, mais on ne manquera pas de remarquer que l'ho
norable rapporteur, aussi bien que le conseil général des ponts et
chaussées , ne porte aucun jugement sur les résultats économiques
du système. Cette partie importante de la question reste donc, jus
qu 'à présent, complétement réservée .
« Le 19 juin 1869, M . Larmanjat a adressé au ministre des tra
vaux publics, dit M . Belgrand, une demande à l'effet d 'être auto
risé à établir une ligne ferrée de son invention sur un des accote
ments de la route départementale n° 3, entre Aillant et la gare du
chemin de fer de Lyon à Joigny . . . .
« Avant d 'examiner les pièces du dossier , il nous paraît indis
pensable de donner une idée du système de voie ferrée de M . Lar
manjat ; nous ne voudrions pas fatiguer le conseil général par les
détails d'une description technique ; nous allons donc chercher à
CHRONIQUE. 501
faire ressortir le plus simplement possible ce qu'il y a d 'ingénieux
dans cette invention .
« Le roulage exige à poids égal et sur un palier une force de trac
tion dix à douze fois plus grande sur une route que sur un chemin
de fer, ce qui tient à ce que l'adhérence , le frottement produit au
contact de la jante de la roue et de la voie par le poids de la voi
ture est dix fois plus grand au moins sur la route que sur la voie
ferrée.
« On sait encore que les machines locomotives doivent toute
leur force à l'adhérence dela jante de la roue sur le rail ; si l'on
parvenait à supprimer cette adhérence , les roues motrices de la
locomotive tourneraient sur elles-mêmes indéfiniment sans pro
duire aucune force de traction . Il y aurait donc intérêt à augmen
ter autant que possible le frottement et l'adhérence des roues de
la locomotive sur les rails, si les wagons qui viennent derrière ne
subissaient le même frottement, ce qui augmenterait proportion
nellement les frais de traction . On nepeut donc augmenter le frot
tement des roues motrices sur les rails qu 'en augmentant démesu
rément le poids des locomotives et c'est ainsi qu 'on produit assez
d'adhérence pour mettre le convoi en mouvement.
« Plus la pente du chemin de fer augmente, plus le poids de la
locomotive doit être grand ; pour franchir avec un très-petit con
voi de marchandises , la rampe de 20 millimètres qu 'on admet sur
les chemins de fer vicinaux, il faudra des machines très - lourdes
et très-puissantes, c'est-à -dire de très -gros rails, un excellentbal
last, de solides ouvrages d'art , en un mot tout autre chose que ce
qui a été admis dans les projets dressés d'enthousiasme dans les
premiers moments où il a été question de ces chemins de fer ; sui
vant nous, cette difficulté est telle qu 'elle doit faire repousser la
plupart des projets proposés ; dans notre départementon ne trou
verait partout que mécompte et déception puisqu'il estcertain que
pour rester dans les limites de dépenses possibles, il faut que les
rails et le matériel roulant soient légers et que cependant la limite
supérieure de la pente soit très- élevée.
« Il faudrait pour établir les chemins de fer dans des conditions
pratiques augmenter considérablement l'adhérence des roues
motrices des locomotives pour franchir les fortes rampes avec des
machines légères et ne pas augmenter la résistance à la traction
des voies ordinaires.
« M . Larmanjat a résolu ce difficile problème et d'une manière
aussi simple qu'économique. Il décuple au besoin l'adhérence des
rovesmotrices de la locomotive en les faisant porter sur une
502 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
chaussée empierrée ou une longrineen bois, et en même temps il
réduit au minimum la force de traction en faisant porter les autres
roues de la locomotive et celle des wagons du convoi sur une voie
ferrée. Avec une machine fesant cinq tonnes il peut obtenir alla
tant et plus d 'adhérence qu 'avec une des plus lourdes,machines du
chemin de fer de Lyon qui pèse 40 toones. Il peut franchir des
rampes de 3 à 5 centimètres par mètre en traînant outre le poids
de la locomotive un poids brut de 15 tonnes, ce qui suivant toutes
prévisions dépasse le poids du plus lourd convoi des chemins de
fer vicinaux. Voici comment il arrive à ce résultat.
« La voie ferrée se compose d 'un seulrail bien léger puisqu'il
ne pèse que 12 kil. 70, par mètre courant.
« La locomotive est à 4 roues. Deux sont placées l'une à l'avant
l'autre à l'arrière etportent sur le rail, ce sontles roues directrices,
les autres sont dans la même section transversale et portent sur la
terre.
« Ce sont les roues motrices. Par un mécanisme aussi simple
qu 'ingénieux, le poids de l'appareil porte à volonté sur les roues
directrices ou sur les roues motrices. Dans le premier cas, on a le
minimum d 'adhérence , celle nécessaire pour circuler sur palier,
on obtient le maximum dans le second cas, lorsqu 'il faut franchir
les fortes rampes. Les voitures du convoi ont également quatre
roues dont deux reposent sur le rail et deux sur la route, mais la
disposition du ressort est telle que tout le poids porte sur la voie
ferrée. La force de traction est donc très-sensiblement la même
que sur un chemin de fer ordinaire. .
« Ainsi M . Larmanjat produit avec de très-petites locomotives
pesant avec leur chargement de 4 à 5 tonnes,une puissance suffi
sante pour franchir les rampes non plusde 20 mais de 40 à 50 mil
limètres avec un convoi de 15 à 20 tonnes, de plus les roues direc
trices ne portent que sur un seul rail et la première étant
montée sur un pivot, il peut passer sur des courbes de 5 mètres de
rayon , c'est-à - dire contourner le carrefour de deux routes qui se
coupent à angle droit.
« Si l'expérience ne fait pas ressortir quelque grave inconvé
nient pratique on peutdonc dire que cette invention conduit à la
véritable solution des chemins de fer vicinaux.
« M . Larmanjat a construit dans ce systèmeprès de Paris entre
le Raincy etMontfermeil, sur une longueur de5 kilomètres, un che
min de fer quiest en exploitation depuis un an environ ; un convoi
de deux wagons trainés par une locomotive de 3 à 6 tonnes (ran
CHRONIQUE. 503
chit des rampes de 72 millimètres et des courbes de 5 mètres de
rayon.
M . Duverger, ingénieur en chef du département de Seine - et
Oise, a été chargé de visiter le chemin et d'après son rapport, le
conseil général des ponts-et- chaussées a émis l'avis suivant :
• Le Conseil d'après les expériences faites et sansse prononcer
u sur la valeur économique du système estime qu 'il n 'y a pas lieu
I demettre obstacle à de nouvelles applications sous les condi
< tions et réserves suivantes :
« Le rail centralne devra pas faire saillie sur le profil de la
I route et la largeur de la route soumise à l'influence du train sera
I entretenue par le concessionnaire.
* Chaque demande d'application sera accompagnée d'un profil
« d'établissement avec cahier des charges et tarifs dans les for
mes usitées et sera soumise après examen à une enquête pour
être statué ensuite comme il appartiendra .
« Le ministre a approuvé cet avis en conseil des ponts et chaus
sées par décision du 22 mars 1869. » . . . . . . .
Cela nous conduit à envisager la question des chemins de fer
d'intérêt local à un point de vue plus général, qui nous échappait
nécessairement avant l'invention de M . Larmanjat, Le principal
avantage de cette invention , c'est que la voie ferrée peut être po
sée sur le sol de toute route dont les pentes n'excèdent pas 5 cen
timètres par mètre. Le département accordera la permission d'éta
blir ces nouvelles voies ferrées sur un des accotements des routes
tracées dans ces conditions, et en faisantcette concession , il satis
fera pleinement à l'engagement qu 'il a contracté en 1867, puisque
la dépense faite pour acheter le terrain de la route, effectuer les
terrassements et construire les ouvrages d 'art, dépasse de beau
coup la subvention que le conseil générals'est engagé à accorder ;
il s'est donc libéré d'avance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« En résumé, votre commission vous propose le projet de déli
bération suivant :
« Le conseil général attache la plus grande importance à l’éta
blissement de la voie ferrée du systèmede M .Larmanjat sur une des
routes du département, parce que ce système paraît être actuelle
mentle seul qui permette l'usage des locomotives d'un faible poids
sur une voie à grandes pentes et sur des courbes à court rayon . Il
estime que la route la plus favorable à cet essai parait être la
route départementale pjo 3 , entre Joigny et Aillant , puisque les
pentes et rampes n 'excèdent nulle part 5 centimètres par mètre,
et que la circulation y est considérable ; que M . Larmanjat peut
504 BIÉMOIRES ET DOCUMENTS .
être autorisé , à ses risques et périls, à établir sa voie ferrée sur
cette route, aux conditions exprimées dans le rapport de MM . les
ingénieurs du département, en date des 10 et 24 juillet 1869. . . .
« En ce qui concerne la demande de subvention :
« Que dans toutes les parties où la voie pourra être posée sur le
sol de la route, le département a fait les acquisitions de terrains,
les terrassements et les travaux d 'art, c 'est -à -dire une dépense
bien supérieure à la subvention qu 'il s'est engagé à donner par sa
délibération de 1867 ;
« Qu 'il est donc libéré d'avance, mais qu'il n 'en est pas de même
de l'État, et qu 'ainsi les pétitionnaires peuvent réclamer cette sub
vention en accomplissant les formalités usitées. »
Cylindre compresseur à charge intérieure. — M . Tarbé, ingé.
nieur en chef du département de la Seine-Inférieure, nous com
munique les observations suivantes au sujet du mémoire inséré
ci-dessus, page 145.
La réserve exprimée par M . Tarbé ressort d'une lecture attentive
du travail de M . Vaissière, mais il peut être utile d 'appeler parti
culièrement sur ce point l'attention des ingénieurs quin 'auraient
pas une longue expérience personnelle de l'emploi de divers sys
tèmes de cylindres compresseurs.
Voici la note de M . Tarbé.
« L'idée de placer le chargement à l'intérieur des cylindres n'est
rien moins que nouvelle, car les premiers appareils construits de
1829 à 1839 pour la compression des routes étaient tous établis de
cette manière (Voir le mémoire de M . Polonceau et les articles
de MM . Morandière , de Coulaine, de Bormans, Prus, etc., dans les
Annales de 1837 etde 1840).
« Cette disposition présentait de nombreux inconvénients par
suite dela difficulté du chargement et surtoutdu déchargement, ce
qui ne permettait pas de faire varier le poids suivant les circon
stances locales; de plus, la mobilité de la charge dans le cylindre
développait des résistances et des réactions nuisibles au tirage des
chevaux et à la conservation de l'appareil. M . de Coulaine constate
dans son mémoire « qu'il était impossible de remplir complétement
« le cylindre demanière à éviter les frottements et les mouvements
a intérieurs, de telle sorte que lesmatériaux, quand on les retirait,
« étaientcomplétement arrondis, et qu 'une partie de la forceavait
a été employée inutilementà faire ce travail. »
« Aussi, dès que les cylindres à charge extérieure employés en
Prusse furent connus des ingénieurs français (note de M . Lalande,
CHRONIQUE. 505
Annales de 1839), on s'empressa de les adopter partout et de re
noncer aux anciens modèles.
« L' emploide l'eau pour le remplissage du caisson intérieur fait
sans aucun doute disparaître les inconvénients que nous venons de
rappeler, et M . l'ingénieur en chef Vaissière dit avec raison « que
« le chargement en sable ou en gravier n 'offre pas les mêmes avan
a tages que celui fait avec de l'eau , et que l'on ne doit y recourir
« qu 'en cas d 'impossibilité absolue de faire autrement. »
« Nous croyonsmêmequ'il faut aller plus loin , etqu'il serait bon
de mettre les jeunes ingénieurs en garde contre l'emploi des cy
lindres à chargement intérieur partout où l'on ne pourrait pas les
remplir facilement avec de l'eau. »

