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CHAPITRE V

LE CYCLE DE L'EAU A L'ECHELLE DU


BASSIN VERSANT

I. Notion de cycle hydrologique à l'échelle du bassin

II. Évaporation et interception

III. Ruissellement et infiltration

IV. Comportement hydrologique d'un bassin versant

V. Processus de genèse des écoulements

Par :
Pr. Harouna KARAMBIRI et Dr. Dial NIANG
Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE) Fondation 2iE)
Centre Commun et de Recherche Eau et Climat
E-mail: harouna.karambiri@2ie-edu.org; dial.niang@2ie-edu.org 1
I. Notion de cycle hydrologique à l'échelle du bassin
Bassin versant :
Unité géographique fonctionnelle fondamentale
pour l'analyse du cycle hydrologique

Le cycle hydrologique est un concept qui englobe les phénomènes


du mouvement et du renouvellement des eaux sur la terre:
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II. Évaporation et interception

Définitions :
Évaporation : phénomènes qui transforment l’eau liquide en vapeur
d’eau. Elle se produit sur les surfaces d'eau libre (océans, mers, lacs et
cours d'eau), les sols dépourvus de végétation et des surfaces
couvertes par de la neige ou de la glace.
Transpiration : évaporation de l’eau contenue dans les plantes par les
feuilles
Évapotranspiration : combinaison de l'évaporation directe à
partir des surfaces d'eau libre et des sols nus et de la transpiration
végétale.
Interception par les végétaux : part de l’eau captée par la végétation
(ensuite transpirée ou évaporée).

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Interception

 Fraction des précipitations qui n’atteint pas le sol (pertes).

I = Pi − ( Ps + Pt )
(Pi)
I : interception (mm)
Pi : pluie incidente (mm)
Ps : pluie drainée au travers du
couvert végétal (mm)
Pt : pluie atteignant le sol par
écoulement le long des branches
et du tronc (mm)

(Ps)
(Pt)

D’après EPFL
IATE/HYDRAM

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Interception
 Facteurs intervenants dans les mécanismes d'interception

 Structure des précipitations (pluie fine, orageuse, …)


 Morphologie des peuplements (agencement foliaire, taille,.. )
 Densité des peuplements (couverture foliaire)
 Age des peuplements (jeune plant, arbuste, …)

Difficulté de détermination des ordres de grandeur de


l'interception (il existe des expérimentations et des tables
dans la littérature)
 50% pour une végétation abondante et des pluies fines
 10-20% pour des pluies abondantes

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Évaporation et transpiration (évapotranspiration)

atmosphère Capacité
d’absorption
de l'eau par
l’air

Surface évaporante Aptitude à


alimenter le
processus en eau

évaporation réelle est le résultat de la conjonction de ces


deux processus.
SI ces processus ne sont pas LIMITES alors l’évaporation
réelle est maximale et égale à l’évaporation potentielle

En général, Évaporation réelle ≤ Évaporation potentielle


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Évaporation et transpiration (évapotranspiration)

 L’évaporation varie en fonction :

- de la température, - du type de végétation,


- du vent, - de l’époque de l’année (vie
- de l’hydrométrie de la plante)
- du rayonnement, - de l’état hydrique du sol.

Si la disponibilité en eau à évaporer est toujours assurée


alors l’évaporation est égale à la valeur maximale possible :
--> évaporation potentielle

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 Mesure de l’évaporation potentielle

 par bac : 2 types de bacs :

- bac classe A

Diamètre = 121.9 cm
Hauteur = 25.4 cm (Bac A, ASECNA Ouaga,Photo H. Karambiri)
Niveau de l'eau maintenu à 5 cm du bord

- bac Colorado

(Bac Colorado, Site IRD à Katchari (BF),


Photo H. Karambiri)
L'évaporation est généralement exprimée en mm/j 8
Application des mesures d'évaporation bac

• Il faut appliquer un coefficient correcteur pour passer à l'évaporation


d'un plan d'eau :

- Il varie de 0,5 à 0,68 en conditions sahélienne et tropicale sèche,


- Il varie de 0,70 à 0,80 en régime tropical.

• Pouyaud propose la formule (à partir des mesures au Burkina) :


avec r =0.93
Elac = 1.664 E 0.602
bac A
Elac : évaporation du plan d'eau
Ebac A : évaporation au bac A

• Si la retenue ne dispose pas d'équipement de mesure d'évaporation et si


aucune données n'est disponible, on peut appliquer la formule empirique
de Brunel et Bourron (1992):

Eret = 122.94* Lat + 619.36


avec Eret : évaporation sur la retenue (mm/an)
Lat : latitude (°) 9
 par évaporomètre

Piche Livingston

Ces appareils sont situés dans des abris météo et non perturbés par les
précipitations.

 Ordre de grandeur de l’évaporation

Dans les régions tropicales, l’évaporation varie entre 1500 à 3000 mm/an

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 Evapotranspiration

• Evapotranspiration de référence (ET0) ou évapotranspiration potentielle


(ETP) : ensemble des pertes en eau par évaporation et transpiration d'une surface
de gazon de hauteur uniforme, couvrant totalement le terrain, en pleine période de
croissance, recouvrant complètement le sol et abondamment pourvue en eau.

