Vous êtes sur la page 1sur 69

Le phénix dans la tradition

médiévale des bestiaires


Philologie et littérature médiévales (LROM0132-1)
MORATO Nicola

Année académique 2019-2020

Akens Justine
Gianessi Lisa
Leroy Camille
Stas Catherine
Théwissen Clara
Van Brussel Vincent

1
SOMMAIRE
Introduction …………………………………………………………………………….. p.4
État de l’art ……………………………………………………………………………… p.4
Étude des manuscrits …………………………………………………………………… p.10
1. Avertissement …………………………………………………………………….. p.10
2. Transcriptions …………………………………………………………………….. p.11
2.1. Fiches codicologiques ……………………………………………………. p.11
2.1.1. Londres ……………………………………………………………….. p.11
2.1.2. Oxford ………………………………………………………………... p.13
2.2. Conventions générales de transcription ………………………………….. p.16
2.3. Transcriptions des manuscrits d’Oxford et de Londres ………………….. p.17
2.4. Ratures et corrections du copiste ………………………………………… p.21
2.4.1. Londres ………………………………………………………………. p.21
2.4.1.1. Abréviations ………………………………………………….. p.21
2.4.1.2. Ratures et correction …………………………………………. p.25
2.4.1.3. Ponctuation et accents ………………………………………... p.26
2.4.2. Oxford ………………………………………………………………... p.27
2.4.2.1. Abréviations ………………………………………………….. p.27
2.4.2.2. Ratures et correction …………………………………………. p.30
2.4.2.3. Ponctuation et accents ………………………………………... p.30
Descriptions du phénix …………………………………………………………………. p.30
1. Le phénix chez Philippe de Thaon ……………………………………………….. p.30
2. Le phénix dans la tradition des bestiaires ………………………………………... p.32
2.1. Les ouvrages comparés avec le Bestiaire de Philippe de Thaon ……………. p.32
2.2. Comparaison écrite des descriptions du phénix dans la tradition des
bestiaires ……………………………………………………………………… p.35
2.3. Tableau comparatif ………………………………………………………….. p.37
Représentations iconographiques du phénix dans la tradition des bestiaires ………. p.45
Conclusion ……………………………………………………………………………….. p.57
Bibliographie ……………………………………………………………………………. p.58
1. Bibliographie primaire …………………………………………………………… p.58

2
2. Bibliographie secondaire …………………………………………………………. p.59
Annexes ………………………………………………………………………………….. p.66
1. Les manuscrits ……………………………………………………………………. p.66
1.1. Oxford ……………………………………………………………………… p.66
1.2. Londres …………………………………………………………………….. p.67

3
INTRODUCTION
Ce travail traite du phénix dans la tradition des bestiaires médiévaux. Notre démarche se
déroulera en plusieurs temps.
Tout d’abord, nous débuterons ce travail par un état de l’art des différents travaux traitant
du phénix dans la littérature médiévale. Ensuite, nous effectuerons une étude des manuscrits. Nous
y présenterons les fiches codicologiques de chaque manuscrit et leurs différentes transcriptions.
Par la suite, nous décrirons le phénix tel qu’il est représenté dans le Bestiaire de Philippe de Thaon,
ainsi que dans la tradition des bestiaires en général. Puis, nous comparerons ces descriptions afin
de mettre en exergue les ressemblances et dissemblances des représentations diverses et variées du
phénix dans l’ensemble de la production des bestiaires. Pour finir, nous réaliserons une étude
iconographique des différentes représentations de notre animal, toujours dans la tradition
médiévale des bestiaires en général.

ÉTAT DE L’ART
La tradition littéraire des bestiaires anime depuis longtemps les recherches, en témoigne le
nombre de références trouvées dans Klapp-online pour le mot-clef seul de « Bestiaire »1, c’est-à-
dire pas moins de 270 références.
Parmi les philologues s’étant intéressés à la tradition littéraire des bestiaires, sans qu’il soit
forcément question de celui de Philippe de Thaon, nous pouvons citer les chercheurs suivants, entre
autres : Paul Menner, « Les Bestiaires » (1914)2 ; Florence McCulloch, Mediaeval Latin and
French bestiaries (1962)3 ; Debra Hassig, Medieval Bestiaries. Text, Image, Ideology (1995)4 ;
Willene C. Clark, A Medieval Book of Beasts: the Second Family Bestiary. Commentary, Art, Text
and Translation (2006)5 ; Christian Heck et Rémy Cordonnier, Le Bestiaire médiéval. L’Animal

1
« Bestiaire », dans Klapp-online. [Consulté le 06/12/2019]. URL : https://www.klapp-online.de/cgi-bin/koha/opac-
search.pl?q=bestiaire
2
MENNER, (P.), « Les Bestiaires »,
3
MCCULLOCH (F.), Mediaeval Latin and French bestiaries, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1960.
4
HASSIG (D.), Medieval Bestiaries. Text, Image, Ideology, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.
5
CLARK (W. C.), A Medieval Book of Beasts: the Second Family Bestiary. Commentary, Art, Text and Translation,
Woodbridge, Boydell, 2006.

4
dans les manuscrits enluminés (2011)6 ; Michel Pastoureau, Bestiaire du Moyen-Âge (2011)7 ; et
Sarah Kay, « Surface and Symptom on a Bestiary page: orifice on Folios 61v-62r of Cambridge,
Fitzwilliam Musem, MS 20 » (2014)8, « Chant et désenchantement dans le Bestiaire d’Amour de
Richard de Fournival » (2015)9 et « The English Bestiary, the Continental Physiologus and the
intersections between them » (2016)10.
Philippe de Thaon a lui aussi fait l’objet d’un certain nombre d’ouvrages et d’articles : Max
Friedrich Mann, « Der Physiologus des Philippe von Thaün und seine Quellen » (1884)11 ;
Emmanuel Walberg, Le Bestiaire de Philippe de Thaün. Texte critique (1900)12 ; Xénia Muratova,
« The Decorated Manuscripts of the Bestiary of Philippe de Thaon » (1981)13 ; Philip Bennett, «
Some Doctrinal Implications of the Comput and Bestiaire of Philippe de Thaün » (1984)14 ;
Jonathan Morton, « The Book of the World at an Anglo-Norman Court . The Bestiaire de Philippe
de Thaon as a Theological Performance » (2016)15 ; Sylvie Lefèvre, « Le bestiaire de Philippe de
Thaon: ordre et mise en page. Itaque trifarie spargitur/et allegorice subintelligitur » (2018)16 .

6
HECK (C.), CORDONNIER (R.), Le Bestiaire médiéval. L’Animal dans les manuscrits enluminés, Paris, Citadelle &
Mazenod, 2011.
7
PASTOUREAU (M.), Bestiaire du Moyen Age, Paris, Seuil, 2011.
8 KAY (S.), « Surface and Symptom on a Bestiary page: orifice on Folios 61v-62r of Cambridge, Fitzwilliam Musem,
MS 20 » in Exemplaria, Vol. 26 (2-3), June 2014, pp. 127-147.
9
KAY (S.), « Chant et désenchantement dans le Bestiaire d’Amour de Richard de Fournival » in Le Moyen Français,
Vol. 76-77, January 2015, pp. 137-158.
10
KAY (S.), « The English Bestiary, the Continental Physiologus and the intersections between them » in Medium
Aevum, t. 85, 2016, pp. 118-142.
11
MAAN (M. F.), « Der Physiologus des Philippe von Thaün und seine Quellen » in Anglia, 1884, Vol. VII, pp. 420-
468.
12
WALBERG (E.), Le Bestiaire de Philippe de Thaün. Texte critique, Paris, Auguste Cote, 1900.
13
MURATOVA (X.), « The Decorated Manuscripts of the Bestiary of Philippe de Thaon », dans Third International
Beast Epic, Fable and Fabliau Colloquium, éd. J. Gossens et T. Sodmann (Köln: Böhlau, 1981), pp. 217-246.
14
BENNETT (P.), « Some Doctrinal Implications of the Comput and Bestiaire of Philippe de Thaün », dans Épopée
animale, fable, fabliau. Actes du IVe Colloque de la Société Internationale Renardienne, éd. Gabriel Bianciotto et
Michel Salvat, Paris, PUF, 1984 (Publications de l’université de Rouen, 83), pp. 95-115.
15
MORTON (J.), « The Book of the World at an Anglo-Norman Court. The Bestiaire de Philippe de Thaon as a
Theological Performance », dans New Medieval Literatures, t. 16 (2016), pp. 1-38.
16
LEFÈVRE (S.), « Le Bestiaire de Philippe de Thaon : ordre et mise en page ‘Itaque trifarie spargitur / Et allegorice
subintelligitur’ », dans Medioevo Romanzo, 42/2 (2018), pp. 241-283.

5
Mais si les bestiaires font l’objet d’études pour ce qui concerne leur généalogie avec le
Physiologus, la langue ou la tradition littéraire médiévale, et les animaux figurant dans ces
bestiaires ont aussi mobilisé les chercheurs. Certains se sont posés la question de l’ordre des
animaux, notamment Jean Robert Smeets, « L'ordre des "animaux" dans le Physiologus de Philippe
de Thaün et la prétendue préséance de la perdrix sur l'aigle » (1962) 17 ; et Florence McCulloch
compare la composition du Bestiaire de Philippe de Thaon à celle du manuscrit Bodl. Laud Misc.
247 (1960)18. D’autres chercheurs se sont penchés sur les représentations du monde animal :
qu’elles soient iconographiques comme pour Marcel Durliat, « Le monde animal et ses
représentations iconographiques du XIe au XVe siècle » (1984)19 ; ou littéraires comme dans
l’article de Michel Zink, « Le monde animal et ses représentations dans la littérature du Moyen
Age » (1984)20. Enfin, Sarah Kay nous propose une lecture interprétative des animaux dans la
tradition littéraire des bestiaires : Animal Skins and the Reading Self in Medieval Latin and French
Bestiaries (2007)21.
Finalement, l’animal qui fait l’objet de notre travail a lui aussi donné lieu à un grand nombre
de travaux et de recherches, lesquels s’étalent dans les cadres d’étude de plusieurs disciplines, le
phénix étant un animal présent dans la culture depuis l’Égypte ancienne22 et dont le mythe23 a
survécu jusqu’à ce jour. Le site Klapp-online propose une quantité impressionnante de références,
mais pour un souci de cadre, nous avons limité notre recherche aux phénix du Moyen-Âge ou d’une

17
SMEETS (J. R.), « L'ordre des "animaux" dans le Physiologus de Philippe de Thaün et la prétendue préséance de la
perdrix sur l'aigle », dans Revue belge de philologie et d'histoire, t. 40 (1962), pp. 798-803.
18
MCCULLOCH (F.), Op. cit, pp. 53-54.
19
DURLIAT (M.), « Le monde animal et ses représentations iconographiques du XIe au XVe siècle », dans Actes des
congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 15ᵉ congrès, Toulouse, 1984. Le
monde animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe siècles), pp. 73-92
20
ZINK (M.), « Le monde animal et ses représentations dans la littérature du Moyen-Âge », dans Actes des congrès de
la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 15ᵉ congrès, Toulouse, 1984. Le monde
animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe siècles), pp. 47-71.
21
KAY (S.), Animal Skins and the Reading Self in Medieval Latin and French Bestiaries, Chicago, University of
Chicago Press, 2007.
22
DUCHET-SUCHAUX (G.), PASTOUREAU (M.), Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire historique et bibliographique,
Paris, Le Léopard d'or, 2002, p. 108.
23
Mythe ne semble pas être le terme le plus approprié, car il s’agit plutôt d’un symbole ayant perduré dans la culture
populaire, mais à défaut de trouver un terme plus adéquat, nous nous contenterons de cette appellation.

