Découverte

HAUTES-TERRES
ARTHURIENNES
Autour de la Table Ronde
TEXTE CLAUDE VAUTRIN

L’Ordre international des chevaliers et dames de la Table Ronde

du Roi Arthur compte une branche vosgienne depuis 2017 :
les Hautes-Terres arthuriennes. Découverte.

«N
i société secrète, ni groupe folklorique ».
Pour Anne-Laure Marioton, Grande-
Maîtresse du Chapitre des Hautes Terres
Arthuriennes créé en mai 2017 dans le cadre des
Imaginales d’Epinal, ces précisions ont leur impor-
tance. Dernière-née des branches françaises de l’Ordre
international des chevaliers et dames de la Table Ronde
de la cour du roi Arthur à Camelot (OITR), également
présent en Anjou, en Normandie et à Paris, les Hautes
Terres arthuriennes rayonnent sur l’Est de la France et
en Belgique. L’ambition de l’ordre hospitalier qui com-
bat pour les droits de l’homme est triple : « Préserver les
souvenirs du Roi Arthur et de ses chevaliers et les idéaux
de la Quête du Graal, défendre les droits de l’homme
dans le respect de leurs différences religieuses, cultu-
relles, philosophiques, tout en ayant également une vo-
cation humanitaire ». « Rien de décalé donc, pour Dame
Enora des Terres du Milieu - son nom de chevalerie -
avec le monde dans lequel nous vivons en ce début de
troisième millénaire ». Savoir être et savoir vivre, respect
de la dignité de l’homme et de la femme, bienveillance
envers l’autre et les êtres vivants, humilité, confiance,
paix et tolérance : les valeurs sont dites dans une Charte
en 13 points, dûment acceptée par les membres, une
vingtaine aujourd’hui, « les allers-retours étant constants
entre la légende et la vie actuelle ».
Dans la plus parfaite égalité
Autour de la Table ronde, symbole majeur du rituel qui
marque chaque rendez-vous, prennent place des com-
pagnons, chevaliers et gentes dames aux profils diffé-
rents : chef d’entreprise, tailleur de pierre, graphiste,
architecte, artiste, astrologue, gendarme à la retraite,
enseignant, écrivain, artisan… Mais tous siègent ici
« dans la plus parfaite égalité », sachant qu’à l’instar de
la légende, une place reste vide, « celle du siège péril-
leux », où ne pourra siéger que le Chevalier parfait ayant

76 // MONTAGNES des Vosges


trouvé le Graal. Rien de divin en fait, mais une quête
pour qui veut œuvrer à l’élaboration d’une société par-
faite, telle était l’ambition utopique du roi Arthur. Dans
ce projet à la fois intime et collectif, partagé c’est sûr, il
est bien question de mouvement. « Chacun progresse
à son rythme, vit son errance comme il entend, fournis-
sant alors des travaux en capacité d’ouvrir le débat ». En
trois ans, les Hautes-Terres arthuriennes ont, entre
autres, échangé sur le rôle de Mordred dans la légende
du Roi Arthur, sur la fée Mélusine, mais aussi sur les
chevaliers des temps modernes, ou encore Chevalier :
une actualité et un futur, et Arthur, la quête et l’utopie.
Passé et présent, symboles et vécus du moment se
lient dans le cadre d’un rituel perpétué depuis les ori-
gines par le plus vieil ordre de chevalerie.
« La valeur personnelle »
Ouvert à toutes et à tous, à la condition de faire état de
ses motivations, d’un engagement sur les principes de
l’Ordre, « les droits de l’homme et du citoyen en
somme » et de ne pas être « impliqué dans des affaires
douteuses ou répréhensibles », le recrutement n’est en
rien élitiste. Seules comptent les valeurs développées.
« Même dans la légende, le principe de chevalerie
n’était pas confisqué par l’aristocratie », note à ce sujet
Georges Bertin, grand maître international de l’Ordre
(lire par ailleurs). Et d’évoquer à titre d’exemple Lucan
le Bouteiller, aux origines modestes et chargé de l’ap-
provisionnement en vin du roi, devenu l’un des cheva-
liers de la Table Ronde par sa seule virtus, « la valeur
personnelle ».
Cette quête de progression, cette aptitude au mouve-
ment se traduit aussi, pour le Chapitre vosgien, par le
choix délibéré de l’itinérance. Chaque rendez-vous, pu-
blic, se vit sur un site différent, le plus souvent chargé
d’Histoire. Ici la chapelle de la Commanderie des
Templiers à Rugney, là celle de la Suche, à Saint-
Etienne-les Remiremont désormais dédiée aux arts, ou
Respect de soi, des autres, de l’environnement
« Les Vosges sont terres celtiques, forestières, univers de l’imaginaire
et de légendes, terre de combat et de solidarité, haute terre granitique.
Autant de bonnes raisons d’y cultiver la philosophie arthurienne
réclamant à la fois énergie, modestie et respect de soi, des autres, de
l’environnement sous toutes ses formes vivantes, projet qui est celui
de la paix et de la compréhension universelle ». Anne-Laure Marioton
résume ainsi le projet des Hautes Terres arthuriennes.
Travailleur indépendant de son état et « troubadour », Ghislain Fayon
a tout de suite adhéré et souhaité être actif au sein du Chapitre. « Être
chevalier des temps modernes, c’est être altruiste, défendre les valeurs
de charité, de fidélité, de vérité, protéger les siens et ses semblables ». La
fondation du chapitre « lors des Imaginales à deux pas de la statue de
François Villon, un vrai chevalier de la langue, sachant défendre, au-
delà des lois, les gens brimés », l’a ému.
Contact : hautesterresarthuriennes@gmail.com
– Anne-Laure Marioton - Dame Enora des Terres du
Milieu - son nom de chevalerie
« Rien de décalé donc, pour Dame
Enora des Terres du Milieu, avec le
monde dans lequel nous vivons en ce
début de troisième millénaire ».
encore l’église de Dommartin-lès-Vallois et son vitrail fi-
gurant le saint cavalier Martin, connu pour son sens du
partage. Mais aussi des lieux empreints d’une toute
autre spiritualité : une clairière à Vagney au camping du
Mettey avec la présence vivante de la forêt, ou encore
sous les voûtes et les arches de l’ancienne papeterie à
Docelles créée il y a plus de quatre siècles…
« Itinérance rime avec errance, comme dans la légende,
où le chevalier se confronte à des terres inconnues »,
souligne Anne-Laure Marioton. « Chaque site résonne
de vibrations différentes, chaque lieu est en cela à
« conquérir », dans le sens positif du terme, ouvre en
tout cas de nouveaux horizons d’échanges, de
compréhension ».
A noter qu’un chapitre est constitué au minimum de 12
membres, les officiers, autour de la table. La première
étape est d’être reçu compagnon, puis après une pé-
riode d’errance et un travail, d’être adoubé chevalier ou
dame.
PRINTEMPS - ETE 2020 // 77