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*-*-*-*-*
HAUT COMMISSARIAT AU PLAN
*-*-*-*-*-*-*-*
INSTITUT NATIONAL
DE STATISTIQUE ET D’ECONOMIE APPLIQUEE
Résumé
Ce rapport présente le travail de recherche que j’ai effectué sur la valorisation des
produits dérivés et l’ajustement en valeur crédit (CVA) dans le cadre de mon projet de fin
d’étude chez Mazars Actuariat.
Nous allons commencer par une explication de la notion de la CVA. Ensuite, nous
présenterons la méthode d’évaluation pour chacun des produits dérivés retenus pour ce travail.
Nous procéderons également au développement de la formule mathématique de calcul de la
CVA. L’effort portera ensuite sur la définition des différentes méthodologies classiques qui
existent en matière de calcul de la CVA, puis sur le développement d’une version généralisée
de l’une de ces méthodes. Finalement, nous présenterons une méthode alternative (adaptée par
l’auteur) pour le calcul de la CVA sur un portefeuille de produits vanilles.
Le travail réalisé a été à la hauteur de nos objectifs. Cependant, il reste quelques pistes
à explorer. La première serait de réduire le nombre d’hypothèses formulées lorsqu’il s’agit de
CVA. Mais nous pouvons également élargir le cercle des produits traités, et intégrer des
produits beaucoup moins classiques.
Mots clés :
CVA, risque de contrepartie, méthode des sensibilités, swaption, MtM.
-3-
Abstract
Abstract
This paper presents the research I've done on the valuation of derivatives and the credit
value adjustment (CVA) as part of my final study project at Mazars Actuariat.
We'll start with an explanation of the concept of CVA. Then we will present the
method of valuation for each of the derivatives used for this paper. We will also develop a
mathematical formula to calculate the CVA. We will then focus on defining various
conventional methods for calculating the CVA. We will also develop a generalized version of
one of these methods. Finally, we will present an alternative method (adapted by the author)
to calculate the CVA on a portfolio of vanilla products.
The paper rises to our expectations. However, there are some other possible ways to
explore. The first is to reduce the number of assumptions when it comes to CVA. But we can
also expand the circle of treated products, and integrate less conventional products.
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Dédicaces
Dédicaces
A mes parents
Je vous remercie énormément pour votre présence dans ma vie et vos encouragements
précieux quand j’en avais le plus besoin.
A mes amis
Je vous remercie d’avoir été la pour moi durant les moments les plus difficiles. Vous
avez su faire de tous les moments, même les plus difficiles, des moments de joie que je
n’oublierai jamais.
Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez apporté ces trois dernières années. Ce
travail est également le fruit de votre partage.
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Remerciements
Remerciements
J’exprime tout d’abord ma gratitude envers l’Institut National de Statistique et
d’Economie Appliquée pour m’avoir offert l’opportunité de faire ce stage de fin d’études. Je
me permets aussi de remercier mes professeurs ; Mohamed Chater pour m’avoir donné
l’honneur de m’encadrer, et Yassine ELQALLI pour avoir accepté d’évaluer mon travail.
Je remercie aussi Hala Benkhaldoun, Khalil Faouzi et encore une fois Roukia Lahlou
pour leur encadrement et leurs encouragements tout au long du stage.
Je remercie également tous les consultants et seniors : Ahlam Tazi, Asmaa Alami,
Amine Hachimi et Jihane Ennouhi pour m’avoir proposé des missions de qualité.
Finalement, je remercie Ikram, Amine Ziyout et Imane Loutfi pour leur accueil et leur
bonne humeur.
-6-
Sommaire
Sommaire
Résumé ........................................................................................................................... 3
Remerciements ............................................................................................................... 6
Sommaire ........................................................................................................................ 7
Chapitre 1 : ................................................................................................................... 15
Chapitre 2 : ................................................................................................................... 19
Application : ......................................................................................................... 47
-8-
Sommaire
I. Motivations : ...................................................................................................... 63
VI. Méthode alternative des sensibilités sur un portefeuille de produits variés ... 68
Conclusion .................................................................................................................... 75
Bibliographie : .............................................................................................................. 77
Annexes ........................................................................................................................ 79
Annexes : ...................................................................................................................... 80
Annexe I : ............................................................................................................. 80
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Liste des tableaux
Tableau 1 : Taux de référence du marché secondaire des bons du trésor (Courbe des
taux) du 10/03/2015 ................................................................................................................. 39
Tableau 2 : fichier Excel calculant la courbe zéro-coupon par la méthode du Bootstrap
.................................................................................................................................................. 40
Tableau 3 : Tableau des add-ons forfaitaires proposés par Bale II .............................. 43
Tableau 4 : Probabilités de défaut correspondantes aux spreads de crédit de la
contrepartie ............................................................................................................................... 46
Tableau 5 : Taux de recouvrement et LGD communiqués par la contrepartie............. 47
Tableau 6 : Détail de calcul pour la méthode des swaptions généralisée ..................... 56
Tableau 7 : Caractéristiques du portefeuille de swaps ................................................. 57
Tableau 8 : CVA swaptions classique .......................................................................... 57
Tableau 9 : Back-testing de la CVA swaptions avec CVA BBG ................................. 58
Tableau 10 : Vérification de la CVA swaptions généralisée ........................................ 58
Tableau 11 : Ecart entre CVA portefeuille et Somme des CVA .................................. 59
Tableau 12 : Forfaits correspondants aux swaps de taux ............................................. 60
Tableau 13 : Valeurs de CVA par la méthode réglementaire ....................................... 60
Tableau 14 : Ecart entre la CVA swaptions et la CA add-on ....................................... 60
Tableau 15 : Somme des CVA add-on vs. CVA portefeuille....................................... 61
Tableau 16 : CVA sensi sur les swaps de taux ............................................................. 67
Tableau 17 : Ecart CVA swaptions généralisée et CVA sensi ..................................... 68
Tableau 18 : Sous-portefeuille swaps composant le portefeuille (2) ........................... 69
Tableau 19 : Sous-portefeuille ODC composant le portefeuille (2) ............................. 69
Tableau 20 : Sous-portefeuille CAT composant le portefeuille (2) ............................. 69
Tableau 21 : Sous-portefeuille cap composant le portefeuille (2) ................................ 70
Tableau 22 : Sous-portefeuille floor composant le portefeuille (2) ............................. 70
Tableau 23 : Résultats de valorisation et CVA sensi ................................................... 71
Tableau 24 : CVA sensi en pourcentage du nominal ................................................... 72
Tableau 25 : Forfait correspondants aux sous-portefeuilles ......................................... 73
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Liste des tableaux
-11-
Liste des figures
-12-
Liste des abréviations
MtM: Marked-to-Market
-13-
Introduction générale
Introduction générale
La propagation de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis a mis en évidence un
risque bien connu mais qui n’a jamais été proprement quantifié. Il s’agit du risque de
contrepartie lié aux produits dérivés.
