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Section 4 / Les APU et les ISBLSM

 4.1. Définition du SI
 Quelle fonction principale et quelles ressources
principales ?
 4.2. Formation et utilisation du revenu des APU :
 Formation du revenu des APU : de la
production (non marchande) au RDB des APU
  Utilisation du revenu des APU : de la
consommation (DCI, DCC) au besoin de
financement des APU
 4.3. Les indicateurs des comptes publics
 Ratios de finances publiques, …
 4.4. Les ISBLSM

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4.1. Définition du SI des APU

 Les APU assurent deux grandes fonctions :


• La production de services non marchands (PSNM) : cette
fonction est retracée principalement dans les comptes de
production et d’exploitation des APU.
• L'activité de redistribution du revenu, fonction qui est
retracée dans le compte de distribution secondaire du
revenu des APU.
 Les ressources principales des APU proviennent des
prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales). Une
partie de ses ressources sert à payer les frais de
fonctionnement liés à la PSNM (salaires des fonctionnaires, CI,
CCF, etc.); l’autre partie est redistribuée sous forme de
prestations sociales (en espèces ou en nature) ou de
subventions de toutes sortes

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 C’est la « règle des 50% » qui permet de distinguer une
production marchande d’une production non marchande
 seuls les producteurs publics (des producteurs contrôlés par
des unités publiques) sont susceptibles d’être non marchands
par convention
 les producteurs privés sont toujours classés parmi les SNF ou
les ménages, abstraction faite des organismes sans but lucratif
de droit privé classés dans le secteur des ISBLSM.
 En revanche, des producteurs publics peuvent appartenir aux
SNF si ce sont des producteurs marchands.
 On en déduit que : le SI des APU regroupe des producteurs
publics non marchands, qui produisent des biens ou des
services dont le prix de vente est inférieur à 50% des coûts de
production, et des unités en charge des opérations de
redistribution du revenu.

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 L’application de la règle des 50%
permet de délimiter plus finement le
secteur des APU. Cette délimitation est
cruciale parce qu’elle commande le
chiffrage du déficit public qui, dans le
cadre du pacte de stabilité et de
croissance, doit être < 3% du PIB.

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 le SI des APU est découpé en trois
sous-secteurs :
• administration centrale (APUC)
• administrations locales (APUL)
• administrations de sécurité sociale (ASSO)

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 L’APUC est formée de l’Etat et d’organismes divers d’administration
centrale (ODAC) qui en dépendent : universités et écoles nationales
(ENA, Ecole Polytechnique, etc.), CNRS, CEA, ANPE, musées et
théâtres nationaux, etc.
 Les APUL regroupent les collectivités locales (régions, départements,
communes) et des organismes d’administration locale (ODAL) :
régies, districts, chambre de commerce, …
 Les ASSO rassemblent toutes les unités qui distribuent des
prestations sociales à partir des cotisations sociales obligatoires
(caisses de sécurité sociale : CNAM, CNAV, CNAF ; UNEDIC ;
régimes complémentaires vieillesse : AGIRC, ARRCO etc. ) (les
mutuelles ne font pas partie des ASSO) et les organismes auxquels
ces unités procurent leurs ressources principales (hôpitaux publics,…)
appelés organismes dépendant des assurances sociales (ODASS).
• A noter que les assurances sociales sont classées parmi les APU
alors même que les caisses locales de sécurité sociale sont des
organismes privés gérés paritairement par les représentants
d’employeurs et de salariés : critère marchand / non marchand
l’emporte sur le critère non public / privé.
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4.2. Formation et utilisation du
revenu des APU

 Les comptes des APU suivent la même


logique que ceux des autres secteurs.
 Les APU tirent leur ressources
• de leur VA. La VA des APU a été de 312 mds
d’euro en 2009 (304 Mds en 2008), soit 20%
de la VA totale (1721,7 Mds) (mais 17,4% en
2008 : effet de la crise et des stabilisateurs
automatiques)
• les prélèvements obligatoires (P.O.) collectés
constituent l’autre partie significative de leurs
ressources. 7
Dans ces prélèvements, on distingue comme on
va le voir ensuite deux grandes catégories :
 Les impôts sur les produits (127 Mds en 2009
avec TVA surtout), ceux liés à la production, les
impôts sur les importations qui figurent en
ressources du compte d’affectation des
revenus primaires parce qu’ils sont considérés
comme des revenus primaires
 Les impôts directs (impôts sur le revenu,
autres impôts courants) et les cotisations
sociales qui figurent en ressources du compte
de distribution secondaire du revenu.
 Reprenons à présent la séquence des comptes
pour les APU 8
4.2.1. Le compte de
production
 Aucune difficulté particulière : il retrace
essentiellement l’activité de PSNM
(collective et individualisable) des APU,
estimée au coût de production = 360 Mds
en 2009
 A noter tout de même une part de
production marchande = 54 Mds
 Pour obtenir la VAB on retire les CI (104
Mds) des APU
 => VAB des APU = 312 Mds

