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Cours d’Hydrologie Chapitre 4 Dr I.

Ayadi

CHAPITRE 4

BILAN EN EAU SUR UN BASSIN VERSANT

1. Définition :
Le bilan hydrique doit être défini :
- spatialement (détermination du bassin versant)
- temporellement (durée de la période considérée)
L’équation du bilan hydrique peut s’exprimer comme suit pour une période et un bassin
donnés :
P + S = R +ET + (S +S) [mm]

P – (R+ET) = S [mm]
P : précipitations [mm]
S : Ressources de la période précédente ( eaux souterraines, humidité du sol) [mm]
R : ruissellement [mm]
ET : évapotranspiration [mm]
S + S : ressources accumulées à la fin de la période [mm].

2. Therminologie relative du bilan


2.1 Précipitations
C’est la chutte d’eau , sous forme liquide ou solide de l’atmosphère jusqu’à la surface de la
terre.
Les précipitations comprennenet la pluie, la neige, la grêle et la rosée.
2.1.1. Pluie : c’est la quantité de précipitations qui ne tombe que sous forme liquide.
2.1.2. Pluie totale ou pluie globale: c’est la quantité totale de pluie tombée, mesurée à
l’air libre au dessus de la couverture végétale ou au dessus de la voûte des arbres.
2.1.3. Pluie brute ou pluie effective: c’est la pluie totale diminuée de l’interception,
c’est à dire la pluie qui arrive au sol.
2.1.4. Pluie nette Pn : C’est la quantité d’eau de pluie restante, déduction faite de la
perte par intercepton, du stockage dans la dépression, de l’infiltration et de
l’évaporation. Cette eau de pluie nette provoque l’écoulement de surface ou
écoulement direct mesuré à l’exutoire.
La pluie nette est dite parfois hauteur de pluie ruisselée ou excédentaire.
2.1.5. Pluie efficace Pe: C’est la hauteur totale de la lame d’eau reçue par le bassin
pendant la seule durée de la pluie nette ; elle est égale pour la période particulière
considérée à la pluie nette Pn augmentée de celle afférente aux pertes de l’averse ( y
compris l’interception).
Temps
Pluie totale
Seuil de’interception

Pluie brute
Seuil de ruissellement

Pluie efficace

Pluie nette
Pluie en mm
Fig.1. Composition d’un hyétogramme de pluie

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3. Bilan hydrologique au niveau d’un bassin versant pendant une averse


P = l + E.T. + ( F+S) + Pn
Avec P la pluie totale [mm], l : l’interception [mm], F : l’infiltration [mm] ; S : le
stockage dans les dépressions [mm] et Pn : pluie nette [mm].

A.N : soit P = 30 mm ; l = 3 mm, ET=12 mm, F = 5 mm et Pn = 8 mm


S = P – l – ET – F - Pn = 30 – 3 - 12 – 5 – 8 = 2 mm

3.1. Processus intervenant dans le bilan hydrique

3.1.1. Interception
L’interception est définie comme le processus selon lequel la pluie est retenue par la
végétation, puis redistribuée en une partie qui parvient au sol Ps et une autre qui
s’évapore E.
l = Ptot – Ps – E

3.1.1.1. La perte brute par interception : est l’eau de pluie qui s’est évaporée de
la voûte foliaire. La quantité d’eau ainsi captée varie avec le type et la nature de la
végétation, la précipitation et la période durant laquelle cette observation est effectuée.
Son effet ne peut être négligeable si la végétation offre une grande surface basale
ou foliaire, donc un important degré de couverture. La rétention est de :
- 30% de l’eau de pluie pour une forêt mixte
- 25% pour les prairies
- 15% pour la culture
La variation de cette interception en fonction de la précipitation se présente
généralement comme suit :
Interception (mm)

Interception (mm)

Evaporation de l’eau interceptée

Pluie (en mm)

Fig.2. Interception et l’Evaporation de l’eau interceptée en fonction de la pluie

3.1.1.2. Formules empiriques


3.1.1.2.1. Bilan d’eau :
Ptot = Ps + E + S
avec :
Ptot : pluie totale [mm]
Ps : précipitation atteignant le sol à travers la couverture végétale [mm] ;
E : évaporation [mm]
S : Variation du stockage due à l’interception
Ptot et Ps sont souvent liées par :
Ps = a* Ptot –b
a et b sont des constantes ; avec a < 1 à cause de l’évaporation.

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3.1.1.2.2. Formule de Horton :

La formule de Horton est donnée par :


l = a + b.Pn
les paramètres a, b et n sont des constantes, fonction de la nature de la végétation et de
la caractéristique de la pluie considérée.
Pour un petit orage Horton propose les valeurs suivantes des paramètres a, b et n.

Tableau 1. Estimation des paramètres a, b et n en fonction de la couverture végétale


Couverture végétale Interception : a+b*Pn
a b n
- Verger 0.04 0.18 1.00
- Forêt de chênes 0.05 0.18 1.00
- Fêve, potates, choux et autres petites cultures 0.02 0.15 1.00
- herbes de prairies, luserne, fourrage 0.005 0.08 1.00
- Petits grains, blé, orges 0.005 0.05 1.00
- Maïs 0.005 0.005 1.00

3.1.2. INFILTRATION

En hydrologe, l’infiltration désigne le mouvement de l’eau pénétrant dans le


sol ; le taux d’infiltration est donnée par la tranche ou le volume d’eau qui s’infiltre
par unité de temps.
- La capacité d’infiltration est la tranche d’eau maximale qui peut s’infiltrer par
unité de temps dans un sol et dans des conditions données.
- L’infiltration résulte de l’action combinée de la gravité et de la diffusion capillaire.
Sa vitesse de pénétration dans le sous-sol rencontre d’autant plus de résistance à
l’écoulement que le terrain est sec ou que sa granulométrie est fine.
L’état d’humidité du sol et le taux d’humectation peuvent également influencer
favorablement ou négativement cette infiltration. Notons que le couvert végétal
favorise l’infiltration.
Infiltration Teneur en eau

Infiltration

Infiltration de la pluie

fc = ks
Temps
Fig.3. Infiltration en fonction du temps

- aux temps 1 ; 2 et 3 : la capacité d’infiltration est supérieure à l’intensité de la pluie


- au temps 4 : la capacité d’infiltration est égale à l’intensité de la pluie
- aux temps 5 et 6 : c’est le ruissellement.