Bien avant 2007, les montants engagés dans les contrats de gré à gré étaient
relativement faibles. De plus, le contexte économique était relativement stable, les
probabilités de défaut des institutions financières étaient très faibles. La prise en compte du
risque de contrepartie ne semblait donc pas nécessaire.
L’ajustement de valeur effectué sur un produit financier pour qu’il prenne en compte
le risque de contrepartie s’appelle l’ajustement en valeur crédit ou CVA en anglais pour
« Credit Value Adjustment ». Mon stage à Mazars Actuariat a eu pour objectif de développer
une méthodologie de calcul de la CVA sur un portefeuille d’instruments financiers prenant en
comptes les particularités du marché marocain. Ensuite, il a fallu implémenter cette
méthodologie sur VBA-Excel pour donner lieu à un « pricer » de portefeuilles de produits
dérivés interactif et simple à utiliser.
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Chapitre 1 : Présentation du cadre réglementaire de l’étude
Chapitre 1 :
Présentation du cadre
réglementaire de l’étude
-15-
Chapitre 1: Présentation du cadre réglementaire de l’étude
Le système bancaire a, depuis quelques années, montré ses limites. Les pouvoirs
publics ont du intervenir par des injections de liquidité très importantes. Malgré ca, la crise
financière ne tarda pas à gagner la sphère financière en entier, ainsi que l’économie réelle. Les
conséquences de cette situation ont pris une ampleur sans précédent.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les mesures prudentielles publiées par le
comité de Bâle et le bureau international des normes comptables. Ces mesures seront
brièvement présentées dans le présent chapitre.
Le comité Bâle sur le contrôle bancaire a publié en décembre 2010 une note décrivant
un dispositif mondial visant à renforcer la résilience des établissements et systèmes bancaires.
Ces textes comportent des mesures visant à optimiser le dispositif mondial des fonds
propres. Le comité de Bâle améliore la qualité, l’homogénéité et la transparence des fonds
propres. Il tire des enseignements de la crise financière de 2008 pour accroitre la robustesse
système bancaire vis-à-vis des chocs tant internes qu’externes.
Il étend également sa couverture des risques, car la négligence des risques importants a
été un élément déstabilisateur durant la crise. Ainsi, le comité de Bâle renforce les exigences
en fonds propres. Il stipule aussi que le secteur bancaire devrait « renforcer ses marges de
fonds propres en période de croissance excessive du crédit ».
Dans le volet « couverture de risque » le comité de Bâle consacre une partie au risque
de contrepartie. Cette partie stipule que le système bancaire doit s’assurer que les risques
importants sont bien appréhendés par le dispositif des fonds propres. Les textes de Bâle
stipulent alors que les banques seront soumises à « une exigence supplémentaire en fonds
propres destinée à absorber les pertes en valeur de marché découlant d’une détérioration de
la note de crédit d’une contrepartie (ajustement de valorisation sur actifs – CVA, credit value
adjustment). »
dénommées ajustement de valorisation sur actifs CVA, credit value adjustment) sur les
dérivés de gré à gré. »
La norme IAS 39 présente les définitions des principaux instruments dérivés, tels que
les swaps de taux et les options de change. Elle précise également la méthode d’évaluation et
de comptabilisation.
Cependant, le plus grand apport en relation avec notre travail reste celui de la norme
IFRS 13.
La norme IFRS 13 apporte une nouvelle vision sur la valorisation des actifs. Elle
apporte principalement une nouvelle définition de la juste valeur d’un actif :
-17-
Chapitre 1: Présentation du cadre réglementaire de l’étude
« La juste valeur se définit comme le prix qui serait perçu à l’occasion de la vente
d’un actif, ou le prix qui serait payé pour transférer une dette, dans le cadre d’une opération
conclue à des conditions normales par des intervenants de marché, à la date de
l’évaluation. »
La norme IFRS 13 est applicable de manière prospective dans les comptes des
exercices ouverts à compter du 1er janvier 2013.
Extrait de la norme IFRS 13 : « Quelle que soit la méthode retenue par l’entité, la
juste valeur d’un passif doit refléter l´effet du risque de non-exécution. Le risque de non-
exécution comprend notamment le risque de crédit propre à l’entité. Le risque de non-
exécution est présumé être le même avant et après le transfert du passif. »
Pour résumer, les textes de Bâle et les normes IFRS constituent le cadre réglementaire
de notre étude. Ils présentent un nouveau regard sur la méthode de valorisation des actifs. Il
s’agit de la valorisation qui prend en compte le risque de contrepartie, appelée CVA.
Nous verrons dans le chapitre suivant, les méthodes de valorisation standards des
instruments financiers les plus répandus.
-18-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation des produits dérivés
Chapitre 2 :
Définition de la CVA et
valorisation standard des
produits dérivés
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation des produits dérivés
Nous commençons, dans ce chapitre, par introduire la notion de la CVA. Ensuite nous
détaillons les méthodes d’évaluation des produits dérivés les plus traités sur le marché
marocain.
Le risque de contrepartie est le risque que la contrepartie d’un contrat financier fasse
défaut avant l’échéance de ce contrat, et ne remplisse pas ses engagements au complet.
Une entité a contracté un swap de taux dont la valorisation, sans prendre compte du
risque de contrepartie, est de V=100. Si la contrepartie venait à faire défaut à la date de
valorisation du produit, l’entité ne recouvrirait qu’une partie de ses créances et subirait par
exemple une perte de 60. La vraie valeur du produit ne serait donc que de V’= 40<V.
Dans un contrat financier de gré à gré, le risque de contrepartie est dit de nature
unilatérale lorsque le risque de crédit est supporté par une seule partie. Il est dit de nature
bilatérale lorsque le risque est mutuel entre les deux parties. C’est le cas dans un swap de taux
par exemple.
Par symétrie à la CVA, on peut définir la DVA (« Debit Valuation Adjustment »), qui
est une quantification du risque de crédit qu’une entité fait subir à sa contrepartie. Il s’agira
donc d’une surcote sur la valorisation des produits dérivés.
-20-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
" CVA=LGD.PD.EAD"
-21-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation des produits dérivés
Ce chapitre a pour objectif d’effectuer une première valorisation des produits dérivés,
avant l’implémentation de la CVA. Nous nous limiterons aux produits les plus traités sur le
marché, à savoir les options de change, les changes à terme, les swaps de taux, les caps et les
floors.
