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du 14 au 16janvier 1992
PEUPLES ET CULTURES
DE L'ADAMAOUA
(CAMEROUN)
,
Co-édition
ORSTOM/<<
Ngaoundéré-Anthropos B '
Éditions de I'ORSTOM
INSTITUT FRANçAIS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT EN COOPÉRATION
Collection COLLOQUES et SÉMINAIRES
PARIS 1993
Cet ouvrageest publié en co-édition ORSTOM/(( Ngaoundéré-Anthropos n,
programme inter-universitaire deformation et de recherche (Troms&Jgaoundéré).
À ce titre, l'ouvrage a bknéficié d'une subvention de la part du N.U.F.U.
((( Comité national pour la Recherche et la Formalion n) de NorvBge.
La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41,
d'une part, que les ((copiesou reproductions strictement réservées à l'usage privé du
copiste et nondestinées à uneutilisation collectives et,d'autrepart,que les
analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, cctoute repré-
sentation oureproductionintégrale,oupartielle, faite sans le consentement de
l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause,est illicite)) (alinéaler de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait
donc une contrefaçon sanctionnée par les articles425 et suivants du Code pénal.
,.page,-
-
1 Contextes géographiques 21
-
II Synthèses historiques 51
-
V Vers la modernité 247
PRÉSENTNION DE L‘OUVRAGE
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Excellence,
Mesdames,
Messieurs,
Six moisaprèsles assises duConseilProvincial..dela
Culture, ici dans ces mgmes locaux,Chef-lieu
le de la province
de l’Adamaoua est à nouveau à l’honneur, en accueillant un
aréopage de brillants intellectuels, d’experts et de savants, en
provenance du Camerounet de l’étranger.
Aussi m ’échoit-il 1’insigne honneur et1’agréable devoirde
présider en cejour mémorable, au lieu etplace de M.le Gouver-
neurdel’Adamaouaempêché,lacérémonied’ouverturedu
colloque N Peuples et Cultures de 1’Adamaoua Y, un événement
culturel s’inscrivant en droite ligne dans les retombées
immédiates desEtats Généraux dela Culture qui se sonttenus
en août dernierà Yaoundé, au cours desquels a été adoptée une
nouvelle dynamique dans notre action culturelle, conformément
aux idéaux de politique
la du Renouveauprônée par le Chef de
I’Etat, S.E. Paul Biya, qui vise à (c restituer sa dignité et sa
fierté au peuple camerounais tout entierà travers la promotion
de sa culture qui n’est en rien inférieure à celle des autres
peuples mais qui, jusqu’ici, a souffert de la folklorisation Y.
- 14 -
Mesdames, Messieurs,
- 15 -
OUVERTURE ET
<< LIBRE PARCOURS D
Ils ont travaillé et servi de << guide >> aux chercheurs profes-
sionnels. Ils continuent d’ailleurs à le faire, tout en travaillant
dans le cadre de leur village ou population d’origineà la collecte
de traditions orales auprès des anciens.
En conclusion, nous pouvonsdire ceci :l’intérêt que les uns
et les autres (chercheurs << traditionnels 11, missionnaires et
chercheurs professionnels) portent à notre province montre que
l’Adamaouadispose d’un trésorculturelimmensequine
demande qu’à être exploité, valorisé, pérennisé par une vigou-
reuse action culturelle. Et il est temps d’appuyer cette action par
une manifestation spectaculaire, à l’image de la présentesemaine
culturelle. En dehors de la dynamique impriméepar le Ministère
de l’Information et de la Culture, et exécutée sur le terrain par
ses collaborateurs provinciaux que noussommes, l’essentiel de
cette action culturelle ne peut être envisagée sans le concours
des incontournables partenaires que vous êtes.
Voilà pourquoinous voulons placerce colloque sur << Peuples
et cultures de l’Adamaoua B sous le signe de l’ouverture.
Une ouverture vraiment complète, dans le cadre de ce qu’on
pourrait appeler un << libre parcours culturel, où chacun est
))
Réfkrences bibliographiques
P L W Y (Mg‘ Y.),1990, Mission Tchad-Cameroua ;l’annonce
de 1’Evangile au Nord-Cameroun et au Mayo-Kebbi, 1946-
1986. Ed. Oblates, 575 p.
LODE (K.)’1990,Appelks à la liberté ;histoire de 1’Eglise
EvangtliqueLuth6rienneauCameroun. Improced,
Amstelveen, 351 p. + photogr.
