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AVANT-PROPOS

Le présent syllabus sert de support à l'enseignement du cours de droit fiscal et


permet de contribuer à une meilleure compréhension de la législation fiscale
applicable, à la fois aux personnes physiques et morales en République
Démocratique du Congo.

Il ne peut, si tant soit peu, apporter des réponses à toutes les questions. Plus
modestement, il offre à la réflexion quelques bribes de certitudes et surtout, obéit
au réalisme qui caractérise cette discipline.

Aussi, est-il conçu d'une manière pratique, complété par les études des cas qui
éclairent les développements théoriques.

Il fournit, par ailleurs à l'usage des étudiants les connaissances concrètes qui
leur seront demandées dans le monde professionnel. Il constitue en outre un
outil de gestion indispensable pour les agents ou cadres désireux d'acquérir les
notions essentielles de cette branche de droit et de s'ouvrir progressivement à
d'autres horizons scientifiques qu'exigent l'exercice de leurs responsabilités et le
déroulement de leur carrière.

Bref, ce syllabus aide le lecteur à anticiper et à mieux cerner certains problèmes


fiscaux qui pourraient se poser à lui. Car la fiscalité est aujourd'hui l'affaire de
tous. Dans le débat démocratique personne n'est indifférent à la manière dont les
impôts sont prélevés et les dépenses publiques effectuées.

Professeur Roger KOLA GONZE


Cours de Droit Fiscal/2005 2

PRINCIPAUX SIGLES & ABREVIATIONS

A. : Arrêté
A.D. : Arrêté Départemental
AM : Arrêté ministériel
Art. : Article
B.F.I. : Base Forfaitaire d'Imposition
BIC(Précompte): Bénéfice Industriel et Commercial (Précompte)
IF. : Impôt foncier
ICA : Impôt sur les Chiffres d'Affaires
CCL III : Code Civil Livre III
CNE : Centre National d'Expertise
ISCMH : Impôt sur la Superficie des Concessions Minières et
d'Hydrocarbures Franc Congolais
DGI : Direction Générale des Impôts
FC : Franc congolais
Ff : Franc fiscal
IPR : Impôt Professionnel sur les Rémunérations
IRL : Impôt sur le Revenu Locatif
IRM : Impôt sur le Revenu Mobilier
O.C.D.E. Organisation du Commerce et du Développement
: Economique
OFIDA : Office des Douanes et Accises
O.L. : Ordonnance-Loi
PME : Petites et Moyennes Entreprises
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
Cours de Droit Fiscal/2005 3

INTRODUCTION GENERALE
SECTION I: DÉFINITION DU DROIT FISCAL, SES SOURCES ET SA
PLACE DANS L’ORDONNANCEMENT JURIDIQUE

Par. 1. Définition du Droit fiscal et ses principes fondamentaux

A. Définition

Le mot "Fisc" d'où est tiré l'adjectif "fiscal" vient du latin "Fiscus" qui signifie
"Panier"1. Dans la Rome antique, il désignait une sorte de panier (ou de
corbeille) dans lequel on récoltait l'argent que les citoyens romains devaient
verser pour le compte du Roi.

Aujourd'hui, par le terme Fisc on entend "l'Administration chargée de la


perception des impôts "2 . Il désigne la même réalité que le terme « trésor
public » qui signifie l’ensemble de services dépendant du ministère des finances
ayant pour missions principales d’effectuer des opérations des recettes et des
dépenses des organismes publics et d’assurer la trésorerie de l’Etat3.

En outre, les impôts constituent de nos jours la ressource principale des Etats,
ainsi, pour éviter l'anarchie dans leur prélèvement, il existe dans chaque pays un
ensemble des lois et règlements qui régissent ce domaine, et le cours du droit
fiscal a pour objet d'élucider cette réglementation dont la technicité est de
notoriété publique.

Le droit fiscal peut donc être défini comme la science des règles juridiques qui
régissent les opérations de la détermination, la liquidation et le recouvrement des
impôts ainsi que celles des procédures y relatives.

L'étude de la Fiscalité est donc complémentaire à celle des Finances publiques


qui sont une science qui a pour objet "l'étude des moyens et techniques dont
disposent les personnes morales publiques pour se donner des ressources et
couvrir les dépenses nécessaires à leur vie"4.

B. Principes fondamentaux

1° Principes à portée constitutionnelle

- Principe de la légalité fiscale : Dans toutes les constitutions, il est reconnu


que c’est la loi qui établit l’impôt. Ainsi la constitution de transition dispose que
« la loi fixe les règles concernant (…) l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toutes natures (…) »5. D’où le principe « pas
d’impôt sans loi » C’est le sens même de l’article 13 de la déclaration
universelle de droit de l’homme. Cependant, il y a des restrictions à ce principe :

1
CLAUDE (de) et AUGE P., Dictionnaire encyclopédique, Larousse, Paris, 1959, p.411
2
Idem
3
G. CORNU, Vocabulaire juridique, 4e édition, PUF/QUADRIGE, Paris, 2003, p. 900
4
G. BAKANDEJA wa MPUNGU, op.cit, p.20
5
Constitution de transition du 04 avril 2003, art. 118 9 ème tiret, J.O. n° spécial du 05
avril 2003, p. 30
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d’une part, le gouvernement qui doit appliquer cette loi, et d’autre part, la
prolifération des taxes reconnues à l’administration dans le cadre de
l’intervention étatique.

- Principe d’ordre public : Les lois fiscales sont d’ordre public dans la mesure où
elles mettent en jeu les intérêts essentiels de l’Etat. Il découle de ce principe les
conséquences suivantes :
* L’interdiction pour l’administration de transiger sauf en vertu d’une disposition
spéciale et expresse du droit.
* Les lois fiscales s’imposent à tous, à commencer par l’administration fiscale
elle-même.
* L’administration ne peut renoncer au délai d’imposition, ni au temps écoulé
d’une prescription.
* La violation d’une disposition légale au cours du processus de l’établissement
de l’impôt entraîne la nullité de la cotisation établie.
* L’administration ne peut déroger à la loi par voie d’arrêté, de circulaire ou
d’instruction.

- Principe de l’égalité et de la non-discrimination : Ce principe fiscal


s’oppose à toute différence de traitement fiscal et notamment à celle qui serait
liée à la nationalité des personnes. Ce principe est à la base de la recherche de
la justice fiscale c'est-à-dire que tout le monde doit être égal devant l'impôt.

- Principe de nécessité de l’impôt : Ce principe est repris à l’art 13 de la


déclaration universelle des droits de l’homme qui précise que : « pour l’entretien
de la force publique et pour les dépenses de l’administration, une contribution
commune est indispensable ». Ce texte fonde en même temps la légitimité du
contrôle fiscal et de la répression en matière fiscale.

- Principe de l’annualité fiscale : Ce principe veut que l’impôt soit perçu


annuellement. Ceci s’explique par le fait que le budget qui prévoit la perception
de l’impôt est annuel. Mais souffre de certaines exceptions pour certains
prélèvements qui sont mensuels trimestriels et autres.

- Principe d’imposition en raison des facultés contributives du contribuable


:
D’après ce principe, la contribution doit également être répartie entre tous les
contribuables en raison de leurs facultés ou de leurs capacités contributives.

2° Principes sans valeur constitutionnelle

- Principe de territorialité de l’impôt : L’impôt est établi dans l’Etat où les biens
sont situés, où les activités sont exercées où les revenus sont réalisés.

- Principe de non-rétroactivité de la loi fiscale : Ce principe constitue un des


fondements de la sécurité juridique des sujets de droit fiscal. Mais, son
application n’est pas toujours prise en compte. La loi fiscale est parfois ainsi
rétroactive en ce qui concerne les impôts directs du seul fait que la loi des
finances initiale fixe un tarif de l’impôt applicable à des revenus qui ont pris
naissance au cours de l’année qui vient de s’écouler.
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- Principe du contradictoire : Le caractère contradictoire de la procédure


judiciaire s’applique en droit fiscal au delà de la phase juridictionnelle. Ce
principe s’applique également tout au long de la procédure du contrôle fiscal et
constitue une garantie importante pour le contribuable vérifié. A tout moment le
contribuable dont les déclarations sont contrôlées, doit avoir la possibilité de se
défendre et de répondre aux éventuelles notifications que l’administration se
propose de lui adresser.

- Principe de non bis in idem : Cela signifie qu’une même matière imposable
ne peut être frappée plus d’une fois dans le chef du même contribuable pour un
impôt de même nature.

Par. 2. Sources du droit fiscal

Comme toute discipline juridique le droit fiscal a comme sources principales :

1° Les lois et règlements

Les lois et règlements en matière fiscale sont compilés par la DGI dans un
document appelé « code des contributions » (aujourd’hui, il faut l’appeler code
des impôts). L’essentiel des impôts contenus dans ce code ont été édictés, par
ordonnances-lois, lors de la réforme fiscale de 1969. Depuis lors, elles ont
connues plusieurs modifications de même que les textes réglementaires pris
comme mesures d’application en raison du dynamisme de la matière. Ceci
explique pourquoi le « code des contributions » a été plusieurs fois mis à
jour dont la dernière date de 1989 alors que plusieurs autres modifications ont
été opérées. D’où la nécessité d’une nouvelle mise à jour.

2° La doctrine

Sur le plan national la doctrine en matière fiscale fait grièvement défaut. Les
quelques rares publications nationales ont été complétées par celles d’autres
pays, notamment belges et françaises, les principes étant les mêmes.

3° La jurisprudence

Tout comme la doctrine, la jurisprudence dans le domaine fiscal est également


rare, du moins depuis l’indépendance du pays. Ainsi, le recours aux décisions de
justice de l’époque coloniale appliquant des dispositions encore en vigueurs ou
aux jurisprudences belges et françaises a été utile.

4° Les principes généraux de Droit

Plusieurs principes généraux de droit applicables en matière fiscale, tels que


« non bis in idem », « in dubio contra fiscum », ont servi également de source.
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Par. 3. Place du droit fiscal dans l’ordonnancement juridique

La place du Droit fiscal dans l’ordonnancement juridique s’analyse au


travers les grandes subdivisions du droit écrit qui sont : le droit
international et le droit national.

1° Le droit national. Il comprend :

a) Le droit national public. Celui-ci poursuit un double objectif :

* Régler l’organisation et le fonctionnement de l’Etat. Cet objectif est


poursuivi dans les banches suivantes :

- Droit constitutionnel qui fixe les structures politiques de l’Etat, c’est à dire, celles
des organes politiques ou dirigeants et les structures géographiques.

- Droit administratif qui règle le fonctionnement de l’administration et des


pouvoirs publics, c’est à dire les activités des organes administratifs ou des
organes exécutants.

* Régler les rapports entre l’Etat et les particuliers. Dans cette sous branche,
on peut citer :

- Droit fiscal qui réglemente la façon l’Etat devrait percevoir des impôts ;
- Droit pénal qui régis la façon dont les pouvoirs publics devraient réprimer les
infractions …

2° Le droit international.

Il comprend à son tour :

a) Le droit international public qui règle les rapports entre les différents Etats en
fixant les droits et les devoirs de chacun d’eux les uns envers les autres ;

b) le droit international privé qui réglemente les rapports entre les particuliers de
nationalité différente.

On distingue le droit international privé proprement dit qui règle les rapports de
nature purement civil et d’autres branches plus spécialisées tels que le droit du
commerce international, le droit international du travail, le droit fiscal
international…

SECTION 2 : HISTORIQUE ET EVOLUTION DE L'IMPOT

Par. 1. Historique de l’impôt

L'impôt ne date pas d'aujourd'hui. Sa naissance est liée à une certaine forme de
société étatique. Le texte le plus ancien traitant de l'impôt est situé au troisième
millénaire avant Jésus-Christ, à l'époque sumérienne, brillante civilisation qui
servit de point de départ à l'empire babylonien6.

6
TROTABAS et J.M. COTTERE, Droit Fiscal, 3ème édition, Dalloz, Paris, 1987, p.343
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Plusieurs années avant J.C. les romains prélevaient déjà l’impôt si bien que ce
dernier a pu dire donner à César ce qui est à César.

Voir l’origine de l’impôt sur les revenus

Par. 2. Evolution de l’impôt

Dans le temps antique, l'impôt était considéré comme un attribut de la puissance


du prince, fondé sur les droits régaliens7. La notion de l'impôt a évolué en même
temps que celle de l'Etat8.

Sous l'empire romain et sous la deuxième dynastie de Pharaon en Egypte,


l'impôt a été utilisé surtout dans un but militaire c'est-à-dire pour supporter les
dépenses des armées.

Ensuite dans la phase libérale classique, l'Etat considérait les impôts comme un
mode exceptionnel de couverture des dépenses publiques. Il était neutre dans
les affaires économiques et sociales et ne s'occupait que des tâches essentielles
comme la Police, la Diplomatie, … L'impôt aussi était marqué par ce caractère
de neutralisme et n'avait qu'un rôle financier à jouer, du reste limité aux seules
dépenses publiques nécessaires.

Mais, depuis la fin du 19èS, avec le passage de l'Etat gendarme à l’Etat


providence, l’impôt n’a plus seulement une importance financière et politique
mais aussi économique et sociale. Cette irruption de la fiscalité dans les
domaines économiques et sociaux s’est accompagnée non seulement de
l’évolution de la notion d’impôt mais aussi d’un perfectionnement de l’outil fiscal,
si bien qu’on a débouché sur des véritables systèmes fiscaux d’une grande
complexité.

SECTION 3 : DEFINITION DE L’IMPOT, SES ELEMENTS, SES PRINCIPES


ET SES CLASSIFICATIONS.

Par. 1. Définition de l’impôt

Les auteurs proposent plusieurs définitions de l’impôt selon que l’on met l’accent
sur l’un de ses aspects.

Mais la définition classique est celle de Gaston Jeze, l’un des plus grands
financiers du 18è siècle que les auteurs modernes n’ont jamais contredit sur le
plan de fond.

Il définit l’impôt comme étant « une prestation pécuniaire requise des


particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue
de la couverture des charges publiques »9.

7
TROTABAS et COTTERE J.M.,op.cit, p.7
8
G. BAKANDEJA wa MPUNGU, Droit des finances publiques, Ed. Noraf, Kinshasa,
1997, p.59
9
Jeze Gaston, Cité par. DUVERGER M., Finances publiques, 11ème édition, PUF, Paris,
1988, 125
Cours de Droit Fiscal/2005 8

Eu égard à l'évolution de cette notion d'impôt, la définition de Gaston Jeze ne


peut être acceptée aujourd'hui que moyennant quelques retouches :

- En parlant d'une prestation pécuniaire requise des particuliers, l'auteur ne


voyait comme contribuables que les individus, or il s'avère aujourd'hui que l'impôt
est requise non seulement des individus (personnes physiques) mais aussi des
personnes morales de droit privé et parfois de droit public;

- Les fiscalistes modernes se souciant de la justice fiscale estiment que la


prestation pécuniaire doit être requise en fonction de la capacité contributive du
contribuable;

- Lorsque Gaston Jeze dit que l'impôt est payé "sans contrepartie". Cette
affirmation est partialement correct. Ainsi, sans le contredire sur le fond nous
estimons qu'il faut ajouter une précision à cet élément de la définition car dans
une certaine mesure, l'impôt comporte toujours une contrepartie. En effet, en
payement de l'impôt, le contribuable bénéficie en contrepartie (de la part des
pouvoirs publics) de la sécurité et de bien d'autres services publics, seulement,
cette contrepartie n'est pas déterminée et il n'y a pas proportionnalité entre le
service reçu et l'impôt payé;

- Si au 19è siècle l'impôt était uniquement payé "en vue de la couverture des
charges publiques" mais, certains impôts modernes servent surtout d'instrument
d'interventionnisme de l'Etat dans la vie économique et social. Il faut donc tenir
compte de cet aspect dans la définition.

Après ces mises au point, nous pouvons définir l'impôt comme « une
prestation pécuniaire requise de personnes physiques ou morales de droit
privé voire de droit public, d'après leurs facultés contributives par voie
d'autorité; à titre définitif et sans contrepartie déterminée en vue de la
couverture des charges publiques ou à des fins d'interventionnisme de
l'Etat ».

Par. 2. Eléments de l'impôt

L'examen de cette définition montre qu'en dépit du caractère mouvant et évolutif


que présente la notion de l'impôt, celle-ci s'organise toujours autour de quelques
éléments stables. A savoir :

- L'impôt est une prestation pécuniaire :


A travers cet élément, nous notons que l'impôt est toujours payable en argent et
se distingue des autres prestations en nature comme les réquisitions qui peuvent
aussi être exigées des citoyens.

- L'impôt est payé d'après les facultés contributives :

Cet élément veut dire que le contribuable doit payer l'impôt en fonction de ses
capacités et en fonction des charges supportées.
Cours de Droit Fiscal/2005 9

- L'impôt est payé par voie d'autorité:

Cet élément met en évidence le caractère forcé de l'impôt. Il s'agit d'un


prélèvement imposé par l'Etat au moyen de son pouvoir de contrainte et non
d'un prélèvement volontaire.

- L'impôt a un caractère définitif :

En principe, le contribuable ne se verra jamais restituer l'argent de l'impôt à


l'exception des cas de double imposition et d'erreur matérielle.

- L'impôt est payé sans contrepartie :

Sans doute, le contribuable bénéficie de la sécurité, de l'assurance et d'autres


avantages que lui procure l'existence de l'Etat, mais il n'y a aucune proportion ni
relation directe entre les avantages reçus et l'impôt.

- L'impôt est payé en vue de couvrir les charges publiques ou à des fins
d'interventionnisme de la puissance publique.

Cela signifie que l'impôt sert non seulement à financer les services traditionnels
mais permet aussi à l'Etat d'intervenir dans la vie économique et sociale.

Par. 3. Principes de l'impôt

L'établissement de l'impôt doit respecter certains principes traditionnels dont :

- La justice : La contribution d'un citoyen aux dépenses publiques doit être


proportionnée à "ses facultés contributives"10. C'est-à-dire qu'elle doit être
proportionnée aux revenus dont il jouit sous la protection de l'Etat.

- La certitude : L'impôt doit être certain et non arbitraire, ce qui veut dire que
l'époque, le mode de perception et le taux doivent être déterminés à l'avance.

- La commodité : L'impôt est commode lorsqu'il est prélevé à l'époque et suivant


les modalités les plus favorables pour le contribuable.

- L'économie : L'impôt doit être établi de manière à retirer des poches des
contribuables aussi peu que possible au-delà de ce qu'ils gagnent.

Par. 4. Classifications d’impôt

La classification traditionnelle est celle qui est faite entre l’impôt direct et l’impôt
indirect.

Cette classification est traditionnelle et malgré son ancienneté et ses multiples


justifications, elle conserve une valeur pratique, bien qu'elle ne soit pas
scientifique. D'où la difficulté de distinguer facilement la contribution directe de la
contribution indirecte.

10
G. BAKANDEJA wa MPUNGU, op.cit, p.60
Cours de Droit Fiscal/2005 10

Certains auteurs ont tenté de les définir. Ainsi pour COZIAN : l'impôt direct est
celui "qui est assis sur des données constantes, revenu ou capital, ce qui en
permet la perception à intervalles réguliers, une fois par an en principe" tandis
que l'impôt indirect lui, "porte sur les faits intermittents, les dépenses et sa
perception se produit tout au long de l'année".11

Pour le Professeur Mathias BUABUA wa KAYEMBE : l'impôt direct est celui dont
la charge demeure définitivement supportée par celui qui en est assujetti, le
contribuable n'ayant pas la possibilité de la répercuter sur autrui tandis que
l'impôt indirect est celui dont la charge est répercutée sur autrui.12

Il faut reconnaître qu'en pratique il n'est pas aisé de déterminer les impôts direct
et indirect quand on sait qu'à l'heure actuelle tout impôt peut être répercuté sur
un sujet de droit autre que le contribuable, légalement ou illégalement.

Nous estimons que la meilleure distinction entre ces deux types d'impôt devrait
s'apprécier au regard d'un certain nombre des critères. Notamment :
A travers le critère de l'incidence ou de la répercussion légale : « est considérée
comme contribution directe; celle qui ne peut être légalement répercutée
dans le prix » parce qu'elle est en droit, supportée et payée par la même
personne, tandis que : « est considérée comme contribution indirecte celle
qui est légalement répercutable dans les prix de tel sorte que c'est
l'acheteur ou les acheteurs successifs qui en droit, la supportent ». Cette
distinction est peu satisfaisante parce que les règles de l'incidence sont
très incertaines.

A travers le critère de recouvrement, certains auteurs affirment que, la


contribution indirecte est celle qui est perçue sans intervention du rôle nominatif,
par contre, toute contribution perçue par voie de rôle nominatif est la contribution
directe. Cette opposition pose également des problèmes dans la mesure où il y a
des contributions directes sans rôle nominatif. A titre d'exemple : la retenue à la
source ou le stoppage à la source de la contribution professionnelle sur les
rémunérations.

A travers le critère de la matière imposable, la distinction est déterminante


en ce sens que les contributions directes atteignent périodiquement ou
annuellement une matière imposable permanente qui se renouvelle
régulièrement, tandis que les contributions indirectes sont intermittentes et
n'atteignent que des simples faits (faits de production, de consommation
ou d'échange ou tout simplement la dépense). Autrement dit, les
contributions directes atteignent la richesse en soi, acquises ou en voie
d'acquisition. Tandis que les contributions indirectes atteignent des
opérations ou des actes qui se rapportent à la richesse, à son mouvement
ou à son utilisation.

En résumé, la contribution directe correspond au verbe "être" ou au verbe


"avoir", la contribution indirecte au verbe "faire".

11
. COZIAN M, Précis de Fiscalité des entreprises, CITEC, XIè Ed, Paris, 1991, p.2
12
. BUABUA wa KAYEMBE M, Traité de Droit Fiscal Zaïrois, PUZ, Kin, 1993, p.19
Cours de Droit Fiscal/2005 11

SECTION 4 : DIFFÉRENCE ENTRE L'IMPÔT ET LES AUTRES RESSOURCES DE


L'ETAT

Par.1. Différence entre l'impôt et l'emprunt

La différence essentielle réside dans le fait que l'impôt est un prélèvement


définitif tandis que l'emprunt fait l'objet d'un remboursement au prêteur, parfois
avec intérêt.

Par. 2. Différence entre l'impôt et la taxe administrative

Le terme taxe est fréquemment employée dans un sens impropre. Ainsi l'on parle
parfois de la taxe sur le chiffre d'affaires ou de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
alors qu'il s'agit des impôts.

En fait, la taxe est le prix payé par un usager pour un service précis et déterminé
qui lui est rendu par la collectivité publique ou tout au moins mis à la disposition
du redevable. (Exemple : Taxe sur les ordures). C'est aussi "une rémunération
pour service rendu (…)"13, d'où le surnom de taxe rémunératoire donné à
certaines taxes.

A. Caractéristiques communes entre l'impôt et la taxe :

- l'impôt tout comme la taxe est un prélèvement pécuniaire opéré sur les
individus pour le besoin d'intérêt public;
- les deux prélèvements sont perçus par voie de contrainte;
- l'un comme l'autre est normalement établi par la loi;
- les deux ont un caractère commun : le caractère unilatéral c'est-à-dire aucun
consentement n'est demandé ni au contribuable ni à l'usager.

B. Différence entre l'impôt et la taxe

- La taxe est liée à la prestation d'une contrepartie, de ce fait son importance doit
normalement être proportionnelle à celle du service rendu.
- Le caractère parfois non obligatoire de la taxe donne au redevable la liberté
d'utiliser ou non le service qui lui est offert.

Par. 3 Différence entre l'impôt et la taxe parafiscale

Si les taxes parafiscales sont "des prélèvements opérés sur leurs usagers par
certains organismes publics ou semi-publics, économiques et sociaux en vue
d'assurer entre autres le financement autonome"14, (Ex : INPP, Syndicat); elles
ont le plus souvent un caractère absolument obligatoire en ce sens que tout
redevable ne peut s'y soustraire. D'autre part, il n'y a pas de proportionnalité
entre la redevance payée et le service rendu.

13
DUVERGER M., Finances Publiques, P.U.F., Paris, 1975 p.109
14
DUVERGER M. (1985), op.cit, p.109
Cours de Droit Fiscal/2005 12

Les avantages sociaux ne sont pas donnés en principe en fonction du montant


de la cotisation payée, mais de besoins exprimés. D'après la définition retenue
par certaines lois financières étrangères, sont considérées comme taxes
parafiscales, celles qui sont perçues dans un intérêt économique ou social au
profit d'une personne morale de droit privé ou public autre que l'Etat, ou les
collectivités territoriales. La taxe parafiscale se rapproche comme son nom
l'indique, du prélèvement fiscal en ce sens qu'elle ne correspond pas
nécessairement à un service rendu et elle est obligatoire. Mais à la différence de
l'impôt et de la taxe administrative, elle est souvent instituée au profit
d'organismes publics ou privés par voie réglementaire.

Par. 4. Différence entre l'impôt et les revenus domaniaux

Les revenus domaniaux sont nombreux (revenus des immeubles publics,


redevance d'occupation du domaine public, …). Ces revenus sont suivant le cas
affectés au budget de l'Etat, au budget des collectivités locales ou à celui des
entreprises publiques. Mais quelque soit leur destination, les tarifs de ses
ressources sont fixés par l'Etat et à quelques exceptions près, leur perception est
effectuée selon les prérogatives et les sanctions du droit public (c'est-à-dire par
décision unilatérale et par voie de contrainte). Par ailleurs, l'impôt ne fait pas
l'objet d'une affectation spéciale comme le sont les revenus domaniaux.

Par.5. Différence entre l'impôt et la redevance

La redevance est la rémunération pour service rendu mais qui n'est due que si la
contre-prestation est effectivement utilisée par le redevable et non pas
seulement mise à sa disposition. C'est le cas des redevances téléphoniques, de
droits d'inscription dans des universités publiques…

Par.6. Différence entre l'impôt et les cotisations de la sécurité sociale.

Les cotisations de la sécurité sociale ne sont ni des impôts, car elles sont
perçues au profit d'organismes publics, semi-publics ou privés, ni des taxes
parafiscales dans ce sens qu'elles ne peuvent être instituées que par la loi.

SECTION V. PLAN DU COURS

Les grandes subdivisions de ce syllabus sont les suivantes :

Ière Partie : Les Impôts prévus dans la législation fiscale congolaise

IIe Partie L’exercice du pouvoir fiscal en RDC


Cours de Droit Fiscal/2005 13

PREMIERE PARTIE :
IMPOTS PRÉVUS DANS LA LÉGISLATION FISCALE CONGOLAISE

Cette partie comprend 2 titres :

Titre 1er CONTRIBUTION DIRECTE

La contribution directe est divisée à son tour en contribution réelle (chapitre I) et


contributions cédulaires sur les revenus (chapitre II).
Cours de Droit Fiscal/2005 14

Chapitre 1 : CONTRIBUTION REELLE

La contribution réelle est une contribution qui s'applique à un bien du fait qu'il existe
et qu'il est source de revenus sans considération de la personne qui la supporte. Elle est
régie par l'ordonnance-loi n°69/006 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée
notamment par :
L’O-L du 5.12.1969
L’O-L du 23.12.1970
L’O-L du 09.01.1975
L’O-L du 04.10.1987
Le décret-loi n°111/2000 du 19 juillet 2000

La contribution réelle comprend donc trois impôts distincts :


La contribution foncière;
La contribution sur le véhicule ou la vignette et
La contribution sur la superficie des concessions minières et d'hydrocarbure.

Section 1ère : Contribution foncière

La contribution foncière semble avoir été le tribut payé à la communauté par le détenteur
de la terre pour acquérir le droit de jouissance exclusive d'une chose commune. Elle frappe
la jouissance d'un bien immobilier ou sa propriété. C'est donc une contribution sur la
propriété immobilière qui ne doit pas être confondue avec la contribution sur le revenu
locatif (revenu immobilier).

Il sera question dans cette section de la matière imposable de la contribution foncière (§1)
des personnes imposables et celles exonérées (§2) et de quelques cas pratiques qui se
posent en rapport avec cette contribution (§3).
Cours de Droit Fiscal/2005 15

§1. Matière imposable

La matière imposable est "l'élément économique dans lequel l'impôt prend sa source
directement ou indirectement"15, cet élément peut être un bien, un revenu ou une
transaction. Dans le cas d'espèce, la matière imposable est un bien car elle porte sur un
fonds, bien qu'appartenant à l'Etat mais en raison d'un droit réel dont le contribuable
dispose, soit sur une propriété bâtie ou une construction, soit sur une concession non
bâtie. C'est ce que confirme la loi fiscale en précisant que la contribution foncière est
assise sur deux bases : "Les propriétés foncières bâties" et "les propriétés foncières non
bâties"16. Notons que l'expression "propriétés foncières non bâties" est incorrecte parce
que selon "la loi foncière" le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de
l'Etat17. L'Etat est donc l'unique propriétaire foncier, les particuliers ne peuvent avoir qu'un
droit réel de jouissance sur le sol appartenant à l'Etat appelé "concession". Ainsi nous
préférons le terme concession en lieu et place des "propriétés foncières non bâties". Quid
alors des propriétés bâties? Ce terme fait allusion au "bâtiment" mais le législateur n'en a
pas défini. D'après LITTRE, le terme bâtiment pris dans son sens propre et plus restreint
désigne "une construction servant à loger soit l'homme, soit la bête ou la chose "…, il ne
comprend pas les constructions qui ne sont pas destinées au logement18. Le professeur
AZAMA par contre fait une application plus extensive et estime qu'il faut considérer les
propriétés bâties comme non seulement les bâtiments dans le sens propre du terme
(maison d'habitation) mais aussi comme des éléments que la loi leur assimile (usines,
réservoirs, installations industrielles)19. Cette interprétation que nous appuyons est
conforme à celle de la loi fiscale belge qui assimile aux bâtiments, "des ouvrages, des
constructions ainsi que des installations (…) tels que les pompes à essence, les
palissades, les abris préfabriqués, les usines, (…)20. La matière imposable à la contribution
foncière a connu 3 moments forts :

I. Régime antérieur en 1987

I.1. Régime proprement dit


Avant le 04 octobre 1987, la contribution foncière était régie par l'ordonnance-loi du 05
décembre 1969 précitée telle que modifiée et complétée par l'ordonnance-loi n°77/016 du
25 juillet 1977. A travers ce système, la contribution foncière était assise sur :

La superficie de terrain bâti


La superficie de terrain non-bâti

La base imposable de la contribution foncière était obtenue par le calcul de la superficie


légalement définie. Les agents de l'administration fiscale devraient connaître par mesurage
la superficie initiale et celle des modifications éventuelles. Le taux variait en fonction du
rang de la localité où se trouvait les biens immobiliers imposés et était fixé en zaïre-
monnaie par mètre-carré.
Ex. le taux était de 150z/m² de superficie des immeubles situés dans les localités du 1 er
rang. Ainsi pour un contribuable qui a dans la commune de la Gombe (localité de 1 er rang)

15
NGUYEN CHANH TAM, Ph. DARTOU ET C. SIMON, Lexique de Droit des affaires
zaïrois, CNRP, Kin, 1972, p.178
16
O-L n°69-006 du 10 février 1969 portant contribution réelle, art 1er (code des
contributions, mise à jour de 1989)
17
Loi n°73/02 du 20 juillet 1973 dite Loi foncière, art 53
18
LITTRE, Cité par Jacques de Surey, Droit de l'urbanisme et de l'environnement, T.I.,
Bruylant, Bruxelles, 1974, p.275
19
AZAMA LANA, Droit fiscal zaïrois, CADICEC, Kinshasa, 1986, p.9
20
JACQUES DE SUREY, op.cit, p.276
Cours de Droit Fiscal/2005 16

à Kinshasa une habitation de 120m² et une cuisine de 20m², le calcul de la contribution


foncière était de (120m²+20m²)x150z=21.000z.

La contribution foncière était recouverte par voie de rôle nominatif et s'obtenait sur base de
régime déclaratif suivi d'une vérification de la conformité de la déclaration. A cette époque,
la contribution foncière reposait sur une base objective : superficie de la construction ou de
la parcelle et la localisation géographique ou encore le degré d'urbanisation du lieu
déterminé en fonction des infrastructures routières des équipements de téléphone, …

I.2. Justification de l'abandon de ce régime

Plusieurs justifications ont milité en défaveur de ce régime. On cite notamment :


les difficultés de mesurage,
l'insuffisance du personnel,
l'incompétence des agents,
l'insuffisance de moyen financier,
le faible rendement
la fraude selon qu'il s'agissait des arrangements entre les agents de l'administration fiscale
et certains contribuables susceptibles de sous-estimer ou de surestimer les superficies
imposables.
les menaces de contribuables puissants. Il semble que les propriétaires militaires et
politiques menaçaient les agents chargés de vérifier les superficies déclarées.
l'accès difficile de certaines communes était devenu courant à la suite des érosions et de
l'absence des routes.
Cours de Droit Fiscal/2005 17

II. Régime du 04 octobre 1987

II.1. Système en vigueur en 1987

L'Ordonnance-loi n°87/75 du 04 octobre 1987 a instauré un système d'imposition


forfaitaire. La matière imposable est restée la même et les rangs de localité n'ont pas
changé. L'innovation de cette ordonnance-loi était d'avoir fixé le taux forfaitaire en fonction
de rang de localité, abstraction faite de l'étendue de la matière imposable. A titre
d'exemple, la contribution foncière annuelle était fixée à 150.000z pour toutes les villas
situées dans les localités dites de 1er rang quelques soient leurs superficies.

II.2. Avantages et inconvénients de ce système

a) les avantages du régime de forfait

Ces avantages sont notamment :


la réduction des travaux et l'observation d'une économie de temps,
dans l'évaluation forfaitaire, le recouvrement n'exige pas beaucoup de compétence,
les manœuvres de tricherie sont réduites,
les recettes attendues sont connues à l'avance dans la mesure où il suffirait de localiser le
terrain pour appliquer le forfait retenu pour la dite localité.

Ce système arrangeait donc l'administration fiscale car elle n'était pas suffisamment
outillée pour procéder au mesurage; et même si elle devait recourir au service de cadastre,
ce dernier ne disposait pas d'agents en nombre suffisant et compétents.

b) Les inconvénients de ce régime

D'une façon générale, ces inconvénients tournent autour des points ci-après :
les forfaits ne tiennent pas compte de la capacité contributive du contribuable. A titre
d'exemple : une villa de 150m² située dans la localité de 1er rang ne signifie pas que son
propriétaire est plus riche que celui qui a un château de 500m² ou un immeuble de
plusieurs niveaux dans la localité de 4ème rang;
les forfaits ne tiennent pas compte de charges d'entretien et des amortissements
nécessaires, au renouvellement;
les forfaits ne prennent pas en considération l'évolution rapide du coût de matériel de
construction en vue des abattements appropriés;
les forfaits n'améliorent pas nécessairement le rendement de la contribution foncière dans
la mesure où leur injustice pousse les contribuables à l'érosion fiscale;
les forfaits s'adaptent tardivement à la détérioration de la valeur de la monnaie autrement
dit, ils ne suivent pas le rythme de l'inflaion. Le forfait favorise la paresse des agents de
l'administration fiscale.

III. Période postérieure à 1997

Eu égard aux multiples inconvénients du système de forfait que nous venons de


développer, une petite correction a été apportée au système d'imposition de la contribution
foncière par l'arrêté ministériel n°020 du 08 octobre 1997 modifiant certaines dispositions
en matière de contribution réelle, laquelle a été confirmée par le Décret-loi n°111/2000 du
19 juillet 2000. Ce système qui est actuellement en vigueur prévoit une imposition mixte :
Les villas sont imposables par mètre carré de superficie et
Cours de Droit Fiscal/2005 18

Les autres constructions et terrains restent imposables forfaitairement21


Dans les deux cas, les taux sont fixés en fonction du rang de localité.

III.1. Classement des localités22

Conformément à la loi, c'est le ministre des finances qui détermine par arrêté, en fonction
de l'évolution socio-économique les différentes localités23. Ainsi, l'arrêté ministériel
n°019/CAB/MIN/FIN/97 du 08 octobre 1997 a complété et modifié le dernier classement
des localités fixé par l'arrêté départemental n°049/CAB/MIN/FIN/87 du 28 octobre 1987
comme suit :

III.1.1. Localités dites de premier rang

A) Ville de Kinshasa

Commune de la Gombe : Tous les quartiers;


Commune de Limete : Tous les quartiers, à l'exclusion des quartiers Mombele, Mussos,
Salongo et Kingabwa village
Commune de Ngaliema : Les quartiers Ma-Campagne, IPN, Binza Pigeon, Monts Fleuris,
Avenue des Ecuries, quartier Mampeza, quartier Golf, quartier Mimoza, quartier Utexafrica,
quartier G.B. & Baramoto, quartier Chanic & environs
Commune de Barumbu : quartier Bon-Marché (de l'avenue de l'Aérodrome jusqu'au pont
Bitshaku Tshaku);
Commune de Lemba : quartier Gombele.

B) Autres provinces
Bas-Congo : Matadi : quartier Soyo (ville haute), Centre commercial (ville basse)
Katanga : Lubumbashi : Commune de Lubumbashi
Sud-kivu : Bukavu : Commune d'Ibanda
Nord-kivu : Goma : Centre commercial et résidentiel, quartier Himbi
Kasaï-oriental : Mbuji-Mayi : quartier Miba
Province orientale : Kisangani : Commune Makiso, quartier industriel Tshopo, quartier
Mangobo

C) Les aéroports internationaux et les ports maritimes

III.1.2. Localités dites de deuxième rang

A) Ville de Kinshasa

Commune de Matete : quartier des Marais,


Commune de Lingwala : quartier Boyata, quartier Golf,
Commune de Lemba : Camp riche, cité Salongo,
Commune de Selembao : Cité Verte, quartier Ngafani I (500m de la grande route à partir
de l'avenu de l'école, jonction avec l'avenue Lilas), quartier Ngafani II (500m de la grande
route à partir de l'habitat jusqu'au début Cité Verte).

21
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 13 tel que modifié par le décret-loi
n)111/2000 modifiant et complétant l'O-L n°69-006 du 10 février 1969 relative à la
contribution réelle, art 1er .
22
Arrêté ministériel n°019/CAB/MIN/FIN/97 du 08 octobre 1997, art 1er
23
Loi n°83-004 du 23 février 1983 modifiant et complétant certaines dispositions de l'O-
L n°69-009 du 10 février 1969, art.5
Cours de Droit Fiscal/2005 19

Commune de Mont Ngafula : Cité Maman Mobutu, quartier Mama Yemo (1,50km de la
grande route depuis le triangle jusqu'au domaine Liyolo), quartier Munongo (300m de la
grande route), quartier Masanga Mbila (1,50km de la grande route depuis domaine Liyolo
jusqu'à l'avenue des écologistes).
Commune de Kintambo : quartier Jamaïque et centre commercial
Cours de Droit Fiscal/2005 20

B) Autres provinces

Bas-Congo : Matadi : commune de Matadi,


Orientale : Bunia (centre commercial), Isiro (quartier raquette)
Nord-kivu : Goma : Butembo (centre commercial,quartier M.G.L.), Beni (centre
commercial), quartier Boeken.
Equateur Gbadolite (centre ville), Mbandaka (centre ville).
Katanga : Lubumbashi : Commune de Kampemba
Likasi : centre ville
Kolwezi : centre ville
Bandundu : Kikwit : commune de Kikwit; Plateau et ville basse
Kasai-occidental : Kananga : quartier Kananga II, quartier industriel, centre ville.

C) Les ports fluviaux de Kinshasa et de Kisangani

III.1.3. Localités de troisième rang

A) Ville de Kinshasa
Commune de Kalamu : Tous les quartiers;
Commune de Kasa-Vubu : tous les quartiers, à l'exception de ceux repris aux 1er et 2ème
rangs et le camp Luka;
Commune de Limete : quartier Musoso;
Commune de Lemba : tous les quartiers, à l'exception des quartiers Gombele, Camp Riche
et Salongo;
Commune Bandalungwa : Tous les quartiers
Commune de Kinshasa : tous les quartiers;
Commune de Barumbu : Tous les quartiers, à l'exception du quartier Bon Marché;
Commune de Lingwala : Tous les quartiers, à l'exception des quartiers Boyata et Golf;
Commune de Matete : tous les quartiers, à l'exception du quartier des Marais;
Commune de Ngiri-Ngiri : Tous les quartiers;
Commune de Masina : quartier Sans fil;
Commune de N'djili : quartiers 1, 2, 3, 4, 7 et 12;
Commune de Mont Ngafula : tous les quartiers à l'exception des quartiers Mama Yemo et
Cité Maman Mobutu.
Les autres ports et aéroports aménagés en matériaux durables.