II.1.1. Définition :
L’option de change est un contrat qui donne à son acquéreur le droit, et non
l’obligation, d’acheter ou de vendre une quantité de devise à un cours de change fixé d’avance
appelé Strike et à une maturité donnée (ou pendant une période donnée).
Les vendeurs d’une option de change est en général une banque. Ce produit est très
utilisé dans le domaine de l’import/export. En effet, un exportateur (resp. un importateur) a
intérêt à acheter une option de vente (resp. d’achat) pour se protéger contre une baisse (resp.
hausse) du taux de change.
On distingue entre une option européenne qui ne peut être exercée qu’à la maturité et
une option américaine qui peut également être exercée à n’importe quel instant précédant la
maturité.
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
futurs évoluent favorablement augmente et l’option devient donc plus chère. Il n’existe
cependant pas de relation automatique pour les options européenne.
Le prix d’exercice (Strike) : dans ce cas il s’agit du taux de change fixé au
moment de l’acquisition de l’option.
Le type de l’option (européenne ou américaine) : la prime d’une option
américaine est plus élevée que celle d’une option européenne car celle-ci est moins risquée
que la première pour le vendeur de l’option.
En 1973, trois grands mathématiciens, Black, Scholes et Merton publient leurs travaux
sur la couverture d’une option grâce à la détention du sous-jacent et du cash, afin de
construire un portefeuille sans risque tout en donnant une formule d’évaluation d’une option.
Le modèle est aujourd’hui connu sous le nom de Black and Scholes ; il s’applique à
tout actif suivant un processus stochastique.
Il n’y a pas de paiement de dividende dans le cas d’une action : cela peut
constituer une réelle limitation au modèle de Black and Scholes car en réalité, la majorité des
entreprises versent une rémunération aux actionnaires.
Le modèle ne concerne que les options européennes : cela ne constitue pas une
limitation majeure car même les options américaines ne sont exercées que quelques jours
avant leur échéance.
Efficience des marchés financiers : cette théorie considère que les marchés sont
suffisamment larges pour que l’information se répande instantanément. Les opérateurs
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
réagissent donc correctement et quasi-instantanément à ces informations s’ils ont les capacités
cognitives de les interpréter.
Il n’y a pas de coûts de transactions.
Il existe un taux d’intérêt sans risque constant et connu à l’avance.
Tous les sous-jacents sont parfaitement divisibles.
Le temps est une fonction continue.
Il est possible d’effectuer des ventes à découvert.
Absence d’opportunité d’arbitrage.
Il est à noter que ce modèle, de par ses hypothèses, ne correspond pas à la réalité des
marchés financiers, mais reste le modèle le plus utilisé dans l’évaluation des instruments
financiers de par sa simplicité relative et les résultats rationnels qu’il permet d’obtenir.
Le prix théorique est donné par l’espérance sous probabilité risque neutre du payoff
terminal actualisé de cette option.
(1.1)
Avec : Payoff=
C(
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Avec : Payoff=
P(
Avec :
1) Hypothèses du modèle
Les variations des cours de change sont distribuées selon une loi log-normale.
Les taux d’intérêt sont constants pendant toute la durée de vie de l’option.
Avec :
S : le prix de l’actif
σ : la volatilité du sous-jacent
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
W est un processus de Wiener qui suit une normale de moyenne 0 et d’écart type t,
2) Formules de calcul
Avec :
3) Les grecques
Les grecques mesurent la sensibilité du prix des options aux différents paramètres dont
ce prix dépend dans le modèle de Black-Scholes. Cette partie nous donnera une idée sur les
paramètres à considérer pour la méthode développée dans le dernier chapitre.
Pour le modèle de Garmann Kohlhagen pour lequel nous avons opté dans la
valorisation des options de change, les expressions des grecques sont les suivantes :
On a:
Et
On a:
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Et
On a:
On a:
ET :
On a:
Et
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Cette partie présente les différentes caractéristiques d’un swap de taux et détaille la
méthode de valorisation.
II.2.1. Définition :
Un swap de taux est un contrat de gré à gré aux termes duquel deux parties s’engagent
à échanger, pendant un nombre d’années et sur la base d’un nominal fixé dans le contrat, des
flux d’intérêts annuels (ou pluriannuels) calculés sur un taux d’intérêt différent pour chaque
partie.
On distingue entre deux types de swaps selon les références de taux d’intérêts
appliquées :
Seul le premier type sera traité dans le présent rapport. Ces swaps de taux, dits
standards, permettent aux parties d’effectuer des échanges de flux d’un taux fixe, appelés
« jambe fixe » contre des flux d’un taux variables, appelés « jambe variable ».
Le taux fixe est déterminé à la signature du contrat. Tandis que les valeurs du taux
variable sont déterminées périodiquement au cours de la durée de vie du contrat à des dates
appelées dates de fixing ou reset. La fréquence des flux variables peut différer de celle des
flux fixes.
Un swap est dit receveur (respectivement payeur) lorsque le détenteur du swap paie le
taux variable (respectivement le taux fixe) à sa contrepartie et reçoit d’elle le taux fixe
(respectivement le taux flottant).
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Comme pour tout instrument, on peut valoriser un swap de taux en actualisant les flux
futurs échangés.
DF : facteur d’actualisation
Avec :
DF : le facteur d’actualisation
En supposant que l’on revoit le flux variable et que l’on paie le flux fixe, la valeur du
swap est donc :
Une swaption est tout simplement une option sur un swap. Elle donne le droit à son
détenteur d’entrer dans un swap à la maturité de l’option.
Une swaption est dite acheteuse (call) lorsqu’elle donne le droit à son détenteur
d’entrer dans le swap en versant la jambe fixe et en recevant la jambe variable.
Elle est dite receveuse (put) lorsqu’elle donne le droit à son détenteur d’entrer dans le
swap en versant la jambe variable et en recevant la jambe fixe.
Les swaptions qui ne peuvent être exercées qu’à une date précise fixée dans le contrat
sont dites swaptions européennes.
Nous présentons dans cette partie la théorie ainsi que la pratique de l’évaluation d’un
change à terme.
II.4.1. Définition :
Le change à terme ou le FX forward est un produit négocié de gré à gré sur le marché
des changes. Il s’agit de l’engagement de deux parties à échanger, à une date future, une
quantité de devise contre une quantité équivalente d’une autre devise selon un cours de
change fixé à l’avance. Il ne s’agit pas d’une option. Une fois le contrat signé, les deux parties
sont tenues par ce dernier de compléter la transaction.
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
II.4.2. caractéristiques :
La théorie de la parité des taux d’intérêt, conceptualisée par John M. Keynes, atteste
que les cours de change des devises tendent à s'ajuster aux parités des taux d'intérêt qui
prévalent dans chaque pays.
