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Abus de Confiance
Abus de Confiance
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préjudice des propriétaires, possesseurs ou détenteurs, soit des effets, des
deniers ou marchandises, soit des billets, quittances, écrits de toute
nature contenant ou opérant obligations ou décharges et qui lui avaient
été remis à la condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi
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déterminé, est coupable d'abus de confiance. ». Cette infraction contre
les biens, selon les divisions retenues par le code pénal, consiste en une
atteinte aux biens d'autrui. Cette atteinte se caractérise par le fait que le
possesseur de la chose remise à titre précaire se comporte comme le
véritable propriétaire de celle-ci. Usurpant les prérogatives du propriétaire,
la doctrine classique qualifiait le délit d'abus de confiance « d'interversion
des titres ».
Dans une approche comparative avec les infractions voisines, L'abus
de confiance présente un point commun avec les délits d'escroquerie et de
vol, en ce sens que les trois infractions consistent en des appropriations
frauduleuses de la chose d'autrui (V. Escroquerie, Vol).3 Ces ressemblances
fondent certaines similitudes de régime entre ces trois infractions. Ainsi,
au regard des règles applicables en matière de récidive, les trois délits
sont considérés comme une seule et même infraction; les règles de
l'immunité familiale sont applicables dans les trois cas. Cependant, au-
delà cette ressemblance, les qualifications se distinguent nettement. En
effet, le vol est caractérisé par la soustraction frauduleuse de la chose
contre le consentement de son propriétaire ; l'escroquerie implique
l'utilisation de moyens frauduleux pour tromper la victime et la déterminer
à remettre à l'escroc sa chose. L'abus de confiance est consommé par le
détournement d'une chose que l'agent détient légitimement, à titre
précaire, en vertu d'un contrat ou d'une disposition légale ou encore d'une
décision judiciaire.
2
Historiquement, La répression de l'abus de confiance a évolué au gré
des mutations législatives :
4 Ibid. p.p.18.
3
Apparemment le législateur marocain a été inspiré du droit romain
plus que le droit musulman afin d’élaborer un cadre juridique à l’abus de
confiance, résultat, DAHIR N° 1-59-413 DU 28 JOUMADA II 1382(26
NOVEMBRE 1962) PORTANT APPROBATION DU TEXTE DU CODE
PÉNAL, Bulletin Officiel n° 2640 bis du mercredi 5 juin 1963, p. 843. Plus
précisément les articles de 547 à 555.
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Afin de débattre cette problématique d’un point de vue à la fois
descriptive et analytique, il nous semble opportun de proposer le plan
suivant :
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Partie première : l’abus de
confiance : une atteinte à l’ordre
des affaires.
Il a été vu que les atteintes aux biens et à l’ordre des affaires
peuvent être frustes et réalisées simplement par soustraction « vol » ou de
manière plus astucieuse par tromperie « escroquerie ». Mais ces atteintes
peuvent aussi être réalisées par faiblesse, par des individus à qui une
chose ou un bien a été confié et qui vont se laisser tenter et détourner ce
bien. L’abus de confiance est le prototype des détournements, c’est une
infraction qui consiste, pour le coupable, à détourner ce bien en
connaissance de cause. Il convient de préciser d’abord les conditions
préalables avant de définir les éléments constitutifs proprement dits.
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Le délit d'abus de confiance suppose l'existence d'un contrat « l’acte
de remise » en vertu duquel « la chose objet de la remise » est remise.
Seules certaines choses sont énumérées par l'article 547. La remise de la
chose est détournée, dissipée avec l'intention de nuire à autrui.
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Sous-section 2 : la remise extracontractuelle.
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contrat ne doit pas emporter transfert de propriété. 7 Par exemple un
contrat de vente ne peut pas être un contrat concerné par ce délit puisque
la remise de la chose est définitive, la vente étant un contrat translatif de
propriété. En ce qui concerne la vente avec clause de réserve de propriété,
il n'y a pas de solution jurisprudentielle mais il semblerait que l'esprit de
cette clause soit de paralyser l'effet translatif de propriété, ce qui
permettrait d'envisager un abus de confiance.