1.
CONTEXTES
GÉOG
. .
.. _ . . .
S.M. E N 0 BELINGA
L’Adamaua allemand
Les actuels départements de la Bénoué (Garoua), du May0
Danaï (Yagoua), du Margui Wandala (Mokolo) et du Diamaré
(Maroua) représentent 1’Adamaua des auteurs allemands, le
Deutsch-Adamaua.
Les premières explorations allemandes partirent du nord,
tantôt du Tchad, tantôt de la Bénoué, vers l’arrière-pays du
Cameroun. Ed. R. FLEGEL (1883) fit la découverte des sources
de la Bénoué ; il reconnut l’importance de ce cours d’eau pour
l’exploration de l’Afrique. ZINTGRAFFfutle tout premier
Européen 8 faire la jonction du Sud-Cameroun etdu Nord-
Cameroun. Parti de Kumba, il est arrivé à Garoua. Les voyages
qu’il fit de 1886 à 1895, sur ordre du Ministère Allemand des
Affaires Etrangères, en vue de l’exploration de l’arricre-pays du
Cameroun,eurent un grandretentissementenEurope
(ZINTGRAFF: 1889-1890,1890,1891,1894 ;H. SEIDEL : 1890).
De 1893 à 1894, S. PASSARGE séjourna dans l’Adamaua où il
entreprit les premières explorations géographiques et géomor-
phologiques. Il fit des recherches dans la région de la Bénoué,
s’avança au nord jusqu’à Maroua et pénétra au sud jusqu’à
Ngaoundéré (S. PASSARGE : 1895). L’expédition de UECHTFUTZ
dans 1’Adamaua est relatéeparP. STAUDINGER (1894) et
S. PASSARGE (1894).
- 24 -
Résumé
(< CaBBuZ B (l) est une notion géographique peule spécifique
de l’Adamaoua et de la Dorsale Camerounaise. On ne la retrouve
pas chez d’autres Peuls qui habitent des massifs montagneux,
par exemple au FoutaDjalon. Le << cuBBuZ D n’est pas, à propre-
ment parler, une montagne mais un haut plateau, caractérisé par
de grandes étendues herbeuses. C’est un milieu typiquement
pastoral.
En Adamaoua, le << cuBBaZ le plus important est celui dit
de Mbabo, vaste ensemble de hauts reliefs comportant plusieurs
unités pastorales sur Tignère, Galim et Banyo. La chaîne de
Gandaba comprend également plusieurs << cuBBe >>.D’autres
sont dispersés sur l’Adamaoua mais ils représentent des reliefs
moins élevés et peu étendus. A la limite, les Peuls désignent
<< cuBBal D des paysages qui ne correspondent pas exactement à
la définition.
Milieux pastoraux par excellence, les << caBBe >> ont joué un
grandrôle dans l’histoire des Peuls, notamment celledes
Mbororo du groupe djafoun. Encore aujourd’hui, les groupes
fragiles à cette maladie que les blancs. Pour cette raison, seuls
quelques lignages &ou recherchent les pâturages de << caBBal>>.
Les autres nomadisent au sud de l’Adamaoua, à des altitudes
relativement faibles (moins de 1000 mètres).
Les éleveurs qui arrivèrent sur des << caBBe >> tardivement
mis en valeur (Tchabbal Sile) insistent sur le bon état initial de
leur bétail : << na’i tekki bana gaduuji >> : les vaches étaient
grasses comme des phacochères ! La rareté des tiques permet de
faire l’économie de détiquages, travaux les plus accaparants en
saison des pluies. Autrefois, des Mbororo se tenaient surtout en
haut de << caBBal B pour éviter d’avoir à détiquer les animaux.
Un autre avantage pastoraldes << caBBe >> tient à la valeur de
leurs pâturages. Sans couvert d’arbres ou d’arbustes,les grami-
nées offrent des fourrages de bonnequalité et enabondance. Les
témoignages des premiers occupants s’accordent égalementsur
ce point. Les Mbororo indiquent que les meilleures graminées
du TchabbalMbaboétaient,autrefois, << balbaaje >> (?),
<< arngaaje boDeeje >> (Hyparrhenia spp. ?), << nebbamwal >>
(Melinis minutiflora), biriijiwal >) (trèfles).
