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NDRC1 JV CEJM

3 ème cours
Thème 1
L’intégration de l’entreprise dans son
environnement
Chapitres 1.1 à 1.4

Frédéric ALBA-SAUNAL
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Jeudi 26 octobre 2023 9h
Rappels
CEJM, 6 thèmes sur deux ans
1. L’intégration de l’entreprise dans son environnement
2. La régulation de l’activité économique
3. L’organisation de l’activité économique

4. L’impact du numérique sur la vie de l’entreprise


5. Les mutations du travail
6. Les choix stratégiques de l’entreprise
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Rappel : plan du thème 1
(Intégration de l’entreprise dans son environnement)
1. Les acteurs de la vie économique
2. Les lois du marché
3. Les externalités
4. La concurrence et les relations de coopération
5. Le rôle des banques et du marché financier
6. Les contrats formation, classification et conditions de validité
7. Les effets des contrats
8. Les finalités économiques sociales et sociétales de l’entreprise
9. La performance
10. Logiques entrepreneuriales et managériales
11. Les parties prenantes de l’entreprise -3-
Chapitre 1.1 : Les acteurs de la vie économique – Les interdépendances

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Introduction :
Il s'agit ici de s'efforcer de donner une vue d'ensemble de l'activité économique à partir d'une
description des agents économiques et à partir du concept de circuit économique. On
appelle « agent économique» un individu ou un groupe d'individus représentant un centre de
décision autonome. En analyse économique les agents économiques sont regroupés en un
nombre limité de catégories (6 catégories pour être plus précis).
Les actes quotidiens de la vie économique sont multiples -- qu'il s'agisse de produire, de
vendre, de consommer, il y a une réalité incontournable : tous ces actes sont ordonnés pour
constituer un circuit économique. Le circuit économique résulte donc d'opérations effectuées
par une multitude d'agents économiques ; administrations, entreprises, ménages, etc....
Avant de procéder à une description du circuit économique nous retiendrons le classement
des agents économiques utilisé par le système élargi de comptabilité nationale (SECN).
Depuis la mise en place de ce système, le concept d'agent économique est abandonné --
aujourd'hui, on parle plutôt « d'un ensemble d'unités institutionnelles regroupées en secteurs
institutionnels».
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I -- Les secteurs institutionnels

5 secteurs institutionnels résidents sont retenus par le


système élargi de comptabilité nationale. Ces secteurs
sont les suivants :

1. les sociétés non financières (SNF)


2. les sociétés financières (SF)
3. les administrations publiques (APU)
4. les ménages
5. les Institutions Sans But Lucratif au Service des
Ménages (ISBLSM)

+ 1 secteur non résident : Le Reste du Monde


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1° secteur : les sociétés et quasi-sociétés non financières
Leur fonction principale consiste, bien entendu, à produire des biens ou services non
financiers.

Les sociétés :
• Il s'agit de toutes les formes de société quelle que soit leur forme juridique -- sociétés
privées, société d'économie mixte, société nationalisée, société coopérative, etc...
Les quasi sociétés : nous en distinguons ici deux catégories :.
• Les quasi-sociétés publiques : il s'agit ici des organismes publics qui vendent leur
production au public, par exemple la SNCF ou EDF.
• Les quasi-sociétés privées : il s'agit ici des succursales d'entreprises étrangères installées
en France, par exemple Fiat France, Ford France, IBM France etc....
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2° secteur : Les sociétés financières

Elles servent à financer l'économie. Elles regroupent les banques et les sociétés
d’Assurance. Pour cela elles doivent, d'une part collecter les ressources disponibles et
d'autre part les repartir sous forme de crédit. Il s'agit en bref de collecter l'épargne pour la
redistribuer sous forme de crédit.

3° secteur : Les ménages

En économie, le sens du mot « ménage » diffère quelque peu du sens commun. Les familles
ordinaires sont, bien entendu, des ménages mais aussi les célibataires ainsi que les
institutions regroupant des personnes vivant en communauté (prisons, hospices,
communautés religieuses ou militaires).
Les ménages consomment et produisent -- c'est leur fonction principale.
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4° secteur : Les administrations publiques
Il s'agit de l'état, des collectivités locales, de la sécurité sociale etc.
Les administrations publiques fournissent des services qui apparaissent gratuits aux
utilisateurs mais qui sont financés en fait à partir des prélèvements obligatoires effectués sur
les revenus des agents économiques. Ces services sont qualifiés de services non
marchands dans la mesure où ils ne sont pas échangés sur un marché.
La fonction principale des administrations publiques consiste donc à assurer la satisfaction
des besoins collectifs de l'ensemble de la société.
5° secteur : Les Institutions Sans But Lucratif au Service des Ménages
Anciennement appelées administrations privées, elles regroupent les agents qui fournissent
des services non marchands. On y trouve pêle-mêle les associations, la plupart des clubs
sportifs, les partis politiques, les syndicats, les organisations religieuses...
-9-
6° secteur : Le reste du monde

Ce secteur doit être considéré à part dans la mesure où aucune fonction principale ne le
caractérise (contrairement aux autres secteurs).

On y trouve ainsi les ambassades étrangères installées en France, les entreprises françaises
installées à l'étranger, les travailleurs frontaliers..... Les relations entre le secteur résident et
le Reste du Monde sont résumées, en ce qui concerne les flux physiques, par les
importations et les exportations. On comptabilise également ici le solde des transferts reçus
et des transferts versés ou encore le solde des capitaux reçus de l’étranger et des capitaux
versés à l’étranger.

- 10 -
II - Le circuit économique simplifié. Notion de flux réel et monétaire

L'explication du mécanisme du circuit économique simplifié nous conduira à dégager


l'interdépendance entre les fonctions économiques.

Schéma :

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Ce schéma met en évidence deux types de flux : les flux réels et les flux monétaires.
• Flux réels : Travail et Production.
• Flux monétaires : Rémunération et Dépenses de consommation.
Dans cette optique ultra simplifiée, nous pouvons déjà évoquer les « trois temps de la valse
économique ».
En effet, si l'on fait la somme de toutes les rémunérations perçues par tous les ménages, le chiffre
obtenu correspondra au revenu national (RN).
Si l'on fait la somme de toutes les dépenses effectuées par tous les ménages, le chiffre obtenu
correspondra à la dépense nationale (DN).
Si l'on fait la somme de toutes les productions en valeur réalisées par toutes les entreprises, le chiffre
obtenu correspondra au produit national (PN).
Bien entendu, il s'agit d'une vision simplifiée des choses, mais, d'ores et déjà nous pouvons dire
que le circuit économique simplifié met en évidence une équation fondamentale : PN = R N =D N --
en d'autres termes production= revenu= dépense.

