Yvon Gauthier
Yvon Gauthier
Introduction à une lecture critique
王
www.pulaval.com
王
Illustration de la couverture :
ISBN 978-2-7637-8996-5
Kazimir Malévitch, Suprématisme dynamique no 57, 1916
Museum Ludwig, Cologne
PUL PUL
Collection
王
Hegel
Introduction
à une lecture critique
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Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise de son Programme d’aide
au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
plus tard par Éric Weil [57], requiert une dialettica dei distinti ou dialec-
tique des concepts distincts par degrés (ordini) plutôt qu’une dialettica
degli opposti ou dialectique des concepts opposés ou contraires. Croce
considérait comme mort le projet de philosophie de la nature chez
Hegel en critiquant la tentative ou la tentation de la philosophie spécu-
lative de se substituer à la démarche proprement scientifique inaugurée
par un autre italien, Galileo Galilei. La nature comme extériorisation
(Äusserung) de l’Idée devait rester lettre morte pour Croce. Ce que
Croce a conservé de Hegel, c’est une philosophie de l’esprit qui s’in-
carne dans l’histoire culturelle de l’humanité, après Vico et Herder qui
sont certainement dans l’ascendance de Hegel. Plus près de nous, la
lecture critique de Croce n’est pas si éloignée de celle du philosophe
américain R. Pippin qui propose aussi une lecture déflationniste du
système hégélien dans son Hegel’s Idealism. The Satisfactions of Self-
consciousness [47]. J’entends par lecture déflationniste l’exégèse qui
tente de polir la gangue métaphysique de la pensée hégélienne afin de
lui enlever son relief dogmatique et veut en énucléer le cœur théorique
pour en faire une théorie de l’homme et de la société modernes. L’in-
terprétation de Pippin défend l’hypothèse, qui n’est pas neuve, d’une
reprise hégélienne du projet kantien de la Critique du jugement dans
une perspective immanentiste qui redonne ses droits à la construction
sociale de la conscience et à l’auto-construction (Selbstbildung) de la
conscience de soi. La lecture de Pippin n’est pas étrangère aux lectures
de la tradition hégélianiste française depuis Jean Wahl, Alexandre
Kojève et Jean Hyppolite qui ont fait de la philosophie hégélienne une
philosophie de la conscience avant une philosophie du concept (Begriff).
Mais la récupération de l’idéalisme objectif dans une analyse concep-
tuelle qui s’amarre à une philosophie du concept n’est plus compatible
avec la désaffection dans laquelle est tombée la philosophie de la nature
ou la théorie hégélienne de l’Esprit absolu. Une autre lecture que j’ap-
pellerai lecture d’appropriation est celle de R. Brandom. Dans ses
ouvrages Making it explicit [3] et Tales of the Mighty Dead [4] (en plus
de quelques articles [5], un ouvrage consacré à Hegel est annoncé),
Brandom tire une partie de Hegel vers la philosophie analytique du
langage et veut faire de Hegel un penseur de la norme socialement
médiatisée dans une phénoménologie de la conscience ordonnée en
quelque sorte à un esprit du temps (Zeitgeist) qui acquerrait ainsi un
Avant-propos XI
le tissu logique du système. Le révisionnisme est ici de bon aloi qui vise
non pas la justification de la dialectique, mais sa régénération au-delà
ou en deçà de sa gangue métaphysique. Après avoir montré dans des
travaux précoces que la logique de Hegel ne saurait être une logique
formelle, ce que Hegel savait déjà mais que nos contemporains
semblaient ignorer, j’ai voulu réinterpréter la logique hégélienne comme
syllogistique dynamique, c’est-à-dire comme une logique traditionnelle
(aristotélicienne) dynamisée par le procès de la sursomption (Aufhebung),
véritable moteur de la dialectique de la contrariété (et non de la contra-
diction) – c’est là la matière première des appendices de la fin de
l’ouvrage. Comme l’avait bien vu Croce, qui n’avait rien du logicien, ce
ne sont pas les énoncés contradictoires, mais les énoncés contraires qui
sont l’objet de la dialectique et dont la force motrice, que Hegel appelle
Moment pour le momentum de la mécanique newtonienne, réside dans
la dynamique de la double négation (negatio duplex ou doppelte Negation)
qui assure le passage ou la médiation (Vermittlung) des contraires vers
leur ultime résolution dans l’unité du Savoir absolu, pour parler comme
Hegel.
Il ne s’agira pas de parler comme Hegel, ni de parler contre Hegel
dans ce texte, mais d’adopter l’attitude du lecteur critique qui n’est
peut-être pas toujours fidèle à l’esprit tout en restant attentif à la lettre.
Ma lecture mettra donc l’accent sur le langage de Hegel, son vocabu-
laire et sa syntaxe, plutôt que sa sémantique qui a une visée idéaliste et
que je veux détourner au profit d’une critique constructive, démontage
plutôt que déconstruction, de l’échafaudage métaphysique et du
discours métaphysicien. Sur cette lancée, je chercherai à dégager sous la
phénoménologie de l’esprit une phénoménologie du langage et sous la
science de la logique une logique interne du langage. La conclusion de
l’ouvrage est consacrée à la mise en évidence de ce motif recteur.
J’utiliserai les traductions existantes en les modifiant à ma guise
quand je ne traduirai pas littéralement le texte de Hegel. Et j’aurai
recours librement à mes inventions de vocables, comme « sursomp-
tion » pour Aufhebung, qui a connu une belle fortune sans mon secours,
et à mes ressources de logicien et philosophe des sciences plus souvent
qu’à celles de l’historien de la philosophie que je ne suis pas.
Avant-propos XIII
1. C’est la traduction de Jarczyk et Labarrière [23] et [24] que j’utiliserai dans tout
le texte, parce qu’elle me semble la plus exacte, malgré ses excès et ses abus de
langage. Je la modifierai à l’occasion en renvoyant à l’œuvre de Hegel dans
l’édition de la Felix Meiner Verlag. J’utiliserai les abréviations Phé. pour la Phéno-
ménologie de l’esprit et Sdl pour la Science de la logique.
Introduction
Hegel vivant
2. Soulignons que tollere se décline en tollo, sustuli, sublatum (participe passé) et que
l’anglais s’en est inspiré pour traduire Aufhebung par sublation.
Introduction 5
Phénoménologie
La certitude sensible
La perception
Dans l’épistémologie traditionnelle des savoirs, la perception se
situe au deuxième degré, pour parler comme J. Maritain dans Les degrés
du savoir, de la hiérarchie des facultés après la sensation et avant l’en-
tendement. Hegel respecte cet ordre, mais il le dialectise. Si la conscience
immédiate est la première figure (Gestalt) ou la première détermination
de l’esprit en tant que figure déterminée (bestimmte Gestalt), la sursomp-
tion dialectique dans une autre figure déterminée la transforme en
perception de la chose et de ses propriétés.
La chose appartient au monde du multiple et c’est la perception
qui doit connaître le multiple, c’est-à-dire la chose avec ses multiples
propriétés. Hegel écrit : « [...] car c’est la perception qui a en son essence
la négation, la différence et la multiplicité » (Phé., 122).