Enfin, les << caBBe >> de l’Adamaoua ne sont pas accaparés
par des cultivateurs. L’espace estlibre pour le bétail. Au debut,
les éleveurs eurent seulement affaireàune grande faune :buffles,
voire lions qui causaientquelques pertes de bétail. Pour la
plupart des éleveurs, ce n’était pas une contrainte insurmontable.
Les premiers Djafoun du TchabbalMbabo pratiquaient la chasse
aux lions à l’arc.
Grâce à toutes ces conditions favorables, l’élevage était
prospère Les vachesvêlantsouvent, les effectifs de cheptel
augmentaient rapidement. Les éleveurs en << c a B B a l ~étaient
réputés pour leur richesse. De grandes fortunes pastorales se
sont bâties sur les << caBBe B de l’Adamaoua. Le plus riche
Foulbé habitait autrefois près de Banyo mais ses troupeaux
stationnaient sur les hauteurs,du Mambila jusqu’à Galim.
Aujourd’hui, les plus riches éleveurs de << caBBal>>sont des
Mbororo Mou, à Wogomdou et à Tchabbal Lambang. Leurs
animaux ont la réputation d’être plus féconds que les goudali
des Foulbé de l’Adamaoua. Dès qu’ils accèdentà des pâturages
de << caBBal B,les zébus blancs se multiplient à tel point qu’ils
évincent les troupeaux d’autres races.
- 42 -
la ~~~~$~~~~~~~
Les fortes charges en bitail sur lespiturages d’altitude
entraînent des consQuences sur la nature et la physionomie de
laflore herbacCe. Ces changementsserésumentparla
substitution, aux bornes gramin6es d’autrefois, d’une espbce
qui devient dominante : le cspngarne D (S’orobolus afiieanus).
Cette graminnée, en touffes et B feuilles effilées, est decriée
par les spCcialistes des paturages. Elle présente pourtant le
meritte de couvrir des sols soumis B une exploitation pastorale
intense et de freiner leur Crosisn. %es secteurs de << caBBaZ >> les
plus CrodCs se situent dessous de la limite d’implantation du
robo1u.s (Tchabbal Mbana, HorC Ngouri sur le Tchabbal
a b ) . La nouvelle grminCe pr6sente cependantl’hconv6~ent
de durcir en saison sbche, se transformant en un vbritable
paillasson difficile i pa?tre. Les Cleveurs en haut de a caBBal))
sont contraints de descendre le bétail, ii la recherche d’autres
pâturages en saison sbche, de pratiquer une transhumance.
La valeur pastorale des N caBBe >> ne tient pas seulement B
leurs piturages d’altitude mais également B l’existence de bons
pâturages de saison sbche, en contrebas. De ce point de vue, les
<< caBBe >) qui dominent les plaines de la BCnoue (Tchabbal
Gandaba) sont el6favorisés, par rapport i ceux qui disposent
- 43 -
Bibliographie
BOUTRAIS J., 1978. <( Peuplement et milieu naturel en zone
soudanienne : le cas de la plaineKoutine(Cameroun) B.
Cah. ORSTOM, Ser. Sc. Hum. 15 (2), pp. 103-143, fig.,
bibliogr. + cart. dépl.
BOLITRAIS J., 1978. <( Deux études sur l’élevage enzone tropicale
humide (Cameroun)>>, Trav. etDoc. ORSTOM, no 88,194 p.,
fig., photogr., bibliogr. + cart. dépl.
BOUTRAIS J., 1992. Hautes terres d’élevage au Cameroun.
ORSTOM-Paris X, 3 vol. 1635 p. multigr., fig., tabl.
annexes, index, biblogr. + atlas.
HURAULTJ., 1975. Surpâturage et transformation du milieu
physique ; l’exemple des hauts plateaux de l’Adamaoua
(Cameroun).I.G.N., 218 p., fig., bibliogr. planches photogr.
LETOUZET R., 1985.Notice de la carte phytogéographique du
Cameroun au 1/500 000. 5 fasc., 321 p., bibliogr. index +
cart. en coul.
LHOSTEPh., 1969. << Lesracesbovinesdel’Adamaoua
(Cameroun) B. Coll. sut l’élevage,I.E.M.V.T., pp. 519-533,
bibliogr.
II.