Vanne à dèbit constant sous pression variable. - M . Maurice


Lévy , ingénieur des ponts et chaussées, a publié dans le compte
rendu des séances de l'Académie des sciences du 29 novembre
dernier, la description suivante d'une vanne à pression constante
que nous reproduisons. Cet appareil paraitfortsimple et de nature
à rendre de nombreux services.
« Une vanne à débit constant sous pression variable est un ap
pareil des plus utiles dans un grand noinbre de questions de dis
tributions d'eau, etnotamment dans les irrigations. Il n 'en existe
aucun qui satisfasse à toutes les conditio : s désirables pour un
emploi usuel. Ces conditions me paraissent être celles -ci :
« 1° Facilité et économie dans l'installation et l'entretien de
l'appareil, possibilité de le faire établir ou réparer par les ouvriers
de la campagne ;
« 2° Possibilité de le rectifier sur place, c'est-à -dire d'en cor
riger expérimentalement le débit théorique , si, par suite de l'im
perfection des formules hydrauliques ou de circonstances que le
calcul n 'a pu prévoir ce débit n 'est pas rigoureusement constant;
« 3º Possibilité de modifier, en cas de besoin , le débit de la
vanne .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« J'ai cherché à résoudre le problème au moyen d'une vanne
ordinaire se mouvant simplement autour de deux tourillons placés
à son extrémité supérieure. Concevons qu 'on établisse une sem
blable vanne en tête de la dérivation da ns laquelle on se propose
d 'introduire un volume d 'eau constant Q . Lorsque le niveau d 'a
mont occupera sa position la plus basse N" la vanne suspendue à
son axe de rotation se tiendra dans une position sensiblement
verticale, et on lui donnera une longueur celle qu 'elle laisse entre
Annales des P . et Ch. MÉMOIRES. — TOME XVIII. 35
506 MÉMOIRÉS ET DOCUMENTS.
son arête inférieure et le plafond du canal une ouverture capable
de fournir le débit Q. Mais cette disposition n 'aurait pas pour ef
fet de maintenir ce débit constant lorsque la pression sur la vanne
augmenterait ; car, à mesure que le niveau 'N " s'élèverait, la vanne
tournant autour de son arête supérieure, l'orifice d 'écoulement
compris entre son arête inférieure et le plafond du canal augmen
terait en même temps que la pression de l'eau , et, par cette dou
ble raison , le débit croîtrait rapidement. Mais si, dans l'étendue
correspondant au secteur que décrit la vanne, lorsque le niveau
d 'amont oscille entre ses positions extrêmes , on relève artificiel
lementle plafond du canal suivant un profil courb ., on corçoit
qu'on puisse régler ce profil de façon à rétrécir l'orifice d'écoule.
ment à mesure que la vanne s'inclinera , c 'est-à -dire à mesure que
la charge de l'eau augmentera, et par suite s'arranger pour que
le débit de la vanne reste constantmalgré l'accroissement de la
charg .
« Pour réaliser cette idée , on construira , en travers du canal
dans lequel on voudrà verser le volume d 'eau Q , un petit déversoir
en maçonnerie , terminé à l'aval par un parement B E (* ) verticalou
incliné, peu importe , à l'amont par le profil courbe A , A ', A" å
déterminer, et ayart sa crête B A placéc demanière à débiter le
volume Q lorsque l'eau d 'amont sera parvenue à son niveau mini
mum N ", la hauteur ,,entre la crète B A et le niveau N " sera dé .
terminée par la formule connue :
(1) = 0.35 7. V 2.00
« L étantla longueur du uéversoir.
« La lame d'eau sur le déversoir sera :

(2) E = 5n

« Ceci étant, soit o l'axe de rotation de la vanne placée au niveau


le plus élevé N que puissent prendre les eaux d'amont ou un peu
au -dessus de ce niveau ; soient h + ε la distance de la crète BA
du déversoir à une horizontale 0.x passant par le point o , et z la
distance à cette mêmehorizontale du niveau N° de l'eau d'amont
dans une quelconque de ces positions ; le niveau d'aval (**) sera
constant puisque le débit sur le déversoir est constant.
(*) Le lecteur est prié de faire la figure.
(**) J'appelle niveaux d 'amont et d'aval les niveaux immédiatement à l'amont
CHRONIQUE. 507
a.Sousl'influence de l'excès de pression qu'elle supporte de l'a
mont à l'aval, la vanne, primitivement dans une position verticale
OC",,va s'incliner suivant une direction 0 C formant un certain
angle « avec la verticale . On déterminera l'angle « en exprimant
qu'il y a équilibre entre le poidsdela vanne et les pressionsqu'elle
subit. On trouvera ainsi l'équation .
rzi 6 Pb
(3 ) sin a cosa a — 3 a' (h – 2) cos? Q t h3 — 23 = 0.
« Où a est la longueur dela vanne, P son poids, b la distance de
son centre de gravité à l'axe de rotation 0 , et il le poids du mètre
cube d'eau .
« Du point C', abaissons une normale C 'A ' = S à la courbe incon -
nue AA'A " , S sera la hauteur de l'orifice d'écoulement lorsque la
vanne occupera la position OC'; la charge sur cetorificesera h - 2 ;
en dun donc pour exprimer la constance du débit l'équation
(4) mSV2g (h — 2)
« Les équations (3) et (4 ) permettent de tracer graphiquement la
courbe AA 'A " ou de la déterminer analytiquement. En effet, pour
une valeur quelconque de a, ces équations fournissent les valeurs
de 2 et de S. Si du point C' comme centre avec S pour rayon, on
décrit une circonférence, la courbe cherchée ne sera autre que
l'enveloppe des circonférences C'. Et cette définition permettrait
d'en trouver l'équation. Car les équations de deux cercles enve
loppés infiniment voisins, sont :
(x - a sin a)2 + (y – COS ()? = S?.
ds
1 - (x - a sin a) cosa + (y - a cos a) sin x = zada

ds
« Si on élimine z entre les équations (3) et (4), puis s', a eta
entre l'équation resultante , sa dérivée par rapport à « et les équa
tions (5), on aura l'équation demandée de la courbe AA'A” : les
calculs seraient longs mais sans difficulté . Au point de vue prati
que, ils sont du reste inutiles. Voici comment on procèdera :
« Le point le plus élevé de la courbe ou son extrémité aval doit
être à la distance h + e de la ligne 0.x, le point le plus bas, c'est-à
et à l'aval de la vanne, en sorte que le niveau d'avalest celui de l'eau passant
sur la crète du déversoir.
508 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
dire son extrémité amont, doit être au niveau du fond naturel du
canal, soit à une profondeur donnée H au -dessous de O.z. Soients
et S" les valeurs fournies par l'équation (4 ) pour les positions
extrêmes du niveau d 'amont on aura sensiblement
a + S" = A .
(a + S) cos ay = h + ę,
« Q, étant l'inclinaison de la vanne dans la position OC qu'elle
occupe lorque la charge d'eau est maxima. Ces équations permet
tent de calculer les quantités a et aq puis l'équation (3) ou l'on
fera a = (y et où l'on mettra à la place de z la valeur correspon
dante au niveau maximum de l'eau , permettra de calculer Pb. Des
points ( " et C extrémités de la vanne quand elle est verticale ou
inclinée sous l'angle a , comme centres, avec S" et S pour rayons,
on décrira deux circonférences, ce seront là deux circonférences
enveloppées ; on en déterminera une troisième pour une valeur
de a intermédiaire entre o eta, et l'on tracera une courbe tangente
à ces trois cercles.
Chemin de fer de Landstuh! à Cusel (Palatinat). – M . Victor
Krafft, ingénieur des ponts -et chaussées, a bien voulu nous adresser
une note autographiée sur les carrières de pavés de Ramelsbach
et sur le chemin de fer de Landstuhl à Cusel. – L'espace ne nous
permet pas de reproduire les renseignements très-intéressants
d 'ailleurs que contient cette note au sujet des pavés de porphyre
de Ramelsbach ,mais je crois devoir en extraire les renseignements
suivants relatif au petit chemin de Landstuhl à Cusel.
Les chemins de fer d'intérêt local sont partout à l'étude et sou
lèvent une foule de questions pratiques que l'espérance permet
seule de résoudre. Il est aujourd'hui fort utile de savoir comment
nos voisins comprennent la construction des lignes de troisième
ordre et de connaître les dépenses qu'ils croient devoir y consa
crer. Les renseignements fournis par M . Krofft sont lus avec un
véritable intérêt.
Vole sur les carrières de Ramelsbach et sur le chemin de fer de
Landstull à Cusei (Palutinai), par Victor Krafft, ingénieur des
ponts et chaussées. J'extrais du travail dont on vient de lire le
titre, les renseiguements suivants d 'un véritable intérêt pour l'é
tude des chemins de fer d 'intérêt local.
« La petite ligne de Landstulh à Cusel, longue de 29*.498, a
eté ouverte au trafic le 22 septeinbre 1868 , mais elle n 'a été com
CHRONIQUE. 509
plétement terminée que vers la fin de la même année. Elle est
établie dans de fort bonnes conditions de pentes : il y aurait eu
même, semble-t-il, quelques économies à faire à cet égard : on
aurait trouvé à diminuer l'emprise et le cubedes terrassements.
« Quantau tracé en plan , il suit assez exactement les sinuosités
du sol, présentant quelquefois des courbes et contre- courbes qui
ne sont séparées que par un alignementdroit d 'une longueur insi
gpifiante . La plupart des gares n 'ont que des alignements droits
d'une longueur inférieure à celle des convois ; la vallée est assez
ouverte pour que cela soit sans inconvénients. Les bâtiments des
gares sont établis sur des modèles relativement simples et peu coû
teux, si on les compare aux autres constructions allemandes de ce
genre . Il en est de même des maisons et des guérites de gardes.
« Il n 'y a de clôtures que le long des prés où l'on peut avoir à
craindre l'invasion des bestiaux sur la voie. C'est du reste une
règle qui parait être suivie sur les autres chemins du Palatinat.
« l'our la voie, la tendance à l'économie disparaît complétement.
Le ballast a 3 .50 de largeur en couronne, et o" .40 de hauteur ; il
cube " .70 par mètre courant, et il est d'excellente qualité. Les
traverses ont 27 .50 de longueur , et il y en a 6 par longueur de rail ;
elles sont pour la plupart en sapin injecté.
« Les passages à niveau sont assez nombreux pour qu 'on puisse
regarder commecertain que tous les chemins anciens,soit pour voi
tures, soit pour piétons, ont été conservés et toutes les habitudes
respectées. Indépendammentdespassages gardés, aunombre de 29,
et de ceux dont les barrières sont mancuvrées de loin par les
gardes, il y en a un certain nombre quine desservent que des che
mins privés, même des sentiers qui souvent sont continués par des
escaliers sur les talus du chemin de fer. Le nombre total des pas
sages à niveau estde 67, soit 2.2 par kilomètre. ,
« Les barrières de tous les passages se composent d'une petite
chaîne en fer suspendue à deux bornes en pierre de taille. Pour
les passages gardés, cette chaîne forme toute la barrière ; mais
comme elle ne serait que peu visible, en cas de fermeture, surtout
le soir , on y suspend au milieu un disque en bois, ou en métal,
de o " .40 de diamètre environ ; ce disque, peint en blanc, avec un
liseré rouge , sert de signal pour apprendre aux passants que la
barrière est fermée.
« Pour ouvrir la barrière, le garde enlève ce disque et détache,
à une de ses extrémités, la chaîne qui s'abaisse dans une rainure
formée par un fer en U , ou par deux rails enfouis dans le sol.
« Les barrières des passages manœuvrées de loin sontun peu plus
510 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
covipliquées. Pour suppléer à l'absence du disque que le gardenie
peuty suspendre, et pour arrêter les enfants et le petit bétail qu'il
ne pourrait écarter, la chaîne principale porte une série de pe
tites chaînettes d 'un calibre plus faible, qui sont fixées par leurs
extrémités inférieures à une tringle de ſer cachée en terre, de telle
sorte que la barrière fermée présente l'aspect d'une ferme de pont
suspendu. Le tout joueau moyen d'un systèmede contrepoidsma
nouvré de loin par un treuil et un fil de fer, et s'abaisse, quand
on veut ouvrir le passage, dans la rainure dont il a déjà été parlé.
« Les passages à niveau pour particuliers ne sont fermés que
par une petite chaînette que l'on détache quand on veut franchir
la voie .
« Ces dispositions sont parfaitement rationnelles et recomman
dables.
u Les dépenses de premier établissement, d'après le rapportaux
actionnaires du 14 avril 1869, peuvent se résumer de lamanière
suivante :

