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L’expression secteur informel est née en 1993 dans un rapport du Bureau International du Travail
(BIT) qui le décrit ainsi : « un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue
principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités,
ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou
pas de division entre le travail et le capital en tant que facteur de production. Les relations de travail,
lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les
relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties
en bonne et due forme ».
On voit à partir de cette description que le secteur informel a une double caractéristique. D’un côté,
des petits producteurs appartenant à des réseaux caractérisés par des relations interprofessionnelles
de confiance et de coopération et liés aux unités de domestiques ne dissociant pas le budget
domestique du budget productif, qui utilisent la main-d’œuvre familiale et qui diluent le surplus au sein
de la famille. De l’autre côté, ces mêmes petits producteurs sont insérés au marché et subissent la
concurrence.
Le secteur informel est comme on le voit, pour la plupart des populations africaines, un mode de vie,
voire de survie. Vu sous cet angle, on pourrait légitiment s’interroger sur ce que le Droit, et ici le Droit
OHADA gagnerait à intervenir dans cette lutte -naturelle- pour la vie. L’analyse des fondements
juridiques pourra certainement nous édifier.
Les fondements juridiques de tout temps le secteur informel a été un casse-tête pour le juriste.
L’informel en effet, c’est le non-Droit en concurrence avec le Droit. Comme on l’a vu dans la
description que le BIT en fait, le secteur informel se compose essentiellement d’activités pratiquées
plus ou moins en marge des lois et des institutions officielles. C’est un désordre créé par des
circonstances de fait qui finissent par avoir raison du Droit. L’importance du secteur informel est
caractéristique d’une économie mal organisée.
L’institution d’un statut de l’entreprenant est sans doute l’innovation la plus importante de la révision
de l’acte uniforme relatif au Droit commercial de l’O.H.A.D.A. en 2011. En regroupant sous une
règlementation unique et simplifiée les petits commerçants, les artisans, les agriculteurs, les
détaillants et les prestataires de services divers qui évoluent essentiellement en marge du circuit
officiel, l’O.H.A.D.A. s’attaque à un mal fondamental dont souffrent les économies africaines : le
secteur informel, ou comme le disent bien les économistes, l’hypertrophie du secteur tertiaire. Ce qui
en soit constitue une avancée majeure, disons un pas de maître de la part du législateur africain, dans
le processus d’amélioration du Droit des affaires et pour l’émergence de ces affaires, on peut être
désormais rassuré de la volonté (politique ?) des dirigeants africains de faire de leur espace
géographique, un espace juridique et économique sécurisé et propice.
ETRE ENTREPRENANT
C’est un statut simplifié permettant de créer sa propre micro entreprise, où on est l’unique travailleur,
institué par l’article 30 de l’acte uniforme de l’OHADA portant droit commercial général.
L’Entreprenant est un entrepreneur individuel, une personne physique qui exerce tout seul une activité
professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole.
Q.3. Quelles sont les conditions requises pour jouir du statut de l’Entreprenant selon l’art. 2
2) Il faut que le chiffre d’affaires annuel généré par l’activité de l’Entreprenant pendant cinq exercices
successifs n’excède pas :
a) Trente (30) millions de F CFA pour les entreprises de négoce,
b) Vingt (20) millions de F CFA pour les entreprises artisanales,
c) Dix (10) millions de F CFA pour les entreprises de services et assimilés.
Lorsque, durant cinq années consécutives, le chiffre d’affaires de l’Entreprenant excède les limites
fixées pour ses activités par l’État sur le territoire duquel il les exerce, il perd sa qualité d'entreprenant
et par conséquent, il ne bénéficie plus de la législation spéciale applicable à l'entreprenant.
Le recours au statut de l’Entreprenant est simplifié : il suffit d’une déclaration – et non d’une
immatriculation - pour devenir Entreprenant.
Toute activité entrepreneuriale ayant vocation à prospérer, l’Entreprenant qui dans le meilleur des cas
affichera un chiffre d’affaires au-delà de la limite fixée pourrait passer au bout de cinq ans d’exercice
comptable, de l’informel au statut d’entrepreneur individuel pour lequel il ne bénéficiera plus
d’exonération de charges fiscales. Ce qui pourrait dans une certaine mesure être un frein à
l’attractivité du statut d’Entreprenant, pour des acteurs s’étant accommodés de l’absence de réelles
contraintes fiscales.
Le législateur OHADA a opté, à travers ce nouveau statut pour un système rapide et aisé qui permet à
l’entreprenant :
• La simplification des procédures de création et de cessation
• L’exemption de l’obligation d’inscription au Registre du Commerce
• Fiscalité réduite
• La possibilité de facturation
• La possibilité d’exercer l’activité à domicile
• L’insaisissabilité du domicile principal
Par définition, l’entreprenant est toute personne qui exerce à titre individuel, et par conséquent il n’a
pas le droit de recruter des collaborateurs.