B) Autres provinces

Bas-Congo : Mwanda (1km à partir du littoral), Mbanza-Ngungu, Inkisi, Boma (commune


de Nzadi);
Sud-kivu : Uvira : quartier Mulongwe, Bukavu : communes de Bagira et Kadutu;
Nord-Kivu : Goma (quartier Katindo gauche);
Maniema : Kindu (centre ville), Kalima : (cité Kalima)
Katanga : ville de Kipushi, Kamina/ville, Kalémie et Lubumbashi (commune de Rwashi).
Bandundu : ville de Bandundu (quartier Salongo), kikwit (à l'exception de la ville Basse et
du plateau);
Kasaï-occidental : Kananga : quartier Bianchi, Ilebo et Tshikapa;
Kasaï-oriental : Mbuji-mayi nouvelle ville et commune de Bimpemba (à l'exception du
quartier Miba), Mwene-ditu, centre ville, Lusambo, Ngandajika, Kabinda et Lodja;
Equateur : Bumba (centre commercial), Boende (centre commercial), Basankusu (centre
commercial) et Mbandaka (à l'exception du centre ville); Gemena (centre ville);
Orientale : Bunia (quartier de Nyakasanza), quartier Yabiyaya et quartier Mujipela.
Cours de Droit Fiscal/2005 21

III.1.4. Localité de 4ème rang


Toutes les localités ou parties de localités non reprises ailleurs.
III.2. Taux de la contribution foncière24

III.2.1. La contribution foncière des villas


Pour les villas, la contribution est calculée sur la superficie bâtie comme dans le système
en vigueur avant 1987. Les taux sont fixés par mètre carré de la manière suivante :
Dans les localités dites de 1er rang : 7,05Ff/m²
Dans les localité dites de 2ème rang : 4,23Ff/m²
Dans les localités dites de 3ème rang : 2,35Ff/m²
Dans les localités dites de 4ème rang : 1,88Ff/m²

III.2.2. La contribution foncière des autres constructions et terrains


Elle est fixée forfaitairement sans tenir compte de la superficie en fonction des éléments
suivants :
le rang de localité
le fait que le bien soit situé à Kinshasa ou à l'intérieur du pays
le propriétaire : personne physique ou morale
Les taux sont fixés de la manière suivante :
a. Propriétés bâties

Rang de localité 1er rang 2è rang 3è rang 4è rang


Nature de la propriété bâtie
Par étage des immeubles appartement aux 564 Ff 282 Ff 211,5 Ff 164,5 Ff
personnes morales
Par étage des immeubles appartenant aux 282 Ff 164,5 Ff 94 Ff 47 Ff
personnes physiques situés à Kinshasa
Par étage des immeubles appartenant aux 211,5 Ff 141 Ff 47 Ff 23,5 Ff
personnes physiques et situés à l'intérieur du
pays
Appartements 564 Ff 282 Ff 141 Ff 94 Ff
Autres immeubles 94 Ff 47 Ff 16,45 Ff 14 Ff

b. Propriétés non bâties


211,5 Ff pour les terrains situés dans les localités de 1er rang ;
47 Ff pour les terrains situés dans les localités de 2ème rang à Kinshasa ;
40 Ff pour les terrains situés dans les localités de 2ème rang à l’intérieur ;
23,5 Ff pour les terrains situés dans les localités de 3ème rang à l’intérieur ;
18,8 Ff pour les terrains situés dans les localités de 3ème rang à Kinshasa ;
14 Ff pour les terrains situés dans les localités de 4ème rang.

§2. Personnes imposables, exemptions et exonérations à la contribution foncière

I. Personnes imposables à la contribution foncière

Selon la loi fiscale de 1969, la contribution foncière est due par le titulaire de droit de
propriété, de possession d’emphytéose, de superficie, de cession, de concession ou
d’usufruit ainsi que par des personnes occupant en vertu d’un contrat de bail, des biens
immobiliers faisant partie soit du domaine privé de l’Etat soit du patrimoine d’une
circonscription administrative.

24
Arrêté ministériel n°062/CAB/MIN/FIN/99 du 19 octobre 1999 modifiant certaines
dispositions en matière de contribution réelle, art 1 er.
Cours de Droit Fiscal/2005 22

Il ressort de cette disposition que la contribution foncière frappe :


le propriétaire des biens imposables ou le titulaire d'autres droits réels fonciers (droits
d'usufruit, d'emphytéose, de superficie, …
le locataire des biens immobiliers appartenant à l'Etat ou aux entités décentralisées.
Les autres locataires ne sont pas redevables même si par la convention de bail, ils se sont
engagés à payer la contribution et si cette circonstance a été portée à la connaissance de
l'administration25. D'autre part, la contribution foncière n'est due que sur la matière
imposable existant au 1er janvier de l'année suivante26. Ce qui signifie que si l'immeuble est
vendu le 02 janvier, c'est le vendeur qui reste redevable. Dans la pratique, l'acte de vente
règle ce problème à l'amiable entre les deux parties et dans l'intérêt de l'administration, le
nouveau propriétaire est tenu de faire la déclaration dans le délai d'un mois, à défaut il est
tenu au paiement de la contribution solidairement avec l'ancien propriétaire27.

II. Exemptions et exonérations à la contribution foncière

II.1. Exemptions

Sont exemptées à la contribution foncière28

a) Les propriétés appartenant :


à l'Etat, aux provinces, aux villes, aux communes, aux circonscriptions administratives,
ainsi qu'aux offices et autres établissement publics de droit congolais n'ayant d'autres
ressources que celles provenant de subventions budgétaires;
aux associations sans but lucratif et aux établissements d'utilité publique constitués
conformément au Décret-Loi n°195 du 29 janvier 1999;
aux Etats étrangers et affectés exclusivement à l'usage de bureaux d'ambassades ou des
consulats, ou au logement d'agents ayant le statut d'agents diplomatiques ou consulaires.
Cette exemption n'est consentie que sous réserve de réciprocité;
aux personnes physiques dont les revenus nets imposables annuels sont égaux ou
inférieurs au plafond de la huitième tranche de revenus du barème d'imposition des
personnes physiques (le plafond est actuellement de 33.600 FC selon les modifications du
décret-loi n°109/2000 du 19 juillet 2000) mais à condition de faire la preuve du paiement de
la CPR ou de la CPM.

b) Les immeubles affectés à l'habitation principale des personnes qui au 1er janvier de
l'année d'imposition sont âgées de plus de 55 ans et les veuves, à condition :
qu'elles occupent ces habitations principales soit seules, soit avec leurs épouses,
descendants ou ascendants soit avec toutes autres personnes de même condition d'âge
ou de situation
que leurs revenus imposables à la contribution cédulaire sur les revenus soient égaux ou
inférieurs au plafond de la huitième tranche du barème d'imposition des personnes
physiques (soit 33.600 FC comme expliqué ci-dessus)
qu'elles souscrivent une déclaration énonçant tous les éléments imposables ou exemptés.

II.2. Exonérations29

La contribution foncière n'est pas établie sur les terrains et les propriétés bâties :

25
O.L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 9
26
Idem, art. 21
27
Ibidem, art. 21
28
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 2 et 2 bis
29
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 3-5
Cours de Droit Fiscal/2005 23

affectés par le propriétaire, exclusivement à l'agriculture ou à l'élevage y compris les


bâtiments ou parties de bâtiments qui servent à la préparation des produits agricoles ou
d'élevage, à la condition que ceux-ci proviennent de l'exploitation du contribuable dans une
proportion au moins égale à 80% de l'ensemble des produits traités
qu'un propriétaire, ne poursuivant aucun but de lucre, aura affecté :
à l'exercice du culte public, à l'enseignement, à la recherche scientifique, à l'installation des
hôpitaux, des hospices, des cliniques, de dispensaires, …
à l'activité normale des chambres de commerce
à l'activité sociale des sociétés mutualistes
appartenant aux bénéficiaires des dispositions exonératoires du code des investissements
ou des conventions spéciales.

§3. Thèmes et questions de réflexion sur la C.F.

1. La contribution foncière est assise sur 2 bases:


Les concessions non bâties et
Les propriétés bâties

Sur une même concession va-t-on imposer la partie construite et celle non construite?
R.  Non. Avant l'Ordonnance-loi n°87-075 du 4 octobre 1987, il en était ainsi. La
superficie imposable de la partie non construite était déterminée "par la différence entre la
superficie totale de chaque terrain d'une part, et la superficie imposable des bâtiments ou
constructions y érigés, d'autre part" – Art 20 (ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969).
Mais l'ordonnance-loi de 1987 précitée a aboli cette disposition. Actuellement la
contribution foncière frappe soit les concessions (en cas de non mise en valeur) soit les
propriétés bâties (dans le cas contraire) c'est-à-dire sur une concession où il y a une
construction, on n'impose celle-ci et non la concession.

2. La contribution foncière frappe les concessions non bâties (et propriétés bâties) en ville
ou même au village?
R.  Avant 1987, seuls étaient imposables "les terrains non bâties sis dans les
circonscriptions urbaines"30. Cela se justifiait selon MPIRY OPINE du fait que cet impôt ne
doit être appliquée qu'aux secteurs du territoire urbain, où existe un cadastre et des droits
de propriété31. Toutefois l'O-L de 1987 précitée a aboli une fois de plus cette disposition,
notamment du fait que la contribution foncière à partir de cette année là n'était plus
calculée par mètre carré (sur les superficies), opération qui nécessitait la présence du
cadastre. Ainsi théoriquement pendant cette période, la contribution foncière devait être
payée indistinctement sur les concessions, quelles soient urbaines ou rurales. Mais le
décret-loi n°111/2000 vient de réhabiliter l'article 18 qui était aboli par l'O-L de 1987 avec
pour conséquence que seules les concessions urbaines sont imposables.

3. Apport du service de cadastre à la contribution foncière?

R.  En France et en Belgique la contribution foncière est un impôt local (appelé taxe


foncière) perçu grâce au service de cadastre qui logiquement maîtrise la situation des
biens fonciers. En République Démocratique du Congo, ce service est écarté de la
perception de cet impôt d'où d'énormes difficultés de mesurage et autres des biens
imposables. La contribution foncière devait être perçue au niveau local tout au moins en
collaboration avec un service de cadastre local qui doit être redynamisé.

30
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 18
31
MPIRY OPINE, "Fiscalité et développement rural au Zaïre" in Cahiers économiques et
sociaux, vol XI, n°3 et 4, Ires, Kin, 1974
Cours de Droit Fiscal/2005 24

4. Critiquer la nature de la contribution foncière telle qu'organisée en République


Démocratique du Congo?
R.  La contribution foncière en République Démocratique du Congo est un impôt réel
c'est-à-dire un impôt "qui frappe un élément économique en tant que tel (…) sans
considération de la situation personnelle du contribuable32. Donc un impôt sur le capital.
Une telle imposition pèche contre un des principes fondamentaux du droit fiscal qui veut
que "tout impôt doit porter sur le revenu et non sur le capital". Frapper le capital reviendrait
à détruire l'outil de production, à manger la poule plutôt que des œufs. En France et en
Belgique, l'impôt foncier est un impôt sur le revenu ou tout au moins calculé sur base d'un
revenu même imaginaire appelé revenu locative ou revenu cadastral. A l'époque coloniale
"l'administration avait envisagé d'instaurer (…) un impôt foncier basé sur le revenu
cadastral". Mais après les enquêtes, il a été constaté que "les conditions auxquelles le
succès de pareille réforme est subordonné n'étaient pas en effet réunies"33.

5. Quid de la villa?
R.  Le terme villa n'est pas défini par la législation fiscale. Mais l'interprétation de la loi
n°83-004 du 23 février 1983 précisément, l'art3 qui fixe le tarif minimum forfaitaire utilisé
dans la contribution sur le revenu locatif (le tarif qui se compose en 6 tarifs allant de A et F)
permet d'affirmer qu'une villa est un bâtiment qui doit répondre aux caractéristiques
suivantes :
avoir une superficie d'au moins 200m², un raccordement en eau et en électricité
avoir un des éléments de confort suivant :
garage fermé
cave indépendante et aménagée
jardin privé
annexes couvertes et fermées
nombre d'étages supérieur à deux (pour les immeubles collectifs)

6. Quid des propriétés bâties?

R. Le législateur parle des propriétés foncières bâties qui sont concernées par la
contribution foncière à côté des propriétés foncières non bâties sans les expliquer. Mais en
parlant des propriétés bâties, le législateur fait allusion au "bâtiment", terme qui dans le
sens restreint désigne "une construction servant à loger soit l'homme, soit une bête ou une
chose (…)"34. Il ne comprend pas dans ce sens les constructions qui ne sont pas destinées
au logement. Il désigne donc les maisons d'habitation, les appartements, les dépôts, …
Toutefois, une interprétation extensive de ce terme permet de considérer les propriétés
bâties comme non seulement les bâtisses telles qu'expliquées ci-dessus mais aussi "les
éléments que la loi leur assimile (usines, réservoirs, installations industrielles"35.
Cette conception est conforme à l'interprétation de la loi fiscale foncière belge qui assimile
aux bâtiments, des ouvrages, des constructions ainsi que des installations, ces dernières
désignant des objets ou abris qui sont placés à l'endroit où ils doivent rester mais qui n'y
sont pas produits tels que les pompes à essence, les palissades, les abris préfabriqués,
les usines, … Ainsi, le terme "propriété bâtie" recouvre les constructions d'une manière
générale c'est-à-dire des bâtisses, des ouvrages ou des installations et l'impôt frappe toute

32
AZAMA LANA, op.cit, p.8
33
P.PIRON et J.DEVOS, Code et lois du Congo belge, Tome II, Ferdinand Larcier,
Bruxelles, 1954,p.1371
34
LITTRE, cité par Jacques de Surey, Droit de l'urbanisme et de l'environnement, T.I.,
Bruylant, Bruxelles, 1974, p.275
35
AZAMA LANA, op.cit, p.9
Cours de Droit Fiscal/2005 25

partie de bâtiment indépendante pouvant faire l'objet d'une location ou d'une utilisation
distincte. Ainsi les maisons jumelles seront imposées séparément de même que les
appartements.

Section II. Contribution sur le véhicule

La contribution sur le véhicule est un impôt. Elle est différente de la taxe spéciale de
circulation routière qui, elle, est une taxe créée par l'O-L n°88/029 du 15 juillet 1988. La
contribution sur le véhicule donne lieu à l'apposition d'un timbre fiscal sur le véhicule
appelé vignette. La vignette ou le signe distinctif doit être fixé sur le véhicule d'une manière
permanente à l'abri des intempéries, à un endroit visible de l'extérieur et facilement
accessible36.

§1. Matières et personnes imposables

La contribution sur le véhicule frappe tous les véhicules à moteur sous réserve de
certaines exceptions. Le terme "véhicule" est utilisé ici dans le sens le plus large possible
puisqu'il ne désigne pas uniquement le véhicule automobile mais aussi tout moyen de
transport par terre et par eau et ce, quelque soit le mode de propulsion utilisé en
République Démocratique du Congo.

Le souci d'élargissement de l'assiette fiscale du législateur paraît évident en ce sens que le


principe de territorialité ne s'applique pas à travers les notions restrictives de propriétés
comme en droit des assurances où il revient au propriétaire de payer la police d'assurance
automobile obligatoire dans le cas d'espèce, c'est la notion de l'utilisation du véhicule qui
est d'application. Ainsi, la contribution sur le véhicule est due par les personnes physiques
ou juridiques qui utilisent un ou plusieurs véhicules.37

36
Cfr Arrêté n°55 du 29 mars 1969 sur les modalités d'application du signe distinctif
37
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art.40
Cours de Droit Fiscal/2005 26

§2. Véhicules exonérés


Sont notamment exonérés les véhicules ci-après :
Véhicules appartenant à l’État, aux provinces, aux villes, aux circonscriptions
administratives ainsi qu’aux offices et autres établissements publics du droit congolais
n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires.
Véhicules appartenant aux institutions, association et établissements religieux,
scientifiques ou philanthropiques.
Véhicules appartdiplomatiques ainsi que ceux appartenant aux organismes internationaux
Véhicule à deux roues dont les cylindrés n’excède pas 50 cm3.
Engins spéciaux : machine-outil, auto-ambulance, machine agricole, corbillards, véhicule
pour incendie, véhicule de transport dans l’enceinte d’une gare d’un port ou aérodrome.

§3. Base et taux


La base d’imposition est représentée par la catégorie, le poids ou la puissance du véhicule.
Ainsi l’arrêté ministériel n°062 du 09 octobre 1999, modifiant certaines dispositions en
matière de contribution réelle dans son article 2, fixe les taux de la C/Véhicule comme suit :
Motocycles 23,5 Ff
Véhicules automobiles utilitaires :
de moins de 2.500 kg : 37,6 Ff
de 2.500 kg à 10.000 kg : 56,4 Ff
de plus de 10.000 kg : 70,5 Ff
Véhicule de tourisme appartenant aux personnes physiques : de 1 à 10 chevaux vapeur
équivalent 56,4 Ff
Bateaux et embarcations à propulsion mécanique équivalent en francs congolais : 23,5 Ff
en cheval-vapeur. Le même article précise en outre qu’en cas de perte ou de la
détérioration de la vignette fiscale, il sera obtenu contre payement d’une somme égale à
50% de la valeur du signe distinctif fiscal…

Section III Contribution sur la superficie de concessions minières et d’hydrocarbures.

Lorsqu’une entreprise installée en République Démocratique du Congo s’occupe de la


recherche et de l’exploitation de minerais, d’hydrocarbure, elle doit payer à l’État congolais
la contribution sur la superficie de concession minière et d’hydrocarbure. Le droit à
l’exploitation et à la recherche que détient l’entreprise privée s’obtient en vertu d’une
convention signée entre elle et l’État congolais ; convention par laquelle ce dernier lui
accorde le droit d’effectuer la recherche et l’exploitation sur le terrain concédé à cette fin
dans l’acte de concession.
§1. Matière imposable et fait générateur

Le terrain concédé par le Congo aux entreprises privées pour leur permettre de rechercher
ou d’exploiter le minerais et les hydrocarbures constitue l’élément sur lequel est assise la
contribution sur la superficie de concessions minières et d’hydrocarbures.
L’acte matériel d’exploitation ou de recherche en est le fait générateur

§2. Base et taux

La contribution sur la superficie de concession minière et d'hydrocarbure est établie sur la


base de la superficie d'un terrain concédé. Les taux de la contribution sur les superficies
des concessions minières et d'hydrocarbure sont restés longtemps inchangés, soit :
1 likuta 50 sengi par hectare de concession ayant pour l'objet l'exploitation de mines ou
d'hydrocarbures
Cours de Droit Fiscal/2005 27

50 sengi par hectare de concession ayant pour objet le droit de rechercher à titre exclusif
une ou plusieurs substances minérales ou des hydrocarbures38

L'inflation aidant, ces "taux non indexés ont fait perdre tout leur sens à cette contribution, si
bien que cette législation est pratiquement tombée en désuétude"39. Voilà qui justifie
l'intrusion de l'arrêté ministériel n°039/CAB/MIN/FIN/98 dans ce domaine de la loi qui a
revu et indexé les taux comme suit :
l'équivalent en FC de 0,04$ US par hectare de concession ayant pour objet l'exploitation
des mines et des hydrocarbures
l'équivalent en FC de 0,02$ US par hectare de concession ayant pour objet le droit de
rechercher à titre exclusif une ou plusieurs substances minérales ou des hydrocarbures40.

On se limite à l'unité. En cas de recherche, ce taux est augmenté de 50% pour la 2ème
année, de 75% pour la 3ème année et de 100%, à partir de la 4ème année41. L'objectif
poursuivi est de ne pas perdurer les concessions ayant pour objet la recherche. Ce texte
privilégie plutôt les concessions d'exploitation des mines ou d'hydrocarbure.

38
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 54
39
M. BUABUA wa KAYEMBE, op.cit, p.63
40
L'arrêté ministériel n°039/CAB/MIN/FIN/98 du 12 novembre portant modification des
taux de la CSCMH, art 1er
41
Idem, est 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 28

§3. Personnes imposables

La contribution sur la superficie de concession minière et d'hydrocarbure est due par tout
titulaire d'une concession de recherche ou d'exploitation. La concession est due pour
l'année entière si les éléments existent, dès le mois de janvier.

§4. Contribution sur la superficie de concession minière et d'hydrocarbure au regard de la


législation minière et d'hydrocarbure en vigueur

Les concessionnaires miniers ne sont pas redevables de contributions cédulaires sur le


revenu y compris de la contribution mobilière pour autant que ce revenu ait un lien avec la
concession; et de tous les autres impôts ou taxes de quelques nature qu'ils soient.
Les concessionnaires paient un impôt spécial forfaitaire sur le bénéfice. Le bénéfice net est
diminué d'une provision pour la reconstitution de gisement si l'entreprise a décidé d'en
reconstituer.

Remarques sur les contributions réelles en général. :


Au regard de la contribution réelle il y a lieu de relever ce qui suit :
la non rétrocession aux entités administratives décentralisées des produits de cette
contribution comme initialement prévu dans le cadre de la loi financière de 1983.
Le réajustement tardif des différents taux.
La confusion entre la taxe sur la circulation spéciale routière qui est un péage, de la
contribution sur le véhicule qui est un impôt.
Cours de Droit Fiscal/2005 29

CHAPITRE II : CONTRIBUTIONS CEDULAIRES SUR LES REVENUS

GENERALITES

A. Notions de revenu

Il n’existe pas de définition légale de revenu sur le plan fiscal en RDC. Le législateur se
contente d’énumérer les revenus imposables.
Du point de vue fiscal le revenu est généralement considéré comme « la richesse nouvelle
du contribuable que lui procure chaque année ses biens ou son travail »42.

D’une façon plus explicite nous pouvons dire que les revenus d’un individu sont constitués
des ressources diverses qu’il tire de son travail (salaire, traitement, …) ou de son capital,
mobilier ou immobilier (loyer, dividende, intérêt, …) ou simultanément de son travail et de
son capital, c’est-à-dire des revenus mixtes (bénéfices, profits, …).
Il s’agit en principe des ressources périodiques et régulières à l’exclusion des moyens
financiers sporadiques comme des gains exceptionnels de fortune (ex. une loterie) qui en
principe ne sont pas considérés comme des revenus du point de vue fiscal.

B. Divers procédés de taxation des revenus

On peut concevoir 3 différentes façons d’imposer les revenus :

1. Imposition cédulaire

L’imposition cédulaire, analytique ou séparée des revenus est un système d’imposition où


des impôts fragmentaires ou cédulaires atteignent chacun une catégorie particulière des
revenus appelée « cédule ». Ainsi les revenus locatif, mobilier, professionnel et autres
seront atteints séparément.
Cette méthode était celle du Droit fiscal belge avant 1962. Il y avait trois impôts cédulaires :
la contribution foncière pour les revenus immobiliers,
la taxe mobilière pour les revenus de capitaux et
la taxe professionnelle pour les revenus du travail43.

42
COPPENS Pierre, Cours de Droit Fiscal, les Impôts sur les revenus, université de
Louvain, Faculté de Droit, 1971, p. I.
43
Idem, p. IV
Cours de Droit Fiscal/2005 30

1.1. Avantages de l’imposition cédulaire

Le système cédulaire permet d’adapter les modalités d’imposition à la nature du revenu


imposable. Ainsi, lorsque les différentes branches du revenu sont distinguées, il est
possible de varier les modes de constatation et de perception de l’impôt afin d’appliquer le
plus approprié à chacun de ces revenus. Ex. Le salaire et le dividende se prêtent
facilement à l’évaluation directe par voie de retenue à la source. Ce qui n’est pas possible
pour le revenu professionnel d’un exploitant individuel.
Les impôts cédulaires sont spécialement adaptés aux pays en voie de développement dont
les économies sont très compartimentées, où coexistent de toutes petites à côté de très
grandes unités économiques. Ici, les revenus manquent d’homogénéité, d’où il faut les
imposés séparément.
Le système cédulaire permet de moduler l’imposition suivant l’origine des revenus, ce qui
permet d’introduire une discrimination en particulier sur le revenu du travail auquel on doit
appliquer un taux relativement léger par rapport au revenu du capital plus lourdement
frappé.

1.2.Inconvénients de l’imposition cédulaire

Le grave inconvénient de ce système dans une fiscalité moderne est de ne pas tenir
compte de la situation globale du contribuable. Celui-ci ne peut imputer les pertes d’une
cédule sur le revenu d’une autre cédule ou réduire le revenu d’une cédule des charges se
rapportant à une autre cédule.
Le système d’imposition cédulaire ne permet pas, contrairement à celui d’impôt sur le
revenu global de démasquer l’ampleur des ressources des contribuables les plus fortunés.

2.Imposition globale

L’imposition globale, ou synthétique des revenus soumet à un tarif unique l’ensemble des
revenus d’un contribuable, c'est-à-dire la somme algébrique des résultats positifs et des
déficits catégoriels. C’est le système d’imposition applicable en France depuis 1917 et en
Belgique depuis 1962. Le revenu imposable embrasse « la totalité des bénéfices ou
revenus de toutes sortes que la contribution a réalisé ou dont il a disposé au cours de
l’année de l’imposition »44.
2.1. Avantages de l’imposition globale

Les inconvénients de l’imposition cédulaire constituent les atouts de ce système auxquels


il faut ajouter la possibilité d’appliquer la progressivité, ce qui permet de rendre l’impôt
beaucoup plus juste et personnalisé.

2.2. Inconvénients de l’imposition globale

Les avantages du système cédulaire sont les inconvénients de l’imposition globale. De


plus ce dernier procédé crée une sorte d’injustice en soumettant au même tarif des
revenus des sources diverses dont les uns sont parfaitement connus du fisc (ex. salaires)
et d’autres qui se prêtent facilement à la dissimulation (ex. bénéfices agricoles).

3. Procédé d’imposition mixte

44
LEFEBVRE Francis, Memento pratique fiscal 1985, Ed. Francis Lefebvre, Paris, 1985,
n°186
Cours de Droit Fiscal/2005 31

Ce procédé se base sur la juxtaposition des systèmes cédulaire et synthétique. Il vise à


corriger les inconvénients de l’un ou l’autre système. Ces genres des procédés sont plutôt
rares ; on peut citer comme exemple, l’impôt sur le revenu global et l’impôt sur la fortune
en Allemagne. En Belgique, avant 1962 "le système cédulaire était atténué par un impôt
personnel qui frappait à titre complémentaire, le total des revenus déjà imposés à titre
cédulaire".45

C. Système congolais d’imposition des revenus

De ces 3 procédés d’imposition des revenus, le législateur fiscal congolais a opté pour
l’imposition cédulaire. Ainsi l’O-L n°69-009 du 10 février 1969 telle que modifiée et
complétée à ce jour organise trois contributions cédulaires sur les revenus :
contribution sur les revenus locatifs (CRL)
contribution sur les revenus mobiliers (CRM)
contribution sur les revenus professionnels (CRP)46

45
Pierre COPPENS, op.cit, p.IV
46
O-L n°69-009 du 10 février 1969 portant contributions cédulaires sur les revenus, art
1er
Cours de Droit Fiscal/2005 32

Sous-Chapitre I. Contribution sur les Revenus Locatifs (CRL)

Section I : revenus imposables

On distingue les revenus locatifs réellement encaissés ou assimilés et les revenus locatifs
forfaitaires

§1. Revenus locatifs réellement encaissés ou assimilés

« Sont imposables, les revenus provenant de la location des bâtiments et des terrains
situés en République Démocratique du Congo quel que soit le pays du domicile ou de la
résidence des bénéficiaires. Sont assimilées à des revenus de location, les indemnités de
logement accordées à des rémunérés occupant leur propre habitation ou celle de leurs
épouses. »47 La CRL frappe également le profit de la sous-location totale ou partielle ainsi
que les loyers des meubles, des matériels, de l’outillage, du cheptel et de tous les objets
quelconques situés dans les mêmes propriétés en vertu de la théorie de l’accessoire48

A. Eléments constitutifs du revenu locatif imposable


Le revenu locatif comprend49 :
le loyer proprement dit. C’est le loyer effectivement encaissé y compris celui des meubles
éventuellement rattachés à la propriété.
les contributions et taxes de toutes natures payées par le locataire à la décharge du
bailleur et non remboursable Ex. Si le locataire paie la C.F., elle sera considérée comme
un élément du revenu locatif étant donné que cette contribution est normalement à la
charge du bailleur.
les charges autres que les réparations locatives supportées par le locataire pour le compte
du bailleur même si elles résultent des conditions mises par le bailleur à la location de sa
propriété. Il s’agit généralement des grosses réparations au sens du Droit civil
les indemnités de réquisition : lorsqu'un immeuble est réquisitionné par les pouvoirs
publics moyennant paiement d'une indemnité, celle-ci peut être considérée comme un
revenu locatif ou non. Doit-on imposer un revenu exceptionnel et non régulier au même
titre que d'autres revenus? A cet égard notre législation n'a pas clairement tranché et très
souvent la pratique reste l'imposition de cette indemnité.

47
, O-L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit ,art 4
48
Idem, art5
49
Ibidem, art8
Cours de Droit Fiscal/2005 33

B. Eléments non imposables de la location

Certains paiements effectués lors de la location échappent à la CRL. C’est le cas


notamment de :
1. La garantie locative

La garantie locative n’est pas un revenu locatif et ne peut donc être retenue comme loyer
que lorsque à la suite d’un accord intervenu entre le bailleur et son locataire, elle perd son
caractère initial de garantie.50
2. Indemnité de relocation

Il s’agit de l’indemnité payée par le locataire du chef de la rupture du bail. Elle trouve sa
source dans la rupture du contrat, dans le préjudice causé au bailleur et se rattache donc à
la notion des dommages et intérêts.51 Mais malheureusement, dans la pratique il arrive
qu'elle soit imposée à tort.

3. Location « service compris »

Il s’agit d’une location accompagnée des prestations permanentes d’entretien domestique


fournies par le bailleur. Ce dernier sera tenu de s’acquitter non pas la CRL mais la CRP.
En effet, la location constitue dans ce cas l’exercice d’une profession et est soumise au
régime similaire à celui de l’exploitation.52

C. L’assiette de la CRL

Avant le décret-loi n°109/2000 modifiant et complétant certaines dispositions en matière de


contribution cédulaires sur les revenus du 19 juillet 200053, la CRL reposait sur le revenu
locatif net c'est-à-dire :
en ce qui concerne les loyers, par la déduction du revenu brut des charges afférentes au
bien loué et supportées par le bénéficiaire du revenu fixé forfaitairement à 30% du revenu
brut.
en ce qui concerne les profits de la sous location par la différence entre les recettes totales
et les dépenses inhérentes à la sous location.

50
AZAMA LANA, Droit Fiscal Zaïrois, Cadicec, Kinshasa, 1986, p.27
51
Idem, p.29
52
Ibidem, p.30
53
Remarquons qu’il fallait un décret-loi et non un décret pour régir cette matière.
Cours de Droit Fiscal/2005 34

Désormais, la CRL repose :


1° sur le revenu brut des bâtiments et terrains donnés en location
2° sur le profit brut de la sous location totale ou partielle des mêmes propriétés54.
Ceci a pour conséquence, la suppression des charges forfaitaires de 30%.

§2. Revenus locatifs forfaitaires

En vue de lutter contre les collusions entre bailleurs et locataires, la loi n°83-004 du 23
février 1983 telle que modifiée et complétée à ce jour a institué un système des bases
forfaitaires annuelles d’imposition en matière des CRL.
Ces bases sont des minima d’imposition qui se substituent aux revenus locatifs déclarés
lorsque ces derniers leur sont inférieurs. La base forfaitaire est constituée par le produit de
la surface totale développée des locaux loués multiplié par un tarif minimum au mètre
carré55. Cette base ne met pas obstacle au pouvoir de contrôle et de redressement
reconnu à l’administration fiscale. Celle-ci conserve la faculté d’imposer les revenus
réellement acquis s’ils s’avèrent supérieurs au minimum forfaitaire.56

Le tarif minimum se décompose en 6 tarifs particuliers allant de A à F suivant le rang des


localités et fixés de la manière suivante57 :

Tarif A : équivalent en FC de 20$ US. Il est applicable aux locaux situés dans les localités
de 1ère classe affectées à un usage industriel, commercial ou résidentiel disposant, outre la
superficie bâtie supérieure à 200 m², d’un raccordement en eau et en électricité et d’un des
éléments suivants :
garage fermé ;
cave indépendante et aménagée ;
jardin privé ;
annexes couvertes et fermées ;
nombre d’étages supérieur à deux (pour les immeubles collectifs).

54
O-L n°109/2000 du 9 juillet 2000, art 5
55
Loi n°83-004 du 23 février 1983,art 2 al.1
56
Idem, art2, al.3
57
Ibidem, art4 tel que revu par l'A.M. n°021/CAB/MIN/FIN/97 du 08 octobre 1997
portant révision des bases forfaitaires d'imposition en matière de contribution sur les
revenus professionnels et locatifs. Art 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 35

Tarif B : équivalent en FC de 15 $ US. Appliqués aux autres locaux situés dans les
localités de 1ère classe.
Tarif C : équivalent en FC de 10$ US. Applicables aux locaux situés dans les localités de
2ème rang répondant aux caractéristiques des locaux du Tarif A.
Tarif D : équivalent en FC de 8$ US. Concerne les autres locaux situés dans les localités
de 2ème rang.
Tarif E : équivalent en FC de 5$ US. Est appliqué aux locaux situés dans les localités de
3ème rang répondant aux caractéristiques des locaux du tarif A.
Tarif F : équivalent en FC de 2$ US. Concerne les autres locaux situés dans des localités
de 3ème rang.

N.B. Ces bases forfaitaires d’imposition « ne sont pas opposables aux propriétaires qui
donnent à bail leurs locaux à l’Etat ou aux établissements publics dont les seules
ressources financières sont constituées par les subventions de l’Etat ».58

Section II Redevable, taux et Exemptions

§1. Redevables légaux et contribuables réels

Dans la perception de la CRL il y a lieu de distinguer les redevables légaux et les


contribuables réels.
A. Redevables légaux

Ce sont ceux qui sont désignés par le législateur comme devant payer l’impôt même s’ils
n’en supportent pas la charge. En l’espèce ils retiennent une partie de l’impôt sur les loyers
soit 20%.

Avant le 19 juillet 2000, il existait 3 catégories des redevables légaux :


les locataires ou sous-locataires personnes morales
les intermédiaires dans la gestion des biens pris à bail qui intervenaient dans le
recouvrement pour le compte du bailleur et
les locataires personnes physiques assujetties à la contribution professionnelle sur les
bénéfices selon le droit commun.

Mais depuis le décret-loi n°109/2000 du 19 juillet 2000 précité, l'obligation d'effectuer des
retenues à la source est étendue à tout locataire ou sous locataire, personne morale ou
physique qui doit effectuer autant de retenues qu'il y a des paiements de loyers au
bénéfice du bailleur.59

Le même décret a instauré une "carte du locataire" délivrée par l'administration fiscale pour
constater les retenues faites par le locataire ou sous-locataire personne physique non
assujettie à la contribution professionnelle sur les bénéfices ou relevant du régime de la
patente60.

Cette carte du locataire doit être conforme au modèle défini par l'administration et porter
les mentions suivantes :
identité et adresse de la personne physique débitrice des loyers,

58
Loi n°83-004 du 23 février 1983, op.cit, art 7
59
Loi n°83-004 du 23 février 1983, op.cit, art 10 et 11 telle que modifiée par le décret
109/2000 du 19 juillet 200, art 1er
60
Idem, art 12 §2
Cours de Droit Fiscal/2005 36

nom, dénomination ou raison sociale du bailleur,


situation précise du bien immobilier pris en location et son affectation,
montant et date de paiement du loyer,
montant de la retenue versée.
Notons toutefois que la retenue à la source ne doit pas être effectuée lorsque le bailleur est
exempté de la CRL.
B. Contribuables réels

Ce sont ceux qui doivent effectivement supporter la CRL. Il s'agit des bénéficiaires des
loyers et des profits de la sous-location.
Ces contribuables sont tenus d'inclure dans leurs déclarations annuelles de revenus
locatifs le montant brut des loyers qui comporte d'une part, le montant des loyers
réellement encaissés et, d'autre part, le montant des retenues à la source opérées par le
locataire ou sous-locataire.61

En fait, ils seront débiteurs de la partie de l'impôt non encore acquittée. Toutefois, les
bailleurs personnes physiques non assujetties à la contribution professionnelle sur les
bénéfices ou relevant du régime de la patente sont tenus de souscrire une déclaration
simplifiée limitée à la CRL et ont la faculté d'obtenir de l'administration un imprimé
dénommé "carte de bailleur" devant porter les inscriptions relatives aux retenues locatives
opérées périodiquement.62

61
Loi n°83-004 du 23 février 1983, op.cit, art 14 al1
62
Idem, art 14 al2 et 3
Cours de Droit Fiscal/2005 37

§2. Taux de la CRL

Le taux de la CRL a connu beaucoup de perturbations :


à l'origine, il était prévu un taux progressif qui variait de 20% à 60%63
les modifications qui ont suivi ont d'abord gardé le système des taux progressifs mais
modifiées les différentes tranches des revenus imposables. C'est ainsi que la loi du 23
février 1983 a fixé les taux qui variaient de 4% à 60% avec une pression fiscale maximale
de 50%64, et l'O-L du 18 février 1989 a réajusté le taux de 0% à 60%, la pression fiscale
maximale était maintenue à 50%65. C'est l'arrêté ministériel n°004 du 24 juin 1997 qui a
supprimé la progressivité et opté pour le proportionnel au taux de 35% sur le revenu locatif
net66 c'est cette proportionnalité qui vient d'être confirmée par le décret-loi n°109/2000 du
19 juillet 2000 qui a réduit le taux à 22%67. Ainsi, actuellement, le taux de la CRL est de
22% du revenu locatif brut.

§3. Exemptions68

Sont exemptés de la contribution sur les revenus locatifs :


1°) L'Etat, les provinces, les villes, les communes urbaines et rurales, ainsi que les offices
et autres établissements publics de droit congolais n'ayant d'autres ressources que celles
provenant de subventions budgétaires ou qui assurent, sous la garantie de l'Etat, la gestion
d'assurances sociales. Parmi ces établissements publics, l'on peut citer notamment :
l'INSS, créé par le décret-loi, le 29 juin 1961
l'Institut des parcs nationaux, créé par décret-loi, le 26 novembre 1934

2°) Les institutions religieuses, scientifiques ou philanthropiques


3°) Les associations privées ayant pour but de s'occuper d'œuvres religieuses,
scientifiques ou philanthropiques qui ont une personnalité civile
4°) Les établissements d'utilité publique;
5°) Les associations sans but lucratif ayant pour finalité de s'occuper d'œuvres religieuses,
scientifiques ou philanthropique qui ont reçu la personnalité civile en vertu de décrets
spéciaux;

63
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 11
64
cfr loi n°83-004 du 23 février 1983, op.cit, art8
65
O-L n°89-016 du 18 février 1989, art 1er
66
Arrêté min. n°004/CAB/MIN/FIN/97 du 24 juin 1997, art2
67
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 11 tel que modifié par D. n°109-2000 du
19 juillet 2000, op.cit, art 1er
68
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 12
Cours de Droit Fiscal/2005 38

6°) Les organismes internationaux;


7°) Les immeubles nouvellement construits, à partir du 1er janvier 1968 dans les provinces
orientale et de Kivu, jusqu'au 31 décembre de la cinquième année qui suit celle de
l'achèvement de la construction .

N.B. Les institutions, les associations, les établissements et les ASBL dont question aux
2°), 3°), 4°) et 5°) sont régis actuellement par le décret-loi n°195 portant réglementation
des associations sans but lucratif et des établissements d'utilité publique, du 29 janvier
1999 qui a aboli d'autres textes qui les régissaient jusque-là.

Section III Appréciation de la CRL et cas pratique

§1. Avantages

Depuis toujours, on avait remarqué des objections formulées contre l'application des taux
progressifs à la contribution cédulaire sur le revenu locatif. D'une part, à cause de
l'inadéquation de ce taux à la contribution cédulaire sur le revenu locatif et d'autre part, à
cause de l'exagération de taux d'imposition. En instituant le taux proportionnel de 35%, les
pouvoirs publics n'ont fait que pallier cette lacune; aujourd’hui ce taux est ramené à 22% ;
Conformément à la loi du 23 février 1983, l'administration fiscale détermine les bases
forfaitaires annuelles d'imposition qui sont les minima à substituer aux montants déclarés
lorsque ces derniers leur sont inférieurs. Le but de cette loi est de combattre la fraude
fiscale.

§2. Inconvénients

Force est de constater que le tarif minimum qui comprend 6 tarifs particuliers au niveau de
la base d'imposition forfaitaire, n'avait pas été actualisé de 1989-1991; alors que la
monnaie avait fortement dévaluée au même rythme que la progression du prix de loyer.
La retenue à la source de 20% à opérer sur le loyer n'est pas à confondre avec le taux
proportionnel de 22%.
L'étude de la contribution sur le revenu locatif dans notre pays permet de constater que
nous gardons encore un système d'imposition de revenu locatif dépassé et abandonné par
plusieurs pays étrangers. Ce système se caractérise par deux impôts distincts : l'un appelé
contribution foncière qui frappe principalement le propriétaire de tous les immeubles et
terrains; l'autre dénoncé contribution sur le revenu locatif et ne concerne que les
immeubles et terrains donnés en location.
Il serait urgent à notre avis que ces deux impôts soient fusionnés en un seul impôt foncier
basé sur le revenu cadastral ou valeur locative à l’instar des législations fiscales française
et belge.
Mais, en attendant la création de ce cadastre, les deux contributions pourraient continuer à
coexister tout en subissant des modifications destinées à les rendre plus équitables pour
les contributions et plus rentables pour le trésor public.

§3. Cas pratique

Monsieur Cardoso, un sujet angolais, résidant à Luanda est propriétaire d'une villa de
300m² à Masina Sans fil. Il a, en outre, deux immeubles comportant cinq appartements
chacun de 50m² à usage résidentiel. L’un est situé dans la commune de la Gombe à
Kinshasa et l’autre à côté du marché de Potopoto à Brazzaville.

Ces immeubles étant à louer, les conditions de bail qu’il exige sont les suivantes :
Cours de Droit Fiscal/2005 39

le loyer mensuel est fixé à 50$ US par appartement et 200$ pour la villa payable
semestriellement et anticipativement en monnaie locale
la garantie locative est de 3 mois
le contrat de bail a une durée de 3 ans
le locataire prend en charge la C.F.
les dépenses engagées par un locataire sur l’immeuble qu’il occupe ne sont pas
remboursables.

