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28/04/2020 "Thierno Sileymane BAL et sa Révolution, 1776) par Amadou Bal BA | Le Club de Mediapart

"Thierno Sileymane BAL et sa Révolution, 1776) par Amadou Bal


BA
5 AVR. 2020 PAR AMADOUBA19@GMAIL.COM BLOG : LE BLOG DE AMADOUBA19@GMAIL.COM

Thierno Sileymane BAL (1720-1776) a mené, 13 ans avant la France, au Fouta-Toro, au Sénégal, une
Révolution fondée sur la bonne gouvernance, la probité, la justice, l’égalité, l’équité et la compassion
et a instauré un Etat théocratique électif, l’Almamiyat entre 1776 et 1890, interdisant l'esclavage,
bien avant la révolution française de 1848.

C’est au Fouta-Toro, dans le Nord du Sénégal,  que le parti des marabouts, dirigé par Thierno
Souleymane BAL, a instauré un Etat théocratique électif, que l’on a appelé l’Almamiyat entre 1776 et
1890. En effet, Thierno Sileymane BAL, par la Révolution des Torodos, a mis  fin à la dynastie des
Satigui, alliée des Maures qui avait imposé l’esclavage et le paiement d’un tribut (Mouddo Horma).
En raison d’une crise dynastique et financière durant les dernières années de leur règne, les Satiguis
avaient plongé le Fouta-Toro dans le chaos, le pillage et les exactions. Homme pieux, intègre,
humble, grand érudit et intellectuel, d’une grande probité, Thierno Sileymane BAL, rejetant toute
forme d’accaparement du pouvoir par des notabilités, a établi des règles de moralisation de la vie
publique prohibant la corruption, l’injustice et l’enrichissement illicite. Les Almamy, avant l’heure,
avaient instauré l’audit, la transparence, la déclaration de patrimoine, la reddition des comptes, la
compétence et l’efficacité. Bref, tous ces mécanismes utiles à la bonne gouvernance, qui manquent
encore, énormément, à l’Afrique, même 60 ans après les indépendances.

Cependant, et jusqu’à une période récente, Thierno Sileymane BAL était presque tombé dans l’oubli.
Certains écrits coloniaux, notamment les mémoires d’André BRUE (1654-1738), nommé Directeur
général du commerce français du 4 juin 1697 jusqu’en 1709, retranscrits Jean-François LABAT (1663-
1738), ont relaté la crise dynastique des Satigui à partir de l’année 1700. En 1910, Prosper CULTRU a
contesté l’authenticité des mémoires d’André BRUE, estimant que J-F LABAT ne les aurait pas
consulté et qu’il serait donc un «faux historien». En fait, J-F LABAT a apporté de précieuses
indications sur la crise dynastique des Déniankobé ayant conduit à la Révolution des Torodos. Par
ailleurs, en France, des militants de l’abolition de l’esclavage ont vanté les mérites du régime des
Almamy instauré par Thierno Sileymane BAL qui combattait, énergiquement, l’esclavage. Gaspard
Théodore MOLLIEN (1796-1872), qui avait échappé au naufrage du radeau de la Méduse, a traversé
tout le Fouta-Toro, pendant le régime des Almamy, et en a fait un témoignage dans «voyage à
l’intérieur de l’Afrique, aux sources du Sénégal et de la Gambie» daté de 1818. Cependant, ces écrits
coloniaux, dont Anne RAFFENEL), décrivant notamment l’Almamy Abdoul Kader KANE, parlent peu
de Thierno Sileymane BAL. Les importantes sources écrites, plus solides, sur Thierno Sileymane BAL,
sont arabes et traduites en langue française. C’est d’une part, et avant tout, «les chroniques du Fouta
sénégalais» de Ciré Abbasse SOH, de Diaba, dont le manuscrit arabe a été remis en 1911 par
Abdoulaye KANE, un interprète des colons, à Maurice DELAFOSSE (1870-1926) et à Henri GADEN
(1867-1939), qui l’ont traduites en 1913. Curieusement, ce manuscrit a été peu exploité par les
différents chercheurs sur Thierno Sileymane BAL. C’est d’autre part, le manuscrit arabe de Cheikh
Moussa CAMARA (1864-1945), de Ganguel, un historien des grandes familles du Fouta rigoureux,
«Florilège au jardin des Noirs, Zuhûr Al Basatin, L’aristocratie peule et la Révolution des clercs

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musulmans». C’est dans le «Florilège au Jardin des Noirs» que l’on retrouve aussi de précieuses
informations, notamment la crise dynastique des Déniankobé, la Constitution des Almamy et des
éléments de biographie sur Thierno Sileymane BAL et sur Abdelkader KANE. Cependant, ce
document arabe rédigé vers 1920, remis à Maurice DELAFOSSE, pour traduction, n’a été publié que,
de façon très tardive, en 1998, par Jean SCHMITZ.

La thèse de Oumar KANE a grandement renouvelé l’intérêt sur la vie et l’œuvre de Thierno
Sileymane BAL. En 2014, Mamadou Youry SALL est l’auteur d’une biographie sur Thierno Sileymane
BAL, «Le Leader de la Révolution du Fuuta-Tooro (1765-1776) ». Mais que sait-on exactement sur
Thierno Sileymane BAL ?

Thierno Sileymane BAL est né vers 1720, dans le quartier Samba Diéri au village de Bodé, dans le
Lao, non loin de Podor, dans le Nord du Sénégal. Oumar KANE décrit Thierno Sileymane BAL ainsi :
«Physiquement il était de haute taille, d’un noir d’ébène, très corpulent avec un nez épaté,
partiellement rongé par la maladie» et donne des indications sur sa personnalité et son caractère :
«Eloquent, doté d’une voix très claire» et surtout «d’un courage qui frisait la témérité». Thierno
Sileymane BAL, fils de Racine, Samba, Boucar (Racine, c’est celui est dans la bonne voie, en arabe) et
de Maïmouna Oumou DIENG (Maïmouna signifiant en arabe, celle qui est bénie ou un objet de
bénédictions), est issu d’une famille aristocratique, celle des lettrés musulmans et aristocrates du
Fouta-Toro, les «Torodos». Du clan des «Wodabé» précise Cheikh Moussa CAMARA, sa famille a des
origines lointaines du Mali, au Macina. Il aurait aussi du sang peul «Ourourbé», d’ascendance
mauritanienne, dont le patronyme «BAL» signifie «BAH» chez eux, précise Cheikh Moussa CAMARA,
dans son «Florilège au jardin des Noirs».

Le jeune Sileymane effectue d’abord des études coraniques de base dans son village, sa famille étant
déjà lettrée en arabe. Il poursuivra, par la suite, ces études, en Mauritanie, auprès de Cheikh Fadel, et
se mariera avec une Maure qui lui donnera un fils, Boubacar Sileymane. Thierno Sileymane BAL se
rendra, par la suite, au Cayor, à la prestigieuse école coranique de Pire, auprès de Khaly Amar FALL
(1555-1638), une famille Ouolof, mais maîtrisant le peul. D’autres éminentes personnalités ou
éveilleurs de conscience, comme Maba Diakou BA (1809-1867), Abdelkader KANE (1727-1807),
Thierno Baïla SOH de Hawré, Alpha Hamady Pallel BA de Nabadji, Alpha Yéro de Diandioly et
Abdelkarim DAFF de Sénopalel, ainsi que Saïdou TALL, le père de Cheikh Oumar Foutiyou, ont
également étudié à Pire. Certains descendants, de culture ouolof, de Thierno Sileymane BAL,
résident encore à M’Balène, non loin de Pire, un village fondé par Ismaïla BAL. Les familles BAL ne
sont pas nombreuses au Sénégal, outre Bodé, leur présence a été recensée à Danthiady, dans la
région de Matam, à Golléré, à Thiès, à Fatick et à Ouakam. Naturellement, il existe un nombre
important de familles BAL en Mauritanie, en particulier à Bababé.

C’est surtout au Boundou et en Guinée, cela a été occulté jusqu’ici, que Thierno Sileymane BAL
recevra une influence décisive, pour mener à bien sa Révolution. En effet, Thierno Sileymane BAL
avait aussi poursuivi ses études coraniques au Boundou, premier Etat théocratique de la sous-région,
fondé par Malick SYvers les années 1690, pour qui le religieux peut aussi s’intéresser, utilement, aux
affaires de l’Etat : «He was a cleric in a society where many good muslims held that the piety and the
exercise of sovereignty are compatible» écrit Philip CURTIN. Malick SY, assassiné vers 1720 par des
animistes, dont les ancêtres sont de Souyouma, à côté de Podor, voulait aussi prendre son
indépendance à l’égard des Satiguis du Fouta-Toro, la dynastie régnante, à l’époque. C’est surtout
Boubou Malick SY, avec son long règne de 1720 à 1747, qui a consolidé le régime de l’Almamiyat au
Boundou ; il a renoué avec ses ancêtres du Fouta-Toro. C’est ce cadre que Sileymane BAL a séjourné
au Boundou.