L’entreprenant bénéficie des dispositions propres au bail professionnel, mais ne peut invoquer ni un
droit au renouvellement du bail, ni un droit à la fixation judiciaire du loyer du bail renouvelé. S’il
exerce une activité commerciale, il peut être titulaire d’un fonds de commerce, mais il doit alors
l’exploiter directement et ne peut le donner en location-gérance. Il ne peut davantage prendre un fond
en location-gérance.
Q.13. Les fonctionnaires peuvent-ils adhérer au statut de l’Entreprenant ?
Selon l’article 9 de l’acte uniforme portant droit des sociétés commerciales : « il est interdit à tout
fonctionnaire d’exercer, à titre professionnel, une activité à but lucratif privé ou relevant du secteur
privé, de quelque nature que ce soit, sous peine de poursuite disciplinaire… »
Q.14. Les personnes payant déjà la patente sont-elles éligibles au statut de l’Entreprenant ?
Les entrepreneurs exerçant déjà une activité soumise à la taxe professionnelle en tant que personne
morale ou physique ne sont pas éligibles au statut de l’entreprenant sauf pour ceux qui ont procédé
préalablement aux démarches de cessation de ladite activité.
Le délai réglementaire pour avoir sa carte de l’Entreprenant reste à être déterminée par la loi. Pour
toute information, il faut contacter l’Agence CI PME.
En cas d’absence d’un local professionnel, le décret portant modalités d’acquisition et de pertes du
statut de l’Entreprenant offre la possibilité de domicilier son activité dans son lieu de résidence ou
dans un local occupé en commun par plusieurs entreprises.
Une même personne physique ne peut créer qu’une seule entreprise. Cependant, l’Entreprenant peut
exercer plusieurs activités éligibles dans le cadre d’un même et seul statut.
Q.20. Est-il possible de basculer d’un autre statut juridique au statut d’Entreprenant ?
Non, le passage d’une entreprise sous une autre forme juridique au statut de l’Entreprenant n’est pas
systématique. Un Entrepreneur exerçant en SARL par exemple, devra accomplir les démarches de
cessation d’activité avant de s’inscrire au registre de l’Entreprenant.
Oui, dans ce cas l’Entreprenant doit s’acquitter de ses obligations, faire une demande de radiation du
registre national de l’Entreprenant et accomplir les formalités relatives au nouveau statut.
Q.22. Est-ce qu’un Entreprenant peut exercer son activité sous un nom commercial ?
Conformément aux dispositions de l’acte uniforme portant droit commercial général, la protection du
nom commercial s’acquiert suite à l’immatriculation au registre du commerce. Cependant, et étant
dispensé de l’obligation d’inscription au registre de commerce, l’Entreprenant peut recourir à la
protection via le système des marques qui permet de conférer un droit exclusif d’utilisation et permet
aussi de se défendre contre les actions de contrefaçon ou de concurrence déloyale et ce pour une
durée de 10 ans indéfiniment renouvelable après l’enregistrement.
Comme tout acteur économique, l’Entreprenant peut avoir un cachet. Pour la procédure et les
documents à fournir, il faut s’adresser aux entreprises qui fournissent ce type de service.
L’Entreprenant peut travailler avec des établissements et administrations publiques sur la base de
bons de commande.
Si le plafond du chiffre d’affaires est dépassé pendant 5 années consécutives, l’Entreprenant est radié
du Registre National de l’Entreprenant et doit changer de forme juridique s’il souhaite continuer son
activité.
Le statut de l’Entreprenant donne un cadre légal pour exercer son activité et ne dispense en aucun
cas l’Entreprenant de se conformer aux règles et conditions requises pour exercer certaines activités.
Dans le cas où l’exercice de ses activités nécessite une autorisation ou implique d’autres formalités,
l’Entreprenant doit se conformer avec la réglementation en vigueur et remplir les conditions requises.
Q.26. Les ressortissants étrangers sont éligibles au statut au même titre que les citoyens
ivoiriens, à condition d’être légalement installés avec un titre de séjour valable et d’avoir un
domicile fiscal en Côte d’Ivoire.
Le maintien dans le statut de l’Entreprenant est conditionné par le respect des conditions prévues par
la réglementation en vigueur.
Les obligations comptables de l’Entreprenant sont réduites. Il lui suffit de tenir, au jour le jour, un livre
mentionnant chronologiquement l’origine et le montant de ses ressources en distinguant, d’une part
les règlements selon leurs modes, d’autre part, les emplois avec l’indication de leurs montants et de
leurs destinataires. S’il exerce une activité de vente de biens meubles ou de fourniture de logements,
l’Entreprenant doit en outre tenir un registre de ses achats avec l’indication de leur mode de règlement
et des références des pièces justificatives.
