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L’ETUDE D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

ET SA MISE EN PLACE AU MAROC

L’Etude d’Impact sur l’Environnement (EIE) constitue un instrument de


prévention dans le cadre d’une politique de protection de l’environnement qui
comprend généralement trois volets :

- la surveillance et le suivi de l’état de l’environnement ;


- la réparation des dégâts déjà causés par l’homme (volet curatif) ;
- la prévention de futurs dégâts (volet préventif).

L’EIE a pour objectif principal de prévenir de nouvelles dégradations de


l’environnement liées aux activités humaines.

Les autorités du pays ont retenu cet instrument préventif pour protéger
l’environnement et permettre un développement durable du pays. Un projet de loi
rendant obligatoire l’EIE et un projet de décret précisant le déroulement de la
procédure des EIE sont en cours d’examen.

Il faut noter que le Maroc s’est engagé au niveau international à utiliser l’étude
d’impact sur l’environnement en adoptant lors de la Conférence de Rio :

- le texte de l’Agenda 21 des Nations Unies qui insiste dans plusieurs chapitres sur
l’importance des études d’impact pour prévenir la dégradation de l’environnement ;

- la Déclaration de Rio qui stipule notamment que « lorsqu’ils jouissent d’un pouvoir
de décision adéquat, les gouvernements doivent soumettre à une évaluation
d’impact environnemental tout projet susceptible de causer des dommages notables
à l’environnement ».
PREMIER CHAPITRE

PRESENTATION GENERALE

DE L’ETUDE D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

L’Etude d’Impact sur l’Environnement a été adoptée par de nombreux pays comme
instrument de protection de l’environnement. Chaque pays l’adapte à ses besoins, à
ses spécificités, à ses objectifs, à ses moyens. Néanmoins, l’EIE présente partout les
mêmes avantages et sa définition ne varie pas, où qu’elle soit utilisée. En outre, elle
se déroule selon un schéma globalement identique dans tous les pays.
1.1. DEFINITION DE L’ETUDE D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

Du point de vue légal, l’étude d’impact sur l’environnement est un document


exigé en vue de l’obtention de l’autorisation administrative d’un projet pouvant
avoir des impacts négatifs sur l’environnement.
Cela signifie que pour obtenir l’autorisation administrative d’un tel projet, le
promoteur doit :

- soumettre son projet au département ministériel qui l’autorise et obtenir un avis


favorable suite à l’examen du projet ;
- soumettre l’étude d’impact sur l’environnement du projet à l’autorité administrative
chargée de son examen et obtenir un avis favorable suite à l’examen de l’EIE.

Techniquement, l’Etude d’Impact sur l’Environnement est une étude


approfondie qui permet de:

- déterminer et mesurer à l’avance les effets sur l’environnement naturel et


humain d’une activité (industrielle, agricole ou de service) ou d’un
aménagement (route, barrage, port, etc.) qui en est encore au stade de projet ;

- définir à l’avance les mesures éventuellement nécessaires pour supprimer,


atténuer ou compenser les effets négatifs du projet sur l’environnement.

1.2. LES AVANTAGES DE L’ETUDE D’IMPACT

’Etude d’Impact sur l’Environnement permet de préserver l’intérêt général

En évitant la réalisation de projets polluants et/ou destructeurs des ressources


naturelles, la procédure des EIE permet à la collectivité:

- d’économiser le coût exorbitant de la réparation des dommages causés à


l’environnement (mobilisation d’importantes ressources financières pour réparer des
dégâts et non pour développer de l’activité économique et sociale)

- d’éviter les graves conséquences de dégâts irréversibles, constituant une perte


définitive (sols gravement contaminés, nappes phréatiques épuisées, espèces
détruites...)

- de préserver son cadre de vie et son état de santé.


Exemple d’étude d’impact sur l’environnement

EIE préalable à la construction d’une voie de contournement urbaine


et permettant d’éviter un impact négatif sur l’environnement humain
(graves accidents de la circulation)
Une route doit contourner un quartier urbain à vocation essentiellement
résidentielle. Elle doit suivre un tracé qui a été établi par une étude technique et a été
préféré à d’autres tracés possibles. La route, telle qu’elle est prévue, va séparer
les enfants du quartier résidentiel de l’école qu’ils fréquentent. Les écoliers
devront donc traverser quatre fois par jour la route pour aller à l’école et
retourner chez eux.

L’EIE permet de mettre en évidence les risques d’accidents graves liés à la


traversée de la route par les enfants. L’importance du risque d’accident est
démontrée à l’aide de statistiques, d’études de cas comparables, etc.

L’EIE propose trois solutions pour supprimer cet impact négatif :


- l’aménagement d’un tunnel pour les piétons;
- l’aménagement d’un tunnel pour le passage de la route au niveau de l’accès à
l’école ;
- l’abandon de l’école actuelle et la construction d’une nouvelle école à l’intérieur du
quartier résidentiel que contourne la route.

L’étude évalue chacune des trois solutions qu’elle propose. Elle les compare du
point de vue de la faisabilité technique, de la faisabilité financière, des impacts
résiduels et estime que la troisième solution est la meilleure. Elle précise quels
travaux doivent être exécutés et évalue leur coût. Cette proposition, soumise par
le maître d’ouvrage à l’autorité compétente, est jugée acceptable.

L’EIE a donc montré que la voie de contournement pouvait avoir un impact négatif
sur la population (le risque d’accident des enfants traversant la route pour se rendre
à l’école). Elle a cherché des solutions pour supprimer cet impact. Elle a effectué un
choix parmi les solutions. La solution proposée est acceptée par l’autorité
compétente. Elle sera financée par le maître d’ouvrage.

L’EIE a permis de trouver une solution à un problème grave avant même que
celui-ci ne se pose. Elle a permis de prévenir efficacement le risque
d’accidents de la circulation.

Sans la réalisation d’une étude d’impact sur l’environnement avant la


construction de la route, il est très probable que des accidents se seraient
produits et qu’une solution d’urgence au problème aurait dû être trouvée, sans
doute moins bonne et plus coûteuse que la solution proposée dans l’étude
d’impact.
L’EIE constitue un outil d’aide à la décision pour l’administration

L’EIE permet aux services compétents de disposer de toutes les informations


nécessaires à la prise de décision quant à la réalisation de projets susceptibles
d’avoir d’importantes incidences sur le milieu naturel et humain.

L’EIE constitue un outil d’aide à la conception pour le promoteur du projet

L’EIE permet au promoteur de disposer de toutes les informations sur le site


d’implantation de son activité et donc d’évaluer correctement toutes les interactions
entre le site (le milieu naturel et humain) et l’activité.

Grâce à l’EIE, le promoteur sait si l’activité projetée va agresser et dégrader le milieu


naturel qu’il utilise, mais aussi si le milieu va avoir des effets négatifs sur l’activité (ex:
hôtel sur le littoral dont l’implantation peut entraîner la modification du transit
sédimentaire et la disparition de la plage indispensable à la venue des touristes).

Les informations contenues dans l’EIE peuvent éviter au promoteur d’effectuer un


investissement non rentable par méconnaissance du milieu d’implantation du projet.
Exemple d’étude d’impact sur l’environnement

EIE préalable à la réalisation d’une unité industrielle.


et permettant de favoriser l’activité projetée

Une unité de production industrielle doit être installée en site périurbain. Il est
prévu qu’elle créé 800 emplois d’ouvriers qualifiés.

Le bilan environnemental présenté dans l’EIE fait apparaître que des mesures de
suppression ou d’atténuation des impacts négatifs sur l’environnement de l’activité de
production doivent être prises : filtrage, réduction de la consommation d’eau,
prétraitement des eaux usées, plantation d’arbres comme écran acoustique, etc.
Une fois ces mesures prises, l’activité sera compatible avec les exigences en matière
d’environnement.

Cependant, l’implantation de l’unité industrielle aura des conséquences


importantes sur le trafic routier local. En effet, la création de 800 emplois va
augmenter considérablement la circulation automobile aux heures de pointe sur la
voie conduisant à la zone où se situe l’usine. La densité de la circulation va alors
dépasser les capacités d’écoulement du carrefour giratoire situé au point
d’origine de cette unique voie d’accès.