6
période antérieure. En 1890, John Ashton rédige Curious Creatures in zoology, accompagné de
130 illustrations, dont un chapitre entier est dédié au phénix (graphie : phœnix)24 et dans lequel
aucune illustration n’est trouvable. Parmi les autres chapitres dédiés à notre animal dans des
ouvrages plus larges, nous pouvons citer : Florence McCulloch, qui lui consacre les pages 158 à
160 de son chapitre « General analysis of the principal subjects treated in Latin and French
bestiaries » (1960)25 et une illustration26 ; Guy R. Mermier, « The Phœnix : its Nature and its Place
in the Tradition of the Physiologus » (1989)27 ; et Gaston Duchet-Suchaux et Michel Pastoureau,
« Phénix »(2002)28.
De son côté, le site internet « The Medieval Bestiary »29 recense des listes de références
variées, allant d’articles et ouvrages aux pages internet, pour chaque animal présenté dans les
bestiaires. Le phoenix (graphie anglaise) compte parmi ses références : Albert S. Cook, Old English
Elene, Phoenix and Physiologus (1919)30 ; Jean Hubaux et Maxime Leroy, Le Mythe du Phénix
dans les Littératures Grecque et Latine (1939)31 ; Thomas P. Harrison, « Bird of Paradise: Phoenix
Redivivus » (1960)32 ; Norman F. Blake, The Phoenix (1964)33 ; Roel van den Broek, The Myth of
the Phoenix According to Classical and Early Christian Tradition (1972)34 ; John Bugge, « The
Virgin Phoenix » (1976)35 ; Dean R. Baldwin, « Genre and Meaning in the Old English

24
ASHTON (J.), « The phoenix » dans Curious Creatures in zoology, London, John C. Nimmo, 1890, pp. 183-186.
25 MCCULLOCH (F.), Op. cit, pp. 78 – 192.
26 MCCULLOCH (F.), Op. cit, p. 144.
27
MERMIER (G. R.), « The Phœnix : its Nature and its Place in the Tradition of the Physiologus » dans Clarck (W. N.)
et McNunn ( T.), éd., Beasts and Birds of the Middle Ag. The Bestiary and its Legacy, Philadelphie, 1989, pp. 69-87.
28
DUCHET-SUCHAUX (G.), PASTOUREAU (M.), Op. cit, pp. 108-110.
29
« Medieval Bestiary. Phoenix Bibliography », dans The Medieval Bestiary. Consulté en ligne le 20/12/2019. URL:
http://bestiary.ca/beasts/beastbiblio149.htm.
30
COOK (A. S.), Old English Elene, Phoenix and Physiologus, New Haven, Yale University Press, 1919.
31
HUBAUX (J.) et LEROY (M.), Le Mythe du Phénix dans les littératures Grecque et Latine, Liège/Paris, librairie E.
Droz, 1939.
32
HARRISON (T. P.), « Bird of Paradise: Phoenix Redivivus », dans Isis, 1960 (51/2), pp. 173-180.
33
BLAKE (N. F.), The Phoenix, Manchester, Manchester University Press, 1964.
34
BROEK (R. van den.), The Myth of the Phoenix According to Classical and Early Christian Tradition, Leiden, Brill,
1972.
35
BUGGE (J.), « The Virgin Phoenix », dans Mediaeval Studies, 1976 (38), pp. 332-350.

7
Phoenix »(1981)36 ; Brian Shaw, « The Old English Phoenix » (1989)37 ; Valerie Jones, « The
phoenix and the resurrection » (1999)38 ; Dora Faraci, « Sources and cultural background. The
example of the Old English Phoenix » (2000)39 ; Hans Zimmermann, Der Vogel Phönix (2003)40.
Pour finir, il nous semblait adéquat de réserver une section complète de cet état de l’art à
Françoise Lecocq, maîtresse de conférences à l’Université de Caen qui participe intensément à la
recherche autour du mythe du phénix, en atteste son CV41 où nous pouvons remarquer que son
travail sur ledit mythe possède sa propre section dans le document. Lecocq est ainsi l’auteure des
articles et communications suivants : « L’empereur romain et le phénix » (2001)42 ; « Le renouveau
du symbolisme du phénix au XXe s. » (2002)43 ; « Les sources égyptiennes du mythe du phénix »
(2005)44 ; « L’œuf du phénix. Myrrhe, encens et cannelle dans le mythe du Phénix » (2009)45 ;
« L’iconographie du phénix à Rome » (2009)46 ; « Le roman indien du phénix ou les variations

36
BALDWIN (D. R.), « Genre and Meaning in the Old English Phoenix », dans The Bulletin of the West Virginia
Association of College English Teachers, printemps 1981 (6/1-2), pp. 2-12.
37
SHAW (B.), « The Old English Phoenix », dans Beer (J.), ed., Medieval Translators and Their Craft, Kalamazoo,
Western Michigan University, 1989, pp. 155-183.
38
JONES (V.), « The phoenix and the resurrection », dans Hassig (D.), ed., The Mark of the Beast: The Medieval
Bestiary in Art, Life, and Literature, New York, Garland, 1999, pp. 99-115.
39
FARACI (D.), « Sources and cultural background. The example of the Old English Phoenix », dans Rivista di cultura
classica e medioevale, 2000 (42/2), pp. 225-239.
40
ZIMMERMANN (H.), Der Vogel Phönix, Allemagne, Hans Zimmermann, 2003.
41
« Curriculum Vitae », dans Unicaen.academia. Consulté en ligne le 20/12/2019. URL :
https://unicaen.academia.edu/FrancoiseLECOCQ/CurriculumVitae.
42
LECOCQ (F.), « L’empereur romain et le phénix », dans Fabrizio-Costa (S.), éd., Phénix : mythe’s) et signe(s), Berne,
Peter Lang, 2001, pp. 27-56.
43
LECOCQ (F.), « Le renouveau du symbolisme du phénix au XXe s. », dans Poignault (R.), éd., Présence de l’Antiquité
grecque et romaine au XXe s., coll « Caesarodonum n° XXXIV-XXXV bis », Tours, 2002, pp. 25-59.
44
LECOCQ (F.), « Les sources égyptiennes du mythe du phénix » dans Lecocq (F.), éd., Cahier de la MSRH-Caen.
L’Égypte à Rome, 2008 [2005] (n°41), pp. 211-264.
45
LECOCQ (F.), « L’œuf du phénix. Myrrhe, encens et cannelle dans le mythe du phénix », dans Schedae. L’animal et
le savoir, de l’Antiquité à la Renaissance, 2009 (17/2), pp. 107-130. Revue en ligne :
http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0172009.pdf.
46
LECOCQ (F.), « L’iconographie du Phénix à Rome», dans Images de l’animal dans l’Antiquité. Des Figures de
l’animal au bestiaire figuré, 2009 (6/1), pp. 73-106. Revue en ligne :
http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0062009.pdf.

8
romanesques du mythe du phénix » (2011)47 ; « Le phénix dans l’œuvre de Claudien : la fin d’un
mythe. Pour une lecture politique du phénix : quelques arguments » (2011)48 ; « Kinnamômon
ornéon ou phénix ? L’oiseau, la viande et la cannelle » (2011)49 ; « Parfums et aromates dans le
mythe du phénix » (2012)50 ; « Caeneus auis unica (Ovide, Mét. 12, 532) est-il le phénix ? »
(2013)51 ; « ‘Le sexe incertain du phénix’ : de la zoologie à la théologie » (2013)52 ; « Inventing
the Phoenix. A Myth in the making through ancient Texts and images » (2013) 53; « The Phoenix
bird in the Paradise: literature and iconography » (2013)54 ; « Le phénix, la coquille et le Marteau »

47
LECOCQ (F.), « Le roman indien du phénix ou les variations romanesques du mythe du phénix », dans Poignault
(R.), éd., Présence du roman grec et laton (colloque de Clermont-Ferrand 2006), coll. « Caesarodonunum n°XL-XLI
bis », Clermont-Ferrand, 2011, pp. 405-429.
48
LECOCQ (F.), « Le phénix dans l’œuvre de Claudien : la fin d’un mythe. Pour une lecture politique du phénix :
quelques arguments », dans Garambois-Vasquez (F.), éd., Claudien. Mythe, histoire et science (colloque de Sainte-
Étienne, nov. 2008), Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, coll. « Antiuqité. Mémoires du Centre
Jean Palerne XXXVI, 2011, pp. 113-157.
49
LECOCQ (F.), « Kinnamômon ornéon ou phénix ? L’oiseau, la viande et la cannelle », dans Brugal (J. P.), Gardeisen
(A.), et Zucker (A.), éd., Prédateurs dans tous leurs états. Evolutions, biodiversité, interactions, mythes, symboles,
XXXIe Rencontre Internationale d’Archéologie et d’Histoire d’Antibes, Antibes, Éditions APDCA, 2011, pp. 409-
420.
50
LECOCQ (F.), « Parfums et aromates dans le mythe du phénix », dans Laigneau-Fontaine (S.), et Poli (F.), éd., Liber
aureux. Mélanges d’antiquité et de contemporanéité offerts à Nicole Fick, Nancy, ADRA, coll. « Études anciennes
46 », 2012, vol. 1, pp. 179-206.
51
LECOCQ (F.), « Caeneus auis unica (Ovide, Mét. 12, 532) est-il le phénix ? », dans Gosserez (L.), dir., Le phénix et
son Autre. Poétique d’un mythe des origines au XVIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences »,
2013, pp. 211-220.
52
LECOCQ (F.), « ‘Le sexe incertain du phénix’ : de la zoologie à la théologie », dans Gosserez (L.), dir., Le phénix et
son Autre. Poétique d’un mythe des origines au XVIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences »,
2013, pp. 187-210.
53
LECOCQ (F.), « Inventing the Phoenix. A Myth in the making through ancient Texts and images », dans Johnston (P.
A.), Gasadio (G.), et Papaioannou (S.), dir., The role of animals in ancient myth and religion, Grumento Nova (Italie),
juin 2013.
54
LECOCQ (F.), « The Phoenix bird in the Paradise: literature and iconography », communication dans Schaaf (I;), dir.,
Animal kindom of heaven. Anthropozoological aspects in cult and culture of the Late Antique world, Université de
Constance (Allemagne), 12-14 décembre 2013.

9
(2013)55 ; « L’oiseau Phénix de Lactance : uuariatio et postérité (de Claudien au poème anglo-
saxon médiéval The Phoenix » (2014)56 ; « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? A propos de Job
29 :18, de Tertullien, De resurrectione carnis 13, et d’Albroise, De excessu fratris 2,59 » (2014)57 ;
et « The Dark Phoenix : Rewriting an ancient Myth in Today’s popular Culture » (2014)58.

ÉTUDE DES MANUSCRITS

1. Avertissement
Le Bestiaire de Philippe de Thaon, écrit vers 1121-1135 en Angleterre (lieu où la circulation
des bestiaires et la traduction en français étaient importantes), est conservé dans trois manuscrits :
celui de Londres, celui d’Oxford (qui date de la première moitié du XIIIe siècle) et celui de
Copenhague (datant de la deuxième moitié du XIIIe siècle). C'est celui de Londres qui est le plus
ancien (troisième tiers du XIIe siècle), le plus complet et le plus fidèle au dialecte anglo-normand
de l'auteur. C'est donc celui-ci qui est utilisé comme base dans l'édition ancienne fiable de Walberg
et l'édition récente de Morini59.
Cependant, dans le cadre de notre travail, le manuscrit de Copenhague ne va que jusqu’au
vers 1929 du Bestiaire, c'est à dire qu'il s'interrompt au milieu du chapitre sur la baleine et ne
contient donc aucun oiseau, puisque celle-ci est la dernière bête abordée par Thaon avant de passer
aux animaux ailés. Le chapitre sur le phénix, qui s’étend du vers 2217 au vers 2322 dans l’édition
de Morini, y est dès lors absent.
Dans le manuscrit de Londres, ce chapitre se trouve entre les folios 69v et 71r ; dans celui
d'Oxford, entre les folios 8v et 9r. L'écriture de ce dernier est donc plus compacte. On le constate

55
LECOCQ (F.), « Le phénix, la coquille et le Marteau », journée en l’honneur d’Olivier Desbordes, Caen, 12 décembre
2013.
56
LECOCQ (F.), « L’oiseau Phénix de Lactance : uuariatio et postérité (de Claudien au poème anglo-saxon médiéval
The Phoenix », dans Vial (H.), éd. le colloque La uariatio :l’aventure d’un principe d’écriture de l’Antiquité au XXIe
siècle (Clermont-Ferrand, 25-27.03.2010), Paris, Classique Garnier, 2013.
57
LECOCQ (F.), « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? A propos de Job 29 :18, de Tertullien (De resurrectione carnis 13,
2-3) et d’Ambroise (De excessu fratris 2, 59) », dans Kentron, L’emprunt : une pratique d’écriture, n° 30, 2014.
58
LECOCQ (F.), « The Dark Phoenix : Rewriting an ancient Myth in Today’s popular Culture », dans Budzowska (M),
dir., 1st International Interdisciplinary Conference Reception of Ancient Myths in Ancient, Modern and Pstmodern
Culture, Lodz, novembre 2014.
59 THAON (Ph. de), Bestiaire, éd. MORINI (L.), Paris, Champion, 2018.

10
au premier regard (les vers n'y sont d'ailleurs pas séparés comme dans le manuscrit de Londres, où
ils sont réunis deux par ligne). De plus, le manuscrit d'Oxford présente une division en deux
colonnes.
Quant au manuscrit de Copenhague, les vers y sont copiés un par ligne et celles-ci sont bien
espacées. Les lettrines sont alternativement rouges et bleues comme dans les deux autres
manuscrits. Mais nous n’en dirons pas plus sur ce manuscrit puisqu’il ne contient pas notre animal.

2. Transcription
2.1. Fiches codicologiques
2.1.1. London, British Library, Cotton Nero A.V

Autour du texte
Signalement du texte : Royaume-Uni, Angleterre, Londres, British Library, Cotton Nero ; 16,2
cm x 11,9 cm ; 118 folios60, XII-XIIIe siècle.
Lieu de conservation : British Library, Angleterre.
Auteur : Philippe de Thaon, Elias d’Evesham.
Possesseur(s) et lecteur(s) : Sir Robert Bruce Cotton, Sir Thomas Cotton et Sir John Cotton61.
Autres titres : ms. L.

Conditions matérielles
Organisation du volume : Le manuscrit se compose en tout de quinze cahiers62 : après trois
papiers de garde, il se divise en deux parties distinctes. La première expose d’une part le
Comput (ff. 1-39) et d’autre part, Le Bestiaire de Philippe de Thaon (à partir du folio 41), la

60
London (GB), British Library, Cotton MS Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Medium –
édition avancée. Répertoire des manuscrits reproduits ou recensés. Consulté en ligne le 11/01/2020.URL :
http://medium-avance.irht.cnrs.fr/Manuscrits/Voir?idFicheManuscrit=13418.
61
Cotton MS Nero A.V dans Digitised Manuscripts. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Cotton_MS_Nero_A_V.
62
London, British Library, Cotton Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des
textes et des manuscrits médiévaux d’oc et d’oïl. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/manuscrit/detail_manuscrit.php?projet=30488.