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Toute production génère un revenu qui génère une dépense. Nous sommes ici à la
base du raisonnement économique. Les fonctions de production, revenu, dépense,
répartition, sont donc étroitement interdépendantes.
C'est la raison pour laquelle on parle de « valse économique » dont les trois temps
sont la production, le revenu, et la consommation.
Par ailleurs, le produit national, la dépense nationale, et le revenu national sont des
agrégats. En économie réelle le produit national correspondra au PIB -- le revenu
national correspondra au PNB -- la dépense nationale à la DIB.
Définition d'un agrégat : un agrégat est une grandeur utilisée en comptabilité nationale
pour caractériser l'activité économique d'une société donnée.

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Dans le circuit simplifié, ces agrégats ne sont pas des grandeurs
économiques différentes les unes des autres. En effet, nous avons vu qu'il
représente le même flux circulaire appréhendé sous trois optiques différentes :
• l'optique de la production pour le produit national
• l'optique du revenu pour le revenu national
• l'optique de la dépense pour la dépense nationale.

Encore une fois, dans la réalité les choses sont un peu plus complexes.
Toutefois, la base du raisonnement économique sur l'interdépendance entre la
production le revenu et la dépense ne doit jamais être perdue de vue
- 14 -
Fin du chapitre 1.1

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Rappel : plan du thème 1
(Intégration de l’entreprise dans son environnement)
1. Les acteurs de la vie économique
2. Les lois du marché
3. Les externalités
4. La concurrence et les relations de coopération
5. Le rôle des banques et du marché financier
6. Les contrats formation, classification et conditions de validité
7. Les effets des contrats
8. Les finalités économiques sociales et sociétales de l’entreprise
9. La performance
10. Logiques entrepreneuriales et managériales
11. Les parties prenantes de l’entreprise - 16 -
Chapitre 1.2 : Les lois du marché et leurs limites

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Introduction : le fonctionnement théorique des marchés
Un marché peut se définir comme le lieu de rencontre entre une offre et une demande. Cette
rencontre détermine une quantité échangée (de bien et de services, de travail, de monnaie,
de titres financiers) et un prix de vente (prix des biens pour le marché des biens et des
services, cours boursiers pour le marché des titres financiers, salaires pour le marché du
travail, taux d’intérêts pour le marché monétaire, etc.…).
En théorie, les lois du marché ne peuvent réellement fonctionner que dans le cadre d’une
concurrence pure et parfaite.
Nous commencerons par expliquer le mécanisme théorique de la loi de l’offre et de la
demande et caractériserons ensuite la notion de concurrence pure et parfaite.

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I - la loi de l’offre et de la demande

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En abscisse, on porte la quantité donnée d’un bien quelconque. En ordonnée, on porte le prix de ce
bien. On peut imaginer les quantités qui seraient offertes par les producteurs pour différents prix et
représenter par un point chaque combinaison prix-quantité. On obtient ainsi un tracé du type de la
courbe O. On constate que cette courbe est forcément croissante puisque les quantités offertes
augmentent lorsque le prix augmente. En procédant de la même façon pour les quantités demandées,
on obtient un tracé décroissant du type de la courbe D.
Dans l’hypothèse d’un marché concurrentiel, le prix est librement déterminé entre les offreurs et les
demandeurs jusqu’au moment où l’offre est égale à la demande. Dans cet exemple on voit qu’il
n’existe qu’un seul prix (P1) correspondant à une équivalence entre l’offre la demande. Ce prix est
qualifié de « prix d’équilibre ».
On dit qu’il s’agit d’un prix d’équilibre car la fixation de tout prix plus faible ou plus élevé enclenche un
mécanisme d’ajustement automatique qui ramène en P1. Par exemple, un prix fixé en P2 entraîne
une offre excédentaire par rapport à la demande. Dans ce cas, les producteurs ne parviendront pas à
écouler tous leurs produits à ce prix. La concurrence entraînera alors une baisse des prix jusqu’en P1.
Si au contraire le prix est fixé en P3, il y aura une demande excédentaire par rapport à l’offre. Cet
excès de demande permettra aux producteurs de monter les prix jusqu’en P1.

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Dans le cadre d’une concurrence pure et parfaite, la loi de l’offre et de la demande correspond donc à un mécanisme d’ajustement
automatique des prix.
Le » credo libéra l » se fonde largement sur la croyance dans les vertus des lois du marché pour la régulation automatique de
l’économie (voir le concept de « main invisible » d’Adam Smith).
La loi de l’offre et de la demande est censée s’appliquer sur tous les types de marchés:
• Sur le marché du travail (rencontre entre l’offre de travail en provenance des salariés et la demande de travail en provenance
des employeurs) — le prix du travail (salaire) résulterait donc théoriquement d’un ajustement automatique.
En fait de multiples facteurs influencent le marché du travail et l’offre et la demande n’explique pas tout. Il faut aussi tenir
compte des secteurs d’activité, des métiers exercés, de la politique du gouvernement de la capacité des syndicats à négocier
etc… La loi de l’offre et de la demande ne représente donc qu’une base d’analyse.
• Sur le marché des capitaux (rencontre entre les offreurs et les demandeurs de capitaux) — la fixation des taux d’intérêts
résulterait donc également d’un mécanisme d’ajustement automatique. En pratique les taux d’intérêt dépendent surtout de la
politique monétaire de l’état – si celle-ci est expansive les taux directeurs baisseront – Si celle-ci est restrictive, les taux
monteront.
• Sur le marché du change – la fixation du cours des monnaies dépendrait également des lois du marché. La réalité est encore
une fois différente dans la mesure où le marché du change dépend beaucoup plus des anticipations plus ou moins
hasardeuses des opérateurs que des lois du marché entendues au sens théorique.
Toutefois, l’application parfaite des lois du marché suppose que les conditions de réalisation de la concurrence pure et parfaite
soient remplies.