La révolution du Boundou, contrairement à celle de Thierno Sileymane BAL, a été pacifique et


dynastique. Par ailleurs, les successeurs de Malick SY, notamment Hamady Aïssata, ont choisi de

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collaborer avec le colonisateur français, et sont à la base du parricide en 1807, contre Abdelkader
KANE. Le Tounka de Tiabou, capitale de Gadiaga, est le premier à reconnaître l’autorité morale et
religieuse de Malick SY ; son autonomie religieuse s’est transformée, progressivement, en un pouvoir
d’Etat théocratique. Malick SY, un homme cultivé, s’est inspiré des prêches, pour la révolte des
musulmans, délivrées, dans les années 1670, par Nasrin AL-DIN. Précurseur d’un Etat théocratique,
Malick SY a donc influencé les futures révolutions islamiques d’abord au Fouta-Djalon, puis au
Fouta-Toro de Thierno Sileymane BAL «Malik Sii’s actual achievement in creating the first
susbtantial clerical state in Senegambia, in effect passage from autonomy to autority, and a
precedent for the later foundation of the Almamate of Fuuta Jaalo and Fuuta Tooro” écrit Philip
CURTIN.

Thierno Sileymane BAL terminera ses études au Fouta-Djallon, chez Karamoko Alfa mo Labé, plus
connu sous le nom de Mamadou Cellou DIALLO, (1692-1751), l’un des initiateurs d’une révolution
théocratique en Guinée. En 1745, Karamoko Alpha revint à Ley Billel avec son armée constituée de
ses proches et de ses talibés. Il mena à partir de Ley Billel plusieurs expéditions contre les animistes.
Il viendra s’installer par la suite à Labé. Thierno Sileymane BAL étant son disciple, Karamoko Alfa
Mo Labé qui lui-même avait étudié dans le Boundou et au Fouta-Toro, serait donc par son action en
Guinée le précurseur de la révolution des Torodos, au Sénégal. Cependant, la Révolution que mènera
Thierno Sileymane BAL, si elle s’inspire du précédent guinéen, s’en écarte considérablement. En
effet, sur le plan du pouvoir administratif, l’expérience guinéenne a vu deux clans (Les Alphaïa et les
Soria) s’affronter et le compromis boiteux trouvé, avec une alternance de règne pour chaque camp,
tranche bien avec le caractère centralisé du pouvoir politique de l’Almamy au Fouta, même si les
autorités locales ont d’importants pouvoirs déconcentrés. Thierno Sileymane BAL a surtout
condamné, et refusé, tout pouvoir dynastique ou monopolisé par un clan ou une famille. Par ailleurs,
Karamoko Alpha n’était pas comme Thierno Sileymane BAL, ni un chef de guerre, ni un organisateur
politique, c’était suivant Paul MARTY, «plus marabout que guerrier, avec l’âge, il est tombé dans la
folie mystique et convulsionnaire».

De retour au Fouta-Toro, en stratège et sociologue, instruit de ses différents voyages, Sileymane BAL
a su examiner la société de son temps, ses injustices, les forces sur lesquelles il devait s’appuyer et
l’offre politique pour sa Révolution. En effet, Thierno Sileymane BAL a su, grâce à son intelligence,
rallier à sa cause plusieurs chefs traditionnels, de même que des guerriers (Sebbé) sur qui reposait la
puissance des Satiguis. Il a non seulement convaincu les Foutankais grâce à sa force de persuasion, sa
piété et son intégrité, mais aussi, par les actes, par son exemplarité, dans le courage, la recherche de
la justice et de la vérité : «Il se fit remarquer par sa continence, sa piété et le flottement des
étendards de son équité» écrit Ciré Abbasse SOH. En effet, Cheikh Moussa CAMARA a recensé une
série de témoignages d’une vie d’honneur et de probité. Ainsi, sur le chemin de retour vers le Fouta,
après ses études coraniques en Mauritanie, affrontant la soif, Thierno Sileymane BAL commande à
ses disciples de demander aux féroces gardiens du puits d’un Maure, de leur donner de l’eau, s’ils
refusaient, de leur demander de lui en vendre, et s’ils refusaient encore de les battre et de prendre
l’eau par la force. «Laissez-le. Sa fin sera terrible à cause des troubles qu’il occasionnera. Il sera
sûrement tué» prédit alors le propriétaire Maure du puits.

Thierno Sileymane BAL a aussi libéré, par la force, un esclave qui lisait le Coran, dans une pirogue, et
sur le point d’être acheminé sur Saint-Louis, pour être vendu. Pour Sileymane BAL, l’Islam doit rester
une religion émancipatrice, par le savoir et le travail, et nous libérer de tout obscurantisme. Un autre
haut fait est le cas de ce tissu précieux acheté par une veuve et confisqué, arbitrairement, par les
hommes de Lam-Toro SALL, mais que Thierno Sileymane BAL restituera, par la force, à sa
propriétaire. Après trois mises en demeure infructueuses, Sileymane BAL engagea une guerre, entre
Bodé et Doddel, contre le Lam-Toro, avec l’aide des Diawbé Diambo, et en sortit victorieux. Le Lam-
Toro reviendra, par la suite, avec une armée plus puissante et contraindra Thierno Sileymane BAL à
un exil provisoire, au village de Kobillo. Ce savant, engagé pour la liberté et la justice, saisit alors

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cette occasion pour amplifier encore ses prêches, en vue de la libération des Foutankais du joug des
Déniankobé : «Si nous trouvons quelqu’un qui puisse nous ouvrir cette porte, c’est-à-dire la porte de
la délivrance de ce joug, nous le suivrons» lui dirent les notables de Kobillo.

En 1776, un des actes hautement symboliques, comme la prise de la Bastille le 14 juillet 1989, sera
pour Thierno Sileymane BAL d’avoir brisé «le Mouddo Horma» (paiement d’un tribut ou dîme), signe
d’asservissement et d’exploitation des Foutankais, en chassant les Maures du pays. En effet, les
Satiguis, pour financer leurs guerres de succession interminables, par le pillage et l’esclavage,
avaient livré le Fouta-Toro aux Maures, qui imposaient un lourd tribut au pays : «Si vous me
soutenez contre Konko, et si je suis vainqueur, je vous donnerai un «Sa» (unité de mesure) pour
chaque personne, pour chaque année» avait promis Samba Guéladiodégui BA aux Maures, pour
retrouver son trône. Aux Maures, venus collecter leur tribut, «Mouddo Horma», Thierno Sileymane
BAL leur rétorqua : «Vous êtes des chefs et vous êtes riches. Quelles sont donc les raisons pour
lesquelles vous percevez cette dîme ? Vous n’avez aucune qualité pour percevoir la dîme destinée à
ceux qui sont cités dans le verset coranique». Désarçonnés, les Maures pillards prirent Thierno
Sileymane BAL pour un fanfaron et impertinent, et lui rétorquèrent : «Nous percevons la dîme bien
avant ta naissance». Thierno Sileymane BAL leur répondit : «Advienne que pourra ! Peuple du Fouta,
jamais plus tribut ne sera levé ici». En raison de cet acte symbolique et courageux, depuis lors, les
Foutankais ont surnommé Thierno Sileymane BAL, le briseur de «Mouddo Horma». Le chanteur
Baaba MAAL a popularisé ce surnom : «Tout le Fouta te loue, te remercie, toi Souleymane, le brave
de Bodé, un grand érudit. Des destructeurs (Les Maures) pénétrèrent et razzièrent le Fouta. Chaque
village, 5 kg d’or était la dîme (Mouddo Horma). Souleymane a mis fin au tribut. Des mosquées furent
construites, la paix revint au Fouta» chante-t-il dans «Mouddo Horma» (Le tribut).

Le Satigui Silèye N’DIAYE refuse à Thierno Sileymane BAL l’accès à sa capitale, Orkodiéré, mais
celui-ci installé à l’extérieur, est vite rejoint par une masse de fidèles : «Le cheikh dut camper un
certain temps en dehors du village, en s’abritant à l’ombre de son boubou et il se mit à prêcher ceux
qui venaient à lui, jusqu’à ce que ses exhortations eussent emprisonner dans leurs filets la plupart
des oiseaux de haut vol et des aigles du royaume Satigui» écrit Ciré Abbasse SOH. A la suite de la
mort accidentelle et mystérieuse, par explosion de son fusil, de Silèye N’DIAYE, «le jeune», fut
remplacé par Soulèye Boubou Guayssiri, mais l’influence de Thierno Sileymane BAL, par ses prêches,
ne cessait de recevoir des échos favorables chez les Foutankais. Il entreprit de combattre les Maures
de Oulad Abdallah. Cette guerre durera sept ans. Entre-temps, Mamoudou Ali Racine est tué par les
Maures, Oulad-Annasser, au cours de l’une de ces expéditions de Thierno Sileymane BAL.