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4.2.2. Le compte d’exploitation
 Ressources : la VAB (312 Mds)
 Emploi :
• Salaires et cotis soc = 254,3 Mds (82% de
la VAB)
• Salaires et traitements bruts : 173 Mds
• Cotis soc employeurs effectives : 45 Mds
• Cotis soc employeurs imputées : 36 Mds
• Impôts sur la production : 9 Mds
• Subvention d’exploitation : -3,2 Mds
 Solde = EBE = 52 Mds
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4.2.3. Le compte d’affectation
des revenus primaires (CARP)
 Compte important puisque c’est ici qu’apparaissent comme
ressources : les impôts sur les produits (TVA, TIPP…), les
« autres impôts sur la production » (taxe professionnelle, taxe
foncière sur le bâti, etc.) :. ces impôts étant directement assis
sur l’activité productive, ils sont enregistrés dans le CARP et
non dans le compte de distribution secondaire des revenus
(comme le sont la plupart des impôts directs). Le même
principe est retenu pour les subventions (subventions sur les
produits et d’exploitation), mais enregistrées en négatif (car
versées par les APU), côté ressources (par pure convention).
 Un autre poste habituel à ce niveau apparaît : les revenus de la
propriété (intérêts, dividendes) reçus ou versés. Les APU
peuvent recevoir des dividendes (Etat actionnaire de SNF)
mais elles n’en distribuent pas (les APU n’émettent pas
d’actions, qui sont titres de propriété). En revanche, les APU
reçoivent et surtout versent des intérêts (cf la « charge de la
dette publique ») 11
 Au final dans ce compte on a principalement (chiffres 2009)
 Ressources :
• EBE = 52 Mds
• Taxes de type TVA = 127 Mds
• « Autres impôts sur les produits » = 70 Mds
• Impôts sur la production = 62 Mds
• Revenus de la propriété (intérêts, dividendes) = 17
Mds
• Subventions (d’exploitation, sur les produits) = - 32
Mds
 Emplois :
• Intérêts versés : 47.2
• Solde = « solde des revenus primaires » = 274 Mds
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4.2.4. Le compte de distribution
secondaire des revenus

 Compte central retraçant la grande partie des


opérations de redistribution des APU.

 Côté ressources, on trouve ainsi :


• Les impôts sur les revenus (IRPP, Impôts sur
Bénéfices des sociétés, CSG, etc.) et d’autres
impôts courants (ISF) de même que les amendes et
pénalités.
• La quasi-totalité des cotisations sociales : cotisations
sociales effectives à la charge des employeurs, des
salariés, cotisations des non salariés, cotisations
sociales imputées versées par les APU.
• Indemnités d’assurance dommage ; autres petits
postes.
 Côté emplois, on trouve :
• Les prestations sociales en espèces, qu’elles relèvent d’un
régime d’assurance (retraites, indemnités chômage, indemnités
journalières maladie, etc.) ou d’assistance (RSA…)
Attention ! Les prestations sociales en nature (achats en lieu et
place des ménages : remboursement de soins médicaux, APL,
etc.) sont incluses dans la DCF individuelle des APU et ne figurent
donc pas dans ce compte de redistribution.
• Coopération internationale courante (tout petit poste) =
opérations de transferts (non fiscaux) entre APU résidentes et
APU non-résidentes ou organisations internationales (Programme
des Nations Unies pour le Développement, OMC, etc.). Ce poste
figure en ressources et en emplois mais les empois excèdent les
ressources dans le cas français.
• Les transferts courants divers : y figurent les subventions
versées par les APU aux ISBLSM, la « quatrième ressource »
(impôt versé par les Etats membres aux institutions européennes
et dont l’assiette est le RNB des états dont environ 1 % va à la
« quatrième ressource ») .
• Note 1. Le RNB est égal au PIB moins les revenus primaires à
payer à des unités non-résidentes, plus les revenus primaires
à recevoir des unités non-résidentes (grosse différence pour
un pays comme l’Irlande)
• Note 2. La « quatrième ressource » : introduite en 1988 , elle
est un prélèvement sur le RNB . On parle de « 4e ressource »
(qui n’est pas une ressource propre de l’UE), car
historiquement l’UE disposait de 3 autres ressources : droits
de douane aux frontières de l’Europe, amendes payés aux
instit de l’Europe et prélèvement sur TVA (introduit en 1979)

15
16
4.2.5. Le compte d’utilisation du
revenu
 En emplois figure la DCF des APU (comprend DCF
collective et DCF individualisable).

