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Chimie 1 : Structure de la matière Chapitre 2 : stabilité des noyaux Chimie 1 : Structure de la matière Chapitre 2 : stabilité des noyaux

1 – MISE EN EVIDENCE DU NOYAU ET SES NUCLEONS


Chapitre 2 : ETUDE DU NOYAU 1.1 Le noyau
C’est Rutherford pour la première fois en 1910 qui, à l’aide d’une expérience, arriva à
mettre en évidence le phénomène de la discontinuité de la matière. Il plaça une feuille d’or
Ernest Rutherford
sous un faisceau de rayons α (la particule α est assimilée au noyau d’Hélium, He2+. Il
Sir James Chadwick remarque alors que la quasi-totalité des particules α ont franchi la feuille. Quelques rayons
Albert Einstein seulement, ont été déviés ou rétro émis (faisant un angle de 180°) .

Radium or
Empreinte de 9999 particules α

1/10000 de particules α est déviée
ou retro-émise

noyau

Sir James Chadwick Ernest Rutherford

θ d distance d’approche
Rutherford, Ernest, lord (1871-1937), physicien
θ angle de déviation
britannique, Prix Nobel de chimie en 1908 pour ses
travaux de structure de l’atome et de la physique
nucléaire.
Chadwick, sir James (1891-1974), physicien Figure 13 : Discontinuité de la matière
britannique, prix Nobel de physique en 1935 pour
sa découverte du neutron. Le phénomène de perméabilité de la feuille métallique explique que la matière a une
Aston, Francis William (1877-1945), physicien structure lacunaire. Cependant la déviation des particules α laisse suggérer que celles-ci se
britannique. Prix Nobel de chimie en 1922 pour ses sont trouvées sur l’axe des masses pleines ou à leur proximité.
travaux sur les isotopes La rétro émission et la déviation sont sujet d’une répulsion électrostatique. On comprend
Francis William Aston par là que ces masses sont également chargées positivement. La force qui s’applique entre
les deux particules est de type de coulomb ayant pour module,

q1q2
F K
d2

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Où q1, q2 sont les charges de la particule α et celle du centre positif (noyau) et d est la 4
Le noyau est de forme sphérique de volume V  R 3 . Le rayon est déterminé selon la
distance d’approche, qui sépare les deux charges. 3
1
relation de fermi, R  R 0 A 3 où R est le rayon du noyau ayant pour unité le fermi
Ces constatations ont permis à Rutherford de conclure que la matière est formée d’un
,fm ; R0 = 1,2 fm. A est le nombre de masse.
grand nombre d’atomes électriquement neutres. Des espaces pleins sont considérés comme
1fm = 10-15 m.
centres. Ils sont de petite dimension, chargés positivement, dits noyaux, très éloignés les
uns des autres. Le rapport des diamètres de l’atome et du noyau est de l’ordre de 105. Si La masse volumique du noyau,  = A/V
A 3
on assimile le noyau à la taille d’une balle de « ping pong » de 3 cm de diamètre, l’atome  , 
4 4 ( R0 )3
atteint 3000 m de diamètre.  ( R0 A1 / 3 )3
3
Les espaces intermédiaires aussi grands que possibles sont vides et occupés par les
électrons.
2- LES ISOTOPES STABLES
 Mise en évidence du proton (1918) 2.1 Séparation des isotopes
En bombardant l’azote par les particules α Rutherford remarqua l’émission d’une En 1913, Thomson obtint des taches de déviation correspondantes aux paraboles données
particule. Après identification, elle est dotée d’une charge positive, nommée proton. en présence des champs magnétique et électrique appliqués dans un spectromètre de
masse. Ces empreintes laissées sur une plaque photographique se rapportent aux atomes de
14
N + α 17
O2 + p néon. Thomson conclu qu’il s’agit de deux atomes différents du néon, le 20Ne et le 22Ne
(voir annexe 3).
Cette réaction montre que le proton est un constituant de l’atome d’azote. Les études de A l’aide d’un spectromètre de masse et d’un détecteur, on enregistre le courant ionique I
caractérisation montrent que le proton est une particule de charge élémentaire +e et de des différents nucléides qui est proportionnel à leur abondance relative. La séparation peut
masse mp : se faire soit, sur spectrogramme soit, sur une plaque photographique.