La vengeance des Foutankais contre les Maures a été d’une grande férocité : «des hommes furent tués
et de petits enfants eurent la tête broyée contre les racines des arbres» écrit Ciré Abbasse SOH. En
réaction contre ces atrocités, Sileymane BAL, abandonna temporairement la direction des opérations
militaires et s’écria : «Nous avons dépassé les limites fixées par Dieu !». Parti venger la mort injuste
de Mohamadou Aly Racine, l’Almamy Souleymane BAL fut lui aussi assassiné, lâchement, lors de la
deuxième expédition en Mauritanie, le 15 septembre 1776. En effet, les Maures ont surpris Thierno
Sileymane BAL se reposant sous un arbre, l’ont égorgé, puis se sont enfuis de l’autre côté du fleuve ;
les combattants foutankais, chargés d’assurer la garde, auraient été distraits, un certain temps, par
des femmes maures. Les Foutankais viennent, chaque année, au mois le 15 septembre, se recueillir
sur sa tombe. Cheikh Moussa CAMARA donne une autre version de la mort de Thierno Sileymane
BAL. Au cours de ses combats, le Sage aurait aperçu une femme nue. Il se retourna et, en pleurant, il
a dit : «Oh Allah, prenez-moi !». Le jour même, il reçut une flèche et mourut à Fori, et sa tombe se
trouve Toumbéré-Djingué, région de Gorgol, en Mauritanie.

En définitive, les qualités personnelles exceptionnelles de Thierno Sileymane BAL lui ont permis de
s’ériger en dirigeant charismatique, de libérer les Foutankais de la tutelle des Maures et de la
dynastie féroce des Satiguis. Thierno Sileymane BAL, dans sa stratégie de prise de pouvoir,

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commença d’abord par consulter les grandes familles du Fouta-Toro. Il réussit, notamment à
convaincre Tafsirou Boggué, Amadou LY de Diaaba, Thierno Mollé, Mamadou Aly LY de Thilogne, El
Féki MATT de Gaol. Il aura su fédérer l’ensemble des notables et intellectuels arabisants du Fouta-
Toro, dont Abdoul Khadiri KANE qui sera désigné le premier Almamy. En grand stratège, intègre,
pieux et humble, Thierno Sileymane BAL, dans la construction de son parti maraboutique, gagna la
cause des Peuls et des Sebbé Colyyaabé. C’est cette lame de fond, constituant le Parti des Torodos, qui
renversera la dynastie des Satiguis, largement discréditée par son pouvoir abusif. Il mit fin à ce
racket des Maures, et réactiva l’islamisation du Fouta-Toro. Thierno Souleymane BAL portait
initialement le patronyme BA, comme l’a dit Cheikh Moussa CAMAR,A il changea son nom de famille
pour prendre celui de BAL, car les membres de la dynastie des Déniankobé portait le même nom ; il
voulait ainsi se démarquer d'eux, en raison de leur cruauté et du caractère arbitraire de leur pouvoir.

Si Thierno Sileymane BAL est devenu l’un des grands mythes fondateur de la Nation sénégalaise,
qu’il est urgent de redécouvrir, de valoriser et de réhabiliter sous ce tapis de poussière dans lequel
des forces obscures l’ont enfermé. C’est qu’il a, d’une part, renoncé aux honneurs et au pouvoir
politique : «Je veux rester seulement un combattant pour le Fouta» avait-il dit. D’autre part, il est
mort très tôt, les armes à la main, à 56 ans. Cependant, dans sa brève existence, Thierno Sileymane
BAL n’a jamais abdiqué contre la tyrannie et l’injustice ; il a toujours tenu son rang d’homme. Il est
injuste de constater que toutes les sépultures des grands Hommes du Fouta-Toro sont tombées dans
un délabrement avancé ; c’est une négligence coupable : «Le temps détruit tout, et ses ravages sont
rapides : mais il n’a aucun pouvoir sur ceux que la sagesse a rendu sacrés : rien ne peut leur nuire ;
aucune durée n’en effacera, ni n’en affaiblira le souvenir ; et le siècle qui la suivra, et les siècles qui
s’accumuleront les uns sur les autres, en feront qu’ajouter encore à la vénération qu’on aura pour
eux» écrit Sénèque dans son «Traité de la brièveté de la vie», chapitre XV-4.

I – Thierno Sileymane BAL, fondateur d’un Etat théocratique

A – Une théocratie, avec une nouvelle organisation administrative

Lors d’une assemblée générale historique, à Oréfondé, en présence de notables et d’intellectuels du


Fouta-Toro, Thierno Sileymane BAL a fondé une État théocratique doté d’une nouvelle organisation
administrative. Cette entité théocratique, fortement centralisée, est dirigée par un chef d’Etat, versé
dans toutes les sciences religieuses et profanes, portant le titre d’Almamy, commandeur des croyants
et ayant un pouvoir temporel. Le nouvel Etat théocratique s’étendait de Dagana à l’ouest, jusqu’à
Dembankani, à l’Est. Toutes les provinces du Fouta-Toro sont incluses dans cet Etat : le Dimat, le
Toro, le Halaybé, le Lao, le Yirlaabé Yebbiayabé, le Bosséya, le N’Guénaar et le Damga. En effet, après
avoir chassé les Maures des territoires du Fouta, sécurisé la région, Thierno Souleymane BAL formula
des recommandations sur les principes de gestion de ces unités territoriales :

 – Le Fouta est un et indivisible, le fleuve n’est pas une frontière, car c’est la même population peule
qui habite sur les deux rives. Le Fouta va de Dagana à Njorol, de Hayré Ngal au Ferloo ;

– L’égalité de tous devant la justice ;

– Les chefs de village et de province, assistés des Cadis (juges musulmans), connaîtront les affaires
locales, conformément aux prescriptions islamiques ;

– Les conflits entre les collectivités voisines sont soumis à l’arbitrage de l’Almamy qui prononce le
jugement ou indique la marche à suivre pour régler le différend ;

– Tout individu a droit d’appel auprès de l’Almamy, s’il se sent lésé par un chef ou par un jugement ;

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– L’impôt, le produit des amendes et tous les revenus doivent être utilisés à des actions d’intérêt
général ;

– L’Almamy, chef de guerre, et en charge de la sécurité de tous, peut requérir les services de tous les
hommes valides à cette fin ;

– Orphelins, enfants et vieillards doivent être protégés ;

– Le titre royal de Satigui est aboli, le nouveau chef d’Etat du Fouta portera, désormais, le titre
d’Almamy ;

- L’Almamy doit être désigné par le collège des grands électeurs venant des 6 provinces du Fouta.
Cette décision doit être entérinée par le «Battou», une assemblée générale des Foutankais.

C’est une véritable Révolution que pose Thierno Sileymane BAL, avec la destitution de la dynastie des
Déniankobé, l’alternance installant le régime des Almamy, le refus de la patrimonialisation du
pouvoir à travers l’élection des Almamy, la solidarité, les principes de bonne gouvernance, de
compétence, de décentralisation d’une justice de proximité équitable, avec un système de double
degré de juridictions. C’est un Etat déconcentré, avec ses provinces et ses communes. En effet,
Thierno Sileymane BAL innove aussi par une décentralisation, avant l’heure, chaque village, s’auto-
administrant. Au Fouta, c’est cette institution villageoise ayant encore survécu de nos jours, qui a le
plus résisté à l’épreuve du temps. L’Etat du Fouta-Toro, bien défini dans ses frontières, se positionne
dans ses relations internationales à l’égard des autres entités, notamment les comptoirs français à
Saint-Louis, en interdisant tout commerce illicite, comme la vente  d’esclaves ou de spiritueux.

Une des grandes mesures prises par les Almamy a été le «Féccéré Fouta» ou la redistribution des
terres. Si les Foutankais avaient connu parfois la famine, ce n’était pas, à l’époque, par manque de
pluies. En fait, les bonnes terres étaient accaparées par les familles des Satiguis et leurs alliés.
Désormais, les grandes propriétés ont été réduites, les biens mal acquis redistribués, et les forêts
vierges défrichées, en vue de les mettre en valeur. Abdelkader a également exproprié les personnes
qui avaient pris les armes contre la Révolution de 1776, ou ont collaboré avec le colonisateur
français. Ces dernières mesures n’ont touché qu’un nombre limité de familles, de Bokidiawé et
quelques autres personnes de Horndoldé et Litama.

B – Une théocratie, fondée sur l’élection

Contrairement à une idée reçue, l’élection ne date pas de la Révolution de 1848. D’ailleurs et
curieusement, le décret du 27 avril 1848 d’abolition de l’esclavage ne prévoyait pas, expressément, le
droit de vote pour les natifs des quatre communes, c’est «un privilège singulier et irrationnel, qui a
son origine dans un simple accident historique» écrit Arthur GIRAULT.

En réalité, c’est Thierno Sileymane BAL, en réaction à la succession dynastique des Satiguis, qui a
introduit, pour la première fois, un système électoral indirect. En effet, désormais, l’Almamy est élu
par des notables de 6 provinces du Fouta, mais cette élection doit être confirmée par le «Battou»,
l’assemblée générale. «La révolution politique arrivée en 1775, dans le pays de Fouta, et qui a fait
passer le pouvoir royal aux mains des prêtres ; ils élisent entre eux l’Almamy, prince temporel et
spirituel, et forment un conseil qui le révoque, à volonté» écrit JOMARD. A la fin de la guerre contre
les Maures et les Satiguis, Thierno Sileymane BAL avait refusé d’être désigné comme Almamy.
L’assemblée des notables du Fouta-Toro recommanda alors Abdelkader KANE, en raison de ses
qualités morales et intellectuelles : il «était versé dans les sciences diverses, était un administrateur
intègre, et possédait une équité universelle, ainsi que toutes les autres perfections» écrit Ciré

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Abbasse SOH, dans ses «chroniques du Fouta». Abdelkader déclina, dans un premier temps, cette
charge, puis l’acceptera, par la suite, après la mort de Thierno Sileymane BAL.