• Evapotranspiration maximale (ETM) : d'une culture donnée est définie à


différents stades de développement végétatif, lorsque l'eau est en quantité
suffisante et que les conditions agronomiques sont optimales (sol fertile, bon état
sanitaire, ...).

• Evapotranspiration réelle (ETR) : somme des quantités de vapeur d'eau


évaporées par le sol et par les plantes quand le sol est à son humidité spécifique
actuelle et les plantes à un stade de développement physiologique et sanitaire
réel.

Pour la culture de référence, en l'occurrence le gazon, on a donc :


ETR ≤ ETM ≤ ET0

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 Estimation de l'évapotranspiration potentielle (ETP)

Formule de Turc :

ETP : évapotranspiration potentielle (mm/mois)


Tm
( I g + 50 )
Tm : température moyenne mensuelle (°C)
ETP = 0.4 Ig : rayonnement moyen mensuel (cal/cm²/j)
Tm + 15
Le coefficient 0.4 est valable pour les mois à 30
ou 31 jours. A remplacer par 0.37 pour février.

Formule de Penmann :

Extrêmement complexe avec 9 paramètres physiques à mesurer. Cette formule


est plus précise et la plus utilisée  voir carte CIEH

ρ * cp *δ e
Rn * ∆ +
ra
ETP =
  rs  
λ  ∆ + γ 1 +  
  ra  
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Atlas CIEH

ETP décadaire (Penmann)

ETP mensuelle (Turc)

La précision de ces cartes


sera souvent suffisante.

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III. Ruissellement et infiltration
3,1, Définitions
Infiltration : l’infiltration est le processus de passage de l’eau à travers les
couches superficielles du sol, lorsque celui-ci reçoit une averse ou est
exposé à une submersion. L’eau d’infiltration remplit les interstices du sol
en surface et pénétré ainsi dans le sol sous l’action de la gravité,
Ruissellement : part de l’eau qui ne s’infiltre pas

Le régime d’infiltration ou taux d’infiltration désigne le flux d’eau


pénétrant dans le sol en surface, noté i(t) et généralement exprimé en
mm/h. Le régime d’infiltration dépend avant tout du régime d’alimentation
(pluie, irrigation).
La lame d’eau infiltrée, appelée encore infiltration cumulative et notée I(t),
s’exprime par l’intégrale dans le temps du régime d’infiltration,
t
I (t ) = ∫ i(t )dt
0 14
III. Ruissellement et infiltration
où I(t) : infiltration cumulative au temps t [mm]
i(t) : régime ou taux d’infiltration au temps t [mm/h]
,La capacité d’infiltration ou capacité d’absorption ou encore infiltrabilité
est le flux d’eau maximum que le sol est capable d’absorber à travers sa
surface, lorsqu’il reçoit une pluie efficace ou est recouvert d’eau.
3.2. Facteurs influençant l’infiltration
Le processus d’infiltration est conditionné par différents facteurs dont les
principaux sont:
 Le type de sol (structure, texture, caractéristiques hydrodynamiques);
 La couverture du sol;
 La teneur en eau initiale du sol;
 Le débit d’alimentation (intensité de la précipitation, débit d’irrigation);
 La compaction de la surface du sol due à l’impact de la pluie ou à d’autres
effets,
3.3. Mesure de l’infiltration
Infiltromètre de Muntz (simple ou double anneaux): cylindres creux
de 25 cm de haut enfoncés dans le sol d’environ 5 cm. On maintient une
charge d'eau d'environ 3 cm. On note le volume d'eau ajouté à intervalle

(Mesure au MUNTZ, site expérimental de Tougou (BF),


de temps régulier.

Photo H. Karambiri)
Méthode Porchet : un creuse un trou à la tarière de diamètre D, que l’on
remplit d’eau. Ensuite, on note à intervalle de temps régulier la hauteur
d’eau dans le trou.
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3.4. Mesure de l’infiltration et du ruissellement
Simulateur de pluie :

Pluie P=Cste

I(t) Q(t)

I
R

Ordre de grandeur de l’infiltration :


Débit Q(t) Elle varie de 0-1 mm/h (argiles) à
plusieurs dizaines de mm/h sur les
sables et graviers.
L’infiltration est maximale en début de pluie, puis diminue d’autant plus vite
que le sol contient des argiles fines (argiles colloïdales). 17
3.5. Les processus de genèse des écoulements
Les écoulements représentent une partie essentielle du cycle hydrologique.
C’est la réponse du bassin versant à l’impulsion pluvieuse.