On a vu que le ceci de la certitude sensible est posé comme non-
ceci ou comme sursumé ; c’est un rien déterminé, une négation locale
et « le sursumer » (Aufheben) présente sa double signification véritable
Chapitre 1 – Phénoménologie 11
que nous avons vue dans le négatif (Phé., 123). Le sursumer est un nier
et un conserver en même temps. Dans ce passage, Hegel insiste donc
sur la signification profonde de la sursomption : c’est le procès de la
sursomption qui assure le passage du singulier déterminé à l’universel,
des déterminations ou déterminabilités multiples de la chose (ses
propriétés) à son unité qui est un ensemble simple de multiples, un
milieu universel. Il faut distinguer dans la perception de la chose trois
moments ou trois mouvements de la conscience ; il y a d’abord l’uni-
versalité passive du Aussi des propriétés opposées et multiples, la néga-
tion de ces déterminations qui donne l’unité et la négation de la
différence entre le multiple et l’unité qui lie dans une synthèse finale la
chose et ses propriétés. Voilà la dialectique de la conscience percevante
qui peut s’égarer dans l’illusion, simplement parce que la conscience
peut être comme une lumière vacillante devant la stabilité ou la fixité
de la chose ancrée dans l’unité du multiple, c’est-à-dire le complexe
constitué de la chose et de ses propriétés. La chose dans sa permanence
est l’objet invariable, mais la conscience change et peut varier, parce
que le milieu universel c’est nous ou la conscience qui perçoit et qui se
projette dans le monde du multiple. Et Hegel de montrer comment la
conscience refait le circuit, le cercle dialectique, de la conscience immé-
diate de la certitude sensible, mais de manière différente. La conscience
se projette d’abord dans le monde unifié du multiple de la perception,
revient à soi comme réflexion variable du multiple pour s’apercevoir, si
l’on peut parler ainsi, que la perception est sa perception à elle, la
conscience, et qu’elle peut se tromper dans les variations kaléidoscopi-
ques de ses perceptions et que c’est en elle que ça se passe, c’est-à-dire
que la perception est sa perception et qu’elle est en fait le milieu
universel. La conscience doit prendre sur soi son autre, l’objet dans son
opposition au sujet (de la conscience). La conscience s’oppose alors à
l’objet simple et divers et doit penser le mouvement du singulier vers
l’universel en passant par la négativité des opposés ou des contraires
pour arriver à la force interne que doit penser l’entendement à l’aide de
ses catégories.
Dans la perception, la conscience pense ou plutôt pose la chose
comme pour soi (für sich) (objet singulier) et comme pour un autre (für
ein Anderes) dans le rapport de l’objet singulier avec d’autres objets
singuliers. La sursomption doit opérer finalement sur cet antagonisme
12 Hegel – Introduction à une lecture critique
Force et entendement.
Phénomène et monde suprasensible
La conscience atteint une troisième station avec l’entendement ou
la conscience phénoménale. On peut se demander pourquoi Hegel
introduit le concept de force dans ce chapitre sur l’entendement, certai-
nement l’un des chapitres les plus difficiles de la Phénoménologie et je
me contenterai de le résumer succinctement. C’est que la force est
conçue par Hegel comme la réalité du monde objectif ou phénoménal.
Hegel nous dit que l’universel inconditionné est pour l’entendement
l’objet vrai de la conscience, mais il n’est que comme objet pour la
conscience qui n’a pas encore le concept ou « n’est pas encore pour
soi-même le concept » (Phé., 140). Pour nous (für uns), cependant, ce
mouvement de la conscience ou concept est déjà accompli, nous qui
sommes les consciences philosophiques qui assistons au progrès de la
conscience, de la certitude sensible au Savoir absolu. Mais son itinéraire
pour soi, la conscience doit le parcourir étape par étape sans avoir pour
elle la vision de l’ensemble. C’est une marche longue et pénible, Hegel
dira un calvaire, que la conscience doit effectuer dans son périple vers
le Savoir absolu.
Si le monde phénoménal s’offre à l’entendement, la force se dérobe
comme intérieur du phénomène. Ce que Hegel veut penser ici, c’est
l’univers physique qui constitue l’essence du phénomène ; ainsi la force
gravitationnelle (attraction et répulsion), les forces électrique et magné-
tique qui seront unifiées plus tard dans l’électromagnétisme de Maxwell
sont régies par des lois, objets de l’entendement. On pourrait évoquer
ici la mécanique de Newton que Hegel a critiquée jadis pour son méca-
nisme auquel il a voulu substituer un vitalisme radical. Les trois lois
formulées par Newton dans ses Philosophiae Naturalis Principia Mathe-
matica (1687) sont :
Chapitre 1 – Phénoménologie 13
c’est dans l’infinité du pur rapport à soi que la conscience vient à soi,
que la conscience devient conscience de soi. De la mer indifférenciée de
toutes les différences sursumées émerge la conscience de soi comme pur
automouvement (Selbstbewegung).
Quel bilan tirer de cette lecture des premiers chapitres ? Avant
d’aborder la conscience de soi, il convient de dire ce que Hegel a
accompli jusqu’ici. Parvenu au champ infini de la conscience au prix de
la sursomption de toutes les différences qui apparaissent dans la sensa-
tion, la perception et l’entendement ou de la séparation entre le monde
sensible et le monde suprasensible, Hegel, au-delà de Fichte, Schelling,
Kant jusqu’à Aristote, a voulu refaire l’unité immanente de la conscience.
Si l’on suppose que la thèse de l’intentionnalité de la conscience « toute
conscience est conscience de quelque chose [etwas] », reprise au Moyen
Âge jusqu’à Husserl est présente aussi chez Hegel, il faut revenir à Aris-
tote pour voir comment Hegel a voulu penser la réunion de l’intellect
actif (nous poétikos) et l’intellect passif (nous pathétikos) du traité De
l’âme d’Aristote jusqu’à la dualité de l’ego transcendantal et de l’ego
empirique séparés à la naissance, pourrait-on dire, en vertu de la consti-
tution a priori de l’esprit chez Kant. Kant fera la distinction entre intel-
lectus ektypus ou intellect réceptif, et intellectus archetypus, intellect
créateur qu’il réservera à Dieu. Le Je (das Ich) et le non-Je (das Nicht-
Ich) de Fichte tout comme l’identité indifférenciée de Schelling (« nuit
où toutes les vaches sont noires »), ces abstractions vides sont absorbées
dans l’infinité du champ de la conscience, mère de toutes les diffé-
rences. C’est bien la conscience qui accomplit sa propre genèse dans
cette prosopopée qui lui donne vie et langage par la pronominalisation
de l’automouvement de l’esprit en soi (an sich) qui s’extériorise (sich
entäussert) dans le pour-soi (für sich) de la conscience pour se retrouver
en soi et pour soi dans le Savoir absolu, unité finale de la vérité (objec-
tive) et de la certitude (subjective). L’automouvement de l’esprit est une
dynamique alors que l’auto-affection (Selbststimmung) d’un Schelling
est une passion ; un pathos de l’esprit qui est mû (ému) par soi, mais ne
se meut pas. La section suivante nous fait avancer d’un pas de plus dans
l’ascension de la conscience vers le savoir absolu.
