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Jacques TEULIÉ
FINANCE 6 e édition
Chapitre 1 3
De la finance
Il est devenu familier à toute personne quelques difficultés à se définir. Ce n’est certai-
intéressée de près ou de loin à la marche des nement pas le cas de la finance, qui, bien qu’elle
entreprises, à tout étudiant en gestion, a fortiori soit elle aussi soumise aux contraintes des
à tout gestionnaire d’utiliser les mots marketing modifications de l’environnement entraînant
(mercatique devrait-on dire), finance, contrôle une évolution rapide des problèmes à résoudre,
de gestion, gestion des ressources humaines, n’a pas grande difficulté à définir son champ
gestion de la production etc. Cette habitude d’investigation. On remarquera, pour rester
prise dans l’utilisation des vocables ne signifie modeste et objectif, que ce n’est pas parce
pas pour autant que l’on ait une idée claire de qu’on a identifié un problème que l’on a obli-
ce que représentent les disciplines évoquées, gatoirement une solution à proposer.
et d’aucuns auront quelques difficultés à en L’objet de ce chapitre introductif est d’es-
préciser les contours avec une relative rigueur. sayer de cerner avec le plus de précision
On est toujours surpris, lors des entretiens possible le champ de la finance, d’en définir
d’entrée des étudiants dans une filière d’ensei- le contour, afin de ne pas perdre de vue les
gnement, alors qu’ils en sont pourtant au stade finalités poursuivies au fur et à mesure de la
(ou presque) du choix d’un métier, de constater découverte des problèmes, outils, concepts et
combien peu sont capables de mettre un méthodes. Aussi, dans un premier temps, va-
contenu relativement précis dans chacune des t-on parler de finance d’entreprise avant de
disciplines qui viennent d’être citées, quelques- mettre en évidence l’actualité des problèmes
uns ayant même une certaine incapacité à financiers. On se posera ensuite le problème
cerner la notion de gestion. Beaucoup de l’objectif à atteindre en gestion financière
évoquent en excuse le difficile accès à l’infor- des entreprises, celui du rôle des marchés finan-
mation, ce qui ne devrait pourtant pas consti- ciers et des modèles d’évaluation de l’entreprise
tuer un justificatif du choix qu’ils font d’études, que l’on peut proposer. Dans un dernier temps,
voire de métiers, qui vont représenter pendant on mettra en évidence la différence entre
de nombreuses années l’essentiel de leur acti- approche théorique et approche pratique,
vité. pour parler ensuite du métier de la finance
Certaines disciplines de gestion, soumises et enfin conclure par une présentation des
aux dures contraintes d’un environnement thèmes proposés dans ce manuel.
changeant, ont parfois elles-mêmes, il est vrai,
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1 La finance d’entreprise
Cet ouvrage traite de la gestion financière des entreprises. Il faut peut-être, dans un premier point,
préciser que les entreprises dont on va parler sont celles obéissant aux règles du droit privé. Ces
entreprises sont de plus en plus nombreuses dans l’ensemble de la population concernée. Ce phéno-
mène facilement perceptible en France l’est également dans la plupart des pays européens, y compris
dans les nouveaux pays de l’Europe de l’Est, où ce passage ne se fait pas sans quelque difficulté. Ce
mouvement aurait tendance à faire penser que les règles du comportement des entreprises du secteur
privé ont des vertus que n’ont pas celles du secteur public. Certes, on voit de temps à autre apparaître
dans les conversations les expressions de capitalisme sauvage, faisant allusion à la dure réalité du
marché, qu’on ne peut évidemment pas ignorer.
La finance traite de problèmes d’argent. Appliquée à l’entreprise, elle aura pour souci, dans un
premier temps, de réunir les fonds (recherche du capital, étude des modalités d’emprunt possibles)
qui vont servir, dans un deuxième temps, à assurer la bonne marche de l’entreprise (investissements). En
fait, cette manière de présenter la finance peut donner une mauvaise idée de la démarche suivie dans
la création et le fonctionnement des entreprises. Au départ de la mise en œuvre d’un projet d’entre-
prise, ce ne sont pas les financements (les ressources) qui priment, mais bien les investissements (les
emplois). Ce sont en effet ces derniers qui sont la conséquence directe du choix que le chef d’en-
treprise fait de son métier. Suivant qu’il optera pour une activité industrielle, commerciale ou de service,
le volume des installations qui lui seront nécessaires sera différent ; il en ira de même du montant des
financements qu’il devra réunir.