11
seconde le Quadrilogus de Vita Sancti Thome Cantuariensis63. Entre les deux parties, s’insère
une vie latine de Thomas de Canterbury par Herbert de Bosham 64. En fin de manuscrit, le
texte se conclut par un lapidaire65 ainsi que trois pages de fin.
Le recueil a été numéroté en chiffre arabe à partir du XVIIe siècle, chaque cahier a par
ailleurs été marqué d’une lettre. La pagination change en seconde partie du volume (feuillet
82-83) : une numérotation au verso remplace la foliation antérieure.
Support : Le texte est écrit sur un parchemin.
Langue(s) : ancien français, latin, anglo-normand66.
Décoration : De belles enluminures débutent certaines pages mais aucune illustration n’est
visible au sein du manuscrit.
Héraldique : /
Espace réglé : Le manuscrit fait 162 mm sur 119 mm, les marges sont en moyenne de 10 mm
pour la marge de tête, de 15 mm pour celle de queue, de 10 mm pour celle de couture et de
26 mm pour celle de gouttière. L’espace de la colonne de texte mesure plus ou moins 70 mm,
encadrée par des colonnettes de 6 mm67.
Réclame : Aucune réclame dans le manuscrit.

Hiérarchisation de la page
Mise en page : Le texte s’étend sur une unique colonne pouvant aller jusqu’à 24 lignes écrites.
Mise en texte :

63
Cotton MS Nero A.V dans Digitised Manuscripts. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Cotton_MS_Nero_A_V.
64
London, British Library, Cotton Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des
textes et des manuscrits médiévaux d’oc et d’oïl. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/manuscrit/detail_manuscrit.php?projet=30488.
65
Philippe de Thaon dans Archives de littérature du Moyen-Âge. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
https://www.arlima.net/mp/philippe_de_thaon.html.
66
Cotton MS Nero A.V dans Digitised Manuscripts. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Cotton_MS_Nero_A_V.
67
London, British Library, Cotton Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des
textes et des manuscrits médiévaux d’oc et d’oïl. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/manuscrit/detail_manuscrit.php?projet=30488.

12
Écriture : L’écriture est en proto-gothique jusqu’au verso du 82e folio et gothique
jusqu’au 118e68.
Encre : L’encre est noire pour le corps de texte, les lettrines se partagent
alternativement entre l’encre bleue et rouge. Les enluminures sont de ces deux couleurs et
certains sous-titres sont également d’une couleur rouge.
État du manuscrit : Certaines pages ont été brûlées en 173169.

Contenu
Identification : Le compilateur n’est pas connu car le recensement du manuscrit est dans la
bibliothèque de Sir Robert Bruce Cotton, né en 1571 et mort en 1631. Le manuscrit
demeurera par la suite dans la bibliothèque familiale jusqu’à atterrir au British Museum en
175370 après avoir été endommagé par le feu en 1731. Ainsi, de son premier possesseur et
dû à son nom, nous pouvons émettre l’hypothèse que le compilateur de ce recueil était un
Cotton.

2.1.2. Oxford, Merton College Library, MS 249


Autour du texte
Signalement du texte : Oxford, Merton College Library, 249 ; 27,5 cm x 19,5 cm ; 185 folios ;
recueil ; 1e moitié du XIIIe siècle.
Lieu de conservation : Royaume-Uni, Angleterre, Oxford, Bibliothèque du collège Merton.
Auteur : Au sein du manuscrit, nous retrouvons deux auteurs : le Bestiaire occupant la
première partie du texte est de Philippe de Thaon71 ; la seconde partie du texte a été rédigée

68
Cotton MS Nero A.V dans Digitised Manuscripts. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Cotton_MS_Nero_A_V.
69
Ibidem.
70
Ibidem.
71
Philippe de Thaon dans Archives de littérature du Moyen-Âge. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
https://www.arlima.net/mp/philippe_de_thaon.html.
Manuscript : MS 249 dans The Medieval Bestiary. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://bestiary.ca/manuscripts/manu642.htm.

13
par un collectif72, rassemblant Innocent III, Maurice de Sully, Richard de Thetford, William de
Montibus, Gregory I, etc.
Possesseur(s) et lecteur(s) : Le manuscrit provient de Thomas Trillek, évêque de Rochester
(1364-1372), vendu à William Reed (1376) qui le donne à Merton en 138573.
Autres titres : Bestiaire et autres textes74.

Conditions matérielles
Organisation du volume : Les folios 1 à 11 regroupent Le Bestiaire de Philippe de Thaon et le
De Corpore Christi ; les folios 12 à 51 rassemblent De Miseria Humanae Conditionis d’Innocent
III, Canons du Concile de Lateran IV (1215) et d’autres vers ; les folios 52 à 73 présentent le
De Sacro Altaris Mysterio d’Innocent III ; les folios 76 à 78 montrent un calendrier (Sarum
avec quelques noms anglais du nord) ; les folios 80 à 185 compilent le Regula Pastoralis de
Gregory I, Les Sermons de Maurice de Sully, l’Ars Dilatandi Sermonum de Richard de Thetford
et le Peniteas cito de William de Montibus.
Support : Le recueil est entièrement écrit sur du parchemin.
Langue(s) : ancien français, anglo-normand, latin.
Décoration : Le manuscrit est parsemé de dessins représentant les animaux traités par le
Bestiaire, de dessins bibliques ou textuels en marge ou entre certains paragraphes du texte.
En tout, 48 illustrations sont comptabilisées75 dans des espaces qui, semble-t-il, n’étaient pas
suffisants pour certaines illustrations76.

72
London, British Library, Cotton Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des
textes et des manuscrits médiévaux d’oc et d’oïl. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://jonas.irht.cnrs.fr/manuscrit/41122.
73
Manuscript : MS 249 in The Medieval Bestiary. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://bestiary.ca/manuscripts/manu642.htm.
Oxford. Merton College, MS 249 dans Biblissima. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
https://iiif.biblissima.fr/collections/manifest/6574acf3076ce714fdac28a1fe274d156360918e?tify={%22view%22:%2
2info%22}.
74
Ibidem.
75
Manuscript : MS 249 dans The Medieval Bestiary. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://bestiary.ca/manuscripts/manu642.htm.
76
Ibidem.

14
Héraldique : Deux blasons trouvables au dos de la couverture, celui de la famille Merton puis,
du Merton College d’Oxford.
Espace réglé : le manuscrit fait 275 mm sur 195 mm, certains folios présentent très
clairement la délimitation des marges et des inter-colonnes. Chaque page peut comporter
jusqu’à 38 lignes77.
Réclame : Aucune réclame n’est visible dans le manuscrit.

Hiérarchisation de la page
Mise en page : Les textes sont disposés en deux colonnes par page, chaque page peut disposer
jusqu’à 38 lignes sauf en cas d’illustrations d’animal, d’extrait biblique ou d’autre illustration
textuelle.
Mise en texte :
Écriture : L’écriture est principalement gothique.
Encre : L’encre du corps de texte est noire, avec un trait plus prononcé pour certaines
majuscules. Certaines d’ailleurs, comme certains passages de texte, sont à l’encre rouge. Les
lettrines se partagent en deux couleurs d’encre : rouge ou bleue.
État du manuscrit : La copie est dans un état d’aspect correct bien qu’un nombre de
pages ont des trous ou des déchirures.

Contenu
Identification : L’auteur du recueil est inconnu même si les textes qu’il regroupe sont
d’auteurs connus tel que Philippe de Thaon, Innocent III ou Grégoire Ier. La prose domine
dans le recueil78.

77
London, British Library, Cotton Nero A.V dans Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des
textes et des manuscrits médiévaux d’oc et d’oïl. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://jonas.irht.cnrs.fr/manuscrit/41122.
78
Manuscript : MS 249 dans The Medieval Bestiary. Consulté en ligne le 11/01/2020. URL :
http://bestiary.ca/manuscripts/manu642.htm.

15
2.2. Conventions générales de transcription
Afin de réaliser la transcription des manuscrits demandés, nous avons décidé de nous
baser sur les règles présentes dans les manuels de l’Ecole Nationale des chartes79 et dans le
manuel d’Yvan Lepage80 pour utiliser un système de transcription le plus objectif possible,
ainsi que sur les conventions vues au cours81 pour lequel ce travail a été réalisé.
Pour la toilette du texte, les consonnes et les voyelles i et j, u et v ont été transcrites
non selon la graphie des manuscrits mais bien en fonction de leur valeurs modernes. Les
potentiels mots agglutinés ont été séparés selon leur acceptation moderne.
Pour les conventions d’écriture, les lettres abrégées sous un signe d’abréviation sont
résolues et rendues en italique. Les lettres suscrites ne sont pas différenciées mais seront
commentées par la suite. Le traitement de la ponctuation et des majuscules a été réalisé
également selon l’acceptation moderne (dans le cas des majuscules, nous avons rétabli les
noms propres). Les chiffres ont été laissés dans la forme dans laquelle ils étaient indiqués.
Les lettrines sont distinguées en gras et les rubriques latines n’ont pas de police particulière.
Les noms d’ouvrages cités dans le manuscrit n’ont pas été transcrits en italique pour que le
lecteur ne pense pas qu’il s’agit d’une résolution d’abréviation.
Seuls les signes diacritiques dérogent à la manipulation moderne : n’est rendu que le
e final accentué se différenciant ainsi du e atone. Les voyelles en hiatus sont différenciées par
un tréma des voyelles consécutives qui en français donneraient une diphtongue. La consonne
c prend une cédille devant les voyelles a, o et u quand elle se prononce /s/.
Enfin, quant à la mise en page, le texte suit l’ordre des vers et la numérotation
correspond à celle des lignes (qui contiennent chacune deux vers) du manuscrit de Londres
(à partir du chapitre sur le phénix), afin de facilement s’y retrouver dans celui-ci au moment
de l’étude des abréviations, ratures etc. La transcription du manuscrit d’Oxford, mise en
parallèle, suit la même numérotation car il n’y a pas de retour à la ligne pour séparer les vers
dans cette copie. Nous indiquons le passage d’un folio à l’autre entre crochets. Lorsque le

79
GUYOTJEANNIN (O.), VIELLIARD (F.), dir., Conseils pour l’édition des textes médiévaux. Fasicule 1 :
Conseils généraux¸ Paris, École nationales des chartes, 2001.
80
LEPAGE (Y.), Guide de l’édition de texte en ancien français, Paris, Honoré Champion, 2001.
81
Cours intitulé « Philologie et littérature médiévales » (LROM0132), donné à l’Université de Liège par le
professeur M. Morato durant l’année académique de 2019-2020.

16
manuscrit de Londres présente un grand espace entre deux lignes prévu pour une rubrique
ou une illustration, nous avons mis un double astérisque. Notons la présence de l’illustration
dans le manuscrit d’Oxford prenant place auprès de cinq lignes (dont une appartenant au
chapitre précédent dédié à la calandre, un oiseau mythique).

2.3. Transcriptions des manuscrits d’Oxford et de Londres82


Transcription du chapitre sur le phénix dans Transcription du chapitre sur le phénix
le manuscrit de Londres dans le manuscrit d’Oxford

** Fenix est unica avis purpurei


/ coloris que ultro et ultro vivificatur.
1. Fenyx est uns oisaus 1. Fenix est uns oisels
ki mult genz e bals. qui mult genz e bels.
2. En Arabe est truvé, 2. En Arabie est truvé,
cume cisne est formé. cume cingne est furmé.
3. Nuls hom ne set tant quere 3. Nul hume [9r] ne set tant querre
que plus en truist en terre ; que plus en truist en terre ; [9r]
4. el mund tut suls est 4. e al mund tut sul est
e trestut purprins est. [70r] e trestut purprins est.
5. V.c. anz vit e plus, 5. Cinc cenz anz vit e plus,
ceo dit Ysidorus. co nus dit Ysidorus.
Quant se veit enveillir, Quant se veit enveillir,
vergettes vait cuillir vergettes vait cuillir
de precïus sarment de precïus sarment
de bon odurement. od bon odurement.
Cum fu lele prent, Cumme sec fust ie lesprent,

82
Anglo-Norman Dictionnary, Universities of Aberystwyth and Swansea. URL : http://www.anglo-norman.net/gate/.
Matsumura (T.), Dictionnaire du français médiéval, Paris, Les Belles Lettres, 2015.
Möhren (F.), Dictionnaire Etymologique de l’Ancien Français électronique, Heidelberger Akademie der
Wissenschaften. URL : https://deaf-server.adw.uni-heidelberg.de/.