Je ne m’attarderai pas sur les suites que l’histoire philosophique a
données aux concepts qu’analyse Hegel dans les premiers chapitres de
la Phénoménologie. Par exemple, le monde renversé devient celui de la
Chapitre 1 – Phénoménologie 15
1. Dans la traduction utilisée ici, le terme Selbstbewusstsein est rendu par autocon-
science, indépendance de la conscience de soi par autostance et dépendance de
la conscience de soi par inautostance. Je rejette d’un bloc ces néologismes (ou
barbarismes pour certains) qui n’ont pas à mes yeux de justification, puisque la
terminologie de Hegel n’a dans ce cas aucune connotation technique particulière
et si l’allemand est une langue agglutinante, le français ne l’est pas !
Chapitre 1 – Phénoménologie 17
Maîtrise et servitude
Nous abordons ainsi la dialectique de la maîtrise et de la servitude
ou de l’indépendance et de la dépendance de la conscience de soi. Ce
développement, l’un des plus commentés de la Phénoménologie, Hegel
le présente en trois syllogismes.
Le premier syllogisme (Phé., 191) oppose deux consciences de soi
comme extrêmes ou pôles dans la sphère égologique, mais chacun des
termes est inversé dans le jeu ou la joute dialectique de l’un à l’autre par
la médiation de la conscience de soi elle-même dont Hegel dit qu’elle
est le moyen terme entre le petit terme a (première conscience de soi)
et le grand terme A (deuxième conscience de soi) :
1) la conscience de soi devient l’autre,
2) l’un et l’autre deviennent conscience de soi,
3) l’un et l’autre deviennent l’un-pour-l’autre.
Surviennent le combat pour la vie et l’affrontement de la mort. En
effet, pour conquérir son indépendance absolue, la conscience doit nier
20 Hegel – Introduction à une lecture critique
toute extériorité, la vie autre, pour s’affirmer dans son ipséité ou être
par-soi et pour-soi. La conscience de soi devient maîtresse de la vie et
survit au combat de la mort dans son égoïté insulaire. La conscience
servile ne veut pas conquérir son autonomie au prix de sa vie, s’attache
plutôt à l’extériorité, à la chose, et lui consacre son travail. « La
conscience indépendante à qui c’est l’être-pour-soi, la conscience
dépendante à qui c’est la vie ou l’être pour quelque chose d’autre (l’être-
pour-un-autre) qui est l’essence ; celle-là est le maître, celle-ci le servi-
teur » (Phé., 195, trad. modifiée). Le serviteur devient maître de la
chose en la travaillant.
Hegel explique ce mouvement négatif dans un autre syllogisme
(Phé., 193-194, trad. modifiée) :
1) la conscience de soi devient négation,
2) l’un-pour-l’autre devient conscience de soi,
3) l’un-pour-l’autre devient négation.
Cette dialectique est instable et il faut passer à la double négation d’un
troisième syllogisme (Phé., 194) :
1) le maître se rapporte au serviteur,
2) la chose se rapporte au maître,
3) la chose revient au serviteur.
Si c’est le serviteur qui travaille la chose, c’est le maître qui en jouit : la
jouissance est la sursomption de la chose en tant que consommation de
l’autre et consumation du désir. Mais la conscience servile n’en reste pas
là, au stade de la conscience désirante inassouvie, puisqu’elle a acquis
par son travail la maîtrise de la chose, donc du besoin du maître et, par
un singulier retournement dialectique de la situation, le serviteur
devient maître du maître – Marx pourrait dire que le prolétaire devient
le propriétaire du capital ou des biens accumulés par ses propres soins.
Par le travail en effet, la conscience servile se forme dans l’éducation de
soi, l’autoconstruction (Selbstbildung). Cette conscience autodidacte de
l’élève du maître devient maître du maître ici aussi et par là conquiert
sa liberté. Pour y arriver, la conscience servile aura dû s’effacer dans
l’anonymat (Phé., 198), refouler la crainte de la mort (Angst vor dem
Tode) et fuir le risque de l’anéantissement de soi dans le combat pour la
Chapitre 1 – Phénoménologie 21
Le savoir absolu
Le savoir absolu, c’est l’achèvement de l’extériorisation (Entaüsse-
rung) de la conscience de soi dans la multiplicité des figures de la
conscience, de la certitude immédiate à la certitude totalement média-
tisée du savoir absolu. La conscience de soi se sursume elle-même
comme objet (sich selbst Aufheben) dans cet automouvement qui la
porte du soi de l’en-soi au soi du pour-soi absolu. C’est en effet le soi
qui s’extériorise et le savoir absolu n’est que le rassemblement final de
toutes les expressions du soi, pourrait-on dire. L’automouvement de la
conscience de soi l’entraîne du singulier de l’immédiat à l’universel du
savoir et, inversement, de l’universel du savoir à la singularité du savoir
26 Hegel – Introduction à une lecture critique
nous, puisque le concept en soi qui devient pour soi pour lui-même doit
aussi être pour un autre (für ein anderes) (Phé., 100). Le mouvement
dialectique de l’en-soi (du concept) au pour-soi (de la conscience) qui
est à la fois pour-un-autre et pour nous, c’est ce que l’on nomme « expé-
rience » dit Hegel (Phé., 102). Et l’expérience est dialectique dans la
mesure où elle se déploie dans la sursomption de ses moments ou
mouvements déterminés par la médiation d’une négation déterminée
(die bestimmte Negation) et d’une double négation (die doppelte Nega-
tion ou negatio duplex) ; et dans la mesure où le chemin vers la science
qu’emprunte l’expérience est nécessaire, le chemin est la science même
et du coup science de l’expérience de la conscience (Phé., 104). Hegel
répète que l’expérience que la conscience fait sur elle-même comprend
le système total ou le royaume total de la vérité. Si la Phénoménologie de
l’esprit est la science de l’expérience de la conscience, la Science de la
logique sera la science du concept de la science pure comme résultat. En
d’autres termes, la Logique commence là où s’arrête la Phénoménologie
et la Préface de la Science de la logique est la continuation de la Préface
de la Phénoménologie de l’esprit pour former une boucle parfaite.
Chapitre 2
Logique
définition de l’absolu, nous dit Hegel (Sdl, 46). Il semble donc néces-
saire de commencer par Dieu, par l’absolu comme fondement d’où
l’on peut déduire la totalité de ce qui est ou des déterminations du
concept. C’est d’un immédiat simple (ein einfaches Unmittelbares) que
le mouvement part (Sdl, 51), c’est-à-dire que c’est à partir de l’immé-
diat que la médiation peut opérer et faire émerger les déterminations
du concept dans le procès du savoir. Mais au point de départ, c’est un
mot vide, l’être pur, qui constitue le commencement absolu de la philo-
sophie (Sdl, 52). Si la méthode est la construction du tout (Bau des
Ganzen), comme l’avait énoncé la Préface de la Phénoménologie de l’es-
prit (Phé., 105-106), il faut dire que la logique est la mise en mouve-
ment du concept comme totalité des déterminations de l’Idée absolue
que Hegel appelle aussi Dieu ou Absolu. Le fondement abyssal de Dieu
ou de l’Absolu est-il l’équivalent de la Déité (Gottheit) d’où Dieu lui-
même est sorti d’après Maître Eckhart. L’immédiateté indéterminée
(die unbestimmte Unmittelbarkeit) ou l’immédiat simple du commen-
cement est le terme initial d’une théophanie de l’Idée absolue qui se
conclut dans la boucle finale du cercle des cercles. C’est le savoir pur de
la fin de la Phénoménologie de l’esprit qui a « sursumé tout rapport à un
autre et à la médiation et est immédiateté simple » (Sdl, 39-40).