La parité du taux d’intérêt est présentée par la formule suivante et sert d’éviter qu’il y
ait des opportunités d’arbitrage dans le marché :
Avec :
Les principes de base d’une opération de change à terme sont les mêmes que pour une
opération au comptant. La différence essentielle provient du fait que l’échange ne s’effectue
qu’à maturité du contrat.
Pour fixer le cours à terme, on recourt à une technique financière consistant à utiliser
le taux de change spot courant et les deux taux d’intérêt dans chaque devise correspondant à
la maturité du contrat.
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Une devise de base est dite en report si elle est plus chère à terme qu’au comptant, en
d’autres termes, si le taux d’intérêt de la devise secondaire est supérieur à son taux d’intérêt.
Ce report s’ajoute au cours comptant de son cours.
Si les taux sont égaux, le cours à terme est égal au cours au comptant, on parle alors de
cours au pair.
Un achat à terme d’une devise A contre une devise B est assimilé à l’exécution de 3
opérations:
Un emprunt en devise B,
Un placement de la devise A,
Une vente à terme d’une devise A contre une devise B est assimilée à l’exécution de 3
opérations :
Un emprunt en devise A,
Un placement de la devise B.
Les caps et les floor sont des produits financiers appartenant à la famille des options
sur taux d’intérêt. Ils offrent une couverture contre un sens de variation particulier des taux
d’intérêt vu que généralement seul l’un des deux sens est défavorable pour un intervenant
donné (l’autre étant favorable).
II.5.1. Cap :
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
La devise.
Le montant du nominal initial.
L’acheteur et le vendeur de l’option
La référence variable : LIBOR, EURIBOR…
La durée : de 1 mois a 10 ans (et plus).
Le taux d’exercice
La périodicité des flux : date de constatation du taux variable et dates de
paiement du différentiel de taux.
La prime.
Un cap peut être vu comme la somme de caplets successifs dont les dates de
réajustement sont les maturités. Chacun de ces caplets peut être assimilé à une option d’achat
dont le sous-jacent est le taux réel effectif et le strike est le taux d’exercice.
Par conséquent, un cap peut être vu comme la somme de n caplets successifs. Les taux
variables sont observés aux dates et les paiements sont versés aux
dates .
En supposant que les taux variables suivent une loi log-normale avec une volatilité ,
et en utilisant le modèle de Black-Scholes présenté précédemment on obtient une valorisation
du cap :
Avec :
4) Application :
Nous avons décidé d’utiliser en grande partie des fonctions sur Excel, pour avoir une
meilleure visibilité sur les détails des calculs effectués par l’outil comme le montre la figure
suivante :
Nous retrouvons les grandeurs d1 et d2. Pour avoir la valeur du cap, il suffit de sommer
les caplets à la date de valorisation.
-34-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
II.5.2. Floor :
Un floor est un contrat de gré à gré qui permet à son détenteur de se protéger contre
une baisse des taux d’intérêt au-delà d’un niveau prédéterminé, appelé taux plancher ou taux
d’exercice, moyennant le paiement d’une prime.
A chaque constat, si le niveau du taux variable constaté est inférieur au prix d'exercice,
le vendeur du floor verse à l'acheteur le différentiel de taux, appliqué au montant nominal et
rapporté au nombre de jours de la période d'intérêt.
Les caractéristiques d’un floor sont les mêmes que celles d’un cap.
En adoptant un raisonnement similaire que pour un cap, un floor peut être vu comme
la somme de floorlets successifs dont les dates de réajustement sont les maturités. Chacun de
ces floorlets peut être assimilé à une option d’achat dont le sous-jacent est le taux réel effectif
et le strike est le taux d’exercice.
En conservant les notations précédentes chaque floorlet donne lieu au flux suivant :
4) Application :
Nous avons procédé de la même manière que pour la valorisation des caps. Les détails
des calculs sont représentés dans la figure suivante :
-35-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation des produits dérivés
La valorisation des produits dérivés repose sur l’actualisation des flux futurs par la
courbe des taux zéro-coupon. Cette partie présente la démarche suivie pour construire cette
courbe.
La courbe des taux zéro-coupon, ou structure par terme des taux d’intérêt zéro-coupon,
est une fonction qui, à une date donnée et pour chaque maturité en abscisse, indique le niveau
du taux d’intérêt zéro-coupon associé en ordonnée (ou du prix zéro
coupon ).
Les obligations dont la maturité est inférieure à 1 an, sont assimilables à des
obligations zéro coupon. Donc le taux actuariel est identique au taux zéro coupon.
Or les taux relatifs aux produits financiers à court terme et les taux actuariels
correspondent ont des bases annuelles différentes (360 jours vs 365 jours). On procède donc a
la transformation suivante :
-37-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
((1+
: la maturité du titre
: le taux monétaire
: le taux actuariel
Les taux non monétaires, dont la maturité est supérieure à 1 an, correspondent
déjà à une base annuelle de 365 jours. Le problème de transformation précédent ne se pose
plus. Toutefois, ces taux ne sont pas des taux zéro-coupon. Les taux zéro-coupon
correspondants sont déterminés de proche en proche de la façon suivante :
Cette formule nous permet d’obtenir les taux zéro-coupon correspondants aux
maturités pleines. Or les taux publiés par Bank Al-Maghrib ne correspondent pas forcément
aux maturités pleines. Une interpolation est donc nécessaire pour retrouver les taux pleins :
Ainsi, la courbe des taux zéro-coupon est obtenue a partir des taux monétaires de
référence publiés par Bank Al-Maghrib.
III.2.2. Application :
-38-
Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Pour appliquer la méthode de Bootstrap on commence par calculer les maturités des
bons affichés. Ensuite, on procède à une interpolation linéaire pour obtenir les taux
correspondants aux maturités pleines. Après l’implémentation de la méthode de Bootstrap,
nous obtenons les résultats suivants :
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Chapitre 2: Définition de la CVA et valorisation standard des instruments financiers
Maturité
résiduelle Echéance Taux plein Taux ZC TMP(10/03/2015) 2,50%
-40-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Chapitre 3 : Ajustement en
Valeur Crédit sur un
instrument financier
-41-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
I. La CVA produit :
CVA=LGD.PD.EAD
Chacune de ces composantes peut être estimée par plusieurs approches que l’on
présentera brièvement dans ce qui suit.