La concurrence peut-elle être réellement pure et parfaite ? Cette notion n’est-elle pas utopique ? La loi de l’offre et de la demande
ne correspond-t-elle pas finalement à une modélisation abstraite parfois bien éloignée de la réalité ?
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II — La notion de concurrence pure et parfaite
La concurrence parfaite n’existe pas dans la réalité, elle correspond toutefois un schéma idéal que les économistes ont
tracé. Cette notion ne doit donc être conçue qu’en tant que base de raisonnement.
Ce schéma idéal se caractérise par la réunion de 5 éléments :
1er élément : l’atomicité
L’atomicité d’un marché se caractérise par la présence d’un grand nombre d’offreurs et de demandeurs. Ces offreurs et ces
demandeurs doivent être de taille réduite (« atomes »). On dit qu’il y a atomicité d’un marché lorsqu’aucun agent du marché
(acheteur ou vendeur) ne peut, par sa seule action exercer une influence sur les conditions du marché. En bref, cela signifie
qu’un seul acheteur ou un seul le vendeur ne peut, par sa seule action, faire baisser le prix du marché. Par exemple, si un
seul acheteur décide de doubler sa consommation journalière de sel, cela représentera une « goutte d’eau dans la mer », et
le prix du sel ne baissera pas. Inversement, si un seul vendeur de sel décide de monter ses prix, cette variation n’aura
aucune influence sur le prix global du sel. Ainsi, aucun vendeur ou acheteur ne représente un poids suffisant pour influencer
les conditions du marché et notamment le prix d’équilibre. Cette situation d’atomicité suppose l’absence totale de monopole,
l’absence totale d’entente entre les groupes d’entreprise, l’absence de position dominante. Le prix correspond donc un prix
d’équilibre déterminé par le marché et ce prix s’imposera à tous les agents, qu’ils soient consommateurs ou producteurs.
Si l’on prend l’exemple du marché du travail, la concurrence pure et parfaite se caractériserait par le fait qu’aucun travailleur
ou groupes de travailleurs ne pourrait prendre de décisions susceptibles de modifier sensiblement la quantité globale de
travail disponible est donc le salaire d’équilibre — cela suppose donc l’absence de syndicats ou de groupes de pression. - 22 -
2° élément : L’entrée libre sur un marché
Dans cette hypothèse l’accès des offreurs ou des demandeurs sur un marché doit être totalement libre. Toute
réglementation imposant des conditions préalables à l’exercice d’une activité est donc exclue. On devrait
pouvoir librement créer une pharmacie, par exemple ! !
3° élément : l’homogénéité
Tous les produits offerts sur le marché doivent être comparables ou homogènes. En d’autres termes chacune
des unités proposées par les offreurs doit être totalement interchangeable. Curieusement, cela suppose
l’absence de publicité et cela suppose aussi que les vendeurs ne pratiquent pas une politique de différenciation
des produits.
Pour en faire une application au marché du travail, cela supposerait que les employeurs soient indifférents à la
personnalité des travailleurs. De ce point de vue, un employeur n’établirait pas une relation avec un travailleur
mais se contenterait d’acheter des heures de travail en étant indifférent au fait que ces heures soient effectuées
par tel ou tel. En cas d’absence d’homogénéité, les lois du marché se trouvent donc remises en question parce
que l’offre et la demande ne sont plus seulement fonction du prix mais de toutes les caractéristiques qui sont
susceptibles de différencier chaque unité échangée sur le marché.
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4° élément : La transparence des marchés
La transparence d’un marché se caractérise par une parfaite circulation de l’information sur
les conditions du marché. Cela signifie qu’à tout moment, les acheteurs doivent pouvoir
connaître l’ensemble des prix pratiqués par les entreprises. De même, cela suppose que les
producteurs puissent connaître à tout moment les conditions de prix et de production de
leurs concurrents.
De ce point de vue, la concurrence ne peut jouer que si, à chaque instant, tout le monde
connaît les prix proposés et les quantités offertes ou demandées par tous les autres agents.
Tout événement susceptible de modifier les conditions d’échange est aussitôt connu partout
le monde. Ceci paraît assez peu réaliste.

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5° élément : La parfaite mobilité des facteurs
Les agents et les biens doivent pouvoir librement circuler. Dans l’absolu, la concurrence
parfaite suppose que n’importe quel acheteur ne soit pas gêné par la distance géographique,
les frais de transport, les habitudes commerciales, etc.…. pour entrer en contact avec
n’importe quel vendeur. Par ailleurs le processus concurrentiel suppose que les entreprises
puissent continuellement déplacer les facteurs de production d’un produit pour pouvoir
s’adapter aux variations de la demande. Encore une fois, si l’on fait une application au
marché du travail, cela supposerait que les employeurs puissent déplacer d’une activité à
une autre n’importe quel volume d’heures de travail ou de salariés, et cela de manière
instantanée.

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En conclusion, nous pouvons dire que le modèle de concurrence pure et
parfaite est considérablement éloigné de la réalité. Notons tout de même que
sur le marché des capitaux la concurrence est presque parfaite.
En revanche, sur le marché des biens et des services ou sur le marché du
travail, les lois du marché ne peuvent, tout au plus, que refléter quelques
tendances. Il est vrai, par exemple, qu’en période de chômage les salariés
subissent une pression à la baisse des salaires. Il n’en demeure pas moins que
le fonctionnement global et concret des marchés s’écarte considérablement de
cette modélisation.
- 26 -
Fin du chapitre 1.2

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Rappel : plan du thème 1
(Intégration de l’entreprise dans son environnement)
1. Les acteurs de la vie économique
2. Les lois du marché
3. Les externalités
4. La concurrence et les relations de coopération
5. Le rôle des banques et du marché financier
6. Les contrats formation, classification et conditions de validité
7. Les effets des contrats
8. Les finalités économiques sociales et sociétales de l’entreprise
9. La performance
10. Logiques entrepreneuriales et managériales
11. Les parties prenantes de l’entreprise - 28 -
Chapitre 1.3 : Les externalités
Introduction
Lorsqu’une opération économique, entre deux agents A et B, a des
effets sur un troisième agent C sans qu’il y ait transaction monétaire ou
convention d’échange entre A et C ou entre B et C, on dit qu’il y a
création d’une externalité.
Si l’externalité créée s’opère au détriment de C, c’est-à-dire si elle
diminue son bien-être actuel, ou l’empêche de jouir d’un bien, d’un
service potentiel, on dit qu’il s’agit d’une externalité négative ou d’une
« déséconomie » externe.
Si du fait de la transaction entre A et B, l’agent C voit augmenter son
bien-être, sa richesse, ses possibilités d’action, de connaissance,
s’améliorer son environnement, on dit qu’il y a création d’externalité
positive. - 29 -
C’est l’économiste Alfred Marshall qui a introduit la notion
d’externalités positives technologiques à propos d’une entreprise C qui,
par son implantation géographique, bénéficie d’avantages (transport,
accessibilité, proximité des marchés, des concurrents) au-delà de sa
contribution fiscale ou marchande.
Chez Marshall, la part de croissance de la firme qui ne relève pas de
l’accumulation du capital et du travail, mais de la technique, s’explique
par ces externalités technologiques.
En bref on peut distinguer les externalités selon le type d’effets
économiques qu’elles impliquent. On distingue de ce point de vue les
externalités négatives et les externalités positives.
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I – Notion d’externalité et exemples
Les externalités positives sont qualifiées d’économies externes - elles désignent les situations où un agent
économique (entreprise, ménage ou administration) bénéficie de l'action de tiers sans qu'il ait à payer.
Les externalités négatives sont qualifiées de « déséconomies » externes et désignent des situations où un
acteur est défavorisé par l'action de tierces personnes sans aucune compensation

Externalité positive Externalité négative

Acteur N'est pas compensé N'a pas à le supporter

Tiers N'a pas à payer N'est pas compensé

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A – Quelques exemples d’externalités positives
1 - L’exemple classique de l’apiculteur et de l’arboriculteur de James Mead (1952)

Un arboriculteur et un apiculteur sont voisins. Les avantages réciproques que chacun retire
de cette proximité sont nombreux sans qu’aucune compensation financière ne soit versée ni
par l’un ni par l’autre. Grâce à la pollinisation naturelle de ses arbres l’arboriculteur obtiendra
de meilleurs rendements tandis que l’apiculteur obtiendra un miel de meilleure qualité qu’il
pourra vendre à un meilleur prix.
On voit donc dans cet exemple que la production d’un bien (arbres) peut entraîner la
production non voulue d’un bien secondaire (miel) : on qualifie ce phénomène de
« production jointe ». Par ailleurs, il est impossible d’empêcher la consommation ou la
production du bien secondaire. On qualifie ce phénomène de « non exclusion ».