LES SYNTHÈSES
HISTORIQUES
JEANHURAULT
Résumé
Les terres hautes de l’Adamaoua occidental ont eu, avant la
conquête peule du XIXe siècle, une population dense de cultiva-
teurs sédentaires. Elle peut être reconstituée à partir des meules
dormantes mobiles abandonnées, car il y en avait une par femme.
Les investigations fondées sur cette méthode conduisent, pour
les terres hautes de Banyo à l’ouest du m a m , à des densités
voisines de 100 au km2, pour Tibati, à des plages de densité très
variables selon la nature du relief*Des densités élevées ont été
atteintes dans des régions insalubres, grâce à une dissémination
poussée à l’extrême. Sur les tchabbé (hauts plateaux) au-dessus
de 1500 m les densités atteignaient 180 à 200 au kmz.
Introduction
Les terres hautes de l’Adamaoua occidental, actuellement
sous-peuplées, ont eu avant la conquête peule des années 1830
un peuplement dense decultivateurs sédentaires. Ce peuplement
était tombé dans l’oubli. J’en ai pris conscience à partir de 1975,
quand le parcours des territoires des groupements wawaà l’ouest
de Banyo m’a montré les vestiges très bien conservés de grands
villages à terrasses ainsi que de grandes enceintes fortifiées. La
population wawa, bien que très diminuée, demeuraitsur place et
- 54 -
Discussion
J. Boutrais a peine à croirequelesmeulesmobiles
abandonnées aienttoutes été utilisées à l’époque de la conquête
peule. N’étaient-elles pas d’âge différent ?
Réponse : Ces meules étaient toutes en service parce qu’elles
étaient très recherchées ; une meule abandonnée aurait été très
vite récupérée ; la présence de près de 10 % de meules neuves
montre qu’àcette époque toutes les possibilités de récupérations
avaient ét6 épuisées. Au surplus, toutes ces meules présentent
un même étatde surface et peuvent être remises en service sans
qu’il soitnécessaire de le poncer. De plus, cette méthode conduit
à des résultats cohérents, en rapport avec les possibilités de la
production agricole.
- 66 -
Introduction - Problématique
A la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, les Peuls
étaient fortement implantés dans le Fombina (l),zone de pâturage
par excellence, qui très tôt attira des courants migratoires issus
du Bagirmi et du Bornu. Au sein de leur diaspora, la violence
était latente et la prise de conscience réelle, pourmettre fin aux
exactions (2) dont ils étaient victimes de la part des groupes
ethniques sédentaires. Avec la proclamation du jihad en 1804
pourOusmandanFodio,unsoufflepuissant,unthème
14. Nous sommes, pour ce paragraphe, redevables d’une synthèse fort bien
documentée de notre étudianten Doctorat, L. Bateranzigo dont la thèse
sur les Gbaya et les Kaka viendra trbs prochainement à soutenance.
- 68 -
15. Ce fleuve immense n’est autre que 1’6cean Atlantique qui fut le point
cardinaldesmigrationsvout6,sans doute 2 laquête des produits
manufactures et autres richesses dont 1’6cho s’&ait rBpondu loin dans
l’hinterland.
- 69 -
La violence armée
La guerre apparaît comme la modalité la plus caractéristique
et la plus spectaculaire des rapports entre les Peul et les papu-
lations paléonigritiques de l’Adamaoua au cours du XIX”siècle.
Ces relations tumultueuses déterminèrent unaccroissement sans
précédent, dans la région, du taux de violence. Si autrefois les
conflits inter-ethniques étaientlimités,alignant des effectifs
réduits avec un équipement rudimentaire, laguerre imposée par
les Peul devint plus systématique et destructrice.
Ce fut Ardo Njobdi, du clan Wolorbéqui installa le premier
établissement peul sur le Hosere, à Bakana, dans le pays du
Belaka Joui. ?lustard, il abandonna ce premier site pour se fixer
dans le village mbum de Delbé. C’est 1à que fut fondée la
nouvelle ville de Ngaoundéré, au début des années 1830 (19).
18. Ogba ibn Nafi, après avoir fond6 Kaïrouan en670 6tendit ses conquêtes
vers l’ouest et vers le sud. Lors d’une incursion au-delà du Sahara, il
aurait épousé une princesse soudanaise. Ils eurent des fils qui sont les
ancêtres des principaux clans peul : les Sow, les Ba, les Diallo et les
Bari.