+e = +1,602.10-19 coulomb 24
mp = 1,67265 ×10-27 kg. Mg2+ 24
Mg+
26
= 1,0073 u.m.a Mg2+ 26
Mg+
25 2+ 25 +
Mg Mg
La masse du proton est environ 1835 fois plus que celle de l’électron. Le nombre de
protons est indiqué par Z (dit également nombre de charges).
a)
 Le neutron (1932)
b)
Le neutron comme son nom l’indique est neutre (pas de charge). Cependant il a une
masse. La particule découverte par Chadwick est attribuée au noyau. La réaction nucléaire
qui a permis sa mise en évidence est effectuée sur le bérilium par l’action de particule α de
grande énergie cinétique conduisant à la formation du noyau du carbone-12.
9 12 1 Fig. 14 Spectrogramme de masse de Mg : a- Enregistré b- photographié
4Be +α 6C + 0n

On connaît différents types de spectromètres à savoir le spectromètre de Dempster, le


mn = 1,67495 ×10-27 kg spectromètre de Baimbridge (figure 11). D’autres méthodes sont également utilisées pour
= 1,0087 uma séparer et obtenir des isotopes à l’état pur ou enrichi. On peut citer la centrifugation,
l’électrolyse, la diffusion thermique et la diffusion gazeuse.
Le neutron est environ 1839 fois plus lourd que l’électron.
L’atome contient en tout A nucléons et A-Z neutrons.
Volume du noyau :

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2.1 Répartition isotopique Mg = [23,985 78,6 + 24,98540 10,11 + 25,982591 11,29 ] / 100 = 24,31166
On parle d’isotopes quand un ensemble d’atome appartient au même élément chimique. Mg = 24,31166 la masse moyenne de Mg
Ils se manifestent par le même nombre de protons et ne diffèrent que par le nombre de
neutrons. Depuis que le spectromètre de masse est mis au point plusieurs isotopes ont été
découverts. La présence isotopique ainsi que leur abondance relative a trouvé plus que
3- ENERGIE DE LIAISON ET STABILITE DES NOYAUX
jamais des travaux de confirmation une fois qu’ Aston a perfectionné le spectromètre de
3.1 L’énergie de cohésion
masse en 1919. Plusieurs corps simples ou éléments ont été découverts dans la nature, en
Elle est appelée encore énergie de liaison des nucléons se manifeste au moment où on
tant que mélange d’isotopes. On y trouve des isotopes stables et des isotopes radioactifs.
désire déstabiliser le noyau. Il faut au moins une quantité d’énergie équivalente à celle qui
On connaît près de 2000 noyaux d’atomes. Seulement, 279 sont stables. L’abondance s’oppose aux forces fortes qui assurent la cohésion du noyau. Lors de la formation des
relative est constante dans la nature pour chaque isotope notée par xi. Elle représente la
noyaux à partir des noyaux plus légers ou à partir des nucléons une partie de la masse est
fraction isotopique dans l’élément naturel. L’oxygène, dans la nature, se trouve sous forme
transformée en énergie.
de 16O avec 96,76%,17O avec 0,04% et 18O avec 0,2% de présence. D’autres éléments ne Einstein propose la relation qui donne l’équivalence masse-energie. Dans le cas de la
connaissent pas encore d’isotopes, l’aluminium et le bérilium à titre d’exemple.
formation du noyau le processus s’effectue avec une perte de masse symbolisée par Δm.
Tandisque d’autres peuvent avoir un nombre important (cas de l’iode).
L’énergie qui en correspond est E= Δmc2
La reconstruire du noyau d’hélium à partir de ses nucléons d’après le schéma donné par la
123
53 I , 124 I 125
I 129
I 131 132
I I 135
53 , 53 , 53 , 53 , 53 , 53 I
figure 22, présente une différence de masse entre la masse calculée à partir des particules
élémentaires et la masse du noyau proprement dite.