B. Autres obligations de l’Entreprenant
L’Entreprenant doit déclarer son activité à l’Agence CI PME ou auprès de structures partenaires. Le
formulaire de déclaration au Registre de l’Entreprenant (et non pas d’inscription) ne compte que
quatre ou cinq rubriques et tend essentiellement à identifier l’Entreprenant en précisant son activité et
le lieu d’exercice de celle-ci. Il ne peut se déclarer qu’à un seul registre et ne pourra obtenir qu’un seul
numéro ; il ne peut être à la fois inscrit comme Entreprenant et immatriculé comme commerçant (art.
64, in fine).
Dès qu’à l’issue du processus de déclaration le demandeur a reçu le formulaire signé, le déclarant se
voit attribuer un numéro de déclaration accompagné de l’indication de la date à laquelle cette formalité
a été accomplie. Il ne peut commencer son activité qu’après avoir reçu ce numéro de déclaration qui
lui est indiqué immédiatement : il doit mentionner ce numéro, avec l’indication du Registre de
l’Entreprenant qui a reçu sa déclaration, sur tous ses documents : « Entreprenant dispensé
d’immatriculation ».
Outre cette déclaration initiale, l’Entreprenant doit déclarer toute modification de son activité, tout
changement du lieu d’exercice de celle-ci et toute demande de radiation.
Ses déclarations sont effectuées sans frais.
2) Respect des règles d’exercice propres à son activité d’agriculteur, d’artisan, de commerçant ou
de professionnel libéral.
3) Ces règles régissant les différentes activités sont prévues dans la législation de chaque pays.
Le secteur informel innerve pratiquement les économies africaines : il « bâtit les maisons, fabrique les
meubles, crée et transforme les produits agricoles, répare les automobiles, anime les marchés,
organise l’épargne, distrait (restaurants, troupes théâtrales et musicales) et même soigne
(tradipraticiens). » Ces activités permettent la satisfaction des besoins fondamentaux des populations
concernées, tels que se nourrir, se loger, se vêtir, se former, se soigner, se déplacer et peuvent être
regroupées, selon un rapport de l’OCDE en :
• Informel de production : qui regroupe les activités agricoles périurbaines, la menuiserie bois
et métal, la construction de bâtiments et autres travaux publics (BTP)… ;
• Informel d’art : on retrouve la bijouterie, la sculpture, le tissage, la couture, la broderie, la
maroquinerie, la cordonnerie, la peinture ;
• Informel de services : qui renferme la restauration populaire, transports urbains, coiffure,
couture, réparation mécanique ou électrique…
• Informel d’échanges, spécialisés dans la distribution, les échanges, etc.
On remarque dès lors par son objet que la notion d’Entreprenant est un conglomérat d’opérateurs
économiques informels : l’agriculteur et l’artisan se retrouvent dans l’informel de production, puis dans
l’informel d’art ;
Le (petit) commerçant (au sens strictement économique et non juridique) sera compris dans l’informel
de services, et in extenso, dans l’informel d’échanges. Bien sûr, la distribution et les échanges
représentent la majeure partie de l’économie informelle. Néanmoins à côté de l’artisanat traditionnel,
se développe l’informel de production qui vend des produits comparables aux biens et services
modernes, mais pour des pouvoirs d’achat plus faibles et avec des moyens plus limités.
Toute personne qui acquiert le statut de l’Entreprenant bénéficie des avantages suivants :
• Une Dispense de tenue de comptabilité : Plus besoin de présenter votre bilan comptable à
l’administration fiscale. Toutefois, vous devez tenir au jour le jour un livre mentionnant
chronologiquement l’origine et le montant de vos ressources.
• Une Fiscalité adaptée et incitative : taxe forfaitaire libératoire avec paiement dématérialisé
et le non-assujettissement à la TVA.
Programme d’accompagnement
Un nouveau dispositif d’accompagnement au profit des Entreprenants sera mis en place par l’Agence
Côte d’Ivoire PME pour apporter un soutien technique et financier dans le processus de formalisation
et post-formalisation des entreprenants. Cet accompagnement se focalise sur le triptyque :
➢ La demande du statut est prévue par les (articles 3, 4 et 5) du décret portant modalités
d’acquisition et de perte du statut de l’Entreprenant.
• La demande est faite gratuitement sur simple déclaration auprès de l’« Agence Côte d’Ivoire
PME » ;
• Une attestation de déclaration est délivrée au demandeur ;
• Le statut de l’entreprenant est acquis pour une durée de 5 ans, renouvelable.
• A- PHASE D’IDENTIFICATION
➢ B- PHASE D’INSCRIPTION