19. E. Mohammadou, Les royaumes foulbé du plateau de l’Adamaoua,
Tokyo, 1978, p. 242.
- 72 -
23. J. Bako, u Les institutions politiques des Gbaya Yayouwe des originesB
la conquête musulmane >>7 Mimoire de DIPES II en Histoire, Yaoundi,
1991, p. 69.
24. Lorsque Ardo Issa vit les Pygmies, il s’exclama : Doumd, en fulfulde :
qu’est-ce que c’est ! Ce nom est reste B l’actuelle ville de DoumB, en
pays Gbaya, non loin de Bertoua.
25. Le terme frontièreest B prendre avec beaucoup de nuances, car il n’y eut
pas de dimarcation nette, la frontière resta floue, mouvante selon les
circonstances.
- 74 -
26. T.-M. Bah, << Les armêes peul del’Adamaoua >>9 Etudes Africaines
oflertes ei Henri Brunschwig, Editions des Hautes Etudes en Sciences
sociales, Paris, 1982, pp. 57-71.
27. J. Bako, op. cit., met en exerguele courage, la combativitk et l’endurance
des @baya, en rapport avec leur activitb cynégêtique prépondêrante.
- 75 -
29. Dans toute la r&gion,les cavaliers (< moitié hommes moitiê animaux D
provoquaient une grande frayeur. Les Vout6 les considêraient comme
desrevenantsqueDieu avait peut-êtreenvoyéscontre leur peuple
(N.Mvoutsi, op. cit., p. 91).
30. E. Mohammadou, Traditions historiques..., op. cit., p. 57.
3 1. Ibid.
32. Ibid.
- 77 -
Introduction
In many BlackAfrican countries where Islam has been impor-
tant, for instance in Nigeria, Niger, Guinea
or in Senegal, Islamic
Brotherhoods or Sects (Turiqa) were the forum and organ for
transmitting Islamic doctrine and virtues. Brotherhoods reflected
pluralism in Islam as they were often in competition with each
other. The Brotherhoods had their own independent adminis-
trations which wererun by persons of reputation, commanding
religious authority. This way the Brotherhoods guaranteed the
pursuance of idealism, and functioned as forum for stimulating
religious debates. They integrated individuals andprovided
checks and balances against persona1 excesses.
Under colonial rule, control of the Brotherhoods formed a
major preoccupation of the administrators. The divisions fitted
well into their scheme of divide and rule. They found it more
convenient to manage associations of Muslims than unorganised
individuals. The colonial authorities could
thus reach the popula-
tion throughthe Brotherhood structures and, in case of problems,
their leaders could reachthe colonial authorities through credible
and committed representatives. Referring to the Mourides of
Senegal, many authors described the organisation as a state
- 88 -
In considering the first phase that is, before 1835, the focus
is on Pardo Njobdi, founder sfNgaoundere, and on the conditions
of the Muslim csmmunity. &do Njobdi belonged to a family
which had led a fraction of Wollarbe Fulbe for over a eentury.
He and his group migrated to Ngaoundere from Turua in
Bundanng on the confluence of the rivers Deo and Faro, tributaries
of the river Benue. They were herdsmen and their entire life
centred around seekhg prosperity in their pastoral aetivities.
The _ k d oexercised leadership by vjrtue of his ability to admi-
nister the affairs of the grsup justly and led it to prosperity. As
a M m l h community Islam was a unitinng factor. But living in
the midst of predomhantly non-Muslk peoples, the Muslims
limited their practice to themselves. It is said that the reason for
Fulbe migration into the region was not to proselytise and
spread Islam to those Who were not born Muslims, but to find
in the Benue region was entirely dBerent. Not only did they
bring Islam to the region for the first time, but also their regisn
lay outside the normal trade and pilgrim routes that linked the
Sudan %Ocore Muslim centres in North
owth in orthodox Islamic sciences, hindered
to mueh inbreeding in their howledge of
ISl~~.
The steps to found the lamidate were directly linked with the
successes Uthman danFodio of Sokoto (Nigeria) had since 1804
the Hausa and Bomo mlers b men Who swore
to him. Thus inspired, the im
Fulbe who
hhabited the upper Benue river regi
Uthman when he gave authority to modibbo Adama of Yola
(Nigeria) to conduet Holy War (jihad) and strengthen the
Prophet. Pt led to political andreligious revolution
lims achieved by organising political units called
order to complete the process, and in response
to Uthman’s instructions, A d a m in b r n authorised the ereation
of over forty subernirates (lamidates) including ~gaoundere8).