 La CFE des APU est égale à leur DCF collective (car


on soustrait la DCF individuelle : voir le compte des
ménages). En définissant la CFE des APU comme
leur DCC, les CNx font comme si les APU
consommaient leur propre production de SNM
(défense, sécurité, justice, administration
générale…) qui en réalité bénéficie à la collectivité

 Le solde est l’EB


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4.2.6. La prise en compte des
TSN

19
4.2.7. Le compte de capital
 Côté emplois : FBCF des APU.

 Côté ressources : les transferts en capital (impôts en


capital prélevés, notamment droits de succession ; les
aides à l’investissement = ressource négative mais
parfois aussi positive, quand l’Etat verse des aides aux
APU locales pour la construction de route).

 Le solde du compte est structurellement négatif en


France depuis près de 30 ans : il s’agit donc d’un
besoin de financement, mesurant le déficit public des
APU (Etat mais aussi des APUL et ASSO).
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4.3. Quelques indicateurs
 Trois ratios souvent utilisés :
• taux de prélèvements obligatoires
(P.O.) =
(Impôts + CS) / PIB
• Taux de déficit public = déficit public /
PIB
• Taux de dette publique = dette publique
/ PIB
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4.3.1 Les PO
 le taux de prélèvements obligatoires
est souvent assimilé à un indicateur du
poids de l’Etat. C’est ignorer à la fois le
contenu du numérateur et l’incidence
du dénominateur:
• le numérateur du ratio ne se réduit pas aux
impôts (cf rôle majeur des CS)
• Le ratio dépend fortement de la conjoncture

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 le numérateur inclut, outre les impôts, les cotisations
sociales (entre 30% et 40% du montant total des
PO), qui sont un instrument de socialisation de la
répartition.
 Les PO ne financent pas seulement les dépenses de
fonctionnement de l’Etat, ils sont la contrepartie des
transferts sociaux qui permettent de socialiser une
partie des dépenses de santé, d’éducation, etc.
 L’évolution du ratio est étroitement subordonnée à
celle de la conjoncture : ↑PIB ↓ taux de PO.

24
 Taux de P.O. = (impôts et des cotisations sociales
effectives obligatoires) / PIB
26
27
Impôts prélevés (autres que ceux reversés aux ASSO) en % du
PIB, 1959-2008

26,0

24,0

22,0

20,0

18,0
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Cotisations sociales et impôts prélevés pour le compte des
Administrations de Sécutité Sociale (ASSO) en % du PIB, 1959-
2008

25,0

20,0

15,0
10,0

5,0
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
4.3.2. Le déficit public

 Par déficit public, on désigne les déficits des


APU (Etat, collectivités locales et territoriales,
Sécurité sociale) et pas seulement le déficit
budgétaire de l’Etat.
 Le déficit public est mesuré par la différence
entre les ressources et les dépenses des APU
au cours d’une période de temps, généralement
l’année.
 déficit public = besoin de financement des APU
 On dispose donc d’un premier indicateur en
rapportant le déficit public au PIB.
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 L’un des critères de convergence du
traité de Maastricht, qui conditionnait la
qualification pour l’euro, imposait un
déficit public < 3% du PIB.
 Ce critère a été conservé dans le pacte
de stabilité signé par les Etats
membres et garant de leur stabilité
budgétaire. Ceux-ci se sont engagés à
notifier à la commission européenne
leur déficit public rapporté au PIB.

31
32
Déficit public au sens de Maastricht en % du PIB, 1959-2008

2,0

0,0

-2,0

-4,0

-6,0

-8,0
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
4.3.3. Le dette publique

 La distinction entre la notion de déficit public et celle de


dette publique recouvre celle entre un flux et un stock :
le déficit public est un flux ; la dette publique un stock.
 La dette publique correspond aux stocks des emprunts
effectués pour financer les déficits publics des APU.
 La dette publique brute représente l’ensemble de ces
emprunts publics, c’est-à-dire les dettes de toutes les
APU.
 elle revêt deux principales formes : les BTN (bons du
Trésor négociables) et les OAT (obligations assimilables
du Trésor).
 Le critère de convergence sur la dette publique
plafonnait cette dernière à 60% du PIB ; ce ratio
demeure un indicateur de convergence des finances
publiques retenu dans le pacte de stabilité.
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 La dette publique provoque un
alourdissement futur des PO pour faire
face à son remboursement  charge de
la dette
 « Spirale de la dette » : endettement
élevé qui accroît la charge de la dette,
qui alourdit le déficit, qui aggrave la
dette, etc.