Au courant du mois de décembre 1998, il trouve un client pour la villa, le contrat signé
prend cours à partir du 1er janvier 1999. Au mois de février de la même année, il a reçu 7
candidats locataires pour les appartements (3 pour Kinshasa et 4 pour Brazzaville) qui ont
satisfait à ses exigences et tous les contrats signés prennent cours à partir du 1 er mars
1999. A la fin de l’année 1999, à part les C.F. payées par les locataires, ces derniers ont
supportés les charges suivantes :

l’occupant de la villa a dépensé 7000FC des frais de consommation d’eau et d’électricité


les occupants des appartements :
12.500FC des frais de consommation d’eau et d’électricité
5.000FC des dépenses d’entretien de l’immeuble
15.000FC de plafonnage de l’appartement occupé par un locataire.
Quelle est la CRL que doit acquitter Mr Cardoso pour l’exercice 2000 (1$ US =50FC).
Cours de Droit Fiscal/2005 40

Solution
A. Assujettissement des revenus locatifs réalisés par Mr Cardoso

Les revenus locatifs de l'immeuble de Brazzaville ne seront pas imposables en République


Démocratique du Congo. La CRL étant assise sur les revenus bruts provenant de la
location des immeubles sis en République Démocratique du Congo69. On n'impose pas les
revenus de production étrangère
Mr Cardoso devra payer la CRL pour ses immeubles de Kinshasa même s'il est angolais
résidant à Luanda car cette contribution est due "quel que soit le pays du domicile ou de la
résidence des bénéficiaires"70.

B. Détermination des revenus imposables

1. Les sommes perçues par Mr Cardoso

Sur la villa de Masina Petro Congo


En décembre 1998
* Garantie locative 200$ USx3mois=600$ US
* Loyers anticipatifs (de janvier 1999 à juin 1999) 200$ USx6mois=1200$ US
En juin 1999
* Loyers anticipatifs (de juillet à décembre 1999) 200$ USx6mois=1200$ US
Total : 3000$ US
Sur l'immeuble de la Gombe
En février 1999
Garanties locatives
3 appartements x 50$ US x 3 mois = 450$ US
Loyers anticipatifs de 6 mois (mars 1999 à août 1999)
3 appartements x 50$ US x 6 mois = 900$ US
En septembre 1999
Loyers anticipatifs de 6 mois (septembre 1999 à février 2000)
3 appartements x 50$ US x 6 mois = 900$ US
Total : 2250$ US
N.B. Toutes ces sommes perçues par Mr Cardoso ne seront pas imposées à la CRL

69
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 1er
70
Idem, art 4
Cours de Droit Fiscal/2005 41

Les garanties locatives ne sont pas imposables, parce qu'elles ne sont pas des revenus
Seuls les loyers effectivement encaissés au titre de l'année 1999 seront imposés. Ainsi
l'immeuble de la Gombe n'était pas occupé toute l'année. La CRL sera appliquée sur
l'ensemble des revenus annuels proportionnellement c'est-à-dire les loyers de mars à
décembre 199971
Aucune CRL ne sera prélevée sur les appartements non occupés (3 appartements sur 5
sont occupés dans l'immeuble de la Gombe).

2. Les revenus imposables


a) Les Bases forfaitaires annuelles d'imposition (BFI)
Pour la villa de Masina Sans fil (3ème rang : Tarif E de 5$ US/m²)
BFI=300m² x 5$ US = 1500$ US
Pour les appartements de la Gombe (1ère rang : Tarif B de 15$ US/m²)
BFI/Appartements = 50m² x 15$ US= 750$ US

b) Les revenus perçus, les revenues locatifs imposables, calcul de la CRL


Pour la villa
Revenus perçus : 12 mois x 200$ US = 2400$ US
En comparaison avec les BFI, ce sont les revenus perçus qui seront imposables (1500$
US et 2400$ Us) auxquels il faut ajouter la C.F.
C.F.=2,35Ff x 300m² x 23,5Fc = 16.567,50 FC
Revenus locatifs imposables
Loyers proprement dits 2400$ US soit 120.000,00 FC
C.F. proprement dits 2400$ US soit 16.567,50Fc
136.567,50FC
CRL = 136.567,50 x 22% = 30.044,85FC
Pour les appartements de la Gombe
Les revenus perçus (sur 10 mois de mars à décembre 1999) : 50$ US/mois
En comparaison avec les BFI : 750$ US:12 mois = 62,5$ US
Ce sont ces dernières qui seront prises en compte dans le calcul de l'impôt. Donc on va
considérer comme si Mr Cardoso touchait pour chaque appartement 62,5$ US/mois au lieu
de 50$ US/mois
La C.F. payée pour chaque appartement est de :
C.F.=564Ff x 23,5FC=13.254FC
Les revenus locatifs imposables
Loyers proprement dits : 3 appartements x 62,5$ US x 10 mois x 50FC
= 93.750FC
C.F.= 3 appartements x 13.254 FC = 39.762FC
Grosses réparations : 15.000FC : 3 ans = 5.000FC

Les 15.000FC dépensés par un locataire pour achever les travaux de plafonnage de
l'appartement doivent être considérés comme un revenu locatif dans le chef de bailleur car
en principe cette dépense doit être sa charge. Mais elle doit être répartie sur 3 ans (la
durée du contrat de bail), chaque année devra supporter les 1/3.
Total : 138.512FC
CRL = 138.512FC x 22%=30.472FC

La CRL totale que doit acquitter Mr Cardoso pour ses immeubles de Kinshasa est de
60.517,49FC (30.044,85FC+30.472FC).

Sous-chapitre II : Contribution cédulaire sur le revenu mobilier

71
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 6 al 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 42

section 1ère : Généralités

§1. Nature et territorialité de la contribution mobilière

La contribution cédulaire sur le revenu mobilier, est un impôt réel c'est-à-dire un impôt qui
vise à atteindre un élément économique sans considération de la situation personnelle du
contribuable. Il s'agit par ailleurs d'un impôt qui ne frappe que les revenus produits par des
capitaux mobiliers investis en République Démocratique du Congo72.

En effet, depuis l'ordonnance-loi n°69-009 du 10 février 1969 relative aux contributions


cédulaires sur les revenus, le législateur congolais a renoncé à imposer tous les revenus
des sources étrangères, pour ne prendre en considération que l'aspect réel de la
territorialité de l'impôt. Le texte ou le contenu de l'art.1er de l'ordonnance-loi précitée est
explicite à ce sujet lorsqu'il déclare qu'il est établi une contribution mobilière sur le revenu
des capitaux mobiliers investis en République Démocratique du Congo.

Il en résulte que les dividendes, les intérêts et les redevances produits par des capitaux
mobiliers investis à l'étranger sont exonérés de toute imposition en République
Démocratique du Congo. Ceci constitue un manque à gagner important pour
l'administration fiscale, à défaut de l'application du principe du domicile fiscal ou d'une
convention fiscale internationale.

§2. Matière imposable à la contribution mobilière et les caractéristiques des revenus


mobiliers

A. Matière imposable à la contribution mobilière

Le revenu mobilier est la partie de l'argent encaissée au-delà du capital engagé. A partir
de ce moment, la contribution mobilière n'atteint que le profit réel qui se dégage après
utilisation des capitaux mobiliers. Il est à souligner que la nationalité ou la qualité du
bénéficiaire ou encore sa situation familiale ou sociale n'a aucune importance. Sont seules
instituées par la loi comme débitrices d'impôt, les SARL et les sociétés autres que par
actions de droit congolais et de droit étranger disposant toutefois dans le pays d'un
établissement stable au moment où elles effectuent le décaissement. L'art 13 de
l'ordonnance-loi précitée énumère les différentes sortes de revenus imposables à la
contribution mobilière. Ces revenus sont de 4 ordres :
les dividendes et les revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres
que par actions
les intérêts d'obligations et les intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles
les tantièmes et
les redevances.

Le Droit fiscal étant de stricte interprétation, aucun autre revenu mobilier non prévu par
l'art 13 ne peut être soumis à la contribution mobilière.
A titre d'exemple, les intérêts produits par des capitaux empruntés à des fins personnelles;
les intérêts de titres constitutifs d'emprunts émis par les pouvoirs publics ou encore les
revenus des parts des associés actifs dans les sociétés autres que par actions ne sont pas
concernés par la contribution mobilière.
B. Caractéristiques des revenus mobiliers en Droit fiscal

72
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art2
Cours de Droit Fiscal/2005 43

Le revenu mobilier n'est imposable qu'à partir du moment où il y a attribution ou mis à la


disposition du créancier. L'existence d'une créance ou d'un revenu ou encore d'un
dividende ne suffit pas;
Cours de Droit Fiscal/2005 44

- Le revenu mobilier n'est pas nécessairement un revenu perçu régulièrement. Il peut aussi
être un revenu perçu occasionnellement ou exceptionnellement;
Le revenu mobilier ne peut pas constituer un capital, il garde son caractère de revenu.

Section I1 : revenus mobiliers imposables

Comme nous l'avons dit ci-haut les revenus mobiliers sont de 4 ordres :
les dividendes et les revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres
que par actions
les intérêts d'obligations et les intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles
les tantièmes et
les redevances.

§1. Dividende et Revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que
par actions

I. Dividende ou revenus des actions et les parts y assimilées des SARL

A. Dividendes

Ce terme désigne la partie du bénéfice que la société distribue à ses actionnaires. Mais le
législateur précise que les revenus des actions visés comprennent " les dividendes,
intérêts (…) et tous les autres profits attribués à quelque titre et sous quelque forme que ce
soit"73. Le mot "intérêt" est associé aux dividendes puisqu'il arrive que le bénéfice distribué
comprenne 2 éléments : un intérêt fixe provenant d'obligations appelé 1er dividende et un
autre provenant d'actions appelé superdividende qui s'ajoute au 1er et dont l'importance est
variable.
L'origine des dividendes importe peu pour que la contribution mobilière soit due. Ce qui
compte c'est l'enrichissement nouveau opéré dans le chef de l'actionnaire par la
distribution des dividendes.
Ainsi, sont notamment considérés comme dividendes passibles de la contribution
mobilière;

les intérêts intercalaires ou dividendes intercalaires c'est-à-dire les revenus attribués aux
actionnaires pendant la période préparatoire qui précède l'exploitation proprement dite
d'une société et qui sont imputés sur les frais généraux;
les dividendes fictifs distribués par la société alors qu'elle n'a pas réalisé de bénéfices;
les dividendes intérimaires qui sont des dividendes qui sont répartis en cours d'exercice
mais à valoir sur ceux escomptés en fin d'exercice;
les dividendes complémentaires :ce sont ceux qui sont distribués à la suite de la restitution
par le trésor d'un supplément au titre de la contribution mobilière.

B. Conditions d'imposabilité

Ces revenus ne sont imposables que :


S'il y a une distribution réelle des revenus ou mise à la disposition de l'actionnaire c'est-à-
dire le transfert des revenus de l'actif du patrimoine de la société à celui de l'actionnaire.

L'art 25 de l'O.L. de 1969 précité dispose que la contribution mobilière est due dès qu'il y a
paiement de revenus c'est-à-dire que les revenus sont effectivement distribués ou
simplement mis à la disposition du bénéficiaire. Cela implique que lorsque la société a

73
O-L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 14 al 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 45

décidé la distribution des dividendes et a commencé le paiement effectif, si elle décide par
la suite sa suspension ou son annulation, la contribution reste tout de même due.

S'il y a une distribution faite aux actionnaires réellement en vertu de leur souscription ou en
rémunération d'un apport quelconque.

Sont exclues dans ce cas d'espèce :


les rémunérations allouées aux membres du conseil d'administration
les rémunérations allouées aux employés
la participation du personnel au bénéfice de l'entreprise.

S'il y a une distribution faite au titre de bénéfice

Ne pas considéré comme une distribution faite au titre de bénéfice : le remboursement du


capital engagé par l'actionnaire ou la restitution de son apport.

C. Revenus visés

Aux termes de l'art 14 al 1&2 de 1969, les revenus des actions et des parts y assimilées
des sociétés par action comprennent :
les dividendes, les intérêts, les parts des fondateurs et de tous les autres profits attribués à
quelques titres et sous quelques formes que ce soit;
les remboursements totaux ou partiels du capital social dans la mesure où ils comprennent
des bénéfices, des plus-values ou des réserves incorporés antérieurement au capital
social.

La généralité de l'art 14 al 1&2 précité, relatif à l'imposition sur le revenu mobilier implique
toute distribution apparente ou occulte des revenus. C'est le cas notamment de :
dividendes et intérêts attribués comme bénéfices (dividende fictif, dividende intérimaire,
dividende complémentaire & intérêt intercalaire)
dividendes et intérêts affectés à la libération des titres ou au paiement des dettes que
l'actionnaire a vis-à-vis de la société. L'administration fiscale pense qu'il y a
enrichissement, l'attribution des revenus et leur emploi sont concomitants.
intérêts de versement anticipatif c'est-à-dire les intérêts payés par la société à l'actionnaire
qui effectue un versement anticipatif avant qu'un appel des fonds ait été décrété,
distribution des réserves et des plus-values comptables ou non constituées par la société
incorporation des réserves ou des plus-values au capital et remise en contre partie des
revenus, des titres susceptibles de produire ces revenus. On distingue communément à
travers les décisions de l'assemblée générale ou des écritures comptables, l'incorporation
facultative de l'incorporation obligatoire.

Incorporation facultative :
Elle signifie que la société laisse aux actionnaires le choix soit d'encaisser la part de leurs
revenus dans les réserves, soit de consacrer cette part à la libération des actions
nouvelles. Il y a une distribution réelle des réserves. La contribution mobilière est due
puisqu'il y a l'idée d'enrichissement.

Incorporation obligatoire des réserves :


Elle signifie que les actionnaires n'ont pas le choix de disposer ou non de la part de leurs
revenus dans les réserves. La société décide de les incorporer dans le capital social et de
leur remettre en contrepartie des actions nouvelles. Il n'y a pas d'enrichissement et pas de
Cours de Droit Fiscal/2005 46

contribution mobilière dans l'immédiat mais ces réserves seront plus tard imposées lors de
la dissolution de la société74.
Du point de vue fiscal, cette incorporation obligatoire des réserves et des plus-values au
capital social, n'est pas une distribution des bénéfices et par ailleurs, ne fait enrichir ni la
société, ni l'actionnaire dans l'immédiat. La contribution mobilière n'est pas due dans
l'immédiat mais l'imposition interviendra au moment de la liquidation.

74
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 17
Cours de Droit Fiscal/2005 47

Intérêts d'obligation participante ou intérêts d'obligations fixes en fonction des bénéfices

Est assimilée aux revenus d'actions, la partie fixée en fonction des bénéfices, des revenus
attribués aux porteurs d'obligations et de tous autres titres constitutifs d'emprunts75.
En matière d'émission d'obligations, il peut arriver qu'en plus de l'intérêt fixe, les
obligataires soient bénéficiaires d'un autre intérêt variable fixé en fonction des bénéfices
réalisés par la société.
L'intérêt fixe sera déductible des bénéfices mais la société ne pourra pas déduire des
bénéfices, l'intérêt variable assimilé aux dividendes, au titre de la contribution
professionnelle sur le bénéfice. Cet intérêt est soumis à la CM.

Revenus portés en compte.

"Est notamment assimilé au paiement de la contribution mobilière, l'inscription d'un revenu


à un compte au profit du bénéficiaire"76. Le compte doit être disponible et le bénéficiaire
doit avoir la libre disposition.

II. Revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par actions

Les revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par actions
comprennent les "intérêts et tous les profits attribués à quelques titres et sous quelques
formes que c'est soi"77. Sont en outre assimilées aux revenus imposables, toutes les
sommes dont les associés sont débiteurs à un titre quelconque vis-à-vis de la société
congolaise à la fin de l'exercice comptable.
La compréhension des termes "associés non actifs" et "sociétés autres que par actions"
nous semble nécessaire pour une meilleure application de cette contribution :

Les associés non actifs


Ce sont ceux qui ne participent pas à la gestion journalière de l'entreprise c'est-à-dire ceux
qui ne font pas fructifier par leur travail le capital qu'ils ont investi.78
Par exemple le commanditaire, le bailleur des fonds qui ne s'ingère pas dans la gestion de
la société.

Les sociétés autres que par actions79


Par les sociétés autres que par actions on entend, les autres formes des sociétés
reconnues par le droit commercial part la société par actions à responsabilité limitée. A
savoir :
La Société à Commandite Simple (SCS)
La Société à Noms Collectifs (SNC)
La Société privée à responsabilité limitée (SPRL)
La Société Coopérative (SC)

Sont assimilées aux sociétés autres que par actions, les associations de fait et groupement
dépourvus de personnalité juridique possédant une comptabilité propre ainsi que les

75
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 14 al.2
76
Idem, art 25 al.2
77
Ibidem, art 15 al.1er
78
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit,, art 20
79
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 2 tel que modifié par le décret 109/2000 du
19 juillet 2000, op.cit, art 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 48

associations momentanées. Les sociétés civiles étant exclues. Sont également visées par
la contribution mobilière, les sociétés autres que par actions étrangères dans la mesure où
elles possèdent un établissement permanent ou fixe en République Démocratique du
Congo.

§2. Intérêts d'obligations et intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles

I. Intérêts d'obligation
a) Notion
Lorsqu'une SARL a besoin des capitaux pour assurer ou étendre son exploitation, elle peut
se le procurer de deux manières :
soit par une augmentation du capital
soit par une émission d'obligations

L'émission d'obligations présente pour la société l'avantage de ne pas augmenter le


nombre des actionnaires qui participent au bénéfice mais lui impose cependant la charge
de payer les intérêts et de rembourser les capitaux prêtés. Les obligations, elles, génèrent
des revenus qui sont imposables à la CM.

b) Revenus imposables

Ces revenus sont notamment : les intérêts des obligations, les obligations participantes
ainsi que tous autres intérêts, primes ou lots attribués aux porteurs d'obligations, de bon de
caisse de reconnaissance et de tous autres titres constitutifs d'emprunts quelle qu'en soit
la durée.
Trois revenus d'obligations méritent d'être explicités :
Les intérêts des obligations participantes : seule nous intéresse la partie variable
assimilée au dividende, la partie fixe est déductible à la contribution professionnelle
Les obligations à prime : Elles sont celles qui sont remboursables pour une valeur
supérieure au prix d'émission. Elles sont imposables au regard de la contribution mobilière.
A titre d'exemple, une obligation émise à 2.000 FC remboursable à 2.100 FC. Les 100 FC
constituent la prime.
Les obligations à lot : ce sont celles qui se donnent au tirage au sort, lors du
remboursement avec attribution d'une somme plus ou moins importante appelée "lot"
imposable à la contribution mobilière.
Notons que la contribution sur les lots est discutable en ce sens qu'ils constituent des gains
exceptionnels et aléatoires. Il est donc difficile de parier sur leur nature des revenus ou
non. Certains intérêts présentent un caractère particulier et peuvent ou non être soumis à
la CM selon qu'ils présentent le caractère des revenus ou non. On peut citer par exemple :

Intérêts majorés :
La majoration des intérêts prévue conventionnellement en cas de non paiement de ceux-ci
à l'échéance, constitue un revenu produit par le capital engagé et non une indemnité. La
contribution mobilière reste due.

Intérêts moratoires :
Les intérêts moratoires constituent la réparation d'un préjudice et non le revenu d'un
placement. La contribution mobilière n'est pas due.

Intérêts judiciaires :
Les intérêts judiciaires ne sont pas non plus le revenu d'un capital placé mais plutôt la
réparation d'un dommage. Ils sont considérés comme étant la continuation des intérêts
moratoires. La contribution mobilière n'est pas non plus due.
Cours de Droit Fiscal/2005 49

II. Intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles

Sont également imposables à la CM les revenus, y compris tous intérêts et avantages, des
capitaux empruntés à des fins professionnelles par des sociétés ou des personnes
physiques qui ont en République Démocratique du Congo leur domicile, leur résidence ou
un établissement80.
Les capitaux empruntés à des fins professionnelles sont des capitaux engagés dans
l'exploitation d'une entreprise et qui sont rémunérés par des intérêts fixes. La personne
physique ou morale débitrice des intérêts doit retenir la CM à la source81.
Est exclu, le revenu du capital emprunté à des fins personnelles. A titre d'exemple, le
capital emprunté par une personne physique pour la construction de sa maison.

Toutefois, il faut signaler que ne sont imposés à la contribution mobilière que les revenus
perçus par les personnes physiques établies en République Démocratique du Congo ou
par les personnes morales non établies au République Démocratique du Congo.
Par contre, les revenus perçus par les sociétés congolaises ou les sociétés étrangères
établies au Congo sont imposables non pas à la contribution mobilière, mais à la
contribution professionnelle sur le bénéfice.
Il en est ainsi des revenus des prêts consentis par une banque ou un autre établissement
faisant profession de prêter des capitaux. Ces revenus seront uniquement imposés à la
contribution professionnelle.82

§3. Tantièmes

On entend par tantième, une somme variable prélevée sur le bénéfice annuel réalisé par
une société par actions et allouée aux administrateurs en rémunération de leur fonction.
La contribution mobilière s'applique aux tantièmes allouées aux membres du conseil
d'administration dans les sociétés de droit national par actions et dans les sociétés de droit
étranger par actions ayant un établissement permanent ou fixe en République
Démocratique du Congo.
Les tantièmes soumis à la contribution mobilière attribués par une société par actions
étrangère sont fixés forfaitairement à 10% des revenus réalisés et imposés tant au niveau
de la contribution professionnelle qu'à celui de la contribution cédulaire sur le revenu
locatif83.

§4. Redevances

Par ce vocable, il sied de souligner que le législateur en se référant à l'art 12 al.2 du


modèle de convention fiscale en vue d'éviter la double imposition en matière d'impôt sur le
revenu publié par le comté des affaires sociales et fiscales de l'OCDE84. Ainsi sont
considérés comme redevances :
Tous les revenus tirés de l'usage ou de la concession de l'usage, les droits d'auteurs sur
des œuvres littéraires artistiques ou scientifiques, y compris les films et d'autres bandes
pour la radio et télévision.

80
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 13. 3°)
81
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 23
82
Idem, art 22
83
Ibidem, art 16
84
AZAMA LANA, op.cit, p.90
Cours de Droit Fiscal/2005 50

Tous les revenus tirés de l'usage ou de la concession de l'usage des biens mobiliers
corporels ou incorporels de la propriété industrielle, commerciale et scientifique.85

C'est à ce titre que sont assujettis à la contribution mobilière les revenus de toute nature
perçus par la cession ou la concession d'un équipement industriel, d'une enseigne
commerciale, d'un droit d'auteur et d'une propriété intellectuelle.
Sont également compris dans les rémunérations imposables, non seulement le paiement
fait à l'exécution d'un contrat de licence, mais également toute indemnité qu'une personne
sera obligée de verser pour la contrefaçon ou usage du droit.

Par ailleurs, l'imposition de redevance porte essentiellement sur la valeur nette. Les
redevances sont imposables sur leurs valeurs nettes, déduction faite des charges
réellement exposées en vue de leur acquisition ou de leur conservation par les
bénéficiaires.

Le montant net s'entend de leur montant brut diminué des dépenses ou des charges
exposées en vue de leur acquisition ou de leur conservation par le bénéficiaire. A défaut
d'éléments probants, les dépenses ou les charges sont fixées forfaitairement à 30% du
montant de redevance.86

Section III Exonération, Partage de l'avoir social et Appréciation de la contribution mobilière

§1. Exonérations

Certains paiements sont exonérés de la CM. C'est le cas notamment de :

Remboursement du capital social et rachat d'actions


Dans le remboursement du capital, l'actionnaire ne quitte pas la société et ne perd pas ses
droits sociaux. Il reçoit la restitution de ses apports et en contrepartie, la société lui remet
des actions de jouissance qui lui permettront de continuer à toucher des dividendes et à
garder ses droits dans boni de liquidation. Il n'y a pas de contribution mobilière dans la
mesure où il ne comprend pas de bénéfices, des plus-values ou des réserves y incorporés
antérieurement.
Par contre, dans le rachat d'action, l'actionnaire perd ses droits sociaux, il n'est plus
associé et quitte définitivement la société. Il reçoit de la société, un prix de vente et non
une part des bénéfices. La vente des actions n'est pas imposable car elle se fait avec des
bénéfices, des réserves de la société et implique pour les autres actionnaires restant, une
augmentation de la valeur de leur action.
La distribution des primes d'émission
La prime d'émission est une institution qui pallie à l'inconvénient résultant de la
multiplication des mains prenantes dans les réserves et bénéfices actuels lorsque
l'augmentation du capital se réalise par apports nouveaux en espèces. Elle fournit aussi
des fonds à la société (…)87. Aucun texte légal en matière commerciale n'instaure en droit
congolais, la prime d'émission sauf en matière fiscale où elle est prévue non pas au titre de
la contribution mobilière mais au titre de la contribution professionnelle, l'imposition des
primes d'émission.88
En effet, les primes d'émission ne sont pas considérées comme des bénéfices pour autant
qu'elles soient affectées à un compte indisponible ou incorporé au capital social. La prime

85
O.L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 13. 8°
86
Idem
87
LUKOMBE NGHENDA, op.cit, p.931
88
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, art 31
Cours de Droit Fiscal/2005 51

d'émission est pour l'actionnaire un apport en société plutôt qu'un revenu. La contribution
mobilière n'intervient donc pas sur la distribution des primes d'émission.

La jurisprudence congolaise a appliqué à titre de principes généraux de droit la loi


française du 4 mars 1943 qui précise que l'augmentation de capital en numéraire peut se
faire moyennant le versement, outre la valeur nominale de l'action nouvelle, d'une prime
d'émission .

Pour le professeur LUKOMBE NGHENDA la contribution mobilière sur la prime d'émission


doit être acquittée au moment de la liquidation de la société puisqu'elle n'est pas un apport
à proprement parler et qui resterait à rembourser en exemption d'impôt.89Ce point de vue
nous semble discutable car la loi fiscale est de stricte interprétation.

Si pendant la vie de la société la distribution de la prime est exonérée au motif qu'il s'agit
d'un apport et non d'un revenu, ce motif nous semble valable même pour la fin de la de vie
de la société.

Souscription par les anciens actionnaires des titres en dessous de prix d'émission
La contribution mobilière n'intervient pas dans l'immédiat mais seulement lors de la
liquidation si l'actionnaire perçoit plus que ce qu'il avait effectivement versé.
Transformation des parts des fondateurs en action (capital)
Elle ne donne pas lieu à l'imposition des contributions mobilières même si les actions
attribuées en échange ont une valeur supérieure à celle des parts des fondateurs. La
contribution mobilière n'est pas due, parce qu'il n'y a ni distribution, ni paiement.

Remise d'action en paiement de dette


Les actions remises par une société à ses actionnaires en paiement de dette qu'elle a vis-
à-vis d'eux, ne constitue pas une distribution faite à titre de revenu. Par conséquent il n'y a
pas imposition de la contribution mobilière.

Fusion des sociétés


La fusion des sociétés encourage la concentration. La fusion des sociétés par voie de
création d'une nouvelle société ou par voie d'absorption n'est pas considérée comme un
partage de l'avoir social90. L'opération de fusion n'implique pas une rupture de continuité
entre les sociétés fusionnées et la société nouvelle. Aussi l'opération de fusion ne
concerne pas un cas de partage de l'avoir social, bien que la société absorbée ou
fusionnée disparaisse.
Pour les associés des sociétés absorbés ou fusionnées il ne s'agit pas de mettre fin aux
sociétés mais de renforcer' leurs moyens d'action.

Par conséquent, la contribution mobilière n'est pas immédiatement due sur la plus-value
résultant de l'échange des titres de la société absorbante ou de la nouvelle société née de
la fusion entre ceux de la société dissoute ou absorbée.
Mais elle sera due lors de la liquidation de la société absorbante ou de la société nouvelle
créée.
Cette prérogative était déjà accordée par un décret spécial du 06 août 1959 en ce qui
concerne les exonérations diverses en cas de fusion et d'absorption d'entreprises réalisées
entre le 1er janvier 1958 et le 31 décembre 1961.

Changement de forme juridique des sociétés

89
LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés , tome II, PUC, 1999, p.933
90
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 31
Cours de Droit Fiscal/2005 52

Par changement de forme, l'on considère que la société opte pour une autre forme tout en
conservant la personnalité juridique de la société. Elle n'entraîne pas la dissolution de la
société car elle est considérée comme une simple modification statutaire.
"La société SPRL peut en tout temps moyennant l'adhésion unanime des associés, se
transformer en une société d'un autre type sans que cette transformation donne naissance
à une personne morale nouvelle et sous réserve des droits des tiers."91
Toutefois, c'est sur le plan fiscal que l'allusion a été faite aux SARL, le changement de
forme juridique ne constitue pas non plus un cas de partage de l'avoir social. La
transformation d'une société possédant la personnalité juridique en une autre société, se
fait à condition que les éléments de l'actif et du passif de la société dissoute soient
transférés tel quel dans les écritures de la nouvelle société et que le capital y compris les
réserves existant apparaissent intactes au passif de la société.
A titre d'exemple, le législateur colonial encourageait la transformation des sociétés
anonymes belges en sociétés congolaises par actions à responsabilités limitées en
exonérant la contribution mobilière c'est-à-dire en ne prenant pas en compte cette
transformation comme le partage de l'avoir social.

§2. Partage de l'avoir social

a) Explication du partage de l'avoir social

Le partage de l'avoir social suppose le passage de cet avoir social du patrimoine de la


société dans celui de l'actionnaire et la perte de la qualité d'associé dans le chef de celui-
ci. Le partage de l'avoir social peut être total ou partiel.
Il est partiel en cas de dissolution d'une société lorsque le liquidateur procède à un partage
partiel en attendant la liquidation totale de la société et distribue des acomptes à valoir sur
la part revenant à chaque associé.
Il est total lorsque la société des capitaux ou des personnes est complètement dissoute et
que tout avoir social est reparti entre les associés.

En ce qui concerne les sociétés autres que par actions, un associé se retire et reçoit sa
part dans l'avoir social. Dans ce cas le partage partiel est l'opération par laquelle un
associé ou ses ayants-droits se retirent de la société en recevant sa part ou ses parts du
capital ou des réserves. Dans les sociétés des personnes il y a donc plusieurs cas de
partages partiels dans lesquels la société doit payer à un associé démissionnaire ou exclu
ou aux héritiers d'un associé décédé, la valeur de ses parts déterminée conformément au
statut.

Deux éléments apparaissent dans la somme payée par la société à l'associé sortant ou à
ses héritiers :
la partie correspondante à la quote-part du capital libéré éventuellement réévaluée que
représente les parts remboursées.
l'excédent appelé "boni de partage partie" considéré comme dividende distribué et
imposable à la contribution mobilière.

Quant à la SARL, le partage partiel de l'avoir social à la suite du décès de l'actionnaire, de


sa démission ou de son exclusion n'est pas évident. Raison pour laquelle on parle plus des
cas de boni de liquidation entre la dissolution et la liquidation proprement dite.

b) Boni de liquidation

91
Décret du 27 février 1887 sur les sociétés commerciales, art 42
Cours de Droit Fiscal/2005 53

En cas de partage même partiel de l'avoir social par suite de liquidation ou de toute autre
cause, la contribution due en vertu de l'art.13 est applicable sur l'ensemble des sommes
réparties en espèce en titres ou autrement, déduction faite du capital social réellement
libéré, restant à rembourser. La contribution mobilière est due sur tout remboursement
effectué au delà du capital. Par boni de liquidation, il faut prendre en considération toutes
les sommes que perçoivent les associés des avoirs investis dans l'exploitation ou pendant
les continuation de la société en liquidation au delà de leur mise initiale.92 Le capital social
réellement libéré restant à rembourser est constitué par tous les apports qui avaient été
effectués en espèce ou en nature, à l'exclusion des apports en industrie et des bénéfices
ou réserves incorporés au capital.

§3. Montant de la contribution pris en charge par le débiteur des revenus imposés

" L'impôt pris en charge par le débiteur des revenus est à comprendre dans l'assiette de
l'impôt lui même"93 car dès l'instant où le débiteur prend la décision de payer à son
créancier non pas 80% des revenus mais le 100%; ce fait procure au bénéficiaire un
supplément des revenus qu'il faut soumettre à l'impôt.
Les redevables légaux de l'impôt ou encore les débiteurs des revenus visés par
l'ordonnance-loi c'est-à-dire les sociétés visées à l'art 13 ou encore les sociétés des
personnes payant les revenus imposables ont le droit de retenir l'impôt au taux de 20% sur
les revenus dont ils sont redevables et faire supporter cette contribution par les
contribuables réels. Il s'agit ici d'un droit et non d'une obligation. L'administration fiscale est
dépourvue de toute action contre les contribuables. Le respect de conventions qui peuvent
résulter de deux parties est de stricte application c'est-à-dire que le débiteur des revenus
peut conformément aux clauses d'un contrat signé de manière tacite ou expresse entre lui
et son créancier décider de prendre en charge tout ou partie de l'impôt à payer sans
néanmoins enfreindre les règles fiscales.
La retenue à la source de l'impôt devenue exigible doit s'effectuer malgré toute opposition
des bénéficiaires et quelle que soit la nationalité de ces derniers.

§4. Appréciation de la contribution cédulaire sur les revenus mobiliers et cas pratique

A. Appréciation

La contribution mobilière est minime dans l'ensemble des recettes budgétaires. Sa


législation semble être incompréhensible et partant, elle occasionne une importante
évasion fiscale.

Par ailleurs, les modalités d'assiettes laissent une large latitude aux contribuables de payer
ou de ne pas payer leurs cotisations. Sa débition conditionnée par une décision unilatérale
de l'assemblée générale ordinaire d'affecter à la jouissance personnelle des associés, une
partie du patrimoine de la société contraste avec le caractère inéluctable de l'impôt.
Enfin, les sociétés croient saper le rapport de confiance qui existe entre elles et leurs
clients en donnant des renseignements à l'administration fiscale dans la mesure où la
collaboration avec celle-ci n'entraîne pas nécessairement une amélioration de l'équité
fiscale.

B. Cas pratique

92
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 17
93
Idem, art 21
Cours de Droit Fiscal/2005 54

Trois frères et leur sœur ont crée une SPRL dénommée société DIATA qui exerce des
activités commerciales. Lydie et Trésor sont des associés actifs qui assument les fonctions
des gérants et qui possèdent chacun 30% du capital, les restes sont détenus à parts
égales par les associés non actifs Jephté et Bejo.

Au 31/12/1999, le tableau de formation des résultats de la société fait apparaître un


résultat net avant contribution de 500.000FC. de l'examen des comptes de l'exercice 1999,
et il est noté des données suivantes :
à la fin de l'exercice chaque associé a eu droit à un poste T.V. d'une valeur de 15.000FC
la société DIATA est propriétaire de 5 immeubles :
un immeuble commercial à la Gombe de 200m² où sont installés le magasin et les
bureaux;
deux villas à Binza Ma Campagne de 250m² chacune où sont logés les associés actifs
un appartement de 50m² à Barumbu Bon Marché mis gratuitement à la disposition de leur
père qui y exploite une bureautique
une villa de 300m² à Masina Petro Congo
Bejo a touché des intérêts de l'ordre de 8.000FC sur un crédit qu'il a fait à la société
la société DIATA a perçu des dividendes de 100.000FC de la part de la société Trans-
Chicco où elle est actionnaire, après retenue de la CM à la source
elle a en outre bénéficié des revenus locatifs de la villa de Petro-Congo donnée en location
de 80.000 FC
A. Quelles sont les contributions?
CF
CRL
CRM que doit supporter la société DIATA?
B. Quelle CRM doit payer chacun des associés quand on sait qu'ils se sont distribués la
moitié du résultat avant contribution et combien chacun des associés percevra-t-il au titre
des dividendes?
Solution
A) Les contributions que doit supporter la société DIATA
A.1. CF
L'immeuble commercial et l'appartement sont imposables forfaitairement suivant les taux
fixés par l'arrêté n°062 du 19 octobre 1999
Soit - Immeuble commercial (C/Gombe : 1er rang) …………………………94Ff
- Appartement (C/Barumbu-Bon Marché : 1er rang) …………………..564 Ff

658Ff
Les villas sont imposables par mètre carré de superficie suivant les taux fixés par l'arrêté
ministériel n°062 du 19 octobre 1999.
Soit - 2 villas de la Gombe (1er rang) : 250m² x 2 app. x 7,05 Ff = 3525Ff
- 1 villa à Petro-Congo (3è rang) : 300 m² x 1 app. X 2,35Ff=705Ff
4230Ff
C.F. totale = 658 Ff+4230Ff=4888Ff= 4888 Ffx23,50FC=114.868FC
A.2. CRL
Seule la villa de Masina Petro-Congo est effectivement louée et doit en principe supporter
la CRL, mais la société devra également payer cette contribution sur l'appartement de
Barumbu Bon Marché mis gratuitement à la disposition d'une personne physique pour
usage professionnel conformément à l'art 4 bis créé par le décret-loi n°109/2000 modifiant
et complétant certaines dispositions en matière de contributions cédulaires sur les revenus
en son article 2. Cette deuxième CRL sera calculée sur base de la B.F.I.

Villa de Masina Petro-Congo (3ème rang, Tarif F = 2$ US)


B.F.I.=300m²x2$x50FC=30.000FC
Cours de Droit Fiscal/2005 55

Revenus locatifs encaissés = 80.000FC


Etant donné que les revenus locatifs encaissés sont supérieurs à la B.F.I ce sont les
revenus locatifs réellement encaissés qui serviront de base au calcul de la CRL
CRL = 80.000FCx22%=17.600FC
Appartement de Barumbu Bon-Marché (1er rang tarif B= 15$ US)
B.F.I = 50m²x15$ USx50FC=37.500FC
CRL = 37.500x22%=8.250FC
CRL totale = 17.600FC+8.250FC=25.850FC
A.3. CRM
La société DIATA étant actionnaire dans la société Trans-Chicco a perçu des dividendes
de 100.000FC, qui normalement seront redistribués à ses propres associés. La CRM sera
retenue à la source par la société Trans-Chicco qui est le redevable légal tandis que la
société DIATA supportera la charge de l'impôt en tant que contribuable réel. Lors de la
redistribution de ces dividendes aux associés de la société DIATA aucune autre CRM ne
sera payée pour éviter la double imposition. Etant donné que la société DIATA a perçu
100.000FC, combien la société Trans-Chicco a retenu comme CRM? Pour répondre à la
question, il faut d'abord calculer les dividendes avant déductions de la CRM
Dividendes – CRM = 100.000FC
Dividendes – Dividendes x 20% = 100.000FC
Dividendes (1-0,20) = 100.000FC
Dividendes = 100.000FC
1-0,20
= 125.000FC
D'où CRM = 125.000FC x 20% = 25.000FC
B) CRM que doit payer chaque associé de la société DIATA et les dividendes que doivent
percevoir chacun après déduction de la CRM
B.1. CRM de chaque associé
Les associés se sont distribués la moitié du résultat avant contribution qui est de
500.000FC soit 250.000FC
Ainsi Lydie 30% : 75.000FC
Trésor 30% : 75.000FC
Jephté 20% : 50.000FC
Bejo 20% : 50.000FC
Lydie et Trésor étant des associés actifs ne paieront pas de CRM, leurs revenus des parts
sociales auxquels il faut ajouter l'avantage en nature d'un poste TV à chacun d'une valeur
de 15.000FC seront soumis à la CPR94.
Seuls Jephté et Bejo, associés non actifs paieront la CRM qui portera non seulement sur
les revenus des parts sociales touchées mais aussi sur les avantages en nature qu'ils ont
bénéficié (un poste T.V. chacun d'une valeur de 15.000FC) et même les intérêts payés à
l'associé Bejo seront pris en compte dans le calcul de la CRM95.
Calcul de la CRM pour chaque associé
Lydie : CRM : néant
Trésor : CRM : néant
Jephté :
Revenu des parts sociales : 50.000FC
Avantages en nature (TV) 15.000FC
Total 65.000FC

94
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 27.2° tel que modifié par le décret-loi
n°109/2000 du 19 juillet 2000,
op.cit, art 1er
95
Idem, art 15 al. 1er
Cours de Droit Fiscal/2005 56

CRM : 65.000FCx20%=13.000FC
Bejo :
Revenu des parts sociales : 50.000FC
Avantage en nature (T.V.) : 15.000FC
Intérêt 8.000FC
Total 73.000FC
CRM=73.000FC x 20% = 14.600FC
La société devra donc retenir à la source comme CRM 13.000FC+14.600FC=27.600FC
B.2. Chaque associé recevra au titre des dividendes
Lydie : 75.000FC-0 = 75.000FC
Trésor : 75.000FC-0 = 75.000FC
Jephté : 50.000FC-13.000=37.000FC
Bejo : 50…FC-14.600=35.400FC

Sous-chapitre III : Contribution cédulaire sur le revenu professionnel

Section I : Notions générales


§1. Notions fiscales d'entreprise
Le terme "entreprise" utilisé en droit fiscal congolais96 vise toute organisation
professionnelle constituant une unité économique d'exploitation au sens large du terme. Il
concerne à la fois les entreprises ne jouissant pas d'une autonomie juridique et celles
organisées sous forme sociétaire.
Les entreprises sociétaires comprennent les sociétés par actions et les sociétés autres que
par actions. Sont également assimilées aux sociétés autres que par actions, les
associations de fait et groupes dépourvus de personnalité juridique ayant une comptabilité
propre ainsi que les associations momentanées, à l’exception des sociétés civiles. Les
entreprises non sociétaires sont essentiellement des exploitations individuelles ou
familiales qui n'ont pas de patrimoine propre différent de celui de l'exploitant.

Le régime d'imposition des entreprises s'applique d'une manière générale à toute


entreprise quelle que soit le genre de son activité : entreprise industrielle, commerciale,
artisanale, agricole et immobilière. Ce régime s'oppose à celui de profession libérale,
charges, offices et autres occupations lucratives. La différence entre les deux régimes est
constituée par le fait que les entreprises sont imposées sur la base du résultat comptable.
Tandis que les professions libérales, charges, offices et d'autres occupations lucratives
sont imposés sur la base de la différence entre les recettes totales et les dépenses
effectives inhérentes à l'exercice de la profession, c'est-à-dire sur base des profits.
La fiscalité des bénéfices de l'entreprise diffère selon qu'il s'agit des entreprises de droit
congolais et des entreprises étrangères.

