Découverte TEXTES CLAUDE VAUTRIN

Georges
BERTIN
GRAND-MAÎTRE INTERNATIONAL DE L’OITR

« La primauté
du collectif »
A 17 ans, Georges Bertin, découvre un opuscule en anglais
« l’Ordre de la Table Ronde existe encore ». Adoubé en 1983 à Tintagel
par Tom Mor le 1er chevalier de l’Ordre, et après 14 ans d’errance,
il se voit confier la mission de créer un chapitre en France.
En 2010 Tom Mor transmet au chercheur en sociologie et socio-anthropologue
reconnu la grande maîtrise internationale.

— Qu’en est-il de la modernité Arthur ait existé. On sait qu’il y a eu un

6e siècle. Fondation de
l’ordre de chevalerie par le
roi Arthur sur les conseils de
l’enchanteur Merlin.
12e siècle. La personnalité
du roi Arthur prend corps
notamment dans les œuvres
de Chrétien de Troyes…
Fin du 19e siècle.
Réveil de l’Ordre par des
membres de la famille des
Tudor, anciens souverains
anglais, qui le transmettent,
par filiation initiatique, à Sir
Frédéric Thomas Glasscock.
Ce dernier crée le Hall de
Tintagel, en Cornouailles
britanniques. L’Ordre
comptera jusqu’à 250 000
membres avant la seconde
guerre mondiale.
1945. Tom Mor relève
l’Ordre en 1945 et développe
des chapitres en Grande-
Bretagne, Australie, Norvège,
Nouvelle-Zélande.
1984. Le premier chapitre
français voit le jour à Bagnoles
de l’Orne, sous l’impulsion de
Georges Bertin.
de l’engagement des chevaliers
de la Table Ronde ?
Georges Bertin. Nombre d’Historiens,
dont Michel Pastoureau, le soulignent :
« L’ordre de la Table Ronde au 12e
siècle est une utopie ». Ceux qui siègent
autour de la Table Ronde sont tous
égaux en droits et en devoirs et le Roi
Arthur, tout roi qu’il est, ne tient sa
fonction que du groupe. Cette primauté
du collectif sur l’individu est extrême-
ment moderne à une époque où la
féodalité s’instaure avec un système
hiérarchique très poussé. L’ordre s’avère
le contrepied des sociétés hiérarchi-
sées, en une solidarité héroïque, au
regard de leur mission spirituelle, la
quête du Graal. Nous sommes toujours
dans ce projet. La Table Ronde est le
lointain inspirateur de mouvements qui
portent cette primauté du collectif, face
à l’individualisme poussé à bout, à la
jouissance sans borne, à l’homme se
prétendant maître et possesseur de la
nature, avec les conséquences que l’on
vit aujourd’hui. Résolument moderne,
l’Ordre s’inscrivait déjà en son temps à
l’encontre de ces visions égoïstes.
— L’ordre de la Table Ronde est, dit-on,
le plus ancien ordre de chevalerie au
monde ?
G B. Symboliquement, c’est sûr. Certes
la vérité légendaire surpasse la vérité
historique. On n’est pas sûr que le roi
chef de guerre au 6e siècle qui s’est
battu contre les Saxons et qui a su
réunir des tribus dans le sud de
l’Angleterre, une sorte de Vercingétorix
celte. Il n’y a pas de preuve flagrante, si
ce n’est des traces dans des récits de la
tradition orale, véhiculés par des bardes
gallois, irlandais, et repris ensuite par
des auteurs latins qui les ont eux-mêmes
transmis à des auteurs écrivant en
langue vernaculaire.
Mais symboliquement c’est le plus
ancien ordre de chevalerie du monde.
Les rois d’Angleterre se réfèrent au Roi
Arthur, à chaque fois qu’ils créent des
ordres de chevalerie, La Jarretière par
exemple.
— La branche vosgienne de l’OITR,
du nom de Hautes Terres Arthuriennes,
a vu le jour en 2017.
G B. Ça a été un grand bonheur pour les
trois autres chapitres français de la
Table Ronde de savoir que, sur les
marches de l’Est, nous avions des gens
qui se reconnaissaient dans les valeurs
de la Chevalerie arthurienne. Cela
correspond à l’idéal de l’Ordre, dont les
chevaliers venaient de partout, même
d’Orient. L’existence du chapitre des
Vosges est la preuve vivante de cette
idée de rassemblement de personnes
animées par de nobles idéaux. Qui plus
est sur une terre celtique. De quoi renouer
avec les racines celtiques de l’Ordre !

78 // MONTAGNES des Vosges