P + n 2p
p n 2n

4
2p + 2n 2He

Figure 16 : Constitution du noyau à partir des nucléons

m(2p+2n) = 2.1,0076 +2.1,0086


= 4,0322 u
m(He) = 4,00150 u
Δm = m(He) - m(2p+2n)
= 4,00150 – 4,0322
= - 0,0307 u
Figure 15 : structure atomique des isotopes de carbone Le signe (-) indique que la formation du noyau de He s’effectue avec perte de masse.
Cette différence de masse, dite défaut de masse, est équivalente à l’énergie nucléaire
2.2 Masse molaire moyenne d’un élément exprimée par la relation d’Einstein. Souvent, elle est considérée comme l’énergie de
Les réactions chimiques ne font pas de différence entre isotopes. Le recours à la valeurs liaison des nucléons ou l’énergie de cohésion du noyau, égales en valeur absolue.
moyenne de leurs masses molaires, dite masse molaire de l’élément est utile pour le calcul
du bilan matière. Le magnésium se trouve à l’état naturel sous forme de 24Mg, 25Mg, 26Mg E = Δmc2
avec des pourcentages de 78,60 ; 10,11 et 11,29 respectivement. La masse molaire est E = ΙΔmΙ c2
calculée sur la base de la fraction isotopique dans la nature (xi ) ou de leur abondance Xi. E = 0,00307. 1,66.10-27.(3.108)2
E = 4,58.10-12 joule
M = Mi xi (xi =Xi/100) En calorie, cette énergie s’évalue à

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1cal. 4,18 J E = 1,66.10-27. (3.108)2 = 14,94.10-11 joule


X 4,58.10-12 J 1 MeV 1,6.10 -13 joule
E = 1,097.10-12 cal. x 14,94.10-11 joule
Quand à la formation d’une mole d’hélium, l’énergie succeptible de se dégager serait
E’ = .E 1u 933 MeV
E’ = 6,60.1011 cal = 6,60.108 Kcal
En MeV, 3.2 Stabilité des noyaux
1 MeV 1,6.10-13 J Si la formation d’une mole d’He s’effectue avec production d’énergie équivalente à 28,62
x 4,58.10-12 J MeV, sa dissociation se fait donc avec consommation d’énergie. Cette dernière est dite
énergie de liaison des nucléons ou énergie de cohésion du noyau. Cette énergie est le
E’ = 28,62 MeV résultat de l’intervention de certains facteurs. La conséquence est évidente cependant les
Comparée à l’énergie libérée par une réaction de combustion du charbon par exemple, la causes sont diverses et non unanimes. L’explication est loin d’être unique et claire. Les
quantité de combustible qui substituerait la formation de 4 g de He par fusion serait : chercheurs présentent chacun à son tour une théorie qu’elle lui semble convaincante.
94 Kcal 1 mole de charbon
6,60.108 Kcal x  Selon l’échange de pions : Yukawa en 1935 proposa que la cohésion du noyau est une
affaire d’échange de pions ou mésons. Ces particules agissent et assurent la liaison à de
x = 7021276,59 moles très courtes distances (< à 10-15 m). Le neutron libère un pion neutre ou un pion négatif.
Quand au proton il cède un pion positif selon les schémas suivants :
m = 7021276,59 moles x 12g.mol-1
m = 84255319 g Ē MeV Fe Courbe d’Aston
8,8
m = 84,25 tonnes n n + π0

L’énergie recueillie par la formation de 4g de charbon remplacerait la combustion de 84 n p + π-


fission
tonnes de charbon. L’intérêt énergique donné par le noyau qui a passionné un moment
+
donné l’humanité. L’exploitation de l’atome à des fins pacifique et militaire est devenu p n+π
une priorité des civilisations et une course aux différentes technologies au cours du 20é
fusion
siècle. En est-il le bon choix ?  Selon l’énergie de liaison moyenne :
Les problèmes posés par les centrales nucléaires en matière de contamination et de Aston trouva une relation entre la stabilité
pollution et l’effet de la destruction massive provoquée par l’armement nucléaire ont laissé et l’énergie de liaison moyenne Ē. Plus Ē
l’élite scientifique revoir ce point de vue. est élevée plus le noyau s’avère stable.
La raison pour laquelle la majorité des
L’énergie a pour unité le erg, le joule et la calorie, l’électron-volt et le méga-électron-volt. noyaux stables sont de taille moyenne
1 joule 107 erg (poids atomique moyen). La figure 23 56 A
1 cal 4,18 joule présente une courbe dont la stabilité
Figure 17 : Courbe de stabilité des noyaux
1eV 1,6.10-19 joule maximale tourne autour du noyau du fer
1 MeV 106 eV avec 8,8 MeV/nucléon. La raison pour
laquelle les éléments de masse atomique moyenne sont largement répartis dans la nature
L’équivalent énergétique à une masse aussi petite qu’une unité de masse atomique tel que l’oxygène, l’azote, le calcium, le magnésium, le néon le silicium (16O ,21Ne,28Si,
56
(« uma » ou « u » en abrégé) Fe …). Ce qui explique d’ailleurs la forte proportion de ces éléments dans la nature.
1 u = 1/  = 1,66.10-24 g
Si on assimile le défaut de masse à une masse équivalente à celle de l’u, l’énergie
équivalente calculée selon la relation d’Einstein est ;  Stabilité en fonction du nombre de protons et du neutron : l’étude a montré que les
noyaux dont les nombres de nucléons rapprochés sont les plus stables. Pour un rapport