DÉPENSES
DÉSIGNATION DES DÉPENSES.
totales. kilométriques
I

francs. francs.
Frais généraux, administration personnel. 23585
Plate- forme ballastée . . . . . . et . . . . . . . . . . : 1 495 482
689 792
50696
Voie et stations .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 1191 783 10402
Matériel roulant. . . . . . . . . . . . . . . . . . 347 092 17767
Divers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 238 2719
Totaux. . . . . . . . . 3 804 387 128 969

« L 'analyse précédente fait ressortir l'élévation des frais géne


raux qui sont de près de 20 p. 100 de la dépense totale. Les autres
articles du tableau sont très-voisins des résultats obtenus sur les
chemins de fer vicinaux du Bas-Rhin . Il n'y a de réserve à faire
que pour le matériel roulant. Il est vrai que, si l'on a quatre
locomotives, ce qui parait excessif, on n 'a pas acquis un seul w &
gon à marchandises. Ces deux circonstances s'expliquent lune et
l'autre par le régime des chemins de fer du palatinat, qui, bien
que concédés à des sociétés différentes, sont soumis à une même
direction . Et en effet, on peut voir dans le rapport aux action
naires, déjà cité, qu'en 2868, le service de la lignede Landstuhl3
Cusel a donné lieu à un parcours de 41,565 kilomètres, tandis
que ces quatre machines ont parcouru en tout 138 ,957 kilomètres
CHRONIQUE. 511
L'excédant de 97,392 kilomètres a donné lieu à une perception
de 14 ,087 francs , à raison de o',145 par kilometre (*).
« L'exploitation se fait avec quatre trains journaliers dans cha
que sens, qui parcourent la ligne en 1".18 à 1 .35. Cela correspond
à une vitesse de 21 kilomètres à l'heure, arrêis compris. C'est à
cette vitesse que l'on paraît s'arrêter sur toutes les lignes de l'im
portance de celle qui nous occupe. Il est bon d'ajouter que sur
297.498 il y a neuf stations; elles sont donc séparées de 34.276 en
moyenne, et dans ce nombre ne se trouve pas comprise la halte.de
la carrière deRamelsbach , ou il est vrai que tous les trains ne s'ar
rêtent pas.
« Les nombres publiés jusqu 'aujourd'hui ne représentent que
les résultats des 101 derniers jours de 1868.En raison de cette cir
constance, et aussi des conditions d 'incomplet achèvement de la
voie en 1868, on ne peut baser aucune prévision un peu certaine
sur le mouvement obtenu.
« Cemouvement est pourtant assez remarquable pour un début.
Il correspond :
*« A .180 voyageurs transportés chaque jour à la distance entière ,
soit 22 à 23 par train .
72 tonnes de marchandises ordinaires et 23 tonnes de houille
t rapsportées, également chaque jour à la distance entière, soit en
tout 95 tonnes, et 12 par train .
Recettes des chemins de fer français pendant les trois premiers
trimestres de l'année 1869. — Le Journal officiel du 23 novembre
dernier contient le tableau des recettes de l'exploitation des che
mins de fer de l'empire français, pendant les trois premiers tri
mestres de 1869.
Ces recettes se sont élevées à. . . . . . . . . . . 503 847 943 fr.
Pour une longueur moyenne exploitée pendant
les trois premiers trimestres de. . . . . . . . . . . 16340 kil.
Ce quifait par kilomètre une recette moyenne de 30 835 fr .
Les chiffres correspondants pour les trois premiers trimestres
de 1868 étaient les suivants :
( ) Le calcul de cette indemnité se fait sur les bases suivantes :
La ligne qui emploie la locomotive fournitle personnel (mécanicien et chauf
feur), le combustible et la graisse, et a la charge des nettoyages et des répara
tions. Reste à compter l'intérêt et l'amortissement å ro p. 100 . La valeur d'une
locomotive étantmoyennementde 2 5000 florins et son parcours annuelde 5 000
milles, on a donc à compter --2 5000 X0.10 = ;1 forin par mille . Le florin va
lant 2 .143 et le mille 74.407 , cela revientà o' 145 par kilomètre.
512 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Recette brute. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493 410 854 fr.
Longueur moyenne exploitée . . . . . . . . . . 15798kil.
Recette kilométrique. . . . . 31 232 fr.
Ainsi, la recette brute a augmenté de. . . . . . 10 437 089 fr.
Tandis que le développementdu réseau s'est ac
cru de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542kil.
Le rendement kilométrique s'est, en résumé,
déprimé de. . . . . . . . 397 fr.
Ou de 1. 25 p . 100 .
Nous reproduisons ci-après (pages 514 å 519) le tableau des re
cettes des trois premiers trimestres de 1869, celui du premier se
mestre et celuidu premier trimestre de l'année, quiont été publiés
par le Journal officiel dans ses numéros des 23 novembre, 27 août
et 20 juin 1869 .
Pour rendre ces tableaux comparables entre eux et pour les
abréger, nous avons apporté à l'insertion du Journal officiel les
deux modifications suivantes :
En premier lieu , pour les deux premiers tableaux , nous n'avons
conservé que les recettes totales depuis le commencement de
l'année, au lieu de décomposer les recettes par trimestre.
En second lieu, nous avons supprimé le détail des recettes des
compagnies diverses, nous bornant à en donner le totaldans la
récapitulation .
RECETTES DES CHEMINS DE FER FRANCAIS
PENDANT

LES TROIS PREMIERS TRIMESTRES DE L'ANNÉE 1869.


l'extrait
PRecettes
deferfrançais
chemins
-1des
.)(Etrimestre
1869
24juin
officiel
duJournal
xploitation
868
remier
.
1869 .
1868 DIFFÉRENCE
.
KILOMÈTRE
PAR Hig
NOMS Longueur .
Longueur .
enplus .
totale
Recette de Différence
1868
sur
1869
moyenne .
Recettes
moyenne
.
Recettes
exploitee
lotale exploitée
totalo
.
chemins
des pendant
exploitée exploitée pendant .
1868 1868
.1869 en en
au le premier 1er au le premier 1er .
1869
31mars
Iri 311
mars . oins
mplus
MÉMOIRES

.
mestre .
trimestre tri re
.mest trimestre
2 8 9 10 11 12

.
Nord .kkilom
ilom .kilog
kfrancs
.ilog francs
.francs .f|rfrancs
.r
)136
17287
17423
1066 1066
1066
18572886 144888
998
18427 459
13568
11027
. 77
(a)9Est 663
704
13 190
13256
473
448
ET

Ouest 9)a 77 289


1415713868
900 900 912
740
12
900
9001 316
259
596
snia

. Orléans
. 2017
200
934
19 1812481
435
726
1207
765 599
9284
DOCUMENTS

Midi
MParis yon 2017
(C)35.6-L20éditerranée c 025
252 069
(C)247335 (d)59991
261
367
41
67 624 9
9883 13448
20428
>681 25980
.: .):(RD
Ceinture 796 00
78098 796 796 374
9252 411
97276
17052 73
17(e)20 867314 e() 20 784
868 14
439
43366

Ancien réseau
moyennes
etTotaux
92. 96293 120
955
325 7801421 638
380
114
8028 ) 53I30121
474611
1D 61 50 14062
Nord 368
362 4321
1963
3621 ) 2 5441
1672 8881
290 804
4620
424
.

1709 36
16771
1677 479120 |6168
6177
|5009
171313
130915 689
10555
54679 10076
569 55
4095
4150
.Est. Ouest
. Orlean 121850
54 659
5134 314020
. s M-LParis yon
|(9)3.6 86éditerranée 1696 15081
08
5903
141 156
5889 13985 >3481
3905 424
Mi g 577
|(9)113736111
724 448
10515 184261 5591
37
>6638)1 68
|2)23500
47
3109
. di . Rhone
CMont e 922
(i)1.le-auŽL16enis 922
969
2347 21708
63
16
(1)8398
338 063
387 275
11 34341
333797

Nouveau réseau
Totaux
moyennes
6504
|6.1et5121 757416
839631
27990 147
35839 1293
5491 )4304
837
9141
48331 529

réseau
Ancien
Receni
. Nouveau
réseau 955
325
120
197842
29392961 3806381
114
)7801 6574687 113012146621650
529
LulationCo .859
2775990
6504
663 512
diverses
ompagnies 743516
147
839 6833
43041
78482881
3646
."C471
459 298
61 15 378 373
1360
060 255238 3519 463127
Ensem
.276
(m)116259
561 0482
|n 6505778 ble |(0)161
16590
679
845 9260
288 SV
9267848
6829
.PRECEDENT
TABLEAU
SUR
LEOBSERVATIONS
ckterritoire
suisse ur
(a4)Yle.s, ilompris .RÉSEAU
2°NOUVEAU .Médoc .
àB.) ale
Strasbourg exploités
par
compagnie
Eladest
(l'deigne .Nord MBordeaux
acau
.128nov
,làe869 18kilom
kilom
,28mai
àlbelge
frontière
Anor
par
approuvée
laconvention
de
b)E(verlü
.aen MMacau
m1869 ars
.7,laeargaux
décret
du
28
1869
avril 1868
exploités
1kil
, 03
4ont . rades
P.àPerpignan
du
réseau
dans ,l'anouveau reportés
été ncien .Est .1868
14décembre
ee
,làMPerpignan
du
janvier
à.1erartir
p1869 SBar ur
eine
-sàC, hâtillon DSaintassy
.àV- izier
ckil
suisse
territoire
(15)Yle.s, urompris octobre
.le19
1868 ligne
décembre
.10entière
,lLae
1868
exploités
compagnie
la
par
Paris
L
de
M
- yon
édia 22
lterranée
( igne
GLyonenève
).àde Ouest 1RÉSUMÉ
Ancien
réseau
.:° 48
. Paechiffre
4,là-qu
oGé.1868 de
nqce pui
ontoise
isors
L'(d)stelévation
ctobre réseau
Nouveau
.-23052
larparente
de
apportée
modification
,à ésulte OBerjou
9n,làF-d'Peuilly lers
ont
o 8
9.diverses
Compagnies

réseau
aVnote ncien
l'(.b) oir .1868
vembre Ensem ble 498
el'3kc(e)du
.pYmarché mbranchement
ilompris
our mars
l
,
24
C
à eourcelles
Batignolles . 1
(3mars
exploitée
totale
Longueur
aux
bestiaux
Villello
lappartenant
a,de 1869
. . . . . .1868
) 15 781
de a
ville
àlParis . . . . . . . . . . . . ::
pNon
section nor
6la,kd' ilour
Acompris Orléans
. exp
tota
Lonloi : ur
legueted -mars
frontière
lcompagnie
du
ajuillet
A|à,Mural
1868.20aeurillac ppartenant 1869
).:.
exploitée
Nord
provisoirement
etlacom
sep alesherbes
MP14,làpar
- eithiviers qui
lignes
des
:A éduire
ldne ongueur)16279
belge
pagnie
Chimay
.de .1868
tembre figurent
dans
tableau
pas
.ce
portés
àdu
ligne
Rhône
l-au
CMont
VChoudy
C
décembre
1868 on
10kil
e
oglans
holet
iort
N.28,làcompris
d(9)e124 6essus
.1276dtotal
ci-égal
auResle
. aenis .-MLParis édilerranée
yon exploitée
totale
CHRONIQUE.