La jonction avec la Science de la logique est elle-même immédiate,
puisque c’est le contenu du savoir absolu qui doit se ramifier dans ses
déterminations logiques ou conceptuelles pour embrasser (encercler) le
système de l’Idée dans sa totalité concrète (Sdl, 375) – voir D. Henrich
[32]. Le système de l’Idée s’identifie à la fin à la méthode elle-même qui
n’est en dernière analyse que la description de l’automouvement du
concept dans sa trajectoire circulaire : ainsi le médiateur universel qu’est
le concept boucle-t-il lui-même dans son autarcie le discours du soi que
l’on peut appeler « autologie », théophanie du verbe divin dans la méta-
physique de l’Idée absolue et du Savoir absolu, forme et contenu unifiés
dans l’Esprit absolu, comme Hegel le proclame à la fin de l’Encyclopédie
des sciences philosophiques.
1. La majorité des traducteurs rendent le (Dasein) par (être-là). C’est à mon sens
une lecture heideggérienne de Hegel et ne rend pas justice à la notion hégélienne
d’être ou d’existant déterminé.
40 Hegel – Introduction à une lecture critique
L’être déterminé
L’être et le non-être sursumés, c’est le devenir. Le mouvement du
devenir engendre le Dasein ou l’être déterminé. Hegel emploie indiffé-
remment Dasein et Existenz pour désigner l’existence de l’être déter-
Chapitre 2 – Logique 43
miné (bestimmtes Sein ou das Seiende) qu’on peut rendre par l’« étant »
ou l’« existant » ; il suit l’usage de Kant et parle de l’existence de Dieu
comme das Dasein Gottes. Le terme « être-là » a une connotation
heideggérienne que Hegel (et Kant) ignorent ; chez Heidegger, Dasein
désigne l’existant humain, tandis que chez Hegel il désignerait plutôt
un étant, ce que Heidegger appelle ein Seiende. Hegel va employer Exis-
tenz plus loin dans la Logique pour opposer essence et existence dans le
sens abstrait d’une existence postérieure à l’essence.
L’étant est le quelque chose (Etwas) en rapport avec autre chose
(Anderes) dans la finitude de l’étant. Mais la finitude doit être sursumée
dans la vraie infinité qui est négation de la négation, c’est-à-dire néga-
tion de la détermination de l’étant fini. La négation a toujours le sens
de la négation déterminée, selon la maxime spinoziste « omnis determi-
natio negatio est », et la négation de la négation signifie l’infinité affir-
mative de l’être qui se sursume dans le procès infini de l’automouvement
du concept. La sursomption est double négation (negatio duplex) et la
vraie infinité est un procès en devenir (ein Prozess im Werden), selon
l’expression du mathématicien intuitionniste L.E.J. Brouwer qui y
voyait l’infini potentiel d’Aristote. Pour Hegel, ce devenir processuel
est un infini dynamique ou qualitatif, et sa figure est celle du cercle sans
point initial et sans point final – et non pas l’image de la droite infinie
ou de la suite illimitée des nombres naturels. Hegel consacre de longues
pages de la Logique au concept d’infini quantitatif en mathématiques,
et ce que nous allons voir maintenant.
L’infini mathématique
C’est justement sur cette question de l’infini mathématique que
l’on peut mesurer la pertinence des idées de Kant et de Hegel à propos
de l’infini. Je l’ai dit plus haut, l’infini véritable pour Hegel est le procès
de la négation de la négation. Il faut comprendre la première négation
dans son sens spinoziste : Omnis determinatio negatio est, et la deuxième
négation (negatio duplex) comme la sursomption affirmative de la déter-
minité ou d’une détermination donnée. C’est là-dessus précisément
que Hegel reprend Kant (WL, I, 242-243). L’erreur de Kant a été de
concevoir seulement l’infini quantitatif. Quant à l’infini qualitatif, il
n’est pas pour Hegel dans la série ou dans la somme des grandeurs, mais
dans leur rapport. Peut-être Leibniz avait-il vu juste quand il disait que
ce ne sont pas les séries infinies qui comptent, puisque l’infini en mathé-
matiques n’est qu’une « fiction utile », mais le rapport entre ces infinis
qui, lui, est fini, comme dans le calcul différentiel auquel Hegel consacre
une autre longue remarque (WL, I, 278 et ss). Leibniz avait en effet
insisté dans son ouvrage fondateur du calcul différentiel Nova Methodus
pro Maximis et Minimis... de 1684 sur la relation du dy au dx, c’est-à-
dire la différentielle pour déterminer la tangente à une courbe. Pour
Leibniz, ce ne sont pas les infiniment petits ou les quantités infiniment
petites qui importent, mais leur différence qui est infinitésimale. Mais
Hegel reprochera assez curieusement à Leibniz de ne pas avoir fait le
passage du quantitatif au qualitatif dans le calcul infinitésimal, alors
que Gauss, dit-il, a parfaitement saisi dans son algèbre polynomiale la
nature synthétique (qualitative) du rapport des coefficients avec leurs
puissances ou exposants (WL, II, 445). Il suffit d’une demi-heure peut-
être, nous dit Hegel, pour comprendre les enjeux théoriques du calcul
46 Hegel – Introduction à une lecture critique
une manifestation de l’être, mais le fait d’un constructeur fini pour qui
l’infini n’est pas un donné, mais une tâche (Aufgabe).
C’est là le contenu de la logique ou onto-logique et on ne voudra
pas priver Hegel de cette surenchère métaphysique. On peut se
demander cependant lequel des concepts d’indéterminé, celui de Hegel
ou celui de Kant, est le plus adéquat quand il s’agit d’évaluer la perti-
nence épistémologique d’une conception de l’infini.
D’un point de vue constructiviste, que l’on associe aussi à l’anti
réalisme contemporain mais qui a d’abord une connotation logique et
mathématique, la solution kantienne au problème de l’infini, qui
devient une extension indéterminée (unbestimmte Weite), correspond à
la notion d’infini potentiel que l’on retrouve dans la tradition mathé-
matique, d’Aristote à nos jours. Le grand mathématicien Gauss disait :
Das Unendliche ist nur eine « Façon de parler ». Cet infini quantitatif
progressif, c’est ce que Hegel récuse sous le vocable de mauvais infini et
l’infini qu’il promeut s’identifie au procès dynamique du concept.
Détaché de sa gangue ou de sa gaine métaphysique, la logique hégé-
lienne, qui est en réalité une dynamisation de la syllogistique aristotéli-
cienne, pourrait devenir un instrument logique puissant, comparable
aux logiques non monotones, logiques par défaut ou logiques paracon-
sistantes – la logique dialéthéiste de G. Priest admet de vraies contra-
dictions – dans le traitement formel du raisonnement en philosophie,
en langage ordinaire ou en intelligence artificielle. En particulier, il
faudrait étudier le statut de la double négation hégélienne et voir
comment elle se rapproche de la double négation au sens de l’intuition-
nisme mathématique d’un Brouwer qui refusait de l’admettre quand il
était question d’ensembles ou plutôt de suites infinies ou infiniment
processives. L’idée d’une dynamique de la négation ou du travail du
négatif (die Arbeit des Negativen) qui n’est autre que la patience du
concept dans une autre terminologie hégélienne pourrait trouver une
légitimité nouvelle dans une direction que n’avait certainement pas
prévue Hegel.