§2. Notion fiscale des revenus professionnels

Cette notion est difficile à saisir. Pour rappel elle se définit par rapport à deux théories :
Théorie de la source ou théorie du compte d'exploitation générale et
Théorie d'accroissement d'avoir ou théorie du bilan.

C'est cette dernière théorie qui répond mieux à l'imposition des bénéfices d'une entreprise
parce qu'elle tient compte de la capacité contributive et touche même les revenus
occasionnels (plus-value ou moins-value) qui ne proviennent pas de l'exploitation. Dans
les entreprises sociétaires, tous les revenus sont professionnels étant donné qu'une
société n'existe que pour le besoin d'exploitation. Tandis que dans les entreprises

96
O.L. n°69-009 du 10 février, op.cit, art30
Cours de Droit Fiscal/2005 57

individuelles, les revenus professionnels doivent provenir d'une occupation lucrative. En


droit congolais, il y a 3 catégories des revenus professionnels qui bénéficient chacune d'un
régime d'imposition propre :
Les bénéfices des entreprises;
Les profits des professions libérales;
Les rémunérations.
Cours de Droit Fiscal/2005 58

Section II. Régime fiscal des entreprises

Le régime fiscal des entreprises peut être subdivisé en cinq autres régimes :
Le régime des sociétés par actions congolaises,
Le régime des sociétés autres que par actions,
Le régime des sociétés étrangères et
Les régimes des PME et des entreprises individuelles ou familiales.

§1. Régime d'imposition des sociétés par actions congolaises

A. Principes

1. Respect de la structure cédulaire et déduction des revenus déjà imposés :

Comme nous l'avons dit, une société n'existe que pour le besoin de son exploitation tous
les revenus qu'elle a réalisés ou perçus doivent être considérés comme revenus
professionnels. Ces revenus peuvent être déductibles s'ils avaient déjà fait l'objet d'une
imposition quelconque. Ainsi dans le cadre de la contribution professionnelle, on peut
procéder à la déduction pour éviter la double imposition et inciter à la prise de participation.

Ainsi, la loi fiscale dispose que : "en vue d'éviter la double imposition d'un même revenu
dans le chef d'un même redevable, les éléments déjà imposés au cours d'un exercice sont
déduits du montant de revenus imposables à la contribution professionnelle réalisés durant
cet exercice, à concurrence de la partie nette des éléments déjà imposés qui se retrouvent
dans lesdits revenus imposables à la contribution professionnelle."97
Ces revenus qui sont déjà imposés et qui peuvent être notamment déductibles sont les
suivants98 :
Les revenus des actions et parts quelconques et de tous les titres constitutifs d'emprunts
d'origine nationale émis par les sociétés ayant leur siège social et leur principal
établissement administratif en République Démocratique du Congo. La déduction de ces
revenus vise non seulement la prévention de la double imposition mais aussi
l'encouragement de la prise de participation ou de l'octroi des prêts à ces sociétés.
Les intérêts, les primes, des lots et de tous autres produits d'obligations. La déduction dans
le cas d'espèce vise à encourager la souscription au titre d'emprunt remis par le privé et
par l'Etat.
Les autres revenus mobiliers qui ont réellement supportés la contribution mobilière et les
revenus locatifs des bâtiments et terrains situés sur l'étendue de la République
Démocratique du Congo. La déduction dans ce cas d'espèce ne peut se justifier que dans
le souci d'éviter la double imposition.
Et les revenus locatifs des bâtiments et terrains sis en République Démocratique du Congo
qui ont déjà supportés la CRL.

2. L'imposition du bénéfice réalisé indépendamment de son affectation:

L'assiette de la contribution professionnelle d'une société par actions comprend 4 éléments


envisagés indépendamment de leur affectation. Il s'agit de :
réserves, fonds de provision et reports à nouveau;
dividendes;
tantièmes
les dépenses non admises

97
Ord-loi n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art.59 §1er
98
Idem, art 60
Cours de Droit Fiscal/2005 59

a. Régime d'imposition des réserves, fonds de provision et report à nouveau

Sont compris dans les bénéfices imposables, les réserves de fonds de provision
quelconque, le report à nouveau de l'année et toutes affectations analogues.99 En principe,
tous les bénéfices non distribués sont imposables dans le chef de la société quelle que soit
l'affectation qui leur est donnée. Il en est, ainsi, notamment des provisions constituées en
vue de faire face à des pertes de change ou à des dépréciations des éléments de l'actif ou
à des provisions pour risque à l'exception des provisions pour reconstitution des gisements
miniers qui ne sont pas imposables.

b. Régime d'imposition des dividendes et des tantièmes (bénéfices distribués)

Dividendes :
L'assiette de la contribution professionnelle comprend également tous les bénéfices
distribués sous forme des dividendes ainsi que les intérêts d'obligations participantes qui
sont assimilés aux dividendes.
Tantièmes :
Sont également soumis à la contribution professionnelle dans le chef de la société par
actions, les tantièmes qu'une société par action attribue aux membres du conseil général.
Les membres du conseil général sont ceux qui assument des fonctions analogues à celles
des administrateurs en vertu de la loi ou du pacte social et dont les rémunérations
dépassent les appointements normaux. La partie anormale de ces émoluments doit alors
être assimilée aux tantièmes et imposée à la contribution professionnelle dans le chef des
sociétés et à la contribution mobilière dans le chef des bénéficiaires. Ces membres sont
notamment les administrateurs, les gérants, les liquidateurs et toute personne exerçant
des fonctions analogues à celles des administrateurs. Ces rémunérations sont attribuées
en vertu des statuts par prélèvement sur le bénéfice de l'exercice.

c) Régime d'imposition des dépenses non admises

Les dépenses non admises en déduction ou les libéralités sont toutes seules qui sont
fiscalement rejetées comme charges professionnelles, parce que non nécessitées par le
besoin de l'exploitation. Ces dépenses ou libéralités constituent des bénéfices imposables
dans le chef de la société.
3. Taux
Le taux de la contribution professionnelle a été fixé lors de la réforme fiscale de 1969 à
40% avant d'être ramené à 50% par la loi n°75-003 du 9 janvier 1975100. Actuellement le
taux est de nouveau fixé à 40%101. Ce taux frappe le bénéfice des sociétés tant étrangères
que de droit national.

B. Détermination du bénéfice imposable


Dans la détermination du bénéfice imposable, nous allons parler du bénéfice brut et du
bénéfice net.

99
Ord-loi n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 31.al.5
100
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 83
101
arrêté-min n°004 du 24/06/1997, op.cit, art 6 (le décret n°109/2000 du 19/07/2000,
op.cit, aurait dû couvrir l'irrégularité de cet arrêté qui a modifié la loi).
Cours de Droit Fiscal/2005 60

I. Détermination du bénéfice brut

Le bénéfice brut comprend :

A. Revenus d'exploitation proprement dits

La loi fiscale détermine et définit les revenus qui sont imposables à la contribution
professionnelle. Ces revenus sont tous ceux provenant d'activités professionnelles
exercées en République Démocratique du Congo alors même que le bénéficiaire n'y aurait
pas son siège social, son principal établissement administratif, son domicile ou sa
résidence permanente. Il s'agit des bénéfices de toutes entreprises industrielles,
commerciales, artisanales, agricoles ou immobilières y compris les libéralités et avantages
quelconques accordés aux associés non actifs dans les sociétés autres que par actions102.

En bref, tous revenus provenant de l'exploitation normale de l'entreprise sont imposables


et ce, quelque soit leur affectation. Il en est ainsi :
les revenus affectés au remboursement d'une dette par la société : il constitue une
diminution relative du passif mais la société qui l'effectue ne diminue pas son patrimoine.
Autrement dit, le bénéfice servant à ce remboursement est pris en compte dans la base
d'imposition de contribution professionnelle
les sommes réservées à une certaine affectation. Les sommes réservées par ex. à
l'extension de l'entreprise, par acquisition des nouveaux éléments d'actif tels que le terrain,
le bâtiment sont également imposables.
des certaines sommes perçues par la société en cours d'exploitation ou à la fin de celle-ci
en contrepartie de la cessation partielle ou totale de l'activité, de l'annulation d'un contrat
d'achat ou de fourniture. A titre d'exemple, l'indemnité obtenue pour rupture d'un contrat de
livraison ou encore les indemnités d'expropriation destinées à couvrir une perte de la
clientèle ou un trouble commercial.

B. Autres revenus imposables

A part le revenu d'exploitation, d'autres revenus réalisés par la société sont également
imposables. C'est le cas notamment de :

B.1. Primes d'émission

Comme nous l'avons souligné ci-haut les primes d'émission sont des sommes que les
nouveaux actionnaires qui souscrivent à l'augmentation du capital social apportent en sus
du montant nominal de leurs titres afin de maintenir la valeur réelle des actions retenues
par les anciens actionnaires. Suivant leur nature, les primes d'émission ne sont pas de
revenus mais plutôt des apports effectués par les nouveaux actionnaires en même temps
que l'augmentation du capital social.
En Droit Congolais, les primes d'émission sont considérées comme des bénéfices
imposables dans la mesure où elles ne sont pas affectées à un compte indisponible ou
incorporé au capital social.

B.2. Plus-value ou gain en capital

a. Notion de la plus-value :

102
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 27
Cours de Droit Fiscal/2005 61

L'ordonnance-loi du 10 février 1969 pose le principe de l'imposition des entreprises non


seulement sur le revenu d'exploitation mais aussi sur le revenu occasionnel ou
exceptionnel provenant de l'augmentation des valeurs, des avoirs investis dans
l'exploitation103.
L'accroissement peut résulter d'une plus-value d'un élément de l'actif ou d'une moins-value
d'un élément du passif. Dans ce dernier cas, il s'agira généralement de la remise totale ou
partielle d'une dette ou de la réduction d'une dette exprimée en monnaie étrangère par
suite de la dépréciation des monnaies.

La plus-value peut être définie comme la différence positive qui se dégage en faisant la
comparaison entre d'une part la valeur présumée d'un bien à un moment donné et d'autre
part, la valeur initiale. La plus-value et la moins-value ne concernent que l'actif immobilisé
comprenant les éléments stables de l'entreprise. (éléments corporels et incorporels). A ces
éléments s'opposent les immobilisations financières et les éléments circulants (le stock, les
valeurs réalisables & disponibles). Ces éléments bien que dégageant l'accroissement des
valeurs, ils ne sont pas traités dans la catégorie des plus-values au sens fiscal des termes.

b. Sortes des plus-values :


Les plus-values peuvent être distinguées selon leur nature ou selon leur durée

b.1. Distinction selon la nature.

Selon leur nature les plus-values diffèrent selon qu'il s'agit des plus-values comptables
(exprimées ou opérations de réévaluation), des plus-values réalisées (cessions), des plus-
values issues du partage de l'avoir social (liquidation), des plus-values de transformation
des sociétés et de fusion des sociétés.

b.1.1. Plus-value comptable ou exprimée ou opération de réévaluation

Les plus-values comptables sont celles qui proviennent de l'évaluation des éléments d'actif
lesquels restent dans le patrimoine de l'entreprise.

 Causes des opérations de réévaluation des plus-values comptables


Plusieurs causes de réévaluation conduisent à la sous-estimation de l'actif de l'entreprise.
Ces sous-estimations créent des distorsions importantes entre la réalité économique et les
écritures comptables. Parmi celles-ci, on peut relever :
La spéculation foncière : Un terrain ou un immeuble peut accroître des valeurs du fait de
la spéculation
L'érosion monétaire ou la dévaluation monétaire : le déséquilibre issu de l'accélération de
l'inflation a des répercutions néfastes sur le bilan. La situation réelle du patrimoine de
l'entreprise risque de comporter des biens inscrits à leurs valeurs d'acquisition ou d'origine
avec des écarts considérables. C'est ainsi que la réévaluation vient corriger les valeurs
d'inscription de certains éléments de l'actif dans le patrimoine de l'agent économique pour
les ajuster aux conditions économiques du moment. La principale caractéristique de cette
opération est que l'élément de l'actif ne sort pas du patrimoine mais y demeure.
 Régime fiscal des plus-values comptables
Les plus-values comptables sont imposables à la contribution professionnelle sauf lorsque
la société les a simplement exprimées dans ses comptes ou inventaires, sans les traiter
comme des bénéfices. Dans ce cas les plus-values :

103
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art.30
Cours de Droit Fiscal/2005 62

restent actées dans un compte spécial du passif du bilan distinct des comptes de réserve
ou du capital;
demeurent incorporées aux biens;
ne font l'objet d'aucun amortissement, distribution ou prélèvement quelconque et qu'elles
ne servent pas de base à la répartition des bénéfices ou au calcul de la dotation annuelle
des réserves légales, des rémunérations ou des attributions quelconques. L'unique
utilisation possible des plus-values en exemption d'impôt est leur incorporation au capital
social
 Intérêt de l'imposition des plus-values comptables
Cet intérêt se manifeste sous deux aspects :
l'obligation faite à la société de maintenir un acte, son potentiel de production et par
conséquent de garder la plus-value incorporée dans le bien,
les plus-values seront imposées parce que la société les a considérées comme bénéfices
c'est-à-dire comme un nouvel enrichissement dans le chef de la société.
N.B. L'ord-loi n°89/017 du 18 février 1989 telle que modifiée et complétée à ces jours a
rendu obligatoire la réévaluation de l'actif immobilisé d'une entreprise. Cette réévaluation
doit se faire conformément au coefficient déterminé par le ministre des finances. L'arrêté-
ministériel n°017 du 13 avril 1998 modifiant et complétant à titre intérimaire certaines
dispositions de l'ordonnance-loi n°89/017 du 18 février 1989 autorisant la réévaluation de
l'actif immobilisé des entreprises dispose dans son art 1er que les immobilisations non
amortissables c'est-à-dire tous ceux qui ont trait aux terrains, fonds de commerce, etc.
doivent être réévalués en fonction de l'utilité que leur possession présente pour
l'entreprise, à leur coût estimé d'acquisition ou des reconstitutions en l'état.
Les augmentations d'actifs constatées à l'occasion de cette réévaluation doivent être
inscrites directement au bilan et restées sans influence sur le résultat de l'exercice de
réévaluation. L'art2 dispose également qu'il est institué une taxe spéciale d'incorporation
de la plus-value de réévaluation au capital des entreprises dont le taux est fixé à 1%.

b.1.2. Plus-value réalisée ou cession

Ce terme s'entend de toute opération ou de tout événement ayant pour but de faire sortir
un élément d'actif du patrimoine de l'entreprise. Sa caractéristique principale est la sortie
de l'élément concerné du patrimoine.
D'une façon générale, ces opérations font apparaître des plus-values réalisées. Autrement
dit, celles provenant de la réalisation d'éléments d'actif par la suite d'une cession, d'un
apport en société ou autrement et qui implique nécessairement la sortie des éléments
concernés du patrimoine de l'entreprise.

L'imposition des plus-values réalisées est régie par l'O.L. de 1969 qui dispose ceci :
- les accroissements résultant des plus-values réalisées sur un immeuble, outillage,
matériels, mobiliers, participations et valeurs de portefeuille sont imposables dans la
mesure où le prix de réalisation dépasse le prix d'acquisition ou de revient; déduction faite
du montant des amortissements déjà admis au régime fiscal.104
 Causes des plus-values réalisées ou cession
On distingue les sorties consenties par l'entreprise elle-même en considération de sa
politique de gestion ou d'investissement de celle dont l'entreprise subie des autres effets
c'est-à-dire issue des circonstances indépendantes de son orientation économique.
Autrement dit, on peut distinguer :
Les cessions avec rentrée certaine des liquidités (vente volontaire, les échanges des titres
(actions), apports en société, le retrait d'actif)
Les cessions à titre gratuit;

104
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art. 35
Cours de Droit Fiscal/2005 63

Les cessions assorties d'une indemnité (vente forcée, expropriation, sinistre, …).

b.1.3. Plus-values issues du partage de l'avoir social

Cette plus-value ne sera pas imposée à la contribution professionnelle mais sera imposée
au titre de la contribution mobilière. Comme nous l'avons dit, l'art17 de l'OL de 1969,
relative aux contributions cédulaires sur le revenu, prévoit l'imposition à la contribution
mobilière, au boni de liquidation c'est-à-dire de toutes les sommes que perçoivent les
associés au delà de leur mise initiale au moment de la dissolution de la société.
Il importe peu que le boni de liquidation provienne de l'accroissement de la valeur des
avoirs investis dans l'exploitation ou de la continuation de l'activité de la société pendant la
période de la liquidation. Dans le cas d'espèce, les plus-values sont imposées uniquement
dans le cadre de la contribution mobilière et la non la contribution professionnelle.

b.1.4. Plus-values issues de transformation des sociétés

Cette opération comme nous l'avons dit se traduit en réalité par la substitution d'une
personne morale à une autre, le patrimoine restant identique. L'exonération des plus-
values constatées lors de transformation est accordée aux entreprises. Toutefois, à
condition que les éléments de l'actif et du passif de la société soient transférées tel quel
dans les écritures de la société nouvelle.

b.1.5. Plus-values issues de fusion des sociétés

La plus-value résultant de l'échange des titres des sociétés dissoutes contre ceux des
sociétés fusionnées est imposée à la contribution mobilière lors de la liquidation de la
société absorbante.

b.2. Distinction selon la durée .

Selon la durée on distingue les plus-values ou les moins-values à court et à long terme.
Cette différentiation est fondée sur la considération de la durée de détention du bien par
l'entreprise avant la cession. On qualifiera la plus-value à court terme si le temps est court
et la plus-value à long terme si le temps est long. Il est à noter que la durée de détention à
considérer dépend d'une législation à une autre. En règle générale, cette durée varie entre
2 et 3 ans à travers laquelle la plus-value sera considérée de long terme ou de court
terme. Ce principe est surtout d'application en vue d'exploiter la notion de revenu dans son
sens propre : celui de considérer la liquidation du bien pour qualifier sa substance. Les
législateurs Français et Belge considèrent qu'une plus-value a d'autant moins le caractère
de revenu taxable que la durée de possession des biens est plus longue.
Les dispositions comptables de notre pays ne sont pas loin de ce raisonnement
lorsqu'elles considèrent que les immobilisations sont constituées des biens utilisées
pendant une longue période dans l'entreprise.

c. Appréciation critique

c.1. Constat général


Le régime actuel dans notre pays sur la plus-value renferme des erreurs d'approche dont
les principales sont :
la taxation des plus-values au taux ordinaire qu'on applique sur le bénéfice. Autrement dit,
l'assimilation des plus-values aux bénéfices ou assimilation des plus-values au profit;
l'exclusion des plus-values réalisées des avantages fiscaux;
Cours de Droit Fiscal/2005 64

l'absence d'imposition des plus-values des opérations immobilières réalisées par les
personnes physiques;
l'absence de la notion du temps dans la législation fiscale congolaise.

C.2. Propositions
L'administration fiscale de notre pays doit s'organiser pour saisir correctement toute la
matière imposable. Par exemple, elle doit imposer des opérations immobilières réalisées
par des particuliers.
L'instauration du principe de la différentiation des notions de court terme et de long terme
dans le mécanisme d'imposition des plus-values.
Plusieurs législations ne considèrent plus aujourd'hui comme bénéfices, les indemnités
résultant des expropriations des sinistres, ventes forcées et autres circonstances
indépendantes de la volonté du contribuable.
Raison pour laquelle des exonérations temporaires devraient également être envisagées
dans le cas d'espèce moyennant le ré-emploi dans un délai déterminé. L'objectif
poursuivi sera alors la promotion ou la protection de l'investissement.
Toujours à travers notre législation fiscale, il est affirmé que le bénéficiaire d'une plus-value
comptable doit payer la contribution professionnelle dans le cas où il venait à manquer ou
à violer une seule des conditions précitées. C'est inadmissible. On doit revoir cette
disposition, il est difficile d'accepter que la contribution soit due sur la totalité de la plus-
value au lieu de se rabattre sur la portion utilisée comme bénéfice. La contribution frappe
même la partie de la plus-value pour laquelle la condition d'indisponibilité a été observée.
Cette sanction inique doit être corrigée.

En définitive, il y a lieu de noter que le régime d'imposition des plus-values existant


actuellement dans notre pays n'est pas considéré comme une technique visant l'incitation
aux investissements. Son but est simplement de procurer des recettes supplémentaires à
l'Etat et éventuellement de maintenir intact le potentiel de production par exonération des
plus-values comptables lorsque les conditions requises se trouvent réunies.

II. Détermination du bénéfice net


Le bénéfice net est le bénéfice réalisé. Autrement dit, le produit qui naît d'une opération est
défini comme bénéfice réalisé dès que cette opération est conclue même si le paiement
n'en est pas encore effectuée. Il n'est pas nécessaire de rechercher si le bénéfice a été ou
non reparti ou distribué.
Les bénéfices des entreprises sont imposables sur leur montant net c'est-à-dire en raison
de leur montant brut diminué de seules dépenses professionnelles faites pendant la
période imposable en vue d'acquérir ou de conserver leurs revenus, 105 ainsi que toutes les
autres charges ou pertes que la loi fiscale autorise la déduction.

Comme on peut le constater, il sera question ici de développer les charges


professionnelles fiscalement déductibles de certaines sommes payées et avantages
anormaux accordés aux tiers, des amortissements et de la déduction des pertes des
exercices antérieurs.

105
O-L n°69-009 du 10 février 1969, Op.cit, art29
Cours de Droit Fiscal/2005 65

A. Les dépenses et charges professionnelles déductibles

a. Conditions de déduction des charges professionnelles


Les dépenses, pertes ou charges étrangères à la gestion commerciale normale de
l'entreprise, ne peuvent être admises en déduction106. Tel est le cas des prélèvements faits
par un exploitant individuel sur les biens de son entreprise ou des dépenses exposées par
une société commerciale dans l'intérêt personnel des associés. Les dépenses à caractère
somptuaire même engagées à des fins professionnelles ne sont pas non plus déductibles.

Il résulte de la loi fiscale qu'une dépense doit réunir 3 conditions pour qu'elle soit
considérée comme une charge d'exploitation fiscalement déductible :
1ère condition : Elle doit d'abord être faite en vue d'acquérir ou de conserver le revenu c'est-
à-dire pour qu'une dépense soit déductible, elle doit avoir un lien nécessaire et directe
avec l'exercice de l'activité professionnelle. Il faut que la dépense soit faite dans l'intérêt
de l'entreprise en vue d'acquérir ou de conserver l'unité de production. L'administration
fiscale n'a pas le droit de discuter de l'utilité ou de l'opportunité ou de la normalité d'une
dépense professionnelle mais elle peut en vérifier la réalité et la nature pour éviter la
fraude fiscale.
2ème condition : la charge doit diminuer l'actif net de l'entreprise. Autrement dit, elle doit être
une dépense à fonds perdus. Cela veut dire également que l'on doit exclure toutes les
dépenses faites en vue de l'acquisition de la conservation d'un élément de l'actif. A titre
d'ex. facture relative à la campagne de publicité.
3ème condition : elle doit être faite pendant la période imposable c'est-à-dire elle doit être
une charge effective de l'exercice social ou se rapportant à la période au cours de laquelle
les bénéfices ont été réalisés et appuyer des justifications suffisantes.
Ceci implique qu'une charge professionnelle antérieure ou ultérieure ne peut en vertu du
principe de l'annualité fiscale grever les bénéfices de l'exercice social considéré et ne peut
être effectué que par les seules entreprises exploitées en République Démocratique du
Congo.

b. Les frais généraux ou les charges professionnelles légalement définies.


Les frais généraux comprennent toutes les charges & pertes liées à l'activité exercée. Ce
sont généralement toutes les dépenses nécessitées par le fonctionnement de l'entreprise
ou l'entretien de son patrimoine. Ils ont un caractère définitif et doivent se rattacher à la
gestion de l'entreprise ou exposer pour le compte de l'exploitation.

Ces frais comprennent notamment :


les dépenses relatives au personnel c'est-à-dire le salaire, gratification, traitement,
allocation de congé, certaines indemnités (indemnités de fin de carrière), frais de
représentation et de déplacement, charges sociales, …
les commissions, les courtages, les ristournes, les frais de publicité, les frais d'entretien et
de répartition des bâtiments, les frais d'installation et outillage, le loyer des locaux
professionnels, les primes d'assurance.
A noter cependant que les dépenses relatives à la commission, au courtage, ristournes ne
sont admises en déduction que si l'on a indiqué les noms, les domiciles des bénéficiaires,
la date de paiement, les sommes allouées à chacun d'eux et la vérification du paiement de
la CCA à l'intérieur, préalables sur les mêmes sommes de commission ou de courtage107.
Cette disposition empêche dans le cas d'espèce, le paiement des commissions secrètes
ou de toute somme analogue susceptible d'être déduite même si elle ne rapporte pas à
l'exploitation de l'entreprise. C'est une façon de combattre préventivement la fraude fiscale.

106
O-L n°69-009 du 10 février 1969, Op.cit, art29
107
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 43 §5.
Cours de Droit Fiscal/2005 66

Certaines contributions telles que les contributions réelles, contributions exceptionnelles


sur les rémunérations du personnel expatrié ou la CCA à l'exportation qui n'ont pas fait
l'objet d'une taxation d'office, peuvent être déductibles;
Les charges financières sont imposables, notamment les intérêts des capitaux empruntés
à des tiers et engagés dans l'exploitation, toutes charges, rentes ou redevances…
Les frais de 1er établissement : ils sont en principe immédiatement déductibles. Toutefois, il
faut signaler que certaines de ces postes demandent des observations particulières et ne
sont par conséquent pas déductibles. Tel est le cas par ex. des valeurs dont l'entreprise
est propriétaire.

B. Les sommes payées à une personne physique ou morale de droit étranger

Pour déterminer le bénéfice imposable, il faut également tenir compte de certaines


sommes payées à une personne physique ou morale de droit étranger.
Avantages anormaux ou bénévoles au niveau des entreprises interdépendantes :
"Lorsqu'une entreprise établie en République Démocratique du Congo se trouve
directement dans les liens quelconques d'interdépendance à l'égard d'une entreprise
établie à l'étranger, tous avantages anormaux ou bénévoles qu'en raison de ces liens, elle
consent à cette dernière ou à des personnes et entreprises ayant avec celle-ci des intérêts
communs sont ajoutés à ses propres bénéfices"108.
D'après la législation belge :
constitue un avantage, tout enrichissement sans contrepartie équivalente ou effective et
adéquate
le caractère anormal de l'avantage doit s'apprécier par rapport aux conditions du marché.
Autrement dit, l'avantage anormal doit consister à un manque à gagner (abandon de
créance à une filiale étrangère, le prêt sans intérêt) ou à une dépense à fonds perdus
(participations forfaitaires aux frais d'exploitation d'une filiale étrangère).
L'avantage est bénévole lorsque la société l'accorde sans y être obligée. A titre d'exemple,
les libéralités ou les gratuités.

Pour que l'art 31 bis s'applique, il faut qu'il s'agisse des entreprises, c'est-à-dire de toutes
exploitations industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou immobilières effectuées en
République Démocratique du Congo. L'essentiel est qu'il soit remarqué un lien de
dépendance ou d'interdépendance avec l'entreprise établie à l'étranger. A titre d'exemple :
la société mère et sa filiale. Il importe toutefois de préciser qu'une simple dépendance de
fait ne suffit pas comme tel pour justifier l'application de l'art 31 bis. Il faut qu'elle soit le
résultat d'une communauté d'intérêt et de volonté.

La communauté d'intérêt existera chaque fois que les entreprises en relation d'affaires,
sont dans les liens de dépendance économique; par ex. lorsque l'une est obligée de se
procurer des matières premières auprès de l'autre. Tandis que la communauté de volonté
suppose l'unité de décision de direction, accords entre entreprises entraînant contrôle de
l'une sur l'autre.
Il appartient à l'administration fiscale d'apporter la preuve de l'existence de lien
d'interdépendance.
L'art 31bis reprend l'esprit de l'ancien art 24 du code belge des impôts sur le revenu. Selon
l'exposé des motifs cet art tend à déjouer les manœuvres dont usent en vue de dissimuler
les bénéfices réalisés en République Démocratique du Congo, les entreprises étrangères
qui y exercent leurs activités par l'intermédiaire, soit des succursales, soit des filiales
congolaises.

108
Idem, art 31 bis
Cours de Droit Fiscal/2005 67

Sommes payées en rémunération d'un service rendu par une personne physique ou
morale de droit étranger

Ces sommes ne sont déductibles qu'à condition de remplir 4 dispositions suivantes109 :


il faut que la réalité des services soit clairement démontrée, autrement dit, que la
rémunération payée puisse avoir une contrepartie effective.
il faut que le service ne puisse être rendu qu'en République Démocratique du Congo.
Le souci du législateur est de voir ici nos entreprises recourir d'abord au service rendu par
les personnes physiques ou morales de droit congolais afin d'éviter la sortie massive des
devises sous forme des redevances à payer aux prestataires des services étrangers.
Il faut que le montant de la rémunération corresponde à la valeur réelle du service c'est-à-
dire que la contrepartie soit non seulement effective mais aussi adéquate (proportionnelle).

Si l'administration fiscale doit ici apporter la preuve de l'existence des liens de dépendance
ou d'interdépendance, l'entreprise congolaise, elle, doit apporter la preuve d'une
contrepartie effective et adéquate.
N.B. Il ressort de l'analyse des articles 31bis & 43bis que leur application se heurtent à un
certain nombre des problèmes :
Le critère qu'il faut prendre en compte pour déterminer le montant de l'avantage anormal
n'est pas prévu par le texte en République Démocratique du Congo.
Il faut dans certains cas l'assistance de l'administration fiscale étrangère pour prouver
l'existence de dépendance ou d'interdépendance souvent occulte dans les paradis fiscaux
et ailleurs.

C. Les amortissements

L'amortissement est une notion qui prend son fondement dans le droit commercial avec
l'obligation imposée au commerçant de dresser chaque année un éventaire.110
Du droit économique, l'amortissement est une constatation comptable d'une dépréciation
réellement survenue pendant la période imposable. Cette notion juridique reflète plus les
réalités économiques en ce sens que : "l'amortissement est la constatation en écriture de
la dépréciation définitive que subissent par suite de l'usure, du temps ou pour tout autre
motif de nombreux éléments corporels ou parfois incorporels de l'actif de l'entreprise"111.
Il est destiné à permettre à l'entreprise de reconstituer à l'expiration de la durée probable
d'utilisation de l'élément dont il s'agit, un capital égal en valeur nominale à son prix de
revient d'origine ou le cas échéant réévalué. Les amortissements doivent être constitués
quelle que soit la nature du résultat de l'exercice, bénéfices ou pertes; leur montant est
déterminé conformément aux règles en usage.

En République Démocratique du Congo, nous avons 3 sortes d'amortissement :


L'amortissement linéaire
L'amortissement dégressif;
L'amortissement accéléré.
Les deux premiers sont beaucoup plus d'application

C.1. Amortissement linéaire

109
O-L n° 69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 43 bis
110
O.L. n°81/017 du 03/04/1981 modifiant et complétant la loi n°76/020 du 16/07/1976
portant normalisation de la comptabilité en République Démocratique du Congo, art.8
111
O.L. n°69-009 du 09 février 1969, op.cit, art 43 §7
Cours de Droit Fiscal/2005 68

a. Notion :
C'est un amortissement reparti uniformément sur toute la période d'utilisation du bien. Il se
calcule en jour à partir de la mise en service du bien ou de l'achat si le bien se déprécie
avant même sa mise en service. Il s'applique obligatoirement aux biens qui par nature ne
peuvent bénéficier de l'amortissement dégressif ou qui s'amortissent en moins de 3 ans et
facultativement aux biens qui peuvent bénéficier de l'amortissement dégressif.

Les amortissements sont basés sur la valeur d'investissement ou de revient. Cela veut dire
que c'est la valeur que possède le bien au moment de son investissement qui sert de base
au calcul des amortissements.

b. La durée de l'amortissement

L'amortissement d'un élément a comme point de départ la date d'entrée de cet élément
dans l'amortissement ou encore la date de mise en service de cet élément.112
Cependant, les éléments acquis mais non encore mis en service ne peuvent donner lieu à
des amortissements. La mise en service doit s'entendre de l'installation du bien dans
l'entreprise ou de la livraison effective lorsque l'immobilisation ne nécessite pas
l'installation.
L'amortissement se termine au moment où d'après les prévisions l'élément sera mis hors
service.

c. Le taux usuel d'amortissement


Si en principe l'amortissement doit correspondre à la dépréciation réellement survenue
pendant la période imposable, en pratique, on déroge à cette règle en déterminant le taux
forfaitairement par la division du nombre 100 par le nombre d'années d'utilisation probable
de l'élément amortissable. C'est ainsi que la durée des amortissements est déterminée par
l'administration d'une manière uniforme pour chaque type d'immobilisation.
A titre d'exemple :
immeubles bâtis ou d'habitation ou commerciaux : 2 à 5% selon les matériaux utilisés (20 à
50 ans)
matériels et outillages : 10% (10 ans)
automobiles et matériels roulants : 20 à 25% selon les conditions d'utilisation (4 à 5 ans)
installations : 10% (10 ans)

Les contribuables sont tenus de se conformer à ces taux mais dans certains cas précis et
particuliers, l'administration centrale peut admettre des taux supérieurs moyennant
demande préalable des intéressés.

d. La limite de l'amortissement
Les amortissements doivent cesser lorsque leur montant cumulé atteint le prix de revient.
En cas de cession d'un élément au cours des exercices, l'amortissement est soit pratiqué
au prorata temporis ou soit non pratiqué. A titre d'exemple :
Mise en service d'un camion le 06 juin 1998
Durée probable d'utilisation : 5 ans (Taux : 100/5=20%)
P.R.=46.000 FC (Hors taxe)

Calcul de l'annuité d'amortissement (ce qu'on doit mettre de côté chaque année) :
La formule à utiliser : P.R.x taux d'amortissement linéaire

112
Loi n°76/020 du 16 juillet 1976, op.cit, art 6 §3
Cours de Droit Fiscal/2005 69

46.000x 20% x 209(365j 156j 209)


L'année 1998 : = 5.267 FC (montant de la 1ère
365
annuité)
46.000x 20
L'année 1999 : =9.200 FC (2ème annuité)
100
46 .000 x 20
L'année 2000 : =9.200 FC (3ème annuité)
100
46 .000 x 20
L'année 2001 : =9.200 FC (4ème annuité)
100
46 .000 x 20
L'année 2002 : =9.200 FC (5ème annuité)
100
Total = 42.067 FC
Il reste une valeur résiduelle de 3.933 FC (46.000FC – 42.067 FC)
Cours de Droit Fiscal/2005 70

C.2. Amortissement dégressif

a. Notion
C'est un système qui consiste à pratiquer des annuités d'amortissement d'importance
décroissante. Il est caractérisé par l'application d'un taux constant d'abord au P.R. initial et
ensuite à partir du 2ème exercice jusqu'au Nième à la valeur résiduelle de l'élément.
Le taux dégressif est constant mais change avec la durée d'utilisation de l'élément
considéré. Il est le produit du taux d'amortissement linéaire normalement applicable sur
l'élément par le coefficient qui correspond à la durée normale d'utilisation de l'élément.
Ce coefficient est fixé à :
2 si la durée d'utilisation de l'élément est de 4 ans
2,5 si la durée d'utilisation de l'élément est de 5 ou 6 ans
3 si la durée d'utilisation de l'élément est de 7 ans ou plus
Ainsi, les taux d'amortissement dégressif des éléments dont la durée d'utilisation est de 4,
5, 10 et 20 ans peuvent être obtenus comme suit

Durée Taux d'amortissement Coefficien Taux d'amortissement


d'utilisation linéaire t dégressif
4 ans 25 % 2 50%
5 ans 20 % 2,5 50%
10 ans 10% 3 30%
20 ans 5% 3 15%

L'amortissement dégressif est facultatif et se calcule à partir de l'achat ou de la réalisation


du bien. Il est dit dégressif car son assiette est égale au P.R. du bien déterminé des
amortissements déjà pratiqués sur ce même bien.

La règle de calcul au prorata temporis est aussi admise dans ce système mais selon les
modalités quelque peu différentes de celles applicables en matière d'amortissement
linéaire.
b. Conditions et éléments admis en amortissement dégressif
Les entreprises soumises à un régime d'imposition à la contribution professionnelle sur le
bénéfice que c'est soit en matière agricole ou en matière industrielle ou commerciale
peuvent opter pour un système d'amortissement dégressif.
Cours de Droit Fiscal/2005 71

Ne peuvent pas opter pour le système d'amortissement dégressif, les entreprises admises
à un régime d'imposition forfaitaire ainsi que les professions libérales. L'amortissement
dégressif se pratique pour les biens dont la durée d'utilisation normale est supérieure à 3
ans ou inférieure à 20 ans. Sont également exclus du système d'amortissement dégressif,
les immobilisations incorporelles ainsi que les biens corporels déjà usagers lors de leur
acquisition. Les immobilisations qui peuvent faire l'objet d'un amortissement dégressif sont
les suivantes :
Matériels et outillages utilisés pour des opérations industrielles de fabrication, d'extraction,
de transformation et de transport.
matériels de manutention ou de louage (ex. Chariots)
Installation productive de vapeur, chaleur et du froid industriel. (ex exemple Chambre
froide)
Installation de sécurité de l'entreprise et de protection du personnel
Installation à caractère médico-social
Les machines de bureau à l'exclusion des machines à écrire mécanique et du matériel de
bureau comme les installations téléphoniques
Les matériels & outillages destinés à des opérations des recherches scientifique et
technique.
Installation de magasinage et de stockage à l'exclusion des locaux servant à l'exercice de
la profession
Les immeubles et matériels des entreprises hôtelières, à l'exclusion des biens
d'équipement des entreprises exerçant l'activité de restauration ou de cafétéria. Seuls
donc les hôtels proprement dits et les hôtel-restaurants agricoles et les installations
d'élevage, à l'exception des bâtiments et terrains.

c. Exemples de calcul d'amortissement dégressif

Mise en service d'un camion le 06 juin 1998


Durée probable d'utilisation : 5 ans
P.R.=46.000 FC (Hors taxe)
Taux d'amortissement linéaire : 20%
Coefficient : 2
Le taux d'amortissement dégressif : 40% c'est-à-dire 20% x 2
Solution
46.000x40%x7
L'année 1998 = =10.733 FC
12
L'année 1999=(46.000-10.733)x40%=14.107 FC
L'année 2000=(46.000-24.840)x40%=8.464 FC
L'année 2001=(46.000-33.304)=6.348 FC
L'année 2002=(46.000-33.304)=6.348 FC
Total =46.000 FC
N.B. : A compter de la 2ème année, il est plus avantageux pour l'entreprise de calculer les
annuités en divisant la valeur résiduelle (comptable) par le nombre d'années restant à
courir c'est-à-dire 2001 et 2002.

C.3. Amortissement accéléré ou exceptionnel


a. Notion et éléments admis en amortissement accéléré
Ce système résulte des législations particulières qui permettent une dotation
supplémentaire au titre du 1er exercice. Les amortissements sont ensuite calculés sur la
valeur résiduelle des biens. Ce système dérogatoire au droit commun, répond à des
objectifs de droit économique et tend à favoriser certains investissements. Les entreprises
industrielles qui fabriquent des produits finis ou semi-finis et dont le prorata des chiffres
d'affaires à l'exportation est au moins égal à 20%, peuvent opter pour ce système
Cours de Droit Fiscal/2005 72

d'amortissement exceptionnel. Le bien admis au système d'amortissement exceptionnel


sont les mêmes que ceux admis au système d'amortissement dégressif.
Le prorata des chiffres d'affaires à l'exportation est égal au quotient du chiffre d'affaires à
l'exportation sur le total du chiffre d'affaires de l'entreprise c'est-à-dire les ventes annuelles
à l'exportation réalisées par l'entreprise divisées par le montant total annuel des ventes de
l'entreprise.
La réduction "prorata temporis" de la 1ère annuité d'amortissement n'est pas applicable au
système d'amortissement exceptionnel.
La 1ère annuité s'obtient en appliquant un taux de 60% au P.R. de l'élément considéré. Le
montant de la 2ème annuité et de chacune des annuités suivantes s'obtient en appliquant le
taux du système dégressif à la valeur résiduelle de l'élément ou du bien.
b. Exemples de calcul de l'amortissement accéléré ou exceptionnel
Soit une entreprise dont le prorata d'exportation est égal à 30% et qui a acquis le 1 er
janvier 1998 au prix de 46.000 FC un camion
Durée d'utilisation est de 5 ans
Le taux d'amortissement linéaire = 20%
Le taux d'amortissement dégressif =40%
Solution
L'année 1998 : 46.000x60%=27.600 FC
L'année 1999 : (46.000-27.600)x40%=7.360 FC
L'année 2000 : 46.000-34.960= 11.040 FC pour les trois années restant = 3.680 FC
L'année 2001 : …………………….. 3.680
L'année 2002 : ……………………..3.680
Total =46.000
N.B. : A partir de la 3ème année , il est plus avantageux de calculer les annuités en divisant
la valeur résiduelle par le nombre d'années qui reste, c'est-à-dire 2000, 2001 et 2002.

D. Déduction des pertes des exercices antérieurs

Les pertes professionnelles d'un exercice comptable peuvent sur demande expresse du
redevable adresser à l'administration être déduites des bénéfices réalisés au cours des
exercices suivants jusqu'au 5ème exercice qui suit l'exercice déficitaire113. A titre d'exemple,
pour l'année 1988 il y a eu un déficit de 1.000 z
L'année 1989, il y a eu un bénéfice de 200 z
L'année 1990, il y a eu un bénéfice de 700 z
L'année 1991, il y a eu un bénéfice de 100 z

L'imposition du bénéfice se fera de la manière suivante :


Année 1989 : le déficit de 1988 sera imputé à la hauteur de 200z, le résultat fiscal est égal
à0
Année 1990 : le déficit de 1988 sera imputé à la hauteur de 700z, le résultat fiscal = 0
Année 1991 : le déficit de 1988 sera imputé à la hauteur de 100z , le résultat fiscal =0
Sur le plan économique, la limitation de la déduction des pertes antérieures présente un
caractère anti-économique car il n'y a de bénéfice qu'après déduction de toutes les pertes
antérieures subies.
Sur le plan de principe, la déduction des pertes antérieures est une dérogation au principe
de l'annualité de l'impôt.