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 Il existe une relation entre taux de dette
publique, taux de déficit public, et taux de
croissance de l’économie !
d=b g
Avec d = déficit / PIB; b = dette / PIB;
g = PIBt/PIBt
En considérant un taux de croissance de 4%,
stabiliser l’endettement à 60% du PIB implique
de contenir le déficit en dessous de 2,4% du
PIB.

36
 Si la dette est un engagement des générations
présentes vis-à-vis des générations futures, elle
n’est pas pour autant un « fardeau » car elle est
aussi le reflet :
• des investissements de l’Etat pour la collectivité,
qui profiteront aux générations futures
• et de son effort pour promouvoir la justice
sociale.
• de plus la dette est détenue par certains !
 De hauts niveaux de dépenses publiques ne
nuisent pas forcément à la croissance et au bien-
être des populations (ex: pays scandinaves)37
Dette publique au sens de Maastricht en % du PIB,
1978-2008

80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
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4.4. Les ISBLSM
 Les ISBLSM regroupent l’ensemble des unités privées
dotées de la personnalité juridique qui produisent des
biens et services non marchands au profit des
ménages. Il s’agit de producteurs privés non
marchands.
 En dehors de ce type d’institutions, tous les producteurs
privés sont par convention considérés comme des
producteurs marchands et classés à ce titre dans le SI
des SNF. Les ISBLSM correspondent à ce qu’on
appelait dans la base 1980 les administrations privées.
 A noter : le caractère « non lucratif » de ces institutions »
se relève dans leur compte d’exploitation : leur EBE est
quasi nul (toute leur VA est distribuée en rémunérations
salariales = 20 mds d’euros). 40
 Les ISBLSM ont une dépense de consommation
dont on considère qu’elle est entièrement
individuelle. Cette DCI correspond à des
transferts de biens et services non marchands
individuels (faisant partie des TSN dont
bénéficient les ménages)
 A ce titre elle constitue une part de la
consommation finale effective des ménages,
encore faible toutefois, de l’ordre de 2%.

41
 Le secteur des ISBLSM regroupe 5
types d’unités :
• les partis politiques
• les syndicats de salariés
• les associations cultuelles
• les fondations (hormis les fondations
d’entreprise)
• Les associations de loi 1901 (humanitaires,
sportives, de loisir, etc.)
42
 Leur production a été multipliée par trois depuis
1980 et leur VAB par quatre
 La VAB des ISBLSM est sensiblement réévaluée
par rapport à la base 1995. Ex: VA 2003 (en base
1995) = 6 mds et VA 2003 (en base 2000) = 16,3
mds). C’est dû à la nouvelle comptabilisation de
l'action sociale (accueil des personnes
handicapées) et de l'éducation (école privées
sous contrats), auparavant attribuée aux APU et
désormais comptabilisée dans le secteur des
ISBLSM.

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 Selon les CN (cf. tableau page suivante),
la VAB des ISBLSM n’est que de 22,2
Mds en 2009, soit 1,2% du PIB
 Pourtant, selon une étude de l’INSEE de
Fév 2009, l’emploi dans l’Economie
sociale représente 10% de l’emploi
salarié

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 L’emploi dans l’ES représente 10% de
l’emploi salarié en 2006 (Insee Première
Février 2009)
 Comment expliquer ce contraste ?
 L’ES est « écrasée » dans les CN :
• Une bonne part de l’activité des associations est
imputées aux APU. Si les assoc. reçoivent des APU
plus de 50% de leurs recettes, elles sont considérés
comme APU.
• L’activité des mutuelles est imputée au secteur des
assurances
• L’activité des coopératives n’est pas distinguée de
celle des SNF ou des SF (pour les banques
coopératives)
• Bref, seul reste le « reliquat ».
 Selon une étude de Philippe Kaminski
(2009), le poids réel de l’économie
sociale est de l’ordre de 6 à 7% du PIB
avec 3% pour les assoc. (et fondations)
et 3% pour les mutuelles et coopératives
 Explications du contraste entre 10%
emploi et… 6-7% PIB
• Temps plein et TTP
• Travail moins valorisé
• Pas de FBCF
• Peu de TVA…

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