Ainsi, une définition de la finance pourrait être la suivante : la finance est l’art de l’allocation optimale
de ressources rares à des emplois plus nombreux qu’il n’est possible d’en réaliser. Là également, il faut
insister sur le fait que la partie importante de la définition réside dans le terme « emploi », la notion de
« ressources limitées » n’intervenant que pour préciser l’« allocation optimale ». On est ici au cœur du
problème et des difficultés, si l’on veut définir immédiatement la notion d’optimum ; certes, on peut
penser à la notion d’efficacité ; mais les progrès seront modestes dans la compréhension des enjeux de
la finance si on ne propose pas une définition de ces concepts.
Avant d’aborder cette présentation, on parlera dans un premier temps de l’actualité de la finance.
2 L’actualité de la finance
1 Les défis du monde
2 La finance est certainement une des rares disciplines de gestion qui soit autant en prise avec une
réalité quotidienne extérieure à l’entreprise, venant affecter notablement la manière de penser ou d’agir
à l’intérieur. Circonstance aggravante, ces événements ne proviennent pas de l’environnement immé-
diat de l’entreprise, mais d’un contexte mondial, dans la mesure où les économies aujourd’hui en sont,
elles-mêmes, au stade de la mondialisation.
Dans le contexte actuel de récession économique grave, le risque de défaut de l’émetteur doit être
correctement évalué.
Ainsi, les décisions que peuvent prendre les États-Unis en matière de déficit budgétaire n’affectent
pas seulement l’emploi et l’activité économique de ce pays, mais aussi l’ensemble des activités écono-
CHAPITRE 1 : DE LA FINANCE
2. L’actualité de la finance 5
miques de par le monde. Dans le même ordre d’idées, les décisions prises par les responsables de la
Réserve fédérale en matière de circulation monétaire ont des conséquences qui se répercutent
immédiatement sur les marchés financiers. Les pays européens, suite à l’« unification monétaire », ont
eu une meilleure garantie contre les attaques des spéculateurs et arbitragistes à l’affût des moindres
déséquilibres des marchés financiers. Ces phénomènes ont toujours existé ; les consommateurs (de
matières premières et de produits finis) ont toujours cherché à s’approvisionner de la manière la plus
économique possible. Certains intervenants, même, n’hésitent pas à profiter des déséquilibres de prix
pour acheter sur les lieux d’approvisionnement les plus avantageux et vendre sur les marchés où
s’exercent les prix les plus élevés, de manière à encaisser la différence. Les techniciens déclarent qu’il
n’y a là qu’un phénomène de régulation des marchés. Le phénomène nouveau est tout simplement
l’interpénétration de plus en plus grande des économies, mais également la rapidité avec laquelle
l’information circule. Ainsi, pour tel ou tel événement affectant les marchés financiers, les Bourses
européennes surveillent le comportement de la Bourse de New York et celui de la Bourse de Tokyo,
pour anticiper sur leur propre réaction.
L’internationalisation des opérations financières ne se caractérise pas seulement par les inconvé-
nients qui viennent d’être décrits ; on y trouve aussi des avantages. Par exemple, en matière d’appel de
fonds, les gouvernements ont depuis longtemps pris l’habitude de s’adresser à l’étranger pour réunir
ceux qui leurs sont nécessaires. Les entreprises n’ont pas tardé à leur emboîter le pas, trouvant dans la
diversification de l’origine géographique de leurs ressources une réponse à l’étroitesse des approvision-
nements nationaux ou de meilleures conditions de financement.
Un autre domaine intéressant pour la vie des entreprises réside dans la possibilité de créer de
nouvelles alliances de par le monde ; bien évidemment, toute médaille ayant son revers, les entreprises
pourront craindre en retour des attaques venant de l’extérieur, qui peuvent parfois avoir pour consé-
quence la perte de leur intégrité, voire de leur indépendance. Il en résulte généralement des entités
d’une taille permettant d’affronter la concurrence internationale.