D’après EPFL
IATE/HYDRAM

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3.5.1. Écoulement hortonien (Hortonian overland flow)

Selon Horton (1933), dès que l'intensité de la pluie dépasse la capacité


d'infiltration du sol, il y a saturation de la surface "par le haut" et ruissellement.

i [mm/h]
i0 EQUATION DE HORTON
i ( t )= i f + ( i0 − i f )exp( −γα t )
SATURATION DU SOL
if
t [h] CONDITIONS INITIALES

Lame d’eau infiltrée Lame d’eau ruisselée

Ra ( t ) = P ( t ) − i ( t )
D’après EPFL
IATE/HYDRAM 19
Le tableau suivant donne les valeurs typiques des paramètres
de l’équation de Horton

Type de sol I0 If [mm/h] γ |min-1]


[mm/h]
Standard nu 280 6-220 1,6

Agricole avec tourbe 900 20-290 0,8

Tourbe 325 2-20 1,8

Sable fin nu 210 2-25 2,0

Argile avec tourbe 670 10-30 1,4


3.5.2. Écoulement par saturation (saturation overland flow)

Dans les zones humides (bas-fonds,


zones hydromorphes, abords de cours
d’eau,…), où le sol est déjà saturé
jusqu'en surface, toute pluie qui tombe
sur ces surfaces saturées par "le bas" ne
peut que ruisseler (Cappus, 1960).
D’après EPFL
IATE/HYDRAM

 Dans la pratique, il est difficile


de dissocier les deux types
d’écoulements!

D’après EPFL
IATE/HYDRAM 21
3.5.3. Écoulement par intumescence de la nappe (Groundwater ridging

Franche capillaire (zone proche


de la saturation) de la nappe à
proximité de la surface en bas de
versant.

Un petit apport d’eau de pluie


Zone de suintement
suffit à faire remonter rapidement
le niveau de la nappe.

Ruissellement de
surface par suintement
de la nappe. 22
3.5.4. Écoulement préférentiel dans les macroporosités
(macropore flow)

Macroporosités = discontinuités dans le sol (galeries


d’animaux, réseau racinaire, fissures, fentes de retrait) P(t)

Écoulement rapide par chemin préférentiel

P(t) : pluie
I1(t) : infiltration dans la matrice du sol
IM(t) : infiltration dans les macropores
I2(t) : redistribution dans les micropores
(force capillaires)
EM(t) : écoulement dans les macropores
après saturation du sol
ES(t) : écoulement de surface D'après EPFL
IATE/HYDRAM

En fonction de leur taille, les macropores sont susceptibles de


transmettre très rapidement de l'eau libre au ruisseau ou à la nappe.
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3.5.5. Écoulement de subsurface (subsurface flow)
3.5.5.1 Écoulement hypodermique (lateral flow)

Existence d’un horizon imperméable


ou peu perméable (Kh>>Kv)
Écoulement hypodermique

Trop lent, ne participe pas à


l’écoulement rapide de crue,
mais maintient le débit de base.
infiltration

Écoulement hypodermique

Couche imperméable
ou peu perméable

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3.5.5.2 Écoulement par effet piston (translatory flow)

L'eau "nouvelle" de pluie (event water) qui pénètre dans le sol, chasse l'eau "pré-
existante" (pre-event water) dans la matrice poreuse du sol. Ce qui libère au
ruisseau, un volume d'eau équivalent au volume d'eau infiltrée.

infiltration
Écoulement par effet piston

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3.5.6. Écoulement de nappe (groundwater flow)

Si le toit de la nappe est plus bas que le fond de la rivière, la nappe draine
le cours d'eau. A l’inverse, si le niveau de la nappe est suffisamment élevé,
la rivière draine la nappe contribution de la nappe au
débit de crue.

D'après EPFL
IATE/HYDRAM

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3.6. Concept du coefficient de ruissellement (Cr)
Le coefficient de ruissellement est le rapport entre la pluie
nette Pn et la pluie brute Pb,

Pn
Cr =
Pb
En d’autre terme, le coefficient de ruissellement est défini par
le rapport entre la lame d’eau tombée participant au
ruissellement et la pluie effectivement tombée sur le sol

Volume ruisselé lame ruisselée


Cr = =
Volume précipité lame d ' eau précipitée
Pluie totale ou pluie globale: quantité totale de pluie tombée, mesurée à
l’air libre au dessus de la couverture végétale ou au dessus de la voûte des
arbres,
Pluie brute ou effective: pluie totale diminuée de l’interception (c’est-à-
dire la pluie qui arrive au sol),
Pluie nette: quantité de pluie restante, déduction faite de la perte par
interception, du stockage dans les dépressions, de l’infiltration et de
l’évaporation. Cette pluie nette provoque l’écoulement de surface ou
écoulement direct (mesuré à l’exutoire)..
Pluie efficace: quantité d’eau de pluie reçue par le bassin versant pendant
la durée de la pluie nette.
Seuil d’interception: évolution dans le temps de la quantité d’eau de pluie
perdue par interception, c’est-à-dire par rétention au niveau de la
végétation. Ce seuil délimite la pluie brute.
Seuil du ruissellement: évolution dans le temps de la capacité
d’absorption du sol. Ce seuil délimite la pluie nette.

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