Il s’agit d’une méthode réglementaire simple, pour ne pas dire simpliste. Elle consiste
à utiliser l’approche réglementaire du comité de Bâle pour le calcul de l’EAD nommée
Current Exposure Method (CEM). Dans cette approche, on ajoute une dérive forfaitaire à la
valorisation du produit, en fonction du type de sous-jacent et de la maturité, pour représenter
les éventuels mouvements de marché :
Les add-ons sont extrait du tableau suivant (extrait de l’annexe 4, article 92i du texte
de Bâle II) :
-42-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Nous observerons les résultats de cette méthode par la suite, dans le but d’évaluer sa
pertinence par rapport à d’autres méthodes, plus compliquées.
On note que la CVA est globalement croissante avec le temps, les contreparties ayant
plus de chances de faire défaut sur une période plus longue.
Il s’agit d’une méthode de calcul de la CVA adaptée aux swaps de taux d’intérêt. Cette
approche évalue l’exposition potentielle par la moyenne des valorisations positives attendues
à la date de défaut. Cette grandeur est analogue à une option sur le swap, d’où le terme
« swaption ». Il convient alors de valoriser la swaption dont la maturité est la date de défaut
probable et qui porte sur le swap résiduel.
Cette méthode a l’avantage d’être extensible aux portefeuilles (méthode des swaptions
amortissables), et adaptable à des produits autres que les swaps.
Contrairement aux méthodes précédentes qui sont déterministes, les méthodes par
diffusion sont stochastiques. Elles permettent alors d’avoir une meilleure visibilité des dérives
futures potentielles dans les cas les plus complexes (produit présentant plusieurs facteurs de
risques, marges payées en action…)
-43-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Grâce à des simulations de Monte Carlo puis de l’American Monte Carlo, on arrive à
simuler l’évolution de la juste valeur des produits dérivés.
Nous reprenons dans le tableau suivant toutes les méthodes précédentes en précisant
leurs avantages et limites :
-44-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
La probabilité de défaut est la probabilité qu’une entité ne puisse pas faire face à ses
engagements. On cherchera alors dans cette partie à déterminer la courbe qui
permet d’estimer à une date t, la probabilité de défaut d’une entité à la maturité T.
Dans cette section, nous présenterons deux approches différentes pour estimer les
probabilités de défaut des contreparties, l’une historique et l’autre fondée sur les anticipations
du marché. Un troisième type de méthodes mêlant les deux premières approches sera introduit
vers la fin de la partie.
Cette méthode consiste à utiliser les notations d’agences (S&P, Moody’s et Fitch) et
leurs matrices de taux de défaut historiquement observées. Elle est la plus simple à utiliser
mais elle présente une limite majeure, celle de sous-estimer le risque de contrepartie en
période de stress. Certes les notations sont mises à jour régulièrement, mais les taux de défaut
ne sont révisés qu’annuellement.
Cette méthode permet d’extraire les probabilités à partir de la courbe des prix des CDS
cotés sur le marché. Cette approche permet un suivi instantané des variations des anticipations
de marché et la perception du risque.
Les méthodes de ratings et spreads CDS présentent toutes deux des limitations. Il est
donc sage de penser à des approches mixtes qui tirent les avantages de chacune et limitent
leurs inconvénients.
Cette approche consiste en la mesure du défaut en utilisant les ratings et les spreads
CDS. Les ratings permettent d’identifier le risque systémique, tandis que les CDS identifient
la part spécifique du risque de défaut. De cette manière, on peut prendre en compte le
contexte économique de l’entreprise, tout en incorporant ses spécificités individuelles et
-45-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
sectorielles. Cela revient à augmenter la réactivité des ratings au marché, ou bien à diminuer
la volatilité des CDS.
I.2.4. Application :
Parmi les méthodes existantes, nous avons choisi de présenter la méthode de spreads
de crédit de par sa réactivité à l’information financières et la disponibilité des données.
Nous avons réussi à obtenir les données concernant les courbes de spreads et des
probabilités de défaut correspondantes des contreparties présentes dans notre portefeuille.
Voici un exemple de ces données :
Pour chaque produit ayant une maturité donnée, il suffit d’extraire la probabilité de
défaut correspondante avec une interpolation. Dans le cas d’un portefeuille de produits ayant
des maturités différentes, on prendra une moyenne pondérée des PD des produits avec les
nominaux impliqués. Cette moyenne constituera la probabilité de défaut du portefeuille, que
l’on multipliera par le produit de E(MtM+) et de la LGD pour obtenir la valeur de la CVA.
-46-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Lors d’un événement de défaut, la contrepartie est dans l’incapacité de remplir ses
engagements de manière totale ou partielle. On appellera « taux de perte » la part de la
richesse qu’un investisseur perd lors du défaut de sa contrepartie. Le LGD est la variable
aléatoire qui va modéliser le taux de perte en cas de défaut. Il existe deux approches pour
estimer cette variable, l’une basée sur des études des marchés donnant une LGD de 60% et
l’autre basée sur des probabilités de défaut historique aboutissant à une LGD plus faible.
Par précaution, on prend le plus souvent une LGD de 60% (ce qui correspond a un
taux de recouvrement de 40%).
Application :
Pour ce travail, nous avons réussi à obtenir des données concernant la LGD. Un
tableau de la forme suivante nous a été communiqué pour chaque contrepartie :
Ainsi, nous pouvons faire sortie la grandeur LGD de l’espérance dans l’équation
précédente :
-47-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Conclusion partielle :
Supposant qu’un fabriquant de bijoux qui a opéré une opération vendeuse de contrat à
terme sur l’or. Si le cours de l’or augmente drastiquement sur le marché des matières
premières. Le bijoutier aura une MtM de plus en plus négative sur son contrat à terme, car il
doit beaucoup plus d’argent à sa contrepartie. De plus, il devra acheter de l’or à un prix plus
élevé pour fabriquer ses bijoux. Chose qui fait augmenter ses charges et donc, sa probabilité
de défaut. Ici, la montée du cours de l’or va impliquer une exposition positive de plus en plus
grande pour sa contrepartie en même temps qu’une probabilité de défaut accrue. Il s’agit du
Wrong Way Risk.
Le Specific Wrong Way Risk, qui correspond au risque que l’exposition à une
contrepartie soit corrélée inversement à la probabilité de défaut de cette contrepartie.
-48-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
Avec :
Avec :
et
Nous pouvons alors distinguer entre deux termes principaux, sachant que l’hypothèse
de l’absence de corrélation entre le temps de défaut et l’exposition du portefeuille est
respectée. Le premier est la partie positive actualisée de l’exposition :
Nous pouvons donc traiter chacun de ces deux termes de manière indépendante. Dans
la suite de ce travail, nous allons nous pencher sur le calcul de l’EAD uniquement. Nous
présenterons notamment les différentes approches qui existent en matière d’estimation de
-49-
Chapitre 3: Ajustement en Valeur Crédit sur un instrument financier
-50-
Chapitre 4: Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Chapitre 4 :
Calcul de la CVA sur un
portefeuille de swaps
-51-
Chapitre 4: Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Il s’agit dans cette partie d’intégrer une vision portefeuille à notre travail. Les
méthodes expliquées précédemment permettent de calculer la CVA sur un seul produit. Mais
ce calcul est sans grand intérêt dans la réalité. Il est nécessaire de développer un « pricer » qui
puisse prendre en compte les effets de compensation qui peuvent avoir lieu au sein du
portefeuille.