Exceptions :

113
O.L. n°69009 du 10 février 1969, op.cit, art.42
Cours de Droit Fiscal/2005 73

Une entreprise ne peut pas transférer le déficit reportable à une autre. C'est le cas
notamment de :
Fusion des sociétés par absorption : les pertes de la société absorbée ne peuvent pas être
transférées à la société absorbante de sorte qu'elle puisse les déduire de ses résultats
Lorsqu'une société se transforme en une autre, en changeant sa raison sociale et son
objet,
Les pertes subies par un établissement étranger de la société, ne peuvent pas être
déduites de ses revenus réalisés au Congo
Il n'y a pas de report pour les sociétés en liquidation,
il n'y a pas de report lorsque les pertes d'une société sont prises en charge par les
actionnaires ou les administrateurs;
il n'y a pas de report en ce qui concerne le déficit provenant d'amortissement comptabilisé
en période déficitaire.

§2. Régime d'Imposition des sociétés autres que par actions


L'expression "Société autre que par actions" désigne comme nous l’avons dit ci-haut :
la SPRL
la SNC
la SCS
la S.C
les associations de fait et groupes dépourvus de personnalité juridique mais ayant une
comptabilité propre
et les associations momentanées114
Le régime d'imposition de ces sociétés est en principe le même que celui des sociétés par
actions mais moyennant quelques réserves.

A. Matières imposables des sociétés autres que par actions

Dans les sociétés autres que par actions, sont imposables à la contribution professionnelle
: les réserves y compris les provisions et le report, les revenus des parts sociales, les
libéralités et avantages quelconques accordés aux associés non actifs.

Ainsi, comparativement avec les sociétés par actions, la matière imposable se présente
schématiquement comme suit :
Société par actions Société autre que par actions
Réserve (+provisions et report) Réserves (+provisions et report)
Dividendes Revenus des parts sociales
Tantièmes -
Libéralités libéralités et avantages quelconques accordés aux associés non
actifs

Avant le décret-loi n°109/2000 du 19 juillet 2000, la grande différence entre l'imposition des
sociétés par actions et celle des sociétés autres que par actions reposait sur la
rémunération des administrateurs (dans les sociétés par actions) et des gérants-associés
(dans les sociétés autres que par actions).
En effet, dans les sociétés par actions, la rémunération des administrateurs qui assumaient
des fonctions réelles et permanentes était déduite de la contribution professionnelle par la
société comme charge d'exploitation et subissait la contribution sur la rémunération dans le
chef des bénéficiaires tandis que celle des gérants-associés ne pouvait être déduite de la
contribution professionnelle par la société et ne faisait pas l'objet de la contribution sur la

114
O-L n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art2 tel que complété et modifié par le décret
n°109/2000 du 19 juillet 2000, op.cit, art 1 er
Cours de Droit Fiscal/2005 74

rémunération dans le chef des bénéficiaires. Cette ancienne disposition de l'art31 §3


paraissait comme une mesure préventive des fraudes fiscales tendant à empêcher que
dans les sociétés autres que par actions les associés ne s'arrogent des avantages sous
diverses formes au détriment de l'administration fiscale mais elle avait consacrée une
discrimination entre le traitement de la rémunération des administrateurs et celui des
gérants-associés. Cette injustice a été corrigée par le Décret-loi précité qui prévoit que des
associés actifs dans les sociétés autres que par actions sont dorénavant imposables à la
contribution professionnelle sur la rémunération et par conséquent cette rémunération est
déductible de la contribution professionnelle sur le bénéfice115.

B. Régime fiscal des sociétés coopératives

Sont considérés comme bénéfices des sociétés coopératives, les ristournes et avantages
attribués116. Les ristournes accordées avant le bilan sont considérées comme une
promotion consistant à une réduction de prix de vente pour pouvoir augmenter les chiffres
d'affaires. Ces ristournes ne sont pas considérées comme bénéficies imposables.

Cependant, les ristournes après bilan octroyées sur base du nombre d'achats effectués par
un non associé constitue une répartition des bénéfices comptables imposables.
L'imposition intervient ici au titre de la contribution professionnelle par le fait qu'il y a
enrichissement apparent de la société coopérative à travers cette vente. Les ristournes et
avantages attribués aux associés sur leurs propres achats, ne sont pas considérés comme
bénéfices imposables.

Il y a lieu d'affirmer que cette matière imposable paraît insignifiante dans la mesure où
malgré que la vente à ristourne incite l'acheteur à augmenter le nombre d'articles pour
bénéficier de la ristourne; celle-ci reste toujours minime. D'où la nécessité de clarifier sa
nature juridique issue du décret du 27 février 1887 tel que modifié par le décret du 23 mars
1921 et du décret du 24 mars 1956 ainsi que de celui du 23 juin 1960.

§3. Régime d'imposition des entreprises individuelles et familiales et des PME

A. Régime fiscal des entreprises individuelles

Une entreprise individuelle est celle dont le propriétaire est une personne physique qui n'a
pas de personnalité juridique ni de patrimoine propre au regard du droit civil. Dans notre
pays, une entreprise individuelle est souvent considérée comme un simple établissement.
Sont généralement assimilées aux entreprises individuelles les exploitations familiales
dans la mesure où elles ne constituent pas des associations de fait.
En principe, le régime fiscal des entreprises individuelles s'applique aussi bien aux
entreprises appartenant aux personnes physiques congolaises qu'à celles qui sont la
propriété des étrangers. L'administration fiscale intervient pour imposer :
Tantôt selon le principe de l'unité du patrimoine c'est-à-dire l'imposition de la personne
physique à la fois sur le bénéfice des biens affectés à l'exploitation et à la fois sur ceux
réservés à l'usage personnel;
Tantôt selon le principe de la séparation des biens affectés à l'exploitation de ceux à
l'usage personnel.

115
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 47 tel que complété et modifié par le Décret
n°109/2000 du 19 juillet 2000, op.cit, art 1er
116
Idem, art 69
Cours de Droit Fiscal/2005 75

Parfois aussi l'administration fiscale est limitée à travers le principe de séparation des
biens.
A titre d'exemple : une voiture ou un véhicule peut à la fois servir pour les besoins de
l'entreprise et pour une activité personnelle. Il sera difficile de faire la différence entre les
frais d'entretien ou des carburants à déduire au niveau de la contribution professionnelle
et les frais engagés dans le cadre de l’utilisation du véhicule.

a. Assiette de la contribution professionnelle des entreprises individuelles :

L'assiette de la contribution professionnelle des entreprises individuelles comprend outre le


revenu d'exploitation proprement dit et le bénéfice exceptionnel tous les avantages en
nature que l'exploitant s'octroie. Ces avantages sont évalués à leur valeur réelle.
A titre d'exemple : les sacs de haricots mis de côté par l'exploitant pour le besoin du
ménage constituent un élément du bénéfice imposable.
Sont également compris dans la base imposable, le profit issu des prélèvements effectués
par l'exploitant sur le bénéfice de son entreprise en vue d'assurer sa subsistance et celle
de sa famille. En ce qui concerne la rémunération que l'exploitant gagne sur son travail
personnel, il y avait option de la déduire de l'assiette de la contribution professionnelle sur
les bénéfices et de la déclarer à la contribution professionnelle sur les rémunérations ou de
ne pas la déduire et de ne pas la déclarer à la contribution professionnelle sur les
rémunérations.
Mais depuis l’arrêté ministériel n°045 du 22 janvier 1999, les rémunérations que
l'exploitant d'une entreprise s'attribue ou attribue aux membres de sa famille pour leur
travail sont imposables à la contribution professionnelle sur la rémunération.

b. Dépenses à caractère personnel déductible du bénéfice net :

Il est admis à l'entreprise individuelle de déduire des bénéfices imposables des frais
médicaux et des frais d'assurance dans le but purement social. Les entreprises
individuelles ont droit également à une réduction de 2% de la cotisation pour chacun des
membres de la famille. A titre d'exemple : l'épouse de l'exploitant, ses enfants célibataires
ou ceux sous-tutelle. La réduction n'est pas accordée pour la partie du revenu imposable à
partir de la 8ème tranche du barème progressif.

c. Taux applicables :

Les entreprises individuelles sont redevables de la contribution professionnelle sur base


des bénéfices auxquels on applique des taux progressifs comme suit :
5% pour la première tranche de revenus de 0FC à 3.600FC
10% pour la tranche de revenus de 3.601FC à 5.520FC
15% pour la tranche de revenus de 5.521FC à 7.440FC
18% pour la tranche de revenus de 7.441FC à 10.080FC
20% pour la tranche de revenus de 10.081FC à 17.280FC
22% pour la tranche de revenus de 17.281FC à 20.640FC
25% pour la tranche de revenus de 20641FC à 24.000FC
30% pour la tranche de revenus de 24001FC à 33.600FC
35% pour la tranche de revenus de 33.601FC à 42.720FC
40% pour la tranche de revenus de 42.721FC à 52.320FC
45% pour la tranche de revenus de 52.321FC à 68.640FC
50% pour la tranche de revenus de 68.641FC à 74.400FC
55% pour la tranche de revenus de 74.401FC à 78.000FC
Cours de Droit Fiscal/2005 76

60% pour le surplus117


N.B.
Lorsque certaines circonstances économiques, sociales et budgétaires l’exigent, le
Ministre ayant les finances dans ses attributions peut, par voie d’arrêté, modifier ce barème
d’imposition.
En aucun cas, la contribution professionnelle totale ne peut excéder 35% du revenu
imposable
Ces taux s’appliquent à la contribution sur les revenus de toute personne physique y
compris les rémunérations et les bénéfices des PME de la 2ème catégorie tandis que les
PME de la première catégorie sont imposables au taux de 40%.

Concernant les bénéfices perçus après cessation des activités professionnelles, on


applique les taux professionnels de 20%.
Quant à l'imposition forfaitaire, elle s'applique pour les agriculteurs et autres exploitants qui
ne peuvent tenir une comptabilité régulière. L'administration propose des bases forfaitaires
d'imposition qui sont des minima qui peuvent être redressés après vérification.

B. Régime fiscal des exploitations familiales

Par exploitation familiale, on entend celle au sein de laquelle oeuvrent les membres d'une
même famille autres que le conjoint de l'exploitant. Elle peut être une exploitation en
commun des membres d'une même famille habitant ensemble ou une entreprise propriété
du chef de famille. Du point de vue de l’imposition des bénéfices, si elle a nécessairement
une comptabilité propre elle est assimilable à une association de fait.118 Dans ce cas le
taux d'imposition est proportionnel et fixé à 40%. Si l'on prend l'hypothèse d'un chef de
famille qui est propriétaire d'une entreprise dans laquelle il travaille avec les membres de
sa famille autres que son conjoint c'est-à-dire des simples salariés : la rémunération des
membres de famille de l'exploitant autres que son conjoint travaillant avec lui ne peut être
déduite que pour autant qu'elle n'excède pas un traitement ou salaire normal et qu'elle ait
subi comme telle la contribution professionnelle119.
Néanmoins, depuis l'arrêté n°045 précité les rémunérations que l'exploitant d'une
entreprise s'attribue ou attribue aux membres de sa famille pour leur travail sont
imposables à la contribution professionnelle sur la rémunération.

117
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 84 tel que modifié par le décret
n°109/2000 du 19 juillet 2000, op.cit, art 1er
118
O-L n°69-009 du 10 février 1969, Op.cit, art.2
119
Idem,, art. 43 §3
Cours de Droit Fiscal/2005 77

C. Régime fiscal des PME


a. Notions :

L'art 3 al.2 de l'O-L du 26 juin 1969 portant code des investissements avait prévu que des
dispositions particulières seront prises par l'O-L en vue de favoriser les PME.
Cette O-L avait supprimé momentanément certains avantages consentis aux PME par le
code 1965 (exonération partielle ou totale de la taxe professionnelle durant 5 ans par
exemple).
C'est au bout de 4 ans, qu'il y a eu 3 autres textes sur les PME au Congo, à savoir :
la loi n°73/010 du 05 janvier 1973 instituant un régime d'agrément des PME;
la loi n°73/011 du 05 janvier 1973 portant création, organisation et fonctionnement d'un
fonds de garantie des crédits aux PME;
la loi n°073/012 du 05 janvier portant création et organisation d'un office de promotion des
entreprises congolaises (OPEC).

L'art 3 de cette dernière loi définit les PME comme étant des entreprises agricoles,
commerciales, industrielles et des services propriétés des personnes physiques, de
nationalité congolaise ou des sociétés du capital détenues en majorité par les personnes
physiques ou morales de nationalité congolaise dans lesquelles toutes les fonctions de
gestion sont exercées par une seule personne. Tandis que l'alinéa 1er de l'art 22 de l'O-L
n°86/028 portant code des investissements définit les PME comme les entités
économiques constituées sous-forme d'entreprises individuelle, des sociétés
commerciales, agricoles, industrielles ou des coopératives dont la propriété revient aux
personnes physiques ou morales et où le chef d'entreprises est obligé d'assurer lui-même
directement les fonctions essentielles de gestion financière et administrative. Le décret-loi
n°86 du 10 juillet 1998 dans son art2 relève qu'il faut entendre par PME toute entreprise
quelle que soit sa forme juridique qui emploie un personnel de moins de 200 personnes et
dont la valeur totale du bilan ne dépasse pas 3.500.000 FC (actuellement 11.200.000 FC).
Il résulte de cette dernière définition que l’accent n’est pas mis sur les aspects formels et
organisationnels des PME, abstraction de la forme des PME mais sur les aspects
quantitatifs (total du bilan et nombre du personnel).

b. Imposition des PME :

Trois périodes apparaissent au niveau du régime fiscal des PME en République


Démocratique du Congo:
Période d'avant l'O-L de 1989
Période de 1989 au 10 juillet 1998
Période à partir du décret-loi du 10 juillet 1998 à ces jours.
b.1. Période d'avant l'O-L de 1989

Avant cette année, les PME étaient soumises à l’imposition au même titre que toutes les
entreprises en dehors de quelques avantages fiscaux qu'elles pouvaient bénéficier grâce
au code des investissements. Au regard de la contribution professionnelle, l'entreprise
nouvellement agréée, bénéficiait d'une exonération pendant 5 ans maximum à dater de
son entrée en production de la contribution sur le bénéfice. L'entreprise existante agréée
bénéficiait de la même exonération mais sur la partie de son bénéfice imposable excédant
la moyenne des bénéfices imposables déclarés au cours de trois derniers exercice
précédant l'agrément.
Plusieurs autres avantages fiscaux étaient également consentis aux PME. A titre
d'exemple quand à la détermination du bénéfice net imposable, les entreprises nouvelles
et existantes agréées étaient autorisées à déduire du bénéfice imposable les sommes
dépensées au titre de formation ou du perfectionnement du chef d'entreprise ou du
Cours de Droit Fiscal/2005 78

personnel tout court. Elles étaient également autorisées à calculer leur amortissement
selon un mode dégressif.

b.2. Période de 1989 au 10 juillet 1998

L'O-L n°89/039 du 17 août 1989 avait institué un régime forfaitaire des PME en matière de
contribution sur le revenu professionnel et des contributions sur les chiffres d'affaires à
l'intérieur. Le problème qui se posait avec ce régime était l'inflation.
En effet, l'inflation avait faussé la détermination des revenus imposables étant donné que
la valeur de l'unité des comptes utilisés c'est-à-dire la monnaie était instable et de
nombreux instruments financiers n'étaient pas indexés.
La loi fiscale reconnaissait au ministre des finances le droit de prendre par arrêté dans
certaines circonstances économiques, sociales ou budgétaires des décisions notamment :
de réajuster les chiffres-limites d'application du régime d'imposition forfaitaire pour tenir
compte de l'évolution monétaire
d'adapter les modalités d'imposition et de recouvrement des activités concernées en
redéfinissant les éléments servant de base à l'imposition et le mode de calcul de celle-ci
d'écarter du régime d'imposition forfaitaire les professions dont l'organisation ou les
caractéristiques révélaient l'existence d'obligations concordantes avec celles du régime
fiscal de droit commun.
Malgré toutes ces précautions la détérioration de la monnaie avait rendu caduc
l’application de cette O-L.

b.3. Période à partir du 10 juillet 1998

On distingue 4 catégories pour l'imposition des PME.


1ère : les PME dont le chiffre d'affaires annuel excède 300.000 FC sont soumises à la
contribution professionnelle au taux de 40% c'est-à-dire l'imposition du droit commun;
2ème : les PME dont le chiffre d'affaires annuel se situe entre 300.000 FC et 150.000 FC
sont soumises à la contribution professionnelle au taux progressif des personnes
physiques prévues à l'art 84 de l'O-L n°69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée et
complétée à ces jours;
3ème : les PME dont le chiffre d'affaires annuel se situe entre 150.000 et 75.000 FC sont
soumises à la contribution professionnelle suivant le régime d'imposition forfaitaire
4ème : les PME ayant le chiffre d'affaires annuel de moins de 75.000 FC sont soumises à la
patente fiscale.

§4. Régime d'imposition des sociétés étrangères ou régime fiscal des établissements
permanents en République Démocratique du Congo

Les sociétés étrangères qui exercent une activité en République Démocratique du Congo
sont imposables sur les bénéfices réalisés par leurs établissement permanents ou leurs
établissement fixes qui y sont situés120.
"Les établissements permanents visés ici sont notamment les sièges des directions
effectives, succursales, fabriques, usines, ateliers, agences, magasins, bureaux,
laboratoires, comptoirs d'achats ou de vente, dépôts, ainsi que toute autre installation fixe
ou permanente quelconque"121.

120
O-L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art.68
121
Idem, art. 69
Cours de Droit Fiscal/2005 79

Cette notion d'établissement utilisée par la loi fiscale congolaise comme condition
exclusive de l'imposition des bénéfices réalisés en République Démocratique du Congo
par les sociétés étrangères, suppose trois éléments :
la fixité ou la permanence;
la productivité;
la dépendance.

La filiale entité juridique indépendante, ne constitue pas normalement un établissement de


la société mère. Toutefois, si elle n'a pas d'autonomie financière c'est-à-dire agit comme
agent dépendant de la société mère, en concluant des contrats au nom de celle-ci, alors
elle peut être considérée comme un établissement stable.
Du point de vue des charges déductibles, seules sont admises comme charges
professionnelles déductibles, les dépenses faites dans ces établissement en vue d'acquérir
et de conserver lesdits bénéfices122. Les autres sont non déductibles123.
A titre d'exemple, les frais d'administration du siège social à l'étranger ne sont pas
déductibles.

Concernant les exonérations à la contribution professionnelle, sont exonérés sous réserve


de réciprocité, les bénéfices qu'une entreprise établie dans un pays étranger, retire de
l'exploitation des navires ou d'aéronefs dont elle est propriétaire ou affréteur et qui font
escale au Congo pour y décharger, y charger des marchandises ou des passagers124.
A titre d'exemple : Agences SABENA, Air France, Swissair…
C'est une dérogation aux compagnies maritimes et aériennes nationales en vue d'étendre
également leur réseau d'exploitation au delà des frontières nationales sans devoir payer
une quelconque contribution au pays étranger.
Sont également exonérées de la contribution professionnelle, les sommes payées par une
entreprise congolaise à une entreprise étrangère en rémunération normale de ses
activités d'assistance.125

D'une façon générale, la notion d'établissement fixe empruntée de la législation belge est
une notion beaucoup plus économique utilisée en vue de contrecarrer une importante
évasion fiscale dans ce domaine. Normalement, sur le plan du droit commercial, cet
établissement devrait aussi avoir un représentant (critère essentiel) pour représenter
juridiquement l'établissement auprès des tiers.

Section III : Régime fiscal des rémunérations

§1. Contribution professionnelle sur les rémunérations (CPR)

La contribution professionnelle sur les rémunérations concerne les rémunérations de


toutes les personnes rétribuées par un tiers sans être liées par un autre contrat que celui
de la subordination. En d'autres termes, les contribuables de la contribution doivent se
trouver dans un lien de subordination vis-à-vis de la personne qui leurs services et qui les
rémunère.

Les rémunérations des personnes rétribuées par un tiers comprennent notamment le


traitement, les salaires, les émoluments, les indemnités qui ne représentent pas le

122
O-L n°69-009 du 10 février 1969, Op.cit, art 71
123
Idem, art 71 et 72
124
Ibidem, art 38
125
Ibidem, art 69
Cours de Droit Fiscal/2005 80

remboursement des dépenses professionnelles effectives, les gratifications, les primes, les
pensions de toute nature126.
A. Les éléments de la rémunération qui sont imposables

Sont imposables tous les éléments de la rémunération qui constituent un enrichissement


chez le salarié, notamment les salariés, les indemnités, les avantages en nature, …

A.1. Indemnités :

Deux conditions permettent d'imposer les indemnités au titre de la contribution


professionnelle sur les rémunérations :
Que celle-ci ne constitue pas le remboursement des dépenses supportées par le salarié
dans l'exercice de sa profession.
Que ces indemnités ne soient pas explicitement exonérées par la loi.
Sont notamment exonérées dans les limites fixées par l'administration fiscale, les
indemnités ci-après :
Indemnité compensatoire de logement dans la mesure où elle ne dépasse pas 30% du
traitement brut
Indemnité de transport en ce sens que l'employeur est tenu d'assurer le transport de ses
travailleurs lorsque ceux-ci résident à plus de 3 km du lieu de travail.
Indemnité journalière de transport doit être égale au coût du billet pratiqué localement avec
un maximum de 4 courses de taxi pour les cadres et 4 courses de bus pour les autres
membres du personnel.
Allocations familiales
Autres indemnités non taxables versées aux salariés dans le but de l'exploitation
professionnelle : les frais de mission, les frais de représentation.

A.2. Les pensions :

Il existe une différence entre les pensions accordées gratuitement et les pensions
octroyées sur base des retenues antérieures.
Pensions accordées gratuitement : par ex. aux membres du personnel qui ont atteint un
certain âge ou qui ne sont plus capables de travailler. Ces pensions équivalent à un
traitement différé et par conséquent imposable à la contribution professionnelle sur les
rémunérations. Sont par contre exonérées, les pensions versées en cas d'invalidité
prématurées ou des décès ou aux veuves, aux orphelins, aux descendants des anciens
combattants, aux victimes d'accidents du travail ou maladie professionnelle ou pension
alimentaire.
Pensions octroyées sur base des retenues antérieures sont imposables. Mais les pensions
exonérées dans le cas d'espèce sont celles liées aux remboursements des frais engagés
par les salariés.

A.3. Avantages en nature :

Les avantages en nature sont des biens et des fournitures, prestations des services divers.
Leur liste n'est pas limitée. Nous citons notamment :

la fourniture des vivres ou denrées alimentaires ou boissons


la cession des marchandises à un prix inférieur au prix de revient réel
la fourniture gratuite d'eau et d'électricité
la fourniture gratuite des vêtements non professionnels

126
O-L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 47 §§1 et 2
Cours de Droit Fiscal/2005 81

les communications privées à charge de l'entreprise (téléphone)


la fourniture des repas pris sur place dans l'entreprise
l'usage des véhicules automobiles de l'entreprise (véhicule de fonctionnement et véhicule
de service)
les frais médicaux
la répartition, le ravitaillement (carburant, huile, …)
Pour ces avantages en nature, la base de l'imposition est leur valeur réelle. Sont
cependant exonérés, les avantages en nature concernant le logement, le transport, les
frais médicaux dans la mesure où ils ne revêtent pas un caractère exagéré.
Pour la fourniture des boissons, elle est exonérée si elle n'est pas alcoolisée et
consommée sur le lieu du travail. Mais si l'employeur donne un casier chaque mois au
salarié, il sera imposable.

B. Taux de la contribution sur les rémunérations

Ces taux sont des taux progressifs et varient entre 5 et 60% suivant les tranches des
revenus annuels. A travers ces taux de progressivité, l'on prend également en compte la
réduction pour charge de famille au taux de 2% pour chacun des membres de la famille à
charge avec un maximum de 9 personnes. Aucune réduction d'impôts n'est accordée pour
la partie imposable à partir de 8ème tranche du barème progressif. L'arrêté n°054 du 21 juin
1999 introduit un taux forfaitaire en matière de contribution professionnelle sur la
rémunération pour le personnel domestique et les salariés des contribuables patentés.
Le forfait est fixé par travailleur et versé par quotité trimestrielle déterminée par ce même
arrêté. La preuve de paiement de cet impôt est retracée sur la carte de "patente CPR" dont
le prix est fixé par arrêté n°66 du 15 novembre 1999.

C. Exemptions

Sont exemptés de la contribution sur les rémunérations :


Les employés des organisations internationales, du chef de rémunérations touchées par
eux et payées par les dits organismes
Les diplomates et les agents consulaires sous réserve de réciprocité
Les personnes physiques dont les revenus professionnels nets imposables annuels sont
égaux ou inférieurs à x francs congolais.

§2. Contribution exceptionnelle sur la rémunération du personnel expatrié

A. Notions

Elle a été introduite dans notre pays par l'O-L n°69-007 du 10 février 1969 afin de protéger
la main d'œuvre locale contre les risques d'envahissement du marché de l'emploi par la
main d'œuvre étrangère. Cette contribution a comme spécificité de ne pas être à la charge
du bénéficiaire de rémunération, elle nous doit être supportée par l'employeur lui-même,
personne physique ou morale. Elle se superpose à la contribution que doit payer un
salarié expatrié sur la même rémunération brute à charge de l'employeur.

Les travailleurs originaires des pays limitrophes sont assimilés aux nationaux en matière
d'imposition sur les rémunérations et ne sont par conséquent pas soumis à la contribution
exceptionnelle sur la rémunération professionnelle du personnel expatrié127. La base de la
contribution professionnelle sur la rémunération des expatriés ainsi que les exonérations

127
Arrêté min. n°004 du 24 juin 1997, op.cit, art.9
Cours de Droit Fiscal/2005 82

sont les mêmes que celles relatives à la contribution professionnelle sur les rémunérations
en général. Le taux de la contribution est proportionnel et fixé à 33%.
Cours de Droit Fiscal/2005 83

B. La problématique de la maîtrise de la rémunération des expatriés en République


Démocratique du Congo

La rémunération des expatriés soulève un certain nombre des problèmes notamment :


la multiplicité des barèmes salariaux. Celle-ci rend difficile le contrôle par l'administration
fiscale à cause du manque de sincérité caractérisé par la plupart des contribuables à ce
niveau;
la minoration des salaires versés au personnel expatrié. Souvent l’employeur déclare un
montant inférieur à celui rétribué à son personnel expatrié;
la dissimulation de nombre des travailleurs expatriés;
la dissimulation de l'identité de l'expatrié (la fausse qualification juridique). Pour échapper à
la contribution sur la rémunération des expatriés, l'employeur attribue le statut d'associé à
son personnel expatrié. Ainsi, il retiendra à la source la contribution mobilière de 20% (au
lieu de 33% mensuel) sur les dividendes qui sont pratiquement non distribués mais ne le
seront qu'à titre indicatif.

L'employeur va ainsi recourir à la voie la moins imposée car au lieu de supporter la


contribution sur la rémunération des expatriés à la fin de chaque mois, il supportera la
contribution mobilière qui elle, n'est payée que lors de la distribution des dividendes à la fin
de l'exercice comptable c'est-à-dire une seule fois par an.

C. Actions pour une maîtrise de rémunération des expatriés en République Démocratique


du Congo

La première action légale entreprise pour la maîtrise de la rémunération des expatriés vient
de l’arrêté ministériel du 24 juin 1997 précité qui précise que : "Pour le personnel expatrié,
la base minimum d'imposition ne peut être inférieure au salaire minimum interprofessionnel
garanti appliqué dans le pays d'origine du travailleur concerné".128
En ce qui nous concerne nous pensons que pour maîtriser la multiplicité des barèmes,
l'administration fiscale devra mener des études appropriées sur les différentes branches
d'activités afin d'aboutir à une certaine classification des salaires versés aux travailleurs
expatriées d'après leur qualification, leur pays d'origine, la branche d'activités et la capacité
rémunératrice de l'entreprise utilisatrice de l'expatrié. Autrement dit élaborer des
répertoires sectoriels des salaires ou la monographie professionnelle.

Pour combattre le comportement de l'employeur qui n'est rien d'autre que la fraude fiscale,
l'administration fiscale devra renforcer les moyens d'investigation et de répression dont elle
dispose. Enfin une autre action doit être menée pour déceler la dissimulation de l'identité
de l'expatrié. L'identité de l'expatrié dont il est question n'est rien autre que la fonction qu'il
occupe dans l'entreprise. L'administration fiscale devra user de son droit de communication
pour obtenir des renseignements liés à la contribution auprès des services publics ou
privés. (les banques, les ambassades, ministère des affaires étrangères, service de
l'emploi, services d'immigration). Pour y parvenir, l'administration fiscale devra aussi
s'appuyer sur une bonne politique de motivation des agents, éducation civique…

Section IV : Régime fiscal des professions libérales, charges, offices et autres occupations
lucratives.

128
Arrêté min. n°004 du 24 juin 1997, op.cit, art 4
Cours de Droit Fiscal/2005 84

Selon la loi fiscale : "la contribution professionnelle atteint les profits quelle que soit leur
dénomination de professions libérales, charges ou offices ainsi que les profits quel qu'en
soit la nature des autres occupations lucratives"129.
A la différence des entreprises, les professions libérales, charges, offices et autres
occupations lucratives sont imposables non pas sur la base des résultats comptables mais
sur celle de la différence entre les recettes totales effectives et les dépenses effectives
inhérentes à l'exercice de la profession130.
Autrement dit, dans la détermination des profits imposables des professions libérales, les
créances et les dettes n'entrent pas en ligne de compte.

§1. Professions libérales

I.. Notion
1.1. Définition :
La notion des professions libérales paraît simple mais compliquée. N'ayant pas de
définition juridique sur le plan fiscal en République Démocratique du Congo, elle soulève
des difficultés d'appréciation dues au caractère mixte de certaines de ces professions et
repose sur les critères d'ordre social et fiscal. Ainsi, une profession libérale est celle où
l'activité intellectuelle joue le rôle principal qui consiste dans la pratique personnelle d'une
science ou d'un art et dans laquelle il y a absence d'un lien de subordination à un supérieur
hiérarchique.

Tels sont notamment les cas des professions d'avocats, de médecins, de vétérinaires,
d'architectes, d'ingénieurs conseils, d’écrivains, d'artistes peintres, d’orthopédistes, des
masseurs-kinésithérapeutes. C'est une profession par excellence indépendante et non
salariale. Il a été constaté, par ailleurs, que certains titulaires des professions libérales
exercent parallèlement à leurs activités, celles qui exigent le paiement d'un salaire lorsque
les règles qui les organisent n'y trouvent pas une certaine incompatibilité. C'est le cas des
professions organisées en "ordre" (ordre des avocats, ordres des médecins, …).

Exemple de cumul de profession :

Le médecin qui fournit des prestations dans un centre médical en vertu d'un contrat de
travail est un salarié et sa rémunération doit être imposée au titre de la contribution
professionnelle sur la rémunération. Si le même médecin a un cabinet qui lui appartient à
la cité, il sera imposé à la contribution professionnelle sur le profit.

1.2. Profession libérale sous-forme sociétaire (conflit entre droit fiscal et droit commercial)

Il est reconnu au point précédent que rien n'interdit l'exercice du commerce par les
titulaires des professions libérales. Dans ce cas est-il possible qu'une société commerciale
exerce une profession libérale?
L'exercice des professions libérales sous-forme sociétaire, n'est pas non plus interdit. Dans
ce cas, les impositions devraient être établies dans les mêmes conditions et le taux
applicable aux sociétés commerciales devrait être de 40% (contribution professionnelle sur
le bénéfice).

En droit commercial congolais le législateur a adopté les critères de commercialité par la


forme. En ce sens que sont considérés comme commerciales et soumises aux règles du
droit commercial, toutes les sociétés à but lucratif quel que soit leur objet et constituées

129
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 27 §§3 et 4
130
Idem, art. 53
Cours de Droit Fiscal/2005 85

dans les formes du code de commerce131. Tandis qu’en droit fiscal, la distinction entre le
régime d’imposition des entreprises et celui des professions libérales est basée sur la
nature de l’objet social. Ainsi, toutes les sociétés dont l’objet social est une activité
industrielle, commerciale, agricole, artisanale et immobilière, sont soumises au régime des
entreprises. Celles dont l’activité sociale n’entre pas dans cette énumération limitative sont
assujetties au régime des professions libérales.
A titre d’exemple : le cas des sociétés d’expertise comptable et d’audit des sociétés
d’études qui au regard du droit commercial sont des sociétés commerciales, en droit fiscal,
elles sont considérées comme des professions libérales.

1.3. La territorialité des professions libérales


Le revenu d’origine professionnelle implique pour être réputé congolais l’existence d’une
installation professionnelle permanente en RDC en vue de permettre sa réalisation. Dès
lors qu’une telle installation existe, les profits qu’elle réalise sont réputés congolais même
s’il s’agit d’une rémunération d’une activité qui a été exercée à l’étranger.

II. Détermination du bénéfice imposable


2.1. Principe:
Le bénéfice non commercial imposable est constitué par l’excédant des recettes totales sur
les dépenses de l’exercice de la profession. Les recettes et les dépenses à prendre en
compte pour la détermination du bénéfice d’une année, sont normalement des recettes
encaissées et des dépenses acquittées au cours de cette année. (Principe d’annualité
fiscale).
Les recettes imposables s’entendent donc des sommes versées aux membres d’une
profession libérale en contrepartie des services rendus aux clients et on peut ajouter à ces
sommes qualifiées d’honoraires des produits divers (remboursement des frais, indemnités,
intérêts de placement lorsqu’ils sont perçus dans le cadre de l’exercice de la profession).

2.2.. Provision sur honoraire et provision sur frais


Une provision versée à un avocat pour une instance à entreprendre constitue la
rémunération probable de l’intervention fixée de manière approximative, elle conserve le
caractère rétributif d’un service. Elle reste donc imposable au moment de sa perception.
Tandis que les provisions pour frais que perçoivent les avocats destinées à garantir la
récupération des dépenses qu’ils doivent effectuer pour le compte de leurs clients, la
doctrine considère qu’elles ne représentent pas un revenu effectif, et par conséquent elles
ne sont pas imposables.

2.3. Bases forfaitaires d’imposition (forfait conventionnel)


L’administration fiscale peut proposer des bases forfaitaires d’imposition éventuellement
avec les groupements professionnels intéressés ayant une existence en vue de déterminer
les bénéfices imposables des personnes physiques ne tenant pas une comptabilité
régulière132. Cela suppose un forfait conventionnel.
Ces bases sont déterminées comme des minima par le ministre des finances.
Ainsi l’arrêté ministériel n°002 du 08 octobre 1997 a fixé les bases forfaitaires minima des
professions libérales que l’administration peut redresser à la suite d’une vérification.

A titre d'exemple
Les bases sont fixées de la manière suivante :
pour les avocats inscrits au barreau depuis 2 ans, l’équivalent en FC de 300$ US

131
Décret du 2 août 1913 portant code du commerce, art 3
132
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 33 §2.
Cours de Droit Fiscal/2005 86

pour les avocats inscrits au barreau depuis plus de deux ans, l’équivalent en FC de 500$
US
La loi prévoit des abattements de l’ordre de 25-50% lorsque la profession est exercée en
province. Et surtout dans les villes, les bases d’imposition doivent faire l’objet de révision
afin de les adapter à la réalité du moment (problème de l’inflation).

III. Dépenses professionnelles et autres sommes déductibles des profits nets imposables

3.1. Charges professionnelles déductibles :


Sont à déduire comme dépenses professionnelles : La dotation de l’exercice des
amortissements ainsi que le paiement à des tiers des sommes perçues pour leur compte.
A titre d’exemple :
les loyers réellement payés et les charges locatives afférentes aux immeubles ou parties
d’immeubles affectés à l’exercice de la profession et de tous frais généraux résultant de
leur entretien, éclairage, …
les frais généraux résultant de l’entretien du matériel et des objets mobiliers affectés à
l’exploitation
les traitements, salaires, gratifications et indemnités des employés et des ouvriers au
service de l’exploitation, les avantages en nature.
Par contre ne peuvent être déduites, toutes les dépenses à caractère personnel ainsi que
celles se rapportant aux revenus d’une autre cédule.

3.2. Sommes déductibles des profits nets imposables :

Sont déductibles des profits nets imposables les versements effectués en vue de la
constitution d’une rente viagère, d’une pension, d’une assurance-maladie, des frais
médicaux supportés par le contribuable tant pour lui-même que pour sa femme ainsi que
ses enfants célibataires à charge et ce, dans les conditions définies par l’O-L de 1969133.
§2. Charges, offices et autres occupations lucratives

I. Charges et offices

Il s'agit des professions comme celles de notaire, huissier, … Ailleurs, notamment en


France et en Belgique, ces professions sont exercées à titre libéral. En République
Démocratique du Congo, les notaires et les huissiers sont des fonctionnaires et il n'y a pas
lieu de leur appliquer les dispositions de la loi. Ils sont donc soumis à la contribution
professionnelle sur les rémunérations.

II. Autres occupations lucratives

Une occupation lucrative suppose l’existence de 2 éléments :


Une activité personnelle à caractère permanent et professionnel se détachant d’une simple
gestion du patrimoine.
La poursuite d’un profit
A titre d’exemple : le courtier, le commissionnaire ou agent d’affaires exercent une
occupation lucrative qui ne constitue pas une professionnelle libérale.

133
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 44 et 45
Cours de Droit Fiscal/2005 87

TITRE II : CONTRIBUTIONS INDIRECTES

Nous allons parler de quelques considérations générales sur les contributions indirectes
(chapitre I) avant de voir comment les contributions indirectes sont organisées en
République Démocratique du Congo (chapitre II)

Chapitre I : CONSIDERATIONS GENERALES

L’impôt sur la dépense ou la contribution indirecte vise les revenus mais ne les frappe pas
en tant que tels. Il les saisit dans leur emploi lors des achats des biens ou des services ou
même de la consommation. Il est destiné à être supporté en définitive par le
consommateur dans la mesure où il est systématiquement intégré dans le prix des
marchandises. Le contribuable le paie souvent sans s'en rendre compte.

Section I : Sortes d’impôts indirects

On distingue :
l’impôt particulier sur la dépense (analytique)
l’impôt général sur la dépense (synthétique).

§1. Impôt particulier sur la dépense

Il frappe la dépense nettement définie.


A titre d’exemple on peut citer les droits des douanes qui sont des impôts frappant des
marchandises à l’occasion de leur importation ou de leur exportation ; les droits de
consommation et de circulation ou les droits d'accises.

§2. Impôt général sur la dépense

Cet impôt peut être prélevé selon trois modalités :


la taxe unique;
la taxe cumulative ou en cascade;
la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou taxe à paiement fractionné.

Ces trois grandes catégories d’impôts sur la dépense sont fondées sur l’idée que toute
marchandise achetée par le consommateur est le produit d’un processus de production, de
distribution et de commercialisation.

La dépense constituée par l’achat de cette marchandise peut donc être taxée non pas
uniquement au niveau de la consommation finale mais à n’importe quel stade du circuit de
production de distribution et de commercialisation ; l’impôt se trouvant en toute hypothèse
répercuté dans le prix payé par le consommateur.

Section II Modalités d’impôt général sur la dépense


Comme nous l’avons signalé l’impôt général sur la dépense peut être organisé de 3
façons :
Taxe unique
Taxe cumulative
Taxe sur la valeur ajoutée

§1. Taxe unique


Elle n’est perçue qu’à un seul point du circuit, soit à la production, soit à la distribution soit
à la consommation.
Cours de Droit Fiscal/2005 88

L’imposition intervient une fois et on peut dire qu’il y a neutralité pour d’autres stades.
Cependant, l’inconvénient est que le risque de fraude est grand en ce sens qu’il n’existe
pratiquement pour le fisc aucun moyen commode pour vérifier les déclarations faites par le
commerçant redevable de la taxe.

§2. Taxe cumulative ou taxe en cascade


A. Principe
La taxe cumulative frappe les produits à chaque transaction sur un prix qui inclut les taxes
acquittées lors des transactions antérieures. Ainsi, pour un produit passant entre les mains
de 3 intermédiaires A, B & C vendu respectivement par ces derniers à un prix de 200 FC,
300 FC et 400 FC supportant le taux de la taxe cumulative de 2%, on aura du point de vue
de la taxe cumulative un impôt de 4 FC au 1er stade (200x2%), 6 FC au second (300x2%)
et 8 FC(400x2%). L’impôt total supporté par le produit est de 18 FC.

Cette modalité d’imposition et celle qui est d’application en République Démocratique du


Congo sous forme de la contribution sur le chiffre d’affaires (CCA).134
B. Avantages

Dans le pays en voie de développement, la taxe cumulative demeure la forme la plus


courante d’imposition du chiffre d’affaires. Elle est préférée à la taxe unique à cause de
son rendement surtout quand le circuit est long.

C. Inconvénient

Il y a plus d’imposition et l’impôt est d’autant plus élevé que le circuit de production, de
distribution, de commercialisation et de consommation est long. Les circuits longs sont
pénalisés par rapport aux circuits courts.

§3. La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA)

A. Principe

La TVA est une synthèse de l’impôt unique et de la taxe en cascade dont elle réunit des
avantages respectifs : neutralité et rendement.
La TVA est un impôt neutre. En effet, la taxe due est calculée sur les prix des biens vendus
ou des services rendus, déduction faite de celle de la TVA ayant grevé des éléments
constitutifs du P.R. Autrement dit, lors de chaque transaction la valeur du produit est
frappée à un prix uniforme. Mais chaque redevable est autorisé à imputer sur la TVA qu’il
doit (TVA brute) le montant de la TVA qui a déjà grevé le produit au stade antérieur (TVA
déductible) : il ne versera au trésor public que la différence (TVA nette).