Enfin, un dernier exemple concerne l’évolution des taux d’intérêt et des taux de change, qui
connaissent des niveaux de volatilité (instabilité) importants, à telle enseigne que des situations
acquises, par exemple un emprunt réalisé dans de bonnes conditions à un moment donné, se révèlent
tout à fait dommageables pour l’entreprise à la suite d’un changement de conjoncture.
Qu’en est-il aujourd’hui avec une nouvelle crise d’une puissance sans précédent ? L’évolution se
poursuit et la finance s’efforce d’apporter des réponses aux défis du monde, et il est à prévoir que le
e
XXI siècle sera riche en bouleversements.
Tout d’abord, le champ théorique s’est considérablement enrichi. On parlera à nouveau, plus avant,
de la querelle pouvant exister entre théorie et pratique. On peut dire simplement pour l’instant que
la théorie a pour grand avantage d’apporter des éléments de réponse à des problèmes d’une comple-
xité croissante. Si parfois elle n’apporte pas de réponse, du moins permet-elle de se poser les bonnes
questions 1.
D’une manière concomitante se sont développés de nouveaux outils, certains ayant pour objet
d’apporter de nouvelles solutions à de vieux problèmes partiellement résolus. Par exemple, qu’est-ce
qui fait la valeur d’une action ? D’autres outils représentent des réponses plus immédiates à des
problèmes plus contemporains. C’est le cas des options, ces actifs financiers d’une nature particulière
qui permettent des prises de décisions complexes dans un contexte de plus en plus risqué. Il y a
d’ailleurs dans ce domaine un exemple tout à fait remarquable de complémentarité entre la théorie et
la pratique, dans la mesure où ce n’est qu’à partir du moment où un modèle théorique d’évaluation des
options a été proposé 2 que l’on a pu généraliser l’utilisation de cet outil financier nouveau. Pour rester
sur un plan pratique, l’imagination fertile des financiers n’ayant pour limite que celle des possibilités
d’évaluation (encore elle !), on a pu créer des outils de financement aussi sophistiqués que les
TSRBSORA (titres subordonnés remboursables avec bon de souscription d’obligations remboursables
en actions) ou les ORABSAR (obligations remboursables en actions à bons de souscription d’actions
remboursables) afin de stimuler l’enthousiasme parfois défaillant des épargnants tout en protégeant le
bon fonctionnement de l’entreprise. De même que penser de la titrisation de certains actifs à risque ?
Enfin, sont apparus de nouveaux marchés créés spécifiquement pour accueillir de nouveaux
produits. Ainsi, les marchés à terme si critiqués aujourd’hui, traitant les contrats à terme et les options
sur contrat à terme et sur actifs financiers. De la même manière, le souci d’assurer un développement
sans entraves de la « nouvelle économie » a permis la création de marchés, capables d’accueillir les
start-up, ces entreprises nouvelles, fortement risquées mais qui seront peut-être les leaders de demain
dans des domaines techniques nouveaux ou en fort développement. Les revers de conjoncture, les
évolutions du contexte environnemental font que, très rapidement, il faut changer un outil qui ne
donne pas pleine satisfaction. Certains marchés ne sont pas sitôt nés qu’ils disparaissent (ou presque).
Les préoccupations ne sont pas toujours les mêmes : aujourd’hui nous en sommes au stade de
l’intégration européenne des marchés financiers, préoccupation qui se double de la quête de la taille
critique pour pouvoir exister demain.
Le responsable financier de l’entreprise, dans cet espace mouvant, sera lui aussi de plus en plus
sollicité par cet environnement changeant, lui imposant des réponses les plus rapides possible.
Pourtant, il existe à côté de ces nouveautés des tâches traditionnelles qu’il doit effectuer pour réaliser
la bonne conduite des entreprises.