Le dépassement de la capacité d’écoulement d’une infrastructure routière comme un


carrefour giratoire entraîne :
- des risques d’embouteillages, qui se traduisent par une augmentation de la
pollution atmosphérique, une consommation excessive et non productive d‘énergie,
des pertes économiques liées au ralentissement des mouvements de personnes et
des marchandises, etc. ;
- des risques d’accidents aux conséquences graves : pertes de vies humaines, coût
des dépenses de santé, impact socio-économique, etc.

Le problème qui se pose ici est donc de réduire les effets négatifs (la
saturation d’une infrastructure routière et ses conséquences) d’un impact
positif de l’unité industrielle (la création de 800 emplois).

L’EIE indique la solution pour supprimer l’impact négatif de l’unité industrielle sur la
circulation routière locale : il faut augmenter la capacité du carrefour giratoire,
inadapté au développement de la zone où doit être implantée l’unité. Le coût de
l’adaptation du carrefour aux besoins nés de la création de l’unité industrielle sera
supporté par l’Administration en charge des infrastructures urbaines, et non par le
promoteur de l’unité industrielle.

On voit ici que l’EIE a permis de montrer l’existence d’une conséquence


indirecte du projet, avant que le problème soulevé ne se pose concrètement.
Ainsi, elle a permis d’adapter a priori les infrastructures routières aux besoins
du développement économique, pour le plus grand bénéfice de l’unité projetée
et de la collectivité.
L’EIE permet à l’investisseur d’améliorer la compétitivité internationale de son
projet industriel

L’EIE incite les promoteurs à concevoir des projets respectueux de l’environnement.


En ce qui concerne les industriels, elle les pousse à choisir des procédés de
production propres (peu de rejets et d’émissions dans le milieu naturel), qui
présentent des avantages au niveau de la concurrence internationale :

- ils permettent de réaliser des économies au niveau des intrants (énergie, eau,
matières premières) et améliorent ainsi la compétitivité des produits ;

- ils aident à se conformer plus aisément aux exigences écologiques sur le marché
mondial (ex : norme ISO 14000).

Protection de l’environnement et commerce international

QU’EST-CE QUE L’ISO 14000 ?

Les normes de la série ISO 14000 sont des normes relatives au management
environnemental.

Elles doivent aider les entreprises à gérer l’impact de leurs activités sur
l’environnement, mais aussi permettre aux consommateurs de comparer les mesures
prises par les entreprises pour assumer leurs responsabilités environnementales.

Il est prévisible que le management environnemental deviendra sous peu une


exigence aussi forte que le management de la qualité (normes ISO 9000).

Les exportations vers les pays industrialisés de produits fabriqués dans des
entreprises ne satisfaisant pas à ces normes deviendront en conséquence de plus
en plus difficiles à l’avenir.

Il est donc important de concevoir dès le départ des installations industrielles


respectueuses de l’environnement, dans lesquelles un système de management
environnemental sera plus facile à mettre en oeuvre.

En incitant les promoteurs à concevoir des projets respectueux de l’environnement,


les EIE les aident à s’adapter aux exigences environnementales du marché
international.
L’EIE favorise l’information et la participation de la population au processus de
décision concernant l’autorisation du projet.

La procédure permet à la population concernée par le projet d’accéder à toutes les


informations sur ses effets environnementaux et d’exprimer son avis, qui sera ensuite
pris en compte par les autorités.
1.3. CONTENU ET PROCEDURE DE L’ETUDE D’IMPACT

Selon les pays et les législations en vigueur, le contenu et la procédure de l’EIE,


depuis sa réalisation jusqu’à la décision finale concernant le projet, connaissent des
variations. On peut cependant en définir les grandes lignes. Les choix effectués par
les autorités marocaines dans ce domaine seront présentés plus loin.

De manière générale, l’étude d’impact sur l’environnement d’un projet doit


contenir les éléments suivants :

- une description détaillée du projet ;

- une description et une analyse détaillée de l’état initial du site et de son


environnement naturel, socio-économique et humain ;

- une évaluation des impacts prévisibles, directs et indirects, à court, moyen et long
terme, du projet sur l’environnement ;

- la présentation des mesures envisagées pour supprimer, réduire ou compenser les


conséquences du projet dommageables pour l’environnement.

- un programme de suivi et de surveillance de l’état de l’environnement.

La procédure de l’EIE se déroule généralement de la manière suivante :

- le promoteur vérifie si son projet est assujetti à la procédure de l’étude d’impact


pour obtenir l’autorisation administrative ;

- si son projet est assujetti à l’EIE, le promoteur réalise à ses frais l’étude d’impact
sur l’environnement de son projet, si nécessaire avec l’aide de personnes
compétentes (consultants, bureaux d’études...) ;

- il remet l’étude d’impact aux autorités compétentes ;

- les autorités compétentes examinent l’étude d’impact et déterminent si le projet est


acceptable du point de vue environnemental, s’il est compatible avec les exigences
de protection de l’environnement ;

- les autorités compétentes rendent un avis sur le projet :


- le projet est acceptable tel qu’il est présenté dans l’étude d’impact ;
- le projet est acceptable seulement si le promoteur prend certaines mesures
supplémentaires pour limiter ou compenser des impacts négatifs de son projet sur
l’environnement ;
- le projet n’est pas acceptable du point de vue environnemental.

- la décision d’autorisation du projet est prise par les autorités compétentes en tenant
compte de l’avis d’acceptabilité environnemental.
DEUXIEME CHAPITRE

LES MODALITES DE L’ETUDE D’IMPACT AU MAROC

Les autorités ont adapté l’instrument de prévention des nuisances que constitue
l’étude d’impact sur l’environnement aux réalités du pays, afin qu’il ne constitue pas
un obstacle à son développement tout en remplissant sa mission de protection de
l’environnement. Elles ont donc dessiné un cadre législatif et institutionnel spécifique
et élaboré une procédure correspondant aux possibilités du pays.
2.1. LE CADRE LEGISLATIF DES ETUDES D’IMPACT

L’Etude d’Impact sur l’Environnement n’est pas encore obligatoire au Maroc d’un
point de vue légal, mais elle fait l’objet d’un projet de loi et de décret et figure dans le
projet de loi cadre sur l’environnement.

Ces projets présentent la procédure marocaine de l’étude d’impact sur


l’environnement, conçue en fonction des ressources nationales et des spécificités du
pays, mais aussi de ses aspirations en matière de gestion et de protection de
l’environnement.

Le projet de loi cadre sur la protection et la mise en valeur de l’environnement

Le projet de loi cadre sur l’environnement présente l’EIE en tant qu’instrument de


gestion de l’environnement (premier chapitre du titre IV de la loi, consacré aux
instruments de gestion de l’environnement).

Le projet de loi stipule précisément :

« Art. 58 : Lorsque des aménagements, des ouvrages ou des projets risquent, en


raison de leur dimension ou de leur incidence sur le milieu naturel, de porter atteinte
à l’environnement, l’administration peut imposer au pétitionnaire ou au maître de
l’ouvrage, l’établissement d’une étude d’impact préalable permettant d’apprécier leur
compatibilité avec les exigences de protection de l’environnement.
Un texte d’application à la présente loi détermine les opérations pour
lesquelles une étude d’impact sur l’environnement est obligatoire.

Art. 59 : L’Administration précise dans chaque cas au pétitionnaire ou au maître de


l’ouvrage le contenu de l’étude d’impact. Celle-ci présente au moins :
- une présentation du projet global ;
- une analyse de l’état initial du site et de son environnement ;
- une évaluation des conséquences dommageables du projet sur
l’environnement et la population ;
- un énoncé des mesures envisagées pour supprimer, réduire et, si possible,
compenser ces conséquences dommageables. »

Le projet de loi relatif aux études d’impact sur l’environnement

Le projet de loi (cf. le texte intégral en annexe) :

- définit l’environnement ainsi que l’étude d’impact sur l’environnement (art. 1);

- établit l’obligation de l’EIE pour obtenir l’autorisation d’un projet soumis à


une EIE (art. 2) ;

- précise quel est l’objet de l’EIE (art. 3) :


- évaluer de manière méthodique et préalable les répercussions éventuelles
des activités, de travaux, d’aménagements et d’ouvrages sur l’environnement;
- supprimer, atténuer ou compenser leurs incidences négatives ;
- améliorer leurs impacts positifs sur l’environnement.