17
aprof desus s'estent, aprof desus s’estent,
par la raie del solail par le rai del soleil
recet la fue fedail, receit feu fetheil,
10. volentrivement 10. volentrivement
ses eles i esprent. ses eles i esprent.
Iloc art de sun gré, Hoc se art de sun gré,
en puldre est tresturné. en puldre est tresturné,
Par le fu del sarment, par le feu del sarment,
par le bon uignement par le bon ungnement
del chalt e de l'humur del chald et del humur
la puldre prent dulçur, la puldre prent dulçur,
e tel est sa nature, e tel est sa nature,
si cum dit escripture, si cume dit escripture.
15. al terz jur vent a vie ; 15. Al ters jur, veint a vie ;
grant chose signefie. grant chose signefie.
De lui dit Bestiaire de lui dit Bestiaire
chose que mult est maire, chose que mult est maire.
et Phisologus E Phisiologus
dit uncore plus : mult en dit de lui plus :
fenyx cinc cenz ans vit Fenix cinc cenz anz vit
et un poi plus, ceo dit ; e un poi plus, co dit ;
puis volt rejuvener, puis vait rejuveignier,
sa vellesce laisser. sa veillesce laisser.
20. Lores le basme prent 20. Lores le basme prent
de la dunt il desent, de la dunt il descent.
treis feiz se plungerat, Treis feiz se plungera,
tut sun cors uindrat. tut sun cors en undrad.
Puis que il ad ceo fait, Puis quant il ad co fait,
eneslepas se vait, ignelepas s’en vait,
e tant par est membré, e tant par est membré,

18
vent a une cité, veint a une cité,
ceo est Eliopolis, eo est Eliopolis,
u repaire tut dis. u repaire tut dis.
25. Dunc cumence a nuncier 25. Dunc cumence a nuncier
que il volt rejuvener. que il vait rejuvingner.
Iloc est uns alters Hoc est uns alters
ne qui que il sait mais tels. [70v] ne qui que el mund seit tels.
Uns prestres, en tel guise, Un prestres en tel guise,
a l'oisel fait servise, al oisel fait servise,
kar ben entent le crie kar ben entent le cri
qu'il ad de lui oïe, qu’il ad de lui oï,
qu'il volt rejuvener qu’il vait rejuvingner
e sa veillesce leser. sa veillesce laisser.
30. En marz u en averil, 30. En marz u en averil,
ceo fait l'oisel gentil. co fait l’oisel gentil,
Li prestres quil sarment li prestres prent sarment
sur sun alter l'esprent, sur sun alter l’esprent.
e fenyx vent volant, E fenix veint volant,
el fu se met ardant. al feu se met ardant.
/ Hoc se art de sun gré,
/ en puldre est tost turné.
Quant ars est li sarment Quant ars est li sarmenz
e le oisels ensement, e li oisel ensement,
Li clers vent a l'autel, li clers veint al matin al altel,
jamais nen orez tel : ia mais ne verrez tel :
35. / 35. ars truve le sarment
/ e l’oisel ensement.
iloc truve un verment Hoc truve un vermet,
suef alout petitet.83 tut blanc e petitet.

83
Cf. « Ratures et corrections du copiste » pour l’inversion de l’ordre.

19
Al secund jur revent, Al secund, veuit,
furme d'oisel tent. furme d’oisel teint.
Quant repaire al terz jur, Quant repaire al terz jur,
l'oisel trove greignur, l’oisel trove greingnur,
tut est fait e furmé. tut fait e furmé,
Al clerc dit tan vale, al clerc chante vale.
iceo est Deus te salt, Eco est Deus te salt,
puis repaire el guald puis repaire al guald
40. dunt il anceis turnat, 40. dunt il einceis turnad,
ainceis qu'il se bruillat. quant il se bruillad.
Sacez tel est sort, Saccez tel est sa sort,
de sun gré vent a mort de sun gré veint a mort
e de mort vent a vie ; e de mort veint à vie ;
oëz que signefie. grant chose signefie.
/ De phenix plus truvum
/ e tratice en avum
/ al livre qui rest fait
/ des planetes estrait.
** Phenix significat Christum qui habuit
/ protestatem84 ponendi animam suam et
/ retorsum sumendi eam. Hic phenix
/ pingatur.
Fenyx signefie Cest oisel signefie
Jesu le fiz Marie, Jesu le filz Marie,
kar il out poüsté kar il out poesté
murir de sun gré, de murir de sun gré,
45. e de mort vent a vie, 50. e de mort vint a vie.
fenyx ceo signefie. Eo phenix signefie.

84
Protestatem est possible, il peut vouloir dire « assurance » selon le Gaffiot. Ainsi, il peut faire
sens dans la traduction (Parallèle de puissance, pouvoir équivaudrait à potestatem).

20
Pur sun pople salver, Pur sun pople salver,
se volt en croiz pener. [71r] se volt en croiz pener.
Fenyx dous eles ad, Phenix dous eles ad,
signefiance i ad : signefiance i ad :
par ces eles entent par les eles entend
dous lais veraiement, dous leis verrarement,
la velz lai e la nuvele la velz lei e la nuvele
ki mult est saint e bele. que mult est seinte e bele.
50. Ceo vint Deus pur emplir, 55. Eo vint Deus a emplir,
pur sum pople guarir. pur sum pople guarir.
Or fine la raisun, Ore fin ceste raisun,
altre cumencerum. altre cumencerum.

2.4. Ratures, corrections et abréviations du copiste


2.4.1. Londres
2.4.1.1. Abréviations
Dans le tableau ci-dessous, nous avons répertorié dans la colonne de droite toutes les
abréviations trouvées au sein des manuscrits, et dans celle de gauche leur explication et
signification.

est

1, 2... ; 4.
(parfois, la forme entière apparait : 4.
)

21
mult
1, 16...
Nasalisation (parfois la voyelle est présente,
parfois non) : om, an, en, um, un, em
3.

3.
(écrit en entier ligne 19 : )

7, 12… : suffixe - ; 35 .

(en entier ligne 10 : - )


; 25.

8.

85
20. , 25. ; 46.

A la ligne 40, on a une autre abréviation


étrange pour dunt (à rapprocher de l’autre

forme de que) :
23.

85
Pour ces deux abréviations, nous savons qu’elles signifient un et pas on grâce aux graphies anglo-normandes du
reste du manuscrit (par exemple, sun pour son).

22
que

3, 16…
(en entier ligne 22 : )

A la ligne 22, on a une autre forme : .


Nous avons pensé à la transcrire par quant
comme dans le manuscrit d’Oxford, mais
nous avons une autre forme pour cela. De plus
Morini traduit la forme par que chaque fois
qu’elle apparait dans le manuscrit (cf. folio
73r par exemple).
-us

3, 5... , 7. , 14. (en entier ligne 14 : )

3. , 6. ,

-er-

21. , 30.

23
4. , 11. ,

-ur- (abréviation courante d’après Morini)


14. …

4. , 14. ,
-ri-

10. …

quant
6, 33.

pre-
7. , 8. , 10.

aprof
8.

par

9. (majuscule) ; 12.

grant

15.

24
et (abréviation courante d’après Morini)
17, 18.

de
(parfois écrit en entier comme à la ligne 7 :
20, 41…

qui
26, 28... 29. (majuscule)

car
28. 44.

Deus
39, 50.

Jesu
43.

2.4.1.2. Ratures et corrections

34-35. :

Ces quatre vers sont présents dans le manuscrit dans le mauvais ordre ; les lignes 34 et 35
doivent être inversées pour que le texte ait du sens. Le copiste a d’ailleurs remarqué son erreur et
corrigé celle-ci par deux lettres dans la marge.

25
34. : Le copiste a voulu suscrire un s puis l’a barré.

Ce manuscrit présente quelques autres lettres suscrites dans l’interligne, sans doute à la suite
d’un oubli du copiste auquel il a tenté de remédier par la suite. Les voici :

21. , 26. , 34.

36.

2.4.1.3. Ponctuation et accents

Il semblerait que le copiste ait un système d’accentuation. En effet, nous retrouvons des
coups de plume semblables à des accents sur différentes voyelles. En voici quelques exemples :

5. , 38. …

10.

24. , 30.
Par rapport à l’usage moderne, le premier accent renvoie au locatif où, mais le second est
également accentué alors qu’il renvoie à la conjonction de coordination.

42, 45.

26
Quant à la ponctuation, le copiste note un point entre chaque hexasyllabe copié sur la même
ligne, et parfois à la fin de celle-ci, comme le montrent les lignes 6 et 7. De plus, il y a une majuscule
au début de chaque ligne, en retrait. Aucun mot situé dans une autre position ne porte de majuscule.

2.4.2. Oxford
2.4.2.1.Abréviations
est

purpurei (ce symbole d’abréviation est également utilisé pour

un autre terme assez similaire : purpurins ( )

et

que

truvé

cume/cumme

hume

27
en truist

quant

vergettes

prent (ce symbole de nasalisation se retrouve encore dans des

mots tels que grant ( ) ou esprent (


))

volentrivement

par

escripture

Phisiologus

rejuveignier (qui se retrouve dans une autre forme abrégée :

)
dunc

plungera

28
cumence (ce symbole d’abréviation se retrouve dans
comemcerum au vers 57)

prestre

cri

greignur

avum

significat

Christum (XPM est une abréviation apparemment courante


pour désigner Christum (X = ch, p est une lettre grecque ‘rho’
= r et le M est la terminaison que le mot doit avoir pour
correspondre au cas. [Disponible en ligne sur
https://www.vhmmlschool.org/latin-christian-antiquity-
transcrip].
Jean-Henri-Romain Prompsault y fait référence comme
abréviation à la page 377 de Grammaire latine : Traité des
lettres, de l’orthographe et de l’accuentuation).
habuit (Le site de l’IRHT décrit cette abréviation comme celle de
habuit. [Disponible en ligne sur https://irht.hypotheses.org/792]).

protestatem

pingatur

raisun

29
2.4.2.2. Ratures et corrections
Le copiste a bien retranscrit le texte de Philippe de Thaon, aucune rature n’est présente sur
la partie du phénix. Le copiste a fait preuve d’un grand usage des abréviations, comme peut le
montrer le tableau ci-dessus, et au milieu d’elles, nous pouvons trouver un oubli du copiste au vers
56 : un s écrit au-dessus.

2.4.2.3. Ponctuation et accents


En ce qui concerne l’accentuation du texte, l’auteur n’en fait pas usage. Les seuls accents
ou traits de plume trouvables dans le manuscrit sont pour marquer les points du i.
La ponctuation est peu fréquente, seuls les points de fin de phrases sont présents tout comme
un certain système de tirets pour les mots scindés car en fin de colonne. Ainsi, nous trouvons des
termes tels que matin (1) ou sarment (2). Il n’y a, dans la partie sur le phénix, aucune trace de
virgule, point-virgule ou autre signe de ponctuation particulier.

(1)

(2)

DESCRIPTION DU PHÉNIX

1. Le phénix chez Philippe de Thaon


Dans son Bestiaire, Philippe de Thaon s'inspire sans le cacher86 du versio BIs
du Physiologus (on le voit par des fautes communes, de l'intertextualité et de l'interdiscursivité ; la
grande majorité des animaux qui y sont abordés le sont aussi dans le Bestiaire), lui-même inspiré

86
« De lui [fenix] dit Bestiaire chose que mult est maire, et Physiologus de lui dit uncor plus » (Loc. cit., p. 197).

30
du Physiologos et des Etymologies d’Isidore de Séville. Nous détaillerons ces différentes œuvres
et leurs connexions avec le Bestiaire de Thaon par la suite.
Le Bestiaire de Philippe de Thaon est en vers et a une structure originale et intéressante. En
effet, les animaux y sont classés par catégorie scientifique (d'abord les quadrupèdes, reptiles et
poissons, ensuite douze oiseaux, puis les pierres). Cet ordre se justifie par la place de plus en plus
basse des animaux dans l'échelle évolutive mais aussi par une gradation symbolique (les oiseaux
représentent les hommes qui tendent vers le divin), selon Luigina Morini.
Le phénix se situe donc vers la fin du Bestiaire (27e animal sur 35, 4e oiseau sur 12), entre
le caladrius et le pélican, et son chapitre est de taille non négligeable par rapport à la moyenne de
la taille des chapitres sur les autres animaux. Il n’est pas cité ailleurs dans le Bestiaire.
En outre, comme c'est souvent le cas, chaque animal est décrit physiquement, puis cette
partie naturaliste est suivie d'une interprétation symbolique et allégorique (pour notre animal et la
plupart des autres, cette section commence après « oëz que signefie »87).
Les deux rubriques en latin avant chacune des parties (naturaliste et symbolique) viennent
du manuscrit d'Oxford et y sont écrites en noir sans séparation de la partie en ancien français. Elles
anticipent le contenu des articles (par exemple, la première annonce la couleur du phénix et sa
capacité de renaître et la seconde explicite déjà sa comparaison avec le Christ). Dans le manuscrit
de Londres, on trouve des espaces blancs à ces endroits (folios 69v et 70v). Les rubriques devaient
sans doute y être ajoutées par la suite, sans doute en rouge comme elles le sont à d'autres endroits
du manuscrit de Londres, dans le manuscrit de Copenhague et dans de nombreux manuscrits
médiévaux. Le projet manuscrit n'est donc pas arrivé à son terme.
Philippe de Thaon aborde dans son Bestiaire le physique du phénix (couleur pourpre, noble
et beau, semblable au cygne), son origine (Arabie) et sa longévité (un peu plus de 500 ans avant de
ressusciter). Il décrit aussi le déroulement de sa mort et de sa renaissance : le jour venu, il récolte
du bois précieux pour en faire un feu dans lequel il s'étend, puis de ses cendres il revient à la vie le
troisième jour (d'après les Ecritures). Il y a donc déjà une référence à la Bible dans cette première
partie. Philippe nous donne aussi la version du Physiologus qui est quelque peu différente et plus
longue : lorsque le phénix a environ 500 ans, il enduit son corps de baume et se rend à Héliopolis
pour annoncer son désir de rajeunir. Là, un prêtre l'entend et lui prépare un bûcher sur l'autel. Le