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2 – La recherche-développement
Lorsqu’une société finance des recherches, elle n’est généralement pas la seule à en profiter.
Le gain privé qu’obtient la société en vendant les produits issus de ses propres activités de R&D ne
tient pas compte en général du gain qu’en tirent indirectement d’autres personnes.
On voit donc qu’en cas d’externalité positive, le gain privé est très souvent inférieur au gain
social.

3 – Les progrès de la médecine


Prenons une hypothèse d’école :
Imaginons qu’un traitement efficace soit mis au point pour lutter contre l’arthrite rhumatoïde. Cela
permettrait à 10,000 personnes de 35 à 45 ans de réintégrer le marché du travail, donc cela
diminuerait la dépendance de ces individus à l’égard de l’État. Ils pourraient retrouver du travail et
payer plus d’impôts.
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4 – L’effet de réseau

Ici aussi l’exemple est classique pour caractériser une externalité positive réciproque : la valeur accordée par un
consommateur à un service de réseau augmente lorsque le nombre de consommateurs de ce service s'accroît.
Ainsi en est-il par exemple du téléphone portable : plus nombreux sont les correspondants accessibles, plus
l’abonnement devient intéressant pour un nouvel abonné.

Ex : Plus le réseau 5G est étendu et plus il devient intéressant de s’abonner.

Plus il y a de membres sur un réseau et plus il est intéressant d’y adhérer ( ex : Facebook, Linkedin, etc.).

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B – Quelques exemples d’externalités négatives

1 – La pollution
Les centrales au charbon provoquent des pluies acides qui abîment la carrosserie des voitures. Les
propriétaires de ces voitures perdent de l’argent (leur voiture vaut moins) sans avoir été indemnisés…
La combustion des hydrocarbures produit une pollution, qui génère des coûts et entraine des
maladies, provoque le réchauffement climatique, ce qui induit plus de catastrophes climatiques qui
provoquent elle-même un coût non assumé par les pollueurs.
Le principe du « pollueur payeur » a donc été adopté depuis 1972 : en effet, selon ce principe
(énoncé par l'article L 110-1 du Code de l'Environnement) les frais résultant des mesures de
prévention, de réduction et de lutte de la pollution doivent être pris en charge par le pollueur.
Le principe « pollueur-payeur » a été adopté par l’OCDE en 1972 en tant que principe économique
visant l’imputation des coûts associés à la lutte contre la pollution. Ce principe est un des principes
essentiels qui fondent les politiques environnementales dans les pays développés.

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On peut aussi reprendre l’exemple célèbre de James Mead mais en imaginant les effets
négatifs des pesticides.

Ainsi, l'agriculteur qui, dans le cadre d’une agriculture intensive et qui, pour plus de
rentabilité, utilise des pesticides, favorise l'intoxication humaine. En effet, les plantes
s’infectent par la pollution et les abeilles produisent du miel contaminé. Comme la pollution
est invisible, l'apiculteur vend ses produits issus des abeilles sans savoir qu'ils contiennent
des agents externes et les agriculteurs continuent à cultiver avec leurs pesticides.
Un cercle vicieux s'installe alors.

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2 – Accidents de la circulation
Lorsqu'un accident se produit un surplus d'activité est généré (Intervention des secours,
mise en œuvre des soins médicaux, réparation automobile ou rachat de nouvelle voiture,
etc...). Mais par ailleurs, des dommages irréparables ont été occasionnés dont les effets ne
sont pas ou mal comptabilisés : deuil des personnes disparues, prise en charge des
handicaps, perte de compétence en cas d’handicap mental, etc…
3 – L’impôt sur la fortune
L’impôt sur la fortune rapportait 5 milliards d’euros par an en France en moyenne. Mais
certains accusaient l’ISF de faire fuir les plus riches en Suisse et autres pays aux cieux
fiscaux plus cléments. Cela représente une perte d’argent : moins d’impôt. Moins
d’entreprises créées en France, donc moins d’emplois.
Si ces pertes indirectes, ces externalités, représentent moins que ce que rapporte l’ISF, l’ISF
devait être conservé. Dans le cas opposé, l’ISF devait être supprimé, car il rapportait moins
que ce qu’il fait perdre… Alors que l'imposition à l'ISF portait sur l'ensemble du patrimoine
du foyer fiscal, biens mobiliers et immobiliers, l'IFI propose une assiette fiscale réduite en
ne taxant que les biens et droits immobiliers de plus de 1.3 Million €. - 37 -
II – La problématique des externalités

La crise urbaine peut être lue comme l’épuisement des externalités positives et la montée
des externalités négatives (chômage, isolement, insécurité).
Lorsque le solde algébrique entre les deux types d’externalités devient négatif (davantage
d’externalités négatives que d’externalités positives) la ville devient une non ville, elle ne
produit plus qu’un lien social particulier. Dans le cas de l’économie de la drogue : il est très
puissant, il produit des richesses marchandes (il augmente le PIB marchand) mais les
externalités négatives engendrées sont considérables (violence, domination, santé,
destruction des communautés qui généraient des ressources non marchandes)….. Ce qui
est absent dans la banlieue en proie à la crise urbaine n’est pas l’Etat de police mais l’état
de ville, c’est-à-dire l’Etat comme producteur ou reproducteur d’externalités positives et
comme réparateur ou compensateur d’externalités.
On voit donc qu’en matière d’externalités la véritable question qui se pose est celle de
savoir si le système capitaliste (plus ou moins régulé par l’Etat et les organisations
internationales) est capable de promouvoir le bien-être général de la société humaine.
C’est à ce niveau que les opinions divergent. - 38 -
A - Optique libérale
Dans une optique libérale on analysera les choses de cette manière :
On considérera la définition du concept d’externalité comme beaucoup trop large Finalement, tous
les effets indirects d’une action peuvent être considérés comme des externalités. Si un travailleur est
en bonne santé ou de bonne humeur, cela aura certainement des répercussions positives sur son
travail, et donc pour son employeur.
A chaque action on peut affecter une externalité positive ou négative et il est impossible de les
recenser toutes à l’avance. Par exemple, l’analyse de tous les facteurs qui peuvent avoir une
influence sur la santé ou l’humeur d’un individu est tellement vaste qu’il est impossible de les
répertorier par avance.
Les ultra-libéraux considèrent que tout est « externalité » à différents degrés.
Peut-on dire alors qu’il s’agit une défaillance spécifique du marché ? Dans une optique libérale la
réponse est négative car il est dans la nature même de toute organisation humaine de comporter des
imperfections ou des défaillances – l’économie de marché apparait donc comme l’organisation la
moins inapte à gérer ce type de défaillances.
- 39 -
B – Dans une optique plus interventionniste la critique porte sur la capacité du
capitalisme donc de l’économie de marché à réguler les externalités.