However, religious criteria could not be the only yardstick
for nominating persons te leadership positions in the new
construct and territorial organisation in view of the paucity of
learned men (nzodibbe)in the region. Consequently mostof the
prejihad ardo’en,as in Ngaoundere, still found themselvesat the
head of the lamidate authority systemirrespective of their under-
standing and commitment to achievethepurificationist
objectives of the post-jihad era. But what was significant for
Islam was that their roles changed. They assumed greater
religious responsibilities in spreading Islam as a universal
civilisation and managing the lamidate system which at the
s m e time edueated the Muslhs and prstected their evangelising
efforts.
obstacle to the Turua-Fulbe was their peculiar conser-
vative nature. h o n g the leading Muslirnswere many successful
cattle magnates. True, the jihad had led to Muslim ascendancy,
but it meant breaking long standing friendly relations with the
<< Ardo D,or patriarchal leadership was carried on into the pst-
jihad period a d no new structure was founded within the
Commmity (UFWFUZ) to improve the religious capabilities of the
leadership. Jihad was not taken as a permanent occupation. Pt
was cmied out as a public duty at the behest of the lamdo, often
te meet specieic needs, for example, pregaring to send tribute to
Yola. Further, the Sokoto mode%of govemment kept succession
in the family of the person who received the initial authority
e) to found the emirate or lamidate as the case might be.
Thus the. descendants of Njobdi eontrolled the lamidate irrespec-
tive of their leval of education in Pslm.
The effect of this system in the religious domain was that
religioms authority was circurnscribed in an essentidly bureau- t
cratie pyrmid. The mallams were not free to innovate or create
lateral pobs of authority sutside the centralised Utbaniyya
system. O d y one schosl of thought was lagitimate in public,
that of Uthman dan Fodio whomthey claimed hadopeneel their
eyes ancl removed the yoke from their necks. The system was
rather monolithic and non-diversionq, a one party orthodoxy
of that which is appaoved by the lamdo in Ngaoundere, the
lmido in Yola and the Cdiph in Sokoto. These << constitu-
tional D gxamaters ware si ificant in shaping the evolution of
Islamic traditions in Ngaoundere throughout the period under
review, Ht was generally felt by the mling elite that deviating
from it would lead to demagogy, a split and weakening of the
Muslim tradition.
In the politicd domain, the entire population no matter the
status and ethnic background, waintained a high sense of
obedianca and reverence to the larndo and his appointees. The
lamdo alone distributed land and confirmed ownership of land.
The lamdo9spalace (mm?),constructed in majestic architecture,
was the Me-wire of al1 operations in the lamidate. The lamdo
governed the state from here. 1%was the busiest spot. It had an
elaborate protocol which included daily or frequent visits by al1
prominent citizens. On ceremonial occasions the griots, indeed
the entire population, sang graises md reaffirmed their dlegimee
to the lamido, thus constmtly cernenting the bond between the
ruler and his subjects.
In the social sphere, the early alliance between the Fulbe and
the m u m , two principal ethnic groups in the Adamawa plateau,
- 93 -
6. M.-Z. Njeuma, << Adamawa and Mahdism : The Career of Hayatu ibn
Sa’id in Adamawa, 1878-1989>>,JournalofAji-icanHistory, no 1,1971,
pp. 61-77.
7. Hayaturealizedtheneedofastrongcavalryforce early. He started
investing in horses soon after he arrived Yola. See, R.-M. East, Stories
of OldAdamawa, Zaria, 1935, pp. 111-113.
hdependently of the political system while others claimed they
acted in accordance with directives from Yola and Sokoto. This
way religious radicalism split the ranks of the Believers and
threatened the absolute csrmt~olof political over reli
vities. The colonial period wrought political disaster.
lised and bulkanized the Sokoto Caliphate and eut off Yola from
many of its lamidates in a couple of years. It intrsduced new
masters (nassara) and put a definite wedge between the popu-
lation and the rulers. However, the bsne of contention among
Muslinms shified fiom liberalisation of religious life to protection
of Islamic traditions from the consequences of European rule.