A titre d’exemple : pour un produit passant entre les mains de 3 intermédiaires A, B et C


vendu respectivement par ces derniers à un prix de 200 FC, 300 FC et 400 FC supportant
le taux de la TVA de 2%, on aura du point de vue de la TVA un impôt de 4FC au 1er stade,
de 2FC au second (6-4) et de 2FC au 3ème (8-6). L’impôt total supporté par le produit est de
8FC.

B. Avantages

Le mécanisme de déduction sur lequel est fondé le principe de la TVA présente plusieurs
mérites :

134
Voir chapitre II, p.106
Cours de Droit Fiscal/2005 89

la TVA est un impôt invisible que beaucoup n’ont pas l’impression de frauder contrairement
à la contribution sur les revenus ou à la contribution sur le profit ;
le mécanisme de la TVA assure les recettes de l’administration fiscale ; l’Etat répartit le
risque de défaillance de redevables sur tout le circuit de production, de distribution, de
commercialisation, de consommation ;
la TVA donne à l’administration fiscale des moyens de contrôle non négligeable. Autrement
dit la taxe payée est facturée à chaque stade et celui-ci étant déductible au stade suivant,.
l’acheteur a intérêt à exiger de son fournisseur un document régulier ;
la TVA lève un obstacle à la modernisation des entreprises puisque la récupération de la
taxe qui grève les achats des biens d'équipements est possible;
La TVA constitue également une incitation à la concurrence;
La TVA ne provoque pas de distorsion entre le circuit long et le circuit court (Principe de
neutralité de la TVA).

N.B. En vigueur dans les pays de l'Union Européenne, la TVA n'a cependant pas été
retenue par les USA dont la fiscalité indirecte demeure à base d'impôt particulier sur la
dépense.
On la retrouve dans certains pays en voie de développement comme la Côte d'Ivoire, le
Sénégal, le Maroc, le Ghana, Madagascar, le Niger et quelques pays d'Amérique latine
mais pas encore en République Démocratique du Congo.
Cours de Droit Fiscal/2005 90

CHAPITRE II CONTRIBUTIONS INDIRECTES PROPREMENT DITES EN RDC

La contribution indirecte en République Démocratique du Congo comprend


essentiellement la contribution sur le chiffre d'affaires (CCA) qui est une modalité
d'imposition en cascade.
La CCA a été instituée par l'O-L n°069/058 du 5 décembre 1969 telle que modifiée et
complétée à ces jours. Elle est notamment précisée par la circulaire départementale
n°002475 du 26 décembre 1984 relative à la loi n°84/005 du 04 décembre 1984
concernant la CCA. Nous citons également le décret n°009 du 22 janvier 1997 relatif à la
CCA qui a apporté les dernières modifications concernant les taux.
C'est un impôt général qui frappe certaines opérations à l'intérieur, et certaines
exportations et importations.
Elle comprend :
La CCA à l'intérieur;
La CCA à l'exportation;
La CCA à l'importation.

Section I : CCA à l'intérieur

Cette contribution frappe les opérations de vente, de prestation des services rendus et
utilisés en République Démocratique du Congo et les travaux immobiliers.

§1. Contribution sur le chiffre d'affaires des opérations de vente des produits de fabrication
locale

A. Matières imposables ou opérations de ventes imposables


Sont imposables, les opérations de vente faites au Congo pour la mise en consommation
sur le marché local des produits de fabrication locale (principe de territorialité).
Cependant, les biens destinés à l'exportation sont exclus de cette contribution, mais sont
soit assujettis à une autre CCA (CCA à l’exportation) soit exonérés.

La vente est un contrat par lequel une partie (le vendeur) donne la propriété d'une chose
qui lui appartient à une autre partie (l'acheteur) en contrepartie d'un prix135.
La CCA est due à partir du moment où le fait générateur est réalisé et ce, quelle que soit la
forme de la vente. Ainsi, sont considérés comme ventes ou assimilés à des ventes
passibles de la CCA à l'intérieur, les opérations suivantes :
la vente normale : l'opération normale de vente. Elle doit être faite en République
Démocratique du Congo même si elle s'accompagne de la livraison dans le pays de l'objet
de la vente. Toute vente des produits locaux sera imposable au titre de la CCA à l'intérieur
sauf exonération ou lorsque les produits sont soumis aux droits de consommation.
l'échange des produits : l'échange est un contrat par lequel les parties se donnent
respectivement une chose pour une autre136. Il s'agit de 2 transmissions à titre onéreux qui
donnent lieu à une double imposition de vente. L'administration fiscale n'imposera pas
dans le cas d'espèce, sur base de prix de revient mais sur celle de prix normal appliqué
pour des ventes des marchandises similaires.
l'utilisation des produits par le fabricant lui-même : l'administration fiscale assimile à la
vente, les opérations d'utilisation des produits après fabrication par le fabriquant lui-même.
Il s'agit pour le vendeur de procéder à une livraison en soi-même. La base imposable sera
donc le prix de vente normal pratiqué par le fabriquant lorsqu'il vend à des tiers.

135
Voir CCLIII, art 263
136
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 365
Cours de Droit Fiscal/2005 91

la location-vente, la vente à tempérament et le leasing : la location-vente est une location


qui peut se terminer par une vente. Sur le plan fiscal, le contrat de location-vente est
considéré comme une vente soumise à la CCA dès le moment de la livraison et non pas
seulement au fur et à mesure de paiement ou après achèvement de ceci. Il n'en est pas de
même en ce qui concerne la vente à tempérament et le leasing où le vendeur se réserve la
propriété de la chose vendue jusqu'au paiement intégral du prix.

B. Ventes exonérées
Sont exonérées de la CCA à l'intérieur, les opérations de vente des produits, de fabrication
locale ci-après :
les ventes des produits passibles de droit de consommation. Ex. Alcool et boissons
alcooliques, eaux de table & limonades, tabacs fabriqués, huiles minérales, sucre,
allumettes,
les ventes d'objets d'art de fabrication locale réalisées par des artisans producteurs,
les ventes des produits nationaux identiques ou similaires aux produits importés exonérés
de la CCA par la loi,
produits destinés à l'exportation,
Produits locaux vendus aux représentations diplomatiques (ambassades, consulats,
missions diplomatiques…)
C. Assiette de la CCA et fait générateur

C.1. Assiette de la CCA à l'intérieur

1. Evaluation de la base réelle d'imposition de vente des produits de fabrication locale. :


La CCA est assise en ce qui concerne la fabrication sur le montant brut de vente.137
C'est-à-dire la valeur intrinsèque du produit, y compris les frais de vente, les frais d'impôt,
les frais d'emballage.

2. Evaluation forfaitaire de la base d'imposition :


Cette évaluation est réservée aux contribuables dont l'activité ne permet que des recettes
d'un faible montant et qui par ailleurs ne détiennent le plus souvent aucune comptabilité138.

C.2.Le fait générateur de la CCA à l'intérieur :


Le fait générateur de la CCA sur les opérations de vente des produits de fabrication locale
est constitué par la livraison du produit transformé au dernier stade de sa fabrication ou
l'utilisation des biens fabriqués par le fabriquant lui-même139.

D. Redevables de la CCA à l'intérieur et taux :

Les redevables de la CCA à l'intérieur des opérations de vente sont des commerçants qui
réalisent des ventes imposables140. Ils sont tenus d'acquitter la CCA à l'intérieur au taux
de141 :

3% pour toutes les marchandises assorties d'un droit de douane de 5% et de 15%. Ces
marchandises sont :
a) Droits d'entrée de 5%

137
O-L n°69-058 du 5 décembre 1969 portant contribution sur le chiffre d'affaires, art
10.2°)
138
Idem, art 10.3°) al2
139
Ibidem, art.12.20
140
Ibidem, art 11.2°
141
Ibidem, art 13.4° tel que modifié par le décret 002 du 22 janvier 1997
Cours de Droit Fiscal/2005 92

Les biens d'équipements dits "lourds";


Les intrants agricoles et vétérinaires;
Les matières premières industrielles;
Les intrants pharmaceutiques;
Les collections d'assemblage CKD
Les machines automatiques pour le traitement de l'information
b) Droits d'entrée de 15%
Les produits alimentaires de grande consommation
Les produits à vocation sociale
Les produits pharmaceutiques à l'exception des solutés massifs injectables
Les biens d'équipements légers
Les pièces de rechange, les pièces détachées et les accessoires
Les collections d'assemblage MKD142
Et 13% pour les autres produits

§2. CCA de prestations de services

A. Matière imposable de CCA sur les prestations des services


Sont imposables à la CCA des prestations des services, "les prestations de service de
toutes espèces rendues ou utilisées en République Démocratique du Congo"143. Cette
disposition de la loi, définit dans des termes généraux ce qu'il convient d'entendre par
prestations de services imposables. Cet article vise clairement des groupes d'activités
répondant à la définition de fourniture des services, le service imposable étant toute
opération exécutée en vertu d'un contrat à titre onéreux. Il s'agit des services suivants :
les opérations d'entremise c'est-à-dire celles exercées par les banques, les intermédiaires
commerciaux (courtiers, commissionnaires, …), les agents d'assurance, les agents
d'affaires ;
les prestations d'assistance de toute nature fournies par des personnes physiques ou
morales étrangères à des entreprises de droit national ;
les locations mobilières c'est-à-dire celles d'automobiles, des machines-outils, ainsi que les
locations des chambres d'hôtel et les prestations accessoires ;
les services de toute nature rendus à des particuliers ou à des collectivités lorsqu'ils
revêtent le caractère d'une activité commerciale, industrielle ou libérale.
sont aussi assimilées aux prestations des services, toutes celles réalisées par une
entreprise ayant pour objet social une activité de prestations des services qui réalisent ces
prestations pour ses propres besoins, pour le besoin privé de son personnel ou à titre
gratuit à des fins étrangères à son entreprise.
les opérations de transport aérien, fluvial, lacustre, ferroviaire et routier interurbain.
Concernant ces dernières prestations de service, avant 1997 il n’y avait que le transport
aérien et maritime qui étaient taxés. Mais, le décret-loi n°009 du 22 janvier 1997 a étendu
à côté de ces opérations de transport aérien et maritime, des opérations de transport
fluvial, lacustre, ferroviaire et routier, mais deux mois plus tard, c'est-à-dire le 24 mars
1997, l'arrêté ministériel n°017 a suspendu la perception de la CCA à l'intérieur sur les
opérations de transport aérien des personnes pour l'extérieur du pays et huit mois après,
cette suspension a été abrogée à son tour par l'arrêté ministériel n°24/CAB/MIN/FIN du 2

142
CDK (Complete Know Down) et MKD (Medium Know Down) sont des régimes
douaniers particuliers applicables dans les opérations de montage consistant dans
l'assemblage réalisé au départ d'un grand nombre de sous-ensembles et de pièces
détachées. Ex. Montage de véhicules automobiles, remorques, motocycles, vélocipèdes,
conditionneurs d'air, réfrigérateurs domestiques, appareils électroménagers… (AZAMA
LANA, op.cit, pp.266-267). La vente de produits qui en résultent est assujettie à la CCA à
l'intérieur sur le montant du prix facturé (circ. Dép. n°0971 du 01/06/1985).
143
O.L. n° 69-058 du 5 décembre 1969, op.cit, art 9. 3°
Cours de Droit Fiscal/2005 93

octobre 1997. Si bien qu'aujourd'hui les opérations de transport des personnes inter-urbain
à l'intérieur comme à l'extérieur sont imposables quelque soit la voie.

B. Prestations des services exemptés144


Sont exemptés de la CCA à l'intérieur, les prestations des services ci-après :
les affaires de commission et de courtage portant sur les livres, journaux et publications
périodiques
certaines locations des chambres d'hôtel en faveur :
des représentants d'administration publique et
des membres du corps diplomatique accrédités en République Démocratique du Congo ou
des représentants des organismes internationaux
les opérations de transport à l'exception de transport des personnes par voie aérienne,
fluviale, lacustre, ferroviaire-routière inter-urbain. Par exemple le transport urbain par taxi.
les activités médicales et paramédicales.

On entend par prestations para-médicales, toutes activités qui tendent à guérir dans la
mesure où elles ne reflètent pas un caractère purement commercial. Elles sont directement
liées par un acte médical posé par un médecin. Il en est ainsi des opérations réalisées par
des laboratoires d'analyses, les préparations ou analyses effectuées par les pharmaciens,
les prestations fournies par les infirmiers dans le cadre d'une activité individuelle :
les services funéraires
prestations des services en faveur des représentations diplomatiques
les opérations de sous-traitance générale à condition que l'opération finale soit passible de
la CCA à l'intérieur
les intérêts relatifs au crédit bancaire, à l'investissement, au crédit agricole et aux
découverts bancaires.
locations des meubles d'immeubles ou des parties d'immeubles à usage d'habitation.
C. Assiette de la CCA et fait générateur

C.1. Assiette de la CCA de prestations de service

1. Evaluation de la base réelle d'imposition :


La CCA des prestations des services est assise sur le montant brut des factures y compris
les commissions, les courtages, les remises, les intérêts et les agios145.

Evaluation forfaitaire de la base d'imposition :


Le montant mensuel de la CCA dû pour la location des vidéo-cassettes et la location des
chambres froides est fixé forfaitairement par l'administration selon les barèmes qui
constituent des minima de taxation146.

C.2. Le fait générateur de la CCA des prestations de service

Le fait générateur est "la prestation de service ou d'assistance"147. Mais en interprétant


cette disposition au regard de l'art 9.3° précité selon lequel sont imposables "les
prestations de service de toutes espèces, rendues ou utilisées en République
Démocratique du Congo", nous pouvons déduire que le fait générateur est constitué soit
de la prestation de services en République Démocratique du Congo soit de l'utilisation en
République Démocratique du Congo des services rendus à l'étranger. C'est ainsi que les

144
O-L n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art.14. 4°
145
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art10.1°
146
Cfr Arrêté départemental n°21 du 3 mars 1988
147
O.L. n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art 12
Cours de Droit Fiscal/2005 94

travaux de recherche entrepris dans notre pays pour le compte d'entreprises sont taxables
au même titre que les travaux d'études réalisés à l'étranger et utilisés ici.148
Cependant, la contribution ne devient exigible qu'au moment de l'encaissement du prix en
République Démocratique du Congo, lorsque le prestataire de service y possède un
établissement fixe ou à partir de la République Démocratique du Congo dans le cas
contraire. Concernant les opérations de transports de personnes, le fait générateur est
constitué par la remise du titre de transport aérien, maritime, fluvial, lacustre ou routier
inter-urbain.

148
AZAMA LANA, op.cit, p.288
Cours de Droit Fiscal/2005 95

D. Redevables de la CCA et taux

Redevables de la CCA :

Sont redevables de la CCA sur les prestations des services, les personnes physiques ou
morales qui effectuent des prestations des services lorsqu'elles possèdent un
établissement fixe en République Démocratique du Congo et les personnes physiques ou
morales qui reçoivent la prestation d'assistance dans le cas contraire149.

Les taux de la CCA sur les prestations des services :


Ils sont fixés de la manière suivante :

a) Les opérations de transport150 :


6% pour les opérations de transport des personnes à l'intérieur
et 15% pour les opérations de transport des personnes à l'extérieur du pays.
b) Les autres prestations de service151 :
effectuées par des personnes physiques ou morales possédant un établissement fixe en
République Démocratique du Congo : 18%
effectuées par des personnes physiques ou morales ne possédant pas de domicile ou
d'établissement fixe en République Démocratique du Congo : 30%.

§3. CCA des travaux immobiliers

A. Travaux immobiliers imposables

Tous les travaux immobiliers sont imposables à la CCA152.


A titre d'exemple, l'entretien des immeubles, travaux d'installation sanitaire et électrique,
travaux de constructions, de réparations, d'aménagements, de démolition, d'extensions
des immeubles…
Autrement dit, par travaux immobiliers, il faut entendre toutes catégories d'activités dont
l'exercice se rattache le plus souvent à l'industrie du bâtiment. Il s'agit particulièrement de :
l'ensemble de travaux indispensables à l'édification des immeubles depuis les fondations
jusqu'à la menuiserie, la peinture et la charpente.
Toutefois, ces derniers travaux doivent être considérés comme travaux immobiliers que
lorsqu'ils impliquent la mise en œuvre d'éléments perdant le caractère mobilier par suite de
leur incorporation définitive dans l'ensemble immobilier. Il en est aussi d'une installation
générale d'électricité qui peut relever de la catégorie des travaux immobiliers pour tout ce
qui concerne la pose des tubes et des fils électriques définitivement incorporés à la
construction.
Tous les travaux publics et de génie civile parmi lesquels on peut citer les travaux de
construction et d'entretien des routes, des barrages ou des ponts.
Les travaux de terrassement, de drainage et de conduite des égouts.
Les travaux accessoires et préliminaires aux travaux immobiliers, par exemple la
démolition d'immeubles préexistants en vue d'une nouvelle construction.
Certains travaux de chaudronnerie des bâtiments et constructions métalliques telle que
l'édification des hangars ou des réservoirs de stockage.

B. Travaux immobiliers exemptés

149
O-L n°69-009 du 10 février 1969, art 11.1°
150
Idem, art 13.1 tel que modifié par le décret n°0009 du 22 janvier 1997
151
O-L n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art 13.2
152
Ibidem, art 9.2
Cours de Droit Fiscal/2005 96

Sont exemptés de la CCA à l'intérieur:


Les travaux immobiliers considérés comme étant d'intérêt national par arrêté du ministre
ayant les finances dans ses attributions153. Pour être dispensés du paiement de la CCA,
les entrepreneurs doivent être en possession pour chaque marché, d'un arrêté du ministre
des finances déclarant les travaux à exécuter comme étant d'intérêt national154.
Les travaux immobiliers effectués par une représentation diplomatique.

C. Assiette de la CCA et fait générateur

C.1. Assiette de la CCA de travaux immobiliers:

Evaluation de la base réelle d'imposition :


La CCA est calculée sur la hauteur de ¾ du montant brut des factures émises,155
Evaluation forfaitaire de la base d'imposition
Elle est appliquée dans le cas où le montant des affaires du prestataire de service est peu
important.

C.2. Le fait générateur de la CCA sur les travaux immobiliers;


Il est constitué par la facturation de la tranche terminée ou à défaut le paiement de
l'acompte afférent à l'avancement des travaux156.
Autrement dit, la CCA sur des travaux immobiliers est due non pas au moment de
l'exécution des travaux mais au moment de leur paiement par le propriétaire c'est-à-dire au
moment de l'encaissement du prix.
Lorsque le paiement du prix est fractionné, la CCA est exigible au moment de chaque
encaissement, qu'il s'agisse des avances, des acomptes ou des soldes. Si le paiement se
fait par chèque ou par traite ou lettre de change, la CCA est due au moment de la remise
du chèque ou de la traite.

D. Redevables de la contribution et taux

Sont redevables de la CCA sur les travaux immobiliers, "les entrepreneurs des travaux." 157
En d'autres termes, les travaux immobiliers ne sont imposables que lorsque celui qui les
exécute est revêtu de la qualité d'entrepreneur. Ainsi, les travaux de construction faits par
un particulier ou par un commerçant pour son propre compte ne sont pas imposables de la
CCA à l'intérieur158.
Le taux de la CCA des travaux immobiliers est fixé à 13%.

§4. Problèmes posés par la CCA à l'intérieur & quelques propositions

Problèmes posés par la CCA à l'intérieur


La CCA à l'intérieur ne donne pas entièrement des bons résultats pour les raisons
suivantes :
La principale critique émise contre la CCA à l'intérieur ou contre la CCA tout court est la
cascade d'imposition qu'elle engendre.

153
O-L n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art. 14.3
154
AZAMA LANA , op.cit, p.292
155
O.L. n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art 10.3
156
O-L n°69-009 du 10 février 1969, Op.cit, art. 12.3°
157
O.L. n°69-058 du 05 décembre 1969, op.cit, art 11.3°
158
AZAMA LANA, , op.cit, p.294
Cours de Droit Fiscal/2005 97

La perception de la CCA à l'intérieur est concentrée sur quelques grandes entreprises.


La vente d'objets d'art de fabrication locale réalisée par les artisans producteurs est
exonérée. Tandis que les magasins spécialisés qui vendent des objets d'art façonnés par
des tiers sont assujettis à la CCA.
Les opérations de courtage ou de commission portant sur les livres, journaux ou
publications périodiques sont exonérées de la CCA. Tandis que le fabricant de ces livres,
journaux ou publications périodiques sont eux soumis à la CCA.
D'après la législation fiscale, ce sont des entrepreneurs de travaux qui sont redevables de
la CCA. Les privés qui ne sont pas les entrepreneurs des travaux et qui construisent pour
leur propre compte ne sont pas soumis à la CCA.

2. Quelques propositions
Les mesures spéciales doivent être prises en vue de saisir toute la matière imposable.
La forfaitisation des PME peut être un moyen pour atteindre un nombre important des
petits contribuables.
Prévoir une exonération pour les fabricants des livres, journaux ou publications périodiques
(éditeur).
Prévoir une exonération en faveur des intermédiaires ou magasins spécialisés de vente
d'objets d'art.
Exonérer l'imposition des travaux immobiliers effectués dans des campagnes pour
encourager la construction.
Elargir la CCA sur les travaux immobiliers aux autres personnes privées que les
entrepreneurs.
Introduire progressivement la TVA en République Démocratique du Congo pour combattre
des effets néfastes de l'imposition en cascade.

Section II : CCA à l'exportation

Cette contribution est propre aux pays en voie de développement. Elle frappe
généralement les matières premières exportées (pétrole, cacao, bois en grumes, …). Son
taux doit être aménagé de façon à être répercuté dans le prix afin de ne pas entraver les
échanges internationaux. En plus, son rendement est très variable et est fonction de la
conjoncture économique mondiale et des cours des matières premières. Les pays en voie
de développement continuent à tirer de leur fiscalité extérieure, une part importante de leur
ressource budgétaire.

§1. Matières imposables et redevables de la CCA à l'exportation

A. Matières imposables
A.1. Notion sur les exportations:
Les exportations constituent des ventes réalisées à partir du territoire national vers
l'étranger. Etant donné qu'en matière de CCA à l'exportation seules les ventes sont
imposables, sera exclue de la catégorie d'affaires imposables, la sortie du pays des
marchandises appartenant à des personnes physiques ou morales non commerçantes et
qui n’implique pas une vente.
Seront donc passibles de la CCA à l'exportation toutes les personnes physiques ou
morales dès lors qu'elles ont effectué des ventes vers l'étranger. Mais à partir de quel
moment doit-on considérer une exportation comme une vente?
Par vente, il convient de rappeler toute transaction à titre onéreux ayant pour conséquence
un transfert de propriété des biens matériels à des tiers. Cette définition si elle fait appel au
droit civil, elle est à la fois plus étroite et plus large.
Plus étroite : puisque toutes les transactions qui touchent les biens incorporels sont
écartés de l'imposition de la CCA à l'exportation.
Cours de Droit Fiscal/2005 98

Plus large : en ce sens qu'elle ne prévoit pas que les prix soient réglés en argent pour que
l'administration fiscale puisse intervenir. Dès lors les échanges peuvent également être
considérés comme des ventes en droit fiscal. Il résulte de tout ce qui précède que les
exportations temporaires n'entrent pas dans la catégorie d'affaires imposables.
A.2.Matières imposables proprement dites
Initialement la CCA à l'exportation frappait toutes les opérations de vente de marchandises
destinées à l'exportation. Mais depuis l'O.L. n°81-009 du 27 mars 1981 modifiée par l'O.L.
n°86-041 du 8 juillet 1986, qui ont modifié les dispositions de l'art 58 de l'O.L n°69-058 du
05 décembre 1969 précitée, la CCA à l'exportation frappe uniquement les opérations de
vente de marchandises ci-après destinées à l'exportation :
produits miniers;
pétrole brut;
café;
bois en grumes159
B. Redevables :
Les personnes physiques ou morales effectuant des ventes à l'exportation de produits
imposables sont redevables de la CCA à l'exportation160.

§2. Fait générateur et base d'imposition


A. Fait générateur
En matière de CCA à l'exportation, le fait générateur est constitué par le rapatriement des
devises à la date de la réception des fonds. Toutefois, en cas de non-rapatriement selon la
réglementation de change de 1967, l'exportation n'échappait pas au paiement de l'impôt
car dans ce cas le fait générateur était considéré comme existant trois mois à partir de la
date de l'octroi du modèle "E". C'est ce délai qui était utilisé par l'administration fiscale pour
le recours à la taxation d'office.
Mais avec la réglementation de change de 1996 qui a supprimé la licence modèle "E", il
était difficile à l'administration fiscale d'avoir un point de repère pour la taxation d'office du
produit de vente à l'exportateur.

Actuellement, avec le décret-loi 030,il est encore possible à l'administration fiscale de


disposer d'un point de repère pour l'utilisation de la taxation d'office.

B. Base d'imposition

La CCA à l'exportation est assise sur la valeur nette exprimée en FC du montant de


transaction justifié par les factures et les documents d'exportation.
On entend par Valeur Nette, le montant de la transaction exprimé au cours du jour du
rapatriement partiel ou total des devises diminuées des frais, commissions, redevances
retenues par l'institution bancaire intervenante. Le montant total de ces frais ne peut
excéder 15% du montant total de la transaction.

Exemple : Mr Jean exportateur du café effectue un transfert des fonds à travers la BCCE
pour un montant de 105.000 $ USA rapatriés en date du 06 septembre 2000. La banque
prélève:
0,2% des commissions d'intervention;
0,1% des commissions de transfert;
250 FC des frais de Télex (d'Internet)

Quelle est la CCA due?

159
O-L n°69-058 de 05 décembre 1969, op.cit, art 58
160
Idem, art 60
Cours de Droit Fiscal/2005 99

Solution :

Base imposable : revenu brut – charges


Revenu brut = 105.000 $US x 50 FC=5.250.000 FC
Charges = - Commissions d'intervention de 0,2% = (5.250.000 x 0,2%) =10.500 FC
- Commissions de transfert de 0,1%= (5.250.000 x 0,1%) = 5.200 FC
Total des charges = 16.000 FC
Revenu ou valeur nette = 5.250.000 FC – 16.000 FC = 5.234.000 FC

La CCA = 5.234.000 FC x 3% = 157.020 FC


Cours de Droit Fiscal/2005 100

§3. Modalités de perception de la CCA à l'exportation

La CCA à l'exportation est perçue par retenue à la source effectuée par l'institution
intervenante au moment du rapatriement des devises, à la date de réception des fonds sur
le montant de la transaction, exprimé au cours du jour de rapatriement des devises.161

Dès réception des fonds, la banque prélève immédiatement le montant de la CCA qu'elle
verse au compte spécial libellé "Compte CCA à l'exportation" qu'elle aura ouvert dans ses
livres. A chaque fin de la semaine, le montant intégral de ce compte est versé au compte
du Trésor162.

§4. Exportations exonérées

Sont exonérées de la CCA à l'exportation les personnes qui, de par leur qualité, sont
expressément exemptées ou celles qui se livrent aux exportations des produits que la
législation place en dehors du champ d'application de la CCA à l'exportation.
A titre d'exemple, sont exonérés de la CCA à l'exportation, les produits fabriqués en
République Démocratique du Congo et destinés à l'exportation comme :
thé en sachet
vêtements & accessoires…
Il existe aussi des exonérations liées à la personnalité des exportateurs :
les exportations d'hydrocarbures par les sociétés pétrolières signataires de la convention
pétrolière de 1969
les exportations faites par les entreprises soumises au régime conventionnel du code des
investissements.

§5. Taux d'imposition

L'arrêté min. n°0009 du 22 janvier 1997 a uniformisé le taux de la CCA à l'exportation et


l’a fixé à 3% pour tous les produits à l'exception de l'or et du diamant d'exploitation
artisanale pour lesquels le taux de la contribution est de 0,25%. Pour ce dernier cas la
CCA à l'exportation est calculée sur la valeur des colis expertisés par le CNE( Centre
National d'Expertise) et perçue par l'OFIDA pour le compte de la DGC au moment du
paiement des droits de sortie.

161
O-L n°69-058 du 5 décembre 1969, op.cit, art. 59 et 61. 1
162
Cfr Arrêté-départemental n°045/CAB/FIN & 5/DG/81 modifié par Arrêté –
départemental n°043 du mai 1986.
Cours de Droit Fiscal/2005 101

Section III : CCA à l'importation

Elle a pour objet de protéger la production intérieure contre la concurrence étrangère et de


rapporter à l'Etat des ressources fiscales supplémentaires. Ces deux objectifs sont dans
une certaine mesure contradictoires dans la mesure où si cette contribution réussit à
décourager l'importateur, le trésor public percevra moins de recettes fiscales.

§1. Matière imposable et fait générateur

A. la matière imposable
La CCA à l'importation frappe toutes les marchandises importées en République
Démocratique du Congo et destinées à la mise en consommation à moins qu'elles ne
soient expressément exonérées163. L'assiette imposable est constituée par la valeur en
douane des marchandises ou la valeur CIF ou CAF majorée des droits d'entrée164.

La valeur CIF ou CAF (Cost Insurance Freight ou Coût-Assurance-Fret) est la valeur de la


marchandise au moment où les droits de douane deviennent exigibles c'est-à-dire au
moment du dépôt de la déclaration pour la mise en consommation de la marchandise.
Cette valeur est établie à partir du point d'entrée en République Démocratique du Congo.
Elle fait intervenir plusieurs paramètres notamment :
La valeur FOB (Free On Bord ou Franco à bord). C'est la valeur de la marchandise jusqu'à
bord du moyen de transport au port, à la gare, à l'aéroport du pays d'exportation ou de
provenance. FOB= Prix d'achat + Frais accessoires d'achat+Frais de chargement
Fret, c'est le prix payé pour le transport de la marchandise par voie normale jusqu'au pays
d'importation.
Le point de départ est le pays de provenance.
Frais d'assurance, c'est le frais payé pour assurer le parcours de la marchandise du pays
de provenance jusqu'en République Démocratique du Congo (pays de destination).
Ces trois éléments constituent la valeur CIF appelée aussi la valeur en douane. Ainsi donc,
la valeur CIF=FOB+Fret+Assurance

Les droits d'entrée = valeur CIF x un taux donné.


De ce qui précède, la base imposable de la CCA à l'importation est la valeur CIF ou
valeur en douane majorée des droits d'entrée (D.E.)
Exemple : Mr Nono importe une voiture de luxe marque Mercedes qui coûte 180.000FC.
Les frais suivants ont été supportés par ce monsieur :
frais accessoires d'achat & frais de chargement (FOB)=1.000FC
fret = 500FC
frais d'assurance = 1.000 FC
taux des D.E.=30% (D.E. : droits d'entrée ou droits de douane)
Solution :

FOB = P.A.+Frais accessoires d'achat + frais de chargement = 180.000+1.000=181.000FC


CIF=FOB+Fret+Assurance=181.000+500+1.000=182.500FC
D.E.=182.500 x 30% = 54.750 FC
La base imposable de la CCA sera la valeur CIF x D.E. c'est-à-dire (182.500+54.750) x
13% ou
CCA=30.842,5FC.

B. le fait générateur

163
O-L n°69-058 du 5 décembre 1969, op.cit, art 2
164
Idem, art 3
Cours de Droit Fiscal/2005 102

Le fait générateur de la CCA à l'importation ainsi que celui des D.E. et de la taxe statistique
est constitué par l'introduction des biens sur le territoire national. C'est donc au moment
de la mise en consommation au Congo que la contribution est acquittée.
Par mise en consommation, il faut entendre le passage de la frontière c'est-à-dire la
déclaration faite par l'importateur ou son représentant de son intention de faire entrer des
marchandises en sa possession sur le territoire national.

§2. Importations exonérées

Sont notamment exonérés de la CCA à l'importation :


les marchandises qui de par leur nature sont destinées à l'agriculture, à l'élevage et à la
pêche;
les produits alimentaires de consommation des masses (les poissons frais réfrigérés et
congelés, le riz, farine de manioc, arachides, huile de palme,…)
les pièces de rechange si elles sont destinées à l'entretien du matériel industriel de
l'importateur. Lorsque les pièces détachées sont importées pour être revendues à l'état,
elles supportent la CCA à l'importation puisqu'elles sont exonérées de la CCA à l'intérieur.
les camions, les tracteurs, remorques;
les médicaments.

§3. Redevables de la contribution et le taux

Le redevable de la CCA à l'importation est l'importateur, personne physique ou morale. Le


taux de la contribution est variable et fixé comme suit :
3% pour toutes les marchandises d'un droit d'entrée de 5% et de 15%
13% pour les autres marchandises.

Sous-chapitre II : Droits d’accises

Nous allons dans ce chapitre parler d’abord des notions et des sortes des droits d’accises
(section I), ensuite des droits d’accises tels qu’organisés en République Démocratique du
Congo (Section II) .

Section I : Notions et sortes de droits d’accises

§1. Notions et Justifications

A. Notions des accises

Au début, les droits d’accises désignaient les prélèvements intérieurs effectués sur la
production de certains produits. Ce concept a pris de l’extension, englobant aujourd’hui
aussi bien les taxes sur la vente que sur la production de certaines marchandises
particulières à un taux spécifique ou à un taux ad valorem165.

Traditionnellement, les accises s’appliquent aux seules marchandises produites à


l’intérieur du pays. Quand elles entrent en vigueur, leurs taux sont fixés à un niveau calculé

165
M. PAUWELS, Principes d’Economie Commerciale et de Comptabilité, 6ème édition,
A de Boeck, Bruxelles, 1970, p.54
Cours de Droit Fiscal/2005 103

en fonction des droits de douane. Quelques accises, d’introduction récente, s’appliquent


aussi bien aux produits importés qu’aux produits similaires d’origine nationale166.

Dans la législation française les accises sont principalement considérées comme des taxes
fiscales spéciales frappant à l’importation quelques produits tels que les bois ou les huiles
végétales ou animales. Il s’agit également des taxes indirectes à l’importation sur des
« denrées tropicales » telles que le café ou le thé167.
§2. Sortes de droits d’accises

On distingue comme droits d’accises168 :


les droits somptuaires,
les droits sur les carburants,
les accises sur les services,
les droits spéciaux divers,
les accises généralisées.

A. Les accises somptuaires

Ce sont des prélèvements traditionnels sur les spiritueux et les tabacs. Ils sont les plus
anciens droits d’accises et les plus importants du point de vue des recettes produites. Ils
frappent la bière, le vin, les spiritueux et les tabacs et produisent des recettes fiscales
importantes sans trop gêner le développement de l’économie.

Toutefois, la forte consommation de ces produits et l’inélasticité de la demande amènent


les économistes et les moralistes à critiquer ces ressources car générées par des
dépenses non utiles. Ces sommes auraient du être utilisées à payer par exemple, des
denrées alimentaires nécessaires à une saine nutrition. Encore que la consommation de
spiritueux, tabacs et autres alcools est peu souhaitable et même, dans certains pays,
moralement répréhensible169. Ces produits sont réputés articles de luxe, mais ils sont
consommés en abondance par les groupes à bas revenus. Il se fait que c’est sur les
classes pauvres que pèse l’essentiel du poids des accises. On se pose aussi la question
de savoir s’il est conforme aux normes généralement admises de la justice de faire peser
une grosse part du fardeau sur les personnes qui consomment des grosses quantités de
marchandises taxées. Du point de vue fiscal, les accises sont faciles à percevoir. Souvent,
le nombre des producteurs est faible et le contrôle facile à exercer, de sorte que
l’application de l’impôt ne pose pas de problème.

B. Les droits d’accises sur les carburants

Beaucoup de pays qui ont des raffineries, prélèvent des droits d’accises sur les carburants.
Des raisons de justice autorisent à faire payer les usagers de ces produits et cela est
d’ailleurs nécessaire à l’affectation optimale des ressources. Comme le prouve
l’expérience de nombreux pays, il vaut mieux pour cela grever les carburants que percevoir
les péages.
En faisant payer les usagers, l’Etat devient moins tributaire d’autres impôts qui risquent
d’exercer une action préjudiciable à l’activité économique.

166
J.F. DUE, L’impôt indirect au service du Développement, Tendances Actuelles, Paris,
1973, p.98
167
C.J. BERR et H. TREMEAU, Le droit douanier, Economica, Paris, 1988, p.30
168
J.F., DUE, op.cit, p.95
169
Idem, p.104
Cours de Droit Fiscal/2005 104

C. Les droits d’accises sur les services

Elles sont communément perçues sur certains types de services, surtout quand ils sont
réputés services de luxe. On y trouve plus couramment la taxe sur les spectacles, les
taxes sur l’hôtellerie et la restauration, la taxe d’aéroport (au départ) ainsi que la taxe sur
les services de transport et les droits sur le jeu.

D. Les droits spéciaux divers

Un petit nombre de pays perçoivent des accises à des taux relativement forts, du genre
des accises somptuaires, sur d’autres articles considérés comme offrant des moyens
particulièrement bons de mesurer la faculté contributive. Le sucre en constitue un bon
exemple. En Somalie, ce sont des prélèvements sur le sucre qui, en 1968, procuraient à
l’Etat 15% de ses recettes fiscales. En Mauritanie, cet apport s’élevait à 6%. Le Royaume-
Uni a toujours perçu une forte accise sur le thé et les pays scandinaves sur la confiserie.
Ces taxes sont très critiquées du fait qu’elles exercent une discrimination aux dépens des
gens qui ont un goût particulier pour les produits taxés et du fait qu’un fardeau fiscal
excessif peut être créé par la distorsion de la structure de consommation170.

Section II : Droits d’accises en RDC

§1. Dispositions générales

A. La base juridique et faits générateurs

Ce sont l’ordonnance-loi n°68/010 du 06 janvier 1968 et l’arrêté ministériel de la même


année relatifs aux droits d’accises et au régime des boissons alcooliques qui constituent la
base juridique des accises en République Démocratique du Congo.
Le fait générateur de l’imposition aux droits d’accises est :
la production sur le territoire de la république des biens désignés ou
l’importation de ces mêmes produits sur le territoire national.
Les marchandises importées placées sous les régimes suspensifs (entrepôt, transit ou
importation temporaire) ne sont pas assujetties aux droits de consommation aussi
longtemps qu’elles restent placées sous l’un de ces régimes.

B. Produits frappés des droits d’accises :

Alcools et boissons alcooliques : bière, vins de raisins frais, vermouth et autres vins de
raisins frais préparés à l’aide de plantes ou des matières aromatiques du cidre, poiré,
hydromel et autres boissons fermentées, alcool éthylique non dénaturé eaux-de-vie,
liqueur et autres boissons spiritueux, préparations alcooliques composées (dites « extraits
concentrés ») pour la fabrication des boissons, alcool éthylique dénaturé pour usagers
médicaux, pour tout usage industriel et autres alcools industriels.
Eaux de table et limonades : eaux minérales naturelles ou artificielles, les eaux potables
ordinaires conditionnées pour la table, parfois rendues gazeuses, limonades et autres
boissons sucrées, aromatisées ou non, boissons à base de jus de fruits contenant d’autres
substances que du jus de fruit et d’un agent chimique de stérilisation.
Tabacs fabriqués, manufacturés : cigarettes d’une longueur ne dépassant pas 7cm,
cigarettes d’une longueur dépassant 7cm, cigarettes d’un poids inférieur ou égal à 3 kgs
par 1.000 pièces.

170
J.F. DUE, op.cit, p.114
Cours de Droit Fiscal/2005 105

Sucres : les sucres de betteraves et de canne à l’état solide, cristallisé, en morceaux ou


en pains, candis ou autres, tout autre sucre et sirop de sucre.
Ciments : les droits s’appliquent aux ciments hydrauliques, y compris les ciments non
pulvérisés dits « clinkers », même colorés.
Allumettes : toutes sortes d’allumettes.
Parfums liquides à base alcoolique : produits contenant en volume moins de 50% d’alcool,
produits contenant en volume 50% ou plus d’alcool.

§2.Perception de droits d’accises

A. Modes de taxation et de détermination de l’assiette imposable

Il existe trois modes de taxation :


la taxation spécifique, qui se réfère au volume, poids, pièces, etc. ex. : 15 FC le kilo
la taxation « ad valorem », qui se base sur la valeur du produit sur lequel s’opère
l’imposition. ex. : 15% du prix hors taxes.
la taxation mixte, qui associe les deux modes de taxation supra. Ex. 10% assortie d’un
minimum de perception de 2FC le kilo.
La douane retient la taxation qui lui paraît la plus avantageuse.
En vue de remédier à l’inadaptation de la taxation spécifique par rapport aux fluctuations
du zaïre monnaie, le gouvernement, par l’arrêté départemental n°033/CAB/CE/FIN/88 du
25 mai 1988, avait adopté la taxation ad valorem pour les produits ci-après soumis aux
droits d’accises : les bières, les eaux de table, les limonades, les vins, les alcools
dénaturés et industriels, les cigarettes et les parfums. Tandis que, restaient encore soumis
à la taxation spécifique les alcools éthyliques, les alcools éthyliques dénaturés pour eaux
de senteur, les eaux de vie et les huiles minérales.
L’assiette imposable est donc déterminée comme suit171 :
pour les produits locaux : prix ex-usine hors taxes, c'est-à-dire le prix de revient, plus la
marge bénéficiaire, ainsi que les amortissements, taxes non comprises. Pour les huiles
minérales, c’est le prix moyen frontière (PMF) qui est considéré. Ce PMF est publié par le
ministère de l’Economie Nationale et Industrie.
pour les produits importés : la valeur CIF à l’importation majorée des droits d’entrée. Ces
produits ne payent plus de ce fait, la CCA à l’importation .

Le prix ex-usine est communiqué par le fabricant à la Direction Générale de l’OFIDA. Pour
éviter qu’il soit injustement minoré, la loi permet à l’OFIDA de vérifier la comptabilité
analytique du fabricant.