- énonce les éléments qu’elle doit comporter (art. 4)

- institue le Comité National des Etudes d’Impact et définit sa mission (art. 5) :


- examiner les études d’impact sur l’environnement ;
- donner un avis sur l’acceptabilité environnementale des projets.

- intègre l’enquête publique dans la procédure d’EIE (art.6) et précise que le


requérant en supporte le coût (art. 7) ;

- annonce la publication d’un décret précisant les modalités de la loi (art. 8) ;

- précise que les infractions à la loi seront recherchées (art. 9) et pourront être punies
(art. 10) ;

- limite à cinq ans la durée de la validité de l’EIE pour la réalisation du projet (art.11)

Le projet de décret pour l’application de la loi relative aux études d’impact sur
l’environnement.

L’article 8 du projet de loi annonce qu’un décret précisera les modalités d’application
de la loi.

En effet, le projet de décret (cf. le texte intégral en annexe) :

- donne en annexe la liste des activités de travaux, d’aménagements et


d’ouvrages assujetties à l’étude d’impact sur l’environnement ;

- décrit la procédure de l’étude d’impact, depuis le dépôt de l’avis de projet jusqu’à


la décision d’acceptabilité environnementale ;

- précise les éléments d’information que doit contenir l’étude d’impact sur
l’environnement ;

- précise sur quels éléments porte l’examen de l’étude d’impact ;

- décrit précisément le rôle et le fonctionnement du Comité National des Etudes


d’Impact ;

- expose le déroulement de l’enquête publique.


2.2. LE COMITE NATIONAL DES ETUDES D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

Le projet de loi relatif aux études d’impact institue un Comité National des Etudes
d’Impact sur l’Environnement auprès de l’autorité gouvernementale chargée de
l’environnement ; le projet de décret en précise la composition et la mission.

Le Comité National des Etudes d’Impact est une structure inter-ministérielle


qui:
- favorise la concertation entre les différents ministères au sujet des EIE;
- assure la participation active de plusieurs départements ministériels au
processus de l’EIE ;
- réunit les compétences très diverses nécessaires pour examiner de
manière efficace les EIE ;
- incite les différents départements ministériels à prendre en compte
l’environnement dans leurs politiques, programmes et décisions.

La composition du Comité National des Etudes d’Impact

Le Comité comprend en qualité de membres permanents les représentants des


administrations publiques qui sont particulièrement concernées par la problématique
de la protection de l’environnement, à savoir :

- le Ministère de l’Intérieur ;
- le Ministère de l’Energie et des Mines ;
- le Ministère des Travaux Publics ;
- le Ministère de l’Agriculture et de la Mise en Valeur Agricole ;
- le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat ;
- le Ministère des Pêches Maritimes et de la Marine Marchande ;
- le Ministère du Tourisme ;
- le Ministère de la Santé Publique ;
- le Ministère de l’Environnement.

La présidence et le secrétariat du Comité sont assurés par l’autorité


gouvernementale chargée de l’environnement.

Les missions du Comité

D’après le projet de décret relatif aux EIE, le Comité National des Etudes d’Impact a
pour missions :

- d’approuver les directives préparées par l’autorité gouvernementale chargée de


l’environnement afin de guider la réalisation des EIE ;
- d’examiner les EIE et de donner son avis ;
- de proposer des amendements au cadre juridique et institutionnel régissant les
études d’impact sur l’environnement ;
- de participer à l’actualisation de la liste d’assujettissement.
2.3. LA PROCEDURE A SUIVRE SELON LES PROJETS DE LOI ET DE DECRET

Cette partie est consacrée à la présentation du déroulement de la procédure de l’EIE


d’après les textes législatifs en projet.

1 - la vérification de l’assujettissement du projet à l’EIE

QUI ? Le promoteur

Tous les projets ne doivent pas faire obligatoirement l’objet d’une étude
d’impact sur l’environnement. Le promoteur doit donc vérifier si son projet est
assujetti à l’EIE (cf. liste d’assujettissement du décret).

Les projets pour lesquels une EIE doit être présentée à l’administration sont, d’après
le projet de loi, « les projets d’activités, de travaux, d’aménagements et d’ouvrages
entrepris par toute personne physique ou morale, privée ou publique qui, en raison
de leur nature et/ou de leur dimension, peuvent porter atteinte à l’environnement ».

Les projets assujettis à l’EIE sont énumérés dans l’annexe du projet de décret
relatif à l’application de la loi sur les Etudes d’Impact sur l’Environnement.

Ce sont par exemple :

- certains projets d’infrastructure, comme : les ports de commerce ou de plaisance ;


les infrastructures touristiques, notamment celles situées au niveau du littoral, de la
montagne ou en milieu rural ; les stations d’épuration des eaux usées et ouvrages
annexes, etc. ;

- certains projets industriels, dont : les carrières de sable et gravier, les raffineries de
pétrole, les usines sidérurgiques, les usines de farine de poisson et huile de poisson,
les tanneries et mégisseries, les industries de textile et teintureries, etc. ;

- certains projets agricoles, parmi lesquels les projets d’affectation de terre inculte ou
d’étendue semi-naturelle à l’exploitation agricole intensive ;

- les projets d’aquaculture et de pisciculture.

2 - le dépôt de l’avis de projet

QUI ? Le promoteur

Si son projet est assujetti à l’EIE, le promoteur doit déposer un avis de projet
auprès du Ministère de tutelle de son activité et de l’autorité gouvernementale
chargée de l’environnement.

L’avis de projet doit contenir :


- une description sommaire du projet ;
- un calendrier de réalisation du projet ;
- une description sommaire du site d’implantation du projet ;
- une description sommaire des impacts sur l’environnement que le projet est
susceptible de générer.

3 - la mise au point du cahier des charges de l’EIE

QUI ? Le Ministère de tutelle du projet en collaboration avec le promoteur

Sur la base des informations contenues dans l’avis de projet, le Ministère de tutelle
prépare le cahier des charges de l’étude d’impact en collaboration avec le promoteur
et en s’appuyant sur les directives élaborées par l’autorité gouvernementale chargée
de l’environnement.

Le cahier des charges identifie les enjeux environnementaux importants dont


le promoteur doit tenir compte dans l’étude d’impact. Il permet d’orienter
l’étude afin qu’elle soit la plus complète possible et parfaitement adaptée aux
spécificités du projet et de ses impacts prévisibles.

4 - la réalisation et le dépôt de l’étude d’impact sur l’environnement

QUI ? Le promoteur

Afin de produire une étude d’impact sur l’environnement présentant de manière


exhaustive et pertinente :
- le projet et son site d’implantation,
- tous les impacts environnementaux du projet,
- les mesures de compensation ou d’atténuation des impacts éventuellement
proposées,
- le programme de suivi et de surveillance du projet,

Le promoteur doit se conformer au cahier des charges de l’EIE.

Pour disposer de toutes les compétences nécessaires à la réalisation de l’EIE, il peut


confier la réalisation de l’étude à des bureaux d’études spécialisés.

La réalisation de l’EIE est à la charge du promoteur.

Quand l’étude d’impact sur l’environnement est achevée, le promoteur la dépose


auprès du ministère de tutelle du projet, qui la transmet à l’autorité
gouvernementale chargée de l’environnement.

5 - l’ouverture de l’enquête publique

QUI ? Le Ministère de tutelle de l’activité projetée


L’enquête publique est ouverte par arrêté de l’autorité de tutelle de l’activité
dans les quinze jours suivant le dépôt de l’étude d’impact.

L’enquête publique consiste à mettre à la disposition du public l’étude d’impact sur


l’environnement. Elle a pour objectif d’informer la population sur les impacts
éventuels du projet et de recueillir les observations des citoyens à ce sujet.

Une Commission mise en place à cet effet est chargée de l’enquête publique,
qui est réalisée aux frais du promoteur ; elle est présidée par le ministère de
tutelle.