1. BREALEY R., MYERS S., Principles of Corporate Finance, 6e éd., McGraw-Hill, 2000.
2. BLACK F. et SCHOLES M., « The Pricing of Options and Corporate Liabilities », Journal of Political Economy, no 81, mai-juin 1973.
CHAPITRE 1 : DE LA FINANCE
3 La valeur de l’action
3 On peut comprendre très simplement que la valeur de l’action, rappelons-le, titre de propriété de
l’entreprise, représente au moment de la création de la société ce que les actionnaires auront apporté.
On retient également que, dès le départ, la société doit engager des dépenses nécessaires à son bon
fonctionnement qui n’apparaissent au bilan que pour des raisons de commodité fiscale, qu’on analyse
indirectement comme des non-valeurs dans la mesure où leur cession n’entraînerait aucun encaisse-
ment. Ces dépenses vont, cependant, assurer la bonne marche de la société (frais de publicité légale
par exemple, frais d’enregistrement) et font donc partie de sa valeur. On entrevoit ainsi l’idée que la
valeur de l’action ne s’apprécie pas forcément à la valeur des seuls éléments figurant au bilan.
La valeur de l’action est également le reflet de toutes les forces et les faiblesses de l’entreprise. On
peut passer en revue toutes les caractéristiques de l’entreprise pour comprendre rapidement comment
leur état va influer sur la valeur de cette dernière. En effet, il relève certainement du bon sens de
comprendre que la valeur de l’entreprise sera d’autant plus grande que son outil de production sera
performant, que la gamme de ses produits sera bien située par rapport à la gamme de la concurrence,
que ses parts de marché seront bien défendues, que ses clients ne seront jamais défaillants et paieront
avec régularité, enfin qu’il règnera un bon climat social. Cette constatation est lourde de conséquences,
parce qu’elle signifie que la pertinence d’une opération réalisée dans quelque domaine que ce soit de
la vie de l’entreprise pourra se tester par les conséquences qu’elle est susceptible d’avoir sur la valeur de
l’action.
CHAPITRE 1 : DE LA FINANCE
1. COPELAND T.E. et WESTON J.F., Financial Theory and Corporate Policy, Addison-Wesley, 3e éd., 1988.
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titres de propriété entre épargnants, permet cette évaluation. On parlera plus avant de la manière de
procéder à cette dernière, mais disons, dès à présent, que la mesure de l’efficacité des décisions prises
par l’entreprise, au travers de la valeur de l’action, ne sera pertinente que si les évaluations sont
correctes. Ce qui signifie que les seuls mouvements devant affecter la valeur d’un titre financier sont
ceux résultant des changements de facteurs (internes ou externes à l’entreprise) pouvant modifier
l’aptitude de l’entreprise à créer de la valeur.
La valeur de l’action est la manifestation de la santé de l’entreprise. Elle en est le thermomètre. Elle
est, de ce fait, le point de mire de tous les participants à la vie économique de l’entreprise, de tous ceux
qui doivent lui faire confiance, aussi bien ceux qui vont travailler pour elle (les salariés), ceux qui vont
travailler avec elle (ses fournisseurs et ses clients), que ceux qui lui apportent des financements (les
banquiers et les actionnaires). C’est elle qui permet à un actionnaire ancien de continuer à lui renou-
veler sa confiance en souscrivant aux augmentations de capital, c’est elle qui attirera les actionnaires
nouveaux. Ainsi, la valeur de marché de l’action est vraisemblablement le critère le plus important qui,
pris isolément, permet de juger une entreprise. Une évaluation boursière correcte suppose, cependant,
le bon fonctionnement des marchés financiers.
De la même manière, sans imaginer le scénario catastrophe précédent, l’entreprise ayant ses actions
correctement évaluées sera l’objet de la sollicitation des épargnants, alors que l’autre aura toutes les
peines du monde à se financer.
Ce système d’évaluation est d’ailleurs utilisé toutes les fois que l’entreprise doit apprécier la rentabi-
lité d’une opération (investissement) ou son coût (financement).
6 Théorie et pratique
La finance s’est hissée au rang de science. On en voudra pour preuve le nombre de prix Nobel
(Franco Modigliani, Merton Miller, Harry Markowitz, William Sharpe, Myron Scholes, etc.) venu en un
temps relativement limité récompenser les efforts de ses chercheurs.