87
THAON (PH. de), op. cit., p. 199.

31
phénix renaît sous la forme d'un bébé et grandit jusqu'à devenir adulte le troisième jour, alors il
retourne dans sa forêt.
Dans la seconde partie, le phénix est assimilé à Jésus qui est mort et est ensuite revenu à la
vie pour sauver son peuple selon la volonté de Dieu. Ses ailes représentent les deux bras de la
Sainte Croix. On ne dit pas dans cette partie que le Christ est également ressuscité trois jours après
sa crucifixion, mais c'est un autre lien religieux facilement opérable.
Par rapport aux Ecritures Saintes, il faut ajouter que, malgré ce que l'on a cru pendant
longtemps, le phénix n'est pas mentionné dans la Bible, contrairement à pas mal d'autres animaux
réels (insectes, oiseaux, mammifères, reptiles, ainsi que la grenouille et le poisson). En effet, le
seul endroit où on pensait qu'il en était question est le Livre de Job (29:18). Dans cette exégèse
juive, il est pourtant question de sable en hébreu (« Je mourrai dans mon nid, j'aurai des jours
nombreux comme le sable »). Cependant, la Septante a remplacé ce dernier mot par l'image d'un
arbre, le phoinix (palmier), même dénomination que pour l'oiseau mythologique en grec, d'où la
confusion et le fait que la Vulgate ait donc ensuite traduit fenix.88

2. Le phénix dans la tradition des bestiaires


2.1. Les ouvrages comparés avec le Bestiaire de Philippe de Thaon

N.B. : Le phénix est absent des Fables d’Esope et du Bestiaire d’amour rimé et la réponse du
bestiaire de Richard de Fournival.

Ouvrage Date Langue Place du phénix dans Informations


l’ouvrage supplémentaires
éventuelles
Physiologos89 IIe siècle Grec Ce bestiaire offre aussi une Dans ce bestiaire, le
théologie car les animaux y sont phénix se prépare
spiritualisés : ils représentent des d’abord à sa
mystères, vérités, morales ou

88
Lecocq (F.), « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? À propos de Job 29, 18, de Tertullien (De resurrectione carnis 13,
2-3) et d’Ambroise (De excessu fratris 2, 59) », op. cit., pp. 55-82. [Disponible en ligne sur :
https://journals.openedition.org/kentron/463].
89
Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, éd. et trad. ZUCKER (A.), Grenoble, Millon, 2005.

32
personnages chrétiens. Le phénix résurrection dans les
est abordé parmi 56 animaux et forêts du Liban.
22 oiseaux, mais qui ne sont pas
rassemblés par famille et même
mélangés avec des pierres. Le
phénix est le 7e animal abordé,
entre l’aigle et la huppe.
Physiologus IVe-Ve Latin Le phénix est abordé sous un Le bestiaire ajoute une
B-IS90 siècle point de vue théologique puisque note sur l’étymologie
le lien entre le phénix et le Christ du phénix. Cette note
est mis en évidence. est la même que celle
On retrouve le phénix entre qu’on retrouve dans les
l’aquila (l’aigle) et l’upupa. Etymologiae.
Etymologiae91 VIe Latin Les Etymologiae présentent
siècle l’étymologie des animaux. Le
point central de la description est
l’origine du nom ‘phénix’ : le
nom du phénix viendrait de sa
couleur pourpre qu’on nomme
« phénicienne » ou il viendrait du
mot phoenix qui voudrait dire
unique en arabe.
Bestiaire divin Vers Ancien Ce bestiaire offre une traduction
de Guillaume 1210 français du Physiologus latin. Ainsi, il
le Clerc92 présente une série d’animaux en
tout genre, bien que certains
parallèles aillent au-delà de la

90
Physiologus : versio B et versio B-IS, dans ZAMBON (F.) (coord.), Bestiari tardoantichi e medievali. Testi della
zoologia cristiana, Firenze – Milano, Giunti - Bompiani, 2018, pp. 212-367.
91
SEVILLE (I. de), Etymologies, Paris, Les Belles Lettres, 1983-2012.
92
Guillaume le Clerc, Le Bestiaire, éd. REINSCH (R.), Altfranzösische Bibliothek, Leipzig, Reisland, 1892.
[Disponible en ligne sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k229216k/f1.image].

33
simple description physique de
chaque animal.
Bestiaire de Vers La langue de Ce bestiaire est la traduction du
Gervaise93 1215 l’auteur est Physiologus et en est une autre
le normand version de celui de Philippe de
Thaon ou de Guillaume le Clerc.
tandis que
Il est composé de 1280 vers
celle du
octosyllabiques en rimes plates.
manuscrit
Le Bestiaire de Gervaise débute
est le
sur une interprétation catholique,
champenois avant le mythe du phénix. Elle
ou le lorrain. utilise un style d’écriture plutôt
biblique grâce à la répétition de
« dist, dit ».
Le phénix (23) est entre la huppe
(22) et le cerf (24).
Bestiaire Mi XIIIe Ancien C’est le premier bestiaire
d’Amour siècle français profane : les interprétations n’y
94
rimé sont pas religieuses mais
sentimentales. Avant, les qualités
des animaux se rapportaient à une
figure de la foi chrétienne (le
Christ, le diable, l’Eglise ou
l’homme). Ici, l’auteur veut
convaincre sa dame de son
amour, le caractère scientifique
est donc également absent. En
effet, les animaux n’y sont pas
décrits un à un mais cités à
différents endroits du poème. Il
en va de même pour le Bestiaire

93
GERVAISE, Le bestiaire, éd. MEYER (P.) dans Romania, I, 1872, pp.420-443.
94
Le Bestiaire d’Amour rimé. Poème inédit du XIIIe siècle, éd. THORDSTEIN (A.), Lund Suède, Gleerup, 1942.

34
de Richard de Fournival de la
même époque.
e
Li Livres dou XIII Ancien Le Livres dou tresor est une
tresor95 siècle français encyclopédie. Le livre 1 parle de
l’origine du monde et donc
notamment d’histoire naturelle
(une septantaine d'animaux y sont
abordés ; le phénix occupe un
chapitre de taille moyenne, le 18e
parmi les 28 oiseaux environ,
entre le cygne et la grue). Avant
les oiseaux, il y a les poissons et
les serpents, et après, les
mammifères. Ils sont donc
classés par catégorie scientifique
comme chez Thaon, Burnetto
Latini s’est donc peut-être inspiré
de sa structure. Quant au livre 2,
il parle de morale. Le livre 3 parle
de politique.

2.2.Comparaison écrite des descriptions du phénix dans la tradition des bestiaires


Plusieurs points de comparaison ont été mis en évidence à travers les différents bestiaires
analysés : l’origine du phénix, d’autres lieux cités, l’âge auquel il meurt, la façon dont il ressuscite
et le rapport au christianisme.
Peu de bestiaires donnent une description physique du phénix. On en retrouve une dans le
Bestiaire de Philippe de Thaon, dans Li livre dou Tresor et dans les Etymologiae pour les plus
conséquentes, et une mention rapide dans le Bestiaire de Gervaise et dans celui de Guillaume le
clerc. Le phénix est de couleur pourpre mais sa taille diffère selon le bestiaire. Philippe de Thaon
lui donne la taille d’un cygne tandis que Li livre dou Tresor lui donne celle d’un aigle. La

95
LATINI (B.), Li livres dou Tresor, éd. CARMODY (F. J.), Berkeley, University of California Press, 1948.

35
description physique est souvent liée à l’origine du nom : phénix viendrait de sa couleur
phénicienne, c’est-à-dire pourpre.
Le lieu d’origine du phénix n’est pas donné par tous les bestiaires mais deux endroits
ressortent principalement : l’Arabie (mentionnée par Philippe de Thaon ou les Etymologiae) et
l’Inde (notamment relevé dans le Bestiaire de Gervaise ou de Guillaume le Clerc par exemple).
L’origine indienne est celle qui est la plus mentionnée dans les bestiaires.
Un autre lieu est aussi relevé dans plusieurs bestiaires (le Physiologos et le Physiologus B-
IS) : le Liban, où le phénix se préparerait tout d’abord afin de mieux s’immoler.
Tous les bestiaires étudiés s’accordent pour dire que le phénix attend ses 500 ans avant de
comprendre qu’il doit mourir et ensuite revenir à la vie. Certains, comme le Bestiaire de Philippe
de Thaon ou le Physiologos par exemple, précisent en plus que cette prise de conscience se produit
lors du mois de mars ou d’avril. Seul le Bestiaire d’Amour rimé ne précise pas exactement combien
de temps le phénix vit avant de mettre en place ce processus, il indique seulement : « Quant la fin
dou feniex apresse. »
La manière de mettre en place la résurrection du phénix varie plus que les autres informations.
Philippe de Thaon dit que le phénix enduit son corps d’arômes et qu’il part pour la ville
d’Eliopolis (ville de l’Egypte ancienne) où il crie. Ce cri témoigne du fait que le phénix veut
rajeunir et le prêtre commence donc à préparer un autel pour lui. Il laisse le phénix s’embraser et
lorsqu’il revient le lendemain, il trouve dans les cendres un vermisseau. Le deuxième jour, il trouve
le phénix avec une forme d’oiseau et le troisième jour, le phénix a repris sa taille normale.
Cette version se retrouve dans la majorité des bestiaires avec parfois de petits changements,
comme le fait que le phénix ne couvrirait d’onguents que ses ailes et non tout son corps
(Physiologos, B-IS).
Certains bestiaires ne font pas mention du prêtre et expliquent que le phénix fait lui-même
son nid afin de s’immoler. Parmi eux, le Bestiaire de Gervaise et le Bestiaire d’Amour rimé ajoutent
que le phénix utilise également des pierres pour son nid. Ces deux bestiaires décrivent également
la résurrection du phénix en trois jours sans faire mention du prêtre.
Le moyen mis en place pour allumer le feu est différent également, il est possible d’en
dénombrer quatre : mettre le feu lui-même sans plus d’explication (B-IS) ; s’aider d’une pierre (le
Bestiaire de Gervaise) ; s’aider des rayons du soleil (Li livres dou Tresor et les Etymologiae) ; ou
encore se servir de son bec (le Bestiaire d’Amour rimé et le Bestiaire de Guillaume Clerc).

36
Le lien avec le christianisme est réalisé grâce à cette idée de résurrection : le phénix a la
capacité de mourir et de ressusciter tout comme le Christ a pu le faire. Les raisons pour lesquelles
le Christ et le phénix ont cette capacité sont différentes selon les bestiaires. Elles peuvent être :
pour sauver son peuple (Philippe de Thaon et le Bestiaire de Guillaume Clerc) ou exalter la parole
de Dieu (Physiologos et B-IS) et la transmettre aux nouvelles générations (par le biais des copistes,
selon le B-IS). Certains bestiaires citent et prennent pour témoin les Évangiles, comme le
Physiologos, le B-IS ou le Bestiaire de Gervaise. Ces deux derniers bestiaires ajoutent également
la réaction de haine des Juifs face aux paroles du Christ : « Propter hec verba irati sunt Iudei et
volebant eum lapidare » (B-IS : « A cause de cette parole, les juifs se sont mis en colère et ont
voulu le lapider »).

2.3.Tableau comparatif
Remarque : Les lettres indiquent les éléments présents dans le Bestiaire de Philippe de Thaon, les
numéros les informations qui en sont absentes.

LIEU D'ORIGINE DU PHÉNIX

Philippe de Thaon96 : En Arabe est truvé [2219]


Points communs Différences
Etymologiae : Fenix Arabiae auis (Le phénix Physiologos : Il existe en Inde un oiseau qui est
est un oiseau d’Arabie). appelé phénix.
Physiologus B-IS : Est ergo avis in Indie
partibus que dicitur phenix. (Il y a un oiseau qui
vit en Inde et qui est nommé phénix).
Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de
Normandie : Habite en Inde et Maint toz dis
Bestiaire de Gervaise : L’oiseau qu’est
nommez le phénix est es desers de Inde trovez.

96
Nous tirons nos citations du chapitre sur le phénix dans l’édition de Morini (pp. 196-199) car elle y fait la synthèse
de ce que l’on trouve dans les deux manuscrits étudiés.

37
Li Livres dou tresor : En celui païs [Egypte]
croist […] un oisel ki est apelés fenix97

AUTRES LIEUX CITÉS


Philippe de Thaon : vent a une cité, ceo est Eliopolis […] cumence a nuncier que il volt
rejuvener [2262-2266]
Points communs Différences
Physiologos : il transmet un signe au prêtre Physiologus B-IS : intrat in lignis Libani (Il
d'Héliopolis. entre dans les bois du Liban)
Physiologus B-IS : Et quibusdam indiciis
significatur sacerdoti civitatis Eliopolis mense
novo […]. (Et il est annoncé au prêtre par des
signes de la ville d’Éliopolis durant le
nouveau mois […].)
Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de
Normandie : De la desertine s’en vole
En la cite de Leupole (Heliopolis)
Li Livres dou tresor : ce feu est fait par le
provoire d’une cyté qui a non Eliopolis.