A l’issue de l’enquête, la Commission rédige un rapport d’enquête publique qui


synthétise les observations de la population concernant le projet et le transmet au
Comité National des Etudes d’Impact sur l’Environnement.

L’enquête publique doit être prise en compte lors de l’examen de l’étude d’impact.

6 - l’examen de l’étude d’impact sur l’environnement

QUI ? Le Comité National des Etudes d’Impact

L’examen de l’EIE a pour objectif d’estimer la compatibilité du projet avec les


impératifs de protection de l’environnement afin de prendre une décision quant à
l’acceptabilité environnementale du projet.

Il se déroule en trois étapes :

1) examen de la recevabilité de l’étude

Il s’agit de vérifier si l’étude est conforme aux exigences formulées dans la loi sur les
études d’impact, le décret d’application de la loi et les directives.

Si elle n’est pas conforme à ces textes, l’étude est refusée. Elle doit être entièrement
refaite par le promoteur.

2) examen des éléments d’information contenus dans l’étude

Dans un deuxième temps, les autorités compétentes examinent l’exhaustivité et le


sérieux de l’étude :

- elles vérifient si l’étude décrit de manière satisfaisante :

- l’état initial de l’environnement,


- les impacts générés par le projet,
- les mesures d’atténuation et/ou de compensation des impacts négatifs,
- le programme de suivi et de surveillance.
- elles s’assurent de la pertinence et du sérieux des méthodes scientifiques utilisées
pour évaluer les impacts ;

- elles contrôlent la fiabilité des données présentées dans l’EIE.

Si l’EIE présente des lacunes, le promoteur est tenu de fournir les compléments
d’information nécessaires.

3) examen de la compatibilité du projet avec la protection de l’environnement

Les éléments présentés dans les différentes parties de l’étude sont examinés afin de
statuer sur l’acceptabilité environnementale du projet.

Suite à cet examen, le Comité National de l’Environnement rédige un rapport


sur l’acceptabilité environnementale du projet, en tenant compte du rapport de
l’enquête publique, et émet un avis sur l’acceptabilité environnementale du
projet par consensus.

7 - la décision d’acceptabilité environnementale

QUI ? L’autorité gouvernementale chargée de l’environnement

L‘autorité en charge de l’environnement prononce la décision d’acceptabilité


gouvernementale du projet dans un délai de trois mois après réception de
l’EIE:
- sur la base du rapport préparé par le Comité National des Etudes d’Impact ;
- en conformité avec l’avis du Comité National des Etudes d’Impact, formulé par
consensus.

Suite à l’examen de l’EIE, qui prend en compte le rapport de l’enquête publique, trois
types de décisions peuvent être prononcés :

- l’acceptabilité du projet du point de vue environnemental ;

- l’acceptabilité du projet sous condition : le projet doit être modifié ou proposer des
mesures supplémentaires pour devenir acceptable ;

- la non-acceptabilité du projet du point du vue environnemental.

L’autorisation par un département ministériel d’un projet assujetti à l’EIE est


subordonnée à l’octroi d’une décision d’acceptabilité environnementale par
l’autorité gouvernementale chargée de l’environnement. Cette décision fait
partie du dossier d’autorisation du projet. Mais le fait qu’un projet soit déclaré
acceptable du point de vue environnemental ne signifie pas obligatoirement qu’il est
autorisé.
8 - la surveillance et le suivi de l’environnement

QUI ? Le promoteur

Le promoteur doit assurer le suivi et la surveillance de l’environnement sur lequel son


projet produira des impacts, suivant le plan qui a été convenu avec le Comité
National des études d’impact à l’issue de l’examen de l’EIE.

La surveillance de l’environnement permet de vérifier si les prévisions faites dans


l’EIE en matière d’impacts sur l’environnement sont exactes. Elle permet de détecter
par exemple une augmentation de la pollution de la nappe phréatique supérieure aux
prévisions ou de nature différente. Le suivi a pour objectif de vérifier que les mesures
prises pour limiter les impacts sont réellement efficaces.

Dans le plan de surveillance et de suivi, le promoteur précise par quels moyens il


remplira ses obligations dans ce domaine et à quelle fréquence il fournira aux
autorités compétentes des rapports sur l’état de l’environnement.

Le Ministère de tutelle et le Ministère de l’Environnement assurent le contrôle du plan


de surveillance et de suivi. Ils peuvent demander au promoteur de fournir certaines
informations à un moment donné ou effectuer des visites sur le site du projet.
2.4. LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA PROCEDURE DE L’EIE ET LEUR
ROLE

Le Ministère de tutelle du projet

Il joue un rôle particulièrement important dans la procédure de l’EIE car c’est


lui qui détient la plus grande expertise sur le projet soumis à l’EIE.
Conformément aux textes législatifs en projet, le Ministère de tutelle :

- reçoit l’avis de projet ;

- élabore le cahier des charges de l’EIE en collaboration avec le promoteur ;

- reçoit le premier l’étude d’impact, qu’il transmet à l’autorité gouvernementale


chargée de l’environnement ;

- organise l’enquête publique et préside la Commission de l’enquête publique ;

- participe à l’examen de l’EIE au sein du Comité National des Etudes d’Impact ;

- participe à la surveillance et au suivi du projet.

L’autorité gouvernementale chargée de l’environnement

De manière générale, elle coordonne toute la procédure de l’EIE et veille à son


bon déroulement.

Elle intervient à tous les niveaux de la procédure :

- elle élabore les directives sectorielles sur lesquelles se base le ministère de


tutelle pour préparer le cahier des charges de l’EIE ;

- elle prépare l’examen du projet dès réception de l’avis de projet (elle définit les
enjeux environnementaux du projet, identifie les partenaires qui devront être
consultés et évalue l’expertise nécessaire à l’examen de l’EIE) ;

- elle coordonne l’EIE et contribue à son examen dans le cadre du Comité


National des EIE dont elle assure la présidence et le secrétariat ;

- elle coordonne le rapport d’examen de l’EIE dans le cadre du Comité National


des EIE et contribue à sa réalisation ;

- elle prononce la décision d’acceptabilité environnementale du projet, prise par


consensus au sein du Comité National ;

- elle est habilitée à exercer le contrôle environnemental du projet.


Le promoteur du projet assujetti à la procédure de l’EIE
Il est concerné au premier chef par la procédure de l’EIE puisqu’il ne pourra
obtenir l’autorisation administrative de son projet que si la procédure EIE
aboutit à une décision d’acceptabilité du projet au niveau de l’environnement.

Son rôle est le suivant :

- il transmet un avis de projet au ministère de tutelle et à l’autorité


gouvernementale chargée de l’environnement ;

- il participe à l’élaboration du cahier des charges de l’EIE ;

- il réalise l’EIE conformément aux textes législatifs en vigueur et au cahier des


charges fourni par le ministère de tutelle;

- si nécessaire, il fournit des compléments d’information à l’autorité gouvernementale


chargée de l’environnement sur sa demande ;

- il remet des rapports relatifs au suivi et à la surveillance du projet à la


demande du ministère de tutelle ou de l’autorité gouvernementale chargée de
l’environnement.

Il faut noter que le promoteur prend à sa charge le financement de l’EIE et celui de


l’enquête publique.

La population

La population de la zone d’influence du projet est concernée par le projet dans la


mesure où c’est elle qui en subira les éventuelles conséquences sur son cadre de
vie, voire sur son mode de vie.

C’est pour qu’elle puisse s’exprimer et donner son avis sur le projet que la
procédure de l’EIE prévoit sa consultation dans le cadre de l’enquête publique:
la population pourra consulter le dossier de l’étude d’impact et présenter ses
observations dans un registre ouvert à cet effet.
TROISIEME CHAPITRE

LA REALISATION

D’UNE ETUDE D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

Une étude d’impact sur l’environnement doit contenir des éléments


d’information bien déterminés et être élaborée selon des règles précises, pour
permettre d’évaluer correctement les impacts d’un projet sur l’environnement.

C’est le promoteur du projet assujetti à la procédure d’étude d’impact sur


l’environnement qui est responsable de la réalisation de l’étude d’impact de
son projet.

