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Critias (Platon)

Critias ou Sur l’Atlantide (en grec ancien Κριτίας ἢ Ἀτλαντικός / Kritiás ề Atlantikós) est un dialogue de
Platon. Tout comme dans La République et le Ménéxène, Platon montre dans ce dialogue une hostilité pour la
représentation anthropomorphique qui accepte la querelle entre les dieux. Dans la logique du mythe entamée
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dans le Timée , dont le Critias est le dialogue qui suit dans la chronologie , les invités de Socrate prolongent
l’histoire ancienne, 9000 ans avant leur époque.

Sommaire
Personnages du dialogue
Introduction
L’Atlantide
Notes et références
Bibliographie

Personnages du dialogue
Socrate
Timée
Critias
Hermocrate

Le dialogue semble faire écho à la République dans le dialogue platonicien éponyme, et Platon, dans le Timée
et en outre dans le Ménexène, s’attache à la description d'une cité idéale. Le philosophe grec poursuit dans ces
deux ouvrages un but précis : démontrer aux hommes de son époque que dans les temps anciens la Grèce avait
été capable de vaincre des ennemis puissants, commandés par des rois fabuleux. Ces livres constituent donc
une mise en garde contre une décadence possible de la cité grecque, pour peu qu’elle abandonne les principes
qui ont fait sa force. Platon légitime par-là même son utopie en ayant recours au mythe.

Introduction
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Dans le Théétète, le propre de l'activité du philosophe est de s'étonner, et c'est là son principe et son origine .
Dans le Critias, Platon écrit que les hommes ont commencé à composer des mythologies et à s'intéresser au
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passé par des recherches .

L’Atlantide
Dans le Critias, Platon apporte des précisions sur l’organisation du royaume de l’Atlantide. En outre, il précise
que les Égyptiens ont été les premiers à écrire cette histoire. Que celle-ci soit passée en Grèce n’a rien
d'étonnant : il y avait des relations constantes entre les deux riverains de la Méditerranée.
Selon Critias :

« Les dieux divisèrent, par tirage au sort, toute la terre en lots, plus grands ici, plus petits
ailleurs. Poséidon [dieu de la mer] installa, en certain lieu de cette île, les enfants qu'il avait
engendrés d'une femme mortelle (…) sur une montagne habitait alors un des hommes qui,
dans ce pays-là, étaient à l'origine nés de la terre. Son nom était Événor, et il vivait avec une
femme, Leucippe. Ils donnèrent naissance à une fille unique, Clitô (…) Poséidon la désira et
s’unit à elle. Or, la hauteur sur laquelle elle vivait, le dieu la fortifia et l'isola en cercle. À cet
effet, il fit des enceintes de mer et de terre, petites et grandes (…) Poséidon embellit l'île, il fit
jaillir deux sources d’eau, l’une chaude, l’autre froide, et fit pousser sur la terre des plantes
nourricières de toute sorte. Là, il engendra et éleva cinq générations d'enfants mâles et
jumeaux. Il divisa l'île Atlantide en dix parties. L’aîné devint roi, au-dessus de tous les autres.
Il fit de ceux-ci des princes vassaux (…) À tous, il imposa des noms : le plus ancien, le roi,
reçut le nom qui a servi à désigner toute cette île et la mer qu'on appelle Atlantique, parce que
le nom du premier roi fut Atlas. »
— Platon, Critias, 113b et passim
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Quant aux neuf frères, leurs noms dérivent les qualités du peuple atlante :
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Eumélos (Εὔμηλος / Eúmêlos, « aux belles brebis »), Gadiros en langage local : jumeau
d'Atlas ;
Amphérès (Ἀμφήρης / Amphễrês, « bien ajusté des deux côtés », en parlant d'un
gouvernail) ;
Évaimon (Εὐαίμων / Euaímôn, « de bonne race ») ;
Mnéséas (Μνησέας / Mnêséas, « qui convoite ») ;
Autochtonos (Αὐτόχθονος / Autokhtonos, « né de la terre, autochtone ») ;
Élasippos (Ἐλάσιππος / Elásippos, « meneur de chevaux ») ;
Mestor (Μήστωρ / Mêstôr, « conseiller », l'une des épiclèses de Zeus) ;
Azaès (Ἀζάης / Azáês, « à la peau foncée ») ;
Diaprépès (Διαπρέπης / Diaprépês, « le magnifique »).