DESCRIPTION PHYSIQUE
Philippe de Thaon :
A. Trestut purprins est [2224]
B. El mund tut suls est [2223]
C. Cume cisne est formé [2220]
Points communs Différences

97
Cette citation ne vient pas du chapitre sur le phénix mais d’un chapitre sur l’Asie dans le livre I (p.111), seul autre
endroit du Livres dou tresor où le phénix est mentionné.

38
A. Etymologiae : Dicta quod colorem C. Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de
feniceum habeat (il est nommé comme cela à Normandie : A boene chiere (Avec belle tête).
cause de sa couleur phénicienne)
1. Bestiaire de Gervaise : Bien chantanz
Li Livres dou Tresor : C. Li Livres dou Tresor : Est bien si granz com
A. En aval jusques a la coue est de colour de un aigle
porpre 2. La queue du phénix est rose.
B. Fenix, dont il n’a ke .i. en tout le monde98

MOMENT OÙ LE PHÉNIX « MEURT »

Philippe de Thaon :
A. .V.C. anz vit e plus [2225]
B. En marz u en avril [2275]
Points de commun Différences
Physiologos : Bestiaire d’Amour rimé :
A. Tous les cinq cent ans A. Quant la fin dou feniex apresse,
B. Lors du nouveau mois, qui est Nisan ou Que nature plus ne li laisse
Adar (c'est-à-dire Phaménôth ou Pharmouthi) Terme ne espasse de vie,
Physiologus B-IS : Et il convient que il devie,
A. Expletis quingentis annis vite sue (ayant
accompli cinq cents ans de sa vie)

B. Mense novo, id est nisan, aut adar, id est


sarmat, aut famenoht, quod est aut marcio, aut
aprili mense (Durant le nouveau mois, qui est
nisam ou adar, c’est-à-dire sarmat ou
famenoht, qui est soit le mois de mars, soit
celui d’avril).

98
Cette citation ne vient pas du chapitre sur le phénix mais du chapitre sur l’Asie.

39
A. Etymologiae : Haec quingentis ultra annis
uiuens (Cela étant plus de cinq ans après)
A. Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de
Normandie : Quant cinq cenz anz sunt
acoupliz

Bestiaire de Gervaise :
A. .l. anz (500 ans où le cent est élidé, ou 50
ans ; le point veut dire fois en numérotation 1
romaine, c’est-à-dire vie)
B. En marz
A. Li Livres dou Tresor : Il enveillist en .vc.
anz

MANIÈRE DE PROCÉDER À SA RÉSURRECTION

Philippe de Thaon :
A. Quant se veit enveillir, vergettes vait cuillir […] de bun odurement. [...] aprof dessus
s’estent, par le rai del solail [2227-2233]
B. Uns prestres, en tel guise, a l’oisel fait servise […]. [2269-2270]
C. Quant ars est li sarment e le oisel ensement, iluec [li clercs] truve un vermet
al secund jur revent : furme d’oisel et tent
al terz jur, […] tut est fait e furmé [2283-2295]

D. Al clerc dit tan<t> vale […] puis repairë el guald dunt il anceis turnat [2296-2299]
E. Lores le basme prent […] tut sun cors en uindrat [2255-2258]
Points communs Différences
Physiologos : E. Physiologos : Il imprègne ses ailes
B. Le prêtre […] vient et couvre entièrement d’aromates
l’autel de bois

40
C. Le lendemain, le prêtre […] découvre un ver
dans la cendre
le surlendemain il découvre à sa place un
oisillon
et le troisième jour il découvre à sa place un
oiseau adulte
D. L’oiseau salue alors le prêtre et s’en va vers
la résidence qui est la sienne
Physiologus B-IS : Physiologus B-IS :
B. Et quibusdam indiciis significatur sacerdoti E. […] intrat in lignis Libani et replet utrasque
civitatis Eliopolis [...]. Cum autem hoc alas diversis aromatibus (Il entra dans les bois
significatum fuerit sacerdoti, ingreditur et du Liban et remplit (enduit) ses ailes de
implet aram de lignis sarmentorum (Et, avec différents arômes).
quelques signes, il s’annonce au prêtre E. Cum advenerit volatile, intrat in civitatem
d’Héliopolis […] Mais alors que ces signes Eliopolim, impletum omnibus aromatibus in
arrivent au prêtre, celui-ci entra et remplit utrisque alis suis (Lorsque l’oiseau arrive, il
l’autel de bois de sarment (vigne, fagot)). entre dans la ville d’Héliopolis, ayant rempli
C. Alia autem die veniens sacerdos exustaque ses deux ailes de tous les arômes).
ligna, que composuit super aram, scrutans,
invenit ibi vermiculum modicum suavissimo
odore fragrantem.
Secundo vero die invenit iam aviculam
figuratam.
Rursum tercia die veniens sacerdos, invenit
eam iam in statu suo integram atque factam
avem fenicem (Un autre jour, lorsque le prêtre
vint et vit le bois consumé, qui composait
l’autel, il trouva ici un petit vermisseau
dégageant une odeur parfumée et agréable. Le
second jour, il trouva déjà une forme de petit
oiseau. Par contre, le troisième jour, lorsque le

41
prêtre vint, il trouva déjà celui-ci dans son état
d’oiseau sain et sauf et redevenu phénix).
D. Et vale dicens sacerdoti, evolat et pergit ad
locum suum pristinum (Et saluant le prêtre, il
sortit en toute hâte et se dirigea vers l’endroit
de ses origines).
Etymologiae :
A. Conuera ad radium solis alarum plausu
voluntarium sibi incendium nutrit (Il se
construit un bûcher et en se tournant vers les
rayons du soleil, il nourrit l’incendie qu’il a lui-
même allumé.)
A. Dum se uiderit senuisse, collectis aromatum
uirgulis, rogum sibi instruit (Quand il voit qu’il
devient vieux, il collecte des branches
aromatiques)
Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de
Normandie : Normandie :
B. Un prestre […] Par aucun signe set A. Si se carche d’espices chieres,
veirement De cel oisel l’avenement ; Et quant De la desertine s’en vole En la cite de Leupole
il set qu’il deit venir, Si fet rains de fanol quellir (Heliopolis)
Et lier en un fesselet, Sor un moult bel autel les Li oisel […] vient à lui, Quant il veut avenir au
met. leu ;
C. Vient le prestre, por aprendre Come la A. O son bec alume le feu […] Qui moult tost
besoigne est alle : la cendre trouve amoncelee alume et esprent Es espices et el sarment. […]
Li preste l’endemein revient Por veir comment
Si s’art tot en poudre et en cendre.
se contient l’oisel qui ja est figure.
Au tierz jour est oisel clame ; […] Au
chapelain cline por veir, Puis s’en torne liez en
joianz, Ne revien devant cinc cenz anz.

42
C. Bestiaire de Gervaise : premier jor : Bestiaire de Gervaise :
ceindre ; secon jor : vermoiseaus ; tierz jor : E. Un aune quiert appelez libanus
reformez e renolvez tot chargiez chiers oignemenz et bons
aromatisemenz

A. Des pierres fait saillir le fue


1. Quiert espices et pierres
2. [retrait pendant .j.] c’est-à-dire que la
résurrection prend « .j. lue » (ce qui voudrait
dire que ‘.j.’ serait égal à 5)
Li Livres dou Tresor : Le Bestiaire d’Amour rimé :
A. Entre dedenz tout droit contre le soleil B. Et met son cors en vive brese.
levant De la cendre qui est remese
C. Quant il est ars, celui jor meisme de sa Naist uns autres fenix ariere.
cendre sort une vermine qui a vie A. Puis se vait coucher en mi leu,
au secont jor de sa naissance est faiz come petiz A son bec i alume feu.
pocins Li feus as espices se prent,
au tierz jors est touz granz et creux come il doit Qui li fenix art et esprent,

1. En son ni espices asamble


Et pierres de vertus ensamble

LIEN AVEC LE CHRISTIANISME

Philippe de Thaon :

A. Li fenix signefie Jesu le fiz Marie [2305]

B. Car il out poüsté de murir de son gré e de mort vint a vie [2307-2308]

C. Pur sun pople salver se volt en croiz pener [2311-2312]

Points communs Différences

43
B. Physiologos : Le Seigneur a dit dans les C. Physiologos : Il est venu […] pour exalter la
Évangiles : « J’ai le pouvoir de déposer ma vie parole du ciel, afin que nous aussi nous
et […] de la reprendre » […] Le phénix étendions les mains et propagions le parfum de
représente le Sauveur. l’esprit par des conduites vertueuses

Physiologus B-IS : Physiologos B-IS :


B. Est aliut volatile quod dicitur phenix. Huius
C. Ergo sicut iam supra diximus, personam
figuram gerit Dominus noster Iesus Christus,
accipit Salvatoris nostri, qui de celo
qui dicit in Evangelio suo: «Potestatem habeo
descendens alas suas replevit suavissimis
ponendi animam meam et iterum sumendi
odoribus novi ac veteris testamenti, sicut ipse
eam». (Il est un autre oiseau qui est dit phénix.
dixit: «Non veni legem solvere, sed
Il porta la figure de notre Seigneur Jésus Christ,
adimplere». Et iterum: «Sic erit omnis scriba
qui dit dans son Évangile : « J’ai la puissance
doctus in reg[n]o celorum, proferens de
de déposer mon âme et, de nouveau, de la
thesauro suo nova et vetera» (Donc comme
reprendre ».)
nous l’affirmons déjà, il reçoit le rôle de notre
B. Si vero volatile hoc potestatem habet
Sauveur, qui, descendant du ciel, remplit ses
mortificandi se [et rursum semetipsum
ailes avec le plus doux des odeurs du Nouveau
vivificare], quo modo stulti homines irascuntur
et de l’Ancien Testaments comme lui-même
in verbo Domini nostri, qui ut verus homo et
dit : « Je ne viens pas détruire la Loi mais la
verus Dei filius «potestatem habuit ponendi
combler ». Et de nouveau : « Il sera ainsi pour
animam suam et iterum sumendi eam» (Si
tout copiste savant à propos du royaume du
vraiment cet oiseau a le pouvoir de se faire
ciel, enseignant le nouveau et l’ancien à propos
mourir et de se faire revivre de nouveau, de
du trésor ».)
quelle manière ces hommes fous se mettent en
colère contre la parole de notre Seigneur, qui 1. Propter hec verba irati sunt Iudei et volebant
comme l’homme vrai et le vrai fils de Dieu dit eum lapidare (À cause de cette parole, les juifs
« Il eut la puissance de déposer sa vie et de la se sont mis en colère et voulaient lapider celui-
reprendre de nouveau ».) ci.)

Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de


Normandie :

44
A. En cest oisel poez entendre Notre Seignor
(En cet oiseau, vous pouvez entendre Notre
Seigneur.)

C. qui vout descendre Ca jus por nostre


sauvement (Qui va descendre juste pour notre
salut)

Bestiaire de Gervaise : Bestiaire de Gervaise :

A. Sunt li felon Juis corpable 1. Sunt li felon Juis corpable

En seinte escriture trovon […] 2. pas fable (Gervaise précise que ce ne sont
pas des fables, pour faire passer l’idée que l’on
Si com nos dit la prophecie
pouvait traiter de matières sérieuses. Cette
Icil oiseaux Crist senefie traduction est l’essai de cette tentative.)