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N/Z égal à 1 les noyaux sont stables et pour un rapport compris entre 1 et 1,5 les noyaux EXERCICES CORRIGES
sont peu stables et enfin les noyaux dont le rapport dépasse 1,5 se trouvent instables. Une
formulation analogue tient compte uniquement du nombre de charge, Z. Pour une valeur 2-1. 1) Indiquer le nombre de protons, de neutrons et d'électrons qui participent à la
de Z comprise entre 1 et 20 les noyaux sont stables. Peu stables sont ceux dont Z est composition des structures suivantes : 818O, 818 O2-, 1735Cl-, 2656Fe2+, 2040Ca, 2040Ca2+,
compris entre 20 et 83 et instables quand le nombre de charge est supérieur ou égal à 83. 32 2- 59 55
16 S , 28 Ni, 26 Fe.
Dans ce cas ces éléments sont radioactifs suite à l’excès des neutrons qui les rend très 2) Désigner celles qui présentent des isotopes ou des isobares. Qu’appelle –t-on les
instables. nucléides qui possèdent le même nombre de neutrons ?

 Il est montré par ailleurs que la stabilité N 2-2. Deux isotopes constituent l'élément brome: 79Br (50,54% et 78,9183 g. mol-1 ) et 81Br
du noyau est liée à la parité de Z et N. Figure 18 : courbe de stabilité (49,46% et 80,9163 g. mol-1). Déterminer sa masse molaire
Une étude statistique a donné 166 nucléides
stables avec N et Z tous les deux pairs. 57 2-3. L’antimoine présente deux isotopes dans la nature 121 Sb et 123 Sb. Sachant les masses
nucléides ont été trouvés stables ayant Z pair atomiques des isotopes et la masse atomique de l’élément calculer la répartition isotopique
et N impair et 53 nucléides stables avec Z dans la nature.
impair et N pair. Seulement 4 nucléides sont N = f(Z) On donne :
121
stables avec N et Z impairs. Sb : 120,9038u
N=Z 123
 En fin une dernière étude n’ayant aucune Sb : 122,9042u
logique, lie la stabilité aux nombres 8, 20, 50, Sb : 121,7600u
82 et 126 dits nombres magiques. Le nucléide
est stable si au moins un des nucléons coïncide 20 2-4. L'énergie libérée lors de la formation du noyau à partir des nucléons séparés au repos
avec un de ces nombres (tableau 2). est dite énergie de liaison. L'énergie de liaison par nucléon est voisine de 8 MeV pour la
majorité des nucléides. Le fer en a 8,8 MeV.
20 Z 1) Vérifier par vous-même cette valeur et comparer la à celle de l'uranium 235.sans
faire d’approximation.
2) Faites une étude comparative de stabilité des 2 noyaux
Fe (Z=26 ; masse du noyau de fer naturel 55,845 u)
Isotope Z N U (Z=92; masse du noyau d'uranium 235,234994 u)
Elément majoritaire masse du proton: 1,007276 u; du neutron:1,008665 u; de l'électron:0,000549 u

17 2-5. 1) Donner la composition des noyaux de l'iode 131 et de l'iode 123 (Z=53).
8O O 8 8
2) L'iode 123 est produit par réaction nucléaire entre des deutons 12 D de haute
39 énergie et du tellure 122Te. Ecrire l'équation correspondant à la réaction nucléaire.
19 K K 19 20 - Préciser les lois de conservation utilisées et donner la nature de la particule qui
90
accompagne la formation de l'iode 123.
40Zr Zr 40 50 3) Quelle doit être la caractéristique commune des deux isotopes de l'iode pour qu'ils
puisent être utilisés comme marqueurs ?
208
82Pb Pb 82 126 4) Calculer l'énergie de liaisons par nucléons pour chacun des deux isotopes. Comparer
Tableau 2: nombres magiques les valeurs trouvées à la courbe d'Aston et conclure.

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