One can distinguish two types of resistance ; firstly, that
which was led by the Lamdo of Ngaoundere and secondlly, that
which was organised and lad byindividual Muslims insisting on
following their conscience and persond convictions. Rom 1896,
the British and German troogs assailed the Sokoto Caliphate
from d f sides. In 1988 the British sacked the Caliphate head-
quarters in Sokoto and the Caliph Attahiru, died a fugitive as he
fled to the East @).In 1961, a similar operation removed Zubeiru
from Yola to northern Camerom where, despite massive support
from the Eamibbe, he died near Mubi. On their partthe Germans
attacked from the south beginning 6 t h Lamdo Tibati in 1899.
The fa11 of Tibati opened the way t s Ngaoundere and Garoua.
The h m d o of Ngaoundere was Mohamadu Abbo (1887-
1961), grandson sf &do Njobdi. On August 26th 1961, he and
a large force, mounted to resist German take-over, were
amihilated (9). C o n t r q to the advise of the 11~mrmdo'counsdlors,
s
the Germans appointed ai to replace Eamdo
Abbo and, from then, German sule became a reality in
Ngaoundere. Abbo's death removeel an important element in the
8. Lamido Zubeim of Yola was one of the leaders Caliph Attachim was
cllosely in touch with and shared the resolve to fight the 4< Christian
infidels >> to thebitter end. See Zubeiru to Amir Amir al-muminin,letter
n" 112, in H.-F. Backwell, The OccupationHaasaland 6988-1904,Lagos,
1927.
9. For a detailed aceounta h o s t based on a corpus of German sources, see
A.-P. Temgoua, N L'hBg6monie allemande au Nord-Cameroun de1890 B
1916 B, Doctorat de 3e cycle thesis, University of Yaounde, 1990.
- 99 -
s et
Pour comprendre l’enjeu politiqueque representent les
leaders musulmans, il faut savoir qu ans toute societé placee
sous la bannibre de l’Islam, le Lami ou le Sultan posshde le
vCritablepouvoir de d6cision. En t qu’administrateurd’un
territoire aux limites bien definies, il n o m e ses collaborateurs
ainsi que les Imam charges de diriger la vie religieuse. Avec
l’amrd de la fada (Conseil des notables dans les soeiét6s
musulmanes du Nord-Cameroun)ou du tita-nfon(dignitaires du
royaumebamoun),le Lamido ou Sultanadministrela
cornmunaut6 soumise h son autorite.
selon le droit coranique), du Modibo (maître du droit musulman),
d’un MaZoum (animateur des Bcoles coraniques)etd’un
secretaire, il rend la justice sur la base du droit musulman.
Cette organisation politique atteste le r8le et la capacitC de
mobilisation des leaders musulmans. L’administrationcoloniale
avait donc tout intBr8t B s’associer les leaders spirituels et poli-
tiques. Elle a pu dompter ces derniers au point de se servir d’eux
dans sa politique musulmane. Christian C O ~ partage N ce
point de vue lorsqu51 constate que l’administration coloniale
fransaise fut attentive dans les regions islamisees h se menager
l’appui et la collaboration de l’dite musulmane qui pourrait
servir d’intem6diaire politique (Il.
Cette politique que Daniel ABWA qualifie à justetitre
d’a apprivoisement >> ( 3 était essentiellement faite d’influence,
de << sympathie u et de << gén6rosit6 >>.
17. Froelich J.-C., Les musulmans d’Afrique Noire, Paris, Ed. de l’&ente,
1962, p. 208.
18. Njeuma N.-Z., op. cif., p. 5.
19. .MW,2AC 3655, op. cit., p. 17.
- 111 -
20. Ibid.
21. Ibid.
22. A N Y , 2AC 3655. Lettre datBe du 13 juillet1948 adressée au chef de la
r6gion BBnoué par le Haut-Commissaire.
23. Haman Adama, propos recueillis le 19 mars 1991 à Ngaoundéré.
24. A N Y , 2AC 3655, Rapportsur les activitBsmusulmanesaucoursdu
3c trimestre 1950.
- 112 -
Nombre de pèlerinsen
Régions
1952 1953 1953
Adamaoua 17 49 24
Benoue 1 8 7
Maroua O O 14
Sud 2 4 6
37. dbid.
38.dbid.
39. Rapport annuel du gouvernement fianpis B l’Assemblée gbntrale des
Nations-Unies sur l’administrationdu Cameroun plad sous tutelle de la
France, année 1955, cité parNgongo L., Histoire des forces religieuses
au Cameroun, Paris, Karthala, 1982,p. 166.