Suit alors la description matérielle du royaume :

« Les rois avaient des richesses en telle abondance que jamais sans doute avant eux nulle
maison royale n'en posséda de semblables et que nulle n'en possédera aisément de telles à
l'avenir. L'île leur fournissait tous les métaux durs ou malléables [vraisemblablement le plomb
et l'étain] que l’on peut extraire des mines. En premier lieu, celui dont nous ne connaissons
plus que le nom, (...) l’orichalque [l'airain, ou cuivre pur] ; c'était le plus précieux, après l'or,
des métaux qui existaient en ce temps-là. L'île fournissait avec prodigalité tout ce que la forêt
peut donner de matériaux propres au travail des charpentiers. De même, elle nourrissait en
suffisance tous les animaux domestiques ou sauvages. Elle donnait encore et les fruits cultivés,
et les graines qui ont été faites pour nous nourrir et dont nous tirons les farines. Ainsi,
recueillant sur leur sol toutes ces richesses, les habitants de l'Atlantide construisirent les
temples, les palais des rois, les ports. »
— Platon, Critias, 114d.

Puis, comme toujours, après la splendeur survient de la décadence :

« Pendant de nombreuses générations, les rois écoutèrent les lois et demeurèrent attachés au
principe divin auquel ils étaient apparentés, mais quand l'élément divin vint à diminuer en eux,
par l'effet du croisement avec de nombreux mortels. Ils tombèrent dans l’indécence... »
— Platon, Critias, 121a-b.
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Le Critias s'arrête là. Soit Platon n'écrivit jamais la suite , dans laquelle il devait détailler la guerre des
Athéniens contre les Atlantes, soit celle-ci s'est perdue. Le même doute subsiste quant à l'existence du
troisième dialogue, l'Hermocrate, qui devrait en toute logique compléter le triptyque.

Une étude stylométrique par ordinateur attribue à Speusippe divers textes de Platon : la Lettre VII,
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l'introduction du Timée, le Critias .

Notes et références
1. 27a-c
2. Cfr. Timée (25a-b et 29c-d)
3. 155d
4. 110a
5. Critias (trad. Léon Robin), p. 536 ; 114a
6. Gadiros : vraisemblablement « de Gadir » (Cadix) selon la note de Léon Robin 1950, p. 1509
7. Platon 2008, p. 270
8. |M. Levison, A. Q. Morton, A. D. Winspear, Mind, (new series) vol. 77, No. 307, July 1968, p.
309-325

Bibliographie
Luc Brisson (dir.), Michel Narcy et Platon (trad. du grec ancien par Michel Narcy), Théétète :
Platon, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, 2008 (1re éd. 2006), 2204 p.
(ISBN 978-2-08-121810-9).
Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Critias : Platon, Œuvres complètes, Paris, Éditions
Flammarion, 2008 (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9).
Jean-François Pradeau, Le Monde de la Politique. Sur le récit atlante de Platon, Timée (17–
27) et Critias, Sankt Augustin, Academia Verlag 1997
Marwan Rashed et Thomas Auffret, « On the Inauthenticity of the Critias », Phronesis, vol. 62,
no 3, 6 juin 2017, p. 237–254 (ISSN 0031-8868 (http://worldcat.org/issn/0031-8868&lang=fr) et 1568-5284 (h
ttp://worldcat.org/issn/1568-5284&lang=fr),
DOI 10.1163/15685284-12341326 (https://dx.doi.org/10.1163%2F15685284-12341326), lire en ligne (https://dx.doi.
org/10.1163/15685284-12341326), consulté le 16 février 2019)

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