B. Que Dex en l’evangeli dit

« Je puis m’arme laisier ou prendre. »


(citation de Jean X, 18)

REPRÉSENTATIONS ICONOGRAPHIQUES DU PHÉNIX

DANS LA TRADITION DES BESTIAIRES


« Pictura est quaedam litteratura illiterato » (l’image est une sorte de littérature d’illettrés),
a écrit le compilateur Walafrid Strabon au IXe siècle. Au-delà de la dévalorisation liée à cette
sentence, l’art de l’illustration, de l’enluminure, de la miniature, de la lettrine ornée, du dessin à la
plume, à main levée ou encore à la feuille d’or, ou plus largement l’art de l’image est d’une
importance capitale durant le Moyen-Âge où l’image est une histoire.
Les bestiaires, en leur qualité de pré-encyclopédies et de manuels scolaires, si l’on peut dire,
sont très souvent illustrés : l’animal (aussi l’arbre, la plante ou la pierre) est donné à voir sur le
folio même où il apparaît, généralement intégré dans la continuité du texte, au début ou en fin, ou
rajouté dans les marges. Pour notre animal, on trouve à la fois des illustrations riches, travaillées,
représentant la scène de résurrection dans les flammes notamment ; mais aussi des dessins que nous

45
pourrions qualifier de plus réalistes (sans faire référence à la conception moderne de ce terme),
représentant l’oiseau seul de profil, en train de préparer son nid servant de bûcher funéraire, en
train de brûler ou de renaître, voire les trois actions à la suite.
Afin d’appréhender la tradition des illustrations du phénix dans les bestiaires au Moyen-Âge,
les miniatures qui suivront sont tirées de manuscrits numérisés liés de près ou de loin au Bestiaire
de Philippe de Thaon, étudié dans ce travail pour approcher le phénix. Il est évident que le
recensement des images du phénix ne peut être exhaustif, car tous les manuscrits ne sont pas
numérisés, et que tous les manuscrits numérisés ne contiennent pas d’illustrations. Celles-ci ont
donc été sélectionnées pour leur pertinence dans l’étude de la tradition du bestiaire, hors bestiaires
latins (qui n’en sont pas moins intéressants, notons les magnifiques illustrations du Bestiaire
d’Aberdeen ou encore de la British Library, le manuscrit Harley 4751) afin de montrer la diversité
des illustrations que possède la tradition.
Pour ce faire, nous avons écumé les manuscrits numérisés dans les organismes de numérisation
des grandes bibliothèques ainsi que les bases de données en ligne suivants :
 The Medieval Bestiary → http://bestiary.ca/beasts/beastgallery149.htm.
 Banque d’image de la Bibliothèque Nationale de France → https://images.bnf.fr.
 Base des manuscrits enluminés de la Bibliothèque Nationale de France →
http://mandragore.bnf.fr.
 Archives de littérature du Moyen-Âge → https://www.arlima.net.
Plus le manuscrit est riche, plus il contient de miniatures ornées. Comment le phénix est-il
représenté ? Quels éléments caractéristiques varient ? L’illustrateur (parfois le copiste lui-même,
parfois quelqu’un d’autre) est en réalité le premier lecteur du mythe et de la description de l’animal
en question, et est animé de ses propres buts : participer au luxe du manuscrit, simplement
accompagner le texte, ou bien illustrer un moment clé du mythe (dans le cas du phénix, sa
résurrection dans le bûcher funéraire par exemple).
En premier lieu, sur les trois manuscrits en ancien français du Bestiaire de Philippe de Thaon,
bien que ce dernier ait voulu que son œuvre soit accompagnée d’illustrations (il y a des renvois à
des miniatures dans le texte), seul le manuscrit d’Oxford contient un dessin illustrant le phénix.
En effet, le manuscrit de Copenhague présente vingt-huit illustrations plus élaborées que dans
celui d’Oxford et assez grandes, mais le chapitre sur le phénix y est malheureusement absent.

46
Le manuscrit de Londres ne contient que très peu d’illustrations, mais des espaces blancs ont
été laissés sans doute à cet effet (on voit aussi une esquisse de poisson-scie - serra en ancien
français - au folio 62 v), et également pour l'insertion de rubriques. D'ailleurs, au folio 70v du
chapitre sur le phénix, on remarque en bas de la page, dans la marge, l’indication « Hic debet
pingi », indiquant bien la volonté de l'atelier de copie d'ajouter une illustration à cet endroit.
Dans le manuscrit d’Oxford, qui contient une cinquantaine d'illustrations, le dessin du phénix
se situe au tout début du chapitre qui lui est consacré. C’est un petit dessin simpliste à la main sans
couleurs, encadré grossièrement à la main également (tout comme dans le reste du manuscrit), et
enchâssé à droite de la colonne sur une hauteur de cinq lignes manuscrites. Le nom de l'animal est
écrit en guise de titre à l'intérieur du cadre.

Merton Collège Library, MS. 249, folio 8v


En second lieu, penchons-nous sur les bestiaires en ancien français comme le Bestiaire
Divin de Guillaume le Clerc de Normandie. Parmi les divers manuscrits illustrés de ce dernier, il y
a de nombreuses miniatures (ex : le manuscrit 14970 qui contient aussi une mappemonde à la fin
du manuscrit) ; nous en reproduisons d’abord trois. La quatrième miniature est issue du manuscrit
24428 et représente deux actes fondateurs dans le mythe du phénix : le phénix à l’autel et le phénix
se régénérant. Ce manuscrit date de 1265. Les trois dernières miniatures (issues des manuscrits
14970, 14969 et 1444) montrent le phénix dans les flammes sur l’autel. Nous pourrions faire une
remarque quant au plumage du phénix qui est dit pourpre, mais non représenté en cette couleur.
L’explication tiendrait peut-être du fait qu’il est représenté dans les flammes, qui sont déjà rouges.

47
London, British Library, Egerton, 613, folio 36r

Lyon, Bibliothèque municipale, Palais des Arts, MS 78, folio 38r

Trinity College Library, O.2.14, folio 39r

48
Bibliothèque Nationale de France, fr. 24428, folio 58v

Bibliothèque Nationale de France, fr. 14970, folio 7r (Hainaut)

49
Bibliothèque Nationale de France, fr. 14969, folio 14v (Angleterre) sous
l’allégorie de la rédemption

Bibliothèque Nationale de France, fr. 1444b, folio 244r


Dans le Bestiaire de Gervaise (British Library, Add MS 28260, folios 84r – 101v), il n’y a
pas de dessins à la plume pour le phénix. Les dessins s’arrêtent au folio 93r, avec le corbeau. Le
Bestiaire d’Amour rimé et la réponse du bestiaire de Richard de Fournival ne contient pas le phénix
dans sa liste d’animaux traités. Mais le manuscrit du Bestiaire d’Amour rimé, anonyme, contient
le mythe du phénix et une miniature montrant celui-ci lors de sa résurrection dans les flammes. A
noter que l’on retrouve souvent l’arbre dans lequel le phénix fait son nid, quand ce n’est l’autel.

50
Bibliothèque Nationale de France, fr. 1951, folio 13r
Le phénix est aussi repris dans les versions longues et courtes du Bestiaire de Pierre de
Beauvais, dont voici deux manuscrits illustrés en couleurs où est représenté le phénix, de
nouveau accompagné de l’arbre où il fait son nid :

Bibliothèque Nationale de France, NAF 13521, folio 23v

Bibliothèque Nationale de France, MS 3516, folio 202v

51
Eloignons-nous maintenant de la France et de l’Angleterre. Du côté de l’Italie, pas de
phénix dans le Bestiario moralizzato, mais bien dans un bestiaire d’amour en ancien français
présentant de petits dessins et provenant du nord de l’Italie.

Morgan Library, MS M. 459, folio 23v


Pour les ouvrages en langue ancienne (latin, grec, égyptien…), la base de données
Mandragore de la BNF et le site The Medival Bestiary, par exemple, répertorient énormément
d’images de phénix. Nous allons en montrer uniquement quelques-unes, intéressantes par
rapport au Bestiaire de Philippe de Thaon. Commençons par le Physiologus latin, modèle de ce
dernier. Un manuscrit en ancien islandais contenant le Physiologus a été numérisé99. Celui-ci
est détérioré mais, sur le premier folio, nous constatons la présence de représentations de la
huppe et du phénix. Notons la présence du soleil à côté du phénix, absent de la plupart des
autres illustrations, si ce n’est dans l’image très esthétique que nous avons reproduite en page
de garde de notre travail et qui provient du folio 57v d’un autre bestiaire en langue latine, celui
dit d’Aberdeen (début du XIIIe siècle). Ce dernier contient également une autre représentation
du phénix à la page suivante, toujours avec un soleil, semblable à celle présente dans son cousin
le Bestiaire d’Ashmole latin.

99
Physiologus, Manuscript Detail dans handrit. Consulté le 12/01/2020. URL :
https://handrit.is/en/manuscript/view/is/AM04-0673a-I

55
Arnamagnæanske Institut, Copenhagen, AM 673a 4, folio 1r

Aberdeen University Library, MS 24, folio 56 r

53
Oxford, Bodleian Library, MS Ashmole 1511, folio 68r

Pour terminer cet aperçu, quelques grandes illustrations plus tardives de la littérature
médiévale ont retenu notre attention puisque présentes dans deux grandes œuvres : Le Livre des
Merveilles de Jean de Mandeville, véritable somme au Moyen-Âge ainsi qu’une autre somme,
due au premier encyclopédiste, Barthélémy l’Anglais avec le Liber de proprietatibus rerum.

54
Jean de Mandeville, Livre des merveilles, bibliothèque nationale de France 2810, folio
151 (Paris, vers 1410)

Barthélémy l’Anglais, Liber de proprietatibus rerum, bibliothèque nationale de France


136, folio 20 (Le Mans, vers 1445)

55
Barthélémy l’Anglais, Liber de proprietatibus rerum, Amiens, BM, 0399, folio non-
référencé

56
CONCLUSION
Finalement, ce travail a permis à ceux qui l’ont rédigé et sans doute également au
lecteur, outre de cerner une partie de l’ample travail de philologue face à des manuscrits, de
constater que le phénix est porté par une longue tradition, textuelle ou iconographique. Plusieurs
bestiaires d’avant ou après celui de Philippe de Thaon l’ont classé parmi leurs animaux, sans
distinction entre les animaux réels et les imaginaires, souvent étudiés d’un point de vue
scientifique.
Le phénix et son mythe sont des idées fixes au Moyen-Âge. De par les points communs
des manuscrits de la tradition et par les illustrations retrouvées dans divers documents, le phénix
a une description précise dans l’esprit collectif, une particularité spécifique : celle de ressusciter
et au travers de cette caractéristique, il possède également un parallèle chrétien assez marqué.
Cette créature fait partie de la culture la plus rudimentaire, aujourd’hui encore elle est
utilisée dans certaines histoires à succès telles que Harry Potter, et décrite comme à ses débuts
dans la tradition littéraire médiévale.
Ce travail se focalisait sur la période du Moyen-Âge, mais la tradition du phénix est si
riche que nous pourrions l'étudier dans toutes les autres périodes de l'histoire et les autres
civilisations.

57
BIBLIOGRAPHIE

1. Bibliographie primaire
2.

Article
Physiologus : versio B et versio B-IS, dans ZAMBON (F.) (coord.), Bestiari tardoantichi e
medievali. Testi della zoologia cristiana, Firenze – Milano, Giunti - Bompiani, 2018, pp. 212-
367.

Ouvrage
GERVAISE, Le bestiaire, éd. MEYER (P.) dans Romania, I, 1872, pp.420-443.

LATINI (B.), Li livres dou Tresor, éd. CARMODY (F. J.), Berkeley, University of California
Press, 1948.

Le Bestiaire d’Amour rimé. Poème inédit du XIIIe siècle, éd. THORDSTEIN (A.), Lund Suède,
Gleerup, 1942.

Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, éd. et trad. ZUCKER (A.), Grenoble, Millon, 2005.

SEVILLE (I. de), Etymologies, Paris, Les Belles Lettres, 1983-2012.

THAON (PH. de), Bestiaire, éd. MORINI (L.), Paris, Honoré Champion, coll. « Classiques
français du Moyen-Âge », 2018.

Liens internet
Guillaume le Clerc, Le Bestiaire, éd. REINSCH (R.), Altfranzösische Bibliothek, Leipzig,
Reisland, 1892. [Disponible en ligne sur
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k229216k/f1.image].

København, Kongelige biblioteket, GKS 3466 dans Det KGL Bibliotek. URL :
https://www.kb.dk/.

London (GB). British Library, Cotton MS Nero A.V dans Digitised Manuscripts. URL :
http://www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Cotton_MS_Nero_A_V.

58
Oxford. Merton College, MS 249 dans Biblissima. URL :
https://iiif.biblissima.fr/collections/manifest/6574acf3076ce714fdac28a1fe274d156360918e?t
ify={%22view%22:%22info%22}.

1. Bibliographie secondaire
Articles
ASHTON (J.), « The phoenix » dans Curious Creatures in zoology, London, John C. Nimmo,
1890, pp. 183-186.

BALDWIN (D. R.), « Genre and Meaning in the Old English Phoenix », dans The Bulletin of
the West Virginia Association of College English Teachers, printemps 1981 (6/1-2), pp. 2-12.

BUGGE (J.), « The Virgin Phoenix », dans Mediaeval Studies, 1976 (38), pp. 332-350.

DURLIAT (M.), « Le monde animal et ses représentations iconographiques du XIe au XVe


siècle », dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement
supérieur public, 15ᵉ congrès, Toulouse, 1984. Le monde animal et ses représentations au
moyen-âge (XIe - XVe siècles), pp. 73-92.

FARACI (D.), « Sources and cultural background. The example of the Old English Phoenix »,
dans Rivista di cultura classica e medioevale, 2000 (42/2), pp. 225-239.

FONTAINE (S.), et POLI (F.), éd., Liber aureux. Mélanges d’antiquité et de contemporanéité
offerts à Nicole Fick, Nancy, ADRA, coll. « Études anciennes 46 », 2012, vol. 1, pp. 179-206.

HARRISON (T. P.), « Bird of Paradise: Phoenix Redivivus », dans Isis, 1960 (51/2), pp. 173-
180.

JONES (V.), « The phoenix and the resurrection », dans HASSIG (D.), ed., The Mark of the
Beast: The Medieval Bestiary in Art, Life, and Literature, New York, Garland, 1999, 99-115.

LECOCQ (F.), « Caeneus auis unica (Ovide, Mét. 12, 532) est-il le phénix ? », dans
GOSSEREZ (L.), dir., Le phénix et son Autre. Poétique d’un mythe des origines au XVIe siècle,
Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2013, pp. 211-220.

59
LECOCQ (F.), « Inventing the Phoenix. A Myth in the making through ancient Texts and
images », dans JOHNSTON (P. A.), GASADIO (G.), et PAPAIOANNOU (S.), dir., The role
of animals in ancient myth and religion, Grumento Nova (Italie), juin 2013.