Depuis le récent ralentissement économique, plusieurs voix se sont élevées à travers le


monde pour remettre en question les mérites du capitalisme en tant que système
économique et son efficacité à promouvoir le bien-être général de la société humaine.
Nombreux sont celles et ceux qui trouvent dérangeant le fait que certains haut dirigeants
d’entreprises (en particulier dans le bastion du capitalisme, les Etats-Unis) se sont
prétendument accordés de larges salaires alors que leur entreprise était en perte de vitesse,
et ont même souvent fini en faillite. S’y est ajoutée la triste expérience de ces milliers de
personnes dont Le rêve de posséder leur propre maison a été détruit par un système
d’hypothèques non régulé et géré par des opérateurs incompétents et sans scrupules.
Nombreux sont ceux qui cherchent désormais à identifier les racines de la crise économique
actuelle, qui a touché le monde entier et a laissé tant de gens vulnérables dans la précarité
et le désarroi. - 40 -
Ces questions sont tout à fait pertinentes et justifiées, mais la manière avec laquelle la
croissance économique et les politiques visant à la promouvoir ont été menées comporte
une faille bien plus importante, liée à un problème beaucoup plus fondamental.
Les marchés à eux seuls sont incapables de combler le fossé qui existe entre les coûts et
les bénéfices privés et les coûts et les bénéfices sociaux, étant donné que le système
capitaliste a été construit sur la maximisation des profits et les gains privés des propriétaires
du capital.
Résultat, les externalités telles que la dégradation environnementale restent inaperçus et
laissés pour compte dans notre système de coûts et de prix. Le changement climatique peut
être considéré comme le résultat progressif et l’effet cumulé de cette forme d’insuffisance du
marché.

- 41 -
En bref les questions fondamentales restent posées.
A titre d’exemple :
Peut-on concilier croissance et travail décent ?
Le 24 avril 2013, l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh cause la mort de 1130
personnes, essentiellement des ouvrières textiles travaillant dans des ateliers qui
alimentent le marché européen. Ce drame pose le problème de la compatibilité
croissance économique et travail décent. Quel doit être le rôle des syndicats ?
Quelle responsabilité pour les entreprises ? Il faut incontestablement accentuer le
rôle des Etats et des institutions internationales sur ces questions.
Quelles politiques pour le secteur informel ?
Bien qu’il n’y ait pas de définition officielle, le secteur informel est représenté par
« toutes les unités de production non agricoles des ménages qui produisent au
moins en partie pour le marché et/ou sans comptabilité écrite ou formelle »
(Razafindrakoto). Ce secteur représente 75% de l’emploi en Afrique de l’Ouest. On
en mesure donc l’importance.
- 42 -
Comment lutter contre la pollution etc….
Pour conclure
Pour les économistes interventionnistes il appartient à L'Etat de corriger les imperfections du
marché en provoquant une « internalisation » des coûts liés aux externalités négatives.
- Par exemple l’Etat peut recourir à la taxation des activités privées génératrices
d’externalités négatives dans le but de corriger et restaurer le système des coûts et des prix.
(Exemple du principe “ pollueur = payeur ”).
- Autre exemple, les services gratuits financés par le contribuable : l'Etat modifie l'allocation
des ressources qui résulterait spontanément des mécanismes du marché. Dans ce cas la
redistribution des revenus induits crée des effets positifs envers les bénéficiaires et des
effets négatifs sur les contribuables.
La difficulté principale est d’évaluer le coût du préjudice que fait supporter une externalité
négative.
- 43 -
Fin du chapitre 1.3

- 44 -
Rappel : plan du thème 1
(Intégration de l’entreprise dans son environnement)
1. Les acteurs de la vie économique
2. Les lois du marché
3. Les externalités
4. La concurrence et les relations de coopération
5. Le rôle des banques et du marché financier
6. Les contrats formation, classification et conditions de validité
7. Les effets des contrats
8. Les finalités économiques sociales et sociétales de l’entreprise
9. La performance
10. Logiques entrepreneuriales et managériales
11. Les parties prenantes de l’entreprise - 45 -
Chapitre 1.4 : La concurrence et les relations de coopération entre les entreprises

Ce chapitre porte essentiellement sur les travaux de Michael PORTER

- 46 -
I - La concurrence et les relations inter-entreprises

On sait que l'analyse classique et néo-classique se situe traditionnellement dans le cadre du modèle
de concurrence pure et parfaite. Toutefois, le modèle de concurrence pure et parfaite s'éloigne
considérablement de la réalité et ceci pour plusieurs raisons

◼ Tout d'abord, certaines activités ont peu de chances de se développer en situation de concurrence
pure et parfaite. Certains secteurs demandent des investissements très lourds et peu rentables à
court terme. Seul l'état est en mesure de procéder à de tels investissements.

◼ Ensuite, le nombre d'acheteurs ou de vendeurs est souvent réduit alors que l'atomicité des
marchés suppose un très grand nombre d'offreurs et de demandeurs.

◼ Enfin, les produits sont de plus en plus différenciés et l'information coûte cher -- donc, les
conditions d'homogénéité et de transparence des marchés ne peuvent être réalisées en pratique.

De ce point de vue, la concurrence interentreprises est loin d'être pure et parfaite et, qui plus est, a
considérablement évolué aussi bien sur les marchés se situant en aval de l'entreprise que sur les
marchés amont.