Les autres preuves résident dans le nombre et la qualité des modèles proposés, qui jouent un rôle
tout aussi important, tant au point de vue explicatif qu’au point de vue prédictif.
La fin des années 1950 a vu apparaître les fondements de ce que l’on pourrait appeler la finance
moderne. En 1958, Modigliani et Miller avancent leur fameuse théorie de la structure financière de
l’entreprise. En 1959, Harry Markowitz propose la théorie du portefeuille, suivie bientôt par les travaux
de Sharpe sur le modèle d’évaluation des actifs financiers.
Et la pratique dans toute cette affaire ? Il faut admettre que le dialogue n’est pas toujours facile entre
les théoriciens et les praticiens. Peut-être faudrait-il un peu d’effort de part et d’autre. Le théoricien
gagnerait beaucoup à être compris de tous et le praticien devrait admettre que sa démarche quoti-
dienne mérite d’être relativisée. En définitive, il faut peut-être reconnaître les mérites de chacun et savoir
que, si la pratique apporte de bonnes réponses aux problèmes routiniers, la théorie apprend à répondre
rationnellement au changement 1, ce qui, dans notre monde en pleine mouvance, n’est certainement
pas un mince avantage.
7 Le métier de la finance
En définitive, un enseignement de finance peut apporter, aux personnes qui se destinent à ce métier,
une série de concepts qu’il faut maîtriser, une série de règles qu’il faut suivre, une série de questions sur
lesquelles il faut réfléchir.
8. Parlons pédagogie 13
Par exemple, les questions que se posera un financier sont du type suivant :
– Comment mesurer la rentabilité ?
– Faut-il se soucier du bénéfice par action ?
– Quel doit être le pourcentage de dettes financières à mettre dans l’ensemble des ressources de
l’entreprise ?
– Quelle quantité de bénéfice doit être distribuée sous forme de dividendes ?
– Faut-il remplacer cette vieille machine ?
La réponse à ces questions supposera que le financier utilise des concepts comme : structure des
taux, risque, valeur de l’argent en fonction du temps etc. ; il lui faudra aussi effectuer des calculs comme
celui du coût des fonds qu’utilise l’entreprise et savoir construire une stratégie de couverture contre le
risque de taux.
Peut-être plus que tout cela, il lui faudra apprendre à poser les bonnes questions. Ainsi, ce qui fait la
rentabilité d’une entreprise, c’est la pertinence de ses investissements. On sait généralement que
certains types de financement ne sont pas neutres dans la création de la rentabilité de l’entreprise.
Par exemple, utiliser l’endettement permet de faire jouer un concept dit d’effet de levier, qui améliore la
rentabilité des capitaux propres ; il ne faudra tout de même pas perdre de vue que ce phénomène ne
peut jouer que si l’entreprise est par ailleurs bénéficiaire. Ainsi, il est certainement plus profitable de
conduire une bonne sélection des investissements que de monter des stratégies de financement ; cela
ne veut pas dire pour autant qu’il faille négliger ces dernières.
Le responsable financier ne devra pas perdre de vue le rôle joué par l’actionnaire. Souvent laissé à l’arrière-
plan, ce dernier a pris cependant une place de plus en plus déterminante en cas de risque d’absorption par
une autre entreprise ; mais aussi parce que, de plus en plus, il confie la gestion de son portefeuille à des
institutions spécialisées qui le représenteront aux assemblées générales avec toujours plus de poids. Le rôle
fondamental de plus en plus important des fameux fonds de pension n’est plus à démontrer.
Les messages lancés à l’extérieur concernant la santé de l’entreprise doivent être clairs, de manière à
éviter à l’épargnant une double erreur : celle de ne pas investir quand il le faudrait et celle d’investir
quand il ne le faudrait pas.
8 Parlons pédagogie
Les manuels de gestion financière sont nombreux et généralement bien conçus. Celui qui est
proposé aujourd’hui a pour ambition d’assurer un compromis entre le théorique et le pratique, appor-
tant des démonstrations simples et utiles quand c’est possible, allant à l’essentiel chaque fois que cela
se révèle nécessaire.