'(de
h)Ln,ce
eqchiffreaqustlévation ui p juin
à
l
29
.
1868
apportée
au
D
,
la
de e
Montbeliard
elle
modification mars 3( 1
:.,i)1868
L(n) ongueur(*)
781
6.)note
(Vréseau
nouve oir au parente
r ésulte :
Oc
19eto68ate qui lignes
lddes
:A ongueur
éduire1:.5
kil
VChoudy
c,aà.d10(i)Y ompris oglans
ep 1868
bre
. .Ly on 3.tableau
dans
cepas
figurent
ne
,Paa18b.lT,deprearcompagnie
ompartenant 1868
26,A|octobre
Paris
àlE-MLde
.iripa utun
yon
edi
eapinac
sgnsie égal
Reste
ctotal
.1ci-au5ontre
778
.lerranée .DIVERSES
COMPAGNIES
3° (0) éduction
Dcompris
délaxes
nondes
etfaile
ouvertes
sections
avril
1er
(m)Les
du
1868 .Charentes mpôt
dixième
,ql lève
ei:s'du ui
ont
étendue
mars
au
1869
31
une
,
.
kil
498
de Pour
trimestre
jer
,
341
le
4
6
à
1869
.
fr 12
:
savoir 57.a1868
P120 leertrimestre
Pour
1mars
1869
25,làBeillant4e94ons
.RÉSEAU
ANCIEN
1° Lille
comples
LNully élhune
renay
G.-eldB'éde1869
ntrimestre
duier esota
HPortedesPostes
juil
(1à aubourdin
r chif
,larrétés
pas
tant es
détinitivement
encore
Paris
L-.Myon
éditerranée kilom
.)1l868
et1808
.,Tel
peuvent
période
qui
fres
.modifications elle
àcserapportent
MNice
octobre
1868
.19,là eonaco 15 quelques
de
susceptibles
élre
1848
e15août
l,BàViolaines
10eibune
Avignon
àC29
décem
,leavaillon 33 Thumesnil
dPorte es
àP-l,aostes sulsso
.(Vterritoire
lekil urompris
s19*)Ycoir
b1868
|. re mars
31
1869
. ).notes
aetc
5 15
.)1869
du27août
officiel
Journal
des 868
(E-1semestre
erxtrait
—deferfrançais
chemins
xploitation
l'eRecettes
.
1869 .
1868 DIFFÉRENCE .PAR
KILOMÈTRE 516
Longueur Longueur enplus .totale
Recette Difference
1869
1868
sur
XOMS de
moyenne .
Recettes moyenne .
Recettes
totale exploilee
pendant totale exploit ée
.des
chemins exploitéelesdeux e1 r exploitéelespendant 1°r .
1869 .
1868 868
.11869 en en
au au deux oios
.mplus
30juin tri premiers semestre .
juin
30 tri premiers
.mestres . .
mestres .
semestre
2 10 |121 13

.kilom
kilom francs
. .kilom .francs
francs |.ffrancs
.r
Nor
:. d 66
101066 860897
381066 833847
027050 45535673
36 782
IN Est
.
. 977 345
(a)9225 381
28899 325
38961 333
580
91329
29
Ouesi
. 900
2977 79527631
900 084
383
714
27248 70230
276
30
.Orleans 2017 754
806 229
3381
525
425
39 1676
547
2122319
Mi
éditerranée
)35(c.6-M36575
yon
-LParis (C)2373
953
e98060 069 422017 398
889
18102
064
(d8437
)139994 27422
963
775 68
2782140959 2413138
742
. di . .droite
)r(\Civeeinture 796 796
623
138
16 16451
185831
20653
86 822
17 20 7065
1 33 17 20 1716614
346

Ancien réseau.
moyennes
348
9.Totaux
et9312 435
770
254
7836
7842 630
939
18237794
574 359
30/27757
1963 2987
Nord
. 62 621
9191
0)3(3681
4072 3693933 986
378 1047
204
11
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

.Est3)(0.d 681 1719


1761 159
545
22
1677 355
198
21 190
961 250
89112641
12|25110
Ouest
. 14
131315 12236
681
11 54 589
910 770
656 01
87189
88 90
V
Orleans
.
ICES
. . . . . . .
1714
1696 227
489
13 5
1 08
1012075
209 1414018 |8007
7954 53
yon199
3).64-MParis
L93éditerranée 97|()1g12462
2550752 427
21986 746
4035
7)196912
d965 5277
Mid
:. i oic 927
949 976
4898
921
921 122 134851 5173
5285
Th
-CLeRhône 16enis 116 198
918
116 116 4044764
916 71 94 7900
97 15 15
es 116 9989

Nouveauréseau.
6.etmoy
Tot642enn9.(h)1auMont
652aux 7596
563
170
7563
60 75515
030 61
361981 9216
965
19035 773
.Ancien
apitul réseau 93481 78421
4351
3770
9 121254 5741
794
237
78361 861
16975 359
3461
/31270 2987
773
on
.latiRéc Nouveau
réseau
.6642 7596
6529
563
170
60
373 7563
75545030 9989
9216
4671
15374
55
77346 109
73
4iverses
.dComp 446
464
43 08 2870992
)373 737
515
Totaux
généraux
1etmoyennes
.()463
|6 (m)1349
444
in3185811
10305 n)3232
3131
( 16
15772 598
17491 050
/20
525
16719
15374 5251
DU
ORKN
PRÉCÉDENT
TANLEAU
VATIONS
.
territoire
suisse
exploités ompris
il
ur
,sle4k(a)Yclcompagnie .kilom
(l'Elapar
de igne
st Repo
.. rt .kllom
Strasbourg
).àBale (b) n Mézières igny 32
SPà-l15, eetil mai .Report 30
conventi
lavertu
de
approuvé
Epar one 28décret
du
avril
.e141869
kil elars
.àVEpinac
reportés
dansnouveau
aréseau
,àl'du
éléncien ont
Cernay
,1juin entheim
30lSà 4e03xploités Epinac
Curier
25,lau
octobree .1868
partir
1er
du
janvier
.1869 .Médoc
.Questsuisse leskil
15c()Yeontoise
.4o,làGPlerritoire
1868 ompris
isors
ctobre exploités
lacompagnie Bordeaux
128nov acau
.l,Màe868
(lterranée
igne
ur Paris
SBpar de édi
erjou
onl
uilly
elers
9n,là'O-dPMLyon o Macau
M1869 ars
mà.7,leargaux
de enève
.)àGLyon vembr
.1868 e
,rparent
de ésulte
lamodifi ecation
eB'(d)L-qu de
chiffr
anq,ces statigno
pui esonlles
ourcel
24làCelevati
mars les rades
.dPPerpignan
l'aà ncien
(Vréseau
.)bnote oir
àapport
1969
..
ée l,IàPerpignan
14décembre
.1868 llee22
mbran
our
ecl'.p3k()Yduilompris chement Orl mar
. aux éanche s izier
assy
.Vd-DSaint
ville
de
best
lade
Mur
ajuil
4Vill e8uril
,20làA.1868 ppalet iaux
elle
rte
al nant ligne
La
,lentière
10décembre
.1868
.Pari
là a s lacPithivier
14l, ealesherbs es
Màsep e22
Non
1868p.6kcompris
.tembre ilour
A'dlasection
nor frontière
compagn
,du
aCholet
làdécembraeppartena 16
Total
pour
lescompagnies
.diverses
100
Nord
exploilee
provisoi
lacompa
LetCpar iort erement
28lNà.astillon ient 124 Ensemble
:.,
gnie
belge
de
Chimay 28,l1868
-à1869
.juin 18eibourne Longueur652
totale
30auexploitée
juin
compris
.d10kil
eon
(9)Noglans
,VàChoudy yon
éditerranée
.-MLParis .1808 15
Longueur)814
Cho
.10c(h)YLil
dkil
àlportés
du
ligne
Rhône
au
A.-CMont
,lTàearare
19octobre enis
amplepluis totale
30auexploitée
juin
,àVChoudy àompris
V1de eoglans
ogludy .1869 10.6
.diterranée :., 868 ans deapp
àlcom
.octo
1868 yon pag
éart
utu
26,A|E-MLPari
ea23pinbre ena nient éduire 466
A:desongueur
dllignes
sections
sacn Clermont
mai eont
10l,-DdàPeore ne
figurent
pas
dans
ce
tableau
. qui 3
CHRONIQUE.

duouvertes
1erjuillet
(?)Les .1869
30au1868
juin
1869
une
ont
étendue
de auégal
dResle
1ci-lotal
. 6essus
463
:voir ,s.kil
652a .
Midi (m)totale
Lexploitée
Auch juin
auongueur

ANCIEN
RÉSEAU Mmai eirande
a25,l.1869 28 305
(.11868
9)814 Ad :léduire
ongueur
lignes
des
éditerra
.-MLParis née
yon .kilom Total
lepour
nouveau
réseau
4. 49 figurent
ne qui
dans
pas
tableau
3.ce
,lMàNice
.1868 eonaco
19octobre 15 3°COMPAGNIES
DIVERSES
Reste
égal
total
au
-ci.15essus
d811
,làCAvignon
déc
.129 eavaillon
33868 .Charentes
faite
Ddes
détax
in)etnonéductesion
10l,àMDigoin
1869
.inai e55oulins Total Beillant ipris
dixiè
l lève
:s'é,qdu mpôtme com
ui
réseau
a1.'lpour
03ncien mars
1.1869
25,làPeions le1erPour
semest
1869
356
1.,a282
fr4 re
Lille éthune
BGàetd- ully
renay Pour
le1er
semest
1.,à1868
438
110 3 re
2°NOUVEAU
.RÉSEAU es Porte.
aubourdin
PH-dà,leostes Nota
es
comples
du
Lsemestre
-de
.1869
1er
juillet pas tant
1er encore
.Est 1868
,. CL .1000 . . . . . . . .
définitivement
,larrêtés
n'ées
ar
ureine
CSà-s|B, hâtillon .15
. août eéthune
.l,àBViolaines
1868 chiffres
qui
rapportent
àcse
peuelle
période
etre
vent
susceptibles
octobre
1868 àlThumesnil
,P-dPorte es
eaostes de
quelques
modifications
.
1er
517

le.19 avril
2.1869
]3.rA 2eporter .rA eporter 30
urompris
letorritoire
.(Vsuisse
kils19c6)Y oir
notes
aec.) t
1868
1869
années
trimestres
premiersrois
-français
Tferchemins
xploitation
ede,etdes
l'Recettes
1869
novembre
oficiel
Journal
E.)23dųdu(xtrait 518
.1869 .1868 .KILOMÈT
PAR RE
DIFFÉRENCE
Longueur Longueur enplus Rece
totaltte
e
deDifference
1869
I.sur
1868
NOMS Recettes
. .Recettes
moyenne moyenne
exploitée
pendant
totale itéelesexploitée Tos totale
p
I endant en en
des
chemins
. explo trois exploitée
trois p3 remiers .1869 .1868 .1869 1868
a u premiers p3 remiersau .plus .moins
.30sept 30
.trimestres .sept
premiers .trimestres
tri es
.westres .mestr 10 11 12
T
5 L 6

kilom
.kilom
. .francs .kilom
rancs
kfilom .francs f.francs
r 7584
15637995
Nord 6223194
1066 1 981
318 6612960 5|623
.