Mais une étude d’impact sur l’environnement est une étude complexe qui implique
souvent des compétences dans des domaines aussi divers que l’hydrographie, les
procédés de production, la biologie, la sociologie, la pédologie ou l’archéologie.

Sa réalisation nécessite l’emploi de méthodes scientifiques appropriées et


reconnues. L’évaluation des impacts prévisibles, par exemple, demande de recourir
à des modélisations et à des matrices parfois très sophistiquées.

En conséquence, une étude d’impact sur l’environnement satisfaisante est


obligatoirement effectuée par des spécialistes de différents domaines, capables de
recouper leurs travaux, de les synthétiser et de les présenter de manière claire et
explicite selon un plan défini.

Afin de l’orienter pour qu’il réalise une étude d’impact pertinente, le ministère de
tutelle de son activité lui remet le cahier des charges de l’EIE, préparé en
collaboration avec lui, à partir des directives émises par l’autorité gouvernementale
en charge de l’environnement.

Le promoteur doit se conformer au cahier des charges pour la réalisation de


l’étude d’impact.
3.1. LES DIRECTIVES

L’autorité gouvernementale chargée de l’environnement prépare des directives


afin d’aider dans leur tâche les techniciens des organismes publics de tutelle
responsables de l’élaboration des cahiers des charges pour les études d’impact sur
l’environnement (EIE). Ces directives sont soumises à l’approbation du Comité
National des EIE.

Elles ont pour objectif d’aider à la conception des cahiers des charges que
doivent remplir les EIE.

Compte tenu de la spécificité des impacts sur l’environnement de chaque


secteur d’activité (différences de nature et d’ampleur), des directives sont
préparées pour chacun d’eux (par exemple, directives pour l’industrie et
directives pour les décharges contrôlées). Au sein des sept grands secteurs
identifiés, les directives distinguent si nécessaire des sous-secteurs pour lesquels
elles demandent des informations spécifiques.

Une directive comprend généralement :

- une présentation du secteur concerné et de ses éventuels sous secteurs,


- une description de la structure de l’étude d’impact et du contenu des chapitres
qui la constituent,
- une matrice des impacts probables des activités du secteur et de ses sous-
secteurs sur l’environnement.

Les directives proposent une structure type pour l’étude d’impact. Mais elle
laisse au concepteur de l’EIE toute liberté pour le choix de la méthodologie.

Structure type de l’étude d’impact sur l’environnement selon les directives

L’EIE, quel que soit le projet concerné, doit présenter :

- la synthèse de l’EIE ;
- le contexte juridique pour la réalisation de l’EIE ;
- la description du projet et de son site d’implantation ;
- la justification du projet ;
- l’horizon temporel de l’EIE ;
- le périmètre d’étude ;
- la description de l’état de l’environnement (à l’intérieur du périmètre d’étude);
- l’identification et l’évaluation des impacts prévisibles ;
- les mesures d’atténuation et de compensation des impacts négatifs ;
- l’estimation du coût des mesures d’atténuation ou de compensation ;
- le résumé et le bilan environnemental;
- le plan de suivi et de surveillance ;
- les annexes et références.
3.2. LE CONTENU DE L’EIE

L’EIE doit contenir au minimum les informations demandées dans le cahier des
charges, qui s’inspire des directives. Au vu de ces dernières, les informations qui
doivent figurer dans chacune des parties sont généralement les suivantes, quel que
soit le type de projet.

1 - la synthèse de l’EIE

La synthèse présente de manière claire et concise les informations essentielles


contenues dans l’EIE :

- le type de projet et ses justifications,


- l’impact que le projet aura sur l’environnement,
- les altérations des milieux qu’il pourrait entraîner,
- les mesures programmées pour atténuer ou compenser les impacts négatifs,
- l’impact résiduel qu’il s’agit de considérer comme le « prix » environnemental à
payer pour le développement économique et social du pays.

2 - la présentation du cadre juridique et institutionnel dans lequel le projet sera


conçu, exécuté et exploité et dans lequel l’EIE sera réalisée

En ce qui concerne son projet d’activité, le promoteur doit indiquer :


- les autorisations dont il a besoin,
- les diverses réglementations auxquelles il doit satisfaire,
- les lois et décret qui encadrent son activité,
- les administrations concernées par son projet, etc.

En ce qui concerne la procédure de l’EIE, il doit mentionner :


- les lois et décrets nationaux relatifs à l’EIE,
- les lois et conventions internationales exigeant l’EIE pour le type d’activité projetée,
- les normes environnementales dont le respect est exigé au niveau national et au
niveau international, etc.

3 - la description du projet et de son site d’implantation

Le projet devra être décrit dans tous ses aspects. Devront notamment être
présentés de manière précise :

- l’activité projetée,
- le coût du projet,
- les étapes du projet,
- les dimensions et la configuration des installations et infrastructures (à l’aide de
plans et de schémas),
- les procédés de fabrication éventuellement utilisés,
- les flux de matières et d’énergie éventuellement engendrés par l’activité (matières
premières utilisées ; rejets liquides, gazeux et solides ; ressources énergétiques
employées...),
- les différentes variantes du projet qui ont été envisagées,
- les activités induites par le projet, etc.

La situation géographique de l’activité et des infrastructures annexes doit être


présentée à l’aide de cartes, à une échelle pertinente.

4 - la justification du projet

L’étude d’impact doit justifier le projet à l’aide d’arguments économiques et sociaux.


Elle doit montrer quel est l’objectif du projet et à quels besoins il répond.

L’EIE doit également justifier le choix du site, par exemple par la qualité et la densité
des infrastructures, la proximité des matières premières nécessaires à l’activité,
l’importance de la main d’oeuvre disponible, la qualité du sous-sol, les
caractéristiques de l’environnement, etc.

5 - l’horizon temporel de l’EIE

Il est très important de définir correctement la limite temporelle de l’EIE, la période de


temps sur laquelle porte l’EIE. C’est cette période que l’on appelle l’horizon temporel
de l’EIE.

Si l’horizon temporel est mal choisi, l’EIE ne prendra pas en considération tous
les impacts sur l’environnement liés au projet : elle ne sera donc pas
pertinente.

L’horizon temporel englobe généralement :

• • la phase de préparation du site et de construction des installations,

• • la phase d’exploitation ou d’utilisation des installations, ou de déroulement de


l’activité,

• • les phases post-exploitation, c’est à dire :


- la phase de démantèlement des installations ou d’arrêt des activités,
- la phase de remise en état des lieux suite à l’arrêt de l’activité et/ou au
démantèlement des installations.
Il faut noter que dans certains cas rares, ces phases ne sont pas à prendre en
compte. Par exemple, on ne prévoit pas habituellement le démantèlement d’un
barrage et la réhabilitation du paysage noyé par la retenue d’eau.
La durée des phases post-exploitation à intégrer dans l’horizon temporel peut varier
de manière considérable selon la nature des projets, d’une très courte période à
plusieurs décennies.
Pour l’exploitation d’une carrière, la délimitation des phases post-exploitation est
aisée : une fois que l’activité s’arrête, les ouvrages sont démantelés, le paysage est
réhabilité et les mesures de réhabilitation font l’objet d’un suivi pendant une période
facile à déterminer.

Pour l’exploitation d’une décharge contrôlée, les phases post-exploitation sont plus
difficiles à délimiter. Après l’arrêt des dépôts de déchets, des mesures sont prises
pour que la décharge ne produise pas d’impacts négatifs sur l’environnement
(écoulement de lixiviats, émissions de gaz et d’odeurs...) et pour que le paysage
retrouve un aspect satisfaisant. Mais selon la nature des déchets stockés (déchets
industriels, miniers, ménagers, hospitaliers...) et la structure de la décharge, des
réactions chimiques continueront à se produire à l’intérieur de la décharge sur une
période de 20 à 30 ans. Il faudra donc inclure cette longue période dans l’horizon
temporel de l’étude d’impact (déroulement des opérations de suivi et de contrôle).

6 - le périmètre d’étude

Le périmètre d’étude correspond à la zone géographique susceptible d’être


affectée de manière directe ou indirecte par le projet. Il varie fortement selon la
taille et la nature du projet.