L’acte est le lien d’obligation, prouvé selon les règles du droit civil ou
commercial, constituait une condition préalable à la qualification du délit,
tel que les actes de louage de choses, le dépôt , le mandat, le
nantissement, le prêt à usage, la remise en vue d’un travail salarié ou non
salarié… Le contrat de vente est exclus de cet énumération, car
l’acquéreur qui a reçu la chose du vendeur ne peut être poursuivi pour
abus de confiance même au cas où il n’honorerait pas ses engagements
de payer, il ne va pas de même de la situation inverse : Le vendeur qui
détient la chose en qualité de dépositaire lorsque l’acheteur l’a laissée
volontairement entre ses mains commet un abus de confiance s’il revend
la chose.
Mais qu’en est-il de détourner des informations ou idées ? Faut-il
obligatoirement que les détournements portent sur le support matériel ?
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Marchandise : choses susceptibles d’être vendues, des biens mobiliers.
Sont exclus les notions de services ou de droits qui ne peuvent faire objet
d’une remise, seul le titre constatant un droit pouvant être retenu.
Billets ;
Quittances ;
Ecrits contenant ou opérant obligation ou décharges.8
Il faut toutefois remarquer que s’agissant de l’abus de confiance, la
chose doit avoir été remise en vertu d’un titre et à charge d’être rendue,
représentée ou d’en faire un usage déterminé. Or, cette condition rend
peu probable la situation d’un abus de confiance sur une chose dénuée de
valeur.
Les immeubles sont exclus du champ de l’abus de confiance,
l’incompatibilité de tels biens avec l’abus de confiance étant une règle
classique car la propriété immobilière n’est pas exposée aux mêmes
dangers que la propriété mobilière. D’un point de vue positif, les meubles
sont donc concernés. Les fonds désignent l’argent, les valeurs, les bijoux,
lingots et valeurs mobilières. Quant aux bien quelconque, il s’agit de tout
objet mobilier ayant normalement une valeur marchande mais pas
forcément.
La question se pose ensuite de savoir si l’abus de confiance est
nécessairement limité aux meubles corporels.
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Sous-partie 2 : les éléments constitutifs.
A : Usage abusif.
9 Valérie Malabat, « Droit pénal spécial ». Hyper Cours Dalloz, 3eme édition 2007.
P96.
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B : Retard dans la restitution.
C : Refus de restituer.
D : Impossibilité de restituer.
E : Preuve du détournement.
10 Ibid. p98.
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Preuve libre, quelle que soit l'hypothèse envisagée, pour que les
poursuites puissent être engagées du chef d'abus de confiance, il faut que
soit rapportée la preuve d'un acte positif de détournement. La seule
constatation de l'absence de tout ou partie des choses remises ou une
présomption de détournement est insuffisante à établir l'existence de
l'infraction.
Section 2 : le préjudice.
Section 3 : l’intention
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devait normalement prévoir qu’elles l’empêcheraient de restituer en
temps utile.
Sous-partie1 : Répression du
délit
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discuter prochainement sous le volet de l’abus de confiance aggravé . En
droit pénal français l’abus de confiance est un délit puni de trois ans
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Le législateur marocain a retenu l’aggravation en deux cas
clairement mentionnés à la lecture des articles 549 et 550 du code pénal
marocain.
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dit, le nantissement est un contrat par lequel un débiteur remet un
bien meuble incorporel à son créancier pour garantir sa dette.
Le dépôt : est un acte par lequel on reçoit la chose d'autrui, à la
charge de la garder et de la restituer en nature.
Le mandat : est un contrat par lequel une personne, le mandant,
donne à une autre personne, le mandataire, le pouvoir de faire un ou
des actes juridiques en son nom et pour son compte.15
Sous-section 1 : la Tentative.
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Sous-section 2 : l’Immunité familiale
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Sous-partie 2 : critiques relaves
cadre législatif face aux
contentieux abordant
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Section 2 : critiques compte aux moyens limitativement
énumérés.
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En outre, on peut ajouter la sévérité des peins à titre comparatif
entre le législateur marocain et le législateur français. A titre d’exemple, la
peine peut être de dix ans d’emprisonnement et une amende de
1.500.000 euros. Alors qu’au Maroc l’emprisonnement ne peut dépasser
six ans avec un plan d’amende de 100.000 dirhams.
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