609
46357
977 655
45748
9a)( 77 60190954
608 46826
419
478
133
293
50426
.Est. Oue
. st 999770 702
45383
900 783
900
45263
900 919
119 1998
340
30338
.O( rleans 553 519
225
65
2|2017 2811998
|(d)133 4028
196
61
2017
626 893 61
626 3328
32 298 18
35MParis yon née
(c).0-L73194515391éditerra 017)
(6 733
121
C26063 2017 1.4280
3432714
366 566
.Midi 796
).:droite
(rCiveeinture 727
26040
796 796
27287 2069
093
796 326
189
1246 94324 66 1 8
13779012
808
27(e)17055 17 566
482
202
515353 43085
1 467138
42)366 4053

Ancien réseau.
49329 0194103
;|. 3671
9moyennes
etTotaux 6939
3)8733672050
7842
MÉMOIRES ET DOCUMENTS.

.Nord 362 231


16378134 681 9031
503
6215874 429 607
)1:0|2227
1)|31761990692972
2242
30)(190
625
3.17688937
552
16054
217592 35433
33617777 894
1325 .9140
369
143981
.EslOue sl 31 15161 1 541
446
1254
18918 2629881 928
11277
2051
12
.. Oriéans
. Paris
MLyon 19 1714 17021
-(b)4.g 03éditerra née 142376
1651 211
15257
2077272 103
20075
12873 79
Midi
325
830
4889 755
752
34g)1(152 762
893
910 9069
8365
. auMont
Rhône e 949934
C1-(Lh.)16enis 86452
38921
626
8746 1.19381 12933
)11154
1329601
171
1384 161
1h)(552
51623
6moyennes
Totaux 2501
7255 735
15147171
873
29910 018

Nouveau reseau.
,.et656611
08 44
367
7 861119
576601
321
96661
-AT
Récapito 93611
Ancien
réseau 037
941 01 78421 8369
353
515
7 39 684
32425 1381
|4085
1437 11018
4- 053
lation
1. 8
. réseau
.66611
Nouveau
4|9396
62968
521
5€61 60
67384 367
144
7586
119
357 7351
15717
14
623
22705
1401
12
118411 2901
ompag
55
dC.(4iverses 4431 385
5245 4528
373 C 717028
3149701 0-970 )
93130836912307
Ensemble
.m
488ie 41042
1634030 3
6X 861 T
410
0911703
PRÉCÉDENT
TABLEAU
.LE
SUR
OBSERVATIONS
ur
,I.s4k(a)Ycleilompris
suisse
territoire 2°VOLVEAU
RÉSEAU
. kilom
.
erplo
lacoin
'Epar
(lde
igne
st pagn
itésie .
Est mMMacau ars
7,làeargaux
.1869
)Strasbourg
àBale ureine
SC-sàBar
eine àMeoulis
.,lMargaux
1869
24juillel 7
vertu
Eb) n
de
laapprouvée
par .hâtillon
kilom .
deVelars
Épinac
28avril
du
e1869
.,1décret
kil 19
1868
.oclobre
03xploitésleconvention
ont
Meziere
repoplés
nouveau
aréseau
l'du
,dans
éténcien 1869 ,l-PáS|Meetit
15mai ézières
igny 32 Epinac
Curier
octobre
.25,laue
1868
.àpartir
1869
janvier
1er
du . SCerney
1369
.30juin dPrades
.Perpignan
ele
décembre
14,làPerpignan
,låeentheim c()Y oinpris
ur
suisse
-15kil
Sainte
énehould
AM,l'àleterritoire
.seubreville 2:
exploités
lapar
de
lcompagnie
Paris
-M
agut
12
.1869yon
édil 1868
.,
àGenève
Lyon
de
ligne
).terranee Quesi Şaintizier
-V.àDassy
L(d) levation
ces
. echiffres
n'q,de
oGP1868
.6,là|qu ontoise
isors
'aestctobre
larparente
pui apparler de
,le
entière
ligne
.La
1868
10décembre
Vlanote
b.1'réseau
ncien
oir nFOPBmodificationerjou
lers
euilly
oont
,.9,lå-d'a ésulle Total
les
compagnies
pour
.diverses
vembr
1868
:. e Ense
Batign
,làCdu
mars
'e.p3k(e)Yc25eiloureel
ompri
our
mbranolles
sles
chement . mble Longueur
lolale
exploitée619
aux
aVillelle
lamarché
de ppartenant
1869
.,bestiaux tembre
1868 au
sep
30
,àlville
Paris
de
a .Orléans 1. 5893
kcompris
lasection
Cholet
décembr onr
nor
ileiort
N.p6(d'A28l,à1868
on e 30sep
au
exploitée
totale
Longueur
El

afrontière
compagnie
du
28CLibourne
l1869
à,i.juin eppartenant
l1aastillon 8 tembr
1869
. e 0
exploitée
provisoirement
etNord
par
lacom Lyon
.-MParis
éditerranée :A éduire
lddesongueur16501
lignes
.
Chimay
de
belge
pagnie bl figurent
nequi
présent
dans
pas
leia
10kil
àVcompris
,Choudy
.d(9)Noglans
eon ,lAmplepluis
àTeearare . eau 28
àlligne
.portés
Cenis
auiponi
Rhône
du a .1868 . . . . . . . . . . . . . . .
.,lEpinac
1860
26octobre
àAeutan Reste
égal
cciau
.-lolal
16ontre
4min
CHRONIQUE.

PCkil
,l-DdàVChoudy
19mai lermont
eglans
ont
.10c(h)Y eompris
ore
e )Linongueur
totale
exploitée
au
oCop2c.a2je93coetuntobtr19octobre
appartenant
compagnie
Paris
Lde
-àlayon 1869
. . . . . . . . . . . . . .
30
septe
1868
.:892
15 mbre
.Méditerranée .Midi :A éduire
ongueur
lignes
lddes
sections
es
ouvertes
1er
du
1868
Moctobre
mại
)L(meirande
1869
.31l,àAuch figurent
îlequi
pas
présent
ledans
ia
au
élend
une
ont
.,I1869
kil
619
de
30septembre
ue bleau
..
:
savoir Total
nouveau
Resle
réseau
égal
4.pour
lecauontre
1ci-total
035836
.
RÉSEAU
19ANCIEN COMPAGN
DIVERSES
3º. IES faite
des
délaxes
lonon
e,)Dtéduction
LParis
éditerranée
.-Myon .
Charentes ipris
edixième
s'du
l léve
:qui mpoi com
,làP.kilom
25mars
B11869 trimestres
'18693Pour
,a.2les
p175 4remiers
ons
4eeillant
MNice
octobre
1868
.19,là eonaco Lille
deBéthune
Grenay
B.etàully 8313pP449
2trimestres
,a.les
1868 our
remiers
3077
,lAvignon
29decem
àCeavaillon PPorte ostes
es
,-dàl'Aarras Nota
comptes
trimestre
3e.Les
du
1864
n'éde
bre 1868
. . . . . . . pas
tant
definitivement
larrêtes
,encore
es
chif
MDigoin
,là. eoulins
10mai
.1069 1er
avril
1869
., qui
ires
crapportent
periode
àse
elle
peuvent
RSaint nnonay
a2,l&A- eainbert
oût .
Médoc susceptibles
élre
quelques
modifications
,de
519

1869
. . novembre acau
MB28l,à|eordeaux
Total
apour
1réseauncien
.l' 22 territoire
suisse ompris
ur
cV.(les19kilom
Y") oir
.1000 .)ae1notes
tc
520 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
DECEMBRE 1869.
POURRET. – Tablespour le tracédes courbes deraccordementen arc de cercle,
sans calcul, sans connaître le rayon ni l'angle des alignements ,avec le choix
d'opérer sur la corde ou sur les tangentes. Précédées d'une instruction sur
la manière d 'en faire usage , de les calculer et de tracer les courbes sur le
terrain avec des tangentes inégales. Ouvrage destiné à tous ceux qui s'occu
pent d'études et de tracés de routes; par J. F . Bourret, agent voyer piqueur.
Petit in-8°, 318 pages avec figures. Valreas, imp. Gauthier; Orange l'au
teur, 4 fr.
RICOUR . — Notice sur l'emploi régulier de la contre-vapeur, pour modérer la
vitesse et produire l'arrêt des trains; par Auguste Ricour, professeur de
mathémathiques. In -18, 19 pages Douai, imp. et lih. Crépin.
BUQUET. — Touage sur câble métallique, système de Mesnil ; par A. Buquet, in
génieur civil.In -8°, 32 pages et figures. Paris, lib . Lacroix .
Extrait de l'annuaire de 1859 de la Société des anciens élèves des Écoles
impériales d'arts etmétiers.
LEDIEU. – La rotative américaine Behrens el la question de la stabilité des
machines; par A . Ledieu , professeur d 'hydrographie de la marine. In -4 ",
76 pages. Paris lib. Dunod .
ADRIAN. – Tarif du cubage des bois en grume par la circonférence et par le
diamètre au volume réel, avec les réductions au quartde la circonférence,
ou au sixième ou au cinquièmeréduit; par A .Adrian. 10-12, 87 pages. Nancy,
imp. Sordoillet et fils; Blamont (Meurthe), l'auteur ;
LUKOMSKI ET PERIN. – Police des constructions. Hauteur des constructions,
bauteurs des étages, combles et lucarnes ; par P . Lukomski, chef de cabinet
du président du conseil de préſecture de la Seine, et J. Perin , avocat. In -18
jésus, vii-19 pages, Paris; lib. Cosse,Marchal et compagnie ; 29,50
Gay. – De la propriété des rivages de la mer et autres dépendances du do
maine public, étude surles principes de la législation domaniale ; par Gay, ad.
ministrateur de l'enregistrement, des domaines etdu timbre, en retraite . In-8",
47 pages Paris, lib. Cotillon .
Bouquet DE LA GRYE. – Pilote des côtesouest de France ; par A . Bouquet de
la Grye, ingénieur hydrographe. T. I. Partie comprise entre Penmarc'h et
la Loire. In-8°, XXXIX -380 pages. - Publications du dépôt de la marine.
Nordling. - Ligne d’Arvant au Lot, comple rendu statistique de la construc
tion de la section de chemin de fer de Murat à Vic-sur-Cère, par M . Nordling
ingénieur en chef du réseau central d'Orléans, Grand in-4° avec tableaux et
vignotles. Paris , lib., Dunod.
Pour la Chronique :
HERVÉ Mangox.
TABLES DES MATIÈRES
DISPOSÉES
PAR ORDRE D'INSERTION ET PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE,
POUR

LES MÉMOIRES ET DOCUMENTS


PUBLIÉS EN 1869.
2° SEMESTRE .
PREMIÈRE TABLE.
planches

RÉCAPITULATION GÉNÉRALE PAR ORDRE D'INSERTION .