Il faut noter que dans certains cas, l’EIE devra porter sur plusieurs périmètres
d’étude distincts les uns des autres.

En effet, les diverses émanations polluantes et autres effets nuisibles liés à une
activité peuvent être soumis à des conditions particulières et produire des impacts
sur des milieux variés et distincts.

Ainsi, pour l’EIE d’une usine générant d’importants rejets gazeux et liquides, il sera
nécessaire de choisir comme périmètres d’étude, entre autres, la zone qu’affectent
les rejets gazeux et celle qu’affectent les rejets liquides. Or, selon les conditions
climatiques et hydrographiques, ces zones peuvent être totalement distinctes l’une
de l’autre, et même situées à des dizaines de kilomètres de distance.

Le terme périmètre d’étude peut donc désigner un ensemble de périmètres distincts.


Dans ce cas, l’étude d’impact doit porter sur chaque périmètre dans lequel un aspect
particulier de l’activité produit un impact, et non sur un vaste périmètre englobant
tous les périmètres distincts.

Les éléments d’informations présentés dans l’EIE et relatifs aux milieux naturel et
humain, ainsi qu’aux impacts du projet sur ces milieux doivent porter sur tout le
périmètre d’étude.

Comme pour l’horizon temporel, si le périmètre d’étude est mal défini, l’EIE ne
prendra pas en considération tous les impacts sur l’environnement liés au
projet : elle ne sera donc pas pertinente.

7 - la description de l’état de l’environnement à l’intérieur du périmètre d’étude


Les impacts sur l’environnement d’un projet ne peuvent être évalués
correctement que si la description de l’état de l’environnement à l’intérieur du
périmètre d’étude a été effectuée correctement et de manière exhaustive.

La description de l’environnement doit recenser les éléments environnementaux les


plus importants de la zone étudiée, et en particulier :
- ceux qui sont susceptibles d’être altérés/modifiés (négativement ou positivement)
par le projet ;
- ceux qui constituent des « éléments valorisés de l’environnement » (protégés
légalement, considérés comme importants par la population ou par les experts).

La description doit fournir les principales caractéristiques physiques, biologiques et


sociales de l’environnement étudié.

Les caractéristiques physiques

Selon les milieux, la description pourra porter notamment sur :

- les eaux douces (qualité des eaux, hydrogéologie, hydrographie, eaux


souterraines...)
- les eaux marines (qualité des eaux, sédimentologie, courantologie...)
- le sol et le sous-sol (géologie, géomorphologie, pédologie, potentiel d’érosion...)
- le climat (vents dominants, pluviométrie, qualité de l’air...)

Les caractéristiques biologiques

- la faune (espèces présentes, importance écologique des espèces, habitat...)


- la flore (forêts, biotopes, plantes protégées ou menacées...)

Les caractéristiques sociales

Selon les zones étudiées, la description pourra porter notamment sur :

- la population résidente ou active dans la zone du projet (situation démographique,


modes de vie...)
- les conditions socio-économiques (activités économiques, emplois, revenus...)
- les équipements collectifs et les infrastructures
- la typologie de l’habitat
- les sites revêtant une valeur particulière (monuments, zones archéologiques, lieux
saints...)

Le niveau de détail de la description doit permettre de se rendre compte


correctement des conséquences du projet pour l’environnement.

8 - l’identification et l’évaluation des impacts prévisibles

Ce chapitre constitue une partie particulièrement importante de l’EIE.


Il vise à déterminer comment et dans quelle mesure les activités du projet
pourraient affecter les éléments de l’environnement décrits dans le chapitre
précédent.

Tous les impacts prévisibles du projet sur l’environnement doivent y être


répertoriés et évalués. Ces impacts peuvent être en grande partie définis à partir
des informations figurant dans les chapitres 7 et 8.

Les impacts environnementaux du projet sont les changements (positifs ou


négatifs) que les différentes phases du projet feront subir à l’environnement.

Les impacts sur le milieu naturel peuvent être par exemple :

- changement de la qualité de l’air


- changement de la qualité des eaux douces
- modification des sols
- perturbation de la faune...

Les impacts socio-économiques sont les effets du projet sur l’économie locale, les
traditions, les modes de vie, les mouvements des personnes...

Les impacts doivent être décrits et analysés de manière précise.

Pour chaque impact, les informations suivantes doivent être fournies par l’EIE:

- nature,
- ampleur,
- probabilité,
- fréquence,
- durée,
- limites géographiques,
- réversibilité...

Chaque impact doit être défini, caractérisé, mesuré et comparé aux exigences pour
la protection de l’environnement (normes en vigueur, seuils de tolérance établis...).

Son importance relative doit également être définie. Les différents impacts pourront
ainsi être hiérarchisés afin d’établir un ordre de priorité pour l’atténuation ou la
compensation des impacts.

9 - les mesures d’atténuation et de compensation des impacts négatifs

Cette partie de l’EIE doit permettre de savoir si les impacts décrits dans le
chapitre précédent peuvent être atténués ou compensés afin que le projet ne
constitue pas une menace pour l’environnement dans lequel il va s’intégrer.

Les mesures d’atténuation

Les mesures d’atténuation consistent à modifier certains aspects du projet afin


de réduire ou d’éliminer ses effets négatifs sur l’environnement.
Les modifications peuvent porter sur trois aspects du projet :

- sa conception ;
- son calendrier de mise en oeuvre et de déroulement ;
- son site d’implantation.

Il peut s’agir par exemple de :

- construire une unité de prétraitement des rejets liquides ;


- utiliser des intrants plus respectueux de l’environnement ;
- planter une haie d’arbres pou réduire les nuisances visuelles ;
- modifier le calendrier de construction des installations ;
- déplacer les installations.

Les mesures de compensation

Ces mesures visent à compenser les dommages causés à l’environnement par le


projet et les pertes qui en résultent pour la collectivité. Elles peuvent consister en des
dédommagements monétaires.

Elles sont envisagées seulement si :

- le projet a par ailleurs des impacts très positifs sur le développement du pays ;

- les impacts résiduels du projet (après l’application des mesures d’atténuation) sont
de telle nature qu’il est possible de les compenser.

En voici des exemples :


- opérations de reboisement proportionnelles aux défrichements causés par le projet;
- paiement d’une somme aux pêcheurs pour les indemniser de la diminution du stock
de poisson ;
- don d’un terrain pour compenser une perte foncière.

Les mesures d’atténuation et de compensation sont soit à la charge du


promoteur du projet, soit à la charge de tiers, si elles ne relèvent pas de la
responsabilité du promoteur.

Exemple d’étude d’impact sur l’environnement

EIE préalable à l’élargissement d’une route


et permettant de compenser un impact négatif sur l’environnement naturel
(perte de forêts)

Un projet d’autoroute urbaine prévoit qu’un tronçon de cette autoroute suive pendant
une assez longue distance le tracé d’une route déjà existante. Il faudra donc élargir
la route pour créer l’autoroute, et donc utiliser des bandes de terrain le long de cette
route.
L’élargissement de la route actuelle se fera au détriment d’une parcelle
forestière qu’elle traverse. Un certain nombre d’arbres, d’une valeur déterminée,
devra être abattu.

Pour éviter cet impact négatif sur les ressources naturelles, d’autres possibilités de
tracés ont été étudiées. Mais leurs impacts négatifs étaient encore plus importants.

Il faudra donc obligatoirement abattre des arbres pour construire l’autoroute.


L’abattage est une condition incontournable de l’élargissement de la route existante.

L’Etude d’Impact sur l’Environnement propose une mesure de compensation


de cet impact négatif par le promoteur: dans le cadre d’un projet d’aménagement
d’une vaste zone de récréation, des arbres d’une valeur équivalente à ceux qui
ont été abattus, seront plantés et entretenus aux frais du promoteur pendant 10
ans.

Cette mesure permet de compenser les dommages causés au patrimoine forestier.


10 - l’estimation du coût des mesures d’atténuation ou de compensation

Le coût des mesures d’atténuation ou de compensation, qu’elles soient à la charge


du promoteur ou de tiers, doit être estimé sommairement sur la base des prix
courants de l’année de réalisation de l’EIE.