- 47 -
A – Des forces concurrentielles au schéma de Michel PORTER

De nombreux facteurs limitent la concurrence pure et parfaite :


1. la grande taille des concurrents pouvant exercer des effets de domination.
2. le nombre de concurrents : plus les concurrents sont nombreux plus la
concurrence s'exacerbe.
3. le faible taux de croissance du marché qui accentue la lutte pour les parts de
marché.
4. l'importance des coûts fixes qui peut amener les entreprises à consentir des
remises de prix trop importantes en cas de difficultés conjoncturelles.
5. le caractère durable ou périssable des produits. Les baisses de prix peuvent,
en effet, être très importantes en cas d'excès d'offre sur la demande.
6. la faible différenciation des produits qui peut entraîner, pour l'entreprise, des
difficultés certaines au niveau de la fidélisation de la clientèle.
7. La difficulté de reconversion.
- 48 -
L’approche de Michel PORTER
En 1985, dans « Competitive advantage », Michel PORTER proposa 5
paramètres dont l'association détermine l'efficacité des entreprises :
1. La rivalité entre les entreprises concurrentes (centre),
2. Les acheteurs,
3. Les fournisseurs,
4. Les nouveaux entrants,
5. Les produits ou service de substitution.
Dans ce schéma initial de l’avantage concurrentiel des entreprises,
l’auteur a rajouté : le rôle règlementaire de l’Etat (note : LEGAL).
- 49 -
Il se situe dans le coin haut à gauche du schéma.
+ Legal

- 50 -
B - Sur les marchés situés en amont
La concurrence s'exerce ici à plusieurs niveaux :
-- Au niveau de l'innovation :
La course à l'innovation s'accélère et rappelons que cette forme de concurrence s'exacerbe de plus
en plus aujourd'hui - on assiste à une véritable accélération des processus et à un raccourcissement
des délais entre l'invention (produit de l'esprit) et l'innovation (application industrielle de nouveaux
procédés ou commercialisation de nouveaux produits).
-- Au niveau du marché du travail :
En fait il n'existe pas un seul marché du travail mais plusieurs marchés du travail et la concurrence
est particulièrement intense pour les professions où l'offre de travail (de la part des salariés) est
inférieure à la demande de travail (de la part des entreprises). En bref, certains cadres de haut niveau
sont rares, donc chers.
-- Au niveau du marché des matières premières, les entreprises s'affrontent pour obtenir des
conditions avantageuses, des livraisons au meilleur coût.
-- Au niveau du marché des capitaux, les luttes de pouvoir se traduisent par des opérations de
fusion, d'absorption, des OPA, etc....

- 51 -
C --Sur les marchés situés en aval
Une entreprise peut intervenir sur plusieurs marchés selon le degré de différenciation de ses produits et selon les
segments de clientèle sur lesquels elle se situe. En effet, les clients peuvent être des ménages, des entreprises, ou des
administrations. Par exemple, le marché de l'alimentation concerne les ménages tandis que celui de l'acier concerne les
entreprises.

Comme il a été souligné plus haut, la concurrence ne porte plus uniquement sur les prix mais aussi sur la qualité, les
services et l'innovation.

Le consommateur devient de plus en plus versatile et exigeant. Sociologiquement les choix du consommateur dépendent
d'un nombre très important de variables que les entreprises doivent d'étudier grâce à des études de marché approfondies
-- le service après-vente, la renommée, les effets de snobisme et de démonstration sociale, les effets de mode, les goûts,
etc...

De plus, la concurrence sur certains marchés n'existe pas toujours :


Les partenariats interentreprises limitent la concurrence et les mouvements d'absorption et de concentration ont pour effet
d'aboutir à la constitution de monopoles ou d'oligopoles qui contrôlent totalement certains marchés. Les effets de
domination et la quantité des capitaux nécessaires aux investissements limitent l'entrée de nouveaux concurrents sur un
marché donné.

- 52 -
II – Les relations de coopération inter-entreprises

L'idée de départ est que deux ou plusieurs entreprises peuvent mettre leurs moyens en commun pour
mieux maîtriser un marché où se diversifier.

On constate par exemple que de plus en plus d'entreprises appartiennent à un groupe.


En France il existe plus de 1800 groupes employant environ 40 % des effectifs salariés du secteur
privé.

Les entreprises se concentrent, se regroupent, selon des techniques d’impartition bien connues. Très
souvent, les associations et les regroupements réunissent des sociétés concurrentes ayant le même
marché et la même activité.

Ces regroupements peuvent se réaliser par association ou par absorption d'une entreprise par une
autre - toutes ces stratégies ont pour objectif de procéder à un partage du marché ou d'augmenter les
parts de marché.

- 53 -
A - Les stratégies d'impartition

1- La franchise
La franchise et la forme la plus récente est aussi la plus contraignante des contrats de distribution dans la
mesure où elle implique l'intégration totale du franchisé à un réseau ainsi que sa soumission absolue aux
techniques de vente du franchiseur.
La franchise se définit comme un contrat par lequel une entreprise concède à une autre entreprise
indépendante, en contrepartie d'une redevance, le droit de se présenter sous sa raison sociale ou sa
marque pour vendre des produits ou des services. La franchise s'accompagne généralement d'une
assistance technique du franchiseur et d'une adhésion totale du franchisé au concept de vente mis en
place par le franchiseur.
La technique de la franchise date de 1925 aux USA et est apparue en France sensiblement à la même
époque. Aux USA, c'est la "General Motors" qui, la première, a mis en place un réseau de franchisés. En
France, la "lainière de Roubaix" a développé son réseau de franchisés à partir de 1929 sous la marque
"Pingouin-Stem". Il faut toutefois attendre les années 1970 pour que se développe véritablement la
franchise en France.
On voit donc que malgré l'indépendance juridique du franchisé, la franchise implique une dépendance
commerciale totale du franchisé vis-à-vis du franchiseur.

- 54 -
Côté franchiseur, les avantages sont assez nombreux. Aucun investissement n'est nécessaire et
le franchiseur se trouve « débarrassé » des problèmes relatifs à la gestion des points de vente.
Il peut, par ailleurs contrôler totalement le circuit de distribution et percevoir des redevances de
la part des entreprises faisant partie de son réseau de franchisés. La franchise est également
un excellent moyen pour diffuser une marque sur une large zone géographique, ce qui permet
ainsi une accélération de la notoriété.

Mais la franchise n'est pas sans inconvénients. Des conflits peuvent apparaître avec les
franchisés. Par exemple, les franchisés de Copy 2000 ont combattu pendant 5 ans leur
franchiseur pour obtenir une diminution des redevances (9 % du chiffre d'affaires) qu'ils
estimaient excessivement élevées.

Le franchiseur est également tenu à des obligations notamment celle de fournir une assistance
technique et une assistance de gestion envers les franchisés ainsi que d'adapter les méthodes
de vente et les produits aux évolutions du marché.