NUMEROS

NUMÉROS

NUMÉROS
articles

cahiers
pages
des

RAPPEL
des
des
des
.

.
.

INDICATION DES MATIÈRES.

Chemins de fer à bon marché ; observations par


J M .Morandière. . . : : : : : : : : : : : ::: :
195 (Envasement etdévasementdu portde Saint-Nazaire ;
196 mémoire par M . Leferme . . . . . . . . . . . . . 15 227
| Usage des formules de MM . Gauckler et de Prony,
relatives au mouvement de l'eau dans les canaux
découverts ; note par M . Stapfer. . . . : : : : : . 51 228
Chronique ; juillet 1869; travaux du canal de Suez :
société dumatériel agricole de la Sarthe ; tendance
des Anglais à la centralisation pour les travaux
publics de Londres ; bulletin bibliographique. . .
105 ) Port de Fécamp ; construction des portes de l'écluse
199 du bassin à flot; note par M . Carlier. . . . . . .1 811
Vis hollandaises ; note par M . Riche. . . . . . . . . 103
Inondations de la Loire ; détermination des longueurs
2002 des déversoirs à construire sur les levées de la
Loire pour régulariser l'introduction des eaux dans
les vals endigués pendant les grandes crues excep
tionnelles; note par M . Jollois. . . . 108
Chronique ; août 1869 ; navigation du Danube; bi
bliographie ; cours de navigation intérieure ; so
ciété centrale de sauvetage des naufragés ; denier
de la veuve ; bulletin bibliographique. . . . . . . 131
200 Cylindre à eau de M . Bouilliant; note par M . Vais
sière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14° 232
200 Raccordement des courbes et des alignements des
voies de fer eu égard au surhaussement du rail
extérieur ; note par M . Combier. . . . . . . . . . 148 233
201 Navires faisantla navigation transatlantique à grande
vitesse et dispositions générales à adopter dans les
ports quireçoiventcesnavires; notepar M . Fenoux. 154 | 234 )
Annales des P . et Ch. MÉMOIRES, TOME XVIII.
522 MÉMOIRES ET DOCUMENTS :
planches

NUMÉROS
NUMÉROS

articles
NUMÉROS

cabiers
pages

RAPPEL
des

des
des
des
.

.
.
.
INDICATION DES MATIÈRES.

202 Installation de la galerie des machines à l'Exposition


203 universelle de 1867 et plate-forme établie au centre
204 ! de cette galerie ; note par M . Cheysson . . . . . . 174) 235
» Chronique ; septembre 1869; rapport à l'empereur
par le minisire des travaux publics; travaux des
conseils d'hygiène et de salubrité én 1867; pont
suspendu sur le Niagara ; résultats de l'exploita
tion des chemins de ſer de France en 1868 : nomi
nations d'officiers d'Académie : complément et er
rata de la note n° 231 de M . Jollois sur les déver
soirs des levées de la Loire, insérée au présent
cahier ; bulletin bibliographique. . . . . . . . . . 2077 >
205
207 Irrigations de l'Inde ;mémoire par M .Lamairesse. . 225 236
200
2081
» Chronique ; octobre 1869 ; influence hygiénique de
la ventilation ; siluation des travaux
d'assainisse
ment de Londres ; progrès des voies de communi
cation en France ; bulletin bibliographique. . . . 307) ►
209 Utilisation et épuration des eaux d'égout de Paris :
note par MM . Mille et Durand-Claye (Alfred ). . ] 313)
Épuration et analyse des eaux d'égoui de Paris; note
par M . Durand-Claye (Léon ). ... . . . . . . . . . 340 238
| Routes départementales et chemins de grande com
munication ; note comparative sur les frais d 'entre
tien ; par M . Martin (Armand). . . . . . . . ... . 350 239
Chemins vicinaux ; note sur les prix de construction
et d'entretien
Chronique . Pelleport. . . . . . . . . . 372 240
; par M 1869;
; novembre rapport de M . le mi
nistre de l'intérieur sur la subvention pour l'achè
vement des chemins vicinaux ; vanne Biette pour
l'introduction de l'eau dans les navires en cas d'in
cendie ; influence des forêts sur les crues des cours
d ' eau : bulletin bibliographique . . . . . . . . . .
210 Égout collecteur ditde la Bièvre etsiphon del'Alma;
note par M . Belgrand. . . . . . . . . . . . . . . . 4251 241
| 2101 Stabilité des construetions ; calcul de la pression par
unité de surface dans le cas où la résultante des
pressions n'est pas normale au plan de joint; mé
moire par M . le Blane1869(Charles).
Chronique;décembre ; chemins. de. . fer
. . du. .sys
. . 458 242
tème de M . Larmanjat; cylindre compresseur
charge intérieure : vanne à débit constant sous
à
pression variable ; chemin de fer de Landstuhl à
Cusel(Palatinat); recettes des chemins de fer fran
cais pendant les trois premiers trimestres de 1869;
bulletin bibliographique. . . . . . . . . . . . . . 500
TABLES DES MATIÈRES. 523

D 'EUXIEME TALLE,

ANALYSE DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.