LECOCQ (F.), « Kinnamômon ornéon ou phénix ? L’oiseau, la viande et la cannelle », dans


BRUGAL (J. P.), GARDEISEN (A.), et ZUCKER (A.), éd., Prédateurs dans tous leurs états.
Evolutions, biodiversité, interactions, mythes, symboles, XXXIe Rencontre Internationale
d’Archéologie et d’Histoire d’Antibes, Antibes, Éditions APDCA, 2011, pp. 409-420.

LECOCQ (F.), « L’empereur romain et le phénix », dans FABRIZIO-COSTA (S.), éd.,


Phénix : mythe’s) et signe(s), Berne, Peter Lang, 2001, pp. 27-56.

LECOCQ (F.), « L’oiseau Phénix de Lactance : uuariatio et postérité (de Claudien au poème
anglo-saxon médiéval The Phoenix », dans VIAL (H.), éd. le colloque La uariatio :l’aventure
d’un principe d’écriture de l’Antiquité au XXIe siècle (Clermont-Ferrand, 25-27.03.2010),
Paris, Classique Garnier, 2013.

LECOCQ (F.), « Le phénix dans l’œuvre de Claudien : la fin d’un mythe. Pour une lecture
politique du phénix : quelques arguments », dans GARAMBOIS-VASQUEZ (F.), éd.,
Claudien. Mythe, histoire et science (colloque de Sainte-Étienne, nov. 2008), Saint-Étienne,
Presses Universitaires de Saint-Étienne, coll. « Antiuqité. Mémoires du Centre Jean Palerne
XXXVI, 2011, pp. 113-157.

LECOCQ (F.), « Le phénix, la coquille et le Marteau », journée en l’honneur d’Olivier


Desbordes, Caen, 12 décembre 2013.

LECOCQ (F.), « Le renouveau du symbolisme du phénix au XXe s. », dans POIGNAULT (R.),


éd., Présence de l’Antiquité grecque et romaine au XXe s., coll « Caesarodonum n° XXXIV-
XXXV bis », Tours, 2002, pp. 25-59.

LECOCQ (F.), « Le roman indien du phénix ou les variations romanesques du mythe du


phénix », dans POIGNAULT (R.), éd., Présence du roman grec et laton (colloque de Clermont-
Ferrand 2006), coll. « Caesarodonunum n°XL-XLI bis », Clermont-Ferrand, 2011, pp. 405-
429.

60
LECOCQ (F.), « ‘Le sexe incertain du phénix’ : de la zoologie à la théologie », dans
GOSSEREZ (L.), dir., Le phénix et son Autre. Poétique d’un mythe des origines au XVIe siècle,
Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2013, pp. 187-210.

LECOCQ (F.), « Les sources égyptiennes du mythe du phénix » dans LECOCQ (F.), éd.,
Cahier de la MSRH-Caen. L’Égypte à Rome, 2008 [2005] (n°41), pp. 211-264.

LECOCQ (F.), « Parfums et aromates dans le mythe du phénix », dans LAIGNEAU- LECOCQ
(F.), « The Dark Phoenix : Rewriting an ancient Myth in Today’s popular Culture », dans
BUDZOWSKA (M), dir., 1st International Interdisciplinary Conference Reception of Ancient
Myths in Ancient, Modern and Pstmodern Culture, Lodz, novembre 2014.

LECOCQ (F.), « The Phoenix bird in the Paradise: literature and iconography »,
communication dans SCHAAF (I.), dir., Animal kindom of heaven. Anthropozoological
aspects in cult and culture of the Late Antique world, Université de Constance (Allemagne),
12-14 décembre 2013.

LECOCQ (F.), « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? A propos de Job 29 :18, de Tertullien, De
resurrectione carnis 13, et d’Albroise, De excessu fratris 2,59 », dans Kentron, 2014 (30),
Presses Universitaires de Caen.

MERMIER (G. R.), « The Phœnix : its Nature and its Place in the Tradition of the Physiologus »
dans CLARCK (W. N.) et MCNUNN ( T.), éd., Beasts and Birds of the Middle Ag. The
Bestiary and its Legacy, Philadelphie, 1989, pp. 69-87.

SHAW (B.), « The Old English Phoenix », dans BEER (J.), ed., Medieval Translators and
Their Craft, Kalamazoo, Western Michigan University, 1989, pp. 155-183.

SMEETS (J. R.), « L'ordre des "animaux" dans le Physiologus de Philippe de Thaün et la
prétendue préséance de la perdrix sur l'aigle », dans Revue belge de philologie et d'histoire, t.
40 (1962), pp. 798-803.

ZINK (M.), « Le monde animal et ses représentations dans la littérature du Moyen-Âge », dans
Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public,
15ᵉ congrès, Toulouse, 1984. Le monde animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe
siècles), pp. 47-71.

61
Ouvrages
Beast Epic, Fable and Fabliau Colloquium, éd. J. Gossens et T. Sodmann (Köln: Böhlau,
1981), pp. 217-246.

BEAUVAIS (P. de), Le Bestiaire : Version courte, éd. MERMIER (G. R.), Paris, Nizet, 1977.

BEAUVAIS (P. de), Le Bestiaire : Version longue attribuée à Pierre de Beauvais, éd. BAKER
(C.), Paris, Champion, 2010.

BENNETT (P.), « Some Doctrinal Implications of the Comput and Bestiaire of Philippe de
Thaün », dans Épopée animale, fable, fabliau. Actes du IVe Colloque de la Société
Internationale Renardienne, éd. Gabriel Bianciotto et Michel Salvat, Paris, PUF, 1984
(Publications de l’université de Rouen, 83), pp. 95-115.

BLAKE (N. F.), The Phoenix, Manchester, Manchester University Press, 1964.

BROEK (R. van den.), The Myth of the Phoenix According to Classical and Early Christian
Tradition, Leiden, Brill, 1972.

BUSCHINGER (D.) et al., Mondes animaliers au Moyen Age et à la Renaissance. Actes du


colloque international des 8, 9, 10 et 11 mars 2016 à la maison de la Culture d'Amiens, Amiens,
Presse du « Centre d’Etudes Médiévales de Picardie », 2016.

CLARK (W. C.), A Medieval Book of Beasts: the Second Family Bestiary. Commentary, Art,
Text and Translation, Woodbridge, Boydell, 2006.

COOK (A. S.), Old English Elene, Phoenix and Physiologus, New Haven, Yale University
Press, 1919.

DUCHET-SUCHAUX (G.), PASTOUREAU (M.), Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire


historique et bibliographique, Paris, Le Léopard d'or, 2002, p. 108.

FOURNIVAL (R. de), Le Bestiaire d’Amour et la Response du Bestiaire, éd. BIANCIOTTO


(G.), Paris, Champion, 2009.

GUYOTJEANNIN (O.), VIELLIARD (F.), dir., Conseils pour l’édition des textes médiévaux.
Fasicule 1 : Conseils généraux¸ Paris, École nationales des chartes, 2001.

62
HASSIG (D.), Medieval Bestiaries. Text, Image, Ideology, Cambridge, Cambridge University
Press, 1995.

HECK (C.), CORDONNIER (R.), Le Bestiaire médiéval. L’Animal dans les manuscrits
enluminés, Paris, Citadelle & Mazenod, 2011.

HUBAUX (J.) et LEROY (M.), Le Mythe du Phénix dans les littératures Grecque et Latine,
Liège/Paris, librairie E. Droz, 1939.

KAY (S.), Animal Skins and the Reading Self in Medieval Latin and French Bestiaries,
Chicago, University of Chicago Press, 2007.

KAY (S.), « Chant et désenchantement dans le Bestiaire d’Amour de Richard de Fournival »


in Le Moyen Français, Vol. 76-77, January 2015, pp. 137-158.

KAY (S.), « Surface and Symptom on a Bestiary page: orifice on Folios 61v-62r of Cambridge,
Fitzwilliam Musem, MS 20 » in Exemplaria, Vol. 26 (2-3), June 2014, pp. 127-147.

KAY (S.), « The English Bestiary, the Continental Physiologus and the intersections between
them » in Medium Aevum, t. 85, 2016, pp. 118-142.

LEFÈVRE (S.), « Le Bestiaire de Philippe de Thaon : ordre et mise en page ‘Itaque trifarie
spargitur / Et allegorice subintelligitur’ », dans Medioevo Romanzo, 42/2 (2018), pp. 241-283.

LEPAGE (Y.), Guide de l’édition de texte en ancien français, Paris, Honoré Champion, 2001.

MAAN (M. F.), « Der Physiologus des Philippe von Thaün und seine Quellen » in Anglia,
1884, Vol. VII, pp. 420-468.

MATSUMURA (T.), Dictionnaire du français médiéval, Paris, Les Belles Lettres, 2015.

MCCULLOCH (F.), Mediaeval Latin and French bestiaries, Chapel Hill, University of North
Carolina Press, 1960.

MÖHREN (F.), Dictionnaire Etymologique de l’Ancien Français électronique, Heidelberger.

MORTON (J.), « The Book of the World at an Anglo-Norman Court . The Bestiaire de Philippe
de Thaon as a Theological Performance », dans New Medieval Literatures, t. 16 (2016), pp. 1-
38.

63
MURATOVA (X.), « The Decorated Manuscripts of the Bestiary of Philippe de Thaon », dans
Third International PASTOUREAU (M.), Bestiaire du Moyen Age, Paris, Seuil, 2011.

PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, livre VIII, éd. ERNOUT (A.), Paris, Les Belles Lettres,
1952.

WALBERG (E.), Le Bestiaire de Philippe de Thaün. Texte critique, Paris, Auguste Cote, 1900.

WÉNIN (A.), Le bestiaire biblique. Panorama et figures significatives, dans NEUBERG


(A.), Bestiaire d’Ardenne. Les animaux dans l’imaginaire des gallo-romains à nos jours,
Bastogne, Musée en Piconrue, 2006, pp. 29-41. [Disponible en ligne sur
https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/fr/object/boreal%3A127563/datastream/PDF_01/view?fbcli
d=IwAR3Aa3XLSEzqypvTZCGBjDtsWGmcBAp5a9ZZlu0pGQwUXx6NYMP30B_LzHQ].

Liens internet
Ouvrages numériques
LECOCQ (F.), « L’iconographie du Phénix à Rome», dans Images de l’animal dans l’Antiquité.
Des Figures de l’animal au bestiaire figuré, 2009 (6/1), pp. 73-106. [Disponible en ligne sur
http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0062009.pdf].

LECOCQ (F.), « L’œuf du phénix. Myrrhe, encens et cannelle dans le mythe du phénix », dans
Schedae. L’animal et le savoir, de l’Antiquité à la Renaissance, 2009 (17/2), pp. 107-130.
[Disponible en ligne sur http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0172009.pdf].

LECOCQ (F.), « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? À propos de Job 29, 18, de Tertullien (De
resurrectione carnis 13, 2-3) et d’Ambroise (De excessu fratris 2, 59) », dans KENTRON,
L’emprunt : une pratique d’écriture, n° 30, 2014, pp. 55-82. [Disponible en ligne sur :
https://journals.openedition.org/kentron/463].

PROMPSAULT (J.-H.-R.), Grammaire latine : Traité des lettres, de l’orthographe et de


l’accentuation, 1842, p.377. [Disponible en ligne sur
https://books.google.be/books?id=MipbAAAAQAAJ&pg=PA377&lpg=PA377&dq=xpm+ch
ristum&source=bl&ots=DqDyxtiD_X&sig=ACfU3U1tN36H3i-
yV6rEyyp0wYMZFaj9Nw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwix_KLJ0p7mAhXLZ1AKHdvEAg
YQ6AEwAXoECAsQAQ#v=onepage&q=xpm%20christum&f=false].

64
ZIMMERMANN (H.), Der Vogel Phönix, Allemagne, Hans Zimmermann, 2003, « Curriculum
Vitae », dans Unicaen.academia. [Consulté en ligne le 20/12/2019. URL :
https://unicaen.academia.edu/FrancoiseLECOCQ/CurriculumVitae].
Sites internet
Akademie der Wissenschaften. URL : https://deaf-server.adw.uni-heidelberg.de/.

Anglo-Norman Dictionnary, Universities of Aberystwyth and Swansea. URL :


http://www.anglo-norman.net/gate/.

Archives de littérature du Moyen-Âge. URL :


https://www.arlima.net/mp/philippe_de_thaon.html.

Handrit. URL : https://handrit.is/en/manuscript/view/is/AM04-0673a-I.

Institut de recherche et d’histoire des textes. Jonas. Répertoire des textes et des manuscrits
médiévaux d’oc et d’oïl. URL : http://jonas.irht.cnrs.fr/manuscrit/41122.

Institut de recherche et d’histoire des textes. Medium – édition avancée. Répertoire des
manuscrits reproduits ou recensés. URL : http://medium-
avance.irht.cnrs.fr/Manuscrits/Voir?idFicheManuscrit=13418.

Manuscript : MS 249 in The Medieval Bestiary. URL :


http://bestiary.ca/manuscripts/manu642.htm.

65
ANNEXES
1. Les manuscrits
1.1. Oxford

66
1.2. Londres

67
68
69

Vous aimerez peut-être aussi