I. Non-additivité de la CVA
Théoriquement, nous pouvons calculer la CVA sur un seul produit car chaque produit
génère un risque de crédit. Mais dans la réalité, aucune entité ne contractera un produit
unique. En effet, chaque partie possède un portefeuille assez varié en termes de produits pour
couvrir ses différents besoins spécifiques. Mais elle peut également contracter le même
produit avec des contreparties différentes afin de diversifier les risques. Il est donc important
de réfléchir aux conséquences de la vision portefeuille sur le calcul de la CVA.
On pourrait être tenté de calculer la CVA sur chacun des produits composant le
portefeuille considéré et sommer le tout. Mais cela est faux. En effet la CVA est non-additive.
Cela découle d’une propriété mathématique qui stipule que la partie positive d’une somme est
inférieure à la somme des parties positives :
Illustrons ce résultat par un exemple : supposons que l’on possède un portefeuille avec
deux swaps identiques mais dans deux sens différents. L’un paie un Euribor de 5%, et l’autre
reçoit un Euribor de 0,001%. Le swap payeur aura une MtM de -91 531 au 31/12/14 et son
MtM sera toujours négatif. Le swap acheteur, quant à lui, aura un MtM de 9367 à la même
date et aura naturellement un MtM toujours positif. Ainsi, le premier swap aura une CVA
nulle et le deuxième aura une CVA positive. Donc la somme des CVA sera positive à tout
instant.
-52-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Cette propriété complexifie le calcul de la CVA sur des portefeuilles. Nous verrons par
la suite comment cette caractéristique sera prise en compte.
Nous commençons par développer une version de la méthode des swaptions adaptée
au calcul de la CVA sur un portefeuille.
Mais l’avantage qui nous importe le plus dans le cadre de ce travail, est l’extension
possible à un portefeuille de swaps. En effet, la méthode dite des « swaptions généralisée »
respecte la caractéristique de non-additivité de la CVA.
Cette formule cesse d’être valable lorsqu’on veut traiter un portefeuille de swaps de
taux. Pour calculer la CVA sur un portefeuille de swaps, nous allons utiliser une méthode plus
générale.
-53-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Nous allons donc considérer un portefeuille constitué de plusieurs swaps qui versent
des taux fixes et variables différents, sur des nominaux différents. On exprime alors la jambe
fixe et la jambe variable de notre portefeuille comme suit :
Avec :
et : les nominaux ;
On considérera que tous les swaps sont pris dans la même devise, mais dans des sens
différents. Les nominaux sont donc algébriques. L’espérance de la partie positive de la MtM
du portefeuille sera donc :
-54-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Il est clair que l’on a la même structure qu’un swap, mais avec les paramètres
modifiés suivants :
Avec :
La création de cette feuille nous permet d’alléger le code et d’éviter les problèmes de
chevauchement. Elle récupère la valeur de chacun des swaps. Ce travail de récupération nous
permet de déduire la valeur du portefeuille global en appliquant la somme, quelque soit le
nombre de swaps composant notre portefeuille. La figure suivante représente les détails des
calculs précédents.
Dans un deuxième lieu, nous avons implémenté la méthode des swaptions généralisée.
Nous avons enrichi la feuille « CVA SWAPS » en ajoutant un espace dédié à cette méthode.
L’outil récupère les grandeurs , , , et dont nous avons besoin pour
calculer les paramètres modifiés. La figure suivante représente les détails de calculs :
SWAPTIONS GENERALISEE
Taux
annuité modifiée Strike MtM
annuité modifiée Taux swap swap Strike Volatilité modifiée PD CVA
du portefeuille modifie swaption
modifie
5 993 238,613 13 970 769,22 18 127,66 0,26% 104 763,94 1,37% 24,04% 154 938,58 2,90% 2 695,15
-56-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Cette partie présente tout d’abord les résultats obtenus pour la méthode des swaptions
classique. Ensuite, nous présenterons les résultats de la méthode des swaptions généralisée.
Finalement, nous vérifierons si les résultats de cette dernière sont cohérents avec les résultats
de la méthode classique.
On commence par tester le calcul classique de la CVA sur les swaps de taux suivants :
Swap CVA
1 1187,26
2 0
3 3168,14
Remarquons que le troisième swap fait ressortir une CVA importante. Cela est dû à
une MtM vite positive et un nominal important qui impliquent un manque à gagner en cas de
défaut de la contrepartie.
-57-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Avant de passer aux résultats de la méthode des swaptions généralisée, nous devons
calibrer les résultats obtenus en réalisant un back-testing. Pour cela nous allons faire un
rapprochement entre ces résultats et les informations fournies par Bloomberg. Notons que ces
valeurs sont obtenues à une date différente que celle que l’on a supposée au départ, car nous
avons obtenu les informations de Bloomberg à une date différente.
1 0,07% 0,08%
2 0,00% 0,00%
3 0,12% 0,18%
Nous constatons que les valeurs obtenues sont assez proches des valeurs de référence
(sauf peut être pour le troisième swap). Nous allons conserver ce constat pour le challenger
dans le chapitre suivant avec les résultats de la méthode des sensibilités.
Avant de valoriser le portefeuille, nous allons calculer la CVA pour chacun des trois
swaps précédents. On vérifie simplement que les résultats obtenue avec cette méthode sont
cohérents avec les résultats présentés précédemment.
Swap CVA
1 1187,26
2 0
3 3168,14
-58-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Nous remarquons alors que la méthode générale ne présente aucun écart par rapport
aux premiers résultats.
En réalité nous nous attendons à avoir une CVA bien inférieure à la somme des CVA
de chaque swap. Nous allons donc valoriser le portefeuille en entier.
Certes, il vaut mieux surestimer nos engagements que de les sous-estimer. Par
exemple, considérer la somme des CVA serait donc un choix plus judicieux que de ne pas en
prendre compte. Cependant, les bilans des institutions doivent être affinés et le plus possible
proche de la réalité. Chaque caractéristique de la CVA est donc à prendre en compte dans la
valorisation du portefeuille.
Il s’agit sans doute de la méthode la plus simple à mettre en œuvre. Il n’y a pas de
modèle complexe à calibrer. Pour déterminer l’exposition potentielle, il suffit d’utiliser la
méthode réglementaire « MtM + add-on ».