En effet, les notables du Fouta recherchaient un candidat de «moralité parfaite et qui jouissait de
tous les dons d’un caractère paisible et animé d’un esprit de plus haute justice» écrit Abdoulaye
KANE. Les Foutankais mirent le ruban d’Almamy sur la tête d’Abdelkader : «Les rossignols chantèrent
sa continence, sa supériorité sur des rameaux Noirs ou Rouges» écrit Ciré Abbasse SOH. Alors
Abdelkader quitta son village, Appé, pour venir s’installer à Kobillo, dans le Bosséya. Le nouvel
Almamy intronisé porte un turban blanc, emblème de la souveraineté et un bâton noir orné d’une
petite pomme d’argent, d’un tabala pour annoncer les grandes nouvelles et un cheval richement
orné. Il doit jurer sur le Coran de conserver la religion intacte de ses ancêtres et de mener la guerre
sainte contre les infidèles. L’Almamy peut donc être destitué, à tout moment s’il enfreignait, dans cet
Etat théocratique, les principes et valeurs morales, notamment de probité. Il en résulte donc une
forme de légitimité du pouvoir que n’aurait pas renié le français Emmanuel-Joseph de SIEYES (1748-
1836), théoricien de la souveraineté nationale. C’est donc Abdelkader KANE, le véritable premier
Almamy du Fouta, qui vainquit, définitivement, les Maures, après plusieurs années de lutte. En 1787,
Aliou Kowri, un Maure, qui résistait encore est tué : «Après, il interdit aux Maures des eaux du
fleuve» dit Ciré Abbasse SOH. Ce sont les Maures qui devaient, désormais, payer un tribut aux
Almamy du Fouta-Toro, avec des chevaux pur-sang arabe. Abdelkader soumit aussi toutes les
anciennes familles régnantes des Satiguis à l’Islam. Il a fait construire 33 mosquées dans le Fouta-
Toro.

Finalement, bien avant 1848, au Fouta-Toro, de 1776 à 1890, les Almamy étaient également élus au
suffrage universel indirect. «Le Fouta est une République avec un chef électif. La seule loi est le
Coran. Le chef élu, est toujours un marabout savant. On ne nomme jamais un chef déjà puissant par
lui-même. Son pouvoir est très éphémère et presque illusoire. Il est élu et renversé par des
assemblées populaires de Torodo, qui sont les chefs héréditaires des principales tribus» écrit Louis-
Léon FAIDHERBE. Ce sont les Foutankais qui élisent «le futur Almamy et l’investissent du pouvoir qui
n’est plus le privilège d’une maison particulière» écrit Cheikh Moussa CAMARA.  Ce système électif
au Fouta-Toro est attesté par différents autres témoignages : «Au Fouta, le gouvernement est
théocratique et électif. Mais l’élection est soumise à certaines règles qui en restreignent l’exercice. La
Nation, dans l’ordre politique, est formée par différentes familles ou tribus. Chaque tribu acclame un
candidat. Il appartient au Conseil suprême de choisir sur cette liste. Ce Conseil, dont l’autorité
s’exerce d’une façon permanente pendant la vie de l’Almamy, qui a le droit de réprimander, de
déposer, même de condamnation à mort du souverain, est tout puissant pendant l’interrègne» écrit,
en 1883, Jacques de CROZALS (1848-1915). «Le Fouta est une sorte de République dont l’Almami (le
chef) est élu, et dont presque tous les habitants sont libres» dit Jean-Bernard JAUREGUIBERRY,
gouverneur du Sénégal (1861-1863). Le Fouta est dirigé par une oligarchie théocratique, chacun a
une portion du territoire, mais exerce le pouvoir sous l’autorité de l’Almamy. Le Conseil composé de
Cinq personnes «est aussi puissant que le Conseil des Dix l’était dans l’ancienne République de
Venise», écrit Anne RAFFENEL (1809-1858). 

L’Almamy est donc révocable, ad nutum. On a recensé 85 désignations d’un Almamy, entre (1776-
1890) ou «La Révolution des Torodo» avec de courtes périodes de vacance du pouvoir. La durée
moyenne de règne de chaque Almamy est entre 3 mois et un an et demi. Chacun a le droit de postuler
au titre d’Almamy ; ce qui en renforce l’aspect démocratique. On est loin de certains régimes africains
actuels, de président à vie, fondés sur la cupidité, l’arbitraire et l’autoritarisme. En conséquence, les
grandes familles du Fouta-Toro ont accédé à l’Almamat (KANE, BAL, BA, ANNE, TOURE, DIA, SY,
THIAM, TALLA, BARRO, LY, WANE, N’DIACK). Mais les deux familles qui ont dominé cet Etat
théocratique sont : les LY ont été 30 fois au pouvoir et les WANE 23 fois, tandis que les BAL, à
l’origine de cet Etat, n’ont été désignés que 4 fois Almamy. Les différents Almamy sont issus de
différents villages, notamment de Bodé, Ogo, N’Guidjilone, Haïré Lao, M’Boumba, Diaba, Sinthiou

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Bamambé, etc. Certains Almamy ont été 2 ou 3 fois au pouvoir. Il est vrai qu’un certain Youssoufa a
été 13 fois Almamy, mais à chaque fois, c’est à la suite d’une élection. Lorsqu’El Hadji Omar TALL
tenta d’inférer dans ce jeu de désignation de l’Almamy, ce fut une grave crise.

Siré Abbas SOH cite la liste, sans qu’elle soit exhaustive, sans établir une chronologie précise des
Almamy  : Youssoufa Siré Demba LY de Diaba, Aboubacry Lamine BAL de Bodé, retour de Youssoufa,
puis Siré Amadou Siré Aly d’Ogo, Youssoufa Siré, Aly Thierno Ibrahima de M’Boumba, Youssoufa Siré
encore lui, il engagea une guerre contre Bocar Lamine BAL, Siré Lamine Hassane de Haïré, retour de
Youssoufa, Bocar Modibo Souleymane de Dondou, retour de Youssoufa, Ibra Diattar Attoumane de
Gawol, Mohamadou Tapsirou Siré ANNE de N’Guidjilone, Youssoufa, Birane Thierno Ibra de
M’Boumba, Mamadou Siré Malick BA d’Agniam Thiodaye, Mahmoudou Siré Malick d’Agniam Wouro
Siré, Amadou Bouba LY d’Ogo, Siré Amadou Siré de Diama Halwaly, Youssoufa Siré LY (13ème fois
Almamy), Almany Birane de Horé Fondé. Le Fouta-Toro resta un certain temps sans Almamy, en
raison d’une grande famine. Ensuite ce furent, à partir de 1836, Baba LY Tapsirou Bogguel de Diaba,
Mohamadou Birane WANE de M’Boumba, Mohamadou Mamoudou Siré d’Agniam Wouro Siré,
Mohamadou Birane, Siré Aly Thierno Ibra WANE de M’Boumba, Amadou Hamat Samba SY de Pété,
Racine Mahmoudou Hamady Ibra, de Médina N’Diatibé, Mohamadou Birane et ce fut l’avénèment
d’El Hadji Oumar qui l’envoya avec Thierno Mollé Ibra pour une mission dans le Fouta. Ce furent
ensuite Sibaway Siré Ahmadou d’Ogo, Amadou Hamat Samba, Racine Mahmoudou Hamady,
Mahamadou Birane (vers 1859, fort de Matam). Ce dernier accompagna El Hadji Oumar à N’DIOUM
qui recommandait aux Foutankais la nomination d’Amadou Thierno Demba, comme nouvel Almamy,
contre Moustapha, pendant un certain au Fouta-Toro. Ensuite, les Foutankais élièrent : Mahmoudou
Elimane Malick de Bababé, Ahmady Thierno Demba de Diaba, Hamat N’DIAYE dit Alhassane de
Haïré, (construction du fort de Haïré), Racine Mahamadou de Sinthiou Bamambé, Sada Ibra Amadou
de M’Bolo Birane, Mohamadou Mamadou Aliou Tacko de Haïré (incursion d’une armée des
Foutankais, avec Demba War, chez Lat-Dior pour délivrer Ibra, le fils de l’Almamy Mohamadou),
Malick Mohamadou de Diaba Deklé, Racine Mamadou pour la seconde fois. Le dernier Almamy a été
Boubou Abba LY de 1884 à 1890.