Après la question de l’infini, c’est le problème de la mesure qui
occupera Hegel dans la Logique. La mesure est la rencontre de la qualité
et de la quantité, abstraitement parlant. Plus concrètement, c’est le
couplage du déterminant (qualité) et du déterminé (quantité), mais les
déterminations de la mesure se fondront finalement dans l’absolue
48 Hegel – Introduction à une lecture critique
indifférence de l’être qui doit passer dans l’essence, qui doit aller avec
lui-même (Zusammengehen mit sich) dans la simplicité de l’être avec soi
(einfaches Sein mit sich). Nous n’accompagnerons pas Hegel dans ce
voyage vers l’« essentiel », le deuxième livre de la Logique. Nous le rejoi-
gnons plutôt au dernier chapitre du troisième livre qui porte sur l’Idée
absolue. Auparavant, Hegel aura traversé toutes les étapes qui l’auront
amené à travers la subjectivité du concept et ses objectivations (le méca-
nisme, le chimisme et la téléologie) jusqu’à l’idée et la vie du connaître
pour enfin clore le circuit de la Logique dans le cercle des cercles de
l’Idée absolue.
Enfin le troisième syllogisme, dont Hegel nous dit que c’est l’idée
de la philosophie, prend la forme :
I→E
N→I
N → E.
C’est l’idée ou le concept qui dans son automouvement éternel est
en soi et pour soi (an und für sich) comme Esprit absolu en acte. Et
Hegel couronne cette apothéose de l’Esprit absolu en citant le passage
du livre lambda de la Métaphysique d’Aristote qui décrit cet esprit
absolu en acte ; je donne ici ma propre traduction de ce passage :
La pensée qui n’est que par elle-même est pour elle-même l’objet le plus
haut, car la pensée la plus haute est la pensée du plus haut. L’esprit se pense
lui-même dans la pensée. L’esprit est l’objet de la pensée, de telle sorte que
la pensée et le pensé sont le même, car le sujet de la pensée et de l’être, c’est
l’esprit en acte et son activité est ce qui est divin en lui. La contemplation
est ce qu’il y a de meilleur et ce qui apporte le plus grand bonheur. C’est ce
que nous pensons de Dieu et si Dieu est encore plus, c’est d’autant plus
admirable. Et c’est ce qu’il est. La vie est en Dieu, car l’activité de la pensée
est vie. Dieu est acte pur, cet acte pur n’est que pour soi et c’est la vie éter-
nelle et la vie la plus haute. Nous disons donc que Dieu est la vie éternelle
la plus haute et que la vie perpétuelle et l’éternité bienheureuse lui appar-
tiennent. Voilà ce qu’est Dieu (Met Λ, 7, 1072b, 18-30).
On sait quel parti a tiré Thomas d’Aquin de cette définition de
Dieu, comme dirait Hegel, Actus purus et purum Esse, acte pur et exister
pur, sont le centre de l’aristotélico-thomisme et on pourrait penser que
Thomas d’Aquin est le relais médiéval d’Aristote à Hegel, comme l’a
suggéré jadis A. Marc dans sa Dialectique de l’affirmation [43]. Pour
nous, l’épopée de la conscience dans la Phénoménologie se transforme
en la prosopopée de la Logique où l’esprit se pronominalise, se meut
lui-même dans une eschatologie qui n’est que l’autologie ou le discours
de soi de l’idéalisme absolu. L’absolutisation du discours philosophique
2
appartient encore à la métaphysique . Le discours sur l’être qui se
de l’objectivité, mais la chose, comme une eau agile, lui échappe dans
son inessentialité. La véritable objectivité se révèle dans l’universel
inconditionné comme concept en soi ; mais la conscience ne peut
encore se reconnaître réflexivement dans ce concept en soi, puisqu’elle
n’a pas encore fait l’expérience du soi dans la multiplicité des expé-
riences de l’esprit.
L’épine dorsale de tout ce chapitre est le concept de différence : la
différence est la condition de l’extériorisation ou de l’objectivité, elle
rend possible la scission, plutôt la scissiparité de la conscience, son
dédoublement en concept et conscience. Le devenir de la différence
décrit la genèse de la conscience de soi. C’est seulement à la fin du
chapitre sur « Force et entendement » qu’apparaît la conscience de soi ;
et elle y apparaît comme la différenciation de soi dans l’identité de sa
non-différence avec soi-même, c’est-à-dire que le soi de la conscience
de soi se reconnaît par une coupure, une scission qui n’en est pas une,
puisqu’en se reconnaissant, il s’identifie à soi et abolit donc la diffé-
rence. Le concept d’infinité, comme différencier sursumé correspond à
cette différence qui n’en est pas une, elle est comme dit Hegel : « L’in-
quiétude absolue du pur automouvement du Soi [Sichselbstbewegen] »
(Phé., 173, trad. modifiée).
La dialectique de la différence qui s’achève dans l’infinité avait
commencé dans la différence de la force comme extériorisation et
refoulement de la force en soi ; la différence du phénomène et de l’es-
sence ou de l’extérieur et de l’intérieur signifiait la différence entre la
conscience et le concept ; la fusion de ces deux pôles s’opère par l’infi-
nité qui accomplit intimement l’identification de la conscience et du
concept, la conscience de soi.
Cette longue analyse était nécessaire pour dégager l’essentiel de ce
chapitre, sans doute le plus difficile de la Phénoménologie. Hegel, dans
ce chapitre, ne thématise pas le langage, mais le procès de l’extériorisa-
tion de l’esprit n’est possible que dans le langage. La différence dont
parle Hegel, c’est la différence entre ce que j’appelle le langage universel
fondateur et la parole individuelle (ou encore langage et discours), et
l’infinité qui est la différence simple est le langage comme unité du
langage universel fondateur, de la parole individuelle et du langage
universel intégrateur, le langage universel intégrateur étant le langage
de la compréhension de soi (la culture) dans le langage. Ces trois
CONCLUSION 59
∀x Ax ¬∃x Ax
contraires
A E
subalterne
subalterne
contradictoires
I O
subcontraires
∃x Ax ∃x ¬Ax
où nous avons
∀x Ax ≡ ¬∃x ¬Ax
∀x ¬Ax ≡ ¬∃x Ax
∃x Ax ≡ ¬∀x ¬Ax
∃x ¬Ax ≡ ¬∀x Ax
et
A : ∀x (Ax → Bx) ≡ ¬∃x (Ax ∧ ¬Bx)
E : ∀x (Ax → ¬Bx) ≡ ¬∃x (Ax ∧ Bx)
I : ∃x (Ax ∧ Bx) ≡ ¬∀x (Ax → ¬Bx)
O : ∃x (Ax ∧ ¬Bx) ≡ ¬∀x (Ax → Bx).
68 Hegel – Introduction à une lecture critique
Im Hebel sind alle Momente der Bewegung als einer aufgehobenen und sie als
solche realisiert ([21], 252). (Dans le levier sont réalisés tous les moments
du mouvement comme sursumés dans la sursomption même du mouve-
ment.)