Il se décompose en huit parties couvrant l’ensemble des problèmes que peut rencontrer un
responsable financier d’entreprise.
l’information fournie par la comptabilité (bilan, compte de résultat, etc.) est indispensable pour
comprendre d’une part les relations qui existent entre les différentes variables en cause, et, d’autre part,
le jeu des mécanismes qui doivent se mettre en place pour obtenir certaines finalités, telle la rentabilité.
Une annexe mathématique, en fin d’ouvrage, permettra à tout lecteur qui en éprouve le besoin de
mettre à jour ses connaissances sur les outils de calcul les plus couramment utilisés en finance.
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Première partie
La finance, comme toute discipline, dispose d’outils, de concepts et de méthodes qui lui sont
propres ou qu’elle a empruntés à des disciplines voisines. Au-delà de ces instruments, il est important
de comprendre la manière dont elle oriente sa réflexion, de façon à ne pas être abruptement confronté
à des démonstrations qui pourraient paraître austères parce qu’on n’en saisit pas la portée générale.
Aussi, avant d’aborder les grandes questions qui se posent au responsable financier de l’entreprise, il est
apparu important de situer le cadre général de la réflexion.
Le chapitre 2 est consacré à la dimension temporelle de la décision financière. Il a pour objet de
faire comprendre que des sommes exprimées à deux dates différentes dans le temps ne sont pas
comparables et donnera donc les moyens d’effectuer cette comparaison. Disposant d’un outil adapté, il
sera alors possible d’apporter un justificatif rationnel à l’échange entre différents agents économiques et,
surtout, à l’existence des marchés financiers qui vont le faciliter.
Le chapitre 3 traite du rendement et du risque. L’épargnant, comme tout agent économique,
contribue au processus général de création de richesse en confiant son épargne à des intermédiaires
(banques, entreprises, organismes financiers) capables de la faire fructifier. Il est donc légitime qu’il soit
récompensé pour sa contribution à l’activité économique générale. Cette récompense est le rende-
ment qu’il retire de son placement. La question de savoir quel niveau de rendement obtenir est un
problème difficile à résoudre. Un argument qu’il est indispensable de prendre en compte est celui du
risque. Le placement effectué par l’épargnant sera dit risqué toutes les fois que ce dernier n’est pas
certain de recevoir sa récompense. Le jugement sur le rendement d’un placement ne peut donc
s’exercer qu’à la lumière du risque qui lui est attaché.
Le chapitre 4, dédié à l’évolution des grands courants théoriques, présente le concept d’efficience
des marchés. Les marchés financiers sont non seulement des lieux d’échange des moyens de finance-
ment, mais aussi les véhicules de l’information concernant l’entreprise. Cette dernière, dans la mesure
où elle doit solliciter des concours extérieurs, doit donner d’elle l’image la plus fidèle possible. Ce
F INANCE
16 P REMIÈ RE PARTIE : LES OUTILS DE LA DÉ CISION FINANCIÈ RE
chapitre pose les conditions pour que le marché financier soit un bon transmetteur d’information.
Il aborde par ailleurs une alternative à la finance dite classique : la finance comportementale.
Le chapitre 5 présente les outils du diagnostic financier. L’objet de ce chapitre n’est pas de proposer
les grandes lignes du diagnostic de l’entreprise mais de présenter les outils qui sont souvent nécessaires
à l’établissement du diagnostic financier. Ce dernier est un préalable indispensable à toute prise de
décision.
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Bibliographie 909
Index 913
Finance • 6 e
édition
Patrick TOPSACALIAN, Jacques TEULIÉ
Patrick Topsacalian enseigne la finance à l’université Lyon III et à Kedge Business School. Auteur
de nombreux ouvrages et articles, il a créé un site d’enseignement de la finance à distance utilisé
sur plusieurs continents.
Jacques Teulié (1940-2012) a enseigné la finance à l’université de Montpellier II et au Groupe
Sup de co Montpellier Business School.
ISBN : 978-2-311-01378-8
9 782311 013788