 Si pendant longtemps, les Foutankais avaient résisté au colonisateur français confronté à la
Révolution de 1789, puis aux guerres napoléoniennes, les différents gouverneurs successifs au
Sénégal ont essuyé des défaites face aux Foutankais. Ainsi François BLANCHOT de VERLY (1735-
1807) fait la guerre au Fouta-Toro, pour venger, selon lui, une injure faite à la France, par
Abdelkader qui «persiste à exiger ce qui ne lui est pas dû, nous défend d’aller traiter dans son pays,
ne veut plus nous laisser passer pour aller en Galam, croit que nous le craignons et fait l’insolent. Le
gouvernement est las des vexations que l’Almamy se permet». Le gouverneur BLANCHOT essuiera
une sévère défaite lors de cette expédition du 14 août 1805, qui se soldat par 18 blessés et 14 morts,
dont le capitaine RIBET. Le gouverneur BLANCHOT qui avait mobilisé 600 soldats et deux canons,
incendie une dizaine de villages dont Fanaye. François BLANCHOT est contraint de signer un traité
de paix avec le Fouta d’Abdelkader KANE, en date du 4 juin 1806. La gouvernance de Julien-Désiré
SCHMALTZ (1771-1827) sera également impuissante à l’égard des Almamy du Fouta. En effet,
SCHMALTZ est largement discrédité, même au sein des colons français, notamment lors du radeau du
naufrage du radeau de la Méduse, le 2 juillet 1816 ; il a pris l’embarcation de secours, abandonnant
ses compatriotes, y compris des femmes.

En revanche, la fin de règne, en 1807, du premier Almamy, Abdelkader KANE, a prolongé de système
de l’Almamiyat dans une crise, sans précédent.  Après sa capture au Cayor qui l’a discrédité, et
suivant Ciré Abasse SOH, l’Almamy Abdelkader KANE a envoyé Mody M’BAYE, un «Maabo» pour
incendier le village d’Ogo. En effet, les gens du village d’Ogo contestèrent, un certain temps, sa
légitimité, Abdelkader avait plus de 80 ans. En dépit de son long règne et de son échec au Cayor, dans
des intrigues Abdelkader KANE a voulu s’accrocher au pouvoir, en plaçant ses hommes dans
certaines province. Le «Battou» rendit une décision de destitution de l’Almamy Abdelkader, le

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déclarant «incapable d’exercer le pouvoir», une initiative appuyée par Elimane Rindiawe, mais une
partie des notables du Fouta, des Bambaras et des gens du Boundou étaient en désaccord avec cette
initiative. L’Almamy Abdelkader, tué le jeudi 4 avril 1807, au village de Gouriki, sera finalement
remplacé, à titre intérimaire, par Moctar Koudédié TALLA de Dionto, puis par Hamady Lamine BAL
de Pire jusqu’en 1810. Cependant, les circonstance de la mort d’Abdelkader KANE ont fait l’objet de
différentes versions.

Suivant Ciré Abasse SOH, après son retour du Cayor, et après 31 ans de règne, à l’âge de 81 ans, une
armée du Fouta-Toro est venue demander à Abdelkader d’abdiquer, il a refusé, et a fini par être tué, à
Gouriki Samba Diom, le jeudi 4 avril 1807. Abdelkader a fait ses ablutions : «il fut tué à la suite d’un
violent combat. Il ne fut mis en terre qu’au bout de 13 jours, et fut alors enseveli le mercredi 17 avril
1807. Ensuite, au bout d’un mois et 7 jours, il fut exhumé, du caractère provisoire de cet
ensevelissement, et enterré de là avec les grands honneurs» écrit Ciré Abbasse SOH.

Abdoulaye KANE, interprète du colonisateur, notable des Yirlaabé, à Saldé, donne une autre version
de la fin tragique d’Abdelkader KANE. Pour lui, cet Almamy était un chef juste et intègre, mais il
appliquait, trop strictement, la Charia, la justice musulmane. Il était très sévère contre les délits de
vol, de crime de l’adultère et de grossesse hors du mariage qui étaient punis de la coupe de la main,
par la lapidation ou la confiscation des biens. Les délits moins graves sont punis par des coups de
corde ou la prison, par une mise aux fers. Il appliquait surtout la même rigueur, également, aux
familles des notables : «Cette intégrité lui coûta la fin tragique de la vie. (…). Les foutankais guidés
par Aly Dondou complotèrent-ils pour se débarrasser de lui, et pour se débarrasser lui soumirent le
projet d’attaquer les Bambaras du Soudan, pour pouvoir le trahir» écrit Abdoulaye KANE.

Pour le colonisateur, c’est Hamady Aïssata SY, petit-fils de Boubou Malick SY, almamy du Boundou,
qui aurait assassiné l’Almamy Abdelkader KANE, par vengeance, pour avoir mis à mort son frère Séga
GAYE.

Cheikh Moussa CAMARA revient plus longuement et de façon détaillée, sur certains faits négligés de
la vie d’Abdelkader KANE. Dans son expédition au Cayor, il aurait été trahi par un Peul, de la tribu
des Wodabé, mais qui agissait, en fait, pour Amary N’Goné N’Della FALL, Damel du Cayor 1790 à
1809. A la bataille de Boungowi, de 1790, Abdelkader est fait prisonnier.

Les colons intéressés aux razzias esclavagistes du Cayor, auparavant, avaient fourni des armes au
Damel, pour lutter contre l’Almamy du Fouta-Toro, adversaire résolu de l’esclavage et de la
domination française. La cause de cette attaque du Cayor serait que, le Barack du Oualo, en conflit
avec l’Almamy du Fouta-Toro, réfugié au Cayor, cherchait à contre-attaquer, et représentait ainsi une
menace pour les Fountankais. L’Almamy, pendant sa détention de plus d’un an, a été remplacé par
Hamat Lamine BAL, du clan de Thierno Sileymane BAL, ses biens confisqués et sa maison pillée. A
son retour au Fouta-Toro, l’Almamy Hamat Lamine BAL remit sa démission et présenta ses excuses à
Abdelkader.

En particulier, Cheikh Moussa KAMARA explique la chute et l’assassinat d’Abdelkader KANE, en


raison de sa grande intransigeance dans l’application trop stricte de la loi coranique, y compris
quand les coupables sont de la haute noblesse. C’est ainsi que l’Almamy a fait couper la main de
personnes de bonne famille, coupables d’un vol, et cela en dépit de l’intervention d’Aly Dondou, son
fidèle allié et bras droit, un brave guerrier, qui l’avait accompagné au Cayor. Il a aussi infligé une
peine d’un mois de prison à Aly Dondou, qui avait dépassé une autorisation d’absence pour se rendre
à un autre village, et pendant ce séjour, Aly Dondou aurait «mangé du bœuf et du mouton et assisté à
des jeux et des fantasias» écrit Cheikh Moussa CAMARA.

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 Par conséquent, l’Almamy Abdelkader KANE, après un long règne, avait beaucoup d’ennemis et
d’envieux. Aly Dondou, aigri et mécontent se mit, alors, méthodiquement, à les fédérer et à
comploter contre Abdelkader. Une importante réunion, sous l’égide d’Aly Dondou, se tint à Galoya,
en présence notamment de Samba Ciré Silèye ANNE, de l’Almamy Bocar Koudédié TALLA, de Thierno
Mollé Amadou Moctar LY, d’Elimane Rindiawe Saïdou Boubou ATHE. Ils se mirent d’accord pour
chasser l’Almamy Abdelkader KANE, qui alla se réfugier au Boundou. Les Foutankais, sous prétexte
de réconciliation, convainquirent Abdelkader de revenir au pays. Au premier affrontement, près
d’une rivière, «Yari Nawna», entre Ouro-Sogui et Ogo, l’Almamy en sortit victorieux. Les comploteurs
envoyèrent de l’or à Hamadi Aïssata SY, almamy du Boundou, et aux Bambaras Massala, dont
Abdelkader avait tué un de leur chef animiste, pour leur demander du renfort. Cheikh Moussa
CAMARA expose deux versions de la mort d’Abdelkader. Dans un premier récit, il y aurait eu une
bataille, non décisive, à Lougguéré Polly Boddédji, en Mauritanie. Abdelkader traversa le fleuve, qui
était en décrue, à la nage, à l’endroit du gué. Ils le poursuivirent et le tuèrent. Une autre version dit
que l’Almamy aurait refusé de s’enfuir ; il s’est assis, et a ouvert le Coran pour le lire, jusqu’à ce que
les gens du Boundou l’aient assassiné, à Gouriki.

En tout cas, la mort tragique d’Abdelkader KANE a provoqué d’importants désordres au Fouta-Toro,
notamment des litiges concernant les terres des descendants des Satiguis qui ont été confisquées. Les
Bambaras, les Peuls animistes et les Maures semèrent des troubles dans le royaume, un relâchement
des mœurs a été observé. Une autre des conséquences de ce long règne d’Abdelkader de 31 ans,
apparemment contraire aux recommandations de Thierno Sileymane BAL, des clans passionnés et
antagoniques de se formèrent, ce qui entraina des fissures dans l’unité de l’Etat foutankais.