B. Détermination de la quantité imposable

La quantité soumise au paiement des droits est celle réellement produite au cours d’une
période donnée172. De cette quantité peuvent être déduite :
les freintes qui sont des destructions probables après fabrication, résultant de la
manutention des produits. Les seules à être réglementées à ce jour sont les freintes
découlant de la fabrication des bières et limonades. Elles sont établies forfaitairement à
0,5% de la quantité fabriquée contenue dans les bouteilles susceptibles de se casser.
la quantité produite exportée moyennant présentation de preuves d’exportation et de mise
en consommation en territoire étranger.

171
Ord-Loi n°68/010 du 06/01/1968 portant sur les droits de consommation et le régime
des boissons alcooliques, art.2
172
Idem, art.16
Cours de Droit Fiscal/2005 106

la quantité de produits avariés et détruits, mais couvert d’un procès verbal de destruction
dûment établi par les agents des accises.

C. Exigibilité et Crédit

Les droits d’accises sont exigibles au comptant à l’expiration de chaque décade après le
dépôt de la déclaration.173 Toutefois, lorsque le fabricant constitue une caution suffisante
auprès du receveur, il peut obtenir, pour le paiement des droits, un crédit d’un mois à partir
de l’expiration du mois de la naissance de l’obligation. La caution peut être fournie de l’une
de ces manières : en numéraire, en fonds public admis à cette fin, par garantie bancaire,
par garantie personnelle ou immobilière. Elle correspond au paiement mensuel du
fabricant majoré de 25%. Elle peut être revue à la hausse en période d’inflation
permanente.

D. Taux de perception

Ils sont déterminés par Ordonnance-Loi n°68/010 du 06 janvier 1968 relative aux droits de
consommation et au régime des boissons alcooliques telle que revue et modifiée par le
Décret –loi n°0010 du 22 janvier 1997 portant simplification de la structure tarifaire et
l’allégement de la pression fiscale à l’importation, à l’exportation et à l’intérieur.

Alcools et boissons alcooliques (art.4) :


bière : bières titrant moins de 6° : 15%
bières titrant 6° et plus : 20%
Vins de raisins frais : vins titrant 15° et plus : 25%
Vins titrant moins de 15° : 15%
Vermouth et autres vins de raisins frais préparés à l’aide de plantes ou de matières
aromatiques du cidre, poiré, hydromel et autres boissons fermentées : 20%
Cidre, poiré, hydromel et autres boissons fermentées : 15%
Alcool éthylique non dénaturé eaux-de-vie, liqueur et autres boissons spiritueuses,
préparations alcooliques composées (dites « extraits concentrés ») pour la fabrication des
boissons : 30%
L’alcool éthylique dénaturé : * pour usages médicaux : 3%;
* pour la fabrication des eaux de senteur et autres parfums : 30%
* pour tout usage industriel : 3%.
Autres alcools industriels : 3%

Eaux de table et limonades (art 5.)


Eaux minérales naturelles ou artificielles, les eaux potables ordinaires conditionnées pour
la table, parfois rendues gazeuses par le CO2 : 10%
Limonades et autres boissons sucrées, aromatisées ou non : 3%
Boissons à base de jus de fruits contenant d’autres substances que du jus de fruits et d’un
agent chimique de stérilisation : 3%

Tabacs fabriqués, manufacturés (art.6)


Cigarettes d’une longueur ne dépassant pas 7cm : 40%
Cigarettes d’une longueur dépassant 7cm : 40%
Cigarettes d’un poids inférieur ou égale à 3 kgs par 1.000 pièces : 40%

173
Ord-Loi n°68/010 du 06/01/1968, art.17
Cours de Droit Fiscal/2005 107

Sucres (art.8)
Les sucres de betterave et de canne à l’état solide, cristallisé, en morceaux ou en pains,
candis ou autres : 5%
Tout autre sucre et sirop de sucre : 5%

Ciments (art.9)
Les droits s’appliquent aux ciments hydrauliques, y compris les ciments non pulvérisés dits
« clinkers », même colorés : 5%

Allumettes (art.10) : toutes sortes d’allumette sont imposées à 5%


Parfums liquides à base alcoolique (art.11)
Produits contenant en volume moins de 50% d’alcool : 10%
Produits contenant en volume 50% ou plus d’alcool : 10%

E. Exemptions

Sont exemptés de ces droits, les produits ci-après174 :


les vins dits « de messe » destinés à l’exercice des cultes et dont la destination est
attestée par l’organisme utilisateur,
les boissons fermentées fabriquées selon les méthodes coutumières,
les jus de fruits et de légumes non fermentés ni additionnés d’alcool,
les tabacs importés en franchise par les voyageurs par application des dispositions de la
législation douanière et du tarif des droits d’entrée,
les tabacs préparés par toute personne pour son propre usage,
les quantités d’huiles minérales contenues dans les aéronefs, les automobiles et autres
véhicules à moteur au moment de leur entrée dans la république,
moyennant dénaturation au préalable, les sucres destinés soit à des usages industriels
non alimentaires, soit à l’alimentation du bétail,
les alcools et boissons alcooliques, les allumettes et les parfums alcooliques que les
diplomates et les consuls de carrière des puissances étrangères, exerçant dans la
république importent pour leur usage personnel, sous réserve que la même exemption
soit accordée par ces puissances aux diplomates et agents de carrière congolais qui
exercent sur leurs territoires,
les alcools et boissons alcooliques, les eaux de tables et limonades, les tabacs fabriqués,
les huiles minérales, les sucres, les ciments hydrauliques, les allumettes et les parfums
liquides alcooliques dont l’avarie est constatée avant leur sortie des installations du
fabricant ou, s’il s’agit des produits importés, avant qu’ils aient quitté la surveillance de la
douane, pour autant que dans les deux cas ils soient détruits sous le contrôle de deux
agents de l’OFIDA.
les alcools et boissons alcooliques, les eaux de table et limonades, les tabacs fabriqués,
les huiles minérales, les sucres, les ciments hydrauliques, les allumettes et les parfums
liquides alcooliques fabriqués dans la république et destinés à être exportés à condition
que soient produits à la satisfaction de l’OFIDA dans les conditions déterminées par le
ministre des Finances les justifications reconnues nécessaires en ce qui concerne la
nature, les quantités et éventuellement le degré alcoolique d’une part et l’exportation réelle
d’autre part.

174
O-L n°68-010 du 06 janvier 1968, op.cit, art.12
Cours de Droit Fiscal/2005 108

IIème Partie :
EXERCICE DU POUVOIR FISCAL EN RDC

Il sera question :
de la liquidation de l'impôt
du recouvrement de l'impôt
du contrôle de l'impôt et des moyens de répressions (sanctions)
du contentieux fiscal et des interprétations en droit fiscal.
Cours de Droit Fiscal/2005 109

CHAPITRE I : LIQUIDATION DE L'IMPOT

La liquidation de l'impôt a pour objet de fixer le montant de la dette fiscale. Liquider l'impôt,
c'est en déterminer le montant par application de son tarif à la matière imposable. Ainsi, il
sera question d'abord du tarif (section I) et ensuite des opérations de liquidation
proprement dite (section II).

Section1. Tarif de l'impôt

Le principe est que le tarif de l'impôt doit être fixé de telle manière que le rendement de
l'impôt assure les ressources nécessaires pour ses besoins. L'Etat doit chercher à
déterminer un tarif optimum tel que l'impôt ait un rendement le plus élevé possible sans
pour autant que les contribuables subissent une pression fiscale élevée susceptible de les
pousser à la fraude fiscale. Il doit prendre en ligne de compte :
la diversité des impôts dont l'incidence peut être différente selon leur nature
des considérations sociales, voire dans certains cas des considérations politiques.

Il est bon de savoir qu'une réduction du tarif de l'impôt est généralement suivie d'une
augmentation des recettes fiscales. Le mode des calculs de l'impôt peut varier selon la
nature de la technique utilisée. La fixation du tarif pose en elle-même trois problèmes
essentiels de choix :
entre l'impôt de répartition et l'impôt de quotité
entre le taux spécifique et le taux ad-valorem
entre le taux proportionnel et le taux progressif.

§1. Impôt de répartition et Impôt de quotité

Alors que l'impôt de quotité comporte un tarif fixé à l'avance et s'applique à toutes les
matières imposables, l'impôt de répartition est fixé à l'avance dans son montant global pour
l'ensemble du pays.

A. Impôt de répartition

Dans cet impôt, on fixe le rendement global de l'impôt à plusieurs degrés administratifs. Le
tarif de l'impôt se dégage de la répartition c'est-à-dire que le produit d'impôt est déterminé
sur le plan national et réparti entre les provinces, les districts, les communes et enfin entre
les contribuables de chaque contrée.
Autrement dit, dans l'impôt de répartition, le législateur fixe le produit global de l'impôt. Ce
produit est ensuite partagé selon le système de répartition qui permet de fixer
successivement les contingents au niveau des circonscriptions de plus en plus petites
jusqu'à atteindre les contribuables eux-mêmes.

1. Avantages

Ce procédé présente des avantages suivants :


le rendement de l'impôt est connu à l'avance
il est certain et indépendant des fluctuations économiques
la fraude est neutralisée. En d'autres termes, ce que l'un ne paie pas, retombe sur les
autres. Toute simulation de la matière imposable par un contribuable a pour conséquence
l'augmentation du taux de prélèvement perçu auprès des autres contribuables.
l'impôt garantit une certaine stabilité de la dette fiscale du contribuable.

2. Inconvénients
Cours de Droit Fiscal/2005 110

L'impôt manque d'élasticité (ne suit qu'avec retard le développement de la matière


imposable).
La perte des plus-values d'impôt peut-être importante à la fin d'exercice. Le trésor ne peut
profiter du développement de la matière imposable en période de prospérité puisque le
rendement global est établi à l'avance.
L'impôt ne se prête pas à la personnalisation c'est-à-dire qu'il est difficile d'appliquer la
progressivité
A cause de la complexité des opérations de répartition, l'impôt peut présenter des
injustices dues aux erreurs qui peuvent se répéter sans possibilité d'une vérification de leur
exactitude. C'est la raison pour laquelle les impôts de répartition tendent à disparaître au
profit de l'impôt de quotité.

B. Impôt de quotité

1. Avantages
l'élasticité permet à l'impôt de suivre fidèlement le développement de la matière imposable.
l'équité permet d'assurer l'égalité de traitement entre les contribuables
la charge fiscale est mieux repartie en fonction de capacité contributive spécialement
lorsqu'il y a progressivité du tarif.
c'est un impôt simple qui ne nécessite pas de moyens exagérés pour son établissement.
2. Inconvénients

Son rendement qui n'est pas déterminé à l'avance s'effectue avec moins de précision que
celui de l'impôt de répartition parce que les prévisions des recettes sont beaucoup plus
délicates à élaborer.

§2.Taux spécifique et taux ad-valorem

A. Taux spécifique

Ce taux est assis sur une base exprimée en quantité physique des matières imposables.
Cette quantité est définie soit par le nombre d'unité matérielle, soit en volume surface…
Autrement dit, le tarif spécifique est exprimé en unité monétaire et en quantité de la base
imposable.
Ex. X FC par cheval vapeur pour une voiture de 7 chevaux vapeur ou xFC par kg, …

1. Avantages
Le taux spécifique présente des avantages suivants :
l'évaluation facile
il se prête difficilement à la fraude
le contrôle comptable et les discussions auxquelles il donne lieu entre l'administration
fiscale et les contribuables ont une nature normale.

2. Inconvénients
Les inconvénients du taux spécifique sont les suivants :
il est mal adapté aux mouvements de prix
il n'est pas élastique
il est injuste

B. Taux ad valorem 175

175
ad valorem : littéralement selon la valeur
Cours de Droit Fiscal/2005 111

L'impôt ad-valorem se définit par rapport à la base d'imposition. Tout comme le taux
proportionnel, le taux ad valorem est exprimé en pourcentage de la matière imposable
évaluée en argent. Il est d'usage en matière douanière. Ex. 15% de la marchandise dont la
valeur en douane est de 10.000 FC.
1. Avantages
Les avantages de l'impôt ad valorem sont les suivants :
il paraît plus juste
il est plus élastique que l'impôt spécifique

2. Inconvénients
Parmi ses inconvénients, on peut citer le fait que :
il est moins simple
il se prête beaucoup plus à la fraude
il engendre beaucoup de réclamations.

§3. Taux proportionnel et taux progressif

A. Notion

L'impôt proportionnel comporte un taux constant quelle que soit l'ampleur de la matière
imposable. Par contre, l'impôt progressif ou taux progressif augmente avec la grandeur de
la matière imposable. Ainsi, le taux proportionnel reste inchangé quelle que soit la quantité
de la matière soumise à l'impôt. Tandis que le taux progressif augmente en fonction de
cette quantité.

B. Considérations doctrinales

Le choix de l'un ou l'autre de ces types de taux a fait l'objet des discussions théoriques
importantes dans le passé. Le débat portait sur deux points :
la productivité et
la justice.

Les partisans de l'impôt progressif le présentaient comme plus productif que l'impôt
proportionnel et reprochaient par ailleurs à ce dernier ses effets liés à la contraction de la
matière imposable. La proportionnalité ne traduit pas toujours la justice et ne conduit pas à
l'égalité devant l'impôt. Ainsi, il n'est pas aisé de faire payer le même impôt aux deux
contribuables ayant le même revenu mais dont les charges de chacun sont très différentes.
A titre d'exemple : un impôt de 10% sur un revenu de 10.000 FC est plus difficile à
supporter qu'un impôt de 10% sur un revenu de 100.000 FC. En ce sens que le 1er cas
privera le contribuable d'un revenu qu'il aurait pût affecter à des dépenses nécessaires
présentant pour lui une utilité marginale élevée.
Tandis que dans le second cas, toutes les dépenses nécessaires ayant pu être faites, le
prélèvement portera sur des sommes ayant une utilité marginale plus faible.

Autrement dit, le tarif proportionnel est simple mais injuste car un prélèvement de même
pourcentage effectué sur le revenu est plus durement ressenti par le contribuable pauvre
ou moyen que par le contribuable aisé ou riche. L'égalité mathématique est donc injuste du
point de vue fiscal.

Ce raisonnement justifie la progressivité de l'impôt qui est aujourd'hui d'un usage très
général en matière d'impôt sur le revenu. Le tarif progressif bien que complexe, permet de
réaliser l'égalité de sacrifice devant l'impôt. La progressivité trouve aussi sa justification
Cours de Droit Fiscal/2005 112

dans le rôle de redistribution des revenus et dans l'appréciation de la contribution des


citoyens aux charges publiques.

Il est plus productif à condition toutefois qu'il soit limité raisonnablement faute de quoi
l'impôt finirait par s'accaparer de la quasi totalité des richesses dépassant un certain
montant. Ce qui décourage l'effort en même temps que l'épargne ainsi que les possibilités
d'investissement privés productifs.

Quel que soit l'issu du débat, il faut souligner que l'application de la progressivité de l'impôt
se heurte à deux difficultés : la fixation d'un minimum de prélèvement et la fixation de
l'échelle de la progressivité. (Inconvénient de la progressivité).

C. Domaine de la progressivité

1. Principe

L'application de la progressivité suppose la connaissance des biens et des revenus des


assujettis. Le domaine de prédilection de la progressivité est constitué de l'impôt général
sur le revenu et de l'impôt sur le capital. La progressivité semble inapplicable :
aux impôts particuliers (cédulaires) sur le revenu ou sur le capital parce que ce sont des
considérations partielles qui ne permettent pas d'apprécier la capacité contributive du
contribuable sur la seule connaissance d'un élément de ses richesses. Cependant,
certains impôts cédulaires peuvent supporter une forme atténuée de la progressivité :
aux impôts sur la consommation en raison de leur caractère réel. Toutefois, une certaine
progressivité peut être réalisée au niveau de la taxation des objets de luxe.

2. Modalités pratiques de la progressivité

Si nous prenons le tarif variable, l'utilisation de ce tarif peut faire appel notamment à la
progressivité globale ou par classe et à la progressivité par tranche ou par pallier.

2.1. Progressivité globale ou par classe :

Dans cet impôt, les revenus sont atteints dans leur totalité par des taux d'imposition qui
vont en augmentant en même temps qu'augmentent les dits revenus.
Les revenus sont repartis dans des classes préalablement fixées et dont le point de départ
est par exemple de 0 ou de 1. Chaque classe comporte un taux d'impôt supérieur à celle
qui la précède ou inférieur à celle qui la suit.

A titre d'exemple : Le contribuable payera 10% si le revenu est compris entre 0FC et
5.000FC. Il payera 15% pour le revenu situé entre 5001FC et 10.000FC.
Ainsi, le contribuable paiera 500FC si son revenu est de 5.000FC (c'est-à-dire 5000 x
10%). Il payera 765FC si son revenu est de 5.100FC (5.100 x 15%). Il y a lieu d'observer
dans la progressivité globale
que la matière imposable est rangée dans telle ou telle classe selon son montant et le taux
augmente de classe en classe.
Comme on le voit, ce procédé est relativement simple même s'il constitue un facteur
d'inégalité dans la mesure où pour une faible différence des matières imposables, deux
individus peuvent être imposés fort différemment.

2.2. Progressivité par tranche ou par pallier :


Tous les revenus quelle que soit leur importance, sont découpés à un certain nombre de
tranches. Partant du principe que les revenus compris dans la même tranche sont destinés
Cours de Droit Fiscal/2005 113

à la satisfaction des mêmes besoins et doivent être imposés au même tarif. Chaque
tranche est atteinte par un taux qui va en croissant de tranche en tranche. Ce système est
conçu pour éviter l'inconvénient de la totalité ou des sauts brusques provoqués par la
progressivité globale.
Ex. Prenons le cas de 4 travailleurs dont les revenus annuels s'élèvent respectivement à
1.000FC, 2.000FC, 3.000FC et 4.000FC auxquels sont appliqués respectivement les taux
de : 10%, 20%, 30%, 40% dont la progressivité globale se présente comme suit :
revenus allant de 0 à 1.000FC : 10%
revenus allant de 1001 à 2.000FC : 20%
revenus allant de 2001 à 3.000FC : 30%
revenus allant de 3001 à 4.000FC : 40%
Le calcul de l'impôt pour chaque contribuable est déterminé de la manière suivante :
(progressivité globale).
Le contribuable dont le revenu est de 1.000 payera 100FC (1.000 x 10%);
Celui de 2.000 payera 400FC (2.000 x 20%)
Celui de 3.000 payera 900FC (3.000 x 30%)
Et celui de 4.000 payera 1.600 FC (4.000 x 40%).
Pour les mêmes travailleurs en ce qui concerne la progressivité par tranche, la solution est
la suivante :
Le contribuable dont le revenu est de 1000FC paiera l'impôt calculé comme suit :
revenu de 0FC à 1000FC : 10% soit 1000FCx10%=100FC
Pour le contribuable dont le revenu est de 2000FC : le calcul de l'impôt sera comme suit
par tranche
revenu de 0FC à 1000FC : 10% soit 1000FCx10%=100FC
revenus de 1001FC à 2000FC : 20% soit 1000FCx20% = 200FC
Total 300FC
Il paiera 300 FC et non 400FC comme dans la progressivité globale.
Pour le contribuable dont le revenu est de 3000FC, le calcul de l'impôt se fera comme suit
par pallier :
revenu de 0FC à 1000FC : 10% soit 1000FCx10%= 100FC
revenu de 1001 à 2000FC : 20% soit 1000FCx20%=200FC
revenu de 2001FC à 3000 FC : 30% soit 1000 FXx30%=300FC
Total 600FC
Il paie 600FC et non 900Fc comme dans la progressivité globale.
Le contribuable dont le revenu est de 4000FC paiera l'impôt calculé comme suit par
tranche.
revenu de 0FC à 1000FC soit 1000FCx10%=100FC
revenu de 1001FC à 2000FC soit 1000FCx20%=200FC
revenu de 2001FC à 3000FC soit 1000FCx30%=300FC
revenu de 3001FC à 4000FC soit 1000FCx40%=400FC
Total 1.000FC
Il paiera 1000Fc et non 1600FC comme dans la progressivité globale.

Comme on peut le constater, la progressivité par tranche est beaucoup plus juste que la
progressivité globale.
Cours de Droit Fiscal/2005 114

Section II. Opérations de liquidation proprement dites

§1. Comment intervient la liquidation

La liquidation diffère selon qu'il s'agit des droits au comptant ou qu'il s'agit des droits
constatés.
a. Pour les droits au comptant ou spontanés ou simultanés, la liquidation est faite lors du
dépôt de la déclaration du redevable. C'est le cas de certains droits indirects de type CCA
à l'importation.
Aussi, l'opération de liquidation s'effectue-t-elle au moment de la constatation des droits
d'où le mot "comptant". En règle générale les droits au comptant ou spontanés font l'objet
de la retenue à la source.
b. Pour les droits constatés, la constatation du fait générateur et la liquidation sont deux
opérations bien différentes qui sont effectuées à un intervalle de temps parfois éloigné. La
liquidation donne lieu dans le cas d'espèce à l'établissement de rôle pour la dette
individuelle du contribuable.

§2. Qui liquide l'impôt

La séparation de deux opérations, liquidation ou recouvrement est généralement adoptée.


La liquidation est en général effectuée par des agents chargés de la constatation. Tandis
que le recouvrement par ceux chargés de la perception des revenus des impôts.

§3. Sommes qui peuvent être réclamées aux débiteurs de la contribution

Outre le principal qui constitue le montant initial de la créance fiscale, déduction éventuelle
faite des acomptes et précomptes versés, le créance c'est-à-dire le trésor public réclame
aussi dans certains cas les pénalités d'assiette et de recouvrement, les amendes fiscales
et les frais de poursuite. Le principal ainsi que tous ses accessoires forment un tout
indissociable qui constitue la dette globale du contribuable envers le trésor public.

§4. Par qui et à qui doit être fait le paiement

A. Qui peut payer l'impôt?

Le paiement de la dette fiscale incombe aux débiteurs de la contribution tel qu'institué par
la loi. En effet, c'est le contribuable lui-même ou le redevable qui est un tiers à qui le trésor
public peut valablement réclamer le paiement.
B. A qui doit effectuer le paiement?

Au terme de la loi fiscale, le paiement doit être effectué à la banque ou auprès des
coopératives d'épargne et de crédit au vu de la note de perception délivrée par le receveur
des contributions. En contre partie de l'encaissement des fonds, la banque délivre des
timbres fiscaux de valeur correspondante et dresse un relevé de paiement à l'intention du
receveur des contributions qui s'en sert lors de l'apurement.

§5. Effets du paiement

En principe le paiement éteint la dette fiscale en principal et en pénalité et libère


entièrement le contribuable ou le redevable. Toutefois, le receveur des contributions est
tenu d'accepter le paiement partiel quitte à prendre des mesures utiles pour le
recouvrement de la partie restante.
Cours de Droit Fiscal/2005 115

§6. Moyen de paiement

Le mode de paiement des dettes envers l'Etat, spécialement celles ayant trait à la matière
fiscale, est celui stipulé dans le décret-loi n°067 du 20 avril 1998 relatif au mode de
paiement de dettes envers l'Etat. Ce décret-loi relève en substance que : "tous les
règlements des créances de l'Etat, notamment ceux concernant les contributions d'impôts,
droits, taxes, redevances sont obligatoirement effectués auprès du comptable public
concerné à l'aide d'un chèque certifié et barré par l'organisme bancaire sur lequel est tiré
ce chèque, la provision bloquée étant rendu indisponible jusqu'au règlement de la créance
de l'Etat". Dans l'économie générale de ce décret-loi, il ressort clairement que la loi
n'admet que les chèques barrés et certifiés comme mode de paiement. En dehors du
chèque aucun autre moyen de paiement ne peut conférer le caractère libératoire au
paiement en l'occurrence les numéraires, les virements bancaires, les chèques ordinaires
et encore moins la compensation. Cependant dans la pratique, on accepte malgré ce
décret le versement direct des espèces en banque ainsi que le virement bancaire.

§7. Monnaie de paiement

C'est le Franc Congolais qui a seul court légal en République Démocratique du Congo.
Cela revient à dire que les dettes fiscales ne peuvent être acquittées au moyen des
devises étrangères sans conversion préalable. Et ce, en conformité avec les dispositions
en matière de la réglementation de change.
Ainsi, "en application du décret-loi n°099 du 03 juillet 2000 modifiant et complétant le
décret-loi n°067 du 20 avril 1998, toutes les créances de l'Etat notamment les
contributions, impôts, droits, taxes et redevables sont convertis en franc fiscal suivant la
parité du jour de la réalisation du fait générateur."176

§8. Date et lieu de paiement

La date de paiement des contributions diffère selon qu'il s'agit des droits constatés ou des
droits spontanés. Quand au lieu de paiement, en principe, la contribution est portable c'est-
à-dire payable dans les bureaux de l'administration. Dans pareil cas, c'est au contribuable
de se déplacer lui-même vers l'administration et de s'acquitter de son devoir fiscal de
paiement. Ce qui diffère des dettes privées qui sont quérables et oblige le créancier d'aller
trouver le débiteur pour obtenir le paiement.

§9. Preuve de paiement

Les dispositions du règlement général sur la comptabilité publique qui obligeait


l'administration à délivrer une quittance contre paiement effectué par le contribuable en
matière fiscale, ont été abrogées.
Aujourd'hui l'unique preuve admise en matière de règlement de créance de l'Etat
concernant notamment les contributions, impôts, droits, taxes, redevances dus à l'Etat est
le timbre fiscal.

En matière de vignette, le signe distinctif fiscal ne peut plus constituer une preuve de
paiement en lui-même sans produire les timbres fiscaux qui ont servi à l'acquérir. Dans la
pratique les timbres fiscaux servant de preuve sont apposés sur un des volets de la note

176
Arrêté ministériel n°009 du 03 août 2000 portant mesure d'application du décret
n°099 du 03 juillet 2000, modifiant et complétant le décret n°067 du 20 avril 1998 relatif
au mode de paiement des dettes envers l'Etat, art 1 er.
Cours de Droit Fiscal/2005 116

de perception (délivré par le receveur) et doivent faire l'objet d'oblitération et d'apurement


par le receveur des contributions.
En matière de CCA à l'intérieur, le décret n°009 du 22 janvier 1997 a supprimé la modalité
de perception par apposition des timbres au profit de l'établissement des relevés mensuels
avec paiement simultané.
Cours de Droit Fiscal/2005 117

CHAPITRE II RECOUVREMENT DE L'IMPOT

La dette de l'impôt a été liquidée, il reste à l'acquitter. Le contribuable en opère alors le


paiement. Ce paiement est théorique, volontaire et spontané. Mais dans de nombreuses
hypothèses, les services fiscaux doivent mettre en œuvre des multiples opérations
destinées à faire verser par le contribuable le montant de l'impôt dans les caisses de l'Etat.
L'ensemble de ces opérations constitue le recouvrement par l'administration de sa créance
fiscale. Le point de départ du recouvrement est la déclaration(section I). Si le contribuable
s'acquitte volontairement on parle du recouvrement à l'amiable (section II) dans le cas
contraire, le recouvrement est forcé (section III). Enfin l'Etat dispose des garanties pour
assurer la bonne fin du recouvrement (section IV).

Section I : Déclaration de l'impôt.

§1. Principe

Tout contribuable est obligé d'introduire chaque année une déclaration énonçant les
éléments imposables en double exemplaire et de l'adresser à la Direction des contributions
à Kinshasa ou en province. Cette déclaration doit être faite même si le contribuable n'a pas
réalisé des revenus ou a subi des pertes (en cas de l'impôt sur le revenu). La déclaration
des revenus peut être faite également par un mandataire justifiant d'un mandat général ou
spécial en vertu duquel il agit. Pour le revenu mobilier ou professionnel et dont le montant
est retenu à la source, la déclaration sera souscrite par l'entreprise de l'employeur en lieu
et place des bénéficiaires. Pour les entreprises familiales, la déclaration sera souscrite par
le chef de famille.

Sont dispensés de l'obligation de déclarer les revenus ou les biens imposables :


Les personnes rétribuées par un tiers sans être liées par un contrat d'entreprise. Ex : Le
salarié
Les personnes et organismes exemptés de la contribution sur le revenu locatif et
professionnel ou d'une contribution réelle.
Les diplomates et agents diplomatiques, les conseils et agents consulaires accrédités en
République Démocratique du Congo du chef de leur rémunération touchée en leur qualité
officielle.
Cours de Droit Fiscal/2005 118

§2. Délais de dépôt des déclarations par contribution

1. Contribution foncière177

La déclaration contenant les éléments imposables doit être souscrite et déposée dans
chaque ressort où est situé la maison ou le terrain avant le 1er avril de chaque année.

2. Contribution sur le véhicule

La déclaration contenant les éléments imposables doit être souscrite et déposée au


moment de l'immatriculation pour les nouvelles acquisitions et avant le 1er avril de chaque
année pour les anciennes acquisitions.178

3. Contribution sur les concessions minières et d'hydrocarbure179

La déclaration contenant les éléments imposables doit être souscrite avant le 15 janvier de
l'année d'imposition par le titulaire de la concession dans le ressort fiscal où cette dernière
est située.

4. Contribution sur le revenu locatif

La déclaration contenant les éléments imposables doit être souscrite avant le 31 mars de
l'année qui suit celle de la réalisation du revenu imposable. Elle doit être appuyée d'un état
détaillé qui précise pour chacune des propriétés imposables : la nature de la maison, sa
situation géographique, l'affectation, la désignation des occupants, la superficie
développée de la partie bâtie.

5. Contribution mobilière

La déclaration doit être souscrite par le redevable au moment du paiement et faire l'objet
d'un dépôt aux services des contributions dans les 10 jours qui suivent le paiement.
Pour les sociétés de droit étranger, la déclaration de la contribution mobilière calculée sur
base forfaitaire doit être souscrite et déposée aux services des contributions avant le 1 er
avril de l'année suivant celle de la réalisation du bénéfice et des revenus locatifs
imposables.

6. Contribution sur le bénéfice

La déclaration est souscrite par le redevable de la contribution avant le 31 mars de l'année


qui suit celle de la réalisation du revenu imposable.

7. Profit des professions libérales

La déclaration est souscrite pour les redevables de la contribution avant le 31 mars de


l'année qui suit celle de la réalisation du revenu imposable.

8. Contribution professionnelle sur les rémunérations

177
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 28 à 38
178
Idem, art 46 à 53
179
Ibidem, art 54
Cours de Droit Fiscal/2005 119

La déclaration mensuelle est souscrite par les redevables de la contribution au plus tard le
10 du mois qui suit celui du paiement de salaire. A la fin de l'année comptable, une
déclaration récapitulative est souscrite et déposée avant le 10 janvier de l'année qui suit
celle des paiements des rémunérations.

9. Contribution exceptionnelle sur les rémunérations des expatriés

Les règles fiscales qui concernent le champs d'application, l'assiette ainsi que les
obligations déclaratives sont les mêmes que pour la contribution professionnelle sur les
rémunérations à l'exception du taux appliqué à la base imposable (33%).

10. CCA à l'intérieur

La déclaration est souscrite mensuellement par chaque personne physique ou morale


redevable de cette contribution, et ce, avant le 15 du mois suivant celui de la réalisation
des affaires imposables sous déduction d'un acompte versé à concurrence de 50% de la
CCA du mois précédent à la date du 20 du mois de la réalisation des affaires imposables.

11. CCA à l'exportation

La déclaration est souscrite par l'établissement bancaire qui est tenu de déclarer avant le
10 de chaque mois toutes les licences accordées à leurs clients, le mois précédent.
Cours de Droit Fiscal/2005 120

Section II. Recouvrement à l'amiable et exigibilité des contributions

§1. Principe

Le recouvrement revêt souvent un caractère amiable, en ce sens que le redevable du


montant de l'impôt est invité par l'administration à travers un document comportant une
échéance de s'acquitter de la dette. C'est l'opération du recouvrement à l'amiable. En cas
d'échec du paiement de la dette du redevable à l'amiable, l'administration est autorisée à
procéder au recouvrement par la force.

Le recouvrement forcé trouve sa raison d'être dans l'exigibilité de la contribution.


L'exigibilité de la contribution est le délai dans lequel le trésor public peut valablement
réclamer la contribution au redevable. Elle doit être distinguée du fait générateur qui est le
fait matériel ou juridique donnant naissance à la dette fiscale du redevable envers le trésor
public.
Les règles d'exigibilité diffèrent selon qu'il s'agit des droits constatés ou des droits
spontanés.
Le principe général est que l'exigibilité doit courir après un certain délai à partir de
l'émission du titre de recouvrement (rôle). Toutefois, des exceptions existent où l'exigibilité
commence à courir avant la mise en recouvrement du titre. C'est le cas d'acomptes
provisionnels, de précompte "BIC" ou d'acompte sur diverses contributions.

§2. Exigibilité de l'impôt

L'exigibilité de l'impôt dépend de sa nature. On distingue à cet effet les droits constatés et
les droits spontanés.

A. Exigibilité des droits constatés

1. Principe

Les droits constatés sont en principe recouvrés par voie de rôle. Le rôle est le titre officiel
en vertu duquel le percepteur a le droit de réclamer le paiement de l'impôt et d'en
poursuivre le recouvrement180. Il s'agit en fait d'une liste nominative des contribuables
débiteurs de l'impôt avec le montant de leurs dettes au regard de leurs noms, comportant
une date d'exigibilité.
Il est rendu exécutoire par la signature du Directeur Général des Contributions ou son
délégué. Il crée donc la créance fiscale. Ainsi après l'enrôlement, le contribuable est
informé du montant et des conditions d'exigibilité de la dette par un "avertissement extrait
du rôle".

Le recouvrement amiable des droits c'est-à-dire ceux perçus obligatoirement par voie
d'émission préalable du rôle doivent se faire dans l'intervalle du temps déterminé. Ces
contributions sont à titre de rappel : la contribution foncière, la contribution sur les
concessions minières et d'hydrocarbure, la contribution professionnelle sur le bénéfice et le
profit des professions libérales, la contribution sur le revenu locatif.
Les art 62, 122 alinéa 5 du code des contributions respectivement en matière de
contribution réelle et sur le revenu, posent le principe de l'exigibilité de la totalité de la
contribution au plus tard la date fixée au dernier jour du mois qui suit celui de l'envoi de
l'avertissement extrait du rôle au contribuable.

180
Francis Lefebvre, op.cit, p.517, n°3800
Cours de Droit Fiscal/2005 121

A titre d'exemple, si l'avertissement extrait du rôle est envoyé au contribuable le 15 avril


2000, la contribution foncière y afférente sera exigible au plus tard le 31 mai 2000. Il y a
donc lieu de noter que l'impôt est exigible après le délai où l'administration est en droit de
le réclamer, généralement une année après la détention du bien imposable ou la
réalisation du revenu. Toutefois, exceptionnellement grâce à quelques modalités, de
perception des impôts, ces derniers peuvent être exigibles avant les délais normaux.

2. Cas où l'impôt est payé anticipativement (avant le délai normal)

Dans certains cas l'impôt est payable anticipativement :

a) Acomptes provisionnels (paiement en 3 mensualités) :

L'art 122 al 1er l'O-L n°69-009 du 10 février 1969 précitée dispose que le système
d'acomptes provisionnels s'applique sur les contributions établies par voie de rôle. Avant
l'O-L n°83/004 du 23 février 1983 qui a profondément modifié l'imposition du revenu locatif,
ce système d'acompte s'appliquait également à cette contribution.

L'acompte provisionnel est une modalité de recouvrement de l'impôt sur le bénéfice, le


profit, le chiffre d'affaires qui consiste à effectuer des versements anticipativement par les
redevables.
Les acomptes provisionnels sont des versements anticipatifs que les redevables des
contributions doivent effectuer avant la mise en recouvrement par voie de rôle.
Ils ont pour objet de fractionner et d'anticiper le règlement de la dette fiscale. Ils ont
également pour objet de rapprocher le paiement de l'impôt du fait générateur et d'assurer
des ressources permanentes pour le trésor public.
Le versement de la contribution s'effectue dans des conditions suivantes :
Pour la CCA à l'intérieur, le versement anticipatif de 50% se fait avant le 20 de chaque
mois; le solde dans les 15 jours du mois suivant celui au cours duquel les affaires
imposables ont été réalisées.
Pour la contribution professionnelle sur le bénéfice, il y a trois acomptes, le 1er acompte de
40% doit être versé avant le 1er septembre de l'année au cours de laquelle les revenus
sont réalisés. Le second de 40% avant le 1er décembre et le 3ème de 20% avant le 1er avril.
Si les 2 premiers sont obligatoires, le 3ème est facultatif.

b) Précompte BIC :

Le régime de précompte BIC fut introduit en République Démocratique du Congo en date


du 18 février 1998 à l'issue d'un décret-loi n°058 du 18 février 1998 portant création d'un
précompte sur les contributions sur les bénéfices industriels et commerciaux.
Le précompte BIC est une modalité de recouvrement de l'impôt sur le bénéfice et profit
des professions libérales qui consiste à retenir à chacune des opérations déterminées par
la loi et rentrant dans le cadre de l'exercice de la profession du contribuable visé une
quotité du montant de l'opération à valoir sur l'impôt définitif. Le précompte BIC doit être
calculé sur une base hors taxe due à l'Etat :
pour les importations sur valeur CIF
pour les exportations sur valeur FOB
pour les ventes en gros et demi-gros des marchandises et produits de fabrication locale.
C'est le montant brut de la facture moins la CCA à l'intérieur ou le droit de consommation
et autres taxes.
Exemple : Un demi-grossiste achète 100 paquets de cahiers auprès du grossiste Hasson &
Frère, le prix par paquet est de 53FC. Indications sur la facture :
le prix de vente avant la contribution 50FC
Cours de Droit Fiscal/2005 122

la CCA 3% c'est-à-dire 50x3%=1,50FC


le précompte BIC 50FCx3%=1,50FC (base imposable : prix hors taxe)
Le montant de la facture=P.V.+CCA+Précompte BIC=50+1,50+1,50=53FC

Plusieurs études d'évaluation du précompte BIC formulent un certain nombre de critiques à


l'endroit de cette modalité de paiement de l'impôt sans la remettre en cause. Au nombre
des griefs formulés contre le précompte BIC nous pouvons citer :
l'incorporation abusive du précompte BIC dans le coût ou le prix de revient
l'apparition d'un trop perçu rendant l'Etat débiteur vis-à-vis des agents économiques et
l'absence de mécanisme de suspension du précompte dès qu'il y a apparition des crédits
d'impôts.
la réduction du volume des transactions à l'importation et à l'exportation
le taux élevé du précompte BIC.

Il a été plusieurs fois proposé la réduction du taux du précompte surtout en faveur des
agents économiques identifiés par l'Administration fiscale. Prenant en compte la
proposition, le gouvernement dans son conseil des 10 et 11 novembre 2000, a décidé la
réduction du taux de précompte BIC qui doit passer de 3 à 1% pour les opérateurs
économiques détenteurs d'une attestation fiscale et de 3à 5% pour les autres et le ministre
des Finances était instruit pour finaliser ce dossier. Nous pensons que cette mesure pourra
résoudre un certain nombre de problèmes posés par l'application de précompte BIC en
République Démocratique du Congo.

c) Acompte sur diverses contributions :


C'est le décret-loi n°100 du 03 juillet 2000 qui a institué cet acompte. Il est prélevé en cas
d'aliénation d'un immeuble ou de mutation d'un véhicule automoteur dans le cas de
cession à titre onéreux à charge du cédant personne physique. Au moment de la cession,
l'acquéreur à l'obligation de retenir 1% de la valeur du bien à titre d'acompte à valeur sur
les contributions inscrites au compte courant fiscal du cédant.

B. Exigibilité des droits spontanés

Les règles d'exigibilité des droits spontanés relatives aux contributions sur le véhicule,
contributions mobilière, professionnelle, exceptionnelle sur les rémunérations des expatriés
et sur le chiffre d'affaires varient selon la catégorie de la contribution.

En règle générale, toutes ces contributions à l'exception de la contribution sur le véhicule


font l'objet de retenue à la source. Dans ce système un tiers autre que le contribuable
appelé redevable calcule et déclare la contribution en lieu et place du contribuable. Il
devient de ce fait le débiteur de la contribution envers le trésor public.

Les droits spontanés sont exigibles immédiatement ou dans un bref délai.


a) La contribution sur le véhicule est exigible :
au moment du dépôt de la déclaration lorsqu'elle s'applique à des véhicules nouvellement
importés ou acquis à l'état neuf chez les concessionnaires locaux;
avant le 1er avril lorsqu'elle s'applique à des véhicules en service;
immédiatement sur les véhicules enrôlés, à défaut de paiement dans les délais légaux181

b) les contributions mobilières et sur les rémunérations qui sont retenues à la source sont
exigibles dans les 10 jours qui suivent le mois pendant lequel les revenus ont été payés ou

181
O-L n°69-006 du 10 février 1969, op.cit, art 62
Cours de Droit Fiscal/2005 123

mis à la disposition du bénéficiaire182. La contribution mobilière fixée forfaitairement à


charge des sociétés étrangères est payable spontanément avant le 10 avril de l'année
suivant la clôture de l'année.
Sont immédiatement exigibles pour leur totalité, la contribution mobilière et la contribution
professionnelle enrôlées à défaut de paiement dans les délais légaux183.

c) Les contributions sur les chiffres d'affaires à l'intérieur : les versements s'effectuent de la
manière suivante :
Versement anticipatif avant le 20 de chaque mois, d'un montant égal à 50% de la
contribution versée au titre des affaires imposables réalisées au cours du mois précédent.
Versement dans les 15 premiers jours du mois suivant celui au cours duquel les affaires
imposables ont été réalisées, de la contribution due sous déduction du versement
anticipatif effectué au titre du mois précédent184.