- 55 -
2 - La sous-traitance
Tout d'abord, la sous-traitance correspond à un choix économique de production qui consiste, pour un
donneur d'ordre a confier totalement ou partiellement à une autre entreprise un certain nombre d'activités.
La sous-traitance s'inscrit donc dans le cadre des politiques d'impartition.
Pour approfondir un peu cette définition, nous pouvons dire que, pour satisfaire la demande qui s'adresse à
elle, une entreprise appelée « donneur d'ordre » peut sous-traiter (« acheter ») à d'autres entreprises
appelées "sous-traitants" soit une partie de la production, soit certaines étapes de la fabrication. Le sous-
traitant doit réaliser le travail conformément au plan et spécifications précisées par le donneur d'ordre dans
un cahier des charges.
Pour les grandes entreprises la sous-traitance permet de bénéficier d'une compétence technique
spécialisée et d'accroître la souplesse du fonctionnement de l'entreprise.
De plus, la sous-traitance permet de remédier à des insuffisances de capacité, que ces insuffisances soient
conjoncturelles, saisonnières ou occasionnelles. Le recours à la sous-traitance permet de conserver le
marché et de respecter les délais.
La flexibilité du donneur d'ordre est améliorée par le recours à sous-traitance -- cette dernière permet
d'absorber les variations de la demande. Grâce à la sous-traitance, l'entreprise, tout en maintenant un
potentiel de production fonctionnant toujours en plein-emploi, peut faire face aux pointes d'activité. Elle
pourra ainsi reporter sur ses sous-traitants les coûts financiers et sociaux de certaines activités.
En bref, le recours à la sous-traitance améliore la flexibilité des donneurs d'ordre mais accroît la fragilité des
sous-traitants.
- 56 -
3 - La concession et l'agrément
* La concession est un contrat liant un fournisseur à un commerçant, auquel il réserve la vente de ses
produits, à la condition qu'il accepte un contrôle commercial, comptable, voire financier de son entreprise
est parfois s'engage à s'approvisionner, dans ce secteur, exclusivement chez le concédant.
Cette définition fait apparaître que la concession peut-être un mode de distribution sélectif et
éventuellement exclusif.
Dans ce cas d'une concession sélective, le producteur choisit soigneusement ses distributeurs et limite le
nombre de points de vente où ses produits seront distribués. La sélection s'opère selon des critères de
taille mais aussi et surtout d'accueil, de compétence et de conseils proposés à la clientèle. Côté producteur,
cela aboutit à une diminution des coûts de distribution et permet un contrôle qualitatif des points de vente.
Cependant, la couverture du marché reste limitée. Aucune exclusivité n'est toutefois imposée aux
distributeurs.
Dans le cas d'une concession exclusive, Il s'agit d'une concession sélective mais qui s'accompagne d'une
clause d'exclusivité.
Ici, l'entreprise ne choisit plus un ensemble de points de vente mais quelques distributeurs ayant
l'exclusivité de la distribution de ses produits sur un secteur géographique déterminé. L'objectif d'un tel
choix stratégique est de permettre la création, le développement, et le renforcement d'une image de
marque. C'est pourquoi la concession exclusive est souvent réservée à des produits de luxe ou des
produits "haut de gamme".
Elle a pour avantage un excellent contrôle de la commercialisation de point de vue qualitatif, un
investissement allégé pour le producteur en force de vente et en logistique mais présente l'inconvénient de
n'assurer qu'une faible couverture du marché en raison du petit nombre de points de vente sélectionné. Par
ailleurs, le contrôle et le recrutement des distributeurs n'est pas toujours très facile.
- 57 -
• L'agrément

C'est la forme la moins contraignante d'accord interentreprises car il ne comporte aucune exclusivité.

L'agrément s'inscrit dans le cadre d'une politique de distribution intensive qui consistera à distribuer
les produits dans un maximum de points de vente.

L'avantage de l'agrément est de permettre de couvrir un secteur géographique important, de


conquérir de fortes parts de marché, de faire connaître rapidement les produits, donc d'augmenter le
CA.

Toutefois, cette stratégie exige que l'entreprise soit capable de fournir aux distributeurs, souvent dans
des délais très courts, des quantités importantes. Cette stratégie n'est donc envisageable que pour
des entreprises d'une certaine taille.

- 58 -
4- Le Groupement d'Intérêt Economique (G. I. E.)
Un G. I. E. est un groupement de personnes physiques ou morales, de nature juridique originale, distincte
de la société et de l'association, dont l'objet et de faciliter l'exercice de l'activité économique de ses
membres par la mise en commun de certains aspects de cette activité : unités de vente, services
d'importation ou d'exportation, laboratoire de recherche, etc..... Le G. I. E. dispose, bien entendu, de la
personnalité juridique.
Un G. I. E. comprend 2 membres minimums -- aucun capital n'est exigé mais un contrat écrit est obligatoire
avec la mention du siège, de la durée, de l'objet et de l'identification de chacun des membres.
La responsabilité des membres d'un G. I. E. est indéfinie est solidaire. Les statuts déterminent librement la
participation aux bénéfices et aux pertes. Sur le plan fiscal, les GIE ne sont pas soumis à l'impôt sur les
sociétés mais sont imposés comme les sociétés de personnes (imposition de chaque membre pris
isolément).
Il existe également des G.E. I. E. (Groupements Européens d'Intérêt Economique) dont l'objectif consiste à
adapter l'activité des membres au marché européen ce qui implique une coopération transnationale est une
participation entre des membres de nationalités différentes.
Un G. I. E. ne peut employer plus de 500 salariés ni constituer de filiale.

- 59 -
5 - La constitution d'une filiale commune

Dans ce cas, deux sociétés décident de créer une filiale commune sous forme de personne morale à
part entière (Joint-venture lorsqu'il s'agit de sociétés de nationalités différentes).

Le choix du statut juridique le mieux adapté est libre. Notons que la création d'une société anonyme
de type classique serait assez lourde à gérer dans ce cas -- la S. A. S. est une technique plus souple.

- 60 -
B - Les stratégies d'intégration
-- Techniques d'intégration de type patrimonial :

On distingue 4 catégories :

1. la fusion.

2. la fusion-absorption.

3. la scission.

4. l'apport partiel d'actif.

- 61 -
-- La fusion est une opération juridique consistant à regrouper plusieurs sociétés ou entreprises en une
seule. Par exemple, si deux sociétés, une société A est une société B fusionnent, l'opération aboutira à une
dissolution de ces deux sociétés. Leurs patrimoines seront réunis en un seul. Une nouvelle société sera
créée issue de la fusion des deux précédentes et dont l'actif se composera de l'actif de la société A et de
l'actif de la société B et dont le passif se composera du passif de la société A et du passif de la société B.

-- La fusion-absorption se caractérise par l'absorption d'une société par une autre. La société absorbante
verra son patrimoine gonflé par celui de la société absorbée. La société absorbée disparaît mais il n'y a
pas, comme dans le cas précédent, de création d'une personne morale nouvelle. La société absorbante
devra augmenter son capital et distribuer de nouveaux titres aux associés de la société absorbée.

-- La scission : -- il s'agit de l'éclatement d'une société en plusieurs entités distinctes. Par exemple, si une
société A fait l'objet d'une opération de scission, elle pourrait éclater en 2, 3, 4, etc. sociétés plus petites.
Juridiquement, la société A disparaît par dissolution. La scission se caractérise donc par un éclatement des
patrimoines.

-- L'apport partiel d'actif : -- dans ce cas, une société opère un apport en société au profit d'une autre
société. Par exemple, si la société A réalise un apport partiel d'actif au profit de la société B., cette dernière
remettra à la société A des titres en contrepartie de cet apport.