Par ailleurs, le parricide à l’encontre d’Abdelkader KANE par des gens du Boundou, manipulés par les
colons, est vécu par les Foutankais comme une tragédie. En effet, il en résulta une instabilité
gouvernementale, de 1810 à 1820 plus de dix Almamy se succèdent, dont certains ne règnent que
quelques mois. Le Fouta, un Etat centralisé et déconcentré, se délite, au fil du temps. En effet,
l’Almamy Elimane Boubacar KANE (1721-1851), du Dimat, en profite pour s’affranchir de l’autorité
de l’Etat central du Fouta, en créant un Etat théocratique du «Touldé Dimat» : «Les maîtres locaux,
grands marabouts et grands propriétaires fonciers, étant de véritables souverains de fait» écrit le
capitaine STEFF, dans son «histoire du Fouta». Le colonisateur français s’est rapproché du Dimat, du
Oualo et du Boundou, et a commencé à appliquer, méthodiquement, sa stratégie «du diviser, pour
mieux régner». L’arrivée en scène d’El Hadji Omar TALL, chef d’une nouvelle confrérie Tidjane, à
partir de 1849, accentue encore la crise de l’Almamiyat, mais qui résistera, tant bien que mal,
jusqu’en 1890.

 II – Thierno Sileymane BAL, un Etat fondé sur l’égalité et la bonne gouvernance

A – Une mesure hautement symbolique : L’abolition de l’esclavage

La Révolution des Torodos avec Thierno Souleymane BAL, non seulement a mis fin aux razzias, mais
aussi, et surtout, a interdit l’esclavage au Fouta-Toro, soit 18 ans avant la première abolition en
France de 1794, et 72 ans avant le décret du 27 avril 1848. Dominique HARCOURT LAMIRAL (1751-
1800), arrivé au Sénégal le 15 avril 1789, pour se livrer au trafic d’esclaves, fait état de diverses taxes
que doivent payer les Européens, pour traverser le Fouta-Toro, mais aussi de la libération des
esclaves qui ont mit pied au Fouta-Toro : «L’Almamy, le chef de Peul, est le plus puissant d’entre eux ;
ils nous ont enlevé, cette année (1789), plus d’une cinquantaine d’esclaves» écrit-il. En effet, la
Révolution des Almamy est une réaction contre le pouvoir monarchique et inégalitaire Satigui, alliés
aux Maures et pratiquant l’esclavage et le pillage. «Ce pays (Le Fouta-Toro) était autrefois si peuplé
que sans effort, il aurait été facile de tenir les Maures, dans une entière dépendance et de les
assujettir à lui payer un tribut ; mais cette nation molle, sans vigueur et sans courage, s’est toujours
laissée battre par des forces inférieures. Toujours pillés, toujours amenés en captivité, le nombre de

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ces peuples a considérablement diminué, il est réduit dans une espèce de dépendance, sous les
Maures», écrit Antoine Edme PRUNEAU de POMMEGORGE (1720-1812), dans sa «Description de la
Négritie».

Pour Carl Bernhard WADSTROM (1746-1799), humaniste suédois mort à Paris, explorateur en
Afrique et partisan de l’abolition de l’esclavage, Thierno Sileymane BAL est «homme dont l’esprit a
été plus cultivé que celui des autres princes noirs, qui s’est rendu tout à fait indépendant des Blancs».
En contraste avec ce régime éclairé de la dynastie des Almamy, WADSTROM est très sévère à l’égard
des rois abusant de leur pouvoir, et qui ne font que «partager leur temps entre les femmes et la
table». Ces rois honnis se livrent à un commerce infâme (l’esclavage) avec un bénéfice et un usage
médiocres (achat d’alcool). On sait que Thierno Sileymane BAL, partisan d’un Etat modeste, a
interdit justement l’esclavage.

Les contemporains de Thierno Sileymane BAL ont loué ses qualités morales, intellectuelles et
d’organisation. Ainsi, Jérôme PETION de VILLENEUVE (1756-1794), un girondin, un des acteurs de la
révolution française et élu maire de Paris, en succession de BAILLY en novembre 1791, souligne que
«ce roi (Thierno Sileymane BAL), ayant été élevé dans la classe des prêtres, a apporté sur le trône
plus de lumière que ses prédécesseurs». Un explorateur français, Gaspard-Théodore MOLLIEN (1796-
1872), ayant séjourné 22 ans au Sénégal à partir de 1817, et qui a visité le Fouta-Toro des Almamy, a
confirmé, sur le terrain, ce témoignage. Les Peuls «possèdent une grande qualité : ils ont un esprit
national. Ils ne se vendent entre eux ; c’est ce dont quelques peuples civilisés de l’Europe peuvent se
vanter. Quand ils apprennent qu’un de leurs compatriotes, a été vendu, ils vont l’enlever des mains
de ceux qui l’ont acheté» écrit G-Th MOLLIEN. Le gouverneur du Sénégal, FAIDHERBE, reconnaîtra,
plus tard, également certaines qualités aux Foutankais : «Ils ne manquent pas de qualités :
l’attachement à leur religion, leur patriotisme, leur haine de l’esclavage ; aucun citoyen du Fouta
n’est jamais réduit en esclavage ; ils ne font d’esclaves que sur les infidèles.» écrit Louis Léon
FAIDHERBE, dans sa «notice sur le Sénégal» dit-il.

Victor SCHOELCHER (1804-1893), dont le nom est associé, pour les écoliers sénégalais, à l’abolition
de l’esclavage, a visité, à quelques mois de la Révolution de 1848, le Sénégal, mais sous haute
surveillance. En effet, Victor SCHOELCHER est resté dans les villes côtières du Sénégal et la Gambie,
faisant l’objet d’une surveillance policière étroite et n’avait donc pas pu se rendre au Fouta-Toro,
dont il ignorait la situation au regard de l’abolitionnisme. En effet, le Fouta-Toro était une zone
jugée dangereuse, parce qu’en révolte contre la colonisation et le trafic des esclaves. Cependant,
Victor SCHOELCHER, un homme cultivé, disposant d’une importante bibliothèque, est sans doute au
fait de l’exposé du 8 mars 1790, au parlement, de Jérôme PETION de VILLENEUVE, sur la prohibition
de l’esclavage au Fouta-Toro : «Il est un roi d’une tribu nombreuse appelée les Pouls (Peuls) ; qui
habite un assez vaste pays ; ce roi ayant élevé dans la classe des prêtres (Le Fouta-Toro est une
dynastie, à cette époque, théocratique) a porté sur le trône plus de lumières que ses prédécesseurs
(La dynastie précédente, celle des Déniankobé, alliée aux Maures, était des animistes, des pillards et
des esclavagistes). Le sage Aluzammi (Almamy), s’est déterminé, en 1785, non seulement à refuser
les présents de la Compagnie du Sénégal, non seulement à proscrire  de ses sujets, mais même il a
déclaré qu’il ne permettrait à aucun marchand d’esclaves de passer sur ses terres avec ses esclaves.
(…) On lui a suscité des ennemis qui ont pillé ses frontières ; on a  excité contre lui des Maures qui
l’ont attaqué, qu’il a vaincus, et il est resté inflexible» écrit PETION de VILLENEUVE.

Victor SCHOELCHER connaissait Jacques-François, baron ROGER (1787-1849), premier gouverneur


civil du Sénégal entre 1825 et 1827, membre de la Société des Amis des Noirs. Dans un roman,
«Kelédor, histoire africaine», le baron ROGER a, dans une large mesure, popularisé le combat des
Almamy du Fouta-Toro contre l’esclavage. C’est une création littéraire, mais le roman s’inspire de
faits historiques qui «ont échappé aux précédents voyageurs. Malgré les bonnes descriptions du
Sénégal, on n’a pas encore en Europe, des idées très justes sur certains détails de mœurs et

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d’institutions qui sont d’une assez haute importance» écrit, dans le bulletin de la société de
géographie, en 1828, JOMARD dans son analyse du roman. «Les Sénégambiens ont reçu des Arabes,
avec la loi musulmane, certains arts, certaines institutions qui ne sont pas indignes d’examen. Il
faudra bien des années pour que l’Européen superbe s’accoutume à croire à l’aptitude intellectuelle
de l’Africain» précise JOMARD.

Par conséquent, cet ouvrage se déploie sur «deux registres de la fiction romanesque et du traité
scientifique visant, pour l’essentiel, à contribuer à une prise de conscience en France d’une société et
d’une culture lointaine» écrit dans la préface Kusum AGGARWAL. Le roman prend pour décor, au
début, «La révolution politique arrivée en 1775, dans le pays de Fouta, et qui a fait passer le pouvoir
royal aux mains des prêtres ; ils élisent entre eux l’Almamy, prince temporel et spirituel, et forment
un conseil qui le révoque, à volonté» écrit JOMARD. Le baron ROGER décrit le caractère prononcé, la
fermeté et l’esprit d’indépendance des Peuls, ainsi que leur grande hostilité à l’esclavage «Ils sont
passionnés pour la liberté. (…) Après leur Révolution en 1775, l’esclavage fut proscrit, on n’y admit
aucun nouvel esclave, chose bien remarquable tout ancien esclave devient libre, dès qu’il sut lire. Les
Foulhs (Peuls) vont jusqu’à croire que nous avons suivi leur exemple en proscrivant la traite» écrit
JOMARD. En effet, l’Almamy du Fouta-Toro, Abdoul Kader KANE, entreprend une expédition contre
le Damel du Cayor, un roi animiste et esclavagiste.