L’estimation des coûts permet d’apprécier si le coût des mesures proposées est
raisonnable par rapport aux résultats qu’elles permettent d’atteindre.

11 - le résumé de l’étude et le bilan environnemental

Ce chapitre doit d’abord rappeler les principaux éléments de l’EIE :

- l’état initial du site, en mettant l’accent sur les éléments sensibles,


- les principales caractéristiques du projet (au cours des différentes phases),
- les impacts négatifs par ordre d’importance, d’étendue, de réversibilité, etc.,
- les impacts résiduels et les engagements pour la remise en état du site,
- les impacts positifs (et notamment les retombées économiques et sociales).

En ce qui concerne le bilan environnemental, il s’agit de comparer les avantages du


projet pour le développement durable du pays et son prix (sous forme d’atteintes à
l’environnement) au moyen d’indications simples.
Dans ce même chapitre, et en conclusion, le promoteur peut proposer une
pondération globale des impacts (positifs et négatifs), accompagnée d’une
justification plausible, à l’attention des évaluateurs de l’EIE et des décideurs.

12 - Le plan de suivi et de surveillance de l’environnement

Le plan de suivi et de surveillance doit exposer comment le promoteur surveillera,


tout au long du projet, l’évolution de l’état de l’environnement, afin de s’assurer
notamment :

- que les impacts produits réellement par le projet sont conformes aux impacts
prévus dans l’EIE,
- que les mesures d’atténuation et/ou de compensation produisent les résultats
escomptés dans l’EIE.

Le plan de suivi et de surveillance peut prévoir par exemple :

- le contrôle régulier de l’état de l’environnement dans le périmètre d’étude, lors des


phases d'exploitation, de démantèlement et de réhabilitation de l'environnement,

- le suivi de la qualité des rejets grâce à des analyses périodiques,

- le contrôle régulier des eaux de surface et souterraines dans les zones contiguës
au site du projet, etc.
Il précise la fréquence des rapports qui seront remis par le promoteur aux autorités
chargées du contrôle du plan de surveillance et de suivi.

13 - les annexes et références

Dans l'annexe doivent figurer les informations permettant aux décideurs de vérifier
les diverses données, analyses et conclusions de l’EIE, notamment :

- tous les documents de référence (rapports d'analyses, de sondage ou d'enquête,


informations cartographiques, photographies, etc.) cités et/ou exploités dans l'EIE,

- les références bibliographiques (publications, études, rapports, thèses etc.),

- les noms et les références des concepteurs de l’EIE.


QUATRIEME CHAPITRE

ETAT D’AVANCEMENT DE L’ETUDE D’IMPACT ET PERPECTIVES

La mise en place de l’étude d’impact sur l’environnement au Maroc est bien avancée.

Son cadre législatif et institutionnel est tracé, sa procédure et son contenu sont
définis ainsi que les rôles des différents acteurs impliqués. La formation en matière
d’études d’impact a commencé par celle des cadres du Ministère de l’Environnement
et doit se poursuivre par celle des cadres des autres départements ministériels et
des collectivités locales, puis des bureaux d’études. Divers outils de gestion des EIE
ont déjà été élaborés et les efforts se poursuivent dans ce sens. Grâce à la
réalisation de plusieurs études d’impact dans divers secteurs, une certaine
expérience en matière d’EIE est d’ores et déjà acquise.

Néanmoins, il va de soi que l’adoption de la loi et du décret sur les EIE constitue un
préalable à la mobilisation de tous les partenaires concernés pour la réussite de la
procédure des études d’impact au Maroc.
4.1. LE CHEMIN PARCOURU

Le développement des structures chargées des études d’impact

Au cours des quatre dernières années, le Maroc s’est doté des structures
nécessaires à la mise en place de la procédure de l’EIE et à sa gestion.

La création du Service des Etudes Générales et d’Impact

Une cellule chargée des études d’impact a été mise en place au sein de la Direction
de l’Observation, des Etudes et de la Coordination du Ministère de l’Environnement
en 1993. Elle est devenue en 1995 le Service des Etudes Générales et d’Impact
(SEGI), chargée de développer et de gérer la procédure nationale des études
d’impact sur l’environnement, ainsi que de promouvoir le cadre législatif et
réglementaire relatif aux EIE.

Pour rappel (cf. partie sur la politique nationale), le SEGI a pour missions :

- de développer des réglementations, des procédures et des outils méthodologiques


pour la gestion des Etudes d’Impact sur l’Environnement ;
- de participer aux décisions concernant la nécessité de réaliser une EIE ;
- d’évaluer le contenu technique et scientifique des EIE présentées par les
promoteurs publics ou privés ;
- de diffuser les connaissances et l’expérience acquises dans le domaine des EIE
- de fournir des conseils aux promoteurs et aux cadres de l’administration concernés
par les études d’impact.

Le SEGI a développé ses activités avec le concours du Programme METAP.

La création du Comité National des Etudes d’Impact

Le Comité National des Etudes d’Impact a été créé en 1995, suite aux
recommandations relatives aux EIE issues de la session de juin 1995 du Conseil
National de l’Environnement.
Structure interministérielle, le Comité National des Etudes d’Impact a pour missions
(cf. partie consacrée aux études d’impact sur l’environnement au Maroc) :

- d’approuver les directives préparées par l’autorité gouvernementale chargée de


l’environnement afin de guider la réalisation des EIE ;
- d’examiner les EIE et de donner son avis ;
- de proposer des amendements au cadre juridique et institutionnel régissant les
études d’impact sur l’environnement ;
- de participer à l’actualisation de la liste d’assujettissement.

L’élaboration de textes législatifs relatifs aux EIE et de normes


environnementales
L’élaboration de normes et de standards environnementaux

La réalisation et l’évaluation des EIE nécessitent l’adoption de normes et de


standards environnementaux. Des normes de rejet doivent être fixées ainsi que des
normes de qualité des milieux récepteurs.

Le Comité Normes et Standards a été mis en place pour élaborer ces normes, dont
certaines sont déjà prêtes et figurent dans les projets de décrets relatifs à la loi sur
l’eau et à la loi sur la lutte contre la pollution atmosphérique.

L’élaboration de la loi et du décret relatifs aux EIE

Afin de permettre la mise en application de la procédure des EIE, une loi et un décret
relatifs aux EIE ont été élaborés par le SEGI et sont en cours d’étude au Secrétariat
Général du Gouvernement (cf. partie consacrée à l’EIE au Maroc).

Quand ces textes auront été adoptés, les différents départements ministériels tout
comme les promoteurs et les bureaux d’études connaîtront clairement leur rôle et
leurs obligations par rapport à la procédure de l’EIE. Ils pourront alors s’investir dans
ce domaine et participer activement à la mise en oeuvre de l’EIE.

La réalisation de diverses activités

La première phase du projet METAP, qui soutient le développement de la procédure


des EIE, a permis :

- la formation des cadres du SEGI sur les EIE (notamment par la réalisation d’une
EIE pilote),

- l’élaboration d’une procédure de gestion des EIE au niveau national,

- la préparation de plusieurs directives sectorielles, qui doivent guider le


département de tutelle et le promoteur dans l’élaboration du cahier des charges de
l’EIE (elles portent sur sept grands secteurs, certains d’entre eux, comme l’industrie
ou les infrastructures, étant partagés en sous-secteurs),

Par ailleurs, le Ministère de l’Environnement a ouvert une large concertation avec les
différents départements ministériels en vue de discuter et d’amender la procédure
nationale de gestion des EIE, de promouvoir le cadre législatif et réglementaire des
EIE et de valider la liste des projets devant être assujettis à la procédure de l’EIE.

Il faut également noter qu’un séminaire d’information sur les EIE a eu lieu dès 1994.

L’expérience acquise en matière d’études d’impact sur l’environnement


(réalisation et évaluation)

Réalisation des EIE


Bien que l’EIE ne soit pas encore légalement obligatoire, des études d’impact sur
l’environnement ont été réalisées au cours des dernières années pour certains
projets :

- des projets financés par des bailleurs de fonds étrangers (mais ces EIE ne sont pas
toujours satisfaisantes, ne se conformant pas aux standards de réalisation d’une EIE
type) ;

- des projets soumis à l’octroi d’une autorisation par des départements ministériels
sensibilisés aux problèmes d’environnement, qui demandent la réalisation d’une EIE
et l’obtention d’un avis du département de l’environnement avant d’autoriser des
projets potentiellement polluants.