Rappelons que le niveau de ces forfaits a été fixé par le comité de Bâle III. Il varie en
fonction des maturités résiduelles des produits et du type des sous-jacents. Nous n’utiliserons
que la partie gauche du tableau 3, puisque nous avons affaire à un portefeuille de swaps. Le
sous-jacent est donc toujours un taux d’intérêt.
Sachant que nous avons choisi le 31/12/2014 pour date de valorisation, nous calculons
la maturité résiduelle des swaps composant notre portefeuille.
-59-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
Ainsi, la valeur de chacun des swaps sera majorée de 0,5%. Cette majoration
constituera l’exposition potentielle au moment du défaut. En multipliant cette exposition par
la PD et la LGD, on obtient les valeurs de CVA suivantes :
2 -62 511,45 0 0
Il est clair que ces valeurs présentent des écarts avec la méthode des swaptions
classique.
2 0 0 0,0%
Les deux méthodes ne présentent pas d’écart pour le deuxième swap. Ce résultat est
prévisible car si la valeur d’un produit est nulle, son exposition sera nulle, quelque soit la
méthode utilisée. Il ne dégagera donc pas de CVA.
Lorsque la valeur est au contraire positive, les écarts sont importants. Encore une fois,
ce résultat est prévisible car les approches adoptées pour le calcul de l’exposition sont
totalement différentes.
-60-
Chapitre 4 : Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps
D’une part, la méthode des add-on forfaitaires ne fait que majorer la valeur de chaque
produit. Certes, cette majoration varie en fonction du type de sous-jacent et l’échéance
résiduelle du produit. Mais elle ne prend pas en compte les conditions de marché,
contrairement à la méthode des swaptions.
D’autre part, la méthode des add-on forfaitaires ne peut être appliquée que de manière
individuelle sur les produits. Elle ne pas être adaptée au portefeuille. A l’inverse de la
méthode des swaptions qui est extensible aux portefeuilles.
967,79 2208,58
Remarquons qu’en sommant les valeurs des CVA obtenues par la méthode des add-on
forfaitaires, on constate toujours un écart. Ainsi la méthode des add-on forfaitaires sous-
estime la valeur de la CVA pour les produits pris individuellement, et pour les portefeuilles.
-61-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Chapitre 5 :
Méthode alternative
de calcul de la CVA
-62-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Ce chapitre a pour but de présenter une méthode alternative pour le calcul de la CVA
sur un portefeuille quelconque de produits vanilles.
I. Motivations :
Nous présenterons dans ce qui suit les hypothèses du modèle des sensibilités. Celles-ci
peuvent paraitre excessives, mais il faut garder en tête le but premier de la méthode.
Nous supposons que la MtM a une date future, notée u, est une variable aléatoire qui
peut s’écrire au premier ordre à l’instant t comme suit :
Avec :
-63-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Hypothèses:
Certes il s’agit là de plusieurs hypothèses, mais le choix d’un modèle gaussien peut
être justifié par plusieurs points.
Deuxièmement, la loi normale permet de prendre en compte les valeurs positives ainsi
que négatives de la MtM future.
Finalement, la loi normale peut être complètement caractérisée si l’on détermine son
espérance et sa variance. L’espérance est tout simplement la valeur future du MtM. La
variance, quant à elle est beaucoup moins simple à déterminer.
Ainsi :
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Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Par conséquent, si nous pouvons obtenir les sensibilités futures du portefeuille, on peut en
déduire la variance du MtM future. Nous avons également besoin des volatilités des
paramètres qui n’étaient pas disponible. Nous avons donc utilisé la formule de la variance
d’une variable aléatoire classique. Ceci peut se faire en valorisant un portefeuille aune date
future après choc des paramètres auxquels est sensible le portefeuille considéré.
-65-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Nous présentons ici les résultats obtenus sur le portefeuille de swaps précédents, puis
sur un portefeuille de produits variés.
En se basant sur les formules précédentes, nous avons réussi à implémenter un outil
sur VBA-Excel qui peut valoriser un portefeuille de produits variés (dans la limite des cinq
produits traités). Cet outil fournit également l’information concernant la valeur de la CVA
pour le portefeuille global et pour chacun des sous-portefeuilles, et cela par les deux méthodes
développées précédemment. La figure suivante représente la feuille qui contient un espace
pour entrer les inputs et un espace pour les résultats.
Le tableau en rouge donne les valeurs actuelle et forward du portefeuille global, ainsi
que sa valeur de CVA calculée avec la méthode des sensibilités. Les tableaux en blanc
donnent les mêmes informations, mais cette fois-ci pour les sous-portefeuilles groupés par
type de produits. Nous disposons d’informations supplémentaires pour le portefeuille de
swaps, qui concernent les méthodes des swaptions classique et généralisée. Le bouton
« Démarrer » permet d’obtenir tous ces résultats simultanément. Mais les boutons
intermédiaires nous permettent de valoriser chaque sous-portefeuille, ce qui nous permet de
faire des « back-testings » si la valorisation globale nous semble irrationnelle.
-66-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Les résultats concernant les sous-portefeuilles sont récupérées dans les feuilles
« ODC », « CAT », « Cap_ptf », Floor_ptf » et « swap_ptf » (voir annexe II).
Nous allons commencer .par présenter les résultats lorsque nous appliquons la
méthode des sensibilités sur les trois swaps précédents, un par un. Ensuite, nous allons
présenter les résultats de la méthode appliquée sur l’ensemble du portefeuille.
Les résultats obtenus pour chaque swap pris individuellement sont les suivants :
1 2 454,96
2 0
3 691,82
Remarquons que le deuxième a toujours une CVA nulle car sa MtM est négative.
Remarquons aussi que le premier swap dégage une CVA supérieure au troisième swap,
contrairement aux résultats obtenus précédemment. Cela montre que ce swap est moins
sensible au taux variable que le premier. Nous pouvons déduire également que la méthode des
swaptions généralisée converge plus vers les informations de Bloomberg que la méthode des
sensibilités. Mais nous gardons cette dernière car elle présente l’avantage indéniable d’être
applicable à tous les types de produits.
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Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
Cette partie présente les résultats obtenus pour le premier portefeuille de swaps. Nous
avons appliqué la méthode des sensibilités sur le portefeuille en entier. La valeur de CVA
obtenue est la suivante :
Cette valeur est effectivement inférieure à la somme des CVA produit. Comparons ce
résultat à celui obtenu en utilisant la méthode des swaptions généralisée.
On peut donc conclure que les méthodes des swaptions généralisée et des sensibilités
respectent la vision portefeuille pour les swaps. Les résultats obtenus par chacune des
méthodes convergent avec un seuil de 5%.