L’Almamy est fait prisonnier et les jeunes guerriers qui l’accompagnaient, dont Kelédor, âgé de 14
ans, est vendu comme esclave. A Saint-Domingue, il est revendu à un planteur espagnol, et se marie
avec une jeune esclave qui lui donne un enfant. Il corrige le fils de son maître qui avait pris
possession de sa femme, Mariette, et s’enfuit du domaine, devenant ainsi un nègre marron et rejoint
Toussaint-Louverture. Il se bat en homme libre «La liberté est un trésor qui tient lieu de tous les
autres ; des dangers sans nombre t’environneront ; la liberté donne le courage de les affronter» écrit-
il.  Retrouvant des anciens esclaves Peuls, il décide de rentrer au Fouta-Toro. Mais il retrouve le
village de ses ancêtres entièrement détruit. Il rejoint les bords du fleuve afin d’entreprendre des
travaux agricoles, en homme libre. Le baron ROGER est un franc-maçon avec une fibre humaniste et
antiesclavagiste. Il tente, en 1822, de faire du Sénégal une colonie agricole, avec la participation des
esclaves affranchis, en vue d’exporter des produits exotiques en métropole. Pour cette ambition
agricole, il engage un jardinier, Jean-Michel Claude RICHARD, et le lieu conservera sa
dénomination : «Richard-Toll » ou le «champ de Richard». Il pense que l’esclavage ainsi que le
colonialisme seront appelés à disparaître «Il est de la justice, et même de la politique du
gouvernement, de soutenir le faible contre le fort, sans nuire, cependant, à celui-ci» écrit-il.

B – Un testament majeur : la bonne gouvernance dans l’humanisme

L’Almany, chef politique et religieux, étant désormais élu, n’est plus un simple héritage familial. Le
titre d’Almamy devait revenir au musulman le plus noble, le plus intègre, le savant, et donc le plus
méritant. On ne connaissait pas encore le système de déclaration de patrimoine, mais l’Almamy qui
s’enrichissait de trop, est évincé du pouvoir et ses biens confisqués. En définitive, cet Etat, fondé des
principes de démocratie, est mais aussi inspiré de valeurs morales et éthiques, comme la probité, la
prohibition du conflit d’intérêts, le critère de compétence, le sens du service public, de l’intérêt
général et l’égalité de tous devant les charges publiques. En effet, c’est Thierno Sileymane BAL, lui-
même qui a fixé ces règles de fonctionnement de l’Etat, fondées sur une action presque
désintéressée. Sentant sa fin prochaine, Thierno Sileymane BAL laisse aux populations du Fouta-
Toro les huit recommandations suivantes, (retranscrites par Cheikh Moussa CAMARA), encore d’une
grande actualité à l’aube du XXIème siècle :

- détronnez tout Imam dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;

- combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;

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- veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils
succèdent à leurs pères ;

- l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle caste ;

- choisissez toujours un homme savant et travailleur ;

- il ne faut jamais limiter le choix à une seule et même province ;

- fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude ;

- l’impôt, le produit des amendes et tous les revenus de l’Etat doivent être utilisés pour des actions
d’intérêt général.

Cette Révolution des Torodo avait un précédent, sans doute connu des Lettrés du Fouta-Toro, c’est la
Charte du Mandé 1222, dont le préambule est ainsi conçu :

Une vie est une vie, une vie n'est pas plus ancienne ni plus respectable qu'une autre vie, de même
qu'une autre vie n'est pas supérieure à une autre vie  ;
Que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul
ne martyrise son semblable ;
Le tort demande réparation  ;
Pratique l'entraide ;
Veille sur la patrie ;
La faim n'est pas une bonne chose, l'esclavage n'est pas non plus une bonne chose ;
La guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des esclaves ; c'est dire que nul ne
placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre ; personne ne sera
non plus battu au Mandé, a fortiori mis à mort, parce qu'il est fils d'esclave ;
Chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits des lois de sa patrie.

Les principes qui guident la gouvernance des Almamy sont notamment le respect de la vie humaine
et les principes d'égalité et de non-discrimination, de liberté individuelle, de justice, d'équité, de
dignité, d’égalité et de solidarité. «L’Almamy ne peut rien faire sans l’avis du conseil. Lorsqu’ils sont
mécontents de ce chef, ils se retirent pendant la nuit dans un lieu élevé ; après une longue
délibération, l’Almamy est renvoyé ; un autre est sur le champ élu à sa place ; ils le font venir devant
eux et lui adressent ces mots : «Nous t’avons choisi pour gouverner notre pays avec sagesse» écrit
MOLLIEN. L’Almamy doit remplir de hautes qualités morales et spirituelles. Par conséquent, le Fouta-
Toro ressemble à un régime parlementaire, le souverain ayant des pouvoirs limités «Chaque Etat
Foula constitue une République théocratique dont le chef, l’Almamy, n’exerce le pouvoir temporel et
spirituel qu’avec l’aide des Anciens et des notables», écrit Georges RAYNAUD.

Quel message nous livre Thierno Sileymane BAL à l’aube du XXIème siècle ?

La contribution de Sileymane BAL à l’éclat du Siècle des Lumières, dans une Afrique encore
enveloppée de la nuit noire de l’esclavage, est un haut fait historique, à valoriser. En effet, la même
année que la Révolution américaine, et treize ans avant celle de la France, Thierno Sileymane BAL
avait une conception originale de l’Etat qu’il voulait instaurer. Analysant finement la société de son
époque, instruit de l’expérience de ses différents voyages, Thierno Sileymane BAL, par ses analyses et
les actes qu’il a posés, a proposé une offre politique novatrice et audacieuse, dans la sens de la
justice, de l’équité, de la fraternité et de la non-discrimination, la compassion, l’interdiction de
l’esclavage, la dignité de tous et la solidarité à l’égard des faibles (femmes, enfants, pauvres). Cette
offre politique révolutionnaire, reste encore, plus que jamais de nos jours, d’une très grande
actualité. En effet, Thierno Sileymane BAL a condamné, toute forme de patrimonialisation du

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pouvoir, de cupidité, d’enrichissement illicite. Il avait mis en place des mécanismes de destitution, en
cas d’abus de pouvoir ; ce qui semble condamner les régimes monarchiques et préhistoriques
africains de notre temps. C’est lui, par conséquent, qui est à la base d’un concept de bonne
gouvernance sobre et vertueuse.

De nos jours, l’affaissement des valeurs éthiques et morales, à travers notamment toutes les formes
de corruption, de népotisme, de pouvoir arbitraire et violent, ne sont pas à l’honneur de l’Afrique. A
l’aube du XXIème siècle, mon ancêtre, à certains égards, serait fier de son héritage, à d’autres points,
il serait carrément en colère. Thierno Sileymane BAL sera ravi d’apprendre que la nation sénégalaise,
à plus de 95% de musulmans, est un pays tolérant, pacifique, dans la diversité des croyances
religieuses. En effet, la contribution des Almamy à faire du Sénégal un pays musulman, une
forteresse imprenable, vecteur de la résistance contre la colonisation, a été plus que décisive. Mais ce
que préconise Thierno Sileymane BAL, c’est un Islam qui nous libère de l’obscurantisme, nous éclaire
vers la vérité et la justice. Par conséquent, Thierno Sileymane BAL serait, je crois, particulièrement
triste d’apprendre, même si c’est à la marge, le détournement des principes religieux par certains
marabouts du Sénégal, devenus des parasites et affairistes, s’immisçant dans les affaires politiques
pour s’enrichir. Thierno Sileymane BAL condamnerait, probablement, sans réserve, ces malades
mentaux qui tuent des innocents, au nom de l’Islam ; la personne humaine est un être sacré, à
protéger et à honorer. Pour Thierno Sileymane BAL, la religion, c’est avant tout, Amour, Rectitude,
dans le cœur et les actes. Une religiosité dépourvue de compassion, ne serait que mystification et
barbarie. «Je suis plus proche de vous que votre nœud gordien» dit une sourate du Coran.

Thierno Sileymane BAL est le grand oublié de l’histoire au Sénégal, peu d’institutions, de places ou
rues significatives portent son nom. Il devrait être enseigné aux enfants sénégalais, dès leur jeune
âge. Thierno Sileymane BAL, lui, dont l’action a été décisive dans la construction de la nation
sénégalaise, est resté le grand inconnu de son pays, confiné à la confidentialité. Il n’est jamais trop
tard, même 244 ans après sa disparition, de réparer cette injustice.