On connaît l’effort spéculatif de Hegel pour élever le processus
mécanique du levier à la dignité de l’automouvement du concept (die
Selbstbewegung des Begriffs), mais il nous suffit de dire que le levier a été
pour Hegel le modèle canonique de la sursomption dialectique du
mouvement dans l’unité de ses moments. C’est à une véritable dyna-
mique de l’esprit plutôt qu’à une cinétique des corps en mouvement
que Hegel a voulu consacrer l’essentiel de sa logique. C’est ce que je
veux essayer de montrer maintenant en mettant l’accent sur ce que
j’appelle la syllogistique dynamique.
Doit-on réévaluer la logique dialectique à la lumière des développe-
ments récents en logique philosophique après les résultats négatifs de
mes travaux ([13] et [14]) du point de vue formel de la logique mathé-
matique ? Certains auteurs, comme Newton da Costa, voient dans la
logique dialectique une logique paraconsistante capable d’accueillir en
son sein la contradiction tout en demeurant consistante, mais je pense
qu’il est plus approprié de traiter la logique de Hegel comme une
logique dynamique du syllogisme. Je définis dans la suite un système
particulier de logique non monotone compatible avec une théorie du
raisonnement dynamique apte à rendre compte de la conception hégé-
lienne de l’automouvement du concept (Selbsbewegung des Begriffs).
La logique dynamique
En un mot, la logique dynamique est une logique des propositions
(ou énoncés) et des actions ; cette logique est d’abord apparue en
programmation logique et informatique théorique où une machine
représente des objets linguistiques et les manipule. Assurément, on doit
élargir considérablement ce cadre pour y faire entrer la logique hégé-
lienne en tant que théorie de l’action ou du travail du concept (die
Arbeit des Begriffs), comme le dit Hegel à la fin de la Préface de la Phéno-
ménologie de l’esprit. Si l’on admet cet élargissement, j’utiliserai le terme
de « logique dynamique » pour désigner une logique qui tente de
formaliser la dynamique de l’action ou de l’activité conceptuelle.
Appendices 73
syllogisme nous avons les trois termes, Logique (das Logische), Nature
et Esprit ; le moyen terme est Nature
Nature devient Esprit N → E
Logique devient Nature L → N
Logique devient Esprit L → E
Il y a un passage ou une transition (ein Uebergehen) de la Nature à
l’Esprit, alors que dans le deuxième syllogisme, Esprit devient le moyen
terme
Esprit devient Logique E → L
Nature devient Esprit N → E
Nature devient Logique N → L
et finalement dans le troisième syllogisme, Logique ou Concept ou
Idée (die Idee) est le moyen terme
Logique devient Esprit L → E
Nature devient Logique N → L
Nature devient Esprit N → E
Logique, Nature et Esprit s’échangent le rôle de moyen terme pour
mettre en évidence le développement et l’évolution de l’activité du
savoir (die Tätigkeit des Erkennens). Tout cela s’accorde avec la seconde
thèse de la Dissertation de 1801 : « Le syllogisme est le principe de
l’idéalisme », et on pourrait avancer que la dialectique hégélienne est
essentiellement une syllogistique dynamique. Il faut remarquer que,
dans les syllogismes que nous avons vus plus haut, la transitivité n’est
pas une relation d’équivalence, mais le procès du devenir ou un procès
en devenir (ein Prozess im Werden), comme le mathématicien intuition-
niste L.E.J. Brouwer le disait à propos du continu mathématique. La
nature dynamique de ce procès l’éloigne du caractère statique de la
syllogistique aristotélicienne comme dans la règle d’inférence du Modus
Ponens
P→Q
P
Q
Appendices 75
ou du Modus Tollens
P→Q
¬Q
¬P
Le départ de la conception traditionnelle est radical dans la pensée
spéculative. Hegel écrit dans la première édition de la Wissenschaft der
Logik :
Ist aber der Inhalt spekulativ, so ist auch das Nichtidentische des Subjects und
des Prädikats wesentliches Moment, und der Uebergang oder das Verschwinden
des ersten in das andere ihre Beziehung [...] Das wahre Resultat, das sich hier
ergeben hat, ist das Werden, welches nicht bloss die einseitige oder abstracte
Einheit des Seins und Nichts ist ([19], 31). (Mais si le contenu est spécu-
latif, l’est aussi le moment essentiel de la non-identité du sujet et du
prédicat et le passage ou le disparaître du premier dans le second leur
rapport même [...] Le vrai résultat qui s’est produit ici est le devenir qui
n’est pas seulement l’unité unilatérale et abstraite de l’être et du néant.)
Le fait que le devenir n’est pas l’unité abstraite de l’être et du néant
signifie qu’il y a ici un mouvement de sursomption de leur différence et
en même temps de la relation d’équivalence qui constitue leur identité
(identische Beziehung). La copule qui relie le sujet et le prédicat dans la
logique traditionnelle est cette relation d’équivalence qui ne va pas
au-delà d’une identité sans vie. Mais comme Hegel le montre à la fin de
la Wissenschaft der Logik : le syllogisme de la méthode dialectique a une
structure circulaire qui culmine dans le cercle des cercles (ein Kreis von
Kreisen) décrivant le procès de la médiation dans la chaîne des détermi-
nations du Concept lui-même. Ce qui fait défaut dans le syllogisme
traditionnel selon Hegel, c’est le procès dialectique de la négativité : la
médiation médiatise l’immédiat dans un mouvement qui recrée le
développement du Concept à travers la sursomption des étapes succes-
sives dans l’accession au savoir absolu. On peut résumer ce chapelet
d’idées en disant que le vrai syllogisme de la dialectique hégélienne se
révèle dans la transition dynamique de la sursomption d’une détermi-
nation à l’autre et non dans la relation statique de transitivité entre
deux termes équivalents. La Phénoménologie de l’esprit exhibe déjà cette
structure dynamique concrète.
76 Hegel – Introduction à une lecture critique
La logique dialectique
J’ai tenté de montrer que la méthode dialectique de Hegel devait
être interprétée comme une logique dynamique appliquée à la syllogis-
tique traditionnelle et non en recourant aux approches formelles, algé-
briques ou non standard de la logique contemporaine ; l’approche
paraconsistante, par exemple, fait place à la contradiction dans un
système formel et ne résout pas le problème de la transitivité. Je défends
plutôt le programme consistant qui suppose que Hegel ne pensait pas
en termes de contradictions formelles quand il écrivait dans la Disserta-
tion de 1801 : la contradiction est la règle pour le vrai (verum) et la
78 Hegel – Introduction à une lecture critique
La manifestation du langage
La structure de la manifestation de l’absolu dans la Phénoménologie
correspond au schéma : Absolu-Extériorisation-Absolu ou retour de
l’Absolu en soi. Ce procès reflète celui du langage. C’est le procès de la
dialectique. Et il n’y a qu’une dialectique réelle, c’est celle du langage.