| Canal de Suez. Situation et description
des travaux entrepris, 65.
Agriculture. Société du matériel agri- Carcaradec (de), 173.
cole de la Sarthe, comple rendu sur Carlier. Notice sur la construction des
les résultats obtenus par cette so - 1 portes de l'écluse du bassin à flot du
ciété et sur son organisation . Voir port de Fécamp, 81 à 102.
Chronique, 75 . Carrières de Ramelsbach (note sur les).
Alby, 417. Voir Chronique,508.
Arcet (l') Félix, 343. Chemins de fer:
Assainissementde Londres. Voir Chro - (1) Résultats de l'exploitation en 1868.
Dique, 308. Voir Chronique. 212. - Recettes ef
Babin , 32. B fectuées par les diverses compagnies
pendant les trois premiers trimestres
Babinet, 249., 256 .
Baird Smith
del'année 1869. Voir Chronique,512.
(2) Chemin de ferdu systèmede M .Lar
Baumgarten , 52 , 58 , 64 . imanjat. Voir Chronique, 500.
Bazin, 52 . (3 ) Chemin de ſerde Landstuhl à Cusel
Belgrand, 327, 418 , 500, Mémoire sur (Palatinat). Voir Chronique, 508.
l'égout collecteur dit de la Bièvre etl (4 ) Chemins de fer à bon marché.
le siphon de l' Alma, 425 à 437. Observations par M . Morandière, i
Beresford Hope , 79. à 14 .
Bernard , 441,, 443.
Bibliographie Chemins vicinaux :
i 39. (1) Rapportdu ministre de l'intérieur
Bulletinsbibliographiques,79, 144 , sur la répartition de la subvention
223 , 311, 422 , 520 . pour leur achèvement. Voir Cbroni
Biette. Système de vanne pour l'intro - | que, 402 .
duction de l'eau dans les pavires |(2)Note, par M . Pelleport, sur lesprix
en cas d'incendie. Voir Chronique, de construction et d'entretien des
415 . chemins vicipaux, 372 à 401,
Bièvre
teur.
(rivière de). Voir Egout collec Exposé , 372 - Période quin
quennale de 1857 à 1861. - ferta
Billaudel,
Borel, 7 !. 208 , bleau . Chemins de grande communi
cation : traitements et travaux neufs,
Boris , 357 . 374 . - 2° tableau . Chemins de grande
Bormans (de), 504. communication ; entretien , 379. -
Bouilliant (cylindre à eau de M .), 145 30 tableau. Chemins vicinaux d'inté
à 147 rêt commun ; travaux neufs et en
Bourgeois, 154 . tretien , 380, – 40 tableau. Che
Buffet ,437, 441. mins vicipaux ordinaires ; travaux
Bury, 78 . neurs et entretien , 381. — Compa
Buxton , 78 . raisons et résultats : Chemins de
grande communication, 381. - Che
mios d'intérêt commun , 382. - Cbe
Caillié, nomination au grade d'ingé mins vicinaux ordinaires, 382. –
nieur. Voir Chronique , 206 , 207. 5e tableau, 383. --- 64 tableau , 384 .
Caldwell , 282, 283. - Période de 1857 à 1861. - Ré
Callon , 202 , sumé. Chemins de grande colomu
524 MÉMOIRES ET DOCUMENTS.
Chemins vicinaux ( suite) : etde salubrité en 1867, 208 . - Pont
dication . Personnel et travaux neuls, suspendu sur le Niagara, 210, –
386 . -- Chemios d 'intérêt commun , Résultats de l'exploitation des che
construction et entretien , 387. - mins de ſer de France en 1868, 212 .
Chemins vicinaux ordinaires, entre - Nominations d'officiers d’Acade
tien et construction , 388, – Diffé mie , 221. — Complément et errata
rences résultant des comparaisons de la note n° 231 de M . Jollois sur
faites sur l'ensemble du service dans les déversoirs des levées de la
toute la France pendant la période Loire , insérée au précédent cahier,
de 1857 à 1861, 388, 389 . - Période 221.- - Bulletin bibliographique, 223,
quinquennale de 1862 à 1867. Cbe Octobre 1869. lofluencebygiénique
mins de grande communication, per de la ventilation, 307. - Situation des
sonnel et travaux neufs , 390 . travaux d'assainissementde Londres,
Chemins de grande communication , 308. – Progrès des voies de com
entretien , 397. - Chemios d'intérêtmunication en France, 31 . – Bul
letin bibliographique, 311.
commun , Iravaux neufs et entretien ,
392. - Chemins vicinaux ordinaires, Novembre 1869. Rapport du mi
travaux neufs et entretien , 392. -- nistre de l'intérieur sur la répartition
Comparaisons et résultats . Tableaux | de la subvention pour l'achèvement
393 à 398. – Différences résultant des chemins vicinaux , 402. - Vaone
des comparaisons faites sur l'ensem Bielle , pour l'introduction de l'eau
ble du service dans toute la France dans les navires en cas d'incendie,
pendant la période de 1862 à 1867, | 415 . - Influence des forêts sur les
398 , 399. crues des cours d'eau , 417. - Bulle
(3) Chemins vicinaux de grande com tin bibliograpbique, 422.
munication et routes départemen Décembre 1869. Chemins de ſer du
tales. Note, par M . Martin , sur les système de M . Larmanjat, 500.
frais comparés d 'entretien à l'occa Cylindre compresseur à charge inie
sion des propositions de déclasse rieure . 506 . Vapne à débit constant
ment des routes départementales, sous pression variable ,505. - Chemin
330 à 371. – Relevé comparatif des de ſer de Landstuhl à Cusel (Pala
dépenses d'entretien des roules de tinat), 508. - Recettes des chemins
partementales et des chemins de de fer francais pendantles trois pre
grande communication danssoixante miers trimestres de l'année 1869,511.
sept départements différents , 360, – Bulletin bibliographique, 520.
Chevalier, 89. Comoy, 222,
Cheysson,78, 131, — Note sur l'instal- Constructions en maçonnerie. Voir Sta.
lation de la galerie des machines bilité.
dans le palais de l'Exposition univer- Cotton Travaux de l'ingénieur). Voir
selle de 1867 et sur la plate-forme Irrigations de l'Iode, 285 .
centrale de cette galerie, 174 à 206 . Coulaine (de), 504 .
Chronique : Courbes et alignements des voies de
Juillet 1869. Travaux du canal de ſer. Note, par M . Combier, sur leur
Suez , 65 . - Société du matériel agri- | raccordement, eu égard au curhaus
cole de la Saribe, 75 , - Teodance sement du rail extérieur, 148 à 153.
des Anglais à la centralisation pour Couvreux, 70.
les travaux publics de Londres, 78. Crues des cours d'eau. De l'influence
- Bulletin bibliographique,79. des forêts. Voir Chronique, 417.
Août 1869. Navigation du Danube, Cupard , 156, 158.
131. - Bibliographie. Cours de navi- Curage des ports . Voir Port de Saint
gation intérieure, 139, -- Société Nazaire.
centrale de sauvetage des naufra- Cylindrage des chaussées. Note, par
gés, 140. — Denier de la veuve, I 'M . Vaissière sur le cylindre à eau de
143. - Bulletin bibliographique , 144 . M . Bouillant, 145 à 147 .
Septembre 1869. Rapport à l'em - Cylindre compresseur à charge inté
pereur par le ministre des travaux rieure. Voir Chronique,504.
publics proposant la nomination de
M . Caillie, conducteur des ponts et
chaussées, au grade d'ingénieur, 207 .
- Travaux des conseils d'hygiène Darcel, 441, 442.
TABLES DES MATIÈRES. 525
Darcy, 52. phon de l’Alma. Mémoire par M .Bel
Delesse , 17 . grand , 425 à 437,
Delvigne (portes-amarres), 141. Exposé, 425. — Projets, 427Tracé,
Denier de la veuve (société du). Dimensions de l'égout, 431.- . -
Compte rendu , 143. 431. Exécution
Déversoirs. Note par M . Jollois sur la mière— section entredesla travaux. Pre
Bièvre et le
détermination des longueurs des dé pont de l'Alma, 437. - Deuxième
versoirs à construire sur les levées section entre le pontde l'Alma et le
de la Loire pour régulariser l'intro collecteur général y compris le si
duction des eaux dans les vals phop ,440. -- Construction du siphon ,
endigués pendant les grandes crues 444 . – Mise en service du siphon ,
exceptionnelles, 108 à 130 . 447. -- Nelloiement siphon,— 448.
I. Exposé, 108. - 11. Formules du - Résultats obtenus,du 450. Dé
débit d'un déversoir composé d'une penses, rte section ,453. — Dépenses,
partie horizontale de longueur 1 et 2° section , 455. — Description des
de deux rampes inclinées à 1 mètre figures, 456 .
de bauteur pour p mètres de lon - Emmery, 52.
gueur, 111, - INI. Déversoirs des Entretien des routes et chemins de
grands vals, largement ouverts par grande communication . Note, par
l'aval, 14. - 1V . Déversoirs et M . Martin (Armand), sur les dé
réservoirs des grands vals, actuel. | penses comparatives des frais d'en
lement fermés de tous côtés, 118 . - 1 tretien à l'occasion des propositions
V. Petits vals complétement fermés, de déclassementdes routes départe
119. – VI. Résumé. Règles prati mentales, 330 à 371.
gues, 126 . |Exposition universelle de 1867. Voir
Don de Cépian , 221. Machines.
Dubuat, 52.
Dumoustier
Dupuit, 117
de Frédilly, 140, 141, 143.
128
, 126 , , 129. |Fécamp (port de). Notice sur la con
Durand-Claye (Al fredil),isatio308.
n et– d'eNote
p a l àstruction
102 . à des portes de l'écluse du
sur les essais d 'utilisation et d 'épu bassin flot par M . Carlier, Bu
ration des eaux d'égoutde Paris, 313 |
á 339. Fenoux . Nole sur les pavires faisant la
Darand-Claye
Dussaud , 73.
(Léon), 315, 321, 329 . navigation transatlantique à grande
vitesse et sur les dispositions géné
Duvergier, 503. rales à adopter dans les ports qui
recoivent ces pavires, 154 .
Fer de Lanouerre, 426 .
Eaux d'égout de Paris. Note par MM . Fessard , 202.
Mille et Durand Claye (Alfred) sur Flachat, 154 .
les essais d 'utilisation et d'épuration | Flachat Yvan , 192.
de ces eaux, 313 à 339. Forcade (de), 41.
Exposé, 313. - s jer. Le collec- Forêts : de leur influence sur les crues
leur, 316 , -- Débit, 316 . - Débit des cours d'eau. Voir Chronique, 417 . .
suivant les beures, 318. - Débit Foulard, 437 .
suivant les jours , 319. -- Débit sur Fournet, 307.
vant les mois, 319. - Composition Fourneyron , 202 .
des eaux, 321. - Températures, Freycinet (de), 308 , 340,
323. - $ 2. Le champ d'essai, 324.
Installation . Alimentation, 324 . -
Distribution , 325, -- Travail, 327. Gache, 32.
Colmatage et arrosages, 328. — Gariel, 441. .
Epuration, 329. — Résultats, 331.- Garnuchot, 141.
Prairies, 333, - Grande culture, Gasparin (de), 328 .
334 . -- ' Culture des légumes, 334. Gaucher, 203.
- Résumé, 336Léon.
Durand-Claye
Gauckler, 51 à 64 .
Nole par M . sur Godillot, 180 .
l'épuration et l'analyse des eaux d'é- Gouin , 442.
gout de Paris, 340 à 349. Gressier, 208 .
Egout collecteur dit de la Bièvre et si- Guy-Labrosse, 426.
526 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Jollois , 32,221.Note surla détermination
Hangard, 203. des longueurs des déversoirs à .con
Hartley, 136 . struire sur les levées de la Loire
Hecquet, 210 . pour régulariser l'introduction des
Hervé, Mangon, 347. Voir Chronique. eaux dans les vals endigués pendant
les grandes crues exceptionnelles ,
Hope, 310. 108 à 130 .
Howe, 211.
Huet (Charles), 102. Jozon, 210. K
Hydraulique.Note, par M . Stapfer, sur
l'usage des formules de MM .Gauckler
et de Prony, relatives aux mouve- | Kraft (Victor), 508.
ments de l'eau dans les canaux dé
couverts, 51 à 64.
Hygiène et salubrité (conseils d'). Voir Lagout, 221.
Chronique , 208 . Lagréné (de). Cours de navigation ia
térieure, 139.
I Lalapne, 170, 504 .
Lamairesse. Mémoire sur les irriga
Inde. Mémoire sur les irrigations par tions de l'Inde, 225 à 306 .
M . Lamairesse, 225 à 306 . | Lamarle , 164Système
Larmanját. . de chemin de fer.
Inmann , 157
Inondations de la Loire. Voir Déver- Voir Chronique, 500 ,
soirs. Laroque, 441.
Irrigations de l'Inde. Mémoire par Lavalley, 7i.
M . Lamairesse , 225 à 306 . Layard,79 .
Chapitre ler.Généralités. - $ 1er. Leblanc (Charles). Mémoire sur le
Orographie, 225 . – § 2 . Hydromé calcul de la pression par unité de
trie, 229. – § 3. Température et surface, dans le cas où la résultante
évaporation , 233. - $ 4. Hydrologie, I des pressions n'est pas normale au
239. – 8 5. Étangs, 243. - $ 6 . joint, 458 á 499.
Quantité d'eau employée pour les Le Beuf, 154 .
irrigations ; moyens auxiliaires d'ar. Le Chatelier. 315, 329, 341, 343, 341.
rosage ; machines à élever l'eau , Le Dieu, 154.
256 . – 87. Irrigation de l'établisse- Leferme.Mémoire sur l'envasement et
ment de Pondichéry, 265. – Des- le dévasement du port de Saint-Na
cription générale , 265. – Grand zaire, 15 à 50 .
étang d'Oussoudou. Description gé- |Lesbros, 221.
nérale, 268. - Canal de Soutou - L'Eveillé, 52.
kani, 269. – Ouvrages régulateurs Lévy (Maurice), 505.
de la retenue , 271, -- Ouvrages de Lissignol, 36 . ons.
Loire, inondati Voir Déversoirs.
Chapitre, 11.273Le. Cavéry. Le Palar, Londres (ville de). Tendance desA8
répartition
274 . - gier. Description du bassin glais pour la centralisation des Ira
du Cavery, 274. - $ 2. Régime et vaux publics de celte ville, 78.
ancien aménagement des eaux du - Travaux d'assainissement. Voir
fleuve , 278. - $ 3. Travaux de l'in - 1 Chronique , 308 .
génieur Cotton , 285 , – 34. Résul- Ludnow , 235 , .
tats, 297. - § 5. Palar , 302 , - M
Desc ription générale , 302.ers- oirBar hines e,
rage du Palar, 302. – Dév de Mac . Not par M . Cheysson ,sur
superficie , 302. -- Déversoirs de l'installation de la galerie des maon
fond, 303. - Têtes de pris d'eau chines dans le palais de l'Expositi
es
fonctionnant aussi comme déversoirs universelle de 1867 et sur la plate
• de fond , 304 . – Résultats, 3o5. forme centrale de celle galerie, 174
à 206 . de celle note, 174. - Szer.
Objet
Organisation du service mécaniquee,,
Jacqmio, 174 , 202, 175 . - $ 2. Plate-forme central
Jacquemart, 329, 345 . 178 . — Données générales sur l'ou
Jegou , 30. vrage , 178 . – Promenoir , 181. -
TABLES DES MATIÈRES. 527
Garde- corps, 181, - Salons garages, tesses moyennes réalisées par le
185. - Partie sans transmission , Pereire etla Ville-de-Paris; 161. -
183. – Jeu pour le montage, 184. Transformation du matériel à roues,
- Partie avec transmission, 185. — 162. Indication des profondeurs
Escaliers, 188, - Peinture, 188 . - d'eau des principaux ports à marées
Fondations, 189. – Calculs, 189 . - recevant les transatlantiques, 164 .
Dépenses, 190 , - Exécution , 191. - Limite à admettre pour le tirant
Ouverture de l'Exposition , 193. – d'eau , 165. -- Limite de largeur des
Dépendances de la plate -forme, 194 . navires, 166 . - Limite des longueurs
- § 3. Transmission , 195. - De des navires, 169. - Formes géné
penses, 197 . - $ 4 . Installation de rales des navires, 170 . -- Indication
la galerie des machines, 198. - 8.5 . sommaire des travaux du port de
Résumé, 2012 Brest, 170.
Maitrot de Varenne, 173. Nordling. Application nouvelle de la
Nantion , 202. théorie de M . Nordling av raccorde
Marcbal, 3, 365, 401.. ment des courbes et des alignements
Hardigny (de), 419. des voies de fer, eu égard au sur
Marioite,
Martin,
344 haussement du rail extérieur, 148 å
75. 153..
Martin (Armand). Note sur les frais
comparés d'entretien des routes dé
partementales et des chemins de
grande communication à l'occasion Officiers d'académie (nomination d').
des propositions de déclassement des Voir Chronique , 221,
routes départementales, 330 à 371.
Hry, 459, 462, 473, 480. P
Keurein, 209.
Hichel, 212.
Parant, 221,
Paris (égouts de). Utilisation et épura
Mille, 308 , 429. — Note sur les essais tion des eaux . Note par MM: Mille
d'utilisation et d'épuration des eaux | et Alfred-Durand Claye, 313 à 339.
d'égout de Paris, 313 à 339. Pelleport. Note sur les prix de con
Widard , 140. struction et d'entretien des chemins
Horapdière . Observations sur les che vicinaux , 372 à 401,
mins de fer à bon marché, i à 14, Pelouze, 344 .
504. Pereire, 444
Xorin (général), 307. Peyrot, 440.
Harray, 154 N
Phillips, 202.
Pitot, 317.
Napier, 158 . Poirée, 52.
Navier,
493 , 464, 473, 475, 480, 483,484, Polonceau,504.
Pommier, 329, 346 .
Navigation du Danube, 131. Poncelet, 221.
Navigation intérieure (cours de), par Pont suspendu sur le Niagara , 210,
M . de Lagrené, 139 . Port de Fécamp. Voir Portes d'écluse.
Navires transatlantiques. Note , par Port de Saint-Nazaire . Mémoire, par
M . Fenoux , sur les navires faisant M Leferme, sur l'envasement et le
la navigation transatlantiqueà grande dévasement de ce port; 15 à 50, -
vitesse et sur les dispositions à adop Exposé, 15 . - Envasement du bas .
ter dans les ports qui reçoivent ces sin , 17 . - Envasement du chenal,
navires, 154 à 173. 26 . - Envasement total, 28 . - Malé
Objet de cette note, 154 . – Pre riel de dévasement, 28. — Résullals
miers essais de navigation trans obtenus, 34. – Prix de revient, 38..
atlantique à vapeur, 154. - Formation Portsmaritimes. Note, par M . Fenoux .
des compagnies, 155 . – Modifica sur les dispositions générales à
tions successives du matériel naval adopler dans les ports destinés à
des compagnies, 156 . — Suprématie recevoir des navires transatlanti
attribuée aux bavires à roues jus ques, 154 à 173.
qu'en 1862, 156. — Substitution de Portes' d'éciuse du bassin å flot du
'hélice aux roues, 158. - Avanta - l port de Fécamp. Notice sur leur con .
ges offerts par l'hélice, 158. – Vi- struction par M . Carlier, 81 à 102.
528 MÉMOIRES ET DOCUMENTS .
Dispositions générales de l'écluse |Saint-Venant, 117, 126.
etdes portes, $1. – Système géné- Sarthe (Société du matériel agricole de
ral de la construction des portesL la ). Compte rendu, 75.
busquées, 83. – Système de con - Sauvetage des naufragés. Compte ren
struclion des entretoises, 84 . - Po. du de la Société, 140.
teaux-tourillons, 90 . -- Poteaux bus. Scott Russel, 154 .
qués, 91. - laclinaison de la tra . Sim , 293. .
Siphon de l'Alma. Voir Egout collec
verse inférieure et des entretoises.
91. - Moises verticales, 91. - Bor t eur dit de la Bièvre .
dage, 92. – Armatures en fer con Spinasse, 272.
solidant les assemblages , 92. – Siabilité des constructions.Mémoire par
Vannes, 93. - Systèmegénéral de la M . Charles Leblanc sur le calcul de
construction des portes valets, 95. - la pression par unité de surface, dans
Traverse supérieure, 96. – Traverse len'estcas où la résultante des pressions
inférieure, 96. - Entreloises, 96 . - pas normale au point, 458 à 499 .
Exposé, 458 . - Considéralions
Poteaux -tourillons et battants , 97. préliminaires.
- Moises verticales, 97. – Assem 460, - Première par
blageset armalures, 97. - Butéedes tie . La surface de joint est reclan
portes valets sur les portes busquées, gulaire et la résultante des pressions
98 . - Maneuvre des portes, 98 . - est comprise dans un des plans de
Epures des chardonnets, 98. — Cra | symétrie du joint, 463. – Deuxième
paudines et colliers, 99 . -- Verrins | partie. Le joint et la résultante des
de calage, 99. - Appareils de ma pressions sont quelconques, 480,
à l'appui, 490 .
næuvre, 99. —100.Détails de Notes Note
spéciaux101.
construction, 100. –— Dépe nses , 101. Stapfer.
Dépenses. sur l'usage des formules
de MM . Gauckler et de Prony rela
Powell, 196 . tives au mouvement de l'eau dans
Pron , 353. lescanaux découverts ,51 à 64.
Prony (de), 51 à 64, 434 . Strachey (Richard), 233.
Prus, 504.
R
т
Rabourdin , 267, 268, 269, 272. Tarbé, 504.
Ramelsbach (carrières de). Voir Chro - | Tostain , 30 , 85 .
nique , 508.
Ravenhill et compagnie , 158.
Reynaud , 174 . Vaissière, 504, 505. – Note sur le cr
Riche. Note sur les vis hollandaises, lindre à eau de M . Bouilliant, 1.45
103 àdépartementales
Routes 108. à 147 (système
etchemins vi- | Vanne . Bietle), pour l'intro
cinaux de grande communication . duction de l'eau dans les navires en
Note, par M . Martin, sur les frais / cas d'incendie. Chronique, 415.
Voir
comparés d'entretien , à l'occasion | Vanne à débit constant sous pression
des propositions de déclassement variable . Voir Chronique, 505 .
des routes départementales, 330 à Ventilation : son influence hygiénique.
371. - Relevé comparatif des dé- Voir Chronique, 307
des routesdépar- Vis hollandaises.
penses d'entretienchemins Note par M . Riche,
tementales etdes de grande 103 à 108.
communication dans soixante -sept Voies de communication en France .
départements différents, 360. Progrès réalisés sous le gouverne
S
ment impérial, 311.
Sainjon , 222,
Saini-Nazaire (port de). Mémoire par W
M . Leferme sur l'envasement et le / Wilberforce, 233.
dévasement de ce port, 15 à 50, Woltmann, 317, 52, 58 .
FIN DES TABLES DES MÉMOIRES DU 29 SEMESTRE DE 1869.
Paris. - Imprimerie de Cusset et Cº, 26, ruc Racine.
RTEURS DU POR ]
Pl.195 ,