Dans tous les cas, les sociétés sont obligées d'accomplir un certain nombre de formalités juridique et
financière : -- dépôt au greffe du tribunal de commerce, rédaction d'un projet, publicité légale, évaluation
des opérations sur le plan financier, paiement de droit d'enregistrement sur le plan fiscal, etc..
- 62 -
Techniques d'intégration de type financier :
On distingue ici la prise de participation, la prise de contrôle, et la constitution d'un groupe.
-- La prise de participation se caractérise par le fait qu'une société se rend propriétaire d'une
fraction des titres d'une autre société. D'après la loi de 1966 (article 355) on parle de prise de
participation lorsque le pourcentage détenu se situe entre 10 et 50 % du capital d'une société par une
autre (au-delà, il s'agit d'une prise de contrôle).
-- La prise de contrôle se caractérise par la détention d'un pourcentage supérieur à 50 %. Par
exemple, si une société A détient plus de 50 % d'une société B, celle-ci devient filiale de la société A
au sens de la loi de 1966 (article 354).
Toutefois, on peut parfois parler de prise de contrôle même lorsque la participation est inférieure à 50
%. Ces techniques sont souvent utilisées pour l'acquisition d'entreprises dans le cadre d'une OPA.
L'OPA est une technique par laquelle une société propose aux associés d'une société « convoitée »
de leur acheter leurs titres à un prix supérieur au cours de la bourse pendant une période limitée en
vue d'en effectuer la prise de contrôle. Une OPA peut être amicale ou inamicale.

- 63 -
III - L'influence de la politique de l’Etat et l'insertion de l'entreprise au niveau régional
A - L'influence de la politique de l'état

La politique économique de l'état s'articule autour des 4 éléments de ce que l'on a coutume d'appeler
« le carré magique de Kaldor ».

1. la stabilité des prix


2. la croissance
3. le commerce extérieur
4. l'emploi.

- Concernant les prix et sachant que l'objectif des pouvoirs publics consiste à les stabiliser, certaines entreprises
s'efforceront de rester concurrentielles en ne répercutant pas sur les prix certaines hausses de leurs coûts de
production -- il en résultera, bien entendu, une pression à la baisse des salaires ainsi que sur les marges
bénéficiaires.
La concurrence sur les prix n'est pas la seule forme de concurrence mais elle reste malgré tout un élément
déterminant dans le cadre de la mise en oeuvre de stratégies commerciales d'affrontement entre les concurrents.

- Concernant la croissance, la politique économique de l'état consiste à la stimuler. À ce niveau, le rôle des
entreprises est essentiel pour innover et investir. Les phases de croissance correspondent d'ailleurs très
fréquemment à l'apparition de vagues d'innovations majeures (Théorie des cycles kondratiev et théorie - 64 -
Schumpetérienne de l'innovation).
- Concernant l'emploi, les entreprises en détruisent mais les créations sont également très
nombreuses et depuis quelques années le solde de création d'emplois est supérieur à celui des
destructions. Le rôle des entreprises consistera donc non seulement à former les salariés aux
nouvelles techniques mais également à stimuler la politique gouvernementale en matière de formation
pour réaliser une meilleure adéquation des formations dispensées aux emplois proposés.

- Concernant le commerce extérieur, l'objectif de l'état consiste à atteindre une situation équilibrée.
Il est à peine besoin d'insister sur les stratégies mis en oeuvre par les entreprises à ce niveau. Une
véritable guerre économique existe entre les pays pour la conquête des marchés extérieurs et les
organisations internationales (OMC ou organisations régionales telles que l'union européenne ou
l'association de libre-échange nord-américaine par exemple) s'efforcent, non sans peine, de réguler
l'ensemble du système.

- 65 -
Le cas de la politique industrielle :
- Si l'on s'attarde plus spécifiquement aux orientations prises par les pouvoirs publics en matière de
politique industrielle, on s'aperçoit que celle-ci a profondément évolué. Pour rester compétitives, les
entreprises doivent intégrer les nouvelles technologies de la 3° révolution industrielle (informatique,
robotique, bio-technologies, matériaux composites, etc....) et ceci dans toutes les branches.
Les grands axes de la politique industrielle des pouvoirs publics consisteront donc à reconvertir certaines
industries de base vers des productions à plus forte valeur ajoutée et à stimuler le développement des
industries productrices de nouvelles technologies. Concernant le socle industriel de base, l'état stimulera la
modernisation des unités de production en accordant par exemple des aides financières, des aides à la
recherche-développement, en comprimant les charges sociales et en s'efforçant de simplifier les formalités
administratives.
L'état peut également stimuler la performance globale du système industriel en favorisant le développement
des filières. De ce point de vue, on parle d'ailleurs de « politique de filières ».
Il s'agit en bref de stimuler les accords interentreprises sur des activités complémentaires en partant de la
matière première pour arriver au produit final est en passant par toutes les transformations successives.
L'analyse du tissu industriel en termes de filières conduit les pouvoirs publics à mettre en oeuvre une série
de mesures cohérentes pour un ensemble d'entreprises appartenant parfois à des branches différentes
mais dont certaines activités sont totalement complémentaires.
- 66 -
En France, par exemple, on peut identifier un certain nombre de filières :

◼ Loisir, tourisme
◼ Mécanique
◼ Cuir
◼ Energie
◼ Métallurgie
◼ Santé
◼ Agroalimentaire
◼ Communication
◼ Bois
◼ Automobile
◼ etc....
- 67 -
B - L'insertion de l'entreprise au niveau régional
-- Concernant tout d'abord la décision d'implantation d'une entreprise dans telle ou telle
région.

Les choix d'implantation sont nécessaires dans trois cas : -- création d'entreprise -- extension
d'activités -- transfert d'un ou plusieurs établissements. La décision dépendra essentiellement d'un
certain nombre de facteurs tenant essentiellement au degré de qualification de la main-d’œuvre, aux
conditions de transport et de production, ainsi qu'aux débouchés existant sur le plan régional.
Les objectifs de l'entreprise de ce point de vue doivent être la réduction des délais et des coûts de
transport.

Les pouvoirs publics ou locaux peuvent favoriser certaines délocalisations et en limiter d'autres en
réduisant ou en augmentant les charges fiscales selon le cas.

- 68 -
-- Concernant les influences exercées par l'entreprise au niveau local (les externalités)

Ces externalités peuvent être positives ; il en est ainsi notamment pour les créations d'emplois
engendrées par les nouvelles implantations ou encore de l'effet d'entraînement sur le développement
régional -- sans oublier, bien entendu, les recettes fiscales supplémentaires pour les collectivités
locales.

Ces externalités peuvent être négatives ; la concurrence peut en effet s'exacerber au niveau local
et les conséquences écologiques (toxicité de certains produits, pollution, etc..) sur le cadre de vie
peuvent parfois être catastrophiques. On pense notamment aux événements de Toulouse en
septembre 2001.

L'entreprise ne doit donc pas effectuer des choix en considérant uniquement la rentabilité
commerciale de ses activités.
- 69 -
Fin du chapitre 1.4

- 70 -

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