Les trois moments constitutifs du langage : a) le langage universel
donné ou le fond de l’exprimer, b) l’exprimer lui-même, c) le langage
universel intégrant, rétablissent le vrai contenu de la triade thèse-anti-
thèse-synthèse... L’opposition langage universel-langage individuel
recoupe cette dialectique verticalement, pourrions-nous dire. C’est là le
schéma structurel de la Phénoménologie. La Logique le reprend, mais
alors que la Phénoménologie décrivait la genèse de la conscience, la
Logique se donne pour tâche de refaire le procès évolutif du langage,
c’est-à-dire de reconstituer le langage universel donné ou le fond de
l’exprimer dans son antériorité logique. Le début de la Logique décrit la
structure formelle de l’extériorisation ; l’extériorisation pure sans
contenu serait effectivement l’identité du langage donné ou primaire
avec l’exprimer vide, donc l’identité de l’Être, possibilité abstraite de
l’extériorisation comme telle ou langage potentiel et du Néant comme
expression vide. Mais l’unité des deux, leur médiation ou mieux leur
mouvement ou leur passage l’un dans l’autre, indique la possibilité
structurelle de l’expression réelle, c’est-à-dire le Devenir, ou le mouve-
ment de l’extériorisation, le langage.
C’est là la structure du langage que la Logique dissimule ou du
moins voile. C’est aussi à partir de ce modèle structurel que la formali-
sation doit être possible. Le modèle structurel donne le schéma inter-
prétatif premier qui ouvre le champ des structures logiques à la
formalisation et c’est à ce titre qu’il doit jouer le rôle de correctif ou de
« réducteur » de la métaphysique de l’Idée absolue.
La tâche de la formalisation est de beaucoup simplifiée si on a
reconnu que la logique dialectique est une logique du langage réduc-
tible à un schéma fonctionnel qui modifie certes le système classique,
mais qui reste soumis à une logique formelle. Le problème consiste
Appendices 89
Le problème de la formalisation
Après avoir étudié la structure métalogique de l’ontologique hégé-
lienne, il nous reste à définir les conditions d’une formalisation logique.
Les trois auteurs que nous avons déjà cités, Guenther, Kosok et Asenjo,
ont proposé chacun des méthodes de formalisation différentes qui ne
convergent absolument pas. Il semble bien qu’aucune ne soit satisfai-
sante.
L’approche de Guenther consiste à introduire une logique triva-
lente, dérivée du modèle de Lukasiewicz, pour intégrer la logique de la
réflexion. Ce qui l’amène à postuler la correspondance des séries de
Taylor avec les implications en chaîne (Kettenstruktur) de la logique
hégélienne. L’isomorphisme que Guenther met au jour à l’aide de son
« morphogramme » n’est pas sans intérêt, mais il ne tient pas compte
du caractère particulier de la logique hégélienne de la réflexion en y
adjoignant une troisième valeur logique ; de plus la circularité du
système hégélien n’a pas de place dans une série infinie de puissances de
la forme
a0 + a1x + a2x2 + ... + anxn + ...
90 Hegel – Introduction à une lecture critique
qui est une extension d’un polynôme fini avec coefficients entiers a et
indéterminées (variables) x ; une telle expression pourrait bien repré-
senter les puissances successives de la réflexion, mais uniquement d’une
façon linéaire.
Le point de départ de Kosok semble plus justifié. Une matrice d’ex-
pansion (expanding matrix) à neuf termes avec formule récursive de
génération (generating recursive formula) représentée par une suite de
termes e, e′, e″, e′′′ qui génère une matrice croissante d’états de transi-
tion d’une suite linéaire de triades 1, 3, 9, 27 ... 3n jusqu’à une limite
non dénombrable 3ℵ0. C’est ici que la formalisation perd sa pertinence
et ses attaches avec la logique hégélienne. La formule ternaire tente de
copier la structure triadique de la Logique (voir appendice D). Cepen-
dant la formalisation ne s’étend pas beaucoup plus loin et c’est l’inter-
prétation métalogique de la logique dialectique qui constitue la plus
grande partie de l’article de Kosok. Encore une fois, l’auteur ne s’at-
taque pas directement à la WL et on peut se demander si la logique
dialectique qu’il étudie est bien celle de Hegel...
Kosok invoque ce qu’il appelle le principe de non-identité – qui a
une saveur korzybskienne ! – et une opération de réflexion. Cette
opération reste d’ailleurs non définie et semble correspondre davantage
au mouvement dialectique de l’idée qu’à la réflexion au sens hégélien
du terme. Selon Kosok, c’est la structure temporelle de toute réalité
consciencielle qui exige le principe de non-identité, l’identité n’étant
pas définissable à l’intérieur d’un contexte temporel. Le vice de la
démonstration de Kosok, on le voit, réside dans une analyse insuffi-
sante de la pensée de Hegel. L’auteur s’en tient presque uniquement à
la Phénoménologie de l’esprit et prétend formaliser la logique hégélienne.
Si la Phénoménologie décrit la conscience comme mouvement et histoire,
comme devenir-de-soi de l’Absolu, la Logique expose Dieu – i.e. l’Ab-
solu – comme il est dans son essence éternelle avant la création de la
nature et d’un esprit fini (WL, I, 31), selon la prétention de Hegel. Le
schéma temporel de la non-identité ne suffit donc pas à expliquer la
logique hégélienne et l’entreprise de Kosok est vouée à l’échec.
Asenjo, sans doute le plus logicien de nos trois auteurs, ne consacre
qu’une courte note à la logique de Hegel et lui non plus ne fait pas un
usage abusif de la WL. Préférant partir du calcul des prédicats plutôt
que de la logique propositionnelle, comme l’a fait Guenther – ce qui a
Appendices 91
été son erreur à notre avis –, Asenjo propose une formalisation basée
sur dix règles de formation d’un calcul dialectique des prédicats d’ordre
supérieur. Deux de ces règles, les règles d’implication (involvement)
comme les appelle Asenjo, nous intéressent ici. La règle 6 définit
S2 (T1 ∈ R1 ~ T2 ∈ R1)
où T1 et T2 sont des variables individuelles, R, une constante indi-
viduelle et S2, ∈, des constantes qui ont valeur de prédicat binaires
synthétiques. On voit très bien que l’intention de Asenjo est de produire
une formule bien formée qui contienne à la fois l’opposition dialec-
tique et la sursomption dialectique. Ce qui est évident aussi bien dans
la règle 7 qui se lit comme suit :
+ 1 (Pj ~ P′j)
La formule signifie que, bien que P et P′ aient la même constante
individuelle, les variables individuelles que peuvent impliquer Pj et P ′j
sont différentes si P n’implique que des constantes de prédicats. Mais
n’est-ce pas là encore proposer un cadre trop peu structuré pour une
formalisation de la logique hégélienne ? Asenjo lui-même l’avoue. Les
schémas d’axiomes que requiert la syntaxe du calcul dialectique des
prédicats seraient applicables à toutes les formes de dialectique : « But
here there are too many existing applications of dialectic that are far
from convergent » (art. cit., p. 325).
Il faut donc conclure que de nouveau le but proposé n’est pas
atteint. Il n’existe pas encore de formalisation raisonnable de la logique
hégélienne.