Quant à la CCA à l'importation, sa perception est assurée par l'OFIDA et est régie par les
dispositions légales et réglementaires relatives aux droits d'entrée, tandis que la CCA à
l'exportation est perçue par retenue à la source par la Banque intervenante au moment du
rapatriement des devises, à la date de réception des fonds. Chaque fin de semaine le
montant des CCA perçues par la Banque doit être versé dans le compte du Trésor.

182
Idem, art 123 al.1
183
Ibidem, art 123 al 2 et 3
184
O-L n°69-058 du 5 décembre 1969, op.cit, art 20
Cours de Droit Fiscal/2005 124

Section III. Recouvrement forcé

§1. Procédure de poursuite en recouvrement

Tout contribuable peut être poursuivi lorsqu'il n'a pas acquitté sa dette fiscale à l'échéance
fixée par la loi. En matière de recouvrement forcé, les poursuites peuvent être exercées
soit directement, soit indirectement.

A. Poursuites directes

Avant d'entamer les poursuites directes et sauf dans les cas où les intérêts du trésor public
peuvent être compromis par un retard dans le paiement, le receveur adresse au
contribuable un dernier avertissement. C'est une invitation à payer dans les 15 jours,
rappelant au contribuable son devoir fiscal. A l'exception des délais fixés dans le
commandement, le receveur peut procéder à la saisie des telles ou telles parties des
objets mobiliers ou d'un immeuble qu'il juge nécessaire pour que la vente suffise au
paiement des sommes dues au Trésor. La vente est signifiée au redevable par un P.V. de
saisie.

B. Poursuites indirectes

Elles se font par une simple notification adressée par le receveur aux tiers détenteurs des
biens des contribuables sous plis recommandé à la poste185. Elle constitue une sorte de
saisie-arrêt et la demande du receveur vaut sommation avec opposition sur les sommes,
valeurs, ou revenus. Les tiers détenteurs sont notamment les locataires, les banquiers, les
avocats, les employeurs. Le paiement doit être effectué dans un délai de 10 jours à partir
de la réception de la demande. A défaut de ce paiement, ils seront personnellement
poursuivis comme débiteurs directs des impôts sur la base des rôles établis au nom de
leurs créanciers. Le pouvoir de poursuivre le recouvrement des impôts appartient aux
receveurs des contributions directes186.

§2. Actes de poursuite pour le recouvrement des contributions

Nous distinguons deux sortes d'actes de poursuite. Celui par voie de saisie-conservatoire
et celui par voie de saisie-exécution.

A. Poursuites par voie de saisie-conservatoire

Lorsque les droits du Trésor sont en péril, le receveur des contributions peut avec
l'autorisation du directeur des contributions faire saisir à titre conservatoire les objets
mobiliers du redevable187. La saisie-conservatoire peut par la suite et sur décision du
directeur des contributions être convertie en saisie-exécution dans un délai de 2 mois.

B. Poursuites par voie de saisie-exécution.

On distingue 3 phases :

1. Commandement :

185
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 126
186
Idem, art 126
187
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 133
Cours de Droit Fiscal/2005 125

C'est un acte par lequel le débiteur est sommé de payer sa dette dans les 8 jours qui
suivent la notification. Le commandement doit comporter à son tour 3 énonciations :
la notification du titre (les art de rôle);
l'énonciation de la somme à payer et
l'ordre de payer la somme réclamée sous peine d'y être contraint par voie de droit.

2. P.V. de la saisie-exécution

C'est un exploit dressé par un huissier assermenté à charge d'un contribuable, l'invitant à
payer dans les 8 jours les contributions dues sous peine de procéder à la vente publique
des biens saisis.
3. Vente

8 jours au moins après la signification au contribuable du P.V. de la saisie-exécution, il


sera procédé à la vente des objets saisis jusqu'à concurrence des sommes dues.
N.B. En matière de recouvrement forcé, les poursuites exercées à l'encontre des
contribuables entraînent à leur charge des frais proportionnels au montant de la
contribution dû (principal, majoration, accroissement) selon les % suivants :
commandement 3%
saisie 5%
vente 3%
Il y a prescription pour le recouvrement des contributions sur le revenu après 30 ans à
compter de la date exécutoire du rôle.

Section IV. Garanties du Trésor public

En droit fiscal congolais les garanties du trésor public sont :


L'hypothèque légale sur les biens du redevable de l'impôt.
Les biens immeubles du redevable sont grevés d'une hypothèque légale au profit du
Trésor. En cas d'insolvabilité, ce dernier peut les vendre pour se faire payer.

Le privilège du Trésor :
Sauf quelques rares exceptions les droits du Trésor passe avant tous les autres. Par
exemple, en cas de faillite du contribuable, l'administration fiscale est payée en priorité.

La solidarité
Il existe une solidarité entre le contribuable et ses héritiers ou encore entre le contribuable
et son conjoint pour ce qui est du paiement de créance fiscale.

Ainsi "le recouvrement de la contribution établie à charge du mari peut être poursuivi sur
tous les biens meubles ou immeubles de la femme à moins qu'elle prouve qu'elle
possédait ses biens avant son mariage ou que les dits biens ou les fonds au moyen
desquels ils ont été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes
autres que son mari ou de ses revenus personnels"188. De même " les sociétés étrangères
doivent avoir un représentant en République Démocratique du Congo qui est tenu
solidairement avec elles au paiement des contributions, des accroissements, des
majorations, des amendes et des frais."189

La possibilité de réclamer le paiement de l'impôt à des tiers détenteurs

188
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 70 §4
189
Idem, art 70 §3
Cours de Droit Fiscal/2005 126

Les débiteurs du redevable peuvent se voir obligés de payer les sommes dues en
paiement de l'impôt.
La non possibilité pour le contribuable d'imposer la compensation entre sa dette fiscale et
une créance dont il peut être par ailleurs titulaire à l'égard du trésor public.
l'attestation fiscale
L'attestation fiscale atteste que le contribuable est quitte de ses dettes fiscales. C'est un
signe de crédibilité vis-à-vis de l'administration fiscale et des bailleurs de fonds.
Cours de Droit Fiscal/2005 127

CHAPITRE III CONTROLE DE L'IMPOT ET LES MOYENS DE REPRESSION


(SANCTIONS)

Le contrôle de l'impôt est essentiellement rendu nécessaire par l'existence de la fraude


fiscale et de l'évasion fiscale. C'est la contrepartie du système déclaratif en République
Démocratique du Congo. La fraude fiscale tout comme l'évasion fiscale sont des
techniques pour échapper à l'impôt, ce sont des manifestations de la résistance à l'impôt.
Ainsi nous allons passer en revu les moyens habituels de contrôle fiscal (section I) et ceux
de répression (section II).

Section I. Moyens habituels de contrôle fiscal ou les pouvoirs de dissuasion de


l'administration fiscale

Les moyens mis à la disposition de l'administration fiscale sont multiples. Dans cette
optique, nous allons d'abord parler des méthodes utilisées ainsi que des améliorations
possibles.

§1.Méthodes utilisées

A. Demandes d'éclaircissement, de justification


La loi fiscale prévoit que l'administration peut demander des renseignements, des
justifications ou des éclaircissements relatifs aux déclarations souscrites ou aux actes
déposés190.
Alors que la demande d'éclaircissement n'a qu'un caractère gracieux, la demande de
justification appelle une réponse probante de la part de l'assujetti. Si cette réponse n'est
pas jugée satisfaisante, l'administration fiscale peut procéder à l'imposition d'office
(Taxation d'office).
Autrement dit, la demande d'éclaircissement a pour but d'obtenir du contribuable des
explications pour la compréhension de certains éléments. Tandis que la demande de
justification, oblige le contribuable à apporter des justifications qui sont plus restrictives
avec des conséquences plus rigoureuses.
B. Droit de communication

Quant au droit de communication191, il fait obligation à toute personne physique ou morale,


de droit public ou privé de porter à la connaissance de l'administration toute indication
qu'elle peut avoir besoin de nature à faire présumer une fraude commise en matière fiscale
ou une manœuvre quelconque ayant pour objet ou résultat de frauder ou de compromettre
un impôt.
C. Contrôle sur pièce (contrôle interne)

Il se définit comme l'ensemble des travaux de bureaux au cours desquels le service des
contributions procède à l'examen critique global des déclarations figurant au dossier du
contribuable.

D. Contrôle sur place (contrôle externe ou droit de vérification)

Le droit de vérification de l'administration fiscale est reconnu par le code des


contributions192. Il fait obligation de faire vérifier les écritures et les documents comptables

190
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 106 et 107
191
Idem, art 117
192
O.L. n°69-009 du 10 février 1969, op.cit, art 107
Cours de Droit Fiscal/2005 128

par l'administration. En d'autres termes, il s'agit pour l'administration fiscale de confronter


la déclaration avec les écritures comptables.
En fait, elle doit chercher à savoir si les écritures passées sont régulières au regard des
dispositions légales réglementaires et elles sont sincères au regard des éléments
extérieurs.
Le contrôle fiscal au Congo ne comporte en réalité que deux phases :
La vérification et
la contre-vérification.
Certains ne parlent que d'une phase unique à deux étapes : la vérification au 1 er degré et
au second degré.

E. Droit de visite

Concernant les impôts indirects l'administration fiscale dispose de droit de visite pour
vérifier l'exactitude de déclaration. Ce droit se présente sous la forme de droit de
recensement à domicile dans des locaux professionnels. Autrement dit, le droit de visite
consiste à un contrôle sur place dans des locaux professionnels pour les impôts indirects
perçus sous la forme de droits constatés. Ex. Droits de douane ou CCA à l'importation. La
visite est en principe subordonnée à la délivrance d'un ordre de visite par l'autorité
compétente.

F. Droit d'expertise

Le droit d'expertise en matière de contribution indirecte est un droit de procéder à des


prélèvements des échantillons par exemple sur l’alcool dans un but déterminé auprès d’un
expert.

§2.Améliorations possibles

Il est possible de prévoir une centralisation des renseignements fiscaux par l’institution
d’une banque des données fiscales et du casier fiscal de chaque contribuable. Par ailleurs,
l’administration fiscale doit renforcer l’efficacité de contrôle en créant d’une part le contrôle
simultané qui regroupe en brigade les divers services d’impôt et d’autre part le contrôle
polyvalent qui consiste confier à un seul agent le contrôle de différents impôts du
contribuable. Il convient aussi de mettre en pratique les contrôles fiscaux en les étendant à
un plus grand nombre de contribuables. Enfin, pour assurer un bon rendement, le contrôle
doit être l’œuvre menée par les agents mieux sélectionnés, intègres, compétents et
motivés.

Section II. Moyens de répression (sanctions)

§1. Evolution du système de pénalité fiscale en République Démocratique du Congo

Trois périodes caractérisent l’évolution du système de pénalité fiscale en République


Démocratique du Congo :
la période d’avant l’O-L du 10 mars 1988
la période allant du 10 mars 1988 au 4 septembre 1997
la période allant du 4 septembre à ces jours.

A. Période d’avant l’O-L du 10 mars 1988

Avant la réforme du 10 mars 1988, les sanctions prévues par les O.L. de 1969 qui étaient
d'application. Ces sanctions étaient de deux ordres :
Cours de Droit Fiscal/2005 129

celles appliquées par l’administration fiscale : majoration, accroissement des impôts,


amendes fiscales, y compris les astreintes fiscales.
celles appliquées par les tribunaux : emprisonnements et amendes.

Pendant cette période l'évolution des pénalités s'est caractérisée essentiellement par des
simples modifications de taux de majoration et d’accroissement :
de 10% à 20% entre 1969 et 1974
de 40% à 100% des droits éludés entre 1975 et 1987.

Les infractions commises passibles de pénalité fiscale sont les suivantes :


le retard de paiement ;
le défaut ou retard de déclaration entraînant une taxation d’office ;
l'insuffisance, l’omission ou l'inexactitude dans les déclarations souscrites, entraînant de
redressement avec ou sans présomption de bonne foi du redevable.

L’application de différents taux ne tenait pas compte de l’étendue de la durée de retard


dans le paiement de la déclaration.
Ex. Deux redevables A et B qui devaient chacun 100.000Z au plus tard le 15 juin 1987
étaient sanctionnés de la manière suivante en cas de retard de paiement.

Pour le contribuable A, date de paiement : 16 juin 1987 (un jour de retard). On lui
appliquera une majoration de 100.000Z x40% = 40.000Z. Il paiera l’impôt de
100.000Z+40.000Z c'est-à-dire 140.000Z
Pour le contribuable B, date de paiement : 12 septembre 1987 (3 mois de retard à peu
près). On lui appliquera la même majoration de 40% c'est-à-dire 100.000x40%=40.000Z.
L’impôt à payer sera également de 100.000Z+40.000Z c'est-à-dire 140.000Z.

Cette façon de sanctionner ne tenait pas compte de la justice fiscale. Les sacrifices
consenti par ces 2 contribuables pour une même infraction au titre de sanction étaient
considérés de la même manière malgré la durée ou le comportement du contribuable. Ce
qui est injuste.

B. Période allant de l’O-L du 10 mars 1988 au 4 septembre 1997

L’O-L n°88/008 du 10 mars 1988 a profondément modifié les régimes de pénalité


applicable en République Démocratique du Congo.
Avec celle-ci, on a commencé à tenir compte :
du caractère fautif du comportement des contribuables.
du retard dans le paiement de contribution et dans les déclarations.
de l’infraction ou de son degré de répétition.

Ces dispositifs se caractérisaient par une superposition des sanctions et augmentation de


taux suivant la gravité de l’imposition commise. Ainsi les pénalités de recouvrement étaient
constituées des intérêts moratoires (4% à 7%) par mois civil de retard ou pour toute
période d’un mois civil commencé (fraction de mois civil) et d’une amende (de 25% à 36%)
par année commencée (fraction d’une année).
Cours de Droit Fiscal/2005 130

Ex. Monsieur X doit payer sa contribution de 10.000.000Z, le 10 mars 1992, dépassé cette
date, il est pénalisé de la manière suivante :
Du 11 mars au 31 mars on va lui appliquer les pénalités suivantes :
intérêts moratoires 7%x1=7%
amende : 36%
Total : 43%
Monsieur X paiera alors le 31 mars 1992, 10.000.000+10. 000Z x 43%= 14.300.000Z
Du 1er avril au 30 avril, on lui appliquer les pénalités suivantes :
intérêts moratoires majorés : 7%x2=14%
amendes 36%
Taux majorés 50%
Monsieur X paiera le 30 avril 1992 : 10.000.000 +10.000.000x50% = 15.000.000Z

C. Période allant du 4 septembre à ces jours

L’arrêté ministériel n°015 du 4 septembre 1997 portant régime des pénalités fiscales en
République Démocratique du Congo a innové en matière des sanctions fiscales.

La grande innovation apportée par cet arrêté est la distinction à établir entre les pénalités
d’assiette, les pénalités de recouvrement et les amendes administratives et les sanctions
fiscales. Les taux fixés étaient dissuasifs en rapport avec l'infraction en vue de préserver la
valeur des créances fiscales.

1° Pénalités d’assiette

Il faut entendre par pénalité d’assiette, celles qui sanctionnent le défaut ou le retard des
déclarations au regard des délais légaux193.

2° Pénalités de recouvrement

Celles qui sanctionnent le défaut ou le retard de paiement des droits dus dans le délai
imparti194.

193
A.M. n°015 du 04 septembre 1997 portant régime des pénalités fiscales en République
Démocratique du Congo, art 7
194
Idem,
Cours de Droit Fiscal/2005 131

3° Amendes administratives

Celles qui sanctionnent le non-respect des formalités comptables et fiscales ainsi que le
mauvais comportement du contribuable, du redevable ou de toute autre personne tendant
à faire perdre au trésor public les droits dus soit par les contribuables ou les redevables
légaux ou même soit par les tiers.

L’arrêté n°015 a supprimé l’application des intérêts moratoires au niveau des pénalités
d’assiette et a, par la même occasion, ramené le taux qui était fixé à 7% avant 1997 à 1%,
2%, 3% par jour de retard au niveau des pénalités de recouvrement.
Par contre, il a augmenté le taux des pénalités d’assiette à 100%, 200%, 10% et 25% en
tenant compte de la nature de l’infraction.
L’arrêté n°053 du 26 mai 1999 est venu apporter des correctifs aux textes de base du 4
septembre 1997. Le taux des pénalités d’assiette est ramené à 20% et celui des intérêts
moratoires augmenté à 8%, à 16% mais le champ d’application est modifié par mois de
retard au lieu de par jour de retard.

Le taux d’amende est fixé à 25%, 50%, 100%, 1.500FC et 3.000FC suivant la nature de
l’infraction. Une amende également de 5.000Fc réclamée par voie de rôle pour le faux
renseignement livré à l’agent du fisc. Cet arrêté a ajouté une astreinte fiscale de 1.000FC
pour les personnes morales et 2.500FC pour les personnes physiques dans le cas où elles
refuseraient de répondre à l’administration fiscale. Les deux arrêtés précités ont été coulés
dans le décret-loi n°098 du 0/07/2000. Ce texte ajoute que toutes les pénalités seront
désormais payées en Franc fiscal. On y trouve également une amende prévue pour
l’absence des relevés mensuels du précompte BIC.

§2. Amélioration possibles

Les pénalités fiscales prévues en République Démocratique du Congo sont dans


l’ensemble suffisamment sévères et persuasives. Cependant, le fait est que la plupart de
ces pénalités ont un caractère purement fiscal. Leur efficacité diminue en ce sens que du
point de vue juridique, le fraudeur n’a pas le sentiment d’avoir commis une faute
répréhensible et grave.

De même, la condamnation de l’assujetti ne semble pas avoir un grand retentissement


social. C’est pourquoi l’administration fiscale doit être conduite à rechercher une
assimilation très grande de fraude fiscale et des peines comparables. Une telle
assimilation pourrait développer une prise de conscience du contribuable.
Cours de Droit Fiscal/2005 132

Il y a également lieu d’envisager d’autres sanctions en rapport avec l’interdiction provisoire


d’exercer directement ou indirectement toute profession commerciale, industrielle ou
libérale. La fraude fiscale dans toutes ses formes pourrait être perçue comme aussi
nuisible pour la société et aussi répréhensible que les autres infractions de droit commun.
Mais à quel prix, ces mesures peuvent-elles produire des véritables effets ? Nous pensons
qu’une disposition ne peut véritablement produire des résultats que, lorsqu’elle est
entièrement appliquée et vise indifféremment des personnes qui se trouvent dans des
situations équivalentes.
Cours de Droit Fiscal/2005 133

CHAPITRE IV : CONTENTIEUX FISCAL ET INTERPRETATION DE LA LOI FISCALE

Nous ne pouvons étudier ce dernier chapitre sans noter que l'application de la loi fiscale
est toujours porteuse des germes des conflits et le problème peut se poser à deux niveaux
: soit une imposition peut être contestée par le contribuable, ce qui ouvre les voies à un
contentieux fiscal (section I) soit une disposition de la loi fiscale peut être comprise
différemment ce qui pose le problème d'interprétation de la loi fiscale (section II).

Section1. Contentieux fiscal

Il sera question de définir les termes contentieux fiscal et de circonscrire son domaine
avant de donner ces différentes phases.

§1. Définition et domaine du contentieux fiscal

A. Définition

Le contentieux fiscal recouvre tous les litiges qui opposent l’administration fiscale au
contribuable quand à la légalité de l’imposition individuelle envisagée du point de vue de
son établissement. Le contribuable sollicite le plus souvent la réparation d’erreurs
commises à son détriment. Lorsque l’erreur incriminée affecte un prélèvement ayant
donné lieu à l’établissement d’un rôle, le contribuable formule une demande en décharge,
s’il estime l’imposition injustifiée ou une demande en déduction, s’il la juge simplement
exagérée. S’agissant des prélèvements dont le contribuable a effectué lui-même la
liquidation et s’est libéré par un paiement spontané, c’est la restitution des versements
indus qui est sollicitée.

B. Domaine du contentieux fiscal

Ce domaine peut être délimité en excluant toute une série des procédures contentieuses
qui se situent aux frontières du contentieux fiscal proprement dit. Il convient d’écarter
toutes les contestations portant sur le prélèvement non fiscaux (redevance, taxes
parafiscales, taxes administratives,…).
Cours de Droit Fiscal/2005 134

§2. Différentes phases de recours du contentieux fiscal en République Démocratique du


Congo

A. Phase administrative ou recours administratif préalable

Le recours administratif présente plusieurs avantages. Le contribuable qui entend


contester son imposition est préalablement tenu de faire une réclamation, auprès du
Directeur général des contributions ou du Directeur provincial. La phase administrative est
souvent considérée comme la transposition dans le contentieux fiscal de la règle des
décisions préalables du contentieux administratif. Mais sa justification est surtout d’ordre
pratique. Elle permet de régler rapidement des nombreux litiges car la procédure est peu
formalisée et le délai consenti au contribuable pour formuler son recours est assez long.
Les réclamations sont adressées selon le lieu d’enrôlement ou de perception. Elles doivent
être introduites dans un délai que la loi a fixé à 6 mois à compter de la date d’enrôlement
ou du paiement litigieux. Ce délai étant d’ordre public, aucune dérogation n’est permise.

Le Directeur des contributions qui a reçu une réclamation régulière dans un délai doit
ouvrir une instruction et transmettre la réclamation à l’inspecteur des contributions. C’est
ce dernier qui doit accuser réception au réclamant et lui demander tous les documents et
renseignements utiles. La réclamation doit être rejetée si les renseignements demandés ne
sont pas fournis dans un délai de 20 jours. Il appartient au Directeur des contributions de
se prononcer sur la réclamation par décision motivée et qui rencontre tous les moyens de
fait et de droit soulevés dans la réclamation. La législation fiscale actuellement en vigueur
reconnaît au Directeur la compétence notamment de dégrever ou de rejeter la réclamation.

Auparavant, aucun délai n'était donné au Directeur des contributions pour statuer. Mais,
depuis l’arrêté ministériel n°010 du 1er septembre 1997, celui-ci a un délai de 6 mois pour
répondre à la réclamation. Après ce délai, la réclamation est considérée comme rejetée, ce
qui donne au réclamant la possibilité de passer à la phase judiciaire.

B. Phase judiciaire

La décision du Directeur général des Contributions est matérialisée par une lettre de
dégrèvement ou du rejet de la réclamation. C’est cette décision qui sera éventuellement
attaquée devant la cour d’appel par les contribuables insatisfaits dans un délai de 6 mois à
partir de la notification.
Section II. Interprétation du droit fiscal

L'on doit connaître les différentes sortes des méthodes d'interprétation de la loi fiscale
ainsi que leurs spécificités :

§1. Sortes d’interprétation en droit fiscal

En principe, l’on ne peut interpréter un texte de loi que lorsqu’il est obscur. Mais, il est
admis qu’un texte de loi clair, soit appliqué dans sa teneur littérale. Par conséquent, il n’y a
pas lieu de distinguer là où la loi ne distingue pas.

Trois types d'interprétation sont admissibles en droit fiscal :


l'interprétation authentique
l'interprétation judiciaire
l'interprétation administrative.

A. Interprétation authentique
Cours de Droit Fiscal/2005 135

Elle n’est autre que l’interprétation d’une loi par une autre. Ce genre d’interprétation a la
prétention d’avoir un caractère obligatoire et peut même rétroagir contrairement aux deux
autres types d’interprétation (judiciaire et administration) qui ne sont nullement obligatoires.
En tout état de cause, il revient au législateur de donner le sens et la portée du texte qu’il a
lui même édicté. C’est ainsi que dans certains pays anglo-saxons, le législateur prend lui-
même soin de donner l’esprit de la loi en bas de la page lorsqu’il trouve cette loi
susceptible d’être mal interprétée.

B. Interprétation judiciaire

Il faut entendre par interprétation judiciaire celle qui est faite par les cours et tribunaux
saisis du litige et dans le cas d’espèce, d’un contentieux fiscal. De nos jours, la valeur
normative de la jurisprudence est généralement reconnue et n’a plus besoin d’être
démontrée.

C. Interprétation administrative

Cette forme d’interprétation est l’œuvre de l’administration fiscale. Plusieurs notes


circulaires de l'administration fiscale et du ministère des finances sont prises dans ce sens.

§2. Méthode d’interprétation de la loi fiscale

A. Interprétation littérale

Elle consiste à déterminer le sens des mots et de la construction de la phrase selon


notamment les règles de la grammaire.

B. Interprétation historique

Elle se fait de deux manières :


soit selon l’histoire de la loi
soit selon l’histoire du droit.

C. Interprétation systématique

Elle est faite de l’ensemble des règles juridiques comprises dans un système fiscal donné.

D. Interprétation téléologique

Elle est celle qui, loin de se borner à la lettre de la loi, privilégie au contraire son esprit. Elle
recherche la volonté du législateur, le but poursuivi par l’auteur de la loi.

§3 Spécificités du droit fiscal

A. Autonomie des dispositions de la loi fiscale

La loi fiscale n’est pas fondamentalement différente d’autres règles du droit. Elle se réfère
par exemple, souvent aux notions usuelles du droit commercial. Mais il peut arriver que
certaines notions donnent lieu à des définitions divergentes en ce sens que la loi fiscale ne
tient pas compte des situations juridiques qui sont sans rapport avec son objet propre.
Cours de Droit Fiscal/2005 136

EX. - Celui qui exerce illégalement la médecine, paiera la contribution professionnelle sur
le profit.
- Tout comme une filiale qui agit comme un établissement stable peut être soumise à la
contribution professionnelle sur les bénéfices comme étant un établissement stable.

L’un et l’autre accomplissent des actes qui tombent sous le coup de la loi fiscale même si
ces règles sont différemment définies par d'autres règles de droit. Voilà en quoi consiste
l’autonomie du droit fiscal. Mais le droit fiscal n’est pas plus autonome que le droit
commercial ou le droit administratif. Le droit fiscal et le commercial recourent souvent à
des réalités économiques raison pour laquelle, il serait plus exact de parler des spécificités
du droit fiscal que de son autonomie.

B. Autonomie dans l’interprétation de la loi fiscale

1° Interprétation stricte.

Par cette règle, la loi fiscale doit être appliquée à une situation concrètement définie dans
toute sa rigueur sans possibilité pour l’administration de l’aménager. La loi fiscale a le
privilège d’être une loi d’ordre public. Contrairement à ce qui se fait en matière civile, la
volonté des parties n’a aucun effet. L’administration fiscale n’a pas le droit d’accorder ni
privilège, ni exemption, ni majoration quelconque, si ce n’est que par la loi.

2° Pas d’interprétation par analogie

La notion d’interprétation par analogie signifie l’application d’une loi à des cas non prévus
par elle, sous prétexte que ces cas présentent des similitudes avec des cas prévus.
Le droit fiscal n’admet pas ce genre d’interprétation en ce sens qu’elle contrarie le
caractère d’ordre public de la loi fiscale.

C. Interprétation in dubio contra fiscum

Il est de textes de loi en matière fiscale comme dans d’autres matières qui paraissent
obscures et ou ambigus. Des pareilles lois sont susceptibles d’interprétations diverses.
Pour palier à cette difficulté, la règle sous examen permet au juge, en l’absence d’autres
données ou d’autres éléments d’interprétation, de choisir l’interprétation la plus favorable
au débiteur de l’impôt c'est-à-dire le contribuable ou le redevable.
Cours de Droit Fiscal/2005 137

CONCLUSION

Dans les lignes qui précédent, nous avons essayé d'élucider la législation fiscale en
vigueur en République Démocratique du Congo. Cet enseignement contient des
renseignements non moins importants et utiles non seulement pour les étudiants de la
première licence en droit, mais aussi à tous ceux qui sont intéressés par la fiscalité et ce,
sans exclusion aucune.

Le souci de simplifier une matière aussi technique justifie son abondance. Néanmoins, ses
subdivisions et la répartition de différentes notions appuyées, de temps en temps, par des
exemples concrets en facilite la compréhension.

Parler de la fiscalité, c'est parler des impôts ou des contributions. Aussi, avons-nous
passé en revue les différentes contributions prévues par les ordonnances-lois fiscales de
1969 telles que modifiées et complétées à ce jour. L'ossature de ces contributions
comprend les contributions directes et celles qui sont indirectes.

Concernant l'exercice du pouvoir fiscal, nous avons noté que l'impôt une fois liquidé, doit
être recouvré soit à l'amiable, soit par recouvrement forcé. Pour ce faire un certain nombre
des prérogatives est reconnu à l'administration fiscale, pour lui permettre de contraindre le
contribuable, l'impôt étant perçu par voie d'autorité. Le contribuable, à son tour, a droit à
une procédure contentieuse.

Toutefois, nous pouvons relever à ce niveau quelques incohérences de notre système


fiscal qui doivent être corrigées si nous voulons voir l'impôt remplir correctement son rôle.
On peut relever notamment parmi les faiblesses de ce système :
la législation fiscale congolaise est plus tournée vers la maximisation des recettes que vers
l'encouragement des investissements. Ce qui se traduit par des taux parfois excessifs et
des impositions en cascade.
des contrôles fiscaux semblent inefficaces ou inexistants à cause des fraude et évasions
fiscales généralisées.

Nous ne pouvons terminer ces propos sans signaler que le droit fiscal, loin d'être une
matière statique est très dynamique et évolutif. Tout celui qui s'y intéresse devrait être à
l'écoute de tout changement et modification de la législation, au risque de rater son train du
savoir fiscal.
Cours de Droit Fiscal/2005 138

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX

A. TEXTES LEGISLATIFS

Décret du 27 février 1887 sur les sociétés commerciales


Décret du 2 août 1913 portant code du commerce
Décret-loi n°098 du 03 juillet 2000, portant réforme des pénalités
Décret-loi n°100 du 03 juillet 2000 portant prélèvement d'un acompte sur diverses
contributions.
Décret-loi n°109/2000 du 19 juillet 2000 modifiant et complétant certaines dispositions en
matière de contributions cédulaires sur les revenus
Décret-loi n°111/2000 modifiant et complétant l'Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février
1969 relative à la contribution réelle
Ord-Loi n°68/010 du 06/01/1968 portant sur les droits de consommation et le régime des
boissons alcooliques
O-L n°69-006 du 10 février 1969 portant contribution réelle
O-L n°69-009 du 10 février 1969 portant contributions cédulaires sur les revenus
O-L n°09-058 du 5 décembre 1969 portant contribution sur le chiffre d'affaires
Loi n°83-004 du 23 février 1983 modifiant et complétant certaines dispositions de l'O-L
n°69-009 du 10 février 1969 et relative à la contribution sur les revenus locatifs.
O.L. n°81/017 du 03/04/1981 modifiant et complétant la loi n°76/020 du 16/07/1976 portant
normalisation de la comptabilité en République Démocratique du Congo
Loi n°73/02 du 20 juillet 1973 dite Loi foncière

B. TEXTES REGLEMENTAIRES

A. n°55 du 29 mars 1969 sur les modalités d'application du signe distinctif


A.M. n°015 du 04 septembre 1997 portant régime des pénalités fiscales en République
Démocratique du Congo
A.M. n°039/CAB/MIN/FIN/98 du 12 novembre portant modification des taux de la CSCMH
A.M. n°062/CAB/MIN/FIN/99 du 19 octobre 1999 modifiant certaines dispositions en
matière de contribution réelle
A.M. n°009 du 03 août 2000 portant mesure d'application du décret n°099 du 03 juillet
2000, modifiant et complétant le décret n°067 du 20 avril 1998 relatif au mode de paiement
des dettes envers l'Etat
A.M. n°01/CAB/MIN/FIN/2000 du 17 février 2000 portant fixation des coefficients de
réévaluation applicables aux bilans clos le 31 décembre 1999.
A.M. n°006/CAB/MIN/FIN/2000 du 04 mai 2000 portant obligation de paiement des droits,
contributions et taxes dus à l'Etat en devise étrangère.
A.M. n°008/CAB/MIN/FIN/2000 du 17 juillet 2000 modifiant et complétant l'A.M. n°022 du
30 avril 1998 fixant la parité du Franc Fiscal.
A.M. n°09/CAB/MIN/FIN/2000 du 09 août 2000 portant mesure d'application du Décret
n°099 du 03 juillet 2000 modifiant et complétant le Décret n°067 du 20 avril 1998 relatif au
mode de paiement des dettes envers l'Etat.
Cours de Droit Fiscal/2005 139

II. OUVRAGES

AZAMA LANA, Droit fiscal zaïrois, CADICEC, Kinshasa, 1986


BAKANDEJA wa MPUNGU G., Droit des finances publiques, Ed. Noraf, Kinshasa, 1997
BERR C.J. et TREMEAU H., Le droit douanier, Economica, Paris, 1988 1997
BUABUA wa KAYEMBE M., Traité de Droit Fiscal Zaïrois, PUZ, Kin, 1993
CLAUDE (de) et P.AUGE, Dictionnaire encyclopédique, Larousse, Paris, 1959
COZIAN M., Précis de Fiscalité des entreprises, Ilec, XIè Ed, Paris, 1991
DUE J.F., L’impôt indirect au service du Développement, Tendances Actuelles, Paris, 1973
LEFEBVRE F., Memento pratique fiscal 1985, Ed. Francis Lefebvre, Paris, 1985
DUVERGER M., Finances Publiques, P.U.F., Paris, 1975
LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés , tome II, PUC, 1999
NGUYEN CHANHTAM and "all", Lexique de Droit des affaires zaïrois, CNRP, Kin, 1972
PAUWELS M., Principes d’Economie Commerciale et de Comptabilité, 6ème édition, A de
Boeck, Bruxelles, 1970
PIRON P. et DEVOS J., Code et lois du Congo belge, Tome II, Ferdinand Larcier,
Bruxelles, 1954
SUREY de J., Droit de l'urbanisme et de l'environnement, T.I., Bruylant, Bruxelles, 1974
TROTABAS et J.M. COTTERE, Droit Fiscal, 3ème édition, Dalloz, Paris, 1987

III. COURS ET REVUE

COPPENS P., Cours de droit fiscal, les Impôts sur les revenus, Université de Louvain,
Faculté de Droit, 1971
MPIRY OPINE, "Fiscalité et développement rural au Zaïre" in Cahiers économiques et
sociaux, vol XI, n°3 et 4, Ires, Kin, 1974
Cours de Droit Fiscal/2005 140

Table des matières

Pages
AVANT-PROPOS 1
PRINCIPAUX SIGLES & ABREVIATIONS 2
INTRODUCTION GENERALE 3
I. Historique et évolution de l'impôt 6
II. Définition de l’impôt, ses éléments caractéristiques et ses principes. 7
A. Définition de l’impôt 7
B. Eléments constitutifs de l'impôt 8
- L'impôt est payé d'après les facultés contributives : 8
- L'impôt est payé par voie d'autorité 9
C. Principes de l'impôt 9
- La certitude : 9
III. Différence entre l'impôt et les autres ressources de l'etat 9
A. Différence entre l'impôt et l'emprunt 11
B. Différence entre l'impôt et la taxe administrative 11
1. Caractéristiques communes entre l'impôt et la taxe : 11
2. Différence entre l'impôt et la taxe 11
C. Différence entre l'impôt et la taxe parafiscale 11
D. Différence entre l'impôt et les revenus domaniaux 12
E. Différence entre l'impôt et la redevance 12
F. Différence entre l'impôt et les cotisations de la sécurité sociale. 12
IV. Définition du droit fiscal et ses principes fondamentaux Erreur ! Signet non défini.
A. Définition du droit fiscal Erreur ! Signet non défini.
B. Principes fondamentaux du droit fiscal interne Erreur ! Signet non défini.
B.1 Principes à portée constitutionnelle 3
B.2. Principes sans valeur constitutionnelle 4
V. Plan du cours 12
PREMIERE Partie : 13
Contributions prévues dans la législation fiscale congolaise 13
Titre 1er CONTRIBUTION DIRECTE 13
Chapitre 1 : CONTRIBUTION REELLE 14
Section 1ère : Contribution foncière 14
§1. Matière imposable 15
§2. Personnes imposables, exemptions et exonérations à la contribution foncière 21
§3. Thèmes et questions de réflexion sur la C.F. 23
Section II. Contribution sur le véhicule 25
§1. Matières et personnes imposables 25
§2. Véhicules exonérés 26
§3. Base et taux 26
§1. Matière imposable et fait générateur 26
§2. Base et taux 26
§3. Personnes imposables 28
§4. Contribution sur la superficie de concession minière et d'hydrocarbure au regard de la
législation minière et d'hydrocarbure en vigueur 28
CHAPITRE II : CONTRIBUTIONS CEDULAIRES SUR LES REVENUS 29
GENERALITES 29
Sous-Chapitre I. Contribution sur les Revenus Locatifs (CRL) 32
§1. Revenus locatifs réellement encaissés ou assimilés 32
§2. Revenus locatifs forfaitaires 34
§1. Redevables légaux et contribuables réels 35
Cours de Droit Fiscal/2005 141

§2. Taux de la CRL 37


§3. Exemptions 37
§1. Avantages 38
§2. Inconvénients 38
§3. Cas pratique 38
Sous-chapitre II : Contribution cédulaire sur le revenu mobilier41
§1. Nature et territorialité de la contribution mobilière 42
§2. Matière imposable à la contribution mobilière et les caractéristiques des revenus
mobiliers 42
A. Matière imposable à la contribution mobilière 42
B. Caractéristiques des revenus mobiliers en Droit fiscal 42
§1. Dividende et Revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que
par actions 44
I. Dividende ou revenus des actions et les parts y assimilées des SARL 44
II. Revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par actions
47
§2. Intérêts d'obligations et intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles
48
I. Intérêts d'obligation 48
II. Intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles49
§3. Tantièmes 49
§4. Redevances 49
§1. Exonérations 50
§2. Partage de l'avoir social 52
a) Explication du partage de l'avoir social 52
§3. Montant de la contribution pris en charge par le débiteur des revenus imposés 53
§4. Appréciation de la contribution cédulaire sur les revenus mobiliers et cas pratique 53
B. Cas pratique 53
Sous-chapitre III : Contribution cédulaire sur le revenu professionnel 56
§1. Notions fiscales d'entreprise 56
§2. Notion fiscale des revenus professionnels 56
§1. Régime d'imposition des sociétés par actions congolaises 58
§2. Régime d'Imposition des sociétés autres que par actions 73
§3. Régime d'imposition des entreprises individuelles et familiales et des PME 74
§4. Régime d'imposition des sociétés étrangères ou régime fiscal des établissements
permanents en République Démocratique du Congo 78
§1. Contribution professionnelle sur les rémunérations (CPR) 79
§2. Contribution exceptionnelle sur la rémunération du personnel expatrié 81
§1. Professions libérales 84
§2. Charges, offices et autres occupations lucratives 86
TITRE II : CONTRIBUTIONS INDIRECTES 87
Chapitre I : CONSIDERATIONS GENERALES 87
§1. Impôt particulier sur la dépense 87
§2. Impôt général sur la dépense 87
§1. Taxe unique 87
§2. Taxe cumulative ou taxe en cascade 88
§3. La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) 88
CHAPITRE II CONTRIBUTIONS INDIRECTES PROPREMENT DITES EN RDC 90
§1. Contribution sur le chiffre d'affaires des opérations de vente des produits de fabrication
locale 90
§2. CCA de prestations de services 92
§3. CCA des travaux immobiliers 95
§4. Problèmes posés par la CCA à l'intérieur & quelques propositions 96
Cours de Droit Fiscal/2005 142

§1. Matières imposables et redevables de la CCA à l'exportation 97


§2. Fait générateur et base d'imposition 98
§3. Modalités de perception de la CCA à l'exportation 100
§4. Exportations exonérées 100
§5. Taux d'imposition 100
§1. Matière imposable et fait générateur 101
§2. Importations exonérées 102
§3. Redevables de la contribution et le taux 102
Sous-chapitre II : Droits d’accises 102
§1. Notions et Justifications 102
§2. Sortes de droits d’accises 103
§1. Dispositions générales 104
§2.Perception de droits d’accises 105
IIème Partie : 108
EXERCICE DU POUVOIR FISCAL EN RDC 108
CHAPITRE I : LIQUIDATION DE L'IMPOT 109
§1. Impôt de répartition et Impôt de quotité 109
B. Impôt de quotité 110
§2.Taux spécifique et taux ad-valorem 110
§3. Taux proportionnel et taux progressif 111
§1. Comment intervient la liquidation 114
§2. Qui liquide l'impôt 114
§3. Sommes qui peuvent être réclamées aux débiteurs de la contribution 114
§4. Par qui et à qui doit être fait le paiement 114
§5. Effets du paiement 114
§6. Moyen de paiement 115
§7. Monnaie de paiement 115
§8. Date et lieu de paiement 115
§9. Preuve de paiement 115
CHAPITRE II RECOUVREMENT DE L'IMPOT 117
§1. Principe 117
§2. Délais de dépôt des déclarations par contribution 118
§1. Principe 120
§2. Exigibilité de l'impôt 120
§1. Procédure de poursuite en recouvrement 124
§2. Actes de poursuite pour le recouvrement des contributions 124
C'est un acte par lequel le débiteur est sommé de payer sa dette dans les 8 jours qui
suivent la notification. Le commandement doit comporter à son tour 3 énonciations : 125
CHAPITRE III CONTROLE DE L'IMPOT ET LES MOYENS DE REPRESSION
(SANCTIONS) 127
§1.Méthodes utilisées 127
§2.Améliorations possibles 128
§1. Evolution du système de pénalité fiscale en République Démocratique du Congo 128
§2. Amélioration possibles 131
CHAPITRE IV : CONTENTIEUX FISCAL ET INTERPRETATION DE LA LOI FISCALE
133
§1. Définition et domaine du contentieux fiscal 133
§2. Différentes phases de recours du contentieux fiscal en République Démocratique du
Congo 134
§1. Sortes d’interprétation en droit fiscal 134
§2. Méthode d’interprétation de la loi fiscale 135
§3 Spécificités du droit fiscal 135
CONCLUSION 137
Cours de Droit Fiscal/2005 143

BIBLIOGRAPHIE 138
A. TEXTES LEGISLATIFS 138
B. TEXTES REGLEMENTAIRES 138
Table des matières 140

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