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3.1.2.1. Facteurs affectant l’infiltration :

a) Sols
Infiltration
(mm/h)
80 limon
60
Sable
40
Silte limoneux
20
Argile
Temps
20 40 60 80 100
Fig.4. Infiltration en fonction du type de sol

b) Teneur en eau initiale

Infiltration (mm/h)
60
Silto-limoneux
50

40

i = 0.075
30
i = 0.15
20
i = 0.225
i = 0.30
10

0
10 20 30 40 50 60 70 80 100
Temps
Fig.5. Infiltration en fonction de l’humidité d’un sol silto-limoneux

3.1.2.2. Formules empiriques

3.1.2.2.1. Formule de Horton (1939-1940) :

f  f c  ( f o  f c ).e  k .t

fc = conductivité hydraulique à saturation (cm/sec)

fo = vitesse initiale de l’infiltration à t0


f == vitesse initiale de l’infiltration à t

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k= facteur dépendant du type du sol et de la teneur en eau initiale

Les paramètres f0 , fc et k peuvent être estimés par :

Ln ( f –fc)

fo

-k

temps
Fig.6. Détermination du paramètre k et fo de la formule de Horton

3.1.2.2.2. Formule de Philip (1957)

I (t )  S .t 1 / 2  A.t

S = Sorptivité en cm.h-1/2, elle traduit la capacité d’un sol à absorber l’eau par
capillarité.

A = composante gravitaire exprimée en cm/h.

1 2
ks  A  ks
2 3
ks = conductivité hydraulique à saturation

Sur sols préalablement secs, durant les étapes précoces de l’infiltration (I < 45 min selon
Sharma et al., 1980) où la contribution de la gravité est très faible. A est négligeable par
rapport à S. Cette dernière peut être extraite de la relation I = f(t1/2) qui devrait être linéaire, où
S représente la pente (Sharma et al., 1980).
Les expressions qui ont tenté de décrire la sorptivité sont aussi nombreuses que diversifiées.
On citera les expressions linéaires les plus simples qui suivent :

- L’ expression de Sharma et al., 1980, basée sur 15 observations faites sur un micro-bassin
versants à trois types de sol est donnée par :

Smoy = -1.321.θmoy +0.633

avec Smoy est la sorptivité moyenne et θmoy la teneur en eau initiale moyenne.

- L’expression de Musy et Soutter (1989) est donnée par :

S=S0- ( 1- (θi / θw))


S0 représente la valeur standard de la sorptivité qui correspond à une infiltration sur un sol sec.
S0 varie entre 4.9 10-2 cm/s1/2 et 6.2 10-2 cm/s1/2 pour un sol limoneux.

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3.1.2.2.3. Formule de Kostiakov (1932) :

I   .t 
I = lame infiltrée cumulée en cm
t = temps en heure
 et  sont des constantes qui n’ont aucune signification physique  > 0 et
0<<1

4. Exercices
Exercice 1.
Pour l’année 2000, les données suivantes sont disponibles pour un bassin versant de 105
km2 : Précipitations : 1288 mm ; Evaporation : 610 mm ; Débit moyen annuel : 2.14 m3/s
a) Etablissez le bilan hydrologique de l’année et donner le stock à disposition à la fin de
l’année 2000 en admettant un stock initial de 183 mm. Qu’en déduisez-vous ?

L’équation du bilan hydrologique est la suivante : P+S=R+E+S+S ; soit encore : S=P-R-E


Dans notre cas, on a : P=1288 mm, E=610 mm, R=2.14 m3/s = 1000 x 2.14 x 365 x 24 x
3600 / 105.106 = 643 mm

De suite, le bilan s’écrit : S=1288-610-643=35 mm

Sachant que le stock initial So est de 183 mm, on a : Sfinal=So+ S = 183+35=218 mm

Cette variation de stock S positive exprime le fait que la nappe se soit rechargée durant
l’année, mais pas de façon significative.
b) Durant le mois d’octobre 2000, 120 mm de pluie ont été enregistrés. Pouvez estimer
l’écoulement correspondant ? Justifier votre réponse.
On peut envisager de calculer le bilan hydrologique uniquement sur le mois d’octobre. Il faut
alors faire plusieurs hypothèses simplificatrices :
1. l’évapotranspiration E du mois d’octobre peut être assimilée à la moyenne mensuelle de
l’évapotranspiration. On l’obtient en divisant E par 12 et E=610/12=51 mm/mois

2. La variation de stock S du mois d’octobre est supposée nulle (35/12 = 3mm/mois, soit
poche de 0 L’équation du bilan hydrologique est alors la suivante : R=P-E = 120 – 51 = 69
mm
On aurait pu aussi estimer le coefficient de ruissellement sur l’année et en déduire une
approximation de la lame ruisselée. On obtient un Cr = 49.9% et R= 60 mm.

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