- 121 -
43. Journal des debats de l’AT“, lrCannêe, no 2’31 mai 1954,p. 37.
44.A A N Y , Procbs-verbaux des s6ances de l ’ A T “ , 1“ session ordinaire
du 20 avril au 16 mai 1953.
- 123 -
47. Ibid.
48. A N Y , M C 8341, Synthkse sur l’implantation de I’UPC, 1947.
49. M W , 2AC 7992, Adamaoua, politique, août 1956 et A N Y , 3AC 1753,
Garoua (Cameroun) politique 1956.
50. Hamatoukour H., Propos recueillis le 19 mars 1991 ii NgaoundBrB.
51. A N Y , 3AC 1718, op. cit.
52. Ibid.
- 125 -
J’avais fait comprendre aux visiteurs que c’était une erreur, une de
ces grosses erreurs biengraves, car le Nord n’était pas encore de
taille à mener seul ses activités administratives dans les domaines
sociaux, politiques et économiques et que s’il se sentait même
capable, il a son sort liB à celui du Sud qu’on le veuille ou non et
ceci vice-versa. Rienquedans le domaineadministratif, les
fonctionnaires autochtones du Nord n’atteignent nullement pas la
moitié des effectifs du personnel en service ici (68).
68. Ibid.
69. Bouquet C.,Tchad, gen2se d’un conflit, Paris, L‘Harmattan, 1982.
70. ANY, 3AC 2417, op. cit., La Médiation franco-camerounaise, Section
de Garoua à M. le Président de la Mission devisite du Conseil de Tutelle
de passage à Garoua le 17 octobre 1955.
- 130 -
luidonnaitpasdegarantiessuffisantes d’autonomie, en
particulier auplan administratif (74). Le danger d’un séces-
sionnisme devenait de plus en plus évident. Le Premier Ministre
déchu André-Marie Mbida, à la suite du Congrèsdes Démocrates
Camerounais d’Abong-Mbang qui préconisaitla G démocra-
tisation du Nord-Cameroun D comme préalable à l’accession à
l’indépendance,envoya un télégramme au gouvernement
français pour demander<< l’éclatement politiqueD du Cameroun
en << plusieurs Etats régionaux D (75). Il écrivait en ces termes :
Les populations que nousreprésentons, environ plus d’un million
d’âmes, qui sont éconorniquement les plus fortes du Cameroun et
qui, pour lemoment, sont opposées pourraisons trbs pertinentes à
l’indépendance à brève échéance, demandent pour sauvegarder
leur évolution normale en tous domaines que le Cameroun soit
divisé en plusieursEtats régionaux distincts. Nos populations
tiennent absolument à ce quel’éclatementpolitique demandé
intervienne dans très brefs délais parce qu’il conditionnera pour
elles acceptation, discussion, budget et paiement impôts 1959 (76).
Abréviations
ANY Archives
Nationales de Yaoundé
AANY Archivesde1’AssembléeNationalede Yaoundé
ARCAM AssembléeReprésentativeduCameroun
ATCAM Assemblée Territoriale duCameroun
ALCAM Assemblée Ugislative du Cameroun
FOM d’Outre-Mer
France
TOM Territoire d’Outre-Mer
III.
IDENTITÉS
RÉGIONALES
DAVID ZEITLYN
L‘ÂGE, LE POUVOIR
ET LA RHÉTORIQUE
Le cas des Mambila au Cameroun
Introduction ethnographique
Les Mambila vivent de part et d’autre dela frontière entre le
Nigéria et le Cameroun, mais onles trouve également entre << le
nord >> et a le sud de ces deuxpays. Ils sont à peu près
soixante-quinze mille (75 000) au Nigériaet vingt mille (20 000)
au Cameroun, où je travaille. Leur langue est définie comme
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1. La relation entre les Mambila et les Tikar est assez complexe etjusqu’h
maintenant il n’y a pas eu beaucoup d’êcrits sur l’histoire de l’arrivke
des Mambiladanslaplainetikar.Mohammadou (1964, 1967, 1971,
1978, 1981, 1990) a évoquC ce sujet dans son oeuvre et moi-même j’ai
commence i exposerunepetitepartiedecettehistoire(Zeitlyn, 2
paraître). Mais la plus grande part reste à faire.
- 139 -