En conséquence, le département de l’environnement (le SEGI en particulier) est


régulièrement sollicité pour émettre un avis sur les incidences environnementales de
certains projets, pour lesquels il recommande souvent la réalisation d’une EIE
(ex:projets de dragage de sable, projets d’exploitation de carrières, projets
industriels...).

Par ailleurs, le SEGI réalise par lui-même des études d’impact sur l’environnement à
caractère pédagogique (formation des cadres du SEGI) ou à titre pilote (études de
démonstration).

Plusieurs études d’impact sur l’environnement ont donc été réalisées ces dernières
années dans des secteurs aussi divers que l’exploitation minière, la production
d’énergie, l’aménagement urbain ou l’industrie pharmaceutique. Parmi ces études,
on peut citer :

- l’EIE de la centrale thermique de Jorf el-Asfar ;


- l’EIE pour l’aménagement du quartier de Oumm Azza à Rabat ;
- l’EIE pour l’extraction du Zircon sur la plage de Bouissafen.

Examen des EIE

En l’absence d’un cadre juridique réglementant les EIE, le processus d’examen des
études n’est pas standardisé et plusieurs cas de figures se présentent :

- EIE examinées par le département de l’environnement : pratique courante avant la


création d’un Conseil National des Etudes d’Impact ;
- EIE examinées par le Conseil National des Etudes d’Impact le département de
l’environnement l’associe à l’examen des EIE avant d’émettre un avis ;
- EIE examinées sous l’autorité du gouverneur par une commission mixte dans
laquelle le département de l’environnement est représenté ;
- EIE examinées par le département de tutelle du projet ;
- EIE examinées directement par un bailleur de fonds.

Il existe donc d’ores et déjà au Maroc un certain savoir-faire en matière d’élaboration


et d’évaluation des études d’impact.
4.2. LES ACTIVITES EN COURS ET LES PERSPECTIVES

Afin de permettre la poursuite du travail entamé et de rendre la procédure de gestion


des EIE opérationnelle, une deuxième phase du Programme METAP a été
programmée. Ses objectifs sont :

- de compléter et de finaliser les activités entreprises lors de la première phase du


programme METAP pour la mise en oeuvre du processus de gestion des EIE au
niveau national ;

- de consolider et de renforcer les compétences des cadres du SEGI et des autres


institutions appelées à participer au processus de gestion des EIE ;

- d’élaborer les outils méthodologiques nécessaires à une meilleure gestion des EIE
au niveau national, qui seront mis à la disposition des différents départements
ministériels devant participer à la gestion des EIE.

La deuxième phase du programme METAP, qui est en cours d’exécution, prévoit :

- l’élaboration de manuels méthodologiques au profit des cadres chargés de la


procédure des EIE ;

- la création d’un registre informatisé des EIE ;

- la poursuite de la formation en matière d’EIE ;

- l’organisation de trois exercices d’élaboration des EIE ;

- la préparation d’un manuel d’information relatif à l’EIE : c’est le présent manuel.

- l’élaboration d’une plaquette de vulgarisation des EIE à l’attention des citoyens,


pour expliquer le rôle des études d’impact dans la planification des projets et la
protection de l’environnement.

Les manuels méthodologiques

Des manuels relatifs à la préparation et à l’évaluation des EIE dans différents


secteurs vont être élaborés. Chacun comprendra un diagnostic du secteur étudié,
des termes de référence type et des méthodes d’évaluation. Les secteurs concernés
sont :
- les projets de développement des zones côtières,
- les projets de réalisation de petites et moyennes entreprises,
- les projets d’irrigation et d’assainissement,
- les projets de traitement des déchets solides,
- les projets d’aménagement du territoire et d’infrastructures,
- les projets d’établissements classés.
La création d’un registre informatisé des EIE
Le registre des EIE a déjà été élaboré et installé au Service des Etudes Générales et
d’Impact afin que :

- le SEGI puisse saisir et stocker de manière standardisée les informations


concernant les EIE reçues et examinées ;

- toutes les personnes impliquées dans la gestion des EIE puissent accéder
facilement à l’information sur les EIE ;

- les informations sur les différentes EIE puissent être croisées, recoupées ou
compilées.

Le registre des EIE comporte trois partie :

- une partie « rapport minute », conçue pour délivrer à la demande des rapports
minute décrivant la situation instantanée des études déjà examinées et de celles en
cours, selon diverses entrées (type de projet, date, site d’implantation, etc.) ;

- une partie « rapport analytique », qui doit permettre le croisement des informations
contenues dans les différents fichiers ;

- une partie « base de données », conçue pour stocker des informations jugées
pertinentes, pouvant servir de références pour d’autres études d’impact.

La formation en matière d’EIE

La formation dans le domaine des EIE constitue un axe important de la deuxième


phase du Programme METAP.

En effet, afin que les différents partenaires impliqués dans le processus de


réalisation et d’examen de l’EIE en maîtrisent tous les aspects et donc y participent
pleinement, il est nécessaire de les former.

Les actions de formation s’adressent tout particulièrement aux cadres du Ministère


de l’Environnement et à ceux des autres départements ministériels et des
collectivités locales. Pour pouvoir conseiller et orienter les promoteurs dont les
projets sont assujettis à l’EIE, ils doivent bien connaître : les objectifs de l’EIE ; les
informations qu’elle doit contenir ; le circuit qu’elle doit suivre depuis sa réalisation
jusqu’à la décision concernant la réalisation du projet.

Une formation de formateurs dans le domaine des études d’impact va être mise en
place. Un module de formation a été élaboré à cette fin, sous forme de valise
pédagogique permettant de dispenser une formation adaptée aux besoins de chaque
type de public.

Les objectifs de cette valise pédagogique sont :


- de faire acquérir des connaissances de base sur l’écosystème ;
- d’introduire la notion de développement durable et de donner quelques repères sur
la politique internationale en matière d’environnement ;
- de fournir des informations sur la politique de protection de l’environnement du
Maroc ;
- de faire comprendre ce qu’est une étude d’impact ;
- de donner un aperçu des principales étapes de l’élaboration d’une EIE et de son
évaluation ;
- de fournir des instruments pour élaborer et évaluer une EIE.

Le premier séminaire de formation de formateurs est prévu au cours du dernier


trimestre de l’année. Il s’adressera aux principaux partenaires impliqués dans la
gestion de la procédure EIE au niveau national, régional et local.

Par ailleurs, un atelier de formation en matière d’évaluation des EIE doit être
organisé au profit des cadres du Ministère de l’Environnement, des collectivités
locales et des autres départements ministériels. Il portera sur la définition des termes
de référence par type de projet, l’analyse des EIE, le suivi et le contrôle des EIE et la
participation du public.

Les exercices de réalisation de trois études d’impact

Ils sont organisés au profit des cadres de la Direction de l’Observation, des Etudes et
de la Coordination (SEGI en particulier), ainsi que de ceux des ministères techniques
et des collectivités locales. Ils traitent de trois types de projets différents :
- un projet de réalisation d’infrastructure,
- un projet de développement sectoriel,
- un projet de développement régional.

A l’avenir, il apparaît important de travailler dans les directions suivantes :

- la formation des bureaux d’études


Les bureaux d’étude doivent parfaitement comprendre les objectifs de l’EIE, son
déroulement et les éléments qu’elle doit contenir. De leur compétence dépend en
grande partie le sérieux et la pertinence des études d’impact qui seront réalisées à
l’avenir.

- le développement des rapports avec l’université


Les universités constituent des réservoirs de compétences précieuses pour
l’élaboration des études d’impact, qui requièrent la collaboration de multiples
disciplines.

- l’implication de l’ensemble du Ministère de l’Environnement dans la gestion


des EIE

- le développement de capacités en matière d’études d’impact au sein de


chaque département ministériel concerné

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