tion de face
… . ..…
'EURS DU P
Pl. 196 .

pri lipo 34.


1. 195 .

mant tú hul
bin . Fig.4 .Pl.195. V

i els Siempo . I
- --- -
- -
- -
‫אבי‬ ‫‪*L‬נו'ג‬ ‫'‬
‫‪-‬י ‪-‬א ‪- -‬‬
caux ordinairer

d 'équinoxe

Gruvé par Dulos


INNANENANNOINNIN

suivant
coupe

valet
porti
mi
EF.

sa.E

B.Fig .6. Elevation de face

B . Fig.7. Elevation laterale


Echelle A de 0. 02 pour métre .
Echelle B de 005 pour métre .
2 0 , 6 07 0, 6 0 , 5 0, 4 0, 5 0, 2 0 ,1
Gravé par Dulos
VELVE DU BI Pl. 199.

B.Fig 19.m e des coatipsesdesvannes.


0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

OOO OO o oo ob
70 HO
oooooooooooo
0

l'ole de 0, 01
0
0 0

0 0 0 0 0
Best avec les poteaur tourillon et busque
0

B . Fig . 26 .
0
0
0
0
0

Tole de 1 .01
0
0
0

Vide a' b . We
0
EMENT DES COU

A. E
mariegraphe

Loncini
Pourtes
IMIEI

de
.Fduig
5

- - + -- ---
L !_ - - - - - - -
4

- - lit
-
3

- - -
2

OL
atomos -
1856

- - ! -- - -
Midi _ - - -- - -
TWI
10 11
- -

- -- - - - -
-

-
9
7 8

l'| chelle
it

marées
Z-!des éro

- - t - -
6

Ede
185
6
5
4
3

1856 il
Avr
2
gm 1

Minuit L l _ -

------- - - - - - -- - - - - - - -- -- - - - --
birmepar Dulos.
ΛΥΣΙΣ
Δ.ΕΟ Ι
Tour
du
mare ographe
F.ig bis
gm '.2 3 4 6 7 8 9 1 2 3 4 5

Midi

-
On - - -

Minuit
992
- r -+ -- form -- - - +

-
- - -- ---
-
10

- -

- -- -
tu56
- -- -

l
- - - -
3 + + +-

Avri
2"-Hot - - t

- - -- --
EZéro
de
l' chelle
marées
des - - L - I

bmvi par Dulos .


lotonnes
B. Fig 11 ? I'V ( Fig 2 )

7 -

C . Fig ; Coupe su
sui M N (Fig 3 )
1 S

Echelle 1 de o !!'oz pour metre

Echelle B de o "o5 pourmetre.


**** + - + - + -+ $--- + + ti
0, 5 7 tom + -- - - -- m 50
-T

Echelle ('de o " ,0 pour métre .


1 -- 0.t - - 0to5 6.0.6 0 . 8m
0.1 0.2 0. 3 6 0.7

Cravé par Duler


4 ? Ser-ia A GALERIE DISSION . . PL.205
Générale
277 min D
Nuo eo

6
- - - 07
-
A GALERIE DE DÉTAILS. Pl. 201

van droit d'un Beffici


dn Beffrois s
Poutre Poutre de rive
porteuse

g.10 .Coupe suivi mn.(Fig 1

0
Gingy

Ilo

methor

urnen

Kodecurray Kivière)
cantyou

Pointe Calimere
ul
deSona
Ca

Coupe suivant op Fig.6 .


Fig.6bis
92
.
1

2 P
vule

- - - - - -- - Oravépar Dulos
marroqraphe
FPourtes
.duig
! 2 3 4 5

1856

Avr
Midi - + - -- -- -
l
vri

'l chelle.
marées
EdeZéro
des
1856

1856 HL
AV

- -- + - +
Minuit
-- - --- -- - --- par Dulos .
- - ---- - - -6mavé
Cotonnos
B.Fig.6.Crupe suur ? V(Fig.2)
B 1 IUC JW UV
Att
A

( . Fig .7 upe SUN ? M N (Fig .3 )

IN

Echelle I de o ! 02pourmetre

Echelle B deo "obpourmétre.


| + + + + + . 50

Echelle ( de o " yopour metre.


- + -- -- +- - --
02 03 04 05 0.6 0.7 0. 8m
- - -- --- - - -- - - - - --
Gramé par Pulos
de Serie A GALERIE D SSION . Pl. 203
Générale
une su CD

007
1o7
1 GALERIE DE DÉTAILS . Pl. 204

- au droit d'un Befror


du Beffroi Postre
porteuse Poutre de rive

g.10.Coupe suiv. mn.(Fig

Feb
GE
rellore
Au
Asung
Fig.6 .
22

re
Rivie
Soutoucany

6 Kodesurray
UP Pointe Calimere
de al
Can

Coupe suivant op Fig.c .


Fig .6 bin
F - - -- - - - -

rute

Giravépar Pulos
The suriant AB . huh Fig.23.
23
FET)

Fig.26. Fio:24
Barrage Dessus
Deversoir de fond de la voûte

Echelle A de 0,009 pour 1 metre

Echelle B de 0,0005 pour 1 mitre


to 40 to 60 70 80 o wo no 130 130 140 150 160 metres .
Echelle l'de 0,0025 pour 2 metre .
10 - **30 metres
Echelle D de 0,001 pour 1 metre .
70 8 0 metres.
Echelle E de 0,ootb pour 1 mitre .
liravé par Dulos.
Fig.9. Betta Puppitay
Cuppilay mue par un manege

12

Fig . 10 .

Sot

Grané par Dulos


- III

รสอน
R
aANGE

lec
nador

har

BAHOUR
ventionne

Lí ENAE R

français Echelle B de "-065 pour 1 kilometre .


rritoire Anglaie
mitein
To kilometres
Gravi par Dulos.
X D 'ÉGOUT Pl. 209.
ditaillé du Champ d'essai
23

218,94,mo)

16, 18 718mp

16,15 2009/
Coupe ABCD . Dish /S.420
*)19

17/ gooma)
DE L ’ALMA. Pl. 210 .
re boirgitudinale Quai de la Confere
Pont de l' Alma

N .

5.3
15 , 36

'"9
" TY
Etiane

3.159
24 . de

fig .. 1111.. A
onférence
NIVERSITY OF MICHIGA
N
3 9015 065815576 ARON

Vous aimerez peut-être aussi