Cette partie présente les résultats obtenus par la méthode alternative des sensibilités
sur un portefeuille de produits variés.
VI.1. Le portefeuille :
-68-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
-69-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
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Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
La valeur des CVA par la méthode des sensibilités pour chaque sous-
portefeuille,
La valeur de la CVA par la méthode des sensibilités pour le portefeuille global.
Il est à noter que le pricer a été conçu de façon à ne pas avoir des limites. On peut
valoriser des portefeuilles très simples, en termes de types et de nombre de produits. Comme
on peut valoriser des portefeuilles variés et volumineux.
Nous avons réorganisé les résultats obtenus dans les tableaux suivants :
Nous remarquons que les valeurs des CVA ne sont pas négligeables. Ce qui montre
l’importance de l’ajustement en valeur crédit.
Les remarques précédentes restent valables pour le portefeuille global. En effet chaque
grandeur n’est que la somme de ces mêmes grandeurs chez les sous-portefeuilles.
Il s’agit dans cette partie de faire un rapprochement entre les valeurs de CVA obtenues
par la méthode des sensibilités et les valeurs obtenues par la méthode réglementaire présentée
précédemment.
-72-
Chapitre 5: Méthode alternative de calcul de la CVA
16 342,37 12 183,89
Pour résumer, nous pouvons affirmer que la méthode des swaptions généralisée
présente des résultats très concluants de par son rapprochement avec les données offertes par
Bloomberg. C’est donc la méthode qu’on retiendra pour un portefeuille de swaps de taux.
Cependant cette méthode ne peut pas être généralisée à un portefeuille varié de produits. La
méthode des sensibilités, quant à elle, possède l’avantage de pouvoir être généralisée à tous
les types de produits. Il s’agit la d’un avantage indéniable qui s’avère très pratique en
attendant de développer d’autres méthodologie.
En ce qui concerne la méthode des add-on, les résultats obtenus ont été incohérents et
parfois difficiles à interpréter. Chose qui montre les limites de cette méthode.
-74-
Conclusion
Conclusion
Il a tout d’abord été question de présenter les dispositions réglementaires qui exigent
des normes de gestion du risque de contrepartie. Ces normes introduisent l’ajustement en
valeur crédit (CVA) à la valorisation des instruments dérivés.
-75-
Conclusion
D’autre part, le calcul de la CVA concerne tous les produits financiers même les
produits structurés. Cet aspect devrait faire l’objet d’une mission spéciale en interne, en
collaboration avec un client en particulier. Nous pouvons également intégrer une composante
orientée objet pour optimiser la vitesse du « pricer » et limiter les éventuels risques de panne.
-76-
Bibliographie
Bibliographie :
Mémoires :
[2] M. BOISTARD, Calcul de la CVA sur un portefeuille de swaps, Ecole de Ponts Paris
Tech, Master des Mathématiques appliquées a la Finance. 2012-2013
Ouvrages :
[2] N. EL KAROUI, Couverture des risques dans les marchés financiers, Ecole
Polytechnique. Année 2013-2014.
Documents et Publications :
[1] M. Nordine Choukar, CVA-DVA Tour d’horizon des méthodologies de calcul, juin 2013,
consultable sur : www.mazars.fr/Accueil/News/Publications/Enquetes-et-Etudes.
[2] Banque des Règlements et Etudes, Bâle III – dispositif réglementaire mondial visant à
renforcer la résilience des établissements et systèmes bancaires. Décembre 2010. Consultable
sur : http://www.bis.org/publ/bcbs209
[3] La revue française de comptabilité, La norme IFRS 13 sur l’évaluation à la juste valeur,
Juin 2011 – n°444.
-77-
Bibliographie
Webographie :
[1] http://finance.sia-partners.com/20110503/les-reformes-de-bale-iii-sur-le-risque-de
contrepartie-lenjeu-reglementaire-porte-sur-la-couverture-des-risques-systemiques/
[2] http://www.fimarkets.com/pages/operations_change.php
[3] http://www.fimarkets.com/pages/cap_floor.php
-78-
Annexes
Annexes
Annexes
Annexes :
Annexe I :
Nous avons choisi, pour des raisons de commodité, de mettre cette partie en annexe.
MAZARS porte le nom de son fondateur, Robert MAZARS, qui créa son cabinet
d’expertise comptable en 1940 en Normandie. Très rapidement, le cabinet gagna une clientèle
importante. Il devint notamment reconnu pour la qualité de son service et sa rigueur
technique.
Le groupe a su garder les valeurs fortes sur lesquelles il a été fondé : intégrité,
responsabilité, diversité et respect des personnes, excellence, indépendance et continuité. Ces
valeurs sont mises en œuvre par les professionnels dans l’exercice de leur métier.
I.2. Organisation :
Le Conseil de Gérance, qui est voté une fois tous les quatre ans selon une
procédure bien précise. Il constitue la principale instance de direction
exécutive.
Le Conseil de Surveillance qui supervise les actions du Conseil de Gérance. Il
a élu, depuis décembre 2011, deux nouveaux membres externes et
indépendants. Cette élection s’inscrit dans le cadre d’une volonté de
supervision objective, et un exercice libre des pouvoirs de codécision.
Le Comité Stratégique du Groupe qui a pour mission de proposer et
d’accompagner les décisions stratégiques du groupe sur les cinq continents.
MAZARS est également membre du Forum of Firms, une organisation regroupant des
réseaux internationaux de cabinet d’audit. Elle vise à promouvoir la même qualité des
services offerts par les cabinets d’audit dans le monde.
Annexes
Ces activités interviennent dans plusieurs secteurs : média, luxe, immobilier, banques,
alimentation générale…
Mazars fait partie des cinq plus importants cabinets d’audit et de conseil au Maroc. Il
compte aujourd’hui plus de 130 collaborateurs et 7 associés. Il s’engage à offrir des services
de qualité a des entreprises de toute taille. Ses principaux domaines d’activités sont l’audit, le
conseil, l’externalisation et l’accompagnement juridique et fiscal.
I.4.1. Organisation :
Le cabinet est géré par un comité exécutif sous la supervision d’un comité de
surveillance.
L’actuariat constitue une activité importante à Mazars. Les compétences offertes sont :
L’ingénierie financière
Actuariat d’assurance
Engagements sociaux
Statistiques et modélisation
Les équipes de Mazars Actuariat collaborent étroitement avec les autres services pour
traiter les besoins des clients dans l’actuariat financier et d’assurance.
Annexes
VII. Annexe 2 :
La feuille « PTF » du pricer récupère les différents résultats des feuilles de calcul
intermédiaires. Les cinq figures suivantes représentent les détails de calcul présents sur ces
feuilles.