 Bibliographie très sélective

Anonyme, «La question du Fouta», Moniteur du Sénégal, 18 avril 1865, n°473, pages 68-70 ;

ARCIN (André), Histoire de la Guinée française, préface Joseph Chailley, Paris, Auguste Challamel,
1911, 641 pages, spéc la révolution théocratique en Guinée pages 79-96 ;

BA (Oumar), Notes sur la démocratie en pays toucouleur, Dakar, Imprimerie A. Diop, 1966, 52
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BRIGAUD (Félix), Histoire moderne et contemporaine du Sénégal, Saint-Louis, C.R.D.S, 1966, 148
pages ;

BRIGAUD (Félix), Histoire traditionnelle du Sénégal, Saint-Louis, CRDS, 1962, 336 pages ;

CAILLE (René), «Notes sur les peuples de la Mauritanie et de la Négritie riveraine du Sénégal», Revue
Coloniale, septembre 1846, tome X, pages 1-10 ;

CHERUY (Lieutenant, Paul), «Rapport sur les droits de propriété des Coladé dans le Chémama, les
redevances anciennement payées, les droits encor actuellement acquittés et le mode d’élection des
chefs de terrains», Journal Officiel de l’AOF (Gorée), 1912, recueil supplémentaire, spéc la généalogie
des Déniankobé (1512-1775) et des Almamy (1776-1859) ;

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CLARKSON (Thomas), Histoire du commerce homicide appelé traite des Noirs, ou cri des Africains
contre les Européens, leurs oppresseurs, préface de l’abbé Grégoire, Paris, Les Marchands de
Nouveautés, 1822, 87 pages ;

CROZAL (Jean-Marie), «Trois Etats Foulbé du Soudan Occidental et central : Le Fouta, le Macina,
l’Adamaoua», Annales Université de Grenoble, 1896, tome VIII, n°1, pages 257-309 (Liste des Satiguis
et des Almamy) ;

CULTRU (Prospère), «Les faux d'un historien du Sénégal», La Quinzaine coloniale, 10 juin 1910, pages
399-402 ;

CURTIN (Philip), «The Uses of Oral Tradition in Senegambia :Malik SI and the Foundation of
Bundu», Cahiers d’études africaines, 1975, vol 15, n°58, pages 189-202 ;

N’DIAYE (Saki, Olal), «The Story of Malik Sy», Cahiers d’études africaines, 1971, vol 43, pages 463-
487 (texte en peul et en anglais) ;

DIALLO (Thierno, Oury), «Contribution à l’étude de l’histoire de Karamoko Alpha Mo Labé»,


Guinéematin, 7 mai 2018 ;

DIOUME (Oumar), «Entretien : Thierno Souleymane Bal, mérite qu’on le fasse connaître dans son
pays» accordé à Aissatou Ly, Le Quotidien, (Sénégal) du 4 novembre 2017 ;

DJENIDI (Abdallah), «Moussa Kamara et l’exercice du pouvoir politique au Fouta-Toro », Annales de


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FAIDERBE (Léon, Louis), «Populations noires des bassins du Sénégal et du Haut-Niger», Revue
Coloniale, juillet-décembre 1856, tome XVI, pages 328-341 ;

FAURE (Claude), «Le premier séjour de Duranton au Sénégal (1819-1826», Revue d’histoire des
colonies françaises, 1921, 2ème semestre, pages 189-263, spéc sur le Fouta-Toro 251-253 ;

GBOLO (Pierre), Le Père Labat, témoin du monde noir, thèse, 1988, 404 pages ;

GNOKANE (Adama), «Le Fuuta Tooro du XVIème au XIXème, essai de synthèse», in Histoire de la
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99-124 et sur l’Etat islamique du Boundou, pages 75-91 ;

KAMARA (Cheikh, Moussa), «L’histoire de l’Almamy Abdul (1727-8-1806) par Shaykh Muusa Kamara»
traduite par S. Boubina et J Schmidt, Islam et Société au Sud du Sahara, 1978, vol 7, pages 59-95 ;

 KAMARA (Shaykh, Muusa), Florilège au jardin des Noirs, Zuhir Al Basatin, L’aristocratie peule et la
Révolution des clercs musulmans (Vallée du Sénégal), préface de Jean Schmidt, Paris, éditions
C.N.R.S., 1998, 460 pages, sur les Satigui pages 93-130, spéc sur Thierno Sileymane Bal pages 315-325

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et 339-340, sur Abdelkader Kane pages 325-338, pages 343-351 et pages 354-357 et sur le déclin des
Almamy pages 375-392 ;

KANE (Abdou, Salam), «Du régime des terres chez les populations du Fouta», B.C.H.S.A.O.F., octobre-
décembre 1935, tome XVIII, n°34, pages 449-461 ;

KANE (Abdoulaye), «Histoire et origine des familles du Fouta-Toro », Annuaire et mémoire du Comité
d’Etudes Historiques et Scientifiques de l’AOF, 1916, pages 325-343 ;

KANE (Oumar), «Les Maures et le Futa-Toro au XVIIIème siècle », Cahiers d’études africaines, 1974,
vol 14, n°54, pages 237-252 ;

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préface Ahmadou Mahtar M’Bow, Paris Karthala, 2004, 670 pages ;

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du Sénégal, d’après les mémoires d’André Bruë, Paris, 1728, tome II, spéc chapitre XI, «du royaume
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précédée d’un récit inédit sur le naufrage du Radeau de la Méduse, Paris, Charles Delagrave, 1889,
317 pages, spéc page 173 ;

MONENEMBO (Thierno), Peuls, Paris Seuil, 2004, 400 pages ;

MOURALIS (Bernard), «Roger, Jacques-François, baron, Kelédor, histoire africaine», compte rendu,
Etudes littéraires africaines, 2007, Vol 24, pages 73-74 ;

PETION de VILLENEUVE (Jérôme), «Discours sur la traite des Noirs du 8 mars 1790», Archives
parlementaires de 1787 à 1860, 1ère série (1787-1799), tome 12, du 2 mars au 14 avril 1790, Paris,
Librairie administrative P. Dupont, 1881, pages 79-94, spéc page 82 sur l’interdiction de l’esclavage
au Fouta-Toro  ;

PRUNEAU de POMMEGORGE (Antoine, Edme), Description de la Négritie, Paris, Amsterdam,


Maradan,  1789, 284 pages, spéc pages 51-53 ;

ROBINSON (David), “The Islamic Revolution of Futa-Toro ”, The International Journal of African
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ROBINSON (David), «L’Almamy Abdoul Kader et la révolution musulmane au Sénégal du XVIIIème


siècle», Les Africains, tom X, pages 17-35  et en anglais, Archives des sciences sociales de religions,
1977, Vol 43, n°2, pages 294-295 ;

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ROGER (Jacques-François), Kelédor, histoire sénégalaise, Paris, A. Nepveu, 271 pages 1829, Moreau, 
2 volumes, Paris, INALCO, 1974, Paris, L’Harmattan, présentation de Kusum Aggarwal, 2007, 169
pages ;

ROUX (Capitaine, Joseph Edouard), Notice historique sur le Boundou, Saint-Louis, Imprimerie du
gouvernement, 1893, 15 pages ;

SAINT-PERE, «La création du royaume du Fouta-Djalon», Bulletin du Comité d’études historiques et


scientifiques l’A.O.F., 1924, pages 484-555 ;

SALL (B), La monarchie théocratique élective du Fouta ou suite chronologique des Almamys, Gossas,
1960, 3 pages dactylographiées ;

SALL (Mamadou, Youry), Ceerno Sileymaani Baal,  le leader de la Révolution du Fuuta-Toro (1765-
1776), Sarrebruck (R.F.A.), Verlag, Presses universitaires européennes, 2017, 50 pages ;

SAMB (Amar), «L’Islam et l’histoire du Sénégal», Bulletin de l’IFAN, juillet 1971, n°3, série B, tome
33, pages 447-663, spéc sur Les Almamy page 472  ;

STEFF (Capitaine), Histoire du Fouta-Toro, Dakar, IFAN, 1913, document dactylographié, 70


pages (Merci au prof Abdoulaye Baïla N’DIAYE) ;

SY (Mamoudou), Le Dimar au XVIIIème et XIXème siècles : trajectoire d’un Etat théocratique


Sénégambie, thèse de 3ème cycle, sous la direction de Ousseynou Faye, Dakar, UCAD, Faculté des
lettres et sciences humaines, Département d’histoire, 2003-2004, 276 pages (doc UCAD THL-1009) ;

SCHMITZ (Jean), «Les Toorobbé du Fuuta Tooro : formation d’une classe cléricale et dispersion en
Afrique de l’Ouest (Les Jihad du XIXème siècle)», extraits table ronde les Agents religieux en Afrique
tropicale, Paris, 15, 16 et 17 décembre 1983, Orstom ;

SOH (Ciré, Abbas), Chroniques du Fouta sénégalais, traduction et annotations de Maurice Delafosse
et Henri Gaden, Paris, Ernest Leroux, 1913, 325 pages, spéc sur la crise dynastique des Satigui pages
31-37, Sur Thierno Sileymane Bal pages 38-42 et sur les Almamy depuis Abdelkader KANE, pages 43-
104 ;

WANE (Amadou, Tamiou), «Recueil des coutumes sur la tenure foncière dans le domaine cultural du
Fouta», Sénégal-documents, 1er mars 1961, n°18, 8 pages ;

WANE (Baïla), «Le Fuuta Tooro de Ceerno Sileymaani Baal, à la fin de l’Almamiyat (1770-1880)»,
Revue Sénégalaise de l’histoire, janvier-juin 1981, vol 2, n°1, pages 38-50   ;

WANE (Yaya), Les Toucouleurs du Fouta-Toro, Dakar, IFAN, 1969, 369 pages.

Paris, le 3 avril 2020, par Amadou Bal BA 

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