5. Remarques finales : J’ai voulu conserver ce texte dans sa forme originale tout en
l’épurant ou en l’élaguant pour conserver intactes les prétentions enthousiastes
(ou naïves) d’un esprit juvénile. Mais l’innocence a été perdue et lors d’une
conférence au congrès Hegel and the Sciences tenu à Boston en 1970, j’ai sonné le
glas sur les entreprises de formalisation de la logique dialectique de Hegel – voir
le texte de ma conférence « Hegel’s logic from a logical point of view » dans les
Actes du congrès de Boston ([14], 303-310) qui n’ont été publiés qu’en 1984. Il
m’est en effet apparu alors qu’il est peu utile de formaliser une logique de type
hégélien, et l’algébrisation des structures dialectiques dans ce que j’avais appelé
jadis « logique combinatoire générative » ne comporte sans doute pas les bien-
faits que j’avais espérés à l’époque. Déjà des logiciens comme E. Beth en 1948 et
P. Lorenzen en 1962 avaient exprimé leur septicisme à propos de la pertinence
96 Hegel – Introduction à une lecture critique
La structure
de la Science de la logique
L ’ouvrage de Hegel est tripartite comme l’on sait : trois livres subdi-
visés chacun en trois sections chacune répartie en trois chapitres
qui comportent eux-mêmes chacun trois sous-chapitres – mis à part le
dernier chapitre « L’idée absolue » qui ne saurait être sub-divisée. Le
centre est occupé par l’immédiat indéterminé (II) dans le cercle des
cercles. Il devrait y avoir en tout quarante cercles concentriques pour
l’ensemble des concepts de la logique si l’on tient compte de l’immé-
diat indéterminé, mais l’idée absolue représente le cercle des cercles et
encercle tous les cercles inscrits, ce qui ferait un total de 38 ; un examen
approfondi du contenu de la logique montre cependant quelques
anomalies de structure et on ne saurait faire un compte exact de ces
cercles qui évoquent un cosmos ptoléméen auquel Hegel aurait voulu
imprimer le mouvement du concept.
Je l’ai déjà dit, la triplicité répond davantage du syllogisme tria-
dique que de l’idée d’une dialectique ternaire de la thèse-antithèse-
synthèse qui correspond à une syllogistique dynamique des contraires.
Remarquons que les sous-chapitres eux-mêmes se ramifient en subdivi-
sions qui ne respectent pas toujours la classification trinitaire. Si le
premier chapitre de la Sdl, « Être », est à trois branches, Être, Néant,
Devenir (avec ramifications), le dernier chapitre sur « L’idée absolue »
98 Hegel – Introduction à une lecture critique
est d’un seul tenant, absous et séparé selon le sens d’absolu, comme si
Hegel avait voulu en faire le faîte de son arbre de la connaissance, c’est-
à-dire de son système de la science (System der Wissenschaft).
12. Gauthier, Y., La logique du contenu. Sur la logique interne, Paris, L’Har-
mattan, 2004.
13. Gauthier, Y., « Logique hégélienne et formalisation », Dialogue, vol. VI,
no 2, 1967, p. 151-165.
14. Gauthier, Y., « Hegel’s logic from a logical point of view », Hegel and the
Sciences, Robert Cohen et Max W. Wartofsky (dir.), Boston Studies in the
Philosophy of Science, vol. 64, Dordrecht, Reidel, 1984, p. 303-310.
15. Gauthier, Y., Entre science et culture. Introduction à la philosophie de
sciences, Montréal, PUM, 2005.
16. Gauthier, Y, « Moment cinétique et syllogistique dynamique chez Hegel »,
Philosophiques, vol. 32, no 2, 2005, p. 357-368.
17. Gauvin, J., « Entäusserung et Entfremdung dans la Phénoménologie de
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18. Hegel, G.W.F., Hegels theologische Jugendschriften, Tübingen, hrsg. v.
Hermann Nohl, 1907.
19. Hegel, G.W.F., Wissenschaft der Logik, Erster Band, Erstes Buch. Das Sein.
Faksimiledruck nach der Erstausgabe von 1812, Göttingen, Vandenhock
& Ruprecht, 1966 (cité WL).
20. Hegel, G.W.F., Wissenschaft der Logik, 2e Aufl. Erster Teil, Hamburg,
Felix Meiner Verlag, Philosophische Bibliothek, Band 56, 1963.
21. Hegel, G.W.F., Jenenser Logik, Metaphysik und Naturphilosophie,
Hamburg, Felix Meiner Verlag, Philosophische Bibliothek 58, 1957.
22. Hegel, G.W.F., Phänomenologie des Geistes, Hamburg, hrsg. v. J. Hoff-
meister, Philosophische Bibliothek, vol. 114, Felix Meiner Verlag, 1952.
23. Hegel, G.W.F., Phénoménologie de l’esprit, trad. de G. Jarczyk et P.-J.
Labarrière, Paris, Gallimard, 1993. (Nous citons ce texte Phé. dans l’édi-
tion de la collection Folio Essais).
24. Hegel, G.W.F., Science de la logique. L’Être, livre premier, trad. de
G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Paris, Aubier-Montaigne, 1976 (cité Sdl).
25. Hegel, G.W.F., Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaften im Grun-
drisse (1830), Hamburg, Felix Meiner Verlag, 1959.
26. Hegel, G.W.F., Encyclopédie des sciences philosophiques, trad. de B. Bour-
geois, Paris, Aubier, 1986.
27. Hegel, G.W.F., Principes de la philosophie du droit, trad. de R. Derathé,
Paris, Vrin, 1975.
Sources BIBLIOGRAPHIquEs 101
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX
Introduction
Hegel vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Chapitre 1
Phénoménologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
La certitude sensible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
La perception. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Force et entendement. Phénomène et monde
suprasensible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
La vérité de la certitude de soi-même. . . . . . . . . . . . . . . . 16
Maîtrise et servitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Liberté de la conscience de soi. Stoïcisme, s cepticisme et la
conscience malheureuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Raison, esprit, religion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Le savoir absolu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
La Préface de la Phénoménologie de l’esprit. . . . . . . . . . . . . 29
104 Hegel – Introduction à une lecture critique
Chapitre 2
Logique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Introduction. Le problème du commencement
dans la Science de la logique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
L’être et ses déterminations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
L’être déterminé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
L’infini véritable et la mauvaise infinité. . . . . . . . . . . . . . . 43
L’infini mathématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
L’Idée absolue et l’Esprit absolu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Conclusion
Hegel et le problème du langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Le langage dans la Phénoménologie de l’esprit. . . . . . . . . . . 56
Le langage dans la Science de la logique. . . . . . . . . . . . . . . 60
Appendices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Appendice A
La syllogistique d’Aristote à Hegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Appendice B
Moment cinétique et syllogistique dynamique
chez Hegel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Introduction. Le concept de moment. . . . . . . . . . . . . . . . 69
La logique dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Les syllogismes dynamiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
La Phénoménologie de l’esprit et la syllogistique
dynamique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
La logique dialectique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Conclusion. La syllogistique dynamique
dans la Science de la logique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Épilogue sur le vocabulaire hégélien. . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Table des matières 105
Appendice C
Logique hégélienne et formalisation. . . . . . . . . . . . . . . . . 83
La Logique et le problème du commencement . . . . . . . . . 84
La Logique et le problème du langage. . . . . . . . . . . . . . . . 85
La manifestation du langage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Le problème de la formalisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Le système formel de la logique hégélienne. . . . . . . . . . . . 91
Appendice D
La structure de la Science de la logique. . . . . . . . . . . . . . . . 97
Sources bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Yvon Gauthier Hegel
Yvon Gauthier
Yvon Gauthier
Introduction à une lecture critique
王
www.pulaval.com
王
Illustration de la couverture :
ISBN 978-2-7637-8996-5
Kazimir Malévitch, Suprématisme dynamique no 57, 1916
Museum Ludwig, Cologne
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